Les organismes franco-torontois attendent de John Tory des actes

John Tory
John Tory, maire élu de Toronto au soir de sa réélection. Crédit image : Soufiane Chakkouche

TORONTO – Si la réélection du maire John Tory, lundi dernier, n’avait rien de surprenant au vu des sondages préélectoraux, les responsables des organismes francophones opérant dans la Ville reine en semblent satisfaits. Toutefois, ils aimeraient bien voir le maire en place depuis 2014 faire plus pour leur communauté durant ce troisième mandat consécutif.

Renouveler le comité des affaires francophones, trouver une solution concernant les communications de la Ville en langue française, faire en sorte à ce que le scandale des livres en français dans les réseaux de la bibliothèque publique de la ville ne se répète plus, être favorable à la création de la Maison de la francophonie à Toronto… les promesses du maire réélu de Toronto, John Tory, au profit de la communauté francophone de sa ville sont aussi nombreux qu’importants.

Ce sont ces prises de position publiques de la part du maire élu pour la troisième fois qui ont suscité ce sentiment de satisfaction que l’on retrouve chez les responsables des organismes francophones de Toronto quant à sa réélection.  

« Je suis très contente qu’il soit réélu même si ce n’était pas vraiment une surprise pour nous », se réjouit Florence Ngenzebuhoro, directrice générale du Centre francophone du Grand Toronto (CFGT).

« Je le félicite d’ailleurs parce qu’il a fait beaucoup pour cette ville dans des domaines clés qui nous intéressent comme celui du logement, la mise en place du comité des services en français, la stratégie durant la pandémie qui a été beaucoup critiquée, mais qui a tout de même inclus les francophones d’une certaine manière. En somme, il y a eu des choses qui ont été accomplies, mais on n’en veut plus. »

Des actes concrets réclamés

Nombre de francophones reprochent cependant à John Tory que la majorité de ses promesses faites à leur communauté ne soient que très rarement suivies d’actions concrètes, alors que plusieurs affaires francophones relèvent des compétences du conseil municipal de la Ville.

« Si j’avais à lui parler, je l’encouragerais à consulter plus le comité sur les affaires francophones et que le comité consulte à son tour les francophones pour que l’on puisse leur parler de nos enjeux et de nos besoins, notamment en matière de logement abordable parce que je pense que c’est le point le plus épineux pour les francophones. »

Florence Ngenzebuhoro, directrice générale du Centre francophone du grand Toronto (CFGT)
Florence Ngenzebuhoro, directrice générale du Centre francophone du grand Toronto. Archives ONFR+

« Comme nous le savons, traditionnellement, ce sont les grandes corporations anglophones qui font du développement de logements à Toronto, et ces grandes corporations n’incluent pas nécessairement une vision pour les francophones », relativise la patronne du CFGT. 

Et de poursuivre : « J’aimerais également que le Bureau de lutte contre le racisme de Toronto puisse inclure une stratégie dédiée aux francophones, car comme chacun le sait, il y a beaucoup de francophones à Toronto qui sont de race noire. Même chose pour le Bureau de santé publique qui relève de la Ville, on souhaiterait voir le maire ou son bureau développer une stratégie pour les francophones, parce qu’on l’a bien vu pendant la pandémie, il y a eu beaucoup d’iniquité vis-à-vis de la communauté en matière de soins. »

La faute aux francophones

Du côté de l’Association des communautés francophones de l’Ontario à Toronto (ACFO-Toronto), sa vice-présidente, Zahra Diallo, impute davantage la responsabilité aux francophones eux-mêmes à propos de ce fossé qui existe entre les paroles du maire et ses actions.

Zahra Diallo, vice-présidente de l’Association des communautés francophones de l’Ontario à Toronto. Grasieuseté

« Bien sûr qu’on ne peut que croire et espérer voir des projets comme ceux de la communication de la Ville en langue française ou celui de la Maison de la francophonie se réaliser. C’est vrai que M. Tory fait des promesses aux francophones sans les concrétiser, pas à 100% en tout cas, mais il y a une chose qui est plus importante à mes yeux, c’est le fait que les francophones ne se mobilisent pas assez pour réclamer et obtenir ces services-là », désapprouve-t-elle. « C’est plutôt sur ce point qu’il faut travailler. »

Manque de représentation au sein de conseil municipal

Par ailleurs, l’une des critiques également faites à John Tory par les Franco-Torontois concerne le peu de conseillers francophones au sein de son équipe municipale, des conseillers qui peuvent faire office de pont de liaison entre la Ville et la communauté.

Dans les faits, une seule conseillère municipale est francophone : Jennifer McKelvie qui a aussi été réélue sans peine pour un deuxième mandat dans le quartier 25 à Scarborough-Rouge Park.

« Les francophones devraient être plus représentés au conseil municipal de la Ville, mais, encore une fois, je pense vraiment que c’est à nous de nous mobiliser pour ça. S’ils ne voient pas que la voix francophone est forte, qu’elle est présente et qu’elle réclame des services, ils ne vont jamais rien faire, et je ne parle pas que de John Tory, c’est valable pour tous les politiciens », réaffirme Mme Diallo.  

Néanmoins, il ne reste que quatre années supplémentaires au mieux-disant afin de remédier à cela, car de l’aveu même du maire, ce sera là son dernier mandat à la tête des affaires de la cité.