Le recteur de l'Université d'Ottawa, Jacques Frémont. Archives ONFR+

OTTAWA – Le ministre de l’Immigration Marc Miller « n’a pas rapport » lorsqu’il accuse les établissements postsecondaires francophones de vouloir des étudiants étrangers à rabais, affirme Jacques Frémont, le recteur de la plus grosse institution bilingue au Canada.

« Qu’on fasse la preuve que l’Université d’Ottawa a des étudiants à rabais, ça va faire. On est extrêmement sérieux dans nos sélections des étudiants. Il y a beaucoup de demandes et beaucoup de refus. Il n’y a rien qui est à rabais », a-t-il affirmé aux médias après une comparution au Comité des langues officielles de la Chambre des communes.

Lundi, les 22 collèges et universités francophones hors du Québec ont annoncé qu’ils déposaient une plainte au Commissariat aux langues officielles en lien avec le plafond des étudiants étrangers.

Selon l’Association des collèges et universités de la francophonie canadienne (ACUFC), qui représente ces établissements, le ministère de Marc Miller a violé la Loi sur les langues officielles avec cette annonce en ne prenant pas en considération les nouveaux engagements qui incombent aux institutions fédérales, en vertu de la version modernisée de la Loi sur les langues officielles.

Le ministre Miller estime qu’il n’y a pas eu un tel manquement à la Loi. Les universités et collèges francophones sont allés voir ce dernier pour demander une exemption pour leurs futurs étudiants étrangers, car celles-ci voudraient plus d’étudiants à rabais, estime le ministre de l’Immigration.

« Je ne veux pas que ça soit un programme qui soit à rabais. C’est ce qu’ils veulent, ce n’est pas ça qu’ils vont avoir », avait lancé le ministre de l’Immigration Marc Miller aux journalistes au Parlement.

« Demandez-lui donc (pourquoi il dit ça?). Il n’a pas rapport, lance Jacques Frémont. Pour nous, ce qui est clair, c’est qu’on a tous les ans des milliers de demandes et on en accepte pas mal, mais on a une proportion d’étudiants étrangers et locaux que non, on n’accepte pas. Il n’y a personne qui est à rabais et les standards sont très élevés », assure-t-il.

Ce dernier dit d’ailleurs attendre impatiemment après Immigration, Réfugiés et Citoyenneté Canada. Les établissements francophones hors Québec ont eu comme message du ministère qu’il y aurait des solutions apportées sur la table pour les conséquences reliées aux plafonds des étudiants étrangers. Mais les processus de demandes d’admissions pour septembre 2024 sont déjà en cours. « On est déjà en retard », déplore Jacques Frémont.

En janvier dernier, ONFR rapportait que le fédéral songeait à mettre en place des bourses pour les étudiants francophones hors Québec pour favoriser leur venue au pays.

Jacques Frémont explique que l’annonce du ministre Miller s’est propagée très rapidement sur le continent africain, précisant que le message sur le terrain est que le Canada n’est pas ouvert, mais que le Québec est ouvert.

En 2023, on comptait près de 15 000 étudiants francophones à l’Université d’Ottawa sur un total avoisinant 50 000, pour une proportion autour de 30 %. De ce lot, il y avait 4374 francophones qui provenaient de l’international, soit près de 30 % de toute la clientèle francophone dans l’institution ottavienne.

À l’Université de Moncton, on envisage une baisse de plus ou moins 130 étudiants internationaux, ce qui signale une perte de près de 2 millions par année en revenu sur quatre ans, a indiqué Gabriel Cormier, le vice-recteur de l’Université de Moncton.

« C’est substantiel pour l’Université de Moncton, ça crée énormément d’incertitude par rapport aux choix. Est-ce qu’il va y avoir autant de permis l’année prochaine et ainsi de suite (…) On a 35 % de nos étudiants qui viennent de l’international et qui contribuent au Nouveau-Brunswick. »

L’Université de Moncton est la plus grande université hors du Québec entièrement francophone, avec un peu plus de 5000 étudiants.