Amanda Simard veut du français dans les deux universités sudburoises
Au cours du congrès de l’Assemblée de la francophonie de l’Ontario (AFO), la députée libérale s’est prononcée en faveur de programmes en français accessibles aux étudiants de l’Université Laurentienne et de l’Université de Sudbury, rejoignant la position des néo-démocrates ontariens mais se défend d’être dans la lignée du chef du Nouveau Parti démocratique (NPD) fédéral, Jagmeet Singh.
« J’aimerais que la Laurentienne puisse, si elle le peut, conserver des programmes ou des cours en français », a déclaré l’élue de Glengarry-Prescott-Russell. Répondant à une question du modérateur de Radio-Canada, au cours d’une plénière politique réunissant ce vendredi les représentants des quatre partis ontariens, elle a avancé que des cours en français étaient prisés des étudiants anglophones et qu’il ne fallait pas les priver de la possibilité de devenir bilingues, en continuant de leur proposer des programmes dans leur université.
Elle a néanmoins posé deux conditions très claires : que le projet d’Université de Sudbury soit à 100% par et pour les francophones voit le jour et que l’offre de cours ou de programmes à La Laurentienne ne nuise pas à la pérennité de l’Université de Sudbury.
« Si c’est viable, suivant ce que donnera la restructuration, c’est un atout pour une université de donner des programmes ou des cours en français. »
Une position qui a fait dire au modérateur qu’elle se rapprochait de celle de Jagmeet Singh. En ignorant l’hypothèse d’un rapatriement des programmes à l’université de Sudbury, le leader fédéral du NPD avait suscité la polémique au cours de son déplacement à Sudbury, durant la dernière campagne électorale.
« Si c’est pour ronger la communauté francophone, ce n’ai pas ça qu’on veut, mais (…) on ne peut pas priver les anglophones de pouvoir prendre des cours en français à l’université », a rectifié la députée.
Amanda Simard : « Je ne m’aligne pas du tout avec M. Singh »
« Je ne m’aligne pas du tout avec M. Singh qui ne voulait pas transférer les programmes », a réagi Mme Simard au micro d’ONFR+ à l’issue de son intervention. « Ma position est 100% par et pour les francophones à l’Université de Sudbury et, si La Laurentienne survit, que les étudiants anglophones aient accès à des cours. »
Interrogée sur le risque de concurrence entre les deux universités sur des programmes en français, elle évoque la piste de proposer aux anglophones de La Laurentienne d’aller suivre, à terme, des cours à l’Université de Sudbury.
« Je ne parle pas forcément de programmes mais de cours en français dans des programmes en anglais. Ça pourrait être des cours à La Laurentienne mais il ne faudrait pas que ça nuise à l’autre université », prévient-elle.
« Il faut voir si c’est viable. J’aime l’idée de garder des cours dans les deux universités mais il faut que les gens sur le terrain nous disent cela au regard des inscriptions et, si elles sont en concurrence, je ne suis pas d’accord. Si on nuit à l’Université de Sudbury, il faut alors mettre la priorité sur elle. »
« On ne peut pas les empêcher d’avoir un accès à des cours. Ce n’est pas à moi de définir les politiques, mais il faut trouver une façon de maintenir cet accès s’ils le veulent », a-t-elle souligné en entrevue ce vendredi, une position partagée par la cheffe néo-démocrate André Horwath qui avait tenu des propos similaires pour tenter d’éteindre la polémique née du passage de Jagmeet Singh durant la campagne fédérale.
La ministre Mulroney muette sur La Laurentienne
De son côté, la ministre des Affaires francophones a refusé de se prononcer sur le dossier lors du congrès de l’AFO, arguant être tenue par les impératifs du processus de restructurations. « Il y a beaucoup d’incertitude avec la situation à Sudbury et à cause du processus judiciaire, ça ne serait pas sans conséquence de se prononcer », a indiqué Caroline Mulroney.
Des experts juridiques soutiennent que le gouvernement a au contraire une telle latitude.
« Ce n’est pas une situation facile », convient la ministre qui a rappelé les avancées de son gouvernement en matière de postsecondaire à Toronto avec la création de l’Université de l’Ontario français (UOF) et à Hearst avec l’autonomie de l’université. « Avoir une programmation qui réponde aux besoins du marché est absolument critique si on veut assurer nos besoins en main d’œuvre pour offrir des services en français. »
Autre invité de la plénière politique de l’AFO, Guy Bourgouin, porte-parole aux Affaires francophones de l’opposition officielle, a quant à lui réaffirmé le soutien de son parti au projet d’une université par et pour les francophones à Sudbury.
« Nous demandons le transfert de tous les programmes à l’Université de Sudbury et nous continuerons à mettre la pression sur le gouvernement pour qu’il cesse de se cacher derrière le processus de LACC (Loi sur les arrangements avec les créanciers des compagnies) afin de faire avancer ce dossier important pour les francophones », a affirmé le député néo-démocrate. « La gestion bilingue, on en a assez. À chaque fois qu’il y a des coupes budgétaires, ce sont les francophones qui se font couper. »