Queen’s Park : un symbole franco-ontarien s’élève, un autre s’effondre
TORONTO – Étrange journée à Queen’s Park. Le drapeau franco-ontarien, symbole officiel de la francophonie ontarienne et de la province, est arrimé sur le flan de la chambre législative, le jour où l’on apprend des coupes d’envergure à La Laurentienne, un fleuron universitaire bilingue à la dérive financière.
À la suite des drapeaux canadien, ontarien et législatif, voilà que l’étendard franco-ontarien a fait, ce lundi, son apparition au-dessus du siège du président de l’Assemblée législative de l’Ontario, surplombant la chambre. Une première dans l’histoire de la province.
Après le bureau du premier ministre, les salles de comité, la salle de conférence du président et la vitrine du musée législatif, ce nouvel emplacement est le fruit d’un rare consensus parmi les députés, tous bords politiques confondus, durant la pandémie.
Impulsée par les progressistes-conservateurs à la suite de l’adoption, en septembre dernier, du projet de loi faisant du drapeau vert et blanc l’emblème officiel de la province, l’idée a d’abord cheminé en interne, au courant de l’automne dernier, auprès du leader parlementaire Paul Calandra, du président Ted Arnott et des services du protocole de l’Assemblée, avant de trouver son épilogue, en mars dernier, avec la motion de la députée Lucille Collard, adoptée à l’unanimité et demandant son installation permanente en chambre.
La motion a même connu une bonification lorsque Paul Calandra a demandé qu’on y ajoute la mise en place du drapeau sur les terrains extérieurs de l’édifice, reprenant la balle au bond lancée par la députée de Mississauga-Centre Natalia Kusendova.
Des voix s’élèvent déjà réclamant qu’il trône à la fois sur le fronton et dans la pelouse du parc, aux côtés des autres drapeaux, sur un même pied d’égalité. Une chose est sûre, le drapeau franco-ontarien sera installé dès cette année sur les pelouses de Queen’s park et flottera sur un mât.
La nouvelle est toutefois ternie par le lundi noir de l’Université Laurentienne. Près de 70 programmes, dont 28 en français, et plus d’une dizaine de postes de professeurs vont être supprimés dans l’université même où est né le drapeau franco-ontarien. Co-créé par un enseignant et un étudiant de l’Université Laurentienne, il a flotté pour la première fois en 1975 devant l’Université de Sudbury.
« J’ai honte », a lâché en chambre la députée de Nickel Belt France Gélinas », appelant Doug Ford et Ross Romano à « prendre leurs responsabilités » et à « arrêter ce carnage ».
« La communauté francophone a droit à des programmes universitaires en français dans le nord de l’Ontario », a-t-elle martelé. « Chaque programme offert en français, en science politique ou en littérature, en économie ou en histoire, est le fruit de plusieurs années de travail avant d’y avoir accès. Et le gouvernement reste là sans même lever le petit doigt, sans dire un mot, alors que 40 programmes en français disparaissent et des douzaines de professeurs perdent leur emploi. »
Deux projets de loi liés à la francophonie devaient par ailleurs passer en deuxième lecture, ce lundi : le projet de loi libéral 135, visant à promouvoir le maintien et l’épanouissement de la francophonie ontarienne, et le projet de loi néodémocrate 137, visant à promouvoir la préservation et l’épanouissement de la communauté franco-ontarienne.