Les maires des plus grandes ville du Nord lancent un appel aux gouvernements

Les trois nouveaux maires francophones se sont rencontrés à Sault-Ste. Marie ce vendredi. Source : Page Facebook de Michelle Boileau

SAULT STE. MARIE – Immigration, recrutement de médecins, aménagement du centre-ville, dépendances, itinérance… Les maires des cinq plus grandes municipalités du Nord de l’Ontario se sont se sont entendus sur plusieurs enjeux communs et réclament maintenant l’aide de la province et du fédéral.

Ce front uni s’est dessiné au cours d’une réunion de maires des grandes municipalités urbaines du Nord, vendredi dernier, la première du genre pour les nouveaux maires élus en octobre dernier.

Matthew Shoemaker, le maire de Sault Ste. Marie, a reçu ses homologues, Paul Lefebvre, de Sudbury, Michelle Boileau de Timmins, Peter Chirico de North Bay, et via zoom, le maire de Thunder Bay, Ken Boshcoff.

Parmi leur liste de priorités, que le Programme pilote d’immigration dans les communautés rurales et du Nord devient un programme permanent. Le gouvernement fédéral a lancé ce programme pilote en novembre 2019, pour une période de cinq ans, suite à des pressions politiques exercées par les cinq maires d’alors.

Son but : accélérer le processus d’obtention de la résidence permanente pour les nouveaux arrivants qui trouvent un emploi dans l’une des 11 villes canadiennes participantes.

« Le Nord de l’Ontario n’attire qu’une faible proportion des migrants internationaux et doit affronter des défis démographiques liés à la structure par âge et aux taux de naissance », a indiqué Peter Chirico, maire de North Bay, concernant le programme qui arrive à échéance en août 2024.

Selon Thomas Mercier, coordinateur du Réseau de soutien à l’immigration francophone du Nord de l’Ontario, le programme a fait ses preuves, surtout depuis la fin des restrictions de voyages liées à la COVID-19, mais mériterait d’être adapté au contexte francophone en cas de reconduction.

« C’est important qu’une ligne directrice soit ajoutée pour forcer le fédéral à prendre en considération le poids démographique des francophones dans leur communauté », a-t-il déclaré en saluant au passage l’atteinte historique de la cible d’immigration francophone hors Québec en janvier dernier.

Le ministre fédéral de l’Immigration, des Réfugiés et de la Citoyenneté, Sean Fraser, a récemment sous-entendu la possibilité d’étendre le programme. Crédit image : Inès Rebei

En toile de fond, la pénurie de main-d’œuvre qui sévit dans la région et contre laquelle le programme s’est prouvé être une potentielle solution selon les maires présents.

Selon Paul Lefebvre, ce programme pourrait contribuer non seulement à combler les milliers d’emplois vacants de la ville de Sudbury, mais aussi d’atteindre le seuil des 200 000 habitants qu’il avait fixé comme promesse durant sa campagne électorale.

Besoin criant de personnel de la santé

Un autre défi majeur auquel sont confrontées les municipalités du Nord concerne le manque de personnel dans le domaine de la santé qui risque de s’accentuer à mesure que la population vieillit.

« Simplement dit, nous avons besoin de plus de médecins et l’École de médecine du Nord de l’Ontario représente la meilleure option pour y arriver », a souligné Paul Lefebvre, maire du Grand Sudbury, avant d’ajouter que l’établissement a enregistré l’un des meilleurs taux de recrutement et de rétention de toutes les écoles de médecine au Canada.

Le gouvernement provincial a récemment annoncé une augmentation du nombre de places pour les étudiants en médecine en Ontario. Toujours selon M. Lefebvre, l’accroissement du nombre de places disponibles à l’Université aurait un énorme impact sur tout le Nord.

Le maire Shoemaker considère cette première rencontre comme fructueuse Source : compte Twitter de Matthew Shoemaker

La question de la crise de santé mentale a aussi occupé une place importante dans la liste des besoins du Nord qui présente un taux de mortalité liée aux opioïdes de trois à quatre fois plus élevé que le reste de l’Ontario.

L’ensemble des maires appellent à une intervention financière des gouvernements provincial et fédéral, notamment afin de « permettre à toutes nos communautés d’obtenir les mêmes services de consommation et de traitement qui sont disponibles et financés ailleurs en Ontario », a déclaré M. Shoemaker.

« Les municipalités ne devraient pas avoir à procurer des fonds pour résoudre un problème de soins de santé, surtout pas des fonds opérationnels », conclut-il.

Crise de logements

Du financement supplémentaire de la part des deux paliers gouvernementaux a également été réclamé à l’appui des logements de transition et des services de soutien connexes dans le Nord où la crise du logement est particulièrement marquée.

« D’autres mesures sont requises dès maintenant pour composer avec la crise du logement et de l’itinérance que vivent nos communautés », a lancé Michelle Boileau, mairesse de Timmins.

Celle-ci en a voulu pour exemple que la province puisse modifier la Loi sur la protection et la promotion de la santé « de sorte à définir un carrefour de services et à procurer des ressources additionnelles ».

Les maires des cinq municipalités disent vouloir parler d’une même voix pour le Nord. Source : Page Facebook de Michelle Boileau

Elle en veut pour preuve les augmentations annoncées récemment au Programme de prévention de l’itinérance de l’Ontario, dont le financement est passé à 5,1 millions après une annonce du ministre Ross Romano, à Sault Ste. Marie, le 11 avril dernier.

Les services sociaux de Cochrane et le conseil de Timmins ont adopté en mars dernier des résolutions demandant à la province d’en faire plus pour résoudre le problème des sans-abris.

Succès des ambassadeurs du centre-ville

Aussi présents lors de la rencontre, le personnel municipal et les Services sociaux de Sault Ste. Marie ont livré aux maires une présentation sur le Programme des ambassadeurs du centre-ville.

Lancé en juin 2022, celui-ci a des répercussions à l’échelle locale se sont avérées très positives selon la ville. « Ce programme a procuré une sensibilisation et du soutien par les pairs. Voilà un concept que nous explorerons certainement », a fait savoir Ken Boshcoff, maire de Thunder Bay.

Ce programme est le résultat d’un partenariat entre l’Association canadienne pour la santé mentale, l’Association du centre-ville et la Ville de Sault Ste. Marie.

Il se veut un pont entre les commerces de la ville et les membres désignés de la ville qui peuvent intervenir dans le cas, par exemple, d’une seringue abandonnée dans la rue. Le programme a également fait ses preuves à Montréal, Moncton ou encore Chicago.

La prochaine rencontre des cinq maires devrait avoir lieu en automne prochain.