Qu’est-ce qui a retenu l’attention au niveau fédéral en 2023?
OTTAWA – On revient sur l’année 2023 au Parlement avec une personnalité, une citation, une date, un chiffre et un lieu qui ont marqué l’actualité à Ottawa, particulièrement chargée au niveau des langues officielles.
Une personnalité : Ginette Petitpas Taylor
La ministre acadienne aura accompli la principale tâche à son portfolio, moderniser la Loi sur les langues officielles, la plus importante modification législative à cette Loi depuis sa mise en vigueur en 1969. Déposé au printemps 2022, le projet de Loi C-13 aura pris près d’un an et plusieurs tumultes pour être finalement adopté. Il s’agissait d’une mesure promise à deux reprises en campagne électorale chez les libéraux (2019 et 2021) et demandée depuis 2016 par les organisations francophones.
En concluant une entente avec le gouvernement du Québec à la fin du processus législatif, Ginette Petitpas Taylor aura du même coup réussi à faire taire ses détracteurs au sein de son parti et dans les oppositions, dont le Bloc Québécois, qui se sont tous rangés derrière le projet de loi aux Communes. Un vote de 301 députés en faveur et un contre. Finalement, la Loi a été saluée par la Fédération des communautés francophones et acadienne (FCFA) et le commissaire aux langues officielles, mais critiquée par les groupes de la minorité anglophone du Québec.
Un lieu : la Chambre des communes
Deux adresses d’État en 2023 pour la Chambre des communes : Joe Biden et Volodymyr Zelensky. Si l’on s’attendait à une lune de miel pour ces deux visites, c’est plutôt les jours qui ont suivi la visite du président de ce pays en guerre qui a fait jaser de la Chambre des communes à travers le monde.
Le président de la Chambre, le Franco-Ontarien Anthony Rota invite alors pour l’occasion un résident ukrainien de son comté de North Bay et lui rend hommage en saluant et reconnaissant sa présence dans la tribune de la Chambre des Communes après le discours de Volodymyr Zelensky. Ce citoyen, Yaroslav Hunka, est en fait un ancien soldat nazi ayant combattu pour une unité militaire nazie, dont les crimes contre l’humanité pendant l’Holocauste sont bien documentés.
Cette nouvelle met aussi le président Zelensky dans l’embarras alors que la Russie tente depuis des mois de lui coller une étiquette d’un nazi alors qu’il est en fait d’origine juive. Anthony Rota s’excuse, puis démissionne quelques jours après l’événement alors que Justin Trudeau procède ensuite à des excuses au nom du Parlement canadien.
Une citation : « Le show de boucane mené par certains de mes collègues est honteux »
Alors que le projet de loi visant à moderniser la Loi sur les langues officielles s’attire des critiques au sein même des libéraux durant son parcours législatif, le député de la seule circonscription majoritairement francophone en Ontario, Francis Drouin, sort publiquement contre ses collègues libéraux comme on le voit rarement en politique fédéral.
« Le show de boucane mené par certains de mes collègues est honteux. Le Montréal island n’a pas le monopole sur la politique linguistique du Canada. La désinformation n’a pas sa place dans ce débat », déplore-t-il sur X (ancien Twitter).
Dans les jours précédant sa sortie, plusieurs de ses collègues, Marc Garneau, Emmanuella Lambropoulos monopolisent l’étude du projet de loi C-13 et dénoncent à mots à peine voilés le libellé de leur gouvernement. La goutte qui fait déborder le vase de Francis Drouin est toutefois lorsque la députée Lambropoulos affirme que la grande mère de sa coiffeuse n’avait pas pu obtenir un service en anglais lors d’une visite chez son docteur en raison de la Loi 96 au Québec ce qui était pourtant faux, car elle ne s’applique pas au système de santé.
Pendant plusieurs semaines, le caucus libéral est à couteaux tirés, alors que même le ministre Marc Miller émet des doutes sur son appui au projet de loi. Ginette Petitpas Taylor, responsable du dossier, réplique à ses collègues anglo-québécois alors que le Lieutenant du Québec Pablo Rodriguez tente de calmer le jeu. Mais quelques jours plus tard, le premier ministre Justin Trudeau rappelle ses membres à l’ordre affirmant que son gouvernement ira de l’avant avec cette refonte de la Loi sur les langues officielles.
Un chiffre : 41%
C’est la proportion d’intentions de votes auprès des Canadiens avec laquelle Pierre Poilievre conclut l’année 2023 selon la maison de sondage Angus Reid alors que Léger lui donne 40%. Les libéraux de leur côté dégringolent à 24%. Il faut se rappeler que le Parti conservateur oscillait autour de 35% en janvier et que les libéraux étaient légèrement en arrière, près de la marge d’erreur à 30%. Mais un an plus tard, les troupes de Pierre Poilievre sont autour de 41% alors que les libéraux, à 25%.
Ces chiffres démontrent la montée en puissance de Pierre Poilievre dans la dernière année qui est rapidement devenue, à près de deux ans des élections prévues, l’homme à battre pour Justin Trudeau. Son message porté sur l’économie semble porter fruit alors que selon un sondage d’Innovative Research en date du 5 décembre, 41% des Canadiens estiment que Pierre Poilievre est le meilleur choix pour être premier ministre contre 23% pour son adversaire libéral.
Selon le site de sondage 338 Canada, si des élections avaient lieu aujourd’hui, les conservateurs s’empareraient de la majorité.
Une date : 26 juillet, remaniement ministériel
Plombé par les mauvais sondages et une première moitié de 2023 remplie de controverses avec les révélations sur l’ingérence chinoise au Canada et une crise de l’abordabilité, Justin Trudeau remanie son cabinet en plein milieu de l’été. Le ministre de la Justice David Lametti, la présidente du Conseil du Trésor Mona Fortier et le ministre de la Sécurité publique Marco Mendicino perdent respectivement leur place au sein du cabinet.
Plusieurs ministres changent de portfolio comme Randy Boissonnault qui devient responsable des Langues officielles et de l’Emploi alors qu’Anita Anand est éjectée de la Défense nationale pour le Conseil du Trésor. Sept nouvelles recrues font leur entrée, mais les ténors du gouvernement comme Chrystia Freeland (Finances), Mélanie Joly (Affaires étrangères) et François-Philippe Champagne (Industrie et Innovation) conservent leur ministère.