Le Congrès mondial acadien s’est déroulé dans le sud-ouest de la Nouvelle-Écosse, en août 2024. Montage ONFR

2024 a été une année difficile pour le financement des événements francophones en Ontario. Certains pôles culturels ont tout de même obtenu de bonnes nouvelles, qui promettent un bel avenir à leur communauté. Les mots diversité et inclusion étaient sur toutes les lèvres, ce qui n’a pas empêché l’éclatement d’un petit scandale. Retour sur 2024, sous le thème culture et société, en une citation, une date, un chiffre, une personnalité et un lieu.

Une citation : « On ne comprend pas pourquoi on ne peut rien recevoir alors qu’on travaille si fort. »

Christian Roméo Youdjeu est le fondateur et producteur exécutif des Kilimandjaro Music Awards, gala bilingue qui récompense la musique afro-canadienne. Dans une entrevue à ONFR, il a lancé cette phrase en expliquant avoir failli annuler son événement, faute de financement.

Pour le Torontois, l’intersectionnalité entre l’identité francophone et afrodescendante est un obstacle de plus à la visibilité. Mais son sentiment est partagé par d’autres organisateurs francophones, particulièrement dans la ville reine.

Le directeur général de Francophonie en fête, Jacques Charrette, a aussi confié à ONFR que « ce n’est pas facile de rejoindre la communauté francophone à Toronto ».

Même des événements gratuits peinent à attirer les foules, et il est de plus en plus difficile d’offrir une programmation invitante, dû aux coûts qui augmentent et aux subventions qui diminuent.

Les Rats d’Swompe, avec leur trad-rock franco-ontarien, étaient la tête d’affiche de la journée du dimanche lors de l’édition 2024 de la Franco-Fête de Toronto. Photo : Mickael Laviolle/ONFR

De son côté, la Franco-Fête a adopté le thème du Cri du cœur pour tenter de réveiller les bailleurs de fonds. L’événement gratuit a perdu 73% de son financement depuis la pandémie, selon le directeur général de Groupe Simoncic, José Bertrand. Ce dernier prévoit maintenant une édition 2025 qui reviendrait autour du 24 juin, comme à ses débuts, afin de ramener des festivités de la Saint-Jean-Baptiste à Toronto.

Dans l’Est ontarien, un autre événement de Groupe Simoncic se relève tranquillement de ses années de disette. Le Festival de la curd a adopté le Centre communautaire de Saint-Albert comme nouveau lieu de festivités. L’édition la plus complète depuis 2019 a été présentée en septembre, et certaines activités affichaient complet.

Une date : 6 août

À Ottawa, à quelques jours de son défilé annuel, l’organisme Fierté dans la capitale a émis une déclaration prônant l’inclusion et dénonçant la montée de la haine. Le texte critiquait entre autres les actions du gouvernement israélien dans la bande de Gaza et énonçait une série de mesures que l’organisme s’engageait à prendre.

Cette prise de parole voulait affirmer que tous étaient les bienvenus dans les activités de Fierté dans la capitale, mais a eu l’effet inverse pour une partie de la communauté juive, qui s’est sentie exclue. Différents organismes et politiciens, dont Mark Sutcliffe, le maire d’Ottawa, ont boycotté les activités de cette semaine de la fierté.

Le slogan « No pride in genocide » a été adopté par ceux qui défendent la déclaration de Fierté dans la capitale. Photo : Rachel Crustin/ONFR

Lors du défilé, la communauté LGBTQ+ se rangeait massivement derrière l’organisme, affichant fièrement des drapeaux, symboles et slogans propalestiniens. Questionné par ONFR, Francesco MacAllister-Caruso, qui occupe la co-présidence du conseil d’administration, a affirmé que « la Fierté, à la base, se veut un mouvement de libération et de défense des droits de la personne. Les demandes énoncées dans notre déclaration (…) n’enlèvent rien à notre solidarité envers les communautés juives ».

Un chiffre : 36 millions

Dans les bacs depuis de nombreuses années, la construction d’un nouvel édifice moderne pourra aller de l’avant pour le Mouvement d’implication francophone d’Orléans (MIFO). En mai, le centre culturel de l’est d’Ottawa a reçu 36 millions de dollars de la part du gouvernement fédéral.

De nombreuses personnes se sont impliquées dans le projet d’un nouveau bâtiment pour le MIFO dans les dix dernières années. Crédit image : Rachel Crustin

À compter de mars 2025, la programmation du MIFO se déplacera dans différentes salles, dont l’auditorium de l’école secondaire catholique Béatrice-Desloges. Le bâtiment actuel sera démoli pour laisser la place à un centre quatre fois plus grand, carboneutre, inclusif, polyvalent et multigénérationnel.

Si tout va bien, la communauté francophone pourra découvrir son nouveau quartier général en 2027.

Une personnalité : Alex Tétreault

L’année de cet artiste de Sudbury a débuté en lion avec deux prix remportés à Contact ontarois (Audace Réseau Ontario et Alliance Acadie), en janvier, après une présentation éclair de 10 minutes.

Nickel City Fifs : une épopée queer sudburoise sur fond de trous, est une collaboration avec le Théâtre du Nouvel-Ontario (TNO). Tristan débarque au bar queer de Sudbury, le Zigs. « L’esprit protecteur du cratère de Sudbury enjôle les employés pour essayer de convaincre le jeune que c’est possible de vivre ici (en tant que personne queer) et qu’on a besoin de lui », a expliqué Alex Tétreault dans une Rencontre d’ONFR.

Alex Tétreault pendant les présentations éclair de Contact ontarois 2024. Crédit image : Rachel Crustin.

De janvier à avril, Alex Tétreault a occupé le poste de directeur général par intérim des Rendez-vous de la fierté Acadie Love. En juin, il a été nommé poète officiel du Grand Sudbury. En septembre, le texte de Nickel City Fifs a été publié aux éditions Prise de Parole.

Alex Tétreault est également le président du conseil d’administration de Théâtre Action depuis 2022. Il collabore aussi de près avec le TNO, contribuant aux deux productions maison de cette année, la production professionnelle et la production communautaire.

Un lieu : l’Armise de Timmins

À Timmins, la communauté francophone a vécu tout un choc en 2015, lors de l’incendie qui a ravagé le Centre culturel La Ronde. Après plusieurs années d’attente, le nouveau centre a rouvert ses portes au public à la fin 2023, mais un élément manquait toujours pour que les francophones de la région retrouvent leur lieu de rassemblement.

C’est en juin 2024 que la nouvelle version du bar l’Armise a commencé à accueillir les visiteurs. Une inauguration officielle a suivi lors de la Journée des Franco-Ontariens, le 25 septembre.

Le salon-bar préféré des Franco-Timminsois est de officiellement de retour après près de 9 ans d’attente. Crédit photo : Inès Rebei/ONFR

La nouvelle Armise est plus petite que la précédente, mais plus lumineuse et confortable. Elle promet de retrouver son cachet intime et rassembleur, tel que décrit par l’assistante à la préparation des évènements et des installations, Lynne Guertin, dans une entrevue avec ONFR. « C’est intime et tout le monde se connait, on est chez nous, c’est comme si on était dans notre salon tous ensemble. » 

Clins d’oeil franco-canadiens

En 2024, ONFR a visité deux autre provinces pour explorer la francophonie canadienne. En Saskatchewan, le Conseil culturel fransaskois a fêté ses 50 ans en grand. En plus d’un passage au Festival fransaskois, ONFR a profité d’une semaine à Saskatoon pour tourner Micro & boussole en Saskatchewan, une série d’entrevue et de performances mettant en vedette cinq artistes fransaskois : Shawn Jobin, Anique Granger, Alexis Normand, éemi et Mario Lepage.

Un mois plus tard, ONFR assistait au Congrès mondial acadien, en Nouvelle-Écosse. Cet événement majeur se déroule une fois aux cinq ans dans une communauté acadienne différente. Les Acadiens de partout dans le monde s’y rassemblent pour célébrer leur culture et discuter de leur avenir.

Une marée humaine vêtue de bleu, blanc et rouge s’est déversée dans les rues de Yarmouth lors du Tintamarre du Congrès mondial acadien, le 15 août 2024. Photo : Rachel Crustin / ONFR

Les 10 jours de festivités comptaient plus de 300 activités réparties dans les régions de Clare et d’Argyle, dans le sud-ouest de la Nouvelle-Écosse. Au niveau culturel, les vétérans comme la relève étaient bien présents, entre autres lors du spectacle de la Fête nationale de l’Acadie, qui a réunit entre autres Édith Butler, Zachary Richard, Salebarbes, Jourdan Thibodeau, Lisa Leblanc et P’tit Béliveau. Le spectacle était précédé du traditionnel tintamarre, où des milliers de personnes ont fait du bruit dans les rues de Yarmouth, une ville traditionnellement anglophone.

« On dit aux autres qu’on est encore là, on n’est pas juste en train de se le dire à nous », a affirmé avec fierté Martin Théberge, le président de la Société nationale de l’Acadie, au micro d’ONFR.

2024 a aussi été une année d’anniversaires : la formation Règlement 17 a fêté ses 15 ans et LGS a soufflé 25 bougies. Pour leur part, le Concours LOL – Mort de rire Desjardins et la Nuit émergente de Sudbury ont souligné une décennie d’existence.