2023 : quelques avancées, mais aussi des reculs pour la francophonie
Qui a marqué l’année au sein de la francophonie de l’Ontario et quel moment sera gravé dans l’actualité ? Quelles avancées avons-nous constatées ? 2023 a été l’année des succès, mais aussi des débâcles politiques. Voici l’essentiel avec une personnalité, une citation, une date, un chiffre et un lieu.
Une personnalité : Mathieu Fleury
L’ancien conseiller municipal du quartier Rideau-Vanier à Ottawa a tiré sa révérence en 2022, mais il est resté engagé dans les causes qui l’ont maintenu près de 12 ans au cœur de l’appareil municipal. Reconnu pour son engagement et son leadership, Mathieu Fleury a reçu le Prix Bernard Grandmaître en février dernier, soulignant ainsi ses contributions au service des francophones de la région de la capitale.
L’ex-élu a également été nommé à la tête de l’administration de la Ville de Cornwall, dans l’Est ontarien, en août. Il est un des acteurs clés du bilinguisme à Ottawa et pour cela, il s’est vu décerner cette même année l’Ordre de la Pléiade par la Section canadienne de l’Assemblée parlementaire de la Francophonie (APF).
En avril dernier, au micro d’ONFR, M. Fleury avait partagé son ambition d’être, dans le futur, maire de la capitale. « Si mon cheminement de carrière fait que je reviens en politique, j’aimerais être maire un jour de notre belle capitale. Il n’y a pas de maire francophone », avait-il dit.
Il reste un acteur incontournable de la francophonie ottavienne. En 2023, il assiste aux événements culturels, sportifs et aux célébrations francophones. D’un autre côté, il n’abandonne pas son intérêt pour les dossiers politiques chauds d’Ottawa comme le logement abordable, ou encore l’ouverture d’un énième refuge pour sans-abri dans son quartier Rideau-Vanier, auquel il était opposé.
Une citation : « C’est assez le niaisage… Je ne tolérerai pas ce genre de comportement »
C’est en entrevue avec ONFR que Francis Drouin, député libéral au Parlement, avait lancé cette remarque en février dernier.
Le député de Glengarry-Prescott-Russell réagissait à des propos erronés de la députée Emmanuella Lambropoulos qui critiquait la Loi 96. La politicienne montréalaise avait raconté l’histoire d’une grand-mère incapable d’obtenir des soins en anglais depuis l’adoption de la Loi 96. De la désinformation, selon M. Drouin, puisque la Loi 96 ne s’applique pas au système de santé. Mme Lambropoulos avait d’ailleurs, déjà, en 2020, démissionné du comité sur les langues officielles après avoir nié l’existence du déclin du français au Québec.
Au début de l’année 2023, plusieurs députés du caucus libéral délibéraient sur l’incorporation d’une référence à la Charte de la langue française du Québec (Loi 96) dans la Loi sur les langues officielles (C-13). Plusieurs collègues du député franco-ontarien avaient qualifié cette loi québécoise de discriminatoire envers la minorité anglophone. Suite à cela, Francis Drouin avait dénoncé « un show de boucane ».
Une date : 30 juin
La veille de la fête du Canada, le ministère des Collèges et Universités de l’Ontario avait déclaré que la proposition de l’Université de Sudbury, notamment la demande de financement pour établir une université autonome de langue française, ne correspondait pas à la demande actuelle ni aux tendances en matière d’inscription.
Le 30 juin 2023, nous apprenions également qu’une analyse du marché du travail, des programmes existants et de l’intérêt des étudiants n’avaient pas réussi à convaincre le gouvernement.
Étayée par les conclusions de la Commission d’évaluation de la qualité de l’éducation postsecondaire (CEQEP), cette décision fut aussi justifiée par l’existence déjà présente d’offres postsecondaires en français dans la région du Grand Sudbury et dans l’ensemble de l’Ontario.
Pour devenir un établissement « par et pour » les francophones, l’Université de Sudbury avait jusque-là coché les cases requises telles que son autonomie, la laïcité et l’unilinguisme francophone.
Au début du mois de décembre, le rapport du commissaire sur les services en français de l’Ontario, Carl Bouchard, avait révélé que 30 % des plaintes reçues dans la dernière année par le Commissariat aux services en français étaient liées au refus du gouvernement Ford de financer l’établissement.
Un chiffre : 6 %
Ce chiffre représente la nouvelle cible en immigration francophone hors Québec adoptée par le gouvernement fédéral durant le mois de novembre 2023.
Actuellement à 4,4 %, elle augmentera graduellement à 6 % en 2024, 7 % en 2025 et 8 % en 2026.
Selon le ministre de l’Immigration, Marc Miller, cette nouvelle cible devrait rétablir le poids démographique des francophones hors Québec, même si selon la Fédération des communautés francophones et acadienne (FCFA), c’est plutôt une cible de 12 % en 2024 qui renverserait le déclin du français. Toutefois, la Loi sur les langues officielles, modernisée en juin dernier, oblige le gouvernement, à rétablir le poids des francophones hors Québec à 6,1 %.
Pour atteindre son objectif, le Canada devrait accueillir respectivement 29 100 personnes, puis 35 000 et 40 000 nouveaux arrivants francophones hors du Québec au cours des trois prochaines années, totalisant ainsi 104 100 arrivants sur cette période.
Un lieu : Alfred
Dans l’Est ontarien, le village d’Alfred, c’est offert le 18ᵉ monument francophone de la province.
Un nouveau drapeau franco-ontarien s’est hissé dans le village, faisant de cette œuvre, la 8ᵉ en son genre dans la région de Sturmont-Dundas-Glengarry et Prescott-Russell. Quelques jours avant la journée des Franco-Ontariens, le 25 septembre dernier, c’est en grande pompe que le nouveau monument a été inauguré, en présence de nombreuses personnalités et politiciens franco-ontariens aux abords du parc Larocque.
La présidente du comité organisateur, France Lamarche aura travaillé pendant près de 22 mois et aura récolté pas loin de 300 000 $ de dons pour construire ce monument de granite, composé d’une girouette et de panneaux directionnels ainsi que d’un long mât de plus de 24 mètres, avec au sommet, un grand drapeau franco-ontarien qui arbore le lys et le trille.
De nombreux organismes tels que l’ACFO de Prescott et Russell, le Collège Boréal, le Collège La Cité et diverses entreprises et familles ont participé à son financement. L’engouement pour les monuments de la francophonie est indéniablement une affaire qui marche en Ontario français.