« Les locataires les plus vulnérables en danger », alarme un avocat en droit du logement

Adopté ce matin à Queen’s Park, le projet de loi 60 favorisera l’expulsion des locataires les plus vulnérables, selon un avocat francophone spécialiste du droit du logement. Une Commission de la location immobilière (CLI) défaillante, un pouvoir plus unilatéral en faveur des lobbies de propriétaires, celui-ci expose ses vues sur un contexte systémique et ses effets sur les droits des locataires.

Le projet de loi 60, dont le vote a été perturbé par de violentes protestations du public à Queen’s Park, a été adopté à 71 voix contre 43 « non » des trois partis d’opposition. « Vous mettez les gens à la rue », pouvait-on notamment entendre de la tribune.

Pierre-Étienne Daignault, avocat et directeur à la clinique juridique de Prescott et Russell, est spécialisé en droit du logement.

Il dénonce un projet de loi au pouvoir « unilatéral » au détriment des locataires : réduction du délai pour les demandes de loyer impayé de 14 à 7 jours, réduction des délais de contestation d’une décision de la Commission de la location immobilière, de 30 jours à 15 jours, ou encore obligation de payer 50 % des arriérés avant de pouvoir formuler une défense à la CLI.

Les locataires seront également tenus de faire une requête de défense ou de dénonciation au préalable avec preuve, plus automatiquement incluse au processus.

Le projet de loi permettra ainsi aux propriétaires de récupérer leurs logements plus rapidement, laissant craindre encore de rénovictions cachées.

« Le gouvernement a tout de même dû reculer sur la mesure la plus inacceptable, explique celui-ci. Celle du non-renouvellement du bail, à la fin duquel un propriétaire pouvait faire partir son locataire à sa guise, ou pouvait augmenter de 500 dollars le loyer si ça lui chantait et évincer n’importe qui. »

Une Commission de la location immobilière « dysfonctionnelle »

« C’est un peu les mesures ‘bonbons’ que les propriétaires ont demandées. On va accélérer le tribunal dysfonctionnel en usant les locataires. Non seulement on ne va pas les écouter, mais on ne va le faire que dans certaines circonstances. »

Selon Me Daignault, le cœur du problème se situe à la Commission de la location immobilière qui serait dysfonctionnelle : « L’Ombudsman Paul Dubé l’affirme dans son rapport de mai 2023 Justice administrative retardée, équité refusée : ce tribunal (la Commission de la location immobilière) est fondamentalement défaillant en Ontario. »

Pierre-Étienne Daignault, avocat spécialisé en droit du logement, est également directeur de la clinique juridique de Prescott et Russell. Photo : Gracieuseté

« Les associations de locataires le répètent : remettez les audiences en personne et nommez des gens compétents qui ont de l’expérience en droit et en logement. Avant 2018, on avait des audiences en personne traitées dans un délai de deux ou trois mois. Moi, j’ai des audiences qui traînent depuis des années », décrie celui-ci.

« Les locataires les plus vulnérables de notre société sont en danger, affirme Pierre-Étienne Daignault. Pourquoi ouvrir la chasse aux locataires en Ontario? On a pourtant une situation qui est catastrophique au niveau du sans-abrisme et ce n’est pas le moment de serrer la vis. »

L’avocat spécialisé en droit du logement dénonce l’influence du lobby des associations de propriétaires, dont la Federation of Rental Housing Providers of Ontario (FRPO), qui « envoie sa liste au père Noël au gouvernement de l’Ontario pour réduire les délais d’attente et se débarrasser des irritants ».

« La FRPO pèse lourd en donations, insinue-t-il. Il y a 10 ans, ils avaient un budget de lobbyisme de plus de 300 000 dollars. Un montant que je ne connais pas aujourd’hui, mais qui a peut-être bien suivi l’inflation. »

L’opposition contre-attaque

En chambre aujourd’hui, le ministre des Affaires municipales et du Logement Rob Flack a défendu le fait que « le projet de loi 60 aidera les propriétaires et les locataires en réduisant les délais de traitement. Il faut rétablir l’équilibre dans le système et penser aux petits propriétaires qui doivent payer leur hypothèque. »

« Il rajoute des droits, il n’en enlève pas. Mais les personnes qui ne payent pas leur loyer seront punies devant la Commission », a appuyé le procureur général Doug Downey.

Ce à quoi la néo-démocrate Chandra Pasma (Ottawa-Ouest-Nepean) a objecté : « Je ne pense pas qu’on puisse être fiers d’accélérer les processus d’expulsion ».

La cheffe de l’opposition officielle Marit Stiles s’était jointe aux manifestants, à l’occasion de la Journée nationale du logement, protestant contre le projet de loi 60 et réclamant plus de protection pour les locataires. Photo : compte X officiel de Marit Stiles

Marit Stiles, cheffe de l’Opposition officielle de l’Ontario, a quant à elle déposé une motion d’opposition demandant à Doug Ford de protéger les locataires ontariens. Cette motion, réclame « plus d’équité à la Commission de la location immobilière (CLI) afin de mettre fin aux expulsions abusives et aux augmentations de loyer supérieures aux lignes directrices ».

Elle demande également au gouvernement Ford d’abroger le projet de loi 60.

« Il s’agit de rendre la vie plus abordable pour les Ontariens, a déclaré la leader néo-démocrate. L’Ontario est confronté à une catastrophe de l’emploi, mais Doug Ford préfère s’attaquer aux locataires et rendre le logement encore plus cher. »

Le chef du Parti vert Mike Schreiner a lui aussi appelé le gouvernement à « abroger le projet de loi » et à « rendre la vie plus abordable pour tout le monde ».

« Depuis l’élection de Doug Ford, les rénovictions ont explosé, les droits des locataires se sont érodés et les temps d’attente à la Commission de la location immobilière n’ont jamais été aussi élevés. Le projet de loi 60 rendra encore plus difficile pour les locataires d’obtenir justice et de tenir les propriétaires fautifs responsables de leurs actes. »

Kelly Burke en lice comme prochaine commissaire aux langues officielles

La juriste franco-ontarienne Kelly Burke serait le choix d’Ottawa pour devenir la prochaine commissaire aux langues officielles. Sa nomination n’est pas officielle encore, car l’approbation est attendue par le premier ministre Mark Carney.

La nouvelle, initialement rapportée par Radio-Canada, selon laquelle Mme Burke a été choisie pour remplacer Raymond Théberge au poste de commissaire, nous a été confirmée. Des notes biographiques avaient été demandées à trois ou quatre personnes pressenties pour le rôle, dans les derniers mois, selon d’autres sources.

Le commissaire aux langues officielles est nommé par le premier ministre sur recommandation d’un comité du Bureau du Conseil privé. Ensuite, le choix doit être approuvé par un comité parlementaire, ainsi que par le Sénat et la Chambre des communes. 

En 2020, Kelly Burke est devenue commissaire aux services en français en Ontario au sein du bureau de l’ombudsman, poste qu’elle a occupé jusqu’en 2023. Cette avocate en droit du travail avait auparavant joué divers rôles dans la fonction publique ontarienne. La Franco-Ontarienne originaire de Cornwall a notamment été sous-ministre adjointe au ministère des Affaires francophones de l’Ontario.

Elle devrait succéder à Raymond Théberge qui a vu son mandat de sept ans être prolongé à deux reprises dans la dernière année. Son mandat intérimaire se termine à la fin janvier.

Le chantier de l’école élémentaire francophone Hamilton Ouest débutera en mars 2026

HAMILTON – La construction de la nouvelle école élémentaire de langue française Hamilton Ouest, annoncée il y a trois ans, débutera dès le mois de mars 2026. L’établissement, qui accueillera 271 élèves et un centre de garde d’enfants de 49 places, sera situé au 125 chemin Rifle Range, dans l’ouest de la Ville de Hamilton. Le conseil scolaire Viamonde envisage une ouverture pour 2027.

Le gouvernement de l’Ontario avait approuvé et annoncé un investissement de 10,3 millions de dollars pour la construction d’une nouvelle école élémentaire publique à Hamilton en 2022.

C’est au 125 chemin Rifle Range, dans l’ouest de la Ville de Hamilton que l’établissement scolaire sera situé.

Le Conseil scolaire Viamonde en avait fait l’acquisition dès 2016, avant de procéder à la démolition d’une ancienne école élémentaire (Prince Philip du Hamilton-Wentworth District School Board) dont l’édifice était vétuste.

Imaginée et conçue par la firme d’architectes JP Thomson, cette structure permettra d’accueillir 271 élèves francophones et proposera 49 places en service de garde agréé.

La nouvelle école élémentaire Hamilton Ouest, du Conseil scolaire Viamonde, sera située au 125 chemin Rifle Range, dans l’ouest de la Ville. Photo : Google Maps

« Nous avons reçu l’approbation ministérielle pour sélectionner un entrepreneur en construction », explique à ONFR Steve Lapierre, le directeur des communications du conseil scolaire Viamonde, à la suite de laquelle un processus d’appel d’offres sera lancé.

« Ceci sera fait dans les prochaines semaines, avec un début de chantier probable en mars 2026, à condition que les soumissions obtenues satisfassent au budget accordé par le ministère de l’Éducation », détaille celui-ci.

Le conseil scolaire, qui espérerait inaugurer l’école au plus tôt en septembre 2026, envisage désormais une ouverture pour septembre 2027. 

« Nous sommes heureux de cette annonce qui prévoit la construction d’une toute nouvelle école élémentaire laïque de langue française dans la portion ouest de la ville d’Hamilton », avait déclaré trois années plus tôt Benoît Fortin, alors vice-président et désormais président de Viamonde.

« Cette nouvelle école viendra solidifier l’offre Viamonde dans la 5e plus grande ville de la province où de nombreux francophones et francophiles sont établis. Nous remercions le gouvernement de l’Ontario, qui, en investissant toujours plus dans de nouvelles écoles de langue française, reconnaît les besoins spécifiques de la communauté franco-ontarienne et contribue ainsi à sa pérennité. »

Tennis : Victoria Mboko mise à l’honneur par la Ville de Burlington

BURLINGTON – La Ville de Burlington a remis, vendredi 21 novembre, la clé de la ville à la joueuse de tennis Victoria Mboko, 19 ans, lors d’une cérémonie tenue au Centre communautaire Robert Bateman. Environ une centaine de personnes étaient présentes, parmi lesquelles plusieurs élus municipaux, provinciaux et fédéraux, ainsi que la famille de l’athlète, venue assister à la reconnaissance officielle d’un parcours étroitement lié à cette communauté.

Cette remise d’honneur intervenait alors que la jeune joueuse canadienne d’origine congolaise revenait tout juste du Mexique, où elle avait conclu sa saison par une première sélection en Coupe Billie Jean King, ponctuée par une qualification obtenue avec l’équipe canadienne. Un retour rapide à Burlington après une expérience marquante sur la scène internationale.

Lors de son intervention, quasi exclusivement en anglais, Victoria Mboko a répondu en français à une question d’ONFR, expliquant ce que cette reconnaissance représentait pour elle.

« C’est une journée importante pour moi d’être ici à Burlington et de recevoir la clé de la ville. Je suis très heureuse de cet honneur. Je pense que cela va m’aider à gagner encore plus de confiance lorsque je voyage partout dans le monde. De savoir que je viens de Burlington, c’est ma ville et j’en suis très fière. »

La jeune athlète de 19 ans est consciente de l’impact qu’elle a sur la jeunesse de la ville et a demandé plus de terrains de tennis dans la ville lors de son discours. Photo : Mickael Laviolle / ONFR

Elle a rappelé que Burlington avait constitué un cadre essentiel depuis l’arrivée de sa famille en 2009.

« La communauté ici est accueillante. J’ai eu une belle enfance et j’ai eu accès à des opportunités importantes. »

2025, l’année de la révélation

En 2025, la jeune Burlingtonaise a connu une véritable année de révélation sur le circuit féminin, portée notamment par sa victoire à l’Omnium Banque Nationale de Montréal, un tournant majeur dans sa saison. Mais elle n’a pas oublié que tout a commencé à l’académie de Pierre Lamarche, Ace Tennis, lieu fondateur de sa formation.

« C’était un environnement où je me sentais très à l’aise. Pour ma croissance comme joueuse et comme personne, ça m’a aidée énormément. »

Dans son discours, Mboko a également formulé un souhait précis : voir davantage de terrains de tennis dans la ville. Elle estime que l’accès aux infrastructures reste déterminant pour permettre à des jeunes joueurs d’avoir les mêmes chances d’évoluer. Une demande qui rejoint celle de Pierre Lamarche, qui insiste lui aussi depuis des années sur le manque d’installations adéquates à Burlington.

Vicky Mboko a reçu la clé de la ville de Burlington des mains de Meed Ward, la maire de la ville. Photo : Mickael Laviolle / ONFR

Une compétitivité évidente dès l’enfance

C’est sous la houlette de Lama­rche et des entraîneurs de l’académie que Mboko a fait ses classes, démontrant dès le plus jeune âge un tempérament de compétitrice. Le fondateur québécois de l’académie se souvient bien de leurs premières interactions, alors qu’elle n’avait que quatre ans.

« Je donnais un cours à sa sœur. Pendant qu’elle ramassait les balles, Vicky se mettait au fond du court, en position, et disait : ‘Donne-moi des balles’. Elle était prête, sans hésitation. »

Il raconte aussi les matchs entre sœurs :« Sa grande sœur la battait largement, mais Vicky détestait perdre. Elle voulait absolument gagner. Quand elle perdait, elle pleurait, pas par caprice, mais parce qu’elle cherchait déjà comment faire mieux. »

Une caractéristique confirmée par Mboko elle-même. « J’ai toujours voulu gagner. Même quand je ne connaissais pas encore les règles, j’étais très compétitive. »

Gérer les sollicitations sans perdre la priorité de vue

Avec le succès, les sollicitations grandissent. Interrogée à ce sujet, la jeune athlète a montré une compréhension lucide des exigences associées à son statut. Consciente que les requêtes médiatiques, commerciales ou institutionnelles vont continuer d’augmenter, elle explique gérer ces nouvelles responsabilités en gardant un principe simple : ne pas confondre visibilité et priorité.

« Toutes ces obligations autour du tennis, je les vois comme des quêtes annexes. Le tennis reste la priorité. »

Mboko souligne que sa capacité à rester concentrée repose en grande partie sur son environnement familial. Un rôle stabilisateur que Lamarche confirme volontiers : selon lui, l’équilibre de la jeune joueuse repose sur une combinaison de discipline personnelle et d’un entourage solide.

Victoria Mboko en compagnie de sa famille et de M. Lamarche. Photo : Mickael Laviolle / ONFR

Un geste symbolique pour une athlète ancrée dans sa communauté

Pour Burlington, la remise de la clé de la ville matérialise autant la reconnaissance des succès sportifs de Mboko que l’attachement durable entre l’athlète et la communauté qui l’a vue grandir. La cérémonie s’est conclue par une séance de photos officielles réunissant les élus, l’athlète, sa famille et un groupe d’élèves invités pour l’occasion.

En clôture, Mboko a résumé son sentiment en quelques mots : « Je suis très fière d’avoir grandi ici à Burlington et je continuerai de faire de mon mieux pour vous rendre fiers. »

Un nouveau service de repas chauds gratuits à Hawkesbury

HAWKESBURY – Un nouveau programme de repas chauds gratuits destiné aux familles à faible revenu et aux personnes en situation d’itinérance voit le jour dans l’Est ontarien. Le Centre 440, installé dans une salle de l’église anglicane Holy Trinity sur la rue Stanley, accueille toute personne souhaitant se réchauffer autour d’un repas chaud et convivial tous les samedis.

Le centre est le fruit d’une initiative de la paroisse du Lower Ottawa Valley, un projet regroupant cinq églises, dont deux situées au Québec. Carolyn Coffin-Caputo, membre de l’équipe exécutive, explique que le projet est né d’une réflexion lancée au printemps dernier dont l’objectif était d’identifier les besoins prioritaires de la communauté au-delà des murs de l’église.

« Nous avons consulté des organismes locaux, dont le bureau des services aux victimes, la banque alimentaire de Hawkesbury et les comtés unis de Prescott-Russell, pour déterminer les besoins réels », explique la bénévole.

« Tous nous ont dit la même chose : Hawkesbury avait besoin d’un programme de repas chauds pour les personnes itinérantes et les familles à faible revenu. »

Après avoir visité d’autres services similaires à Rockland et Cornwall, l’équipe a décidé de lancer son propre programme dans la ville, avec le soutien de l’église pour l’utilisation de sa salle et de sa cuisine certifiée.

Les moments de convivialité dans la cuisine font partie des raisons pour laquelle Mme Coffin-Caputo aime l’initiative. Photo : Gracieuseté de Carolyn Coffin-Caputo

Samedi dernier pour la première distribution, une vingtaine de personnes ont profité du service, dont huit enfants, « un véritable succès » selon l’organisme. Le programme reste inclusif et accessible, sans exigence de justificatif de revenu ni d’identification à l’entrée.

« Nous voulions choisir le samedi pour que les familles à faible revenu puissent venir avec leurs enfants, car elles ne le peuvent pas pendant la semaine », ajoute la Montréalaise d’origine.

Des repas préparés sur place

Tous les repas sont préparés sur place, à partir d’invendus de supermarchés et de dons de particuliers, des boissons chaudes et froides sont également offertes.

La semaine dernière, les bénévoles ont servi du jambon rôti accompagné de pommes de terre au gratin, de légumes rôtis, ainsi que des desserts comme des tartes aux pommes avec de la crème glacée ou des tranches de pommes avec sauce caramel pour les enfants. 

« Nous recevons beaucoup d’aliments qui approchent de la date de péremption, mais qui sont parfaitement consommables »
— Carolyn Coffin-Caputo

Le programme repose sur l’engagement de neuf membres de l’équipe exécutive, principalement des retraités, assistés de bénévoles supplémentaires. 

« Tout le monde se soutient mutuellement. Il y a aussi notre ministre qui participe, ainsi que d’autres bénévoles qui viennent nous aider chaque semaine », précise encore Carolyn Coffin-Caputo.

Le maire d’Hawkesbury, Robert Lefebvre, a d’ailleurs participé à la première distribution et se félicite de cette nouvelle offre alimentaire : « Ces initiatives offrent un repas chaud, mais aussi un lieu de rencontre où les gens peuvent briser l’isolement. »

Les repas distribués samedi dernier lors de l’ouverture. Photo : Gracieuseté de Carolyn Coffin-Caputo

Demande record aux banques alimentaires

Au-delà des repas du samedi, la paroisse collabore avec la banque alimentaire de Hawkesbury ainsi que les services d’hébergement pour mieux répondre aux besoins des personnes vulnérables qui ne cessent d’augmenter.

Selon Robert Lefebvre, qui agit aussi comme trésorier bénévole de la banque alimentaire centrale d’Hawkesbury, le nombre de personnes ayant recours à ces services a augmenté de 15,4 % entre septembre 2024 et septembre 2025, pour atteindre 1 157 individus, dont 415 enfants. 

« C’est énorme pour une ville d’un peu plus de 10 000 habitants. On voit vraiment que le nombre de personnes qui viennent chercher de l’assistance a beaucoup augmenté », confie-t-il sans détour.

Bien que les besoins augmentent depuis la covid-19, selon lui, cette hausse s’explique principalement par l’inflation et le coût de la vie qui ne cessent d’augmenter depuis la pandémie, fragilisant de plus en plus de ménages.

Données issues de la Banque alimentaire centrale de Hawkesbury (BACH).

La région de Hawkesbury n’est d’ailleurs pas la seule à voir la demande exploser : à Ottawa, le plus récent rapport de la Banque d’alimentation, publié la semaine passée, montre que plus d’un ménage sur quatre est désormais en situation d’insécurité alimentaire.

Près de 30 % des organismes membres du réseau de la Banque d’alimentation d’Ottawa ont dû refuser de servir des personnes et 72 % ont réduit la taille des paniers en raison de contraintes de capacité.

Besoins matériels et soutien communautaire

L’équipe du Centre fait appel à la générosité de la communauté pour certains besoins matériels : congélateurs de grande capacité, petites tables pliantes et autres équipements. 

Le Centre 440 évaluera régulièrement sa capacité à répondre à la demande et ajustera son programme si nécessaire.

Il sera ouvert tous les samedis de 11 h 30 à 13 h, et l’équipe espère voir de plus en plus de familles et de personnes en situation de vulnérabilité bénéficier de cette initiative.

Le Club canadien de Toronto souligne 40 ans d’engagement communautaire

TORONTO – Né la même année que la Loi sur les services en français (LSF), le Club canadien de Toronto constitue depuis quatre décennies un espace d’interventions et d’échanges pour les francophones hors Québec. Pour ses 40 ans d’existence, ONFR retrace le parcours et l’impact de cet organisme au service de la communauté franco-torontoise.

D’après l’actuel directeur général, Alexis Maquin, le Club est : « Le seul organisme de réseautage francophone en Ontario à être 100 % en français ».

Alexis Maquin, directeur général du Club canadien de Toronto. Photo : Sandra Padovani/ONFR

Grâce aux 29 présidents et aux 213 membres du conseil d’administration qui sont passés par le regroupement, le Club canadien de Toronto maintient sa proximité avec la communauté.

« Le plus gros impact c’est d’être présent depuis 40 ans et de proposer des événements de qualité où la communauté francophone peut s’exprimer en français », décrit-il.

Le renouveau avec des formats repensés

« Jusqu’à mon arrivée, c’était quasiment que des déjeuners d’affaires », raconte le directeur, qui a entrepris de moderniser le Club avec son équipe depuis son entrée en fonctions.

Son prédécesseur Dominic Mailloux qui préside actuellement la Fédération des gens d’affaires francophones de l’Ontario (FGA) a aussi profondément transformé le Club en créant RelèveON. Un gala qui récompense des personnalités inspirantes de la relève entrepreneuriale franco-ontarienne.

Les cinq lauréats des prix RelèveON 2025 et l’ensemble des finalistes. Photo ONFR TFO/ Mickael Laviolle

« RelèveON ça a permis au club de récupérer pas mal de jeunes », explique M. Maquin qui rappelle que ce concept avait initialement commencé à plus petite échelle en tant que « RelèveTO » pour enfin s’élargir à la province.

Rallier la jeunesse ontarienne a constitué un des objectifs clés de l’organisation. Alexis Maquin souligne l’importance d’attirer les jeunes vers la communauté pour qu’ils puissent ensuite y contribuer.

En tant qu’ancien président du Club canadien, Dominic Mailloux a joué un rôle majeur dans la modernisation du Club. Source : compte X Club canadien

Il remarque que les adhérents du club se sont diversifiés au fil du temps, tels que de nouveaux arrivants issus de pays africains francophones. C’est dans cette lignée que nombre d’initiatives ont vu le jour : « On a créé des ateliers pour les personnes issues de l’immigration, par exemple le dernier en date c’est le Sommet  », remarque Alexis Maquin.

Assurer la pérennité

Depuis la pandémie, le Club fonctionne majoritairement grâce à des partenariats, toutefois le directeur estime qu’un financement pérenne serait plus souhaitable.

« On ne peut pas vivre que de commandites. »

« On a créé des partenariats avec les chambres de commerce qui va se visualiser dans les prochaines semaines aussi », assure-t-il.

Une soirée sous le signe de la célébration

Afin de commémorer les 40 ans de l’organisme, la communauté francophone s’est réunie hier soir pour le gala anniversaire.

« Le Club ce n’est pas un club privé, c’est le club de la communauté », rappelle M. Maquin.

Lors du rassemblement, plusieurs personnalités politiques et de la communauté francophone étaient présentes pour saluer les accomplissements de l’organisme.

Le Secrétaire général de la Commission canadienne pour l’UNESCO, Yves-Gérard Méhou-Loko, avec le journaliste Nicolas Haddad. Photo : Gracieuseté

Au cours de la soirée, quatre personnalités de la francophonie ontarienne sont revenues sur l’influence du Club dans leur parcours : Yves-Gérard Méhou-Loko Secrétaire général de la Commission canadienne pour l’UNESCO (CCUNESCO), Madeleine Meilleur, ancienne ministre déléguée aux Affaires francophones, ainsi que l’ancien ministre délégué aux Affaires francophones, Charles Beer et François Boileau, ancien commissaire aux services en français de l’Ontario.

11 heures de cours de français en six mois pour Mark Carney

OTTAWA — Mark Carney a suivi 11 heures de cours de français depuis son arrivée en poste à la tête du pays, et n’a pris aucune leçon depuis le début du mois de septembre. L’équipe de M. Carney affirme que c’est en raison du départ de sa professeure et confirme être à la recherche d’une nouvelle personne pour poursuivre la formation.

Mark Carney a suivi plus exactement 11 cours pour une durée totale de 10 heures et 45 minutes, selon des documents envoyés dans le cadre d’une étude sur l’usage du français par le premier ministre au Comité des langues officielles et qu’ONFR a consultés. De septembre à novembre, le premier ministre n’a pas pu suivre de cours de français, car sa professeure a quitté la capitale nationale, soutient le chef de cabinet du premier ministre Marc-André Blanchard.

« Un nouveau professeur de français sera choisi sous peu et les séances de formation devraient reprendre avant la fin de cette année », assure M. Blanchard dans une lettre transmise au Comité des langues officielles le 13 novembre dernier.

À la suite de l’adoption d’une motion dans ce sens, le Comité des langues officielles avait demandé au bureau du premier ministre des informations concernant son apprentissage du français depuis son entrée en poste.

Ces cours ont eu lieu entre le 30 juin et le 2 septembre et la majorité a été tenue au mois de juillet, selon les renseignements transmis par le Bureau du conseil privé. De plus, trois cours de 60 minutes ont été annulés, indique aussi l’horaire du premier ministre. Aucun cours ne figure à l’agenda du premier ministre avant le mois de juin et après le mois de septembre.

« Le premier ministre est résolu à continuer à parfaire son français pendant son mandat », soutient son chef de cabinet dans cette lettre.

« Il s’agit d’une question qui lui tient réellement à cœur. Il aime la langue française, poursuit M. Blanchard. Il croit qu’il est important de maintenir et de promouvoir le caractère bilingue du Canada. Le premier ministre est conscient qu’il s’en est engagé auprès de l’ensemble des Canadiennes et des Canadiens, et il s’efforce de respecter cette promesse chaque jour. »

Marc-André Blanchard, chef de cabinet du premier ministre Mark Carney, se rend à une réunion du caucus libéral sur la Colline du Parlement à Ottawa, le mercredi 5 novembre 2025. LA PRESSE CANADIENNE/Justin Tang

Ce dernier souligne que Mark Carney s’est entouré de francophones et de gens bilingues dans les hautes sphères de son équipe, et qu’il interagit avec les médias et son équipe dans la langue officielle de leur choix.

« Ces interactions offrent l’occasion au premier ministre de poursuivre l’apprentissage du français et de renforcer sa capacité à discuter des questions dans les deux langues officielles », mentionne Marc-André Blanchard.

Cette étude du comité a été demandée après la publication d’un article de Radio-Canada qui révélait que 17 % des contenus des discours du premier ministre étaient en français. L’ex-gouverneur de la Banque du Canada s’était défendu, jugeant qu’il faudrait aussi prendre en compte la proportion des réponses en français.

Son bureau estime plutôt que « l’amélioration de ses compétences » dans la langue de Molière a permis au chef libéral « d’accroître la proportion de français dans ses discours, depuis son entrée en poste ». 

« Ce changement démontre que son engagement à l’égard du français porte déjà ses fruits, et ce, à quelques mois à peine après le début de son mandat », écrit M. Blanchard.

« Je vais leur en trouver un prof de français »

À la lumière des chiffres présentés aux députés du comité, les intentions de M. Carney envers la langue française n’ont pas convaincu les élus de l’opposition à Ottawa.

« Ça démontre qu’il n’a pas la volonté de faire du français l’une de ses deux langues d’usage, affirme le député conservateur Joël Godin. On ne le sent pas, tant au niveau du nombre d’heures que de ses actions au niveau de son utilisation du français dans ses interventions, dans les communications et dans l’utilisation du français par ses ministres et son cabinet. »

« Ça montre qu’il n’y a vraiment pas de volonté de donner plus de place au français dans ses discours, dit de son côté l’élu bloquiste Mario Beaulieu. C’est des belles intentions, on courtise l’électorat francophone, mais on ne fait rien pour le français », ajoute-t-il.

« Ne pas être capable de trouver un prof de français depuis septembre, ça fait dur »
— Mario Beaulieu

Ces derniers n’achètent pas l’excuse du bureau de premier ministre concernant l’absence de cours de français depuis plus de deux mois.

« Ça, c’est ridicule honnêtement, s’insurge Joël Godin. Qu’il m’appelle, je vais leur en trouver un prof de français. »

Le Comité des langues officielles poursuit son étude sur l’utilisation du français par M. Carney et dans les hautes sphères de la fonction publique. Le ministre des Langues officielles Steven Guilbeault doit d’ailleurs témoigner prochainement.

Un appui municipal peu concluant pour les entrepreneurs franco-torontois

TORONTO – Lors de la dernière réunion du Comité consultatif des affaires francophones de Toronto, trois organismes de la francophonie ont fait valoir l’importance d’une collaboration avec la ville pour renforcer l’entrepreneuriat en français.

« Investir dans ces entrepreneurs francophones, c’est investir dans la résilience de notre pays », a affirmé Félix Corriveau, actuellement à la direction générale d’Impact ON.

« Nous sommes prêts à développer des initiatives avec vous », a-t-il certifié. Ce dernier a ensuite appuyé sa vision avec des idées : « Des services en français pour l’enregistrement d’entreprises, des permis d’exploitation et l’accès à des programmes municipaux. »

Puisque l’ordre du jour de la rencontre portait sur les aides disponibles pour les petites entreprises, plusieurs représentants francophones du conseil ont souligné le manque de volets disponibles pour stimuler l’entrepreneuriat.

D’autres organismes, également présents, ont répondu aux appels de collaboration non seulement à propos d’un renforcement de ce bassin d’entrepreneurs, mais aussi sur l’entrepreneuriat féminin ainsi que celui des nouveaux arrivants.

« La Société Économique de l’Ontario (SÉO) souhaite travailler en partenariat avec la ville de Toronto, mais aussi avec les autres organismes francophones, tel qu’Impact ON, la Fédération des gens d’affaires francophones de l’Ontario (FGA) et d’autres organismes de la province », a déclaré ce mercredi Cathy Modesto, présidente du conseil d’administration de la SÉO.

Stéphane Bukk est directeur des affaires entrepreneuriales à Fédération des gens d’affaires francophones de l’Ontario (FGA) depuis janvier 2025. Photo : Laetitia Dogbe/ONFR

Afin de démontrer l’importance des partenariats, la FGA a mis de l’avant ses récentes initiatives entrepreneuriales : « Nous avons un nouveau pôle d’exportation qui met en place des services de conseils et des ressources pour faciliter les projets d’expansion et d’exportation des entrepreneurs franco-ontariens », a ajouté Stéphane Bukk, qui dirige les affaires entrepreneuriales de la FGA.

Les membres du comité sont ensuite intervenus afin de comprendre la position de la ville par rapport aux besoins et aux demandes des entreprises émergentes. La ville de Toronto n’affiche toujours pas de mandat spécifique pour les programmes francophones jusqu’à ce jour.

Mareva Cestor, membre du comité consultatif des affaires francophones de Toronto pose une question à Félix Corriveau. Photo : Laetitia Dogbe/ONFR

Les représentants municipaux répondent

Employé au sein du département de développement économique de la ville, John Preece a examiné les actions demandées par les trois organismes et membres du comité. Ce dernier a avoué que les besoins des entrepreneurs francophones n’ont pas été abordés en dehors de ce comité.

« Je pense que ce serait une belle prochaine étape que nous nous asseyons tous à la même table pour discuter des besoins des organismes francophones, ainsi que des entrepreneurs francophones », a donc proposé Mme Cestor.

« Je n’ai pas de réponse spécifique, car nous interagissons déjà avec ces entreprises et si elles ont des idées ou des projets, ou si nous avons des priorités en matière de francophonie, nous savons déjà à qui parler », a repris M. Preece.

Finalement, la présidente du Comité et conseillère municipale, Alejandra Bravo a constaté le peu d’avancées en termes de soutien adéquat à l’intention des francophones.

« C’est évident que l’entrepreneuriat de la communauté francophone est très dynamique et je regrette que les communautés ontariennes n’aient pas les ressources nécessaires », remarque-t-elle, à la suite d’une discussion qui a mis en opposition la ville et les représentants de la communauté francophone.

Francophonie : une coopération Ontario–Louisiane officialisée

La ministre des Affaires francophones Caroline Mulroney a signé une déclaration conjointe avec le lieutenant-gouverneur de la Louisiane, Billy Nungesser en vue d’une collaboration future autour de la francophonie. Une première avec un état américain, avec une volonté mutuelle d’intensifier des échanges dans différents domaines dont l’enseignement supérieur, la culture et le tourisme ou encore le développement économique francophone.

Une coopération autour de la francophonie avec les États-Unis est une première pour l’Ontario. Elle résulte d’une rencontre entre Caroline Mulroney, ministre des Affaires francophones de l’Ontario, et de Jeremy Stine, sénateur de l’État de la Louisiane, au Sommet de l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF) à Paris, en octobre 2024.

L’Ontario et la Louisiane, tous deux membres observateurs de l’OIF, prennent le pari d’aller plus loin pour valoriser le français en créant de nouvelles occasions de collaboration, explique à ONFR le bureau du ministère des Affaires francophones.

« L’objectif est que cette entente débouche sur des résultats concrets qui profitent aux citoyens, aux entreprises et aux institutions des deux côtés (…) En Ontario, les entreprises francophones génèrent près de 80 milliards de dollars et représentent 12 % du PIB. »

La ministre des Affaires francophones Caroline Mulroney et le lieutenant-gouverneur de la Louisiane Billy Nungesser signent la déclaration conjointe. Photo : compte officiel X de la ministre

« Depuis plus de 400 ans, les francophones contribuent à façonner l’histoire de l’Amérique du Nord. Aujourd’hui, l’Ontario et la Louisiane ont signé une déclaration commune visant à renforcer les liens culturels, linguistiques et économiques entre nos communautés francophones. Ce partenariat célèbre notre héritage commun et ouvre la voie à de nouvelles perspectives de collaboration et de développement », a publié la ministre Mulroney sur ses réseaux sociaux.

Les deux gouvernements se sont notamment engagés à encourager et promouvoir les échanges économiques, éducatifs et culturels dans le cadre de la francophonie commune et à renforcer la coopération dans des secteurs stratégiques : enseignement supérieur, culture et tourisme, médias numériques, l’énergie et le développement économique francophone.

Les prochaines étapes consisteront en la finalisation d’un accord officiel pour un plan d’action conjoint marquant la mise en œuvre de ces engagements concernant le commerce, l’innovation, la sécurité, l’énergie propre et la mobilité.

La province canadienne et l’état américain visent également le lancement de projets pilotes pour encourager la collaboration économique ou encore la recherche technologique.

Crise à Fauquier-Strickland : le conseil demande une vérification judiciaire financée par la province

FAUQUIER‑STRICKLAND – Lors d’une réunion spéciale, mercredi soir, le conseil de Fauquier-Strickland a adopté une entente modifiée avec le ministère des Affaires municipales et du Logement, prolongeant l’aide financière d’urgence à 900 000 $ jusqu’au 31 janvier 2026. Les élus ont aussi voté en faveur d’une vérification judiciaire afin de mieux comprendre les circonstances ayant conduit la municipalité dans sa situation financière actuelle.

La réunion municipale, plus courte qu’à l’habitude, avait pour objectif premier de ratifier une entente récemment proposée par la province, laquelle proposait une aide financière supplémentaire de 600 000 $, s’ajoutant aux 300 000 $ du mois d’août dernier, et la proposition d’un audit.

Après vérification auprès de Toronto, la greffière a précisé qu’il ne s’agissait pas d’un audit financier, mais d’un audit administratif et organisationnel, entièrement payé par la province, visant à dresser un portrait complet de la municipalité et à recommander des mesures pour prévenir de futurs problèmes financiers.

Cependant, plusieurs élus ont souligné le besoin d’une vérification financière indépendante plus approfondie pour identifier les erreurs ou irrégularités passées.

« Nous payons pour des erreurs du passé, et les contribuables méritent de savoir exactement ce qui s’est passé », a expliqué la conseillère Priscilla Marcoux qui fut la voix la plus forte pour demander cette vérification judiciaire.

« L’argent que nous étions censés utiliser pour le pont… où est-il passé? Je ne sais pas. Je suis sûr qu’il y a d’autres choses de ce genre que, en tant que conseiller, je ne connais pas », a lancé de son côté le conseiller Pierre Lamontagne.

Madeleine Tremblay, mairesse de Fauquier-Strickland, n’a pas montré de grand intérêt pour cette initiative : « Je ne suis pas exactement sûre où cela nous mènerait. Je ne dis pas que j’ai peur ou quoi que ce soit d’une vérification judiciaire, mais je ne suis pas prête à en payer le coût ».

Aux frais de la province

L’élue a ajouté que la province a déjà regardé les documents financiers de la municipalité et que s’ils avaient trouvé une anomalie, ils auraient eux-mêmes proposé une vérification judiciaire.

La conseillère Marcoux a alors rétorqué qu’ils ne pourraient pas le savoir sans en conduire une, tout en ajoutant que « s’il n’y a jamais eu de demande officielle du conseil pour obtenir cette vérification financière – je sais qu’une pétition a été envoyée au gouvernement pour cet audit au nom des contribuables – pourquoi le conseil ne pourrait-il pas faire de même et le demander? »

Selon elle, prendre le risque de ne pas demander un audit de ce type, lequel était attendu depuis plusieurs années, immédiatement pourrait rendre impossible de le réaliser plus tard et laisser perdurer des zones d’ombre sur la gestion financière de la municipalité.

Les conseillers se sont toutefois accordés pour dire qu’ils ne souhaitent en aucun cas que ce soit la municipalité qui ait à payer la facture.

Une motion a alors été amenée pour demander au ministère de réaliser une vérification judiciaire complète, distincte de l’audit provincial et entièrement financée par la province, laquelle a été adoptée par l’ensemble des conseillers.

De strictes conditions

Les élus ont aussi officialisé l’aide financière d’urgence maximale à 900 000 $ dont la date de l’accord a été étendue de trois mois, passant du 31 octobre 2025 à la fin du 31 janvier 2026.

Ce financement est subordonné à un respect strict des dispositions de l’accord. Le ministère des Affaires municipales et du Logement effectuera essentiellement un examen a posteriori de tous les coûts mensuels pour s’assurer que si la municipalité rencontre des difficultés à honorer ses obligations, le ministère interviendra.

Parmi les autres exigences pour démontrer que la municipalité est sur la bonne voie : le conseil doit suivre d’ici la fin de l’année une formation sur les fondements des finances municipales et adopter une politique budgétaire d’ici la fin du mois de décembre, et déposer un budget avant le 30 avril 2026.

Cette politique devra assurer la transparence envers les citoyens, avec la présentation des budgets et leur consultation tout au long du processus décisionnel.

La province s’est aussi engagée à faciliter les discussions avec des prêteurs potentiels concernant un prêt en capital pour régler certains des projets historiques qui ont conduit à la crise financière actuelle.

« C’est un soutien essentiel pour que la municipalité puisse continuer à offrir ses services essentiels, tout en respectant ses obligations financières », a déclaré la mairesse, qui a exprimé son soulagement de voir la province rester aux côtés de la municipalité dans cette période difficile. 

Le conseil prévoit également rédiger une lettre de remerciement au ministre Robert J. Flack pour son appui.

Vers une meilleure gestion financière

Le conseil a par ailleurs approuvé le plan de travail de l’administration pour novembre 2025, qui couvre les finances, le greffe, l’administration et la gestion générale, y compris les heures et coûts estimés. 

Les élus ont confirmé que les dépenses prévues restent dans le budget mensuel et visent à stabiliser la municipalité à court terme, d’ici janvier et février, avant d’aborder une vision à plus long terme pour la prestation des services.

« Je suis confiante que nous commencerons l’année avec un projet de budget en janvier et que nous serons en assez bonne posture. Nous ferons en sorte que cela satisfasse la province », a fait savoir la greffière.

Par ailleurs, le conseil a fait le point sur le personnel et les opérations : le chef d’équipe des Travaux publics commencera lundi, un poste d’opérateur d’équipement est en cours de recrutement, le poste de bureau suscite de l’intérêt et le site d’enfouissement retrouvera des heures normales grâce à un nouvel employé. 

Un appel pour les services de conciergerie sera lancé prochainement, avec une aide provisoire déjà assurée.

La Ville d’Ottawa crée un nouveau fonds pour soutenir ses grands festivals

OTTAWA – La Ville d’Ottawa, en partenariat avec Tourisme Ottawa, mettra en place un Fonds des grands festivals qui pourrait apporter jusqu’à un million de dollars par année aux festivals ayant un fort impact touristique et économique dans la capitale. Le programme d’une durée de deux ans doit encore recevoir l’approbation budgétaire.

L’annonce a été faite mercredi à l’hôtel de ville par le maire Mark Sutcliffe, dans le cadre du Sommet des festivals d’Ottawa, qui a réuni organisateurs, producteurs d’événements, partenaires communautaires et responsables municipaux.

Le Fonds des grands festivals octroiera un montant supplémentaire d’un million de dollars par année aux festivals ayant le plus fort impact touristique et économique, selon la Ville.

« Ottawa est une ville de festivals. C’est incroyable de voir que nous avons plus de festivals par habitant que n’importe quelle autre municipalité du Canada. Ces festivals améliorent la qualité de vie, attirent les touristes et favorisent l’activité économique. Ce nouveau soutien fera en sorte que nos prestigieux festivals continuent à prendre de l’envergure et à connaître le succès », a déclaré M. Sutcliffe.

Le Sommet a également permis l’adoption d’un énoncé de vision collective, visant à renforcer les partenariats entre la Ville, les festivals et la communauté, en reconnaissant la valeur culturelle, sociale et économique des événements.

« La langue ne présentera pas une barrière »

L’enveloppe budgétaire sera administrée par Tourisme Ottawa, qui élabore actuellement les critères d’admissibilité du programme.

Selon Jérôme Miousse, directeur des affaires publiques de l’organisme, « toute organisation qui répondra à ces critères sera la bienvenue à soumettre une demande et nous pouvons confirmer que la langue ne présentera pas une barrière à celles-ci ».

L’argent proviendra d’une augmentation proposée de 1 % de la taxe municipale sur l’hébergement, qui cible les hôtels et autres établissements touristiques.

« Tourisme Ottawa soutient fièrement la réussite et l’essor continus de nos festivals générateurs de tourisme, contribuant ainsi à la prospérité économique de notre ville et à la qualité de vie des résidents et visiteurs », a souligné Michael Crockatt, président-directeur général de l’organisme.

Du côté des organisateurs, la réaction est positive. Tara Shannon, directrice générale du Réseau des festivals d’Ottawa, a salué cette initiative qu’elle perçoit comme une reconnaissance de l’impact des festivals sur la vie culturelle et économique de la ville. « C’est une formidable avancée pour notre secteur et nous sommes reconnaissants de cet engagement à aider nos festivals à prospérer », a-t-elle déclaré.

Le projet de loi 33, qui ébranle les conseils scolaires, passe en force

TORONTO – Le projet de loi 33 qui donne plus de pouvoir au ministre de l’Éducation, notamment la possibilité de prendre le contrôle des conseils scolaires, a été adopté, malgré la vive contestation des partis d’opposition et un front de résistance de la part de professionnels de l’éducation, syndicats et parents. Ils dénoncent un pouvoir centralisé, de même qu’une tentative de « diversion » de la part du gouvernement pour blâmer l’état des écoles sur les conseillers scolaires.

La majorité du gouvernement Ford l’a emporté pour faire adopter la Loi de 2025 sur le soutien aux enfants, aux élèves et aux étudiants à 74 voix contre 40.

La cheffe de l’opposition officielle Marit Stiles a, elle, été expulsée de la chambre quelques minutes plus tôt, après avoir qualifié le gouvernement Ford de « corrompu » et refusé de retirer ses propos.

En mai dernier lors du dépôt du projet de loi 33, Paul Calandra, le ministre de l’Éducation, avait invoqué la mauvaise gestion de certains conseils scolaires anglophones mis sous supervision pour justifier la nécessité de renforcer : « la supervision du gouvernement ainsi que la responsabilité et la transparence des conseils scolaires publics, de l’éducation postsecondaire et des sociétés d’aide à l’enfance. »

Une annonce qui s’était attiré les foudres des conseils scolaires et des syndicats, et qui s’est intensifiée ces dernières semaines. Les partis d’opposition dénoncent une tentative de diversion de la part du gouvernement pour blâmer l’état du système scolaire public sur les conseils scolaires, et non sur le manque de moyens alloués à l’éducation.

La veille, lors d’une conférence de presse « d’urgence » organisée par le NPD, regroupant parents, groupes de défense et syndicats, la cheffe néo-démocrate Marit Stiles dénonçait une centralisation du pouvoir à Toronto, pas représentative des besoins des écoles des localités ontariennes.

Marit Stiles en conférence de presse à la veille du vote en 3e lecture, aux côtés de la députée Chandra Pasma (à sa droite), pour dénoncer le projet de loi 33 avec des parents, des professionnels et des syndicats du secteur de l’éducation. Photo : Sandra Padovani/ONFR

« Il est très clair que personne ne veut de ce projet de loi. Les conseillers scolaires ne veulent pas perdre leur voix au sein de leurs écoles. Ils veulent du financement pour répondre aux défis dans les salles de classe », avait ajouté la députée Chandra Pasma (Ottawa-Ouest-Nepean), porte-parole de l’opposition en Éducation.

Elle avait souligné le fait que le ministre ait déjà à sa disposition tous les outils pour mettre les conseils scolaires sous surveillance.

« De plus, les nouveaux superviseurs qu’il veut mettre en poste ne sont pas qualifiés en éducation et leurs décisions ne pourront pas être challengées en justice », avait alarmé celle-ci.

Révélé dans les médias, leur salaire à hauteur de 350 000 dollars par an constitue également un autre point de contention.

Une des revendications des partis d’opposition concerne également le manque de moyens pour les enfants aux besoins particuliers : « Nous n’avons pas assez de personnel, d’aide aux enseignants, de travailleurs spécialisés et de travailleurs en santé notamment pour les enfants atteints d’autisme. Il n’y a rien de tel dans le projet de loi 33. Vous ne prenez pas soin de la santé mentale de nos enfants », avait accusé en débat John Fraser, chef parlementaire du Parti libéral.

« Vous ne pouvez pas aller de l’avant avec des changements comme ça. Les francophones ne les accepteront pas. On a travaillé trop fort pour avoir nos conseils scolaires francophones indépendants », avait tempêté en chambre France Gélinas.

La communauté francophone avait en effet tiré la sonnette d’alarme, craignant pour l’autonomie des conseils scolaires et les droits constitutionnels des Franco-Ontariens.

Bien que le ministère de l’Éducation ait confirmé que les conseils francophones et catholiques anglophones sont protégés par la Constitution (contrairement aux conseils anglophones publics), Paul Calandra avait néanmoins affirmé que s’ils « sortaient des rails », il n’hésiterait pas à intervenir et à prendre le contrôle.

Toronto francophone : le combat pour faire vivre les événements

Organiser un événement en français à Toronto relève parfois du parcours du combattant. Entre une communauté dispersée, des budgets limités et le défi constant de rejoindre le public, comment les organisateurs s’y prennent-ils? Et en contrepartie, qu’est-ce qui motive réellement les festivaliers à se déplacer?

Casselman : les élus francophones rejettent l’obligation de traduire tous les rapports municipaux

L’obligation de produire tous les rapports administratifs en français et en anglais a été rejetée mardi soir par le Conseil municipal de Casselman. La motion, défendue par la mairesse, anglophone, a été repoussée par la majorité des conseillers, francophones.

Le vote survient après le dépôt d’un rapport détaillant les impacts sur l’administration municipale de produire tous les rapports administratifs dans les deux langues officielles.

« Nos citoyens anglophones paient des taxes. Ils ont droit, comme les francophones, d’accéder aux documents du Conseil dans leur langue », a plaidé la mairesse, invoquant la Charte canadienne des droits et libertés.

La mairesse a rappelé que sa proposition s’inscrit dans la continuité d’un avis de motion présenté en mai dernier par le conseiller Paul Groulx, visant à permettre aux citoyens d’obtenir une réponse dans la langue utilisée lorsqu’ils s’adressent au Conseil. Cette initiative avait déjà provoqué un débat particulièrement tendu entre la mairesse et plusieurs élus.

Lors de la séance de mardi, elle a réitéré l’importance d’offrir les documents du Conseil dans les deux langues officielles, estimant que citoyens et élus doivent pouvoir les lire avant de poser des questions.

Le conseiller Groulx a de son côté rétorqué que les documents écrits ne relèvent pas de la même dynamique que les échanges verbaux.

« Quand les rapports sortent le jeudi, les gens doivent pouvoir les lire. Ils peuvent ensuite appeler à l’hôtel de ville pour poser des questions, mais ce n’est pas la même chose qu’un échange un à un », a-t-il affirmé, confiant être lui-même obligé de lire des rapports en anglais, alors qu’il aimerait mieux les lire en français.

Une charge accrue dans plusieurs services

Les élus ont exprimé des inquiétudes quant à la capacité de la municipalité à assumer une telle obligation.

« Nous ne sommes pas la Ville d’Ottawa qui a un système de communication de plusieurs personnes »,
— Paul Groulx conseiller municipal

« Nos directeurs ont déjà la charge pleine. Imposer la traduction complète exigerait plus de personnel et de ressources que nous n’avons pas », a-t-il ajouté.

Paul Groulx, conseiller à Casselman, s’est opposé à l’obligation de traduire tous les rapports administratifs. Gracieuseté

Selon le rapport présenté au Conseil, la production systématique de documents bilingues ajouterait 4 à 5 jours ouvrables au processus d’approbation en raison des étapes supplémentaires de traduction et de validation linguistique. Certains rapports pourraient même être reportés à une séance ultérieure, ralentissant la prise de décision du Conseil.

Le document souligne également que la majorité des directeurs de service ne disposent d’aucun soutien administratif et devraient traduire eux-mêmes leurs documents, au détriment de dossiers prioritaires. Le service du greffe verrait aussi sa charge de travail augmenter en raison de la coordination et de la validation linguistique.

Le rapport rappelle enfin que l’année 2026 sera particulièrement exigeante pour la municipalité, avec les élections municipales, le déménagement de l’hôtel de ville, et une charge accrue dans plusieurs services.

La piste technologique

Le rapport indique que des outils d’IA gratuits (comme Copilot) peuvent soutenir l’administration, mais recommande plutôt une solution spécialisée (comme DeepL), plus fiable pour la traduction administrative et capable de conserver le format des documents.

Coût estimé : 450 $ par utilisateur par année, soit 4050 $ pour les 9 directeurs de service.

Par ailleurs, l’administration municipale souligne que depuis l’entrée en vigueur du nouveau formulaire de service à la clientèle, en juin 2024, aucune plainte liée à la langue des rapports n’a été reçue. Un sondage mené entre février et avril 2025 n’a relevé aucun commentaire concernant la langue des documents du Conseil, ajoute-t-on.

Parmi les huit municipalités des Comtés unis de Prescott et Russell, quatre publient systématiquement leurs rapports dans les deux langues officielles : Russell, Hawkesbury, Champlain et La Nation.

La municipalité de Casselman rappelle qu’un grand nombre de documents sont déjà disponibles en français et en anglais, notamment les ordres du jour et procès-verbaux, les règlements de procédure, le site internet municipal, les publications médiatiques et les offres d’emploi. Il en va de même pour le budget, le plan stratégique et ses mises à jour, les bulletins d’information et les documents électoraux, entre autres.

Soccer : Florence Belzile, une première saison professionnelle prometteuse malgré une fin crève-cœur

OTTAWA – Un peu plus d’une semaine après une élimination en demi-finale de la Super Ligue du Nord (SLN) en tirs au but, Florence Belzile, l’attaquante du CF Rapide d’Ottawa revient sur une première saison professionnelle positive, qui l’a malgré tout laissée sur sa faim.

Il a fallu plusieurs jours à Florence Belzile et à ses coéquipières du CF Rapide d’Ottawa pour digérer l’élimination en demi-finale de la première saison de la SLN. Après un parcours solide conclu au deuxième rang du classement général, la défaite face à Vancouver (1-2, 2-1 puis défaite 4-3 aux tirs au but) a mis fin à une aventure aussi intense qu’enrichissante pour la jeune formation ontarienne.

« C’était très, très difficile après la demi-finale, confie la jeune attaquante de 21 ans. On était tellement proches de la finale. Tout le travail d’équipe qu’on avait accompli pendant la saison… ça nous a vraiment frappées. Mais, après coup, on s’est dit qu’on était fières de nous. Finir deuxièmes de la Ligue pour une première saison, c’est un très bel accomplissement. »

Un groupe compétitif dès la première année

Pour Ottawa, cette première saison dans la nouvelle ligue professionnelle féminine canadienne aura surtout servi à poser les bases d’une identité de jeu forte et d’un esprit collectif solide. L’équipe a rapidement trouvé son rythme, enchaînant les performances convaincantes.

« On a eu une belle saison et on est prêtes à bâtir là-dessus pour la prochaine »
— Florence Belzile

« En général, c’était super positif, pas seulement pour moi, mais pour toute l’équipe, explique la joueuse québécoise. On a eu quatre filles dans l’équipe étoile de l’année, c’est immense. On a eu la défenseure de l’année (Jyllissa Harris), l’attaquante et joueuse de l’année (DB Pridham). Ça montre à quel point on avait un bon groupe. »

Cette reconnaissance symbolise la qualité de la structure mise en place à Ottawa.

Une adaptation rapide au monde professionnel

Pour Florence Belzile, cette première saison avait une saveur particulière. Sortie des rangs universitaires américains, elle découvrait le monde professionnel pour la première fois. Son intégration s’est faite progressivement, entre apprentissage, ajustements et premières réussites.

« C’était ma première année pro, donc j’ai beaucoup appris. Je suis arrivée un mois et demi après le début de la saison parce que je venais de terminer mes études. Je n’ai pas fait la présaison, donc j’ai eu un petit retard à rattraper », explique-t-elle.

Florence Belzile a fait partie du 11 partant à neuf reprises cette saison. Photo : CF Rapide d’Ottawa

Malgré cela, l’athlète de Chicoutimi a cumulé plus de 800 minutes de jeu et neuf titularisations, inscrivant deux buts et délivrant deux passes décisives.

« C’est sûr que j’aurais aimé jouer un peu plus, mais pour une première saison, j’ai acquis énormément d’expérience. J’espère augmenter mon temps de jeu et avoir un rôle plus important l’an prochain », précise-t-elle.

Son adaptation au rythme du jeu professionnel a demandé un petit temps d’ajustement.

« L’universitaire et le pro, c’est très différent. C’est plus technique, plus rapide, et il faut réfléchir encore plus vite. Au bout d’un mois, je me suis sentie à l’aise. Après ça, tout a cliqué. »

Apprendre à dominer sans le ballon

Florence Belzile identifie surtout un aspect précis de son jeu sur lequel elle a énormément progressé : sa mobilité et sa lecture sans ballon.

« Mon mouvement sans la balle, c’est là que j’ai le plus progressé, explique-t-elle. Comment me placer, anticiper, créer des espaces, aider défensivement. C’est technique, mais c’est ce qui fait la différence à ce niveau. »

Joueuse offensive à vocation créatrice, elle espère retrouver la même efficacité que lors de ses années universitaires, où elle avait compilé 17 passes décisives lors de sa troisième saison.

« J’aime trouver mes coéquipières, créer des occasions. Deux buts et deux passes cette année, ce n’est pas à la hauteur de mes standards, donc je veux vraiment contribuer davantage à l’attaque l’an prochain. »

Une défaite au goût amer, mais pleine d’enseignements

La défaite en demi-finale face à Vancouver reste le seul vrai regret de la saison. Ottawa menait pourtant un projet solide et semblait capable d’aller jusqu’au bout.

« Voir Vancouver gagner, ça fait un peu mal, mais en même temps, on se dit qu’on a perdu contre les championnes, souligne Belzile. Et honnêtement, contre Toronto, j’étais confiante qu’on aurait gagné. On joue toujours très bien contre elles. »

Florence Belzile et les Ottaviennes étaient à deux doigts de rejoindre Toronto en finale, une équipe qui leur a bien réussi cette saison. Photo : CF Rapide d’Ottawa

Malgré la frustration, l’attaquante retient surtout la cohésion du groupe et la promesse d’un avenir stable. Selon elle, le noyau principal de l’équipe devrait être conservé pour la deuxième saison.

« Il y aura sûrement quelques mouvements entre équipes, mais je pense qu’Ottawa gardera une grosse base de joueuses. On partage les mêmes valeurs et on veut revenir encore plus fortes. »

Un impact durable pour le développement du soccer féminin

Au-delà de sa saison personnelle, Florence Belzile insiste sur l’importance de la SLN pour la visibilité et le développement du soccer féminin au Canada. Pour la joueuse comme pour plusieurs observateurs, la création de cette ligue change profondément le paysage du sport au pays.

Avant, les joueuses canadiennes devaient souvent s’expatrier vers les États-Unis ou l’Europe pour évoluer à un haut niveau. Désormais, elles peuvent jouer et se développer au Canada, devant leurs proches et avec une structure professionnelle stable. Ce nouveau modèle devrait contribuer à faire grandir le sport et renforcer le bassin de l’équipe nationale à moyen terme.

Une Québécoise pleinement adoptée par Ottawa

Originaire d’une famille québécoise mais installée depuis plusieurs années dans la capitale, Florence Belzile représente parfaitement ce lien entre les communautés francophones d’Ottawa et du Québec.

« Je dirais que je suis plus québécoise, mais j’ai vécu à Ottawa pendant cinq ans. Pour les fans, franco-ontariennes, ça marche aussi, ça me va très bien », dit-elle en riant.

Elle passera d’ailleurs l’hiver à Montréal, où elle poursuivra son entraînement avec le programme Starting Eleven avant de retrouver Ottawa au printemps.

« C’est sûr qu’on repartira avec encore plus d’expérience et de confiance. On sait maintenant à quoi s’attendre. La base est solide, et on a faim de plus », conclut-elle.

Projet pilote : des travailleurs sociaux sillonnent le métro de Toronto

TORONTO – Depuis samedi dernier, une vingtaine d’intervenants sillonnent la ligne 1 du métro de Toronto pour répondre aux appels de détresse et aux situations de crises. Il s’agit d’un projet pilote lancé par la Commission de transport de Toronto (CTT) en collaboration avec le Service de crise communautaire de Toronto (SCCT), qui prévoit d’ailleurs des interventions en français.

À l’approche de l’hiver, la mission du Service de crise communautaire de Toronto (SCCT) s’étend désormais au réseau de transport en commun. Le SCCT précise d’ailleurs que ces services sont ouverts à « tout le monde », c’est ce qu’explique Nicolas Shink, employé au Centre de crise Gerstein et qui travaille pour le service communautaire.

Aider rapidement tout en limitant les perturbations du service, tel est l’objectif des travailleurs de ce projet pilote, spécialement formés pour assister les personnes vulnérables en crise et faire des interventions qui ne requièrent pas toujours l’intervention des policiers.

L’importance du français

Nicolas Shink, qui ne sera pas déployé dans le métro mais à proximité, se tiendra prêt à intervenir dans les stations souterraines lorsque des interventions en français seront nécessaires. Selon lui, utiliser la langue de son choix permet aux personnes en crise de décrire leur situation avec les mots justes : « La langue maternelle est l’outil le plus simple et le plus naturel pour connecter avec la personne, car c’est un outil qui aide à bâtir de la confiance pendant l’intervention », raconte-t-il.

La communication publique autour du projet se fait principalement en anglais, mais la TCCS assure que : « Les intervenants en situation de crise du TCCS sont multilingues et peuvent offrir des services dans différentes langues, dont le français ».

Le projet pilote touche les stations situées sur le segment en « U » de la ligne 1 pour le moment. Photo : Archives ONFR

D’après la ville de Toronto, entre janvier 2022 et juin 2025, les agents spéciaux de la CTT ont reçu un total de 3 811 appels de service concernant une personne en situation de crise, dont 36 % dans la zone U de la ligne 1. Ce sont donc au total, les 15 stations de cette zone spécifique qui sont identifiées dans le projet pilote et où les intervenants surveilleront les demandes en temps réel.

La Commission rappelle que les intervenants du SCCT ne resteront pas stationnaires, ils seront déployés en fonction de la demande. En pratique, il s’agira pour les passagers d’utiliser l’application SafeTTC pour alerter le personnel ou en composant le 211 ou 911.

Vigilance et rapidité au cœur de l’expérience

Prenant lui-même part aux déploiements en cas de besoin, Nicolas Shink raconte que le manque d’endroits pour se réchauffer à Toronto pousse les personnes dans le besoin à se réfugier dans les wagons du métro durant l’hiver.

Originaire de Québec, Nicolas Shink est l’un des travailleurs sociaux francophones du Centre de crise Gerstein à Toronto. Photo : Gracieuseté

Le SCCT est appuyé par quatre organismes communautaires, dont le Centre de crise Gerstein qui, de ce fait, joue un rôle majeur dans le déploiement du projet pilote.

« Parfois on voit des personnes pleurer dans le métro et c’est d’avoir une présence pour y soutenir les personnes qui en ont besoin », dit l’intervenant. « Peu importe le besoin, on va essayer d’y répondre », poursuit-il. Formés indépendamment de la CTT, ces agents du SCCT fondent leur intervention sur l’établissement d’un lien de confiance avec les personnes pour mener à bien leurs missions. Dépendamment de la situation et de l’emplacement, les intervenants en crise auront la possibilité d’être déployés en l’espace de quelques minutes, annonce la CTT.

La prochaine phase du projet pilote

Pour le moment, les interventions couvrent uniquement les stations situées sur le segment en « U » dans la ligne 1, avec les services d’urgence habituels présents sur le reste du réseau. En respect de son mandat, le SCCT tient à limiter les interventions policières et à jouer l’intermédiaire entre l’autorité et les citoyens, car : « La vue de l’uniforme peut perturber certaines personnes », conclut M. Shink.

Dans d’autres cas, lorsque les équipes ne parviendront pas à répondre aux besoins, ces dernières se chargeront de diriger les personnes en crise vers les services adéquats. La suite du projet, dont la forme n’a pas encore confirmé par la CTT, sera déterminée selon les résultats de ce projet pilote. L’évaluation sera basée sur la quantité d’appels, le nombre d’interventions policières évitées, ainsi que l’avis des passagers et si le service métropolitain demeure inaffecté.

Article écrit avec les informations de Abigail Alves Murta.

Près d’un million de dollars pour de la main-d’œuvre bilingue dans le Sud de l’Ontario

Trois organisations francophones du Sud de la province bénéficieront de près d’un million de dollars du fédéral pour la formation et l’appui à de la main-d’œuvre bilingue dans la région.

Evan Solomon, le ministre responsable de l’Agence fédérale de développement économique pour le Sud de l’Ontario (FedDev Ontario) a annoncé lundi par communiqué une ronde de financement pour des organismes de la région des Mille-Îles et de Windsor.

La Fédération des gens d’affaires francophones de l’Ontario (FGA) recevra 350 000 dollars au cours des deux prochaines années pour aider près de 200 entreprises de Windsor et du Sud-Ouest de l’Ontario. Ce financement servira à offrir des services aux entreprises et aux entrepreneurs francophones, en améliorant l’accès aux services actuels dans l’écosystème, en plus de favoriser la création de nouvelles opportunités économiques.

« La FGA pourra aider encore plus d’entrepreneurs francophones dans le sud de la province, en leur offrant gratuitement du mentorat, des conseils personnalisés, ainsi que des possibilités de formation et de réseautage en français », soutient son président Dominic Mailloux, dans ce communiqué.

Dominic Mailloux, président du Club canadien et de la FGA. Photo par // Photagonist.ca

Le Collège Boréal obtiendra 600 000 dollars « pour offrir de la formation et des voies d’accès à l’emploi aux nouveaux arrivants et aux entrepreneurs francophones de Windsor et du Centre-Sud-Ouest de l’Ontario ».

« Grâce à l’investissement de FedDev Ontario, cette formation certifiée contribuera à accélérer le développement économique en renforçant les compétences des entrepreneurs locaux et en facilitant l’intégration de ceux nouvellement arrivés dans notre région », souligne Carole Nkoa, vice-présidente au Collège Boréal.

Finalement, l’Association canadienne-française de l’Ontario, Conseil régional des Mille-Îles (ACFOMI) soutiendra jusqu’à 12 entreprises dans les secteurs du tourisme, du développement durable et des services via un financement de 103 000 dollars.

« Ce financement crée un pont entre les employeurs anglophones et les talents francophones. Le projet favorisera des milieux de travail plus inclusifs et ouvrira la voie à un meilleur accès aux services en français dans la région », a indiqué Laurianne Montpetit, directrice générale de l’ACFOMI.

Ces trois initiatives seront financées dans le cadre du Plan d’action pour les langues officielles 2023-2028, qui compte près de 30 millions de dollars pour des mesures d’aide de nature économique.

« Ces projets permettront non seulement de mettre en relation les travailleurs francophones avec des emplois et des occasions entrepreneuriales significatives, mais ils aideront également les entreprises à accéder à de nouveaux talents et à prospérer dans les deux langues officielles », a souligné le ministre Evan Solomon.

Le projet de loi sur la protection des librairies franco-ontariennes est rejeté

Le projet de loi 58 pour la protection des librairies franco-ontariennes a été rejeté ce matin à Queen’s Park avec 70 votes contre et 37 en faveur. Lors du dernier débat pour le passage en seconde lecture, le gouvernement avait indiqué qu’il ne le soutiendrait pas « dans sa forme actuelle », notamment à cause du cadre réglementaire : les institutions financées par des fonds publics auraient, entre autres, eu l’obligation de se procurer leurs livres auprès de ces librairies francophones.

Avec la disparition de neuf librairies franco-ontariennes en l’espace de quelques années, passant de 12 à trois, la députée d’Ottawa-Vanier Lucille Collard souhaitait proposer « des solutions concrètes pour renverser la tendance », avait-elle affirmé.

Il s’agissait d’ouvrir la voie à une législation unique en Ontario (inspirée d’une loi québécoise) visant à protéger et assurer la survie des librairies franco-ontariennes incluant : la création d’une accréditation, l’obligation pour les institutions financées par les fonds publics de s’approvisionner auprès de celles-ci, la nomination d’un registrateur des librairies franco-ontariennes, ou encore la création d’un fonds de soutien provincial afin d’aider ces librairies à moderniser et à maintenir leurs activités.

En débat, le 6 novembre dernier, le député d’Essex Anthony Leardi avait annoncé en français que le gouvernement ne soutiendrait pas le projet de loi lors du prochain vote :

« Notre gouvernement reconnaît l’apport des librairies à la communauté et demeure fermement engagé à soutenir les francophones et leurs institutions (…) Mais notre responsabilité est aussi de mesurer, avec rigueur, les effets d’une loi sur l’ensemble de l’écosystème. »

« Après examen attentif, nous ne pouvons pas appuyer le projet de loi 58 dans sa forme actuelle (…) Parce qu’il substitue une logique de réglementation et de contrainte à une approche de partenariat et d’autonomisation des institutions. »

Le Franco-Ontarien Stéphane Sarrazin (Glengarry-Prescott-Russell) avait lui aussi pris la parole au nom du gouvernement, saluant tout d’abord l’engagement de la députée Collard envers la culture franco-ontarienne.

« Nous partageons cet attachement. Nous savons que les librairies franco-ontariennes sont des espaces de vie, d’identité et de mémoire. Elles font partie de ce tissu culturel qui unit notre société franco-ontarienne. »

Il avait néanmoins pointé du doigt un manque de « modernité, souplesse et concertation », comme raisons pour lesquelles le gouvernement ne pouvait pas appuyer le projet de loi dans sa forme actuelle.

De justifier : « Refuser le projet de loi 58 ne signifie pas refuser la culture, c’est refuser de la figer. Nous choisissons une francophonie vivante, ouverte et collaborative. »

Une conversation qui restera ouverte?

En sortie de chambre après le vote, Mme Collard a dit espérer une proposition de la part du gouvernement.

« Le gouvernement a voté contre le projet de loi. S’ils n’aiment pas ma proposition, j’espère qu’ils s’en inspireront pour la leur. Si on ne fait rien, les librairies franco-ontariennes vont se faire manger par les entreprises multinationales, même les entreprises québécoises qui elles sont protégées au Québec et qui sont en mesure de proposer des rabais, ce que nos librairies ne peuvent pas faire », déplore-t-elle.

Celle-ci confirme qu’elle continuera à dialoguer avec le gouvernement à ce sujet, notamment avec la ministre Caroline Mulroney : « Proposer une solution législative pour venir protéger nos librairies, c’est tout à fait dans le mandat de la ministre des Affaires francophones à travers le Loi sur les services en français (LSF), qui prévoit qu’elle soit responsable de faire la promotion des entreprises franco-ontariennes. »

Côté gouvernement, « nous souhaitons garder ce dialogue ouvert, avec la députée et avec l’ensemble du milieu, afin d’explorer des avenues concrètes et durables », s’était engagé oralement le député progressiste-conservateur Anthony Leardi.

Plusieurs députés de l’opposition, présents lors du dernier débat avaient, eux, appuyé le projet de loi de la députée libérale, dont la néodémocrate France Gélinas : « Le projet de loi est pour moi bien pensé. On veut acheter en Ontario et c’est exactement ce dont il est question ici. Avec la perte des trois quarts des librairies francophones, est-ce si dur de voter pour la survie des Franco-Ontariens? », avait-elle questionné.

« Les librairies francophones sont importantes en Ontario, car elles soutiennent et font rayonner la culture franco-ontarienne en offrant un accès à des livres en français (…) Elles contribuent ainsi à la préservation et à la vitalité de la langue, ainsi qu’à l’identité culturelle dans la province », avait commenté la députée de Nickel Belt auprès d’ONFR.

En chambre, le député libéral Ted Hsu (Kingston et les Îles) avait argumenté en français, en faveur de l’initiative : « Le projet de loi est d’intérêt public. Notre loi sur les services en français nous oblige à promouvoir l’épanouissement de la communauté dont la culture en est un des socles. Ce projet de loi ancre ces investissements dans nos communautés, sans quoi les budgets (alloués aux livres) des écoles continueront à quitter la province. »

Décès de Rolande Faucher, bâtisseuse franco-ontarienne

OTTAWA – Rolande Faucher, ancienne présidente de l’Association canadienne-française de l’Ontario (ACFO) et figure incontournable de la défense des droits linguistiques, est décédée samedi à l’âge de 84 ans. Militante, consultante et auteure, elle laisse derrière elle plus de cinq décennies d’engagement pour la vitalité des francophones de l’Ontario.

Née à Ottawa en 1941, Rolande Faucher s’est rapidement imposée comme l’une des voix les plus constantes de la francophonie ontarienne. 

Après avoir longtemps vécu à Kapuskasing, dans le nord ontarien, Mme Faucher s’installe à Orléans et assume la direction de l’ACFO de 1988 à 1990, période pendant laquelle elle contribue à consolider le rôle politique et communautaire de l’organisme, à un moment charnière pour les droits linguistiques en Ontario.

Elle a ensuite présidé plusieurs institutions culturelles et éducatives, notamment le Mouvement d’implication francophone d’Orléans (MIFO), avec lequel son parcours restera indissociable

C’est sous sa direction que le centre a amorcé sa professionnalisation, lancé sa première planification stratégique et posé les bases de la construction du bâtiment qui deviendra l’un des piliers francophones d’Orléans.

« C’était une inspiration pour moi lorsque je me suis présentée comme députée »
— Mona Fortier

Elle s’est aussi impliquée au sein du Studio des jeunes d’Orléans et La Nouvelle Scène, renforçant l’ancrage des arts et de la culture françaises dans la région de la capitale nationale.

Réactions et témoignages

Les premières réactions ont rapidement afflué. « Elle a défendu le MIFO avec une conviction inébranlable et a toujours cru en son importance pour la vitalité francophone. Grâce à son leadership et à sa détermination, le MIFO est devenu un lieu incontournable qui continue, encore aujourd’hui, à servir des générations entières des tout-petits aux aîné.e.s », écrit l’organisme dans une publication sur les réseaux sociaux.

« C’était une inspiration pour moi lorsque je me suis présentée comme députée : je me suis inspirée de ses actions pour défendre et protéger la langue française », a réagi la députée libérale d’Ottawa-Vanier, Mona Fortier en entrevue avec ONFR.

« J’ai eu le privilège de la connaître depuis ma jeunesse et tout au long de ma vie adulte. C’était une femme très impliquée, une chercheuse et une activiste, qui savait exactement comment défendre la francophonie et aider notre communauté à prendre sa place. »

La députée fédérale Mona Fortier aux côtés de Rolande Faucher. Photo : Gracieuseté de Mona Forier

« Madame Faucher nous a offert, tout au long de sa vie, un modèle d’engagement public qui force l’admiration », peut-on lire dans une publication Facebook sur la page du Centre de recherche sur les francophonies canadiennes.

« Aujourd’hui, nous avons la chance d’apprécier les fruits de son engagement, notamment à travers la création de l’Université de l’Ontario français, la réouverture de l’Université de Sudbury, et la reconstruction du MIFO. Pour l’AFO comme pour moi personnellement, elle demeure un modèle de leadership et d’inspiration au service de la francophonie ontarienne », a déclaré, de son côté, le président de l’Assemblée de la francophonie de l’Ontario, Fabien Hébert.

Langues officielles et santé en français 

Son passage à la présidence du Conseil de l’éducation et de la formation franco-ontarienne, de 1993 à 1996, a aussi marqué les discussions sur la gouvernance scolaire en français, à une époque où les revendications pour des conseils scolaires homogènes prenaient de l’ampleur. Mme Faucher a aussi été membre du Comité consultatif sur les affaires francophones de l’Ontario de 2004 à 2009.

« Le départ de Rolande Faucher m’attriste beaucoup »
— Dominic Giroux

En parallèle de son rôle de militante, Rolande Faucher a offert son expertise comme recherchiste au Parlement canadien et comme consultante sur les langues officielles, la santé, la justice et la formation professionnelle. 

Elle a également siégé au conseil d’administration de l’Hôpital Montfort, durant les années turbulentes de la contestation judiciaire.

Plusieurs rapports qu’elle a dirigés, notamment sur le manque de professionnels de la santé francophones et les obstacles à l’accès aux services en français, demeurent des références dans le secteur.

« Le départ de Rolande Faucher m’attriste beaucoup (…) Mes premières interactions avec elle remontent à l’époque où l’on siégeait ensemble au conseil d’administration de Montfort, pendant la crise de SOS Montfort à la fin des années 90. Comme jeune leader franco-ontarien, j’étais inspiré par sa rigueur intellectuelle. Rolande était d’ailleurs membre honoraire de l’Association de l’Hôpital Montfort », a déclaré Dominic Giroux, président-directeur général de Montfort, dans une déclaration écrite à ONFR.

Et d’ajouter  : « J’ai hâte de lire le dernier legs auquel elle a contribué avant son départ, l’ouvrage sur l’histoire d’Orléans lancé il n’y a que quelques semaines. »

De gauche à droite : Dominic Giroux, PDG de Montfort; Estelle Ethier, cheffe de direction de l’Institut du Savoir Montfort; Rolande Faucher, François Charbonneau, Louise Bouchard, Michel Bock et Marcel Martel, à l’occasion du lancement de l’ouvrage Le moment Montfort dans la francophonie canadienne, à l’Université d’Ottawa en septembre 2024. Photo : Gracieuseté de Martin Sauvé

Auteure et gardienne de la mémoire franco-ontarienne

Rolande Faucher est aussi connue pour avoir signé la biographie Jean-Robert Gauthier : « Convaincre… sans révolution et sans haine », publiée en 2008. Cet ouvrage, qui lui a valu le prix Champlain en 2009, retrace le parcours de l’un des plus ardents défenseurs des droits linguistiques au Parlement canadien. 

Elle est également l’auteure du texte Pour une culture universitaire française pleine et entière en Ontario, qui plaidait pour une université autonome en français bien avant la création de l’Université de l’Ontario français.

Au cours de sa carrière, elle a reçu de nombreux honneurs, notamment l’Ordre du mérite de l’Association des juristes d’expression française de l’Ontario (AJEFO) en 1999, le prix Albert-Régimbald décerné par les centres culturels de l’Ontario (ACCO), le grade de Chevalier de l’Ordre de la Pléiade remis par l’Association parlementaire de la Francophonie (APF), ainsi que le Prix du Centre de recherche en civilisation canadienne-française de l’Université d’Ottawa en 2012.

En 2014, elle a été nommée membre honoraire du Réseau des services de santé en français de l’Ontario pour son rôle majeur dans l’évolution du secteur.

Selon l’avis de décès, une cérémonie en mémoire de Mme Faucher se tiendra le mardi 2 décembre 2025 à 13 h, au Centre commémoratif national Beechwood, situé au 280 avenue Beechwood à Ottawa.

Avec Tupqan, Ondinnok célèbre 40 ans de théâtre autochtone francophone

OTTAWA – Ondinnok, première compagnie de théâtre autochtone francophone au Canada, célèbre cette année son 40e anniversaire. Pour souligner l’événement, la troupe présente Tupqan | Nos territoires intérieurs, une nouvelle création qui sera d’abord dévoilée en avant-première au Centre national des Arts (CNA) du 20 au 22 novembre 2025, puis au Théâtre Duceppe à Montréal du 4 mars au 4 avril 2026.

La pièce est née du désir de rassembler des amis et artistes qui ont fait leurs débuts chez Ondinnok avant de créer leurs propres compagnies (Menuentakuan, AUEN et Duceppe).

« Je voulais une œuvre qui nous rassemble », explique le coauteur et directeur artistique Dave Jenniss, de la Nation Wolastoqiyik Wahsipekuk.

L’image du wampum, symbole ancestral d’unité entre les nations, s’est imposée naturellement. « Les perles du wampum représentaient chacun de nous. Je voulais tisser notre propre wampum collectif. Et le public, lui aussi, devient une de ces perles », dit-il.

À mi-chemin entre « thriller » politique et quête intérieure, Tupqan explore les thèmes de l’identité, de la réconciliation et de l’héritage culturel.

L’action se déroule dans la communauté fictive de Whitefish (Wapeyit-Nameha), bouleversée par le vol d’une ceinture wampum sacrée. « La disparition de l’objet plonge la communauté dans une zone sombre. Pour devenir chef, Polam, le héros, doit retrouver le wampum et faire un travail de vérité », résume M. Jenniss, qui a signé cette pièce avec Xavier Huard. Pour lui, l’histoire raconte surtout un parcours visant à « guérir ses blessures pour imaginer un avenir plus lumineux, pour soi et sa communauté ».

Hommage aux pionniers

Depuis sa fondation en 1985 par Yves Sioui Durand, Catherine Joncas et John Blondin, Ondinnok a longtemps développé un « théâtre de guérison » auprès de communautés vulnérables. 

Une approche qui continue de teinter ses créations. « On ne fait plus exactement ce type d’intervention, mais chaque œuvre demeure une forme de guérison, par la manière dont elle est créée et par les thèmes qu’elle porte. On souhaite que le public reparte avec quelque chose qui apaise », souligne-t-il.

Dave Jenniss, directeur artistique d’Ondinnok, co-signe Tupqan, une création célébrant 40 ans de théâtre autochtone francophone. Crédit image : Maxime Côté

Créer Tupqan, c’est aussi rendre hommage aux pionniers du théâtre autochtone contemporain : Yves Sioui Durand et Catherine Joncas, mais aussi des compagnies anglophones, comme Native Earth Performing Arts à Toronto ou Full Circle à Vancouver.

« Sans leur courage, ce théâtre autochtone n’existerait pas », dit-il.

La mise en scène est confiée à la performeuse et artiste multidisciplinaire Soleil Launière, qui apporte sa signature visuelle. De grandes draperies colorées, des chants, des mouvements et des éléments cérémoniels viennent nourrir un univers qui puise dans des traditions millénaires du théâtre autochtone.

« Parfois, quand les mots ne suffisent pas, le corps parle », souligne Dave Jenniss.

Membre d’Ondinnok depuis 2002, Dave Jenniss a occupé tous les rôles : comédien, auteur, observateur, metteur en scène. « Yves et Catherine ont été mes mentors. J’ai aussi étudié en Europe, ce qui m’a permis de forger ma vision tout en restant enraciné dans l’héritage mythologique et cérémonial », raconte-t-il. Directeur artistique depuis 2017, Tupqan marque la fin d’un cycle de huit ans. Il quittera la direction en mars 2026, tout en demeurant associé à la compagnie, pour se consacrer à la transmission de son savoir.

À travers cette pièce et son travail des dernières décennies, Ondinnok poursuit un même objectif : affirmer une présence.

« Nous voulons dire que nous avons toujours été là, même si on nous a mis de côté. Nos histoires existent. Perdre sa langue et son identité laisse des traces, mais on peut retrouver un chemin. Aujourd’hui, une nouvelle génération se lève, fière et forte », conclut-il.

La création est soutenue par le Fonds national de création du CNA, qui a investi plus de 15 millions de dollars dans des productions canadiennes depuis 2018. Une aide de 155 000 $ a permis à Ondinnok de développer un processus de recherche et de création, réunissant les talents autochtones d’aujourd’hui et de demain.

Emmanuelle Erny remporte le Prix du livre d’Ottawa

OTTAWA – C’est l’auteure Emmanuelle Erny qui remporte le Prix du livre d’Ottawa 2025, honorée pour son livre Charlotte au pays des mots aux Éditions L’Interligne. Cette œuvre de fiction nous plonge dans un univers personnifié de la langue française, où les mots, noms, adverbes ou encore adjectifs, sont des personnages. La cérémonie de remise de prix se déroule ce soir à 19h au Studio théâtre Les-Lye des Théâtres Meridian à Centrepointe.

Lancé en 1985, le Prix du livre d’Ottawa récompense le meilleur ouvrage publié en français au cours de l’année précédente, et c’est Charlotte au pays des mots d’Emmanuelle Erny qui est mis à l’honneur pour l’édition 2025.

Dans son roman, « à la manière d’Alice au pays des merveilles, Charlotte se retrouve aspirée par son livre de grammaire. Perdue dans ce monde étrange où les mots sont vivants, Charlotte doit négocier avec les verbes, les adverbes et les noms pour retrouver son chemin ».

Charlotte au pays des mots d’Emmanuelle Erny. Photo : gracieuseté

L’ouvrage propose une réflexion sur nos interactions avec les mots de la langue française à travers la protagoniste, Charlotte, qui, tombant dans son livre de grammaire, se retrouve au milieu d’un monde peuplé de mots devenus des personnages à part entière.

Décrite comme « une faiseuse d’histoires et une pédagogue » par sa maison d’édition L’Interligne, Emmanuelle Erny cumule plus de vingt ans d’expérience dans le domaine de l’éducation, où elle a travaillé autant en pédagogie qu’en formation bilingue pour adultes. Elle a notamment contribué à la conception de programmes de formation et au développement d’outils et supports d’apprentissage multimédias.

Résidant à Ottawa, elle occupe parallèlement le poste de directrice de l’apprentissage chez Competency Weaver.ai, une entreprise spécialisée dans le développement de solutions éducatives utilisant l’intelligence artificielle pour appuyer la reconnaissance des compétences et la création de parcours de formation adaptés.

Les autres finalistes dans la catégorie fiction en français étaient Margaret Michèle Cook avec La lumière de minuit, Monia Mazigh avec Histoires de racines, et Claire Ménard-Roussy avec Un lourd prix à payer.

Les lauréates des catégories anglophones sont Nina Berkhout pour This Bright Dust (fiction en anglais), publiée chez Goose Lane Editions, et Denise Chong pour Out of Darkness : Rumana Monzur’s Journey through Betrayal, Tyranny and Abuse, publiée chez Random House Canada (non-fiction en anglais).

La radio communautaire : un média de proximité qui stimulerait l’économie locale

« Faire valoir nos radios communautaires comme des moteurs économiques dans les milieux ruraux, c’est vraiment notre objectif », lance le président de l’Alliance des radios communautaires du Canada (ARC), Gary Ouellette, qui est lui-même directeur d’une station de radio.

« On aimerait être au même statut que le diffuseur national », poursuit-il.

«  Ces radios communautaires sont un point de repère dans les régions francophones pour leur langue et pour leur culture ».

Au nom de l’ARC, qui compte 28 autres membres à travers le pays, M. Ouellette profite du Mois de l’économie sociale et solidaire pour rappeler la contribution des radios communautaires dans le tissu économique.

Selon lui, « les radios ont su mettre les entreprises de leurs régions en avant, grâce à leurs médias, grâce à leurs réseaux sociaux et grâce à leurs personnalités publiques ».

Des ondes par et pour la communauté

Shawn Pitre travaille depuis plus d’un an comme coordonnateur à la station CFRH de Penetanguishene, qui offre une programmation en français.

« Dans le comté de Simcoe, séparer la communauté de la station radio est comme une impossibilité. C’est beaucoup plus fort qu’un lien », raconte-t-il.

Au moyen d’une programmation qui met les talents franco-ontariens de l’avant, ainsi qu’en engageant des bénévoles francophones et francophiles, Shawn Pitre positionne la station comme un phare pour la communauté francophone locale.

« Si une organisation à but non lucratif n’a pas le budget pour diffuser des annonces, on travaille tout de même avec elle parce qu’on veut renforcer les partenariats et les liens entre les individus. »

Shawn Pitre se réjouit également de constater que les médias communautaires francophones perdurent malgré la présence de grandes plateformes numériques.

« Ce qui est important aussi ce sont les différentes variantes régionales, les dialectes, etc. Avec cette philosophie, on travaille donc pour faire vivre tous les différents types de français ici », renchérit-il.

D’origine acadienne, Shawn Pitre s’est senti adopté par sa communauté dans le comté de Simcoe. Photo : Gracieuseté

Des élèves de l’École publique Saint-Joseph de Penetanguishene ont travaillé avec la station CFRH pour des projets collectifs locaux. Photo : Gracieuseté

Le coordonnateur de la station note que ses journalistes participent de plus en plus aux événements politiques locaux et à ceux du Mouvement des intervenants et des intervenantes en communication radio de l’Ontario (MICRO) pour faire valoir la voix de la communauté. Le MICRO est un organisme provincial qui chapeaute les cinq radios communautaires ontariennes. Les membres du MICRO, dont fait partie CFRH, entreprennent chaque année des projets avec des écoles francophones de la région.

Tenir les médias traditionnels en vie

Les radios commerciales tout comme les radios communautaires font face à une crise des médias en situation minoritaire qui amplifie les défis d’un réseau, déjà exposé au manque de ressources.

« On aimerait payer des salaires justes et garder nos employés »
— Gary Ouellette président de l’ARC

En effet, les subventions perçues en vertu de la loi sur les langues officielles ne couvrent pas entièrement les besoins réels des radios communautaires en situation minoritaire pour maintenir leur activité.

« On aimerait pouvoir parfaire nos équipements techniques et l’argent souvent n’est pas fait pour être dépensé pour des biens ou du matériel », déplore M. Ouellette.

Gary Ouellette (en vert) dirige la radio de Sommet FM au Nouveau-Brunswick et préside l’Alliance des Radios Communautaires (ARC).

Il y a quelques semaines, le Consortium des médias communautaires de langues officielles en situation minoritaire a publié un nouveau Livre blanc avec la participation de l’ARC, dans lequel la recherche confirme une utilisation non négligeable par la population des médias communautaires, tels que les journaux ou la radio.

« Ils (les gouvernements) sont conscients de notre force. Toutefois, ça ne se reflète pas toujours dans les subventions », martèle Gary Ouellette qui continue de faire valoir ses inquiétudes auprès des gouvernements.

Soccer SLN : Nyota Katembo veut « garder la coupe à la maison »

[ENTREVUE EXPRESS]

QUI :

Nyota Katembo est une joueuse de soccer canadienne d’origine congolaise, évoluant cette saison avec AFC Toronto dans la Super Ligue du Nord (SLN). Ancienne joueuse universitaire, elle a découvert cette saison le niveau professionnel au sein d’un effectif torontois ambitieux. Seule francophone de l’équipe, elle fait entendre la voix du français dans un environnement largement anglophone.

LE CONTEXTE :

AFC Toronto dispute la grande finale de la première saison de la SLN ce samedi (14 h) contre Vancouver, après avoir terminé en tête du classement de la saison régulière. Pour la joueuse de 24 ans, cette saison a été marquée par la constance collective de l’équipe, mais aussi par des défis personnels, notamment une blessure en milieu de parcours. De retour en pleine forme, la milieu de terrain a contribué à la qualification historique du club torontois pour la finale.

L’ENJEU :

Au moment d’affronter Vancouver au BMO Field ce samedi, Nyota Katembo évoque la préparation de son équipe, l’évolution du groupe tout au long de la saison et l’importance de cette nouvelle ligue pour les joueuses canadiennes.

« Comment s’est passée la saison de votre équipe?

Je crois que c’était une très bonne saison. Nous avons terminé premières de la Ligue et nous sommes en finale. Nous avons réussi à établir ce que nous voulions mettre en place dès le départ. Les deux premiers matchs ont été un peu difficiles, mais ensuite, tout a cliqué. Après la victoire contre Calgary, nous avons trouvé notre rythme et notre cohésion.

Y a-t-il un moment clé qui résume votre parcours cette année?

Je dirais le dernier match de la saison contre Montréal. Nous avions encaissé un but en premier, mais nous sommes revenues pour l’emporter 2-1. Cela a montré la force de caractère que nous avons développée au fil de la saison. En début d’année, si nous avions été menées, je ne pense pas que nous serions revenues. Cela prouve à quel point l’équipe a grandi.

Jouer contre Montréal, c’est quelque chose de spécial pour vous?

Toujours. C’est toujours particulier d’affronter Montréal, surtout là-bas. J’ai un petit sentiment d’attachement à la ville, bien sûr, mais à la fin de la journée, je suis très heureuse d’être à Toronto. C’est ici que je me sens chez moi maintenant.

Vous êtes la seule francophone de l’équipe. Comment vivez-vous cela?

Très bien! Mes coéquipières essaient d’apprendre quelques mots en français, elles sont toujours curieuses. Bien sûr, le quotidien se passe en anglais, mais je garde le français bien présent. J’écoute toujours du rap français avant les matchs, c’est un petit rituel.

Nyota Katembo et ses coéquipières ont remporté le premier titre de saison régulière de la SLN. Photo : AFC Toronto

Sur le plan individuel, comment évaluez-vous cotre première saison chez les pros?

Il y a eu des hauts et des bas. Je me suis blessée et j’ai manqué une bonne partie de la saison, mais je retiens surtout le positif. Revenir en fin de saison, jouer à Calgary, gagner même en infériorité numérique, puis enchaîner avec un gros match contre Montréal, ça m’a redonné beaucoup de confiance.

Plus largement, que représente pour vous la création de la SLN?

C’est une opportunité incroyable pour les joueuses canadiennes. Nous avons grandi sans ligue professionnelle au pays, ce qui obligeait beaucoup d’entre nous à partir à l’étranger. Maintenant, nous pouvons jouer chez nous, devant nos proches. C’est aussi une belle vitrine pour les jeunes joueuses et une chance de faire grandir le soccer féminin au Canada. Nous avons du talent ici, il fallait simplement une plateforme pour le mettre en lumière.

Venons-en à la finale, comment l’équipe s’est-elle préparée pour ce moment si important?

Honnêtement, il n’y a pas eu de gros changements. Nous avons connu quelques blessures en défense centrale, donc il a fallu s’ajuster, mais la formule fonctionne. Nous avons beaucoup misé sur la cohésion et la confiance. Le dernier match contre Vancouver s’est très bien passé (victoire 7-0 le 13 septembre), donc l’objectif est de retrouver ces sensations et de reproduire ce qui a marché.

Quels seront, selon vous, les éléments clés pour remporter la finale?

Rester unies, concentrées, et croire en nos habiletés. Nous avons déjà battu Vancouver et nous savons que nous pouvons le refaire. Il y aura de la pression, beaucoup d’attention médiatique, mais il faudra garder la tête froide et jouer notre jeu.

Jouer cette finale de la SLN au BMO Field, à Toronto, a-t-il une signification particulière?

Oui, c’est très spécial. Nous avons commencé la saison là-bas et perdu contre Montréal. Depuis ce jour-là, nous nous sommes promis d’y retourner pour la finale et de la gagner. Nous voulons ramener la coupe à la maison… enfin non, nous serons déjà à la maison. Nous voulons la garder ici. »

Conseils scolaires : Calandra veut créer des « bureaux d’assistance aux élèves et aux familles »

C’est à la surprise générale que le ministre de l’Éducation Paul Calandra a annoncé la veille la création de nouveaux « bureaux d’assistance aux élèves et aux familles ». D’abord imposés à cinq conseils anglophones sous supervision dès janvier 2026, ils seront mis en place dans tous les conseils scolaires ontariens d’ici le 31 mars 2026. Les réactions sont mitigées chez les représentants des conseils francophones et l’AEFO. Entre espoir et dépit, ils s’accordent toutefois à dire qu’ils n’ont pas été consultés.

« Les bureaux d’assistance aux élèves et aux familles examineront les préoccupations soulevées par les familles en vue de les aider à résoudre les problèmes qui, après une première discussion avec l’enseignant et la direction de l’enfant, nécessitent plus d’attention », explique le communiqué de presse.

« Il s’agit de donner aux familles un meilleur accès au système d’éducation et d’aider à résoudre les frustrations de longue date ressenties par de nombreux parents qui ont été déçus tant par le système que par les conseillers scolaires », a répondu à ONFR la porte-parole du ministère de l’Éducation, Emma Testani.

Ce nouveau processus de rétroaction accuserait réception des demandes dans les deux jours ouvrables, et offrirait une réponse dans les cinq jours ouvrables. 

« Les bureaux de soutien aux élèves et aux familles fourniront une voie directe aux familles pour résoudre les problèmes ».

Celle-ci ne s’est pas prononcée sur le coût de ces nouveaux organes d’assistance mais a précisé que, pour les conseils scolaires sous supervision, les ressources précédemment dédiées aux conseillers scolaires seront redistribuées pour soutenir ces bureaux.

« Pour tous les autres conseils, nous examinerons leurs plans une fois soumis pour nous assurer qu’ils répondent aux besoins des élèves et des familles ».

Tous les conseils scolaires devront soumettre d’ici le 31 mars 2026 un rapport sur la façon dont ils mettront en place le bureau de soutien pour le 1er septembre 2026. Chaque bureau sera dirigé par une agente ou un agent de supervision.

Les bureaux de cinq conseils anglophones sous supervision ministérielle devront ouvrir plus tôt, dès janvier 2026 (Dufferin-Peel Catholic District School Board, Ottawa-Carleton District School Board, Thames Valley District School Board, Toronto Catholic District School Board et Toronto District School Board).

Entre surprise et désenchantement : des réactions mitigées

L’Association des enseignantes et des enseignants franco-ontariens (AEFO) a réagi par le biais d’une déclaration de sa présidente Gabrielle Lemieux pour qui les conseils scolaires disposent déjà de procédures pour traiter les préoccupations des familles.

« Cette nouvelle annonce du gouvernement démontre une fois de plus l’ingérence persistante du gouvernement dans la gouvernance des conseils scolaires, tout en préparant le terrain pour une élimination graduelle des postes d’élues et élus scolaires. »

« Le gouvernement met en place un mécanisme parallèle qui ne règle rien aux véritables problèmes dans les écoles : surcharge, manque de services, ratios intenables et besoins criants en santé mentale », dénonce Mme Lemieux.

L’Association des conseils scolaires des écoles publiques de l’Ontario (ACÉPO), pour qui l’annonce est une surprise, assure que ni l’association ni ses conseils membres n’ont été consultés dans le cadre de l’élaboration de cette mesure.

« Nous sommes en attente des précisions nécessaires pour bien comprendre les attentes et exigences du Ministère quant à la mise en œuvre de cette initiative ».

Même surprise pour l’Association franco-ontarienne des conseils scolaires catholiques (AFOCSC) qui dit ne pas avoir connaissance d’un processus de consultation ouvert aux conseils.

« Cela pourrait offrir un point de contact clair pour les familles et les élèves qui ont des questions ou des préoccupations dépassant le cadre de l’école ou du conseil (…) et contribuer à un meilleur accès à l’information et à la résolution plus rapide de certaines problématiques », salue l’association.

De nuancer : « Il faudra aussi veiller à ce que ces bureaux n’érodent pas la responsabilité locale des conseils scolaires et des écoles : leur rôle dans le soutien à l’élève et à la famille doit demeurer central et non être délégué de façon non encadrée. »

Elle souligne également le fait que la création de bureaux d’assistance doit s’accompagner de ressources suffisantes, d’un mandat clair et d’une articulation avec les services existants pour éviter redondances ou confusions.

Selon celle-ci, il faut en parallèle garantir l’accessibilité et la sensibilité linguistique et culturelle, préserver la responsabilité locale des écoles et des conseils, et mettre en place un suivi pour s’assurer que ces bureaux apportent un réel bénéfice aux élèves et aux familles.

L’AFOCSC demande au ministère de l’Éducation de fournir un cadre de référence clair pour ces bureaux d’assistance. 

1er Festival du film de plein air d’Ottawa : « une célébration de nos espaces verts »

[ENTREVUE EXPRESS]

Mélinda Gilhen-Baker est responsable des communications et de la sensibilisation pour la Société canadienne pour la nature et les parcs, section Vallée de l’Outaouais (SNAP-VO).

Le SNAP-VO organise, ce samedi et pour la première fois, le Festival du film de plein air, au cinéma Bytowne, à Ottawa.

Le festival vise à sensibiliser le public à la protection des espaces verts et à la biodiversité de la région, en particulier le parc de la Gatineau et la Ceinture de verdure qui s’étend sur 20 000 hectares dans la région de la capitale nationale, deux milieux fragiles menacés par l’urbanisation et l’absence de protection législative.

« Qu’est-ce qui a motivé la création de ce festival de films de plein air à Ottawa?

L’objectif principal est de donner de l’espoir aux gens. On sait que beaucoup ressentent de l’anxiété face aux changements climatiques et à la perte de biodiversité. On voulait rassembler des personnes partageant les mêmes valeurs pour leur montrer qu’ensemble, on peut faire une différence. 

On voulait surtout démontrer deux projets auxquels nous tenons particulièrement en ce moment : le parc de la Gatineau et la Ceinture de verdure, ainsi que la fragmentation des habitats. Nous voulons aussi montrer que nous essayons de créer des connexions entre nos espaces verts pour que les animaux puissent bien voyager d’un espace à l’autre et pour s’assurer que leur habitat reste connecté. C’est un peu une célébration de nos espaces verts, ce qui rend la région d’Ottawa si spéciale.

Pourquoi avoir choisi le cinéma comme moyen de sensibilisation?

Le cinéma est un outil puissant pour toucher les gens émotionnellement et transmettre des messages complexes. À travers l’histoire, l’art a toujours été un moyen de sensibiliser, que ce soit la littérature ou la peinture. Aujourd’hui, le cinéma nous permet de combiner l’information et l’émotion, d’éduquer sans être trop scientifique et de créer un moment de réflexion et d’inspiration pour le public.

Le festival espère accueillir environ 600 personnes pour sa première édition, explique Mélinda Gilhen-Baker. Photo : Gracieuseté de Mélinda Gilhen-Baker

Pourquoi avoir sélectionné ces trois films en particulier?

Tous les films sont canadiens et indépendants, chacun mettant en lumière différents aspects de la nature et de notre culture. Electric Greg et Wildflowers montrent comment profiter de la nature de manière responsable, tandis que Traversée explore également des aspects culturels et environnementaux. On a aussi tenu à ce que la cinématographie soit inspirante pour capter l’attention et susciter des émotions.

Quelle sera la langue des projections et y aura-t-il des activités d’accompagnement?

Electric Greg et Wildflowers seront en anglais avec des sous-titres en français, et Traversée sera bilingue. Bien que ce soit la première édition et que le temps nous ait un peu limité pour organiser des conférences ou des questions-réponses, nous aurons tout de même une courte discussion avec l’équipe de la SNAP et une introduction par notre directeur général, John McDonnell, pour présenter nos projets.

Quels sont les principaux enjeux pour le parc de la Gatineau et la Ceinture de verdure?

Le problème majeur est l’absence de protection législative. Même si le parc de la Gatineau porte un nom officiel, il n’existe pas de loi formelle pour le protéger. Cela signifie que des parcelles de terre pourraient être vendues ou utilisées pour de nouvelles constructions, réduisant ainsi l’espace disponible pour les animaux et fragilisant leurs habitats naturels. La Ceinture de verdure fait face à des enjeux similaires, et nous cherchons à mobiliser la population pour demander une protection législative.

L’équipe du SNAP-VO lors d’une sortie pour visiter un musée sur la rivière des Outaouais. Photo : Gracieuseté de Mélinda Gilhen-Baker

Quels gestes concrets espérez-vous voir de la part des participants après le festival?

Nous encourageons les citoyens à signer des pétitions pour soutenir des projets de loi visant à protéger ces espaces, à suivre nos campagnes via l’infolettre et, si possible, à soutenir financièrement la SNAP. L’argent recueilli grâce à la vente de billets servira directement à financer nos initiatives. Nous aurons aussi des tirages avec des prix offerts par nos commanditaires pour remercier les participants.

Pensez-vous que ce festival pourrait devenir un rendez-vous annuel?

Absolument. Nous espérons élargir la programmation, trouver une salle plus grande, prolonger l’événement sur deux jours et collaborer avec plus de partenaires. Plus nous aurons de personnes impliquées et d’idées, plus nous pourrons avoir un impact concret sur la protection de nos espaces verts. »

Gouvernement Ford : trois nouvelles lois omnibus aux impacts directs pour les Ontariens

Fin des élections provinciales à date fixe, changement aux droits des locataires et des propriétaires, suppression des radars photo à compter d’aujourd’hui, ou encore centralisation des approbations d’infrastructures : tour d’horizon de quelques effets directs sur la vie des Ontariens de trois nouvelles lois omnibus déposées par le gouvernement Ford.

À l’issue des trois premières semaines de session parlementaire depuis la rentrée de Queen’s Park, le gouvernement a déposé plusieurs projets de loi omnibus — modifiant plusieurs lois en série — « en accéléré », selon l’opposition officielle, et créant la controverse.

Certaines de ces nouvelles lois auront des effets directs sur la vie quotidienne des Ontariens, allant de la sécurité routière et des droits des locataires jusqu’aux règles entourant les élections provinciales et la gouvernance municipale.

Les droits des locataires affectés

Le Projet de loi 60, Loi de 2025 visant à lutter contre les retards et à construire plus rapidement, soumis le 23 octobre et adopté en première lecture, vise entre autres à accélérer la construction de nouveaux logements, l’aménagement et l’homologation d’infrastructures.

Il suscite notamment de vives critiques pour ses effets potentiels sur les droits des locataires ou encore ses effets sur la gestion municipale. Il propose ainsi des amendements à une quinzaine de lois dont : la Loi de 2006 sur la location à usage d’habitation, Loi sur l’aménagement du territoire, Loi de 2001 sur les municipalités ou encore la Loi de 2025 sur les sociétés publiques de gestion de l’eau et des eaux usées.

Qualifié d’« antidémocratique » par l’opposition officielle, le texte inquiète également des groupes de protection des locataires sur la sécurité du logement.

« Le projet de loi 60 laisse les Ontariens sans protection contre les augmentations de loyer et les évictions injustes de la part des propriétaires corporatifs », a déclaré la leader néo-démocrate Marit Stiles.

Le projet de loi prévoit de raccourcir les délais avant qu’un propriétaire puisse déposer une demande pour loyer impayé (de 14 à 7 jours), en plus d’une réduction des délais pour contester une décision de la Commission de la location immobilière (Landlord and Tenant Board), de 30 jours à 15 jours. Il propose également de restreindre les motifs que le locataire peut invoquer pour se défendre lorsqu’il conteste une éviction ou un retard de paiement.

Pour les propriétaires, cela signifierait donc une procédure plus rapide pour récupérer leurs logements locatifs.

Le gouvernement vise ainsi « à réduire l’arriéré de traitement des dossiers à la Commission de la location immobilière et à promouvoir l’accroissement de l’offre de logements locatifs ».

Fin des élections à date fixe ?

Le gouvernement a formalisé son intention de réformer la Loi électorale via l’Énoncé économique de l’automne, dans le cadre de la Loi de 2025 sur le plan visant à protéger l’Ontario.

En plus de révoquer les élections à date fixe — soit « le premier jeudi de juin de la quatrième année civile », règle instaurée en 2005 par le gouvernement de Dalton McGuinty —, le mandat du premier ministre pourrait désormais s’étendre jusqu’à cinq ans au lieu de quatre.

« Les réformes proposées à la Loi électorale visent à permettre aux élections provinciales de se tenir à une date déterminée par la lieutenante-gouverneure, sur l’avis du premier ministre, sous réserve de la limite légale maximale de cinq ans entre les élections, prescrite par la Constitution », a précisé Julia Facca, porte-parole du procureur général Doug Downey.

La réforme apporterait des modifications à la Loi sur le financement des élections. Celle-ci abrogerait notamment les plafonds de dépenses publicitaires avant le déclenchement de l’élection. En plus de prolonger de façon permanente le versement des allocations trimestrielles aux partis politiques, elle accroîtrait les plafonds de contributions de tous les partis.

Si elles sont adoptées, « ces réformes entreraient en vigueur immédiatement et s’appliqueraient à la législature actuelle », a ajouté le ministère du procureur général.

Le projet de loi a pour l’heure été adopté en première lecture.

Fin des radars photo

Le projet de loi 56, Loi de 2025 pour bâtir une économie plus concurrentielle, déposé le 20 octobre 2025, qui a reçu la sanction royale en trois semaines, vise à stimuler l’économie en allégeant les formalités administratives.

Le gouvernement souhaite ainsi réduire de 35 % la quantité de permis requis, notamment pour faciliter la construction, l’aménagement, l’extraction et les activités commerciales à l’intérieur de la province.

Cette loi impactera la façon dont les municipalités opèrent côté réglementation, permis, contrôle des constructions et infrastructures, et affectera notamment les processus d’approbation pour la gestion forestière et l’eau potable municipale.

Impliquant une modification au Code de la route (Highway Traffic Act), elle prévoit notamment l’abolition des caméras automatisées de contrôle de la vitesse dans les municipalités de l’Ontario, dont celles situées près des écoles.

Une mesure qui prend effet à compter de ce 14 novembre 2025. Les contraventions émises via ces caméras ne sont plus valides dans la province.

Un affaiblissement certain de la sécurité, selon les partis d’opposition à Queen’s Park, certaines municipalités, des conseils scolaires et des chefs de police.

« Au lieu de laisser les contrevenants payer pour leurs excès de vitesse, le gouvernement veut que ce soit les citoyens respectueux de la loi qui financent la sécurité routière avec leurs impôts. Ce n’est pas juste », a déploré Olivia Chow, la mairesse de Toronto.

« Les véhicules des ministres provinciaux ont commis plus de 20 infractions… Pas étonnant qu’ils n’aiment pas les radars de vitesse, qui les attrapent en flagrant délit », a-t-elle également dénoncé.

Le chef parlementaire du Parti libéral de l’Ontario John Fraser avait déclaré que : « Les radars de vitesse visent à protéger les enfants et à s’assurer que les rues qu’ils empruntent sont sûres. Être un leader, c’est faire ce qui est juste, pas ce qui est populaire. »

En remplacement des radars municipaux dans les zones scolaires notamment, l’Ontario a annoncé un nouveau fonds de 210 millions de dollars pour financer des infrastructures de modération du trafic telles que des dos d’âne, des passages piétons surélevés, des ronds-points, une signalisation accrue et un renforcement policier ciblé.

Un premier versement de 42 millions de dollars sera disponible immédiatement pour les municipalités qui utilisaient des radars. Le reste du financement pourra être demandé l’an prochain sur présentation de plans de construction d’infrastructures.

Financement accru pour la Direction des services en français d’Ottawa

OTTAWA – La Direction des services en français de la Ville d’Ottawa a présenté jeudi soir son budget provisoire 2026 devant le Comité consultatif sur les services en français (CCSF), lequel enregistre une légère hausse par rapport à l’année précédente. La discussion a toutefois suscité questionnements et frustrations de la part des membres. Certains ont exprimé leur frustration face au manque d’informations directement liées à leur mandat.

Le budget provisoire pour 2026 s’élève à 3,654 millions de dollars, une hausse de 166 000 $ par rapport à 2025. Cette augmentation est principalement liée à la création d’un nouveau poste à temps plein : gestionnaire de programme des services en français.

« Nous saluons l’engagement de la Ville qui a permis de débloquer les ressources nécessaires à ce poste », a souligné Nathalie Lemire, coordonnatrice des Services en français, qui occupera ce poste d’ici peu.

Elle aura pour rôle de guider les directions municipales dans l’optimisation des services en français, d’assurer que les besoins des francophones soient pris en compte et de veiller à ce que toute préoccupation ou plainte concernant ces services soit traitée efficacement

La Ville compte une coordonnatrice, trois traductrices-réviseures internes, trois commis et une trentaine de traducteurs pigistes externes.  Le budget prévoit 2,37 millions de dollars pour les services de traduction et d’interprétation, et environ 1,27 million pour la rémunération du personnel de la Direction des services en français.

Mme Lemire a confirmé que les traductions se font dans les deux sens, du français vers l’anglais et vice-versa, sans toutefois disposer de données consolidées sur la proportion exacte.

Place à l’amélioration

Il a aussi été précisé que les dépenses liées à l’intégration des services en français ne sont pas comptabilisées séparément dans les autres directions municipales, car l’offre bilingue constitue une attente fondamentale de la politique de bilinguisme.

« Je dirais pas que je suis d’accord qu’il y a une offre constante de service en français », a exprimé, la vice-présidente du comité Mireille Brownhill qui dit ne pas toujours constater ce résultat « dans les interactions avec les services offerts par la ville avec les employés de la ville. »

Ce à quoi Mme Lemire a répondu : « On sait qu’il y a toujours place à l’amélioration que ce soit dans la prestation des services dans les deux langues ou que ce soit dans la prestation de d’autres services à la ville. »

Manque de transparence

Plusieurs membres du CCSF ont exprimé leur difficulté à commenter le budget municipal déposé mardi et qui, selon eux, offre peu de prise directe pour le comité.

« On a très peu d’informations qui touchent au mandat du CCSF. C’est difficile de formuler des recommandations », a lancé Mme Brownhill, qui s’interroge également sur la transparence entourant les interactions entre la Direction des services en français et le cabinet du maire en amont du budget.

Une autre membre a souligné que les 12 000 $ alloués aux frais administratifs, incluant la coordination et la participation à des événements pour la communauté francophone, n’auraient pas été connus sans questionnement direct et n’avaient pas changé depuis plus de trois ans.

« Il faut savoir sur quoi vous nous consultez. Si les dés sont déjà jetés, ce n’est plus une consultation », a résumé une autre membre, Katherine Dupuis, rappelant que plusieurs directions soumettent habituellement des questions précises au comité.

Un processus déjà bien avancé

Des membres du comité ont rappelé que le cycle budgétaire municipal commence au printemps, ce qui limite les possibilités de modification après la publication du budget préliminaire.

Les commentaires du CCSF seront transmis au Comité des finances et des services organisationnels avant le 21 novembre,  où le budget des Services en français pourrait être débattu. Du côté du budget municipal, le Conseil doit se réunir le 10 décembre 2025 pour l’adoption finale.

N-B : Ottawa défend en Cour suprême sa nomination d’une lieutenante-gouverneure unilingue

OTTAWA — Les avocats du gouvernement fédéral ont défendu l’idée jeudi devant la Cour suprême qu’un lieutenant-gouverneur au Nouveau-Brunswick n’est pas obligé d’être bilingue. Certains des neuf juges ont semblé sceptiques à l’idée qu’une personne unilingue puisse occuper la fonction dans la seule province au pays où le français et l’anglais sont des langues officielles.

Jeudi matin avait lieu l’audience devant le plus haut tribunal au pays opposant la Société de l’Acadie du Nouveau-Brunswick (SANB) et le gouvernement fédéral. La SANB a soutenu que la nomination en 2019 par le gouvernement de Justin Trudeau de Brenda Murphy, une personne unilingue anglophone, est incompatible avec la constitution canadienne, qui énonce l’égalité de statut et de droits aux communautés linguistiques française et anglaise du Nouveau-Brunswick.

Pour le fédéral, il est « souhaitable » que le poste soit occupé par quelqu’un qui parle français et anglais, ont exprimé les avocats du procureur général du Canada.

« Mais la question que vous devez trancher est : est-ce que la constitution exige que le lieutenant-gouverneur du Nouveau-Brunswick maîtrise les deux langues officielles? À notre avis, la réponse doit être non », a affirmé d’entrée de jeu l’avocate du fédéral, Lindy-Rouillard-Labbé, à l’intention des neuf juges.

Cette dernière a défendu la position d’Ottawa, qui consiste à faire une distinction d’une part entre la personne de la lieutenante-gouverneure et ses fonctions, et d’autre part l’obligation de bilinguisme imposée à l’institution.

Lors de l’audience, avant d’inviter l’avocate du fédéral à préciser son argument, le juge Nicholas Kasirer a exprimé de sérieux doutes quant à la possibilité de dissocier le titulaire de l’institution. Il a notamment déclaré que la confusion « semble être complète » et qu’« on est (les juges) un peu habités par le doute ».

Sa collègue, la juge Suzanne Côté a soulevé la question de l’égalité de statut entre les communautés francophone et anglophone, se demandant « comment l’unilinguisme permet de respecter cette disposition ».

L’avocate du gouvernement a répondu qu’il existe « juridiquement » une distinction essentielle « entre la personne qui occupe la charge et l’institution » lorsqu’on interprète la constitution. Selon Mme Lindy-Rouillard-Labbé, les fonctions de la lieutenante-gouverneure comme de dissoudre l’Assemblée législative à la demande du premier ministre « ne sont pas assujetties aux obligations constitutionnelles de la charte ».

Décisions passées et impacts futurs

Dans ce dossier, un premier jugement déclarait que la nomination de Brenda Murphy était inconstitutionnelle, la Cour d’appel du Nouveau-Brunswick a ensuite renversé cette décision en mai 2024. Plus tôt cette année, la Cour suprême avait accepté d’entendre la cause.

La lieutenante-gouverneure du Nouveau-Brunswick, Brenda Murphy. Source: Facebook gouvernement du Nouveau-Brunswick
Justin Trudeau avait nommé en 2019 Brenda Murphy comme lieutenante-gouverneure du Nouveau-Brunswick malgré le fait qu’elle ne parlait pas français. Source : gouvernement du Nouveau-Brunswick

Lors de l’audience jeudi matin, la SANB a soulevé que pour la communauté francophone, la nomination d’une personne unilingue anglophone dans un poste « symbolique » pour incarner l’État est problématique. Cette nomination au poste de lieutenant-gouverneur a porté atteinte à l’obligation constitutionnelle de l’égalité de statut entre les deux communautés linguistiques, a avancé leur avocat Gabriel Poliquin.

Le juge en chef Richard Wagner a souligné durant l’argumentaire de la SANB qu’il est « un peu ironique » que la seule province canadienne officiellement bilingue ait à sa tête une personne unilingue. Il reconnaît que le droit doit souvent concilier « le sens commun et la loi », mais a qualifié cette situation de « particulièrement surprenante ».

Les autres juges, Malcolm Rowe et Mahmud Jamal, ont poussé la SANB à expliquer en quoi sa position ne forcerait pas aussi d’autres titres symboliques, comme les juges de la Cour suprême, le premier ministre du Nouveau-Brunswick ou encore le ministre des Finances à être bilingue de facto.

« Le lieutenant-gouverneur est vraiment une institution unique en ce que sa fonction principale est unique. La lieutenante-gouverneure a pour fonction vraiment de manipuler les symboles de l’État, de les exprimer. Le premier ministre, lui, n’a pas la même fonction symbolique », a défendu l’avocat Gabriel Poliquin.

L’affaire a été prise en délibéré par la Cour suprême et celle-ci rendra une décision à une date ultérieure.

Timmins : une mine désignée comme projet d’intérêt national par Carney

Une mine de nickel située à une quarantaine de kilomètres de Timmins fait partie d’une nouvelle liste de projets d’intérêts nationaux, annoncée par le premier ministre Mark Carney ce jeudi après-midi.

« Timmins possède ce que le monde recherche : des ressources, des occasions d’investissement et maintenant un projet d’envergure nationale que le Canada fait avancer », fait savoir, de son côté, la mairesse de Timmins Michelle Boileau dans une déclaration écrite envoyée à ONFR.

« Le projet de nickel Crawford propulsera Timmins vers l’avant et consolidera notre position comme l’une des régions les plus riches en ressources minières de l’hémisphère occidental. »
— Michelle Boileau mairesse de Timmins

« Grâce à la désignation du projet Crawford comme projet d’intérêt national, toutes les autorisations et permis pourront être traités en parallèle, réduisant un délai qui aurait pu durer cinq ou six ans à seulement deux ans », a rapporté Dawn L. Farrell, présidente du Bureau des grands projets, lors de la période de questions.

Création de près de 3000 emplois

Le gisement, situé le long de la route 655 près de l’intersection avec l’autoroute 11 et exploité par l’entreprise torontoise Canada Nickel Company vise à extraire et à traiter de manière responsable et durable des minéraux critiques, principalement le nickel, mais aussi le fer, le chrome, le cobalt, le palladium et le platine. 

Le projet devrait générer en moyenne près de 1000 emplois permanents lorsque la mine sera opérationnelle et environ 2000 postes à temps plein durant la phase de construction, laquelle devrait durer trois années.

En outre, la construction d’une voie ferrée de 25,2 kilomètres, le déplacement de l’autoroute 655 et l’édification d’un passage temporaire sur cette même route font partie des principales infrastructures prévues dans le cadre du projet.

Pelletée de terre dans un an

« Je suis impatient de vous accueillir dans un peu plus d’un an pour une cérémonie de première pelletée de terre ici pour Crawford », a mentionné le président directeur-général de Canada Nickel, Mark Selby, en conférence de presse depuis Timmins jeudi en fin d’après-midi.

Une étude d’impact réalisée en 2024 a confirmé, du côté des revenus salariaux, que le projet devrait générer directement environ 1,2 milliard de dollars, auxquels s’ajouteraient 341 millions de dollars de revenus indirects pour les travailleurs à l’échelle du pays.

« Le projet Crawford est prêt, le Timmins Nickel District est prêt : Canada peut redevenir un leader mondial du nickel », selon Mark Selby. Photo : Capture d’écran CPAC

La mine pourrait extraire jusqu’à 240 000 tonnes de minerai par jour et traiter 120 000 tonnes par jour dans son usine, pour une durée d’exploitation d’environ 41 ans. Une fois en production, le nickel extrait alimentera les marchés des véhicules électriques et de l’acier inoxydable.

« Crawford est conçu pour être net zéro carbone, et nos résidus miniers peuvent séquestrer naturellement des millions de tonnes de CO₂ chaque année, ouvrant la voie à l’un des premiers clusters industriels zéro carbone au monde dans cette région », a aussi lancé M. Selby.

Cercle de Feu

Lors d’une rencontre avec les journalistes la veille, Doug Ford a affirmé qu’il comptait sur le gouvernement Carney pour respecter son engagement de travailler avec les provinces et ainsi accélérer la réalisation de grands projets en ressources naturelles et en infrastructures à l’échelle du pays.

« C’est formidable qu’ils avancent avec le projet de mine de nickel Crawford, a déclaré Doug Ford, mais il faut que nous laissions de la place aux autres projets. Cela inclut le Cercle de feu : il faut un seul projet, un seul processus, pour éviter les doublons avec le gouvernement fédéral. »

« Le gouvernement du Canada et le gouvernement de l’Ontario intensifient justement leurs pourparlers en ce moment pour accélérer ces démarches », a avancé son homologue fédéral durant l’annonce de jeudi, après voir rappelé, que la semaine dernière, le ministre des ressources naturelles a annoncé 26 nouveaux investissements, partenariats et mesures visant à mettre en œuvre des projets de minéraux critiques pour plus de 6 milliards de dollars.

À Capreol, une Franco-Ontarienne organise un marché de Noël gratuit pour tous

SUDBURY – Des boîtes remplies de décorations, de vaisselle et même de sapins artificiels : le sous-sol d’une église de Capreol se transformera ce samedi en un véritable marché de Noël… sans caisse. Le Capreol Community Closet organise son tout premier Marché de Noël gratuit, une initiative menée par une Franco-Ontarienne pour aider les familles tout en donnant une seconde vie aux objets.

« On a tellement de belles choses! », lance Mélanie Lavoie, coordonnatrice du Capreol Community Closet. « Je dirais qu’on a au moins 50 à 60 boîtes pleines d’objets de Noël. Le magasin est plein, mon sous-sol aussi! »

La bénévole dit avoir été inspirée par un autre marché de Noël organisé en juillet par une paroisse, qui avait des surplus d’articles.

L’organisme reçoit toute l’année des dons de vêtements et d’articles ménagers à redistribuer gratuitement aux familles dans le besoin. Avec l’afflux d’articles de Noël accumulés pendant l’été et l’espace du magasin étant limité, Mme Lavoie a proposé d’utiliser le sous-sol de l’église United Trinity pour organiser un marché entièrement gratuit.

« Peu importe qui vous êtes, tout le monde est le bienvenu samedi »
— Mélanie Lavoie

« Je voulais éviter que tout ça finisse au dépotoir, explique-t-elle. C’est une bonne façon de recycler et de partager la magie de Noël. »

Les participants pourront repartir avec autant d’articles qu’ils le souhaitent, sans justification de besoin. Les dons de dernière minute seront également acceptés sur place.

Mélanie Lavoie est en plein dans les préparations de son premier marché de Noël gratuit. Photo : Robert T. Kirwan

Faire vivre la magie de donner

L’initiative ne s’arrête pas là. Le Community Closet organise également le une séance de magasinage de Noël pour les enfants, le 5 décembre au Millennium Centre. 

Cinquante enfants âgés de 4 à 12 ans pourront choisir gratuitement des cadeaux pour leurs parents, frères et sœurs.

« Quand on était jeunes, on recevait toujours des cadeaux, mais on n’en donnait jamais, dit-elle en souriant. Là, les enfants peuvent vivre l’expérience du don, sentir la joie de faire plaisir à quelqu’un d’autre. »

Les articles destinés aux enfants ne sont pas forcément des jouets, mais des objets variés et utiles pour leurs proches : tasses, décorations, articles ménagers et autres petites surprises. 

Tout est offert gratuitement grâce aux dons de la communauté et partenaires locaux, comme des surplus d’entreprises ou de plateformes de commerce en ligne.

Les articles vont des décorations aux sapins artificiels, en passant par vaisselle, objets vintage, cookie-cutters des années 1940, et autres « knick-knacks ». Photo : Gracieuseté de Mélanie Lavoie

Un besoin de plus en plus criant

Le Capreol Community Closet fonctionne grâce à une poignée de bénévoles. « On est sept femmes à gérer le magasin, chacune a sa journée de la semaine, dit Mme Lavoie. On reçoit aussi des étudiants du secondaire qui viennent faire leurs heures de bénévolat. »

Celle qui coordonne l’initiative depuis février 2023 confie qu’elle-même a trouvé dans cet engagement un sens nouveau.

« Je travaillais de la maison, et il me manquait le contact humain. Maintenant, je peux aider les gens et j’adore ça. »

« Beaucoup de gens m’appellent pour demander s’il y a des cartes-cadeaux d’épicerie »
— Mélanie Lavoie
Le Capreol Community Closet existe depuis 2012. Photo : Gracieuseté de Mélanie Lavoie

Avec la hausse du coût de la vie et de l’inflation, de plus en plus de familles de Capreol et des environs se tournent vers les organismes communautaires comme le Capreol Community Closet pour obtenir une aide concrète, constate Mme Lavoie.

Pour répondre à ce besoin et offrir un petit coup de pouce supplémentaire, elle organise un tirage mensuel pour les familles, en utilisant 50 $ pour acheter des produits essentiels et en choisissant un gagnant chaque mois.

Un succès qui inspire déjà

Depuis la publication de l’annonce, Mme Lavoie reçoit une avalanche d’encouragements.

« Beaucoup de gens m’ont écrit pour dire que c’était une belle idée, que ça allait aider beaucoup de monde. Certains veulent déjà me donner plus d’articles! »

Et si l’événement rencontre le succès escompté, Mme Lavoie n’exclut pas de le reproduire annuellement, voire de multiplier ce type d’initiatives gratuites. 

Capreol est une collectivité du Grand Sudbury dont une bonne partie de la population parle français. Photo : Wikipedia/Par P199

« J’aimerais beaucoup répéter l’expérience, confie-t-elle. Il me faudrait juste plus d’espace pour entreposer tous les dons, mais sinon, je le referais sans hésiter. » Le marché de Noël gratuit se tiendra samedi de 10 h à 15 h au sous-sol de l’église United Trinity, sur Young Street.

L’entrée est libre, et chacun est invité à venir prendre ce dont il a besoin ou à faire un don pour soutenir le fonctionnement du Capreol Community Closet.

Paul Poirier : « Si on ne pense qu’aux Jeux, tout devient trop grand, trop lourd à porter »

[ENTREVUE EXPRESS]

QUI :

Paul Poirier est un patineur artistique canadien originaire de Toronto. Depuis 2011, il forme avec Piper Gilles l’un des duos de danse sur glace les plus constants au monde. Ensemble, ils ont remporté deux titres aux Championnats des quatre continents et plusieurs médailles aux Mondiaux.

LE CONTEXTE :

Le duo Gilles-Poirier a débuté sa saison 2025-2026 au Grand Prix de Saskatchewan, où il s’est imposé pour la sixième année consécutive. Une victoire symbolique qui ouvre leur dernière ligne droite vers les Jeux olympiques d’hiver de 2026.

L’ENJEU :

Entre nouveaux programmes, gestion de l’énergie et réflexion sur la suite de sa carrière, Paul Poirier aborde une saison charnière qu’il veut à la fois sereine et ambitieuse.

« Il se murmure que cette saison pourrait être la dernière pour vous. Qu’en est-il réellement?

C’est une possibilité, oui. Pour être honnête, nous n’y pensons pas trop. Les Jeux olympiques qui approchent occupent toute notre attention pour l’instant.

Nous n’avons pas encore pris de décision, parce que nous voulons rester concentrés sur cette saison et sur la préparation. Une fois les Jeux terminés, nous verrons ce que nous voulons faire ensuite.

Vous venez de remporter le Grand Prix de Saskatchewan, votre sixième victoire consécutive dans cette compétition. Quelle importance accordez-vous à ce succès?

C’est une excellente manière de commencer la saison. Même si nous n’étions pas entièrement satisfaits, cette compétition nous a permis de voir ce qui fonctionne et ce qui doit encore être ajusté. C’est le premier test de la saison, celui qui montre où en sont les programmes dans un vrai contexte de performance, devant un public.

Certaines parties ont très bien marché, d’autres un peu moins, mais c’est normal. Si tout était parfait dès le départ, ce serait presque inquiétant. Cela voudrait dire qu’on a choisi la facilité. Nous aimons garder de la marge pour faire évoluer les programmes tout au long de la saison.

Piper Gilles et Paul Poirier ont présenté leur nouveau programme de danse rythmique en compétition internationale pour la première fois à Saskatoon. Photo : Danielle Earl/Skate Canada

Comment avez-vous conçu les programmes de cette année?

Pour la danse rythmique, le thème imposé est la musique des années 90. C’est une décennie que j’aime beaucoup, celle de mon enfance. C’est beaucoup de nostalgie, de souvenirs. Nous nous sommes inspirés de l’ère des supermodels et de la scène ballroom. C’est un programme plein d’énergie, d’attitude et de mouvement, avec une touche ludique et visuelle qui parle autant au public qu’à nous.

Pour la danse libre, nous avons choisi de revisiter Vincent, un programme que nous avions présenté il y a sept ans, inspiré du peintre Van Gogh. C’était un programme que nous aimions énormément, mais que nous trouvions inabouti à l’époque. Il n’avait pas pu atteindre tout son potentiel.

Nous avons donc voulu le recréer avec notre expérience et nos habiletés d’aujourd’hui. C’est une version plus aboutie, plus méditative, qui explore davantage la relation entre l’artiste et son œuvre.

À quoi ressemble votre calendrier avant les Jeux?

Après le Grand Prix de Saskatchewan, nous serons en Finlande la semaine prochaine, puis nous espérons nous qualifier pour la finale des Grands Prix au Japon début décembre. Ensuite, il y aura les championnats nationaux en janvier, qui seront la dernière étape avant la sélection olympique.

C’est un calendrier classique, mais dans une année olympique, chaque compétition a une résonance différente. Il faut performer à chaque étape, tout en gérant l’énergie. On veut arriver aux Jeux avec du rythme, de la confiance et un bon niveau de reconnaissance auprès des juges. Dans un sport jugé, cette dynamique compte énormément.

Paul Poirier et Piper Gilles ont totalisé 202,89 points au Grand Prix de Saskatchewan, un résultat qu’ils ont jugé perfectible malgré leur victoire. Photo : Danielle Earl/Skate Canada

Comment réussir à se concentrer sur chaque compétition sans penser uniquement aux Jeux dans une année olympique?

C’est une question d’équilibre. Si on ne pense qu’aux Jeux, tout devient trop grand, trop lourd à porter. Nous travaillons plutôt avec une série d’objectifs rapprochés : des objectifs pour chaque compétition, pour chaque semaine, parfois même pour chaque jour.

C’est comme ça qu’on garde le contrôle et qu’on avance sans se laisser submerger. Il y a aussi l’importance du momentum : si vous enchaînez de bonnes performances avant les Jeux, vous arrivez avec plus de confiance, et les juges aussi vous perçoivent comme un des couples forts. Tout cela fait partie de la préparation mentale.

Est-ce qu’à ce niveau, la prévention des blessures devient une préoccupation constante?

Oui, absolument. C’est probablement le plus grand défi de notre sport. Les blessures surviennent souvent par répétition, à force d’exécuter les mêmes mouvements des milliers de fois. Ce ne sont pas des gestes naturels pour le corps humain, donc il faut apprendre à en prendre soin.

Avec l’expérience, on sait mieux ce dont on a besoin : quand il faut se reposer, quand il faut pousser plus fort. La récupération fait partie intégrante de l’entraînement. Cela passe par les étirements, le travail avec les kinés et les massothérapeutes, le foam rolling, la nutrition, le sommeil…

En fait, à ce niveau, la vraie différence entre un athlète expérimenté et un jeune, c’est cette capacité à se connaître. On apprend à anticiper les signaux du corps, à prévenir avant de corriger. On ne peut pas tout contrôler, bien sûr, mais on fait tout ce qu’on peut pour éviter les blessures évitables. »

Budget fédéral : l’industrie du livre reléguée en bas de page?

TORONTO – Avec un investissement de 6 millions de dollars au Conseil des arts du Canada (CAC), le budget fédéral laisse peu de place au monde du livre. Le secteur littéraire reçoit un appui limité, bien en deçà des attentes des acteurs de la chaîne du livre, aujourd’hui mis en difficulté.

L’espoir des organismes culturels de création de recevoir un financement de 140 millions de dollars a été rapidement éclipsé par une enveloppe qui a tendance à se réduire au fil des ans. « 6 millions de dollars sur 3 ans, à compter de 2026-2027, au Conseil des arts du Canada afin d’aider les artistes professionnels et les organismes artistiques », lit-on dans le communiqué du gouvernement.

Le budget n’a prévu aucun renouvellement pour le Fonds du livre du Canada (FLC) dont les 10 millions de dollars reçus l’an passé s’épuiseront d’ici mars 2026.

« Ce n’est pas du tout à la hauteur de ce qui avait été souhaité en fonction des besoins », affirme Stéphane Cormier, qui observe que le financement de base du FLC stagne depuis près de vingt ans.

La librairie Panache à Sudbury fait une pause de ses activités à compter du 11 juillet. Photo : gracieuseté d’Isabelle Bourgeault Tasse

Ce dernier, qui assure la co-direction des Éditions Prise de parole à Sudbury, explique que l’investissement en question n’épongera pas les coûts qui augmentent à tous les niveaux de la chaîne de production d’un livre. La fermeture temporaire de la Librairie Panache cet été, illustre bien les enjeux auxquels se heurte le secteur du livre franco-canadien dans son ensemble, bien que ces 6 millions soient destinés notamment aux maisons d’édition.

Des subventions qui stagnent pour les éditeurs

D’un côté, la fluctuation des coûts d’impression, de distribution et des contrats avec les auteurs selon l’inflation et de l’autre, l’invariabilité du montant des subventions perçues réduit leur impact auprès des éditeurs.

« Ce n’est pas un petit renflouement de 6 millions au Conseil des arts du Canada qui va changer cette situation », déplore Stéphane Cormier qui ajoute que, pour la très grande majorité des maisons d’édition, les montants de subventions de base sont restés presque inchangés ces 8 dernières années.

Non seulement l’inflation contribue à l’appauvrissement du milieu éditorial francophone, mais la multiplication de nouvelles maisons d’édition face à un soutien financier qui stagne, réduit l’effet de ces subventions. « Même certaines nouvelles maisons d’édition professionnalisées n’arrivent même pas à accéder aux demandes de subventions de base », avertit l’éditeur.

Un accompagnement limité pour les auteurs

Du côté des auteurs, alors que le budget mentionne la révision d’un meilleur encadrement du droit d’auteur pour l’industrie audiovisuelle, le livre « a été oublié », considère la présidente de l’Association des auteures et des auteurs de l’Ontario français (AAOF), Marie-Josée Martin.

De plus, nombre de créateurs littéraires s’accordent sur le manque de bourses octroyées. Le taux de réponses favorables aux demandes demeure faible : « Parfois les bourses du CAC, c’est vraiment le seul moyen de se consacrer à l’écriture », confie Piedad Sáenz, directrice générale du Regroupement des éditeurs franco-canadiens.

Visiblement relégué en bas de la page du budget fédéral, le secteur littéraire tire la sonnette d’alarme face au risque de sa trajectoire déclinante qui menace directement la création de contenus francophones.

Piedad Sáenz est la directrice générale du Regroupement des éditeurs franco-canadiens. Photo : Gracieuseté de Piedad Sáenz

À l’échelle nationale, la Coalition pour la diversité des expressions culturelles (CDEC) qui soutient depuis longtemps la demande d’une rémunération équitable des créateurs en encourageant les institutions éducatives locales à puiser leurs ressources littéraires auprès des libraires locaux, martèle également la nécessité de protéger la souveraineté culturelle du secteur et baliser l’intelligence artificielle.

« C’est important de rappeler que si on n’investit pas dans le milieu du livre ou dans tous les secteurs de la culture, on risque de perdre notre souveraineté culturelle », souligne Christian Laforce qui participe au comité exécutif de la CDEC.

Christian Laforce est le directeur général de Copibec et secrétaire du comité exécutif de la Coalition pour la diversité des expressions culturelles (CDEC). Photo : Gracieuseté de Fanie Gregoire

« Il faut des mesures destinées au milieu culturel pour justement apprivoiser l’IA et limiter les pertes de revenus pour les créateurs », explique le représentant de la CDEC.

La présidente de l’AAOF évoque même la notion d’un « pillage numérique » des œuvres littéraires francophones par l’IA, rappelant le piratage de livres francophones par Meta plus tôt cette année afin d’alimenter une de ses applications.

« Ça fait 25 ans que suis dans le milieu du livre, ça fait 25 ans que le milieu est sous-financé », dénonce M. Cormier qui rejoint le consensus du milieu éditorial qui s’accorde sur une visible mise au second plan du secteur littéraire et de la culture de la création.

« Le livre, c’est vraiment le parent pauvre qui a été un peu laissé pour compte », constate également M. Laforce. Le secteur espère encore le renouvellement du budget du FLC.

Diriger à deux : le pari de l’ACFO-SDG

CORNWALL – Le renouveau, la créativité et la collaboration : c’est ce que veut incarner la nouvelle direction à deux têtes de l’Association des communautés francophones de l’Ontario de Stormont, Dundas et Glengarry (ACFO-SDG).

Après des années à la tête de l’ACFO de Stormont, Dundas et Glengarry (SDG), Céline Baillargeon-Tardif passe le flambeau. L’organisme adopte une double direction générale, confiée à deux jeunes leaders, Justin Chénier, 26 ans, et Cassandra McElhone, 22 ans, qui partageront la gestion de ses projets jeunesse et communautaires.

« Je reste consultante pour certains projets stratégiques, notamment la Communauté francophone accueillante, mais Justin et Cassandra vont prendre la relève pour tous les autres projets », explique Céline Baillargeon-Tardif.

« Être deux jeunes à la direction, c’est une belle preuve de confiance »
— Cassandra McElhone

« Cette formule répond à la croissance de nos projets et à la diversité de notre public », explique Cassandra McElhone, directrice du développement communautaire. « Être deux nous permet d’avoir plus de présence sur le terrain et d’être plus disponibles pour nos partenaires », ajoute-t-elle.

« Ce sont deux jeunes qui ont des expertises différentes et des types de défis qu’ils aiment relever. Cela leur permet de bâtir tranquillement leurs compétences en gestion, tout en poursuivant nos projets phares », lance quant à elle la directrice générale sortante.

Celle qui a passé 35 ans dans le milieu communautaire et qui souhaitait prendre sa retraite de l’organisme depuis 2020 rappelle que le sous-financement des organismes francophones est un défi constant.

Céline Baillargeon-Tardif a siégé sur plusieurs conseils d’administration et occupé la direction générale de plusieurs organismes communautaires dont, depuis 2014, l’ACFO de Stormont-Dundas-Glengarry. Gracieuseté

« Les salaires des directions générales et des coordonnateurs dépendent souvent des subventions de projets. On ne peut pas toujours offrir un poste à temps plein financé avec un seul projet, mais on arrive à combiner les compétences et les intérêts des jeunes pour continuer à faire avancer l’organisme », continue-t-elle.

Céline Baillargeon-Tardif voit ce changement de direction comme un souffle de renouveau : « Je n’ai pas du tout peur de passer la gestion à la jeunesse. Cela va rafraîchir les idées et amener de nouvelles perspectives. »

Deux parcours enracinés dans la région

Les deux nouveaux leaders de l’ACFO-SDG sont originaires de l’Est ontarien.

Justin Chénier, aujourd’hui directeur du développement jeunesse, a connu l’organisme en 2020 comme participant à l’un de ses programmes avant d’y gravir les échelons.

« Je viens de Plantagenet et je travaille à l’ACFO depuis cinq ans. J’ai d’abord connu l’équipe en participant à un projet jeunesse, puis j’ai eu la chance d’y être embauché. Aujourd’hui, je veux redonner à la communauté ce que j’y ai appris », confie-t-il.

Cassandra McElhone a, elle aussi, fait ses débuts à l’ACFO en tant qu’employée étudiante en 2021. Diplômée de l’Université Queen’s à Kingston, elle a rapidement pris plus de responsabilités avant d’être nommée à la direction.

« J’ai beaucoup appris ici, notamment auprès de notre ancienne directrice, Céline Baillargeon-Tardif. C’est un honneur de poursuivre ce travail et de contribuer au rayonnement de la francophonie à Cornwall », souligne-t-elle.

Des projets jeunesse qui rayonnent

Sous leur leadership, l’ACFO-SDG entend renforcer son ancrage communautaire et multiplier les activités qui permettent de « vivre en français plutôt que de simplement le parler ».

L’un des programmes phares demeure LOL : Mort de rire, une formation en humour destinée aux jeunes francophones et dont la finale a lieu en juin à Ottawa.

Justin Chénier, directeur du développement jeunesse à l’ACFO SDG, veut mobiliser la relève francophone à travers des projets créatifs et rassembleurs. Gracieuseté

« Ce programme permet d’offrir des formations en stand-up dans plusieurs provinces, surtout en Ontario. Il vise à donner confiance aux jeunes et à leur faire vivre des expériences culturelles en français », explique M. Chénier.

Parmi les autres initiatives, l’ACFO-SDG est aussi partie prenante du programme PassepART, qui met en valeur les actions artistiques et culturelles dans les écoles francophones.

L’autre moment fort organisé par l’ACFO-SDG est sans conteste la célébration annuelle du Jour des Franco-Ontariens, le 25 septembre, au parc Lamoureux de Cornwall.

L’ACFO agit également comme fiduciaire de la Communauté francophone accueillante (CFA), un projet visant à faciliter l’intégration des nouveaux arrivants francophones.

« Nous travaillons aussi avec des bénévoles qui lisent dans les écoles primaires pour encourager la lecture en français dès le jeune âge. C’est essentiel pour la vitalité de notre langue », ajoute Mme McElhone, à propos du programme Lire et faire lire, où des personnes de 50 ans et plus partagent le plaisir de lire avec les enfants.

Toutes ces initiatives s’inscrivent dans le cadre des axes stratégiques définis par la nouvelle codirection.

« Être deux jeunes à la direction, c’est une belle preuve de confiance. On veut écouter, collaborer et faire entendre la voix de tous : des aînés aux plus jeunes », insiste Mme McElhone.

Cassandra McElhone, directrice du développement communautaire à l’ACFO-SDG, souhaite renforcer la collaboration et l’inclusion au sein de la francophonie régionale. Gracieuseté

Mais pour les deux dirigeants, l’enjeu majeur reste l’accès aux services en français, toujours insuffisant dans la région de Cornwall.

« Beaucoup de gens souhaitent être servis en français, que ce soit dans les commerces ou en santé, par exemple. Nous travaillons ainsi avec nos partenaires à valoriser diverses initiatives et à les rendre plus visibles », explique-t-elle.

35 ans d’engagement à célébrer

En 2025, l’ACFO-SDG marquera son 35e anniversaire, une étape symbolique que Cassandra McElhone et Justin Chénier veulent transformer en moment de rassemblement.

« Ce sera une belle occasion de souligner tout le travail accompli et de mettre en avant la créativité et l’énergie de la nouvelle génération », affirme M. Chénier.

« Quand les jeunes découvrent la langue à travers des activités dynamiques et inclusives, ils trouvent naturellement le goût de vivre en français. C’est notre vision pour l’avenir », conclut-il.

IA : révolution ou mutation dans le cinéma et les médias?

L’intelligence artificielle (IA), qualifiée de plus grande révolution technologique depuis la bombe atomique, redéfinit le cinéma, les médias et nos récits collectifs. Quand l’algorithme prend la plume ou la caméra, tout change : journalisme, fiction, montage, aucun métier n’est épargné.

Outil créatif pour certains, menace systémique pour d’autres, l’IA questionne le rôle des artistes, la créativité et l’éthique de la production audiovisuelle. Elle ne prédit plus l’avenir, elle commence à le produire.


Des élèves font avancer le français à Penetanguishene

PENETANGUISHENE – Ils ont entre 9 et 10 ans et ils ont fait plier la municipalité de Penetanguishene. Grâce à l’initiative d’élèves de 3ᵉ et 4ᵉ année de l’École publique Saint-Joseph, le site Web de la Ville sera officiellement offert en français dès jeudi.

Tout a commencé lors d’un projet dans le cadre d’un cours d’étude sociale. Les élèves ont exploré le site Web de la ville et ont constaté qu’aucune section n’était disponible en français. 

« On cherchait, on cliquait, mais on ne trouvait pas », raconte Patrick, 9 ans, originaire de Penetanguishene. « On voulait que le français soit visible pour que tout le monde puisse comprendre l’information. »

Pour Isabella, 9 ans, également élève de la classe, il s’agissait d’un enjeu d’accessibilité. « Si tu ne connais pas l’anglais, tu ne peux pas savoir ce qui se passe dans la ville. »

La jeune élève, comme plusieurs de ses camarades, a indiqué que ce geste a été posé dans l’espoir que la version française du site puisse contribuer à attirer des francophones souhaitant s’installer dans la petite ville de près de 9 000 habitants.

De son côté, Théo, dont la mère est originaire de France, a ajouté : « On veut montrer qu’on est fiers de parler français. »

Isabella et Kayla ont bien hâte de voir le résultat sur le site internet de la municipalité. Photo : Inès Rebei/ONFR

Première et effet boule de neige

Sous la supervision de leur enseignante, Mme Anne Perrault, les élèves ont rédigé une lettre bilingue destinée au maire Doug Rawson. 

« C’est la première fois que je fais ce genre d’initiative avec une classe », explique Mme Perrault. « Je voulais juste que les élèves écrivent une lettre et la livrent à la mairie. Je ne m’attendais pas à ce que ça aille aussi vite et que ça ait un tel effet boule de neige. »

Et pour cause, la rapidité avec laquelle la municipalité a répondu a surpris celle qui enseigne dans cet établissement du Conseil scolaire Viamonde depuis trois ans et ses élèves. 

« Je pense que cette expérience peut inspirer d’autres élèves et enseignants à s’impliquer de la même manière »
— Anne Perrault

« On s’attendait à ce que ça prenne plus de temps, surtout qu’un technicien n’était pas disponible au départ, explique-t-elle. Mais tout s’est débloqué beaucoup plus vite que prévu, et quelques semaines après avoir remis la lettre, le projet était déjà en cours. »

Anne Perrault estime qu’elle aurait pu aller plus loin avec ses élèves s’ils étaient encore dans sa classe cette année. Photo : Inès Rebei/ONFR

Elle raconte que tous les enfants se sont mis à sauter et crier de joie en apprenant que leur demande avait été acceptée à l’hôtel de ville.

Tous les élèves ont signé la lettre datée de juin dernier, et certains ont même lu leur texte en anglais pour s’assurer que le maire anglophone comprenne bien leur demande.

Pour Mme Perrault, cette initiative a été une leçon concrète de citoyenneté pour ses élèves : « Ils ont compris qu’on peut influencer sa communauté, peu importe son âge. Ils ont vu que leurs actions ont un impact réel. Je pense que cette expérience peut inspirer d’autres élèves et enseignants à s’impliquer de la même manière. »

Les élèves se disent eux-mêmes fiers de leur contribution. « Ça nous donne envie de faire d’autres projets pour le français et pour aider la communauté », confie Mila, 10 ans.

Avery, comme plusieurs autres de ses camarades, avait également soulevé d’autres suggestions pour améliorer la ville, telles que des réparations à effectuer ou l’ajout de parcs. Photo : Inès Rebei/ONFR

Réponse rapide de la municipalité

Le maire Doug Rawson raconte que la démarche des élèves l’a impressionné : « Ils ont présenté un projet bien documenté, et c’était clair que la communauté scolaire était sérieuse. Nous avons immédiatement communiqué notre intention de répondre à leur demande. »

Le maire a également confié qu’il trouvait « embarrassant » le fait que la ville n’ait pas reconnu ce besoin, surtout lorsque d’autres municipalités voisines disposaient déjà de sites internet bilingues.

La ville a rapidement intégré des fonctionnalités d’accessibilité et de bilinguisme sur son site Web, permettant désormais de naviguer en français et d’adapter le contenu pour des besoins spécifiques, comme la dyslexie ou autres difficultés de lecture. 

L’ex maire et actuel conseiller francophone Doug Leroux a accompagné le maire Rawson pour visiter les élèves après avoir reçu leur lettre à l’école Saint-Joseph. Photo : Inès Rebei/ONFR

Le maire Doug Rawson souligne que ces changements ne se limitent pas au français, comme l’ont aussi demandé les élèves. « Le site offrira la possibilité d’être consulté dans d’autres langues, selon les besoins de la communauté, comme l’espagnol, et d’autres modules sont intégrés pour répondre aux différentes demandes », explique-t-il. 

Le conseil municipal a annoncé officiellement le lancement du site en français lors de la réunion municipale de mercredi soir. 

Des gestes pour la francophonie

Penetanguishene est reconnue comme un berceau de la francophonie ontarienne, en raison de son histoire qui remonte aux premiers contacts entre Samuel de Champlain et la Nation huronne‑wendat au début du XVIIᵉ siècle, et de son rôle dans l’établissement de familles francophones dans la région de la baie Georgienne. 

Aujourd’hui, environ 7,6 % des habitants ont le français comme langue maternelle, selon le recensement de Statistique Canada de 2021, et la ville abrite plusieurs institutions et organismes francophones, dont des écoles et des stations de radio communautaires.

Le maire Doug Rawson souligne que l’initiative de faire traduire le site s’inscrit directement dans le plan stratégique communautaire de 20 ans de la Ville, notamment sous le pilier du bien-être et de l’inclusion communautaire. Photo : Inès Rebei/ONFR

Depuis le début de son mandat en 2022, le maire Doug Rawson affirme que le conseil municipal multiplie les initiatives pour rendre la Ville plus accessible aux francophones. Trois des six conseillers municipaux parlent français, et lors des réunions, l’engagement du conseil et la reconnaissance territoriale sont lus en anglais et en français.

« Nous voulons montrer que nous sommes une communauté bilingue et inclusive, et que nos actions reflètent les besoins de tous nos citoyens, explique Doug Rawson. La francophonie fait partie intégrante de notre façon de communiquer et de travailler. »

Tennis : Pierre Lamarche retrace l’année de la révélation de Victoria Mboko

De Burlington à Hong Kong, la jeune Victoria Mboko a vécu une ascension fulgurante en 2025. À seulement 18 ans, la prodige canadienne est passée de la 350e à la 18e place mondiale, s’imposant notamment face à Coco Gauff, Elena Rybakina et Naomi Osaka lors d’un parcours historique à Montréal. Son premier entraîneur, Pierre Lamarche, revient sur cette saison hors norme, entre promesse confirmée et maturité gagnée.

« C’est vraiment incroyable, le parcours qu’elle a fait en une année », lance Pierre Lamarche, figure incontournable du tennis canadien et fondateur de l’Académie ACE Tennis à Burlington. Le tout premier entraîneur de Victoria Mboko l’a découverte alors qu’elle n’avait que quatre ans et a accompagné ses premiers pas dans le tennis de haut niveau.

« De partir au-delà de la 300e place mondiale et de finir 18e, je ne sais pas si quelqu’un d’autre a déjà fait ça dans le tennis féminin. »

Que de chemin parcouru depuis ses premiers pas à l’Académie ACE tennis de Pierre Lamarche. Photo : gracieuseté de Pierre Lamarche

La saison de l’explosion

L’année 2025 aura été celle de l’éclat et de la confirmation. Après un hiver marqué par plusieurs titres sur le circuit Challenger, Mboko a gagné le droit de se produire sur la plus grande scène du tennis mondial : le circuit WTA.

Les débuts sur le circuit majeur ont été encourageants. À Roland-Garros, elle a atteint pour la première fois le troisième tour d’un Grand Chelem, avant de s’incliner avec les honneurs face à la Chinoise Qinwen Zheng (3-6, 4-6). Quelques semaines plus tôt, à l’Open de Miami, elle avait remporté sa première victoire sur le circuit WTA 1000 en battant la Colombienne Camila Osorio (7-5, 5-7, 6-3), confirmant qu’elle pouvait déjà rivaliser avec des joueuses installées du top 30.

Mais c’est à Montréal, en août dernier, que tout a véritablement basculé. Invitée par les organisateurs de l’Omnium Banque Nationale, la jeune Torontoise qui parle d’ailleurs très bien le français a signé un parcours sensationnel, battant successivement Coco Gauff, Elena Rybakina et Naomi Osaka pour remporter son premier WTA 1000.
Le genre de victoire qui fait passer du statut d’espoir à celui de joueuse du top 20 mondial. Mais après un tel exploit, le plus dur a été de confirmer.

Une période difficile

Touchée au poignet droit lors de l’Omnium Banque Nationale, puis ralentie par une légère élongation à la cuisse droite, la Canadienne a dû réduire sa préparation avant l’US Open. Elle n’a pratiquement pas pu s’entraîner pendant les dix jours précédant le tournoi, arrivant à New York diminuée physiquement. Elle s’est ainsi inclinée dès le premier tour face à la Tchèque Barbora Krejčíková (6-3, 6-2).

Une adversaire, selon Pierre Lamarche, « au jeu très complet et plein de coupures », dont la variété a contrarié le style plus direct de Mboko. L’entraîneur explique que ce type de profil technique, capable de casser le rythme et de multiplier les trajectoires différentes, reste difficile à manœuvrer pour une jeune joueuse qui mise avant tout sur la puissance et la vitesse d’exécution.

La suite de la tournée nord-américaine n’a pas été plus clémente, avec deux autres éliminations précoces : dès le deuxième tour à San Diego, battue par Jessica Pegula, puis au premier tour à Guadalajara face à Emma Navarro.

« Le pire qui aurait pu se passer, c’est que ces trois défaites lui fassent perdre la confiance qu’elle avait », ajoute Lamarche.

Rebond à Hong Kong

Mais Victoria Mboko a su rebondir lors de son dernier tournoi de l’année, à Hong Kong, où elle a retrouvé son meilleur niveau. La jeune joueuse y a battu successivement Bianca Andreescu et Leylah Fernandez, les deux têtes d’affiche du tennis canadien, pour s’offrir un deuxième titre d’envergure.

« C’est pour ça que la victoire à Hong Kong est incroyable pour elle. Elle a prouvé qu’elle avait le niveau et la résilience. »
— Pierre Lamarche

Ce retour en Asie lui a permis de terminer l’année sur une note forte avant les rencontres de barrage de la Coupe Billie-Jean-King, qui se tiendront la fin de semaine prochaine (du 14 au 16 novembre) au Club Sonoma de Monterrey (Mexique), sur surface dure extérieure. Elle y figure au sein d’une jeune équipe canadienne composée également de Marina Stakusic, Rebecca Marino, Kayla Cross et Ariana Arseneault.

Une grande marge de progression

Même s’il ne l’entraîne plus directement, Pierre Lamarche observe avec admiration les progrès de celle qu’il a vue grandir sur les courts de Burlington.

Pierre Lamarche reste très proche de sa protégée à qui il a transmis les bases du tennis. Photo : gracieuseté de Pierre Lamarche

« Son développement physique est remarquable, surtout dans la défensive et la contre-attaque. Elle a démontré des qualités que je ne savais pas qu’elle avait, » confie-t-il.

Mais l’entraîneur pointe aussi certains axes d’amélioration : « Son service est très bon quand il passe, mais son pourcentage n’est pas assez élevé, et elle aime trop servir à l’extérieur. Elle doit apprendre à mieux varier et à être moins prévisible. Et puis, à la volée, elle doit encore développer de meilleures sensations. »

Le futur d’une ambassadrice du tennis canadien

À 18 ans, l’Ontarienne que tout le monde appelle Vicky confirme la vitalité du tennis féminin canadien et prouve qu’une nouvelle génération peut désormais rivaliser avec l’élite mondiale. Son prochain objectif : confirmer en 2026 face aux meilleures, dans les Grands Chelems où elle sera désormais tête de série.

« Elle est là pour longtemps. Elle a la tête sur les épaules, elle apprend vite, elle comprend ce qu’il faut faire pour durer. »

Daniel Roy, vétéran métis franco-ontarien, témoigne de l’évolution du Jour du Souvenir

À Ottawa, le vétéran métis franco-ontarien Daniel Roy voit dans le Jour du Souvenir bien plus qu’une cérémonie annuelle : un moment de réflexion et de transmission, à la croisée de la mémoire collective et du vécu personnel. Il témoigne d’une journée qui, selon lui, n’a jamais cessé d’évoluer.

Chaque 11 novembre, Daniel Roy se rend au monument des vétérans autochtones d’Ottawa, où la cérémonie débute à 9 h 30.

« C’est une journée de réflexion, dit-il. Se souvenir des soldats qui ont servi pour la défense du Canada… mais aussi de ceux qui ont œuvré pour le maintien de la paix partout dans le monde. »

Ancien officier du génie électromécanique, il a servi quinze ans dans la Réserve canadienne avant de se consacrer, depuis douze ans, à la transmission de la mémoire au Musée canadien de la guerre.

« Quand on est aux cérémonies, on voit les vétérans plus âgés, et les larmes sont au menu pour eux. C’est un moment d’émotion, mais aussi de souvenir des bons moments, des camarades, de ce qu’on a vécu ensemble. »

Une mémoire qui se transforme

Pour M. Roy, le Jour du Souvenir n’a cessé de se transformer au fil des décennies, au gré des conflits où le Canada a été engagé.

« Quand le pays était en Afghanistan, de 2002 à 2012, il y a eu un réveil, dit-il. Les gens s’arrêtaient sur les ponts pour saluer le retour des soldats rapatriés à Trenton. C’était émouvant de voir tous ces Canadiens, peu importe leurs origines ou leurs religions, debouts en silence. »

Un élan d’unité nationale qu’il n’avait pas revécu depuis la guerre de Corée. Ce moment, se souvient-il, a permis à une nouvelle génération de Canadiens de renouer avec la réalité du service militaire et du sacrifice.

Mais cette prise de conscience, ajoute-t-il, pourrait s’effriter avec le temps. Sans le souhaiter, il observe que « l’histoire montre qu’il faut parfois un autre conflit pour raviver ce sentiment d’unité ».

Daniel Roy devant le Monument national aux anciens combattants autochtones. Photo : gracieuseté de M. Roy

Une reconnaissance grandissante des peuples autochtones et métis

Métis et fier de l’être, Daniel Roy souligne aussi l’importance de la reconnaissance croissante des Premières Nations, Métis et Inuits dans les cérémonies mais aussi au sein même de l’armée.

« C’est tout nouveau depuis cinq ou six ans : on les reconnaît davantage et c’est beau à voir. Les soldats autochtones ont maintenant le droit de porter la couette, la ceinture fléchée pour les Métis ou d’autres symboles qui reflètent leur identité. »

Au cours des deux dernières années, il a eu l’honneur de déposer la couronne au nom de la Fédération des Métis du Canada au cénotaphe d’Ottawa. Cette année, il participera à la cérémonie des vétérans autochtones à 9 h 30 avant de se rendre au Musée canadien de la guerre, où il œuvre comme interprète bénévole.

Entre transmission et gratitude

Au-delà des cérémonies officielles, il remarque aussi un changement dans le regard du public.

« Quand je porte mes décorations, les gens me remercient plus souvent. L’autre jour, une jeune femme s’est retournée après m’avoir croisé juste pour me dire : merci pour votre service. Ça, c’est nouveau. »

Pour lui, cette reconnaissance traduit une évolution du rapport des Canadiens à leurs vétérans. Désormais, il est empreint de respect et de proximité.

« C’est beau à voir, ça fait partie de l’éveil des Canadiens envers ceux qui ont servi. »

Mais pour que ce souvenir perdure, la transmission doit continuer.

« La jeunesse, c’est essentiel. Quand j’allais dans les écoles de mes filles, à Toronto, je leur expliquais ce que ça veut dire être vétéran, aller à la guerre. »

Il se souvient aussi de ses voyages en Europe, où la mémoire de guerre reste omniprésente.

« Là-bas, les jeunes n’ont qu’à monter dans un autobus pour aller sur les lieux mêmes des batailles. Ici, au Canada, c’est différent : il faut raconter, montrer des photos, des films. Le processus n’est pas le même, mais on arrive au même résultat. »

M. Roy au musée de la Guerre du Canada avec sa plume d’aigle. Photo : gracieuseté de Daniel Roy

Au musée d’Ottawa, il poursuit ce travail de mémoire auprès des jeunes visiteurs.

« C’est important qu’ils voient un vrai vétéran, qu’ils comprennent que ce n’est pas seulement un jeu vidéo ou une image de film. »

Pour lui, le coquelicot demeure un symbole puissant : « Il nous rappelle qu’il faut prendre un instant dans notre vie acharnée pour réfléchir, peut-être dire une prière, penser à quelqu’un qui a servi. » Et s’il continue de le porter, c’est « par tradition », car, dit-il en souriant, « je n’ai pas besoin de coquelicot pour ça : je l’ai dans le cœur tous les jours. »

Un hommage célébré à travers l’Ontario

Si Daniel Roy participera aux cérémonies à Ottawa, d’autres rassemblements auront lieu ailleurs dans la province.

La lieutenante-gouverneure Edith Dumont assistera à la commémoration officielle de Toronto, au cénotaphe de l’Old City Hall, dont c’est le centième anniversaire, de 10 h 45 à midi. Puis, en soirée, elle prendra part au banquet du Souvenir de la Légion royale canadienne à Cambridge.

À London, la population est attendue au cénotaphe de Victoria Park dès 10 h 45. Alors qu’à Windsor, la cérémonie se tiendra à City Hall Square, accompagnée d’un éclairage rouge symbolique des édifices municipaux.

Dans le Nord, des cérémonies sont prévues à Timmins, au cénotaphe de Hollinger Park, un peu avant 11 heures.

Toronto, East York, Etobicoke, Fort York, North York, Scarborough, York et Hamilton organiseront également leurs propres moments de recueillement à 10 h 45.

D’un bout à l’autre de l’Ontario, ces commémorations simultanées rappellent que le 11 novembre se vit à la fois dans l’intimité du souvenir et dans le partage d’une histoire commune.

Un parc à Orléans porte désormais le nom de Trèva Cousineau

ORLÉANSLa militante francophone Trèva Cousineau a désormais un parc à son nom à Orléans. La Ville d’Ottawa a renommé le parc Glen « parc Trèva Cousineau », en hommage à l’engagement de cette figure marquante de la francophonie ontarienne.

Entourée de nombreux amis, membres de sa famille et figures de la communauté, Trèva Cousineau, 88 ans, a inauguré le parc samedi dernier, au 1756, promenade Grey-Nuns.

« Jamais je n’aurais imaginé qu’un jour, un parc porterait mon nom. Je me sens extrêmement privilégiée d’avoir été ainsi mise en lumière », a-t-elle déclaré à ONFR.

Militante franco-ontarienne infatigable, Mme Cousineau œuvre depuis plus de cinquante ans à la défense et à la promotion de la communauté francophone. Elle a notamment été directrice générale du Conseil de l’éducation catholique pour les francophones de l’Ontario, et a occupé plusieurs fonctions au sein d’organismes provinciaux et nationaux.

«  Je pense à toutes ces personnes qui, chaque jour, donnent généreusement de leur temps et de leur énergie pour les autres, souvent sans jamais recevoir de reconnaissance », a-t-elle affirmé, exprimant sa gratitude à l’organisme Femmes remarquables d’Ottawa pour avoir proposé sa candidature.

En effet, cette inauguration fait suite à une consultation publique menée par la Ville d’Ottawa du 8 avril au 6 mai dernier, visant à proposer différents changements toponymiques sur son territoire.

Trèva Cousineau, figure emblématique de la francophonie ontarienne, à l’occasion de l’inauguration du parc Trèva-Cousineau à Orléans. Grasieuseté

« Ses contributions importantes à notre communauté au cours des 60 dernières années ont eu un impact durable sur d’innombrables résidents de notre ville, et son héritage perdurera pendant de nombreuses années », a indiqué pour sa part la conseillère municipale d’Orléans, Laura Dudas, présente à la cérémonie aux côtés du maire Mark Sutcliffe et de plusieurs personnalités locales.

De son côté, la députée fédérale Marie-France Lalonde a salué « l’engagement inspirant de Trèva envers la communauté francophone », estimant que la dénomination du parc constitue « une belle façon de célébrer ses contributions ».

Née le 12 juin 1937 à Timmins, dans le Nord de l’Ontario, Trèva Legault, de son nom de naissance, est arrivée à Ottawa en 1989, où elle s’est installée dans le quartier francophone d’Orléans.

Au cours de son parcours, elle a siégé à de nombreux conseils et comités, dont le Conseil des affaires franco-ontariennes, le Groupe consultatif sur la gestion de l’éducation en langue française, et le Mouvement d’implication francophone d’Orléans (MIFO), qu’elle a présidé.

Trèva Cousineau, plus de 50 ans d’engagement envers la francophonie ontarienne. Gracieuseté

Ses décennies d’engagement lui ont valu plusieurs distinctions : Citoyenne de l’année du réseau ACFO (2007), Ordre des francophones d’Amérique (2014), prix Femmes remarquables Ottawa (2022), prix Bernard-Grandmaître (2022) et Médaille du jubilé de platine de la reine Élisabeth II (2022).

Soccer : l’Atlético Ottawa champion au terme d’une soirée épique

OTTAWA – L’équipe de la capitale fédérale, la plus francophone de la Première ligue canadienne (PLC), a remporté son premier titre national ce dimanche, au terme d’un match disputé dans des conditions dantesques. Les Ottaviens se sont imposés 2-1 en prolongation, près de quatre heures après le coup d’envoi initial de la rencontre, en raison de fortes chutes de neige qui ont compliqué le bon déroulement de la rencontre.

« Ce soir, ce n’est pas du football, c’est de la survie. »

Ces mots de l’entraîneur-chef de l’Atlético, Diego Mejia confiés à One Soccer, résument bien les conditions dans lesquelles se sont déroulées les 90 premières minutes de la finale de la PLC. Les premières neiges de l’année n’ont pas épargné les 22 acteurs de la rencontre, qui ont dû jouer dans le blizzard devant 13 132 spectateurs courageux, n’ayant pas quitté les gradins de la Place TD.

« Si c’était tout autre match que celui-ci (la finale), il aurait été annulé. Ce n’était pas un match », a renchéri Tommy Wheeldon Jr., l’entraîneur de Calgary, après la rencontre, précisant que les conditions étaient les mêmes pour les deux équipes et qu’elles ne constituaient pas la raison de la défaite.

Du jamais vu

Décalée de 30 minutes, la rencontre s’est bien tenue sous une neige abondante, qui s’est épaissie sur le terrain au fil des minutes, nécessitant des pauses tous les quarts d’heure pour nettoyer les lignes. Malgré ces conditions, dans lesquelles il n’y a qu’au Canada qu’on joue au soccer, les deux équipes sont parvenues à livrer un spectacle respectable en première mi-temps avec deux buts inscrits.

« Je n’ai jamais joué dans des conditions comme celles-ci. Même au Canada, on ne joue pas dans ces conditions, peut-être un entraînement une fois, a confié le défenseur québécois Loïc Cloutier après la rencontre. En première mi-temps, c’était jouable, on a réussi à jouer notre jeu. En dehors de quelques contre-attaques, on était bien. […] C’est sûr qu’une fois que le terrain a été dégagé, c’était plus simple de jouer en prolongation. »

La neige très dense, surtout en deuxième période, a rendu les conduites de balle quasiment impossibles, comme illustré ici avec Gabriel Antinoro. Photo : Tim Austen/Canadian Premier League

Le premier a été l’œuvre de Fraser Aird, qui a transformé un penalty accordé pour une faute de Dos Santos sur Ntignee (0-1, 33e). L’Atlético Ottawa, qui n’avait pas perdu à la maison de toute la saison jusque-là, ne pouvait pas laisser filer ce match.

David Rodriguez, véritable révélation de l’équipe, a signé le but de l’égalisation avec une reprise de volée en ciseaux somptueuse (1-1, 40e), certainement l’un des plus beaux buts et des plus iconiques en sept ans d’histoire de la ligue.

Rodriguez joueur du match

L’attaquant mexicain a été élu meilleur joueur de la finale, en délivrant les siens en prolongation, devenant ainsi le premier à marquer un doublé en finale. Sur un long service millimétré de Manny Aparicio, il a piqué son ballon par-dessus Carducci pour offrir la victoire à l’équipe locale (2-1, 106e), sous les acclamations des partisans.

Entre-temps, la deuxième mi-temps avait été beaucoup plus compliquée avec l’accumulation de neige sur le terrain, qui a freiné la circulation du ballon et les possibilités de dribble des joueurs.

« Avec la hauteur de la neige en deuxième partie, c’était vraiment compliqué », a confirmé Cloutier.

Intervention défensive de Loïc Cloutier dans une neige épaisse en deuxième mi-temps. Photo : Vitor Munhoz/Canadian Premier League

La décision de prendre une heure pour dégager le terrain complet au terme du temps réglementaire a certes pris du temps, mais elle a permis d’offrir deux mi-temps de prolongation au niveau attendu pour un tel événement.

Une saison de records

Ce premier titre de PLC du club de la capitale vient récompenser une saison historique de la part des hommes de Diego Mejia qui, pour sa première saison à la tête de l’équipe, a installé un style de jeu offensif unique, avec beaucoup de responsabilités données à de jeunes joueurs. Une nouveauté dans la ligue canadienne, qui s’est traduite par de nombreux records battus.

« Je ne crois pas qu’il y ait déjà eu un champion de la PLC avec 10 000 minutes données aux joueurs de moins de 21 ans et en ayant plus de 60 % de possession de balle sur la saison », s’est félicité Mejia en conférence de presse.

La joie de David Rodriguez après le but de la victoire. Photo : Tim Austen/Canadian Premier League

Ottawa est devenu la meilleure attaque de l’histoire sur une saison, avec un total de 54 buts marqués en saison régulière et 59 au total. Sam Salter, le buteur québécois, termine avec l’exercice le plus prolifique pour un buteur avec 19 réalisations en régulière (précédent record à 15) et un beau cadeau de départ au club avec ce titre de champion et une récompense personnelle de meilleur joueur de la ligue. Enfin, Ottawa est la première équipe à terminer une saison invaincue à domicile.

« Quand on a vu tout ces gens qui étaient là malgré le froid, je ne sais pas comment ils font, mais on ne pouvait pas perdre », a confié David Rodriguez après le match.

« C’est aussi pour cela qu’on n’a pas perdu un seul match à domicile cette année », a ajouté Cloutier.

Collèges francophones ontariens : un financement à bout de souffle?

Stagnation des subventions provinciales, baisse des revenus, diminution des permis d’études pour les étudiants internationaux… La situation budgétaire des deux collèges francophones de l’Ontario, La Cité à Ottawa et Boréal, qui compte huit campus dans le Nord et le Centre-Sud-Ouest de l’Ontario, est tendue. Dans ce contexte, les établissements redoublent d’efforts pour assurer leur mission éducative et leur rôle dans la vitalité des communautés francophones.

« Comme tous les collèges ontariens, nous sommes touchés par les décisions du gouvernement provincial », explique Daniel Giroux, président du Collège Boréal.

Il rappelle que la réduction de 10 % des frais de scolarité imposée en 2019 s’est traduite par une perte réelle de 13 %, en raison du gel des hausses annuelles.

« Combinée à l’inflation, cette mesure équivaut à une perte d’environ 40 % de revenus depuis 2019 », résume-t-il. À cela s’ajoute la stagnation des subventions provinciales.

« L’Ontario demeure l’une des provinces les moins financées par étudiant. C’est un défi majeur, surtout pour les collèges francophones », souligne M. Giroux.

Et pour cause, les programmes techniques et de santé sont particulièrement coûteux à offrir, en raison des laboratoires, du matériel spécialisé et des exigences de sécurité.

« Dans un atelier de soudage ou un laboratoire de soins infirmiers, on ne peut pas accueillir 300 étudiants. La limite est souvent de 25. Ces réalités rendent la formation beaucoup plus coûteuse que dans des programmes théoriques », précise-t-il.

Des programmes sous pression

Contrairement à La Cité, qui avait annoncé la suspension de neuf programmes, le Collège Boréal n’a pas interrompu d’offres de formation. Toutefois, le président admet que plusieurs programmes demeurent déficitaires.

« C’est la réalité d’un petit collège francophone avec des cohortes réduites », reconnaît la direction de l’établissement, qui accueille quelque 23 400 clients et étudiants par année.

Boréal, qui dispose de 34 sites (dont 8 campus) situés dans 27 collectivités ontariennes, fait également face à un défi d’entretien et de modernisation de ses installations.

« Certains laboratoires et bâtiments datent de 30 ans. Les toitures, les équipements, les infrastructures sportives : tout nécessite une mise à jour. Faute de moyens, ces projets sont souvent reportés, au risque de devenir un jour une crise », admet M. Giroux.

Pour compenser, le collège développe des formations sur mesure et une division de développement des affaires afin de diversifier ses revenus.

« Nous cherchons d’autres sources de financement pour maintenir nos programmes, même lorsqu’ils ne sont pas rentables, car ils sont essentiels pour nos communautés », affirme-t-il.

Un complexe sportif multidisciplinaire est aussi à l’étude pour soutenir la viabilité de l’établissement et le recrutement d’étudiants canadiens.

Le recrutement international, une équation difficile

Autre sujet d’inquiétude : la baisse du taux d’approbation des permis d’études pour étudiants internationaux, passé de 30 % avant 2023 à 13,5 % actuellement.

« C’est deux fois moins que dans plusieurs collèges anglophones. Nous devons donc soumettre beaucoup plus de demandes pour espérer atteindre nos cibles », explique M. Giroux.

Mais les collèges francophones ne sont pas au bout de leur peine avec la récente décision fédérale de baisser le nombre de permis d’étude, une nouvelle source d’incertitude.

Le président salue néanmoins le programme pilote d’immigration francophone lancé par Ottawa, qui permet à certains diplômés d’obtenir la résidence permanente.

« C’est une initiative incroyable! Nous souhaitons qu’elle devienne permanente, car c’est un outil essentiel pour soutenir l’immigration francophone », souligne-t-il, rappelant qu’il s’agit également d’une demande de l’Association des collèges et universités de la francophonie canadienne (ACUFC).

Du côté de La Cité on note une hausse de 31 % des inscriptions en première année chez les Canadiens francophones. Cette hausse compense partiellement la baisse d’étudiants internationaux causée par les nouvelles règles d’Immigration, Réfugiés et Citoyenneté Canada (IRCC), affirme La Cité.

« À la rentrée de 2025, nous avons accueilli près de 7200 étudiants, une hausse de plus de 500 inscriptions par rapport à 2023 », indique l’équipe des communications.

Mais derrière ces chiffres encourageants, l’incertitude demeure.

« Elle nous a amenés à ralentir certains investissements à long terme et à adopter une posture plus prudente », souligne la direction, rappelant les propos de la PDG Lynn Casimiro.

« Le cadre financier actuel, influencé par divers facteurs externes, nous impose une gestion rigoureuse », ajoute la même source.

Le collège vise néanmoins un budget équilibré pour 2025-2026, et potentiellement pour 2026-2027.

« La Cité ne prévoit pas d’autres fermetures de programmes que celles annoncées au printemps dernier, et compte ajouter deux nouvelles formations à sa carte », précise l’établissement.

Collaboration et avenir du réseau francophone

Face aux contraintes financières, les deux collèges misent sur la mutualisation des ressources et la collaboration interinstitutionnelle.

Le Collège Boréal collabore déjà avec La Cité au développement de passerelles entre les programmes de préposé aux services de soutien personnel, de soins infirmiers auxiliaires et d’infirmières autorisées.

Les deux établissements, à l’instar des 24 collèges de l’Ontario, travaillent conjointement à concevoir ces parcours de formation, à élaborer la pédagogie et le matériel didactique.

Selon M. Giroux, le potentiel de collaboration entre les collèges francophones demeure considérable.

« Nous travaillons déjà avec l’Université de Hearst et plusieurs conseils scolaires pour partager des espaces et développer des passerelles entre programmes », ajoute-t-il. Ces synergies permettent d’optimiser les ressources et de maintenir une offre francophone diversifiée à travers la province.

Par ailleurs, les deux établissements appuient la demande de l’Assemblée de la francophonie de l’Ontario (AFO) pour un financement de base adéquat et durable.

Dans ce contexte, la résolution récente de l’AFO réclamant un meilleur appui aux collèges francophones et aux programmes à petites cohortes trouve un écho immédiat.

« De telles mesures sont essentielles à la vitalité des communautés francophones et à la croissance de notre économie », affirme La Cité.

Car au-delà des chiffres, c’est la pérennité du réseau collégial francophone ontarien, pilier de la formation, de l’emploi et de l’immigration, qui est en jeu.

Avec des informations d’Inès Rebei.

Vers un campus franco-canadien à l’Université d’Ottawa

OTTAWA – L’Université d’Ottawa et France Universités annoncent la création d’un Campus franco-canadien, destiné à renforcer les liens universitaires et scientifiques entre le Canada et la France. Ce partenariat, officialisé par la signature d’une lettre d’intention, vise à promouvoir la coopération en matière de recherche, d’innovation et de formation, tout en soutenant la francophonie hors Québec.

Cette entente a été signée dans le cadre d’un événement réunissant plus de 25 universités canadiennes et françaises dans le cadre du Dialogue universitaire franco-canadien : enjeux et défis des universités au 21e siècle, une journée consacrée aux échanges et à la collaboration scientifique.

Parmi les établissements présents, l’Université de Montréal, l’Université du Québec en Outaouais et l’Université de Moncton, toutes déjà impliquées dans des partenariats avec la France.

« Le Canada et la France collaborent depuis longtemps en matière de recherche universitaire. L’idée ici est de renforcer ces collaborations, tant sur le plan académique que scientifique, et de faire rayonner davantage les liens entre universités canadiennes et françaises », explique Martine Lagacé, vice-rectrice associée, promotion et développement de la recherche à l’Université d’Ottawa.

De gauche à droite : Sahra Ali de Universités Canada, Lamri Adoui, président de France Universités, Marie-Eve Sylvestre, Rectrice et vice-chancelière, Université d’Ottawa, et Michel Miraillet, ambassadeur de France au Canada. Photo : Université d’Ottawa

Cette entente s’inscrit dans la continuité de l’entente signée en septembre 2024 entre France Universités et Universités Canada, qui vise à rapprocher les établissements d’enseignement supérieur des deux pays et à encourager de nouvelles formes de collaboration académique et scientifique.

L’Université d’Ottawa, qui pilote déjà le Fonds France-Canada pour la recherche, un consortium de 23 universités canadiennes, prendra la tête de ce nouveau campus du côté canadien.

« En tant qu’université bilingue au cœur de la capitale du Canada, l’Université d’Ottawa entretient depuis toujours des liens privilégiés avec la France (…) Le Campus franco-canadien vient consolider cette relation historique en offrant un espace de collaboration et d’innovation, une véritable porte d’entrée pour les établissements français et canadiens souhaitant renforcer leurs initiatives conjointes », déclare quant à elle, Marie-Eve Sylvestre, rectrice et vice-chancelière de l’Université d’Ottawa, par voie de communiqué.

Interrogée après l’annonce, mardi, de la réduction du nombre d’étudiants internationaux dans le budget fédéral, Martine Lagacé a relativisé l’impact pour le Campus franco-canadien.

« Il n’y a pas, pour l’instant, d’obstacle majeur pour la mise en place du Campus franco-canadien. Il faudra peut-être faire preuve de créativité, par exemple en proposant des solutions en ligne, mais nous ne craignons pas que la situation actuelle empêche nos partenaires français de participer », a-t-elle déclaré.

Qu’est-ce que le Campus franco-canadien?

Le projet, en cours de développement, vise à générer de nouvelles collaborations de recherche et à créer des programmes universitaires conjoints. 

Cela pourrait se traduire par des chaires de recherche, des échanges étudiants à la maîtrise et au doctorat, ou encore la création de nouveaux programmes gérés conjointement par des universités canadiennes et françaises.

Certaines thématiques se dessinent déjà : intelligence artificielle, diplomatie scientifique, bilinguisme, santé et changement climatique.

Martine Lagacé est vice-rectrice associée, promotion et développement de la recherche depuis 2018. Photo : Valérie Charbonneau

« Nous allons réunir les universités canadiennes intéressées et, de leur côté, France Universités fera de même avec ses établissements. L’objectif est de travailler ensemble, de mettre en commun nos forces et de voir comment collaborer efficacement avec nos partenaires français », précise Mme Lagacé.

Elle souligne également que l’ensemble des universités canadiennes, et particulièrement celles à vocation francophone hors Québec, seront sollicitées dans les prochaines semaines pour rejoindre ce consortium.

Des priorités encore à définir

Pour l’instant, aucun financement spécifique n’est prévu pour le Campus franco-canadien, qui se développera d’abord de manière organique selon les priorités académiques et de recherche des universités canadiennes et françaises.

« Nous ne craignons pas que la situation actuelle empêche nos partenaires français de participer »
— Martine Lagacé

« Au fur et à mesure que nous allons développer le campus et générer des projets, nous réfléchirons à comment appuyer financièrement ces initiatives. Ce qui est sûr, c’est qu’il y a un engagement des universités canadiennes et françaises à faire vivre ce campus », explique-t-elle.

« Il n’y a pas, pour l’instant, d’obstacle majeur pour la mise en place du Campus franco-canadien. Il faudra peut-être faire preuve de créativité, par exemple en proposant des solutions en ligne, mais nous ne craignons pas que la situation actuelle empêche nos partenaires français de participer », a-t-elle déclaré.

L’Université d’Ottawa est reconnue comme étant la plus grande université bilingue français-anglais au monde. Photo : Archives ONFR

Le travail concret pour donner vie au Campus franco-canadien débutera dès décembre 2025 avec des réunions entre les universités canadiennes et françaises, et la mise en place d’initiatives plus tangibles est prévue pour début 2026.

« Personnellement, je vais y mettre tout mon engagement pour donner un vrai souffle à ce campus », conclut Martine Lagacé.

Toxicomanie et itinérance : un centre d’aide bilingue pour l’ouest d’Ottawa

Un nouveau carrefour d’aide aux sans-abri et de lutte contre les dépendances (AIDE) ouvrira ses portes à Bells Corners en 2026. Ce centre bilingue regroupera des services de santé, de stabilisation, de traitement et d’aide au logement afin de mieux répondre aux besoins d’une population en forte croissance dans l’ouest d’Ottawa.

Un nouveau carrefour d’aide aux sans-abri et de lutte contre les dépendances (AIDE) ouvrira ses portes dans l’Ouest d’Ottawa au début de 2026. Il sera situé au 2194 chemin Robertson à Bells Corners.

Le centre regroupera des services de santé, de soutien social et de traitement en toxicomanie, ainsi que des ressources d’aide au logement. Les services seront offerts en français et en anglais, précisent ses responsables.

« Les personnes francophones seront bien accueillies, tout comme les anglophones », affirme Tamara Chipperfield, présidente-directrice générale du Centre de santé communautaire Pinecrest-Queensway.

Pour Tamara Chipperfield, PDG du Centre de santé communautaire Pinecrest-Queensway, le carrefour AIDE contribuera à réduire la pression sur les urgences. Photo : Amine Harmach / ONFR

Selon elle, la demande pour des services en santé mentale et en dépendance ne cesse de croître.

« Il y a un grand manque de services dans toute la ville, particulièrement dans les banlieues plus rurales. Nos urgences reçoivent fréquemment des personnes en crise. Ce centre permettra d’offrir un soutien plus spécialisé et de réduire la pression sur le système de santé », relève Tamara Chipperfield.

Le carrefour AIDE offrira des services de sevrage, de stabilisation et de traitement, adaptés à la complexité de chaque situation.

Pour Marie-Andrée Carrière, directrice des services en dépendance et en rétablissement chez Montfort Renaissance, la dimension linguistique est essentielle.

« La population francophone de l’ouest d’Ottawa a beaucoup augmenté. Il est primordial d’offrir des services accessibles en français pour mieux desservir ces résidents », souligne-t-elle.

Du sevrage au logement

Mme Carrière explique que Montfort Renaissance gérera les lits de sevrage et de stabilisation résidentielle, deux étapes cruciales du processus de rétablissement.

« Le sevrage est une phase critique, tant sur le plan physiologique que social. Les patients reçoivent un accompagnement médical et un soutien constant. Par la suite, la stabilisation résidentielle leur permet de retrouver un rythme de vie sain et de se préparer à un traitement plus long. » explique-t-elle.

Les patients seront ensuite orientés vers des programmes de traitement de longue durée et de stabilisation, situés dans des espaces existants loués par le carrefour AIDE de l’ouest d’Ottawa au sein de l’Hôpital Royal.

Le continuum de soins permettra d’aller « de l’urgence médicale jusqu’à un logement sécuritaire », notamment grâce à un partenariat avec Ottawa Salus pour l’hébergement à long terme, ainsi qu’à la collaboration de sept partenaires communautaires apportant chacun leur expertise soit le soutien à l’emploi, l’accompagnement dans le parcours patient, la santé mentale, etc.

« Le carrefour AIDE vient combler une lacune importante dans l’ouest d’Ottawa, une région historiquement sous-desservie », souligne-t-elle.

Un projet appuyé par la Ville et les résidents

La conseillère municipale Laine Johnson se réjouit de cette annonce.

« Dans le quartier Collège, environ 10 % des résidents sont francophones. C’est un secteur diversifié, et les services de santé concernent tout le monde. J’espère que les francophones pourront aussi en bénéficier », se félicite-t-elle.

Laine Johnson, conseillère municipale du quartier Collège, estime que le carrefour AIDE contribue à décentraliser les services de santé et de dépendance dans l’ouest d’Ottawa. Photo : Amine Harmach / ONFR

Elle rappelle que ce projet s’inscrit dans une démarche de décentralisation des services : « Trop souvent, les ressources sont concentrées au centre-ville, alors que de nombreuses personnes de l’ouest y ont difficilement accès. »

Avant l’annonce officielle, les partenaires du projet ont rencontré des élus, commerçants et organismes communautaires du secteur.

« Nous avons frappé aux portes pour présenter nos services et rassurer nos voisins. Nous voulons être de bons partenaires communautaires », explique Mme Chipperfield.

D’ici l’ouverture, plusieurs rencontres communautaires auront lieu afin de maintenir un dialogue avec la population locale.

« L’objectif est de créer des liens de confiance et d’assurer une communication ouverte », précise Mme Johnson.

Un investissement provincial majeur

Le député provincial de Carleton George Darouze rappelle que le carrefour AIDE, n’est pas un centre d’injection supervisée.

« Ce n’est pas un endroit pour distribuer des seringues ou des trousses d’inhalation sécuritaire. Il s’agit d’un lieu d’accompagnement qui réunit plusieurs partenaires pour soutenir les familles, les aînés et la communauté », explique-t-il.

George Darouze, député provincial de Carleton, rappelle que le carrefour AIDE, vise à offrir des services d’accompagnement et de rétablissement, et non de consommation supervisée. Photo : Amine Harmach / ONFR

Selon lui, les carrefours AIDE représentent « une avancée décisive dans la réduction des disparités en matière de santé mentale et de toxicomanie ».

Ils s’inscrivent dans un investissement provincial de 550 millions $ destiné à créer 28 centres AIDE à travers l’Ontario afin d’améliorer l’accès au traitement et à la prévention.

Le carrefour AIDE de l’ouest d’Ottawa sera le deuxième dans la capitale, après celui du Centre de santé communautaire Somerset Ouest.

L’Est ontarien en compte également deux autres, notamment dans le secteur du Comté de Lanark et des Comtés unis de Leeds et Grenville ainsi que dans le Comté de Renfrew.


Ces carrefours AIDE font partie d’une nouvelle approche provinciale, lancée en août 2024 par le gouvernement de l’Ontario dans la foulée de la fermeture de plusieurs centres de consommation supervisée.

Ils visent, selon la province, à soutenir la santé des personnes aux prises avec une consommation de substances et favoriser leur stabilité en matière de logement.

Étudiants étrangers : Inquiétude et incertitude pour les établissements francophones

OTTAWA — La nouvelle ronde de coupures dans les permis d’études internationaux inquiète des établissements francophones postsecondaires dans la province. Queen’s Park accuse Ottawa de « mettre en péril » la stabilité des collèges et universités ontariens.

« En agissant unilatéralement sur les règles encadrant les étudiants étrangers, le gouvernement fédéral contraint les établissements d’enseignement postsecondaire de l’Ontario et d’ailleurs au Canada à faire face à des choix difficiles qui mettent en péril leur stabilité et leur rayonnement à long terme », a indiqué Bianca Giacoboni, attachée de presse du ministre des Collèges et Universités, Nolan Quinn dans une déclaration.

Dans son budget, le gouvernement Carney indique qu’il réduira de moitié le nombre de nouveaux permis qu’il délivra en 2026, 2027 et 2028. Au total, Ottawa compte accueillir 450 000 nouveaux étudiants internationaux. Ce nombre n’inclut pas ceux qui étudient déjà dans un établissement postsecondaire au Canada cette année. Dans son Plan des niveaux en immigration de l’an dernier, le plafond des nouveaux permis d’études nationaux sur trois ans était de 917 700.

« Si c’est aussi draconien que le laisse entendre le budget, ça serait une surprise pour nos établissements », lance Martin Normand, président et directeur général de l’Association des collèges et universités de la francophonie canadienne (ACUFC).

L’ACUFC qui représente la vingtaine d’établissements francophones hors du Québec dit attendre plus de détails de la part d’Immigration, Réfugiés et Citoyenneté Canada (IRCC), mais déplore que cela place à nouveau ses établissements dans une position d’incertitude.

« À première vue, ça peut apparaître comme étant une baisse importante du nombre qui est inclus dans le plan des niveaux et c’est inquiétant. C’est préoccupant autant pour l’association que pour nos membres », affirme Martin Normand.

En 2024, les annonces de baisse de permis d’études avaient envoyé comme message que le Canada voulait moins d’étudiants internationaux, étale M. Normand, ce qui avait nui aux efforts de recrutement. Il craint une seconde ronde.

« Il ne faut pas sous-estimer les réseaux d’études internationaux qui existent, la vitesse à laquelle les messages circulent », dit-il.

Martin Normand occupe le poste de président-directeur général de l’ACUFC. Gracieuseté photo

« Il y a des établissements qui sont déjà sur le terrain pour faire le recrutement international en ce moment, poursuit le représentant de l’ACUFC. Il va falloir que très rapidement, les provinces soient mises au courant de la façon dont seront distribués le nombre d’attestations provinciales et comment les provinces les distribuent aux établissements », demande-t-il.

En Ontario français

Nous avons contacté les établissements francophones de la province pour avoir leur réaction par rapport à l’annonce d’Ottawa. La plupart d’entre eux nous ont répondu qu’ils attendaient plus de détails provenant du ministère fédéral avant de réagir plus en profondeur. La Cité nous a indiqué qu’il était « encore trop tôt pour porter un jugement éclairé », mais indique que dans « le contexte où la francophonie hors Québec demeure fragile, toute réduction des cibles d’immigration nous préoccupe ».

« Nous souhaitons vivement qu’IRCC respecte la Loi sur les langues officielles », nous a répondu son seul autre confrère en Ontario français, le Collège Boréal, qui soutient aussi attendre plus de détails.

Au niveau universitaire, le recteur de l’Université de l’Ontario français Normand Labrie indique qu’une « nouvelle réduction des visas d’étude pourrait avoir pour conséquence à moyen terme de compromettre la viabilité de certains programmes d’étude ». L’Université de Hearst et l’Université d’Ottawa n’ont pas répondu à nos questions au moment de mettre le texte en ligne.

Le commissaire aux langues officielles a récemment donné raison à l’ACUFC dans une décision portant sur le plafond des permis d’études implanté en 2024. Raymond Théberge a notamment exigé que le ministère fédéral consulte les établissements francophones d’ici douze mois et que, basé sur cela, il doive par la suite prendre « des mesures positives concrètes fondées sur le résultat des activités… afin d’éviter ou d’atténuer les incidences négatives relevées, le cas échéant ».

Martin Normand insiste pour que les recommandations du commissariat aux langues officielles soient prises en compte dans l’attribution des nouveaux permis d’études. Lors d’un breffage technique mercredi, de hauts fonctionnaires d’IRCC ont indiqué que la distribution des permis d’études entre provinces serait effectuée par la même méthode, soit au prorata de la population.

« Fierté et soulagement » à Timmins avec l’inauguration du Centre de santé communautaire

Michelle Stevens est directrice du Centre de santé communautaire de Timmins.

Le Centre de santé francophone de Timmins (CSCT) ouvre officiellement ses portes ce vendredi apprès-midi dans un nouveau bâtiment de 10 000 pieds carrés au 120 rue Kent, après cinq ans de préparation, regroupant enfin sous un même toit des services jusqu’ici dispersés entre la clinique du centre commercial Timmins Square et les bureaux administratifs du centre-ville, sur l’avenue Wilson.

Avec ce nouveau centre, l’organisme souhaite répondre à la forte demande de services de santé en français tout en planifiant l’expansion nécessaire pour desservir l’ensemble des clients de la communauté francophone.

« Comment vous sentez-vous avec l’ouverture officielle du nouveau centre?

C’est un mélange de sentiments pour moi. Je ressens surtout beaucoup de fierté et un soulagement. C’est un moment symbolique et marquant. Lors du déménagement, nous avions pris possession du bâtiment le 16 ou 17 octobre, et depuis, nous étions dans les préparatifs et le rangement. Il nous restait des boîtes à trier jusqu’à la dernière minute.

Au niveau de la capacité d’accueil, combien de clients pouvez-vous recevoir?

Depuis le début de mon mandat, nous avons vu une croissance d’environ 300 %. Nous comptons maintenant plus de 1700 clients inscrits. Nous avons aussi élargi nos services en soins pédiatriques et notre équipe est passée de 17 à 24 employés à temps plein. L’édifice est utilisé à pleine capacité et nous devons être créatifs avec les horaires et l’utilisation des salles d’examen pour assurer qu’il y ait suffisamment de place.

Michelle Stevens a pris la tête du Centre de santé communautaire lors de sa création en 2020, un an après son ouverture, concrétisant ainsi le combat de 30 ans mené par la communauté pour obtenir un centre de santé francophone à Timmins. Photo : Inès Rebei/ONFR

Comment expliquez-vous qu’autant de personnes se soient inscrites?

L’augmentation s’est faite graduellement, au fur et à mesure que nous ajoutions des intervenants et des services. L’expansion en pédiatrie a ajouté six postes, ce qui a fait une grosse différence. Nos activités communautaires ont aussi contribué à donner de la visibilité au centre dans la communauté. Nous travaillons de près avec nos partenaires pour offrir des services en français et répondre aux besoins de ceux qui n’ont pas encore de soins primaires, ce qui représente environ 30 % de la communauté.

L’intérieur du nouveau bâtiment de la rue Kent. Photo : Inès Rebei/ONFR

Comment avez-vous conçu le centre et choisi son modèle?

Nous avons commencé à travailler avec le ministère de la Santé en 2020. Ils avaient déjà des paramètres très clairs : nombre d’intervenants, volume de consultations, superficie du bâtiment. Cela nous a permis d’élaborer un document détaillé pour le ministère sur les besoins et le volume de clients, ce qui a ensuite guidé notre travail avec les architectes. Nous avons également tenu compte des besoins identifiés par la communauté francophone, comme des services de travail social, physiothérapie, infirmière praticienne, médecin et des activités communautaires.

Certains services n’ont pas été intégrés au centre, comme la psychologie ou la dentisterie. Comment gérez-vous ces besoins?

Nous n’avons pas de psychologue employé directement par le centre, mais nous travaillons en partenariat avec plusieurs fournisseurs dans la communauté pour offrir ces services. Pour la psychiatrie, nous collaborons avec Monfort pour des consultations virtuelles. Quant à la dentisterie, aucun poste n’avait été approuvé par le ministère pour le centre.

De gauche à droite, George Pirie, ministre des Mines, Michelle Boileau, mairesse de Timmins, Nolan Quinn, adjoint parlementaire à la ministre de la Santé, Michelle Stevens et Karine Briand, présidente du conseil d’administration du CSCT lors de la pelletée de terre le 23 mai 2024. Photo : George Pirie/X

Avez-vous rencontré des obstacles particuliers durant le développement du centre?

Le recrutement d’intervenants francophones qualifiés reste un défi. Il est parfois difficile de convaincre des professionnels bilingues de postuler, car certains doutent de leur capacité à rédiger des notes en français. Malgré tout, nous avons une équipe solide et travaillons avec nos partenaires et le ministère pour répondre aux besoins de la clientèle. La pénurie de professionnels dans certains secteurs, comme les soins infirmiers et la médecine, demeure un défi.

Quelles activités communautaires allez-vous proposer maintenant que le centre est prêt?

Nous pouvons maintenant offrir une programmation plus flexible grâce à notre salle multifonction. Avant, certaines activités, comme le yoga, se faisaient dans des gymnases extérieurs. Maintenant, trois activités peuvent avoir lieu simultanément sur place, ce qui réduit les barrières et facilite l’accès à la programmation communautaire.

Pensez-vous à une expansion du centre ou à du financement additionnel?

Pour le moment, je ne rêve pas d’expansion. Il y a énormément de travail derrière un projet de construction ou de rénovation, et il faut respecter les postes approuvés par le ministère. Même si nous aurons probablement besoin d’élargir l’offre de services à l’avenir, toute expansion devra suivre les paramètres déjà approuvés. »

1 million de plus pour les Affaires francophones et 1 milliard de moins pour le déficit de l’Ontario

TORONTO – Le ministre des Finances a publié la mise à jour financière du budget 2025, dont la rhétorique est axée sur des mesures anti-tarifs. Le déficit de l’Ontario, qui a baissé de 1,1 milliard de dollars, conserve un montant record de 13,5 milliards. L’opposition officielle dénonce un énoncé économique «  qui échoue à répondre aux besoins des travailleurs » et au taux de chômage de 7,8 %. Pas de nouveauté côté francophonie, mais le budget du ministère des Affaires francophones passe à 12,3 millions, grâce à un financement de 1 million pour des événements francophones, annoncé lors du Jour des Franco-Ontariens.

Le 25 septembre dernier, la ministre des Affaires francophones Caroline Mulroney, annonçait un investissement d’un million de dollars cette année pour soutenir des événements mettant en valeur la contribution des francophones en l’Ontario, et favorisant leur développement culturel et économique.

Ce financement à caractère exceptionnel se reflète ainsi dans le montant alloué au ministère des Affaires francophones, qui passe de 11,3 à 12,3 millions de dollars : « l’Ontario est fier de célébrer cette étape avec la communauté francophone et d’investir un million de dollars supplémentaire cette année », peut-on lire dans le document.

Bien qu’aucune nouveauté francophone ne soit annoncée, le gouvernement a rappelé son engagement envers la construction du nouveau bâtiment du Mouvement d’implication francophone d’Orléans (MIFO). Un financement de 15,7 millions de dollars tiré du Fonds pour l’infrastructure communautaire des sports et des loisirs (FICSL), permettant « d’offrir de nouveaux services, comme des camps spécialisés, des programmes de conditionnement physique accessible et des événements communautaires ».

Autre rappel, le financement de l’Ontario datant de juillet dernier d’un montant de 10,8 millions de dollars pour l’Université de Sudbury, qui « offrira des programmes dans les domaines des sciences de la santé, de la gestion et du commerce, de sciences sociales et des arts, en partenariat avec l’Université d’Ottawa ».

Déficit et mesures anti-tarifs

Via ses « Perspectives économiques et revue financière 2025 : un plan pour protéger l’Ontario », le gouvernement prévoit un déficit de 13,5 milliards de dollars en 2025-2026, soit « une amélioration par rapport au déficit de 14,6 milliards prévus dans le budget de 2025 ».

Celui-ci prévoit ensuite un déficit de 7,8 milliards de dollars pour 2026-2027 et envisage un retour à l’équilibre financier à l’horizon 2027-2028, avec un excédent de 200 millions de dollars.

L’Ontario annonce que la croissance du PIB, affectée par « la politique commerciale et les tarifs douaniers », ralentira à 0,8 % en 2025, 0,9 % en 2026, 1,8 % en 2027 et 1,9 en 2028 – Des valeurs légèrement inférieures à ce qui était prévu par le budget de mai dernier.

Le ministre des Finances maintient la rhétorique de protection des travailleurs et entreprises touchés par les tarifs douaniers américains : « bâtir une économie plus concurrentielle, résiliente et autosuffisante en réduisant les formalités administratives, en investissant dans l’infrastructure, en soutenant les travailleurs, en améliorant les services et en rendant la vie plus abordable ».

Parmi les mesures mises de l’avant, certaines avaient déjà été annoncées au cours de ces dernières semaines :

  • Une nouvelle remise éliminerait la portion provinciale de la TVH (8 %) pour les acheteurs d’un premier logement sur des habitations neuves admissibles d’une valeur maximale de 1 million de dollars – L’équivalent d’une économie de 80 000 dollars sur l’achat, selon le ministère des Finances.
  • L’Ontario propose de bonifier et d’élargir temporairement son crédit d’impôt pour l’investissement (CIIFO), notamment en faisant passer le taux de 10 % à 15 % et en le rendant accessible aux sociétés non contrôlées par des intérêts canadiens, dans le but de stimuler la fabrication et la compétitivité.
  • Un investissement de 20 millions de dollars dans les centres POWER d’intervention en emploi est prévu, permettant à la province d’intervenir de manière proactive, avant et dans les 24 heures suivant les mises à pied, pour offrir formation et perfectionnement aux travailleurs.
  • 100 millions de dollars supplémentaires pour le Fonds l’Ontario ensemble pour le commerce (FLOEC) à destination des PME soit un financement total de 150 millions sur 3 ans dès 2025-2026.
  • Le Programme de financement pour protéger l’Ontario (PFPO) lancé en août dernier est doté d’une enveloppe de 1 milliard pour aider les entreprises touchées par les tarifs élevés des secteurs de l’acier, de l’aluminium, du cuivre et de l’automobile.
  • 600 millions de dollars sont alloués au Fonds pour investissements Ontario soit un total de 1,3 milliard pour offrir « plus de prévisibilité pour les investisseurs ».
  • Un investissement allant jusqu’à 3,5 milliards avec le gouvernement fédéral via Partenariat canadien pour une agriculture durable pour renforcer la compétitivité et résilience du secteur agricole.

Un échec selon l’opposition

La cheffe de l’opposition officielle Marit Stiles et la porte-parole des finances, Jessica Bell, ont dénoncé un exposé économique qui « échoue à répondre aux besoins des travailleurs ». Celles-ci jugent que le document n’apporte aucune solution aux crises du logement et de l’emploi, citant un taux de chômage de 7,8 % — « le plus élevé depuis dix ans » — et des mises en chantier « à leur plus bas niveau depuis une décennie ».

Le NPD exhorte le gouvernement de donner la priorité à la protection et à la création d’emplois, en renforçant le soutien aux entreprises locales et aux secteurs de ressources critiques, et à investir dans les infrastructures sociales (logement, santé, éducation, garde d’enfants), en assurant une augmentation de l’aide sociale (élargissement de la couverture publique des médicaments et des soins de santé mentale).

Le chef du Parti vert Mike Schreiner a condamné un gouvernement « aux abonnés absents » qui n’a « aucun plan pour les familles qui font la queue aux banques alimentaires (…) pour les 80 000 personnes sans-abri (…) pour les jeunes qui travaillent si dur, mais n’arrivent pas à progresser face au chômage élevé et à l’explosion des coûts du logement ».

Le Parti libéral de l’Ontario a taxé les décisions de Doug Ford d’imprudentes, ayant affaibli le système de santé, d’éducation et l’économie.

Le député d’Ottawa-Sud et chef parlementaire du parti John Fraser a déclaré : « Les familles ont du mal à payer leur loyer et leurs courses, les hôpitaux sont au bord de la rupture et les jeunes ne trouvent pas de travail. Doug Ford est déconnecté de la réalité et à court d’excuses. »

« Nous avions besoin d’allégements fiscaux pour les personnes à revenu moyen, de soutien pour les petites entreprises et de financement pour les collèges et les universités afin de former nos jeunes aux emplois de demain, mais nous n’avons rien vu de tout cela », a pointé du doigt Stephanie Bowman, députée provinciale de Don Valley Ouest et porte-parole libérale en matière de finances et de commerce.

La protection des librairies franco-ontariennes débattue à Queen’s Park

Le projet de loi de la députée libérale Lucille Collard (Ottawa-Vanier), visant la promotion et la protection des librairies franco-ontariennes, sera de nouveau débattu à l’Assemblée en fin de journée. Il vise notamment à garantir que les institutions financées par des fonds publics se procurent leurs livres en français auprès de ces librairies franco-ontariennes, « comme le réclame la communauté depuis longtemps ».

Déposé le 20 octobre dernier, et adopté en première lecture, le projet de loi 58 « Loi de 2025 pour la promotion et la protection des librairies franco-ontariennes » sera débattu ce jeudi en fin d’après-midi en chambre. Il pourrait passer en seconde lecture et ainsi ouvrir la voie à une législation unique en Ontario visant à protéger et assurer la survie des librairies franco-ontariennes.

« Ces librairies franco-ontariennes sont les gardiennes de la culture francophone et de la langue française. » souligne la députée francophone Lucille Collard qui rappelle que la communauté réclame depuis longtemps ce genre de protection.

Lucille Collard, députée libérale d’Ottawa-Vanier. Photo : gracieuseté

L’élue d’Ottawa-Vanier indique s’être inspirée d’une loi du Québec, la « Loi sur le développement des entreprises québécoises dans le domaine du livre », adoptée en 1981, qui a pour effet de protéger les librairies québécoises.

Mme Collard a été sensibilisée à la précarité financière des librairies franco-ontariennes lors d’une visite à la Librairie Le Coin du livre à Ottawa.

« La propriétaire, Nathalie Savard, a repris le commerce au décès de son père et est déterminée à assurer sa survie. Cependant, l’insécurité financière représente un stress énorme. Cette insécurité est notamment due à la compétition internationale avec des fournisseurs comme Amazon ou Chapters qui peuvent offrir des prix plus avantageux. »

Si adoptée, la loi exigerait notamment que la ministre des Affaires francophones nomme un registrateur des librairies franco-ontariennes. Les propriétaires et les exploitants de librairies pourraient alors faire une demande d’accréditation en tant que librairie franco-ontarienne reconnue.

Le recours aux prix prédateurs ou à l’octroi d’avantages cachés par les vendeurs de livres est interdit, sous peine de révocation de cette accréditation.

Concernant l’obligation de s’approvisionner auprès des librairies franco-ontariennes, « il n’y a pas de quota fixé, mais les conseils scolaires francophones sont certainement visés », explique Mme Collard.

La Loi permettrait également au ministère des Affaires francophones de créer un fonds de soutien provincial afin d’aider les librairies franco-ontariennes à moderniser et à maintenir leurs activités.

Son adoption impliquerait une modification de la Loi sur les services en français pour exiger que les organismes gouvernementaux contribuent, sous le régime de cette loi, au maintien et au développement des institutions culturelles franco-ontariennes, y compris au développement des librairies.

« L’obligation dans le projet de loi procurerait un revenu plus constant pour les librairies en leur assurant une part du marché importante. C’est une mesure qui est tout à fait en harmonie avec nos valeurs de soutenir nos petites et moyennes entreprises locales », soutient Lucille Collard.

« Il n’y aurait toutefois pas d’obligation pour le gouvernement d’investir pour ouvrir de nouvelles libraires, mais le projet de loi ouvre la porte », précise-t-elle.

Francophonie : Guilbeault rejette du revers de la main les critiques sur le budget

OTTAWA — Le ministre des Langues officielles Steven Guilbeault s’explique mal les critiques que son gouvernement reçoit de la part des francophones hors Québec en réaction au budget fédéral.

« C’est un budget où la francophonie est un peu absente », constate le président de l’Assemblée de la francophonie de l’Ontario (AFO), Fabien Hébert, moins de 24 heures après le dépôt du budget fédéral.

La Fédération des communautés francophones et acadienne du Canada (FCFA) déplore aussi que la francophonie soit très peu mentionnée.

« On n’a pas vu d’éléments dans le budget où nous (les francophones) puissions participer à faire partie de la solution. C’est ça qui nous déçoit », avance la présidente de la FCFA Liane Roy.

« Honnêtement, je comprends mal cette sortie-là », a lancé Steven Guilbeault à ONFR avant un caucus des libéraux mercredi matin, réagissant aux propos de la FCFA.

Ce dernier soutient que « notre gouvernement fait des investissements historiques dans les langues officielles », citant notamment le Plan d’action pour les langues officielles de 4,1 milliards de dollars, annoncé en 2023.

« On a réformé la Loi sur les langues officielles, les règlements et la nomination d’un nouveau ou d’une nouvelle commissaire s’en vient », a-t-il énuméré par la suite.

« C’est la première fois dans l’histoire du pays qu’on atteint nos objectifs d’immigration francophone hors Québec, poursuit-il. On a atteint le 4 %, on est à 7 % présentement et on va être à 8 % bientôt et on veut se rendre à 12 %. Honnêtement, je comprends très, très mal cette sortie-là », a répété le ministre des Langues officielles.

L’exercice financier dévoilé mardi par le ministre des Finances François-Philippe Champagne est bien maigre pour la francophonie alors qu’aucune nouvelle mesure n’a été annoncée. Toutefois, aucune coupure portant spécifiquement sur les langues officielles ne se trouve dans le volumineux document de 458 pages.

« Allons chercher les clarifications qu’on a besoin et ensuite on pourra qualifier si elles en ont fait assez. On a de la difficulté à comprendre si les programmes francophones seront affectés ou pas », affirme Fabien Hébert en réponse aux propos du ministre Guilbeault.

Autant l’AFO que la FCFA appellent le gouvernement Carney à préciser le détails des compressions dans les ministères suivants : Immigration, Réfugiés et Citoyenneté Canada (IRCC), Emploi et Développement social Canada et Patrimoine canadien.

« Ce sont des ministères qui vont avoir des coupes assez importantes. Est-ce qu’on va protéger les services ou les programmes en français pour monsieur et madame tout le monde? », s’interroge Mme Roy.

« C’est là que l’on reste un peu sur notre appétit, car on n’a pas ces détails-là », ajoute-t-elle.

Liane Roy, la présidente de la FCFA Source : compte Twitter Liane Roy

« Il y a des leviers intéressants, mais il manque de viande sur l’os pour bien comprendre comment ça (le budget) va venir affecter les programmes pour les francophones, soit positivement ou négativement », affirme Fabien Hébert.

Liane Roy salue toutefois les investissements annoncés pour Radio-Canada et l’augmentation du financement pour la Fête nationale de l’Acadie alors que l’AFO voit d’un bon œil la reconnaissance des titres de compétences étrangers et de nouveaux investissements en santé.

Un an après l’élection de Trump : la nouvelle réalité des travailleurs transfrontaliers de Windsor

WINDSOR – Rencontre avec trois travailleurs transfrontaliers, qui vivent à Windsor et travaillent à Détroit, naviguant quotidiennement ou presque entre l’Ontario et le Michigan. Un an après l’élection de Donald Trump à la Maison-Blanche (5 novembre 2024), ils racontent les changements observés à la frontière. De leurs domaines respectifs, ingénierie, recherche, enseignement, et différents statuts légaux, leur expérience varie grandement allant d’une grande fluidité à des difficultés à traverser.

Jovin Mwizerwa a toujours travaillé aux États-Unis. Pourtant, cet ingénieur d’une grosse enseigne de l’industrie automobile vit à Windsor depuis une vingtaine d’années avec sa famille. Il y est d’ailleurs président de la communauté rwandaise.

Muni de son permis de travail, il traverse quotidiennement la frontière pour se rendre à Détroit, et conduit ensuite 45 minutes pour se rendre sur son lieu de travail.

« En 26 ans, je n’avais jamais entendu personne rencontrer de difficultés, à part quelques rares cas. D’ailleurs, avant dans la région, on ne se rendait pratiquement pas compte qu’il s’agissait de deux pays différents ».

Depuis la mise en place des tarifs douaniers, il rapporte ne pas avoir expérimenté d’obstacle particulier aux douanes, contrairement à certaines connaissances qui se sont plaintes de comportements plus sévères de la part des agents.

Jovin Mwizerwa nous rencontre au Centre communautaire francophone de Windsor. Photo : Sandra Padovani/ONFR

« Personnellement, je n’ai vu aucune différence. Quelques amis détenteurs de permis de travail les trouvent plus inquisiteurs. Ça reste avant tout une expérience individuelle », nuance-t-il.

Rien à voir pour lui avec l’après-tragédie du 11 septembre : « Il y avait des jours où je passais deux heures à attendre, et ce pendant des mois. Cette année était difficile, se souvient-il. J’avais pensé plusieurs fois à quitter mon emploi. On devait ouvrir les voitures, il y avait même des chiens. Mais d’un autre côté, cette sécurité ne nous déplaisait pas, on avait peur que le pont soit une cible. »

Si sa routine reste actuellement inchangée aux douanes, Jovin a toutefois observé une différence notable.

À la frontière, l’attente est beaucoup moins longue : « Sur le pont Ambassador, il y a toujours eu beaucoup de camions. Maintenant, il y en a visiblement moins. Mon temps d’attente a été réduit de moitié. J’attends rarement plus de 15 min, contre 30 minutes auparavant. Les vendredis, cela pouvait s’élever à 1h. C’en est même un peu inquiétant par rapport à l’état des échanges commerciaux entre les deux pays. »

Limiter les allers-retours

Guillaume Teasdale est lui professeur agrégé d’histoire et codirecteur du groupe de recherche sur l’histoire des Grands Lacs de l’Université de Windsor. Ses recherches s’attachent, entre autres, aux régions frontalières d’Amérique du Nord.

Un sujet d’étude qui lui aurait valu des suspicions de la part des douaniers américains.

« On me demande souvent d’aller faire des présentations aux États-Unis sur l’histoire de la région. J’en fais énormément depuis 2012. Souvent, ils me demandent si je suis payé pour ça. Une des dernières fois où je suis passé, ils ont fouillé ma voiture pendant que j’étais interrogé. »

« En tant que professeur, automatiquement on me colle l’étiquette d’un dissident de gauche qui essaie de laver le cerveau de nos étudiants. C’est insensé. »

D’ajouter que d’autres fois, cela s’est passé sans aucun encombre, dépendant grandement des personnes sur lesquelles on tombe.

« Mais quand on entend que des Canadiens se sont fait fouiller le téléphone et interdire l’entrée aux États-Unis, ça fait peur », témoigne-t-il.

Guillaume Teasdale dans son bureau du département d’histoire de l’Université de Windsor. Photo : Sandra Padovani/ONFR

« Je collabore beaucoup avec des collègues au Michigan. Le problème se pose quand on veut traverser la frontière pour organiser des événements. »

Le département d’histoire voulait monter un colloque avec une université du Michigan et de l’Ohio à l’Université de Windsor, portant sur l’histoire du Underground Railroad, les Afro-Américains, fuyant l’esclavage, et réfugiés au Canada et au Mexique.

« On comptait inviter 20 chercheurs du Mexique, des États-Unis et du Canada. Avec ce qui s’est passé dans les derniers mois (la guerre tarifaire), on a décidé de mettre le projet sur la glace. Parmi les chercheurs, certains n’ont pas la nationalité américaine. Le risque étant que, une fois sortis des États-Unis, ils ne puissent plus y rentrer. Les gens ne se sentent en effet plus en sécurité de traverser la frontière. »

M. Teasdale indique continuer à s’y rendre pour le travail, mais que ce climat d’insécurité l’incite à limiter les aller-retours dans sa vie personnelle avec sa famille, avec qui il ne part plus en vacances aux États-Unis.

Des réticences à traverser malgré la double nationalité

Towela Magai Okwudire est professeure de français dans un collège américain, la Roeper School à Birmingham, Michigan. Elle est aussi la fondatrice et directrice d’une école de langues en ligne dispensant des cours de français aux adultes américains et canadiens.

Longtemps résidente de Windsor à temps plein, elle vit depuis 2011 dans la banlieue de Détroit avec l’un de ses fils. Son deuxième étudie, lui, à l’Académie Ste-Cécile de Windsor où il habite la semaine avec ses grands-parents.

Détentrice d’une double nationalité canadienne et américaine, elle vient le chercher tous les vendredis et le ramène tous les lundis, en plus de naviguer des deux côtés de la frontière pour son travail.

Towela a remarqué une différence d’attitude notoire de la part des douaniers depuis l’arrivée au pouvoir de Donald Trump. Les questions posées à la frontière et la lourdeur administrative lui rappellent d’ailleurs les années de pandémie.

Towela Magai Okwudire navigue chaque semaine des deux côtés de la frontière pour son travail et sa vie de famille. Photo : Sandra Padovani/ONFR

« Il y a plus de tensions des deux côtés, note celle-ci. Traverser, on ne peut pas vraiment le prendre pour acquis. Alors qu’avant, c’était sans réfléchir. »

« Un jour j’ai invité un groupe d’élèves et leurs parents américains à venir prendre part à un concours francophone à Windsor. Ils étaient très nerveux à l’idée d’avoir des difficultés à rentrer au Canada, mais tout autant à l’idée de ne pas pouvoir rentrer aux États-Unis, bien qu’ils en soient citoyens. »

En cause, l’angoisse d’être détenus pour le contenu de leurs téléphones cellulaires par exemple. Une angoisse qu’elle partage : « J’hésite à publier mes opinions politiques sur les réseaux sociaux pour cette même raison. »

L’enseignante explique qu’elle était une fois accompagnée de sa mère canadienne qu’elle avait invitée à venir assister à l’une de ses classes de français pour adultes à Détroit. Elles ont été retenues dans le bureau, les douaniers exigeant un permis d’études de sa mère retraitée.  

« Le scénario ne s’est pas reproduit, mais il faut faire attention parce que s’ils refusent ton entrée, ça reste dans ton dossier. Je m’assure toujours d’avoir tous mes papiers, mais désormais c’est une anxiété que je porte avec moi chaque fois que je traverse la frontière », conclut-elle, envisageant même de revenir vivre à Windsor pour de bon.

Article écrit avec l’aide à la recherche de Jacques-Normand Sauvé.

Immigration francophone : comment bien s’intégrer et mieux accueillir

S’intégrer, ce n’est pas seulement trouver un emploi, c’est aussi tisser des liens et se sentir chez soi. Deux experts livrent des conseils pratiques pour aider les nouveaux arrivants à mieux s’intégrer. 

C’est la Semaine nationale de l’immigration francophone qui bat son plein sous le thème « Merci d’enrichir notre francophonie ».

À cette occasion, des experts du Réseau de soutien à l’immigration francophone (RIF) partagent leurs meilleurs conseils à la fois pour les nouveaux arrivants et pour les communautés d’accueil.

S’intégrer socialement

Le premier réflexe que devrait avoir tout nouvel arrivant, selon Thomas Mercier, directeur général du RIF du Nord de l’Ontario, est de prendre contact avec les fournisseurs de services et les organismes communautaires qui peuvent les accompagner.

« Par exemple, les résidents permanents peuvent utiliser les services pré-départ de Connexion francophone, qui les réfèrent ensuite à des services d’établissement locaux », précise-t-il.

Mais pour M. Mercier, l’intégration sociale est tout aussi essentielle que l’accès aux services.

« Il ne faut pas seulement chercher les services, il faut aussi rencontrer les gens », rappelle-t-il.

Même constat pour Élise Edimo, gestionnaire de programmes au RIF de l’Est de l’Ontario :

« L’intégration ne se limite pas à l’emploi : il faut aussi s’intégrer socialement. »

Selon elle, beaucoup d’immigrants réussissent professionnellement, mais négligent la dimension socioculturelle, pourtant essentielle afin de se sentir réellement chez soi.

Élise Edimo, gestionnaire de programmes au RIF de l’Est de l’Ontario, souligne l’importance du bilinguisme pour une intégration réussie. Gracieuseté

« Il faut tisser des liens, participer à la vie communautaire, connaître son environnement et les ressources locales », insiste-t-elle.

Créer des liens humains passe par la participation à des activités locales comme la randonnées, le patin, la pêche, la raquette, ou encore en assistant à des événements communautaires ou culturels.

« Il faut aller vers l’autre, découvrir sa culture, créer des occasions de dialogue et de rencontre. C’est ainsi qu’on apprend à se connaître », ajoute Thomas Mercier.

Il invite les nouveaux arrivants à considérer « la francophonie non seulement comme une langue de communication, mais comme une langue de société, un espace commun où l’on vit ensemble en français ».

Connaître le marché du travail et l’anglais

Pour Élise Edimo, l’une des étapes clés d’une intégration réussie consiste à comprendre le marché de l’emploi, ses opportunités, ses secteurs porteurs et ses exigences.

« Si la plupart des offres d’emploi sont en anglais, il faut développer son bilinguisme et devenir pleinement fonctionnel dans les deux langues. »

Elle recommande aussi d’adapter son CV aux normes canadiennes. Plusieurs organismes communautaires offrent des ateliers pour aider à le mettre « au format canadien ».

Enfin, la santé mentale doit être au cœur du parcours d’intégration.

« L’intégration est un processus exigeant : il faut apprendre à gérer le flot d’informations, prioriser ce qui est essentiel et connaître ses droits », souligne-t-elle.

À chaque étape de leur installation, les nouveaux arrivants devraient consulter les services d’établissement, qui les orientent vers les bons partenaires selon leurs besoins.

Conseils pour les communautés d’accueil

Afin de favoriser une intégration réussie, Thomas Mercier invite les communautés d’accueil à offrir une gamme complète de services francophones de qualité.

Thomas Mercier, directeur du RIF du Nord de l’Ontario, invite les nouveaux arrivants à s’impliquer dans la vie communautaire pour mieux s’intégrer. Gracieuseté

« Il faut créer des espaces d’accueil chaleureux et désigner des personnes ressources dans chaque municipalité », souligne Élise Edimo.

Voici les principales pistes d’action évoquées par les deux intervenants :

Faciliter les premiers contacts : désigner une personne de référence pour accueillir et informer les nouveaux arrivants, « notamment au niveau des municipalités », propose Mme Edimo.

Favoriser la mixité culturelle : organiser des activités interculturelles pour bâtir un véritable vivre-ensemble.

Sensibiliser les institutions locales et les personnes en contact avec les nouveaux arrivants : « Ce qui semble évident ici ne l’est pas toujours pour quelqu’un qui découvre le Canada », rappelle Élise Edimo.

Encourager l’intégration professionnelle : soutenir la reconnaissance des acquis et inciter les employeurs à embaucher des immigrants.

Planifier l’accueil  : élaborer des plans d’action communautaires sur le logement, l’emploi et les services essentiels.

Combattre les préjugés  : organiser des séances de sensibilisation interculturelle pour renforcer la cohésion sociale et lutter contre la discrimination.

Le Réseau de soutien à l’immigration francophone se donne justement pour mission d’accompagner les communautés dans cette démarche et de les aider à devenir toujours plus accueillantes et inclusives.

Article écrit avec l’aide à la recherche d’Abigail Alves Murta

Un budget fédéral maigre pour la francophonie

OTTAWA — Le budget 2025 du gouvernement de Mark Carney ne comporte pas d’investissements pour la francophonie canadienne. En revanche, des économies de 60 milliards de dollars sont prévues dans l’ensemble de la fonction publique, touchant notamment Patrimoine canadien, sans que l’impact sur les langues officielles ne puisse être prédit.

Mardi, Ottawa a dévoilé son budget fédéral, qui ne mentionne aucune coupe spécifique concernant les langues officielles ou la francophonie.

Cependant, le document budgétaire présente un plan sommaire pour chaque ministère ou agence fédérale. Des experts fédéraux ont indiqué à ONFR, lors du huis clos budgétaire, que chaque ministère, comme Patrimoine canadien, détaillera certaines coupures dans les semaines et mois à venir. Même si à première vue, ça ne semble pas être le cas, il n’est pas possible de prédire pour le moment si ces économies affecteront la francophonie canadienne ou les langues officielles, nous ont indiqué ces fonctionnaires fédéraux.

À Patrimoine canadien, le budget présente des réductions des dépenses de 363,2 millions de dollars sur cinq ans. Ce montant ne tient pas compte des autres agences fédérales sous l’effigie de Patrimoine canadien comme Parcs Canada, Bibliothèque et Archives Canada, etc., qui devront eux aussi effectuer des coupures.

Dans le budget 2025, il est indiqué que Patrimoine canadien « réorientera ses programmes culturels » pour faire des économies. Il est notamment question de réduire un fonds pour les espaces culturels en plus d’effectuer « la transition vers des produits d’interprétation numérique ».

Des coupures sont aussi prévues au ministère de l’Immigration ( près de 614 millions par an) et celui d’Emploi et Développement social Canada (près de 780 millions par an), ce qui inquiète la Fédération des communautés francophones et acadienne du Canada (FCFA).

« En septembre, nous avons demandé de la clarté au gouvernement sur sa vision du rôle et de la valeur de la francophonie en ce qui a trait à l’identité canadienne et l’économie du pays. Loin de répondre à cette demande, le budget ne donne aucune information sur comment les compressions dans différents ministères clé affecteront nos communautés », déplore dans un communiqué sa présidente Liane Roy.

Réduction du nombre de fonctionnaires

Ottawa avait annoncé il y a quelques mois un examen de ses dépenses avec pour objectif de les réduire de 15 % d’ici 2028-2029. Dans son exercice budgétaire mardi, Ottawa chiffre ces réductions à 31 milliards de dollars.

Au total, si l’on tient compte d’autres réductions et d’autres nouveaux revenus, Ottawa entrevoit générer des économies de 60 milliards de dollars, pour une réduction des dépenses de près de 4,9 %.

Le gouvernement Carney compte réduire la taille de la fonction publique avec une baisse du nombre de postes de 10 %. Alors que l’effectif de la fonction publique se situe à 357 000 en 2025 selon les derniers chiffres du Conseil du Trésor, le gouvernement libéral veut réduire ce nombre à 330 000 d’ici 2028-2029. Pour ce faire, il compte notamment éliminer 16 000 postes à temps plein, dont 650 dans la haute direction.

Pour favoriser les départs, le fédéral mise sur l’attrition et sur un programme volontaire d’encouragement à la retraite anticipée, qui permettra aux fonctionnaires éligibles de toucher leur pension immédiatement après leur départ à la retraite.

Mesures pour les arts et la culture

Si le budget ne comporte rien pour la francophonie, il compte quelques mesures pour des initiatives culturelles à travers le pays, comme pour la Fête de l’Acadie :

  • 4 millions de dollars sur quatre ans afin de soutenir les célébrations de la Journée de la fête nationale des Acadiens et des Acadiennes
  • 20 millions de dollars sur quatre ans pour soutenir les célébrations de la fête du Canada
  • 150 millions de dollars sur trois ans pour Téléfilm Canada
  • 127,5 millions de dollars pour le Fonds des médias du Canada
  • 6 millions de dollars sur trois ans pour le Conseil des Arts du Canada

150 $ millions pour Radio-Canada

Le fédéral concrétise partiellement sa promesse d’augmenter le financement de Radio-Canada/CBC en injectant un 150 millions de dollars supplémentaires dans la société d’État. En campagne électorale, les libéraux avaient promis de rendre ce financement permanent, ce qui n’est pas le cas dans le budget de mardi.

« Le gouvernement étudiera la possibilité de moderniser le mandat de CBC/Radio-Canada afin de renforcer son indépendance », peut-on lire dans l’exercice comptable du ministre des Finances François-Philippe Champagne.

Le bureau de CBC/Radio-Canada à Ottawa. Crédit image : iStock AWSeebaran/Anthony Seebaran

Encore un gros déficit fédéral

Le déficit du fédéral continue d’augmenter alors qu’Ottawa prévoit être dans le rouge de 78 milliards de dollars en 2025-2026 et contrairement à la mise à jour économique, aucun plan de retour au déficit zéro n’est prévu au cours des prochaines années. Ce déficit de 78 milliards de dollars est près de deux fois plus élevé que lors du dernier exercice financier réalisé par Ottawa.

À l’automne dernier, il était prévu pour 2025-2026 que le déficit fédéral serait de 42,2 milliards. Les dépenses dans ce budget actuel sont plus élevées que sous Justin Trudeau avec près de 89 $ milliards seulement en nouvelles dépenses. Questionné à ce sujet en conférence de presse, François-Phillipe Champagne a indiqué que ces investissements étaient nécessaires pour faire croître l’économie canadienne.

« La réponse est simple. On a la capacité fiscale de le faire. Quand vous regardez le ratio dette/PIB, on a la capacité de faire des investissements générationnels », a-t-il affirmé.

Le ministre Champagne a détaillé les principales dépenses, dont 115 milliards de dollars sur cinq ans pour les infrastructures (hôpitaux, transport en commun). Par ailleurs, 110 milliards de dollars seront alloués à l’économie canadienne, notamment par des crédits d’impôts pour les entreprises, le soutien à la recherche et à l’innovation, et le développement de l’intelligence artificielle.

Ottawa veut moins d’étudiants étrangers et réduit légèrement sa cible d’immigration francophone

OTTAWA — Le gouvernement fédéral réduit de 50 % le nombre d’étudiants étrangers et prévoit accueillir autour de 10 % d’immigrants francophones hors Québec par an au cours des trois prochaines années, réduisant ainsi un peu sa cible actuelle.

L’an dernier, les Plans des niveaux en immigration d’Ottawa comportaient des cibles de 8,5 % en 2025, 9,5 % en 2026 et 10 % en 2027 pour l’immigration francophone hors Québec. Dans le budget 2025 dévoilé ce mardi, Immigration, Réfugiés et Citoyenneté Canada (IRCC) a présenté les prévisions du nombre d’immigrants qu’il compte accueillir au cours des trois prochaines années au pays par catégorie. On remarque de légères baisses en matière de pourcentages pour les années 2026 et 2027 comparativement aux plans de l’an dernier.

Cible en immigration francophone hors Québec 2026 à 2028 (nombre total projeté)

  • 2026 : 9 % (30 267)
  • 2027 : 9,5 % (31 285)
  • 2028 : 10,5 % (35 175)

Sur trois ans, cela représente un total de 96 500 immigrants francophones, une légère hausse vis-à-vis du plan sur trois ans de 2024 qui prévoyait 92 000 nouveaux arrivants parlant la langue de Molière. Les nouvelles cibles d’Ottawa inquiètent d’ailleurs la Fédération des communautés francophones et acadienne (FCFA) du Canada.

« De notre point de vue, on ne peut pas parler d’un budget générationnel s’il a comme résultat une poursuite de l’érosion démographique de nos communautés, dénonce sa présidente Liane Roy dans un communiqué de presse.

Contrairement aux autres catégories comme l’immigration économique et les réfugiés, le fédéral ne se donne pas de marge de manœuvre pour l’immigration francophone. Source; Budget 2025

Une fonctionnaire fédérale précise que plus de détails seront fournis prochainement lorsque la ministre de l’Immigration Lena Metlege Diab dévoilera officiellement le plan des niveaux en immigration. Aucune date n’a encore été fournie pour ce dévoilement.

Lors de la campagne électorale en avril dernier, les libéraux avaient promis une cible de 12 % d’ici 2029.

50 % de réduction pour les étudiants étrangers

S’il maintient sa cible pour les francophones, Ottawa passe la hache dans l’accueil des étudiants étrangers. Il entend accueillir 450 000 nouveaux étudiants étrangers sur trois ans (151 000 en moyenne par année). à titre de comparaison, en 2025, le fédéral avait comme cible 305 900 étudiants internationaux pour les collèges et universités canadiennes. Cette baisse représente une réduction totale de 51 % au cours des trois années suivantes.

« Nous devons revenir à un niveau soutenable », a justifié en anglais le ministre des Finances, François-Philippe Champagne, en conférence de presse mardi.

Étudiants étrangers :

Cible totale de 2025 à 2027 : 917 700

Cible totale de 2026 à 2028 : 450 000

« Ces cibles maintiennent le nombre d’arrivées de résidents permanents à moins de 1 % de la population canadienne après 2027 et réduiront le nombre total de résidents temporaires à moins de 5 % de la population du Canada d’ici la fin de 2027 », est-il écrit dans le document budgétaire.

Le gouvernement coupe aussi dans le nombre de travailleurs étrangers temporaires, réduisant leur effectif de 18 %. Source : Budget 2025

Immigration, Réfugiés et Citoyenneté Canada (IRCC) recevra aussi un financement de 19,4 millions sur quatre ans pour accélérer l’obtention de la résidence permanente pour au mieux 33 000 travailleurs temporaires, déjà implantés au pays. Le fédéral met aussi sur pied la Stratégie d’attraction des talents internationaux et le plan d’action connexe pour recruter plus d’un millier de « chercheurs étrangers hautement qualifiés ». Près de 1,7 milliard de dollars seront alloués au cours des treize prochaines années pour cette stratégie.

Crise à Fauquier-Strickland : l’Ontario débloque 600 000 $ et lancera un audit

FAUQUIER-STRICKLAND – La province intervient auprès de Fauquier-Strickland, avec la réalisation d’un audit municipal provincial et l’octroi d’une aide additionnelle de 600 000 $ pour soutenir les opérations de la municipalité jusqu’au 31 janvier 2026.

La mairesse Madeleine Tremblay a confirmé lundi soir, lors de la séance municipale régulière, la réception d’une lettre du ministère des Affaires municipales et du Logement, faisant suite aux demandes d’aide envoyées en juillet dernier et détaillant les mesures essentielles pour soutenir la petite municipalité du nord ontarien dans sa crise financière. Rappelons que la municipalité a accumulé un déficit de 2,5 millions de dollars.

Dans ce courrier datant de vendredi dernier, le ministre Robert J. Flack souligne que, selon l’analyse des données financières et de la situation administrative menée ces derniers mois, Fauquier-Strickland ne pourra pas respecter ses obligations financières, sans l’aide de la province.

« Sans l’intervention du ministère, la municipalité ne sera pas en mesure de répondre à ses obligations financières à court, moyen ou long terme », indique la lettre signée par le ministre.

Audit payé par la province

Le ministère y explique, ainsi, vouloir mettre en place une stratégie combinant soutien financier immédiat et planification à plus long terme. 

Le premier élément de cette stratégie est la réalisation d’un audit municipal provincial en vertu de la Loi sur les affaires municipales, qui permettra d’établir un portrait complet de la situation financière de la municipalité, de ses pratiques administratives et de ses besoins en gouvernance. 

Cet audit comprendra l’examen détaillé des dépenses et des revenus, l’évaluation de l’organisation administrative et des pratiques de gestion ainsi que l’élaboration d’un plan de redressement à court, moyen et long terme avec des recommandations claires pour stabiliser les finances. 

Le coût de l’audit sera entièrement assumé par la province afin de ne pas alourdir davantage le fardeau financier de Fauquier-Strickland, apprend-on également.

« À la suite de l’audit municipal provincial, je pourrais envisager de délivrer un ordre en vertu de l’article 14 de la Loi sur les affaires municipales, obligeant la municipalité à se conformer aux recommandations de l’audit. Le non-respect volontaire d’un tel ordre constitue une infraction, et tout membre du conseil municipal reconnu coupable de cette infraction est passible d’une amende pouvant atteindre 5000 $ et est disqualifié de tout mandat municipal pour une période de deux ans », explique-t-on également dans la lettre du ministère.

Aide additionnelle de 600 000 $

En parallèle, la province accorde une aide financière additionnelle allant jusqu’à 600 000 $ destinée à couvrir certaines dépenses d’exploitation jusqu’au 31 janvier 2026. 

« Ce soutien financier supplémentaire à court terme du ministère est conditionnel au respect strict, par le conseil municipal et le personnel, des dispositions de l’entente de transfert de paiements », prévient le ministre.

Cette aide s’ajoute aux 300 000 $ accordés en juillet dernier, qui permettaient alors à la municipalité de Fauquier-Strickland de maintenir ses services essentiels et son personnel jusqu’au 31 octobre 2025.

Le ministère prévoit également de continuer de surveiller la municipalité, en assistant aux réunions du conseil comme observateur, en fournissant un encadrement administratif et des conseils stratégiques à l’équipe municipale et en travaillant avec le conseil et le personnel municipal pour assurer le respect des obligations de l’entente de transfert de paiements. 

Une rencontre est prévue cette semaine avec Kathy Horgan, gestionnaire régionale du ministère, afin de détailler les prochaines étapes, y compris la mise en place de l’audit et la gestion du financement d’urgence.

Soulagement

Le conseil a accueilli la nouvelle avec soulagement et optimisme, voyant dans cette intervention un pas décisif vers la stabilisation des finances municipales. 

« C’est une bonne nouvelle », a déclaré la mairesse, se réjouissant que la province reste aux côtés de la municipalité. 

Les élus ont convenu de rédiger une lettre de remerciement au ministre Robert J. Black pour son appui et son suivi dans le dossier.

Les détails de l’entente et des mesures de soutien provincial seront communiqués lors d’une prochaine séance extraordinaire, prévue pour son adoption.

Consortium Centre Jules-Léger : « Adapter le financement aux besoins croissants des élèves »

Jean-François Boulanger est le directeur de l’Éducation du Consortium Centre Jules-Léger (CCJL), poste qu’il occupe depuis le transfert de gouvernance en 2020.

Lors de la dernière Assemblée générale de l’Assemblée de la francophonie de l’Ontario (AFO), le CCJL a déposé une résolution réclamant un modèle de financement stable, prévisible et adapté à la croissance de ses effectifs, invitant ainsi l’AFO à en faire une priorité dans ses démarches auprès du gouvernement ontarien.

Depuis 2020, le CCJL a vu ses inscriptions bondir de 72 %, passant d’une quarantaine à plus d’une centaine d’élèves à Ottawa, tout en desservant plus de 600 jeunes à distance à travers l’Ontario. Sans révision du mode de financement, la seule institution francophone spécialisée de la province risque de voir sa croissance freiner la qualité des services offerts à ses élèves.

« Vous avez présenté un budget 2025-2026 d’environ 21 millions de dollars, soit un écart de quatre millions avec le montant alloué. Que représente cette situation à long terme pour le Centre Jules-Léger?

Il faut d’abord préciser que notre financement ne fonctionne pas comme celui d’un conseil scolaire habituel. Depuis que nous avons notre propre gouvernance, il y a cinq ans, le Consortium est une véritable histoire à succès. Nous travaillons étroitement avec le gouvernement pour adapter notre modèle de financement aux besoins croissants des élèves.

Le budget a donc évolué au fil du temps?

Nous avons aujourd’hui 72 % d’élèves de plus qu’en 2020. Cela exige davantage de personnel et de ressources. Avec l’appui du gouvernement, nous avons pu ajuster le budget pour maintenir la qualité des services.

Quelles pistes de solution explorez-vous avec le ministère?

Nous renouvelons actuellement notre modèle de financement. Des discussions ont lieu entre le CCJL et le ministère pour établir une formule mieux adaptée à notre réalité. Rien n’est arrêté, mais nous cherchons des solutions durables pour répondre à la hausse des demandes.

Vous avez présenté une résolution à l’Assemblée de la francophonie de l’Ontario. Quel en était l’objectif? 

L’objectif est surtout d’engager la communauté francophone et de mieux faire connaître la mission du Centre Jules-Leger. Après 45 ans d’existence, dont cinq sous le modèle du Consortium, nous restons encore un « secret bien gardé ». Nous voulons sensibiliser la population à ce que nous faisons.

Vous souhaitez aussi devenir propriétaire de vos locaux à Ottawa dont vous êtes locataire actuellement?

Nous sommes confiants que cela se concrétisera d’ici la prochaine année. Être propriétaire nous permettra de mieux adapter nos installations aux besoins des élèves et d’assurer nous-mêmes la gestion des infrastructures. Cela viendra, nous l’espérons, avec un financement correspondant.

Quels sont les principaux défis auxquels le Centre fait face?

Comme tous les conseils, nous devons recruter du personnel qualifié, ce qui n’est pas simple dans le contexte actuel. Un autre défi, c’est de faire connaître nos services à l’échelle provinciale : plus la communauté comprend notre rôle, plus il est facile d’obtenir le soutien nécessaire pour les élèves ayant des besoins particuliers.

Combien d’élèves desservez-vous?

Nous avons deux écoles à Ottawa : l’École provinciale qui accueille les enfants sourds, aveugles ou sourds-aveugles, et l’École d’application pour les élèves ayant des troubles d’apprentissage sévères. Environ 100 élèves y sont inscrits. À cela s’ajoute une équipe volante de sept personnes qui dessert environ 600 autres élèves dans 250 écoles francophones à travers la province.

Certains enfants risquent-ils de ne pas recevoir les services adéquats?

Le risque existe surtout là où notre travail est encore méconnu. Si les écoles ne savent pas qu’elles peuvent faire appel à nous, les élèves concernés n’en bénéficient pas. Notre priorité est donc d’accroître la visibilité du Consortium. En revanche, quand nous refusons une demande, c’est parce que le profil de l’enfant ne correspond pas à nos services, et non par manque de ressources.

Craignez-vous des coupes budgétaires ou des suppressions de postes?

Nous sommes en pleine phase de recrutement pour répondre à la croissance du nombre d’élèves. Le Consortium compte actuellement environ 150 personnes à travers la province.

Un dernier mot?

Je suis fier de constater que les choses vont bien. Il reste quelques ajustements à faire, mais le Consortium Centre Jules-Léger continue de progresser et d’assurer un service de qualité aux élèves francophones ayant des besoins particuliers. »

Étudier la psychothérapie en français : Glendon et l’Université de Hearst s’allient

TORONTO – Le Collège universitaire Glendon et l’Université de Hearst ont signé une entente permettant aux diplômés en psychologie de Glendon de poursuivre une formation de deuxième cycle en psychothérapie entièrement en français, répondant ainsi à la demande croissante de services de santé mentale dans la langue de Molière.

La signature officielle de l’entente a eu lieu ce lundi après-midi au Collège universitaire Glendon, en présence de la rectrice Sophie Dallaire et de professeurs de l’Université de Hearst.

Celle-ci établit un lien direct entre les programmes de baccalauréat en psychologie (B.A. et B.Sc.) de Glendon et le diplôme d’études supérieures en psychothérapie (DÉSP) offert par l’Université de Hearst. 

« En simplifiant le passage vers une formation spécialisée en psychothérapie offerte en français, nous facilitons le parcours des étudiantes et étudiants et contribuons à renforcer la capacité du système de santé à mieux servir les communautés francophones de partout en province », a déclaré la rectrice de l’établissement de Hearst dans un communiqué.

De son côté, Marco Fiola, directeur du Collège universitaire Glendon ajoute : « Ce nouveau partenariat vient d’ailleurs consolider notre engagement envers la promotion de la santé mentale car il offre à nos diplômées et diplômés en psychologie un parcours structurant vers une formation spécialisée, pour le bénéfice des communautés francophones de l’Ontario ».

La rectrice de l’Université de Hearst, Sophie Dallaire, signant l’entente à Toronto. Photo : Gracieuseté de l’Université de Hearst

Un besoin criant en santé mentale

Cette collaboration répond à la demande croissante de professionnels capables d’offrir des services de santé mentale en français. 

L’équipe de recrutement de l’Université de Hearst a identifié ce besoin et analysé les programmes de Glendon pour déterminer quels cours seraient nécessaires pour accéder au programme de psychothérapie. 

Le DÉSP, offert à distance, permettra aux diplômés en psychologie de Glendon de compléter leur formation en un an et de devenir membres de l’OPAO, l’entente se renouvelle automatiquement d’année en année.

Cette formation avancée, d’une durée de 12 mois et totalisant 45 crédits, est conçue à partir du profil des compétences de l’Ordre des psychothérapeutes autorisés de l’Ontario (OPAO).

L’entente a été rendue possible grâce au soutien financier du Conseil pour l’articulation et le transfert – Ontario (CATON) et a été motivée par la volonté des établissements de faciliter la continuité des études postsecondaires en français. 

Les diplômés des programmes de psychologie de Glendon pourront poursuivre leurs études à l’Université de Hearst pour obtenir le DÉSP, à condition de répondre aux critères d’admission et d’avoir suivi certains cours préalables en psychologie du développement, de la santé et du counseling.

Pour marquer l’occasion, une conférence grand public intitulée « Il faut tout un village : retrouver le sens d’aider ensemble » sera présentée ce mardi soir à 19 h au Collège universitaire Glendon, ainsi qu’en ligne. 

Les funérailles de Bernard Grandmaître auront lieu les 24 et 25 novembre à Ottawa

OTTAWA – La communauté franco-ontarienne pourra bientôt rendre un dernier hommage à l’un de ses grands bâtisseurs, Bernard Grandmaître décédé mardi dernier à l’âge de 92 ans.

Des visites pour honorer Bernard Grandmaître auront lieu le 24 novembre à la Maison funéraire Racine, Robert & Gauthier, au 180 chemin Montréal, de 14 h à 16 h et de 19 h à 21 h.

Une messe commémorative suivra le 25 novembre à 10 h 30 à la Paroisse Notre-Dame de Lourdes, sur la même artère à Ottawa.

En mémoire de celui que l’on surnommait le « père de la Loi sur les services en français », la famille invite le public à faire des dons à la Fondation de l’Hôpital Montfort, où le géant de la francophonie ontarienne a terminé ses jours.

Voici à quoi la francophonie canadienne s’attend du budget fédéral

OTTAWA – Le gouvernement de Mark Carney déposera son budget annuel mardi, un exercice financier qui « exigera certains sacrifices » dans un contexte où le premier ministre parle de réduction des dépenses de l’État. Mais qu’en est-il de la francophonie canadienne? On vous résume certaines des demandes des francophones hors Québec pour ce premier budget de l’ère Carney.

Au cours des dernières semaines, le ministre des Finances, François-Philippe Champagne, et le premier ministre ont promis des « investissements générationnels ». Cette stratégie, comme le rappelle M. Champagne est comparable à celle utilisée après la Deuxième Guerre mondiale, en 1945, où il fallait « tracer une nouvelle voie pour ce pays ».

Dans une vidéo publiée vendredi sur ses réseaux sociaux, le premier ministre a indiqué que la hausse des dépenses du gouvernement dans les dernières années « n’est pas soutenable ». Mark Carney a aussi prévenu que la situation actuelle du pays « exigera certains sacrifices », a-t-il dit lors d’un discours à l’Université d’Ottawa il y a une dizaine de jours.

« Nous allons réduire les dépenses gouvernementales inefficaces et nous investirons massivement dans les domaines qui favorisent l’économie », a réitéré le premier ministre dans ce vidéo aux allures de message prébudgétaire.

Financement accru

Dans le cadre des consultations prébudgétaires, le comité des Finances a reçu plus de 964 documents soumis par différents groupes d’intérêts au pays, nous nous sommes attardez à ceux qui représentent les intérêts des francophones en situation minoritaire. Si les demandes de ces organismes diffèrent sur plusieurs points, tous souhaitent voir une augmentation de l’enveloppe budgétaire qui leur est consacrée par le gouvernement fédéral.

L’Assemblée de la francophonie de l’Ontario (AFO) réclame une plus grande part du gâteau pour les organismes de la francophonie ontarienne, estimant que ceux-ci sont sous-financés par rapport au reste de leurs confrères hors du Québec.

« Les 17 ACFO de la province se partagent moins de 800 000 $. Deux d’entre elles ne reçoivent aucun financement de base. Huit autres reçoivent moins de 40 000 $ par année », déplore l’AFO dans son document prébudgétaire.

Le Réseau de développement économique et d’employabilité (RDÉE Canada), le porte-voix du développement économique des communautés francophones et acadiennes espère que les propos du premier ministre ne signifient pas des coupures pour la francophonie canadienne.

« On veut s’assurer de protéger notre propre financement, mais aussi, je dirais de façon générale, le financement aux organismes de la francophonie canadienne, c’est important. C’est un des éléments qu’on va suivre avec attention », soutient son président-directeur général, Yan Plante.

Économie et main-d’œuvre

En plus de surveiller le financement, le RDÉE Canada aimerait voir des crédits d’impôt ou une sorte d’aide financière pour favoriser les missions commerciales pour les entreprises et la réduction des barrières du commerce interprovincial.

« Quand il y a des missions économiques, souvent le frein qu’on voit, c’est que l’entrepreneur réalise que ça va lui coûter quelques milliers de dollars pour se déplacer et qu’en plus pendant ces journées-là, il n’est pas dans son entreprise » donne M. Plante comme exemple.

« Un gouvernement ne crée pas d’emploi et ne génère pas tant que ça d’activité économique, mais un gouvernement doit être là pour mettre en place un contexte dans lequel il est facile de faire des affaires », rappelle Yan Plante, qui souhaite aussi qu’Ottawa accorde un répit aux contribuables dans le contexte actuel.

Le directeur général du RDÉE Canada, Yan Plante. Gracieuseté.
Le directeur général du RDÉE Canada, Yan Plante. Gracieuseté.

À l’image du RDÉE Canada, l’AFO espère plus d’actions visant à favoriser la création d’une main-d’œuvre francophone et bilingue. Parmi les mesures se retrouvant dans sa soumission budgétaire au ministre Champagne : accélérer la reconnaissance des diplômes et favoriser la mobilité interprovinciale, le développement de formations professionnelles bilingues adaptées aux secteurs en pénurie comme en éducation et en santé, etc.

La Fédération de la jeunesse canadienne-française s’inquiète de son côté de voir le haut taux de chômage touchant les jeunes canadiens. Pour freiner la tendance, elle propose au ministre des Finances de bonifier la Stratégie emploi et compétence jeunesse, notamment en réduisant le fardeau administratif et en ajoutant une lentille francophone à ce programme.

Arts et culture

Dans le domaine des arts et de la culture, la Fédération culturelle canadienne française (FCCF) demande à Ottawa d’augmenter le financement accordé au Conseil des Arts du Canada de 140 millions de dollars et réclame aussi une hausse de 32 millions de dollars de l’enveloppe destinée aux organismes artistiques et culturels de la francophonie canadienne.

Les 17 théâtres francophones hors du Québec veulent de leur côté qu’Ottawa consacre 1 % de l’ensemble des dépenses de son prochain budget aux arts, à la culture et au patrimoine.

Postsecondaire

L’Association des collèges et universités de la francophonie canadienne (ACUFC) presse Ottawa d’en faire davantage au niveau financier pour le secteur postsecondaire, une demande soutenue aussi pas l’Assemblée de la francophonie de l’Ontario. L’ACUFC appelle les libéraux à respecter une promesse électorale de 2021 d’offrir 80 millions de dollars par année aux institutions postsecondaires en milieu minoritaire.

ACFO-Ottawa : « 99,9 % de nos membres ne savent pas qu’ils le sont »

L’ACFO-Ottawa a tenu son assemblée générale annuelle (AGA) en ligne jeudi soir pour faire le point sur l’année écoulée et présenter ses projets à venir. L’organisme traverse une période de transition importante après plusieurs années de changements à la direction et des difficultés administratives.

L’organisme cherche à stabiliser sa gouvernance, à redéfinir sa structure administrative et à renforcer sa présence et sa représentation auprès des différentes communautés francophones d’Ottawa.

« L’ACFO Ottawa a connu beaucoup de changements ces dernières années. Dans quel état se trouve aujourd’hui l’organisation?

On s’est retrouvé dans une situation un peu de désordre administratif, avec des rapports incomplets et des suivis à reprendre. C’est une réalité que plusieurs organismes francophones vivent depuis la pandémie, avec les défis économiques et le manque de main-d’œuvre qualifiée. On a dû faire du ménage et remettre de l’ordre.

Votre directrice générale, Anik Larivière, n’est pas une employée, mais une consultante. Pourquoi ce choix?

C’était une solution temporaire. On n’arrivait pas à recruter quelqu’un avec les compétences nécessaires au salaire qu’on pouvait offrir, d’environ 65 000 $. On a donc fait appel à une consultante pour nous appuyer dans la restructuration et réfléchir à la meilleure structure pour l’avenir.

L’année dernière, la 25e édition du prix Bernard-Grandmaître s’est tenue à l’hôtel de ville pour la première fois, il me semble, et a affiché complet malgré l’absence de direction générale deux mois avant, ce qui montre qu’on a quand même fait un bon coup malgré les circonstances.

Avez-vous mis en place des mécanismes concrets pour stabiliser la gouvernance?

Pas encore de politiques formelles, mais c’est une priorité du nouveau conseil d’administration. L’objectif est de créer une structure administrative et décisionnelle plus stable, avec une meilleure définition des responsabilités et une représentation fidèle des membres. On veut redéfinir notre membriété et s’assurer que la représentation au CA reflète vraiment la diversité des communautés francophones d’Ottawa.

Justement, qui sont vos membres aujourd’hui?

C’est là qu’on doit se remettre en question. En ce moment, toute personne qui œuvre en français à Ottawa est considérée membre… donc 99,9 % de nos membres ne savent pas qu’ils le sont! Il faut clarifier ce que veut dire « être membre » de l’ACFO Ottawa et mieux inclure nos communautés dans le processus. L’ACFO a toujours été la voix politique des francophones d’Ottawa. Mais aujourd’hui, cette approche doit être réévaluée pour être plus précise et inclusive.

Vous avez mentionné durant l’AGA que l’ACFO veut reprendre sa place dans la communauté et devenir « une actrice incontournable » auprès des décideurs politiques. Concrètement, qu’est-ce que cela signifie pour les prochains mois?

Concrètement, cela signifie organiser des rencontres régulières avec les élus municipaux, provinciaux et fédéraux pour présenter les enjeux et besoins de la communauté francophone. L’ACFO souhaite établir un dialogue plus soutenu avec les décideurs et être systématiquement consultée sur les politiques et projets qui touchent la francophonie à Ottawa.

Avec la fin de la subvention Ottawa bilingue, quelles sont les stratégies envisagées pour continuer à soutenir les projets communautaires et les micro-subventions?

La fin de la subvention n’est pas considérée comme un point final. L’enveloppe budgétaire, qui s’élevait à près de 588 000 $ lors de la dernière ronde, reste importante pour soutenir les projets communautaires et les micro-subventions, mais la structure doit être repensée.

L’ACFO travaille avec Patrimoine canadien pour revoir la manière de sélectionner et distribuer ces fonds, afin de répondre aux besoins actuels et d’éviter que des projets pertinents ne soient exclus. L’objectif est de redistribuer les fonds de manière efficace tout en maintenant l’impact des initiatives francophones dans la communauté.

Le Gala des prix Bernard Grandmaître sera-t-il différent en 2026 après le décès de l’homme qui a donné son nom à l’événement?

Une reconnaissance de l’héritage de M. Grandmaître est prévue, car le prix d’honneur porte son nom. La forme exacte de cet hommage n’est pas encore déterminée afin de préserver la surprise et de ne pas faire de fausses promesses. Il y aura donc définitivement un geste de reconnaissance, mais les détails seront communiqués ultérieurement. »

Inauguration du nouveau Foyer Richelieu à Welland : 128 lits pour les francophones

WELLAND – Ce vendredi marque l’ouverture officielle du nouveau Foyer Richelieu de Welland. L’infrastructure modernisée offre désormais 128 lits de soins de longue durée pour les francophones, dont 66 additionnels. Les ministres Natalia Kusendova-Bashta et Caroline Mulroney ont fait le déplacement pour l’inauguration de cette nouvelle infrastructure, en travaux depuis 2023.

Un grand moment pour la communauté francophone de la région, pour lequel près de 200 personnes sont venues prendre part à cette cérémonie d’inauguration bilingue.

Ce sont 128 nouveaux lits qui seront désormais disponibles pour les aînés francophones, dont 66 lits additionnels et 62 optimisés, au centre de soins de longue durée qui accueille déjà ses premiers résidents.

Photo : Sandra Padovani/ONFR

Le nouveau bâtiment est centré autour de quatre zones d’habitation qui permettent d’héberger jusqu’à 32 résidents, avec leurs propres salles à manger, salles d’activités, leurs propres salons et chambres. Quant aux soins de longue durée, le centre dispose d’options améliorées, notamment un bistrot, un salon de beauté et une salle de réception.

Les travaux de construction du réaménagement du Foyer Richelieu de Welland avaient officiellement commencé en mai 2023 et s’inscrivent dans la stratégie provinciale d’expansion et de modernisation des soins de longue durée.

Le projet s’inscrit dans le cadre du plan provincial de 6,4 milliards de dollars visant à créer plus de 30 000 nouveaux lits de soins de longue durée sur dix ans, via le Programme de garanties de prêts pour les organismes sans but lucratif.

Pour célébrer l’ouverture du nouveau Foyer Richelieu, les ministres des Affaires francophones, Caroline Mulroney, et de Soins de longue durée, Natalia Kusendova-Bashta, se sont jointes au personnel du Foyer Richelieu dont le directeur général Sean Keays et le maire de Welland Frank Campion pour une conférence de presse au 51 Promenade Richelieu.

« Le foyer est l’un des 15 projets de développement de centre de soins de longue durée qui prévoient des lits pour les francophones, a souligné la ministre des Soins de longue durée Natalia Kusendova-Bashta. Ce foyer n’aurait pas pu voir le jour sans le soutien du Programme de subvention pour la construction et du Programme de garantie de prêts pour les organismes sans but lucratif de la province. » Photo : Sandra Padovani/ONFR

La ministre des Affaires francophones Caroline Mulroney a également pris la parole pour saluer un projet autour duquel toute la communauté s’est rassemblée, ainsi que l’important travail de Natalia Kusendova-Bashta sur le dossier. Photo : Sandra Padovani/ONFR

Sean Keays, directeur général du Foyer Richelieu, a notamment remercié les ministres présentes et leur soutien quant à ce projet important pour les francophones de la région de Welland. Photo : Sandra Padovani/ONFR

Le maire de Welland Frank Campion, qui est anglophone, a exprimé quelques mots en français, saluant la résiliance de la communauté francophone. Photo : Sandra Padovani/ONFR

« L’ouverture du nouveau Foyer Richelieu Welland marque une étape importante dans le plan de notre gouvernement visant à protéger les résidents et à accroître l’accès à des soins de santé de classe mondiale dans toute la province, y compris ici, dans la région de Niagara, a déclaré Natalia Kusendova-Bashta, ministre des Soins de longue durée. C’est aussi un jour important pour la communauté francophone de l’Ontario, car le Foyer Richelieu offrira ses 128 lits à des résidents francophones afin qu’ils puissent recevoir des soins adaptés à leurs besoins culturels et linguistiques. »

La ministre avait également confié à ONFR en amont de la rentrée parlementaire que son projet de loi 14 (Loi de 2025 sur le soutien aux personnes âgées et aux fournisseurs de soins) comprenait une particularité linguistique et culturelle pour les aînés francophones, par le biais de programmes et davantage de ressources disponibles en français.

 « L’annonce d’aujourd’hui s’inscrit dans notre plan visant à élargir l’accès aux soins et à soutenir, pour les années à venir, la culture, la population et l’économie francophones de l’Ontario », a commenté Caroline Mulroney.

« Ce nouveau foyer offrira un lieu chaleureux et bienveillant à 128 résidents qui y trouveront un chez-soi, dans le respect de leur dignité, de leur indépendance et de leur communauté. Une journée très importante pour les aînés francophones du sud de l’Ontario », a déclaré Sean Keays, tandis que le maire Frank Campion a mis l’emphase sur « une réalisation importante pour Welland et les francophones de la région de Niagara ».

Un autre projet francophone à venir dans la région du Grand Toronto

Pendant la période des questions des médias, la ministre Kusendova-Bashta a rapporté que la somme financée par le gouvernement de l’Ontario pour le Foyer Richelieu s’élève à 62 millions de dollars, avant de confirmer son intention de poursuivre l’expansion des soins de longue durée pour les aînés de langue maternelle française.

« Nous travaillerons notamment avec Sean Keays (le directeur du Foyer Richelieu) pour d’autres projets francophones dans la région du Grand Toronto », révèle-t-elle sans en donner pour l’heure les détails.

Celle-ci a également rappelé que le projet du village francophone de la Communauté du Trille blanc à Aurora est en cours avec la construction de la première phase, à savoir un centre de soins de longue durée d’une capacité de 160 lits francophones.

Pour la région d’Ottawa, elle cite la première pelletée de terre du Foyer Manoir Maxville en redéveloppement depuis août dernier, ainsi que l’ouverture récente de la Résidence Prescott-Russell à Hawkesbury et ses 224 nouveaux lits dont 78 supplémentaires.

L’Ontario est-il un eldorado pour les médecins québécois?

OTTAWA – Alors que le Québec vient d’adopter une loi controversée sur la rémunération des médecins, plusieurs praticiens songent à s’établir en Ontario. Mais entre surcharge de travail, hôpitaux débordés et manque de médecins de famille, la province voisine est loin d’être un paradis.

Depuis le 1ᵉʳ octobre, le Collège des médecins et chirurgiens de l’Ontario (CPSO) affirme avoir reçu 120 demandes de permis de pratique, dont plusieurs en provenance du Québec.

Un chiffre révélateur d’un malaise croissant entre les deux rives de la rivière des Outaouais, dans la foulée de l’adoption de la Loi 2 sur la rémunération des médecins, par le gouvernement Legault dans la nuit du 24 au 25 octobre 2025.

Adoptée sous bâillon, la loi lie désormais une partie du revenu des médecins à des indicateurs de performance. Elle prévoit aussi des pénalités financières et la réduction d’années de pratique en cas d’infractions afin de décourager les praticiens de se « désengager » du régime public.

L’Ontario, un refuge?

La tension créée par cette réforme constitue une opportunité pour l’Ontario, mais la province est-elle pour autant un eldorado médical? Actuellement l’Ontario doit composer avec une pénurie aiguë de médecins, environ 2,3 millions de résidents sont sans médecin de famille.

Le Dr Paul Roumeliotis, pédiatre installé en Ontario depuis plus de 20 ans et directeur général du Bureau de santé de l’Est de l’Ontario, dresse un constat lucide.

« Ce n’est pas le paradis ici. Nous avons aussi nos défis : surcharge de travail, manque de spécialistes, longues listes d’attente, hôpitaux débordés, surtout pendant les périodes de grippe. Certains services d’urgence atteignent 130 % ou 140 % de leur capacité », souligne-t-il.

Le Dr Paul Roumeliotis évoque une pénurie chronique de médecins de famille. « Beaucoup de collègues passent trop de temps sur des tâches administratives au lieu des soins directs aux patients. Et l’Ontario manque de cliniques sans rendez-vous ouvertes le soir ou la fin de semaine, ce qui surcharge les hôpitaux. »

Le Dr Paul Roumeliotis, directeur général du Bureau de santé de l’Est de l’Ontario, estime que la réforme québécoise risque d’accentuer la migration de médecins vers l’Ontario. Gracieuseté

Malgré tout, le directeur général du Bureau de santé de l’Est de l’Ontario constate que le climat ontarien reste plus stable : « La situation est très décourageante pour mes confrères et consœurs du Québec. »
« Ici, l’Association médicale de l’Ontario négocie avec le gouvernement. C’est une approche bilatérale. Au Québec, la Loi 2 impose des tarifs et des conditions sans réelle négociation. À mon avis, c’est inacceptable », déplore-t-il.

Deux modèles opposés

Même constat du côté du Dr Condé, représentant de l’Association médicale canadienne (AMC) : « En Ontario, on recrute. Au Québec, on contrôle. »

Selon ce médecin de famille installé à Laval, la Loi 2 instaure un climat de peur et de méfiance.

« À Ottawa, la Ville a crée un poste d’ambassadeur pour le recrutement médical, tandis qu’au Québec, la Loi 2 crée une « police des docteurs ». On instaure la surveillance et la dénonciation. », estime-t-il.

« Au lieu d’améliorer l’accès aux soins, le gouvernement réduit les revenus des médecins et espère qu’ils travailleront plus fort. C’est le contraire de ce qu’il faut faire », s’indigne-t-il.

Le Dr Condé compare les approches. « En Ontario, le gouvernement Ford investit environ 2 milliards de dollars pour renforcer les équipes multidisciplinaires et améliorer l’accès à la première ligne. Au Québec, on coupe 500 millions dans le budget des médecins de famille. Ce sont deux approches totalement opposées : l’une est incitative, l’autre répressive », explique-t-il.

Un intérêt palpable

Étienne Grandmaître Saint-Pierre est gestionnaire du programme de soins primaires du Centre de santé communautaire de l’Estrie en Ontario. Responsable d’une équipe de 63 employés, dont 14 médecins de famille, 18 infirmières praticiennes et 13 infirmières, il supervise les services offerts à plus de 12 000 clients répartis sur six sites dans l’Est ontarien.

De retour du congrès annuel de médecine francophone à Montréal, il constate un intérêt marqué de la part des médecins québécois pour la pratique en Ontario. « Plusieurs médecins venaient nous rencontrer pour savoir comment ils pourraient travailler ici, surtout dans un environnement francophone. Ils trouvent l’idée séduisante : offrir des soins en français dans un contexte moins tendu et plus accueillant » témoigne-t-il.

De retour du congrès de médecine francophone à Montréal, Étienne Grandmaître, du Centre de santé communautaire de l’Espoir, constate un intérêt marqué des médecins québécois pour la pratique en Ontario. Gracieuseté

Selon lui, la différence entre les deux provinces se joue surtout au niveau de l’organisation du travail. Il rapporte : « Les médecins que j’ai rencontrés disent vouloir exercer dans un milieu où le climat est moins tendu, où ils se sentent soutenus plutôt que surveillés. »

L’attrait financier et la stabilité

Le Dr Roumeliotis rappelle que la rémunération est légèrement plus élevée en Ontario, mais que c’est la stabilité du système qui fait la différence.

« Le système est relativement bien organisé en Ontario. Au Québec, on a vu beaucoup de compressions et de coupures dans les services depuis une quinzaine d’années. »

Il cite les efforts récents du gouvernement Ford, mais aussi de plusieurs communautés en Ontario qui ont lancé des plans pour le recrutement et la rétention des médecins. De nouvelles écoles de médecine ont ouvert leurs portes à la Toronto Metropolitan University et à Brampton, pour former davantage de médecins de famille. « C’est une excellente initiative, parce que d’ici cinq à dix ans, cela va aider à former plus de médecins et à diminuer la pénurie actuelle », se félicite-t-il.

Doug Ford saisit la balle au bond

Dans ce contexte, le premier ministre Doug Ford n’a pas tardé à lancer une perche à ses voisins.

« Appelez 1-800 Doug Ford! Les médecins, venez nous voir, appelez-moi sur mon cellulaire! […] On vous fera travailler très rapidement. J’adorerais voir des médecins, des infirmières, n’importe qui qui travaille dans le réseau de la santé, venez en Ontario, nous avons une communauté en pleine expansion », a-t-il déclaré à Queen’s Park mercredi en mêlée de presse.

De son côté, François Legault a dénoncé l’initiative de son homologue ontarien, l’accusant de « lui tirer dans le dos ».

Loi sur les langues officielles : même des députés libéraux poussent le gouvernement à agir plus vite 

OTTAWA – Les partis de l’opposition et des élus libéraux trouvent que le gouvernement Carney ne va pas assez vite pour mettre la Loi sur les langues officielles pleinement en vigueur, un peu plus de deux ans après sa refonte.

Les députés des trois principaux partis à Ottawa au Comité des langues officielles ont adopté une motion jeudi, réclamant que le gouvernement accélère le pas. Cette motion du député du Bloc Québécois Mario Beaulieu édicte que le comité demande à ce que « la mise en œuvre des règlements de la nouvelle Loi sur les langues officielles se produise le plus rapidement possible ».

Le libellé demande aussi la concrétisation de « la nouvelle approche asymétrique de la Loi sur les langues officielles en faveur du français au Québec ».

À l’heure actuelle, des portions de la Loi sur les langues officielles ne sont pas en vigueur, car elles attendent d’être adoptées via une prise de règlements, une tâche que le gouvernement, voulait au départ accomplir d’ici décembre 2024.

Près d’un an plus tard, le processus, qui a notamment inclus des consultations auprès des acteurs de la francophonie canadienne, est toujours en cours. La Fédération des communautés francophones et acadienne du Canada (FCFA) s’est impatientée dans les dernières semaines, pressant le gouvernement à aller plus vite. Idem pour le commissaire aux langues officielles, Raymond Théberge.

Plusieurs pouvoirs que ce dernier a obtenus lors de la modernisation de la Loi sur les langues officielles en 2023, comme le fait d’émettre des ordonnances ou des sanctions administratives pécuniaires, ne sont pas en vigueur à l’heure actuelle.

« C’est l’un des éléments qui nous empêchent de vraiment aller de l’avant en ce moment. Nous utilisons les pouvoirs dont nous disposons en attendant », affirmait Raymond Théberge aux sénateurs du Comité permanent Langues officielles le 6 octobre dernier.

Parmi les autres sections de la législation qui sont toujours en attente, on en compte une touchant les clauses linguistiques dans les ententes avec les provinces. Il y a aussi toute une section (la partie VII) qui porte sur la prise de mesures positives touchant les minorités linguistiques, une portion jugée essentielle par les experts en droits linguistiques pour favoriser l’épanouissement des communautés francophones.

« Tant et aussi longtemps que ce règlement n’est pas en vigueur, cela a un impact sur la mise en œuvre de la loi et, par le fait même, sur le développement des communautés », argumentait Raymond Théberge sur cette section de la Loi sur les langues officielles.

Le commissaire aux langues officielles Raymond Théberge. Gracieuseté.
Le commissaire aux langues officielles Raymond Théberge. Photo : Gracieuseté du Commissariat aux langues officielles

« Ils se servent peut-être de nous pour passer un message, avance le député conservateur Joël Godin au sujet des députés libéraux qui ont appuyé la motion. Je ne connais pas leurs intentions, mais c’est une aberration. La sanction royale était en 2023 et il n’y a toujours pas de règlement. On étire la sauce », déplore le critique en Langues officielles pour son parti.

« Ç’a déjà été promis plusieurs fois. On nous a parlé du mois de novembre, si c’est vrai, c’est parfait, mais on veut s’en assurer, explique l’élu bloquiste Mario Beaulieu. Dans la Loi, on a reconnu que le français est en déclin partout au Canada et en situation minoritaire et j’ose espérer qu’avec la mise en œuvre, il y a quelque chose qui va changer », poursuit-il.

Une question de semaines, dit Guilbeault

« Ça s’en vient, et je vous dirais qu’on va certainement avoir deux des trois règlements dans les prochaines semaines », a assuré le ministre des Langues officielles Steven Guilbeault mercredi avant une réunion du caucus libéral.

Lundi au Sénat, des fonctionnaires fédéraux sont restés avares sur les développements de ces règlements, mais ont assuré qu’il ne s’agissait pas d’un retard.

« Le règlement prend un certain temps à être élaboré et les consultations doivent être complétées, ce que nous avons fait. On est bien dans les eaux régulières, ce à quoi on pourrait s’attendre pour un règlement », a dit Carsten Quell, le directeur exécutif du Centre d’excellence en langues officielles au Conseil du Trésor.

« Nous avons élaboré un règlement sur la partie quatre (de la Loi sur les langues officielles) en 2019, et ça a pris trois ans avant que ça soit adopté », énonce M. Quell à titre d’exemple.

La modernisation de la Loi sur les langues officielles a été adoptée en juin 2023 avec une quasi-unanimité au Parlement.

Ottawa opte pour le « plus bas prix » : les interprètes parlementaires craignent un exode

OTTAWA — Le gouvernement fédéral ira de l’avant avec ses nouvelles règles concernant les interprètes parlementaires pigistes, notamment en favorisant le plus bas prix, ce qui fait craindre un exode de ces derniers hors du Parlement et une menace sur les activités parlementaires dans les deux langues officielles.

Ces nouvelles règles favoriseront les interprètes qui soumissionnent avec le prix le plus bas possible.

« Les offres recevables seront classées selon le prix évalué le plus bas par région; le prix évalué le plus bas étant classé le plus haut », peut-on lire dans les nouvelles règles dévoilées vendredi par Services publics et Approvisionnement Canada (SPAC).

Les interprètes pigistes seront aussi évalués selon leur profil linguistique et leur cote de sécurité. Ils devront également être accrédités auprès du Bureau de la traduction pour pouvoir travailler au Parlement. Ces derniers ont jusqu’au 24 novembre pour offrir leur services, pour des contrats qui débuteront au mois de janvier, selon l’Association internationale des interprètes de conférence au Canada (AIIC-Canada).

« Il y aura en principe moins d’interprètes. Ça va aggraver la pénurie sur la colline dès janvier » prévoit sa porte-parole Nicole Gagnon.

L’AIIC-Canada représente les interprètes pigistes qui travaillent au fédéral. Selon Mme Gagnon, ces nouvelles règles concernent un bassin d’environ 60 interprètes. Au total, il y a près de 140 interprètes sur la Colline parlementaire dont près de la moitié sont des employés du Bureau de la traduction.

Selon un récent sondage mené par l’AIIC-Canada, près de 50 % des interprètes pigistes soutenaient qu’ils quitteraient le Parlement si le critère du prix le plus bas était retenu.

« Je ne peux pas vous dire si ça sera un exode en grand nombre, mais il y aura certainement beaucoup d’interprètes qui vont partir. J’en suis persuadée », se désole Nicole Gagnon.

« En janvier là, quand le Parlement va reprendre, le Parlement aura des choix difficiles à faire et cela aura une incidence sur le public canadien dans la mesure où leur accès aux délibérations parlementaires va être brimé et donc, ça va aller à l’encontre de la constitution canadienne, c’est-à-dire le bilinguisme », juge-t-elle.

La porte-parole de l’organisme national affirme qu’il y aura prochainement une rencontre avec les interprètes pour les informer des nouvelles règles proposées par Ottawa. Mais elle rappelle qu’il ne s’agit pas d’une négociation et que la décision revient aux interprètes d’accepter ou de rejeter, prévenant que ceux-ci pourraient se tourner vers le privé.

Pas question de déroger au bilinguisme, assure les libéraux

Devant les députés du Comité permanent des langues officielles, le Bureau de la traduction avait rejeté du revers de la main l’argument que la qualité de l’interprétation se verrait réduite.

« Dire que c’est uniquement les soumissionnaires à bas prix, vous me permettrez de dire que je ne suis pas tout à fait en accord, avait réfuté son président-directeur général, Jean-François Lymburner lors d’une comparution le 7 octobre dernier. On a besoin d’avoir des interprètes qui ont été certifiés par le Bureau de la traduction. Pour nous, c’est un gage de qualité certain. Tous les soumissionnaires ne seront pas accrédités. »

« Mais ça, c’est le minimum qui est acceptable pour pouvoir travailler pour le gouvernement, contre-argumente Mme Gagnon. C’est un peu comme un pilote qui vient de recevoir son brevet, on ne le mettrait pas aux commandes d’un Boeing 747 », image-t-elle.

Cette dernière s’explique mal la démarche qu’entreprend SPAC outre le fait qu’il s’agit d’un moyen d’économiser, elle qui cite les coupes de 15 % demandées aux ministères et agences fédérales par le ministre des Finances François-Philippe Champagne.

Le ministre responsable de SPAC, Joël Lightbound n’était pas disponible pour commenter la situation. Son bureau nous a envoyé une déclaration indiquant que « le respect du bilinguisme au Parlement est une priorité absolue pour notre gouvernement, et il n’est pas question d’y déroger ».

Questionnés à ce sujet ce matin avant une réunion du caucus, les libéraux sont restés évasifs.

« Il n’y aura jamais une baisse de régime pour notre part quant à l’usage des langues officielles dans les instances du Parlement du Canada », a soutenu le ministre et Leader en chambre du gouvernement Steven MacKinnon.

« Il faut que l’on continue à s’assurer d’avoir de l’interprétation. Il faudrait que je regarde la question de plus près, mais je pense que des solutions, il y en a toujours eu et on va en trouver », a commenté la députée Mona Fortier de Ottawa—Vanier—Gloucester.

Un premier sommet francophone de la finance à Toronto

TORONTO – Le premier « Sommet Francophone Finance et Investissement » du Club canadien de Toronto se déroule ces 28 et 29 octobre. Répondant à un besoin identifié par la communauté, ces 24 conférences visent à fournir des conseils pratiques pour gérer l’argent et investir, à destination des jeunes, de nouveaux arrivants ou encore des entrepreneurs et investisseurs. Une autre ambition du sommet : bâtir des ponts entre la communauté franco-torontoise et des cercles élargis de professionnels de la finance francophones et francophiles.

Le « Sommet Francophone Finance et Investissement » est une première en son genre et une première pour le Club canadien.

À l’aube du mois de novembre, désigné en Ontario et au Canada comme le Mois de la littératie financière, cette initiative ambitieuse combine 24 conférences et 70 panélistes sur deux jours pour sensibiliser la communauté franco-torontoise à ce thème.

Au programme, des conférences éclair, des panels, des cliniques financières et des sessions interactives avec des experts de la finance qui dispensent des conseils pratiques en gestion monétaire.

Au premier jour, l’emphase est mise sur la sensibilisation des jeunes et des nouveaux arrivants, pour comprendre la littératie financière avec des panels et ateliers tels que « Enseigner l’argent : comment outiller les jeunes pour demain? », « Mon parcours d’intégration financière : ce que tout nouvel arrivant devrait savoir », ou encore « Outils pour gérer son argent au quotidien ».

Plusieurs étudiants et établissements postsecondaires y étaient ainsi présents et représentés, tels que l’UOF, le Collège Boréal, HEC Montréal, ou encore l’Université McGill.

Le deuxième jour mise sur la partie investisseurs, avec des thèmes tels que : « Tech et finance : maîtriser les outils pour piloter sa croissance », « Fonds d’investissement francophone : diversifier et saisir de nouvelles opportunités économiques » ou encore « Se lancer en affaires en rachetant une entreprise ».

« Ce deuxième volet est vraiment axé sur la finance pure cette fois pour qu’investisseurs et entrepreneurs puissent y puiser les outils pour lever des fonds, gérer les risques, etc. », explique Alexis Maquin, le directeur général du Club canadien.

« Apprendre à parler d’argent »

Alexis Maquin, directeur général du Club canadien de Toronto. Photo : Sandra Padovani/ONFR

Les intervenantes Khadija Azizi (Desjardins), Joelle Mulombo (BMO Wealth Management) et Mélanie anthony (Melanie Anthony Consultancy durant le panel « Mon parcours d’intégration financière : ce que tout nouvel arrivant devrait savoir ». Photo : Sandra Padovani/ONFR

Les intervenants Simon Bélanger (Canadia Investor Podcast) et Yerro Gassama (Université York) durant le panel « Ce que j’aurais aimé savoir à 20 ans sur l’argent ». Photo : Sandra Padovani/ONFR

Celui-ci explique que le sommet a avant tout été pensé pour répondre à une carence de connaissances en finance d’une certaine partie des acteurs francophones de la communauté, pourtant indispensable à l’expansion de la francophonie.

« L’idée m’est venue d’une conversation que j’ai eu un an plus tôt avec Ines Benzaghou, la nouvelle directrice d’Oasis Centre des femmes. Elle me rapportait que de nombreuses femmes réfugiées ont des difficultés à s’y retrouver avec le milieu bancaire et à savoir gérer des finances », explique le directeur général du Club canadien.

« J’aurais moi-même aimé qu’on m’apprenne à parler d’argent bien avant dans ma carrière. »

« On va à l’encontre des autres sommets où ce sont des PDG qui livrent une vision. Ce qu’on a voulu, c’est donner des outils de façon abordable et sensibiliser à la littératie financière. Tous les membres peuvent s’entretenir avec les panélistes et experts par exemple. » 

Élargir la communauté

De gauche à droite : Nolan Quinn, le ministre des Collèges, des Universités, de l’Excellence en recherche et de la Sécurité, Roda Muse, la sous-ministre des Affaires francophones de l’Ontario, Daniel Giroux, président du Collège Boréal, et Natalia Kusendova-Bashta, m

L’équipe du Collège Boréal était présente en nombre à l’occasion de ses 30 ans, anniversaire célébré à l’occasion du sommet. Photo : gracieuseté du Club canadien

Le ministre des Collèges, des Universités, de l’Excellence en recherche et de la Sécurité Nolan Quinn donne une partie de son discours en français après la premère journée du Sommet. Photo : gracieuseté du Club canadien

Le Club canadien souhaitait également se rapprocher des francophones et francophiles qui travaillent dans la finance dans des milieux anglophones.

« Beaucoup de francophones travaillent dans ces milieux et ne sont pas impliqués dans la francophonie. Un des leviers, une de nos cibles était d’aller récupérer ces personnes francophones qui ne sont pas impliquées dans la communauté. Beaucoup de nos panélistes travaillent pour de grandes banques ou de grands groupes anglophones. L’écosystème de la communauté grandit et c’est positif pour tout le monde. »

« C’est le plus gros projet depuis la création de Relève ON en 2018, confie encore Alexis Maquin. C’est un événement onéreux pour lequel nous n’avons pas eu de subventions publiques. Nous sommes donc allés chercher des commandites dans le privé, mais en retour c’est le public qui reçoit de la plus-value. »

Parmi les 350 personnes qui ont pris part au Sommet : des Franco-Ontariens, des Québécois et quelques personnes venues du Nouveau-Brunswick.

Mais le club franco-torontois, qui prévoit déjà d’organiser une deuxième édition, envisage de donner une portée plus « pancanadienne » en 2026, avec des intervenants et acteurs du monde de la finance interprovinciaux.

Natation : Alexandre Landry prépare le virage de sa carrière après la Coupe du monde de Toronto

TORONTO – Pour sa deuxième participation à une Coupe du monde de natation, le Franco-Ontarien Alexandre Landry a abordé le rendez-vous de Toronto comme le point de départ d’une nouvelle saison, placée sous le signe du changement. Un nouveau départ marqué par l’envie de faire les choses autrement : un encadrement plus structuré, de nouveaux objectifs universitaires et une approche mentale renouvelée.

Lors de cette étape de Coupe du monde qui se déroulait au Centre sportif panaméricain de Toronto du 23 au 25 octobre,  il a pris part à trois épreuves : le 200 m brasse (disqualifié), le 100 m brasse (22e en 1:02.13) et le 50 m brasse (31e en 28.96).

Les résultats n’ont pas été au rendez-vous mais Alexandre Landry n’était pas venu à Toronto pour chasser les chronos. Cette Coupe du monde servait avant tout à évaluer sa forme physique au cœur d’une période de préparation chargée, après plusieurs semaines d’entraînement intensif.

« Je ne m’attendais pas à des performances exceptionnelles. Je sors déjà d’un bon été avec mes meilleurs temps aux Championnats nationaux. L’idée, c’était juste de voir où j’en suis en octobre. »

Sa disqualification sur le 200 m brasse, due à un double battement de dauphin (manoeuvre interdite par le règlement) au virage, n’a pas affecté son optimisme. 

« C’est ma première disqualification en six ans. Je ne m’en suis même pas rendu compte. Si on prend le temps que j’aurais fait, c’était mon troisième meilleur chrono à vie. »

Le nageur considère cet incident comme une étape normale dans son développement. 

« Ça arrive aux meilleurs. L’important, c’est de comprendre pourquoi et de corriger dès la prochaine course. »

L’expérience grandiose de la Coupe du monde

Au-delà des résultats, le nageur sudburois a aussi profité des lieux où se déroulait l’événement. Le centre rénové et modernisé de Toronto a donné une saveur particulière à la compétition. 

« Au Centre sportif panaméricain de Toronto, ils ont ajouté des jeux de lumière et des couleurs pour créer différentes ambiances. Pendant les courses, c’était vraiment intense, ça rendait l’atmosphère plus grandiose, un peu comme dans un tournoi de hockey ou de basketball. Il y avait aussi des écrans un peu partout autour de la piscine, c’était très cool à voir. »

Le Sudburois a apprécié l’atmosphère de cette étape de Coupe du monde à Toronto qui a été une grande réussite au niveau du spectacle offert aux spectateurs. Photo : Daniel Landry

Cet environnement couplé aux récompenses de 10 000 dollars américains promis pour les records battus a stimulé les athlètes avec cinq marques mondiales battues lors de l’événement. 

« Le samedi soir, le Centre sportif panaméricain de Toronto était complètement plein, il n’y avait plus un billet disponible. L’ambiance dans la piscine était folle, le public encourageait tout le monde, et voir autant de records battus dans cette atmosphère-là, c’était spectaculaire », se remémore le Sudburois. 

Il ajoute au sujet des prix monétaires remis : « Au total World Aquatics a donné 1 553 500 dollars américains aux athlètes. L’Américaine Kate Douglas a gagné 182 000 dollars américains et le Hongrois Hubert Kos en a empoché 184 000! » 

Entre Sudbury et un nouveau départ

Depuis la fermeture du programme universitaire de natation à l’Université Laurentienne en 2021, Alexandre Landry, 22 ans, s’entraîne avec le Sudbury Laurentian Swim Club, où il côtoie des nageurs beaucoup plus jeunes. Il apprécie l’esprit de famille et la solidarité qui règnent au sein du groupe, mais le fait de ne pas appartenir à une équipe universitaire l’exclut du circuit U Sports et de ses compétitions de haut niveau. Une situation qui, tout en lui offrant un environnement sain et formateur, limite ses occasions de se mesurer régulièrement à l’élite nationale.

Mais le Franco-Ontarien sait que cette étape n’est que temporaire. Il prévoit rejoindre une autre université canadienne en 2026, afin d’intégrer une équipe universitaire complète et un environnement de haut niveau.

« Je garde mon éligibilité universitaire puisque je n’ai pas participé au championnat U Sports. Je veux m’entraîner avec une équipe complète et continuer mes études en sciences de l’éducation. »

Cette nouvelle aventure marquera une évolution importante : un cadre plus structuré, un encadrement quotidien et un calendrier de compétitions plus dense. « Je vais être un peu un recruté tardif, mais ça me motive encore plus. »

L’expérience du Centre de haute performance

En parallèle de ses entraînements à Sudbury, Alexandre Landry se rend régulièrement au Centre de haute performance de Toronto, environ une fois toutes les six à huit semaines. Situé au Centre sportif panaméricain de Scarborough, ce complexe est l’un des trois centres nationaux de natation au Canada, réservés aux athlètes de haut niveau qui visent les Jeux olympiques ou les Championnats du monde.

« Le Centre de haute performance de Toronto, c’est un des trois centres nationaux du pays. Ce sont surtout les élites canadiennes qui s’y entraînent. Le gymnase est géré avec le Canadian Sport Institute : il y a les masseurs, les physios, les nutritionnistes… tout ce dont on a besoin. Et la piscine, on l’a à notre disposition, à n’importe quelle heure », explique-t-il.

C’est en se mesurant aux meilleurs athlètes de sa discipline canadiens et du monde qu’Alexandre Landry va pouvoir continuer à progresser. Photo : Daniel Landry

Ces séjours, même ponctuels, lui permettent de s’immerger dans un environnement d’excellence. « Les pratiques sont beaucoup plus intenses ici. En deux jours, j’ai nagé au-dessus de 18 kilomètres. À Sudbury, j’en fais environ 13 au maximum. Les groupes sont plus petits, donc il y a plus de suivi un à un avec les entraîneurs. »

Il décrit l’expérience comme exigeante mais profondément stimulante. « Après quelques jours, je suis fatigué, j’ai mal partout, mais je me pousse, parce que je sais que c’est bon pour moi. Même si c’est une fois par mois ou tous les deux mois, ça m’aide à progresser et à rester au contact du plus haut niveau. »

Se renforcer, se recentrer et peaufiner la technique

Depuis plusieurs saisons, Alexandre Landry travaille sur le plan mental. Il a notamment reçu les conseils de l’ancien champion canadien Brent Hayden, qui l’a aidé à développer sa confiance et sa sérénité en compétition.

« Brent m’a donné un vrai coup de pouce. Il m’a aidé à mieux gérer la pression et à me concentrer sur les bonnes choses. »

Il cite aussi l’un de ses modèles, le Britannique Adam Peaty, pour résumer son état d’esprit actuel :
« Un nageur heureux est un nageur rapide. Pourquoi nager si tu n’as pas de fun? »

Au-delà de l’aspect mental, Landry s’est aussi concentré sur le développement de sa force physique. « C’est surtout au gym que je sens mes plus gros progrès. Plus je gagne de force, plus je peux l’appliquer dans l’eau. Ensuite, c’est là que la technique entre en jeu : la position des mains, l’angle du coude, la propulsion. »

Il s’appuie désormais sur la visualisation et sur une attention accrue aux détails techniques. « La vitesse se travaille au gym, l’endurance dans la piscine, mais tout se joue sur des fractions de seconde. Un virage raté ou une mauvaise entrée dans l’eau, et tu perds tout le bénéfice du travail. »

Une saison déjà bien lancée

La Coupe du monde de Toronto marque donc le début d’une nouvelle phase. Alexandre Landry participera du 5 au 7 décembre 2025 à la compétition Murray Drudge Invitational au Centre sportif panaméricain de Toronto, avant les championnats provinciaux du mois de mars.

Au printemps, il s’envolera avec son club pour un camp d’entraînement de dix jours en Espagne, avant les sélections nationales de juillet.

« C’est le début de saison, je sens déjà des progrès. J’ai hâte de voir où ça va me mener d’ici l’été prochain. »

Décès de Bernard Grandmaître, père de la Loi sur les services en français

Le bâtisseur franco-ontarien et l’une des grandes figures de l’Ontario français Bernard Grandmaître s’est éteint à l’âge de 92 ans.

Né en 1933 à Vanier (anciennement Eastview), il aura été politicien pendant plus de 20 ans. Maire de Vanier en 1974, il fait ensuite le saut quelques années plus tard en politique provinciale en 1984 comme député d’Ottawa-Vanier. Bernard Grandmaître devient ensuite ministre délégué des Affaires francophones sous le gouvernement de David Peterson, et permet l’adoption de la Loi sur les services en français.

C’est grâce à cette loi qu’est rendu possible l’accès à des services gouvernementaux en français dans la province.

« Il faut comprendre que tout le monde n’était pas d’accord avec le projet de la Loi 8. Certains ministres en particulier. Ceux-là avaient 1 % de francophones dans leur comté. Sans l’appui de l’ancien premier ministre, David Peterson, la loi ne serait probablement pas passée », affirmait-il en entrevue à ONFR en 2016.

« Ben [Bernard] était un ministre très compétent et un champion des droits des francophones. Il a été le pilote de notre historique Loi sur les services en français, qui a transformé l’Ontario pour le meilleur » a partagé dans une déclaration à ONFR, l’ancien premier ministre de l’Ontario, David Peterson.

« On se souviendra de lui pour ses contributions, et il nous manquera, car c’était un homme merveilleux », ajoute l’ancien leader libéral ontarien.

Bernard Grandmaître a été député libéral de 1984 à 1999, notamment comme ministre sous le gouvernement Peterson. En plus de s’occuper des dossiers francophones, il sera ministre du Revenu et des Affaires municipales dans ce gouvernement libéral entre 1985 et 1989.

« La francophonie en Ontario a toujours ce même défi que lorsque j’étais à Toronto dans les années 80. Il a toujours fallu combattre et défendre le peu qu’on avait », rappelait-il en entrevue en 2019, quelques mois après le jeudi noir en Ontario français sous le gouvernement Ford.

En 1999, les prix Bernard Grandmaître, qui récompensent des francophones de la région d’Ottawa, ont été créés en son honneur. En 2013, il a reçu l’Ordre du Canada pour saluer son engagement envers la francophonie ontarienne. Il est aussi le récipiendaire de l’Ordre de la Pléiade, en plus d’avoir reçu des doctorats honorifiques de l’Université d’Ottawa et de l’Université Laurentienne. Des bâtiments dans la région d’Ottawa comme une école et un aréna portent aujourd’hui son nom.

Des réactions aux quatre coins de l’Ontario français

« On perd un homme extraordinaire qui a donné beaucoup pour l’avancement de la francophonie en Ontario », raconte Madeleine Meilleur, qui a représenté la même circonscription à Queen’s Park que Bernard Grandmaître.

À l’instar de Bernard Grandmaître, elle siègeait au conseil municipal de Vanier avant de faire le saut en politique provinciale quelques années plus tard.

« J’ai commencé à faire du porte-à-porte en politique avec lui, se remémore Mme Meilleur au téléphone. Il se présentait à ce moment-là à la province de l’Ontario. Je le connaissais de réputation, mais ça a été mes premières rencontres. Puis après ça, on se voyait, il était toujours très présent à toutes les activés dans l’Ontario français. »

Madeleine Meilleur et Bernard Grandmaitre. Photo : Archives ONFR

« J’ai vu comment il a fait de la politique et c’est ce qui m’a aidée à être une meilleure politicienne parce que je lui demandais des conseils, mais surtout, c’est ce que j’observais de lui que j’ai voulu adopter », affirme-t-elle.

« En ce moment de tristesse, nous saluons la mémoire d’un homme dont la vision et l’engagement ont profondément transformé notre société », a commenté la ministre des Affaires francophones, Caroline Mulroney.

« Il restera à jamais reconnu comme le père de la Loi 8, une législation historique qui a marqué un tournant majeur dans la reconnaissance et la protection des droits linguistiques en Ontario. Son héritage est immense », ajoute la ministre dans un message sur ses réseaux sociaux.

« Bernard Grandmaître n’était pas seulement un homme politique : il était une voix, une présence continue, une force tranquille au service de la francophonie ontarienne », a souligné Mona Fortier, députée fédérale d’Ottawa—Vanier—Gloucester.

« Son départ laisse un grand vide », souligne l’actuelle députée provinciale d’Ottawa-Vanier, Lucille Collard. 

Bernard Grandmaître lors du Gala qui porte son nom en 2017. Photo : Patrick Imbeau

« Je me considère privilégiée d’avoir eu la chance de connaître et de côtoyer Bernard Grandmaître. Il a longtemps été mon voisin et, même après son déménagement, nous avons continué à nous croiser lors de rassemblements importants, notamment à la fête des Franco-Ontariens, un événement qu’il ne manquait jamais », rappelle l’élue franco-ontarienne.

« J’ai eu la chance d’échanger avec lui à plusieurs reprises, tant officiellement qu’en ami. Recevoir le prix Bernard Grandmaître fut pour moi un immense honneur, et un rappel de son héritage durable », indique de son côté Mathieu Fleury, ancien élu du quartier de Rideau-Vanier et figure connue dans la région d’Ottawa.

La lieutenante-gouverneure de l’Ontario Edith Dumont a elle aussi rendu hommage à « l’un des piliers de la francophonie ontarienne » : « Ardent défenseur des droits des francophones, Bernard Grandmaître laisse un vide immense dans nos communautés. Son énergie inépuisable, son engagement social et son sens profond de la communauté ont inspiré et ouvert la voie à une nouvelle génération de leaders. Bernard savait rassembler, mobiliser et faire avancer les causes qui lui tenaient à cœur. Je garderai précieusement le souvenir de son sourire chaleureux et de sa détermination à toute épreuve. Merci, Bernard! »

À l’Assemblée de la francophonie de l’Ontario (AFO), c’est le legs législatif du père de la Loi 8 que l’on salue.

« C’est clairement grâce à lui si la communauté francophone peut avoir des services en français dans la majorité des bureaux du gouvernement dans les services désignés, a louangé le président de l’AFO, Fabien Hébert. Ça fait partie de son legs à la communauté », indique celui qui qualifie M. Grandmaître de « grand bâtisseur de la communauté franco-ontarienne ».

Un français toujours « limité » pour le PDG d’Air Canada

Quatre ans après sa controverse sur le français et près de 300 heures de cours d’apprentissage, le PDG d’Air Canada Michael Rousseau a toujours une maîtrise du français qui est « limitée ».

C’est ce qu’a indiqué Air Canada dans une lettre adressée au Comité permanent des transports, de l’infrastructure et des collectivités à Ottawa.

« M. Rousseau regrette que sa maîtrise du français demeure limitée, et ce, même avec les efforts déployés et le temps passé à l’apprendre », écrit David Rheault, le vice-président — Relations avec les gouvernements et les collectivités chez le transporteur aérien dans sa missive.

En 2021, le président de la comapgnie canadienne a provoqué l’indignation en affirmant qu’il avait pu vivre à Montréal pendant 14 ans sans parler français, un fait qu’il jugeait « tout à l’honneur de Montréal ». Quelques heures après ces propos, Michael Rousseau s’était excusé en plus de s’engager à apprendre la langue de Molière. Ces affirmations avaient suscité un tollé, donnant lieu à un record de plaintes au Commissariat aux langues officielles.

Tout en saluant les efforts du dirigeant d’Air Canada, pour apprendre la langue de Molière, le commissaire Raymond Théberge maintient qu’il croit « fermement que le bilinguisme constitue une compétence essentielle pour tout leader » au fédéral.

« Les attentes restent élevées pour les dirigeants d’entreprises privées assujetties à la Loi sur les langues officielles et il est souhaitable qu’il puisse s’exprimer de manière équitable dans les deux langues afin de rejoindre l’ensemble des Canadiennes et Canadiens », indique le commissaire aux langues officielles dans une déclaration écrite à ONFR.

Plus de 560 heures de cours et de devoirs

Dans cette lettre envoyée le 23 octobre, David Rheault précise que M. Rousseau a suivi depuis novembre 2021, 313 heures de cours en plus de 250 heures supplémentaires consacrées aux devoirs, à la pratique et à la révision de ses apprentissages.

« M. Rousseau a également consacré du temps à diverses activités quotidiennes, telles qu’écouter la radio, lire, regarder la télévision en français et suivre des programmes d’apprentissage en ligne (en moyenne environ cinq heures par semaine) », détaille M. Rheault.

Ce dernier poursuit sa lettre en indiquant que Michael Rousseau continuera de « consacrer du temps, malgré les défis qu’il rencontre » dans l’apprentissage du français.

« Même s’il n’a pas atteint le niveau de compétence linguistique qu’il souhaite, il comprend et reconnaît pleinement l’importance de la langue française pour notre pays, pour le Québec et pour Air Canada », conclut-il.

Cette lettre fait suite à un passage à ce même comité du PDG d’Air Canada en décembre 2024 où il avait été incapable de répondre aux questions des parlementaires en français.

« Je suis sérieux dans mon intention d’apprendre le français. À l’évidence, j’ai besoin de plus de temps que je le pensais, mais je poursuis dans cette voie », avait-il dit, ajoutant être « désolé » de ne pas parler en français, mais « qu’à mon âge, c’est difficile ».

À la suite de cette rencontre, le comité des Transports avait adopté une motion du député du Bloc québécois, Xavier Barsalou-Duval, réclamant un compte rendu du nombre d’heures de cours de français du haut dirigeant de la compagnie aérienne.

« On apprend qu’en quatre ans, le patron d’Air Canada a suivi moins d’heures de cours de français que la gouverneure générale (313 contre 324)… Il nous apparaît clair que M. Rousseau ne prend pas son engagement au sérieux », dénonce l’élu bloquiste Xavier Barsalou-Duval.

Air Canada est assujettie à la Loi sur les langues officielles en tant qu’entreprise privée de compétence fédérale. Michael Rousseau en est le président depuis 2021.

La francophonie gagne du terrain à Sault-Sainte-Marie

SAULT-SAINTE-MARIE – Un nouvel événement culturel se tiendra en mars 2026 à Sault-Sainte-Marie, dans le nord de l’Ontario, pour célébrer la Francophonie internationale et mettre en lumière l’art, la musique et la gastronomie.

Le Centre francophone de Sault-Sainte-Marie (CFSSM) se prépare à lancer le « Rendez-vous des cultures francophones », un projet qui promet de faire rayonner la Francophonie internationale dans la ville.

« On voulait proposer quelque chose de différent cette fois, un véritable échange culturel francophone », explique Carole Blaquière, directrice du centre depuis près de deux ans.

La Ville de Sault-Sainte-Marie a récemment renforcé ses services en français pour tourner la page sur la déclaration unilingue anglaise adoptée en 1990. Depuis cette mesure, un regain d’intérêt pour les activités francophones se fait sentir dans la communauté.

« Depuis que la ville offre des services en français, on voit une participation accrue à nos événements, et même les cours en français affichent complet », se réjouit Carole Blaquière. 

En 2024, celle-ci avait collaboré avec le musée de Sault Ste. Marie pour lancer une exposition temporaire sur l’histoire et la culture francophones de la région, soulignant la place difficile du français 34 ans après la déclaration unilingue anglophone.

Mme Blaquière espère que le Rendez-vous permettra de consolider cette dynamique et de créer un espace où tous les francophones se sentent « à la maison ».

Le projet pourra voir le jour grâce à un financement de 49 000 $ accordé le 10 septembre dernier dans le cadre du Programme d’appui à la francophonie ontarienne. Cette somme permettra de soutenir l’organisation des ateliers, des spectacles et de la logistique générale.

Le député Chris Scott a fait l’annonce du financement devant le Centre francophone en septembre dernier. Photo : Chris Scott/Facebook

Art, musique et gastronomie

L’événement reposera sur trois axes principaux : l’art visuel, la musique et la gastronomie. Il vise à faire découvrir et partager des pratiques artistiques et culinaires venues de différentes régions francophones du monde.

Des ateliers dirigés par des artistes locaux et internationaux seront proposés, et une exposition collective présentera les créations réalisées pendant le projet.

Le Rendez-vous entend également favoriser la cohésion sociale et stimuler le dialogue interculturel grâce à des tables rondes et des discussions ouvertes sur les pratiques artistiques et culinaires. Du côté de la gastronomie, l’organisation souhaite encourager les échanges culinaires, même si certains détails restent à préciser.

Le Centre francophone a d’ailleurs lancé un appel à propositions afin de recenser les partenaires, artistes, chefs et bénévoles souhaitant contribuer à l’événement, dont le lieu reste aussi à déterminer.

Carole Blaquière croit au potentiel de ce nouveau rendez-vous et souhaite en faire un événement pérenne. Photo : Chris Scott/Facebook

Portée locale et internationale

Bien que Sault-Sainte-Marie ne compte que 3 % de personnes dont le français est la première langue officielle parlée, l’organisme espère attirer au moins une centaine de participants pour les ateliers et les soirées culturelles.

« On souhaite justement pouvoir mieux connaître les origines de notre population francophone locale mais aussi promouvoir la Francophonie internationale », explique celle qui est aussi entrepreneuse.

L’événement cherchera aussi à rassembler des francophones et francophiles provenant d’autres villes du Nord de l’Ontario afin de créer des ponts entre les communautés et enrichir les échanges culturels.

Pour soutenir cette participation et garantir l’accessibilité de l’événement, le CFSSM prévoit un maximum d’activités gratuites, tout en maintenant certaines activités payantes afin d’en assurer la qualité et la valeur.

Si la date n’est pas encore officiellement confirmée, l’organisation prévoit que ce rendez-vous culturel se tiendra autour de la fin de semaine du 20 mars 2026, à l’occasion de la Journée internationale de la Francophonie.

Ford défend sa publicité à 75 M $ qui a bloqué les négociations avec les États-Unis

TORONTO – Les attaques ont fusé ce matin à Queen’s Park au sujet de la campagne publicitaire utilisant le discours anti-tarif de l’ancien président américain Ronald Reagan. En cause, son coût de 75 millions de dollars « du contribuable », et sa responsabilité directe dans l’arrêt des négociations avec les États-Unis pour les tarifs douaniers. Doug Ford a défendu sans relâche cette publicité qui est selon lui «  la plus réussie » de toutes, affirmant qu’elle a généré un milliard de vues.

Vendredi dernier, le gouvernement Ford annonçait mettre sur pause la diffusion du spot publicitaire, car la veille, Donald Trump décrétait mettre fin à toute négociation commerciale avec le Canada. En cause, l’utilisation de propos anti-tarifs de l’ancien président des États-Unis Ronald Reagan dans la vidéo diffusée sur les chaînes de télévision américaines.

Le député libéral John Fraser a fustigé ce matin le gouvernement Ford pour les coûts de son spot publicitaire, soit 75 millions de dollars « d’argent des contribuables ».

« Je ne pense pas que les contribuables devraient payer pour les ambitions du premier ministre de devenir premier ministre fédéral », a-t-il lancé.

Le député d’Ottawa-Sud a également vivement critiqué ses conséquences directes sur l’arrêt des négociations entre le Canada et les États-Unis, et l’irresponsabilité du premier ministre ontarien.

La veille au soir en Malaisie, le premier ministre canadien Mark Carney a également déclaré publiquement et sans équivoque que les négociations, qui étaient bien avancées, se sont arrêtées abruptement à cause de la publicité.

« Je suggère qu’on prenne au sérieux les mots du gouvernement américain. Du point de vue du gouvernement fédéral, dont je suis responsable, nous sommes prêts à reprendre ces discussions lorsque le gouvernement américain sera disposé à le faire (…) On avait fait des progrès, ces publicités sont arrivées et maintenant nous nous trouvons dans la situation où nous sommes. »

En scrum, le premier ministre a défendu sa campagne auprès des journalistes, assurant qu’elle a généré un milliard de vues.

« Cela a permis de lancer le sujet avec les sénateurs et les gouverneurs et de sensibiliser les Américains », a-t-il également justifié.

« Parlons du soi-disant accord. J’entends parler de ça depuis des mois. Et s’il y en avait un, il n’y a aucune mention de l’automobile. Les Américains ont agi lâchement sur l’acier avec 50 % de [tarifs] alors que nous sommes à 25 %, mais rien n’est fait à ce sujet (…) Ma priorité ici, c’est de protéger les emplois en Ontario. Il n’y a absolument aucune mention de l’automobile. Je vais me battre pour les travailleurs de tous ces secteurs que le président Trump veut anéantir. Je vais continuer à ma battre et je ne m’excuserai jamais pour ça. »

Marit Stiles, cheffe néo-démocrate en mêlée de presse. Photo : Sandra Padovani/ONFR

Une opinion également commentée en mêlée de presse par Marit-Stiles, la cheffe néo-démocrate : « Doug Ford pense que c’était une campagne publicitaire réussie, car il a réussi à ce que des gens la regardent aux États-Unis. Moi, vous savez, je mesure le succès au nombre d’emplois que nous parvenons réellement à sauver. »

« J’étais en réunion jeudi avec des travailleurs de l’automobile chez Stellantis, à Brampton. Ce qu’ils me disent, très clairement, c’est qu’ils ne voient pas le premier ministre se battre pour leurs emplois en ce moment. Au lieu de cela, il se concentre sur une campagne publicitaire qui sert à quoi, à gonfler son ego? »

De conclure : « Son travail est de représenter l’Ontario et de sauver les emplois que nous avons en ce moment. Je ne l’ai pas entendu parler d’une solution pour les travailleurs à Guelph, ni à Brampton chez Stellantis, ni à Hearst, ni à Kapuskasing ».

Série mondiale : l’Ontario francophone croit en ses Blue Jays

TORONTO – L’aventure se poursuit dans les séries éliminatoires de la Ligue majeure de baseball pour les Blue Jays, et avec elle, l’engouement d’une francophonie sportive qui suit chaque lancer avec passion. Après avoir éliminé Seattle en finale de la Ligue américaine, Toronto affronte désormais le colosse hollywoodien, les Dodgers de Los Angeles dans la Série mondiale.

Avec une égalité 1-1 avant le match 3, ce lundi soir en Californie, l’optimisme est grandissant aussi bien chez les partisans que chez les spécialistes francophones qui croient de plus en plus en l’exploit.

La semaine dernière, George Sherwood et Liam Rajab, deux jeunes partisans francophones de Toronto, expliquaient à ONFR suivre de près la série contre les Mariners et continuer d’y croire malgré un retard de 0-2 après les deux premiers matchs.

Les faits leur ont donné raison : les Blue Jays ont renversé Seattle en sept matchs (4–3) et remporté le match ultime 4–3 grâce à un circuit décisif de George Springer en septième manche, décrochant ainsi leur billet pour la Série mondiale.

« On ne pouvait pas le croire!  raconte George, 16 ans, en repensant à ce moment. J’étais avec ma famille, et quand il a frappé, c’était la folie. »

Son ami Liam, du même âge, se souvient de la même scène : « J’étais avec mon père, on a crié, sauté, on n’y croyait pas. »

Les deux élèves à l’École secondaire Michelle-O’Bonsawin, dans l’est de Toronto, n’ont pas pu suivre la rencontre ensemble comme ils l’avaient envisagé « parce qu’il y avait école le lendemain », mais ont savouré de la même manière, chacun de leur côté, cette qualification pour la Série mondiale 32 ans après la dernière participation de la franchise torontoise à l’événement.

David contre Goliath version baseball

Pour les commentateurs québécois Gavino De Falco et Jérémy Filosa, animateurs du Podcast des Blue Jays, diffusé sur une chaîne communautaire du réseau Rogers à Ottawa, cette Série mondiale illustre à merveille le choc entre le petit et le grand.

« Les Dodgers, c’est Hollywood, » décrit Gavino De Falco. « Une masse salariale de près de 400 millions, des vedettes qui valent des dizaines de millions chacune, un effectif d’étoiles. »

Filosa renchérit : « Ça fait dix ans qu’ils font les séries. Ils ont gagné l’an passé. Et ils ont Ohtani, Mookie Betts, Freeman… c’est l’élite mondiale. »

Mais les Jays se plaisent dans le rôle du négligé. « Les gens aiment prendre pour l’équipe qui n’est pas censée gagner, souligne Jérémy Filosa. Cette fois, c’est Toronto. »

Le phénomène Shohei Ohtani

Difficile d’évoquer cette finale sans parler de Shohei Ohtani, la superstar japonaise des Dodgers.

 « C’est un extra-terrestre, s’enthousiasme, Jérémy Filosa. Il lance, il frappe, il brise des records. »

Son co-animateur ajoute : « Sa constance est hallucinante. Année après année, il reste au sommet. On parlera encore de lui dans cent ans. »

Même les jeunes fans torontois, partagés entre admiration et rivalité, le reconnaissent.

« On est chanceux de le voir jouer, mais dommage qu’il soit contre nous! » sourit Liam.

George, plus pragmatique, ajoute : « Je ne vais pas me plaindre qu’il ne joue pas très bien dans ces séries pour l’instant! »

Une série qui s’équilibre

Le match 1, remporté par Toronto, a été un véritable coup de tonnerre dans cette Série mondiale. Alors qu’ils tiraient de l’arrière 2-0 après quatre manches, les Blue Jays ont complètement renversé la situation avec neuf points inscrits dans la sixième, une manche devenue instantanément historique. 

Le moment clé : le grand slam d’Addison Barger, qui a fait exploser le Rogers Center et propulsé Toronto vers une victoire de 10-4. 

« Avant la série, je ne savais pas trop à quoi m’attendre, raconte George. Mais quand j’ai vu ce grand chelem, je me suis dit : « Wow, ça va être une série très amusante à regarder, peu importe le résultat. » »

Liam, lui, n’a jamais douté. « J’y crois depuis le début, affirme-t-il. Même contre les Dodgers, je me dis qu’on peut le faire. »

Pour le commentateur Jérémy Filosa, cette victoire s’explique aussi par l’audace du gérant John Schneider.

« Il a bougé ses pions sans hésiter. Il a fait appel à ses joueurs de banc, et Varsho comme Barger ont enfin débloqué leur puissance. Beaucoup de crédit à David Popkins, le nouvel instructeur des frappeurs. »

Le deuxième match, en revanche, a rappelé la dure réalité du baseball avec un score sans appel de 5-1 pour les Californiens. 

« Les Jays avaient Yamamoto dans les câbles dès la première manche, deux coureurs sur les buts, aucun retrait, résume Filosa. S’ils avaient marqué à ce moment-là, le match aurait été différent. »

Los Angeles, nouveau tournant

Ce lundi soir, les Blue Jays entament trois matchs à Los Angeles. Le défi : tenir tête à une rotation redoutable des Dodgers.

« Sur papier, l’avantage des partants est du côté de Los Angeles, reconnaît Gavino De Falco. Mais si Scherzer et Bieber, du côté des Jays, sont capables d’offrir de bonnes performances, tout devient possible. »

L’expert québécois nuance : « Scherzer a été phénoménal contre les Mariners, même s’il a connu des hauts et des bas en fin de saison. Bieber a eu des départs plus courts, mais s’il retrouve sa précision, Toronto peut surprendre. »

Entre superstition et espoir

Liam n’oubliera jamais sa soirée du match 1 : « J’étais à un anniversaire, tout le monde était chic, moi j’avais mon chandail des Jays. Ils perdaient 2-0, je l’ai enlevé… et ils ont remonté! Depuis, je ne le porte plus. »

Pour les deux amis, la défaite du match 2 n’a rien de dramatique. 

« On ne va pas les battre 4-0, explique George. Mais si on revient à Toronto à égalité, on peut gagner. »

Liam approuve, si les Blue Jays parviennent à prendre un match à Los Angeles et revenir à Toronto, ils peuvent le faire.

 « Si on revient à Toronto à égalité, avec l’énergie du Rogers Center et la foule, tout est possible », conclut George. 

Au-delà de l’Ontario

À Toronto, impossible d’ignorer la ferveur.

« Chaque deux personnes ont une casquette ou un t-shirt des Blue Jays », observe George. « Même ceux qui n’ont jamais regardé un match en parlent. »

Gavino De Falco confirme la même chose depuis Montreal : « l’engouement est réel. On sent que le baseball, au Canada francophone, redevient une passion collective. »

Et Filosa de conclure sur l’importance de la rotation des lanceurs partants pour les Blue Jays qui vont devoir se surpasser : « C’est vraiment là la clé. Sur papier, les Dodgers ont l’avantage au monticule, surtout avec l’inversion de Scherzer et Bieber pour les matchs 3 et 4. Scherzer pourrait lancer deux fois si la série va au bout, mais il n’a pas été constant en fin de saison. Et Bieber a eu de la difficulté à dépasser la troisième manche dans ses derniers départs, donc Schneider a dû ajuster sa rotation. »

Plafond d’étudiants étrangers : Ottawa a violé la Loi sur les langues officielles 

OTTAWA – Le commissaire aux langues officielles du Canada conclu que le fédéral a contrevenu à ses obligations linguistiques en imposant aux établissements postsecondaires un plafond national de permis d’études en 2024.

Le ministère de l’Immigration n’a pas consulté les établissements francophones hors Québec et n’a pas atténué les impacts négatifs qu’aurait un plafond de permis d’étude national sur les francophones, peut-on lire dans le rapport d’enquête du Commissariat aux langues officielles (CLO). Immigration, Réfugiés et Citoyenneté Canada (IRCC) admet même au commissaire aux langues officielles « avoir anticipé que sa décision pouvait avoir des incidences négatives à surveiller et à atténuer ».

En janvier 2024, face à la montée du nombre d’étudiants étrangers au pays, l’ancien ministre de l’Immigration, Marc Miller, a imposé un plafond sur les permis d’études au Canada. Cette mesure contrevient à la partie VII de la Loi sur les langues officielles, écrit dans son rapport final le commissaire, en raison de son impact sur les institutions francophones en milieu minoritaire.

22 établissements postsecondaires, avaient porté plainte au CLO dans ce dossier via l’Association des collèges et universités de la francophonie canadienne (ACUFC).

« On est très satisfait du rapport d’enquête. Ça nous rassure de voir que l’interprétation de la Loi sur les langues officielles et la façon dont elle aurait dû être appliquée dans le dossier du plafond des permis d’études correspond à l’interprétation du Commissariat », réagit Martin Normand, président-directeur général de l’ACUFC.

Le commissaire aux langues officielles fait deux recommandations. Il recommande qu’IRCC consulte les établissements francophones d’ici douze mois et que basé sur cela, il devra par la suite prendre « des mesures positives concrètes fondées sur le résultat des activités… afin d’éviter ou d’atténuer les incidences négatives relevées, le cas échéant ».

La portion VII de la Loi, qui n’a pas été respectée selon le CLO, est une nouvelle section, grandement modifiée lors de la modernisation de la législation linguistique en 2022. Elle oblige notamment les institutions fédérales à prendre des mesures positives et à atténuer les impacts lorsqu’il s’agit de mesures négatives. Elle incombe aussi aux instances fédérales de consulter les minorités linguistiques lorsque vient le temps de prendre une décision qui pourrait les impacter.

« Je pense que ça ouvre un nouveau chantier, constate Martin Normand. On n’a pas eu beaucoup de directives claires encore, sur comment il faut interpréter la nouvelle Loi sur des langues officielles. Ça, ça en est une nouvelle. » 

Une exemption dès la semaine prochaine?

Au moment d’annoncer un plafond en 2024, les établissements en milieu minoritaire hors Québec avaient demandé à Ottawa une exemption pour la clientèle mondiale francophone, ce qui avait été refusé.

Le plafond des permis d’études a eu un impact négatif sur la réputation du Canada auprès des étudiants étrangers, souligne Martin Normand, ce qui a eu pour effet de faire baisser leur nombre dans les institutions postsecondaires en français. La clientèle internationale représente près de 30 % des étudiants des établissements francophones hors Québec, mais cela ne représente que 1 % à 2 % du nombre total d’étudiants étrangers au Canada.

« On subit les effets du plafond depuis maintenant 18 mois », dénonce Martin Normand, qui estime que la prochaine étape sera de « mesurer les effets du plafond sur notre réseau d’établissement » avec le ministère de l’Immigration et la ministre Lena Metlege Diab.

« L’exemption, c’est ce qu’on a demandé au jour un, rappelle le dirigeant de l’ACUFC. Les choses ont peut-être évolué depuis, mais on pourrait discuter de la suite des choses avec eux. Je pense que ça va être le résultat des consultations. »

Au moment d’écrire ses lignes, le bureau de la ministre Diab n’avait pas répondu à notre demande de commentaires.

Le stagiaire postdoctoral à l’Université d’Ottawa et à l’Institut du savoir Montfort, Martin Normand. Crédit image: Benjamin Vachet
Martin Normand. Crédit image : Archives ONFR+

La semaine dernière, Mark Carney a annoncé que le budget du 4 novembre comprendra les niveaux d’immigration du Canada pour les trois prochaines années, comme le nombre d’étudiants étrangers. Pourrait-il y avoir des mesures correctives pour les universités et collèges francophones?

« Je pense que c’est tôt, mais en même temps ça fait quelques semaines que le rapport (d’enquête) est entre les mains d’IRCC. Reste à voir s’il se sera gardé une marge de manœuvre pour agir avec nous », soutient M. Normand.

Projet pilote d’exemption du plafond des permis d’études

Immigration, Réfugiés et Citoyenneté Canada (IRCC) a soutenu aux enquêteurs du Commissariat aux langues officielles qu’elle avait consulté les établissements, avant sa décision en janvier 2024, mais ces consultations ne portaient pas sur la possibilité d’imposer le plafond, précise le rapport d’enquête.

Le lancement d’un projet pilote visant à exempter des étudiants francophones du plafond des permis d’études était aussi une façon d’atténuer les impacts négatifs, a soutenu IRCC. Or, ce programme n’était pas directement lié à la décision du fédéral de freiner le nombre d’étudiants étrangers au pays et la consultation préalable auprès de l’ACUFC, ne portait pas explicitement sur le plafonnement du nombre de permis d’études, juge le Commissariat aux langues officielles (CLO).

« Sans consultations adéquates et sans prise en compte de l’incidence de la décision, l’institution (IRCC) ne peut prétendre qu’une mesure sera suffisante ou appropriée. Cela est particulièrement vrai lorsque cette mesure a été conçue et mise en œuvre au moyen d’un processus décisionnel différent », soutient le rapport de six pages du CLO.

Pour l’ACUFC, « un premier geste évident à poser » serait de renouveler ce projet pilote, conclut M. Normand.

Crise à Fauquier-Strickland : des résidents veulent se séparer de leur municipalité

FAUQUIER-STRICKLAND – Certains résidents de Fauquier-Strickland, dans le Nord de l’Ontario, explorent la possibilité de se séparer de leur municipalité. Ils dénoncent des hausses de taxes jugées trop élevées et un manque de transparence dans la gestion des services municipaux.

Propriétaire de deux entreprises locales, Paul Lavoie fait partie d’un groupe estimé de 60 à 70 personnes qui envisagent cette possibilité. Il affirme que les récentes hausses de taxes, survenues alors que la municipalité de 467 habitants fait face à un déficit record de 2,5 millions de dollars, ont été le déclencheur du mouvement.

« Nous n’acceptons pas l’augmentation de 20 % à Grégoire Mills et Strickland. Nous allons tenter de nous séparer de la municipalité de Fauquier. Nous en sommes aux premières étapes de cette discussion, mais jusqu’à présent, 100 % des personnes que nous avons interrogées sont favorables à la séparation. »

Pascal Albert, résident de Grégoire Mills, dont la taxe foncière a fortement augmenté ces dernières années, fait partie de ces personnes qui souhaitent divorcer avec la ville. 

« L’année dernière, il y a eu 20 % d’augmentation de taxes sur ma propriété. L’année précédente, c’était 25 %. Pour notre petite communauté, c’est devenu trop lourd », explique-t-il.

Paul Lavoie et Yolande Fantham, tous deux propriétaires de terrains de camping et qui subissent une hause des taxes de 7000 $ et 8000 $, ont fait publiquement savoir qu’ils ne paieront pas.. Photo : Gracieuseté de Paul Lavoie

La gestion de l’eau pointée du doigt

L’eau et les égouts représentent un point de tension majeur. Dans les secteurs ruraux comme Grégoire Mills, les résidents ont leur propre puits et fosse septique, mais seraient contraints de contribuer financièrement aux systèmes municipaux qu’ils n’utilisent pas.

Paul Lavoie souligne : « Nous payons pour un système d’eau que nous n’utilisons pas. Les petites propriétés en ville sont couvertes, mais nous, propriétaires ruraux, finançons une partie du système tout en gérant nos propres installations. »

Pascal Albert précise : « Pour ma maison, je paie près de 1 100 $ par an pour le surplus du système municipal. Mon puits et ma fosse septique coûtent chacun 15 000 $ à l’achat et à l’entretien. Nous finançons le système municipal tout en supportant nos propres infrastructures. »

Selon lui, les seules prestations réellement disponibles sont la collecte des poubelles et le service incendie. « On paye des taxes élevées pour presque rien en retour », déplore-t-il.

Même son de cloche chez Pauline Richard qui dit ne pas comprendre pourquoi les résidents paient pour le réseau d’aqueduc de la municipalité sans y avoir accès. « Dans nos taxes, on paie pour la maintenance du réseau d’eau de Fauquier, mais ici on n’a pas d’eau municipale. On n’a pas d’affaire à payer pour un service qu’on n’a pas. »

Face à ce sentiment d’abandon, la résidente du secteur de Strickland soutient la volonté de séparation. « On serait mieux séparés de Fauquier. On est prêts à aller porter nos ordures nous-mêmes et on est convaincus qu’on pourrait gérer nos services mieux nous-mêmes. »

Une manifestation s’est tenue la semaine passée pour protester contre la hausse des taxes. Photo : Gracieuseté de Paul Lavoie

Calculs de taxes et moins de pompiers

Celle qui travaille dans le secteur de la construction déplore également une iniquité dans le calcul des taxes municipales. « Les évaluations ne sont pas justes. Il y a des maisons en ville qui paient moins de taxes qu’un terrain vide ici à Strickland. »

Selon Paul Lavoie, « 92 % des résidents paient une augmentation modérée, mais 8 % du monde paye 34 % des taxes (de toute la municipalité) », et certaines petites entreprises et propriétés résidentielles ou saisonnières, comme les chalets et campings, sont taxées au taux résidentiel complet, ce qui fait exploser leur facture.

M. Lavoie souligne que cette situation est accentuée par le système d’évaluation municipale (MPAC) et les « facteurs » appliqués par la province pour calculer les taxes, qui font que certaines petites maisons payent peu, tandis que d’autres paient beaucoup.

« Ils nous ont enlevé notre camion et caserne de pompiers sans même nous avertir, pour des raisons de coût de chauffage. Mais l’été, il n’y avait pas de chauffage, ça ne coûtait rien. On nous dit qu’on est protégés par Fauquier, mais le temps que les pompiers se rendent là-bas et reviennent ici, c’est trop tard. »

« On veut être un canton désorganisé, parce que là, notre municipalité n’est pas organisée »
— Paul Lavoie

Elle rappelle que lors de l’annexion de l’ancien canton de Strickland à la municipalité de Fauquier-Strickland en 2001, un camion de pompiers devait être maintenu sur place afin d’assurer la protection des résidents. « Il y a bien des assurances qui augmentent si on est à plus de 5 km du camion de pompiers », précise-t-elle.

La situation inquiète également Pascal Albert, devenu chef volontaire de la brigade, qui précise que si un feu important survient, il doit faire appel à ses homologues des villes voisines de Moonbeam et Smooth Rock Falls.

« Depuis la retraite de notre chef en juin, plusieurs membres expérimentés ont quitté la brigade. Aujourd’hui, nous ne sommes plus que quelques pompiers, alors que nous étions une quinzaine auparavant », rapporte-t-il.

La municipalité de Fauquier-Strickland est majoritairement francophone et s’étend sur 101 325 hectares. Source : Ville de Fauquier-Strickland

Une démarche légale en cours

Le groupe de résidents a désormais trouvé un avocat spécialisé en droit municipal pour les accompagner dans leur projet.

« On est en contact avec un avocat qui s’occupe de ce genre de dossier. Il nous aide à compiler toutes les informations et à préparer notre demande », explique Pascal Albert. Les partisans de la séparation souhaitent créer un territoire non organisé, sans conseil municipal, autonome pour ses services et son budget, administré par la province avec une fiscalité réduite.

« On veut être un canton désorganisé, parce que là notre municipalité n’est pas organisée, prendre soin de nous ensemble et ne pas payer des taxes plus élevées que les autres municipalités », résume Paul Lavoie. Selon les premières consultations, environ 60 à 70 personnes seraient intéressées par cette démarche.

Beaucoup de membres expérimentés ont quitté la brigade depuis la crise selon Pascal Albert. Photo : Gracieuseté de Pascal Albert

Pauline Richard compare la situation à celle de communautés voisines : « Comme à Departure Lake, ils ne sont pas organisés, et c’est le MTO (Ministère des Transports de l’Ontario) qui s’occupe d’ouvrir les routes. Chez nous, nos routes sont moins bien entretenues que là-bas. »

« On commence avec un groupe restreint pour ne pas créer de confusion et mieux organiser nos actions », précise Pascal Albert. Le couple Lavoie et les autres résidents prévoient poursuivre les rencontres et échanges avant de discuter officiellement avec la municipalité.

Les démarches visent également à obtenir davantage de transparence sur les dépenses municipales. « La municipalité ne facilite pas l’accès à l’information. Même les conseillers reçoivent souvent les données en même temps que le public », ajoute M. Albert.

La mairesse de Fauquier-Strickland, Madeleine Tremblay, n’a pas répondu à la demande de réaction d’ONFR.

Une démarche très complexe

Le professeur Gilles Levasseur, spécialiste en gestion et droit à l’Université d’Ottawa, explique que la démarche entreprise par les résidents de Grégoire Mills et Strickland est loin d’être simple.

« Essayer de séparer un territoire d’une municipalité est très exigeant au niveau juridique. Ce n’est pas une décision individuelle : il faut le consentement du conseil municipal et de la majorité des citoyens. Même dans ce cas, le territoire séparé doit rester rattaché à une autre entité municipale, comme un canton uni. Devenir totalement autonome n’existe pas en Ontario. »

Selon lui, la demande des résidents pourrait être considérée par la Commission municipale de l’Ontario, notamment pour ajuster les taxes si un service municipal n’est pas fourni localement.

Gilles Levasseur est professeur de gestion et de droit à l’Université d’Ottawa. Photo : Archives ONFR

« Si vous ne recevez pas un service comme l’eau municipale, vous pouvez demander à réduire votre taxe foncière. Mais demander la séparation complète de la municipalité pour gérer vos propres infrastructures est beaucoup plus complexe et prend des années. »

Le professeur insiste sur la logique derrière les fusions et le maintien des municipalités actuelles : « La province a consolidé les municipalités pour augmenter les revenus, permettre le financement des infrastructures essentielles et garantir que tous les citoyens puissent bénéficier de services équitables. Si chacun commençait à se séparer, on créerait des îles isolées qui ne pourraient plus supporter les coûts des services de base. »

Fusion et restructuration : les organismes francophones sont-ils prêts pour le changement?

RICHMOND HILL – À la lumière des constats de l’Assemblée de la francophonie de l’Ontario (AFO) sur une francophonie ontarienne en péril et de son appel à repenser la structure d’organisations parfois démultipliées induisant une dilution de financements et de services, les acteurs du milieu ont pris la parole lors des ateliers du congrès annuel de l’AFO. Entre la crainte du changement et le risque d’extinction par inertie, la communauté semble reconnaître que l’heure est à la transformation.

Les résultats des États généraux menés par l’AFO sur la nécessité de réviser les modèles et la gouvernance des organismes francophones a provoqué la consternation générale selon son président Fabien Hébert.

« On a vraiment dressé un enjeu global. Quand on est acculé au pied du mur, ça nous oblige à changer notre perspective et c’est ce que ça va prendre : de réaliser que de partager les territoires, de travailler plus étroitement avec d’autres agences, va permettre l’agrandissement de la communauté. »

« Ça pourrait vouloir dire des fusions de conseils d’administration, confirme-t-il. Peut-être que dans certaines régions ça va vouloir dire créer de nouveaux organismes, dans d’autres, ça va vouloir dire en fusionner. On a besoin de mettre les bons établissements aux bonnes places. »

Laura Hughes, consultante de la firme PGF consultants, qui appuiera l’AFO dans ses démarches en vue des plans d’action de la région, a animé l’atelier Francophonie unie et organisée : des structures et des stratégies renouvelées.

Abordant la contradiction suivante : d’un côté une démultiplication de certains organismes francophones et d’un autre une pénurie de certains services en français, celle-ci a appelé les représentants présents à exprimer les peurs sous-jacentes face à l’idée de restructurations.

Sujet visiblement sensible dans les esprits, plusieurs des membres dans la salle vendredi n’ont pas voulu s’exprimer de façon nominative pour notre article, malgré une participation active et empreinte de conviction à l’atelier.

De nombreuses craintes

À la suite des discussions de groupes, plusieurs constats émergent, dont la peur d’une perte de contrôle par les organisations, du champ d’action, une perte des emplois, mais aussi des acquis.

« La peur du changement, c’est aussi de réfléchir en se disant ‘on a toujours fait comme ça’ », souligne un responsable dans le domaine des aînés, comme exemple de pensée limitante.

« Le protectionnisme aussi est un élément de résistance à la collaboration et au changement, c’est aussi la perception du manque de contrôle des différentes entités. On a parlé aussi de la résistance à l’adaptation au contexte externe : en tant qu’organisme on peut être tourné vers soi, mais il faut en fait aussi regarder vers l’externe », résume une personne issue du milieu de la santé à Ottawa.  

« En milieu minoritaire, on a tendance à s’approprier les missions et à être territorial », soulève-t-on également dans l’audience.

Laura Hughes, de la firme PGF consultants, animant l’atelier Francophonie unie et organisée : des structures et des stratégies renouvelées. Photo : Sandra Padovani/ONFR

Plusieurs intervenants font part de leur manque de confiance dans les autres organismes quant à leur incompétence ou leur manque d’engagement qui pourrait altérer le suivi et la qualité des services.

D’autres expriment des peurs face à une perte d’identité locale et de particularités locales.

« On est tous en compétition pour le même argent. Il y a un dédoublement des ressources et dilution des financements, alors pourquoi ne pas partager ? », exprime, elle, Ginette Fournier, représentante du Centre hospitalier pour enfants de l’est de l’Ontario (CHEO) et membre du Comité consultatif des services en français.

Le terme de « structures désuètes » est également prononcé dans la salle Aurora de l’Hôtel Sheraton de Richmond Hill.

« On doit augmenter la communication et les partenariats entre les différents organismes sans compétition, mais en partageant nos projets à venir, question de ne pas doubler les efforts. On peut tous en bénéficier », témoigne un autre participant.

« Ce qui est important, ce n’est pas de ne pas avoir peur, mais de ne pas se laisser arrêter par la peur. Ces peurs-là, on va les transformer en garde-fous », assure Mme Hughes.

« Êtes-vous prêts à restructurer la francophonie pour le bien de la communauté ? », demande l’animatrice en conclusion.

Quelques « oui » timides, mais fermes se font entendre.

« La lumière au bout du tunnel ».

« Il y a une envie de changer, mais le changement, c’est difficile. C’est sûr que ça serait plus confortable si seuls les autres avaient à changer. Certains sont déjà noyés dans le quotidien et se plaignent d’un manque de moyens, alors leur ajouter une réflexion stratégique et des démarches de fusion et de mutualisation, ça suscite des réticences », explique Laura Hughes à ONFR.

« On veut présenter des axes de solutions qu’on va présenter à l’AFO. Ce qu’on veut dans la prochaine année, c’est que chaque région construise un plan concret pour le partage des ressources. »

La veille, Donald Obonsawin, chancelier de l’Université de Sudbury, avait d’ailleurs déclaré durant son discours : « Je crois au dialogue, on doit se parler plus régulièrement et arrêter de travailler en silos. »

« Comment est-ce qu’on peut se rassembler dans une vision commune et dans un objectif commun, tout en respectant tout de même le bon travail que ces organismes font, mais en le faisant encore mieux (…) Il y a des besoins à cibler, les besoins de la clientèle ont changé aussi. Oui il y a des compressions budgétaires, mais il y a un besoin d’un bon service. »

« Il y a de la lumière au bout du tunnel, mais c’est le moment d’emboiter le pas et de dresser un plan d’action, et c’est ce qu’on veut accomplir avec les états généraux », résume Fabien Hébert.

Le gouvernement Ford retirera sa publicité avec Ronald Reagan, vivement critiquée par Donald Trump

OTTAWA — Le gouvernement Ford met sur pause la diffusion de sa publicité avec en vedette l’ancien président américain Ronald Reagan, et ayant attiré les ires de Donald Trump, lui qui a utilisé cette vidéo comme prétexte jeudi soir pour mettre fin aux négociations commerciales avec le Canada.

« Après une conversation avec le premier ministre Carney, l’Ontario suspend sa campagne de publicité aux États-Unis à compter de lundi pour permettre la reprise des discussions commerciales », a indiqué Doug Ford dans une déclaration partagée par son bureau vendredi après-midi.

« J’ai demandé à mon équipe de continuer à présenter notre message aux Américains durant la fin de semaine afin que nous puissions diffuser notre publicité lors des deux premiers matchs de la Série mondiale », ajoute le premier ministre ontarien.

Jeudi soir, le président américain Donald Trump a décrété qu’il mettait fin à toute négociation commerciale avec le Canada en raison de cette publicité qui utilise des propos de l’ancien président des États-Unis, Ronald Reagan, et diffusée sur les chaînes de télévision américaines. Le leader républicain accusait le gouvernement Ford d’avoir déformé les propos de l’ancien chef d’État dans cette vidéo visant à s’attaquer aux tarifs américains.

« Compte tenu de leur comportement scandaleux, TOUTES LES NÉGOCIATIONS COMMERCIALES AVEC LE CANADA SONT PAR LA PRÉSENTE ROMPUES », avait-il publié sur son réseau Truth Social.

Il en a rajouté vendredi matin en écrivant que « LE CANADA A TRICHÉ ET S’EST FAIT PRENDRE!!! ». Le premier ministre Mark Carney a dit, quelques heures après la crise de colère de M. Trump, que le Canada restait prêt à négocier avec son voisin.

« Le gouvernement du Canada a eu des discussions très constructives, approfondies et détaillées avec les Américains (…) Nous sommes prêts à continuer à bâtir sur ce progrès quand les Américains seront prêts », a-t-il affirmé avant de monter dans un avion en direction de la Malaisie pour participer au Sommet de l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ANASE).

Discours de 1987

La vidéo en question est tirée d’extraits radiophoniques d’un discours à la nation du président Reagan en 1987. Donald Trump considère que les propos utilisés par un de ses anciens prédécesseurs ont frauduleusement été modifiés. Ronald Reagan était reconnu pour être un farouche opposant aux tarifs, étant plutôt un partisan du libre-échange entre nations. 

C’est lui qui avait négocié avec l’ancien premier ministre Brian Mulroney un accord de libre-échange entre le Canada et les États-Unis en 1988, mettant ainsi fin à certains tarifs entre les deux pays.

Cette publicité du gouvernement de l’Ontario a coûté près de 75 millions de dollars canadiens aux contribuables ontariens et sera présentée sur plusieurs chaînes américaines comme Fox.

C’est cette dernière qui diffuse aux États-Unis, sur ses chaînes les deux premières rencontres de vendredi et samedi opposant les Blues Jays aux Dodgers de Los Angeles lors de la Série mondiale.

Jeudi, la Fondation Ronald Reagan (la Ronald Reagan Presidential Foundation & Institute) avait accusé le gouvernement de l’Ontario, en affirmant que la « publicité dénature le discours radiophonique présidentiel ».

« Le gouvernement de l’Ontario n’a ni sollicité ni reçu d’autorisation pour utiliser et modifier ces propos », a soutenu la Fondation dans un message sur X, précisant qu’elle « examine ses options juridiques dans cette affaire ».

Donald Trump avait aussi remercié la Fondation « d’avoir dénoncé cette FRAUDE », lui qui a avancé dans une publication sur son réseau Truth Social que Ronald Reagan « ADORAIT LES TARIFS DOUANIERS POUR NOTRE PAYS ET POUR SA SÉCURITÉ NATIONALE ».

Un syndicat étudiant veut bâtir des logements à l’Université d’Ottawa

OTTAWA – Créer des logements abordables gérés par et pour les étudiants. C’est le projet sur lequel table le Syndicat des étudiants de l’Université d’Ottawa (SÉUO). L’initiative vise à contribuer à atténuer la crise du logement qui frappe durement la communauté étudiante.

« Nous espérons développer des logements qui pourraient se louer à 750 $ par mois », explique Jack Coen, président du syndicat, en entrevue avec ONFR.

Pour concrétiser cette idée, le syndicat collabore avec Housing Canada — un organisme à but non lucratif qui milite pour des logements étudiants coopératifs, non marchands et abordables — afin de lancer une campagne visant la création d’un fonds étudiant dédié au logement.

« Ce projet existe déjà dans plusieurs autres universités, et nous venons tout juste d’en amorcer la campagne », précise M. Coen.

Concrètement, le SÉUO souhaite soumettre une question référendaire lors des prochaines élections générales du syndicat, prévues en hiver. L’objectif : permettre à chaque étudiant de contribuer 8,75 $ par trimestre, montant prélevé directement de leurs frais de scolarité.

« Avec quelque 40 000 étudiants, cette contribution pourrait constituer une base financière solide pour amorcer la construction de logements abordables destinés à la population étudiante », souligne M. Coen.

Le Syndicat étudiant de l’Université d’Ottawa avait lancé un Caucus exploratoire sur le logement étudiant en juin 2024. Gracieuseté

Pour ce faire, le syndicat compte sur un partenariat avec House Canada, qui a accès à des programmes de financement gouvernementaux pour ce type de projets.

Fondé à l’Université de York à Toronto, House Canada est inspiré du modèle québécois de l’UTILE (Unité de travail pour l’implantation de logement étudiant). L’organisme soutient des initiatives étudiantes visant à développer des résidences sur ou près des campus, afin de réduire la pression sur le marché locatif privé.

« Et si les gouvernements municipaux ou le provincial ou le fédéral souhaitent s’y joindre, nous serions évidemment très heureux de collaborer », ajoute M. Coen.

Une crise qui s’aggrave à Ottawa

Ce projet s’inscrit dans un contexte de forte pression immobilière sur la communauté étudiante. Le rapport 2024-2025 sur le logement étudiant, présenté par le syndicat en mai dernier, met l’accent sur cette réalité.

52 % des étudiants affirment avoir eu de la difficulté à se loger, y lit-on. Aussi, 62 % déclarent que leur situation en matière de logement a un impact négatif sur leur santé mentale. De plus, 95 % estiment que le prix des loyers constitue un problème majeur. Les étudiants vivant en Ontario font face à un loyer moyen plus élevé (935 $) que ceux vivant au Québec (830 $).

« Pour un étudiant payé au salaire minimum, cela représente environ 54 heures de travail par mois uniquement pour couvrir le loyer — une réalité intenable pour ceux qui étudient à temps plein », souligne M. Coen.

« La spéculation immobilière, la privatisation et le manque de logements protégés ont aggravé la situation, particulièrement dans la capitale fédérale », ajoute-t-il.

Ces constats renforcent la volonté du syndicat d’agir également sur le plan structurel.

L’Université d’Ottawa annonce 2600 nouveaux lits

Le SÉUO souhaite que l’Université d’Ottawa transforme certains terrains sous-utilisés, comme ceux situés sur l’avenue King Edward, en logements coopératifs.

« Une nouvelle résidence doit voir le jour, ce qui est une bonne nouvelle, mais elle sera gérée par le privé — ce qui pose encore la question de l’abordabilité », rappelle M. Coen.

Pour Jack Coen, président du SÉUO, la crise du logement affecte particulièrement les étudiants francophones internationaux. Gracieuseté

En effet, l’Université d’Ottawa a annoncé récemment que son Bureau des gouverneurs a approuvé un projet de logement étudiant. Il s’agit du premier d’une série de nouveaux bâtiments qui ajouteront au total 2600 nouveaux lits.

Cela commence par la démolition de la résidence Brooks, un complexe universitaire de 700 lits, fermé depuis 2018 pour insalubrité et situé au cœur du campus. Cette démolition devrait commencer dès mai 2026, sous réserve de l’obtention des permis nécessaires. Un consortium de quatre entreprises, regroupées sous la bannière Integrated Campus Solutions (ICS), a été choisi comme soumissionnaire privilégié.

Étudiants francophones affectés

À l’Université d’Ottawa, 32 % des étudiants de premier cycle déclarent que le français est leur langue principale. Or, plusieurs d’entre eux, notamment les étudiants internationaux, sont parmi les plus durement touchés par la crise du logement.

« Ils paient souvent plus cher pour des logements de qualité inférieure. Beaucoup signent leur bail avant d’arriver au Canada, sans pouvoir faire une visite. Cela les rend vulnérables aux comportements abusifs de certains propriétaires », déplore le président du SÉUO.

Certains vivent dans des logements insalubres, mal entretenus ou dangereux. Il est question de fenêtres brisées non réparées, d’immeubles où la sécurité est compromise et de logements partagés avec des personnes en situation d’itinérance.

Cette réalité inquiète de plus en plus les représentants étudiants dans un contexte de crise du coût de la vie et d’augmentation des droits de scolarité.

Une situation stable au Collège La Cité

Alors que le SÉUO souhaite accroître l’offre de logements abordables à Ottawa, le Collège La Cité affirme, de son côté, que la situation demeure stable pour sa communauté étudiante.

« Actuellement, le Collège La Cité ne prévoit pas ajouter de nouvelles places à sa résidence étudiante », indique l’équipe des Communications et des relations publiques.

Avec la stabilisation du nombre d’étudiants internationaux, les stratégies déjà en place permettent selon le Collège de répondre adéquatement aux besoins en matière de logement.

Pour la session d’hiver 2026, des chambres sont d’ailleurs toujours disponibles, ce qui témoigne, selon l’administration, d’une capacité suffisante pour accueillir les nouveaux étudiants dès janvier.

Feu vert financier pour « la première raffinerie nord-américaine de cobalt » à Temiskaming Shores

TEMISKAMING SHORES – Electra Battery Materials a annoncé avoir obtenu le financement nécessaire pour reprendre la construction de sa raffinerie de sulfate de cobalt, la première d’Amérique du Nord, près de Temiskaming Shores, un projet interrompu en 2023.

« Avec les fonds en place et une structure financière assainie, nous pouvons passer à la phase d’exécution du projet », a indiqué le président et directeur général Trent Mell, dans un communiqué.

Depuis son acquisition de la raffinerie en 2017, la compagnie torontoise a modernisé et étendu l’usine autrefois fermée pour en faire un site capable de produire du sulfate de cobalt, utilisé dans la fabrication des batteries lithium-ion.

L’entreprise prévoit une production annuelle de 6500 tonnes, suffisante pour alimenter environ un million de véhicules électriques ou fournir à d’autres marchés comme la défense, le stockage d’énergie et l’infrastructure énergétique.

Originaire du Québec, Trent Mell est le fondateur et le président-directeur général de Electra Battery Materials. Photo : Gracieuseté de Trent Mell

Le projet comprend également une installation de recyclage de batteries et la société détient sa propre mine de cobalt et de cuivre en Idaho. Electra a conclu des ententes avec Glencore et Eurasian Resources Group pour s’approvisionner en matières premières provenant de la République démocratique du Congo, tout en évaluant des sources nord-américaines.

Electra a précisé que le calendrier précis de reprise des travaux est en cours de finalisation, avec un objectif de mise en service de l’usine en 2027. L’entreprise prévoit plus de 50 postes permanents une fois la raffinerie opérationnelle, et davantage pendant la construction.

Assainissement financier et soutien gouvernemental

L’entreprise avait annoncé, la semaine dernière, avoir restructuré sa dette, en convertissant 40 millions de dollars US en actions, ce qui a permis de réduire ses obligations de 67 à 27 millions $ US.

« Le financement et la restructuration de la dette réduisent considérablement les risques pour l’avenir d’Electra. Une structure de capital simplifiée et une situation financière renforcée offrent plus de flexibilité pour poursuivre la construction et préparer la mise en service », a souligné Marty Rendall, directeur financier. 

Le financement récemment obtenu inclut 30 millions de dollars US d’un placement privé, un engagement de 17,5 millions du gouvernement de l’Ontario, le mois dernier, via Investissements Ontario, et 20 millions de la part du gouvernement fédéral en mars de cette année.

Electra a indiqué que la conception de l’ingénierie est quasiment terminée et que l’achat du matériel nécessaire à la construction est avancé, deux étapes clés pour le redémarrage du chantier. 

28 % de la population de Temiskaming Shores a le français comme première langue parlée. Photo : P. James Franks/Wikipedia

Réduire la dépendance 

Selon Trent Mell, le projet vise à réduire la dépendance aux importations, notamment de Chine, et à soutenir le développement des technologies essentielles.

« Aujourd’hui, plus de 90 % de la production mondiale de sulfate de cobalt provient de la Chine, a-t-il ajouté. Assurer une chaîne d’approvisionnement nationale, transparente et résiliente est essentiel pour nos industries les plus stratégiques, notamment l’automobile, la défense, l’énergie et les infrastructures. »

La conversion et l’agrandissement de la raffinerie avaient été suspendus en 2023, alors que l’entreprise faisait face à un déficit de 60 millions de dollars, conjugué à l’inflation, aux perturbations de la chaîne d’approvisionnement et aux contraintes financières héritées de la pandémie.

L’utilisation du français par Mark Carney sera scrutée à la loupe en comité

OTTAWA — L’utilisation du français dans les discours et allocutions de Mark Carney fera l’objet d’une étude en comité par les députés fédéraux, l’opposition déplorant l’usage limité de la langue de Molière par le premier ministre.

Les députés libéraux, conservateurs et celui du Bloc Québécois Mario Beaulieu sur le comité, ont approuvé une motion visant à faire témoigner le ministre des Langues officielles, Steven Guilbeault, le président du Conseil du Trésor Shafqat Ali, ainsi que des fonctionnaires et des experts du bilinguisme. 

Il est aussi ordonné que des documents portant sur les activités liées au français de Mark Carney comme des séances de tutorat soient produites « afin d’évaluer dans quelle mesure le premier ministre a respecté son engagement à améliorer sa maîtrise du français », indique le libellé. La motion exigera aussi une réponse officielle du gouvernement sur cet enjeu.

À la demande des conservateurs, le Comité des langues officielles s’était réuni en urgence lundi soir pour discuter de l’utilisation de la langue française dans les discours et allocutions publics de Mark Carney. Mais après une heure de réunion, aucun consensus sur une motion n’avait été atteint entre les trois formations politiques, repoussant les discussions à jeudi.

Le ton de la réunion de jeudi avait pourtant mal commencé, le conservateur Joël Godin accusant le président du comité Yvan Baker et les libéraux d’avoir fait dérailler « la collaboration qu’on avait » jusqu’à présent.

Les libéraux eux estimaient plutôt que la bonne entente avait été brisée en raison d’un dialogue « pas ouvert et (pas) constructif », de la part de l’opposition conservatrice, a rétorqué la libérale Madeleine Chenette. 

Après plusieurs va-et-vient, les trois partis à la table ont finalement convenu du libellé final. Les libéraux s’inquiétaient notamment qu’une première version, qui a été corrigée, aurait pu forcer la production de documents sensibles touchant à la sécurité nationale du pays.

Le comité doit tenir ces séances sur l’utilisation du français par Mark Carney d’ici les 21 prochains jours.

17 % des discours en français

Cette rencontre réclamée d’urgence par les conservateurs a eu lieu à la suite d’un article de Radio-Canada, basé sur les conférences de presse de Mark Carney au Canada et à l’extérieur du pays dans les derniers mois. Selon l’analyse du diffuseur public, le premier ministre a consacré 17 % de ses discours préparés par lui et son équipe à la langue de Molière. Tout le reste était en anglais. 

« On pense que c’est important que le premier ministre du Canada puisse s’adresser dans les deux langues officielles de façon plus importante que ce qu’il fait présentement. De par sa fonction, il doit prêcher par l’exemple », avançait le député conservateur Joël Godin plus tôt cette semaine.

Le calcul ne prenait pas en compte les réponses aux questions des journalistes lors des conférences de presse.

« Mais ce qui peut être intéressant, c’est d’avoir une analyse des réponses aux questions, les pourcentages (des réponses en anglais et en français) », avait rétorqué Mark Carney en réponse au reportage.

« On ne demande pas un ratio de 50 % en anglais et 50 % en français, mais entre 17 % et 50 %, il y a une marge et il faut prêcher par l’exemple », soutenait Joël Godin.

Le député conservateur Joël Godin. Photo : Olivier Plante – Radio-Canada

« M. Carney parle moins français que les premiers ministres qui ont été là avant lui. Si le chef de l’État utilise moins le français, ça envoie le signal encore plus que le français est une langue de seconde zone », déplorait lundi, l’élu bloquiste Mario Beaulieu.

La députée libérale Giovanna Mingarelli de l’Est ontarien a plutôt salué jeudi le fait que le premier ministre fasse « de plus en plus d’efforts en français », identifiant un discours à l’Université d’Ottawa mercredi soir comme exemple d’amélioration.

Markstay-Warren accueillera un centre de la petite enfance francophone

MARKSTAY-WARREN – Le Carrefour francophone de Sudbury annonce l’ouverture prochaine d’un centre de la petite enfance (CPE) à Markstay-Warren, destiné aux enfants de 0 à 4 ans. Le centre sera installé dans l’École publique Camille-Perron et accueillera son premier groupe d’enfants en 2026.

« Il y a des familles francophones qui étaient dans la garderie anglaise et qui avaient besoin de service en français. Le conseil scolaire a fait un sondage de toutes les familles dans leur école et un sondage dans la communauté. La demande est quand même répétée depuis plusieurs années », explique Stéphane Gauthier, directeur général et culturel du Carrefour francophone de Sudbury.

Selon M. Gauthier, la population de Markstay-Warren, où 30 % des habitants ont le français comme première langue officielle parlée, tout comme à Grand Sudbury, est en croissance, ce qui rend l’ouverture du centre cohérente avec la demande locale.

Le CPE offrira 15 places selon le modèle de « regroupement familial », permettant de mélanger des enfants de différents âges, un format spécialement adapté aux communautés rurales. « L’infrastructure est déjà présente, nous n’avons pas besoin de construire un nouveau bâtiment », ajoute M. Gauthier.

Selon Stéphane Gauthier, directeur général du Carrefour francophone de Sudbury, la demande pour des services de garde en français existe depuis plusieurs années dans les communautés rurales. Photo : Archives ONFR

Le centre sera aménagé dans les locaux existants de l’école située à Markstay et construite en 2009, pour accueillir les enfants dans un environnement stimulant et sécuritaire.

Il s’agira du 12e centre de la petite enfance créé par l’organisme depuis 2005 et le premier à offrir des services pour les tout-petits dans cette partie de Sudbury-Est.

Collaboration avec les partenaires locaux

Le projet est réalisé en collaboration avec le Conseil scolaire du Grand Nord (CSGN), la municipalité de Markstay-Warren et le Conseil des services du district de Manitoulin-Sudbury (CSDMS).

« Le Conseil des services du district de Manitoulin-Sudbury est fier de soutenir cette importante expansion des services de garde en français à Markstay. Elle aidera à répondre à un besoin évident de services accessibles et de haute qualité pour les familles locales », déclare Donna Stewart, administratrice en chef du CSDMS.

« Ce sera un lieu d’enracinement et de vie pour les familles francophones de la région qui pourront désormais profiter d’un continuum éducatif stimulant et en français », indique Carl Dussault, directeur de l’éducation du CSGN.

Le maire Steven Olsen souligne également l’importance du projet pour la communauté : « Cette installation offrira un environnement sûr et accueillant où les enfants pourront grandir et s’épanouir, et elle représente un investissement vital pour l’avenir de notre communauté. »

Des services adaptés

Le programme éducatif du CPE sera adapté aux intérêts des enfants et de la communauté, et le Carrefour francophone prévoit une journée d’engagement communautaire pour intégrer les familles et partenaires locaux dans le processus de planification.

Le nom du centre sera choisi par concours ouvert aux familles, à la communauté scolaire et aux membres du Carrefour francophone.

Concernant le recrutement d’éducateurs qualifiés, Stéphane Gauthier précise : « Le recrutement commence, on est en train de préparer l’ouverture. Depuis la pandémie, c’est extrêmement difficile. La majorité de nos nouveaux membres du personnel sont des nouveaux arrivants qui passent par des programmes de Boréal. Les communautés rurales ont un petit peu moins de logements, c’est loin, il n’y a pas de transport en commun, c’est un défi supplémentaire. »

Le CPE de Markstay-Warren viendra s’ajouter au centre Tremplin du Carrefour francophone à l’école St-Thomas de Warren, qui offre des services parascolaires pour les enfants de 4 à 12 ans, ainsi qu’au programme Place des jeunes du CSGN à l’école Camille-Perron.

Les parents intéressés peuvent s’informer ou s’inscrire à la liste d’attente en appelant au 705-898-1058.

L’avenir de la francophonie en péril en Ontario : l’AFO veut passer à l’action

RICHMOND HILL – Sans action, il y a un « risque d’extinction progressive de la francophonie en Ontario », tel est le constat sans équivoque présenté ce jeudi au congrès de l’Assemblée de la francophonie de l’Ontario (AFO), qui avait lancé des états généraux. De ses vastes consultations dressant le portrait de la communauté, l’AFO considère qu’il est temps d’agir, avec l’objectif clair de parvenir à une cible de 6 % du poids démographique francophone d’ici à 2050. Un plan d’action communautaire et des plans d’action dans 30 régions seront réalisés, pour être présentés lors du congrès de 2026.

Au lendemain de la soirée de lancement de son congrès annuel, l’AFO dresse un constat alarmant : la francophonie en Ontario est en perte de vitesse, résultats croisés des études et des consultations menées. C’est ce qui ressort de l’étude de la firme PGF Consultants, réalisée pour l’AFO.

Sans action, l’organisme parle même de « risque d’extinction progressive de la francophonie en Ontario ».

Fabien Hébert lors de la soirée de lancement du Congrès 2025 de l’AFO. Photo : Sandra Padovani/ONFR

L’AFO avait en effet entrepris, entre le 28 août et le 5 octobre 2025, un sondage intitulé : « États généraux de la francophonie en Ontario : votre avis compte », avec pour objectif d’« identifier, par région, la perception des francophones et francophiles sur les enjeux actuels et futurs de la communauté, ainsi que sur l’évolution de l’identité francophone en Ontario. »

2277 d’entre eux ont répondu aux 20 questions posées en français et en anglais, interrogeant leurs craintes quant au contexte actuel de la francophonie en Ontario, leurs opinions sur le type de services manquants en Ontario, ou encore sur leur perception de la francophonie dans leur région.

52 % des répondants ont jugé que les francophones sont de moins en moins nombreux et visibles et 53 % d’entre eux ont répondu que les services en français sont de plus en plus rares. Par ailleurs, 29 % des sondés ont répondu n’avoir pas confiance en l’avenir de la francophonie et 4 %, absolument pas confiance.

Selon une étude démographique réalisée par la firme d’experts-conseils Brynaert, Brennan et Associé.e.s (BBA) pour l’AFO, le poids des francophones est passé de 5,5 % en 1991 à 4,6 % en 2021. Si la population de langue française augmente, elle augmente moins vite que la population anglophone.

Source : PGF Consultants

Parmi les causes de cette perte de vitesse, plus de décès sont attendus (224 000) que de naissances (153 000) entre 2025 et 2050. D’autre part, l’étude réalisée par la firme PGF Consultants met en lumière le fait que le tiers des répondants du sondage craignent de ne pas parvenir à transmettre le français et la culture francophone à leurs enfants.

Le taux de transmission de la langue ne serait d’ailleurs que de 67 %, notamment dû à un phénomène d’assimilation et d’insécurité linguistique.

Des solutions sur lesquelles miser et un plan d’action à définir

Parmi les solutions identifiées par l’étude contre l’assimilation, on compte la rétention dans les écoles francophones ou encore l’augmentation du nombre de locuteurs de langue française, y compris les francophiles, anglophones issus de couples exogames et anglophones bilingues.

« On doit faire (en sorte) que les francophiles puissent s’exprimer dans un contexte social et commercial en français. On doit aider les alliés à s’exprimer en français », soulève le responsable d’un conseil scolaire via l’enquête anonyme de l’AFO.

L’immigration est toutefois identifiée comme « clé dans la survie de la francophonie ontarienne ».

Les objectifs visent à ramener à 6 % le poids des francophones, comme en 1971, en accueillant 580 000 francophones issus de l’immigration internationale entre 2025 et 2050.

Cette cible de 6 % d’ici à 2050 représente la proportion de la population franco-ontarienne sur l’ensemble de la population de l’Ontario. Pour l’atteindre, la population franco-ontarienne devra renverser la tendance et croître plus rapidement que la population ontarienne en général.

Des écueils notables entourent ces solutions pourtant indispensables à la cible fixée. Si attirer l’immigration est déjà un défi, il y a également des enjeux d’intégration, de sentiment d’appartenance et de rétention de ces nouveaux arrivants.  

« Il est temps de redéfinir la francophonie multiculturelle en Ontario, en reconnaissant qu’il y a plusieurs communautés francophones très différentes, avec des besoins variés », souligne un responsable du secteur de la culture et des médias, via le sondage.

Une nouvelle manne de francophones soulève par ailleurs la question des infrastructures et services en français « déjà en tension ».

Source : PGF Consultants

L’AFO suggère également que la multiplication des organisations pose un « enjeu de dispersion des ressources et de lisibilité de l’offre », en plus de leur trop grande dépendance aux financements publics.

« Des organismes anglophones vivent de dons et de commandites privés, et n’ont aucune subvention du gouvernement. C’est un aspect qui nous manque à nous francophones », témoigne un responsable du secteur des aînés.

Enfin, le manque de collaboration, de coordination et de partage des données des organisations est également pointé du doigt.

Si 60 % des sondés affirment bien connaitre les organisations francophones de leur région, 39 % affirment le contraire.

Par conséquent, l’AFO organisera des groupes de travail à grande échelle avec une tournée dans 30 régions dans le but d’élaborer « un plan d’action communautaire » et des « plans d’action en région », qui seront présentés lors du prochain congrès de l’AFO en 2026.

« La francophonie ontarienne doit se mobiliser et se mettre d’accord, mais les solutions viendront du terrain, des communautés elles-mêmes », a indiqué à ONFR le président Fabien Hébert lors de la soirée de lancement du congrès.

Il a signifié son intention d’impliquer urgemment les paliers gouvernementaux dès que des plans d’action concrets seront élaborés.

Fété Ngira-Batware Kimpiobi honorée du prix de la ministre Mulroney

RICHMOND HILL – La 23ᵉ édition du Congrès annuel de l’Assemblée de la francophonie de l’Ontario (AFO) s’est ouverte hier soir sur une note de célébration et de reconnaissance. Caroline Mulroney a remis le Prix de la ministre des Affaires francophones à Fété Ngira-Batware Kimpiobi, directrice générale de Solidarité des Femmes Immigrantes Francophones du Niagara (SOFIFRAN).

Cette dernière a été saluée pour son engagement indéfectible envers les femmes et les familles immigrantes francophones du Niagara. Le Prix décerné par la ministre des Affaires francophones est le retour d’une reconnaissance sous une nouvelle version, qui n’avait pas été décerné depuis plusieurs années.

« Ce prix, né d’un partenariat solide avec l’AFO, symbolise notre volonté commune de faire vibrer la francophonie ontarienne en honorant celles et ceux qui la portent avec détermination », a déclaré la ministre Mulroney devant un parterre de leaders communautaires et institutionnels.

Elle a qualifié la lauréate de « force tranquille, bâtisseuse et source d’inspiration pour tous ceux qui croient à la puissance du français comme vecteur d’unité ».

Un nouveau souffle pour une distinction emblématique

Créés en 2006, les Prix de la francophonie de l’Ontario ont été rebaptisés « Prix de la ministre des Affaires francophones » et fusionnés cette année en une distinction unique qui célèbre désormais une seule candidature exceptionnelle, toutes catégories confondues.

Intégré aux Prix de reconnaissance de l’AFO, il vise à renforcer la visibilité des talents francophones et à mieux refléter la diversité des parcours et des contributions.

« Ce prix va bien au-delà d’un simple hommage, a expliqué Mme Mulroney. Il nous rappelle que c’est en valorisant la force de chacun et chacune que la francophonie grandit et rayonne. »

La ministre a profité de la soirée pour évoquer l’année symbolique du 50ᵉ anniversaire du drapeau franco-ontarien, marquée, selon elle, par « des réussites formidables » et « une communauté fière et résiliente, mobilisée par l’ambition d’écrire l’avenir en français ».

« Ce prix dépasse la reconnaissance individuelle »

Fété Ngira-Batware Kimpiobi a livré un discours empreint d’émotion, de lucidité et d’espoir.

« C’est avec une profonde joie et une grande humilité que je vous remercie pour l’honneur que vous me faites en me décernant ce prestigieux prix, a-t-elle déclaré. Ce prix dépasse la reconnaissance individuelle; il symbolise l’aboutissement d’une œuvre collective. »

La directrice de SOFIFRAN a tenu à dédier sa distinction à l’ensemble de la communauté francophone et immigrante du Niagara.

« Souvenez-vous, seul on va loin, mais ensemble on va plus loin. C’est celle d’une communauté qui m’a accueillie, reconnue et honorée de sa confiance. C’est à elle que je dédie ce prix. »

Évoquant son parcours d’immigrante devenue leadeuse communautaire, elle a confié : « Dans le regard du nouvel arrivant, il y a quelque chose de vulnérable, mais aussi cette flamme fragile et magnifique de l’espérance. En la contemplant, j’ai reconnu ma propre humanité, ma propre vulnérabilité. »

En conclusion, la récipiendaire a offert un message porteur : « Puisse notre belle bannière francophone précéder ce mouvement de renouveau de l’humanité et continuer de flotter fièrement sous son slogan que nous connaissons tous : nous sommes et nous serons. »

Un hommage partagé

La ministre Mulroney a également félicité les autres lauréats des Prix de reconnaissance de l’AFO – Marc Bisson, Sonia Macaluso, Bradley Bertrand, Karna Trentman et Oliva Roy – tout en saluant « l’ensemble des francophones et francophiles qui, chaque jour, contribuent à bâtir une communauté inclusive et dynamique ».

Cette première Soirée de la ministre a marqué le coup d’envoi d’un congrès axé sur le renforcement des liens communautaires et la reconnaissance des acteurs qui façonnent la francophonie ontarienne.

WIFF 2025 : « Le début de nos 20 prochaines années »

WINDSOR – Le Windsor International Film Festival célèbre sa 21e édition avec un record de films, un accent francophone affirmé et une vision claire de l’avenir. ONFR s’est entretenue avec Vincent Georgie, directeur exécutif et programmateur en chef du festival, pour évoquer cette édition charnière, entre rayonnement international, enracinement local et ambitions industrielles.

Alors que le Festival international du film de Windsor (WIFF) débute officiellement ce jeudi, Vincent Georgie ne cache pas son excitation.

« Les matins sont déjà sur leur troisième café et les soirées se terminent tard! », raconte-t-il en riant. Même si on ouvre officiellement le jeudi 23 octobre à 9 h du matin, tout commence une semaine avant : l’installation, l’arrivée des invités… C’est un peu comme un train qui démarre tranquillement. »

Une édition charnière

Pour cette 21e édition, le ton est donné : il s’agit de penser au futur.

« C’est très clair pour moi, cette édition, c’est à propos des prochains 20 années. On a déjà fêté notre premier 20 ans; maintenant, c’est le début de nos prochains 20 années, affirme Vincent Georgie. On veut savoir où on sera côté notoriété, participation, durabilité… tous ces éléments-là. »

Et cette projection vers l’avenir se fait avec des chiffres impressionnants : 231 longs-métrages de 50 pays, auxquels s’ajoutent environ 60 courts-métrages.

« C’est notre plus grande édition côté programmation, ça, c’est sûr. On est très fiers de ça, dit-il. Dès le début de l’année, je sentais que la cuvée allait être robuste. Il y avait déjà beaucoup de bons titres qui arrivaient. »

Un festival pensé comme une expérience

Avec une telle densité de films, les festivaliers doivent s’organiser.

« C’est pour ça qu’on annonce les titres deux mois à l’avance, afin que le public ait le temps de planifier. Certains organisent même des soirées entre amis pour bâtir leur horaire autour d’un verre de vin! », s’amuse Vincent Georgie.

Mais au-delà de la programmation, le WIFF mise sur l’expérience collective.

« Il faut que la valeur de l’expérience vécue soit forte. Par exemple, pour le documentaire sur Come from Away, nous réunirons sur scène des protagonistes de Gander (Terre-Neuve) et de New York. Ce type de moment humain, collectif, crée une expérience unique », explique-t-il.

Le festival transforme aussi littéralement le centre-ville.

« Nous travaillons aussi sur le placemaking : embellir le centre-ville, créer des pop-ups dans les vitrines vides, installer des haut-parleurs pour diffuser une trame sonore extérieure… On veut que tout Windsor respire le festival », raconte-t-il.

Un amour du cinéma francophone

Le WIFF s’impose aujourd’hui comme le festival présentant le plus grand nombre de films francophones au Canada hors Québec et le plus grand nombre de longs-métrages francophones au pays, souligne Vincent Georgie.

« Cette année, on en compte environ 60 (longs-métrages), dont plusieurs du Québec, de la France et même de l’Ontario. »

Il cite notamment le nouveau film de Jocelyn Forgues, Et Maintenant?, un long-métrage franco-ontarien rare : « On est très heureux d’avoir ce film-là, parce que ce n’est pas à chaque année qu’on a un long-métrage franco-ontarien. »

Vincent Georgie de passage dans le balado d’ONFR Vous êtes là présenté par Mehdi Cayenne. Photo : ONFR

À Windsor, les francophones et les francophiles se mélangent naturellement : « La place au cinéma français, je l’avoue, n’a jamais été un défi ici. Il n’y a jamais eu de résistance, jamais de ‘non, on ne peut pas ouvrir avec un film franco’. Jamais, assure-t-il. Dans un pays bilingue comme le Canada, c’est génial de pouvoir lever ce drapeau-là », ajoute le dirigeant du WIFF.

Le public suit cette ouverture. « La population francophile dans notre festival est croissante, c’est sûr. On voit aussi plus de tourisme du Nord de l’Ontario, de l’Est (du Canada) et du Québec. »

« Le cinéma francophone mondial, c’est d’un calibre important. Les ressources, les infrastructures, les vedettes… tout y est. Si on compare à d’autres cinémas, comme l’allemand ou le finlandais, ils sont excellents, mais n’ont pas la même ampleur mondiale », concède-t-il.

Le WIFF, un tremplin pour les cinéastes canadiens

Au-delà des projections, le festival agit comme un levier concret pour les créateurs.

« Le prix WIFF du meilleur film canadien vient avec un prix de 25 000 $ (en argent) pour le cinéaste », précise M. Georgie. Et la tendance est claire : « Dans les quatre fois où on a remis le prix, trois des quatre fois, c’était des cinéastes francophones canadiens. »

Cette reconnaissance s’inscrit aussi dans une stratégie de positionnement. Le festival, qui se déroule entre le TIFF et la course aux Oscars, bénéficie d’une place stratégique dans le calendrier.

« Dans l’industrie, on est considérés comme un peu tard, mais c’est un atout, explique-t-il. Par exemple, Rental Family avec Brendan Fraser, c’est un film qui avait pris une belle énergie au TIFF, et nous, on le montre fin octobre, juste au moment où la course aux Oscars s’intensifie. »

Une dynamique payante : « L’an dernier, le prix du public a été remis à Anora de Sean Baker, qui a finalement remporté cinq Oscars. Est-ce qu’il y a un lien direct? Non. Mais c’est certain que ces films cherchent à récolter le plus de prix possibles dans les festivals. »

Une dimension économique et régionale

Le WIFF est aussi un moteur local, ancré dans la région.

« On a toujours cru que le WIFF devait avoir un impact économique positif sur Windsor. On dépense dans l’économie locale, on appuie les commerces, les hôtels, les fournisseurs, détaille le cinéphile. En même temps, on met des efforts en marketing pour attirer des touristes. »

Détroit, Sudbury, Ottawa, Montréal : le rayonnement dépasse désormais les frontières. « Déjà, environ 8 à 10 % de notre participation vient du Michigan et de l’Ohio. »

Cette dimension transfrontalière est essentielle : « Nous sommes de loin le plus grand festival de la région. C’est logique d’inviter nos amis américains à traverser la frontière. »

Un pont entre culture et industrie

Le WIFF ne se contente plus d’être un rendez-vous public : il devient aussi un espace professionnel et industriel.

« On a lancé la première conférence industrielle il y a deux ans. Cette année, la participation a augmenté de 55 %. C’est énorme », note le Windsorois. C’est un honneur que l’industrie nous voie comme un festival majeur, où on peut lancer des films, faire une belle conférence et du business. Du bon business dans un festival, c’est bon pour tout le monde. »

Mais il reste lucide sur les défis structurels : « Pour attirer plus de productions dans notre région, il faut deux choses : des incitatifs financiers et une main-d’œuvre bien organisée. Aujourd’hui, on n’a ni l’un ni l’autre. »

Il reste malgré tout confiant : « Le WIFF, c’est la grande dame du cinéma de la région. On attire producteurs, cinéastes, financiers… ça crée une énergie. »

Entre rayonnement international, ancrage local et ambitions industrielles, le WIFF 2025 s’annonce comme une édition charnière. Et Georgie conclut, fidèle à sa vision :

« L’an dernier, j’ai dit que les 20 prochaines années du WIFF seront les meilleures années du WIFF. C’est exactement ce que je crois encore aujourd’hui. »

« La fin d’une époque » : la Superstack disparaîtra du ciel de Sudbury

SUDBURY – Les travaux de démolition de la tour emblématique de Sudbury, la Superstack, ont bien débuté dans le cadre du projet de Vale Base Metals visant à réduire les émissions atmosphériques. Pour plusieurs Sudburois, cette disparition évoque des souvenirs et tourne la page d’un chapitre important de l’histoire industrielle de la ville.

Construite en 1972, la Superstack, supercheminée de la fonderie de Copper Cliff, était à l’époque la plus haute structure de son type au monde. S’élevant à 381 mètres au-dessus de la ville du nickel, celle-ci domine encore le paysage et atteint une hauteur comparable à celle de l’Empire State Building à New York.

Monument industriel emblématique, elle symbolisait alors la puissance et l’essor de l’exploitation minière dans la région, tout en jouant un rôle pratique : sa hauteur permettait de disperser les importantes émissions de dioxyde de soufre et d’autres gaz produits par la fonderie d’Inco, afin de réduire les effets de la pollution sur la ville et ses environs.

« La Superstack a toujours été un symbole de prospérité pour la ville. Quand on voyait de la fumée sortir de la cheminée, cela signifiait que les mines allaient bien, que l’on produisait du nickel », explique Paul Guénette, chef de projet pour la démolition chez Vale.

Des ouvriers sur le chantier lors de la construction de la Superstack. Photo : Noah Brabant

Pour Serge Dupuis, historien, cette construction représentait également une avancée technologique majeure. 

« On présentait l’industrie minière comme une grande victoire de l’homme sur la nature. C’était un succès que l’on cherchait à célébrer jusqu’aux années 50, début 60 », raconte-t-il.

La pollution et ses impacts

Même si la Superstack a été construite pour limiter les impacts locaux de la pollution, les résidents de Sudbury ont malgré tout ressenti les contrecoups de l’industrie minière.

« L’augmentation de l’extraction voulait aussi dire une augmentation de la pollution. C’est assez ironique parce qu’à l’époque on appelait Sudbury ‘’Ste-Anne des Pins’’, car ça ressemblait beaucoup à la région de la Rivière des Français, avec un environnement un peu rocheux (…) mais avec des pins blancs majestueux », note le Sudburois d’origine, rappelant que les relâchements de soufre pouvaient endommager les potagers et teinter l’air en jaune.

Selon Serge Dupuis, un mouvement s’est étalé sur un demi-siècle pour inciter Inco à réduire la pollution et améliorer la qualité de l’air. Photo : Inès Rebei/ONFR

Donald Dennie, enseignant à la retraite, se souvient : « C’était pas très agréable des matins de vent d’ouest avec la fumée de soufre qui nous rentrait dans la gorge. » 

La construction de la Superstack, qui permettait de disperser les émissions à une plus grande hauteur, a toutefois eu des impacts au-delà de Sudbury, selon M. Dupuis. La pollution a touché les terres agricoles de Nipissing Ouest et même, plus loin encore, a eu un impact sur l’agriculture dans le Midwest américain.

Marcel Vaillancourt, ancien employé d’Inco, se souvient des pluies acides qui frappaient Sudbury, mais retient : « C’est malgré tout une histoire marquante, puisqu’elle illustre la convergence entre le secteur industriel, le gouvernement et la recherche scientifique pour réduire la pollution. »

La fin d’une époque

Pour Paul de La Riva, auteur de l’ouvrage Mine de rien : les Canadiens français et le travail minier à Sudbury, 1886-1930, la Superstack faisait partie du paysage quotidien. 

« Pendant longtemps, la Superstack a été une source de fierté. On aimait dire qu’elle était plus haute que la Tour CN à Toronto. Elle faisait partie de l’identité visuelle et industrielle de Sudbury. »

Ce retraité du secteur de la communication voit la démolition comme le reflet de l’évolution de Sudbury : « La ville a évolué vers une économie plus diversifiée. On ne sent plus autant que c’est une ville minière. »

« Quand j’étais jeune, je croyais que c’était une fusée! La cheminée me servait même à savoir dans quelle direction soufflait le vent quand je faisais du vélo », décrit Paul de la Riva. Photo : Gracieuseté de Paul de la Riva

Marcel Vaillancourt, au milieu des années 2000, avait déjà prédit que la grande cheminée finirait par disparaître : « Je me souviens de m’être arrêté, avoir garé ma voiture et m’être placé juste en dessous pour l’admirer, conscient qu’un jour, elle disparaîtrait ».

« C’est la fin d’une époque et d’une saga d’un demi-siècle. La cheminée a été un symbole touristique et industriel, mais il était temps de la démonter », conclut-il.

« C’est une page qui se tourne. La nouvelle génération, probablement heureuse de voir cette structure disparaître, voit la Superstack comme un symbole de l’aspect environnemental : l’industrie minière avait vraiment dévasté le paysage de Sudbury », confie de son côté Paul Guénette.

Paul Guénette, qui supervise les travaux, assure que des consultations ont été menées auprès des communautés locales et autochtones. Photo : Gracieuseté de Paul Guénette

Un record mondial

La démolition se fait de manière progressive et minutieuse, sans recourir à des explosifs.

« On commence par le haut avec une machine qui broiera le béton en descendant, en contrôlant les débris qui tombent. Ensuite, le béton sera retiré et acheminé vers un site d’enfouissement sur la propriété », souligne M. Guénette.

Et d’ajouter : « C’est un record mondial : c’est la plus haute structure qui ait jamais été démolie de cette façon. »

La démolition de la Superstack devrait s’étaler sur environ cinq ans, tandis que la Copperstack, plus petite, est déjà en cours de démantèlement. Le projet s’inscrit dans le cadre de l’initiative Clean AER de Vale, qui vise à réduire les émissions atmosphériques grâce à de nouvelles technologies plus efficaces.

Dans ce cadre, la Superstack a été mise hors service en 2020, remplacée par deux cheminées plus petites et plus performantes.

« J’espère que la compagnie va établir une plaque ou quelque chose pour que l’on se souvienne, à l’avenir, de la cheminée »
— Donald Dennie

« Depuis 2020, les émissions (de gaz) sont maîtrisées par des procédés modernes, avec moins de pollution que dans les années 70. On a fait beaucoup de recherches. Nous avons étudié les effets de la poussière, du bruit, des vibrations, et nous ne prévoyons aucune perturbation en dehors de la zone du projet », précise M. Guénette.

Aujourd’hui, la hauteur officielle de la Superstack est maintenant de 1141 pieds (345 m), avec un total de 105 pieds (35 m) retirés pour le moment, selon les dernières informations de Vale.

« Il y aura certainement une certaine nostalgie de ne plus voir cette cheminée qui a dominé la ville pendant plus de 50 ans », pense Donald Dennie. Photo : Centre de counseling de Sudbury

Un hommage à l’histoire de la ville

Plusieurs s’entendent sur l’importance de laisser une trace de ce monument. « Il faudrait avoir une plaque ou une mini-statue pour rappeler l’histoire de la cheminée, mais il n’est pas nécessaire de la maintenir intacte », estime Paul de La Riva. 

Marcel Vaillancourt suggère : « On pourrait construire une mini-stack avec une plaque pour que les touristes puissent voir et lire l’histoire de la Superstack. »

Pour Donald Dennie, cette initiative est essentielle : « J’espère que la compagnie va établir une plaque ou quelque chose pour que l’on se souvienne, à l’avenir, de la cheminée. »

De son côté, Paul Guénette fait savoir que Vale prévoit d’ériger un monument et d’installer une plaque en ville afin de conserver le souvenir de la Superstack, même si l’emplacement exact n’a pas encore été déterminé.

Joanne Gervais prendra sa retraite de l’ACFO du Grand Sudbury après 16 ans de service

SUDBURY – Figure bien connue de la francophonie du Moyen-Nord, Joanne Gervais quittera ses fonctions de directrice générale de l’Association canadienne-française de l’Ontario du Grand Sudbury (ACFO du Grand Sudbury) à la fin de mars 2026, après 16 années de service.

Arrivée en poste en 2010, Mme Gervais a marqué l’organisation par son rôle dans plusieurs dossiers majeurs, dont les célébrations du 50ᵉ anniversaire du premier lever du drapeau franco-ontarien et la défense des services en français à la Ville du Grand Sudbury.

Lors du traditionnel banquet de l’ACFO du Grand Sudbury pour le Jour des Franco-Ontariens, Joanne Gervais a remis le Prix de la francophonie aux membres du comité de création du drapeau franco-ontarien, honorant notamment son défunt frère Gaétan Gervais, cofondateur du drapeau.

Elle a également joué un rôle actif dans les démarches ayant mené à la création de l’Université de Sudbury « par, pour et avec » les francophones de la région.

Joanne Gervais tenant entre les mains plusieurs documents dont le Manifeste de Franco-Parole de mars 1973 et la revue du Nouvel Ontario en 1985 intitulée Pour une université française en Ontario. Photo : Inès Rebei/ONFR

En 2022, Joanne Gervais a été honorée du Mérite Horace-Viau lors du 21e gala de la Fondation Richelieu International à Sudbury. Sous sa direction, l’ACFO du Grand Sudbury a publié, un an plus tard, un rapport d’enquête sur les politiques de bilinguisme municipal, révélant le recul du français comme langue de travail et proposant plusieurs pistes pour renforcer sa présence au sein de l’administration municipale.

Avant son rôle à l’ACFO, Joanne Gervais a aussi siégé au comité administratif du Centre franco-ontarien du folklore.

« Joanne Gervais a fait preuve d’un leadership exceptionnel et d’un engagement indéfectible envers la francophonie sudburoise. Son départ laissera un grand vide au sein de l’organisme », affirme Marc Gauthier, président du conseil d’administration.

Le processus de recrutement est déjà entamé pour trouver la personne qui lui succédera. Selon la vice-présidente du conseil, Danielle Barbeau-Rodrigue, la relève aura le mandat de « poursuivre le travail amorcé et de contribuer à l’avancement des droits et du rayonnement de la communauté francophone ».

L’offre d’emploi sera publiée sur le site web de l’ACFO du Grand Sudbury ainsi que sur diverses plateformes communautaires et professionnelles. Les candidatures seront acceptées jusqu’au 10 novembre.

Joanne Gervais demeurera en poste jusqu’au 31 mars 2026 afin d’assurer une transition en douceur. Elle n’était pas disponible pour une entrevue.

La francophonie ontarienne se rassemble à Toronto pour « évoluer et aller plus loin »

RICHMOND HILL – Sous le thème évocateur « Nous sommes… nous serons », l’Assemblée de la francophonie de l’Ontario (AFO) ouvre du 22 jusqu’au 25 octobre 2025, son congrès annuel à Richmond Hill. Un rendez-vous qui s’annonce comme un moment charnière dans l’histoire du fait français en Ontario.

Cette édition revêt une signification particulière : elle s’inscrit dans la continuité des États généraux de la francophonie ontarienne, lancés en mars 2025. Cette vaste consultation, amorcée à l’échelle de la province, vise à repenser collectivement les structures, les priorités et la mobilisation du réseau francophone pour les années à venir. Le congrès des prochains jours représentera ainsi une étape clé pour approfondir les échanges et tracer des pistes d’action concrètes.

« Ce congrès vient poursuivre le grand chantier des États généraux de la francophonie ontarienne, amorcé plus tôt cette année. C’est un moment clé de réflexion, de dialogue et de mobilisation pour tracer collectivement les grandes orientations de notre avenir », souligne Fabien Hébert, président de l’AFO.

Selon lui, cette édition « est vraiment un moment charnière pour la francophonie ontarienne ». Il ajoute : « On doit se questionner sur les actions à prendre pour continuer d’avancer. Les modèles qu’on a utilisés dans les cinquante dernières années doivent évoluer pour nous permettre d’aller plus loin. »

Un espace de convergence et de co-construction

Durant quatre jours, le congrès se transformera en un véritable laboratoire d’idées, réunissant élus, experts, bailleurs de fonds, représentants communautaires et membres du grand public. Au programme : conférences, panels thématiques, causeries, ainsi que des ateliers participatifs portant sur des enjeux essentiels : de l’identité francophone à l’immigration, en passant par la complétude institutionnelle, le financement, la gouvernance et le vivre-ensemble.

Le congrès s’ouvre officiellement le mercredi en soirée avec un cocktail de bienvenue et la remise du Prix de la francophonie, en présence de Caroline Mulroney, ministre des Affaires francophones de l’Ontario. Son ministère doit d’ailleurs faire une annonce le jeudi soir dans le cadre de cette réunion de la francophonie ontarienne.

M. Hébert évoque « un moment de célébration » : « On reconnaît les efforts et le travail ardu des membres de la communauté. La même chose avec le gala : c’est un moment pour célébrer la collectivité. »

Des discussions lucides et décisives

Une présentation d’ouverture le jeudi matin, intitulée « Changer ou disparaître? Portrait de la situation de la francophonie en Ontario », dressera un état des lieux lucide du français dans la province, entre reculs démographiques et nouveaux leviers d’action. Des discussions politiques, comme le Laboratoire sur la complétude institutionnelle, permettront d’explorer des solutions concrètes pour renforcer les institutions francophones et garantir des services équitables dans la langue de Molière, indique le programme de l’AFO.

Le président rappelle toutefois que le contexte politique actuel ajoute un sentiment d’urgence : « On arrive dans un moment où le gouvernement fédéral parle d’austérité et de coupures de financement. Ces annonces donnent peut-être un ton plus grave à notre réflexion, mais elles renforcent aussi la nécessité d’agir et de bâtir les bons mécanismes pour l’avenir. »

Enfin, le Gala des Prix de reconnaissance 2025 qui aura lieu vendredi soir viendra clôturer le congrès en célébrant les personnes dont le travail et l’engagement contribuent à faire briller la langue et la culture françaises à travers la province.

Un rendez-vous à la croisée des chemins

Pour Peter Hominuk, directeur général de l’AFO, cette édition se déroule à un moment décisif : « En 2025, nous poursuivons notre démarche de renouvellement collectif avec les États généraux de la francophonie ontarienne. Cette grande conversation communautaire nous invite à réfléchir ensemble à l’avenir de notre réseau, à nos défis communs, mais surtout à nos solutions et à notre capacité de rebond. »

Ses mots résonnent particulièrement dans un contexte où la francophonie ontarienne fait face à des défis historiques : démographiques, linguistiques et institutionnels, tout en cherchant à affirmer son rôle dans un Ontario de plus en plus diversifié. Le congrès se veut donc plus qu’un événement annuel, soutient l’AFO : un appel à l’action pour penser à la francophonie de demain, plus inclusive, plus audacieuse et mieux outillée pour affronter les réalités du 21e siècle.

Une francophonie à réinventer, ensemble

Plus de cinquante ans après le premier congrès de 1969, un moment fondateur du mouvement franco-ontarien moderne, l’édition 2025 entend renouer avec cet esprit de refondation. Sous le mot d’ordre « Nous sommes… nous serons », l’AFO invite toutes les générations à participer à cette conversation historique sur l’avenir collectif de la francophonie ontarienne.

Comme le rappelle Fabien Hébert, « le congrès annuel, c’est avant tout un espace vivant où se rencontrent les idées, les voix et les espoirs de toute notre communauté. Ensemble, nous célébrons la vitalité de notre francophonie tout en posant les bases d’un Ontario français uni dans sa diversité, audacieux dans ses ambitions et solidaire dans ses actions. »

Et de préciser, à propos des suites à donner : « Lors de notre assemblée annuelle, on a toujours les vœux du plancher, les grandes lignes de nos actions politiques pour la prochaine année. C’est un point culminant pour l’AFO, car on reçoit nos directives claires de la part de la membriété. On verra ce que la communauté nous dira, tout en lui présentant les avancées réalisées depuis l’an dernier. »

Garderies à 10 $ : Ottawa ne tiendra probablement pas ses promesses de coût et de places

Le système pancanadien des garderies a réussi à réduire les frais et à rendre plus abordables les services de garde au Canada, mais Ottawa risque de ne pas atteindre pleinement son objectif d’un coût de 10 $ par jour et de création des 250 000 places promises, constate la vérificatrice générale du Canada dans son rapport.

En 2021, Ottawa avait annoncé en grande pompe un programme de 35 milliards de dollars qui réduirait les coûts des services de garde à 10 $ par jour d’ici 2026, en plus de permettre la création de 250 000 places.

Or, cinq provinces doivent toujours réduire leur coût à 10 $ par jour d’ici 2026 et pour le moment seules 112 165 places ont été créées, loin de l’objectif de 250 000. C’est le constat qu’émet la vérificatrice générale (VG) Karen Hogan auprès du ministère de l’Emploi et Développement social Canada dans un rapport déposé au Parlement mardi.

Le programme national a permis de réduire les coûts à environ 16,50 $ par jour, constate Mme Hogan. Mais, certaines provinces ont émis des doutes « quant à la viabilité financière du programme après 2026 », a indiqué le ministère de l’Emploi et Développement social Canada en réponse à la VG. Elle soutient toutefois que la majorité des places ont permis d’améliorer l’abordabilité pour les familles canadiennes.

Pour les places de garde chez les francophones en milieu minoritaire, la VG constate que le fédéral n’a pas suffisamment collecté de données des provinces pour faire un état des lieux clair.

La VG a aussi relevé qu’Ottawa avait de l’information limitée à savoir si les objectifs énoncés dans les ententes conclues avec les provinces et territoires dans le cadre de ce programme ont été atteints. Par exemple, la VG énonce que le fédéral n’a pas fait un bon suivi pour faire recueillir le nombre de places créées « ce qui ne permettait pas d’avoir un aperçu cohérent et comparable des places réglementées abordables créées partout au Canada pour les enfants de moins de six ans ».

Elle note l’exemple d’une province qui a comptabilisé des centaines de places pour des enfants d’âge scolaire, qui avaient plus de six ans, soit au-delà de l’âge maximal du programme.

Le fédéral a signé des ententes avec les provinces et territoires entre 2020 et 2022 dans le cadre de l’Accord sur l’apprentissage et garde des jeunes enfants Photo : Canva

Elle fait aussi état du fait qu’Ottawa ne connaisse pas l’ampleur de la demande non satisfaite concernant les places de services de garde dans les provinces, car celles-ci ont offert « des renseignements limités ».

« Nous avons constaté que le Ministère avait manqué des occasions de recueillir des renseignements comparables sur le rendement auprès des gouvernements provinciaux et territoriaux qui lui auraient permis de surveiller efficacement les progrès réalisés en matière d’apprentissage et de garde des jeunes enfants à l’échelle du Canada », étale Karen Hogan dans un de ses six rapports dévoilés ce mardi.

Le seul suivi bien effectué par le fédéral concerne le financement offert aux provinces et territoires, à savoir si l’argent avait été dépensé ou non, étale la VG.

« Le Ministère n’a pas suffisamment évalué si le financement fédéral avait atteint les objectifs en matière de soutien aux enfants et aux familles vulnérables et issus de milieux divers, ou encore en matière de soutien à l’apprentissage et à la garde des jeunes enfants autochtones », observe aussi Mme Hogan.

Des fonctionnaires du Bureau de la vérificatrice générale ont indiqué lors d’un breffage technique que les données concernant les francophones en milieu minoritaire diffèrent d’une province à l’autre, certaines provinces comme le Nouveau-Brunswick ayant des plans spécifiques. Mais comme le recueillement des données a fait défaut, il était difficile de déterminer le portrait concernant la création de places pour les francophones, nous ont indiqué ces fonctionnaires.

Karen Hogan fait d’ailleurs plusieurs recommandations à Ottawa pour effectuer un meilleur suivi des ententes signées avec les provinces et territoires, notamment sur la collecte de données.

En Ontario

L’homologue de Mme Hogan en Ontario, la vérificatrice générale Shelley Spence avait aussi constaté des ratés, mais pour le gouvernement provincial concernant la gestion du programme des garderies à 10 $ par jour. Dans un rapport déposé au mois d’août, Mme Spence indique que 80 500 places sont toujours vacantes, soit 25 % plus bas que l’objectif désiré par le gouvernement Ford.

Dans le cadre de l’Accord sur l’apprentissage et garde des jeunes enfants signé entre l’Ontario et le Canada, la province a reçu 10,23 milliards de dollars sur 5 ans en 2021. Cette entente avait pour but de réduire les frais de garde d’enfants de moins de six ans pour les familles de l’ordre de 10 $ par jour — auparavant estimés à 48 $ par jour pour les familles. 

En mars 2025, Ottawa a annoncé prolonger à nouveau ses ententes avec les provinces et territoires pour un coût total de 37 milliards de dollars, sur cinq ans.

Contact ontarois mise sur le bien-être et la diversité pour sa 45e édition

OTTAWA – Le programme de la 45e édition de Contact ontarois a été dévoilée ce mardi par Réseau Ontario à l’aide d’une vidéo promotionnelle. Du 14 au 17 janvier 2026, cet événement présenté comme le marché du spectacle francophone réunira près de quarante vitrines présentant des artistes de toutes disciplines et de plusieurs régions du Canada.

Pour la première fois, Contact ontarois aura un porte-parole, Stéphane Guertin, qui représentera l’événement et participera aux différentes activités autour de la programmation. 

« On trouvait que c’était vraiment pertinent d’avoir un artiste pour parler de notre événement, qui connaît toutes les facettes de notre réseau et a bénéficié de plusieurs distinctions au fil des ans », explique Marie-Ève Chassé, directrice générale de Réseau Ontario.

De gauche à droite : Marie-Claude Sabourin (présidente de Réseau Ontario), Stéphane Guertin et Marie-Ève Chassé, lors de la remise de prix de Contact ontarois 2024. Photo : Stéphane Bédard/TFO

L’événement 2026 met l’accent sur le bien-être et la convivialité. Des séances matinales de remise en forme et des activités de relaxation sont prévues, ainsi qu’une conférence sur l’Indice de Bonheur Léger (IBL). 

« Ce qui est important pour nous, c’est l’aspect de santé mentale, de bien-être et de durabilité. Pour cette édition, nous voulons offrir un environnement chaleureux où les participants se sentent bien accueillis et entourés. Les arts sont plus nécessaires que jamais, surtout dans les moments difficiles de notre société. C’est cet univers-là que nous voulons que les gens retiennent de la 45e édition », souligne-t-elle, précisant que l’événement mise aussi sur le retour aux rencontres humaines après la pandémie.

Des artistes d’ici et d’ailleurs

Cette année, 37 candidatures ont été retenues pour des vitrines ou des prix sur les 144 candidatures soumises, soit un peu moins que les 162 de l’an dernier.

La programmation finale reflète cette diversité, avec un équilibre entre disciplines et styles, ainsi qu’entre artistes émergents, dont certains n’ont jamais tourné dans le réseau, et artistes établis.

« On voit vraiment de toutes les disciplines et une variété d’artistes, autant de l’émergence que plus établis, ce qui est très important pour nous », précise la directrice générale. 

Les vitrines grand public auront lieu en soirée au Centre des arts Shenkman et présenteront des artistes franco-ontariens établis tels que Yao, Véloce André, Céleste Lévis, King H 509 et Zale Seck. 

Parmi les artistes participants, deux sont originaires du Yukon : Claire Ness et Brigitte Jardin. Les autres viennent de diverses provinces canadiennes, dont le Québec (Léa Deschênes, Carine Au Micro, Rouge Pompier, Jay Trépanier, Donald Dogbo), le Manitoba (Flora Luna) et le Nouveau-Brunswick (Sam Mallais, Caroline Savoie).

Céleste Lévis chante devant un sapin argenté
Céleste Lévis a récemment remporté le Prix de l’album de l’année aux Capital Music Awards 2024 pour Deuil et a été nominée dans plusieurs catégories au Gala Trille Or 2023. Photo : Mylène Desbiens

Vitrines jeunesse et Bulle d’arts de la scène

Les Vitrines jeunesse se dérouleront les 15 et 16 janvier à l’École secondaire publique De La Salle. 

Elles s’adressent aux élèves du primaire et du secondaire ainsi qu’aux délégués, permettant de présenter des artistes émergents et confirmés de la francophonie canadienne tels que la chanteuse Sophie d’Orléans, le rappeur ontarien Genman, l’humoriste Jonathan Dion, ou encore la compagnie artistique Cirque in Toto du Québec.

Comme l’année passée, la Bulle d’arts de la scène, présentée à la Nouvelle Scène Gilles Desjardins, mettra en avant des propositions de danse et de théâtre, offrant aux diffuseurs l’opportunité de découvrir des spectacles complets dans ces disciplines. 

À cela s’ajoutent deux autres disciplines pour cette édition : arts de la parole et comédie musicale. « On veut vraiment profiter de ce moment pour mettre de l’avant des artistes qui ont besoin d’une proximité plus grande avec le public », explique Mme Chassé.

Ainsi, les compagnies théâtrales ontariennes Créations In Vivo (de retour pour une deuxième année) et Vox Théâtre auront le droit à une vitrine tout comme l’incubateur de création et de diffusion en danse ontarien BoucharDanse et le marionnettiste, auteur et créateur québécois Jocelyn Sioui.

À noter également le groupe musical québécois Wooden Shapes qui offrira une vitrine instrumentale, une proposition que Réseau Ontario dit souhaiter développer.

L’année dernière, Réseau Ontario soulignait son 25e anniversaire. Photo : Gracieuseté de Rugicom

Présentations éclair

Le vendredi 16 janvier, neuf artistes disposeront de dix minutes chacun pour présenter leur projet lors des Présentations éclair. 

Cette formule permet aux diffuseurs de repérer rapidement des propositions prometteuses et de planifier de futures tournées. 

Trois de ces présentations seront assurées par des artistes ontariens : la chanteuse folk Kristine St-Pierre, Kimya, spécialisé dans le slam et le rap, et Sabaya, qui propose un style pop-R&B minimaliste et introspectif.

Parmi les propositions hors Ontario, on compte, entre autres, la compagnie française proposant des spectacles jeunes publics pluridisciplinaires, Comme Une Étincelle, ou encore la québécoise Bouge de là, qui met en lumière des œuvres de danse contemporaine destinées, là encore, au jeune public.

L’organisme promet que « d’autres surprises seront dévoilées dans les semaines à venir, y compris des informations sur les Bastringues en fin de soirée ».

Kimya en performance pour l’émission Lendemain de veille TFO, en 2023. Photo : Stéphane Bédard/TFO

Inclusion et retombées

La programmation 2026, capitalisant sur le succès de l’édition précédente, reflète un effort pour assurer la diversité disciplinaire et géographique. 

Certaines vitrines seront accessibles en langage des signes et plusieurs partenariats avec des organismes culturels visent à favoriser l’inclusion et les échanges interculturels.

Les retombées de Contact ontarois se font rapidement sentir pour les artistes participants selon la directrice générale de Réseau ontario.

L’an dernier, sur les 40 vitrines présentées, 24 ont donné lieu à une tournée dans le réseau, offrant ainsi aux artistes l’occasion de présenter leur spectacle à plusieurs diffuseurs. Parmi eux : l’actrice Caroline Raynaud et le groupe de musique Les Chiclettes, DJ Unpier ou encore le FloFranco.

Gracieuseté de Rugicom

Selon elle, bien que la programmation soit ouverte à tous, la sélection favorise fortement les artistes franco-ontariens, avec un taux d’acceptation d’environ 64 %. De leur côté, les candidatures provenant du Québec sont retenues dans une proportion de 11 à 12 %. 

L’édition précédente a réuni 2782 participants, incluant le public, les élèves et les professionnels inscrits, témoignant de l’ampleur et de l’importance de l’événement dans la francophonie ontarienne. Environ 300-350 d’entre eux suivent l’ensemble de la programmation étalée sur quatre jours.

L’inscription à l’événement et l’ajout de spectacles au répertoire seront ouverts jusqu’au 11 décembre 2025. Les partenaires et annonceurs peuvent s’inscrire jusqu’au 13 novembre 2025. La programmation complète est disponible sur le site de Réseau Ontario.

Les enseignants franco-ontariens auront une plateforme pour signaler les violences scolaires

Face à la montée de la violence envers le personnel enseignant, l’Association des enseignantes et des enseignants franco-ontariens (AEFO) présente un « Plan d’action provincial pour contrer la violence dans les milieux scolaires », et lancera notamment une plateforme numérique pour permettre un signalement centralisé de ces violences. Un outil de revendication syndicale également pour l’organisme, pour demander plus de financement et une prise de mesures adéquates.

« Nos membres nous le disent clairement : la situation s’aggrave et devient insoutenable. La violence est de plus en plus présente dans leurs milieux de travail et, malheureusement, elle tend à être banalisée, ce qui est inacceptable (…)Tous nos membres et les élèves méritent de pouvoir travailler et apprendre dans des environnements sains et sécuritaires. Ce plan constitue un pas important dans la bonne direction pour répondre à cet enjeu », a déclaré Gabrielle Lemieux, la présidente de l’AEFO, via communiqué.

L’organisme, qui représente 12 000 enseignants et travailleurs en enseignement francophones, lancera ainsi une plateforme numérique centralisée avec pour objectif premier de faciliter le processus de signalement, en plus d’offrir des outils et ressources juridiques.

Selon le syndicat, le microsite est conçu pour appuyer et informer les membres via des guides pratiques, des modèles de documents de signalement, des conseils stratégiques et le partage de nouvelles pratiques dans un esprit de « solidarité syndicale ».

La plateforme numérique sera officiellement lancée dès le mois prochain, lors de la conférence des déléguées syndicales et délégués syndicaux du syndicat.

La présidente de l’AEFO Gabrielle Lemieux, entourée des membres du comité ad hoc sur la violence, et des leaders des unités de l’AEFO, lors lancement officiel du Plan d’action provincial pour contrer la violence dans les milieux scolaires. Photo : gracieuseté de l’AEFO

Parmi les facteurs aggravants de la violence systémique, l’AEFO mentionne notamment le sous-financement du système éducatif et un manque de ressources. Elle rapporte aussi un manque de formation et d’accompagnement du personnel de l’éducation, ainsi que la méconnaissance des lois et politiques en matière de santé et de sécurité au travail.

Selon l’organisme, des pressions administratives des établissements scolaires et un manque de communication et de transparence avec les parents s’ajoutent à ces facteurs. L’ensemble de ces problèmes entraînent des conséquences négatives de violence pour le personnel et les élèves.

« Le personnel de l’éducation peut éviter de faire valoir ses droits par représailles de la part des parents et de leur employeur, ou encore des conséquences indirectes de leur signalement, notamment en lien avec leur affectation », cite pour exemple le rapport.

Avec le plan, qui comprend un volet formation du personnel pour « favoriser une culture de prévention et d’intervention proactive », et un volet collaboratif en vue de développer des solutions, l’AEFO espère avoir un certain poids dans les revendications sur le sujet de la violence, pour « développer des positions syndicales claires ».

Par exemple, pouvoir « exiger un financement adéquat pour l’éducation spécialisée; réclamer une application plus rigoureuse de la discipline progressive », et plus.

La FESFO veut « aller chercher les jeunes là où ils sont »

Élève de 12ᵉ année au Collège Mer-Bleue d’Orléans à Ottawa, Marie-Claude Bisson est présidente de la Fédération de la jeunesse franco-ontarienne (FESFO), organisme porte-parole des 25 000 élèves des écoles secondaires francophones de l’Ontario. 

La FESFO traverse une période de reconstruction post-pandémie, marquée par une baisse du nombre de jeunes impliqués et la nécessité de rebâtir son réseau.

Après son congrès provincial tenu récemment, la FESFO amorce une réflexion stratégique pour définir ses priorités, renforcer la relève et redonner un souffle collectif à la jeunesse franco-ontarienne.

«  Après le congrès provincial, comment résumerais-tu la direction que prend aujourd’hui la FESFO?

Après le congrès, on est en réflexion à partir des discussions qu’on a eues à notre Assemblée générale jeunesse. On va se retrouver en novembre pour mettre en place de nouvelles stratégies en fonction de ce que les membres veulent cette année. Ce n’est pas vraiment un virage, mais plutôt un recentrage sur nos priorités. On veut que les jeunes sentent que la FESFO les représente vraiment.

Quelles sont les principales propositions qui vont orienter cette année?

Par exemple, la place des élèves de 7ᵉ et 8ᵉ (année) : on veut se pencher sur la façon de les inclure davantage dans le réseau. D’autres propositions touchent le postsecondaire – créer un réseau de communication entre les jeunes après le secondaire, peut-être en collaboration avec le RÉFO (Regroupement étudiant franco-ontarien) – et la visibilité de la FESFO dans les écoles.

Tu parles souvent de « rebâtir le réseau ». Quelles sont les premières étapes concrètes?

La première étape, c’est de reprendre des événements en présentiel, post-pandémie. Ensuite, on veut aller chercher plus de jeunes de 9ᵉ et 10ᵉ année pour assurer une continuité. Trop souvent, ce qu’on voit dans le réseau, c’est qu’on recrute surtout des élèves de 10ᵉ et 11ᵉ année, parce que l’on connaît déjà leurs personnalités, leurs valeurs et leurs intérêts.

Notre expérience chaque année, c’est qu’on perd une grande partie de nos jeunes actifs lorsqu’ils terminent le secondaire. C’est pourquoi on veut aller chercher les 9ᵉ et 10ᵉ, pour bâtir une meilleure continuité avec des jeunes qui peuvent revenir plusieurs années de suite et devenir des piliers du réseau.

« Les jeunes d’aujourd’hui veulent être entendus, tout comme ceux d’hier », estime Marie-Claude Bisson, présidente de la FESFO. Gracieuseté

Cette relance passe-t-elle aussi par de nouveaux partenariats ou une autre façon de communiquer?

Les jeunes sont dans un univers numérique : il faut apprendre à les rejoindre là où ils sont. On repense nos façons de communiquer, on revoit notre présence sur les réseaux sociaux et nos outils pour atteindre les jeunes, mais aussi leurs parents.

Et surtout, je ne veux pas que les réseaux sociaux influencent négativement notre façon de voir les choses. Au contraire, on veut les utiliser à notre avantage pour aller chercher les jeunes, les mobiliser et en faire des acteurs du changement.

Certains événements, comme les Jeux franco-ontariens, ont marqué des générations. Envisagez-vous leur retour ou un nouvel événement rassembleur?

L’idée des Jeux n’est pas abandonnée, on y pense encore. Mais pour l’instant, ils ne seraient pas viables dans leur ancienne forme. On réfléchit à recréer quelque chose de nouveau qui réponde aux besoins actuels des membres.

La FESFO fête ses 50 ans. Comment transformer cet anniversaire en tremplin pour l’avenir?

Il faut réfléchir à ce qu’on a accompli, mais surtout à ce qu’on peut faire pour les 50 prochaines années. Notre rôle est de rester un pilier dans la communauté franco-ontarienne et de faire en sorte que la voix des jeunes continue d’être entendue. Je parlais récemment avec d’anciens membres de la FESFO, et ils me rappelaient que les jeunes d’hier voulaient déjà que leur voix compte. C’est toujours vrai aujourd’hui : les jeunes veulent être écoutés, participer et militer davantage. On doit utiliser notre histoire comme moteur pour aller plus loin.

Quels sont les prochains rendez-vous importants?

Nos prochains forums régionaux. Ce sera l’occasion de discussions entre jeunes des différentes régions, pour renforcer la diversité et l’identité franco-ontarienne. C’est un travail constant : chaque année, on perd une partie de nos membres qui graduent, donc il faut sans cesse reconstruire. Ce n’est pas facile, mais on est déterminés. »

Santé en français : l’enjeu francophone qui dominera la rentrée à Queen’s Park

TORONTO – Pour la rentrée parlementaire de Queen’s Park, plusieurs priorités sont en ligne de mire des députés franco-ontariens, dont un thème commun, l’accès à la santé en français. De son côté aussi, l’AFO veut que les besoins des francophones soient pris en compte dans la stratégie de soins interconnectés du ministère de la Santé. Quant aux soins de longue durée, la ministre Natalia Kusendova-Bashta mène un projet de loi pour la traduction de plus de ressources à destination des aînés francophones.

Après 4 mois et demi de pause estivale, depuis le 5 juin dernier, ce lundi, les députés regagnent leurs sièges à Queen’s Park pour la reprise de la session parlementaire.

Le projet de loi 14 déposé par la ministre des Soins de longue durée Natalia Kusendova-Bashta (Loi de 2025 sur le soutien aux personnes âgées et aux fournisseurs de soins), comprend une particularité pour les aînés francophones.

Adopté en première lecture, l’un de ses objectifs principaux est de renforcer la qualité de vie et la protection des personnes âgées, et de soutenir les proches aidants.

Mais celui-ci vise également à renforcer la prise en compte des besoins culturels et linguistiques des résidents, exigeant que les foyers de soins de longue durée disposent de programmes spéciaux.

« Pour les aînés francophones, nous voulons également augmenter l’information disponible en français. Le ministère va lancer une enquête pour connaitre les besoins des résidents. Nous avons des fonds de traduction et on souhaite les mettre à profit », explique la ministre à ONFR.

Une semaine plus tôt, le gouvernement avait annoncé faire passer le financement annuel permanent des foyers de soins de longue durée à 1,92 milliard de dollars pour soutenir l’augmentation des effectifs.

Si le montant exact attribué aux francophones n’est pas détaillé, Natalia Kusendova-Bashta indique que la dotation est « la même pour tout le monde et proportionnelle au nombre de résidents ».

D’ajouter : « Nous avons dépassé ce printemps la cible de quatre heures de soins directs en moyenne par jour pour les résidents, prodigués par du personnel infirmier et des préposés. »

« Crise de la santé » pour les francophones

Pour le président de l’AFO Fabien Hébert, en entrevue avec ONFR, un des dossiers prioritaires est celui de la santé. « Concernant la nouvelle initiative qui a été lancée par le ministère de la Santé sur les équipes de soins interconnectées et la réduction des listes d’attente aux soins primaires, on est en train de faire remarquer à la ministre (de la Santé) que les besoins de la communauté francophone ne sont pas nécessairement pris en compte. »

Fabien Hébert, le président de l’Assemblée de la francophonie de l’Ontario (AFO). Photo : gracieuseté

Via une enveloppe de 2,1 milliards de dollars, le gouvernement s’est en effet engagé à mettre les 235 000 personnes inscrites sur la liste d’attente d’Accès Soins en relation avec un médecin de famille ou une équipe de soins primaires d’ici le printemps 2026.

« Le gouvernement de la province a lancé une première vague d’investissements au printemps passé, puis cet automne – 235 millions de dollars pour créer et agrandir 130 équipes de soins primaires, puis 250 millions pour 75 équipes – de ces premiers financements, il y a eu très peu d’initiatives francophones, note celui-ci. On veut s’assurer dans le futur que les francophones aient des soins qui sont adaptés de façon linguistique et culturelle. »

« La crise dans notre système de santé est ressentie fortement par les francophones », a quant à elle commenté la députée néo-démocrate France Gélinas (Nickel-Belt), dont c’est l’une des priorités de la rentrée.

« Les agences offrant des soins de santé sont couvertes par la Loi sur les services en français (LSF), l’offre active, tandis que les cliniques privées ne le sont pas à date et ne démontrent aucun intérêt envers nous. »

La députée libérale Lucille Collard (Ottawa-Vanier) mentionne elle aussi vouloir œuvrer pour la défense de la lentille francophone dans les soins de santé et dans les soins de longue durée pour les personnes aînées.

L’éducation et la culture francophone au cœur des enjeux

Parmi les priorités de Mme Collard, un financement adéquat des arts et de la culture, sans oublier l’éducation francophone. Dans la prochaine semaine, la députée libérale entend déposer d’ailleurs un projet de loi visant la protection et la promotion des librairies franco-ontariennes.

« En éducation : protéger nos droits à une éducation par et pour les francophones, mais aussi un financement équitable qui les respecte, notamment par des investissements à la hauteur de ceux qui sont faits dans le système anglophone, pour des infrastructures de classe mondiale, du soutien pour les élèves, et des programmes parascolaires. L’accès aux écoles dans les régions non desservies est crucial puisque le manque d’écoles favorise l’assimilation », défend-elle.

Concernant la crise de pénurie d’enseignants, « j’ai proposé une solution qui consiste à réduire de deux à un an la période de certification », explique celle-ci.

Autre priorité majeure en éducation pour la députée de Nickel-Belt France Gélinas, le projet de loi 33 : « Il a été déposé en première lecture et on veut s’assurer que les droits constitutionnels des Franco-Ontariens seront respectés. Une menace à notre système scolaire est une menace à notre survie. »

Pour le postsecondaire, elle conclut sur l’Université de Sudbury qu’elle souhaite voir dotée des « ressources promises et qu’on assure non seulement sa survie, mais son épanouissement ». 

Blue Jays : les jeunes partisans francophones croient encore en leur équipe

TORONTO – Les Blue Jays de Toronto jouent leur survie dans les séries éliminatoires de la Ligue majeure de baseball face aux Mariners de Seattle, ce dimanche. Menés 3-2 en finale de la Ligue américaine, ils n’ont plus droit à l’erreur et doivent absolument s’imposer pour éviter l’élimination et ainsi disputer le match 7, décisif, lundi. Deux jeunes partisans francophones torontois de 16 ans, George Sherwood et Liam Rajab, racontent leur passion, leur stress et leur confiance avant le rendez-vous capital de ce soir.

George suit les Blue Jays depuis tout petit : « ça fait au moins dix ans », confie-t-il. 

Il se souvient encore de sa première fois au Centre Rogers avec son père, une expérience qui a cimenté son attachement à l’équipe, renforcé ensuite par les séries de 2015 et 2016.

Liam, lui, situe ses premiers souvenirs « probablement en 2014 ou 2015, mais la saison 2015-2016, c’est la première année dont j’ai des souvenirs ».

Cette année, les Blue Jays sont de retour en finale de la Ligue américaine pour la première fois depuis 2016 justement. Le jeune Torontois a remarqué un changement d’atmosphère autour de lui engendré par ce parcours aussi fantastique qu’inattendu. 

« Je sens un engouement… Les gens me demandent plus souvent qu’avant ‘Est-ce qu’ils ont gagné?’ ou ‘T’as vu ça pendant le match?’ J’entends beaucoup plus ça qu’avant », observe-t-il.

Chacun a aussi ses favoris dans l’effectif actuel. George cite d’abord le voltigeur Daulton Varsho, qu’il admire « parce que, même s’il n’est pas très grand, il est vraiment fort ». Il parle aussi avec enthousiasme du lanceur Kevin Gausman : « J’adore ses splitters et la confiance qu’il donne à l’équipe quand il joue. »

Liam, lui, opte pour Trey Yesavage, la révélation de ces séries : « Même s’il n’a pas eu une bonne performance dans le match 2, ce qu’il fait dans la grande ligue en si peu de temps, c’est vraiment fou. Tout comme son match 2 contre les Yankees, qui était aussi dingue. »

Le match 5, un coup dur à encaisser

Devant leur téléviseur, le match 5 perdu à Seattle sur le score de 6-2, alors que Toronto avait pris les devants dans la partie, a laissé un goût amer. 

« On pensait qu’on avait une vraie chance… Kevin Gausman a bien lancé, mais la décision en fin de partie nous a un peu perdus. Avec le grand chelem des Mariners, on n’avait plus vraiment la chance de revenir », raconte George.

Le jeune partisan fait référence ici à la décision controversée du gérant John Schneider de faire entrer le releveur Brendon Little en huitième manche, un choix qui a précédé le grand chelem d’Eugenio Suárez et suscité de vives critiques chez les partisans des Blue Jays.

Liam, lui, admet avoir eu du mal à digérer la défaite : « Je voulais juste éteindre la télé, dit-il. C’était frustrant, surtout après les deux victoires à Seattle. »

Confiants malgré la pression

Deux jours après cette désillusion et à quelques heures du match 6, les deux adolescents refusent de céder au pessimisme. 

« C’est victoire ou élimination pour les Blue Jays. J’ai de l’espoir et de la confiance qu’on peut revenir chez nous », lance George, conscient que son équipe devra se reprendre au Centre Rogers, après avoir perdu les deux premiers matchs de la série à domicile.

Il rappelle néanmoins que les Jays étaient l’une des meilleures équipes à la maison en saison régulière, ce qui, selon lui, leur donne un avantage à exploiter. Les Torontois avaient également battu les Yankees deux fois à Toronto lors de la série précédente en cinq manches, remportée 3-1. 

Liam avec l’uniforme des Blue Jays comme tout bon fan qui se respecte. Photo : Liam Rajab

Liam partage cet optimisme, même s’il reste prudent : « Ça me rend un peu nerveux qu’ils n’aient pas encore gagné à la maison dans cette série, mais le public peut les pousser à jouer avec le même feu que contre les Yankees. »

Pas au stade, mais bien présents

Les deux jeunes suivront le match de chez eux. 

« Je vais probablement le regarder à la maison. J’aimerais tellement y aller, mais les places sont un peu trop chères en ce moment », explique George, qui a déjà assisté à plusieurs rencontres en saison régulière. 

Les billets pour ce match 6 dépassent en effet largement les tarifs habituels : selon les sites de revente, les places les moins chères se vendent autour de 380 dollars, tandis que les sièges proches du terrain peuvent grimper jusqu’à plus de 1200.

Liam, de son côté, espère encore une petite surprise : « Peut-être que si je suis chanceux, mon père va venir et me dire ‘J’ai des billets’. On croise les doigts », lance-t-il avec un sourire. 

Faute d’aller au stade, il prévoit de regarder le match avec quelques amis, comme pour plusieurs rencontres précédentes de la série. 

« C’est devenu un peu notre rituel, alors on va garder la même formule », dit-il.

Il espère d’ailleurs pouvoir convaincre George de venir le suivre avec lui : « J’ai regardé les deux premiers matchs à Seattle avec lui et on avait gagné, alors je me dis que si on le fait encore, ça pourra peut-être donner le même type de résultats. »

Une source d’inspiration sans obsession

Au-delà de la ferveur du moment, le baseball reste pour Liam une passion parmi d’autres : « Je joue moi-même au baseball, mais je ne veux pas devenir pro. J’ai d’autres intérêts et je ne voudrais pas me concentrer seulement sur le baseball. »

George, lui, savoure simplement la saison : « Je n’avais aucune anticipation d’être même en séries… et on est presque en World Series. Je ne vais pas me plaindre de jouer en octobre. »

Le match 6 de la finale de la Ligue américaine débutera ce dimanche à 20h03 au Centre Rogers. En cas de victoire des Blue Jays, un match 7 suivra lundi à la même heure. Et si Toronto se qualifie? Ils affronteront les Dodgers de Los Angeles dès le vendredi 24 octobre pour le début des Séries mondiales.

La dernière fois que les Blue Jays ont remporté les Séries mondiales, c’était en 1993. George et Liam étaient encore bien loin d’être nés, mais ce dimanche soir, ils espèrent vivre, à leur tour, un petit morceau d’histoire.

Marc Bisson : au service de la santé et de la francophonie dans l’Est ontarien

Après plus de deux décennies à la tête du Centre de santé communautaire de l’Estrie (CSCE), Marc Bisson s’apprête à prendre sa retraite à la fin de l’année 2025. Lauréat du Prix Paulette-Gagnon, décerné par l’Assemblée de la francophonie de l’Ontario, il revient sur un parcours marqué par la croissance du CSCE et la défense du droit à la santé en français.

«  L’AFO vous a remis le Prix Paulette-Gagnon, qui récompense en quelque sorte le francophone de l’année. Comment vivez-vous cette reconnaissance?

Je le reçois avec beaucoup d’humilité. Voir les noms associés à ce prix — Maître Boileau, le docteur Leduc, notre lieutenante-gouverneure Edith Dumont et tant d’autres personnes de ce calibre — c’est presque intimidant. Je suis très fier, mais aussi un peu gêné. Après plus de trente ans à œuvrer pour la santé en français et la promotion des intérêts des francophones de la région et de la province, je crois que certaines personnes ont reconnu le petit apport que j’ai pu y mettre. C’est un très grand honneur.

Après plus de 30 ans au sein du Centre, comment vous sentez-vous à l’idée de tourner la page?

J’ai des émotions ambivalentes. Je suis fier du parcours accompli, mais j’ai l’impression qu’il y aura un vide en moi. Je ne prends pas ma retraite parce que je n’aime plus mon travail, bien au contraire. En trente-deux ans et demi, je pourrais compter sur les doigts d’une main les jours où je n’avais pas le goût de venir travailler. J’ai eu le privilège d’évoluer dans une organisation essentielle pour la communauté, entouré d’un personnel extraordinaire et d’un conseil d’administration toujours à l’avant-garde.

La communauté francophone de l’Est ontarien m’a accueilli à bras ouverts quand nous avons déménagé à Cornwall en 1993 — ma conjointe et moi ne nous attendions pas à une telle chaleur. Oui, il y a des défis, mais c’est une communauté inspirante, déterminée à faire reconnaître sa place. Travailler avec ces gens-là, c’est ça qui va me manquer le plus.

Mais évidemment, c’est une étape dans ma vie. Je vais avoir besoin d’un peu de repos pour me refaire des idées, mais je sais que je vais continuer à œuvrer pour l’avancement de la francophonie et, si possible, dans le domaine de la santé. C’est quelque chose qui fait partie de moi.

Marc Bisson est directeur général du CSCE depuis 2002. Photo : gracieuseté

Comment le Centre de santé communautaire de l’Estrie (CSCE) a-t-il évolué depuis vos débuts?

La croissance est spectaculaire. En 1993, nous étions une quinzaine d’employés, avec deux sites : Cornwall et Alexandria. Aujourd’hui, nous en comptons plus de 120, répartis dans six communautés. Cette expansion, c’est le fruit de la mobilisation locale : des citoyens qui se sont battus pour obtenir des services de santé communautaires en français.

Les besoins ont aussi changé : vieillissement de la population, arrivée de nouvelles communautés, évolutions technologiques et scientifiques. Mais le principe reste le même : offrir des soins accessibles et humains, dans un cadre qui valorise le plein potentiel des gens.

Quels moments marquants symbolisent le mieux ces 32 années de service?

Il y en a beaucoup. Je pense à la communauté de Crysler, dans les années 1990, qui s’est battue pendant cinq ans pour obtenir un point de service. Ces bénévoles ont inspiré ceux de Bourget. C’est grâce à cette persévérance communautaire que nous avons pu nous implanter.

Je pense aussi à la pandémie : notre personnel n’a pas reculé. Au contraire, ils ont retroussé leurs manches, trouvé des façons d’aider, collaboré avec nos partenaires. Ça a été un moment de fierté immense.

Et puis, nos anniversaires — comme le 25e — ont permis de mesurer le chemin parcouru et l’attachement de la communauté.

Quels ont été les défis auxquels vous avez dû faire face pendant votre mandat?

Au départ, il a fallu faire reconnaître notre légitimité. Certains doutaient de la pertinence d’un centre francophone : « Les francophones parlent anglais, pourquoi des services distincts? ». Aujourd’hui, notre modèle est reconnu, mais ça a pris du temps et de la patience.

Les défis demeurent : financement, recrutement de professionnels bilingues, maintien des services en région rurale. Mais une fois que les gens viennent travailler chez nous, ils restent. Moi-même, je devais venir pour six mois… et trente-deux ans plus tard, j’y suis encore!

Quels sont les enjeux à venir pour le CSCE?

Il y aura d’abord la mise en place du financement provincial pour les soins primaires. Nous devons nous assurer que chaque francophone ait accès à un fournisseur de soins en français.

Je crains aussi que les futures intégrations du réseau de santé ne diluent l’identité francophone.

Notre force, c’est la gouvernance communautaire : un conseil d’administration composé de gens du terrain. Il faudra défendre cela, tout en collaborant intelligemment avec les instances provinciales.

Et, surtout, il faut que les décideurs pensent aux francophones dès le départ — pas après coup. C’est un combat constant pour l’équité linguistique.

Quel message souhaitez-vous laisser à la future direction?

Être à l’écoute, à la fois du contexte provincial et des besoins locaux. Rester en lien avec la communauté, donner de l’autonomie et de la liberté au personnel pour s’épanouir, innover, aller au-delà de leurs champs de pratique tout en gardant un cadre structuré. C’est comme ça qu’on grandit et qu’on gagne la reconnaissance.

Et surtout, il faut maintenir coûte que coûte le mandat francophone. Ne jamais le sacrifier au nom du bien-être général ou de la commodité. Les francophones ont besoin d’institutions gérées par et pour eux, pour relever leurs propres défis. »


1989 : Il devient coopérant volontaire international 

1993 : Marc Bisson travaille en tant qu’agent de santé communautaire à Cornwall 

2002 : Il prend la direction générale du Centre de santé communautaire de l’Estrie

Décembre  2025 : Départ à la retraite 

Kap Paper annonce la reprise progressive de son usine de Kapuskasing

KAPUSKASING – Grâce à des financements gouvernementaux de 29 millions de dollars, Kap Paper a annoncé vendredi le début de la reprise progressive de ses activités à l’usine de Kapuskasing, marquant un tournant après plusieurs semaines d’incertitude pour les employés et la communauté locale.

La fermeture temporaire de l’usine, annoncée à la fin septembre 2025, avait suscité de vives inquiétudes dans le Nord de l’Ontario. Cet arrêt des opérations a eu un impact sur près de 475 emplois directs à Kapuskasing et jusqu’à 2500 emplois indirects au total. Ces pertes concernaient toute la chaîne d’approvisionnement forestière locale, y compris les scieries, le transport, la maintenance et les services locaux connexes.

« La société a confirmé qu’après plusieurs semaines de collaboration intensive, le gouvernement fédéral s’est coordonné avec le gouvernement de l’Ontario pour fournir un soutien opérationnel, tout en travaillant à l’élaboration d’un plan de modernisation à long terme », peut-on lire dans un communiqué de l’entreprise diffusé vendredi après-midi.

L’usine de Kapuskasing est l’une des dernières installations de production de pâtes et papiers de la région. Son redémarrage se fera de manière progressive, avec le rappel des employés « dès que cela sera possible sur le plan opérationnel », détaille l’entreprise.

La situation avait attiré l’attention des élus provinciaux et fédéraux, ainsi que des syndicats, qui avaient plaidé pour une intervention rapide afin d’éviter la perte de ces emplois.

« Nous sommes profondément reconnaissants aux gouvernements fédéral et provincial de nous avoir soutenus », a déclaré Terry Skiffington, le président-directeur général de Kap Paper. Cette annonce redonne confiance à nos employés, à notre communauté et à l’ensemble de notre chaîne d’approvisionnement. C’est une victoire pour le Nord de l’Ontario et la preuve de ce que le partenariat peut accomplir. »

29 millions $ en soutien gouvernemental

Le ministère des Richesses naturelles de l’Ontario a annoncé qu’il allongeait 16,8 millions de dollars « pour soutenir la poursuite des opérations de l’usine de papier de Kapuskasing », est-il indiqué dans un communiqué de presse. Il est aussi précisé que le soutien fédéral s’élèvera à 12 millions de dollars, totalisant un investissement des deux paliers gouvernementaux de 28,8 millions $.

« Nous avons indiqué clairement que l’Ontario ne pouvait pas agir seul et je remercie le gouvernement fédéral de s’être joint à l’Ontario pour donner un avenir à Kap Paper et aux travailleuses et travailleurs ainsi qu’aux collectivités du Nord qui en dépendent », a déclaré Kevin Holland, ministre associé des Forêts et des Produits forestiers au gouvernement Ford.

Kap Paper indique que son plan de modernisation inclut des investissements dans les équipements et les procédés afin de renforcer la compétitivité à long terme, tout en consolidant la chaîne d’approvisionnement forestière intégrée qui soutient les objectifs économiques et en matière de logement du Canada.

« L’entreprise communiquera des informations supplémentaires, notamment le calendrier et les détails du programme, une fois les autorisations obtenues », explique Kap Paper.

Depuis l’annonce de l’entreprise le 29 septembre dernier, des rencontres ont eu lieu entre les dirigeants de Kap Paper, les ministres du gouvernement Ford et des membres du gouvernement Carney, dont la ministre de l’Industrie Mélanie Joly. Déjà dans la dernière semaine, l’entreprise avait indiqué que les discussions allaient de bon train et qu’elle espérait reprendre ses activités prochainement.

Lors de l’annonce de l’arrêt des opérations, Queen’s Park avait accusé Ottawa d’avoir abandonné l’entreprise, les ministres Mike Harris (Richesses naturelles) et Kevin Holland soutenant que « notre gouvernement ne peut pas indéfiniment procurer cette aide sans le soutien actif et la participation du gouvernement fédéral ».

Francophonie : L’Ontario renforce sa collaboration avec la France

TORONTO – L’Ontario et la France signent un protocole d’entente en vue d’une collaboration renforcée autour de la francophonie, dont découlera bientôt un plan d’action commun autour de différents domaines, dont la culture, l’éducation ou encore la recherche. Également envisagé, le lancement de projets pilotes favorisant la mobilité étudiante et professionnelle.

« La signature de ce protocole d’entente marque une étape importante (…) dans le renforcement de la coopération entre l’Ontario et la France (…) pour faire de la francophonie un atout économique, culturel et diplomatique, tant au Canada qu’à l’international », a indiqué le ministère des Affaires francophones (MAFO) via communiqué de presse.

Un engagement commun pour « promouvoir la langue française et la culture francophone, tout en favorisant des échanges économiques, éducatifs et technologiques ».

En avril 2024, la ministre des Affaires francophones Caroline Mulroney et son homologue français de l’époque, Franck Riester, avaient signé une déclaration commune de coopération, première étape avant l’entente dans plusieurs domaines liés à la francophonie.

« C’est une reconnaissance et un aboutissement de l’engagement commun de la France et de l’Ontario au service du développement de la francophonie et leur attachement aux valeurs et aux principes de l’Organisation internationale de la Francophonie », peut-on lire dans le communiqué.

« Ce protocole formalise la volonté commune d’intensifier les échanges et de collaborer dans des domaines stratégiques tels que la culture et la promotion de la langue française, l’éducation, la recherche, l’enseignement supérieur, le numérique, la jeunesse et l’innovation. »

« Nous nous réjouissons de travailler avec la France afin de créer de nouvelles possibilités contribuant à notre prospérité commune », a soutenu Caroline Mulroney dans une publication sur X.

La prochaine étape visera la finalisation d’un plan d’action commun avec des ambitions telles que le lancement de projets pilotes pour la mobilité des étudiants et des travailleurs, et des échanges culturels et économiques.

La ministre des Affaires francophones Caroline Mulroney réaffirme ainsi la double stratégie du MAFO, combinant des efforts visant à améliorer l’accès et la qualité des services en français, à une stratégie de développement économique francophone, comme un levier de croissance et d’innovation, avec des partenaires nationaux et internationaux.

Lors de son discours à l’Ambassade de France au Canada une semaine auparavant, Caroline Mulroney, décorée de la Légion d’honneur française a déclaré : « Nous avons multiplié les partenariats, avec la Wallonie-Bruxelles, le Québec, le Nouveau-Brunswick, la Nouvelle-Écosse, et bien sûr avec la France – la première fois que la province conclut une entente bilatérale avec un État ».

Toronto, grande gagnante du Frankenstein de Guillermo del Toro

Québécoise d’origine et diplômée en études cinématographiques de l’Université de Toronto, Magali Simard a été pendant 11 ans la programmatrice du Festival international du film de Toronto (TIFF). Désormais vice-présidente de Cinespace Studios à Toronto, elle dirige l’un des plus grands studios de cinéma de la ville.

Le nouveau film de Guillermo del Toro, Frankenstein, est à l’affiche dès aujourd’hui dans certaines salles de cinéma et sortira sur Netlfix le 7 novembre. Le cinéaste et Torontois d’adoption l’a tourné dans les studios de Cinespace à Toronto, marquant son retour dans la ville près de deux décennies après son premier projet torontois.

Tourné entièrement dans la ville reine, le film a généré des retombées économiques importantes, tant pour l’industrie cinématographique locale que pour la ville elle-même.

« Quand avez-vous entendu parler de ce projet colossal et par quelle voie?

En travaillant au studio Cinespace, je savais que le projet arrivait. De plus, ça fait des décennie que ça se travaille dans sa tête (Guillermo del Toro). Frankenstein, c’est son magnum opus qui met en valeur son obsession pour les monstres, la noirceur et l’envers de la médaille humaine.

Quand on a su que ça allait être tourné chez Cinespace, on a fait énormément de place dans nos studios pour ce projet de 125 millions qui a fini par s’étendre sur un an et demi.

Combien de temps ont duré la préparation et le tournage du film à Toronto?

Presque deux ans. Surtout qu’il y a eu la grève à Hollywood qui a mis toutes les productions, dont Frankenstein, sur pause. Donc, ça fait du bien d’enfin le voir à l’écran.

Qu’est-ce qui vous a le plus frappé en fait en découvrant l’ampleur du projet?

Contrairement à toutes ces séries produites régulièrement à Toronto, il n’y a plus autant de gros films tournés ici. Avoir un film à 125 millions (de dollars), surtout pour un film dramatique, ça reste très rare. D’autant plus que les films d’action se font rares aussi. Ça a été colossal d’avoir ça en ville ainsi que d’accueillir les centaines de personnes qui ont travaillé dessus.

En termes d’engagements et de ressources, que représente pour Cinespace Studios une production d’une telle ampleur?

On a plusieurs projets qui tournent en même temps depuis presque deux ans, c’est idéal pour nous. Ce sont des constructions énormes ainsi que des centaines de personnes qui viennent travailler chaque jour.

Comment avez-vous réussi à faire en sorte que cette superproduction d’auteur soit tourné dans vos studios?

Il faut de l’espace, donc on a pris un campus complet, puis on a même rajouté un plateau. L’immense bateau que vous voyez dans le film a été construit sur notre stationnement, à l’extérieur également. Tous les bureaux, les plateaux ont été utilisés, car il fallait faire de la place et s’occuper d’eux avec soin et s’assurer que la ville permette à Guillermo de fonctionner sans problème.

À quel point la main-d’œuvre locale a-t-elle été mobilisée dans la fabrication du film?

Même si on a de beaux bâtiments, ce qu’il y a de plus beau dans un projet, c’est la main-d’œuvre et le monde qui font qu’un projet devienne aussi grandiose à l’écran. Ce sont des centaines de Torontois qui ont travaillé là-dessus avec son équipe depuis le début.

Quels types d’artisans étaient impliqués?

La direction artistique est assurée par une équipe de talent, dont la cheffe décoratrice Tamara Deverell, qui a déjà été récompensée pour The Shape of Water et qui est de retour. Il y a aussi les chefs costumiers qui ont fait un travail extraordinaire, et aussi le Torontois Dennis Berardi, qui crée les meilleurs effets visuels.

Au-delà de l’économie directe liée au tournage, quels ont été les autres bénéfices pour l’économie torontoise?

Lors de projets tournés à Toronto, la plupart de l’équipe vit à Toronto et les autres viennent vivre ici le temps du tournage. Ce qui est bon pour l’Ontario en général, c’est que ça va aussi dans les plus petites villes pour tourner des scènes extérieures. Il y a des petites villes qui se développent de mieux en mieux pour les tournages. Donc, c’est très bon pour le centre-ville, c’est très bon pour nos studios et c’est bon pour la main-d’œuvre.

Quelle part du budget a été consacrée aux infrastructures fournies par Cinespace?

Un projet d’à peu près 125 millions, ça comprend tout d’abord les salaires d’acteurs. Après ça, le reste du budget est dépensé ici à Toronto pour nos studios. La majorité, c’est pour les travailleurs, la construction et les accessoires. C’est ça qui est bon pour notre économie. »

Le fédéral investit 410 000 $ dans la Place des Arts du Grand Sudbury

SUDBURY – Ottawa investit 410 000 $ pour soutenir la création de l’Institut de professionnalisation artistique et culturelle (IPAC) à la Place des Arts (PDA) du Grand Sudbury.

Le financement annoncé jeudi matin à la Place des Arts et provenant de FedNor, l’Agence fédérale de développement économique pour le Nord de l’Ontario, permettra de lancer l’IPAC, dont la création avait été révélée par ONFR en novembre 2024. Ce nouvel organisme qui offrira aux artistes, gestionnaires culturels et professionnels du patrimoine des formations, du mentorat et des stages personnalisés. 

« Le financement de FedNor confirme que la Place des Arts va dans la bonne direction avec son projet d’institut », explique Denis Bertrand, directeur général de la Place des Arts en entrevue. « L’Institut répond à des besoins qui ont été bien cernés et bien identifiés. C’est une validation du projet, non seulement pour la communauté artistique, mais aussi sur le plan économique. »

« La Place des Arts est une entité à deux têtes : culturelle et économique », poursuit-il. « Nous sommes au centre-ville pour appuyer le développement économique, et ce projet vient répondre à ces deux besoins. »

« La Place des Arts est rapidement devenue un pilier de la vie culturelle à Sudbury et une source de fierté pour les communautés francophones du Nord. Avec la création de l’IPAC, elle pose un geste audacieux pour donner plus de pouvoir aux artistes et renforcer l’économie créative », a affirmé la députée libérale de Sudbury, Viviane Lapointe, dans un communiqué.

Denis Bertrand est désormais le directeur général permanent de la PDA. Photo : Gracieuseté d’Isabelle Bourgeault-Tassé

René Lapierre, président de la Place des Arts, estime que l’IPAC contribuera à la viabilité à long terme de l’institution. 

« Grâce à ce nouvel institut, nous serons en mesure de mieux soutenir les artistes, les travailleurs culturels et les organismes francophones en leur offrant une formation de grande qualité et des possibilités de collaboration ici même, dans le Nord de l’Ontario », a-t-il indiqué.

Lancement l’été prochain

Concernant le lancement de l’Institut, Denis Bertrand précise : « Le processus de mise en marche a été amorcé. On espère être en mesure d’offrir nos premières formations l’été prochain. »

La première année de l’IPAC sera considérée comme un projet pilote, le temps de mettre en place les paramètres de fonctionnement et de définir les formations.

De gauche à droite, Jamie West, député provincial de Sudbury, Denis Bertrand, DG de la PDA, Viviane Lapointe députée fédérale de Sudbury et Martin Lajeunesse de FedNor. Photo : Gracieuseté d’Isabelle Bourgeault-Tassé

Au cours des trois prochaines années, l’Institut proposera des modules de formation en gestion culturelle, marketing et entrepreneuriat, s’appuyant sur les programmes existants du Collège Boréal et de l’Université de l’Ontario français.

« Les participants repartiront avec une reconnaissance tangible de leurs nouvelles compétences, grâce à des microcertifications », explique M. Bertrand.

La Chambre de commerce de Sudbury sera également partenaire pour souligner l’importance économique du projet. « L’Institut amènera des apprenants qui séjourneront à Sudbury, participeront à des activités au centre-ville et contribueront au tourisme local », dit-il.

Et quid de la librairie?

La création de l’institut arrive après une période financière difficile pour la Place des Arts, laquelle affichait un lourd déficit deux ans après son ouverture. L’organisme avait annoncé la fermeture de sa librairie-boutique Panache en juillet dernier afin d’entamer une période de réflexion sur son avenir.

Sur un projet de loi que la députée provinciale d’Ottawa—Vanier, Lucille Collard, a récemment annoncé vouloir déposer pour favoriser l’usage de livres des librairies franco-ontariennes, Caroline Mulroney, ministre des Affaires francophones de l’Ontario, a confié à ONFR être ouverte à la démarche, tout en précisant qu’elle doit d’abord se familiariser avec le projet.

Les étagères de la librairie-boutique de la Place des Arts du Grand Sudbury sont vides. Photo : Inès Rebei/ONFR

« Absolument, absolument très ouverte. Mais il faut que je m’informe sur son projet de loi avant de parler directement du sujet. »

Pour sa part, Denis Bertrand a nuancé l’impact de cette initiative sur la librairie Panache : « Je pense que la démarche est valable, mais malheureusement pour nous, elle arrive trop tard. »

Malgré tout, l’organisme dit souhaiter lancer une phase de consultation afin de maintenir une présence littéraire francophone au centre-ville : « On regarde la possibilité d’un autre partenaire pour accéder à des ressources qui nous permettraient de mener cette consultation-là. Il n’y a rien de signé, rien de vraiment entendu. On a une marque d’intérêt, et on va voir comment cette marque d’intérêt peut se concrétiser. »

Et de conclure : « Mais pour l’instant, on est un peu préoccupés par le lancement de l’institut. »

Samuel Zakutney : « Je peux encore rivaliser avec les meilleurs » aux Championnats du monde de gymnastique

[ENTREVUE EXPRESS]

QUI :

Samuel Zakutney est un gymnaste artistique franco-ontarien originaire d’Ottawa, membre de l’équipe canadienne masculine depuis près d’une décennie. Il a pris part aux Jeux olympiques de Paris 2024, marquant un retour remarqué après plusieurs blessures.

LE CONTEXTE :

Après avoir disputé la coupe Paris World Challenge (une étape du circuit de Coupe du monde de gymnastique artistique), où il a atteint la finale aux barres parallèles en septembre, Samuel Zakutney a été retenu pour représenter le Canada aux Mondiaux. Le gymnaste de 27 ans espère conclure sa saison sur une performance de référence lors de cette 53ᵉ édition des Championnats du monde de gymnastique artistique, qui auront lieu du 19 au 25 octobre 2025 à l’Indonesia Arena de Jakarta (Indonésie). Zakutney s’alignera sur les deux agrès dont il est le spécialiste : les barres parallèles et la barre fixe.

L’ENJEU :

Quelques jours avant le début de la compétition, le Franco-Ontarien évoque sa préparation, les défis physiques et mentaux d’une fin de carrière bien gérée, et son regard sur l’avenir de la gymnastique masculine au Canada.

« Comment se sont passées vos qualifications pour ces Mondiaux?

En général, j’étais assez satisfait de ma performance, même si j’aurais voulu me qualifier automatiquement. Il fallait réussir les routines les deux jours, avec une bonne note de départ et d’exécution. J’ai réussi une fois sur deux pour chaque agrès, donc la décision finale revenait au comité de sélection. Heureusement, ça s’est bien terminé, et la préparation depuis va dans la bonne direction.

Depuis quand vous préparez-vous pour Jakarta?

Je dirais depuis la fin mai. Même avant de savoir si je serais sélectionné, je m’entraînais comme si j’y allais. La préparation s’est bien passée, j’ai gagné en stabilité et en confiance. J’ai aussi participé à la Coupe du monde de Paris, où j’ai atteint la finale aux barres parallèles, c’était un bon signe avant ces Mondiaux.

Comment s’est déroulé le voyage vers l’Indonésie? 

Assez long! On a fait Montréal–Tokyo en 14 heures, puis Tokyo–Jakarta en 8 heures. Au total, presque 24 heures de déplacement. Mais le décalage horaire est plus facile à gérer qu’en Europe. L’équipe s’est bien adaptée, les routines sont stables, même si le corps commence à être un peu fatigué et que j’ai quelques petites blessures.

Vous mentionnez ces petites douleurs physiques. Est-ce plus facile à gérer avec l’expérience?

Oui, un peu. Je suis quelqu’un d’assez têtu à l’entraînement :  j’aime répéter jusqu’à ce que ça passe. Mais avec le temps, j’ai appris à accepter qu’une mauvaise journée ne veut pas dire que tout l’entraînement est raté. Je suis plus à l’écoute de mon corps, surtout que j’approche de la fin de ma carrière. L’objectif, c’est d’éviter les blessures inutiles et de rester en santé. Ces petits bobos, c’est normal à ce stade de la préparation : on apprend à composer avec.

Et comment trouvez-vous l’ambiance à Jakarta?

C’est la première fois que je viens en Indonésie, et je trouve que c’est un excellent choix de pays hôte. L’ambiance est chaleureuse, les gens sont accueillants et les installations sont superbes. Il fait très chaud, un peu comme lors des Jeux mondiaux universitaires de 2017 à Taipei, donc ça me rappelle de bons souvenirs. C’est toujours stimulant de découvrir un nouvel environnement, surtout en Asie. J’essaie d’en profiter pleinement, même si la priorité reste la compétition.

Sam Zakutney est fier de porter les couleurs du Canada sur la scène internationale, toujours un moment spécial. Photo : Antoine Saito / gymnastique Canada

Quels sont vos objectifs pour ces Mondiaux?

Mon but serait d’atteindre le top 15 ou 16 aux barres parallèles et à la barre fixe. Si je pouvais être réserviste pour une finale (autour du top 12), ce serait déjà énorme. Je veux surtout montrer que je peux encore rivaliser avec les meilleurs.

Qu’est-ce que cela représente pour vous de porter le maillot du Canada? Y a-t-il quelque chose de particulier à le faire en tant qu’athlète francophone?

C’est toujours un privilège. Peu importe la langue qu’on parle, représenter le Canada, c’est spécial. La gym est un sport exigeant mentalement, donc monter sur la scène internationale avec la feuille d’érable sur le cœur, c’est une belle récompense après tout le travail. Porter le rouge et blanc, ça me rappelle pourquoi je fais ça.

Comment évaluez-vous l’évolution de la gymnastique au Canada?

Honnêtement, je pense que la transition va être difficile après notre génération. On a beaucoup misé sur les seniors pour Paris 2024, au détriment des juniors. Après les retraites de gars comme René Cournoyer ou William Emard, il faudra du temps pour que la relève mûrisse. Ce sera notre responsabilité de garder le niveau qu’on a établi à Paris.

Et pour la suite? Pensez-vous déjà aux Jeux de Los Angeles 2028?

C’est sûr que j’y pense, mais je prends les choses une année à la fois. Je veux rester en forme physiquement et mentalement, tout en équilibrant ma vie personnelle. Je suis marié, et je suis aussi dans le processus de trouver un emploi. C’est une nouvelle phase de ma vie où je dois concilier mes ambitions sportives avec d’autres responsabilités.

Je sais que la charge d’entraînement diminuera peut-être un peu, mais ça me fera du bien mentalement d’avoir d’autres horizons. Je veux continuer à performer, mais sans me mettre une pression inutile. Si j’arrive jusqu’à Los Angeles, ce sera formidable. Sinon, je saurai que j’ai tout donné pour me donner une vraie chance d’y être. »

Six lauréats franco-ontariens honorés par l’AFO avec des prix de reconnaissance

OTTAWA – L’Assemblée de la francophonie de l’Ontario (AFO) a dévoilé ce mercredi les six lauréats de sa 13e édition des Prix de reconnaissance. Une cérémonie est prévue à Toronto la semaine prochaine à l’occasion du Congrès annuel de l’organisme.

Le Prix Paulette-Gagnon, qui récompense en quelque sorte le francophone de l’année, a été remis à Marc Bisson, directeur général du Centre de santé communautaire de l’Estrie (CSCE) dans l’Est ontarien. Avec un départ en retraite prévu cette année, la reconnaissance est de mise envers M. Bisson qui a piloté le Centre à travers plusieurs crises comme la pandémie et la crise des demandeurs d’asile.

Il était au CSCE depuis 1993, mais a aussi siégé à de nombreux conseils d’administration, notamment celui de l’Alliance pour des communautés en santé, et a collaboré étroitement avec l’AFO, souligne le communiqué annonçant les gagnants.

Marc Bisson a été directeur général du Centre de santé communautaire de l’Estrie (CSCE) depuis plus de trente ans. Gracieuseté AFO

Le prix de l’Horizon franco-ontarien, qui récompense un projet communautaire contribuant à la vitalité de la francophonie ontarienne a été décerné au réseau du mieux-être francophone du Nord de l’Ontario (RMEFNO).

En effet, après avoir créé une formation en ligne pour soutenir l’offre de services de santé en français, l’organisme a poursuivi ses activités. En collaboration avec l’École de Médecine du Nord de l’Ontario et le Centre de recherche en santé dans les milieux ruraux du Nord, il facilite l’approche des professionnels de la santé concernant la prestation de services en français en Ontario.

Le prix Florent-Lalonde qui reconnaît les efforts et l’engagement d’un bénévole au sein de la communauté a été décerné à Sonia Macaluso, présidente de l’ACFO Hamilton. C’est dans cette région que Mme Macaluso a œuvré pour établir des liens entre les familles, les écoles et les organismes francophones.

Le Prix Jeunesse qui vise à reconnaître l’implication remarquable d’un jeune dans le rayonnement de la francophonie a été décerné à Bradley Bertrand. Ayant permis l’inclusion sociale des jeunes francophones immigrants par le sport, ce jeune Sudburois est reconnu pour son implication.

Le prix Francophile qui reconnaît les efforts et l’implication d’un francophile envers la langue et à la culture francophone a été décerné à la directrice des services communautaires à CMHA Karna Trentman pour avoir bâti un pont entre les services de santé et les communautés francophones en situation minoritaire.

Le Prix Omer-Deslauriers, qui reconnaît l’apport d’une personne aînée dont les actions ont enrichi la communauté franco-ontarienne, a été décerné à Oliva Roy. Ce dernier a travaillé à renforcer la place et la voix des aînés francophones à travers la province.

Les lauréats recevront leur récompense lors d’un événement du congrès annuel de l’AFO, le 24 octobre.

Près de la moitié des interprètes parlementaires envisagent de quitter

OTTAWA — Une majorité d’interprètes pigistes parlementaires indiquent qu’ils cesseront de travailler si de nouvelles règles proposées par le fédéral concernant leurs contrats de travail sont adoptées. Cela pourrait donc dire qu’un peu moins de la moitié de l’ensemble des interprètes sur la Colline parlementaire envisagent de partir.

C’est ce qui ressort d’un questionnaire de l’Association internationale des interprètes de conférence — Région Canada (AIIC-Canada) auprès de ses membres. C’est 90 des 120 membres qui ont répondu à ce sondage sur les intentions du gouvernement fédéral en matière de renouvellement de leurs contrats, qui prennent fin en décembre. L’AIIC-Canada représente les interprètes parlementaires pigistes.

Trois propositions en particulier soulèvent des difficultés notables auprès de l’association nationale.

Selon les nouvelles propositions de Services publics et Approvisionnement Canada (SPAC), les interprètes pigistes seront classés selon l’offre financière la plus basse. Ils devront aussi remplir un certain nombre de critères comme le fait de vivre dans la région d’Ottawa et être accrédités auprès du Bureau de la traduction.

C’est 50 % des répondants du questionnaire qui ont indiqué qu’il serait improbable qu’ils continuent à offrir leurs services au Parlement si ce critère financier est retenu, alors que 28 % estiment que ça serait plutôt improbable. L’AIIC-Canada dénonce le fait qu’une telle approche pénalise ses membres les plus expérimentés.

Le Bureau de la traduction réfute le fait que le prix sera le seul critère pris en compte. Mais selon l’AIIC, l’actuel contrat des interprètes pigistes exige cinq critères incluant un indice de qualité, l’accréditation et le profil linguistique. La proposition de gouvernement fédéral pour ces nouveaux contrats serait donc moins exhaustive, déplore l’association d’interprètes.

« La disponibilité, le profil langagier, l’indice de sécurité vont demeurer des critères de qualité qu’on va garder dans le prochain outil. Au niveau de l’indice de qualité, ça ne sera pas nécessairement un critère, mais ça va quand même être mesuré. Ça sera juste fait différemment », avait affirmé Lucie Lévesque, vice-présidente, Politiques et Services intégrés au Bureau de la traduction devant les députés du Comité des langues officielles.

Santé auditive et taux journalier

Il y a environ 140 interprètes accrédités en langues officielles par le Bureau de la traduction, dont 70 sont salariés et 70 sont pigistes. Cela veut donc dire qu’un peu moins de la moitié de l’ensemble des interprètes suggère qu’ils pourraient cesser d’offrir des services parlementaires.

« L’impact sera que le fonctionnement du Parlement sera compromis et que ce sera en fait contraire aux obligations légales (du gouvernement) en matière d’égalité entre les langues officielles », prévient Nicole Gagnon, porte-parole de l’AIIC-Canada.

L’une des autres propositions de SPAC est de faire passer le taux de rémunération des interprètes pigistes d’un taux journalier à un taux horaire et c’est celle-ci qui effraie le plus les membres de l’AIIC-Canada. Cette nouveauté aurait pour effet de ne payer que les heures passées au micro à y effectuer de la traduction, déplore l’AIIC-Canada.

90 % des interprètes sondés considèrent comme improbable (79 %) ou peu probable (11 %) d’offrir leurs services pour travailler sur la Colline ou lors de missions parlementaires si une telle proposition est retenue.

« Le gouvernement aurait alors à faire des choix difficiles. Soit réduire le nombre de comités, caucus et rencontres qui sont actuellement interprétés soit de demander aux interprètes encore en poste de travailler des heures supplémentaires et, ce faisant, d’aller à l’encontre de la santé auditive des interprètes », expose la porte-parole de l’AIIC-Canada.

Nicole Gagnon ne voit pas ce sondage comme une menace, mais plutôt comme une réalité que les interprètes pigistes se tourneront vers le privé pour trouver du travail, sans changement de la part du gouvernement.

« Les interprètes ne menacent personne. C’est le gouvernement qui est responsable du processus d’approvisionnement. Les pigistes, eux, n’y sont pour rien. Le gouvernement décide des règles, puis les pigistes pour leur part décident si ils les acceptent ou non ces règles-là », observe-t-elle.

L’AIIC-Canada déplore aussi que la proposition de contrat de SPAC ne mentionne pas noir sur blanc des mesures visant à protéger la santé auditive des pigistes. C’est 66 % des pigistes qui ont déclaré improbable, et 18 % comme plutôt improbable, qu’’ils puissent se soumettre à des contrats parlementaires en l’absence de tels critères.

« Les paroles s’envolent, les écrits restent et si le gouvernement se propose d’attribuer ces contrats-là sans qu’il y ait des mesures existantes pour protéger la santé auditive des interprètes dans le nouveau contrat, et bien c’est clair que la majorité d’entre eux vont dire non merci », conclut Mme Gagnon.

Fin de la grève dans les collèges ontariens après médiation

Après plus d’un mois de grève et plusieurs échecs de négociation, le personnel de soutien des collèges ontariens et le Conseil des employeurs des collèges sont finalement parvenus à une entente. L’accord, conclu à l’issue d’une médiation entre les deux parties, met fin à un conflit qui paralysait 24 établissements à travers la province, dont La Cité et le Collège Boréal.

Au bout de quelques jours de médiation, un accord a été conclu entre le Conseil des employeurs des collèges (CEC) et le personnel de soutien à temps plein des collèges. C’est ce qu’a confirmé Dan Brisson, membre de l’équipe de négociation du Syndicat des employés de la fonction publique de l’Ontario (SEFPO), joint par ONFR.

Les piquets de grève seront levés dès aujourd’hui, et les détails de l’entente seront présentés aux membres mercredi après-midi. Le retour au travail du personnel de soutien est prévu pour le jeudi 16 octobre.

« Après des mois de négociations intensives avec un employeur particulièrement difficile, les gains réalisés dans cette entente n’auraient pas été possibles sans la détermination de nos membres au cours des dernières semaines », a déclaré Christine Kelsey, présidente de l’équipe de négociation du syndicat, citée dans un communiqué du SEFPO.

Pour sa part, Graham Lloyd, directeur général du Conseil des employeurs des collèges (CEC), a exprimé sa « reconnaissants de les voir reprendre le travail. »

« Le personnel de soutien joue un rôle essentiel dans nos collèges, en appuyant les opérations et en contribuant à la réussite des étudiantes et étudiants », a-t-il ajouté.

La grève qui a été déclenchée le 11 septembre dernier dans 24 collèges publics de l’Ontario prend ainsi fin après plusieurs tentatives de négociation.

Lors de cette médiation, les collèges ont présenté plusieurs propositions. Il s’agit, selon le CEC, d’augmentations salariales de 2 % par an pour tout le personnel de l’unité de négociation, d’une indemnité de vacances à hauteur de 6 %, ainsi que de deux journées de maladie payées par an pour les membres du personnel régulier à temps partiel.

Selon le CEC, si un quart de travail est annulé à l’intérieur de 24 heures, le personnel régulier à temps partiel recevra tout de même son salaire. Il est aussi question de protections renforcées contre le harcèlement sexuel au travail, et d’un statut de candidat interne pour les employés réguliers à temps partiel qui postulent à un poste à temps plein.

Parmi les principales revendications des employés, figurait la protection des postes. Le syndicat souligne que près de 10 000 emplois ont été supprimés en un an et craignait d’autres mises à pied sans mesures de sauvegarde suffisantes. Le SEFPO réclamait des dispositions pour protéger les emplois existants, et non seulement pour gérer les pertes à venir.

A noter que l’entente de principe demeure assujettie à la ratification des membres du syndicat d’ici le 4 novembre 2025.

Fonction publique ontarienne : le gel des embauches ne touchera pas les postes francophones « essentiels »

TORONTO – En application depuis le 27 septembre dernier, le gel des embauches des organismes provinciaux publics s’appliquera aussi aux postes francophones et bilingues sauf si l’organisme détermine que ledit poste est en contact direct avec le public ou essentiel à ses fonctions, selon le bureau de la présidente du Conseil du Trésor, Caroline Mulroney.

« À compter du 27 septembre 2025, notre gouvernement met en œuvre un gel de l’embauche dans les organismes, les conseils et les organismes publics rattachés à la commission de la province. Ce gel contribuera aux efforts que le gouvernement continue de faire pour utiliser les fonds publics de façon disciplinée et responsable, tout en injectant davantage de ressources dans la prestation des services de première ligne et en réduisant le fardeau des contribuables », avait déclaré Caroline Mulroney, présidente du Conseil du Trésor, via communiqué de presse.

Ce gel s’applique également aux postes francophones et bilingues, a confirmé à ONFR une porte-parole du bureau de la ministre Mulroney, sauf si l’organisme a déterminé que le poste est en lien direct avec le public ou essentiel à ses fonctions.

« Les postes en contact avec le public ou jugés essentiels ne seront pas touchés par le gel, et ces embauches pourront donc se poursuivre dans la limite du plafond autorisé », a-t-elle précisé.

Quant à identifier et à définir la nature de ces emplois critiques, le Secrétariat du Conseil du Trésor explique que le gouvernement travaille actuellement avec les agences, pour déterminer les postes essentiels au sein de chacune. Des plans d’affaires sont à l’œuvre pour déterminer les exemptions concrètes.

Par ailleurs, la porte-parole note que le gel d’embauche actuel ne s’applique pas aux établissements de santé et d’enseignement, donc le recrutement du personnel médical ou les enseignants, car ils sont considérés comme des services de première ligne critiques.

Pas de date de fin, ni d’estimation chiffrée

Les prévisions du Bureau de la Responsabilité Financière de l’Ontario (BRF), prenant en compte des politiques actuelles et des annonces gouvernementales, prévoient que le solde budgétaire de la province devrait se détériorer et passer d’un déficit de 1,3 milliard de dollars en 2024-2025 à 12 milliards de dollars en 2025-2026.

« Il n’y a pas d’objectif d’économies exact ciblé, mais si on prend l’exemple d’une organisation qui allait embaucher 10 employés de plus l’année prochaine, avec un salaire moyen de 100 000 dollars, c’est donc un million de dollars d’économies », décrit la porte-parole.

Aucune date de fin ou d’échéance n’est pour le moment envisagée vis-à-vis de ces mesures économiques.

« Ces mesures font partie du plan de notre gouvernement visant à renforcer la surveillance et la collecte de données au sein de nos organismes, conseils et organismes publics rattachés à la commission de la province pour faire en sorte qu’ils travaillent de la façon la plus efficiente et efficace possible », décrivait le communiqué de presse.

« Depuis 2018, dans le cadre de nos efforts visant à accroître l’efficience et à favoriser l’efficacité des services gouvernementaux, nous avons réduit le nombre d’organismes provinciaux de 191 à 143. L’annonce d’aujourd’hui fait suite à ces progrès ».

La province a ainsi l’intention de collaborer avec ses organismes, conseils et organismes publics pour cadrer leurs stratégies en matière de ressources humaines.

Les autobus reprendront du service à Timmins après plusieurs semaines de grève

TIMMINS Le conseil municipal de Timmins a ratifié mardi soir la nouvelle convention collective de quatre ans avec le local 1544 du Syndicat canadien de la fonction publique (SCFP), mettant ainsi fin à la grève du transport en commun qui paralysait la ville depuis le 29 septembre.

L’entente avait déjà été ratifiée par les membres du syndicat lors d’un vote tenu samedi, avec 27 voix pour et 5 contre.

L’offre de la Ville, identique à celle proposée avant le début de la grève, prévoit une hausse salariale de 8 % pour les mécaniciens, de 4,5 % pour les chauffeurs et de 1 % pour le personnel d’entretien, en plus d’une augmentation annuelle de 3 % pendant chacune des quatre années du contrat.

Des membres du SCFP 1544 ont reçu l’appui d’autres syndicats, dont le local 624 du Syndicat des travailleurs et travailleuses des postes, venus manifester leur solidarité sur la ligne de piquetage. Photo : Gracieuseté de Jamie Wendy Judd-Birch

Des améliorations sont également prévues pour les primes de jours fériés, la couverture optique, les chaussures de sécurité et les vacances des employés de longue date.

« Nous avons présenté une offre juste et responsable », a déclaré le directeur général de la Ville, Dave Landers, à la suite du vote. « Notre priorité a toujours été d’assurer une rémunération équitable à nos employés tout en maintenant un service de transport en commun viable. L’objectif maintenant est de remettre les autobus sur la route le plus rapidement et le plus efficacement possible. »

Une reprise samedi

Le service régulier, le transport adapté ainsi que la ligne Express de Northern College devraient reprendre dès le 18 octobre, le temps que les vérifications mécaniques et les inspections de sécurité soient complétées.

La mairesse Michelle Boileau a précisé que les détails concernant la reprise complète du service seront communiqués au public mercredi. « Il est important que la reprise se fasse de manière sécuritaire et ordonnée, pour nos employés comme pour les usagers », a-t-elle affirmé mardi soir.

La grève a perturbé les déplacements quotidiens de milliers de citoyens, affectant notamment les trajets domicile-travail, et les étudiants du Northern College.

La grève des employés de Timmins Transit a débuté fin septembre, après que les négociations sur les conditions de travail et la rémunération avec la Ville ont stagné.

Le local 1544 du SCFP avait alors déclaré que les employés du service de transport en commun de Timmins figuraient parmi les moins bien rémunérés de la province et que la frustration s’accumulait depuis plusieurs années.