Le ministre de l'Immigration Marc Miller. Crédit image: Stéphane Bédard.
Le ministre de l'Immigration Marc Miller. Crédit image: Stéphane Bédard.

OTTAWA – Des députés de l’ensemble des partis politiques, dont certains libéraux, estiment que les cibles en immigration francophone que le gouvernement fédéral s’est fixées pour les prochaines années sont trop faibles.

Dans un rapport du Comité des langues officielles intitulé Ouverture sur la francophonie internationale : optimiser l’immigration francophone au Canada, les élus des quatre principaux partis à la Chambre des Communes estiment que les objectifs annoncés par le ministre de l’Immigration Marc Miller à l’automne dernier ne sont pas assez élevés pour « rééquilibrer le poids démographique des francophones au Canada ».

Actuellement, Immigration, Réfugiés et Citoyenneté Canada (IRCC) vise à accueillir parmi ses nouveaux résidents permanents 6 % de francophones en 2024, 7 % en 2025 et 8 % en 2026. Or, les députés libéraux (une dizaine), conservateurs ainsi que les représentants du Bloc québécois et du NPD écrivent dans le rapport « encourager le gouvernement à accroître son taux à 12 % en 2024 et à atteindre progressivement un taux de 20 % en 2036 ».

À l’automne, les organismes de la francophonie canadienne avaient vivement critiqué les nouveaux objectifs en immigration francophone hors Québec du ministre Miller. L’Assemblée de la francophonie de l’Ontario s’était dite « profondément déçue » alors que la Fédération des communautés francophones et acadienne du Canada (FCFA) mentionnait une cible « qui contribue au déclin du poids démographique des francophones ».

Même le gouvernement du Québec avait dénoncé la politique fédérale. Auparavant, la cible annuelle de francophones était de 4,4 % et elle n’avait été atteinte que deux fois en 20 ans, soit en 2022 et 2023. Le ministre Marc Miller s’était défendu, affirmant que l’augmentation de 4 % à 6 % constituait une augmentation de 50 % « et donc moi, mon défi, ce n’est pas de fixer des cibles qui sont irréalistes ».

« Ce n’est pas une question simplement de mettre un chiffre pour faire plaisir à tout le monde, mais un chiffre qui est réalisable », disait-il au moment de l’annonce.

Il n’avait pas fermé la porte à revoir sa cible à la hausse, mais il se devait avant tout de « donner un coup de barre » ainsi que de changer la façon de penser de son ministère, avant d’aller plus haut.

Dans leur rapport, les députés suggèrent notamment une solution au coup de barre mentionnée par le ministre Miller : revoir la gouvernance globale de l’immigration francophone au sein d’IRCC. Il est notamment proposé que la branche chargée du dossier de l’immigration francophone soit mutée plus haut dans la hiérarchie pour relever directement d’un sous-ministre adjoint.

Parmi les autres propositions, augmenter les ressources allouées aux ambassades et bureaux de traitement responsables des demandes des francophones et aussi que l’immigration francophone soit un facteur pris en compte pour la potentielle ouverture de nouveaux bureaux de visas dans le monde. On recommande également de changer les tests de langue en français que doivent passer les nouveaux arrivants avant de venir au Canada et que les universités et collèges francophones soient chargés de le concevoir et l’administrer.

Le document émet un total de 19 recommandations. Le gouvernement doit donner une réponse au rapport du Comité des langues officielles.