Radio-Canada
Le siège torontois de Radio-Canada sur la rue Front. Crédit image: Rudy Chabannes

L’Assemblée de la francophonie de l’Ontario (AFO) considère que l’impact d’un possible définancement de CBC sur Radio-Canada serait catastrophique pour la communauté franco-ontarienne.

Le Parti conservateur sous Pierre Poilievre propose de définancer entièrement le pendant anglophone de la société d’État, mais son chef assure que cela n’affectera pas le contenu francophone. L’actuelle présidente du diffuseur public, Catherine Tait, estime qu’une telle manœuvre ne permettrait pas à Radio-Canada de s’en sauver indemne, car les deux entités partagent plusieurs ressources, opérations et infrastructures comme des salles de nouvelles par exemple.

Les organisations francophones au pays considèrent aussi qu’une telle opération viendrait nuire aux communautés francophones en milieu minoritaire en raison de la proximité entre les deux entités.

« Perdre une des deux antennes serait assez catastrophique », a soutenu le directeur général de l’AFO, Peter Hominuk, devant le Comité sénatorial des Transports et communications, qui procède à une étude sur la question des services locaux à CBC/Radio-Canada.

Pour l’organisme porte-parole des Franco-Ontariens, une telle opération viendrait remettre en question l’existence « du petit bureau francophone » dans une région anglophone sans l’infrastructure de CBC qui l’accompagne.

« Mon inquiétude est qu’on va avoir tellement peu que ça va être impossible de remplir le mandat. Reste à voir dans une Radio-Canada qui est indépendante ou détachée de CBC, mais ce sont des questions inquiétantes, quand t’as tellement peu dans une région minoritaire, de perdre le peu que tu as », a plaidé M. Hominuk.

« C’est pour ça qu’on utilise le mot catastrophique parce qu’on a de la misère à comprendre comment notre section francophone pourrait survivre sans le reste de l’entité », a ajouté le dirigeant de l’AFO.

La promesse conservatrice de retirer le financement au secteur anglophone de la société d’État serait peut-être accueillie « indifféremment » s’il « y avait une volonté claire de financer le réseau francophone indépendamment du réseau anglophone », signale de son côté le président de l’AFO, Fabien Hébert.

« On supporterait qu’une Radio-Canada francophone indépendante soit créée, mais on a besoin de l’infrastructure nécessaire », demande-t-il.

Le président de l’Assemblée de la francophonie de l’Ontario, Fabien Hébert. Crédit image : Lila Mouch

Mais la réalité plus probable, avance M. Hébert, est que l’on se retrouverait avec « des coûts exponentiels pour le maintien de Radio-Canada » et que l’on va donc « se retrouver devant une situation où on va nous dire que ça coûte trop cher pour le réseau francophone, alors on va définancer ce réseau aussi ».

À l’heure actuelle, le financement pour ICI Ontario, l’antenne de Radio-Canada dans la province, stagne ou n’augmente pas, soutient M. Hébert qui croit qu’il y a eu une réduction des effectifs en Ontario. Il cite l’exemple de Radio-Canada à London qui a cessé de produire des émissions locales il y a quelques années. Les francophones de London devaient donc se tourner vers la station de Toronto pour leur signal radiophonique avant qu’il ne soit redirigé vers la station de Windsor à la demande des gens de la communauté francophone à London. 

L’AFO donne aussi l’exemple d’Ottawa où vivent la majorité des francophones de la province, qui « ont accès à un demi-bulletin de nouvelles et même moins que ça » à la radio en raison du contenu québécois, car la station ottavienne est attachée à celle de Gatineau.