La nouvelle structure à quatre départements doit alléger la charge de travail des professeurs. Photo : Sandra Padovani/ONFR

TORONTO – Dans un contexte de restructuration, le Collège Glendon a réduit ses 14 départements à quatre. En cette rentrée universitaire, ONFR s’est entretenu avec le principal Marco Fiola qui prévoit 1 million de dollars d’économie annuelle, mais assure que les programmes et la place du français ne sont pas impactés. Réduction de la charge administrative, harmonisation et modernisation des disciplines… Les explications du campus bilingue de l’Université de York.

Le secteur du postsecondaire souffre en Ontario avec des effectifs généralisés en chute et des pressions financières accrues.

Confronté à un déficit de plus de 40 millions de dollars, le Collège Glendon a dû faire des économies, le principal Marco Fiola ne s’en cache pas. Une nouvelle estimation indique que la restructuration devrait permettre à l’Université York, dont il dépend, une économie de 1 million de dollars par an.

« Mais l’aspect budgétaire n’est pas l’unique élément déclencheur, soutient-il. Bien qu’il y ait un impact positif sur les finances de la faculté, ce n’est pas non plus énorme. »

Selon lui, ces changements « tombent sous le sens » et ont fait l’objet de deux ans de travail et de planification. Comment et avec quels impacts? Ce sont les questions abordées durant un entretien avec ONFR sur le campus.

Évolution du nombre d’étudiants inscrits de 2013 à 2023 et évolution du déficit budgétaire cumulé depuis 2021-2022. Montage ONFR

« La restructuration des départements n’a pas d’impact sur les programmes en soi », commence celui-ci. On avait 14 départements, avec, au sein desquels une série de programmes dont certains pluridisciplinaires associés à un ou plusieurs départements. Un fonctionnement assez ancien, qui était plus adapté à l’époque où le campus comptait plus de 100 professeurs. »

« On a maintenant entre 80 et 85 professeurs, beaucoup trop peu pour autant de départements et la charge administrative liée à la gestion de ceux-ci. Ils passaient beaucoup plus de temps à gérer l’enveloppe qu’à enseigner les contenus disciplinaires », explique le principal de Glendon.

Selon lui, cela affectait particulièrement le programme de recherches des professeurs en début de carrière et posait une question d’équité, « un des premiers motifs qui m’ont encouragé à changer la structure facultaire ».

Des disciplines modernisées?

Il existe donc désormais quatre départements (Cultures et communications mondiales, Sciences, Économie des affaires et des mathématiques, Études sociales et mondiales) qui sont tous pluridisciplinaires.

« Au lieu d’avoir 14 directeurs de départements, on en aura quatre, au lieu d’avoir 35 postes de leadership académique, on en aura huit, libérant les enseignants et facilitant aussi la coopération et l’harmonisation entre les programmes », ajoute M. Fiola.

« On est parti d’une structure commune avec des objectifs généraux pour chacun des cours et des programmes pour essayer de créer une harmonisation et une cohésion, permettant même à terme d’envisager des passerelles. »

Marco Fiola, directeur du Collège et Campus Glendon de l’Université de York. Photo : Gracieuseté du Collège Glendon

Moderniser et concrétiser les dénominations des programmes, plus précises et développées, a fait partie intégrante de la refonte. Conserver le nom exact d’une discipline unique dans un département éponyme n’est plus ce dont il est question pour Marco Fiola.

« Les étudiants viennent de moins en moins étudier une matière ou juste chercher un diplôme, mais cherchent plutôt un pont vers une carrière. Ils me demandent vers quoi peuvent déboucher Études internationales ou Sciences politiques par exemple. »

Une approche plus pragmatique qui consiste à « vendre une carrière » plus qu’un diplôme.

Bilinguisme préservé et ajout d’une langue autochtone

De nouveau, il assure qu’au niveau de la programmation, ça n’a pas changé, avec des cours en anglais, des cours en français et des cours bilingues.

« Le fonctionnement de la faculté, les services administratifs, les services aux étudiants, la signalisation… Glendon est un campus bilingue, avant même d’avoir eu la désignation de la province. En interne, dans le bureau du principal, nous n’opérons qu’en français par exemple. Tout se fait en anglais et en français sur le campus », défend ce traducteur de formation.

Il cite quelques points clés de la nouvelle proposition de valeurs : « Glendon, c’est étudier dans un milieu immersif double, les anglophones immergés dans le français et les francophones dans l’anglais. Les étudiants ont tous la possibilité de faire des échanges à l’international et en milieu de travail. Les valeurs sont axées sur la justice sociale, la décolonisation, l’équité et la diversité ».

« On ne peut pas faire abstraction des langues officielles, c’est ce qui est au cœur de tout ce qu’on fait »
— Marco Fiola, principal du Collège Glendon

Nouveauté dès cette rentrée, il explique que le seul changement linguistique est l’ajout du choix d’une langue autochtone pour les étudiants. Ceux-ci peuvent toujours répondre aux critères du bilinguisme, en choisissant une des langues officielles canadiennes et l’anishinaabemowin (ojibwée) de la famille des langues algonquiennes centrales.

« Il s’agit de la seule exception aux langues officielles. Le bilinguisme fait partie de l’ADN de Glendon depuis sa création. On ne peut pas faire abstraction des langues officielles, c’est ce qui est au cœur de tout ce qu’on fait », conclut-il.