Le NPD devient la cible des attaques
[ONVote2018]
TORONTO – La campagne électorale entre dans sa seconde semaine et plus que jamais, le Nouveau Parti démocratique (NPD) de l’Ontario et sa chef, Andrea Horwath, sont devenus la cible des attaques de leurs adversaires.
JEAN-FRANÇOIS MORISSETTE
jmorissette@tfo.org | @JFMorissette72
Le Parti libéral de l’Ontario (PLO) a martelé, en matinée le 14 mai, que la plateforme du NPD de l’Ontario comptait plusieurs erreurs comptables. Selon le PLO, la plateforme du NPD contient des coupures de près de 3 milliards de dollars.
Le ministre sortant des Finances de l’Ontario, Charles Sousa, estime que le NPD a « mal compris » le dernier budget ontarien, ce qui expliquerait les différences.
« Ce sont des erreurs significatives qui résulteront à des coupures massives dans des programmes qui nous tiennent à cœur », a-t-il lancé.
« L’Ontario mérite mieux », a pour sa part martelé la chef du PLO, Kathleen Wynne.
La chef du NPD, Andrea Horwath a assuré qu’il n’y avait pas d’erreurs dans sa plateforme, mais que « la vision du NPD pour l’Ontario est fondamentalement différente » de celle des libéraux.
Mme Horwath a assuré que le plan du NPD ne supprimait pas des programmes déjà en place et ne couperait pas de financement, comme le prétend le PLO.
La chef du NPD a martelé que ce sont plutôt les libéraux qui sont frivoles avec les chiffres.
« Il n’y a qu’un mot pour décrire la tentative de discréditer le NPD à laquelle a eu recours Mme Wynne : pitoyable. Comme si les Ontariens avaient besoin qu’on leur rappelle à quel point la première ministre sortante les a déçus », a-t-elle insisté.
Pour sa part, le chef du Parti progressiste-conservateur, Doug Ford, était de passage à Niagara Falls, pour assurer que s’il était élu premier ministre en juin, il « ramènerait » des emplois en Ontario. Au cours de la fin de semaine, il a accusé le NPD d’être un parti avec des militants « extrémistes » au service des « élites de Toronto ».
Un changement de stratégie
Stéphanie Chouinard, politologue au Collège militaire de Kingston, estime que les attaques accrues envers le NPD, observées depuis le débat de vendredi dernier, sont une réaction aux derniers sondages. Selon un sondage de la firme Mainstreet Research, le NPD se classe désormais en seconde place, tout juste derrière le Parti PC avec 28 % des intentions de vote.
Mme Chouinard croit que la performance d’Andrea Horwath lors des deux débats a donné un « avantage » aux néo-démocrates.
« On parle de plus en plus du NPD dans les médias, ce qui signale aux autres partis qu’ils devraient ajuster leur stratégie », explique-t-elle.
Selon la politologue, il en reviendra à la chef Andrea Horwath de démontrer aux Ontariens qu’elle a un plan crédible. Elle ajoute que le « traumatisme » des années au pouvoir de Bob Rae, de 1990 à 1995, n’a pas la même signification pour une nouvelle génération d’électeurs, ce qui expliquerait aussi le gain de popularité des néo-démocrates auprès des jeunes.
« Plus le temps avance, plus de jeunes électeurs deviennent éligibles. Pour un jeune ontarien de 18 ou 20 ans, les Rae days sont plus ou moins connus et n’influencent pas autant le choix », souligne Mme Chouinard.
Une coalition entre les partis de gauche?
Au cours du week-end, la rumeur d’une coalition entre le NPD et le PLO a été lancée.
Stéphanie Chouinard note que les gouvernements de coalition n’ont pas une cote de popularité très élevée au Canada et en Ontario.
« En règle générale, les Canadiens et les Ontariens sont très frileux sur cette idée parce que c’est vu comme si les partis politiques pilaient sur leurs principes », lance-t-elle.
Elle note néanmoins que les deux plateformes ont des similitudes. La politologue trouve surprenant de voir ces discussions lancée sur la place publique et voit cela comme l’admission d’une probable défaite de la part de Mme Wynne.
En point de presse, le lundi 14 mai, Mme Horwath a fermé la porte à une coalition avec les libéraux. Mme Wynne, pour sa part, a estimé qu’il était « trop tôt », pour parler d’une union entre les deux partis.
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