Au coeur de la rentrée parlementaire, un projet de loi omnibus du gouvernement. Archives ONFR

TORONTO – Après dix semaines de trêve hivernale, le gouvernement et l’opposition font leur retour sur les bancs de l’Assemblée législative de l’Ontario ce mardi. Logement abordable, financement des universités et système de santé devraient rapidement se retrouver au cœur des échanges en chambre.

C’est un retour attendu ce mardi à Queen’s Park, alors que les élus ontariens regagnent leurs sièges avec des agendas contradictoires. De son côté, le gouvernement, qui prépare le terrain au prochain budget, entend faire passer un projet de loi omnibus qui obligera notamment tout gouvernement à tenir un référendum en cas de volonté de mettre sur pied un programme provincial de tarification du carbone.

Ce projet de loi a par ailleurs pour objectif d’interdire les péages sur les autoroutes provinciales, d’automatiser le renouvellement annuel d’immatriculation des véhicules, de geler les frais de permis de conduire et de rendre prioritaire le prolongement de la ligne de train léger Hazel McCallion vers la boucle du centre-ville de Mississauga et le centre-ville de Brampton.

« Pour la taxe carbone, les gens ont leur mot à dire », a plaidé Doug Ford lors de sa dernière conférence de presse. « Il faut offrir du soulagement à la population plutôt que de lui imposer un fardeau. On remet de l’argent dans la poche des gens et on fait bouger l’économie. On est devenu un moteur économique en Amérique du Nord. »

Doug Ford lors de son annonce jeudi dernier. Source : chaine YouTube du gouvernement

De l’autre bord, l’opposition tentera de ramener les débats autour du logement abordable, du système de santé et du financement des universités.

« Ce gouvernement ne veut pas être dans la législature car nous posons des questions difficiles », a déclaré la cheffe de l’opposition, Marit Stiles, au micro d’ONFR en marge de la conférence du Club canadien de Toronto dont elle était l’invitée mercredi dernier, évoquant « les scandales et la corruption ».

« Pendant les vacances, j’ai parlé avec beaucoup d’Ontariens inquiets de la direction que prend ce gouvernement. Il donne la priorité à ses amis riches et non au futur de cette province. Les Ontariens méritent un gouvernement honnête et ce n’est pas le cas du gouvernement de M. Ford ».

Mme Stiles a indiqué que son caucus se préparait à revenir à la charge sur le dossier de l’Université de Sudbury après les révélations d’ONFR sur l’aval de la Commission d’évaluation de la qualité de l’éducation postsecondaire, mais aussi plus largement sur le futur des universités de la province, au moment où plusieurs d’entre elles manifestent une fragilité financière à l’image de l’Université d’Ottawa.

En conférence de presse ce mardi, avant d’entrer en chambre, la députée libérale Lucille Collard a indiqué que son parti aller concentrer sa riposte sur les « vrais besoins des Ontariens », dont un meilleur système de santé et le logement abordable.

L’ensemble des partis d’opposition se rejoignent également sur l’urgence de la question du logement abordable.

Des réponses attendues dans le prochain budget

Ce retour législatif intervient dans un double contexte judiciaire. Une première décision de la Cour suprême a récemment donné raison à Doug Ford sur le secret des lettres de mandat. La seconde, émanant de la Cour d’appel de l’Ontario, lui a donné tort sur le plafonnement des rémunérations du secteur public, jugeant inconstitutionnel le projet de Loi 124, et provoquant son retrait annoncé dans la foulée par le premier ministre.

Le politologue Peter Graefe émet l’hypothèse que « le gouvernement a peut-être préféré en rester là pour retrouver des relations de travail saines avec les fonctionnaires au lieu de prolonger l’indécision ».

Cette décision aura un impact assez important sur la situation budgétaire de la province, anticipe-t-il, car « M. Ford a indiqué qu’il y aurait une forme de compensation pour les hôpitaux de la part de la province, et sans doute un certain règlement à trouver avec les enseignants. La situation budgétaire est assez saine pour aller dans ce sens, compte tenu du fait qu’il y a eu une perte dans le salaire et de pouvoir d’achat des employés de la fonction publique depuis six ans ».

Le rapport financier du troisième trimestre a fait ressortir un déficit de la province qui devrait être ramené à 4,5 milliards de dollars en 2023-2024, soit 1,1 milliard de dollars de moins que prévu dans le budget à l’automne dernier. Le budget ontarien sera dévoilé d’ici le 31 mars prochain.