Un an de pandémie : les dix moments clés qui ont ébranlé l’Ontario

La province a vécu cette dernière année au rythme des données scientifiques, des annonces et des tragédies. Montage ONFR+

Il y a un an, jour pour jour, le gouvernement Ford déclarait l’état d’urgence. Cette décision a symboliquement marqué le début de la pandémie de COVID-19 en Ontario. Plongé depuis dans une crise sanitaire et économique majeure, la province peine toujours à sortir du gouffre, embourbée dans une pénible campagne de vaccination, dépendante des livraisons fédérales. Retour sur les dix séquences qui ont marqué la dernière année.

17 mars. Doug Ford décrète l’état d’urgence

L’entrée en vigueur de l’état d’urgence dans la province la plus touchée au pays, doit « donner tous les pouvoirs à la santé pour combattre la propagation du virus », annonce le premier ministre, Doug Ford.

Le jour même, les bars, restaurants, cinémas, bibliothèques et lieux de culte ferment leurs portes. Les garderies et les écoles privées emboîtent le pas des écoles publiques, fermées trois jours plutôt, tandis que les rassemblements sont limités à 50 personnes.

Le lendemain, 18 mars, la province se retrouve coupée de son voisin américain. D’un commun accord, Justin Trudeau et Donald Trump ferment la frontière canado-américaine, n’autorisant que la circulation des marchandises et des personnels de première ligne.

Le premier ministre, Doug Ford, annonce l’état d’urgence. Archives ONFR+

19 mars. La première victime de la COVID-19 est confirmée

Première victime de la COVID-19, un résident de Barrie, âgé de 77 ans, perd la vie le 11 mars. Si des échantillons post-mortem confirment qu’il avait la COVID-19, il faudra attendre le 19 mars pour que le coroner confirme que c’est le virus l’a tué.

L’homme avait contracté la COVID-19 dans un centre de santé de Barrie, au contact d’une autre personne ayant voyagé de l’Alberta vers l’Ontario.

26 mai. Un rapport militaire accable les soins de longue durée

Des patients infectés par la COVID-19 non isolés, d’autres abandonnés dans leurs excréments, du personnel agressif, de la nourriture avariée, des conditions de vie indignes… le rapport des Forces armées canadiennes lève brusquement le voile sur l’horreur qui sévit dans certains foyers de soins de longue durée.

Déployées dans cinq établissements du Grand Toronto dépassés par la première vague épidémique, les militaires découvrent les dégâts causés par la négligence et de mauvais traitements propices à la propagation du virus.

Sous la pression de l’opinion publique, la province a mis quelques jours plus tôt, une commission d’enquête chargée de faire la lumière sur la gestion de crise des foyers de soins de longue. Ses conclusions sont attendues en avril prochain. Plus de 3 700 aînés ont perdu la vie dans un foyer ontarien depuis un an.

Les conditions de vie des aînés en foyer de soins de longue durée mises à jour par l’armée. Crédit image : Jacobs Stock Photography Ltd / DigitalVision via Getty Images

11 août. L’Ontario se déclare en récession économique

« On est en récession, aujourd’hui, en Ontario, et partout au Canada »… La petite phrase du ministre des Finances, Rod Phillips, petit fait l’effet d’une bombe, alors que tous les indicateurs sont au rouge.

Le déficit projeté galope tout droit vers les 38,5 milliards de dollars pour 2020-2021, en hausse de 87 % par rapport aux prévisions d’avant-crise. On chiffre alors les dépenses de la province pour lutter contre la COVID-19 entre 17 et 30 milliards de dollars. Elles atteindront 45 milliards.

Dans leur sillage : une baisse de 6,6 % du PIB et des revenus en chute libre de 6 milliards, tandis que le taux de chômage poursuit son recul après un printemps dévastateur.

3 septembre. Un retour en classe sous haute tension

Fermées depuis six mois, les écoles rouvrent leurs portes graduellement à partir du 3 septembre, d’autres à partir de 8 septembre. Les conseils scolaires s’étaient préparés à trois scénarios de retour en classe : présentiel, à distance et hybride, ce dernier alternant école et maison.

Les élèves de la maternelle à la 8e année font finalement leur retour en classe pleine, à raison de cinq jours par semaine, tandis que leurs camarades du palier secondaire retrouvent les bancs de l’école avec des horaires réduits de moitié et au sein de cohortes limitées à 15.

Le port du masque est alors obligatoire à partir de la troisième année, les compétitions sportives annulées et de l’équipement de protection fourni par le personnel scolaire.

Un panneau de sécurité mis en place dans une école francophone torontoise. Archives ONFR+

14 décembre. La première personne est vaccinée

Anita Quidangen, la première personne en Ontario et au Canada à recevoir le vaccin, est une préposée des services de soutien à la personne (PSSP) qui travaille en première ligne, dans un foyer de soins de longue durée torontois.

Cette toute première injection donne le coup d’envoi de la campagne de vaccination, dont la première phase consiste à immuniser les travailleurs dans les hôpitaux et les foyers, ainsi que les personnes âgées de 80 ans et plus.

Mais les plans gouvernementaux vont très vite se buter à un approvisionnement fédéral insuffisant. Le Canada est confronté à une compétition mondiale dans l’achat de vaccins et, à ce moment-là, il n’a autorisé qu’un seul vaccin : celui de Pfizer-BioNtech, depuis le 9 décembre. Suivront Moderna le 23 décembre, AstraZeneca le 26 février, et Johnson & Johnson le 6 mars.

31 décembre. Le ministre des Finances Rod Phillips démissionne

Coup de tonnerre sur la Ford Nation. De retour d’un voyage controversé dans les Caraïbes, le ministre des Finances est poussé vers la sortie. Rod Phillips présente sa démission au premier ministre, qui l’accepte.

Doug Ford avait à plusieurs reprises appelé ses troupes à l’exemplarité alors que son gouvernement, suivant les recommandations de la santé publique, exhortait les Ontariens à ne pas faire de déplacement non essentiel.

« C’était une erreur », avait alors réagi l’un des plus importants ministres du gouvernement ontarien, remplacé par le président du Trésor, Peter Bethlenfalvy.

L’ex-ministre des Finances de l’Ontario, Rod Phillips, remplacé par Peter Bethlenfalvy. Archives ONFR+

8 janvier. Le nombre de cas quotidiens atteint son pic

Avec 4 249 cas quotidien, la province pulvérise un triste record, le 8 janvier. La deuxième vague atteint alors son sommet, marqué par le décès de 26 personnes supplémentaires. Le premier ministre évoque « une situation désespérée », mais se refuse à imposer un couvre-feu comme au Québec.

En l’espace de 45 jours, le nombre d’infections totales a doublé, passant de 100 000 à 200 000.

Conséquence principale : plus de 1 300 Ontariens sont admis dans les hôpitaux (bien plus que lors du sommet de la première vague (avoisinant le millier d’admissions) qui se retrouvent saturés. Des malades sont transférés d’un hôpital à l’autre, au gré des lits qui se libèrent, voire redirigés vers des hôpitaux de campagne modulaires montés à la hâte.

14 janvier. Un décret ordonne de rester à domicile

Quelques jours plus tard, le gouvernement se décide à serrer la vis en signant un décret ordonnant à tous les Ontariens de rester à domicile. Inédite, la mesure annoncée le 12 janvier entre en vigueur le 14, assortie d’un deuxième état d’urgence.

Tout le monde doit rester chez soi, excepté pour les déplacements essentiels (épicerie, pharmacie, médecin) ou pour faire de l’exercice physique ou des travaux essentiels. Les rassemblements à l’intérieur sont interdits et les commerces non essentiels ferment leurs portes dès 20 heures.

Il faudra attendre le 8 mars pour que le décret soit totalement levé à travers tout l’Ontario.

3 mars. La barre des 7 000 morts est franchie

Première province à atteindre les 300 000 cas cumulés, le 28 février, l’Ontario dépasse, quatre jours plus tard, la barre des 7 000 morts liés au coronavirus.

Selon les derniers chiffres, on dénombre 7 173 décès en Ontario, 10 558 au Québec et 22 519 dans l’ensemble du Canada. L’Île-du-Prince-Édouard et les Territoires du Nord-Ouest n’en ont aucun.

Sur le plan des contaminations, l’Ontario devance le Québec avec 320 448 cas positifs contre 298 747, dans un Canada qui se rapproche du million de cas.