Optimisme mesuré pour l’immigration francophone hors Québec

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CALGARY – Organismes et ministères provinciaux, territoriaux et fédéraux se retrouvaient à Calgary, le jeudi 22 mars, pour le premier Symposium sur l’immigration francophone. Une rencontre jugée constructive, mais qui doit être suivie d’actions, juge la Fédération des communautés francophones et acadienne (FCFA) du Canada.

BENJAMIN VACHET
bvachet@tfo.org | @BVachet

« Il y a eu beaucoup de bonne volonté autour de la table. Les gens se sont parlé, ont apporté beaucoup de bonnes idées… Ça fait 15 ans qu’on travaille intensément sur ce dossier et je pense que nous sommes arrivés à un degré de maturité qui doit permettre des actions et des résultats. S’il n’y a pas de suivi aux pistes qui ont été proposées, ça aura été un gâchis », estime le président de la FCFA, Jean Johnson.

Le gouvernement fédéral vise toujours une cible de 4,4 % d’immigration francophone à l’extérieur du Québec d’ici 2023. En 2016, les premiers ministres provinciaux et territoriaux s’étaient mis d’accord pour atteindre une cible de 5 % d’immigration francophone à l’extérieur des frontières du Québec.

Aucune de ces cibles n’a été atteinte jusqu’ici, même si le ministre de l’Immigration, des Réfugiés et de la Citoyenneté (IRCC), Ahmed Hussen, a parlé de les dépasser, à Toronto en novembre.

Au terme du Symposium, la FCFA émet trois recommandations :

  • l’élargissement du Comité directeur Immigration, Réfugiés et Citoyenneté Canada – communautés francophones en situation minoritaire (IRCC-CFSM) pour qu’il assume le suivi aux discussions au Symposium;
  • la création de mécanismes de concertation et de consultation gouvernement-communauté dans chaque province et territoire;
  • la tenue d’un deuxième symposium dans un ou deux ans pour faire un bilan des progrès accomplis.

« Le gouvernement ne s’est pas engagé formellement à suivre nos recommandations, alors notre travail sera de continuer à insister », explique M. Johnson.

Le directeur Immigration et employabilité de la Société économique de l’Ontario (SEO), Guy Lucas, souligne une véritable volonté du gouvernement.

« Le gouvernement comprend la nécessité d’atteindre les cibles fixées. Il fait des efforts formidables et se montre très à l’écoute. »

Où sont les élus?

Si les différents gouvernements ont martelé l’importance du dossier de l’immigration francophone lors du deuxième Forum sur le sujet, organisé le 2 mars, à Toronto, aucun élu n’était présent à Calgary.

« Les ministres ont perdu une belle occasion de venir entendre et constater le désir et la capacité des communautés d’agir. J’espère que la prochaine fois, les décideurs seront là! », souhaite M. Johnson.

Le représentant de la SEO préfère pour sa part souligner des « échanges constructifs ».

« Nous avons eu un dialogue ouvert avec les fonctionnaires des différents ministères. Les gens étaient à l’aise de s’exprimer et des messages forts ont été passés. »

Dans l’attente du Plan d’action

Dans la journée, IRCC a lancé une première information sur le prochain Plan d’action pour les langues officielles qui s’intéressera notamment au dossier de l’immigration francophone.

Sur les 400 millions de dollars sur cinq ans supplémentaires qui ont été annoncés dans le dernier budget fédéral, 41 millions de dollars seront versés à IRCC pour financer un « parcours francophone » couvrant toutes les étapes du processus d’immigration.

« C’est une somme intéressante qui va s’ajouter à l’argent déjà investi dans le dossier. On attend toutefois de voir à quoi cet argent va servir précisément », commente le président de la FCFA.

M. Lucas se montre confiant, encouragé par le dévoilement, lors du deuxième Forum sur l’immigration francophone, des axes stratégiques du Plan d’action visant à accroître l’immigration francophone, qui prévoit des mesures pour parrainer l’immigration francophone, des pistes de collaboration dans des domaines ciblés, comme l’emploi et les services aux nouveaux arrivants, et l’évaluation des progrès réalisés.

« Les sommes annoncées sont un pas dans la bonne direction. Sur le terrain, nous avons besoin de ressources. Nous avons, par exemple, mis en place un programme d’accompagnement pour les personnes qui arrivent en Programme Vacances-Travail (PVT), car ce sont souvent des personnes qui vont ensuite vouloir rester au Canada. J’ai pu créer un poste à mi-temps, mais il arrive 20 000 PVT par année… Avec les investissements annoncés en immigration francophone, cela va nous permettre de faire notre travail. »


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