Plus de 80 000 votants choisiront le prochain leader libéral
TORONTO – Le Parti libéral de l’Ontario a enregistré plus de 80 000 nouveaux membres, au moment de la clôture des adhésions lundi soir, soit plus du double de la précédente course au leadership. En ligne de mire : l’élection d’un nouveau chef en décembre, après une série de débats publics.
S’il reste encore le vote étudiant à enregistrer (la date limite étant fixée au 26 septembre), ce chiffre donne une idée assez précise du nombre de membres désormais. En comparaison, 38 000 membres avaient eu le droit de voter lors de la direction du parti en 2020, et 44 000 en 2013.
La candidate Bonnie Crombie, estime avoir apporté au parti presque la moitié de ces membres, tandis que son rival Yasir Naqvi en revendique 31 000. « Grâce à leur travail acharné, je suis heureux de dire que le décompte de nos effectifs circonscription par circonscription nous place dans une position compétitive pour le premier scrutin dans au moins 116 des 124 circonscriptions de la province », affirme ce dernier.
La mairesse de Mississauga Bonnie Crombie, les députés provinciaux Adil Shamji (Don Valley-Est) et Ted Hsu (Kingston et les Îles), ainsi que les députés fédéraux Yasir Naqvi (Ottawa-Centre) et Nathaniel Erskine-Smith (Beaches-East York) se disputent le fauteuil de chef du parti, laissé vacant depuis la défaite de Steven Del Duca aux dernières élections provinciales. Les cinq candidats s’apprêtent à confronter leurs idées au cours d’une série de débats, dont le premier aura lieu ce jeudi à Thunder Bay.
Plus de 80 000 membres recrutés, « ça démontre une certaine capacité de mobilisation des candidats », analyse Peter Graefe, politologue à l’Université McMaster qui entrevoit des débats à venir en mode « tous face à Mme Crombie pour essayer de fédérer le vote anti-Crombie ».
Au niveau idéologique, l’ancienne membre du parlement d’Ottawa est « très proche de M. Del Duca, mais à l’opposé de ce dernier, semble vouloir repositionner le parti au centre-droit », en cas de victoire lors des primaires du parti.
Dans un contexte de recul conservateur
Ce record d’adhésions au parti intervient dans un contexte de perte de vitesse du premier ministre au pouvoir dans les intentions de vote. Un sondage de l’institut Abacus, révélé la semaine dernière que le soutien au camp progressiste-conservateur avait chuté de 4 points en un peu plus d’une semaine, passant de 38% à 34% et de 7 points depuis fin juillet (41% à 34%). Les libéraux reprenant des couleurs avec 3 points de plus à 28 %, et le NPD 2 points à 26 %.
Ce recul de popularité du parti de Doug Ford a pour toile de fond le scandale sur la Ceinture de verdure qui a précipité la chute d’un de ses lieutenants, le ministre des Affaires municipales et du Logement Steve Clark, puis un remaniement ministériel. « Il faut ajouter à cela le fait que M. Ford n’a pas eu, au niveau économique, de grandes idées brillantes au-delà des subventions allouées aux manufacturiers automobiles. Ça crée un espace vers le centre, où le Parti libéral était concurrent par le passé et ça donne peut-être des idées aux gens qui auraient voté pour M. Ford de se tourner vers les libéraux, surtout dans la banlieue torontoise. »
Avant cela, un premier signal avait alerté les troupes conservatrices avec une double défaite dans les scrutins partiels de Kanata-Carleton et Scarborough-Centre, au profit des libéraux.
« Les Ontariens en ont assez des accords d’un milliard de dollars conclus en coulisses par Doug Ford et trouvent un nouveau foyer au sein du Parti libéral de l’Ontario », est convaincu John Fraser, le chef intérimaire du parti.
Les membres du parti voteront les 25 et 26 novembre prochain selon un nouveau système fondé sur le vote préférentiel, tandis que le dépouillement des bulletins de vote et l’annonce des résultats de chaque tour auront lieu le 2 décembre, et le nouveau chef du PLO sera annoncé le même jour.
Bien avant les élections provinciales en 2026, une autre échéance-test doit avoir lieu : l’élection partielle de Kitchener-Centre.