Jill Dunlop, la ministre des Collèges et Universités. La Presse Canadienne /Chris Young

TORONTO – Le gouvernement ontarien a annoncé mercredi son allocation des permis d’études à travers la province qui verra les inscriptions effectuées dans des programmes de langue française considérés comme « prioritaires ». 96 % des permis d’études seront décernés aux universités et collèges du système public, laissant une maigre part aux collèges privés.

En janvier, le fédéral avait annoncé qu’il imposerait un plafond de deux ans sur le nombre de nouveaux étudiants étrangers au pays, soit de 360 000 en 2024. La décision revenait donc au gouvernement provincial de départager l’attribution des permis d’études pour chaque établissement postsecondaire.

La ministre des Collèges et Universités, Jill Dunlop, a annoncé ce mercredi les premières modalités de cette distribution. La priorité sera accordée « aux programmes dans les secteurs où la demande de main-d’œuvre est élevée, notamment dans le domaine des métiers spécialisés, des ressources humaines en santé, des STIM, de l’hôtellerie et de la garde d’enfants », précise le ministère par voie de communiqué.

« Les inscriptions effectuées dans des programmes de langue française seront également prioritaires, compte tenu de la demande croissante sur le marché du travail pour des travailleurs qui maîtrisent le français », explique-t-on par ailleurs.

Les établissements ne pourront dépasser le nombre d’étudiants internationaux qu’ils ont acceptés en 2023. La proportion de permis d’études soumis par des étudiants étrangers délivrés à un établissement ne pourra excéder 55 % du nombre total d’étudiants canadiens de première année inscrits dans un établissement en 2023. Des exceptions pour les francophones et les secteurs mentionnés comme criants en besoin de main-d’œuvre pourraient s’appliquer à cette dernière règle, ajoute-t-on.

« Nous travaillons avec les établissements d’enseignement postsecondaire pour garantir que les étudiantes et étudiants étrangers sont inscrits dans les programmes qui contribuent à former une main-d’œuvre à la fois qualifiée et adaptée aux besoins du marché de l’emploi », soutient Jill Dunlop.

Les institutions privées et les collèges de langues se partageront de leur côté 4 % des permis d’études alloués alors que les collèges d’enseignement professionnel ne pourront accueillir d’étudiants internationaux.

« Nous préservons l’intégrité de notre système d’éducation postsecondaire provincial en attirant les étudiantes et étudiants étrangers les plus talentueux en Ontario et en les encourageant à se spécialiser dans des domaines cruciaux pour notre économie », a déclaré la ministre Dunlop.

Le gouvernement Ford avait annoncé le mois dernier une aide de financement de près de 1,3 milliard de dollars sur trois ans aux collèges et universités de la province. Dans son budget rendu public mardi, l’Ontario avait précisé que le plafond imposé par Ottawa couperait près de trois milliards sur trois ans en revenus, soit 1,4 milliard de dollars en 2024-2025 et 1,7 milliard de dollars en 2025-2026. En raison d’une baisse des revenus tirés des droits de scolarité, le budget du ministère des Collèges et Universités a été revu à la baisse de 12,6 à 12,2 milliards de dollars pour 2024-2025.

Ottawa réagit positivement

« J’ai hâte d’examiner les détails de cette annonce plus en profondeur, mais cela semble être une réponse très raisonnable de la part du gouvernement de l’Ontario », a réagi le ministre de l’Immigration fédéral, Marc Miller via le réseau social X.

Ce dernier avait pointé du doigt les provinces, dont l’Ontario, de sous-financer l’éducation postsecondaire ce qui forçait les établissements à se tourner vers les étudiants étrangers qui payent des frais de scolarité beaucoup plus élevés.

L’Association des collèges et universités de la francophonie canadienne (ACUFC), qui représente la vingtaine d’établissements francophones en milieu minoritaire, réclamait une mesure d’exception pour les francophones. Le ministre Miller avait répondu que ces institutions devaient d’abord se tourner vers leurs provinces respectives avant de demander une distinction pour les francophones hors Québec.