Montage ONFR

Un cycle parlementaire dense s’est achevé sur fond d’ambiance préélectorale. Cible en immigration francophone à la baisse, projet d’infrastructure controversé ou encore première historique autochtone… Quelques points phares résumés avec une personnalité, une citation, une date, un chiffre et un lieu.

Une citation : « Plus on attend plus c’est difficile d’exercer nos droits linguistiques. On doit pouvoir savoir où sont nos droits »

A récemment déclaré, le commissaire aux services en français Carl Bouchard. Dans son rapport annuel le 5 décembre dernier, il fait la demande d’un répertoire numérique complet des services en français avec leur emplacement géographique auprès du ministère des Affaires francophones.

Il a constaté que beaucoup de francophones soit ne connaissaient pas la Loi sur les services en français (LSF) soit ne savaient pas quels services du gouvernement de l’Ontario sont couverts par la Loi ni où les trouver dans leurs communautés.

Le commissaire a aussi indiqué que les organismes désignés ne sont pas non plus informés de leurs obligations légales et a demandé au ministère de remédier à la situation.

« Les droits doivent être connus pour que les gens s’en prémunissent. Et pour connaître ces droits, il faut notamment savoir où ils s’appliquent », conclut le rapport.

Une date : 28 juin

Une victoire autochtone historique s’est jouée à Queen’s Park.

La chambre législative de l’Ontario a officiellement autorisé pour la première fois une langue autochtone à être utilisée dans l’enceinte de la chambre pendant la période des questions parlementaires.

Sol Mamakwa, le député de Kiiwetinoong, parle aux médias après avoir marqué l’histoire en s’exprimant dans sa langue native, une première pour l’Assemblée législative de l’Ontario. Photo : ONFR/Sandra Padovani

Le député néo-démocrate de Kiiwetinoong, Sol Mamakwa, s’est exprimé en Anishininiimowin, sa langue maternelle.

Ses discussions avec le leader parlementaire et ministre du Logement Paul Calandra, avaient découlé en l’annulation de la règle archaïque de 1867 interdisant l’usage des langues autochtones.

Tous les futurs membres autochtones du parlement provincial seront ainsi autorisés à parler leur langue, sous couvert d’en informer préalablement le greffier pour l’organisation de l’interprétation et de la traduction en interne.

Un chiffre : 3%

C’est la cible d’immigration francophone fixée par l’Ontario. Un quota revu à la baisse pour 2024 qui passe de 7 à 3%, via le Programme ontarien des candidats à l’immigration (POCI), a révélé le rapport sur l’immigration de la vérificatrice générale Shelley Spence.

Les chiffres de 2023 révélaient un écart significatif entre les cibles francophones à 7% et les 1,8% atteints.

Le ministère de l’Immigration a confirmé avoir décidé de réajuster à 3 % « pour mieux s’aligner sur les tendances actuelles suite aux difficultés rencontrées pour attirer suffisamment de candidats qualifiés l’année dernière ».

D’affirmer : « Nous nous concentrons sur la mise en œuvre des recommandations de la vérificatrice générale visant à renforcer davantage le programme, notamment grâce à une plus grande autonomie et à une augmentation des allocations de candidature ».


Un lieu : la Place de l’Ontario

Après le scandale de la Ceinture de verdure, c’est le réaménagement de la Place de l’Ontario qui a animé les débats cette année entre le gouvernement et les partis d’opposition.

La province souhaite développer les 155 acres (62,73 hectares) le long du lac Ontario, comprenant la création d’un centre thermal privé de la société autrichienne Therme Group, projet d’une valeur de 450 millions de dollars dont 350 millions pour un spa privé.

Vue aérienne de la Place de l’Ontario, sur le littoral du lac Ontario. Créé en 1971 sur trois îles artificielles, ce site est un lieu de divertissement, comprenant notamment une salle de concert, la scène Budweiser, un cinéma IMAX, la Cinésphère, le parc Trillium et le sentier William G Davis. Crédit image : Rudy Chabannes

Le projet comprend le déménagement du Centre des sciences, taxé de vétuste et fermé fin juin 2024. Les critiques environnementales et financières avaient repris de plus belle fin octobre après l’abattage massif de près de 865 arbres sur l’île Ouest de la Place Ontario. Les experts parlaient d’un non-sens environnemental et d’une dépense que les contribuables ne pourraient pas se permettre.

Le bail entre l’Ontario et le groupe privé, d’une durée de 95 ans, prendra effet en 2025. La date d’ouverture n’est pour l’heure pas connue.

Une personnalité : Roy McMurtry père de la justice bilingue

L’ancien procureur général de l’Ontario Roy McMurtry, fondateur de la justice bilingue en Ontario, est décédé le 20 mars 2024 à l’âge de 91 ans.

Une année également marquée par le 40e anniversaire de l’adoption, à son initiative, de la Loi sur les tribunaux judiciaires. Une contribution monumentale à la cause francophone qui fera du français une langue officielle dans la justice, le 1er mai 1984.

Reconnu pour sa participation à de nombreux avancements sociétaux notables, dès 1976, il entame les premières démarches pour créer un système légal bilingue en Ontario, à commencer par la traduction de lois en français et la création d’un projet-pilote de tribunal bilingue à Sudbury.

Salué par l’ensemble de la communauté comme un « allié extraordinaire » au leadership fort qui a « inspiré ceux qui recherchent une société plus juste et équitable », a déclaré le procureur général Doug Downey, le qualifiant de « géant à part entière ».