Drapeau canada, langues officielles
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OTTAWA – Le gouvernement fédéral a envoyé près de deux milliards de dollars aux établissements et groupes d’intérêts anglophones du Québec dans le cadre de son financement destiné aux langues officielles depuis 1995. Seulement 6 % de cette somme sert à la francisation au Québec dénonce le Bloc québécois qui aimerait que le Plan d’action sur les langues officielles, d’où provient le financement, soit changé en conséquence.

Des données colligées par le député du Bloc Mario Beaulieu démontrent que depuis 1978, c’est un total de 3,4 milliards de dollars qui a été envoyé aux anglophones du Québec et 2,08 milliards depuis 1995 dans le cadre de divers programmes de langues officielles.

« Prendre pour acquis que la communauté anglophone au Québec, c’est l’équivalent des communautés francophones et acadiennes à l’extérieur du Québec, ça n’a aucun sens. Ce n’est pas du tout la même situation », a-t-il dénoncé en conférence de presse ce lundi sur la Colline.

Ces sommes devraient « logiquement servir à la promotion du français », propose-t-il en passant par Québec qui serait ensuite chargé de déterminer où l’investir.

« Ça n’a pas de sens, c’est le français qui est menacé, mais le gouvernement fédéral semble vouloir continuer à financer l’anglais au Québec », fustige le représentant de la formation souverainiste.

Il déplore notamment qu’une partie de cet argent fédéral destiné aux anglophones inclue des sommes pour les immigrants allophones, « alors de ce point de vue là, le gouvernement fédéral travaille activement à la minorisation des francophones ».

Le porte-parole aux langues officielles et en matière de francophonie pour le Bloc Québécois, Mario Beaulieu. Courtoisie
Le porte-parole aux langues officielles du Bloc québécois, Mario Beaulieu. Courtoisie

Pour les libéraux, « le Bloc cherche clairement la chicane »

L’exercice du député bloquiste est « tendancieux » et démontre que « le Bloc cherche clairement la chicane », ont soutenu tour à tour les ministres libéraux du Québec Soraya Martinez Ferrada et Pablo Rodriguez

« Il cherche à faire une division chez les Québécois, mais est-ce qu’un jour, le Bloc va finir par comprendre et par accepter qu’un Québécois c’est un Québécois, peu importe sa langue maternelle », a vilipendé le Lieutenant du Québec au gouvernement Pablo Rodriguez.

Le Quebec Community Groups Network (QCGN), l’organisme porte-parole des anglophones au Québec, a réagit en déclarant que « nous n’avons pas eu l’occasion d’étudier le ‘’rapport’’ de M. Beaulieu en détail », mais « s’insurge » de « son concept fondamental », comme quoi cet argent est un soutien à l’anglicisation du Québec, « est tout à fait erroné ».

« Il s’agit d’une fausse équivalence. Le soutien aux communautés de langue officielle en situation minoritaire dans l’ensemble du pays vise à favoriser la vitalité de ces communautés, qu’elles soient francophones ou anglophones », dénonce l’organisme porte-parole dans un communiqué.

Le Bloc n’a pas compilé de données portant sur le financement des francophones hors Québec depuis 1978.

Changer le Plan d’action pour les langues officielles

Dans son Plan d’action, dévoilé en avril dernier, les libéraux ont annoncé un financement de 4,1 milliards de dollars dont près 3,3 iront aux minorités francophones et 820 $ millions aux anglophones du Québec. Selon une haute fonctionnaire de Patrimoine canadien, les Plans d’action sur les langues officielles – présenté à chaque cinq ans – ont historiquement toujours résulté en une proportion financière de 80 %-20 %, la grosse part du gâteau allant aux francophones hors Québec.

Le Plan d’action sur les langues officielles est une sorte de feuille de route qui guide les engagements financiers d’Ottawa en matière de langues officielles pour une demi-décennie. Le ministre libéral Randy Boissonnault affirmait le 25 octobre dernier, en comité parlementaire, que 50 millions de dollars de près de 137 nouveaux millions de dollars destinés aux Anglo-Québécois via le Plan d’action serviraient à la francisation.

Le 6 % réservé au français devrait être considérablement augmenté en ce sens, demande M. Beaulieu « dans une marge qui a de l’allure, pas à 94 % ». Donc l’actuel Plan d’action de 2023-2028, dont les premières sommes doivent être envoyées au printemps prochain, devrait être modifié pour inclure des montants destinés au français au Québec.

« On n’a pas le temps, plus le temps passe, plus le français est en déclin au Québec. Il y a de plus en plus d’assimilation des francophones », avertit Mario Beaulieu.