Controverses linguistiques : la GRC et CBC devront s’expliquer à Ottawa
OTTAWA – Les élus fédéraux invitent le commissaire de la Gendarmerie royale du Canada (GRC), Mike Duheme, à s’expliquer au sujet de postes bilingues occupés par d’unilingues anglophones au sein du corps de police. Les députés convoquent aussi la présidente de CBC/Radio-Canada Catherine Tait dans un autre dossier concernant un balado traduit en français à Paris.
Radio-Canada rapportait au début du mois d’octobre que plusieurs hauts gradés de la GRC occupent des postes bilingues même s’ils ne parlent pas français. Ces employés de la haute direction, estimés à une demi-douzaine, ne suivent pas de cours de français actuellement, rapportait le radiodiffuseur. Cela est en contradiction avec la Loi sur les langues officielles qui oblige à ce que les cadres aux postes désignés bilingues supervisent et gèrent en français et en anglais.
À la suite d’une motion du Bloc québécois appuyée par tous les autres partis, il a été convenu d’inviter Mike Duheme, qui parle français, au Comité des langues officielles d’ici le 8 novembre. Le ministre de la Sécurité publique Dominic Leblanc pourrait aussi être appelé à s’expliquer dans ce dossier, mais à une date ultérieure.
« Il y a vraiment une dégradation », a déploré le député du Bloc Mario Beaulieu et auteur de la motion.
Ce dernier a souligné les mentions concernant la GRC effectuées par les commissaires aux langues officielles dans leurs différents rapports au cours des dernières années.
En 2019, la GRC avait mis fin aux formations unilingues en français à son école, Division Dépôt en Saskatchewan, misant plutôt sur une formation bilingue. En 2016, l’ancien commissaire aux langues officielles Graham Fraser avait réprimandé la GRC, car ses agents sur la Colline parlementaire ne parlaient pas français. Près de trois ans plus tard, le problème n’était toujours pas réglé, selon Radio-Canada. La GRC a l’obligation d’y offrir des services en français et en anglais, selon la Loi sur les langues officielles.
CBC et un balado traduit à Paris
Les élus ont aussi décidé de convoquer la présidente de CBC/Radio-Canada Catherine Tait. Cette dernière est appelée par les élus suite à une histoire du Journal de Montréal. Le quotidien québécois rapportait qu’un balado de CBC, Alone : A Love Story, a été traduit en français à Paris dans le but d’éviter l’accent québécois.
« On ne voulait pas un français québécois, pour favoriser l’intérêt à l’international », affirmait au Journal Cesil Fernandes, producteur exécutif chez CBC Podcasts.
Ce dernier et Emilie Brazeau Béliveau, une haute dirigeante marketing chez CBC/Radio-Canada, accompagneront Mme Tait devant les élus. La motion des conservateurs a été adoptée à l’unanimité.
« Cette histoire est totalement, mais totalement inacceptable… L’accent québécois, le français canadien ou l’ensemble de la francophonie canadienne n’a pas à justifier sa place dans le monde international pour sa compréhension », s’est indigné l’auteur de la motion, le conservateur Bernard Généreux.
Le ministre des Langues officielles Randy Boissonnault, qui doit aussi comparaître en compagnie de ses fonctionnaires, a été invité à accompagner ces hauts dirigeants de la société d’État. Les libéraux sur le comité avaient tenté de retirer cette invitation mais leur motion a été défaite par les trois partis d’opposition.