Politique

Manque de financement à La Cité? Pas selon le ministre des Collèges et Universités

Le ministre des Collèges et Universités Nolan Quinn. Photo : ONFR/Jackson Ho

OTTAWA – Le ministre des Collèges et Universités considère les suppressions de programmes à La Cité comme un simple « rééquilibrage » et que son gouvernement a suffisamment financé le postsecondaire. Dans un long entretien avec ONFR, la PDG de La Cité a affirmé au contraire que la formule de financement en Ontario était « brisée ». Deux visions, une réalité.

« Soyons clairs : nous sommes déjà intervenus », affirme Nolan Quinn.

Dans un échange de courriel avec ONFR, le ministre des Collèges et Universités rappelle que son gouvernement a déjà investi 1,3 milliard de dollars sur trois ans dans le postsecondaire l’an dernier afin de stabiliser la situation consécutive aux « décisions unilatérales du gouvernement fédéral ».

Le ministre fait référence à la direction prise par le gouvernement Carney de plafonner le nombre d’étudiants internationaux. Une décision finalement rectifiée pour préserver les francophones.

« Cette année, nous avons investi 750 millions de dollars supplémentaires dans les programmes de STIM (Sciences, technologie, ingénierie et mathématiques), ajoute M. Quinn. Cela représente plus de 2 milliards de dollars investis dans le système postsecondaire au cours des 14 derniers mois, sans compter d’autres investissements dans les soins infirmiers, l’enseignement, la formation et les métiers spécialisés. »

En somme, le gouvernement provincial n’est pas responsable de la crise à La Cité : « Nous serons toujours là pour les établissements, mais en matière de programmation, ce sont eux qui choisissent leurs cours et leurs décisions en matière de ressources humaines », botte en touche le ministre.

Dans une entrevue, publiée lundi, la PDG de l’établissement ottavien Lyne Casimiro met au contraire en cause une formule de financement « brisée ». « désuète », qui a « besoin d’être revue » et qui perdure « depuis plus de 20 ans ».

Mais pour Nolan Quinn, il ne semble pas y avoir de crise : la suppression des neuf programmes de langue française, incluant le seul programme en français en production audiovisuelle, est le fruit d’un simple « rééquilibrage et redimensionnement, car le nombre d’étudiants fréquentant nos établissements diminue ».

« Ce rééquilibrage est en cours dans tous nos établissements de la province, mais nous continuerons d’être là pour le secteur et de veiller à ce que nous maintenions le système d’éducation postsecondaire de calibre mondial que nous connaissons », conclut M. Quinn dans son courriel, confortant ainsi ses réponses en conférence de presse en fin de semaine dernière.

La main-d’oeuvre de demain dans la balance

Les coupes à La Cité ne sont pas un cas isolé en Ontario. Le gel des frais de scolarité et le sous-financement provincial, conjugués à la baisse du nombre d’étudiants internationaux, ont provoqué une série de suppressions de programmes depuis le début de l’année : 55 au Collège St. Lawrence à Kingston, 49 au Centennial College à Toronto, 37 au Collège Algonquin à Ottawa.

Toutefois, lorsqu’une offre disparaît dans ces établissements anglophones, les étudiants ont la possibilité de se tourner vers d’autres institutions, contrairement à la minorité linguistique dont les options sont plus limitées.

Les députés France Gélinas (NPD) et Stephen Blais (Parti libéral) estiment que les collèges devraient figurer parmi les priorités du gouvernement. Photos : ONFR/Jackson Ho

« Dans les montants qu’il avance, le gouvernement inclut toutes sortes de choses qui n’ont rien à voir avec l’opération d’un collège, relativise la députée et porte-parole de l’opposition officielle aux affaires francophones, France Gélinas. Ça ne permet pas à nos collèges de maintenir la programmation dont on a besoin pour former la main-d’oeuvre de demain. Ce qui se passe à La Cité est affreux. Avec ce sous-financement, c’est une génération de francophones qui va en souffrir. »

« Le gouvernement Ford doit dépenser plus pour nos collèges, estime dans la même veine le député d’Orléans Stephen Blais. Au Québec ou dans des États américains comme la Californie, ils investissent 3, 4, 5, 6 % de leur produit intérieur brut (PIB) dans l’innovation, la formation et la recherche. Ici, en Ontario, ça représente moins de 2 %. Si on veut que nos jeunes soient préparés pour les jobs du futur, on doit investir dans les collèges. »

Les deux élus d’opposition sont d’avis que les collèges devraient passer avant d’autres projets comme celui du tunnel sous l’autoroute 401.