Le commissaire de la GRC Mike Duheme admet que la police fédérale est parfois incapable de respecter l'exigence linguistique de ses postes.
Le commissaire de la GRC Mike Duheme admet que la police fédérale est parfois incapable de respecter l'exigence linguistique de ses postes. Crédit image: THE CANADIAN PRESS/Adrian Wyld

OTTAWA – La Gendarmerie royale du Canada (GRC) concède que des enjeux opérationnels et de ressources humaines l’empêchent présentement de respecter la Loi sur les langues officielles et ses exigences linguistiques. Un peu plus d’un haut dirigeant sur dix est un unilingue occupant un poste désigné bilingue.

La Loi sur les langues officielles oblige les cadres du corps de police fédérale à être bilingues, mais 12,5 % d’entre eux ne respectent pas les exigences linguistiques. Le pire portrait se situe chez les officiers, soit les cadres dans le corps de police, puisque 60 % d’entre eux satisfont aux exigences, selon les chiffres fournis par le commissaire de la GRC, Mike Duheme.

Type de postesProportion des postes respectant les exigences de bilinguisme
Membres de la Fonction publique91%
Membres civils95%
Policiers et policières82%
Total de l’effectif de la GRC87,5%
Chiffres fournis par le commissaire Mike Duheme lors de sa comparution au comité des langues officielles.

Le respect des postes ayant des exigences linguistiques est un défi qui remonte à plusieurs années, avance le commissaire de la GRC.

« Lorsqu’on parle de policiers, suivre une formation pour obtenir le niveau de la langue seconde est un défi en soi à cause des demandes opérationnelles », a-t-il témoigné devant les élus en comité parlementaire.

« Ça nous oblige des fois à pourvoir un poste bilingue à quelqu’un qui est unilingue pour répondre au mandat d’assurer la sécurité publique des Canadiens », a-t-il admis.

Dans les dernières années, le bassin de candidats a été réduit, ce qui a un effet sur le bilinguisme, selon lui. « On doit respecter la Loi (sur les langues officielles) mais, dans l’environnement où nous sommes présentement, il y a un écart au niveau de la gestion supérieure et les gens qui rentrent (avec une capacité) au niveau du bilinguisme qui a été créé au fil des ans. »

Des employés unilingues qui sont engagés dans ces postes le sont avec certaines ententes par rapport à l’obtention d’un niveau suffisant en langue seconde, a-t-il ajouté. Ce dernier estime que la prime de bilinguisme ainsi que les aspirations à atteindre un haut niveau au sein de la police montée sont des motivations assez suffisantes pour que les employés se sentent obligés de devenir bilingues.

La GRC travaille présentement à augmenter le nombre de personnes bilingues. Une de ses avenues pourrait être le retour de la formation en français, a indiqué le commissaire Duheme. Le fait que la police fédérale n’exige plus à ses agents d’être disponible à être mobilisés partout à travers le pays pourrait constituer un avantage à augmenter le nombre de candidats bilingues, a-t-il aussi plaidé.

En 2019, la GRC a mis fin à sa formation en français à son école, Division Dépôt, à Regina, en Saskatchewan, misant sur un enseignement bilingue. Le plus grand nombre de membres de la GRC est situé en Colombie-Britannique et en Alberta, ce qui ajoute une couche de difficulté concède le haut dirigeant de la police fédérale.

La GRC avait été convoquée à la suite d’un article de Radio-Canada démontrant que plusieurs hauts responsables ne respectaient pas les exigences linguistiques de leurs postes. Des 10 membres de la haute direction, seuls quatre respectent les exigences en matière de bilinguisme, a mentionné Mike Duheme.

Le scandale SNC-Lavalin s’invite

La comparution du commissaire de la GRC a toutefois été écourtée après que les libéraux et conservateurs aient multiplié les rappels aux règlements pendant plus d’une trentaine de minutes. La cohue a commencé quelques secondes après le début d’une question des conservateurs au sujet d’une enquête de la GRC sur de la possible ingérence politique du gouvernement Trudeau dans la saga de SNC-Lavalin.

La semaine dernière, le Toronto Star révélait que la GRC avait refusé d’aller plus loin dans son enquête criminelle sur les actions du premier ministre Justin Trudeau lors de l’affaire SNC-Lavalin, car elle tentait d’obtenir des documents confidentiels du cabinet.

Le conservateur Larry Brock a toutefois été incapable de poser sa question sur le sujet à plusieurs reprises en raison de blocages répétés des libéraux ainsi qu’en partie du président du comité René Arsenault. Ce dernier considérait que l’objet de la question ne portait pas sur le bilinguisme au sein de la GRC. Le député conservateur s’est alors accroché à une série de questions portant sur le bilinguisme des enquêteurs et des témoins impliqués dans l’investigation sur SNC-Lavalin.