Élections : les francophones déçus par les résultats dans l’Est et le Nord
Bien que le verdict rendu par les urnes ce jeudi n’avait rien de surprenant au regard des sondages qui avaient toujours donné Doug Ford vainqueur, et ce avant même le début officiel de la campagne électorale, les organismes francophones évoquent quelques craintes vis-à-vis de quelques circonscriptions jadis aux mains de francophones, notamment dans le Nord.
Ça y est, c’est get it done et haut la main! Avec sa victoire éclair, le Parti progressiste-conservateur est reconduit pour un deuxième mandat majoritaire afin de gouverner la plus grande province du pays, raflant dans la foulée 83 sièges sur les 124 disponibles.
Cependant, sur le plan général, et mis à part la démission de la cheffe du NPD, Andrea Horwath et le leader des libéraux, Steven Del Duca, beaucoup s’attendaient à de tels résultats, une anticipation qui est probablement derrière le faible taux de participation enregistré (43,03%).
« Les sondages avaient l’air de nous orienter vers un gouvernement conservateur majoritaire, mais je ne m’attendais pas à cette différence avec l’opposition, c’est assez surprenant. Ceci dit, les personnes avec qui on travaillait le plus ont toutes étaient réélues. Maintenant, il reste à voir à quels postes on va les retrouver », livre Carol Jolin, président de l’Assemblée de la francophonie de l’Ontario (AFO).
La ministre des Affaires francophones Caroline Mulroney et son adjointe parlementaire Natalia Kusendova l’ont remporté dans leurs comtés respectifs. Le ministre de l’Éducation Stephen Lecce et son adjoint parlementaire, Sam Oosterhoff, qui est francophile seront aussi de retour à Quenn’s Park.
Résultats attendus, mais guère avec pareil écart
Même constat du côté de la Fédération des aînés et des retraités francophones de l’Ontario (FARFO). « Je ne m’attendais pas à un tel écart. Je pensais qu’il y aurait plus d’élus du côté de l’opposition, que cela soit chez les démocrates ou chez les libéraux. La population a décidé de faire confiance en majorité au gouvernement Ford, c’est la réalité qui est sortie des urnes », confie son directeur général, Michel Tremblay.
Pour sa part, Serge Paul, président de l’Association des communautés francophones de l’Ontario à Toronto (ACFO-Toronto), si ces résultats n’ont rien de surprenant, ils ne sont pas de très bon augure pour les francophones.
« Malheureusement, cette issue était prévue et ce n’est pas forcément très favorable pour la communauté francophone. On se bat depuis quatre ans avec ce gouvernement qui n’est pas très profrancophone et qui ne fait que rectifier le tir au lieu d’être proactif et travailler avec nous, et le revoilà qui est réélu. Ça va donc être encore beaucoup d’énergie à dépenser », craint-il.
Déception pour le Nord et l’Est
Toutefois, si on peut résumer ces élections par « on prend les mêmes et on recommence », il n’en est pas de même pour deux circonscriptions tenues par des francophones et où cette communauté est bien présente. Il s’agit de Glengarry-Prescott-Russell et Timmins où les députés Amanda Simard et Gilles Bisson ont été délogés respectivement par les progressistes-conservateurs, Stéphane Sarrazin et George Pirie.
« On est content en tant que francophone de la réélection de personnes comme Caroline Mulroney ou Guy Bourgouin avec qui on a bien travaillé. En revanche, c’est dommage pour Amanda Simard et Gilles Bisson qui sont dans des régions à forte population francophone », déplore Richard Kempler, directeur général de la Fédération des gens d’affaires francophones de l’Ontario (FGA).
« Je pense que la communauté francophone dans la circonscription de Glengarry-Prescott-Russell ou au Nord de l’Ontario ont probablement aussi voté pour avoir un changement », ajoute M Tremblay.
Cela écrit, le cas Amanda Simard préoccupe moins les acteurs de la francophonie que celui de son homologue, Gilles Bisson.
« Dans Glengarry-Prescott-Russell, Amanda Simard a été remplacée par Stéphane Sarrazin qui est francophone également. On ne peut pas dire autant pour le Nord où on a remplacé un francophone par un anglophone, donc là on peut se poser des questions », redoute le patron de la FGA.
Quant à savoir si un changement de cap va être opéré quant aux revendications et/ou recommandations des organismes francophones à l’aune de ce scrutin, ces derniers sont unanimes sur le fait que si les gouvernements changent, les besoins des Franco-Ontariens demeurent les mêmes : plus d’équité et un meilleur accès aux services en français dans la province.