Ivanie Blondin a remporté deux médailles d'or, en fin de semaine dernière à Salt Lake City. Crédit image : International Skating Union

[ENTREVUE EXPRESS]

Ivanie Blondin est l’athlète franco-ontarienne qui connaît le plus de succès en patinage de vitesse. Sur le départ groupé, son épreuve favorite, aux côtés de ses coéquipières de l’équipe canadienne Valérie Maltais et Isabelle Weidemman, l’Ottavienne fait partie des meilleures au monde. 

LE CONTEXTE :

Ce vendredi débute la sixième et dernière étape de Coupe du monde de patinage de vitesse ISU. L’épreuve est de retour à Québec pour la première fois depuis 30 ans. 

L’ENJEU :

Devant ses partisans canadiens, Ivanie Blondin tentera de décrocher la première place au classement général du départ groupé, son épreuve de prédilection. Comme à son habitude, la championne olympique sera très occupée sur les trois jours puisqu’en plus de participer à la vitesse par équipe (samedi 16 h 30) et au départ groupé (dimanche 17 h 17) , elle disputera également le 3000 m (ce vendredi 14 h 58) et possiblement le 1500 m (dimanche 14 h 30).

« Quel regard portez-vous sur votre saison jusqu’à présent? 

Honnêtement, je suis contente. Au début de la saison, mes performances étaient quand même bonnes, mais il me manquait un peu de force technique que j’avais un peu perdue ces dernières saisons. Donc j’ai dû beaucoup travailler en revenant au Canada, mais j’ai aussi été très malade à Beijing. J’ai eu la COVID-19 et je n’ai pas réussi à vraiment récupérer de la maladie jusqu’à mon retour au Canada.

Je faisais tellement de compétitions et de courses sur les fins de semaine que mon corps ne récupérait pas complètement. J’étais capable d’être compétitive mais je ne me sentais pas super bien. J’ai dû prendre deux semaines de repos complet car je ne pouvais plus faire d’effort. C’était vraiment un sentiment bizarre car c’était la première fois de ma carrière que ça m’arrivait. Mon corps me disait : « Tu as besoin d’un bon repos ». 

Avec sa victoire finale sur le départ groupé à Salt Lake City, Ivanie Blondin est plus que jamais dans la course pour obtenir la première place au classement général de l’épreuve. Crédit image : International Skating Union

Vous avez finalement retrouvé toutes vos sensations la semaine dernière à Salt Lake City

Oui, maintenant ça va mieux, je me sens super bien en ce moment sur la glace. À Salt Lake, la semaine passée, c’était vraiment une belle Coupe du monde. J’étais engagée sur beaucoup de distances, donc le premier jour, j’ai pris la première course plus relax, pour me concentrer sur le 3000 m.

En équipe, ça s’est super bien passé avec Isa et Val. J’ai aussi été satisfaite de mon temps et de mon résultat sur le 1500.

Je commence à rouler dans la bonne direction. Je retrouve les bonnes sensations et on va voir comment cette fin de semaine va se passer. Mais je me sens vraiment bien et c’est une bonne chose, surtout avant les mondiaux à Calgary qui arrivent (15 au 18 février). 

Comment gérez-vous le fait d’être en compétition sur un très grand nombre de distances? 

Pendant la saison des Coupes du monde, c’est correct de faire beaucoup de distances. J’ai fait ça l’année dernière. Mais, c’est vrai qu’après, arrivée aux mondiaux, il a fallu faire des choix et privilégier les épreuves sur lesquelles j’avais des chances de podium. C’est difficile de faire ces choix parce que c’est le fun de faire plusieurs distances et, mentalement, j’ai cette force-là. Je suis vraiment une très grosse compétitrice de manière générale.

Mais, c’est vrai, qu’en même temps, il faut penser un petit peu au repos et se concentrer sur les bonnes distances. Parfois, quand tu en fais trop, le corps n’accepte pas et tu vas « éclater ». C’est un peu ce qui s’est passé en début de saison où je les faisais toutes.

À Québec, Ivanie Blondin sera de nouveau en compétition sur un nombre conséquent d’épreuves, c’est l’une des seules athlètes du circuit à s’engager autant. Crédit image : International Skating Union

Cela vous a-t-il un peu forcée à modifier votre préparation et votre récupération? 

Oui et non. J’ai toujours aimé avoir un emploi du temps vraiment plein. Ça vient de mon caractère aussi. On dirait que plus j’en mets sur mon assiette, plus je performe. Mentalement, ça me permet vraiment de me concentrer sur le moment et de ne pas avoir trop le temps de penser à mes courses.

Après, parfois, ça me rattrape, mais j’ai toujours été comme ça. Même à la maison, pendant l’intersaison, je ne m’arrête pas. Une journée typique, ça va être trois heures d’entraînement le matin, puis je promène mon chien pendant une heure et demie, puis je mange, et de nouveau entrainement et je termine avec 45 minutes à une heure de marche de nouveau avec mon chien. Ça ne s’arrête pas jusqu’à ce que j’aille me coucher. Je pense que c’est comme ça que je suis programmée. Je ne suis pas capable de m’asseoir et de ne pas être active. Ce n’est pas une option, ça me rend stressée. 

C’est le grand retour d’une épreuve de Coupe du monde à Québec, qu’est-ce que cela représente? 

Oui c’est la première depuis 30 ans. C’est vraiment le fun d’être ici, en plus dans une très belle ville. J’aime passer du temps ici. Même si on n’y est pas souvent, c’est vraiment spécial. Être au Canada, c’est un environnement positif pour nous. On voit que tout le monde est impliqué jusqu’aux bénévoles, du coup on est tous excités pour cette fin de semaine. Ce sera pareil pour les mondiaux à Calgary, avec là encore l’avantage du terrain. 

Le duo canadien Blondin-Maltais va tenter de conserver les deux premières places au classement général sur cette dernière étape face notamment à la tenante du titre Irene Schouten (No4 en orange). Crédit image : International Skating Union

En parlant d’avantage du terrain, Valérie Maltais sera vraiment à domicile au Québec, elle est à la fois votre coéquipière mais aussi votre principale concurrente sur le départ groupé. Comment gérez-vous cela? 

Cette année, on a décidé de travailler ensemble pour essayer de battre les Hollandaises. Lors de l’étape deux (à Stavanger), on a eu un petit souci avec les disqualifications, et c’est un peu ça qui m’a fait descendre au classement. C’est super d’être deux filles aussi fortes sur la même distance : on peut s’entraider et rivaliser avec les meilleures, qui elles aussi travaillent toujours ensemble. C’est vrai que c’est un classement individuel à la fin, mais c’est très stratégique et, avec Valérie, on a pris cette décision de travailler ensemble, je ne vois pas ça comme une rivalité. On espère être ensemble sur le podium à la fin. 

Pour finir, quels sont les objectifs de cette dernière étape, allez-vous vous concentrer surtout sur les épreuves où vous pouvez jouer le podium comme le départ groupé ou est-ce que vous allez tout donner sur toutes les courses? 

Comme d’habitude, je vais me donner sur toutes les courses. La semaine dernière à Salt Lake City pour la première fois, je ne suis pas allée à fond sur le premier 1000 m, mais je suis tellement programmée que, même lorsque je me dis que je vais pas y aller à fond, c’est vraiment difficile pour moi. Pour cette fin de semaine, je vais prendre chaque course pour faire le mieux possible, je ne suis pas là juste pour être là. J’y vais pour gagner. »