Cette révision devant le conseil intervient peu après la sortie d’un rapport révélant d’importants reculs en matière de bilinguisme. Crédit image: Inès Rebei

SUDBURY – C’est mardi soir qu’a été présentée l’ébauche de la nouvelle politique sur les services en français devant les membres du conseil municipal de Sudbury. Cette approche, qui se veut une modernisation de la politique de 2001, serait centrée sur l’offre active de services en français.

Commandée par l’ancienne formation du conseil municipal de la ville en avril 2022, cette révision de la politique des services en français intervient peu après le 50e anniversaire de la règlementation officielle de ces services et la sortie d’un rapport révélant d’importants reculs en matière de bilinguisme dans la ville.

« La Ville du Grand Sudbury procure des services actifs et utiles en français, en reconnaissance du fait que le français est l’une des langues officielles du Canada et du grand nombre de résidents francophones et bilingues dans notre communauté », décrit l’énoncé politique de ladite ébauche.

La nouvelle politique serait axée sur quatre principes, soit l’offre active en français, l’engagement de consulter activement le public et les partenaires, l’amélioration constante de la réponse aux besoins de la communauté et l’accroissement de la capacité de la Ville et de ses employés à fournir des services en français.

La Ville affirme s’être basée sur d’autres politiques en bilinguisme municipal, comme celles de Moncton au Nouveau-Brunswick et Ottawa, pour la refonte de cette politique, lesquelles valorisent les services de première ligne en français, ainsi que le perfectionnement et la formation du personnel dans les deux langues officielles.

Dans le rapport commandé par l’ACFO du Grand Sudbury, paru le 25 septembre dernier, l’historien Serge Dupuis estimait, justement, que le recul le plus important du bilinguisme de Sudbury concerne la perte du français comme langue de travail. Il s’agissait, selon lui, des conséquences de la fusion municipale de 2001 qui a mené à la perte des acquis d’anciennes municipalités à forte proportion francophone, telles que Val Caron (Vallée Est) et de Chelmsford (Rayside-Balfour).

Parmi les propositions de cette ébauche, on retrouve l’utilisation de l’identification linguistique des postes du Commissariat aux langues officielles du Canada afin d’établir le niveau de connaissance du français exigé par les postes.

Résultats peu encourageants

Afin d’inclure les citoyens dans la discussion précédant l’ébauche, la Ville avait mis à disposition un sondage en ligne dans les deux langues, de septembre 2022 à octobre 2023.

Sur les quelque 243 personnes qui ont choisi d’y participer, 38 % s’identifiaient comme francophones, 25 % comme bilingues et 0,5 % comme francophiles. L’étude des résultats avait démontré que le portail de service à la clientèle (311) et les loisirs étaient les services municipaux les plus consultés par les francophones de la ville.

Sur les 157 membres du personnel ayant répondu à un autre sondage interne, 50 % des employés seraient intéressés à suivre des cours pour améliorer leurs compétences en français. 14 % des employés ont indiqué qu’ils recevaient quotidiennement des demandes de services en français, tandis que 27 % ont indiqué ne jamais en avoir reçu.

La Ville en a profité pour communiquer d’autres informations comme le nombre de visites dans les deux langues du site officiel de la ville. Durant la semaine la plus achalandée de 2022, le site a reçu la visite de 1 930 internautes sur la version française du site tandis qu’en anglais, ce chiffre monte à 40 739.

Dans l’une des sous-sections des nouveaux principes de la politique, la ville inscrit la tenue de « campagnes régulières de sensibilisation du public en vue d’informer les résidents de la disponibilité des services en français et de la manière d’y avoir accès ».

En rappel, le Grand Sudbury, qui compte 44 000 francophones, avait accusé un recul de près de 3 % de la proportion de francophones, selon le dernier recensement de Statistiques Canada de 2021. 

Une version finale en avril

L’ébauche sera présentée aux partenaires et aux employés, dont le conseil recueillera les commentaires, puis une deuxième ronde de consultation aura lieu afin d’y apporter d’autres changements.

Une version finale de la politique sur les services en français et un plan d’action connexe sont attendus fin avril prochain, avec un réexamen tous les trois ans. L’application quotidienne de la politique sera assurée par le gestionnaire du Service à la clientèle et des Services du 311, auprès duquel il sera possible d’acheminer des plaintes au sujet de cette politique.