Le ministre de l'Immigration Marc Miller. Crédit image. THE CANADIAN PRESS/Justin Tang

OTTAWA – Le gouvernement fédéral ira de l’avant avec sa nouvelle politique en immigration francophone, qui force à rétablir le poids démographique des francophones hors Québec, aux alentours du mois de janvier 2024, selon le ministre de l’Immigration Marc Miller.

En juin dernier, le Parlement a adopté une modernisation de la Loi sur les langues officielles, soit le projet de loi C-13. Or, des éléments de cette Loi restent à adopter par décret au bon vouloir d’Ottawa, ce qui inclut la toute nouvelle politique en immigration francophone. Cette politique qui n’existait tout simplement pas dans l’ancienne version de la Loi comprend notamment des objectifs, des cibles et des indicateurs.

La principale mesure de cette nouvelle stratégie reste toutefois qu’elle oblige à rétablir et accroître la proportion des francophones en milieu minoritaire. Actuellement à 3,4 %, le poids démographique des francophones, via cette politique, vise à être rétabli à 6,1 %, comme c’était le cas en 1971.

Le décret officialisant le tout devrait être adopté le mois prochain, a partagé le ministre de l’Immigration Marc Miller en comité parlementaire mardi.

« Je dirais sans me commettre officiellement que ça sera dans les alentours du mois de janvier », a-t-il affirmé lorsque questionné sur le sujet par le député conservateur Joël Godin.

« C’est assez évasif comme réponse », lui a alors signalé son interlocuteur.

« Vous verrez le mois de janvier, attendez le mois de janvier », a alors insisté Marc Miller.

C’est l’argent accordé via le Plan d’action pour les langues officielles qui viendra aider à financer cette nouvelle politique en immigration francophone, a mentionné la sous-ministre à l’Immigration Christiane Fox, qui accompagnait Marc Miller en comité.

« On a reçu du financement pour la promotion, pour vraiment, accomplir le pilier de l’immigration francophone qui fait partie du Plan des langues officielles », a-t-elle expliqué.

La feuille de route en langues officielles comportait de nouvelles sommes de 137 millions de dollars pour cette politique ainsi que la création d’un corridor spécial destiné à favoriser la venue d’enseignants francophones de l’étranger.

Une nouvelle stratégie, des nouvelles cibles

Cette nouvelle stratégie en immigration francophone hors Québec est liée aux nouvelles cibles annoncées par le gouvernement Trudeau le mois dernier. Actuellement à 4,4 %, elle augmentera graduellement à 6 % en 2024, 7 % en 2025 et 8 % en 2026. Appelé par le député Joël Godin à expliquer sur quels critères ces cibles « qui ne font pas l’interruption du déclin du français » avaient été choisies, le ministre Miller a indiqué qu’elles étaient basées « sur une consultation assez significative à travers le Canada (…) et sur nos ressources à l’interne ».

« J’ai regardé la rétroaction en plus de ce que notre département nous demandait et on a fixé des cibles réalistes », a-t-il dit.

Ce dernier expliquait le mois dernier qu’il se devait de « donner un coup de barre » au sein de son ministère avant d’envisager des objectifs plus élevés comme l’exigeaient les communautés francophones. Celles-ci demandaient à ce que cette cible soit réparatrice pour contrer les manquements envers cet objectif du fédéral qui n’a jamais été atteint depuis 2001, sauf en 2022.

Les données du dernier recensement de 2021 révélaient un déclin du français parlé à l’échelle du pays. On y apprenait que bien que le français soit la première langue officielle parlée d’un nombre croissant de Canadiens, la proportion que les Canadiens francophones représentent a diminué de 2016 (22,2 %) à 2021 (21,4 %).