« Je serai un combattant pour eux », lance le nouveau maire de Sault-Ste-Marie aux francophones
SAULT-SAINTE-MARIE – 32 ans après la déclaration d’unilinguisme de la ville, Sault-Ste-Marie aura un maire francophone à sa tête le 16 novembre prochain. Matthew Shoemaker souhaite être un défenseur pour la communauté francophone de la ville du Nord posant des gestes qu’il souhaite pérenniser même après la fin de son mandat.
Matthew Shoemaker a remporté l’élection de la troisième plus grande ville du Nord de la province avec 9 626 votes soit 4 200 de plus que son plus proche adversaire, Ozzie Grandinetti.
Une victoire qui n’a pas manqué de rappeler que la population francophone et francophile de la ville est loin d’être enterrée depuis la décision du conseil municipal de voter une résolution pour déclarer Sault-Ste-Marie comme « ville unilingue anglophone » le 29 janvier 1990.
Une décision entérinée par le maire Joe Fratesi et ses conseillers qu’ils justifiaient, à l’époque, en raison de l’austérité budgétaire et s’appuyant sur une pétition signée par plus de 25 000 résidents de la ville qui comptait alors quelque 3 000 Franco-Ontariens.
Sault-Sainte-Marie compte près de 2 000 habitants possédant le français comme première langue officielle parlée, soit près de 3 % de la population d’une ville qui ironiquement porte un nom français.
Un bouclier pour les francophones
« Durant la campagne j’ai utilisé mon français pour identifier à la communauté francophone que je suis leur allié », affirme en entrevue avec ONFR+ celui qui était conseiller du quartier 3 de la ville depuis 2014.
L’homme de 34 ans dit vouloir se connecter à la communauté franco-ontarienne. « Je veux leur assurer que je les écoute, je serai un combattant pour eux », ajoute-t-il devant l’éventualité d’une situation où les droits des francophones seraient en danger dans la ville de 73 000 résidents.
L’avocat de formation explique qu’il a reçu une grande vague de soutien suite à son élection, de la part de la communauté francophone et francophile de la ville.
Matthew Shoemaker indique avoir l’intention de participer au festival de la Saint-Jean-Baptiste à Sault-Sainte-Marie, une première fois historique pour un maire de la ville.
Des bases pour l’avenir
S’assurer qu’il y ait toujours une personne apte à communiquer dans les deux langues officielles fera partie des mesures concrètes qu’il souhaite mettre en place et conserver à la mairie.
« Je veux faire en sorte que même après mon départ, les gens puissent continuer à bénéficier des services de la municipalité dans leur langue maternelle. »
Il n’exclut pas non plus d’ouvrir la voie concernant les nouveaux arrivants francophones de la ville notamment par le biais du cadre du Programme pilote d’immigration dans les communautés rurales et du Nord lancé à la fin du mois d’août dernier par Ottawa dans certaines villes du Nord comme Sault-Ste-Marie.
« S’il y a la possibilité d’ajouter des qualifications, des préférences ou des points supplémentaires aux personnes qui parlent français, c’est sûr que je suis intéressé à le faire », confie-t-il comme une piste de solution à la pénurie de main-d’œuvre criante dans la région.
Réduire la crise des opiacés
Le père de famille cite la crise des opioïdes comme étant sa principale priorité avec notamment le projet d’ouvrir un centre de consommation supervisée.
« Si on peut avoir les ressources provinciales après que nous mettions l’argent en capital dans le projet, c’est vraiment à ça que je veux me consacrer dans les premiers mois de mon mandat », conclut-il.
Né de deux parents d’origine italienne, Matthew Shoemaker est trilingue et a fréquenté l’École élémentaire Notre-Dame-des-Écoles qui lui a permis de devenir francophone.
Matthew Shoemaker succède à Christian Provenzano, ayant choisi de ne pas se représenter après deux mandats à la tête de la ville. Tout comme son successeur, ce dernier avait lui-même accédé très jeune à la tête de la ville et est également avocat de formation.
À noter également, seuls 38 % des 57 659 votants éligibles se sont tournés vers les urnes lundi dernier, une diminution de près de 2 % comparativement aux dernières élections de 2018.