Bilan 2020 : des enjeux franco-ontariens, malgré la COVID-19
En dépit d’une actualité ultra dominée par la pandémie, les enjeux franco-ontariens ne sont pas retombés en 2020. Au contraire. Rapide tour d’horizon des faits marquants d’une année « historique ».
UNE PERSONNALITÉ
Rémi Sabourin
La quatrième et dernière année de Rémi Sabourin à la tête de l’Association des enseignantes et des enseignants franco-ontariens (AEFO) aura été de loin le plus agitée. Le syndicat représentant les 12 000 enseignants francophones de la province s’est allié à ses homologues anglophones pour les plus fortes journées de grève depuis 1997.
Aux conventions échues depuis le 31 août 2019 ont succédé plusieurs mois de négociations bloquant notamment sur la hausse des salaires des enseignants, l’augmentation de la taille des classes, et la mise en place de l’apprentissage numérique.
Malgré l’accord trouvé en mars – la diminution à 23 de la moyenne d’élèves dans les salles de classe et l’autorisation de ces mêmes élèves à ne pas choisir les cours en ligne -, le conflit a laissé des traces. Rémi Sabourin dont le mandat s’est finalement achevé le 31 août est devenu le symbole malgré lui d’un conflit historique.
UNE DATE
25 septembre 2020
Quiconque engagé pour défendre le drapeau vert et blanc connaît la signification du 25 septembre : la Journée des Franco-Ontariens. Cette année, la date a pris une signification spéciale. D’une, cette célébration instaurée en 2010 a fêté son dixième anniversaire. Par ailleurs, le virtuel a dominé des festivités teintées par la pandémie.
Pour cette 11e Journée du drapeau, le gouvernement a sorti deux « bonbons » majeurs. Tout d’abord, le drapeau franco-ontarien est devenu le 8e emblème officiel de l’Ontario à la suite d’un projet de loi déposé par la députée conservatrice Natalia Kusendova.
Deuxième engagement : la ministre aux Affaires francophones, Caroline Mulroney, annonçait l’ajout de cédilles et des accents français sur les permis de conduire et les cartes-photos.
UNE CITATION
« Nos résultats ont déjà eu un impact sur la vie de nombreux Franco-Ontariens »
Le 13 janvier, la nomination d’une nouvelle commissaire aux services en la personne de Kelly Burke est accueillie avec des grincements de dents par l’opposition à Queen’s Park. « Je ne l’appellerai jamais la commissaire », décoche même la députée néo-démocrate France Gélinas, ulcérée par le statut de Mme Burke, dont le bureau est dépendant de celui de l’ombudsman, Paul Dubé.
Cette frustration fait suite au « jeudi noir », précédant la crise linguistique de l’automne 2018. Des deux coupes prononcées ce jour-là, le gouvernement avait finalement relancé le projet d’une Université de l’Ontario français (UOF), mais ne s’est pas engagé à rétablir l’indépendance du poste de commissaire comme cela a prévalu de 2014 à 2019.
Le 10 décembre, le premier rapport présenté par la nouvelle gardienne aux droits linguistiques est toutefois prometteur, enjoignant le gouvernement à dépoussiérer une Loi sur les services en français vieille de 34 ans. De quoi rassurer les francophones. Au cours de ce meme dépôt, Mme Burke défend d’avoir perdu son indépendance, et martèle son intention de tout faire pour obtenir des services équivalents et sans délai pour les francophones de la province.
« Nos résultats ont déjà eu un impact sur la vie de nombreux Franco-Ontariens », déclare-t-elle alors, ajoutant s’inspirer du travail de l’ancien commissaire et faire des suivis concernant les priorités identifiées par son prédécesseur.
UN LIEU
La bibliothèque municipale de Toronto
Dans la froideur de début janvier, la bibliothèque de Toronto passait sous les projecteurs. La colère gronde après la décision de la municipalité torontoise de retirer des dizaines de milliers de livres en français des tablettes du réseau de bibliothèques. Motif : leur faible taux d’emprunt.
Devant la fronde et l’implication dans le dossier de la ministre des Langues officielles, Mélanie Joly, la Ville freine des quatre fers, en annonçant même… doubler le budget consacré aux livres en français dans ses succursales.
D’après les informations obtenues par ONFR+ en octobre dernier, les bibliothèques publiques de Toronto sont en passe de réaliser leur objectif d’atteindre 400 000 $ de dépenses annuelles pour le matériel en français. En revanche, cet incident démontre pour certains l’intérêt limité de la municipalité torontoise pour le français, malgré les discours francophiles du maire John Tory.
UN CHIFFRE
30
Trente décès : c’est le bilan lourd au Centre de soins de longue durée Montfort après la première vague de l’épidémie de coronavirus au printemps. L’établissement situé juste derrière l’Hôpital Montfort et doté de 128 lits fut le plus touché des institutions francophones par la crise de la COVID-19.
Beaucoup de décès sont survenus dans d’autres foyers de soins de longue durée en français dans la région d’Ottawa. Au printemps, onze résidents succombaient au Centre Pinecrest à Plantagenet, 15 à la Résidence Élisabeth-Bruyère. Le début de la seconde vague fut aussi très difficile à la Résidence Prescott et Russell d’Hawkesbury où 16 personnes sont décédées.
Maigre consolation d’une année noire : le gouvernement Ford s’est engagé à offrir plus de lits dans les foyers de soins de longue durée sévèrement touchés par la pandémie. Mais rien n’indique que les francophones bénéficieront d’une augmentation de places.