Les adieux provisoires d’une écrivaine en pause
[CHRONIQUE]
Chaque samedi, ONFR propose une chronique sur l’actualité et la culture franco-ontarienne. Cette semaine, la blogueuse et activiste du Nord de l’Ontario, Isabelle Bougeault-Tassé.
SUDBURY – L’écrivaine doit parfois se taire afin de mieux mijoter les mots et de redoubler de choses à dire. Du moins, je l’espère… Car les mots me manquent et je manque mes mots. Dévorée par l’éclat d’une page blanche, je n’arrive plus à écrire. La fatigue me gagne et l’inspiration me lâche. C’est pourquoi, pour le moment, ces paragraphes seront mes derniers pour ONFR.
Comme j’adore vous livrer mes mots.
Comme j’ai aimé vous raconter « notre maison en terre autochtone » à N’Swakamok. Ma sœur Émilie et notre aïeule Marie Bernard. Mon admiration d’une magnifique jeunesse africaine dans le Nord.
Je vous ai dépeint ces êtres extraordinaires du paysage lunaire de Sudbury : l’immortelle Hélène Gravel, artiste et artisane du théâtre jeunesse franco-ontarien, la mineure Lilian Amelia Bellmore, une allégorie de ces pionnières qui ont osé faire carrière dans les mines de Sudbury, ou encore l’artiste et activiste queer Alex Tétreault et son intrépide gang de Nickel City Fifs.
Et je vous ai conté mes anciens mentors qui allaient faire de « ma plume une épée d’expression ». Les paroles et poésies d’une Palestinienne libre. Ces villages que j’ai habités, qui m’ont habité ailleurs en Ontario – et qui ont forgé ma francophonie.
Mais l’écriture a ses revers.
La fatigue me gagne et l’inspiration me lâche. L’écrivaine doit parfois se taire afin de mieux mijoter ses mots et de redoubler de choses à dire.
Je souhaite continuer à faire briller une lumière sur ce bout d’arrière-pays et ce, surtout la Nickel City – et notre place dans le monde. Et je souhaite continuer à agiter pour une francophonie inclusive et intersectionnelle, féministe, engagée envers la vérité et la réconciliation avec « toutes nos relations » autochtones et préoccupée par l’œuvre antiraciste et antidiscriminatoire.
Or, je reprendrai bientôt ma plume à grands coups d’épée.
Avant de se quitter, quelques remerciements.
À Lila Mouch et Inès Rebei : C’est grâce à vous si ONFR a pris conscience de mes écrits dans mon blogue La Tourtière – merci de votre amitié et générosité. À Rudy Chabannes et Sébastien Pierroz : merci de m’avoir accordé le droit de parole dans les pages d’ONFR. À Monia Mazigh : ton courage et ta solidarité m’inspirent – shukran.
À vous, chères lectrices et chers lecteurs. Belle gang, merci de m’avoir accueilli dans vos lectures. Merci, merci, merci.
Et à très bientôt.
Les opinions exprimées dans cet article n’engagent que leurs auteur(e)s et ne sauraient refléter la position d’ONFR et du Groupe Média TFO.