Ces Franco-Ontariens qui nous ont quittés en 2022
L’année 2022 aura été particulièrement marquée par des décès de figures franco-ontariennes importantes avec Gisèle Lalonde en tête. Mariette Carrier-Fraser, Marguerite Andersen, Martin Arseneau, Denis Berthiaume, Sylvie Lessard, Bernard Lecerf, Ursule Leboeuf, Olga Lambert et Caroline Andrew sont aussi certaines de ces autres personnalités décédées. ONFR+ leur rend un dernier hommage.
Gisèle Lalonde, la résistance en personne
Si le combat de la francophonie ontarienne devait porter un seul nom, cela serait sans doute celui de Gisèle Lalonde.
Véritable figure de proue du mouvement SOS Montfort qui a défié le gouvernement Harris dans les années 90 avec pour point d’orgue une manifestation historique de quelque 10 000 Franco-Ontariens, ce qui a conduit à l’empêchement de la fermeture de l’hôpital francophone d’Ottawa, cette ancienne mairesse de Vanier et enseignante a inspiré plus d’un.
Cet esprit combatif n’a pas manqué de lui valoir moult distinctions dont celle de chevalier de l’Ordre de l’Ontario ou encore celle de l’Ordre du Canada qui est la plus haute distinction civile du pays, ni plus, ni moins. Gisèle Lalonde est décédée le 27 juillet à l’âge de 89 ans.
Sylvie Lessard, dans l’ombre de la culture
La communauté franco-ontarienne en général et celle du Grand Sudbury en particulier ont perdu, le 9 août dernier, une figure de premier plan dans la chose de la vie culturelle.
En effet, Sylvie Lessard a occupé plusieurs fonctions et a accompli des merveilles dans ce domaine, et ce dans les coulisses, sans flashs, ni fanfares. Elle a, entre autres, été l’une des instigatrices derrière la création de la nouvelle Place des Arts, au centre-ville de Sudbury.
Elle a également joué un rôle important dans le développement public du Théâtre du Nouvel-Ontario où elle a fini par occuper le poste de directrice des communications. Cette liste est bien entendu loin d’être exhaustive.
Martin Arseneau, un gestionnaire de talent
À peine quelques jours après la triste annonce de la mort de Sylvie Lessard, celle de Martin Arseneau a suivi le samedi 27 août, et ce à la fleur de l’âge, à 42 ans.
Acadien de naissance et Franco-Ontarien d’adoption, Martin Arseneau a occupé plusieurs tâches de premier plan, notamment dans le secteur de la gestion. Ainsi, il s’est hissé jusqu’au poste de directeur général de Réseau Ontario, fonction qu’il a occupée pleinement jusqu’à son décès.
Par ailleurs, le gestionnaire avait également mis ces connaissances au profit du Congrès mondial acadien dont il a été le directeur des communications en 2014.
Denis Berthiaume, entre courage et résignation
« Mon corps est en train de dire au revoir à la vie, car il n’a plus le choix. Il ne répond plus de la bonne façon. La monture arrive en bout de course et, malgré les nombreux moments de repos, elle ne récupère plus très bien ni très rapidement. J’avoue que cela me décourage, mais je n’ai d’autre possibilité que de l’accepter. » C’est avec ces mots emplis de courage et de résignation que Denis Berthiaume avait annoncé sur Facebook l’inévitable.
Cet ancien vice-recteur de l’Université de l’Ontario français, psychologue de formation et auteur de plusieurs ouvrages avait alors décidé de recourir à l’aide médicale à mourir. Son décès a été déclaré officiellement le 2 septembre.
Bernard Lecerf, le passionné
Musique classique, jazz, chansons francophones, cinéma, football, squash… Bernard Lecerf était ce qu’on appelle un véritable passionné touche-à-tout.
Arrivé de Rennes en France en 1967, il intègre illico le secteur de l’éducation en tant que professeur de français à St Catharines puis à Toronto où il a occupé le poste d’enseignant à Upper Canada College et ce pour une bonne quarantaine d’années. Ensuite, il a occupé des fonctions administratives jusqu’à sa retraite en 2014.
Toutefois, le mot inactivité ne faisait pas partie du dictionnaire de sa vie, car il a mis son temps, son expérience et son savoir-faire au service du Conseil d’administration de Cinéfranco dont il était le co-directeur. Bernard Lecerf est décédé le 7 septembre dernier.
Mariette Carrier-Fraser, une vie dédiée à l’éducation francophone
Quelques jours après les décès de Denis Berthiaume et de Bernard Lecerf, c’était au tour des proches de Mariette Carrier-Frasier d’annoncer la mort de cette dernière le 15 septembre, et ce à l’âge de 78 ans.
Pour les rares personnes qui ne la connaissent pas, Mariette Carrier-Frasier a occupé, entre autres, le poste de présidente de l’Assemblée de la francophonie de l’Ontario durant quatre années.
Plus que cela, et selon le témoignage de tous, c’est à elle que l’on doit le système actuel d’éducation en français en Ontario. Si preuve en faut, elle est derrière la création des 12 conseils scolaires de langue française en Ontario ainsi que du Collège Boréal ou encore du Collège des Grands Lacs.
Ursule Lebœuf ou tante Ursule
Comme si une mauvaise nouvelle n’arrive jamais seule, deux jours après le décès de Mariette Carrier-Frasier, la communauté franco-ontarienne s’est réveillée le 17 septembre sur l’annonce de la mort d’Ursule Leboeuf à l’âge de 95 ans.
Cette figure de la francophonie du Sud-Ouest ontarien est la fondatrice du Centre culturel communautaire St-Cyr ainsi que du Club de l’âge d’or.
Native de Pointe-aux Roches, sur la rive du lac St. Clair et enseignante de profession, la défunte a consacré toute sa vie à la chose de la langue et de la culture francophone. Un engagement et une longévité qui lui ont valu le surnom de « Tante Ursule ».
Marguerite Andersen, la plume pour arme
Sa maison d’édition, Prise de parole la surnomme « La doyenne des lettres franco-ontariennes » ou encore « La précurseure de l’autofiction ». Et pour cause, Marguerite Anderson était romancière, nouvelliste, poète et essayiste avec une vingtaine d’ouvrages à son actif dont plusieurs ont été primés, avant de s’éteindre le 5 octobre dernier à l’âge de 97 ans.
Originaire d’Allemagne, cette prolifique autrice franco-ontarienne a su puiser d’une bien belle manière dans son parcours d’immigrante atypique afin d’aborder avec une plume tantôt féministe, tantôt moderne et souvent les deux à la fois des sujets touchant de plein fouet la condition de la femme. L’un de ses romans qui ont connu un succès immédiat est intitulé De mémoire de femme.
Toutefois, c’est avec les romans Le figuier sur le toit et La mauvaise mère que l’écrivaine a décroché à deux reprises le prestigieux prix Trillium en 2009 et en 2014.
Olga Lambert ou la résilience à toute épreuve
Nous lui consacrions en janvier 2022 notre rubrique hebdomadaire, la Rencontre d’ONFR+ alors qu’elle venait de se voir décerner la médaille du Souverain pour les bénévoles des mains de la lieutenante-gouverneure de l’Ontario, Elizabeth Dowdeswell.
Olga Lambert a rendu l’âme le 29 octobre à l’âge de 62 ans. Toutefois, cette bénévole pugnace et de longue date, notamment auprès de la communauté franco-ontarienne, ne s’est pas rendue à la faucheuse sans se battre, loin de là.
En effet, cette immigrante d’origine togolaise et née en France a lutté durant 14 ans contre pas moins de 4 cancers avant de succomber finalement à celui de l’estomac.
Caroline Andrew, sciences et francophonie
Originaire de la Colombie-Britannique, Caroline Andrew s’est installée dans la capitale fédérale du Canada en 1971 pour travailler, durant 30 ans, en tant que chercheuse et professeure à l’Université d’Ottawa.
Le politologue en devient également la présidente du Groupe de travail sur le respect et l’égalité. De plus, Caroline Andrew a occupé le poste de doyenne de la Faculté des sciences sociales entre 1997 et 2005, puis directrice du Centre d’études en gouvernance de l’Université d’Ottawa de 2008 à 2018.
Pénaliste au sommet des États généraux de la francophonie en 2012, la défunte a été couronnée de la distinction de l’Ordre du Canada trois ans après. Son décès a été annoncé le 26 novembre dernier.