Les libéraux accusés d’être divisés sur la question du français
Les partis de l’opposition accusent le Parti libéral d’être divisé sur la question de la langue française. L’opposition écorche le gouvernement Trudeau après que près d’une dizaine de députés libéraux fédéraux québécois ont participé à une manifestation contre le projet de loi 96 au Québec organisée par des organismes anglo-québécois.
Ce projet de loi affirme notamment que le français est la seule langue officielle du Québec en plus de renforcer l’obligation d’utiliser le français au sein des entreprises.
« Je pense que c’est très symbolique cette dissidence-là de la part de l’interne du Parti libéral du Canada et ça confirme que le Parti libéral n’est pas nécessairement aussi sensible au français qu’il l’affirme. C’est un autre geste qui s’ajoute à une longue liste », affirme le critique aux Langues officielles chez les conservateurs Joël Godin.
Au total, ils étaient près d’une dizaine de députés parmi des milliers de personnes à avoir marché dans cette protestation. Parmi eux, la députée et membre du Comité des langues officielles Patricia Lattanzio et le député Anthony Housefather.
« Nous sommes tous là pour la protection du français au Canada, mais la minorité anglophone au Québec n’est pas responsable pour les menaces au français. Les minorités anglophones ont aussi le droit d’avoir leurs droits à être respectés », explique le député Housefather à son entrée au parlement.
La ministre des Langues officielles Ginette Petitpas Taylor refuse de dire qu’il existe une division concernant la survie du français au sein du gouvernement.
« Comme caucus, on peut toujours avoir de bonnes discussions sur différents sujets », argue-t-elle.
La ministre avance vouloir tout faire pour protéger le français, évoquant la modernisation de la Loi sur les langues officielles.
« Nous avons été très clairs et nous avons été le premier gouvernement à reconnaître le déclin du français au Canada, y compris le Québec. C’est pour cette raison qu’on a été de l’avant avec une nouvelle mouture du projet de loi C-13, un projet de loi qui a plus de mordant. »
Mais pour l’opposition, cette présence de libéraux à cette manifestation combinés à la nomination d’une gouverneure générale et d’une lieutenante-gouverneure unilingue est une incohérence
« Ça démontre deux discours. En apparence, ils semblent être sensibles au fait français, mais dans la réalité, les bobines ne suivent pas les bottines », estime Joël Godin.
Idem pour le Bloc Québécois qui pense que « les gestes que l’on voit comme en fin de semaine sont clairement dans un sens de l’anglicisation pur et simple du Québec ».
« C’est un message très très clair qu’il adresse au Québécois qu’il n’y a pas de problème de français au Québec et que la protection du français est peut-être exagérée parce que nos députés vont justement contester une loi qui vise la promotion de l’utilisation du français », avance son leader parlementaire Alain Therrien.
Questionnés en chambre, les libéraux se défendent et estiment être là pour protéger les minorités francophones et anglophones du pays.
« Nos députés ne sont pas emprisonnés. On ne les retient pas après des poteaux et on les attache avec des menottes. Ils ont droit d’aller manifester pour leur point de vue contrairement à ceux du Bloc », a dit le ministre du Patrimoine canadien et lieutenant du Québec Pablo Rodriguez.
Lieutenant-gouverneur unilingue
La décision du fédéral de porter en appel le jugement invalidant la nomination de la lieutenante-gouverneure du Nouveau-Brunswick Brenda Murphy a aussi rebondi à la Chambre des communes lundi.
Questionnée par le Bloc Québécois, Ginette Petitpas Taylor défend que la décision d’interjeter en appel « n’affecte pas notre engagement à protéger et promouvoir notre dualité linguistique ».
« On va en appel pour la question du principe d’interprétation de la constitution. Je ne suis pas juriste, mais les juristes me disent qu’il faut vraiment clarifier cette partie-là », soutient la ministre en entrevue.
Elle réaffirme la promesse de ne nommer que des personnes bilingues à ce poste, mais ferme aussi la porte à légiférer la promesse tant et aussi longtemps qu’il n’y aura pas de clarification judiciaire à ce niveau.
« C’est inacceptable, a de son côté réagi Joël Godin sur le geste d’aller devant la Cour d’appel du Nouveau-Brunswick. C’est comme la zizanie qui est arrivée autour de la contestation du jugement de la Colombie-Britannique où est-ce qu’on va en appel et ensuite pas en appel… À l’intérieur du cabinet ministériel, je pense qu’il y a dissidence et ils ne sont pas cohérents. »