Politique

Le projet de loi 5 adopté après de vifs débats à Queen’s Park

Des manifestants déploient une banderole "Tuez le projet de loi 5" devant Queen's Park, ce mercredi. Photo : ONFR/Rudy Chabannes

TORONTO – Le projet de loi 5 a, sans surprise, recueilli une majorité de votes favorables ce mercredi à Queen’s Park. Sous les coups de boutoir de l’opposition, les ministres Stephen Lecce (Énergie et Mines), Greg Rickford (Affaires autochtones) et Vic Fedeli (Développement économique) se sont relayés pour défendre mordicus ce projet, avant son adoption définitive, en l’absence de Doug Ford et sur fond de manifestation autochtone.

Contesté. Amendé. Hué. Adopté. Le projet de loi 5 est finalement passé ce mercredi après-midi, après une matinée de vifs débats et une énième manifestation. La séance a en outre été momentanément interrompue en raison de cris de protestation provenant du public.

« Il va rejoindre les autres projets de loi comme le projet de loi 124 dans le temple de la honte à Queen’s Park », a prédit plus tôt en chambre Marit Stiles. Quand les gens ont besoin d’aide, voilà ce que fait ce gouvernement. La meilleure chose à faire, c’est de l’abroger. »

L’offensive de la cheffe de l’opposition est venue s’ajouter à une série d’interventions en matinée émanant des rangs néo-démocrates et libéraux pour tenter, une ultime fois, de faire vaciller le gouvernement dans sa décision de mettre sur pied des zones économiques spéciales échappant aux lois provinciales et municipales.

L’opposition reproche au gouvernement de bafouer les droits autochtones et de faire fi des normes environnementales. La manœuvre a toutefois échoué.

« Nous sommes dans une situation vulnérable : les emplois nous échappent. On doit être prêt au moment où la boucherie se produit », a martelé Vic Fedeli, alors que les États-Unis n’ont pas fléchi dans leur intention d’appliquer des tarifs sur l’acier et l’aluminium, en vigueur dès aujourd’hui.

Le ministre du Développement économique pouvait compter sur le renfort de Stephen Lecce, son homologue à l’Énergie et aux Mines, pour enfoncer le clou sur l’urgence à agir : « Au moment où l’opposition déposait des milliers et des milliers d’amendements (mardi soir), Trump a doublé les droits de douane sur l’acier et l’aluminium. »

« On ne peut pas rivaliser sur la scène mondiale si nous n’agissons pas (…). Ce projet doit être adopté », a renchéri Greg Rickford, ministre des Affaires autochtones et de la Réconciliation économique avec les Premières Nations, affirmant que les Premières Nations sont conscientes des enjeux.

Pour l’opposition et Marit Stiles en tête, le gouvernement a utilisé ce projet de loi comme il l’a fait avec la Ceinture de verdure : apporter des profits aux investisseurs et aux sociétés minières. « Les gens de l’Ontario ne vont pas accepter cela : ils ne vont pas permettre plus de corruption et de gaspillage. »

Peu de temps après, tandis qu’une manifestation se préparait à l’extérieur de l’édifice parlementaire, le premier ministre Doug Ford réaffirmait en conférence de presse son intention d’aller de l’avant. « On va agir rapidement. On ne reviendra pas en arrière (…) On a plus de minéraux critiques que n’importe qui à travers le monde. C’est un de nos moteurs économiques. »

Même si le projet de loi a été adopté, il a laissé la porte ouverte à des consulatations futures avec les Premières Nations.