«Les députés du NDP s’engagent à livrer l’université francophone que Ford refuse», dit le Nouveau Parti démocratique de l'Ontario dans un communiqué. Crédit image : Inès Rebei

TORONTO – En réponse à la décision du gouvernement ontarien de ne pas financer l’Université de Sudbury, le Nouveau Parti démocratique de l’Ontario (NPD), somme la province de revenir sur sa décision, tout en s’engageant à livrer l’université coûte que coûte aux francophones.

L’opposition officielle lance également une pétition pour militer contre ce qui a été vécu comme un coup de massue par la communauté francophone du Nord de l’Ontario.

« Nous allons continuer à pousser et nous allons tout faire pour concrétiser le projet lorsque nous formerons le gouvernement en 2026 », a déclaré ce jeudi la cheffe de l’opposition Marit Stiles, lors d’une conférence de presse rassemblant plusieurs élus néo-démocrates.

« L’équipe du NPD de l’Ontario se bat aux côtés des Franco-Ontariens pour une université pour, par et avec la communauté, et ce, depuis longtemps. Doug Ford se doit d’expliquer pourquoi il a dit non à l’Université de Sudbury », a-t-elle ajouté.

La cheffe du NPD Marit Stiles exprime en français son soutien à l’Université de Sudbury. Source : conférence Zoom du NPD

Pour le député de Mushkegowuk – Baie James et porte-parole des Affaires francophones Guy Bourgouin, la nouvelle tombée en fin de journée vendredi dernier a donné au long week-end du Jour du Canada un goût amer. « Après le jeudi noir, c’est le vendredi noir. »

Celui-ci, qui rappelle que l’Ontario a la plus grande communauté francophone hors Québec, explique que 70 % des Franco-Ontariens s’accordent à dire que l’Université de Sudbury est vitale pour la région et que 8 500 étudiants, de 10 à 19 ans, pourraient en bénéficier.

Zone d’ombre et questions sans réponses

Si le refus de financement a été annoncé par une lettre du sous-ministre adjoint du ministère des Collèges et Universités Denys Giguère, au recteur de l’Université de Sudbury, Serge Miville, les raisons en restent nébuleuses.

Parmi les critères d’évaluation et facteurs pris en compte : le rapport de la Commission d’évaluation de la qualité de l’éducation postsecondaire (CÉQÉP), chargée d’établir la viabilité du projet. Interrogé sur les conclusions de la commission, le bureau de la ministre des Collèges et Université Jill Dunlop, nous a simplement renvoyés vers la lettre initiale du sous-ministre avant de préciser que le rapport est confidentiel.

Guy Bourgouin, député de Mushkegowuk – Baie James et porte-parole officiel des Affaires francophones. Source : conférence Zoom du NPD

La ministre des Affaires francophones Caroline Mulroney est restée pour l’heure silencieuse depuis ce coup d’éclat et n’a pas répondu à nos demandes d’entrevue.

« Où est la ministre des Affaires francophones? Où se cache-t-elle quand elle doit défendre nos droits? J’aurais honte à la place de ce gouvernement », s’est notamment exclamé Guy Bourgouin.

La députée de Nickel Belt France Gélinas rapporte durant la conférence la combativité et la volonté de se battre de toutes les communautés francophones avec lesquelles elle s’est entretenue. Celle-ci évoque la pétition lancée à grande échelle par le NPD en soutien à l’Université de Sudbury, dont les signatures seront présentées en chambre le 25 septembre prochain, lors de la rentrée parlementaire de Queen’s Park.

France Gélinas, députée néodémocrate de Nickel Belt. Source : conférence Zoom du NPD

« La communauté mérite beaucoup mieux. C’est un gros manque de respect. La province ne veut pas donner 10 millions de dollars par an seulement? », s’insurge Guy Bourgouin.

Le représentant de Sudbury Jamie West invoque de son côté le droit à l’égalité des chances de la minorité.

« Je connais la difficulté de devoir traduire dans ma tête de l’anglais au français. Ça l’est d’autant plus pour les étudiants francophones en milieu anglophone qui doivent traduire sans arrêt tout en devant étudier leurs matières. Ils ont droit aux mêmes opportunités dans leur langue. Il y a eu 400 ans de lutte pour l’éducation en français et ce n’est pas fini. »

De rappeler que tous les prérequis de la part du gouvernement ont été respectés et que l’étude de marché a prouvé le projet financièrement viable, l’Université de Sudbury pouvant rapporter 90 millions de dollars par année une fois en place.

« Est-ce qu’une manigance de la part du gouvernement Ford pour faire des économies pour que le gouvernement fédéral soit forcé d’ajouter à son financement actuel de 2 millions de dollars? » conjecture Mme Gélinas.

« Si oui, c’est pitoyable quand on sait qu’ils sont assis sur 2,2 milliards d’excédent », conclut-elle.