Jessica Gaudreault disputera ses premiers JO à Paris en 2024. Crédit image: Antoine Saito / Water-Polo Canada

En ayant terminé huitième des derniers mondiaux de water-polo à Doha, l’équipe féminine canadienne a cru un temps voir son rêve de se rendre à Paris cet été s’envoler. Mais un événement inattendu a permis le repêchage des Canadiennes. Retour sur une journée folle avec la gardienne franco-ontarienne Jessica Gaudreault. 

Nous sommes le 16 février 2024. L’équipe canadienne de water-polo, qui jouait sa dernière carte pour tenter de se qualifier pour les Jeux olympiques de Paris, vient de s’incliner face à l’Italie sur le score de 18 à 12. Jessica Gaudreault et ses coéquipières sont déçues après un tournoi qui ne s’est pas terminé comme prévu. 

« Dans ce tournoi, au début, je trouvais qu’on était bien. À chaque match, on s’améliorait, et je pensais qu’on aurait mieux joué que ça contre l’Italie. Mais, des fois, c’est juste pas ton jour, c’est trop de stress, trop de pression », explique la gardienne originaire de Mississauga. 

La compétition s’était, en effet, plutôt bien déroulée pour le Canada jusque-là. Deuxièmes de leur groupe derrière cette même équipe d’Italie, les Canadiennes se sont qualifiées pour les quarts de finale après une belle victoire 14-12 contre la Nouvelle-Zélande. Finalement, après avoir été éliminé par l’Espagne, future médaillée de bronze, dans un match serré (9-12), le Canada a eu des matchs de classement entre les places 5 et 8 qui leur donnaient deux chances de valider le billet pour Paris. 

Une pression inhabituelle

Malheureusement, la suite, vous la connaissez. Après une première défaite contre l’Australie, là encore dans un match très proche (8-10), Jessica Gaudreault et ses coéquipières se sont retrouvées dos au mur avec une pression qu’elles n’ont pas forcément l’habitude de gérer, contrairement à leurs adversaires…

« Ce qu’il faut savoir, c’est qu’au Canada, nous n’avons pas de ligue professionnelle, contrairement à ces filles-là en Europe, précise la gardienne de but. Elles ont l’habitude de jouer des matchs à haute pression. Nous, de notre côté, on ne fait pas ça assez souvent. C’est une des raisons pour lesquelles on n’a pas bien débuté le match », explique la Franco-Ontarienne.

« Je trouve qu’après, dans le deuxième et le troisième quart, nous avons mieux joué. De manière générale, je pense que c’était un tournoi correct, c’est juste dommage que nous n’ayons pas produit notre meilleur match contre l’Italie, la deuxième fois. »

Jessica Gaudreault dans les buts canadiens lors du match face à la Grande-Bretagne. Crédit image : World Aquatics.

En finissant huitièmes de ces mondiaux, les Canadiennes ont hérité de la première place non qualificative pour les Jeux olympiques de Paris. Au-delà de cela, c’était vraiment l’idée d’une fin de cycle, avec certaines de ses coéquipières en fin de carrière, qui chagrinait Jessica Gaudreault. 

« C’était vraiment difficile. Surtout pour moi, parce que ça fait maintenant 13 ans que je suis avec l’équipe et il y a des filles avec qui je joue depuis 10 ans. Avec cette élimination, on avait l’impression que notre temps ensemble allait toucher à sa fin. J’ai surtout repensé à toutes ces heures de travail, d’entraînement. C’est surtout ça qui était dans ma tête à ce moment-là. » 

Un dernier espoir

L’histoire aurait pu en rester-là, mais sur la fin du tournoi, des rumeurs avaient commencé à faire surface au sujet de l’Afrique du Sud, qualifiée d’office pour Paris en tant que seul représentant africain, qui pourrait faire marche arrière. 

« À peu près six heures après notre défaite, notre entraîneur a reçu un appel d’un délégué du Comité international olympique de Paris, qui nous a dit de retourner à la piscine pour une annonce spéciale. On avait entendu ces rumeurs à propos de l’Afrique du Sud, donc on avait des espoirs que c’était ça. Finalement, lorsqu’on est arrivé, ils nous ont dit qu’on avait notre billet pour Paris. Ça a totalement changé notre journée. » 

C’est un véritable tourbillon d’émotions qu’ont vécu les Canadiennes en l’espace de six heures. Avec maintenant la certitude qu’elles seront bien présentes à Paris cet été, l’heure est désormais à la préparation pour l’événement. Contrairement aux Européennes, toutes les joueuses ne retournent pas dans leurs clubs au sein de ligues professionnelles, puisque plus de la moitié de l’effectif n’est pas professionnel. 

« Il n’y a que des ligues récréatives au Canada », explique la pensionnaire du club d’Ottawa Capital Wave.

Pour la majorité des joueuses, il faudra donc attendre les regroupements de l’équipe nationale, lors des stages de préparations, pour retrouver le haut niveau avant les Jeux, où l’objectif sera de faire mieux qu’à Tokyo en 2021. Il y a trois ans, les Canadiennes s’étaient classées septièmes du tournoi olympique.