Projet de loi 7 : Trudeau est « probablement d’accord » lance Ford
TORONTO – En marge d’une rencontre avec le premier ministre du Canada Justin Trudeau, ce mardi à Queen’s Park, Doug Ford a considéré que Justin Trudeau était en ligne avec le controversé projet de loi 7. Il a aussi réaffirmé qu’il comptait sur le palier fédéral pour l’aider dans le redressement des soins de santé.
Premier du genre depuis 2018, ce face-à-face en privé entre les deux premiers ministres dans le bureau de Doug Ford à l’Assemblée législative de l’Ontario a duré près d’une heure. Ils ont évoqué plusieurs dossiers chauds, dont les transferts financiers en santé, les infrastructures, l’immigration et le logement abordable.
À l’issue de la rencontre, interrogé sur le projet de loi 7, qui prévoit le transfert des patients en hôpital vers les foyers de soins de longue durée, Doug Ford a surpris en indiquant que Justin Trudeau était « probablement d’accord », tout en évoquant l’urgence de désengorger les centres hospitaliers de la province.
Accéléré cette semaine par le vote d’une motion visant à esquiver les consultations publiques, ce projet de loi a provoqué un tollé ces derniers jours, l’opposition dénonçant un risque de perte de services en français pour les patients franco-ontariens. Il pourrait être adopté dès ce mercredi à l’Assemblée législative.
Immigration et santé au cœur des discussions
Le premier ministre, qui a qualifié sa relation avec Justin Trudeau de « merveilleuse » et sa rencontre de constructive, est également revenu sur le volet de l’immigration économique alors que son ministre Monte McNaughton est en train de négocier le renouvellement d’un accord bilatéral majeur sur cette question. Il a martelé la nécessité d’accorder plus de marge de manœuvre à la province dans le choix de ses immigrants pour faire face aux défis de la relance économique, dans un contexte de pénurie de main-d’œuvre.
Concernant les financements en santé émanant du gouvernement fédéral, le premier ministre s’est dit par ailleurs « très confiant » de parvenir à une entente, alors que les provinces réclament des transferts plus importants pour rebâtir leur système de santé, après les ravages de la pandémie.
Les deux dirigeants ont enfin abordé la crise du logement et la volonté de l’Ontario de construire 1,5 million de logements sur dix ans. Selon Doug Ford, les trois paliers gouvernementaux doivent travailler ensemble pour parvenir à construire plus de logements plus rapidement.
Justin Trudeau, qui participait un peu plus tôt en journée à une table ronde sur le logement abordable à Kitchener, ne s’est pas exprimé devant la presse lors de sa venue à Queen’s Park.
Trudeau-Ford, une relation en dents de scie
Au cours des quatre dernières années, les deux hommes se sont critiqués à plusieurs reprises par médias interposés, notamment au plus fort de la pandémie sur l’approvisionnement en vaccin, la relance économique, la fermeture des frontières et l’interdiction des vols internationaux. Le premier ministre ontarien avait calmé le jeu par la suite en qualifiant Justin Trudeau d’ami.
Ils étaient apparus côte à côte en mai dernier, à Windsor, à quelques encablures du déclenchement des élections provinciales, qui allaient déboucher sur le triomphe de la Ford Nation, reconduite aux commandes de l’Ontario pour la seconde fois. Trudeau et Ford avaient alors annoncé un financement conjoint visant à doper le secteur automobile ontarien à Windsor et Brampton.
D’autres dossiers ont eu plus de mal à se concrétiser entre le fédéral et l’Ontario, au cours des dernières années. La province a été la dernière, par exemple, à sceller une entente Canada-Ontario sur le système universel de garderies à 10 dollars, la grande promesse électorale de Justin Trudeau.