Doug Ford présente ses excuses aux Ontariens et admet que le développement immobilier de la Ceinture de verdure était une erreur. Crédit image: Le Conseil de la fédération

NIAGARA FALLS – En conférence de presse, entouré des membres de son caucus, le premier ministre ontarien Doug Ford annonce qu’il réintègre les terres retirées à la Ceinture de verdure qui restera désormais intouchée. Un renversement de situation sur fond de scandale qui fait suite à la série de démissions au sein du parti.

C’est au lendemain de la démission du ministre des Services au public et aux entreprises Kaleed Rasheed que Doug Ford déclare que toucher à la Ceinture de verdure était une erreur.

« J’admets avoir commis une erreur, car, quand on fait une erreur, on l’admet. Le processus n’a pas été bien pensé ni bien conduit, mais mon intention de construire plus de logements pour l’Ontario était une bonne intention, pour les bons objectifs. »

Le chef du gouvernement a non seulement assuré que les terres protégées seraient réintégrées, mais que la Ceinture de verdure serait épargnée par tout développement immobilier.

« Nous avons agrandi la Ceinture de verdure depuis notre arrivée au pouvoir et nous allons continuer à développer ces terres protégées, soit 9 400 acres de superficie supplémentaire depuis 2018. »

Entouré du caucus progressiste-conservateur, Doug Ford annonce qu’il renonce au développement immobilier de la Ceinture de verdure qui se verra restituer ses terres retirées. Source : compte YouTube du Gouvernement de l’Ontario

Doug Ford a toutefois réitéré sa volonté de bâtir pour parvenir à l’objectif de 1,5 million de nouveaux logements d’ici à 2031, déclarant que le nouveau ministre du Logement Paul Calandra irait de l’avant dans le processus, mais « sans toucher la Ceinture de verdure ».

« Je suis ici pour présenter des excuses à la population, mais nous allons de l’avant pour construire plus de logements dans les régions dans lesquelles nous le pouvons et reliées aux transports en commun, avec la collaboration des municipalités, du gouvernement fédéral et du secteur privé. »

À des journalistes qui ont qualifié cette affaire du « pire scandale de l’histoire de la province », celui-ci a répondu que l’argent du contribuable n’a nullement été impliqué.

Également interrogé sur l’enquête en cours de la Gendarmerie Royale canadienne (GRC), Doug Ford de répondre : « Je ne m’engage pas dans les enquêtes de police ».

« Le commissaire à l’intégrité m’a blanchi à 100% aujourd’hui », a-t-il également ajouté, en lien avec la publication du rapport du commissaire à l’intégrité le jour même, ayant jugé insuffisantes les preuves d’infraction à l’intégrité des députés, vis-à-vis de la levée de fonds du mariage de sa fille en présence de promoteurs.

« Quant à la confiance des Ontariens, ils jugeront par eux-mêmes de la nature de notre bilan. Avons-nous respecté nos engagements? Oui! La province se porte mille fois que quand nous sommes entrés en fonction en 2018 », a-t-il conclu.

Une « victoire » pour l’opposition

« Merci et félicitations à tous. Nous avons travaillé tous ensemble avec les Premières Nations, les agriculteurs, ou encore les défenseurs de l’environnement pour sauver ces terres agricoles essentielles. Mais cela n’aurait pas dû requérir autant pour que le gouvernement change d’avis », a immédiatement réagi Marit Stiles, la cheffe du Nouveau Parti démocratique (NPD), en conférence de presse.

Même si elle parle d’une « victoire pour les Ontariens », il y a encore selon elle de nombreuses questions auxquelles le gouvernement va devoir répondre.

« Le gouvernement peut maintenant difficilement voter non à mon projet de loi visant à protéger les terres de la Ceinture de verdure en les rendant intouchables », ironise celle-ci au sujet de son texte qui sera présenté en chambre après la rentrée parlementaire de Queen’s Park prévue lundi prochain.

Avec en ligne de mire les élections provinciales de 2026, la cheffe de l’opposition ajoute que l’électorat peut avoir la mémoire longue.

Qualifiant également ce revirement de victoire, le chef du Parti vert, Mike Schreiner, a toutefois pondéré : « N’oublions pas que c’est le même premier ministre qui, il y a seulement quelques mois, a qualifié la Ceinture de verdure d’arnaque et de champ de mauvaises herbes », encourageant à ne pas relâcher les efforts pour sa protection.

« J’appelle également ce gouvernement à adopter mes projets de loi sur la Ceinture de verdure et sur le logement – ​​pour garantir qu’elle reste protégée en permanence et que nous construisions des maisons que les gens peuvent réellement se permettre d’acheter dans les communautés dans lesquelles ils souhaitent vivre. »