Trudeau s’engage à moderniser la Loi sur les langues officielles

Le premier ministre du Canada, Justin Trudeau. Crédit image: Archives ONFR+

OTTAWA – Le premier ministre, Justin Trudeau, s’est engagé, ce mercredi, à moderniser la Loi sur les langues officielles. Une déclaration saluée par la Fédération des communautés francophones et acadienne (FCFA) du Canada et par l’opposition, qui reste toutefois prudente.

BENJAMIN VACHET
bvachet@tfo.org | @BVachet

« La Loi sur les langues officielles est quelque chose d’essentiel pour notre parti et notre pays. La protection des minorités linguistiques du pays est au cœur de qui nous sommes en tant que pays. Nous allons continuer à défendre les minorités linguistiques et à chercher à améliorer la Loi sur les langues officielles. Je peux confirmer que nous nous apprêtons à faire une modernisation de la Loi sur langues officielles. Nous allons travailler avec tous les Canadiens pour nous assurer que ce soit la bonne. »

L’engagement du premier ministre, en réponse à une question du porte-parole en matière de langues officielles pour le Parti Conservateur du Canada (PCC), Alupa Clarke, n’est pas passé inaperçu. Rapidement, la FCFA a salué une « percée majeure ».

« Nous avons un peu été pris par surprise! C’est une très bonne nouvelle et c’est ce que nous attendons du gouvernement. Le crédit lui appartient, mais cela montre aussi les résultats de notre travail sur la colline parlementaire », commente le président de l’organisme, Jean Johnson, à #ONfr.

Le bon moment

En entrevue avec #ONfr, en mai dernier, la ministre du Patrimoine canadien, Mélanie Joly, avait indiqué suivre avec attention les travaux du Sénat dans ce dossier. Elle ne s’était toutefois pas engagée à une modernisation de la Loi sur les langues officielles de la part de son gouvernement.

« Nous avons eu des discussions continues avec Mme Joly », glisse cependant M. Johnson.

Pour M. Clarke, le moment est opportun d’agir.

« Ça fait plus d’un an qu’on entend les communautés nous dire que cette modernisation de la Loi est nécessaire. La dernière grande modernisation a eu lieu en 1988, avec audace, sous un gouvernement conservateur [de Brian Mulroney]. Nous avons des mémoires, mais aussi un récent jugement, en Colombie-Britannique, qui nous disent d’agir. Le juge a objectivement indiqué les limites de la Loi et montré qu’actuellement, le rôle du commissaire aux langues officielles, par exemple, n’est que symbolique. C’est grave! »

Un enjeu électoral?

Tout en saluant cette bonne nouvelle et en assurant que la question n’a rien de partisane, le porte-parole conservateur dit craindre que le gouvernement ne passe pas des paroles aux actions.

« La prochaine question, c’est : quand? Le gouvernement a le pouvoir et le contrôle de l’agenda parlementaire. Il est majoritaire. Alors, pourquoi attendre? »

Alupa Clarke à la Chambre des communes. (Crédit photo : gracieuseté)

Il espère donc une modernisation avant la prochaine échéance électorale de 2019 et ce, même si le Sénat travaille sur le dossier et doit faire ses recommandations à l’automne de la même année, soit juste avant ou après le scrutin fédéral.

Moins ambitieuse, la FCFA espère que le processus sera au moins engagé avant cette échéance.

« Le gouvernement n’a pas l’obligation de suivre les recommandations du comité sénatorial, alors il serait préférable que le travail soit au moins commencé avant les élections et que le gouvernement s’engage à le poursuivre, s’il est réélu. On va maintenir la pression, car ça presse! »

Tout en rappelant qu’il n’y a pas lieu d’attendre, le député Clarke indique qu’il travaille actuellement au sein de son parti pour voir quelle forme les conservateurs pourraient proposer à une modernisation de la Loi sur les langues officielles.

 


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