L'Assemblée de la francophonie de l'Ontario et son président Fabien Hébert ont proposé sept recommandations au gouvernement provincial pour soutenir la présence francophone en Ontario, en vue du budget 2024. Crédit image : Lila Mouch

SUDBURY – L’Assemblée de la francophonie de l’Ontario (AFO) émet sept recommandations au gouvernement de l’Ontario, en vue du dépôt du budget, en mars prochain, afin de renforcer la présence francophone dans la province. Plusieurs demandes concernent les arts et la culture, mais aussi la santé et l’éducation postsecondaire.

D’abord, concernant le Mouvement d’implication francophone d’Orléans (MIFO), l’AFO suggère au gouvernement de l’Ontario de financer, à hauteur de 10 millions de dollars, le projet de construction du MIFO pour permettre à celui-ci d’aller de l’avant.

L’organisme porte-parole des francophones ontariens indique à ce titre que le MIFO figure parmi les principaux employeurs francophones en Ontario, comptant un effectif de plus de 300 employés et générant une contribution économique de 11,9 millions de dollars au PIB de la province.

Dans la même veine, il demande au ministère du Tourisme et de la Culture d’offrir un appui financier de 325 000 $ à la Place des Arts du Grand Sudbury afin d’aider l’organisation dans sa transition vers son nouveau modèle d’affaires.

L’AFO craint que, sans un soutien financier de la part du gouvernement de l’Ontario, le déficit accumulé par la Place des Arts, au cours des dernières années, ne devienne un fardeau insoutenable. La Place des Arts devrait déposer prochainement un nouveau plan d’affaires, appuyé d’une aide financière du gouvernement du Canada.

À quand la reconnaissance linguistique sur les cartes de santé?

L’organisme francophone plaide en faveur de l’amélioration des soins de santé pour les francophones et les allophones en proposant l’inclusion de la variable linguistique sur la carte santé.

Une recommandation loin d’être nouvelle puisque cette proposition est régulièrement soulevée par les entités de planification, et défendue de longue date par l’opposition.

L’identification linguistique sur la carte de santé est une demande réclamée de longue date par la communauté francophone. Montage ONFR

Pour l’AFO, cette mesure permettrait d’identifier, de manière précise, la langue de service de chaque patient à chaque étape de son parcours dans le système de santé, facilitant ainsi la planification.

L’AFO y voit plusieurs gains, tels qu’une meilleure accessibilité aux soins de santé, une réduction des erreurs médicales et une collecte de données probantes pour la planification des services de santé.

« Sur la carte santé devrait se trouver la langue de service et dans la carte santé, la langue de service, la langue officielle et la langue maternelle », suggère l’organisme.

Sans oublier l’Université de Sudbury et le postsecondaire

Là encore, une recommandation, souvent discutée, appelle le gouvernement provincial à reconnaître, « le caractère d’université publique de l’Université de Sudbury », et d’offrir un financement adéquat pour cette « institution vitale franco-ontarienne ».

L’AFO exhorte le gouvernement à entamer un dialogue constructif avec l’Université de Sudbury et à tenir compte des conseils de l’expertise indépendante qu’il a lui-même sollicitée pour éclairer sa décision. Il est également demandé au gouvernement de fournir un soutien financier à cette institution « qui a marqué un moment historique en accueillant le premier lever du drapeau franco-ontarien ».

L’AFO recommande aussi que « le gouvernement de l’Ontario se dote d’une nouvelle formule de financement destinée au secteur postsecondaire de langue française et encourageant la collaboration et les partenariats ».

L’AFO demande au ministère des Collèges et Universités de revoir ses formules de financement afin d’en proposer une pour les francophones qui fourniraient des outils propices à la collaboration, à la concertation et aux partenariats. Source : Canva

L’organisme francophone rappelle à ce titre que la gouvernance « par et pour » les francophones est non négociable pour la communauté franco-ontarienne.

De plus, d’après l’AFO, il faut appuyer les institutions offrant une programmation en français, réitérant que « les formules de financement doivent être adaptées aux réalités et aux objectifs de nos institutions », étant indispensables pour répondre au défi de la rareté de la main-d’œuvre francophone et bilingue.

Une autre revendication porte sur le Programme d’appui à la francophonie ontarienne (PAFO), dont le financement devrait être non seulement renouvelé, mais aussi bonifié à hauteur de 5 millions de dollars par année, évalue l’organisation de M. Hébert.

Dans le mémoire de l’organisme francophone, l’importance du PAFO pour les organismes sans but lucratif y est précisé.

Un soutien supplémentaire au PAFO

La forte inflation et la pénurie de main-d’œuvre rendent ces organismes sans but lucratif francophones quelque peu dépendants du Programme d’appui à la francophonie ontarienne (PAFO). C’est pourquoi l’AFO suggère au ministère des Affaires francophones d’envisager, par le biais de négociations sur le financement en matière de langues officielles, « un soutien financier supplémentaire du gouvernement fédéral pour renforcer le financement du PAFO ».

L’AFO estime aussi que le gouvernement devrait mettre en avant une approche pangouvernementale pour le secteur sans but lucratif. Il recommande la mise en place d’un « foyer » au sein du gouvernement qui prendrait les responsabilités de ce secteur sous la gouverne d’un ministre associé ou d’un adjoint parlementaire.

Le but étant « d’améliorer la communication et la coordination des efforts entre le gouvernement et ces organismes, qui ont joué un rôle crucial lors de la période de confinement et lors de la réouverture de la province et du pays ».

D’après l’AFO, le domaine non lucratif joue un rôle économique significatif en Ontario, contribuant à hauteur de 65 milliards de dollars au PIB de la province et fournissant des emplois à près de 850 000 résidents de l’Ontario. L’AFO estime qu’entre 300 et 400 organisations sans but lucratif sont dirigées par des francophones, représentant un peu moins de 10 % de toutes les organisations sans but lucratif de la province qui se décrivent comme bilingues.