Le taux de participation atteignait seulement 29,7 % lors des élections municipales de 2022, soit 70,3% de taux d’abstention. Crédit image: Rudy Chabannes

TORONTO – Les Torontois élisent ce lundi leur 66e maire. Les résultats de cette élection partielle seront annoncés dans la soirée, après la fermeture des bureaux de vote de la ville, opérant de 10h ce matin jusqu’à 20h ce soir.

Pour la deuxième fois en huit mois, près de 2 millions d’électeurs sont appelés à choisir leur maire. Ce retour précoce aux urnes consécutif à la démission du maire John Tory mobilisera-t-il les citoyens? Près de 130 000 d’entre eux ont déjà fait leur choix parmi les 102 candidats en lice, lors du vote par anticipation. À leur disposition : 1 351 bureaux de vote, répartis ce lundi dans les différents quartiers de la ville.

Selon le dernier sondage conduit la veille par Mainstreet Research, Olivia Chow resterait largement en tête, gagnant même 3 % d’intention de vote par rapport à vendredi dernier. Créditée de 34 %, l’ancienne conseillère municipale et ex-députée fédérale néo-démocrate devancerait Ana Bailão (25 %), Mark Saunders (11%), Anthony Furey (10 %), Josh Matlow (7 %) et Mitzie Hunter (5 %) parmi les électeurs décidés.

Les deux poursuivants de Mme Chow ont pourtant chacun reçu un soutien de poids dans les derniers jours de campagne, le maire sortant John Tory apportant son soutien officiel à l’ex-conseillère municipale Ana Bailão et le premier ministre de l’Ontario Doug Ford à l’ancien chef de la Police de Toronto, Mark Saunders. Ils ont aussi tenté de se distinguer dans plusieurs débats électoraux, sans parvenir à faire une nette différence.

Olivia Chow présente à la marche 2ELGBTQI+ vendredi dernier. Source : Twitter d’Olivia Chow

Selon Peter Graefe, politologue à l’Université McMaster, la division de cet électorat conservateur était claire dès le début de la campagne, et le parti pris de M. Ford pour M. Saunders l’était également : « On doit se souvenir que John Tory est devenu maire en battant Doug Ford. Ce sont deux conservateurs avec des idées assez contrastées sur la manière de gérer une grande ville comme Toronto », rappelle-t-il.

Tory-Bailão : un soutien « probablement trop tard »

« L’appui de M. Tory pourrait causer un certain ralliement des électeurs du centre et du centre gauche vers Mme Bailão, mais ça arrive probablement trop tard », analyse le politologue. « Il semblerait aussi que cet électorat ait le goût de voir du changement à l’hôtel de ville, et donc ne semble pas prêt à se rallier à Mme Bailão. »

Mark Saunders, entouré de membres du gouvernement à la Ford Fest vendredi. Source Twitter : Mark Saunders

D’après M. Graefe, Olivia Chow – qui s’était contentée en 2014 de la troisième position dans la course à la maire – profite des votes stratégiques de l’électorat libéral à Toronto, tandis qu’à droite, le fait que Brad Bradford et Anthony Furey n’aient pas décidé de se retirer de la course et de soutenir un autre candidat ne permet pas de savoir avec certitude quel sera le candidat de ralliement sur la droite.

Francophonie : des attentes et des promesses

Si la communauté francophone n’a pas été exclusivement sondée, certains candidats ont présenté des projets concrets pour celle-ci, tandis que des leaders francophones ont exprimé des attentes en matière de reconnaissance du fait français, notamment la communication par la ville dans les deux langues officielles canadiennes.

Mme Chow s’est notamment engagée au micro d’ONFR+ à défendre auprès des gouvernements le financement d’institutions francophones comme la Maison de la francophonie de Toronto.

Ana Bailão au Mois philippin avec l’ancien maire de Toronto John Tory ce samedi. Source : Twitter Bailão

Lors des élections municipales de 2022, le taux de participation n’avait été que de 29,7 %, soit 70,3 % de taux d’abstention, alors qu’en 2018, le taux de participation était de 40,9 %.