Une année politique provinciale éprouvée
2022 n’a pas été de tout repos. Le gouvernement a été critiqué pour la longévité des mesures contre la COVID-19 et l’absence du premier ministre durant le convoi des camionneurs à Ottawa n’a pas fait l’unanimité. Les Ontariens lui ont tout de même offert un second mandat, tandis que les députés de l’Assemblée législative et leurs chefs ont fait beaucoup parler d’eux. Voici quelques faits mémorables en une date, un chiffre, une personnalité, un lieu et une citation.
Une date : 3 juin
Lorsque les quatre grands partis politiques de la province se sont affrontés sur le ring électoral, le Parti progressiste-conservateur, silencieux et pragmatique, a tiré son épingle du jeu. La réélection de Doug Ford à la tête de l’Ontario n’était certes pas une surprise, mais la majorité écrasante obtenue par le parti (83 sièges), n’en a laissé que 30 aux néo-démocrates et huit seulement pour les libéraux. Mike Schreiner est resté, quant à lui, l’unique voix du Parti vert.
Un chiffre : 1,5 million
Mesure phare du gouvernement, en 2022, le premier ministre de l’Ontario a annoncé son intention de construire 1,5 million de logements d’ici à 2031. Un objectif parfois jugé irréalisable, mais le gouvernement entend bien réussir ce pari. À l’automne, la Loi de 2022 pour des maires forts et pour la construction de logements a été adoptée. De même que la Loi de 2022 visant à améliorer la gouvernance municipale afin que les maires de Toronto et d’Ottawa puissent collaborer dans la construction de ces logements.
Afin de permettre cette croissance, le gouvernement vise une réduction des coûts et des formalités administratives qui retardent la construction. Il est aussi prévu : la création de bâtiments à proximité des transports en commun, la réforme du zonage pour une « densification douce » et l’utilisation de « terres provinciales » pour plus de logements.
Une personnalité : Amanda Simard
L’ancienne députée provinciale de Glengarry-Prescott-Russell a perdu son siège en 2022 aux dépens de son adversaire progressiste-conservateur, Stéphane Sarrazin. Cette défaite a sonné le glas de quatre années mouvementées pour l’élue de l’Est ontarien.
Sous la bannière des progressistes-conservateurs, la députée élue en 2018 s’était opposée à son chef, Doug Ford, au moment des compressions sur les services en français. Son parti avait annulé le projet de l’Université de l’Ontario français et avait mis fin au poste de commissaire aux services en français. Mme Simard avait alors claqué la porte pour devenir indépendante, avant de rejoindre le camp libéral.
Un lieu : Ottawa
Lieu de convergence des camionneurs en début d’année, Ottawa s’est retrouvé au cœur d’un conflit prenant une ampleur nationale. Après plusieurs jours de blocage et le déclenchement de l’état d’urgence par la ville, la province et le gouvernement fédéral, les manifestants avaient fini par être éjectés du centre-ville.
Le manque de coopération de la province a été révélé dans des témoignages et un enregistrement divulgué au cours de l’enquête publique de la Commission d’enquête sur l’état d’urgence, à laquelle Doug Ford a refusé de participer. Dirigées par le juge franco-ontarien Paul Rouleau, les audiences publiques se sont tenues du 13 octobre au 2 décembre à Ottawa et devraient déboucher sur un rapport l’année prochaine.
Une citation : « Ne soyez pas un tyran »
Scandé et brandi sur les pancartes des manifestants hostiles au passage en force du gouvernement, le slogan est clair : « Don’t be a bully, Ne soyez pas un tyran. »
Manifestant devant Queen’s Park et partout en Ontario, le personnel du Syndicat canadien de la fonction publique (SCFP) a exigé en novembre dernier de meilleures conditions de travail et un processus de négociations transparent, alors que les tractations en vue du renouvellement de leur convention collective tournaient court.
Le ministre de l’Éducation Stephen Lecce et le premier ministre Doug Ford ont tenté de forcer ces agents de la fonction publique à retourner au travail en utilisant la clause dérogatoire, une disposition de dérogation de la Charte canadienne des droits et libertés souvent jugée « extrême ». Le gouvernement a finalement retiré la Loi 28 et sa controversée clause dérogatoire, mettant fin au mouvement, puis débouchant sur une entente de principe.