Le report du sommet de la francophonie ne fait pas plaisir à l’Ontario
Prévu pour le 15 novembre à Djerba, le sommet de la francophonie a dû être reporté en raison des crises politique et sanitaire qui sévissent en Tunisie. Pour l’Ontario, qui a un rôle d’observateur au sein de l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF), l’annulation du sommet, quoique compréhensible, prive la province d’une opportunité de rayonnement de la francophonie ontarienne à l’échelle internationale.
Dans un communiqué de presse publié le 12 octobre, les membres du Conseil permanent de la francophonie (CPF) ont annoncé le report d’un an du sommet de la francophonie.
« Les représentants des États et gouvernements membres ont débattu ouvertement et dans un souci de cohésion et de solidarité, sur l’organisation du sommet en Tunisie dans les délais initialement prévus. Ils sont arrivés à un consensus sur la nécessité de reporter d’un an le 18e sommet de la Francophonie, afin de permettre à la Tunisie de pouvoir organiser cette instance importante dans les conditions les plus optimales. »
Bien que le communiqué de presse ne spécifie pas les causes exactes de l’annulation du sommet, beaucoup spéculent que l’instabilité politique qui règne actuellement en Tunisie pourrait être la raison principale.
Pour l’Ontario, l’annulation du sommet de la francophonie prive la province d’une possibilité de consolidation de partenariats internationaux avec d’autres pays francophones.
« La présence de l’Ontario au sommet offre de nombreuses opportunités qui permettent à la province de mieux faire connaître et promouvoir la francophonie ontarienne », explique Natasha Tremblay, attachée de presse au bureau de la ministre des Affaires francophones.
Selon elle, « cette visibilité accrue peut avoir des retombées positives pour la province qui désire développer des relations avec ses partenaires de la Francophonie, identifier des pistes de collaboration, et ce, notamment au niveau du développement économique francophone, de l’éducation et de l’immigration ».
Une implication mitigée au fils des années
En tant que membre observateur, l’Ontario ne possède pas de droit de vote ou de pouvoir décisionnel au sein de l’organisation. Cela n’a pas empêché la province d’avoir pris part à diverses actions mises en place par l’OIF depuis son adhésion.
« L’Ontario a eu l’occasion de participer à plusieurs réunions importantes de l’OIF incluant les sommets précédents, les réunions de la Conférence ministérielle de la Francophonie et du Conseil permanent de la Francophonie », ajoute Natasha Tremblay.
La province a notamment appuyé de façon non officielle la stratégie La Francophonie au service du développement économique, dont les objectifs rejoignent la stratégie de développement économique francophone de la province. « L’Ontario désire ainsi bénéficier de la Stratégie économique pour la Francophonie 2020-2025 de l’OIF afin de guider ses propres efforts liés au développement économique francophone en Ontario », indique la porte-parole du ministère.
Auparavant, la province avait fait une contribution volontaire de 300 000 $ en vue d’appuyer des domaines prioritaires.
« Cette contribution était pour appuyer des domaines d’intérêts prioritaires en éducation avec des liens étroits avec nos partenaires canadiens (le Canada, le Québec et le Nouveau-Brunswick). L’éducation, la formation, l’égalité homme-femme et le développement économique durable étaient où nous voulions positionner nos partenariats à titre de membre observateur », explique Marie-France Lalonde, ex-ministre déléguée aux Affaires francophones en Ontario.
Outre du désir de promotion de la langue française, la province voulait au départ assurer un positionnement international en termes d’éducation en français. Selon Mme Lalonde, la province voulait promouvoir son bassin collégial francophone et aider au recrutement des étudiants internationaux pour l’université de l’Ontario français.
Un statut de membre observateur dans la durée
Le 26 novembre 2016, l’Ontario a rejoint l’OIF à titre de membre observateur lors du 16e sommet de la francophonie à Antananarivo (Madagascar).
Produit de multiples négociations entre l’ancienne ministre de l’Ontario et le premier ministre du Québec à l’époque, l’adhésion de la province en tant qu’observateur devait être une situation temporaire devant mener à l’adoption du statut de membre permanent l’année suivante.
« Quelques mois après notre adhésion, on commençait à avoir des conversations pour changer le statut de la province au sein de l’organisation. Pour nous, c’était une belle occasion de nous démarquer, de dire au monde qu’en Ontario, nous parlons français », explique Marie-France Lalonde.
Avec l’élection du gouvernement conservateur de Doug Ford en 2018, la province a décidé de se rétracter sur sa décision de devenir un membre permanent au sein de l’organisme. Aucun représentant n’a participé au dernier sommet à Erevan, la même année.
Du côté du ministère, on assure que le statut actuel est suffisant et « répond aux objectifs actuels de la province en permettant d’appuyer des initiatives ici en Ontario en plus de faire rayonner la francophonie ontarienne à l’international », poursuit Mme Tremblay.
Même si la permanence ne semble pas intéresser le gouvernement actuel, l’Ontario affirme vouloir rester actif au sein de l’OIF. À travers l’organisme, la province veut continuer de solidifier ces partenariats internationaux, à l’image du récent accord signé avec la Fédération Wallonie-Bruxelles ayant pour but d’identifier des pistes de collaboration dans la culture, l’éducation et le développement économique.
« De telles initiatives auront un impact concret et à long terme sur le développement de la francophonie en Ontario », croit Natasha Tremblay.