Charlotte Cardin en performance au gala des prix Juno 2024. Crédit image: THE CANADIAN PRESS/Darren Calabrese

HALIFAX – Le gala des prix Juno s’est déroulé dimanche soir à Halifax, au terme d’une semaine d’activités et après un gala d’ouverture, la veille, où la plupart des prix avaient déjà été remis. Plusieurs artistes francophones ont tiré leur épingle du jeu cette année, à commencer par la Montréalaise Charlotte Cardin. Son album 99 Nights a remporté les titres d’album pop et d’album de l’année.

Les Juno ne sont pas reconnus pour être des ambassadeurs du bilinguisme ou de la francophonie. Pendant plusieurs années, la catégorie album francophone de l’année était la seule à faire une place aux artistes francophones. 2024 est différente. C’est Charlotte Cardin qui partait avec une longueur d’avance sur la ligne de départ, avec six nominations.

L’interprète de Confetti n’était d’ailleurs pas le seul espoir francophone dans la prestigieuse catégorie de l’album de l’année. La pianiste Alexandra Stréliski était aussi en lice pour Néo-Romance. L’Ottavien bilingue Talk, issu d’une mère québécoise, aurait très bien pu l’emporter pour Lord of the Flies & Birds & Bees. Il est plutôt reparti avec le prix de Révélation de l’année (artiste). Nicholas Durocher, de son vrai nom, cumulait cinq nominations cette année. Les deux autres nommés dans la catégorie Album de l’année étaient Daniel Ceasar et Lauren Spencer Smith.

Dimanche soir, Charlotte Cardin a dédié son trophée d’album de l’année à ses amis qui ont fait 99 Nights avec elle, à un moment où elle avait « désespérément besoin d’un exutoire créatif ». La veille, elle était également repartie avec le Juno d’album pop de l’année. En 2022, la pop star avait remporté le Juno dans ces deux mêmes catégories, en plus de la chanson de l’année et de l’artiste de l’année, à l’occasion de la sortie de son album Phoenix.

C’est sous une conceptuelle pluie de confettis que la Québécoise a interprété Confetti dans sa version anglophone.

Hommage et trophée posthume pour Karl Tremblay

Sans surprise, c’est l’album En concert avec l’Orchestre symphonique de Montréal (sous la direction du chef Simon Leclerc), des Cowboys fringants et de l’OSM, qui a remporté le prix de l’album francophone de l’année. Les autres artistes en nomination étaient Fouki, Karkwa, Salebardes et Souldia.

Alexandra Streliski a rendu hommage à Karl Tremblay. Crédit image : THE CANADIAN PRESS/Darren Calabrese

Alexandra Stréliski a rendu un sobre hommage à Karl Tremblay, décédé en novembre 2023. Devant des images du chanteur des Cowboys fringants, projetées sur grands écrans, elle a joué une version piano des Étoiles filantes. « Ton bout du chemin est arrivé beaucoup trop tôt, Karl. Mais tu as semé tellement de poussières d’étoiles dans nos cœurs que tu n’arrêteras jamais de briller », a-t-elle déclaré en français avant sa performance.

Une autre Montréalaise, Allison Russell, a participé à l’hommage suivant, rendu à Gordon Lightfoot et Robbie Robertson, eux aussi disparus dans la dernière année.

D’autres gagnants francophones

Parmi les autres francophones représentés aux prix Juno cette année, on trouve Dominique Fils-Aimé, récipiendaire du trophée Album de jazz vocal de l’année pour Our Roots Run Deep.

L’album classique grand ensemble de l’année est Maxime Goulet : Symphonie de la tempête de verglas de l’Orchestre classique de Montréal, dirigé par Jacques Lacombe. Les francophones du milieu de la musique classique ont fait bonne figure, puisque c’est Il Ponte di Leonardo, de la formation montréalaise Constantinople, qui a remporté le prix de l’album classique petit ensemble.

La pochette d’album de l’année est celle de Riopelle Symphonique, de l’OSM, créée par Nicolas Lemieux, Mykaël Nelson et Albert Zablit.

Le titre d’album métal/hard de l’année a été attribué à As Gomorrah Burns, du groupe québécois Cryptopsy.

Elisapie et Jeremy Dutcher sur le tapis rouge du gala des prix Juno. Avec Morgan Toney, ils ont offert une performance de la chanson Uummati Attanarsimat d’Elisapie, son adaptation de Heart of Glass de Blondie. Crédit image : THE CANADIAN PRESS/Chris Young

De son côté, Elisapie a remporté son pari dans la catégorie Album autochtone contemporain pour Inuktitut, un album où elle reprend les grands succès qui ont marqué sa jeunesse, de Led Zeppelin à Blondie en passant par Queen, mais dans une adaptation en Inuktituk.

Il s’agit d’ailleurs aussi d’une bonne année pour les artistes autochtones, qui étaient 33 à être en nomination pour un prix Juno cette année.