Près de deux fois moins de demandes d’admission à l’Université Laurentienne

L'Université Laurentienne. Crédit image: Pascal Vachon
L'Université Laurentienne a connu plusieurs difficultés financières dans les dernières années. Crédit image: Pascal Vachon

SUDBURY – Le nombre d’étudiants ontariens à l’Université Laurentienne à la rentrée en septembre prochain pourrait bien fondre de près de la moitié selon les plus récentes données du Centre de demande d’admission aux universités de l’Ontario (OUAC).

L’OUAC vient de sortir ses plus récentes données concernant les demandes d’applications d’étudiants ontariens en 12e année dans les universités de la province.

Alors qu’en janvier 2021, le campus sudburois avait reçu 4 942 demandes d’applications, ce nombre atteint aujourd’hui 2 791, soit une baisse de 43,5 %. À titre de comparatif, La Laurentienne avait reçu au total 4 909 demandes d’applications à la rentrée en septembre. Sur ce nombre, 609 Ontariens avaient choisi La Laurentienne, ce qui avait constitué une baisse de 32,6 % par rapport à 2020. Ça veut donc dire que la baisse d’étudiants pourrait s’accentuer d’un autre 10 % par rapport à la rentrée de septembre.

L’établissement se dit peu surpris. « La diminution des demandes d’admission des élèves du secondaire est décevante, mais pas inattendue, compte tenu des incertitudes entourant le processus de restructuration … En vertu de la récente annonce de la province en soutien à la Laurentienne, nous sommes optimistes qu’au fil du temps, nous verrons un vif intérêt et une demande croissante pour nos programmes d’études », soutient le recteur Robert Haché dans une déclaration écrite à ONFR+.

L’établissement est toujours impliqué dans un processus judiciaire dans le cadre de la Loi sur les arrangements avec les créanciers des compagnies. La restructuration pourrait se poursuivre jusqu’au minimum le 31 janvier.

« Nous sommes convaincus que le travail acharné et nécessaire que nous accomplissons aujourd’hui ouvrira la voie à une Laurentienne plus résiliente, financièrement viable et davantage réceptive aux besoins de nos étudiants et de notre communauté. »

Ces chiffres ne constituent toutefois pas un portrait final, avertit le Centre de demandes d’admission aux universités de l’Ontario (OUAC). « Ce rapport préliminaire est un aperçu des demandes d’étudiants actuels des écoles secondaires de l’Ontario avec une comparaison avec un moment similaire l’année dernière. »

Un processus qui a des impacts

Pour le Regroupement étudiant franco-ontarien (RÉFO), les chiffres récents ne sont pas une surprise.

« C’est sûr que ce sont des chiffres généraux, car on ne sait pas quelle est la baisse des francophones versus les anglophones, mais il y a un enjeu de confiance à La Laurentienne envers la population avec les récentes décisions qu’ils ont prises et qu’ils continuent de prendre pour mettre la lumière sur la situation réelle. Je pense que la communauté étudiante voit ça d’une part », souligne le directeur général du RÉFO, François Hastir.

Pour ce dernier, le mot se passe assez rapidement entre les futurs et actuels étudiants.

« Il y a une instabilité majeure chez les étudiants à savoir s’ils vont pouvoir terminer leurs programmes où s’il va y avoir d’autres coupes. On entend des témoignages et on voit dans les médias des étudiants qui disent qu’ils ont très peu de cours ou qu’ils doivent en prendre en anglais. Les gens qui viennent du secondaire préfèrent aller ailleurs plutôt que de prendre le risque. »

L’Université Laurentienne poursuit par ailleurs son bras de fer judiciaire avec Queen’s Park et le Comité permanent des comptes publics. Ce comité a adopté une motion à la fin de la dernière session parlementaire obligeant La Laurentienne à lui transmettre des documents privilégiés. Le campus sudburois conteste le tout devant la Cour alors que les deux parties ont débattu mardi devant le juge en chef Geoffrey Morawetz.

Ce processus est directement lié à l’enquête publique que mène la vérificatrice générale Bonnie Lysyk sur l’établissement. Cette dernière tente d’avoir accès à des documents des 10 dernières années de l’établissement sudburois. Le juge Morawetz a donné raison à La Laurentienne dans ce dossier la semaine dernière, mais la chien de garde compte faire appel de cette décision.

Ces informations privilégiées comprennent des documents du conseil d’administration et des comités, des factures juridiques, des courriels de cadres supérieurs et de décideurs clés et des dossiers de serveurs électroniques pour l’administration universitaire et les fichiers de ressources humaines et les dossiers de griefs syndicaux.