Avoir 100 millions de Canadiens d’ici 2100 n’est pas dans les plans d’Ottawa

Immigration Canada Fédéral cible Fraser francophonie
Sean Fraser, ministre de l’Immigration, des Réfugiés et de la Citoyenneté. Crédit image:

OTTAWA – Le gouvernement fédéral ne souhaite pas augmenter à 100 millions de personnes la population canadienne d’ici 2100, une hausse suscitant des craintes pour la vitalité du français au pays.

Atteindre un tel nombre était une idée de l’Initiative du Siècle, un influent groupe de pression canadien qui souhaitait augmenter la population du pays à 100 millions d’ici 75 ans.

Ce groupe avait notamment recommandé l’augmentation de l’immigration au Canada pour répondre aux besoins économiques, ce qu’avait fait Ottawa à l’automne dernier en annonçant vouloir accueillir 465 000 à 500 000 immigrants par année d’ici 2025.

« L’Initiative du siècle n’est pas la politique du gouvernement fédéral », a tranché le ministre de l’Immigration, Réfugiés et Citoyenneté Canada (IRCC) Sean Fraser jeudi à la Chambre des Communes.

« Il y a plusieurs politiques différentes dans mon plan », signale ce dernier en prenant l’exemple d’un chapitre « juste pour l’immigration francophone ».

Sean Fraser faisait un discours en réponse à une motion du Bloc Québécois qui demandait au fédéral de « rejeter les objectifs de la Century Initiative et demander au gouvernement de ne pas s’en inspirer pour développer ses seuils d’immigration à venir ». Son chef, Yves-François Blanchet, dit craindre pour le poids politique du Québec et la vitalité du français en accueillant 500 000 nouveaux arrivants par année.

Il soulignait qu’une des avenues possibles pour le Québec était de hausser les seuils d’immigration, « mais personne de réaliste ne croit que ça ne peut-être que des gens qui parlent seulement français ».

« C’est possible d’accueillir de nouveaux arrivants et de protéger la langue française et le fait français en même temps. Ce n’est pas juste une possibilité, c’est une réalité », argumentait de son côté Sean Fraser.

Il mentionnait notamment la création de nouvelles voies pour les francophones dans le système Entrée express, qui traite en moins de six mois les demandes. L’an dernier, son ministère a augmenté les points accordés aux francophones dans ce programme d’immigration.

Des conséquences au manque d’immigrants francophones

Hors Québec, les manquements des différents gouvernements d’atteindre la cible annuelle de 4,4 % en immigration francophone a contribué au déclin du français au pays, selon une étude du Commissariat aux langues officielles. Le 4,4 % n’a été atteint qu’à une seule reprise, l’an dernier, depuis son établissement en 2003.

Dans son projet de Loi C-13, le fédéral veut forcer IRCC à atteindre sa cible, qui doit être augmentée à l’automne, en plus d’obliger le ministère à se doter d’une politique en immigration francophone avec des objectifs, des cibles et des indicateurs. La Fédération des communautés francophones et acadienne du Canada (FCFA) demande à ce que 12 % des immigrants canadiens soient des francophones dès 2024 et jusqu’à 20 % en 2036.

La ministre des Langues officielles, Ginette Petitpas Taylor, a annoncé il y a quelques semaines 137 millions de dollars pour l’immigration francophone dans son Plan d’action. Justin Trudeau défendait, plus tôt cette semaine, l’idée de son gouvernement d’accueillir un demi-million d’immigrants soulignant que son gouvernement a « mis l’emphase sur l’immigration francophone ».