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Politique

Formation des enseignants, financement du MIFO, crise à La Cité, réforme des entités de planification, essor de l’économie francophone, avenir des universités de langue française… Dans un long entretien accordé à ONFR, la ministre des Affaires francophones Caroline Mulroney évoque les derniers acquis et défis de la communauté, à la veille de rejoindre ses homologues des autres provinces, à Yellowknife, au Conseil des ministres sur la francophonie canadienne.

La ministre est d’abord revenu sur les 7000 francophones supplémentaires qui auront accès à des services en français, par le jeu de la mise à jour des régions désignées sous la Loi sur les services en français. Elle a aussi affirmé travailler à l’élaboration d’un répertoire des services en français, sans toutefois s’aventurer sur un échéancier.

« Je ne sais pas combien de temps cela va prendre, mais c’est un grand projet, un projet important », a-t-elle indiqué, faisant suite à la recommandation du commissaire aux services français dans son dernier rapport.

Dans le domaine de la santé, elle a défendu au micro d’ONFR le nouveau centre de planification des services de santé en français qui va donner « plus de sens à la livraison de services en français en santé, partout à travers la province, mais il y aura toujours un travail au niveau régional », a-t-elle précisé en référence aux entités régionales de planification des services de santé en français.

Après avoir paraphé un plaidoyer sur la découvrabilité conjointement avec plusieurs pays francophones, sous l’égide de l’Organisation internationale de la francophonie (OIF), l’Ontario n’envisage pas, du moins pas pour le moment, d’emprunter la voie législative – comme l’a fait le Québec – pour imposer des quotas de diffusion de contenus de langue française. « On a beaucoup de contenus francophones ici en Ontario et on veut que les francophones d’ici et d’ailleurs les découvrent. (…) Pour l’instant, le travail de collaboration se passe très bien. On va poursuivre ces discussion au niveau international. »

La Cité : un « contexte de changements au niveau fédéral »

Pour pallier la pénurie d’enseignants de langue française, Mme Mulroney a indiqué qu’elle n’écartait pas la piste visant à réduire la formation des enseignants à un an, pour faire entrer plus de personnel qualifié sur le marché du travail. Une attente émanant du milieu scolaire.

« Il y a plusieurs pistes : ajouter plus de la formation, c’est du travail qui a déjà été fait. L’idée de raccourcir l’enseignement est quelque chose qu’il faut regarder. C’est certainement une discussion entre le ministre de l’Éducation, celui des Collèges et Universités et moi. (…) Il faut regarder toutes les solutions en collaboration avec la communauté. »

Le gouvernement a-t-il fait tout ce qui était en son pouvoir pour préserver les programmes du collège La Cité? « Nous existons dans un contexte de changements au niveau fédéral, avec le cap mis sur les permis d’étude. Ce n’est pas juste La Cité qui est affectée par ce cap, mais aussi toutes les institutions postsecondaires en Ontario », a recontextualisé la ministre.

Université de Sudbury : une « très bonne demande »

Alors que l’Université de Sudbury prépare une rentrée inédite, appuyée par le gouvernement fédéral, la ministre a indiqué qu’une « très bonne demande » de financement était sur la table du ministère des Collèges et Universités. « C’est un projet que j’appuie mais c’est aux bureaucrates de faire leurs recommandations. »

Toujours au chapitre du postsecondaire, l’élue de York-Simcoe veut « assurer le succès de l’Université de l’Ontario français » qui a produit ses premiers diplômes récemment. Cette université, ouverte durant la pandémie, a « rencontré des défis », convient-elle, tout en saluant les changements opérés en termes de programmation afin d’attirer plus d’étudiants et de répondre aux besoins du marché du travail.

Économie francophone, une des réponses aux tarifs

Dans le volet économique, l’appui provincial depuis 2018 à la constitution d’une chambre de commerce franco-ontarienne permet aujourd’hui aux gens d’affaires de parler d’une voix pour tous les francophones, se félicite Caroline Mulroney dans un contexte économique international tendu avec le voisin américain.

« Une des choses qui nous distingue des États-Unis, c’est que nous avons une autre économie, avec cette culture et cette langue française. Ce point de distinction nous ouvre à d’autres marchés par exemple. »

La baisse de budget de son ministère ne doit pas être traduit comme une baisse d’engagement envers les francophones, soutient par ailleurs la ministre. « C’est un très petit ministère qui travaille avec tous les autres. Les investissements qui se font dans la communauté ne viennent pas nécessairement du ministère, dont le budget a plus que doublé depuis notre arrivée au gouvernement depuis 2018. »

« Les investissements dans la francophonie se retrouvent dans les millions de dollars investis dans le postsecondaire, la santé ou la culture », rappelle-t-elle, prenant pour exemple la réforme des entités ou encore le financement pour la reconstruction du Mouvement d’implication francophone d’Orléans (MIFO).

Sur ce projet précis du MIFO, elle a souligné l’importance d’y contribuer : « C’est essentiel de construire de nouvelles installations pour le MIFO qui a connu une croissance de 182 % au cours de la dernière décennie. On a besoin de contribuer à ces lieux. »

Alors qu’elle représentera la province au Conseil des ministres sur la francophonie canadienne, cette semaine à Yellowknife, dans les Territoires du Nord-Ouest, Mme Mulroney qualifie ce rendez-vous annuel de « moment important pour l’Ontario qui joue un rôle de leadership quand il s’agit de parler de francophonie en milieu minoritaire. (…) Mais c’est aussi une chance de collaborer, d’entendre et d’apprendre de mes homologues au niveau provincial et territorial. »