Le poids des francophones baisse dans les villes de l’Ontario

Le drapeau franco-ontarien.Archives ONFR+
 

TORONTO – La proportion de francophones dans les villes ontariennes ne faiblit pas seulement à Ottawa. Les chiffres sont alarmants dans bien d’autres villes de la province, a observé #ONfr.

SÉBASTIEN PIERROZ
spierroz@tfo.org | @SebPierroz

Alors que les conclusions du Portrait des groupes de langues officielles d’Ottawa et de Gatineau, préparées par Statistique Canada pour le Commissariat aux langues officielles, et dévoilées mercredi 8 avril, brossaient un portrait sombre de la place des francophones à Ottawa, cette tendance à la baisse se poursuit au-delà des frontières de la capitale.

L’Est ontarien demeure la région la plus touchée par le phénomène. En témoigne la municipalité de Cornwall dont la proportion de francophones (les résidents possédant le français comme langue maternelle, selon Statistique Canada) a dégringolé de 28,7% lors du recensement de 1996 à 22,6 % lors de la dernière étude du genre en 2011.

Plus au nord dans cette région, les chiffres ne sont guère plus reluisants pour la municipalité de Clarence-Rockland qui passe d’une proportion de 69% à 64,9% de francophones sur la même période, ou encore le canton de Russell (50,9% à 45,7%). La Ville de Hawkesbury, bien que plus francophone, connaît le même sort (83,4% à 79,8%).

Comme dans le cas d’Ottawa, l’Est ontarien voit sa population francophone, tout comme anglophone, décroitre au profit des résidents possédant une tierce langue. C’est particulièrement vrai à Cornwall où les allophones ont doublé au cours des quinze dernières années.

Inquiétude dans le nord

Ce n’est en revanche pas le cas dans le nord de l’Ontario où la baisse des francophones ne rime pas avec un accroissement des langues non officielles. Au contraire, la proportion d’anglophones a même grimpé de trois points à Sudbury (61,3% à 64,5% sur ladite période) et à Timmins (53,1% à 55,7%).

Conséquence? Sudbury, ville la plus populeuse du nord, voit sa proportion de francophones fondre légèrement, puisqu’ils ne représentent plus que 27% des résidents en 2011, contre 28,2% quinze plus tôt.

Timmins n’est guère mieux lotie puisque les francophones accusent là aussi un léger recul (38,3% à 37,2% sur la période 1996-2011). Quant à Thunder Bay, seule ville du nord avec Sudbury constituée de plus de 100 000 résidents, le poids des francophones se maintient à 2,4% au fil des années.

C’est justement dans cette ville que le forum du Réseau de soutien à l’immigration francophone du nord de l’Ontario (RSIFNO) avait organisé un sommet les 5 et 6 mars visant à dynamiser l’immigration francophone.  

« Il y a beaucoup de déplacements de ces populations du nord vers le sud », analyse pour sa part le président de l’Assemblée de la francophonie de l’Ontario (AFO), Denis Vaillancourt, en entrevue pou #ONfr.

Stabilité au Centre-Sud-Ouest

La lecture de la démographie est malgré tout formelle : la région du Centre-Sud-Ouest reste finalement la seule a tirer son épingle du jeu dans le portrait. Même si la moisson est assez maigre. La proportion de francophones à Toronto était en 2011 de 1,3 % contre 1,2 % pour les trois recensements auparavant.

Encore beaucoup plus qu’à Ottawa, la Ville-Reine, qui compte plus de 30 000 francophones (55 000 pour sa grande région), comporte une population allophone de 44,6%. Un échantillon linguistique qui freine du coup la proportion de nouveaux immigrants maitrisant la langue de Molière.

La proportion de francophones est même là encore en baisse la grande région de Toronto. À l’instar de Mississauga (1,4% à 1% entre 1996 et 2011), Markham (0,9% à 0,7%) et Brampton (1,4% à 1%).

A l’extrême ouest de la province, les chiffres sont même en baisse sérieuse pour Windsor où la proportion de francophones a chuté de 3,8% en 1996 à 2,6% en 2011.

L’immigration comme solution

Reste que le poids colossal de Toronto dans la province (plus de 2,5 millions de résidents) permet à la proportion de Franco-Ontariens de rester stable, puisqu’ils représentaient en 2011 4,4% des résidents de l’Ontario, selon Statistique Canada. Un chiffre identique à celui de 2006.

Un constat qui plus que jamais appelle à la nécessité d’une politique facilitant la venue des nouveaux arrivants. C’est en tout cas l’avis de M. Vaillancourt : « On reçoit de l’immigration c’est un fait, mais il n’y a pas encore un mécanisme qui permet de cibler l’immigration francophone. »

Les francophones pourraient prochainement avoir une première lueur d’espoir puisque le projet de loi 49, déposé à Queen’s Park en novembre, vise avant tout à dessiner une « nouvelle orientation sur la manière de sélectionner, d’accueillir et d’aider les immigrants et immigrantes dans la province ». Avec dans son contenu : une mention pour une « immigration francophone de 5% ».

À noter que la « Définition inclusive de la francophonie » (DIF), mise en place par Queen’s Park en 2009, englobe ceux dont la langue maternelle n’est ni le français ni l’anglais, mais qui ont une bonne connaissance du français et qui l’utilisent à la maison.

Selon cette même définition, il y aurait 611 500 Franco-Ontariens. Soit un écart de près de 70 000 personnes, avec les chiffres de l’agence fédérale. Un calcul qui du coup peut donner des mesures différentes pour le comptage des francophones dans les différentes villes.