Toxicomanie et itinérance : un centre d’aide bilingue pour l’ouest d’Ottawa

Un nouveau carrefour d’aide aux sans-abri et de lutte contre les dépendances (AIDE) ouvrira ses portes à Bells Corners en 2026. Ce centre bilingue regroupera des services de santé, de stabilisation, de traitement et d’aide au logement afin de mieux répondre aux besoins d’une population en forte croissance dans l’ouest d’Ottawa.

Un nouveau carrefour d’aide aux sans-abri et de lutte contre les dépendances (AIDE) ouvrira ses portes dans l’Ouest d’Ottawa au début de 2026. Il sera situé au 2194 chemin Robertson à Bells Corners.

Le centre regroupera des services de santé, de soutien social et de traitement en toxicomanie, ainsi que des ressources d’aide au logement. Les services seront offerts en français et en anglais, précisent ses responsables.

« Les personnes francophones seront bien accueillies, tout comme les anglophones », affirme Tamara Chipperfield, présidente-directrice générale du Centre de santé communautaire Pinecrest-Queensway.

Pour Tamara Chipperfield, PDG du Centre de santé communautaire Pinecrest-Queensway, le carrefour AIDE contribuera à réduire la pression sur les urgences. Photo : Amine Harmach / ONFR

Selon elle, la demande pour des services en santé mentale et en dépendance ne cesse de croître.

« Il y a un grand manque de services dans toute la ville, particulièrement dans les banlieues plus rurales. Nos urgences reçoivent fréquemment des personnes en crise. Ce centre permettra d’offrir un soutien plus spécialisé et de réduire la pression sur le système de santé », relève Tamara Chipperfield.

Le carrefour AIDE offrira des services de sevrage, de stabilisation et de traitement, adaptés à la complexité de chaque situation.

Pour Marie-Andrée Carrière, directrice des services en dépendance et en rétablissement chez Montfort Renaissance, la dimension linguistique est essentielle.

« La population francophone de l’ouest d’Ottawa a beaucoup augmenté. Il est primordial d’offrir des services accessibles en français pour mieux desservir ces résidents », souligne-t-elle.

Du sevrage au logement

Mme Carrière explique que Montfort Renaissance gérera les lits de sevrage et de stabilisation résidentielle, deux étapes cruciales du processus de rétablissement.

« Le sevrage est une phase critique, tant sur le plan physiologique que social. Les patients reçoivent un accompagnement médical et un soutien constant. Par la suite, la stabilisation résidentielle leur permet de retrouver un rythme de vie sain et de se préparer à un traitement plus long. » explique-t-elle.

Les patients seront ensuite orientés vers des programmes de traitement de longue durée et de stabilisation, situés dans des espaces existants loués par le carrefour AIDE de l’ouest d’Ottawa au sein de l’Hôpital Royal.

Le continuum de soins permettra d’aller « de l’urgence médicale jusqu’à un logement sécuritaire », notamment grâce à un partenariat avec Ottawa Salus pour l’hébergement à long terme, ainsi qu’à la collaboration de sept partenaires communautaires apportant chacun leur expertise soit le soutien à l’emploi, l’accompagnement dans le parcours patient, la santé mentale, etc.

« Le carrefour AIDE vient combler une lacune importante dans l’ouest d’Ottawa, une région historiquement sous-desservie », souligne-t-elle.

Un projet appuyé par la Ville et les résidents

La conseillère municipale Laine Johnson se réjouit de cette annonce.

« Dans le quartier Collège, environ 10 % des résidents sont francophones. C’est un secteur diversifié, et les services de santé concernent tout le monde. J’espère que les francophones pourront aussi en bénéficier », se félicite-t-elle.

Laine Johnson, conseillère municipale du quartier Collège, estime que le carrefour AIDE contribue à décentraliser les services de santé et de dépendance dans l’ouest d’Ottawa. Photo : Amine Harmach / ONFR

Elle rappelle que ce projet s’inscrit dans une démarche de décentralisation des services : « Trop souvent, les ressources sont concentrées au centre-ville, alors que de nombreuses personnes de l’ouest y ont difficilement accès. »

Avant l’annonce officielle, les partenaires du projet ont rencontré des élus, commerçants et organismes communautaires du secteur.

« Nous avons frappé aux portes pour présenter nos services et rassurer nos voisins. Nous voulons être de bons partenaires communautaires », explique Mme Chipperfield.

D’ici l’ouverture, plusieurs rencontres communautaires auront lieu afin de maintenir un dialogue avec la population locale.

« L’objectif est de créer des liens de confiance et d’assurer une communication ouverte », précise Mme Johnson.

Un investissement provincial majeur

Le député provincial de Carleton George Darouze rappelle que le carrefour AIDE, n’est pas un centre d’injection supervisée.

« Ce n’est pas un endroit pour distribuer des seringues ou des trousses d’inhalation sécuritaire. Il s’agit d’un lieu d’accompagnement qui réunit plusieurs partenaires pour soutenir les familles, les aînés et la communauté », explique-t-il.

George Darouze, député provincial de Carleton, rappelle que le carrefour AIDE, vise à offrir des services d’accompagnement et de rétablissement, et non de consommation supervisée. Photo : Amine Harmach / ONFR

Selon lui, les carrefours AIDE représentent « une avancée décisive dans la réduction des disparités en matière de santé mentale et de toxicomanie ».

Ils s’inscrivent dans un investissement provincial de 550 millions $ destiné à créer 28 centres AIDE à travers l’Ontario afin d’améliorer l’accès au traitement et à la prévention.

Le carrefour AIDE de l’ouest d’Ottawa sera le deuxième dans la capitale, après celui du Centre de santé communautaire Somerset Ouest.

L’Est ontarien en compte également deux autres, notamment dans le secteur du Comté de Lanark et des Comtés unis de Leeds et Grenville ainsi que dans le Comté de Renfrew.


Ces carrefours AIDE font partie d’une nouvelle approche provinciale, lancée en août 2024 par le gouvernement de l’Ontario dans la foulée de la fermeture de plusieurs centres de consommation supervisée.

Ils visent, selon la province, à soutenir la santé des personnes aux prises avec une consommation de substances et favoriser leur stabilité en matière de logement.

Étudiants étrangers : Inquiétude et incertitude pour les établissements francophones

OTTAWA — La nouvelle ronde de coupures dans les permis d’études internationaux inquiète des établissements francophones postsecondaires dans la province. Queen’s Park accuse Ottawa de « mettre en péril » la stabilité des collèges et universités ontariens.

« En agissant unilatéralement sur les règles encadrant les étudiants étrangers, le gouvernement fédéral contraint les établissements d’enseignement postsecondaire de l’Ontario et d’ailleurs au Canada à faire face à des choix difficiles qui mettent en péril leur stabilité et leur rayonnement à long terme », a indiqué Bianca Giacoboni, attachée de presse du ministre des Collèges et Universités, Nolan Quinn dans une déclaration.

Dans son budget, le gouvernement Carney indique qu’il réduira de moitié le nombre de nouveaux permis qu’il délivra en 2026, 2027 et 2028. Au total, Ottawa compte accueillir 450 000 nouveaux étudiants internationaux. Ce nombre n’inclut pas ceux qui étudient déjà dans un établissement postsecondaire au Canada cette année. Dans son Plan des niveaux en immigration de l’an dernier, le plafond des nouveaux permis d’études nationaux sur trois ans était de 917 700.

« Si c’est aussi draconien que le laisse entendre le budget, ça serait une surprise pour nos établissements », lance Martin Normand, président et directeur général de l’Association des collèges et universités de la francophonie canadienne (ACUFC).

L’ACUFC qui représente la vingtaine d’établissements francophones hors du Québec dit attendre plus de détails de la part d’Immigration, Réfugiés et Citoyenneté Canada (IRCC), mais déplore que cela place à nouveau ses établissements dans une position d’incertitude.

« À première vue, ça peut apparaître comme étant une baisse importante du nombre qui est inclus dans le plan des niveaux et c’est inquiétant. C’est préoccupant autant pour l’association que pour nos membres », affirme Martin Normand.

En 2024, les annonces de baisse de permis d’études avaient envoyé comme message que le Canada voulait moins d’étudiants internationaux, étale M. Normand, ce qui avait nui aux efforts de recrutement. Il craint une seconde ronde.

« Il ne faut pas sous-estimer les réseaux d’études internationaux qui existent, la vitesse à laquelle les messages circulent », dit-il.

Martin Normand occupe le poste de président-directeur général de l’ACUFC. Gracieuseté photo

« Il y a des établissements qui sont déjà sur le terrain pour faire le recrutement international en ce moment, poursuit le représentant de l’ACUFC. Il va falloir que très rapidement, les provinces soient mises au courant de la façon dont seront distribués le nombre d’attestations provinciales et comment les provinces les distribuent aux établissements », demande-t-il.

En Ontario français

Nous avons contacté les établissements francophones de la province pour avoir leur réaction par rapport à l’annonce d’Ottawa. La plupart d’entre eux nous ont répondu qu’ils attendaient plus de détails provenant du ministère fédéral avant de réagir plus en profondeur. La Cité nous a indiqué qu’il était « encore trop tôt pour porter un jugement éclairé », mais indique que dans « le contexte où la francophonie hors Québec demeure fragile, toute réduction des cibles d’immigration nous préoccupe ».

« Nous souhaitons vivement qu’IRCC respecte la Loi sur les langues officielles », nous a répondu son seul autre confrère en Ontario français, le Collège Boréal, qui soutient aussi attendre plus de détails.

Au niveau universitaire, le recteur de l’Université de l’Ontario français Normand Labrie indique qu’une « nouvelle réduction des visas d’étude pourrait avoir pour conséquence à moyen terme de compromettre la viabilité de certains programmes d’étude ». L’Université de Hearst et l’Université d’Ottawa n’ont pas répondu à nos questions.

Le commissaire aux langues officielles a récemment donné raison à l’ACUFC dans une décision portant sur le plafond des permis d’études implanté en 2024. Raymond Théberge a notamment exigé que le ministère fédéral consulte les établissements francophones d’ici douze mois et que, basé sur cela, il doive par la suite prendre « des mesures positives concrètes fondées sur le résultat des activités… afin d’éviter ou d’atténuer les incidences négatives relevées, le cas échéant ».

Martin Normand insiste pour que les recommandations du commissariat aux langues officielles soient prises en compte dans l’attribution des nouveaux permis d’études. Lors d’un breffage technique mercredi, de hauts fonctionnaires d’IRCC ont indiqué que la distribution des permis d’études entre provinces serait effectuée par la même méthode, soit au prorata de la population.

« Fierté et soulagement » à Timmins avec l’inauguration du Centre de santé communautaire

Michelle Stevens est directrice du Centre de santé communautaire de Timmins.

Le Centre de santé francophone de Timmins (CSCT) ouvre officiellement ses portes ce vendredi apprès-midi dans un nouveau bâtiment de 10 000 pieds carrés au 120 rue Kent, après cinq ans de préparation, regroupant enfin sous un même toit des services jusqu’ici dispersés entre la clinique du centre commercial Timmins Square et les bureaux administratifs du centre-ville, sur l’avenue Wilson.

Avec ce nouveau centre, l’organisme souhaite répondre à la forte demande de services de santé en français tout en planifiant l’expansion nécessaire pour desservir l’ensemble des clients de la communauté francophone.

« Comment vous sentez-vous avec l’ouverture officielle du nouveau centre?

C’est un mélange de sentiments pour moi. Je ressens surtout beaucoup de fierté et un soulagement. C’est un moment symbolique et marquant. Lors du déménagement, nous avions pris possession du bâtiment le 16 ou 17 octobre, et depuis, nous étions dans les préparatifs et le rangement. Il nous restait des boîtes à trier jusqu’à la dernière minute.

Au niveau de la capacité d’accueil, combien de clients pouvez-vous recevoir?

Depuis le début de mon mandat, nous avons vu une croissance d’environ 300 %. Nous comptons maintenant plus de 1700 clients inscrits. Nous avons aussi élargi nos services en soins pédiatriques et notre équipe est passée de 17 à 24 employés à temps plein. L’édifice est utilisé à pleine capacité et nous devons être créatifs avec les horaires et l’utilisation des salles d’examen pour assurer qu’il y ait suffisamment de place.

Michelle Stevens a pris la tête du Centre de santé communautaire lors de sa création en 2020, un an après son ouverture, concrétisant ainsi le combat de 30 ans mené par la communauté pour obtenir un centre de santé francophone à Timmins. Photo : Inès Rebei/ONFR

Comment expliquez-vous qu’autant de personnes se soient inscrites?

L’augmentation s’est faite graduellement, au fur et à mesure que nous ajoutions des intervenants et des services. L’expansion en pédiatrie a ajouté six postes, ce qui a fait une grosse différence. Nos activités communautaires ont aussi contribué à donner de la visibilité au centre dans la communauté. Nous travaillons de près avec nos partenaires pour offrir des services en français et répondre aux besoins de ceux qui n’ont pas encore de soins primaires, ce qui représente environ 30 % de la communauté.

L’intérieur du nouveau bâtiment de la rue Kent. Photo : Inès Rebei/ONFR

Comment avez-vous conçu le centre et choisi son modèle?

Nous avons commencé à travailler avec le ministère de la Santé en 2020. Ils avaient déjà des paramètres très clairs : nombre d’intervenants, volume de consultations, superficie du bâtiment. Cela nous a permis d’élaborer un document détaillé pour le ministère sur les besoins et le volume de clients, ce qui a ensuite guidé notre travail avec les architectes. Nous avons également tenu compte des besoins identifiés par la communauté francophone, comme des services de travail social, physiothérapie, infirmière praticienne, médecin et des activités communautaires.

Certains services n’ont pas été intégrés au centre, comme la psychologie ou la dentisterie. Comment gérez-vous ces besoins?

Nous n’avons pas de psychologue employé directement par le centre, mais nous travaillons en partenariat avec plusieurs fournisseurs dans la communauté pour offrir ces services. Pour la psychiatrie, nous collaborons avec Monfort pour des consultations virtuelles. Quant à la dentisterie, aucun poste n’avait été approuvé par le ministère pour le centre.

De gauche à droite, George Pirie, ministre des Mines, Michelle Boileau, mairesse de Timmins, Nolan Quinn, adjoint parlementaire à la ministre de la Santé, Michelle Stevens et Karine Briand, présidente du conseil d’administration du CSCT lors de la pelletée de terre le 23 mai 2024. Photo : George Pirie/X

Avez-vous rencontré des obstacles particuliers durant le développement du centre?

Le recrutement d’intervenants francophones qualifiés reste un défi. Il est parfois difficile de convaincre des professionnels bilingues de postuler, car certains doutent de leur capacité à rédiger des notes en français. Malgré tout, nous avons une équipe solide et travaillons avec nos partenaires et le ministère pour répondre aux besoins de la clientèle. La pénurie de professionnels dans certains secteurs, comme les soins infirmiers et la médecine, demeure un défi.

Quelles activités communautaires allez-vous proposer maintenant que le centre est prêt?

Nous pouvons maintenant offrir une programmation plus flexible grâce à notre salle multifonction. Avant, certaines activités, comme le yoga, se faisaient dans des gymnases extérieurs. Maintenant, trois activités peuvent avoir lieu simultanément sur place, ce qui réduit les barrières et facilite l’accès à la programmation communautaire.

Pensez-vous à une expansion du centre ou à du financement additionnel?

Pour le moment, je ne rêve pas d’expansion. Il y a énormément de travail derrière un projet de construction ou de rénovation, et il faut respecter les postes approuvés par le ministère. Même si nous aurons probablement besoin d’élargir l’offre de services à l’avenir, toute expansion devra suivre les paramètres déjà approuvés. »

1 million de plus pour les Affaires francophones et 1 milliard de moins pour le déficit de l’Ontario

TORONTO – Le ministre des Finances a publié la mise à jour financière du budget 2025, dont la rhétorique est axée sur des mesures anti-tarifs. Le déficit de l’Ontario, qui a baissé de 1,1 milliard de dollars, conserve un montant record de 13,5 milliards. L’opposition officielle dénonce un énoncé économique «  qui échoue à répondre aux besoins des travailleurs » et au taux de chômage de 7,8 %. Pas de nouveauté côté francophonie, mais le budget du ministère des Affaires francophones passe à 12,3 millions, grâce à un financement de 1 million pour des événements francophones, annoncé lors du Jour des Franco-Ontariens.

Le 25 septembre dernier, la ministre des Affaires francophones Caroline Mulroney, annonçait un investissement d’un million de dollars cette année pour soutenir des événements mettant en valeur la contribution des francophones en l’Ontario, et favorisant leur développement culturel et économique.

Ce financement à caractère exceptionnel se reflète ainsi dans le montant alloué au ministère des Affaires francophones, qui passe de 11,3 à 12,3 millions de dollars : « l’Ontario est fier de célébrer cette étape avec la communauté francophone et d’investir un million de dollars supplémentaire cette année », peut-on lire dans le document.

Bien qu’aucune nouveauté francophone ne soit annoncée, le gouvernement a rappelé son engagement envers la construction du nouveau bâtiment du Mouvement d’implication francophone d’Orléans (MIFO). Un financement de 15,7 millions de dollars tiré du Fonds pour l’infrastructure communautaire des sports et des loisirs (FICSL), permettant « d’offrir de nouveaux services, comme des camps spécialisés, des programmes de conditionnement physique accessible et des événements communautaires ».

Autre rappel, le financement de l’Ontario datant de juillet dernier d’un montant de 10,8 millions de dollars pour l’Université de Sudbury, qui « offrira des programmes dans les domaines des sciences de la santé, de la gestion et du commerce, de sciences sociales et des arts, en partenariat avec l’Université d’Ottawa ».

Déficit et mesures anti-tarifs

Via ses « Perspectives économiques et revue financière 2025 : un plan pour protéger l’Ontario », le gouvernement prévoit un déficit de 13,5 milliards de dollars en 2025-2026, soit « une amélioration par rapport au déficit de 14,6 milliards prévus dans le budget de 2025 ».

Celui-ci prévoit ensuite un déficit de 7,8 milliards de dollars pour 2026-2027 et envisage un retour à l’équilibre financier à l’horizon 2027-2028, avec un excédent de 200 millions de dollars.

L’Ontario annonce que la croissance du PIB, affectée par « la politique commerciale et les tarifs douaniers », ralentira à 0,8 % en 2025, 0,9 % en 2026, 1,8 % en 2027 et 1,9 en 2028 – Des valeurs légèrement inférieures à ce qui était prévu par le budget de mai dernier.

Le ministre des Finances maintient la rhétorique de protection des travailleurs et entreprises touchés par les tarifs douaniers américains : « bâtir une économie plus concurrentielle, résiliente et autosuffisante en réduisant les formalités administratives, en investissant dans l’infrastructure, en soutenant les travailleurs, en améliorant les services et en rendant la vie plus abordable ».

Parmi les mesures mises de l’avant, certaines avaient déjà été annoncées au cours de ces dernières semaines :

  • Une nouvelle remise éliminerait la portion provinciale de la TVH (8 %) pour les acheteurs d’un premier logement sur des habitations neuves admissibles d’une valeur maximale de 1 million de dollars – L’équivalent d’une économie de 80 000 dollars sur l’achat, selon le ministère des Finances.
  • L’Ontario propose de bonifier et d’élargir temporairement son crédit d’impôt pour l’investissement (CIIFO), notamment en faisant passer le taux de 10 % à 15 % et en le rendant accessible aux sociétés non contrôlées par des intérêts canadiens, dans le but de stimuler la fabrication et la compétitivité.
  • Un investissement de 20 millions de dollars dans les centres POWER d’intervention en emploi est prévu, permettant à la province d’intervenir de manière proactive, avant et dans les 24 heures suivant les mises à pied, pour offrir formation et perfectionnement aux travailleurs.
  • 100 millions de dollars supplémentaires pour le Fonds l’Ontario ensemble pour le commerce (FLOEC) à destination des PME soit un financement total de 150 millions sur 3 ans dès 2025-2026.
  • Le Programme de financement pour protéger l’Ontario (PFPO) lancé en août dernier est doté d’une enveloppe de 1 milliard pour aider les entreprises touchées par les tarifs élevés des secteurs de l’acier, de l’aluminium, du cuivre et de l’automobile.
  • 600 millions de dollars sont alloués au Fonds pour investissements Ontario soit un total de 1,3 milliard pour offrir « plus de prévisibilité pour les investisseurs ».
  • Un investissement allant jusqu’à 3,5 milliards avec le gouvernement fédéral via Partenariat canadien pour une agriculture durable pour renforcer la compétitivité et résilience du secteur agricole.

Un échec selon l’opposition

La cheffe de l’opposition officielle Marit Stiles et la porte-parole des finances, Jessica Bell, ont dénoncé un exposé économique qui « échoue à répondre aux besoins des travailleurs ». Celles-ci jugent que le document n’apporte aucune solution aux crises du logement et de l’emploi, citant un taux de chômage de 7,8 % — « le plus élevé depuis dix ans » — et des mises en chantier « à leur plus bas niveau depuis une décennie ».

Le NPD exhorte le gouvernement de donner la priorité à la protection et à la création d’emplois, en renforçant le soutien aux entreprises locales et aux secteurs de ressources critiques, et à investir dans les infrastructures sociales (logement, santé, éducation, garde d’enfants), en assurant une augmentation de l’aide sociale (élargissement de la couverture publique des médicaments et des soins de santé mentale).

Le chef du Parti vert Mike Schreiner a condamné un gouvernement « aux abonnés absents » qui n’a « aucun plan pour les familles qui font la queue aux banques alimentaires (…) pour les 80 000 personnes sans-abri (…) pour les jeunes qui travaillent si dur, mais n’arrivent pas à progresser face au chômage élevé et à l’explosion des coûts du logement ».

Le Parti libéral de l’Ontario a taxé les décisions de Doug Ford d’imprudentes, ayant affaibli le système de santé, d’éducation et l’économie.

Le député d’Ottawa-Sud et chef parlementaire du parti John Fraser a déclaré : « Les familles ont du mal à payer leur loyer et leurs courses, les hôpitaux sont au bord de la rupture et les jeunes ne trouvent pas de travail. Doug Ford est déconnecté de la réalité et à court d’excuses. »

« Nous avions besoin d’allégements fiscaux pour les personnes à revenu moyen, de soutien pour les petites entreprises et de financement pour les collèges et les universités afin de former nos jeunes aux emplois de demain, mais nous n’avons rien vu de tout cela », a pointé du doigt Stephanie Bowman, députée provinciale de Don Valley Ouest et porte-parole libérale en matière de finances et de commerce.

La protection des librairies franco-ontariennes débattue à Queen’s Park

Le projet de loi de la députée libérale Lucille Collard (Ottawa-Vanier), visant la promotion et la protection des librairies franco-ontariennes, sera de nouveau débattu à l’Assemblée en fin de journée. Il vise notamment à garantir que les institutions financées par des fonds publics se procurent leurs livres en français auprès de ces librairies franco-ontariennes, « comme le réclame la communauté depuis longtemps ».

Déposé le 20 octobre dernier, et adopté en première lecture, le projet de loi 58 « Loi de 2025 pour la promotion et la protection des librairies franco-ontariennes » sera débattu ce jeudi en fin d’après-midi en chambre. Il pourrait passer en seconde lecture et ainsi ouvrir la voie à une législation unique en Ontario visant à protéger et assurer la survie des librairies franco-ontariennes.

« Ces librairies franco-ontariennes sont les gardiennes de la culture francophone et de la langue française. » souligne la députée francophone Lucille Collard qui rappelle que la communauté réclame depuis longtemps ce genre de protection.

Lucille Collard, députée libérale d’Ottawa-Vanier. Photo : gracieuseté

L’élue d’Ottawa-Vanier indique s’être inspirée d’une loi du Québec, la « Loi sur le développement des entreprises québécoises dans le domaine du livre », adoptée en 1981, qui a pour effet de protéger les librairies québécoises.

Mme Collard a été sensibilisée à la précarité financière des librairies franco-ontariennes lors d’une visite à la Librairie Le Coin du livre à Ottawa.

« La propriétaire, Nathalie Savard, a repris le commerce au décès de son père et est déterminée à assurer sa survie. Cependant, l’insécurité financière représente un stress énorme. Cette insécurité est notamment due à la compétition internationale avec des fournisseurs comme Amazon ou Chapters qui peuvent offrir des prix plus avantageux. »

Si adoptée, la loi exigerait notamment que la ministre des Affaires francophones nomme un registrateur des librairies franco-ontariennes. Les propriétaires et les exploitants de librairies pourraient alors faire une demande d’accréditation en tant que librairie franco-ontarienne reconnue.

Le recours aux prix prédateurs ou à l’octroi d’avantages cachés par les vendeurs de livres est interdit, sous peine de révocation de cette accréditation.

Concernant l’obligation de s’approvisionner auprès des librairies franco-ontariennes, « il n’y a pas de quota fixé, mais les conseils scolaires francophones sont certainement visés », explique Mme Collard.

La Loi permettrait également au ministère des Affaires francophones de créer un fonds de soutien provincial afin d’aider les librairies franco-ontariennes à moderniser et à maintenir leurs activités.

Son adoption impliquerait une modification de la Loi sur les services en français pour exiger que les organismes gouvernementaux contribuent, sous le régime de cette loi, au maintien et au développement des institutions culturelles franco-ontariennes, y compris au développement des librairies.

« L’obligation dans le projet de loi procurerait un revenu plus constant pour les librairies en leur assurant une part du marché importante. C’est une mesure qui est tout à fait en harmonie avec nos valeurs de soutenir nos petites et moyennes entreprises locales », soutient Lucille Collard.

« Il n’y aurait toutefois pas d’obligation pour le gouvernement d’investir pour ouvrir de nouvelles libraires, mais le projet de loi ouvre la porte », précise-t-elle.

Francophonie : Guilbeault rejette du revers de la main les critiques sur le budget

OTTAWA — Le ministre des Langues officielles Steven Guilbeault s’explique mal les critiques que son gouvernement reçoit de la part des francophones hors Québec en réaction au budget fédéral.

« C’est un budget où la francophonie est un peu absente », constate le président de l’Assemblée de la francophonie de l’Ontario (AFO), Fabien Hébert, moins de 24 heures après le dépôt du budget fédéral.

La Fédération des communautés francophones et acadienne du Canada (FCFA) déplore aussi que la francophonie soit très peu mentionnée.

« On n’a pas vu d’éléments dans le budget où nous (les francophones) puissions participer à faire partie de la solution. C’est ça qui nous déçoit », avance la présidente de la FCFA Liane Roy.

« Honnêtement, je comprends mal cette sortie-là », a lancé Steven Guilbeault à ONFR avant un caucus des libéraux mercredi matin, réagissant aux propos de la FCFA.

Ce dernier soutient que « notre gouvernement fait des investissements historiques dans les langues officielles », citant notamment le Plan d’action pour les langues officielles de 4,1 milliards de dollars, annoncé en 2023.

« On a réformé la Loi sur les langues officielles, les règlements et la nomination d’un nouveau ou d’une nouvelle commissaire s’en vient », a-t-il énuméré par la suite.

« C’est la première fois dans l’histoire du pays qu’on atteint nos objectifs d’immigration francophone hors Québec, poursuit-il. On a atteint le 4 %, on est à 7 % présentement et on va être à 8 % bientôt et on veut se rendre à 12 %. Honnêtement, je comprends très, très mal cette sortie-là », a répété le ministre des Langues officielles.

L’exercice financier dévoilé mardi par le ministre des Finances François-Philippe Champagne est bien maigre pour la francophonie alors qu’aucune nouvelle mesure n’a été annoncée. Toutefois, aucune coupure portant spécifiquement sur les langues officielles ne se trouve dans le volumineux document de 458 pages.

« Allons chercher les clarifications qu’on a besoin et ensuite on pourra qualifier si elles en ont fait assez. On a de la difficulté à comprendre si les programmes francophones seront affectés ou pas », affirme Fabien Hébert en réponse aux propos du ministre Guilbeault.

Autant l’AFO que la FCFA appellent le gouvernement Carney à préciser le détails des compressions dans les ministères suivants : Immigration, Réfugiés et Citoyenneté Canada (IRCC), Emploi et Développement social Canada et Patrimoine canadien.

« Ce sont des ministères qui vont avoir des coupes assez importantes. Est-ce qu’on va protéger les services ou les programmes en français pour monsieur et madame tout le monde? », s’interroge Mme Roy.

« C’est là que l’on reste un peu sur notre appétit, car on n’a pas ces détails-là », ajoute-t-elle.

Liane Roy, la présidente de la FCFA Source : compte Twitter Liane Roy

« Il y a des leviers intéressants, mais il manque de viande sur l’os pour bien comprendre comment ça (le budget) va venir affecter les programmes pour les francophones, soit positivement ou négativement », affirme Fabien Hébert.

Liane Roy salue toutefois les investissements annoncés pour Radio-Canada et l’augmentation du financement pour la Fête nationale de l’Acadie alors que l’AFO voit d’un bon œil la reconnaissance des titres de compétences étrangers et de nouveaux investissements en santé.

Un an après l’élection de Trump : la nouvelle réalité des travailleurs transfrontaliers de Windsor

WINDSOR – Rencontre avec trois travailleurs transfrontaliers, qui vivent à Windsor et travaillent à Détroit, naviguant quotidiennement ou presque entre l’Ontario et le Michigan. Un an après l’élection de Donald Trump à la Maison-Blanche (5 novembre 2024), ils racontent les changements observés à la frontière. De leurs domaines respectifs, ingénierie, recherche, enseignement, et différents statuts légaux, leur expérience varie grandement allant d’une grande fluidité à des difficultés à traverser.

Jovin Mwizerwa a toujours travaillé aux États-Unis. Pourtant, cet ingénieur d’une grosse enseigne de l’industrie automobile vit à Windsor depuis une vingtaine d’années avec sa famille. Il y est d’ailleurs président de la communauté rwandaise.

Muni de son permis de travail, il traverse quotidiennement la frontière pour se rendre à Détroit, et conduit ensuite 45 minutes pour se rendre sur son lieu de travail.

« En 26 ans, je n’avais jamais entendu personne rencontrer de difficultés, à part quelques rares cas. D’ailleurs, avant dans la région, on ne se rendait pratiquement pas compte qu’il s’agissait de deux pays différents ».

Depuis la mise en place des tarifs douaniers, il rapporte ne pas avoir expérimenté d’obstacle particulier aux douanes, contrairement à certaines connaissances qui se sont plaintes de comportements plus sévères de la part des agents.

Jovin Mwizerwa nous rencontre au Centre communautaire francophone de Windsor. Photo : Sandra Padovani/ONFR

« Personnellement, je n’ai vu aucune différence. Quelques amis détenteurs de permis de travail les trouvent plus inquisiteurs. Ça reste avant tout une expérience individuelle », nuance-t-il.

Rien à voir pour lui avec l’après-tragédie du 11 septembre : « Il y avait des jours où je passais deux heures à attendre, et ce pendant des mois. Cette année était difficile, se souvient-il. J’avais pensé plusieurs fois à quitter mon emploi. On devait ouvrir les voitures, il y avait même des chiens. Mais d’un autre côté, cette sécurité ne nous déplaisait pas, on avait peur que le pont soit une cible. »

Si sa routine reste actuellement inchangée aux douanes, Jovin a toutefois observé une différence notable.

À la frontière, l’attente est beaucoup moins longue : « Sur le pont Ambassador, il y a toujours eu beaucoup de camions. Maintenant, il y en a visiblement moins. Mon temps d’attente a été réduit de moitié. J’attends rarement plus de 15 min, contre 30 minutes auparavant. Les vendredis, cela pouvait s’élever à 1h. C’en est même un peu inquiétant par rapport à l’état des échanges commerciaux entre les deux pays. »

Limiter les allers-retours

Guillaume Teasdale est lui professeur agrégé d’histoire et codirecteur du groupe de recherche sur l’histoire des Grands Lacs de l’Université de Windsor. Ses recherches s’attachent, entre autres, aux régions frontalières d’Amérique du Nord.

Un sujet d’étude qui lui aurait valu des suspicions de la part des douaniers américains.

« On me demande souvent d’aller faire des présentations aux États-Unis sur l’histoire de la région. J’en fais énormément depuis 2012. Souvent, ils me demandent si je suis payé pour ça. Une des dernières fois où je suis passé, ils ont fouillé ma voiture pendant que j’étais interrogé. »

« En tant que professeur, automatiquement on me colle l’étiquette d’un dissident de gauche qui essaie de laver le cerveau de nos étudiants. C’est insensé. »

D’ajouter que d’autres fois, cela s’est passé sans aucun encombre, dépendant grandement des personnes sur lesquelles on tombe.

« Mais quand on entend que des Canadiens se sont fait fouiller le téléphone et interdire l’entrée aux États-Unis, ça fait peur », témoigne-t-il.

Guillaume Teasdale dans son bureau du département d’histoire de l’Université de Windsor. Photo : Sandra Padovani/ONFR

« Je collabore beaucoup avec des collègues au Michigan. Le problème se pose quand on veut traverser la frontière pour organiser des événements. »

Le département d’histoire voulait monter un colloque avec une université du Michigan et de l’Ohio à l’Université de Windsor, portant sur l’histoire du Underground Railroad, les Afro-Américains, fuyant l’esclavage, et réfugiés au Canada et au Mexique.

« On comptait inviter 20 chercheurs du Mexique, des États-Unis et du Canada. Avec ce qui s’est passé dans les derniers mois (la guerre tarifaire), on a décidé de mettre le projet sur la glace. Parmi les chercheurs, certains n’ont pas la nationalité américaine. Le risque étant que, une fois sortis des États-Unis, ils ne puissent plus y rentrer. Les gens ne se sentent en effet plus en sécurité de traverser la frontière. »

M. Teasdale indique continuer à s’y rendre pour le travail, mais que ce climat d’insécurité l’incite à limiter les aller-retours dans sa vie personnelle avec sa famille, avec qui il ne part plus en vacances aux États-Unis.

Des réticences à traverser malgré la double nationalité

Towela Magai Okwudire est professeure de français dans un collège américain, la Roeper School à Birmingham, Michigan. Elle est aussi la fondatrice et directrice d’une école de langues en ligne dispensant des cours de français aux adultes américains et canadiens.

Longtemps résidente de Windsor à temps plein, elle vit depuis 2011 dans la banlieue de Détroit avec l’un de ses fils. Son deuxième étudie, lui, à l’Académie Ste-Cécile de Windsor où il habite la semaine avec ses grands-parents.

Détentrice d’une double nationalité canadienne et américaine, elle vient le chercher tous les vendredis et le ramène tous les lundis, en plus de naviguer des deux côtés de la frontière pour son travail.

Towela a remarqué une différence d’attitude notoire de la part des douaniers depuis l’arrivée au pouvoir de Donald Trump. Les questions posées à la frontière et la lourdeur administrative lui rappellent d’ailleurs les années de pandémie.

Towela Magai Okwudire navigue chaque semaine des deux côtés de la frontière pour son travail et sa vie de famille. Photo : Sandra Padovani/ONFR

« Il y a plus de tensions des deux côtés, note celle-ci. Traverser, on ne peut pas vraiment le prendre pour acquis. Alors qu’avant, c’était sans réfléchir. »

« Un jour j’ai invité un groupe d’élèves et leurs parents américains à venir prendre part à un concours francophone à Windsor. Ils étaient très nerveux à l’idée d’avoir des difficultés à rentrer au Canada, mais tout autant à l’idée de ne pas pouvoir rentrer aux États-Unis, bien qu’ils en soient citoyens. »

En cause, l’angoisse d’être détenus pour le contenu de leurs téléphones cellulaires par exemple. Une angoisse qu’elle partage : « J’hésite à publier mes opinions politiques sur les réseaux sociaux pour cette même raison. »

L’enseignante explique qu’elle était une fois accompagnée de sa mère canadienne qu’elle avait invitée à venir assister à l’une de ses classes de français pour adultes à Détroit. Elles ont été retenues dans le bureau, les douaniers exigeant un permis d’études de sa mère retraitée.  

« Le scénario ne s’est pas reproduit, mais il faut faire attention parce que s’ils refusent ton entrée, ça reste dans ton dossier. Je m’assure toujours d’avoir tous mes papiers, mais désormais c’est une anxiété que je porte avec moi chaque fois que je traverse la frontière », conclut-elle, envisageant même de revenir vivre à Windsor pour de bon.

Article écrit avec l’aide à la recherche de Jacques-Normand Sauvé.

Immigration francophone : comment bien s’intégrer et mieux accueillir

S’intégrer, ce n’est pas seulement trouver un emploi, c’est aussi tisser des liens et se sentir chez soi. Deux experts livrent des conseils pratiques pour aider les nouveaux arrivants à mieux s’intégrer. 

C’est la Semaine nationale de l’immigration francophone qui bat son plein sous le thème « Merci d’enrichir notre francophonie ».

À cette occasion, des experts du Réseau de soutien à l’immigration francophone (RIF) partagent leurs meilleurs conseils à la fois pour les nouveaux arrivants et pour les communautés d’accueil.

S’intégrer socialement

Le premier réflexe que devrait avoir tout nouvel arrivant, selon Thomas Mercier, directeur général du RIF du Nord de l’Ontario, est de prendre contact avec les fournisseurs de services et les organismes communautaires qui peuvent les accompagner.

« Par exemple, les résidents permanents peuvent utiliser les services pré-départ de Connexion francophone, qui les réfèrent ensuite à des services d’établissement locaux », précise-t-il.

Mais pour M. Mercier, l’intégration sociale est tout aussi essentielle que l’accès aux services.

« Il ne faut pas seulement chercher les services, il faut aussi rencontrer les gens », rappelle-t-il.

Même constat pour Élise Edimo, gestionnaire de programmes au RIF de l’Est de l’Ontario :

« L’intégration ne se limite pas à l’emploi : il faut aussi s’intégrer socialement. »

Selon elle, beaucoup d’immigrants réussissent professionnellement, mais négligent la dimension socioculturelle, pourtant essentielle afin de se sentir réellement chez soi.

Élise Edimo, gestionnaire de programmes au RIF de l’Est de l’Ontario, souligne l’importance du bilinguisme pour une intégration réussie. Gracieuseté

« Il faut tisser des liens, participer à la vie communautaire, connaître son environnement et les ressources locales », insiste-t-elle.

Créer des liens humains passe par la participation à des activités locales comme la randonnées, le patin, la pêche, la raquette, ou encore en assistant à des événements communautaires ou culturels.

« Il faut aller vers l’autre, découvrir sa culture, créer des occasions de dialogue et de rencontre. C’est ainsi qu’on apprend à se connaître », ajoute Thomas Mercier.

Il invite les nouveaux arrivants à considérer « la francophonie non seulement comme une langue de communication, mais comme une langue de société, un espace commun où l’on vit ensemble en français ».

Connaître le marché du travail et l’anglais

Pour Élise Edimo, l’une des étapes clés d’une intégration réussie consiste à comprendre le marché de l’emploi, ses opportunités, ses secteurs porteurs et ses exigences.

« Si la plupart des offres d’emploi sont en anglais, il faut développer son bilinguisme et devenir pleinement fonctionnel dans les deux langues. »

Elle recommande aussi d’adapter son CV aux normes canadiennes. Plusieurs organismes communautaires offrent des ateliers pour aider à le mettre « au format canadien ».

Enfin, la santé mentale doit être au cœur du parcours d’intégration.

« L’intégration est un processus exigeant : il faut apprendre à gérer le flot d’informations, prioriser ce qui est essentiel et connaître ses droits », souligne-t-elle.

À chaque étape de leur installation, les nouveaux arrivants devraient consulter les services d’établissement, qui les orientent vers les bons partenaires selon leurs besoins.

Conseils pour les communautés d’accueil

Afin de favoriser une intégration réussie, Thomas Mercier invite les communautés d’accueil à offrir une gamme complète de services francophones de qualité.

Thomas Mercier, directeur du RIF du Nord de l’Ontario, invite les nouveaux arrivants à s’impliquer dans la vie communautaire pour mieux s’intégrer. Gracieuseté

« Il faut créer des espaces d’accueil chaleureux et désigner des personnes ressources dans chaque municipalité », souligne Élise Edimo.

Voici les principales pistes d’action évoquées par les deux intervenants :

Faciliter les premiers contacts : désigner une personne de référence pour accueillir et informer les nouveaux arrivants, « notamment au niveau des municipalités », propose Mme Edimo.

Favoriser la mixité culturelle : organiser des activités interculturelles pour bâtir un véritable vivre-ensemble.

Sensibiliser les institutions locales et les personnes en contact avec les nouveaux arrivants : « Ce qui semble évident ici ne l’est pas toujours pour quelqu’un qui découvre le Canada », rappelle Élise Edimo.

Encourager l’intégration professionnelle : soutenir la reconnaissance des acquis et inciter les employeurs à embaucher des immigrants.

Planifier l’accueil  : élaborer des plans d’action communautaires sur le logement, l’emploi et les services essentiels.

Combattre les préjugés  : organiser des séances de sensibilisation interculturelle pour renforcer la cohésion sociale et lutter contre la discrimination.

Le Réseau de soutien à l’immigration francophone se donne justement pour mission d’accompagner les communautés dans cette démarche et de les aider à devenir toujours plus accueillantes et inclusives.

Article écrit avec l’aide à la recherche d’Abigail Alves Murta

Un budget fédéral maigre pour la francophonie

OTTAWA — Le budget 2025 du gouvernement de Mark Carney ne comporte pas d’investissements pour la francophonie canadienne. En revanche, des économies de 60 milliards de dollars sont prévues dans l’ensemble de la fonction publique, touchant notamment Patrimoine canadien, sans que l’impact sur les langues officielles ne puisse être prédit.

Mardi, Ottawa a dévoilé son budget fédéral, qui ne mentionne aucune coupe spécifique concernant les langues officielles ou la francophonie.

Cependant, le document budgétaire présente un plan sommaire pour chaque ministère ou agence fédérale. Des experts fédéraux ont indiqué à ONFR, lors du huis clos budgétaire, que chaque ministère, comme Patrimoine canadien, détaillera certaines coupures dans les semaines et mois à venir. Même si à première vue, ça ne semble pas être le cas, il n’est pas possible de prédire pour le moment si ces économies affecteront la francophonie canadienne ou les langues officielles, nous ont indiqué ces fonctionnaires fédéraux.

À Patrimoine canadien, le budget présente des réductions des dépenses de 363,2 millions de dollars sur cinq ans. Ce montant ne tient pas compte des autres agences fédérales sous l’effigie de Patrimoine canadien comme Parcs Canada, Bibliothèque et Archives Canada, etc., qui devront eux aussi effectuer des coupures.

Dans le budget 2025, il est indiqué que Patrimoine canadien « réorientera ses programmes culturels » pour faire des économies. Il est notamment question de réduire un fonds pour les espaces culturels en plus d’effectuer « la transition vers des produits d’interprétation numérique ».

Des coupures sont aussi prévues au ministère de l’Immigration ( près de 614 millions par an) et celui d’Emploi et Développement social Canada (près de 780 millions par an), ce qui inquiète la Fédération des communautés francophones et acadienne du Canada (FCFA).

« En septembre, nous avons demandé de la clarté au gouvernement sur sa vision du rôle et de la valeur de la francophonie en ce qui a trait à l’identité canadienne et l’économie du pays. Loin de répondre à cette demande, le budget ne donne aucune information sur comment les compressions dans différents ministères clé affecteront nos communautés », déplore dans un communiqué sa présidente Liane Roy.

Réduction du nombre de fonctionnaires

Ottawa avait annoncé il y a quelques mois un examen de ses dépenses avec pour objectif de les réduire de 15 % d’ici 2028-2029. Dans son exercice budgétaire mardi, Ottawa chiffre ces réductions à 31 milliards de dollars.

Au total, si l’on tient compte d’autres réductions et d’autres nouveaux revenus, Ottawa entrevoit générer des économies de 60 milliards de dollars, pour une réduction des dépenses de près de 4,9 %.

Le gouvernement Carney compte réduire la taille de la fonction publique avec une baisse du nombre de postes de 10 %. Alors que l’effectif de la fonction publique se situe à 357 000 en 2025 selon les derniers chiffres du Conseil du Trésor, le gouvernement libéral veut réduire ce nombre à 330 000 d’ici 2028-2029. Pour ce faire, il compte notamment éliminer 16 000 postes à temps plein, dont 650 dans la haute direction.

Pour favoriser les départs, le fédéral mise sur l’attrition et sur un programme volontaire d’encouragement à la retraite anticipée, qui permettra aux fonctionnaires éligibles de toucher leur pension immédiatement après leur départ à la retraite.

Mesures pour les arts et la culture

Si le budget ne comporte rien pour la francophonie, il compte quelques mesures pour des initiatives culturelles à travers le pays, comme pour la Fête de l’Acadie :

  • 4 millions de dollars sur quatre ans afin de soutenir les célébrations de la Journée de la fête nationale des Acadiens et des Acadiennes
  • 20 millions de dollars sur quatre ans pour soutenir les célébrations de la fête du Canada
  • 150 millions de dollars sur trois ans pour Téléfilm Canada
  • 127,5 millions de dollars pour le Fonds des médias du Canada
  • 6 millions de dollars sur trois ans pour le Conseil des Arts du Canada

150 $ millions pour Radio-Canada

Le fédéral concrétise partiellement sa promesse d’augmenter le financement de Radio-Canada/CBC en injectant un 150 millions de dollars supplémentaires dans la société d’État. En campagne électorale, les libéraux avaient promis de rendre ce financement permanent, ce qui n’est pas le cas dans le budget de mardi.

« Le gouvernement étudiera la possibilité de moderniser le mandat de CBC/Radio-Canada afin de renforcer son indépendance », peut-on lire dans l’exercice comptable du ministre des Finances François-Philippe Champagne.

Le bureau de CBC/Radio-Canada à Ottawa. Crédit image : iStock AWSeebaran/Anthony Seebaran

Encore un gros déficit fédéral

Le déficit du fédéral continue d’augmenter alors qu’Ottawa prévoit être dans le rouge de 78 milliards de dollars en 2025-2026 et contrairement à la mise à jour économique, aucun plan de retour au déficit zéro n’est prévu au cours des prochaines années. Ce déficit de 78 milliards de dollars est près de deux fois plus élevé que lors du dernier exercice financier réalisé par Ottawa.

À l’automne dernier, il était prévu pour 2025-2026 que le déficit fédéral serait de 42,2 milliards. Les dépenses dans ce budget actuel sont plus élevées que sous Justin Trudeau avec près de 89 $ milliards seulement en nouvelles dépenses. Questionné à ce sujet en conférence de presse, François-Phillipe Champagne a indiqué que ces investissements étaient nécessaires pour faire croître l’économie canadienne.

« La réponse est simple. On a la capacité fiscale de le faire. Quand vous regardez le ratio dette/PIB, on a la capacité de faire des investissements générationnels », a-t-il affirmé.

Le ministre Champagne a détaillé les principales dépenses, dont 115 milliards de dollars sur cinq ans pour les infrastructures (hôpitaux, transport en commun). Par ailleurs, 110 milliards de dollars seront alloués à l’économie canadienne, notamment par des crédits d’impôts pour les entreprises, le soutien à la recherche et à l’innovation, et le développement de l’intelligence artificielle.

Ottawa veut moins d’étudiants étrangers et réduit légèrement sa cible d’immigration francophone

OTTAWA — Le gouvernement fédéral réduit de 50 % le nombre d’étudiants étrangers et prévoit accueillir autour de 10 % d’immigrants francophones hors Québec par an au cours des trois prochaines années, réduisant ainsi un peu sa cible actuelle.

L’an dernier, les Plans des niveaux en immigration d’Ottawa comportaient des cibles de 8,5 % en 2025, 9,5 % en 2026 et 10 % en 2027 pour l’immigration francophone hors Québec. Dans le budget 2025 dévoilé ce mardi, Immigration, Réfugiés et Citoyenneté Canada (IRCC) a présenté les prévisions du nombre d’immigrants qu’il compte accueillir au cours des trois prochaines années au pays par catégorie. On remarque de légères baisses en matière de pourcentages pour les années 2026 et 2027 comparativement aux plans de l’an dernier.

Cible en immigration francophone hors Québec 2026 à 2028 (nombre total projeté)

  • 2026 : 9 % (30 267)
  • 2027 : 9,5 % (31 285)
  • 2028 : 10,5 % (35 175)

Sur trois ans, cela représente un total de 96 500 immigrants francophones, une légère hausse vis-à-vis du plan sur trois ans de 2024 qui prévoyait 92 000 nouveaux arrivants parlant la langue de Molière. Les nouvelles cibles d’Ottawa inquiètent d’ailleurs la Fédération des communautés francophones et acadienne (FCFA) du Canada.

« De notre point de vue, on ne peut pas parler d’un budget générationnel s’il a comme résultat une poursuite de l’érosion démographique de nos communautés, dénonce sa présidente Liane Roy dans un communiqué de presse.

Contrairement aux autres catégories comme l’immigration économique et les réfugiés, le fédéral ne se donne pas de marge de manœuvre pour l’immigration francophone. Source; Budget 2025

Une fonctionnaire fédérale précise que plus de détails seront fournis prochainement lorsque la ministre de l’Immigration Lena Metlege Diab dévoilera officiellement le plan des niveaux en immigration. Aucune date n’a encore été fournie pour ce dévoilement.

Lors de la campagne électorale en avril dernier, les libéraux avaient promis une cible de 12 % d’ici 2029.

50 % de réduction pour les étudiants étrangers

S’il maintient sa cible pour les francophones, Ottawa passe la hache dans l’accueil des étudiants étrangers. Il entend accueillir 450 000 nouveaux étudiants étrangers sur trois ans (151 000 en moyenne par année). à titre de comparaison, en 2025, le fédéral avait comme cible 305 900 étudiants internationaux pour les collèges et universités canadiennes. Cette baisse représente une réduction totale de 51 % au cours des trois années suivantes.

« Nous devons revenir à un niveau soutenable », a justifié en anglais le ministre des Finances, François-Philippe Champagne, en conférence de presse mardi.

Étudiants étrangers :

Cible totale de 2025 à 2027 : 917 700

Cible totale de 2026 à 2028 : 450 000

« Ces cibles maintiennent le nombre d’arrivées de résidents permanents à moins de 1 % de la population canadienne après 2027 et réduiront le nombre total de résidents temporaires à moins de 5 % de la population du Canada d’ici la fin de 2027 », est-il écrit dans le document budgétaire.

Le gouvernement coupe aussi dans le nombre de travailleurs étrangers temporaires, réduisant leur effectif de 18 %. Source : Budget 2025

Immigration, Réfugiés et Citoyenneté Canada (IRCC) recevra aussi un financement de 19,4 millions sur quatre ans pour accélérer l’obtention de la résidence permanente pour au mieux 33 000 travailleurs temporaires, déjà implantés au pays. Le fédéral met aussi sur pied la Stratégie d’attraction des talents internationaux et le plan d’action connexe pour recruter plus d’un millier de « chercheurs étrangers hautement qualifiés ». Près de 1,7 milliard de dollars seront alloués au cours des treize prochaines années pour cette stratégie.

Crise à Fauquier-Strickland : l’Ontario débloque 600 000 $ et lancera un audit

FAUQUIER-STRICKLAND – La province intervient auprès de Fauquier-Strickland, avec la réalisation d’un audit municipal provincial et l’octroi d’une aide additionnelle de 600 000 $ pour soutenir les opérations de la municipalité jusqu’au 31 janvier 2026.

La mairesse Madeleine Tremblay a confirmé lundi soir, lors de la séance municipale régulière, la réception d’une lettre du ministère des Affaires municipales et du Logement, faisant suite aux demandes d’aide envoyées en juillet dernier et détaillant les mesures essentielles pour soutenir la petite municipalité du nord ontarien dans sa crise financière. Rappelons que la municipalité a accumulé un déficit de 2,5 millions de dollars.

Dans ce courrier datant de vendredi dernier, le ministre Robert J. Flack souligne que, selon l’analyse des données financières et de la situation administrative menée ces derniers mois, Fauquier-Strickland ne pourra pas respecter ses obligations financières, sans l’aide de la province.

« Sans l’intervention du ministère, la municipalité ne sera pas en mesure de répondre à ses obligations financières à court, moyen ou long terme », indique la lettre signée par le ministre.

Audit payé par la province

Le ministère y explique, ainsi, vouloir mettre en place une stratégie combinant soutien financier immédiat et planification à plus long terme. 

Le premier élément de cette stratégie est la réalisation d’un audit municipal provincial en vertu de la Loi sur les affaires municipales, qui permettra d’établir un portrait complet de la situation financière de la municipalité, de ses pratiques administratives et de ses besoins en gouvernance. 

Cet audit comprendra l’examen détaillé des dépenses et des revenus, l’évaluation de l’organisation administrative et des pratiques de gestion ainsi que l’élaboration d’un plan de redressement à court, moyen et long terme avec des recommandations claires pour stabiliser les finances. 

Le coût de l’audit sera entièrement assumé par la province afin de ne pas alourdir davantage le fardeau financier de Fauquier-Strickland, apprend-on également.

« À la suite de l’audit municipal provincial, je pourrais envisager de délivrer un ordre en vertu de l’article 14 de la Loi sur les affaires municipales, obligeant la municipalité à se conformer aux recommandations de l’audit. Le non-respect volontaire d’un tel ordre constitue une infraction, et tout membre du conseil municipal reconnu coupable de cette infraction est passible d’une amende pouvant atteindre 5000 $ et est disqualifié de tout mandat municipal pour une période de deux ans », explique-t-on également dans la lettre du ministère.

Aide additionnelle de 600 000 $

En parallèle, la province accorde une aide financière additionnelle allant jusqu’à 600 000 $ destinée à couvrir certaines dépenses d’exploitation jusqu’au 31 janvier 2026. 

« Ce soutien financier supplémentaire à court terme du ministère est conditionnel au respect strict, par le conseil municipal et le personnel, des dispositions de l’entente de transfert de paiements », prévient le ministre.

Cette aide s’ajoute aux 300 000 $ accordés en juillet dernier, qui permettaient alors à la municipalité de Fauquier-Strickland de maintenir ses services essentiels et son personnel jusqu’au 31 octobre 2025.

Le ministère prévoit également de continuer de surveiller la municipalité, en assistant aux réunions du conseil comme observateur, en fournissant un encadrement administratif et des conseils stratégiques à l’équipe municipale et en travaillant avec le conseil et le personnel municipal pour assurer le respect des obligations de l’entente de transfert de paiements. 

Une rencontre est prévue cette semaine avec Kathy Horgan, gestionnaire régionale du ministère, afin de détailler les prochaines étapes, y compris la mise en place de l’audit et la gestion du financement d’urgence.

Soulagement

Le conseil a accueilli la nouvelle avec soulagement et optimisme, voyant dans cette intervention un pas décisif vers la stabilisation des finances municipales. 

« C’est une bonne nouvelle », a déclaré la mairesse, se réjouissant que la province reste aux côtés de la municipalité. 

Les élus ont convenu de rédiger une lettre de remerciement au ministre Robert J. Black pour son appui et son suivi dans le dossier.

Les détails de l’entente et des mesures de soutien provincial seront communiqués lors d’une prochaine séance extraordinaire, prévue pour son adoption.

Consortium Centre Jules-Léger : « Adapter le financement aux besoins croissants des élèves »

Jean-François Boulanger est le directeur de l’Éducation du Consortium Centre Jules-Léger (CCJL), poste qu’il occupe depuis le transfert de gouvernance en 2020.

Lors de la dernière Assemblée générale de l’Assemblée de la francophonie de l’Ontario (AFO), le CCJL a déposé une résolution réclamant un modèle de financement stable, prévisible et adapté à la croissance de ses effectifs, invitant ainsi l’AFO à en faire une priorité dans ses démarches auprès du gouvernement ontarien.

Depuis 2020, le CCJL a vu ses inscriptions bondir de 72 %, passant d’une quarantaine à plus d’une centaine d’élèves à Ottawa, tout en desservant plus de 600 jeunes à distance à travers l’Ontario. Sans révision du mode de financement, la seule institution francophone spécialisée de la province risque de voir sa croissance freiner la qualité des services offerts à ses élèves.

« Vous avez présenté un budget 2025-2026 d’environ 21 millions de dollars, soit un écart de quatre millions avec le montant alloué. Que représente cette situation à long terme pour le Centre Jules-Léger?

Il faut d’abord préciser que notre financement ne fonctionne pas comme celui d’un conseil scolaire habituel. Depuis que nous avons notre propre gouvernance, il y a cinq ans, le Consortium est une véritable histoire à succès. Nous travaillons étroitement avec le gouvernement pour adapter notre modèle de financement aux besoins croissants des élèves.

Le budget a donc évolué au fil du temps?

Nous avons aujourd’hui 72 % d’élèves de plus qu’en 2020. Cela exige davantage de personnel et de ressources. Avec l’appui du gouvernement, nous avons pu ajuster le budget pour maintenir la qualité des services.

Quelles pistes de solution explorez-vous avec le ministère?

Nous renouvelons actuellement notre modèle de financement. Des discussions ont lieu entre le CCJL et le ministère pour établir une formule mieux adaptée à notre réalité. Rien n’est arrêté, mais nous cherchons des solutions durables pour répondre à la hausse des demandes.

Vous avez présenté une résolution à l’Assemblée de la francophonie de l’Ontario. Quel en était l’objectif? 

L’objectif est surtout d’engager la communauté francophone et de mieux faire connaître la mission du Centre Jules-Leger. Après 45 ans d’existence, dont cinq sous le modèle du Consortium, nous restons encore un « secret bien gardé ». Nous voulons sensibiliser la population à ce que nous faisons.

Vous souhaitez aussi devenir propriétaire de vos locaux à Ottawa dont vous êtes locataire actuellement?

Nous sommes confiants que cela se concrétisera d’ici la prochaine année. Être propriétaire nous permettra de mieux adapter nos installations aux besoins des élèves et d’assurer nous-mêmes la gestion des infrastructures. Cela viendra, nous l’espérons, avec un financement correspondant.

Quels sont les principaux défis auxquels le Centre fait face?

Comme tous les conseils, nous devons recruter du personnel qualifié, ce qui n’est pas simple dans le contexte actuel. Un autre défi, c’est de faire connaître nos services à l’échelle provinciale : plus la communauté comprend notre rôle, plus il est facile d’obtenir le soutien nécessaire pour les élèves ayant des besoins particuliers.

Combien d’élèves desservez-vous?

Nous avons deux écoles à Ottawa : l’École provinciale qui accueille les enfants sourds, aveugles ou sourds-aveugles, et l’École d’application pour les élèves ayant des troubles d’apprentissage sévères. Environ 100 élèves y sont inscrits. À cela s’ajoute une équipe volante de sept personnes qui dessert environ 600 autres élèves dans 250 écoles francophones à travers la province.

Certains enfants risquent-ils de ne pas recevoir les services adéquats?

Le risque existe surtout là où notre travail est encore méconnu. Si les écoles ne savent pas qu’elles peuvent faire appel à nous, les élèves concernés n’en bénéficient pas. Notre priorité est donc d’accroître la visibilité du Consortium. En revanche, quand nous refusons une demande, c’est parce que le profil de l’enfant ne correspond pas à nos services, et non par manque de ressources.

Craignez-vous des coupes budgétaires ou des suppressions de postes?

Nous sommes en pleine phase de recrutement pour répondre à la croissance du nombre d’élèves. Le Consortium compte actuellement environ 150 personnes à travers la province.

Un dernier mot?

Je suis fier de constater que les choses vont bien. Il reste quelques ajustements à faire, mais le Consortium Centre Jules-Léger continue de progresser et d’assurer un service de qualité aux élèves francophones ayant des besoins particuliers. »

Étudier la psychothérapie en français : Glendon et l’Université de Hearst s’allient

TORONTO – Le Collège universitaire Glendon et l’Université de Hearst ont signé une entente permettant aux diplômés en psychologie de Glendon de poursuivre une formation de deuxième cycle en psychothérapie entièrement en français, répondant ainsi à la demande croissante de services de santé mentale dans la langue de Molière.

La signature officielle de l’entente a eu lieu ce lundi après-midi au Collège universitaire Glendon, en présence de la rectrice Sophie Dallaire et de professeurs de l’Université de Hearst.

Celle-ci établit un lien direct entre les programmes de baccalauréat en psychologie (B.A. et B.Sc.) de Glendon et le diplôme d’études supérieures en psychothérapie (DÉSP) offert par l’Université de Hearst. 

« En simplifiant le passage vers une formation spécialisée en psychothérapie offerte en français, nous facilitons le parcours des étudiantes et étudiants et contribuons à renforcer la capacité du système de santé à mieux servir les communautés francophones de partout en province », a déclaré la rectrice de l’établissement de Hearst dans un communiqué.

De son côté, Marco Fiola, directeur du Collège universitaire Glendon ajoute : « Ce nouveau partenariat vient d’ailleurs consolider notre engagement envers la promotion de la santé mentale car il offre à nos diplômées et diplômés en psychologie un parcours structurant vers une formation spécialisée, pour le bénéfice des communautés francophones de l’Ontario ».

La rectrice de l’Université de Hearst, Sophie Dallaire, signant l’entente à Toronto. Photo : Gracieuseté de l’Université de Hearst

Un besoin criant en santé mentale

Cette collaboration répond à la demande croissante de professionnels capables d’offrir des services de santé mentale en français. 

L’équipe de recrutement de l’Université de Hearst a identifié ce besoin et analysé les programmes de Glendon pour déterminer quels cours seraient nécessaires pour accéder au programme de psychothérapie. 

Le DÉSP, offert à distance, permettra aux diplômés en psychologie de Glendon de compléter leur formation en un an et de devenir membres de l’OPAO, l’entente se renouvelle automatiquement d’année en année.

Cette formation avancée, d’une durée de 12 mois et totalisant 45 crédits, est conçue à partir du profil des compétences de l’Ordre des psychothérapeutes autorisés de l’Ontario (OPAO).

L’entente a été rendue possible grâce au soutien financier du Conseil pour l’articulation et le transfert – Ontario (CATON) et a été motivée par la volonté des établissements de faciliter la continuité des études postsecondaires en français. 

Les diplômés des programmes de psychologie de Glendon pourront poursuivre leurs études à l’Université de Hearst pour obtenir le DÉSP, à condition de répondre aux critères d’admission et d’avoir suivi certains cours préalables en psychologie du développement, de la santé et du counseling.

Pour marquer l’occasion, une conférence grand public intitulée « Il faut tout un village : retrouver le sens d’aider ensemble » sera présentée ce mardi soir à 19 h au Collège universitaire Glendon, ainsi qu’en ligne. 

Les funérailles de Bernard Grandmaître auront lieu les 24 et 25 novembre à Ottawa

OTTAWA – La communauté franco-ontarienne pourra bientôt rendre un dernier hommage à l’un de ses grands bâtisseurs, Bernard Grandmaître décédé mardi dernier à l’âge de 92 ans.

Des visites pour honorer Bernard Grandmaître auront lieu le 24 novembre à la Maison funéraire Racine, Robert & Gauthier, au 180 chemin Montréal, de 14 h à 16 h et de 19 h à 21 h.

Une messe commémorative suivra le 25 novembre à 10 h 30 à la Paroisse Notre-Dame de Lourdes, sur la même artère à Ottawa.

En mémoire de celui que l’on surnommait le « père de la Loi sur les services en français », la famille invite le public à faire des dons à la Fondation de l’Hôpital Montfort, où le géant de la francophonie ontarienne a terminé ses jours.

Voici à quoi la francophonie canadienne s’attend du budget fédéral

OTTAWA – Le gouvernement de Mark Carney déposera son budget annuel mardi, un exercice financier qui « exigera certains sacrifices » dans un contexte où le premier ministre parle de réduction des dépenses de l’État. Mais qu’en est-il de la francophonie canadienne? On vous résume certaines des demandes des francophones hors Québec pour ce premier budget de l’ère Carney.

Au cours des dernières semaines, le ministre des Finances, François-Philippe Champagne, et le premier ministre ont promis des « investissements générationnels ». Cette stratégie, comme le rappelle M. Champagne est comparable à celle utilisée après la Deuxième Guerre mondiale, en 1945, où il fallait « tracer une nouvelle voie pour ce pays ».

Dans une vidéo publiée vendredi sur ses réseaux sociaux, le premier ministre a indiqué que la hausse des dépenses du gouvernement dans les dernières années « n’est pas soutenable ». Mark Carney a aussi prévenu que la situation actuelle du pays « exigera certains sacrifices », a-t-il dit lors d’un discours à l’Université d’Ottawa il y a une dizaine de jours.

« Nous allons réduire les dépenses gouvernementales inefficaces et nous investirons massivement dans les domaines qui favorisent l’économie », a réitéré le premier ministre dans ce vidéo aux allures de message prébudgétaire.

Financement accru

Dans le cadre des consultations prébudgétaires, le comité des Finances a reçu plus de 964 documents soumis par différents groupes d’intérêts au pays, nous nous sommes attardez à ceux qui représentent les intérêts des francophones en situation minoritaire. Si les demandes de ces organismes diffèrent sur plusieurs points, tous souhaitent voir une augmentation de l’enveloppe budgétaire qui leur est consacrée par le gouvernement fédéral.

L’Assemblée de la francophonie de l’Ontario (AFO) réclame une plus grande part du gâteau pour les organismes de la francophonie ontarienne, estimant que ceux-ci sont sous-financés par rapport au reste de leurs confrères hors du Québec.

« Les 17 ACFO de la province se partagent moins de 800 000 $. Deux d’entre elles ne reçoivent aucun financement de base. Huit autres reçoivent moins de 40 000 $ par année », déplore l’AFO dans son document prébudgétaire.

Le Réseau de développement économique et d’employabilité (RDÉE Canada), le porte-voix du développement économique des communautés francophones et acadiennes espère que les propos du premier ministre ne signifient pas des coupures pour la francophonie canadienne.

« On veut s’assurer de protéger notre propre financement, mais aussi, je dirais de façon générale, le financement aux organismes de la francophonie canadienne, c’est important. C’est un des éléments qu’on va suivre avec attention », soutient son président-directeur général, Yan Plante.

Économie et main-d’œuvre

En plus de surveiller le financement, le RDÉE Canada aimerait voir des crédits d’impôt ou une sorte d’aide financière pour favoriser les missions commerciales pour les entreprises et la réduction des barrières du commerce interprovincial.

« Quand il y a des missions économiques, souvent le frein qu’on voit, c’est que l’entrepreneur réalise que ça va lui coûter quelques milliers de dollars pour se déplacer et qu’en plus pendant ces journées-là, il n’est pas dans son entreprise » donne M. Plante comme exemple.

« Un gouvernement ne crée pas d’emploi et ne génère pas tant que ça d’activité économique, mais un gouvernement doit être là pour mettre en place un contexte dans lequel il est facile de faire des affaires », rappelle Yan Plante, qui souhaite aussi qu’Ottawa accorde un répit aux contribuables dans le contexte actuel.

Le directeur général du RDÉE Canada, Yan Plante. Gracieuseté.
Le directeur général du RDÉE Canada, Yan Plante. Gracieuseté.

À l’image du RDÉE Canada, l’AFO espère plus d’actions visant à favoriser la création d’une main-d’œuvre francophone et bilingue. Parmi les mesures se retrouvant dans sa soumission budgétaire au ministre Champagne : accélérer la reconnaissance des diplômes et favoriser la mobilité interprovinciale, le développement de formations professionnelles bilingues adaptées aux secteurs en pénurie comme en éducation et en santé, etc.

La Fédération de la jeunesse canadienne-française s’inquiète de son côté de voir le haut taux de chômage touchant les jeunes canadiens. Pour freiner la tendance, elle propose au ministre des Finances de bonifier la Stratégie emploi et compétence jeunesse, notamment en réduisant le fardeau administratif et en ajoutant une lentille francophone à ce programme.

Arts et culture

Dans le domaine des arts et de la culture, la Fédération culturelle canadienne française (FCCF) demande à Ottawa d’augmenter le financement accordé au Conseil des Arts du Canada de 140 millions de dollars et réclame aussi une hausse de 32 millions de dollars de l’enveloppe destinée aux organismes artistiques et culturels de la francophonie canadienne.

Les 17 théâtres francophones hors du Québec veulent de leur côté qu’Ottawa consacre 1 % de l’ensemble des dépenses de son prochain budget aux arts, à la culture et au patrimoine.

Postsecondaire

L’Association des collèges et universités de la francophonie canadienne (ACUFC) presse Ottawa d’en faire davantage au niveau financier pour le secteur postsecondaire, une demande soutenue aussi pas l’Assemblée de la francophonie de l’Ontario. L’ACUFC appelle les libéraux à respecter une promesse électorale de 2021 d’offrir 80 millions de dollars par année aux institutions postsecondaires en milieu minoritaire.

ACFO-Ottawa : « 99,9 % de nos membres ne savent pas qu’ils le sont »

L’ACFO-Ottawa a tenu son assemblée générale annuelle (AGA) en ligne jeudi soir pour faire le point sur l’année écoulée et présenter ses projets à venir. L’organisme traverse une période de transition importante après plusieurs années de changements à la direction et des difficultés administratives.

L’organisme cherche à stabiliser sa gouvernance, à redéfinir sa structure administrative et à renforcer sa présence et sa représentation auprès des différentes communautés francophones d’Ottawa.

« L’ACFO Ottawa a connu beaucoup de changements ces dernières années. Dans quel état se trouve aujourd’hui l’organisation?

On s’est retrouvé dans une situation un peu de désordre administratif, avec des rapports incomplets et des suivis à reprendre. C’est une réalité que plusieurs organismes francophones vivent depuis la pandémie, avec les défis économiques et le manque de main-d’œuvre qualifiée. On a dû faire du ménage et remettre de l’ordre.

Votre directrice générale, Anik Larivière, n’est pas une employée, mais une consultante. Pourquoi ce choix?

C’était une solution temporaire. On n’arrivait pas à recruter quelqu’un avec les compétences nécessaires au salaire qu’on pouvait offrir, d’environ 65 000 $. On a donc fait appel à une consultante pour nous appuyer dans la restructuration et réfléchir à la meilleure structure pour l’avenir.

L’année dernière, la 25e édition du prix Bernard-Grandmaître s’est tenue à l’hôtel de ville pour la première fois, il me semble, et a affiché complet malgré l’absence de direction générale deux mois avant, ce qui montre qu’on a quand même fait un bon coup malgré les circonstances.

Avez-vous mis en place des mécanismes concrets pour stabiliser la gouvernance?

Pas encore de politiques formelles, mais c’est une priorité du nouveau conseil d’administration. L’objectif est de créer une structure administrative et décisionnelle plus stable, avec une meilleure définition des responsabilités et une représentation fidèle des membres. On veut redéfinir notre membriété et s’assurer que la représentation au CA reflète vraiment la diversité des communautés francophones d’Ottawa.

Justement, qui sont vos membres aujourd’hui?

C’est là qu’on doit se remettre en question. En ce moment, toute personne qui œuvre en français à Ottawa est considérée membre… donc 99,9 % de nos membres ne savent pas qu’ils le sont! Il faut clarifier ce que veut dire « être membre » de l’ACFO Ottawa et mieux inclure nos communautés dans le processus. L’ACFO a toujours été la voix politique des francophones d’Ottawa. Mais aujourd’hui, cette approche doit être réévaluée pour être plus précise et inclusive.

Vous avez mentionné durant l’AGA que l’ACFO veut reprendre sa place dans la communauté et devenir « une actrice incontournable » auprès des décideurs politiques. Concrètement, qu’est-ce que cela signifie pour les prochains mois?

Concrètement, cela signifie organiser des rencontres régulières avec les élus municipaux, provinciaux et fédéraux pour présenter les enjeux et besoins de la communauté francophone. L’ACFO souhaite établir un dialogue plus soutenu avec les décideurs et être systématiquement consultée sur les politiques et projets qui touchent la francophonie à Ottawa.

Avec la fin de la subvention Ottawa bilingue, quelles sont les stratégies envisagées pour continuer à soutenir les projets communautaires et les micro-subventions?

La fin de la subvention n’est pas considérée comme un point final. L’enveloppe budgétaire, qui s’élevait à près de 588 000 $ lors de la dernière ronde, reste importante pour soutenir les projets communautaires et les micro-subventions, mais la structure doit être repensée.

L’ACFO travaille avec Patrimoine canadien pour revoir la manière de sélectionner et distribuer ces fonds, afin de répondre aux besoins actuels et d’éviter que des projets pertinents ne soient exclus. L’objectif est de redistribuer les fonds de manière efficace tout en maintenant l’impact des initiatives francophones dans la communauté.

Le Gala des prix Bernard Grandmaître sera-t-il différent en 2026 après le décès de l’homme qui a donné son nom à l’événement?

Une reconnaissance de l’héritage de M. Grandmaître est prévue, car le prix d’honneur porte son nom. La forme exacte de cet hommage n’est pas encore déterminée afin de préserver la surprise et de ne pas faire de fausses promesses. Il y aura donc définitivement un geste de reconnaissance, mais les détails seront communiqués ultérieurement. »

Inauguration du nouveau Foyer Richelieu à Welland : 128 lits pour les francophones

WELLAND – Ce vendredi marque l’ouverture officielle du nouveau Foyer Richelieu de Welland. L’infrastructure modernisée offre désormais 128 lits de soins de longue durée pour les francophones, dont 66 additionnels. Les ministres Natalia Kusendova-Bashta et Caroline Mulroney ont fait le déplacement pour l’inauguration de cette nouvelle infrastructure, en travaux depuis 2023.

Un grand moment pour la communauté francophone de la région, pour lequel près de 200 personnes sont venues prendre part à cette cérémonie d’inauguration bilingue.

Ce sont 128 nouveaux lits qui seront désormais disponibles pour les aînés francophones, dont 66 lits additionnels et 62 optimisés, au centre de soins de longue durée qui accueille déjà ses premiers résidents.

Photo : Sandra Padovani/ONFR

Le nouveau bâtiment est centré autour de quatre zones d’habitation qui permettent d’héberger jusqu’à 32 résidents, avec leurs propres salles à manger, salles d’activités, leurs propres salons et chambres. Quant aux soins de longue durée, le centre dispose d’options améliorées, notamment un bistrot, un salon de beauté et une salle de réception.

Les travaux de construction du réaménagement du Foyer Richelieu de Welland avaient officiellement commencé en mai 2023 et s’inscrivent dans la stratégie provinciale d’expansion et de modernisation des soins de longue durée.

Le projet s’inscrit dans le cadre du plan provincial de 6,4 milliards de dollars visant à créer plus de 30 000 nouveaux lits de soins de longue durée sur dix ans, via le Programme de garanties de prêts pour les organismes sans but lucratif.

Pour célébrer l’ouverture du nouveau Foyer Richelieu, les ministres des Affaires francophones, Caroline Mulroney, et de Soins de longue durée, Natalia Kusendova-Bashta, se sont jointes au personnel du Foyer Richelieu dont le directeur général Sean Keays et le maire de Welland Frank Campion pour une conférence de presse au 51 Promenade Richelieu.

« Le foyer est l’un des 15 projets de développement de centre de soins de longue durée qui prévoient des lits pour les francophones, a souligné la ministre des Soins de longue durée Natalia Kusendova-Bashta. Ce foyer n’aurait pas pu voir le jour sans le soutien du Programme de subvention pour la construction et du Programme de garantie de prêts pour les organismes sans but lucratif de la province. » Photo : Sandra Padovani/ONFR

La ministre des Affaires francophones Caroline Mulroney a également pris la parole pour saluer un projet autour duquel toute la communauté s’est rassemblée, ainsi que l’important travail de Natalia Kusendova-Bashta sur le dossier. Photo : Sandra Padovani/ONFR

Sean Keays, directeur général du Foyer Richelieu, a notamment remercié les ministres présentes et leur soutien quant à ce projet important pour les francophones de la région de Welland. Photo : Sandra Padovani/ONFR

Le maire de Welland Frank Campion, qui est anglophone, a exprimé quelques mots en français, saluant la résiliance de la communauté francophone. Photo : Sandra Padovani/ONFR

« L’ouverture du nouveau Foyer Richelieu Welland marque une étape importante dans le plan de notre gouvernement visant à protéger les résidents et à accroître l’accès à des soins de santé de classe mondiale dans toute la province, y compris ici, dans la région de Niagara, a déclaré Natalia Kusendova-Bashta, ministre des Soins de longue durée. C’est aussi un jour important pour la communauté francophone de l’Ontario, car le Foyer Richelieu offrira ses 128 lits à des résidents francophones afin qu’ils puissent recevoir des soins adaptés à leurs besoins culturels et linguistiques. »

La ministre avait également confié à ONFR en amont de la rentrée parlementaire que son projet de loi 14 (Loi de 2025 sur le soutien aux personnes âgées et aux fournisseurs de soins) comprenait une particularité linguistique et culturelle pour les aînés francophones, par le biais de programmes et davantage de ressources disponibles en français.

 « L’annonce d’aujourd’hui s’inscrit dans notre plan visant à élargir l’accès aux soins et à soutenir, pour les années à venir, la culture, la population et l’économie francophones de l’Ontario », a commenté Caroline Mulroney.

« Ce nouveau foyer offrira un lieu chaleureux et bienveillant à 128 résidents qui y trouveront un chez-soi, dans le respect de leur dignité, de leur indépendance et de leur communauté. Une journée très importante pour les aînés francophones du sud de l’Ontario », a déclaré Sean Keays, tandis que le maire Frank Campion a mis l’emphase sur « une réalisation importante pour Welland et les francophones de la région de Niagara ».

Un autre projet francophone à venir dans la région du Grand Toronto

Pendant la période des questions des médias, la ministre Kusendova-Bashta a rapporté que la somme financée par le gouvernement de l’Ontario pour le Foyer Richelieu s’élève à 62 millions de dollars, avant de confirmer son intention de poursuivre l’expansion des soins de longue durée pour les aînés de langue maternelle française.

« Nous travaillerons notamment avec Sean Keays (le directeur du Foyer Richelieu) pour d’autres projets francophones dans la région du Grand Toronto », révèle-t-elle sans en donner pour l’heure les détails.

Celle-ci a également rappelé que le projet du village francophone de la Communauté du Trille blanc à Aurora est en cours avec la construction de la première phase, à savoir un centre de soins de longue durée d’une capacité de 160 lits francophones.

Pour la région d’Ottawa, elle cite la première pelletée de terre du Foyer Manoir Maxville en redéveloppement depuis août dernier, ainsi que l’ouverture récente de la Résidence Prescott-Russell à Hawkesbury et ses 224 nouveaux lits dont 78 supplémentaires.

L’Ontario est-il un eldorado pour les médecins québécois?

OTTAWA – Alors que le Québec vient d’adopter une loi controversée sur la rémunération des médecins, plusieurs praticiens songent à s’établir en Ontario. Mais entre surcharge de travail, hôpitaux débordés et manque de médecins de famille, la province voisine est loin d’être un paradis.

Depuis le 1ᵉʳ octobre, le Collège des médecins et chirurgiens de l’Ontario (CPSO) affirme avoir reçu 120 demandes de permis de pratique, dont plusieurs en provenance du Québec.

Un chiffre révélateur d’un malaise croissant entre les deux rives de la rivière des Outaouais, dans la foulée de l’adoption de la Loi 2 sur la rémunération des médecins, par le gouvernement Legault dans la nuit du 24 au 25 octobre 2025.

Adoptée sous bâillon, la loi lie désormais une partie du revenu des médecins à des indicateurs de performance. Elle prévoit aussi des pénalités financières et la réduction d’années de pratique en cas d’infractions afin de décourager les praticiens de se « désengager » du régime public.

L’Ontario, un refuge?

La tension créée par cette réforme constitue une opportunité pour l’Ontario, mais la province est-elle pour autant un eldorado médical? Actuellement l’Ontario doit composer avec une pénurie aiguë de médecins, environ 2,3 millions de résidents sont sans médecin de famille.

Le Dr Paul Roumeliotis, pédiatre installé en Ontario depuis plus de 20 ans et directeur général du Bureau de santé de l’Est de l’Ontario, dresse un constat lucide.

« Ce n’est pas le paradis ici. Nous avons aussi nos défis : surcharge de travail, manque de spécialistes, longues listes d’attente, hôpitaux débordés, surtout pendant les périodes de grippe. Certains services d’urgence atteignent 130 % ou 140 % de leur capacité », souligne-t-il.

Le Dr Paul Roumeliotis évoque une pénurie chronique de médecins de famille. « Beaucoup de collègues passent trop de temps sur des tâches administratives au lieu des soins directs aux patients. Et l’Ontario manque de cliniques sans rendez-vous ouvertes le soir ou la fin de semaine, ce qui surcharge les hôpitaux. »

Le Dr Paul Roumeliotis, directeur général du Bureau de santé de l’Est de l’Ontario, estime que la réforme québécoise risque d’accentuer la migration de médecins vers l’Ontario. Gracieuseté

Malgré tout, le directeur général du Bureau de santé de l’Est de l’Ontario constate que le climat ontarien reste plus stable : « La situation est très décourageante pour mes confrères et consœurs du Québec. »
« Ici, l’Association médicale de l’Ontario négocie avec le gouvernement. C’est une approche bilatérale. Au Québec, la Loi 2 impose des tarifs et des conditions sans réelle négociation. À mon avis, c’est inacceptable », déplore-t-il.

Deux modèles opposés

Même constat du côté du Dr Condé, représentant de l’Association médicale canadienne (AMC) : « En Ontario, on recrute. Au Québec, on contrôle. »

Selon ce médecin de famille installé à Laval, la Loi 2 instaure un climat de peur et de méfiance.

« À Ottawa, la Ville a crée un poste d’ambassadeur pour le recrutement médical, tandis qu’au Québec, la Loi 2 crée une « police des docteurs ». On instaure la surveillance et la dénonciation. », estime-t-il.

« Au lieu d’améliorer l’accès aux soins, le gouvernement réduit les revenus des médecins et espère qu’ils travailleront plus fort. C’est le contraire de ce qu’il faut faire », s’indigne-t-il.

Le Dr Condé compare les approches. « En Ontario, le gouvernement Ford investit environ 2 milliards de dollars pour renforcer les équipes multidisciplinaires et améliorer l’accès à la première ligne. Au Québec, on coupe 500 millions dans le budget des médecins de famille. Ce sont deux approches totalement opposées : l’une est incitative, l’autre répressive », explique-t-il.

Un intérêt palpable

Étienne Grandmaître Saint-Pierre est gestionnaire du programme de soins primaires du Centre de santé communautaire de l’Estrie en Ontario. Responsable d’une équipe de 63 employés, dont 14 médecins de famille, 18 infirmières praticiennes et 13 infirmières, il supervise les services offerts à plus de 12 000 clients répartis sur six sites dans l’Est ontarien.

De retour du congrès annuel de médecine francophone à Montréal, il constate un intérêt marqué de la part des médecins québécois pour la pratique en Ontario. « Plusieurs médecins venaient nous rencontrer pour savoir comment ils pourraient travailler ici, surtout dans un environnement francophone. Ils trouvent l’idée séduisante : offrir des soins en français dans un contexte moins tendu et plus accueillant » témoigne-t-il.

De retour du congrès de médecine francophone à Montréal, Étienne Grandmaître, du Centre de santé communautaire de l’Espoir, constate un intérêt marqué des médecins québécois pour la pratique en Ontario. Gracieuseté

Selon lui, la différence entre les deux provinces se joue surtout au niveau de l’organisation du travail. Il rapporte : « Les médecins que j’ai rencontrés disent vouloir exercer dans un milieu où le climat est moins tendu, où ils se sentent soutenus plutôt que surveillés. »

L’attrait financier et la stabilité

Le Dr Roumeliotis rappelle que la rémunération est légèrement plus élevée en Ontario, mais que c’est la stabilité du système qui fait la différence.

« Le système est relativement bien organisé en Ontario. Au Québec, on a vu beaucoup de compressions et de coupures dans les services depuis une quinzaine d’années. »

Il cite les efforts récents du gouvernement Ford, mais aussi de plusieurs communautés en Ontario qui ont lancé des plans pour le recrutement et la rétention des médecins. De nouvelles écoles de médecine ont ouvert leurs portes à la Toronto Metropolitan University et à Brampton, pour former davantage de médecins de famille. « C’est une excellente initiative, parce que d’ici cinq à dix ans, cela va aider à former plus de médecins et à diminuer la pénurie actuelle », se félicite-t-il.

Doug Ford saisit la balle au bond

Dans ce contexte, le premier ministre Doug Ford n’a pas tardé à lancer une perche à ses voisins.

« Appelez 1-800 Doug Ford! Les médecins, venez nous voir, appelez-moi sur mon cellulaire! […] On vous fera travailler très rapidement. J’adorerais voir des médecins, des infirmières, n’importe qui qui travaille dans le réseau de la santé, venez en Ontario, nous avons une communauté en pleine expansion », a-t-il déclaré à Queen’s Park mercredi en mêlée de presse.

De son côté, François Legault a dénoncé l’initiative de son homologue ontarien, l’accusant de « lui tirer dans le dos ».

Loi sur les langues officielles : même des députés libéraux poussent le gouvernement à agir plus vite 

OTTAWA – Les partis de l’opposition et des élus libéraux trouvent que le gouvernement Carney ne va pas assez vite pour mettre la Loi sur les langues officielles pleinement en vigueur, un peu plus de deux ans après sa refonte.

Les députés des trois principaux partis à Ottawa au Comité des langues officielles ont adopté une motion jeudi, réclamant que le gouvernement accélère le pas. Cette motion du député du Bloc Québécois Mario Beaulieu édicte que le comité demande à ce que « la mise en œuvre des règlements de la nouvelle Loi sur les langues officielles se produise le plus rapidement possible ».

Le libellé demande aussi la concrétisation de « la nouvelle approche asymétrique de la Loi sur les langues officielles en faveur du français au Québec ».

À l’heure actuelle, des portions de la Loi sur les langues officielles ne sont pas en vigueur, car elles attendent d’être adoptées via une prise de règlements, une tâche que le gouvernement, voulait au départ accomplir d’ici décembre 2024.

Près d’un an plus tard, le processus, qui a notamment inclus des consultations auprès des acteurs de la francophonie canadienne, est toujours en cours. La Fédération des communautés francophones et acadienne du Canada (FCFA) s’est impatientée dans les dernières semaines, pressant le gouvernement à aller plus vite. Idem pour le commissaire aux langues officielles, Raymond Théberge.

Plusieurs pouvoirs que ce dernier a obtenus lors de la modernisation de la Loi sur les langues officielles en 2023, comme le fait d’émettre des ordonnances ou des sanctions administratives pécuniaires, ne sont pas en vigueur à l’heure actuelle.

« C’est l’un des éléments qui nous empêchent de vraiment aller de l’avant en ce moment. Nous utilisons les pouvoirs dont nous disposons en attendant », affirmait Raymond Théberge aux sénateurs du Comité permanent Langues officielles le 6 octobre dernier.

Parmi les autres sections de la législation qui sont toujours en attente, on en compte une touchant les clauses linguistiques dans les ententes avec les provinces. Il y a aussi toute une section (la partie VII) qui porte sur la prise de mesures positives touchant les minorités linguistiques, une portion jugée essentielle par les experts en droits linguistiques pour favoriser l’épanouissement des communautés francophones.

« Tant et aussi longtemps que ce règlement n’est pas en vigueur, cela a un impact sur la mise en œuvre de la loi et, par le fait même, sur le développement des communautés », argumentait Raymond Théberge sur cette section de la Loi sur les langues officielles.

Le commissaire aux langues officielles Raymond Théberge. Gracieuseté.
Le commissaire aux langues officielles Raymond Théberge. Photo : Gracieuseté du Commissariat aux langues officielles

« Ils se servent peut-être de nous pour passer un message, avance le député conservateur Joël Godin au sujet des députés libéraux qui ont appuyé la motion. Je ne connais pas leurs intentions, mais c’est une aberration. La sanction royale était en 2023 et il n’y a toujours pas de règlement. On étire la sauce », déplore le critique en Langues officielles pour son parti.

« Ç’a déjà été promis plusieurs fois. On nous a parlé du mois de novembre, si c’est vrai, c’est parfait, mais on veut s’en assurer, explique l’élu bloquiste Mario Beaulieu. Dans la Loi, on a reconnu que le français est en déclin partout au Canada et en situation minoritaire et j’ose espérer qu’avec la mise en œuvre, il y a quelque chose qui va changer », poursuit-il.

Une question de semaines, dit Guilbeault

« Ça s’en vient, et je vous dirais qu’on va certainement avoir deux des trois règlements dans les prochaines semaines », a assuré le ministre des Langues officielles Steven Guilbeault mercredi avant une réunion du caucus libéral.

Lundi au Sénat, des fonctionnaires fédéraux sont restés avares sur les développements de ces règlements, mais ont assuré qu’il ne s’agissait pas d’un retard.

« Le règlement prend un certain temps à être élaboré et les consultations doivent être complétées, ce que nous avons fait. On est bien dans les eaux régulières, ce à quoi on pourrait s’attendre pour un règlement », a dit Carsten Quell, le directeur exécutif du Centre d’excellence en langues officielles au Conseil du Trésor.

« Nous avons élaboré un règlement sur la partie quatre (de la Loi sur les langues officielles) en 2019, et ça a pris trois ans avant que ça soit adopté », énonce M. Quell à titre d’exemple.

La modernisation de la Loi sur les langues officielles a été adoptée en juin 2023 avec une quasi-unanimité au Parlement.

Ottawa opte pour le « plus bas prix » : les interprètes parlementaires craignent un exode

OTTAWA — Le gouvernement fédéral ira de l’avant avec ses nouvelles règles concernant les interprètes parlementaires pigistes, notamment en favorisant le plus bas prix, ce qui fait craindre un exode de ces derniers hors du Parlement et une menace sur les activités parlementaires dans les deux langues officielles.

Ces nouvelles règles favoriseront les interprètes qui soumissionnent avec le prix le plus bas possible.

« Les offres recevables seront classées selon le prix évalué le plus bas par région; le prix évalué le plus bas étant classé le plus haut », peut-on lire dans les nouvelles règles dévoilées vendredi par Services publics et Approvisionnement Canada (SPAC).

Les interprètes pigistes seront aussi évalués selon leur profil linguistique et leur cote de sécurité. Ils devront également être accrédités auprès du Bureau de la traduction pour pouvoir travailler au Parlement. Ces derniers ont jusqu’au 24 novembre pour offrir leur services, pour des contrats qui débuteront au mois de janvier, selon l’Association internationale des interprètes de conférence au Canada (AIIC-Canada).

« Il y aura en principe moins d’interprètes. Ça va aggraver la pénurie sur la colline dès janvier » prévoit sa porte-parole Nicole Gagnon.

L’AIIC-Canada représente les interprètes pigistes qui travaillent au fédéral. Selon Mme Gagnon, ces nouvelles règles concernent un bassin d’environ 60 interprètes. Au total, il y a près de 140 interprètes sur la Colline parlementaire dont près de la moitié sont des employés du Bureau de la traduction.

Selon un récent sondage mené par l’AIIC-Canada, près de 50 % des interprètes pigistes soutenaient qu’ils quitteraient le Parlement si le critère du prix le plus bas était retenu.

« Je ne peux pas vous dire si ça sera un exode en grand nombre, mais il y aura certainement beaucoup d’interprètes qui vont partir. J’en suis persuadée », se désole Nicole Gagnon.

« En janvier là, quand le Parlement va reprendre, le Parlement aura des choix difficiles à faire et cela aura une incidence sur le public canadien dans la mesure où leur accès aux délibérations parlementaires va être brimé et donc, ça va aller à l’encontre de la constitution canadienne, c’est-à-dire le bilinguisme », juge-t-elle.

La porte-parole de l’organisme national affirme qu’il y aura prochainement une rencontre avec les interprètes pour les informer des nouvelles règles proposées par Ottawa. Mais elle rappelle qu’il ne s’agit pas d’une négociation et que la décision revient aux interprètes d’accepter ou de rejeter, prévenant que ceux-ci pourraient se tourner vers le privé.

Pas question de déroger au bilinguisme, assure les libéraux

Devant les députés du Comité permanent des langues officielles, le Bureau de la traduction avait rejeté du revers de la main l’argument que la qualité de l’interprétation se verrait réduite.

« Dire que c’est uniquement les soumissionnaires à bas prix, vous me permettrez de dire que je ne suis pas tout à fait en accord, avait réfuté son président-directeur général, Jean-François Lymburner lors d’une comparution le 7 octobre dernier. On a besoin d’avoir des interprètes qui ont été certifiés par le Bureau de la traduction. Pour nous, c’est un gage de qualité certain. Tous les soumissionnaires ne seront pas accrédités. »

« Mais ça, c’est le minimum qui est acceptable pour pouvoir travailler pour le gouvernement, contre-argumente Mme Gagnon. C’est un peu comme un pilote qui vient de recevoir son brevet, on ne le mettrait pas aux commandes d’un Boeing 747 », image-t-elle.

Cette dernière s’explique mal la démarche qu’entreprend SPAC outre le fait qu’il s’agit d’un moyen d’économiser, elle qui cite les coupes de 15 % demandées aux ministères et agences fédérales par le ministre des Finances François-Philippe Champagne.

Le ministre responsable de SPAC, Joël Lightbound n’était pas disponible pour commenter la situation. Son bureau nous a envoyé une déclaration indiquant que « le respect du bilinguisme au Parlement est une priorité absolue pour notre gouvernement, et il n’est pas question d’y déroger ».

Questionnés à ce sujet ce matin avant une réunion du caucus, les libéraux sont restés évasifs.

« Il n’y aura jamais une baisse de régime pour notre part quant à l’usage des langues officielles dans les instances du Parlement du Canada », a soutenu le ministre et Leader en chambre du gouvernement Steven MacKinnon.

« Il faut que l’on continue à s’assurer d’avoir de l’interprétation. Il faudrait que je regarde la question de plus près, mais je pense que des solutions, il y en a toujours eu et on va en trouver », a commenté la députée Mona Fortier de Ottawa—Vanier—Gloucester.

Un premier sommet francophone de la finance à Toronto

TORONTO – Le premier « Sommet Francophone Finance et Investissement » du Club canadien de Toronto se déroule ces 28 et 29 octobre. Répondant à un besoin identifié par la communauté, ces 24 conférences visent à fournir des conseils pratiques pour gérer l’argent et investir, à destination des jeunes, de nouveaux arrivants ou encore des entrepreneurs et investisseurs. Une autre ambition du sommet : bâtir des ponts entre la communauté franco-torontoise et des cercles élargis de professionnels de la finance francophones et francophiles.

Le « Sommet Francophone Finance et Investissement » est une première en son genre et une première pour le Club canadien.

À l’aube du mois de novembre, désigné en Ontario et au Canada comme le Mois de la littératie financière, cette initiative ambitieuse combine 24 conférences et 70 panélistes sur deux jours pour sensibiliser la communauté franco-torontoise à ce thème.

Au programme, des conférences éclair, des panels, des cliniques financières et des sessions interactives avec des experts de la finance qui dispensent des conseils pratiques en gestion monétaire.

Au premier jour, l’emphase est mise sur la sensibilisation des jeunes et des nouveaux arrivants, pour comprendre la littératie financière avec des panels et ateliers tels que « Enseigner l’argent : comment outiller les jeunes pour demain? », « Mon parcours d’intégration financière : ce que tout nouvel arrivant devrait savoir », ou encore « Outils pour gérer son argent au quotidien ».

Plusieurs étudiants et établissements postsecondaires y étaient ainsi présents et représentés, tels que l’UOF, le Collège Boréal, HEC Montréal, ou encore l’Université McGill.

Le deuxième jour mise sur la partie investisseurs, avec des thèmes tels que : « Tech et finance : maîtriser les outils pour piloter sa croissance », « Fonds d’investissement francophone : diversifier et saisir de nouvelles opportunités économiques » ou encore « Se lancer en affaires en rachetant une entreprise ».

« Ce deuxième volet est vraiment axé sur la finance pure cette fois pour qu’investisseurs et entrepreneurs puissent y puiser les outils pour lever des fonds, gérer les risques, etc. », explique Alexis Maquin, le directeur général du Club canadien.

« Apprendre à parler d’argent »

Alexis Maquin, directeur général du Club canadien de Toronto. Photo : Sandra Padovani/ONFR

Les intervenantes Khadija Azizi (Desjardins), Joelle Mulombo (BMO Wealth Management) et Mélanie anthony (Melanie Anthony Consultancy durant le panel « Mon parcours d’intégration financière : ce que tout nouvel arrivant devrait savoir ». Photo : Sandra Padovani/ONFR

Les intervenants Simon Bélanger (Canadia Investor Podcast) et Yerro Gassama (Université York) durant le panel « Ce que j’aurais aimé savoir à 20 ans sur l’argent ». Photo : Sandra Padovani/ONFR

Celui-ci explique que le sommet a avant tout été pensé pour répondre à une carence de connaissances en finance d’une certaine partie des acteurs francophones de la communauté, pourtant indispensable à l’expansion de la francophonie.

« L’idée m’est venue d’une conversation que j’ai eu un an plus tôt avec Ines Benzaghou, la nouvelle directrice d’Oasis Centre des femmes. Elle me rapportait que de nombreuses femmes réfugiées ont des difficultés à s’y retrouver avec le milieu bancaire et à savoir gérer des finances », explique le directeur général du Club canadien.

« J’aurais moi-même aimé qu’on m’apprenne à parler d’argent bien avant dans ma carrière. »

« On va à l’encontre des autres sommets où ce sont des PDG qui livrent une vision. Ce qu’on a voulu, c’est donner des outils de façon abordable et sensibiliser à la littératie financière. Tous les membres peuvent s’entretenir avec les panélistes et experts par exemple. » 

Élargir la communauté

De gauche à droite : Nolan Quinn, le ministre des Collèges, des Universités, de l’Excellence en recherche et de la Sécurité, Roda Muse, la sous-ministre des Affaires francophones de l’Ontario, Daniel Giroux, président du Collège Boréal, et Natalia Kusendova-Bashta, m

L’équipe du Collège Boréal était présente en nombre à l’occasion de ses 30 ans, anniversaire célébré à l’occasion du sommet. Photo : gracieuseté du Club canadien

Le ministre des Collèges, des Universités, de l’Excellence en recherche et de la Sécurité Nolan Quinn donne une partie de son discours en français après la premère journée du Sommet. Photo : gracieuseté du Club canadien

Le Club canadien souhaitait également se rapprocher des francophones et francophiles qui travaillent dans la finance dans des milieux anglophones.

« Beaucoup de francophones travaillent dans ces milieux et ne sont pas impliqués dans la francophonie. Un des leviers, une de nos cibles était d’aller récupérer ces personnes francophones qui ne sont pas impliquées dans la communauté. Beaucoup de nos panélistes travaillent pour de grandes banques ou de grands groupes anglophones. L’écosystème de la communauté grandit et c’est positif pour tout le monde. »

« C’est le plus gros projet depuis la création de Relève ON en 2018, confie encore Alexis Maquin. C’est un événement onéreux pour lequel nous n’avons pas eu de subventions publiques. Nous sommes donc allés chercher des commandites dans le privé, mais en retour c’est le public qui reçoit de la plus-value. »

Parmi les 350 personnes qui ont pris part au Sommet : des Franco-Ontariens, des Québécois et quelques personnes venues du Nouveau-Brunswick.

Mais le club franco-torontois, qui prévoit déjà d’organiser une deuxième édition, envisage de donner une portée plus « pancanadienne » en 2026, avec des intervenants et acteurs du monde de la finance interprovinciaux.

Natation : Alexandre Landry prépare le virage de sa carrière après la Coupe du monde de Toronto

TORONTO – Pour sa deuxième participation à une Coupe du monde de natation, le Franco-Ontarien Alexandre Landry a abordé le rendez-vous de Toronto comme le point de départ d’une nouvelle saison, placée sous le signe du changement. Un nouveau départ marqué par l’envie de faire les choses autrement : un encadrement plus structuré, de nouveaux objectifs universitaires et une approche mentale renouvelée.

Lors de cette étape de Coupe du monde qui se déroulait au Centre sportif panaméricain de Toronto du 23 au 25 octobre,  il a pris part à trois épreuves : le 200 m brasse (disqualifié), le 100 m brasse (22e en 1:02.13) et le 50 m brasse (31e en 28.96).

Les résultats n’ont pas été au rendez-vous mais Alexandre Landry n’était pas venu à Toronto pour chasser les chronos. Cette Coupe du monde servait avant tout à évaluer sa forme physique au cœur d’une période de préparation chargée, après plusieurs semaines d’entraînement intensif.

« Je ne m’attendais pas à des performances exceptionnelles. Je sors déjà d’un bon été avec mes meilleurs temps aux Championnats nationaux. L’idée, c’était juste de voir où j’en suis en octobre. »

Sa disqualification sur le 200 m brasse, due à un double battement de dauphin (manoeuvre interdite par le règlement) au virage, n’a pas affecté son optimisme. 

« C’est ma première disqualification en six ans. Je ne m’en suis même pas rendu compte. Si on prend le temps que j’aurais fait, c’était mon troisième meilleur chrono à vie. »

Le nageur considère cet incident comme une étape normale dans son développement. 

« Ça arrive aux meilleurs. L’important, c’est de comprendre pourquoi et de corriger dès la prochaine course. »

L’expérience grandiose de la Coupe du monde

Au-delà des résultats, le nageur sudburois a aussi profité des lieux où se déroulait l’événement. Le centre rénové et modernisé de Toronto a donné une saveur particulière à la compétition. 

« Au Centre sportif panaméricain de Toronto, ils ont ajouté des jeux de lumière et des couleurs pour créer différentes ambiances. Pendant les courses, c’était vraiment intense, ça rendait l’atmosphère plus grandiose, un peu comme dans un tournoi de hockey ou de basketball. Il y avait aussi des écrans un peu partout autour de la piscine, c’était très cool à voir. »

Le Sudburois a apprécié l’atmosphère de cette étape de Coupe du monde à Toronto qui a été une grande réussite au niveau du spectacle offert aux spectateurs. Photo : Daniel Landry

Cet environnement couplé aux récompenses de 10 000 dollars américains promis pour les records battus a stimulé les athlètes avec cinq marques mondiales battues lors de l’événement. 

« Le samedi soir, le Centre sportif panaméricain de Toronto était complètement plein, il n’y avait plus un billet disponible. L’ambiance dans la piscine était folle, le public encourageait tout le monde, et voir autant de records battus dans cette atmosphère-là, c’était spectaculaire », se remémore le Sudburois. 

Il ajoute au sujet des prix monétaires remis : « Au total World Aquatics a donné 1 553 500 dollars américains aux athlètes. L’Américaine Kate Douglas a gagné 182 000 dollars américains et le Hongrois Hubert Kos en a empoché 184 000! » 

Entre Sudbury et un nouveau départ

Depuis la fermeture du programme universitaire de natation à l’Université Laurentienne en 2021, Alexandre Landry, 22 ans, s’entraîne avec le Sudbury Laurentian Swim Club, où il côtoie des nageurs beaucoup plus jeunes. Il apprécie l’esprit de famille et la solidarité qui règnent au sein du groupe, mais le fait de ne pas appartenir à une équipe universitaire l’exclut du circuit U Sports et de ses compétitions de haut niveau. Une situation qui, tout en lui offrant un environnement sain et formateur, limite ses occasions de se mesurer régulièrement à l’élite nationale.

Mais le Franco-Ontarien sait que cette étape n’est que temporaire. Il prévoit rejoindre une autre université canadienne en 2026, afin d’intégrer une équipe universitaire complète et un environnement de haut niveau.

« Je garde mon éligibilité universitaire puisque je n’ai pas participé au championnat U Sports. Je veux m’entraîner avec une équipe complète et continuer mes études en sciences de l’éducation. »

Cette nouvelle aventure marquera une évolution importante : un cadre plus structuré, un encadrement quotidien et un calendrier de compétitions plus dense. « Je vais être un peu un recruté tardif, mais ça me motive encore plus. »

L’expérience du Centre de haute performance

En parallèle de ses entraînements à Sudbury, Alexandre Landry se rend régulièrement au Centre de haute performance de Toronto, environ une fois toutes les six à huit semaines. Situé au Centre sportif panaméricain de Scarborough, ce complexe est l’un des trois centres nationaux de natation au Canada, réservés aux athlètes de haut niveau qui visent les Jeux olympiques ou les Championnats du monde.

« Le Centre de haute performance de Toronto, c’est un des trois centres nationaux du pays. Ce sont surtout les élites canadiennes qui s’y entraînent. Le gymnase est géré avec le Canadian Sport Institute : il y a les masseurs, les physios, les nutritionnistes… tout ce dont on a besoin. Et la piscine, on l’a à notre disposition, à n’importe quelle heure », explique-t-il.

C’est en se mesurant aux meilleurs athlètes de sa discipline canadiens et du monde qu’Alexandre Landry va pouvoir continuer à progresser. Photo : Daniel Landry

Ces séjours, même ponctuels, lui permettent de s’immerger dans un environnement d’excellence. « Les pratiques sont beaucoup plus intenses ici. En deux jours, j’ai nagé au-dessus de 18 kilomètres. À Sudbury, j’en fais environ 13 au maximum. Les groupes sont plus petits, donc il y a plus de suivi un à un avec les entraîneurs. »

Il décrit l’expérience comme exigeante mais profondément stimulante. « Après quelques jours, je suis fatigué, j’ai mal partout, mais je me pousse, parce que je sais que c’est bon pour moi. Même si c’est une fois par mois ou tous les deux mois, ça m’aide à progresser et à rester au contact du plus haut niveau. »

Se renforcer, se recentrer et peaufiner la technique

Depuis plusieurs saisons, Alexandre Landry travaille sur le plan mental. Il a notamment reçu les conseils de l’ancien champion canadien Brent Hayden, qui l’a aidé à développer sa confiance et sa sérénité en compétition.

« Brent m’a donné un vrai coup de pouce. Il m’a aidé à mieux gérer la pression et à me concentrer sur les bonnes choses. »

Il cite aussi l’un de ses modèles, le Britannique Adam Peaty, pour résumer son état d’esprit actuel :
« Un nageur heureux est un nageur rapide. Pourquoi nager si tu n’as pas de fun? »

Au-delà de l’aspect mental, Landry s’est aussi concentré sur le développement de sa force physique. « C’est surtout au gym que je sens mes plus gros progrès. Plus je gagne de force, plus je peux l’appliquer dans l’eau. Ensuite, c’est là que la technique entre en jeu : la position des mains, l’angle du coude, la propulsion. »

Il s’appuie désormais sur la visualisation et sur une attention accrue aux détails techniques. « La vitesse se travaille au gym, l’endurance dans la piscine, mais tout se joue sur des fractions de seconde. Un virage raté ou une mauvaise entrée dans l’eau, et tu perds tout le bénéfice du travail. »

Une saison déjà bien lancée

La Coupe du monde de Toronto marque donc le début d’une nouvelle phase. Alexandre Landry participera du 5 au 7 décembre 2025 à la compétition Murray Drudge Invitational au Centre sportif panaméricain de Toronto, avant les championnats provinciaux du mois de mars.

Au printemps, il s’envolera avec son club pour un camp d’entraînement de dix jours en Espagne, avant les sélections nationales de juillet.

« C’est le début de saison, je sens déjà des progrès. J’ai hâte de voir où ça va me mener d’ici l’été prochain. »

Décès de Bernard Grandmaître, père de la Loi sur les services en français

Le bâtisseur franco-ontarien et l’une des grandes figures de l’Ontario français Bernard Grandmaître s’est éteint à l’âge de 92 ans.

Né en 1933 à Vanier (anciennement Eastview), il aura été politicien pendant plus de 20 ans. Maire de Vanier en 1974, il fait ensuite le saut quelques années plus tard en politique provinciale en 1984 comme député d’Ottawa-Vanier. Bernard Grandmaître devient ensuite ministre délégué des Affaires francophones sous le gouvernement de David Peterson, et permet l’adoption de la Loi sur les services en français.

C’est grâce à cette loi qu’est rendu possible l’accès à des services gouvernementaux en français dans la province.

« Il faut comprendre que tout le monde n’était pas d’accord avec le projet de la Loi 8. Certains ministres en particulier. Ceux-là avaient 1 % de francophones dans leur comté. Sans l’appui de l’ancien premier ministre, David Peterson, la loi ne serait probablement pas passée », affirmait-il en entrevue à ONFR en 2016.

« Ben [Bernard] était un ministre très compétent et un champion des droits des francophones. Il a été le pilote de notre historique Loi sur les services en français, qui a transformé l’Ontario pour le meilleur » a partagé dans une déclaration à ONFR, l’ancien premier ministre de l’Ontario, David Peterson.

« On se souviendra de lui pour ses contributions, et il nous manquera, car c’était un homme merveilleux », ajoute l’ancien leader libéral ontarien.

Bernard Grandmaître a été député libéral de 1984 à 1999, notamment comme ministre sous le gouvernement Peterson. En plus de s’occuper des dossiers francophones, il sera ministre du Revenu et des Affaires municipales dans ce gouvernement libéral entre 1985 et 1989.

« La francophonie en Ontario a toujours ce même défi que lorsque j’étais à Toronto dans les années 80. Il a toujours fallu combattre et défendre le peu qu’on avait », rappelait-il en entrevue en 2019, quelques mois après le jeudi noir en Ontario français sous le gouvernement Ford.

En 1999, les prix Bernard Grandmaître, qui récompensent des francophones de la région d’Ottawa, ont été créés en son honneur. En 2013, il a reçu l’Ordre du Canada pour saluer son engagement envers la francophonie ontarienne. Il est aussi le récipiendaire de l’Ordre de la Pléiade, en plus d’avoir reçu des doctorats honorifiques de l’Université d’Ottawa et de l’Université Laurentienne. Des bâtiments dans la région d’Ottawa comme une école et un aréna portent aujourd’hui son nom.

Des réactions aux quatre coins de l’Ontario français

« On perd un homme extraordinaire qui a donné beaucoup pour l’avancement de la francophonie en Ontario », raconte Madeleine Meilleur, qui a représenté la même circonscription à Queen’s Park que Bernard Grandmaître.

À l’instar de Bernard Grandmaître, elle siègeait au conseil municipal de Vanier avant de faire le saut en politique provinciale quelques années plus tard.

« J’ai commencé à faire du porte-à-porte en politique avec lui, se remémore Mme Meilleur au téléphone. Il se présentait à ce moment-là à la province de l’Ontario. Je le connaissais de réputation, mais ça a été mes premières rencontres. Puis après ça, on se voyait, il était toujours très présent à toutes les activés dans l’Ontario français. »

Madeleine Meilleur et Bernard Grandmaitre. Photo : Archives ONFR

« J’ai vu comment il a fait de la politique et c’est ce qui m’a aidée à être une meilleure politicienne parce que je lui demandais des conseils, mais surtout, c’est ce que j’observais de lui que j’ai voulu adopter », affirme-t-elle.

« En ce moment de tristesse, nous saluons la mémoire d’un homme dont la vision et l’engagement ont profondément transformé notre société », a commenté la ministre des Affaires francophones, Caroline Mulroney.

« Il restera à jamais reconnu comme le père de la Loi 8, une législation historique qui a marqué un tournant majeur dans la reconnaissance et la protection des droits linguistiques en Ontario. Son héritage est immense », ajoute la ministre dans un message sur ses réseaux sociaux.

« Bernard Grandmaître n’était pas seulement un homme politique : il était une voix, une présence continue, une force tranquille au service de la francophonie ontarienne », a souligné Mona Fortier, députée fédérale d’Ottawa—Vanier—Gloucester.

« Son départ laisse un grand vide », souligne l’actuelle députée provinciale d’Ottawa-Vanier, Lucille Collard. 

Bernard Grandmaître lors du Gala qui porte son nom en 2017. Photo : Patrick Imbeau

« Je me considère privilégiée d’avoir eu la chance de connaître et de côtoyer Bernard Grandmaître. Il a longtemps été mon voisin et, même après son déménagement, nous avons continué à nous croiser lors de rassemblements importants, notamment à la fête des Franco-Ontariens, un événement qu’il ne manquait jamais », rappelle l’élue franco-ontarienne.

« J’ai eu la chance d’échanger avec lui à plusieurs reprises, tant officiellement qu’en ami. Recevoir le prix Bernard Grandmaître fut pour moi un immense honneur, et un rappel de son héritage durable », indique de son côté Mathieu Fleury, ancien élu du quartier de Rideau-Vanier et figure connue dans la région d’Ottawa.

La lieutenante-gouverneure de l’Ontario Edith Dumont a elle aussi rendu hommage à « l’un des piliers de la francophonie ontarienne » : « Ardent défenseur des droits des francophones, Bernard Grandmaître laisse un vide immense dans nos communautés. Son énergie inépuisable, son engagement social et son sens profond de la communauté ont inspiré et ouvert la voie à une nouvelle génération de leaders. Bernard savait rassembler, mobiliser et faire avancer les causes qui lui tenaient à cœur. Je garderai précieusement le souvenir de son sourire chaleureux et de sa détermination à toute épreuve. Merci, Bernard! »

À l’Assemblée de la francophonie de l’Ontario (AFO), c’est le legs législatif du père de la Loi 8 que l’on salue.

« C’est clairement grâce à lui si la communauté francophone peut avoir des services en français dans la majorité des bureaux du gouvernement dans les services désignés, a louangé le président de l’AFO, Fabien Hébert. Ça fait partie de son legs à la communauté », indique celui qui qualifie M. Grandmaître de « grand bâtisseur de la communauté franco-ontarienne ».

Un français toujours « limité » pour le PDG d’Air Canada

Quatre ans après sa controverse sur le français et près de 300 heures de cours d’apprentissage, le PDG d’Air Canada Michael Rousseau a toujours une maîtrise du français qui est « limitée ».

C’est ce qu’a indiqué Air Canada dans une lettre adressée au Comité permanent des transports, de l’infrastructure et des collectivités à Ottawa.

« M. Rousseau regrette que sa maîtrise du français demeure limitée, et ce, même avec les efforts déployés et le temps passé à l’apprendre », écrit David Rheault, le vice-président — Relations avec les gouvernements et les collectivités chez le transporteur aérien dans sa missive.

En 2021, le président de la comapgnie canadienne a provoqué l’indignation en affirmant qu’il avait pu vivre à Montréal pendant 14 ans sans parler français, un fait qu’il jugeait « tout à l’honneur de Montréal ». Quelques heures après ces propos, Michael Rousseau s’était excusé en plus de s’engager à apprendre la langue de Molière. Ces affirmations avaient suscité un tollé, donnant lieu à un record de plaintes au Commissariat aux langues officielles.

Tout en saluant les efforts du dirigeant d’Air Canada, pour apprendre la langue de Molière, le commissaire Raymond Théberge maintient qu’il croit « fermement que le bilinguisme constitue une compétence essentielle pour tout leader » au fédéral.

« Les attentes restent élevées pour les dirigeants d’entreprises privées assujetties à la Loi sur les langues officielles et il est souhaitable qu’il puisse s’exprimer de manière équitable dans les deux langues afin de rejoindre l’ensemble des Canadiennes et Canadiens », indique le commissaire aux langues officielles dans une déclaration écrite à ONFR.

Plus de 560 heures de cours et de devoirs

Dans cette lettre envoyée le 23 octobre, David Rheault précise que M. Rousseau a suivi depuis novembre 2021, 313 heures de cours en plus de 250 heures supplémentaires consacrées aux devoirs, à la pratique et à la révision de ses apprentissages.

« M. Rousseau a également consacré du temps à diverses activités quotidiennes, telles qu’écouter la radio, lire, regarder la télévision en français et suivre des programmes d’apprentissage en ligne (en moyenne environ cinq heures par semaine) », détaille M. Rheault.

Ce dernier poursuit sa lettre en indiquant que Michael Rousseau continuera de « consacrer du temps, malgré les défis qu’il rencontre » dans l’apprentissage du français.

« Même s’il n’a pas atteint le niveau de compétence linguistique qu’il souhaite, il comprend et reconnaît pleinement l’importance de la langue française pour notre pays, pour le Québec et pour Air Canada », conclut-il.

Cette lettre fait suite à un passage à ce même comité du PDG d’Air Canada en décembre 2024 où il avait été incapable de répondre aux questions des parlementaires en français.

« Je suis sérieux dans mon intention d’apprendre le français. À l’évidence, j’ai besoin de plus de temps que je le pensais, mais je poursuis dans cette voie », avait-il dit, ajoutant être « désolé » de ne pas parler en français, mais « qu’à mon âge, c’est difficile ».

À la suite de cette rencontre, le comité des Transports avait adopté une motion du député du Bloc québécois, Xavier Barsalou-Duval, réclamant un compte rendu du nombre d’heures de cours de français du haut dirigeant de la compagnie aérienne.

« On apprend qu’en quatre ans, le patron d’Air Canada a suivi moins d’heures de cours de français que la gouverneure générale (313 contre 324)… Il nous apparaît clair que M. Rousseau ne prend pas son engagement au sérieux », dénonce l’élu bloquiste Xavier Barsalou-Duval.

Air Canada est assujettie à la Loi sur les langues officielles en tant qu’entreprise privée de compétence fédérale. Michael Rousseau en est le président depuis 2021.

La francophonie gagne du terrain à Sault-Sainte-Marie

SAULT-SAINTE-MARIE – Un nouvel événement culturel se tiendra en mars 2026 à Sault-Sainte-Marie, dans le nord de l’Ontario, pour célébrer la Francophonie internationale et mettre en lumière l’art, la musique et la gastronomie.

Le Centre francophone de Sault-Sainte-Marie (CFSSM) se prépare à lancer le « Rendez-vous des cultures francophones », un projet qui promet de faire rayonner la Francophonie internationale dans la ville.

« On voulait proposer quelque chose de différent cette fois, un véritable échange culturel francophone », explique Carole Blaquière, directrice du centre depuis près de deux ans.

La Ville de Sault-Sainte-Marie a récemment renforcé ses services en français pour tourner la page sur la déclaration unilingue anglaise adoptée en 1990. Depuis cette mesure, un regain d’intérêt pour les activités francophones se fait sentir dans la communauté.

« Depuis que la ville offre des services en français, on voit une participation accrue à nos événements, et même les cours en français affichent complet », se réjouit Carole Blaquière. 

En 2024, celle-ci avait collaboré avec le musée de Sault Ste. Marie pour lancer une exposition temporaire sur l’histoire et la culture francophones de la région, soulignant la place difficile du français 34 ans après la déclaration unilingue anglophone.

Mme Blaquière espère que le Rendez-vous permettra de consolider cette dynamique et de créer un espace où tous les francophones se sentent « à la maison ».

Le projet pourra voir le jour grâce à un financement de 49 000 $ accordé le 10 septembre dernier dans le cadre du Programme d’appui à la francophonie ontarienne. Cette somme permettra de soutenir l’organisation des ateliers, des spectacles et de la logistique générale.

Le député Chris Scott a fait l’annonce du financement devant le Centre francophone en septembre dernier. Photo : Chris Scott/Facebook

Art, musique et gastronomie

L’événement reposera sur trois axes principaux : l’art visuel, la musique et la gastronomie. Il vise à faire découvrir et partager des pratiques artistiques et culinaires venues de différentes régions francophones du monde.

Des ateliers dirigés par des artistes locaux et internationaux seront proposés, et une exposition collective présentera les créations réalisées pendant le projet.

Le Rendez-vous entend également favoriser la cohésion sociale et stimuler le dialogue interculturel grâce à des tables rondes et des discussions ouvertes sur les pratiques artistiques et culinaires. Du côté de la gastronomie, l’organisation souhaite encourager les échanges culinaires, même si certains détails restent à préciser.

Le Centre francophone a d’ailleurs lancé un appel à propositions afin de recenser les partenaires, artistes, chefs et bénévoles souhaitant contribuer à l’événement, dont le lieu reste aussi à déterminer.

Carole Blaquière croit au potentiel de ce nouveau rendez-vous et souhaite en faire un événement pérenne. Photo : Chris Scott/Facebook

Portée locale et internationale

Bien que Sault-Sainte-Marie ne compte que 3 % de personnes dont le français est la première langue officielle parlée, l’organisme espère attirer au moins une centaine de participants pour les ateliers et les soirées culturelles.

« On souhaite justement pouvoir mieux connaître les origines de notre population francophone locale mais aussi promouvoir la Francophonie internationale », explique celle qui est aussi entrepreneuse.

L’événement cherchera aussi à rassembler des francophones et francophiles provenant d’autres villes du Nord de l’Ontario afin de créer des ponts entre les communautés et enrichir les échanges culturels.

Pour soutenir cette participation et garantir l’accessibilité de l’événement, le CFSSM prévoit un maximum d’activités gratuites, tout en maintenant certaines activités payantes afin d’en assurer la qualité et la valeur.

Si la date n’est pas encore officiellement confirmée, l’organisation prévoit que ce rendez-vous culturel se tiendra autour de la fin de semaine du 20 mars 2026, à l’occasion de la Journée internationale de la Francophonie.

Ford défend sa publicité à 75 M $ qui a bloqué les négociations avec les États-Unis

TORONTO – Les attaques ont fusé ce matin à Queen’s Park au sujet de la campagne publicitaire utilisant le discours anti-tarif de l’ancien président américain Ronald Reagan. En cause, son coût de 75 millions de dollars « du contribuable », et sa responsabilité directe dans l’arrêt des négociations avec les États-Unis pour les tarifs douaniers. Doug Ford a défendu sans relâche cette publicité qui est selon lui «  la plus réussie » de toutes, affirmant qu’elle a généré un milliard de vues.

Vendredi dernier, le gouvernement Ford annonçait mettre sur pause la diffusion du spot publicitaire, car la veille, Donald Trump décrétait mettre fin à toute négociation commerciale avec le Canada. En cause, l’utilisation de propos anti-tarifs de l’ancien président des États-Unis Ronald Reagan dans la vidéo diffusée sur les chaînes de télévision américaines.

Le député libéral John Fraser a fustigé ce matin le gouvernement Ford pour les coûts de son spot publicitaire, soit 75 millions de dollars « d’argent des contribuables ».

« Je ne pense pas que les contribuables devraient payer pour les ambitions du premier ministre de devenir premier ministre fédéral », a-t-il lancé.

Le député d’Ottawa-Sud a également vivement critiqué ses conséquences directes sur l’arrêt des négociations entre le Canada et les États-Unis, et l’irresponsabilité du premier ministre ontarien.

La veille au soir en Malaisie, le premier ministre canadien Mark Carney a également déclaré publiquement et sans équivoque que les négociations, qui étaient bien avancées, se sont arrêtées abruptement à cause de la publicité.

« Je suggère qu’on prenne au sérieux les mots du gouvernement américain. Du point de vue du gouvernement fédéral, dont je suis responsable, nous sommes prêts à reprendre ces discussions lorsque le gouvernement américain sera disposé à le faire (…) On avait fait des progrès, ces publicités sont arrivées et maintenant nous nous trouvons dans la situation où nous sommes. »

En scrum, le premier ministre a défendu sa campagne auprès des journalistes, assurant qu’elle a généré un milliard de vues.

« Cela a permis de lancer le sujet avec les sénateurs et les gouverneurs et de sensibiliser les Américains », a-t-il également justifié.

« Parlons du soi-disant accord. J’entends parler de ça depuis des mois. Et s’il y en avait un, il n’y a aucune mention de l’automobile. Les Américains ont agi lâchement sur l’acier avec 50 % de [tarifs] alors que nous sommes à 25 %, mais rien n’est fait à ce sujet (…) Ma priorité ici, c’est de protéger les emplois en Ontario. Il n’y a absolument aucune mention de l’automobile. Je vais me battre pour les travailleurs de tous ces secteurs que le président Trump veut anéantir. Je vais continuer à ma battre et je ne m’excuserai jamais pour ça. »

Marit Stiles, cheffe néo-démocrate en mêlée de presse. Photo : Sandra Padovani/ONFR

Une opinion également commentée en mêlée de presse par Marit-Stiles, la cheffe néo-démocrate : « Doug Ford pense que c’était une campagne publicitaire réussie, car il a réussi à ce que des gens la regardent aux États-Unis. Moi, vous savez, je mesure le succès au nombre d’emplois que nous parvenons réellement à sauver. »

« J’étais en réunion jeudi avec des travailleurs de l’automobile chez Stellantis, à Brampton. Ce qu’ils me disent, très clairement, c’est qu’ils ne voient pas le premier ministre se battre pour leurs emplois en ce moment. Au lieu de cela, il se concentre sur une campagne publicitaire qui sert à quoi, à gonfler son ego? »

De conclure : « Son travail est de représenter l’Ontario et de sauver les emplois que nous avons en ce moment. Je ne l’ai pas entendu parler d’une solution pour les travailleurs à Guelph, ni à Brampton chez Stellantis, ni à Hearst, ni à Kapuskasing ».

Série mondiale : l’Ontario francophone croit en ses Blue Jays

TORONTO – L’aventure se poursuit dans les séries éliminatoires de la Ligue majeure de baseball pour les Blue Jays, et avec elle, l’engouement d’une francophonie sportive qui suit chaque lancer avec passion. Après avoir éliminé Seattle en finale de la Ligue américaine, Toronto affronte désormais le colosse hollywoodien, les Dodgers de Los Angeles dans la Série mondiale.

Avec une égalité 1-1 avant le match 3, ce lundi soir en Californie, l’optimisme est grandissant aussi bien chez les partisans que chez les spécialistes francophones qui croient de plus en plus en l’exploit.

La semaine dernière, George Sherwood et Liam Rajab, deux jeunes partisans francophones de Toronto, expliquaient à ONFR suivre de près la série contre les Mariners et continuer d’y croire malgré un retard de 0-2 après les deux premiers matchs.

Les faits leur ont donné raison : les Blue Jays ont renversé Seattle en sept matchs (4–3) et remporté le match ultime 4–3 grâce à un circuit décisif de George Springer en septième manche, décrochant ainsi leur billet pour la Série mondiale.

« On ne pouvait pas le croire!  raconte George, 16 ans, en repensant à ce moment. J’étais avec ma famille, et quand il a frappé, c’était la folie. »

Son ami Liam, du même âge, se souvient de la même scène : « J’étais avec mon père, on a crié, sauté, on n’y croyait pas. »

Les deux élèves à l’École secondaire Michelle-O’Bonsawin, dans l’est de Toronto, n’ont pas pu suivre la rencontre ensemble comme ils l’avaient envisagé « parce qu’il y avait école le lendemain », mais ont savouré de la même manière, chacun de leur côté, cette qualification pour la Série mondiale 32 ans après la dernière participation de la franchise torontoise à l’événement.

David contre Goliath version baseball

Pour les commentateurs québécois Gavino De Falco et Jérémy Filosa, animateurs du Podcast des Blue Jays, diffusé sur une chaîne communautaire du réseau Rogers à Ottawa, cette Série mondiale illustre à merveille le choc entre le petit et le grand.

« Les Dodgers, c’est Hollywood, » décrit Gavino De Falco. « Une masse salariale de près de 400 millions, des vedettes qui valent des dizaines de millions chacune, un effectif d’étoiles. »

Filosa renchérit : « Ça fait dix ans qu’ils font les séries. Ils ont gagné l’an passé. Et ils ont Ohtani, Mookie Betts, Freeman… c’est l’élite mondiale. »

Mais les Jays se plaisent dans le rôle du négligé. « Les gens aiment prendre pour l’équipe qui n’est pas censée gagner, souligne Jérémy Filosa. Cette fois, c’est Toronto. »

Le phénomène Shohei Ohtani

Difficile d’évoquer cette finale sans parler de Shohei Ohtani, la superstar japonaise des Dodgers.

 « C’est un extra-terrestre, s’enthousiasme, Jérémy Filosa. Il lance, il frappe, il brise des records. »

Son co-animateur ajoute : « Sa constance est hallucinante. Année après année, il reste au sommet. On parlera encore de lui dans cent ans. »

Même les jeunes fans torontois, partagés entre admiration et rivalité, le reconnaissent.

« On est chanceux de le voir jouer, mais dommage qu’il soit contre nous! » sourit Liam.

George, plus pragmatique, ajoute : « Je ne vais pas me plaindre qu’il ne joue pas très bien dans ces séries pour l’instant! »

Une série qui s’équilibre

Le match 1, remporté par Toronto, a été un véritable coup de tonnerre dans cette Série mondiale. Alors qu’ils tiraient de l’arrière 2-0 après quatre manches, les Blue Jays ont complètement renversé la situation avec neuf points inscrits dans la sixième, une manche devenue instantanément historique. 

Le moment clé : le grand slam d’Addison Barger, qui a fait exploser le Rogers Center et propulsé Toronto vers une victoire de 10-4. 

« Avant la série, je ne savais pas trop à quoi m’attendre, raconte George. Mais quand j’ai vu ce grand chelem, je me suis dit : « Wow, ça va être une série très amusante à regarder, peu importe le résultat. » »

Liam, lui, n’a jamais douté. « J’y crois depuis le début, affirme-t-il. Même contre les Dodgers, je me dis qu’on peut le faire. »

Pour le commentateur Jérémy Filosa, cette victoire s’explique aussi par l’audace du gérant John Schneider.

« Il a bougé ses pions sans hésiter. Il a fait appel à ses joueurs de banc, et Varsho comme Barger ont enfin débloqué leur puissance. Beaucoup de crédit à David Popkins, le nouvel instructeur des frappeurs. »

Le deuxième match, en revanche, a rappelé la dure réalité du baseball avec un score sans appel de 5-1 pour les Californiens. 

« Les Jays avaient Yamamoto dans les câbles dès la première manche, deux coureurs sur les buts, aucun retrait, résume Filosa. S’ils avaient marqué à ce moment-là, le match aurait été différent. »

Los Angeles, nouveau tournant

Ce lundi soir, les Blue Jays entament trois matchs à Los Angeles. Le défi : tenir tête à une rotation redoutable des Dodgers.

« Sur papier, l’avantage des partants est du côté de Los Angeles, reconnaît Gavino De Falco. Mais si Scherzer et Bieber, du côté des Jays, sont capables d’offrir de bonnes performances, tout devient possible. »

L’expert québécois nuance : « Scherzer a été phénoménal contre les Mariners, même s’il a connu des hauts et des bas en fin de saison. Bieber a eu des départs plus courts, mais s’il retrouve sa précision, Toronto peut surprendre. »

Entre superstition et espoir

Liam n’oubliera jamais sa soirée du match 1 : « J’étais à un anniversaire, tout le monde était chic, moi j’avais mon chandail des Jays. Ils perdaient 2-0, je l’ai enlevé… et ils ont remonté! Depuis, je ne le porte plus. »

Pour les deux amis, la défaite du match 2 n’a rien de dramatique. 

« On ne va pas les battre 4-0, explique George. Mais si on revient à Toronto à égalité, on peut gagner. »

Liam approuve, si les Blue Jays parviennent à prendre un match à Los Angeles et revenir à Toronto, ils peuvent le faire.

 « Si on revient à Toronto à égalité, avec l’énergie du Rogers Center et la foule, tout est possible », conclut George. 

Au-delà de l’Ontario

À Toronto, impossible d’ignorer la ferveur.

« Chaque deux personnes ont une casquette ou un t-shirt des Blue Jays », observe George. « Même ceux qui n’ont jamais regardé un match en parlent. »

Gavino De Falco confirme la même chose depuis Montreal : « l’engouement est réel. On sent que le baseball, au Canada francophone, redevient une passion collective. »

Et Filosa de conclure sur l’importance de la rotation des lanceurs partants pour les Blue Jays qui vont devoir se surpasser : « C’est vraiment là la clé. Sur papier, les Dodgers ont l’avantage au monticule, surtout avec l’inversion de Scherzer et Bieber pour les matchs 3 et 4. Scherzer pourrait lancer deux fois si la série va au bout, mais il n’a pas été constant en fin de saison. Et Bieber a eu de la difficulté à dépasser la troisième manche dans ses derniers départs, donc Schneider a dû ajuster sa rotation. »

Plafond d’étudiants étrangers : Ottawa a violé la Loi sur les langues officielles 

OTTAWA – Le commissaire aux langues officielles du Canada conclu que le fédéral a contrevenu à ses obligations linguistiques en imposant aux établissements postsecondaires un plafond national de permis d’études en 2024.

Le ministère de l’Immigration n’a pas consulté les établissements francophones hors Québec et n’a pas atténué les impacts négatifs qu’aurait un plafond de permis d’étude national sur les francophones, peut-on lire dans le rapport d’enquête du Commissariat aux langues officielles (CLO). Immigration, Réfugiés et Citoyenneté Canada (IRCC) admet même au commissaire aux langues officielles « avoir anticipé que sa décision pouvait avoir des incidences négatives à surveiller et à atténuer ».

En janvier 2024, face à la montée du nombre d’étudiants étrangers au pays, l’ancien ministre de l’Immigration, Marc Miller, a imposé un plafond sur les permis d’études au Canada. Cette mesure contrevient à la partie VII de la Loi sur les langues officielles, écrit dans son rapport final le commissaire, en raison de son impact sur les institutions francophones en milieu minoritaire.

22 établissements postsecondaires, avaient porté plainte au CLO dans ce dossier via l’Association des collèges et universités de la francophonie canadienne (ACUFC).

« On est très satisfait du rapport d’enquête. Ça nous rassure de voir que l’interprétation de la Loi sur les langues officielles et la façon dont elle aurait dû être appliquée dans le dossier du plafond des permis d’études correspond à l’interprétation du Commissariat », réagit Martin Normand, président-directeur général de l’ACUFC.

Le commissaire aux langues officielles fait deux recommandations. Il recommande qu’IRCC consulte les établissements francophones d’ici douze mois et que basé sur cela, il devra par la suite prendre « des mesures positives concrètes fondées sur le résultat des activités… afin d’éviter ou d’atténuer les incidences négatives relevées, le cas échéant ».

La portion VII de la Loi, qui n’a pas été respectée selon le CLO, est une nouvelle section, grandement modifiée lors de la modernisation de la législation linguistique en 2022. Elle oblige notamment les institutions fédérales à prendre des mesures positives et à atténuer les impacts lorsqu’il s’agit de mesures négatives. Elle incombe aussi aux instances fédérales de consulter les minorités linguistiques lorsque vient le temps de prendre une décision qui pourrait les impacter.

« Je pense que ça ouvre un nouveau chantier, constate Martin Normand. On n’a pas eu beaucoup de directives claires encore, sur comment il faut interpréter la nouvelle Loi sur des langues officielles. Ça, ça en est une nouvelle. » 

Une exemption dès la semaine prochaine?

Au moment d’annoncer un plafond en 2024, les établissements en milieu minoritaire hors Québec avaient demandé à Ottawa une exemption pour la clientèle mondiale francophone, ce qui avait été refusé.

Le plafond des permis d’études a eu un impact négatif sur la réputation du Canada auprès des étudiants étrangers, souligne Martin Normand, ce qui a eu pour effet de faire baisser leur nombre dans les institutions postsecondaires en français. La clientèle internationale représente près de 30 % des étudiants des établissements francophones hors Québec, mais cela ne représente que 1 % à 2 % du nombre total d’étudiants étrangers au Canada.

« On subit les effets du plafond depuis maintenant 18 mois », dénonce Martin Normand, qui estime que la prochaine étape sera de « mesurer les effets du plafond sur notre réseau d’établissement » avec le ministère de l’Immigration et la ministre Lena Metlege Diab.

« L’exemption, c’est ce qu’on a demandé au jour un, rappelle le dirigeant de l’ACUFC. Les choses ont peut-être évolué depuis, mais on pourrait discuter de la suite des choses avec eux. Je pense que ça va être le résultat des consultations. »

Au moment d’écrire ses lignes, le bureau de la ministre Diab n’avait pas répondu à notre demande de commentaires.

Le stagiaire postdoctoral à l’Université d’Ottawa et à l’Institut du savoir Montfort, Martin Normand. Crédit image: Benjamin Vachet
Martin Normand. Crédit image : Archives ONFR+

La semaine dernière, Mark Carney a annoncé que le budget du 4 novembre comprendra les niveaux d’immigration du Canada pour les trois prochaines années, comme le nombre d’étudiants étrangers. Pourrait-il y avoir des mesures correctives pour les universités et collèges francophones?

« Je pense que c’est tôt, mais en même temps ça fait quelques semaines que le rapport (d’enquête) est entre les mains d’IRCC. Reste à voir s’il se sera gardé une marge de manœuvre pour agir avec nous », soutient M. Normand.

Projet pilote d’exemption du plafond des permis d’études

Immigration, Réfugiés et Citoyenneté Canada (IRCC) a soutenu aux enquêteurs du Commissariat aux langues officielles qu’elle avait consulté les établissements, avant sa décision en janvier 2024, mais ces consultations ne portaient pas sur la possibilité d’imposer le plafond, précise le rapport d’enquête.

Le lancement d’un projet pilote visant à exempter des étudiants francophones du plafond des permis d’études était aussi une façon d’atténuer les impacts négatifs, a soutenu IRCC. Or, ce programme n’était pas directement lié à la décision du fédéral de freiner le nombre d’étudiants étrangers au pays et la consultation préalable auprès de l’ACUFC, ne portait pas explicitement sur le plafonnement du nombre de permis d’études, juge le Commissariat aux langues officielles (CLO).

« Sans consultations adéquates et sans prise en compte de l’incidence de la décision, l’institution (IRCC) ne peut prétendre qu’une mesure sera suffisante ou appropriée. Cela est particulièrement vrai lorsque cette mesure a été conçue et mise en œuvre au moyen d’un processus décisionnel différent », soutient le rapport de six pages du CLO.

Pour l’ACUFC, « un premier geste évident à poser » serait de renouveler ce projet pilote, conclut M. Normand.

Crise à Fauquier-Strickland : des résidents veulent se séparer de leur municipalité

FAUQUIER-STRICKLAND – Certains résidents de Fauquier-Strickland, dans le Nord de l’Ontario, explorent la possibilité de se séparer de leur municipalité. Ils dénoncent des hausses de taxes jugées trop élevées et un manque de transparence dans la gestion des services municipaux.

Propriétaire de deux entreprises locales, Paul Lavoie fait partie d’un groupe estimé de 60 à 70 personnes qui envisagent cette possibilité. Il affirme que les récentes hausses de taxes, survenues alors que la municipalité de 467 habitants fait face à un déficit record de 2,5 millions de dollars, ont été le déclencheur du mouvement.

« Nous n’acceptons pas l’augmentation de 20 % à Grégoire Mills et Strickland. Nous allons tenter de nous séparer de la municipalité de Fauquier. Nous en sommes aux premières étapes de cette discussion, mais jusqu’à présent, 100 % des personnes que nous avons interrogées sont favorables à la séparation. »

Pascal Albert, résident de Grégoire Mills, dont la taxe foncière a fortement augmenté ces dernières années, fait partie de ces personnes qui souhaitent divorcer avec la ville. 

« L’année dernière, il y a eu 20 % d’augmentation de taxes sur ma propriété. L’année précédente, c’était 25 %. Pour notre petite communauté, c’est devenu trop lourd », explique-t-il.

Paul Lavoie et Yolande Fantham, tous deux propriétaires de terrains de camping et qui subissent une hause des taxes de 7000 $ et 8000 $, ont fait publiquement savoir qu’ils ne paieront pas.. Photo : Gracieuseté de Paul Lavoie

La gestion de l’eau pointée du doigt

L’eau et les égouts représentent un point de tension majeur. Dans les secteurs ruraux comme Grégoire Mills, les résidents ont leur propre puits et fosse septique, mais seraient contraints de contribuer financièrement aux systèmes municipaux qu’ils n’utilisent pas.

Paul Lavoie souligne : « Nous payons pour un système d’eau que nous n’utilisons pas. Les petites propriétés en ville sont couvertes, mais nous, propriétaires ruraux, finançons une partie du système tout en gérant nos propres installations. »

Pascal Albert précise : « Pour ma maison, je paie près de 1 100 $ par an pour le surplus du système municipal. Mon puits et ma fosse septique coûtent chacun 15 000 $ à l’achat et à l’entretien. Nous finançons le système municipal tout en supportant nos propres infrastructures. »

Selon lui, les seules prestations réellement disponibles sont la collecte des poubelles et le service incendie. « On paye des taxes élevées pour presque rien en retour », déplore-t-il.

Même son de cloche chez Pauline Richard qui dit ne pas comprendre pourquoi les résidents paient pour le réseau d’aqueduc de la municipalité sans y avoir accès. « Dans nos taxes, on paie pour la maintenance du réseau d’eau de Fauquier, mais ici on n’a pas d’eau municipale. On n’a pas d’affaire à payer pour un service qu’on n’a pas. »

Face à ce sentiment d’abandon, la résidente du secteur de Strickland soutient la volonté de séparation. « On serait mieux séparés de Fauquier. On est prêts à aller porter nos ordures nous-mêmes et on est convaincus qu’on pourrait gérer nos services mieux nous-mêmes. »

Une manifestation s’est tenue la semaine passée pour protester contre la hausse des taxes. Photo : Gracieuseté de Paul Lavoie

Calculs de taxes et moins de pompiers

Celle qui travaille dans le secteur de la construction déplore également une iniquité dans le calcul des taxes municipales. « Les évaluations ne sont pas justes. Il y a des maisons en ville qui paient moins de taxes qu’un terrain vide ici à Strickland. »

Selon Paul Lavoie, « 92 % des résidents paient une augmentation modérée, mais 8 % du monde paye 34 % des taxes (de toute la municipalité) », et certaines petites entreprises et propriétés résidentielles ou saisonnières, comme les chalets et campings, sont taxées au taux résidentiel complet, ce qui fait exploser leur facture.

M. Lavoie souligne que cette situation est accentuée par le système d’évaluation municipale (MPAC) et les « facteurs » appliqués par la province pour calculer les taxes, qui font que certaines petites maisons payent peu, tandis que d’autres paient beaucoup.

« Ils nous ont enlevé notre camion et caserne de pompiers sans même nous avertir, pour des raisons de coût de chauffage. Mais l’été, il n’y avait pas de chauffage, ça ne coûtait rien. On nous dit qu’on est protégés par Fauquier, mais le temps que les pompiers se rendent là-bas et reviennent ici, c’est trop tard. »

« On veut être un canton désorganisé, parce que là, notre municipalité n’est pas organisée »
— Paul Lavoie

Elle rappelle que lors de l’annexion de l’ancien canton de Strickland à la municipalité de Fauquier-Strickland en 2001, un camion de pompiers devait être maintenu sur place afin d’assurer la protection des résidents. « Il y a bien des assurances qui augmentent si on est à plus de 5 km du camion de pompiers », précise-t-elle.

La situation inquiète également Pascal Albert, devenu chef volontaire de la brigade, qui précise que si un feu important survient, il doit faire appel à ses homologues des villes voisines de Moonbeam et Smooth Rock Falls.

« Depuis la retraite de notre chef en juin, plusieurs membres expérimentés ont quitté la brigade. Aujourd’hui, nous ne sommes plus que quelques pompiers, alors que nous étions une quinzaine auparavant », rapporte-t-il.

La municipalité de Fauquier-Strickland est majoritairement francophone et s’étend sur 101 325 hectares. Source : Ville de Fauquier-Strickland

Une démarche légale en cours

Le groupe de résidents a désormais trouvé un avocat spécialisé en droit municipal pour les accompagner dans leur projet.

« On est en contact avec un avocat qui s’occupe de ce genre de dossier. Il nous aide à compiler toutes les informations et à préparer notre demande », explique Pascal Albert. Les partisans de la séparation souhaitent créer un territoire non organisé, sans conseil municipal, autonome pour ses services et son budget, administré par la province avec une fiscalité réduite.

« On veut être un canton désorganisé, parce que là notre municipalité n’est pas organisée, prendre soin de nous ensemble et ne pas payer des taxes plus élevées que les autres municipalités », résume Paul Lavoie. Selon les premières consultations, environ 60 à 70 personnes seraient intéressées par cette démarche.

Beaucoup de membres expérimentés ont quitté la brigade depuis la crise selon Pascal Albert. Photo : Gracieuseté de Pascal Albert

Pauline Richard compare la situation à celle de communautés voisines : « Comme à Departure Lake, ils ne sont pas organisés, et c’est le MTO (Ministère des Transports de l’Ontario) qui s’occupe d’ouvrir les routes. Chez nous, nos routes sont moins bien entretenues que là-bas. »

« On commence avec un groupe restreint pour ne pas créer de confusion et mieux organiser nos actions », précise Pascal Albert. Le couple Lavoie et les autres résidents prévoient poursuivre les rencontres et échanges avant de discuter officiellement avec la municipalité.

Les démarches visent également à obtenir davantage de transparence sur les dépenses municipales. « La municipalité ne facilite pas l’accès à l’information. Même les conseillers reçoivent souvent les données en même temps que le public », ajoute M. Albert.

La mairesse de Fauquier-Strickland, Madeleine Tremblay, n’a pas répondu à la demande de réaction d’ONFR.

Une démarche très complexe

Le professeur Gilles Levasseur, spécialiste en gestion et droit à l’Université d’Ottawa, explique que la démarche entreprise par les résidents de Grégoire Mills et Strickland est loin d’être simple.

« Essayer de séparer un territoire d’une municipalité est très exigeant au niveau juridique. Ce n’est pas une décision individuelle : il faut le consentement du conseil municipal et de la majorité des citoyens. Même dans ce cas, le territoire séparé doit rester rattaché à une autre entité municipale, comme un canton uni. Devenir totalement autonome n’existe pas en Ontario. »

Selon lui, la demande des résidents pourrait être considérée par la Commission municipale de l’Ontario, notamment pour ajuster les taxes si un service municipal n’est pas fourni localement.

Gilles Levasseur est professeur de gestion et de droit à l’Université d’Ottawa. Photo : Archives ONFR

« Si vous ne recevez pas un service comme l’eau municipale, vous pouvez demander à réduire votre taxe foncière. Mais demander la séparation complète de la municipalité pour gérer vos propres infrastructures est beaucoup plus complexe et prend des années. »

Le professeur insiste sur la logique derrière les fusions et le maintien des municipalités actuelles : « La province a consolidé les municipalités pour augmenter les revenus, permettre le financement des infrastructures essentielles et garantir que tous les citoyens puissent bénéficier de services équitables. Si chacun commençait à se séparer, on créerait des îles isolées qui ne pourraient plus supporter les coûts des services de base. »

Fusion et restructuration : les organismes francophones sont-ils prêts pour le changement?

RICHMOND HILL – À la lumière des constats de l’Assemblée de la francophonie de l’Ontario (AFO) sur une francophonie ontarienne en péril et de son appel à repenser la structure d’organisations parfois démultipliées induisant une dilution de financements et de services, les acteurs du milieu ont pris la parole lors des ateliers du congrès annuel de l’AFO. Entre la crainte du changement et le risque d’extinction par inertie, la communauté semble reconnaître que l’heure est à la transformation.

Les résultats des États généraux menés par l’AFO sur la nécessité de réviser les modèles et la gouvernance des organismes francophones a provoqué la consternation générale selon son président Fabien Hébert.

« On a vraiment dressé un enjeu global. Quand on est acculé au pied du mur, ça nous oblige à changer notre perspective et c’est ce que ça va prendre : de réaliser que de partager les territoires, de travailler plus étroitement avec d’autres agences, va permettre l’agrandissement de la communauté. »

« Ça pourrait vouloir dire des fusions de conseils d’administration, confirme-t-il. Peut-être que dans certaines régions ça va vouloir dire créer de nouveaux organismes, dans d’autres, ça va vouloir dire en fusionner. On a besoin de mettre les bons établissements aux bonnes places. »

Laura Hughes, consultante de la firme PGF consultants, qui appuiera l’AFO dans ses démarches en vue des plans d’action de la région, a animé l’atelier Francophonie unie et organisée : des structures et des stratégies renouvelées.

Abordant la contradiction suivante : d’un côté une démultiplication de certains organismes francophones et d’un autre une pénurie de certains services en français, celle-ci a appelé les représentants présents à exprimer les peurs sous-jacentes face à l’idée de restructurations.

Sujet visiblement sensible dans les esprits, plusieurs des membres dans la salle vendredi n’ont pas voulu s’exprimer de façon nominative pour notre article, malgré une participation active et empreinte de conviction à l’atelier.

De nombreuses craintes

À la suite des discussions de groupes, plusieurs constats émergent, dont la peur d’une perte de contrôle par les organisations, du champ d’action, une perte des emplois, mais aussi des acquis.

« La peur du changement, c’est aussi de réfléchir en se disant ‘on a toujours fait comme ça’ », souligne un responsable dans le domaine des aînés, comme exemple de pensée limitante.

« Le protectionnisme aussi est un élément de résistance à la collaboration et au changement, c’est aussi la perception du manque de contrôle des différentes entités. On a parlé aussi de la résistance à l’adaptation au contexte externe : en tant qu’organisme on peut être tourné vers soi, mais il faut en fait aussi regarder vers l’externe », résume une personne issue du milieu de la santé à Ottawa.  

« En milieu minoritaire, on a tendance à s’approprier les missions et à être territorial », soulève-t-on également dans l’audience.

Laura Hughes, de la firme PGF consultants, animant l’atelier Francophonie unie et organisée : des structures et des stratégies renouvelées. Photo : Sandra Padovani/ONFR

Plusieurs intervenants font part de leur manque de confiance dans les autres organismes quant à leur incompétence ou leur manque d’engagement qui pourrait altérer le suivi et la qualité des services.

D’autres expriment des peurs face à une perte d’identité locale et de particularités locales.

« On est tous en compétition pour le même argent. Il y a un dédoublement des ressources et dilution des financements, alors pourquoi ne pas partager ? », exprime, elle, Ginette Fournier, représentante du Centre hospitalier pour enfants de l’est de l’Ontario (CHEO) et membre du Comité consultatif des services en français.

Le terme de « structures désuètes » est également prononcé dans la salle Aurora de l’Hôtel Sheraton de Richmond Hill.

« On doit augmenter la communication et les partenariats entre les différents organismes sans compétition, mais en partageant nos projets à venir, question de ne pas doubler les efforts. On peut tous en bénéficier », témoigne un autre participant.

« Ce qui est important, ce n’est pas de ne pas avoir peur, mais de ne pas se laisser arrêter par la peur. Ces peurs-là, on va les transformer en garde-fous », assure Mme Hughes.

« Êtes-vous prêts à restructurer la francophonie pour le bien de la communauté ? », demande l’animatrice en conclusion.

Quelques « oui » timides, mais fermes se font entendre.

« La lumière au bout du tunnel ».

« Il y a une envie de changer, mais le changement, c’est difficile. C’est sûr que ça serait plus confortable si seuls les autres avaient à changer. Certains sont déjà noyés dans le quotidien et se plaignent d’un manque de moyens, alors leur ajouter une réflexion stratégique et des démarches de fusion et de mutualisation, ça suscite des réticences », explique Laura Hughes à ONFR.

« On veut présenter des axes de solutions qu’on va présenter à l’AFO. Ce qu’on veut dans la prochaine année, c’est que chaque région construise un plan concret pour le partage des ressources. »

La veille, Donald Obonsawin, chancelier de l’Université de Sudbury, avait d’ailleurs déclaré durant son discours : « Je crois au dialogue, on doit se parler plus régulièrement et arrêter de travailler en silos. »

« Comment est-ce qu’on peut se rassembler dans une vision commune et dans un objectif commun, tout en respectant tout de même le bon travail que ces organismes font, mais en le faisant encore mieux (…) Il y a des besoins à cibler, les besoins de la clientèle ont changé aussi. Oui il y a des compressions budgétaires, mais il y a un besoin d’un bon service. »

« Il y a de la lumière au bout du tunnel, mais c’est le moment d’emboiter le pas et de dresser un plan d’action, et c’est ce qu’on veut accomplir avec les états généraux », résume Fabien Hébert.

Le gouvernement Ford retirera sa publicité avec Ronald Reagan, vivement critiquée par Donald Trump

OTTAWA — Le gouvernement Ford met sur pause la diffusion de sa publicité avec en vedette l’ancien président américain Ronald Reagan, et ayant attiré les ires de Donald Trump, lui qui a utilisé cette vidéo comme prétexte jeudi soir pour mettre fin aux négociations commerciales avec le Canada.

« Après une conversation avec le premier ministre Carney, l’Ontario suspend sa campagne de publicité aux États-Unis à compter de lundi pour permettre la reprise des discussions commerciales », a indiqué Doug Ford dans une déclaration partagée par son bureau vendredi après-midi.

« J’ai demandé à mon équipe de continuer à présenter notre message aux Américains durant la fin de semaine afin que nous puissions diffuser notre publicité lors des deux premiers matchs de la Série mondiale », ajoute le premier ministre ontarien.

Jeudi soir, le président américain Donald Trump a décrété qu’il mettait fin à toute négociation commerciale avec le Canada en raison de cette publicité qui utilise des propos de l’ancien président des États-Unis, Ronald Reagan, et diffusée sur les chaînes de télévision américaines. Le leader républicain accusait le gouvernement Ford d’avoir déformé les propos de l’ancien chef d’État dans cette vidéo visant à s’attaquer aux tarifs américains.

« Compte tenu de leur comportement scandaleux, TOUTES LES NÉGOCIATIONS COMMERCIALES AVEC LE CANADA SONT PAR LA PRÉSENTE ROMPUES », avait-il publié sur son réseau Truth Social.

Il en a rajouté vendredi matin en écrivant que « LE CANADA A TRICHÉ ET S’EST FAIT PRENDRE!!! ». Le premier ministre Mark Carney a dit, quelques heures après la crise de colère de M. Trump, que le Canada restait prêt à négocier avec son voisin.

« Le gouvernement du Canada a eu des discussions très constructives, approfondies et détaillées avec les Américains (…) Nous sommes prêts à continuer à bâtir sur ce progrès quand les Américains seront prêts », a-t-il affirmé avant de monter dans un avion en direction de la Malaisie pour participer au Sommet de l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ANASE).

Discours de 1987

La vidéo en question est tirée d’extraits radiophoniques d’un discours à la nation du président Reagan en 1987. Donald Trump considère que les propos utilisés par un de ses anciens prédécesseurs ont frauduleusement été modifiés. Ronald Reagan était reconnu pour être un farouche opposant aux tarifs, étant plutôt un partisan du libre-échange entre nations. 

C’est lui qui avait négocié avec l’ancien premier ministre Brian Mulroney un accord de libre-échange entre le Canada et les États-Unis en 1988, mettant ainsi fin à certains tarifs entre les deux pays.

Cette publicité du gouvernement de l’Ontario a coûté près de 75 millions de dollars canadiens aux contribuables ontariens et sera présentée sur plusieurs chaînes américaines comme Fox.

C’est cette dernière qui diffuse aux États-Unis, sur ses chaînes les deux premières rencontres de vendredi et samedi opposant les Blues Jays aux Dodgers de Los Angeles lors de la Série mondiale.

Jeudi, la Fondation Ronald Reagan (la Ronald Reagan Presidential Foundation & Institute) avait accusé le gouvernement de l’Ontario, en affirmant que la « publicité dénature le discours radiophonique présidentiel ».

« Le gouvernement de l’Ontario n’a ni sollicité ni reçu d’autorisation pour utiliser et modifier ces propos », a soutenu la Fondation dans un message sur X, précisant qu’elle « examine ses options juridiques dans cette affaire ».

Donald Trump avait aussi remercié la Fondation « d’avoir dénoncé cette FRAUDE », lui qui a avancé dans une publication sur son réseau Truth Social que Ronald Reagan « ADORAIT LES TARIFS DOUANIERS POUR NOTRE PAYS ET POUR SA SÉCURITÉ NATIONALE ».

Un syndicat étudiant veut bâtir des logements à l’Université d’Ottawa

OTTAWA – Créer des logements abordables gérés par et pour les étudiants. C’est le projet sur lequel table le Syndicat des étudiants de l’Université d’Ottawa (SÉUO). L’initiative vise à contribuer à atténuer la crise du logement qui frappe durement la communauté étudiante.

« Nous espérons développer des logements qui pourraient se louer à 750 $ par mois », explique Jack Coen, président du syndicat, en entrevue avec ONFR.

Pour concrétiser cette idée, le syndicat collabore avec Housing Canada — un organisme à but non lucratif qui milite pour des logements étudiants coopératifs, non marchands et abordables — afin de lancer une campagne visant la création d’un fonds étudiant dédié au logement.

« Ce projet existe déjà dans plusieurs autres universités, et nous venons tout juste d’en amorcer la campagne », précise M. Coen.

Concrètement, le SÉUO souhaite soumettre une question référendaire lors des prochaines élections générales du syndicat, prévues en hiver. L’objectif : permettre à chaque étudiant de contribuer 8,75 $ par trimestre, montant prélevé directement de leurs frais de scolarité.

« Avec quelque 40 000 étudiants, cette contribution pourrait constituer une base financière solide pour amorcer la construction de logements abordables destinés à la population étudiante », souligne M. Coen.

Le Syndicat étudiant de l’Université d’Ottawa avait lancé un Caucus exploratoire sur le logement étudiant en juin 2024. Gracieuseté

Pour ce faire, le syndicat compte sur un partenariat avec House Canada, qui a accès à des programmes de financement gouvernementaux pour ce type de projets.

Fondé à l’Université de York à Toronto, House Canada est inspiré du modèle québécois de l’UTILE (Unité de travail pour l’implantation de logement étudiant). L’organisme soutient des initiatives étudiantes visant à développer des résidences sur ou près des campus, afin de réduire la pression sur le marché locatif privé.

« Et si les gouvernements municipaux ou le provincial ou le fédéral souhaitent s’y joindre, nous serions évidemment très heureux de collaborer », ajoute M. Coen.

Une crise qui s’aggrave à Ottawa

Ce projet s’inscrit dans un contexte de forte pression immobilière sur la communauté étudiante. Le rapport 2024-2025 sur le logement étudiant, présenté par le syndicat en mai dernier, met l’accent sur cette réalité.

52 % des étudiants affirment avoir eu de la difficulté à se loger, y lit-on. Aussi, 62 % déclarent que leur situation en matière de logement a un impact négatif sur leur santé mentale. De plus, 95 % estiment que le prix des loyers constitue un problème majeur. Les étudiants vivant en Ontario font face à un loyer moyen plus élevé (935 $) que ceux vivant au Québec (830 $).

« Pour un étudiant payé au salaire minimum, cela représente environ 54 heures de travail par mois uniquement pour couvrir le loyer — une réalité intenable pour ceux qui étudient à temps plein », souligne M. Coen.

« La spéculation immobilière, la privatisation et le manque de logements protégés ont aggravé la situation, particulièrement dans la capitale fédérale », ajoute-t-il.

Ces constats renforcent la volonté du syndicat d’agir également sur le plan structurel.

L’Université d’Ottawa annonce 2600 nouveaux lits

Le SÉUO souhaite que l’Université d’Ottawa transforme certains terrains sous-utilisés, comme ceux situés sur l’avenue King Edward, en logements coopératifs.

« Une nouvelle résidence doit voir le jour, ce qui est une bonne nouvelle, mais elle sera gérée par le privé — ce qui pose encore la question de l’abordabilité », rappelle M. Coen.

Pour Jack Coen, président du SÉUO, la crise du logement affecte particulièrement les étudiants francophones internationaux. Gracieuseté

En effet, l’Université d’Ottawa a annoncé récemment que son Bureau des gouverneurs a approuvé un projet de logement étudiant. Il s’agit du premier d’une série de nouveaux bâtiments qui ajouteront au total 2600 nouveaux lits.

Cela commence par la démolition de la résidence Brooks, un complexe universitaire de 700 lits, fermé depuis 2018 pour insalubrité et situé au cœur du campus. Cette démolition devrait commencer dès mai 2026, sous réserve de l’obtention des permis nécessaires. Un consortium de quatre entreprises, regroupées sous la bannière Integrated Campus Solutions (ICS), a été choisi comme soumissionnaire privilégié.

Étudiants francophones affectés

À l’Université d’Ottawa, 32 % des étudiants de premier cycle déclarent que le français est leur langue principale. Or, plusieurs d’entre eux, notamment les étudiants internationaux, sont parmi les plus durement touchés par la crise du logement.

« Ils paient souvent plus cher pour des logements de qualité inférieure. Beaucoup signent leur bail avant d’arriver au Canada, sans pouvoir faire une visite. Cela les rend vulnérables aux comportements abusifs de certains propriétaires », déplore le président du SÉUO.

Certains vivent dans des logements insalubres, mal entretenus ou dangereux. Il est question de fenêtres brisées non réparées, d’immeubles où la sécurité est compromise et de logements partagés avec des personnes en situation d’itinérance.

Cette réalité inquiète de plus en plus les représentants étudiants dans un contexte de crise du coût de la vie et d’augmentation des droits de scolarité.

Une situation stable au Collège La Cité

Alors que le SÉUO souhaite accroître l’offre de logements abordables à Ottawa, le Collège La Cité affirme, de son côté, que la situation demeure stable pour sa communauté étudiante.

« Actuellement, le Collège La Cité ne prévoit pas ajouter de nouvelles places à sa résidence étudiante », indique l’équipe des Communications et des relations publiques.

Avec la stabilisation du nombre d’étudiants internationaux, les stratégies déjà en place permettent selon le Collège de répondre adéquatement aux besoins en matière de logement.

Pour la session d’hiver 2026, des chambres sont d’ailleurs toujours disponibles, ce qui témoigne, selon l’administration, d’une capacité suffisante pour accueillir les nouveaux étudiants dès janvier.

Feu vert financier pour « la première raffinerie nord-américaine de cobalt » à Temiskaming Shores

TEMISKAMING SHORES – Electra Battery Materials a annoncé avoir obtenu le financement nécessaire pour reprendre la construction de sa raffinerie de sulfate de cobalt, la première d’Amérique du Nord, près de Temiskaming Shores, un projet interrompu en 2023.

« Avec les fonds en place et une structure financière assainie, nous pouvons passer à la phase d’exécution du projet », a indiqué le président et directeur général Trent Mell, dans un communiqué.

Depuis son acquisition de la raffinerie en 2017, la compagnie torontoise a modernisé et étendu l’usine autrefois fermée pour en faire un site capable de produire du sulfate de cobalt, utilisé dans la fabrication des batteries lithium-ion.

L’entreprise prévoit une production annuelle de 6500 tonnes, suffisante pour alimenter environ un million de véhicules électriques ou fournir à d’autres marchés comme la défense, le stockage d’énergie et l’infrastructure énergétique.

Originaire du Québec, Trent Mell est le fondateur et le président-directeur général de Electra Battery Materials. Photo : Gracieuseté de Trent Mell

Le projet comprend également une installation de recyclage de batteries et la société détient sa propre mine de cobalt et de cuivre en Idaho. Electra a conclu des ententes avec Glencore et Eurasian Resources Group pour s’approvisionner en matières premières provenant de la République démocratique du Congo, tout en évaluant des sources nord-américaines.

Electra a précisé que le calendrier précis de reprise des travaux est en cours de finalisation, avec un objectif de mise en service de l’usine en 2027. L’entreprise prévoit plus de 50 postes permanents une fois la raffinerie opérationnelle, et davantage pendant la construction.

Assainissement financier et soutien gouvernemental

L’entreprise avait annoncé, la semaine dernière, avoir restructuré sa dette, en convertissant 40 millions de dollars US en actions, ce qui a permis de réduire ses obligations de 67 à 27 millions $ US.

« Le financement et la restructuration de la dette réduisent considérablement les risques pour l’avenir d’Electra. Une structure de capital simplifiée et une situation financière renforcée offrent plus de flexibilité pour poursuivre la construction et préparer la mise en service », a souligné Marty Rendall, directeur financier. 

Le financement récemment obtenu inclut 30 millions de dollars US d’un placement privé, un engagement de 17,5 millions du gouvernement de l’Ontario, le mois dernier, via Investissements Ontario, et 20 millions de la part du gouvernement fédéral en mars de cette année.

Electra a indiqué que la conception de l’ingénierie est quasiment terminée et que l’achat du matériel nécessaire à la construction est avancé, deux étapes clés pour le redémarrage du chantier. 

28 % de la population de Temiskaming Shores a le français comme première langue parlée. Photo : P. James Franks/Wikipedia

Réduire la dépendance 

Selon Trent Mell, le projet vise à réduire la dépendance aux importations, notamment de Chine, et à soutenir le développement des technologies essentielles.

« Aujourd’hui, plus de 90 % de la production mondiale de sulfate de cobalt provient de la Chine, a-t-il ajouté. Assurer une chaîne d’approvisionnement nationale, transparente et résiliente est essentiel pour nos industries les plus stratégiques, notamment l’automobile, la défense, l’énergie et les infrastructures. »

La conversion et l’agrandissement de la raffinerie avaient été suspendus en 2023, alors que l’entreprise faisait face à un déficit de 60 millions de dollars, conjugué à l’inflation, aux perturbations de la chaîne d’approvisionnement et aux contraintes financières héritées de la pandémie.

L’utilisation du français par Mark Carney sera scrutée à la loupe en comité

OTTAWA — L’utilisation du français dans les discours et allocutions de Mark Carney fera l’objet d’une étude en comité par les députés fédéraux, l’opposition déplorant l’usage limité de la langue de Molière par le premier ministre.

Les députés libéraux, conservateurs et celui du Bloc Québécois Mario Beaulieu sur le comité, ont approuvé une motion visant à faire témoigner le ministre des Langues officielles, Steven Guilbeault, le président du Conseil du Trésor Shafqat Ali, ainsi que des fonctionnaires et des experts du bilinguisme. 

Il est aussi ordonné que des documents portant sur les activités liées au français de Mark Carney comme des séances de tutorat soient produites « afin d’évaluer dans quelle mesure le premier ministre a respecté son engagement à améliorer sa maîtrise du français », indique le libellé. La motion exigera aussi une réponse officielle du gouvernement sur cet enjeu.

À la demande des conservateurs, le Comité des langues officielles s’était réuni en urgence lundi soir pour discuter de l’utilisation de la langue française dans les discours et allocutions publics de Mark Carney. Mais après une heure de réunion, aucun consensus sur une motion n’avait été atteint entre les trois formations politiques, repoussant les discussions à jeudi.

Le ton de la réunion de jeudi avait pourtant mal commencé, le conservateur Joël Godin accusant le président du comité Yvan Baker et les libéraux d’avoir fait dérailler « la collaboration qu’on avait » jusqu’à présent.

Les libéraux eux estimaient plutôt que la bonne entente avait été brisée en raison d’un dialogue « pas ouvert et (pas) constructif », de la part de l’opposition conservatrice, a rétorqué la libérale Madeleine Chenette. 

Après plusieurs va-et-vient, les trois partis à la table ont finalement convenu du libellé final. Les libéraux s’inquiétaient notamment qu’une première version, qui a été corrigée, aurait pu forcer la production de documents sensibles touchant à la sécurité nationale du pays.

Le comité doit tenir ces séances sur l’utilisation du français par Mark Carney d’ici les 21 prochains jours.

17 % des discours en français

Cette rencontre réclamée d’urgence par les conservateurs a eu lieu à la suite d’un article de Radio-Canada, basé sur les conférences de presse de Mark Carney au Canada et à l’extérieur du pays dans les derniers mois. Selon l’analyse du diffuseur public, le premier ministre a consacré 17 % de ses discours préparés par lui et son équipe à la langue de Molière. Tout le reste était en anglais. 

« On pense que c’est important que le premier ministre du Canada puisse s’adresser dans les deux langues officielles de façon plus importante que ce qu’il fait présentement. De par sa fonction, il doit prêcher par l’exemple », avançait le député conservateur Joël Godin plus tôt cette semaine.

Le calcul ne prenait pas en compte les réponses aux questions des journalistes lors des conférences de presse.

« Mais ce qui peut être intéressant, c’est d’avoir une analyse des réponses aux questions, les pourcentages (des réponses en anglais et en français) », avait rétorqué Mark Carney en réponse au reportage.

« On ne demande pas un ratio de 50 % en anglais et 50 % en français, mais entre 17 % et 50 %, il y a une marge et il faut prêcher par l’exemple », soutenait Joël Godin.

Le député conservateur Joël Godin. Photo : Olivier Plante – Radio-Canada

« M. Carney parle moins français que les premiers ministres qui ont été là avant lui. Si le chef de l’État utilise moins le français, ça envoie le signal encore plus que le français est une langue de seconde zone », déplorait lundi, l’élu bloquiste Mario Beaulieu.

La députée libérale Giovanna Mingarelli de l’Est ontarien a plutôt salué jeudi le fait que le premier ministre fasse « de plus en plus d’efforts en français », identifiant un discours à l’Université d’Ottawa mercredi soir comme exemple d’amélioration.

Markstay-Warren accueillera un centre de la petite enfance francophone

MARKSTAY-WARREN – Le Carrefour francophone de Sudbury annonce l’ouverture prochaine d’un centre de la petite enfance (CPE) à Markstay-Warren, destiné aux enfants de 0 à 4 ans. Le centre sera installé dans l’École publique Camille-Perron et accueillera son premier groupe d’enfants en 2026.

« Il y a des familles francophones qui étaient dans la garderie anglaise et qui avaient besoin de service en français. Le conseil scolaire a fait un sondage de toutes les familles dans leur école et un sondage dans la communauté. La demande est quand même répétée depuis plusieurs années », explique Stéphane Gauthier, directeur général et culturel du Carrefour francophone de Sudbury.

Selon M. Gauthier, la population de Markstay-Warren, où 30 % des habitants ont le français comme première langue officielle parlée, tout comme à Grand Sudbury, est en croissance, ce qui rend l’ouverture du centre cohérente avec la demande locale.

Le CPE offrira 15 places selon le modèle de « regroupement familial », permettant de mélanger des enfants de différents âges, un format spécialement adapté aux communautés rurales. « L’infrastructure est déjà présente, nous n’avons pas besoin de construire un nouveau bâtiment », ajoute M. Gauthier.

Selon Stéphane Gauthier, directeur général du Carrefour francophone de Sudbury, la demande pour des services de garde en français existe depuis plusieurs années dans les communautés rurales. Photo : Archives ONFR

Le centre sera aménagé dans les locaux existants de l’école située à Markstay et construite en 2009, pour accueillir les enfants dans un environnement stimulant et sécuritaire.

Il s’agira du 12e centre de la petite enfance créé par l’organisme depuis 2005 et le premier à offrir des services pour les tout-petits dans cette partie de Sudbury-Est.

Collaboration avec les partenaires locaux

Le projet est réalisé en collaboration avec le Conseil scolaire du Grand Nord (CSGN), la municipalité de Markstay-Warren et le Conseil des services du district de Manitoulin-Sudbury (CSDMS).

« Le Conseil des services du district de Manitoulin-Sudbury est fier de soutenir cette importante expansion des services de garde en français à Markstay. Elle aidera à répondre à un besoin évident de services accessibles et de haute qualité pour les familles locales », déclare Donna Stewart, administratrice en chef du CSDMS.

« Ce sera un lieu d’enracinement et de vie pour les familles francophones de la région qui pourront désormais profiter d’un continuum éducatif stimulant et en français », indique Carl Dussault, directeur de l’éducation du CSGN.

Le maire Steven Olsen souligne également l’importance du projet pour la communauté : « Cette installation offrira un environnement sûr et accueillant où les enfants pourront grandir et s’épanouir, et elle représente un investissement vital pour l’avenir de notre communauté. »

Des services adaptés

Le programme éducatif du CPE sera adapté aux intérêts des enfants et de la communauté, et le Carrefour francophone prévoit une journée d’engagement communautaire pour intégrer les familles et partenaires locaux dans le processus de planification.

Le nom du centre sera choisi par concours ouvert aux familles, à la communauté scolaire et aux membres du Carrefour francophone.

Concernant le recrutement d’éducateurs qualifiés, Stéphane Gauthier précise : « Le recrutement commence, on est en train de préparer l’ouverture. Depuis la pandémie, c’est extrêmement difficile. La majorité de nos nouveaux membres du personnel sont des nouveaux arrivants qui passent par des programmes de Boréal. Les communautés rurales ont un petit peu moins de logements, c’est loin, il n’y a pas de transport en commun, c’est un défi supplémentaire. »

Le CPE de Markstay-Warren viendra s’ajouter au centre Tremplin du Carrefour francophone à l’école St-Thomas de Warren, qui offre des services parascolaires pour les enfants de 4 à 12 ans, ainsi qu’au programme Place des jeunes du CSGN à l’école Camille-Perron.

Les parents intéressés peuvent s’informer ou s’inscrire à la liste d’attente en appelant au 705-898-1058.

L’avenir de la francophonie en péril en Ontario : l’AFO veut passer à l’action

RICHMOND HILL – Sans action, il y a un « risque d’extinction progressive de la francophonie en Ontario », tel est le constat sans équivoque présenté ce jeudi au congrès de l’Assemblée de la francophonie de l’Ontario (AFO), qui avait lancé des états généraux. De ses vastes consultations dressant le portrait de la communauté, l’AFO considère qu’il est temps d’agir, avec l’objectif clair de parvenir à une cible de 6 % du poids démographique francophone d’ici à 2050. Un plan d’action communautaire et des plans d’action dans 30 régions seront réalisés, pour être présentés lors du congrès de 2026.

Au lendemain de la soirée de lancement de son congrès annuel, l’AFO dresse un constat alarmant : la francophonie en Ontario est en perte de vitesse, résultats croisés des études et des consultations menées. C’est ce qui ressort de l’étude de la firme PGF Consultants, réalisée pour l’AFO.

Sans action, l’organisme parle même de « risque d’extinction progressive de la francophonie en Ontario ».

Fabien Hébert lors de la soirée de lancement du Congrès 2025 de l’AFO. Photo : Sandra Padovani/ONFR

L’AFO avait en effet entrepris, entre le 28 août et le 5 octobre 2025, un sondage intitulé : « États généraux de la francophonie en Ontario : votre avis compte », avec pour objectif d’« identifier, par région, la perception des francophones et francophiles sur les enjeux actuels et futurs de la communauté, ainsi que sur l’évolution de l’identité francophone en Ontario. »

2277 d’entre eux ont répondu aux 20 questions posées en français et en anglais, interrogeant leurs craintes quant au contexte actuel de la francophonie en Ontario, leurs opinions sur le type de services manquants en Ontario, ou encore sur leur perception de la francophonie dans leur région.

52 % des répondants ont jugé que les francophones sont de moins en moins nombreux et visibles et 53 % d’entre eux ont répondu que les services en français sont de plus en plus rares. Par ailleurs, 29 % des sondés ont répondu n’avoir pas confiance en l’avenir de la francophonie et 4 %, absolument pas confiance.

Selon une étude démographique réalisée par la firme d’experts-conseils Brynaert, Brennan et Associé.e.s (BBA) pour l’AFO, le poids des francophones est passé de 5,5 % en 1991 à 4,6 % en 2021. Si la population de langue française augmente, elle augmente moins vite que la population anglophone.

Source : PGF Consultants

Parmi les causes de cette perte de vitesse, plus de décès sont attendus (224 000) que de naissances (153 000) entre 2025 et 2050. D’autre part, l’étude réalisée par la firme PGF Consultants met en lumière le fait que le tiers des répondants du sondage craignent de ne pas parvenir à transmettre le français et la culture francophone à leurs enfants.

Le taux de transmission de la langue ne serait d’ailleurs que de 67 %, notamment dû à un phénomène d’assimilation et d’insécurité linguistique.

Des solutions sur lesquelles miser et un plan d’action à définir

Parmi les solutions identifiées par l’étude contre l’assimilation, on compte la rétention dans les écoles francophones ou encore l’augmentation du nombre de locuteurs de langue française, y compris les francophiles, anglophones issus de couples exogames et anglophones bilingues.

« On doit faire (en sorte) que les francophiles puissent s’exprimer dans un contexte social et commercial en français. On doit aider les alliés à s’exprimer en français », soulève le responsable d’un conseil scolaire via l’enquête anonyme de l’AFO.

L’immigration est toutefois identifiée comme « clé dans la survie de la francophonie ontarienne ».

Les objectifs visent à ramener à 6 % le poids des francophones, comme en 1971, en accueillant 580 000 francophones issus de l’immigration internationale entre 2025 et 2050.

Cette cible de 6 % d’ici à 2050 représente la proportion de la population franco-ontarienne sur l’ensemble de la population de l’Ontario. Pour l’atteindre, la population franco-ontarienne devra renverser la tendance et croître plus rapidement que la population ontarienne en général.

Des écueils notables entourent ces solutions pourtant indispensables à la cible fixée. Si attirer l’immigration est déjà un défi, il y a également des enjeux d’intégration, de sentiment d’appartenance et de rétention de ces nouveaux arrivants.  

« Il est temps de redéfinir la francophonie multiculturelle en Ontario, en reconnaissant qu’il y a plusieurs communautés francophones très différentes, avec des besoins variés », souligne un responsable du secteur de la culture et des médias, via le sondage.

Une nouvelle manne de francophones soulève par ailleurs la question des infrastructures et services en français « déjà en tension ».

Source : PGF Consultants

L’AFO suggère également que la multiplication des organisations pose un « enjeu de dispersion des ressources et de lisibilité de l’offre », en plus de leur trop grande dépendance aux financements publics.

« Des organismes anglophones vivent de dons et de commandites privés, et n’ont aucune subvention du gouvernement. C’est un aspect qui nous manque à nous francophones », témoigne un responsable du secteur des aînés.

Enfin, le manque de collaboration, de coordination et de partage des données des organisations est également pointé du doigt.

Si 60 % des sondés affirment bien connaitre les organisations francophones de leur région, 39 % affirment le contraire.

Par conséquent, l’AFO organisera des groupes de travail à grande échelle avec une tournée dans 30 régions dans le but d’élaborer « un plan d’action communautaire » et des « plans d’action en région », qui seront présentés lors du prochain congrès de l’AFO en 2026.

« La francophonie ontarienne doit se mobiliser et se mettre d’accord, mais les solutions viendront du terrain, des communautés elles-mêmes », a indiqué à ONFR le président Fabien Hébert lors de la soirée de lancement du congrès.

Il a signifié son intention d’impliquer urgemment les paliers gouvernementaux dès que des plans d’action concrets seront élaborés.

Fété Ngira-Batware Kimpiobi honorée du prix de la ministre Mulroney

RICHMOND HILL – La 23ᵉ édition du Congrès annuel de l’Assemblée de la francophonie de l’Ontario (AFO) s’est ouverte hier soir sur une note de célébration et de reconnaissance. Caroline Mulroney a remis le Prix de la ministre des Affaires francophones à Fété Ngira-Batware Kimpiobi, directrice générale de Solidarité des Femmes Immigrantes Francophones du Niagara (SOFIFRAN).

Cette dernière a été saluée pour son engagement indéfectible envers les femmes et les familles immigrantes francophones du Niagara. Le Prix décerné par la ministre des Affaires francophones est le retour d’une reconnaissance sous une nouvelle version, qui n’avait pas été décerné depuis plusieurs années.

« Ce prix, né d’un partenariat solide avec l’AFO, symbolise notre volonté commune de faire vibrer la francophonie ontarienne en honorant celles et ceux qui la portent avec détermination », a déclaré la ministre Mulroney devant un parterre de leaders communautaires et institutionnels.

Elle a qualifié la lauréate de « force tranquille, bâtisseuse et source d’inspiration pour tous ceux qui croient à la puissance du français comme vecteur d’unité ».

Un nouveau souffle pour une distinction emblématique

Créés en 2006, les Prix de la francophonie de l’Ontario ont été rebaptisés « Prix de la ministre des Affaires francophones » et fusionnés cette année en une distinction unique qui célèbre désormais une seule candidature exceptionnelle, toutes catégories confondues.

Intégré aux Prix de reconnaissance de l’AFO, il vise à renforcer la visibilité des talents francophones et à mieux refléter la diversité des parcours et des contributions.

« Ce prix va bien au-delà d’un simple hommage, a expliqué Mme Mulroney. Il nous rappelle que c’est en valorisant la force de chacun et chacune que la francophonie grandit et rayonne. »

La ministre a profité de la soirée pour évoquer l’année symbolique du 50ᵉ anniversaire du drapeau franco-ontarien, marquée, selon elle, par « des réussites formidables » et « une communauté fière et résiliente, mobilisée par l’ambition d’écrire l’avenir en français ».

« Ce prix dépasse la reconnaissance individuelle »

Fété Ngira-Batware Kimpiobi a livré un discours empreint d’émotion, de lucidité et d’espoir.

« C’est avec une profonde joie et une grande humilité que je vous remercie pour l’honneur que vous me faites en me décernant ce prestigieux prix, a-t-elle déclaré. Ce prix dépasse la reconnaissance individuelle; il symbolise l’aboutissement d’une œuvre collective. »

La directrice de SOFIFRAN a tenu à dédier sa distinction à l’ensemble de la communauté francophone et immigrante du Niagara.

« Souvenez-vous, seul on va loin, mais ensemble on va plus loin. C’est celle d’une communauté qui m’a accueillie, reconnue et honorée de sa confiance. C’est à elle que je dédie ce prix. »

Évoquant son parcours d’immigrante devenue leadeuse communautaire, elle a confié : « Dans le regard du nouvel arrivant, il y a quelque chose de vulnérable, mais aussi cette flamme fragile et magnifique de l’espérance. En la contemplant, j’ai reconnu ma propre humanité, ma propre vulnérabilité. »

En conclusion, la récipiendaire a offert un message porteur : « Puisse notre belle bannière francophone précéder ce mouvement de renouveau de l’humanité et continuer de flotter fièrement sous son slogan que nous connaissons tous : nous sommes et nous serons. »

Un hommage partagé

La ministre Mulroney a également félicité les autres lauréats des Prix de reconnaissance de l’AFO – Marc Bisson, Sonia Macaluso, Bradley Bertrand, Karna Trentman et Oliva Roy – tout en saluant « l’ensemble des francophones et francophiles qui, chaque jour, contribuent à bâtir une communauté inclusive et dynamique ».

Cette première Soirée de la ministre a marqué le coup d’envoi d’un congrès axé sur le renforcement des liens communautaires et la reconnaissance des acteurs qui façonnent la francophonie ontarienne.

WIFF 2025 : « Le début de nos 20 prochaines années »

WINDSOR – Le Windsor International Film Festival célèbre sa 21e édition avec un record de films, un accent francophone affirmé et une vision claire de l’avenir. ONFR s’est entretenue avec Vincent Georgie, directeur exécutif et programmateur en chef du festival, pour évoquer cette édition charnière, entre rayonnement international, enracinement local et ambitions industrielles.

Alors que le Festival international du film de Windsor (WIFF) débute officiellement ce jeudi, Vincent Georgie ne cache pas son excitation.

« Les matins sont déjà sur leur troisième café et les soirées se terminent tard! », raconte-t-il en riant. Même si on ouvre officiellement le jeudi 23 octobre à 9 h du matin, tout commence une semaine avant : l’installation, l’arrivée des invités… C’est un peu comme un train qui démarre tranquillement. »

Une édition charnière

Pour cette 21e édition, le ton est donné : il s’agit de penser au futur.

« C’est très clair pour moi, cette édition, c’est à propos des prochains 20 années. On a déjà fêté notre premier 20 ans; maintenant, c’est le début de nos prochains 20 années, affirme Vincent Georgie. On veut savoir où on sera côté notoriété, participation, durabilité… tous ces éléments-là. »

Et cette projection vers l’avenir se fait avec des chiffres impressionnants : 231 longs-métrages de 50 pays, auxquels s’ajoutent environ 60 courts-métrages.

« C’est notre plus grande édition côté programmation, ça, c’est sûr. On est très fiers de ça, dit-il. Dès le début de l’année, je sentais que la cuvée allait être robuste. Il y avait déjà beaucoup de bons titres qui arrivaient. »

Un festival pensé comme une expérience

Avec une telle densité de films, les festivaliers doivent s’organiser.

« C’est pour ça qu’on annonce les titres deux mois à l’avance, afin que le public ait le temps de planifier. Certains organisent même des soirées entre amis pour bâtir leur horaire autour d’un verre de vin! », s’amuse Vincent Georgie.

Mais au-delà de la programmation, le WIFF mise sur l’expérience collective.

« Il faut que la valeur de l’expérience vécue soit forte. Par exemple, pour le documentaire sur Come from Away, nous réunirons sur scène des protagonistes de Gander (Terre-Neuve) et de New York. Ce type de moment humain, collectif, crée une expérience unique », explique-t-il.

Le festival transforme aussi littéralement le centre-ville.

« Nous travaillons aussi sur le placemaking : embellir le centre-ville, créer des pop-ups dans les vitrines vides, installer des haut-parleurs pour diffuser une trame sonore extérieure… On veut que tout Windsor respire le festival », raconte-t-il.

Un amour du cinéma francophone

Le WIFF s’impose aujourd’hui comme le festival présentant le plus grand nombre de films francophones au Canada hors Québec et le plus grand nombre de longs-métrages francophones au pays, souligne Vincent Georgie.

« Cette année, on en compte environ 60 (longs-métrages), dont plusieurs du Québec, de la France et même de l’Ontario. »

Il cite notamment le nouveau film de Jocelyn Forgues, Et Maintenant?, un long-métrage franco-ontarien rare : « On est très heureux d’avoir ce film-là, parce que ce n’est pas à chaque année qu’on a un long-métrage franco-ontarien. »

Vincent Georgie de passage dans le balado d’ONFR Vous êtes là présenté par Mehdi Cayenne. Photo : ONFR

À Windsor, les francophones et les francophiles se mélangent naturellement : « La place au cinéma français, je l’avoue, n’a jamais été un défi ici. Il n’y a jamais eu de résistance, jamais de ‘non, on ne peut pas ouvrir avec un film franco’. Jamais, assure-t-il. Dans un pays bilingue comme le Canada, c’est génial de pouvoir lever ce drapeau-là », ajoute le dirigeant du WIFF.

Le public suit cette ouverture. « La population francophile dans notre festival est croissante, c’est sûr. On voit aussi plus de tourisme du Nord de l’Ontario, de l’Est (du Canada) et du Québec. »

« Le cinéma francophone mondial, c’est d’un calibre important. Les ressources, les infrastructures, les vedettes… tout y est. Si on compare à d’autres cinémas, comme l’allemand ou le finlandais, ils sont excellents, mais n’ont pas la même ampleur mondiale », concède-t-il.

Le WIFF, un tremplin pour les cinéastes canadiens

Au-delà des projections, le festival agit comme un levier concret pour les créateurs.

« Le prix WIFF du meilleur film canadien vient avec un prix de 25 000 $ (en argent) pour le cinéaste », précise M. Georgie. Et la tendance est claire : « Dans les quatre fois où on a remis le prix, trois des quatre fois, c’était des cinéastes francophones canadiens. »

Cette reconnaissance s’inscrit aussi dans une stratégie de positionnement. Le festival, qui se déroule entre le TIFF et la course aux Oscars, bénéficie d’une place stratégique dans le calendrier.

« Dans l’industrie, on est considérés comme un peu tard, mais c’est un atout, explique-t-il. Par exemple, Rental Family avec Brendan Fraser, c’est un film qui avait pris une belle énergie au TIFF, et nous, on le montre fin octobre, juste au moment où la course aux Oscars s’intensifie. »

Une dynamique payante : « L’an dernier, le prix du public a été remis à Anora de Sean Baker, qui a finalement remporté cinq Oscars. Est-ce qu’il y a un lien direct? Non. Mais c’est certain que ces films cherchent à récolter le plus de prix possibles dans les festivals. »

Une dimension économique et régionale

Le WIFF est aussi un moteur local, ancré dans la région.

« On a toujours cru que le WIFF devait avoir un impact économique positif sur Windsor. On dépense dans l’économie locale, on appuie les commerces, les hôtels, les fournisseurs, détaille le cinéphile. En même temps, on met des efforts en marketing pour attirer des touristes. »

Détroit, Sudbury, Ottawa, Montréal : le rayonnement dépasse désormais les frontières. « Déjà, environ 8 à 10 % de notre participation vient du Michigan et de l’Ohio. »

Cette dimension transfrontalière est essentielle : « Nous sommes de loin le plus grand festival de la région. C’est logique d’inviter nos amis américains à traverser la frontière. »

Un pont entre culture et industrie

Le WIFF ne se contente plus d’être un rendez-vous public : il devient aussi un espace professionnel et industriel.

« On a lancé la première conférence industrielle il y a deux ans. Cette année, la participation a augmenté de 55 %. C’est énorme », note le Windsorois. C’est un honneur que l’industrie nous voie comme un festival majeur, où on peut lancer des films, faire une belle conférence et du business. Du bon business dans un festival, c’est bon pour tout le monde. »

Mais il reste lucide sur les défis structurels : « Pour attirer plus de productions dans notre région, il faut deux choses : des incitatifs financiers et une main-d’œuvre bien organisée. Aujourd’hui, on n’a ni l’un ni l’autre. »

Il reste malgré tout confiant : « Le WIFF, c’est la grande dame du cinéma de la région. On attire producteurs, cinéastes, financiers… ça crée une énergie. »

Entre rayonnement international, ancrage local et ambitions industrielles, le WIFF 2025 s’annonce comme une édition charnière. Et Georgie conclut, fidèle à sa vision :

« L’an dernier, j’ai dit que les 20 prochaines années du WIFF seront les meilleures années du WIFF. C’est exactement ce que je crois encore aujourd’hui. »

« La fin d’une époque » : la Superstack disparaîtra du ciel de Sudbury

SUDBURY – Les travaux de démolition de la tour emblématique de Sudbury, la Superstack, ont bien débuté dans le cadre du projet de Vale Base Metals visant à réduire les émissions atmosphériques. Pour plusieurs Sudburois, cette disparition évoque des souvenirs et tourne la page d’un chapitre important de l’histoire industrielle de la ville.

Construite en 1972, la Superstack, supercheminée de la fonderie de Copper Cliff, était à l’époque la plus haute structure de son type au monde. S’élevant à 381 mètres au-dessus de la ville du nickel, celle-ci domine encore le paysage et atteint une hauteur comparable à celle de l’Empire State Building à New York.

Monument industriel emblématique, elle symbolisait alors la puissance et l’essor de l’exploitation minière dans la région, tout en jouant un rôle pratique : sa hauteur permettait de disperser les importantes émissions de dioxyde de soufre et d’autres gaz produits par la fonderie d’Inco, afin de réduire les effets de la pollution sur la ville et ses environs.

« La Superstack a toujours été un symbole de prospérité pour la ville. Quand on voyait de la fumée sortir de la cheminée, cela signifiait que les mines allaient bien, que l’on produisait du nickel », explique Paul Guénette, chef de projet pour la démolition chez Vale.

Des ouvriers sur le chantier lors de la construction de la Superstack. Photo : Noah Brabant

Pour Serge Dupuis, historien, cette construction représentait également une avancée technologique majeure. 

« On présentait l’industrie minière comme une grande victoire de l’homme sur la nature. C’était un succès que l’on cherchait à célébrer jusqu’aux années 50, début 60 », raconte-t-il.

La pollution et ses impacts

Même si la Superstack a été construite pour limiter les impacts locaux de la pollution, les résidents de Sudbury ont malgré tout ressenti les contrecoups de l’industrie minière.

« L’augmentation de l’extraction voulait aussi dire une augmentation de la pollution. C’est assez ironique parce qu’à l’époque on appelait Sudbury ‘’Ste-Anne des Pins’’, car ça ressemblait beaucoup à la région de la Rivière des Français, avec un environnement un peu rocheux (…) mais avec des pins blancs majestueux », note le Sudburois d’origine, rappelant que les relâchements de soufre pouvaient endommager les potagers et teinter l’air en jaune.

Selon Serge Dupuis, un mouvement s’est étalé sur un demi-siècle pour inciter Inco à réduire la pollution et améliorer la qualité de l’air. Photo : Inès Rebei/ONFR

Donald Dennie, enseignant à la retraite, se souvient : « C’était pas très agréable des matins de vent d’ouest avec la fumée de soufre qui nous rentrait dans la gorge. » 

La construction de la Superstack, qui permettait de disperser les émissions à une plus grande hauteur, a toutefois eu des impacts au-delà de Sudbury, selon M. Dupuis. La pollution a touché les terres agricoles de Nipissing Ouest et même, plus loin encore, a eu un impact sur l’agriculture dans le Midwest américain.

Marcel Vaillancourt, ancien employé d’Inco, se souvient des pluies acides qui frappaient Sudbury, mais retient : « C’est malgré tout une histoire marquante, puisqu’elle illustre la convergence entre le secteur industriel, le gouvernement et la recherche scientifique pour réduire la pollution. »

La fin d’une époque

Pour Paul de La Riva, auteur de l’ouvrage Mine de rien : les Canadiens français et le travail minier à Sudbury, 1886-1930, la Superstack faisait partie du paysage quotidien. 

« Pendant longtemps, la Superstack a été une source de fierté. On aimait dire qu’elle était plus haute que la Tour CN à Toronto. Elle faisait partie de l’identité visuelle et industrielle de Sudbury. »

Ce retraité du secteur de la communication voit la démolition comme le reflet de l’évolution de Sudbury : « La ville a évolué vers une économie plus diversifiée. On ne sent plus autant que c’est une ville minière. »

« Quand j’étais jeune, je croyais que c’était une fusée! La cheminée me servait même à savoir dans quelle direction soufflait le vent quand je faisais du vélo », décrit Paul de la Riva. Photo : Gracieuseté de Paul de la Riva

Marcel Vaillancourt, au milieu des années 2000, avait déjà prédit que la grande cheminée finirait par disparaître : « Je me souviens de m’être arrêté, avoir garé ma voiture et m’être placé juste en dessous pour l’admirer, conscient qu’un jour, elle disparaîtrait ».

« C’est la fin d’une époque et d’une saga d’un demi-siècle. La cheminée a été un symbole touristique et industriel, mais il était temps de la démonter », conclut-il.

« C’est une page qui se tourne. La nouvelle génération, probablement heureuse de voir cette structure disparaître, voit la Superstack comme un symbole de l’aspect environnemental : l’industrie minière avait vraiment dévasté le paysage de Sudbury », confie de son côté Paul Guénette.

Paul Guénette, qui supervise les travaux, assure que des consultations ont été menées auprès des communautés locales et autochtones. Photo : Gracieuseté de Paul Guénette

Un record mondial

La démolition se fait de manière progressive et minutieuse, sans recourir à des explosifs.

« On commence par le haut avec une machine qui broiera le béton en descendant, en contrôlant les débris qui tombent. Ensuite, le béton sera retiré et acheminé vers un site d’enfouissement sur la propriété », souligne M. Guénette.

Et d’ajouter : « C’est un record mondial : c’est la plus haute structure qui ait jamais été démolie de cette façon. »

La démolition de la Superstack devrait s’étaler sur environ cinq ans, tandis que la Copperstack, plus petite, est déjà en cours de démantèlement. Le projet s’inscrit dans le cadre de l’initiative Clean AER de Vale, qui vise à réduire les émissions atmosphériques grâce à de nouvelles technologies plus efficaces.

Dans ce cadre, la Superstack a été mise hors service en 2020, remplacée par deux cheminées plus petites et plus performantes.

« J’espère que la compagnie va établir une plaque ou quelque chose pour que l’on se souvienne, à l’avenir, de la cheminée »
— Donald Dennie

« Depuis 2020, les émissions (de gaz) sont maîtrisées par des procédés modernes, avec moins de pollution que dans les années 70. On a fait beaucoup de recherches. Nous avons étudié les effets de la poussière, du bruit, des vibrations, et nous ne prévoyons aucune perturbation en dehors de la zone du projet », précise M. Guénette.

Aujourd’hui, la hauteur officielle de la Superstack est maintenant de 1141 pieds (345 m), avec un total de 105 pieds (35 m) retirés pour le moment, selon les dernières informations de Vale.

« Il y aura certainement une certaine nostalgie de ne plus voir cette cheminée qui a dominé la ville pendant plus de 50 ans », pense Donald Dennie. Photo : Centre de counseling de Sudbury

Un hommage à l’histoire de la ville

Plusieurs s’entendent sur l’importance de laisser une trace de ce monument. « Il faudrait avoir une plaque ou une mini-statue pour rappeler l’histoire de la cheminée, mais il n’est pas nécessaire de la maintenir intacte », estime Paul de La Riva. 

Marcel Vaillancourt suggère : « On pourrait construire une mini-stack avec une plaque pour que les touristes puissent voir et lire l’histoire de la Superstack. »

Pour Donald Dennie, cette initiative est essentielle : « J’espère que la compagnie va établir une plaque ou quelque chose pour que l’on se souvienne, à l’avenir, de la cheminée. »

De son côté, Paul Guénette fait savoir que Vale prévoit d’ériger un monument et d’installer une plaque en ville afin de conserver le souvenir de la Superstack, même si l’emplacement exact n’a pas encore été déterminé.

Joanne Gervais prendra sa retraite de l’ACFO du Grand Sudbury après 16 ans de service

SUDBURY – Figure bien connue de la francophonie du Moyen-Nord, Joanne Gervais quittera ses fonctions de directrice générale de l’Association canadienne-française de l’Ontario du Grand Sudbury (ACFO du Grand Sudbury) à la fin de mars 2026, après 16 années de service.

Arrivée en poste en 2010, Mme Gervais a marqué l’organisation par son rôle dans plusieurs dossiers majeurs, dont les célébrations du 50ᵉ anniversaire du premier lever du drapeau franco-ontarien et la défense des services en français à la Ville du Grand Sudbury.

Lors du traditionnel banquet de l’ACFO du Grand Sudbury pour le Jour des Franco-Ontariens, Joanne Gervais a remis le Prix de la francophonie aux membres du comité de création du drapeau franco-ontarien, honorant notamment son défunt frère Gaétan Gervais, cofondateur du drapeau.

Elle a également joué un rôle actif dans les démarches ayant mené à la création de l’Université de Sudbury « par, pour et avec » les francophones de la région.

Joanne Gervais tenant entre les mains plusieurs documents dont le Manifeste de Franco-Parole de mars 1973 et la revue du Nouvel Ontario en 1985 intitulée Pour une université française en Ontario. Photo : Inès Rebei/ONFR

En 2022, Joanne Gervais a été honorée du Mérite Horace-Viau lors du 21e gala de la Fondation Richelieu International à Sudbury. Sous sa direction, l’ACFO du Grand Sudbury a publié, un an plus tard, un rapport d’enquête sur les politiques de bilinguisme municipal, révélant le recul du français comme langue de travail et proposant plusieurs pistes pour renforcer sa présence au sein de l’administration municipale.

Avant son rôle à l’ACFO, Joanne Gervais a aussi siégé au comité administratif du Centre franco-ontarien du folklore.

« Joanne Gervais a fait preuve d’un leadership exceptionnel et d’un engagement indéfectible envers la francophonie sudburoise. Son départ laissera un grand vide au sein de l’organisme », affirme Marc Gauthier, président du conseil d’administration.

Le processus de recrutement est déjà entamé pour trouver la personne qui lui succédera. Selon la vice-présidente du conseil, Danielle Barbeau-Rodrigue, la relève aura le mandat de « poursuivre le travail amorcé et de contribuer à l’avancement des droits et du rayonnement de la communauté francophone ».

L’offre d’emploi sera publiée sur le site web de l’ACFO du Grand Sudbury ainsi que sur diverses plateformes communautaires et professionnelles. Les candidatures seront acceptées jusqu’au 10 novembre.

Joanne Gervais demeurera en poste jusqu’au 31 mars 2026 afin d’assurer une transition en douceur. Elle n’était pas disponible pour une entrevue.

La francophonie ontarienne se rassemble à Toronto pour « évoluer et aller plus loin »

RICHMOND HILL – Sous le thème évocateur « Nous sommes… nous serons », l’Assemblée de la francophonie de l’Ontario (AFO) ouvre du 22 jusqu’au 25 octobre 2025, son congrès annuel à Richmond Hill. Un rendez-vous qui s’annonce comme un moment charnière dans l’histoire du fait français en Ontario.

Cette édition revêt une signification particulière : elle s’inscrit dans la continuité des États généraux de la francophonie ontarienne, lancés en mars 2025. Cette vaste consultation, amorcée à l’échelle de la province, vise à repenser collectivement les structures, les priorités et la mobilisation du réseau francophone pour les années à venir. Le congrès des prochains jours représentera ainsi une étape clé pour approfondir les échanges et tracer des pistes d’action concrètes.

« Ce congrès vient poursuivre le grand chantier des États généraux de la francophonie ontarienne, amorcé plus tôt cette année. C’est un moment clé de réflexion, de dialogue et de mobilisation pour tracer collectivement les grandes orientations de notre avenir », souligne Fabien Hébert, président de l’AFO.

Selon lui, cette édition « est vraiment un moment charnière pour la francophonie ontarienne ». Il ajoute : « On doit se questionner sur les actions à prendre pour continuer d’avancer. Les modèles qu’on a utilisés dans les cinquante dernières années doivent évoluer pour nous permettre d’aller plus loin. »

Un espace de convergence et de co-construction

Durant quatre jours, le congrès se transformera en un véritable laboratoire d’idées, réunissant élus, experts, bailleurs de fonds, représentants communautaires et membres du grand public. Au programme : conférences, panels thématiques, causeries, ainsi que des ateliers participatifs portant sur des enjeux essentiels : de l’identité francophone à l’immigration, en passant par la complétude institutionnelle, le financement, la gouvernance et le vivre-ensemble.

Le congrès s’ouvre officiellement le mercredi en soirée avec un cocktail de bienvenue et la remise du Prix de la francophonie, en présence de Caroline Mulroney, ministre des Affaires francophones de l’Ontario. Son ministère doit d’ailleurs faire une annonce le jeudi soir dans le cadre de cette réunion de la francophonie ontarienne.

M. Hébert évoque « un moment de célébration » : « On reconnaît les efforts et le travail ardu des membres de la communauté. La même chose avec le gala : c’est un moment pour célébrer la collectivité. »

Des discussions lucides et décisives

Une présentation d’ouverture le jeudi matin, intitulée « Changer ou disparaître? Portrait de la situation de la francophonie en Ontario », dressera un état des lieux lucide du français dans la province, entre reculs démographiques et nouveaux leviers d’action. Des discussions politiques, comme le Laboratoire sur la complétude institutionnelle, permettront d’explorer des solutions concrètes pour renforcer les institutions francophones et garantir des services équitables dans la langue de Molière, indique le programme de l’AFO.

Le président rappelle toutefois que le contexte politique actuel ajoute un sentiment d’urgence : « On arrive dans un moment où le gouvernement fédéral parle d’austérité et de coupures de financement. Ces annonces donnent peut-être un ton plus grave à notre réflexion, mais elles renforcent aussi la nécessité d’agir et de bâtir les bons mécanismes pour l’avenir. »

Enfin, le Gala des Prix de reconnaissance 2025 qui aura lieu vendredi soir viendra clôturer le congrès en célébrant les personnes dont le travail et l’engagement contribuent à faire briller la langue et la culture françaises à travers la province.

Un rendez-vous à la croisée des chemins

Pour Peter Hominuk, directeur général de l’AFO, cette édition se déroule à un moment décisif : « En 2025, nous poursuivons notre démarche de renouvellement collectif avec les États généraux de la francophonie ontarienne. Cette grande conversation communautaire nous invite à réfléchir ensemble à l’avenir de notre réseau, à nos défis communs, mais surtout à nos solutions et à notre capacité de rebond. »

Ses mots résonnent particulièrement dans un contexte où la francophonie ontarienne fait face à des défis historiques : démographiques, linguistiques et institutionnels, tout en cherchant à affirmer son rôle dans un Ontario de plus en plus diversifié. Le congrès se veut donc plus qu’un événement annuel, soutient l’AFO : un appel à l’action pour penser à la francophonie de demain, plus inclusive, plus audacieuse et mieux outillée pour affronter les réalités du 21e siècle.

Une francophonie à réinventer, ensemble

Plus de cinquante ans après le premier congrès de 1969, un moment fondateur du mouvement franco-ontarien moderne, l’édition 2025 entend renouer avec cet esprit de refondation. Sous le mot d’ordre « Nous sommes… nous serons », l’AFO invite toutes les générations à participer à cette conversation historique sur l’avenir collectif de la francophonie ontarienne.

Comme le rappelle Fabien Hébert, « le congrès annuel, c’est avant tout un espace vivant où se rencontrent les idées, les voix et les espoirs de toute notre communauté. Ensemble, nous célébrons la vitalité de notre francophonie tout en posant les bases d’un Ontario français uni dans sa diversité, audacieux dans ses ambitions et solidaire dans ses actions. »

Et de préciser, à propos des suites à donner : « Lors de notre assemblée annuelle, on a toujours les vœux du plancher, les grandes lignes de nos actions politiques pour la prochaine année. C’est un point culminant pour l’AFO, car on reçoit nos directives claires de la part de la membriété. On verra ce que la communauté nous dira, tout en lui présentant les avancées réalisées depuis l’an dernier. »

Garderies à 10 $ : Ottawa ne tiendra probablement pas ses promesses de coût et de places

Le système pancanadien des garderies a réussi à réduire les frais et à rendre plus abordables les services de garde au Canada, mais Ottawa risque de ne pas atteindre pleinement son objectif d’un coût de 10 $ par jour et de création des 250 000 places promises, constate la vérificatrice générale du Canada dans son rapport.

En 2021, Ottawa avait annoncé en grande pompe un programme de 35 milliards de dollars qui réduirait les coûts des services de garde à 10 $ par jour d’ici 2026, en plus de permettre la création de 250 000 places.

Or, cinq provinces doivent toujours réduire leur coût à 10 $ par jour d’ici 2026 et pour le moment seules 112 165 places ont été créées, loin de l’objectif de 250 000. C’est le constat qu’émet la vérificatrice générale (VG) Karen Hogan auprès du ministère de l’Emploi et Développement social Canada dans un rapport déposé au Parlement mardi.

Le programme national a permis de réduire les coûts à environ 16,50 $ par jour, constate Mme Hogan. Mais, certaines provinces ont émis des doutes « quant à la viabilité financière du programme après 2026 », a indiqué le ministère de l’Emploi et Développement social Canada en réponse à la VG. Elle soutient toutefois que la majorité des places ont permis d’améliorer l’abordabilité pour les familles canadiennes.

Pour les places de garde chez les francophones en milieu minoritaire, la VG constate que le fédéral n’a pas suffisamment collecté de données des provinces pour faire un état des lieux clair.

La VG a aussi relevé qu’Ottawa avait de l’information limitée à savoir si les objectifs énoncés dans les ententes conclues avec les provinces et territoires dans le cadre de ce programme ont été atteints. Par exemple, la VG énonce que le fédéral n’a pas fait un bon suivi pour faire recueillir le nombre de places créées « ce qui ne permettait pas d’avoir un aperçu cohérent et comparable des places réglementées abordables créées partout au Canada pour les enfants de moins de six ans ».

Elle note l’exemple d’une province qui a comptabilisé des centaines de places pour des enfants d’âge scolaire, qui avaient plus de six ans, soit au-delà de l’âge maximal du programme.

Le fédéral a signé des ententes avec les provinces et territoires entre 2020 et 2022 dans le cadre de l’Accord sur l’apprentissage et garde des jeunes enfants Photo : Canva

Elle fait aussi état du fait qu’Ottawa ne connaisse pas l’ampleur de la demande non satisfaite concernant les places de services de garde dans les provinces, car celles-ci ont offert « des renseignements limités ».

« Nous avons constaté que le Ministère avait manqué des occasions de recueillir des renseignements comparables sur le rendement auprès des gouvernements provinciaux et territoriaux qui lui auraient permis de surveiller efficacement les progrès réalisés en matière d’apprentissage et de garde des jeunes enfants à l’échelle du Canada », étale Karen Hogan dans un de ses six rapports dévoilés ce mardi.

Le seul suivi bien effectué par le fédéral concerne le financement offert aux provinces et territoires, à savoir si l’argent avait été dépensé ou non, étale la VG.

« Le Ministère n’a pas suffisamment évalué si le financement fédéral avait atteint les objectifs en matière de soutien aux enfants et aux familles vulnérables et issus de milieux divers, ou encore en matière de soutien à l’apprentissage et à la garde des jeunes enfants autochtones », observe aussi Mme Hogan.

Des fonctionnaires du Bureau de la vérificatrice générale ont indiqué lors d’un breffage technique que les données concernant les francophones en milieu minoritaire diffèrent d’une province à l’autre, certaines provinces comme le Nouveau-Brunswick ayant des plans spécifiques. Mais comme le recueillement des données a fait défaut, il était difficile de déterminer le portrait concernant la création de places pour les francophones, nous ont indiqué ces fonctionnaires.

Karen Hogan fait d’ailleurs plusieurs recommandations à Ottawa pour effectuer un meilleur suivi des ententes signées avec les provinces et territoires, notamment sur la collecte de données.

En Ontario

L’homologue de Mme Hogan en Ontario, la vérificatrice générale Shelley Spence avait aussi constaté des ratés, mais pour le gouvernement provincial concernant la gestion du programme des garderies à 10 $ par jour. Dans un rapport déposé au mois d’août, Mme Spence indique que 80 500 places sont toujours vacantes, soit 25 % plus bas que l’objectif désiré par le gouvernement Ford.

Dans le cadre de l’Accord sur l’apprentissage et garde des jeunes enfants signé entre l’Ontario et le Canada, la province a reçu 10,23 milliards de dollars sur 5 ans en 2021. Cette entente avait pour but de réduire les frais de garde d’enfants de moins de six ans pour les familles de l’ordre de 10 $ par jour — auparavant estimés à 48 $ par jour pour les familles. 

En mars 2025, Ottawa a annoncé prolonger à nouveau ses ententes avec les provinces et territoires pour un coût total de 37 milliards de dollars, sur cinq ans.

Contact ontarois mise sur le bien-être et la diversité pour sa 45e édition

OTTAWA – Le programme de la 45e édition de Contact ontarois a été dévoilée ce mardi par Réseau Ontario à l’aide d’une vidéo promotionnelle. Du 14 au 17 janvier 2026, cet événement présenté comme le marché du spectacle francophone réunira près de quarante vitrines présentant des artistes de toutes disciplines et de plusieurs régions du Canada.

Pour la première fois, Contact ontarois aura un porte-parole, Stéphane Guertin, qui représentera l’événement et participera aux différentes activités autour de la programmation. 

« On trouvait que c’était vraiment pertinent d’avoir un artiste pour parler de notre événement, qui connaît toutes les facettes de notre réseau et a bénéficié de plusieurs distinctions au fil des ans », explique Marie-Ève Chassé, directrice générale de Réseau Ontario.

De gauche à droite : Marie-Claude Sabourin (présidente de Réseau Ontario), Stéphane Guertin et Marie-Ève Chassé, lors de la remise de prix de Contact ontarois 2024. Photo : Stéphane Bédard/TFO

L’événement 2026 met l’accent sur le bien-être et la convivialité. Des séances matinales de remise en forme et des activités de relaxation sont prévues, ainsi qu’une conférence sur l’Indice de Bonheur Léger (IBL). 

« Ce qui est important pour nous, c’est l’aspect de santé mentale, de bien-être et de durabilité. Pour cette édition, nous voulons offrir un environnement chaleureux où les participants se sentent bien accueillis et entourés. Les arts sont plus nécessaires que jamais, surtout dans les moments difficiles de notre société. C’est cet univers-là que nous voulons que les gens retiennent de la 45e édition », souligne-t-elle, précisant que l’événement mise aussi sur le retour aux rencontres humaines après la pandémie.

Des artistes d’ici et d’ailleurs

Cette année, 37 candidatures ont été retenues pour des vitrines ou des prix sur les 144 candidatures soumises, soit un peu moins que les 162 de l’an dernier.

La programmation finale reflète cette diversité, avec un équilibre entre disciplines et styles, ainsi qu’entre artistes émergents, dont certains n’ont jamais tourné dans le réseau, et artistes établis.

« On voit vraiment de toutes les disciplines et une variété d’artistes, autant de l’émergence que plus établis, ce qui est très important pour nous », précise la directrice générale. 

Les vitrines grand public auront lieu en soirée au Centre des arts Shenkman et présenteront des artistes franco-ontariens établis tels que Yao, Véloce André, Céleste Lévis, King H 509 et Zale Seck. 

Parmi les artistes participants, deux sont originaires du Yukon : Claire Ness et Brigitte Jardin. Les autres viennent de diverses provinces canadiennes, dont le Québec (Léa Deschênes, Carine Au Micro, Rouge Pompier, Jay Trépanier, Donald Dogbo), le Manitoba (Flora Luna) et le Nouveau-Brunswick (Sam Mallais, Caroline Savoie).

Céleste Lévis chante devant un sapin argenté
Céleste Lévis a récemment remporté le Prix de l’album de l’année aux Capital Music Awards 2024 pour Deuil et a été nominée dans plusieurs catégories au Gala Trille Or 2023. Photo : Mylène Desbiens

Vitrines jeunesse et Bulle d’arts de la scène

Les Vitrines jeunesse se dérouleront les 15 et 16 janvier à l’École secondaire publique De La Salle. 

Elles s’adressent aux élèves du primaire et du secondaire ainsi qu’aux délégués, permettant de présenter des artistes émergents et confirmés de la francophonie canadienne tels que la chanteuse Sophie d’Orléans, le rappeur ontarien Genman, l’humoriste Jonathan Dion, ou encore la compagnie artistique Cirque in Toto du Québec.

Comme l’année passée, la Bulle d’arts de la scène, présentée à la Nouvelle Scène Gilles Desjardins, mettra en avant des propositions de danse et de théâtre, offrant aux diffuseurs l’opportunité de découvrir des spectacles complets dans ces disciplines. 

À cela s’ajoutent deux autres disciplines pour cette édition : arts de la parole et comédie musicale. « On veut vraiment profiter de ce moment pour mettre de l’avant des artistes qui ont besoin d’une proximité plus grande avec le public », explique Mme Chassé.

Ainsi, les compagnies théâtrales ontariennes Créations In Vivo (de retour pour une deuxième année) et Vox Théâtre auront le droit à une vitrine tout comme l’incubateur de création et de diffusion en danse ontarien BoucharDanse et le marionnettiste, auteur et créateur québécois Jocelyn Sioui.

À noter également le groupe musical québécois Wooden Shapes qui offrira une vitrine instrumentale, une proposition que Réseau Ontario dit souhaiter développer.

L’année dernière, Réseau Ontario soulignait son 25e anniversaire. Photo : Gracieuseté de Rugicom

Présentations éclair

Le vendredi 16 janvier, neuf artistes disposeront de dix minutes chacun pour présenter leur projet lors des Présentations éclair. 

Cette formule permet aux diffuseurs de repérer rapidement des propositions prometteuses et de planifier de futures tournées. 

Trois de ces présentations seront assurées par des artistes ontariens : la chanteuse folk Kristine St-Pierre, Kimya, spécialisé dans le slam et le rap, et Sabaya, qui propose un style pop-R&B minimaliste et introspectif.

Parmi les propositions hors Ontario, on compte, entre autres, la compagnie française proposant des spectacles jeunes publics pluridisciplinaires, Comme Une Étincelle, ou encore la québécoise Bouge de là, qui met en lumière des œuvres de danse contemporaine destinées, là encore, au jeune public.

L’organisme promet que « d’autres surprises seront dévoilées dans les semaines à venir, y compris des informations sur les Bastringues en fin de soirée ».

Kimya en performance pour l’émission Lendemain de veille TFO, en 2023. Photo : Stéphane Bédard/TFO

Inclusion et retombées

La programmation 2026, capitalisant sur le succès de l’édition précédente, reflète un effort pour assurer la diversité disciplinaire et géographique. 

Certaines vitrines seront accessibles en langage des signes et plusieurs partenariats avec des organismes culturels visent à favoriser l’inclusion et les échanges interculturels.

Les retombées de Contact ontarois se font rapidement sentir pour les artistes participants selon la directrice générale de Réseau ontario.

L’an dernier, sur les 40 vitrines présentées, 24 ont donné lieu à une tournée dans le réseau, offrant ainsi aux artistes l’occasion de présenter leur spectacle à plusieurs diffuseurs. Parmi eux : l’actrice Caroline Raynaud et le groupe de musique Les Chiclettes, DJ Unpier ou encore le FloFranco.

Gracieuseté de Rugicom

Selon elle, bien que la programmation soit ouverte à tous, la sélection favorise fortement les artistes franco-ontariens, avec un taux d’acceptation d’environ 64 %. De leur côté, les candidatures provenant du Québec sont retenues dans une proportion de 11 à 12 %. 

L’édition précédente a réuni 2782 participants, incluant le public, les élèves et les professionnels inscrits, témoignant de l’ampleur et de l’importance de l’événement dans la francophonie ontarienne. Environ 300-350 d’entre eux suivent l’ensemble de la programmation étalée sur quatre jours.

L’inscription à l’événement et l’ajout de spectacles au répertoire seront ouverts jusqu’au 11 décembre 2025. Les partenaires et annonceurs peuvent s’inscrire jusqu’au 13 novembre 2025. La programmation complète est disponible sur le site de Réseau Ontario.

Les enseignants franco-ontariens auront une plateforme pour signaler les violences scolaires

Face à la montée de la violence envers le personnel enseignant, l’Association des enseignantes et des enseignants franco-ontariens (AEFO) présente un « Plan d’action provincial pour contrer la violence dans les milieux scolaires », et lancera notamment une plateforme numérique pour permettre un signalement centralisé de ces violences. Un outil de revendication syndicale également pour l’organisme, pour demander plus de financement et une prise de mesures adéquates.

« Nos membres nous le disent clairement : la situation s’aggrave et devient insoutenable. La violence est de plus en plus présente dans leurs milieux de travail et, malheureusement, elle tend à être banalisée, ce qui est inacceptable (…)Tous nos membres et les élèves méritent de pouvoir travailler et apprendre dans des environnements sains et sécuritaires. Ce plan constitue un pas important dans la bonne direction pour répondre à cet enjeu », a déclaré Gabrielle Lemieux, la présidente de l’AEFO, via communiqué.

L’organisme, qui représente 12 000 enseignants et travailleurs en enseignement francophones, lancera ainsi une plateforme numérique centralisée avec pour objectif premier de faciliter le processus de signalement, en plus d’offrir des outils et ressources juridiques.

Selon le syndicat, le microsite est conçu pour appuyer et informer les membres via des guides pratiques, des modèles de documents de signalement, des conseils stratégiques et le partage de nouvelles pratiques dans un esprit de « solidarité syndicale ».

La plateforme numérique sera officiellement lancée dès le mois prochain, lors de la conférence des déléguées syndicales et délégués syndicaux du syndicat.

La présidente de l’AEFO Gabrielle Lemieux, entourée des membres du comité ad hoc sur la violence, et des leaders des unités de l’AEFO, lors lancement officiel du Plan d’action provincial pour contrer la violence dans les milieux scolaires. Photo : gracieuseté de l’AEFO

Parmi les facteurs aggravants de la violence systémique, l’AEFO mentionne notamment le sous-financement du système éducatif et un manque de ressources. Elle rapporte aussi un manque de formation et d’accompagnement du personnel de l’éducation, ainsi que la méconnaissance des lois et politiques en matière de santé et de sécurité au travail.

Selon l’organisme, des pressions administratives des établissements scolaires et un manque de communication et de transparence avec les parents s’ajoutent à ces facteurs. L’ensemble de ces problèmes entraînent des conséquences négatives de violence pour le personnel et les élèves.

« Le personnel de l’éducation peut éviter de faire valoir ses droits par représailles de la part des parents et de leur employeur, ou encore des conséquences indirectes de leur signalement, notamment en lien avec leur affectation », cite pour exemple le rapport.

Avec le plan, qui comprend un volet formation du personnel pour « favoriser une culture de prévention et d’intervention proactive », et un volet collaboratif en vue de développer des solutions, l’AEFO espère avoir un certain poids dans les revendications sur le sujet de la violence, pour « développer des positions syndicales claires ».

Par exemple, pouvoir « exiger un financement adéquat pour l’éducation spécialisée; réclamer une application plus rigoureuse de la discipline progressive », et plus.

La FESFO veut « aller chercher les jeunes là où ils sont »

Élève de 12ᵉ année au Collège Mer-Bleue d’Orléans à Ottawa, Marie-Claude Bisson est présidente de la Fédération de la jeunesse franco-ontarienne (FESFO), organisme porte-parole des 25 000 élèves des écoles secondaires francophones de l’Ontario. 

La FESFO traverse une période de reconstruction post-pandémie, marquée par une baisse du nombre de jeunes impliqués et la nécessité de rebâtir son réseau.

Après son congrès provincial tenu récemment, la FESFO amorce une réflexion stratégique pour définir ses priorités, renforcer la relève et redonner un souffle collectif à la jeunesse franco-ontarienne.

«  Après le congrès provincial, comment résumerais-tu la direction que prend aujourd’hui la FESFO?

Après le congrès, on est en réflexion à partir des discussions qu’on a eues à notre Assemblée générale jeunesse. On va se retrouver en novembre pour mettre en place de nouvelles stratégies en fonction de ce que les membres veulent cette année. Ce n’est pas vraiment un virage, mais plutôt un recentrage sur nos priorités. On veut que les jeunes sentent que la FESFO les représente vraiment.

Quelles sont les principales propositions qui vont orienter cette année?

Par exemple, la place des élèves de 7ᵉ et 8ᵉ (année) : on veut se pencher sur la façon de les inclure davantage dans le réseau. D’autres propositions touchent le postsecondaire – créer un réseau de communication entre les jeunes après le secondaire, peut-être en collaboration avec le RÉFO (Regroupement étudiant franco-ontarien) – et la visibilité de la FESFO dans les écoles.

Tu parles souvent de « rebâtir le réseau ». Quelles sont les premières étapes concrètes?

La première étape, c’est de reprendre des événements en présentiel, post-pandémie. Ensuite, on veut aller chercher plus de jeunes de 9ᵉ et 10ᵉ année pour assurer une continuité. Trop souvent, ce qu’on voit dans le réseau, c’est qu’on recrute surtout des élèves de 10ᵉ et 11ᵉ année, parce que l’on connaît déjà leurs personnalités, leurs valeurs et leurs intérêts.

Notre expérience chaque année, c’est qu’on perd une grande partie de nos jeunes actifs lorsqu’ils terminent le secondaire. C’est pourquoi on veut aller chercher les 9ᵉ et 10ᵉ, pour bâtir une meilleure continuité avec des jeunes qui peuvent revenir plusieurs années de suite et devenir des piliers du réseau.

« Les jeunes d’aujourd’hui veulent être entendus, tout comme ceux d’hier », estime Marie-Claude Bisson, présidente de la FESFO. Gracieuseté

Cette relance passe-t-elle aussi par de nouveaux partenariats ou une autre façon de communiquer?

Les jeunes sont dans un univers numérique : il faut apprendre à les rejoindre là où ils sont. On repense nos façons de communiquer, on revoit notre présence sur les réseaux sociaux et nos outils pour atteindre les jeunes, mais aussi leurs parents.

Et surtout, je ne veux pas que les réseaux sociaux influencent négativement notre façon de voir les choses. Au contraire, on veut les utiliser à notre avantage pour aller chercher les jeunes, les mobiliser et en faire des acteurs du changement.

Certains événements, comme les Jeux franco-ontariens, ont marqué des générations. Envisagez-vous leur retour ou un nouvel événement rassembleur?

L’idée des Jeux n’est pas abandonnée, on y pense encore. Mais pour l’instant, ils ne seraient pas viables dans leur ancienne forme. On réfléchit à recréer quelque chose de nouveau qui réponde aux besoins actuels des membres.

La FESFO fête ses 50 ans. Comment transformer cet anniversaire en tremplin pour l’avenir?

Il faut réfléchir à ce qu’on a accompli, mais surtout à ce qu’on peut faire pour les 50 prochaines années. Notre rôle est de rester un pilier dans la communauté franco-ontarienne et de faire en sorte que la voix des jeunes continue d’être entendue. Je parlais récemment avec d’anciens membres de la FESFO, et ils me rappelaient que les jeunes d’hier voulaient déjà que leur voix compte. C’est toujours vrai aujourd’hui : les jeunes veulent être écoutés, participer et militer davantage. On doit utiliser notre histoire comme moteur pour aller plus loin.

Quels sont les prochains rendez-vous importants?

Nos prochains forums régionaux. Ce sera l’occasion de discussions entre jeunes des différentes régions, pour renforcer la diversité et l’identité franco-ontarienne. C’est un travail constant : chaque année, on perd une partie de nos membres qui graduent, donc il faut sans cesse reconstruire. Ce n’est pas facile, mais on est déterminés. »

Santé en français : l’enjeu francophone qui dominera la rentrée à Queen’s Park

TORONTO – Pour la rentrée parlementaire de Queen’s Park, plusieurs priorités sont en ligne de mire des députés franco-ontariens, dont un thème commun, l’accès à la santé en français. De son côté aussi, l’AFO veut que les besoins des francophones soient pris en compte dans la stratégie de soins interconnectés du ministère de la Santé. Quant aux soins de longue durée, la ministre Natalia Kusendova-Bashta mène un projet de loi pour la traduction de plus de ressources à destination des aînés francophones.

Après 4 mois et demi de pause estivale, depuis le 5 juin dernier, ce lundi, les députés regagnent leurs sièges à Queen’s Park pour la reprise de la session parlementaire.

Le projet de loi 14 déposé par la ministre des Soins de longue durée Natalia Kusendova-Bashta (Loi de 2025 sur le soutien aux personnes âgées et aux fournisseurs de soins), comprend une particularité pour les aînés francophones.

Adopté en première lecture, l’un de ses objectifs principaux est de renforcer la qualité de vie et la protection des personnes âgées, et de soutenir les proches aidants.

Mais celui-ci vise également à renforcer la prise en compte des besoins culturels et linguistiques des résidents, exigeant que les foyers de soins de longue durée disposent de programmes spéciaux.

« Pour les aînés francophones, nous voulons également augmenter l’information disponible en français. Le ministère va lancer une enquête pour connaitre les besoins des résidents. Nous avons des fonds de traduction et on souhaite les mettre à profit », explique la ministre à ONFR.

Une semaine plus tôt, le gouvernement avait annoncé faire passer le financement annuel permanent des foyers de soins de longue durée à 1,92 milliard de dollars pour soutenir l’augmentation des effectifs.

Si le montant exact attribué aux francophones n’est pas détaillé, Natalia Kusendova-Bashta indique que la dotation est « la même pour tout le monde et proportionnelle au nombre de résidents ».

D’ajouter : « Nous avons dépassé ce printemps la cible de quatre heures de soins directs en moyenne par jour pour les résidents, prodigués par du personnel infirmier et des préposés. »

« Crise de la santé » pour les francophones

Pour le président de l’AFO Fabien Hébert, en entrevue avec ONFR, un des dossiers prioritaires est celui de la santé. « Concernant la nouvelle initiative qui a été lancée par le ministère de la Santé sur les équipes de soins interconnectées et la réduction des listes d’attente aux soins primaires, on est en train de faire remarquer à la ministre (de la Santé) que les besoins de la communauté francophone ne sont pas nécessairement pris en compte. »

Fabien Hébert, le président de l’Assemblée de la francophonie de l’Ontario (AFO). Photo : gracieuseté

Via une enveloppe de 2,1 milliards de dollars, le gouvernement s’est en effet engagé à mettre les 235 000 personnes inscrites sur la liste d’attente d’Accès Soins en relation avec un médecin de famille ou une équipe de soins primaires d’ici le printemps 2026.

« Le gouvernement de la province a lancé une première vague d’investissements au printemps passé, puis cet automne – 235 millions de dollars pour créer et agrandir 130 équipes de soins primaires, puis 250 millions pour 75 équipes – de ces premiers financements, il y a eu très peu d’initiatives francophones, note celui-ci. On veut s’assurer dans le futur que les francophones aient des soins qui sont adaptés de façon linguistique et culturelle. »

« La crise dans notre système de santé est ressentie fortement par les francophones », a quant à elle commenté la députée néo-démocrate France Gélinas (Nickel-Belt), dont c’est l’une des priorités de la rentrée.

« Les agences offrant des soins de santé sont couvertes par la Loi sur les services en français (LSF), l’offre active, tandis que les cliniques privées ne le sont pas à date et ne démontrent aucun intérêt envers nous. »

La députée libérale Lucille Collard (Ottawa-Vanier) mentionne elle aussi vouloir œuvrer pour la défense de la lentille francophone dans les soins de santé et dans les soins de longue durée pour les personnes aînées.

L’éducation et la culture francophone au cœur des enjeux

Parmi les priorités de Mme Collard, un financement adéquat des arts et de la culture, sans oublier l’éducation francophone. Dans la prochaine semaine, la députée libérale entend déposer d’ailleurs un projet de loi visant la protection et la promotion des librairies franco-ontariennes.

« En éducation : protéger nos droits à une éducation par et pour les francophones, mais aussi un financement équitable qui les respecte, notamment par des investissements à la hauteur de ceux qui sont faits dans le système anglophone, pour des infrastructures de classe mondiale, du soutien pour les élèves, et des programmes parascolaires. L’accès aux écoles dans les régions non desservies est crucial puisque le manque d’écoles favorise l’assimilation », défend-elle.

Concernant la crise de pénurie d’enseignants, « j’ai proposé une solution qui consiste à réduire de deux à un an la période de certification », explique celle-ci.

Autre priorité majeure en éducation pour la députée de Nickel-Belt France Gélinas, le projet de loi 33 : « Il a été déposé en première lecture et on veut s’assurer que les droits constitutionnels des Franco-Ontariens seront respectés. Une menace à notre système scolaire est une menace à notre survie. »

Pour le postsecondaire, elle conclut sur l’Université de Sudbury qu’elle souhaite voir dotée des « ressources promises et qu’on assure non seulement sa survie, mais son épanouissement ». 

Blue Jays : les jeunes partisans francophones croient encore en leur équipe

TORONTO – Les Blue Jays de Toronto jouent leur survie dans les séries éliminatoires de la Ligue majeure de baseball face aux Mariners de Seattle, ce dimanche. Menés 3-2 en finale de la Ligue américaine, ils n’ont plus droit à l’erreur et doivent absolument s’imposer pour éviter l’élimination et ainsi disputer le match 7, décisif, lundi. Deux jeunes partisans francophones torontois de 16 ans, George Sherwood et Liam Rajab, racontent leur passion, leur stress et leur confiance avant le rendez-vous capital de ce soir.

George suit les Blue Jays depuis tout petit : « ça fait au moins dix ans », confie-t-il. 

Il se souvient encore de sa première fois au Centre Rogers avec son père, une expérience qui a cimenté son attachement à l’équipe, renforcé ensuite par les séries de 2015 et 2016.

Liam, lui, situe ses premiers souvenirs « probablement en 2014 ou 2015, mais la saison 2015-2016, c’est la première année dont j’ai des souvenirs ».

Cette année, les Blue Jays sont de retour en finale de la Ligue américaine pour la première fois depuis 2016 justement. Le jeune Torontois a remarqué un changement d’atmosphère autour de lui engendré par ce parcours aussi fantastique qu’inattendu. 

« Je sens un engouement… Les gens me demandent plus souvent qu’avant ‘Est-ce qu’ils ont gagné?’ ou ‘T’as vu ça pendant le match?’ J’entends beaucoup plus ça qu’avant », observe-t-il.

Chacun a aussi ses favoris dans l’effectif actuel. George cite d’abord le voltigeur Daulton Varsho, qu’il admire « parce que, même s’il n’est pas très grand, il est vraiment fort ». Il parle aussi avec enthousiasme du lanceur Kevin Gausman : « J’adore ses splitters et la confiance qu’il donne à l’équipe quand il joue. »

Liam, lui, opte pour Trey Yesavage, la révélation de ces séries : « Même s’il n’a pas eu une bonne performance dans le match 2, ce qu’il fait dans la grande ligue en si peu de temps, c’est vraiment fou. Tout comme son match 2 contre les Yankees, qui était aussi dingue. »

Le match 5, un coup dur à encaisser

Devant leur téléviseur, le match 5 perdu à Seattle sur le score de 6-2, alors que Toronto avait pris les devants dans la partie, a laissé un goût amer. 

« On pensait qu’on avait une vraie chance… Kevin Gausman a bien lancé, mais la décision en fin de partie nous a un peu perdus. Avec le grand chelem des Mariners, on n’avait plus vraiment la chance de revenir », raconte George.

Le jeune partisan fait référence ici à la décision controversée du gérant John Schneider de faire entrer le releveur Brendon Little en huitième manche, un choix qui a précédé le grand chelem d’Eugenio Suárez et suscité de vives critiques chez les partisans des Blue Jays.

Liam, lui, admet avoir eu du mal à digérer la défaite : « Je voulais juste éteindre la télé, dit-il. C’était frustrant, surtout après les deux victoires à Seattle. »

Confiants malgré la pression

Deux jours après cette désillusion et à quelques heures du match 6, les deux adolescents refusent de céder au pessimisme. 

« C’est victoire ou élimination pour les Blue Jays. J’ai de l’espoir et de la confiance qu’on peut revenir chez nous », lance George, conscient que son équipe devra se reprendre au Centre Rogers, après avoir perdu les deux premiers matchs de la série à domicile.

Il rappelle néanmoins que les Jays étaient l’une des meilleures équipes à la maison en saison régulière, ce qui, selon lui, leur donne un avantage à exploiter. Les Torontois avaient également battu les Yankees deux fois à Toronto lors de la série précédente en cinq manches, remportée 3-1. 

Liam avec l’uniforme des Blue Jays comme tout bon fan qui se respecte. Photo : Liam Rajab

Liam partage cet optimisme, même s’il reste prudent : « Ça me rend un peu nerveux qu’ils n’aient pas encore gagné à la maison dans cette série, mais le public peut les pousser à jouer avec le même feu que contre les Yankees. »

Pas au stade, mais bien présents

Les deux jeunes suivront le match de chez eux. 

« Je vais probablement le regarder à la maison. J’aimerais tellement y aller, mais les places sont un peu trop chères en ce moment », explique George, qui a déjà assisté à plusieurs rencontres en saison régulière. 

Les billets pour ce match 6 dépassent en effet largement les tarifs habituels : selon les sites de revente, les places les moins chères se vendent autour de 380 dollars, tandis que les sièges proches du terrain peuvent grimper jusqu’à plus de 1200.

Liam, de son côté, espère encore une petite surprise : « Peut-être que si je suis chanceux, mon père va venir et me dire ‘J’ai des billets’. On croise les doigts », lance-t-il avec un sourire. 

Faute d’aller au stade, il prévoit de regarder le match avec quelques amis, comme pour plusieurs rencontres précédentes de la série. 

« C’est devenu un peu notre rituel, alors on va garder la même formule », dit-il.

Il espère d’ailleurs pouvoir convaincre George de venir le suivre avec lui : « J’ai regardé les deux premiers matchs à Seattle avec lui et on avait gagné, alors je me dis que si on le fait encore, ça pourra peut-être donner le même type de résultats. »

Une source d’inspiration sans obsession

Au-delà de la ferveur du moment, le baseball reste pour Liam une passion parmi d’autres : « Je joue moi-même au baseball, mais je ne veux pas devenir pro. J’ai d’autres intérêts et je ne voudrais pas me concentrer seulement sur le baseball. »

George, lui, savoure simplement la saison : « Je n’avais aucune anticipation d’être même en séries… et on est presque en World Series. Je ne vais pas me plaindre de jouer en octobre. »

Le match 6 de la finale de la Ligue américaine débutera ce dimanche à 20h03 au Centre Rogers. En cas de victoire des Blue Jays, un match 7 suivra lundi à la même heure. Et si Toronto se qualifie? Ils affronteront les Dodgers de Los Angeles dès le vendredi 24 octobre pour le début des Séries mondiales.

La dernière fois que les Blue Jays ont remporté les Séries mondiales, c’était en 1993. George et Liam étaient encore bien loin d’être nés, mais ce dimanche soir, ils espèrent vivre, à leur tour, un petit morceau d’histoire.

Marc Bisson : au service de la santé et de la francophonie dans l’Est ontarien

Après plus de deux décennies à la tête du Centre de santé communautaire de l’Estrie (CSCE), Marc Bisson s’apprête à prendre sa retraite à la fin de l’année 2025. Lauréat du Prix Paulette-Gagnon, décerné par l’Assemblée de la francophonie de l’Ontario, il revient sur un parcours marqué par la croissance du CSCE et la défense du droit à la santé en français.

«  L’AFO vous a remis le Prix Paulette-Gagnon, qui récompense en quelque sorte le francophone de l’année. Comment vivez-vous cette reconnaissance?

Je le reçois avec beaucoup d’humilité. Voir les noms associés à ce prix — Maître Boileau, le docteur Leduc, notre lieutenante-gouverneure Edith Dumont et tant d’autres personnes de ce calibre — c’est presque intimidant. Je suis très fier, mais aussi un peu gêné. Après plus de trente ans à œuvrer pour la santé en français et la promotion des intérêts des francophones de la région et de la province, je crois que certaines personnes ont reconnu le petit apport que j’ai pu y mettre. C’est un très grand honneur.

Après plus de 30 ans au sein du Centre, comment vous sentez-vous à l’idée de tourner la page?

J’ai des émotions ambivalentes. Je suis fier du parcours accompli, mais j’ai l’impression qu’il y aura un vide en moi. Je ne prends pas ma retraite parce que je n’aime plus mon travail, bien au contraire. En trente-deux ans et demi, je pourrais compter sur les doigts d’une main les jours où je n’avais pas le goût de venir travailler. J’ai eu le privilège d’évoluer dans une organisation essentielle pour la communauté, entouré d’un personnel extraordinaire et d’un conseil d’administration toujours à l’avant-garde.

La communauté francophone de l’Est ontarien m’a accueilli à bras ouverts quand nous avons déménagé à Cornwall en 1993 — ma conjointe et moi ne nous attendions pas à une telle chaleur. Oui, il y a des défis, mais c’est une communauté inspirante, déterminée à faire reconnaître sa place. Travailler avec ces gens-là, c’est ça qui va me manquer le plus.

Mais évidemment, c’est une étape dans ma vie. Je vais avoir besoin d’un peu de repos pour me refaire des idées, mais je sais que je vais continuer à œuvrer pour l’avancement de la francophonie et, si possible, dans le domaine de la santé. C’est quelque chose qui fait partie de moi.

Marc Bisson est directeur général du CSCE depuis 2002. Photo : gracieuseté

Comment le Centre de santé communautaire de l’Estrie (CSCE) a-t-il évolué depuis vos débuts?

La croissance est spectaculaire. En 1993, nous étions une quinzaine d’employés, avec deux sites : Cornwall et Alexandria. Aujourd’hui, nous en comptons plus de 120, répartis dans six communautés. Cette expansion, c’est le fruit de la mobilisation locale : des citoyens qui se sont battus pour obtenir des services de santé communautaires en français.

Les besoins ont aussi changé : vieillissement de la population, arrivée de nouvelles communautés, évolutions technologiques et scientifiques. Mais le principe reste le même : offrir des soins accessibles et humains, dans un cadre qui valorise le plein potentiel des gens.

Quels moments marquants symbolisent le mieux ces 32 années de service?

Il y en a beaucoup. Je pense à la communauté de Crysler, dans les années 1990, qui s’est battue pendant cinq ans pour obtenir un point de service. Ces bénévoles ont inspiré ceux de Bourget. C’est grâce à cette persévérance communautaire que nous avons pu nous implanter.

Je pense aussi à la pandémie : notre personnel n’a pas reculé. Au contraire, ils ont retroussé leurs manches, trouvé des façons d’aider, collaboré avec nos partenaires. Ça a été un moment de fierté immense.

Et puis, nos anniversaires — comme le 25e — ont permis de mesurer le chemin parcouru et l’attachement de la communauté.

Quels ont été les défis auxquels vous avez dû faire face pendant votre mandat?

Au départ, il a fallu faire reconnaître notre légitimité. Certains doutaient de la pertinence d’un centre francophone : « Les francophones parlent anglais, pourquoi des services distincts? ». Aujourd’hui, notre modèle est reconnu, mais ça a pris du temps et de la patience.

Les défis demeurent : financement, recrutement de professionnels bilingues, maintien des services en région rurale. Mais une fois que les gens viennent travailler chez nous, ils restent. Moi-même, je devais venir pour six mois… et trente-deux ans plus tard, j’y suis encore!

Quels sont les enjeux à venir pour le CSCE?

Il y aura d’abord la mise en place du financement provincial pour les soins primaires. Nous devons nous assurer que chaque francophone ait accès à un fournisseur de soins en français.

Je crains aussi que les futures intégrations du réseau de santé ne diluent l’identité francophone.

Notre force, c’est la gouvernance communautaire : un conseil d’administration composé de gens du terrain. Il faudra défendre cela, tout en collaborant intelligemment avec les instances provinciales.

Et, surtout, il faut que les décideurs pensent aux francophones dès le départ — pas après coup. C’est un combat constant pour l’équité linguistique.

Quel message souhaitez-vous laisser à la future direction?

Être à l’écoute, à la fois du contexte provincial et des besoins locaux. Rester en lien avec la communauté, donner de l’autonomie et de la liberté au personnel pour s’épanouir, innover, aller au-delà de leurs champs de pratique tout en gardant un cadre structuré. C’est comme ça qu’on grandit et qu’on gagne la reconnaissance.

Et surtout, il faut maintenir coûte que coûte le mandat francophone. Ne jamais le sacrifier au nom du bien-être général ou de la commodité. Les francophones ont besoin d’institutions gérées par et pour eux, pour relever leurs propres défis. »


1989 : Il devient coopérant volontaire international 

1993 : Marc Bisson travaille en tant qu’agent de santé communautaire à Cornwall 

2002 : Il prend la direction générale du Centre de santé communautaire de l’Estrie

Décembre  2025 : Départ à la retraite 

Kap Paper annonce la reprise progressive de son usine de Kapuskasing

KAPUSKASING – Grâce à des financements gouvernementaux de 29 millions de dollars, Kap Paper a annoncé vendredi le début de la reprise progressive de ses activités à l’usine de Kapuskasing, marquant un tournant après plusieurs semaines d’incertitude pour les employés et la communauté locale.

La fermeture temporaire de l’usine, annoncée à la fin septembre 2025, avait suscité de vives inquiétudes dans le Nord de l’Ontario. Cet arrêt des opérations a eu un impact sur près de 475 emplois directs à Kapuskasing et jusqu’à 2500 emplois indirects au total. Ces pertes concernaient toute la chaîne d’approvisionnement forestière locale, y compris les scieries, le transport, la maintenance et les services locaux connexes.

« La société a confirmé qu’après plusieurs semaines de collaboration intensive, le gouvernement fédéral s’est coordonné avec le gouvernement de l’Ontario pour fournir un soutien opérationnel, tout en travaillant à l’élaboration d’un plan de modernisation à long terme », peut-on lire dans un communiqué de l’entreprise diffusé vendredi après-midi.

L’usine de Kapuskasing est l’une des dernières installations de production de pâtes et papiers de la région. Son redémarrage se fera de manière progressive, avec le rappel des employés « dès que cela sera possible sur le plan opérationnel », détaille l’entreprise.

La situation avait attiré l’attention des élus provinciaux et fédéraux, ainsi que des syndicats, qui avaient plaidé pour une intervention rapide afin d’éviter la perte de ces emplois.

« Nous sommes profondément reconnaissants aux gouvernements fédéral et provincial de nous avoir soutenus », a déclaré Terry Skiffington, le président-directeur général de Kap Paper. Cette annonce redonne confiance à nos employés, à notre communauté et à l’ensemble de notre chaîne d’approvisionnement. C’est une victoire pour le Nord de l’Ontario et la preuve de ce que le partenariat peut accomplir. »

29 millions $ en soutien gouvernemental

Le ministère des Richesses naturelles de l’Ontario a annoncé qu’il allongeait 16,8 millions de dollars « pour soutenir la poursuite des opérations de l’usine de papier de Kapuskasing », est-il indiqué dans un communiqué de presse. Il est aussi précisé que le soutien fédéral s’élèvera à 12 millions de dollars, totalisant un investissement des deux paliers gouvernementaux de 28,8 millions $.

« Nous avons indiqué clairement que l’Ontario ne pouvait pas agir seul et je remercie le gouvernement fédéral de s’être joint à l’Ontario pour donner un avenir à Kap Paper et aux travailleuses et travailleurs ainsi qu’aux collectivités du Nord qui en dépendent », a déclaré Kevin Holland, ministre associé des Forêts et des Produits forestiers au gouvernement Ford.

Kap Paper indique que son plan de modernisation inclut des investissements dans les équipements et les procédés afin de renforcer la compétitivité à long terme, tout en consolidant la chaîne d’approvisionnement forestière intégrée qui soutient les objectifs économiques et en matière de logement du Canada.

« L’entreprise communiquera des informations supplémentaires, notamment le calendrier et les détails du programme, une fois les autorisations obtenues », explique Kap Paper.

Depuis l’annonce de l’entreprise le 29 septembre dernier, des rencontres ont eu lieu entre les dirigeants de Kap Paper, les ministres du gouvernement Ford et des membres du gouvernement Carney, dont la ministre de l’Industrie Mélanie Joly. Déjà dans la dernière semaine, l’entreprise avait indiqué que les discussions allaient de bon train et qu’elle espérait reprendre ses activités prochainement.

Lors de l’annonce de l’arrêt des opérations, Queen’s Park avait accusé Ottawa d’avoir abandonné l’entreprise, les ministres Mike Harris (Richesses naturelles) et Kevin Holland soutenant que « notre gouvernement ne peut pas indéfiniment procurer cette aide sans le soutien actif et la participation du gouvernement fédéral ».

Francophonie : L’Ontario renforce sa collaboration avec la France

TORONTO – L’Ontario et la France signent un protocole d’entente en vue d’une collaboration renforcée autour de la francophonie, dont découlera bientôt un plan d’action commun autour de différents domaines, dont la culture, l’éducation ou encore la recherche. Également envisagé, le lancement de projets pilotes favorisant la mobilité étudiante et professionnelle.

« La signature de ce protocole d’entente marque une étape importante (…) dans le renforcement de la coopération entre l’Ontario et la France (…) pour faire de la francophonie un atout économique, culturel et diplomatique, tant au Canada qu’à l’international », a indiqué le ministère des Affaires francophones (MAFO) via communiqué de presse.

Un engagement commun pour « promouvoir la langue française et la culture francophone, tout en favorisant des échanges économiques, éducatifs et technologiques ».

En avril 2024, la ministre des Affaires francophones Caroline Mulroney et son homologue français de l’époque, Franck Riester, avaient signé une déclaration commune de coopération, première étape avant l’entente dans plusieurs domaines liés à la francophonie.

« C’est une reconnaissance et un aboutissement de l’engagement commun de la France et de l’Ontario au service du développement de la francophonie et leur attachement aux valeurs et aux principes de l’Organisation internationale de la Francophonie », peut-on lire dans le communiqué.

« Ce protocole formalise la volonté commune d’intensifier les échanges et de collaborer dans des domaines stratégiques tels que la culture et la promotion de la langue française, l’éducation, la recherche, l’enseignement supérieur, le numérique, la jeunesse et l’innovation. »

« Nous nous réjouissons de travailler avec la France afin de créer de nouvelles possibilités contribuant à notre prospérité commune », a soutenu Caroline Mulroney dans une publication sur X.

La prochaine étape visera la finalisation d’un plan d’action commun avec des ambitions telles que le lancement de projets pilotes pour la mobilité des étudiants et des travailleurs, et des échanges culturels et économiques.

La ministre des Affaires francophones Caroline Mulroney réaffirme ainsi la double stratégie du MAFO, combinant des efforts visant à améliorer l’accès et la qualité des services en français, à une stratégie de développement économique francophone, comme un levier de croissance et d’innovation, avec des partenaires nationaux et internationaux.

Lors de son discours à l’Ambassade de France au Canada une semaine auparavant, Caroline Mulroney, décorée de la Légion d’honneur française a déclaré : « Nous avons multiplié les partenariats, avec la Wallonie-Bruxelles, le Québec, le Nouveau-Brunswick, la Nouvelle-Écosse, et bien sûr avec la France – la première fois que la province conclut une entente bilatérale avec un État ».

Toronto, grande gagnante du Frankenstein de Guillermo del Toro

Québécoise d’origine et diplômée en études cinématographiques de l’Université de Toronto, Magali Simard a été pendant 11 ans la programmatrice du Festival international du film de Toronto (TIFF). Désormais vice-présidente de Cinespace Studios à Toronto, elle dirige l’un des plus grands studios de cinéma de la ville.

Le nouveau film de Guillermo del Toro, Frankenstein, est à l’affiche dès aujourd’hui dans certaines salles de cinéma et sortira sur Netlfix le 7 novembre. Le cinéaste et Torontois d’adoption l’a tourné dans les studios de Cinespace à Toronto, marquant son retour dans la ville près de deux décennies après son premier projet torontois.

Tourné entièrement dans la ville reine, le film a généré des retombées économiques importantes, tant pour l’industrie cinématographique locale que pour la ville elle-même.

« Quand avez-vous entendu parler de ce projet colossal et par quelle voie?

En travaillant au studio Cinespace, je savais que le projet arrivait. De plus, ça fait des décennie que ça se travaille dans sa tête (Guillermo del Toro). Frankenstein, c’est son magnum opus qui met en valeur son obsession pour les monstres, la noirceur et l’envers de la médaille humaine.

Quand on a su que ça allait être tourné chez Cinespace, on a fait énormément de place dans nos studios pour ce projet de 125 millions qui a fini par s’étendre sur un an et demi.

Combien de temps ont duré la préparation et le tournage du film à Toronto?

Presque deux ans. Surtout qu’il y a eu la grève à Hollywood qui a mis toutes les productions, dont Frankenstein, sur pause. Donc, ça fait du bien d’enfin le voir à l’écran.

Qu’est-ce qui vous a le plus frappé en fait en découvrant l’ampleur du projet?

Contrairement à toutes ces séries produites régulièrement à Toronto, il n’y a plus autant de gros films tournés ici. Avoir un film à 125 millions (de dollars), surtout pour un film dramatique, ça reste très rare. D’autant plus que les films d’action se font rares aussi. Ça a été colossal d’avoir ça en ville ainsi que d’accueillir les centaines de personnes qui ont travaillé dessus.

En termes d’engagements et de ressources, que représente pour Cinespace Studios une production d’une telle ampleur?

On a plusieurs projets qui tournent en même temps depuis presque deux ans, c’est idéal pour nous. Ce sont des constructions énormes ainsi que des centaines de personnes qui viennent travailler chaque jour.

Comment avez-vous réussi à faire en sorte que cette superproduction d’auteur soit tourné dans vos studios?

Il faut de l’espace, donc on a pris un campus complet, puis on a même rajouté un plateau. L’immense bateau que vous voyez dans le film a été construit sur notre stationnement, à l’extérieur également. Tous les bureaux, les plateaux ont été utilisés, car il fallait faire de la place et s’occuper d’eux avec soin et s’assurer que la ville permette à Guillermo de fonctionner sans problème.

À quel point la main-d’œuvre locale a-t-elle été mobilisée dans la fabrication du film?

Même si on a de beaux bâtiments, ce qu’il y a de plus beau dans un projet, c’est la main-d’œuvre et le monde qui font qu’un projet devienne aussi grandiose à l’écran. Ce sont des centaines de Torontois qui ont travaillé là-dessus avec son équipe depuis le début.

Quels types d’artisans étaient impliqués?

La direction artistique est assurée par une équipe de talent, dont la cheffe décoratrice Tamara Deverell, qui a déjà été récompensée pour The Shape of Water et qui est de retour. Il y a aussi les chefs costumiers qui ont fait un travail extraordinaire, et aussi le Torontois Dennis Berardi, qui crée les meilleurs effets visuels.

Au-delà de l’économie directe liée au tournage, quels ont été les autres bénéfices pour l’économie torontoise?

Lors de projets tournés à Toronto, la plupart de l’équipe vit à Toronto et les autres viennent vivre ici le temps du tournage. Ce qui est bon pour l’Ontario en général, c’est que ça va aussi dans les plus petites villes pour tourner des scènes extérieures. Il y a des petites villes qui se développent de mieux en mieux pour les tournages. Donc, c’est très bon pour le centre-ville, c’est très bon pour nos studios et c’est bon pour la main-d’œuvre.

Quelle part du budget a été consacrée aux infrastructures fournies par Cinespace?

Un projet d’à peu près 125 millions, ça comprend tout d’abord les salaires d’acteurs. Après ça, le reste du budget est dépensé ici à Toronto pour nos studios. La majorité, c’est pour les travailleurs, la construction et les accessoires. C’est ça qui est bon pour notre économie. »

Le fédéral investit 410 000 $ dans la Place des Arts du Grand Sudbury

SUDBURY – Ottawa investit 410 000 $ pour soutenir la création de l’Institut de professionnalisation artistique et culturelle (IPAC) à la Place des Arts (PDA) du Grand Sudbury.

Le financement annoncé jeudi matin à la Place des Arts et provenant de FedNor, l’Agence fédérale de développement économique pour le Nord de l’Ontario, permettra de lancer l’IPAC, dont la création avait été révélée par ONFR en novembre 2024. Ce nouvel organisme qui offrira aux artistes, gestionnaires culturels et professionnels du patrimoine des formations, du mentorat et des stages personnalisés. 

« Le financement de FedNor confirme que la Place des Arts va dans la bonne direction avec son projet d’institut », explique Denis Bertrand, directeur général de la Place des Arts en entrevue. « L’Institut répond à des besoins qui ont été bien cernés et bien identifiés. C’est une validation du projet, non seulement pour la communauté artistique, mais aussi sur le plan économique. »

« La Place des Arts est une entité à deux têtes : culturelle et économique », poursuit-il. « Nous sommes au centre-ville pour appuyer le développement économique, et ce projet vient répondre à ces deux besoins. »

« La Place des Arts est rapidement devenue un pilier de la vie culturelle à Sudbury et une source de fierté pour les communautés francophones du Nord. Avec la création de l’IPAC, elle pose un geste audacieux pour donner plus de pouvoir aux artistes et renforcer l’économie créative », a affirmé la députée libérale de Sudbury, Viviane Lapointe, dans un communiqué.

Denis Bertrand est désormais le directeur général permanent de la PDA. Photo : Gracieuseté d’Isabelle Bourgeault-Tassé

René Lapierre, président de la Place des Arts, estime que l’IPAC contribuera à la viabilité à long terme de l’institution. 

« Grâce à ce nouvel institut, nous serons en mesure de mieux soutenir les artistes, les travailleurs culturels et les organismes francophones en leur offrant une formation de grande qualité et des possibilités de collaboration ici même, dans le Nord de l’Ontario », a-t-il indiqué.

Lancement l’été prochain

Concernant le lancement de l’Institut, Denis Bertrand précise : « Le processus de mise en marche a été amorcé. On espère être en mesure d’offrir nos premières formations l’été prochain. »

La première année de l’IPAC sera considérée comme un projet pilote, le temps de mettre en place les paramètres de fonctionnement et de définir les formations.

De gauche à droite, Jamie West, député provincial de Sudbury, Denis Bertrand, DG de la PDA, Viviane Lapointe députée fédérale de Sudbury et Martin Lajeunesse de FedNor. Photo : Gracieuseté d’Isabelle Bourgeault-Tassé

Au cours des trois prochaines années, l’Institut proposera des modules de formation en gestion culturelle, marketing et entrepreneuriat, s’appuyant sur les programmes existants du Collège Boréal et de l’Université de l’Ontario français.

« Les participants repartiront avec une reconnaissance tangible de leurs nouvelles compétences, grâce à des microcertifications », explique M. Bertrand.

La Chambre de commerce de Sudbury sera également partenaire pour souligner l’importance économique du projet. « L’Institut amènera des apprenants qui séjourneront à Sudbury, participeront à des activités au centre-ville et contribueront au tourisme local », dit-il.

Et quid de la librairie?

La création de l’institut arrive après une période financière difficile pour la Place des Arts, laquelle affichait un lourd déficit deux ans après son ouverture. L’organisme avait annoncé la fermeture de sa librairie-boutique Panache en juillet dernier afin d’entamer une période de réflexion sur son avenir.

Sur un projet de loi que la députée provinciale d’Ottawa—Vanier, Lucille Collard, a récemment annoncé vouloir déposer pour favoriser l’usage de livres des librairies franco-ontariennes, Caroline Mulroney, ministre des Affaires francophones de l’Ontario, a confié à ONFR être ouverte à la démarche, tout en précisant qu’elle doit d’abord se familiariser avec le projet.

Les étagères de la librairie-boutique de la Place des Arts du Grand Sudbury sont vides. Photo : Inès Rebei/ONFR

« Absolument, absolument très ouverte. Mais il faut que je m’informe sur son projet de loi avant de parler directement du sujet. »

Pour sa part, Denis Bertrand a nuancé l’impact de cette initiative sur la librairie Panache : « Je pense que la démarche est valable, mais malheureusement pour nous, elle arrive trop tard. »

Malgré tout, l’organisme dit souhaiter lancer une phase de consultation afin de maintenir une présence littéraire francophone au centre-ville : « On regarde la possibilité d’un autre partenaire pour accéder à des ressources qui nous permettraient de mener cette consultation-là. Il n’y a rien de signé, rien de vraiment entendu. On a une marque d’intérêt, et on va voir comment cette marque d’intérêt peut se concrétiser. »

Et de conclure : « Mais pour l’instant, on est un peu préoccupés par le lancement de l’institut. »

Samuel Zakutney : « Je peux encore rivaliser avec les meilleurs » aux Championnats du monde de gymnastique

[ENTREVUE EXPRESS]

QUI :

Samuel Zakutney est un gymnaste artistique franco-ontarien originaire d’Ottawa, membre de l’équipe canadienne masculine depuis près d’une décennie. Il a pris part aux Jeux olympiques de Paris 2024, marquant un retour remarqué après plusieurs blessures.

LE CONTEXTE :

Après avoir disputé la coupe Paris World Challenge (une étape du circuit de Coupe du monde de gymnastique artistique), où il a atteint la finale aux barres parallèles en septembre, Samuel Zakutney a été retenu pour représenter le Canada aux Mondiaux. Le gymnaste de 27 ans espère conclure sa saison sur une performance de référence lors de cette 53ᵉ édition des Championnats du monde de gymnastique artistique, qui auront lieu du 19 au 25 octobre 2025 à l’Indonesia Arena de Jakarta (Indonésie). Zakutney s’alignera sur les deux agrès dont il est le spécialiste : les barres parallèles et la barre fixe.

L’ENJEU :

Quelques jours avant le début de la compétition, le Franco-Ontarien évoque sa préparation, les défis physiques et mentaux d’une fin de carrière bien gérée, et son regard sur l’avenir de la gymnastique masculine au Canada.

« Comment se sont passées vos qualifications pour ces Mondiaux?

En général, j’étais assez satisfait de ma performance, même si j’aurais voulu me qualifier automatiquement. Il fallait réussir les routines les deux jours, avec une bonne note de départ et d’exécution. J’ai réussi une fois sur deux pour chaque agrès, donc la décision finale revenait au comité de sélection. Heureusement, ça s’est bien terminé, et la préparation depuis va dans la bonne direction.

Depuis quand vous préparez-vous pour Jakarta?

Je dirais depuis la fin mai. Même avant de savoir si je serais sélectionné, je m’entraînais comme si j’y allais. La préparation s’est bien passée, j’ai gagné en stabilité et en confiance. J’ai aussi participé à la Coupe du monde de Paris, où j’ai atteint la finale aux barres parallèles, c’était un bon signe avant ces Mondiaux.

Comment s’est déroulé le voyage vers l’Indonésie? 

Assez long! On a fait Montréal–Tokyo en 14 heures, puis Tokyo–Jakarta en 8 heures. Au total, presque 24 heures de déplacement. Mais le décalage horaire est plus facile à gérer qu’en Europe. L’équipe s’est bien adaptée, les routines sont stables, même si le corps commence à être un peu fatigué et que j’ai quelques petites blessures.

Vous mentionnez ces petites douleurs physiques. Est-ce plus facile à gérer avec l’expérience?

Oui, un peu. Je suis quelqu’un d’assez têtu à l’entraînement :  j’aime répéter jusqu’à ce que ça passe. Mais avec le temps, j’ai appris à accepter qu’une mauvaise journée ne veut pas dire que tout l’entraînement est raté. Je suis plus à l’écoute de mon corps, surtout que j’approche de la fin de ma carrière. L’objectif, c’est d’éviter les blessures inutiles et de rester en santé. Ces petits bobos, c’est normal à ce stade de la préparation : on apprend à composer avec.

Et comment trouvez-vous l’ambiance à Jakarta?

C’est la première fois que je viens en Indonésie, et je trouve que c’est un excellent choix de pays hôte. L’ambiance est chaleureuse, les gens sont accueillants et les installations sont superbes. Il fait très chaud, un peu comme lors des Jeux mondiaux universitaires de 2017 à Taipei, donc ça me rappelle de bons souvenirs. C’est toujours stimulant de découvrir un nouvel environnement, surtout en Asie. J’essaie d’en profiter pleinement, même si la priorité reste la compétition.

Sam Zakutney est fier de porter les couleurs du Canada sur la scène internationale, toujours un moment spécial. Photo : Antoine Saito / gymnastique Canada

Quels sont vos objectifs pour ces Mondiaux?

Mon but serait d’atteindre le top 15 ou 16 aux barres parallèles et à la barre fixe. Si je pouvais être réserviste pour une finale (autour du top 12), ce serait déjà énorme. Je veux surtout montrer que je peux encore rivaliser avec les meilleurs.

Qu’est-ce que cela représente pour vous de porter le maillot du Canada? Y a-t-il quelque chose de particulier à le faire en tant qu’athlète francophone?

C’est toujours un privilège. Peu importe la langue qu’on parle, représenter le Canada, c’est spécial. La gym est un sport exigeant mentalement, donc monter sur la scène internationale avec la feuille d’érable sur le cœur, c’est une belle récompense après tout le travail. Porter le rouge et blanc, ça me rappelle pourquoi je fais ça.

Comment évaluez-vous l’évolution de la gymnastique au Canada?

Honnêtement, je pense que la transition va être difficile après notre génération. On a beaucoup misé sur les seniors pour Paris 2024, au détriment des juniors. Après les retraites de gars comme René Cournoyer ou William Emard, il faudra du temps pour que la relève mûrisse. Ce sera notre responsabilité de garder le niveau qu’on a établi à Paris.

Et pour la suite? Pensez-vous déjà aux Jeux de Los Angeles 2028?

C’est sûr que j’y pense, mais je prends les choses une année à la fois. Je veux rester en forme physiquement et mentalement, tout en équilibrant ma vie personnelle. Je suis marié, et je suis aussi dans le processus de trouver un emploi. C’est une nouvelle phase de ma vie où je dois concilier mes ambitions sportives avec d’autres responsabilités.

Je sais que la charge d’entraînement diminuera peut-être un peu, mais ça me fera du bien mentalement d’avoir d’autres horizons. Je veux continuer à performer, mais sans me mettre une pression inutile. Si j’arrive jusqu’à Los Angeles, ce sera formidable. Sinon, je saurai que j’ai tout donné pour me donner une vraie chance d’y être. »

Six lauréats franco-ontariens honorés par l’AFO avec des prix de reconnaissance

OTTAWA – L’Assemblée de la francophonie de l’Ontario (AFO) a dévoilé ce mercredi les six lauréats de sa 13e édition des Prix de reconnaissance. Une cérémonie est prévue à Toronto la semaine prochaine à l’occasion du Congrès annuel de l’organisme.

Le Prix Paulette-Gagnon, qui récompense en quelque sorte le francophone de l’année, a été remis à Marc Bisson, directeur général du Centre de santé communautaire de l’Estrie (CSCE) dans l’Est ontarien. Avec un départ en retraite prévu cette année, la reconnaissance est de mise envers M. Bisson qui a piloté le Centre à travers plusieurs crises comme la pandémie et la crise des demandeurs d’asile.

Il était au CSCE depuis 1993, mais a aussi siégé à de nombreux conseils d’administration, notamment celui de l’Alliance pour des communautés en santé, et a collaboré étroitement avec l’AFO, souligne le communiqué annonçant les gagnants.

Marc Bisson a été directeur général du Centre de santé communautaire de l’Estrie (CSCE) depuis plus de trente ans. Gracieuseté AFO

Le prix de l’Horizon franco-ontarien, qui récompense un projet communautaire contribuant à la vitalité de la francophonie ontarienne a été décerné au réseau du mieux-être francophone du Nord de l’Ontario (RMEFNO).

En effet, après avoir créé une formation en ligne pour soutenir l’offre de services de santé en français, l’organisme a poursuivi ses activités. En collaboration avec l’École de Médecine du Nord de l’Ontario et le Centre de recherche en santé dans les milieux ruraux du Nord, il facilite l’approche des professionnels de la santé concernant la prestation de services en français en Ontario.

Le prix Florent-Lalonde qui reconnaît les efforts et l’engagement d’un bénévole au sein de la communauté a été décerné à Sonia Macaluso, présidente de l’ACFO Hamilton. C’est dans cette région que Mme Macaluso a œuvré pour établir des liens entre les familles, les écoles et les organismes francophones.

Le Prix Jeunesse qui vise à reconnaître l’implication remarquable d’un jeune dans le rayonnement de la francophonie a été décerné à Bradley Bertrand. Ayant permis l’inclusion sociale des jeunes francophones immigrants par le sport, ce jeune Sudburois est reconnu pour son implication.

Le prix Francophile qui reconnaît les efforts et l’implication d’un francophile envers la langue et à la culture francophone a été décerné à la directrice des services communautaires à CMHA Karna Trentman pour avoir bâti un pont entre les services de santé et les communautés francophones en situation minoritaire.

Le Prix Omer-Deslauriers, qui reconnaît l’apport d’une personne aînée dont les actions ont enrichi la communauté franco-ontarienne, a été décerné à Oliva Roy. Ce dernier a travaillé à renforcer la place et la voix des aînés francophones à travers la province.

Les lauréats recevront leur récompense lors d’un événement du congrès annuel de l’AFO, le 24 octobre.

Près de la moitié des interprètes parlementaires envisagent de quitter

OTTAWA — Une majorité d’interprètes pigistes parlementaires indiquent qu’ils cesseront de travailler si de nouvelles règles proposées par le fédéral concernant leurs contrats de travail sont adoptées. Cela pourrait donc dire qu’un peu moins de la moitié de l’ensemble des interprètes sur la Colline parlementaire envisagent de partir.

C’est ce qui ressort d’un questionnaire de l’Association internationale des interprètes de conférence — Région Canada (AIIC-Canada) auprès de ses membres. C’est 90 des 120 membres qui ont répondu à ce sondage sur les intentions du gouvernement fédéral en matière de renouvellement de leurs contrats, qui prennent fin en décembre. L’AIIC-Canada représente les interprètes parlementaires pigistes.

Trois propositions en particulier soulèvent des difficultés notables auprès de l’association nationale.

Selon les nouvelles propositions de Services publics et Approvisionnement Canada (SPAC), les interprètes pigistes seront classés selon l’offre financière la plus basse. Ils devront aussi remplir un certain nombre de critères comme le fait de vivre dans la région d’Ottawa et être accrédités auprès du Bureau de la traduction.

C’est 50 % des répondants du questionnaire qui ont indiqué qu’il serait improbable qu’ils continuent à offrir leurs services au Parlement si ce critère financier est retenu, alors que 28 % estiment que ça serait plutôt improbable. L’AIIC-Canada dénonce le fait qu’une telle approche pénalise ses membres les plus expérimentés.

Le Bureau de la traduction réfute le fait que le prix sera le seul critère pris en compte. Mais selon l’AIIC, l’actuel contrat des interprètes pigistes exige cinq critères incluant un indice de qualité, l’accréditation et le profil linguistique. La proposition de gouvernement fédéral pour ces nouveaux contrats serait donc moins exhaustive, déplore l’association d’interprètes.

« La disponibilité, le profil langagier, l’indice de sécurité vont demeurer des critères de qualité qu’on va garder dans le prochain outil. Au niveau de l’indice de qualité, ça ne sera pas nécessairement un critère, mais ça va quand même être mesuré. Ça sera juste fait différemment », avait affirmé Lucie Lévesque, vice-présidente, Politiques et Services intégrés au Bureau de la traduction devant les députés du Comité des langues officielles.

Santé auditive et taux journalier

Il y a environ 140 interprètes accrédités en langues officielles par le Bureau de la traduction, dont 70 sont salariés et 70 sont pigistes. Cela veut donc dire qu’un peu moins de la moitié de l’ensemble des interprètes suggère qu’ils pourraient cesser d’offrir des services parlementaires.

« L’impact sera que le fonctionnement du Parlement sera compromis et que ce sera en fait contraire aux obligations légales (du gouvernement) en matière d’égalité entre les langues officielles », prévient Nicole Gagnon, porte-parole de l’AIIC-Canada.

L’une des autres propositions de SPAC est de faire passer le taux de rémunération des interprètes pigistes d’un taux journalier à un taux horaire et c’est celle-ci qui effraie le plus les membres de l’AIIC-Canada. Cette nouveauté aurait pour effet de ne payer que les heures passées au micro à y effectuer de la traduction, déplore l’AIIC-Canada.

90 % des interprètes sondés considèrent comme improbable (79 %) ou peu probable (11 %) d’offrir leurs services pour travailler sur la Colline ou lors de missions parlementaires si une telle proposition est retenue.

« Le gouvernement aurait alors à faire des choix difficiles. Soit réduire le nombre de comités, caucus et rencontres qui sont actuellement interprétés soit de demander aux interprètes encore en poste de travailler des heures supplémentaires et, ce faisant, d’aller à l’encontre de la santé auditive des interprètes », expose la porte-parole de l’AIIC-Canada.

Nicole Gagnon ne voit pas ce sondage comme une menace, mais plutôt comme une réalité que les interprètes pigistes se tourneront vers le privé pour trouver du travail, sans changement de la part du gouvernement.

« Les interprètes ne menacent personne. C’est le gouvernement qui est responsable du processus d’approvisionnement. Les pigistes, eux, n’y sont pour rien. Le gouvernement décide des règles, puis les pigistes pour leur part décident si ils les acceptent ou non ces règles-là », observe-t-elle.

L’AIIC-Canada déplore aussi que la proposition de contrat de SPAC ne mentionne pas noir sur blanc des mesures visant à protéger la santé auditive des pigistes. C’est 66 % des pigistes qui ont déclaré improbable, et 18 % comme plutôt improbable, qu’’ils puissent se soumettre à des contrats parlementaires en l’absence de tels critères.

« Les paroles s’envolent, les écrits restent et si le gouvernement se propose d’attribuer ces contrats-là sans qu’il y ait des mesures existantes pour protéger la santé auditive des interprètes dans le nouveau contrat, et bien c’est clair que la majorité d’entre eux vont dire non merci », conclut Mme Gagnon.

Fin de la grève dans les collèges ontariens après médiation

Après plus d’un mois de grève et plusieurs échecs de négociation, le personnel de soutien des collèges ontariens et le Conseil des employeurs des collèges sont finalement parvenus à une entente. L’accord, conclu à l’issue d’une médiation entre les deux parties, met fin à un conflit qui paralysait 24 établissements à travers la province, dont La Cité et le Collège Boréal.

Au bout de quelques jours de médiation, un accord a été conclu entre le Conseil des employeurs des collèges (CEC) et le personnel de soutien à temps plein des collèges. C’est ce qu’a confirmé Dan Brisson, membre de l’équipe de négociation du Syndicat des employés de la fonction publique de l’Ontario (SEFPO), joint par ONFR.

Les piquets de grève seront levés dès aujourd’hui, et les détails de l’entente seront présentés aux membres mercredi après-midi. Le retour au travail du personnel de soutien est prévu pour le jeudi 16 octobre.

« Après des mois de négociations intensives avec un employeur particulièrement difficile, les gains réalisés dans cette entente n’auraient pas été possibles sans la détermination de nos membres au cours des dernières semaines », a déclaré Christine Kelsey, présidente de l’équipe de négociation du syndicat, citée dans un communiqué du SEFPO.

Pour sa part, Graham Lloyd, directeur général du Conseil des employeurs des collèges (CEC), a exprimé sa « reconnaissants de les voir reprendre le travail. »

« Le personnel de soutien joue un rôle essentiel dans nos collèges, en appuyant les opérations et en contribuant à la réussite des étudiantes et étudiants », a-t-il ajouté.

La grève qui a été déclenchée le 11 septembre dernier dans 24 collèges publics de l’Ontario prend ainsi fin après plusieurs tentatives de négociation.

Lors de cette médiation, les collèges ont présenté plusieurs propositions. Il s’agit, selon le CEC, d’augmentations salariales de 2 % par an pour tout le personnel de l’unité de négociation, d’une indemnité de vacances à hauteur de 6 %, ainsi que de deux journées de maladie payées par an pour les membres du personnel régulier à temps partiel.

Selon le CEC, si un quart de travail est annulé à l’intérieur de 24 heures, le personnel régulier à temps partiel recevra tout de même son salaire. Il est aussi question de protections renforcées contre le harcèlement sexuel au travail, et d’un statut de candidat interne pour les employés réguliers à temps partiel qui postulent à un poste à temps plein.

Parmi les principales revendications des employés, figurait la protection des postes. Le syndicat souligne que près de 10 000 emplois ont été supprimés en un an et craignait d’autres mises à pied sans mesures de sauvegarde suffisantes. Le SEFPO réclamait des dispositions pour protéger les emplois existants, et non seulement pour gérer les pertes à venir.

A noter que l’entente de principe demeure assujettie à la ratification des membres du syndicat d’ici le 4 novembre 2025.

Fonction publique ontarienne : le gel des embauches ne touchera pas les postes francophones « essentiels »

TORONTO – En application depuis le 27 septembre dernier, le gel des embauches des organismes provinciaux publics s’appliquera aussi aux postes francophones et bilingues sauf si l’organisme détermine que ledit poste est en contact direct avec le public ou essentiel à ses fonctions, selon le bureau de la présidente du Conseil du Trésor, Caroline Mulroney.

« À compter du 27 septembre 2025, notre gouvernement met en œuvre un gel de l’embauche dans les organismes, les conseils et les organismes publics rattachés à la commission de la province. Ce gel contribuera aux efforts que le gouvernement continue de faire pour utiliser les fonds publics de façon disciplinée et responsable, tout en injectant davantage de ressources dans la prestation des services de première ligne et en réduisant le fardeau des contribuables », avait déclaré Caroline Mulroney, présidente du Conseil du Trésor, via communiqué de presse.

Ce gel s’applique également aux postes francophones et bilingues, a confirmé à ONFR une porte-parole du bureau de la ministre Mulroney, sauf si l’organisme a déterminé que le poste est en lien direct avec le public ou essentiel à ses fonctions.

« Les postes en contact avec le public ou jugés essentiels ne seront pas touchés par le gel, et ces embauches pourront donc se poursuivre dans la limite du plafond autorisé », a-t-elle précisé.

Quant à identifier et à définir la nature de ces emplois critiques, le Secrétariat du Conseil du Trésor explique que le gouvernement travaille actuellement avec les agences, pour déterminer les postes essentiels au sein de chacune. Des plans d’affaires sont à l’œuvre pour déterminer les exemptions concrètes.

Par ailleurs, la porte-parole note que le gel d’embauche actuel ne s’applique pas aux établissements de santé et d’enseignement, donc le recrutement du personnel médical ou les enseignants, car ils sont considérés comme des services de première ligne critiques.

Pas de date de fin, ni d’estimation chiffrée

Les prévisions du Bureau de la Responsabilité Financière de l’Ontario (BRF), prenant en compte des politiques actuelles et des annonces gouvernementales, prévoient que le solde budgétaire de la province devrait se détériorer et passer d’un déficit de 1,3 milliard de dollars en 2024-2025 à 12 milliards de dollars en 2025-2026.

« Il n’y a pas d’objectif d’économies exact ciblé, mais si on prend l’exemple d’une organisation qui allait embaucher 10 employés de plus l’année prochaine, avec un salaire moyen de 100 000 dollars, c’est donc un million de dollars d’économies », décrit la porte-parole.

Aucune date de fin ou d’échéance n’est pour le moment envisagée vis-à-vis de ces mesures économiques.

« Ces mesures font partie du plan de notre gouvernement visant à renforcer la surveillance et la collecte de données au sein de nos organismes, conseils et organismes publics rattachés à la commission de la province pour faire en sorte qu’ils travaillent de la façon la plus efficiente et efficace possible », décrivait le communiqué de presse.

« Depuis 2018, dans le cadre de nos efforts visant à accroître l’efficience et à favoriser l’efficacité des services gouvernementaux, nous avons réduit le nombre d’organismes provinciaux de 191 à 143. L’annonce d’aujourd’hui fait suite à ces progrès ».

La province a ainsi l’intention de collaborer avec ses organismes, conseils et organismes publics pour cadrer leurs stratégies en matière de ressources humaines.

Les autobus reprendront du service à Timmins après plusieurs semaines de grève

TIMMINS Le conseil municipal de Timmins a ratifié mardi soir la nouvelle convention collective de quatre ans avec le local 1544 du Syndicat canadien de la fonction publique (SCFP), mettant ainsi fin à la grève du transport en commun qui paralysait la ville depuis le 29 septembre.

L’entente avait déjà été ratifiée par les membres du syndicat lors d’un vote tenu samedi, avec 27 voix pour et 5 contre.

L’offre de la Ville, identique à celle proposée avant le début de la grève, prévoit une hausse salariale de 8 % pour les mécaniciens, de 4,5 % pour les chauffeurs et de 1 % pour le personnel d’entretien, en plus d’une augmentation annuelle de 3 % pendant chacune des quatre années du contrat.

Des membres du SCFP 1544 ont reçu l’appui d’autres syndicats, dont le local 624 du Syndicat des travailleurs et travailleuses des postes, venus manifester leur solidarité sur la ligne de piquetage. Photo : Gracieuseté de Jamie Wendy Judd-Birch

Des améliorations sont également prévues pour les primes de jours fériés, la couverture optique, les chaussures de sécurité et les vacances des employés de longue date.

« Nous avons présenté une offre juste et responsable », a déclaré le directeur général de la Ville, Dave Landers, à la suite du vote. « Notre priorité a toujours été d’assurer une rémunération équitable à nos employés tout en maintenant un service de transport en commun viable. L’objectif maintenant est de remettre les autobus sur la route le plus rapidement et le plus efficacement possible. »

Une reprise samedi

Le service régulier, le transport adapté ainsi que la ligne Express de Northern College devraient reprendre dès le 18 octobre, le temps que les vérifications mécaniques et les inspections de sécurité soient complétées.

La mairesse Michelle Boileau a précisé que les détails concernant la reprise complète du service seront communiqués au public mercredi. « Il est important que la reprise se fasse de manière sécuritaire et ordonnée, pour nos employés comme pour les usagers », a-t-elle affirmé mardi soir.

La grève a perturbé les déplacements quotidiens de milliers de citoyens, affectant notamment les trajets domicile-travail, et les étudiants du Northern College.

La grève des employés de Timmins Transit a débuté fin septembre, après que les négociations sur les conditions de travail et la rémunération avec la Ville ont stagné.

Le local 1544 du SCFP avait alors déclaré que les employés du service de transport en commun de Timmins figuraient parmi les moins bien rémunérés de la province et que la frustration s’accumulait depuis plusieurs années.

Loi 21 en CSC : le droit de gestion par et pour les francophones en danger, plaident les écoles publiques

OTTAWA — C’est le fondement même des écoles franco-ontariennes qui est en jeu en Cour suprême dans le cadre du dossier de la Loi 21 du Québec, plaident les conseils scolaires publics francophones. Le droit de gestion du modèle scolaire par et pour les Franco-Ontariens et leur modèle d’enseignement pourraient être remis en cause, estiment-ils.

C’est la position que les avocats de l’Association des conseils scolaires des écoles publiques de l’Ontario (ACÉPO) avancent dans un mémoire présenté à la plus haute cour du pays, fin septembre, qui entendra la cause de la contestation de la loi 21, aussi appelée Loi sur la laïcité de l’État du Québec.

L’ACÉPO, qui représente près de 145 écoles des quatre conseils scolaires publics francophones de l’Ontario et le Consortium Centre Jules-Léger, plaide que si la Cour suprême maintient une partie de la décision rendue par la Cour d’appel du Québec, cela « modifierait donc de façon fondamentale l’environnement juridique applicable aux écoles francophones » en dehors du Québec, craignent-ils.

L’association ne prend pas position sur la Loi 21, mais s’attaque plutôt à un argument de la Cour d’appel du Québec qui avait statué dans un jugement en février 2024 que la Loi 21 s’applique aux écoles anglophones du Québec.

La Loi sur la laïcité de l’État interdit le port de signes religieux pour les employés de l’État québécois en position d’autorité comme les juges, les policiers, les procureurs de la Couronne, les directeurs d’école et les enseignants. (À noter que les conseils scolaires publics francophones se définissent eux-mêmes comme laïcs.)

La Commission scolaire English Montreal (CSEM) conteste l’imposition de la Loi 21 dans ses écoles, jugeant que cela contrevient à l’article 23 de la Charte qui protège le droit de gestion et garantit les droits à l’instruction dans la langue de la minorité. Les anglophones au Québec et les francophones hors Québec bénéficient des mêmes protections en vertu de l’article 23.

Des craintes pour la gestion des écoles franco-ontariennes

À l’heure actuelle, l’Ontario définit les grandes lignes du curriculum et du cadre à suivre, mais ce sont les écoles francophones qui déterminent son application dans un contexte culturel francophone. Par exemple, l’embauche de professeurs, le matériel pédagogique et l’enseignement en classe relèvent des conseils francophones.

Or, l’ACÉPO craint que si une part de l’approche de la Cour d’appel du Québec sur la Loi 21 est maintenue, l’Ontario pourrait par exemple imposer le même programme aux élèves anglophones et francophones.

« La province serait libre de fixer à sa guise toutes les modalités de la prestation de l’instruction en cause, autre que le code linguistique employé, dont le déploiement n’exigerait aucunement la mise en place d’un système de gestion autonome pour la minorité », prévient l’ACÉPO dans son mémoire.

« Un tel virage aurait notamment pour effet d’autoriser les provinces à imposer un programme scolaire parfaitement uniforme à toutes les écoles relevant de leur compétence, pourvu que la langue de la minorité soit employée comme moyen de communication, et ce, contrairement aux enseignements d’une jurisprudence constante », s’inquiètent les quatre conseils scolaires francophones de l’Ontario.

Après l’avoir demandé, l’ACÉPO a obtenu le statut d’intervenant dans la cause et pourra présenter ses arguments lors des audiences prévues par le plus haut tribunal au pays, dont la date n’a pas encore été déterminée par la Cour suprême.

La langue et la culture au cœur du débat

Les commissions scolaires de la minorité anglophone ont affirmé devant la Cour d’appel du Québec que la diversité culturelle, ethnique et religieuse était une valeur fondamentale de la culture de leurs communautés et que cela faisait donc partie de leur droit de gestion. Cette argumentation a été rejetée par le tribunal québécois qui avait plutôt statué qu’il doit y avoir un lien « étroit, voire fusionnel » entre la culture et la langue pour être protégé par l’article 23.

L’ACÉPO représente quatre conseils scolaires, dont le CEPEO, qui, avec plus de 19 000 élèves, est le plus gros conseil scolaire publique en Ontario français. Photo : Archives ONFR

Dans son mémoire de plus d’une dizaine de pages, l’ACÉPO soutient que la langue et la culture sont distinctes, mais inséparables et qu’elles doivent être protégées séparément par le droit à l’éducation en milieu minoritaire. Par exemple, la transmission de la langue, le sentiment d’appartenance à la communauté sont des éléments cités comme faisant partie du rôle des écoles francophones et qui doivent être protégées, défendent les écoles publiques.

« Selon l’ACÉPO, la jurisprudence antérieure milite en faveur d’une approche qui reconnaît à la minorité le droit de définir, par l’entremise de ses institutions représentatives, les contenus qui caractérisent sa culture et son identité culturelle », peut-on lire comme argumentation.

L’ACÉPO prévient que c’est la raison d’être même du système scolaire francophone en milieu minoritaire qui pourrait être affaibli, avertit-il à l’intention des juges du plus haut tribunal canadien.

« L’adoption de ce critère par cette Cour aurait donc pour effet de modifier de façon dramatique le cadre juridique sur lequel reposent les politiques des provinces où se trouve une très grande majorité des francophones en situation minoritaire, soit l’Ontario et le Nouveau-Brunswick. »

Les 145 écoles publiques de langue française ne sont pas les seules à avancer de tels arguments en Cour suprême. Le Commissariat aux langues officielles et la Société de l’Acadie du Nouveau-Brunswick (SANB), qui ont eux aussi obtenu le statut d’intervenant, avancent une argumentation similaire. 

La SANB écrit dans son mémoire d’intervention que si elle est maintenue, la décision de la Cour d’appel du Québec concernant l’article 23, « mettrait en péril le projet de société dont s’est doté le Nouveau-Brunswick d’assurer que les écoles de la communauté acadienne et francophone soient de véritables foyers de transmission culturelle ».

Ottawa coupe du financement au seul établissement francophone dans le Grand Nord

OTTAWA — Faisant face à des compressions budgétaires, le gouvernement fédéral a coupé une partie du financement qu’il accordait au seul établissement postsecondaire francophone dans le Grand Nord canadien, le Collège nordique francophone.

Situé à Yellowknife dans les Territoires du Nord-Ouest, il s’agit du seul établissement postsecondaire francophone à offrir des programmes et cours entièrement en français dans le Grand Nord. Aucune autre institution n’offre de programmes entièrement en français aux TNO, au Yukon et au Nunavut.

Le Collège nordique francophone voit son financement accordé par Ottawa fondre du tiers annuellement. Celui-ci avait reçu 4,2 millions de dollars entre 2021 et 2024 et sur la dernière période d’année scolaire (2024-2025), il avait reçu 2,9 millions de dollars.

Or, pour les trois prochaines années suivantes, l’établissement recevra, en provenance du même fonds, 1,3 million de dollars en moyenne par an, a indiqué Patrimoine canadien. Au total, l’établissement recevra 3,9 millions sur les trois prochaines années en provenance de ce fonds du ministère fédéral dédié aux projets reliés aux langues officielles.

Si la réduction peut paraître minime, pour l’établissement, cela signifie qu’il a dû mettre à pied un peu moins de la moitié de son personnel, soit 7 personnes sur un total de vingt employés dans les derniers mois.

« Le financement fédéral est crucial, c’est ce qui permet au collège d’opérer, avance Patrick Arsenault, le directeur du collège. C’est notre fonds d’opération le plus important. C’est sur cela que l’on compte pour payer les grandes dépenses comme le loyer, les salaires et les opérations courantes du collège », explique-t-il en entrevue.

Patrimoine canadien enverra aussi près de 350 000 $ par année sur trois ans dans le cadre d’un autre fonds qui provient du Plan d’action pour les langues officielles, soit une légère augmentation d’un peu moins de 100 000 $ par année par rapport aux dernières années, précise M. Arsenault. 

Fondé en 2011, l’établissement a obtenu son accréditation en 2024, lui permettant finalement de devenir un établissement pouvant délivrer des programmes et crédits.

En injectant 4,2 millions de dollars en 2022, le fédéral avait pour but « de développer et de mettre sur pied un modèle pédagogique, ainsi qu’une stratégie communautaire axée sur la formation », indiquait dans un communiqué la ministre des Langues officielles de l’époque, Ginette Petitpas Taylor.

« On a pris en charge beaucoup de dépenses sur le long terme en pensant que les fonds allaient peut-être se stabiliser ou peut-être accuser une coupure de 10 % au maximum, mais pas le tiers. C’est catastrophique en termes d’ajustement, car c’est notre principal bailleur de fonds », dit Patrick Arsenault.

Ce dernier soutient qu’à la suite de l’obtention de l’accréditation l’an dernier, le collège s’est préparé à développer de nouveaux programmes en administration et en gestion, en plus d’offrir davantage de cours. 

« Il faudra voir si on est en mesure financièrement parce qu’avec le tiers des fonds, on n’aura peut-être pas la capacité d’embaucher des professeurs et de faire le recrutement, etc. Donc, c’est possible qu’il y ait des programmes qui restent sur les tablettes », reconnaît-il.

Les compressions au fédéral en cause

Ce sont les fonds fédéraux qui ont « permis une transformation et une croissance importante du collège », souligne Patrick Arsenault. Or les compressions budgétaires qui frappent Ottawa sont la cause, confirme-t-il. Le gouvernement Carney a demandé à ses ministères de réduire les dépenses de 15 % d’ici 2028-2029.

« On (Patrimoine canadien) nous a dit que l’enveloppe (disponible) ne permettait pas de soutenir le projet comme on l’aurait voulu. Il semblerait que c’est ça (le financement) qui était possible dans le contexte de compressions budgétaires au fédéral », dit le dirigeant de l’institution postsecondaire à Yellowknife.

À l’heure actuelle, le Collège offre des formations et des cours spécifiques comme des cours de langue en français, anglais et inuktitut, par exemple. Certains programmes sont offerts en collaboration avec le collège La Cité à Ottawa, par exemple le cursus Éducation en services à l’enfance. L’établissement des TNO possède aussi une entente avec l’Université de Hearst dans le Nord de l’Ontario et porte sur une offre de cours conjointe.

Comme le français est l’une des 11 langues officielles du TNO et qu’il s’agit d’un établissement privé, le financement accordé à l’établissement francophone par le territoire est limité, forçant le Collège à dépendre grandement du fédéral pour du support financier. Le gouvernement ténois injecte près de 200 000 $ par année dans l’institution francophone, mais il ne s’agit pas d’un financement permanent.

« Il va falloir retourner à la table à dessin pour retravailler en entier notre plan de travail pour les trois années à venir, car ce qu’on avait bâti n’est plus réaliste avec ce que l’on a obtenu », admet Patrick Arsenault.

Porté par sa jeunesse et une attaque prolifique, l’Atlético Ottawa vise une fin de saison historique

OTTAWA – À une semaine de la fin d’une saison régulière historique, l’Atlético Ottawa continue d’éblouir la Première ligue canadienne par son jeu offensif, la montée de ses jeunes talents et la saison record de son buteur vedette Sam Salter. Sous la houlette de l’entraîneur Diego Mejía, le club de la capitale rêve d’un doublé inédit : le Bouclier de la saison régulière et la coupe North Star.

À chaque match, l’Atlético Ottawa écrit un peu plus l’une des plus belles pages de la jeune histoire de la Première ligue canadienne (PLC). Ce dimanche, une victoire contre Vancouver FC permettrait au club de revenir à égalité de points en tête de la ligue avec le Forge FC d’Hamilton (tenu en échec à Calgary 1-1), avant la dernière journée. 

La tension est à son comble : les deux rivaux, déjà assurés de s’affronter en demi-finale, se disputent la première place du classement de la saison régulière, synonyme d’avantage du terrain pour ce choc tant attendu. Forge possède toutefois l’avantage des confrontations directes, ce qui lui confère un léger ascendant.

Mais au-delà de cette lutte pour la suprématie, c’est l’identité même du projet ottavien qui impressionne : un football offensif, spectaculaire, et une confiance totale accordée à la jeunesse. Avec plus de 8000 minutes cumulées par des joueurs de moins de 21 ans, Ottawa surclasse toute la ligue dans ce domaine, loin devant Vancouver FC (7353 minutes) et Forge FC (2207 minutes).

Une statistique qui illustre parfaitement la philosophie de Diego Mejía, arrivé cette saison.

Sam Salter, l’attaquant québécois de l’Atlético Ottawa pourrait encore avoir à affronter le Forge FC d’Hamilton à deux reprises en phase finale de la PLC. Photo : Philippe Lariviere/Atletico Ottawa

Une philosophie de jeu audacieuse

Nommé au début de l’année, l’entraîneur mexicain a rapidement imposé sa marque : un jeu basé sur la possession et la mobilité, où chaque joueur participe aux tâches défensives et offensives. Son équipe s’est ainsi imposée comme la meilleure attaque de la ligue avec un total record sur une saison de 53 buts, menée par un trio de rêve : Sam Salter (19 buts), Ballou Tabla (11 buts) et David Rodríguez (9 buts, 9 passes décisives).

« Le style de jeu qu’on joue est très axé sur l’offensif, explique Salter. Les joueurs autour de moi ont tellement de qualité que tout devient plus simple. On a une vraie connexion, un plaisir collectif à jouer ensemble, et ça se voit sur le terrain. »

Ce jeu de mouvement et de passes a permis à Ottawa d’écraser les statistiques offensives de la PLC : trois des cinq joueurs ayant réussi le plus grand nombre de passes dans la ligue portent le maillot rouge et blanc. L’équipe figure aussi au sommet du classement des tirs au but et du nombre d’occasions créées, symbole d’une domination constante dans le dernier tiers adverse.

Diego Mejía a ainsi réussi à marier efficacité et créativité, donnant naissance à un collectif où les individualités s’expriment sans jamais éclipser le groupe.

« L’entraîneur a une identité très claire, raconte Salter. Il donne une grande confiance aux jeunes pour s’exprimer, ne pas avoir peur de faire des erreurs. Quand tu es jeune, tu veux juste t’amuser et donner ton maximum, et il nous permet de le faire »

Diego Mejía a su mettre en place un jeu offensif flamboyant en total contraste avec le jeu ultra-défensif de son prédécesseur Carlos Gonzáles. Photo : Philippe Lariviere/Atletico Ottawa

La jeunesse au cœur du projet

Jamais un entraîneur n’avait autant misé sur la jeunesse dans une équipe de tête. Ottawa dépasse cette saison les 8000 minutes accordées à des joueurs de moins de 21 ans, soit près du double de la moyenne de la ligue. Parmi eux, plusieurs noms symbolisent cette confiance : la défense à trois Abatneh (1796 minutes) – Cloutier (1977 minutes) –  Kozlovskiy (1547 minutes), Gabriel Antinoro (2087 minutes) ou encore Joachim Coulanges (534 minutes). 

Tous ont trouvé leur place dans la rotation et contribué activement à la réussite du collectif. Coulanges, 18 ans et 5 titularisations cette saison, le reconnaît : « Je suis satisfait de ma saison, j’ai joué beaucoup de matchs et pris de l’expérience. J’ai fait quelques erreurs, mais pour une première saison, c’est bon. »

Et si ces jeunes s’épanouissent, c’est aussi grâce à la présence de cadres expérimentés. « Quand je fais des erreurs ou que je suis fâché, les vétérans m’aident à gérer mon mental et à apprendre. Ils me conseillent pour devenir meilleur », explique le jeune latéral, citant Manny Aparicio, Abou Sissoko et Ballou Tabla parmi ceux qui le guident.

Pour sa première saison chez les professionnels, Joachim Coulanges a pris part à 18 rencontres et a inscrit deux buts. Photo : Philippe Lariviere/Atletico Ottawa

Sam Salter, le symbole d’une saison record

À 25 ans, Sam Salter est l’autre visage de cette réussite. Il est devenu cette saison le meilleur buteur de l’histoire de la PLC avec 45 buts en carrière. Il vit un exercice exceptionnel, au point d’attirer les recruteurs européens. L’annonce a été faite dans la semaine, il a signé un précontrat avec GAIS Göteborg, troisième du championnat suédois, où il rejoindra l’an prochain un autre ancien d’Ottawa, Matteo de Brienne.

« C’est un moment doux-amer, avoue Salter. Je quitte un endroit qui est devenu ma deuxième maison, mais c’est aussi une immense fierté. GAIS est un club compétitif qui aide les joueurs à progresser, et je suis heureux de poursuivre sur la lancée de la meilleure saison de ma carrière. »

Auteur de 23 contributions offensives en PLC (19 buts et 4 passes décisives), Salter met en avant la dynamique collective. « Le staff m’a donné beaucoup de confiance et un grand rôle. Le style offensif de l’équipe, la qualité autour de moi, tout ça aide énormément. C’est un mélange de travail individuel et de collectif », explique-t-il.

Manuel Vega, PDG du club, ne cache pas sa fierté : « Sam incarne le professionnalisme et la résilience. Il représente tout ce que nous voulons que l’Atlético Ottawa soit. »

Dans le vestiaire, une idée s’impose : offrir un beau cadeau de départ à l’attaquant avant son envol vers l’Europe. Mais aussi à Alberto Zapater, le vétéran espagnol de 40 ans qui a annoncé qu’il prendrait sa retraite à la fin de la saison. Deux figures respectées dont le groupe souhaite honorer la contribution.

À 26 ans et avec une expérience européenne dans son parcours, Ballou Tabla (balle au pied) est cité par Joachim Coulanges comme un mentor. Photo : Philippe Lariviere/Atletico Ottawa

Une rivalité électrique avec Forge

Cette philosophie offensive et formatrice a replacé Ottawa parmi les meilleures équipes du pays. Et le timing ne pouvait pas être meilleur : une double confrontation avec Forge s’annonce, d’abord à distance pour le titre de la saison régulière, ensuite en demi-finale de la coupe North Star.

« C’est vrai qu’ils ont eu le dessus sur nous jusqu’ici, mais on sait qu’on peut être meilleurs, assure Coulanges. Il faut juste écouter le coach et rester concentrés. Je suis sûr à 100 % qu’on peut les battre. »

Salter, lui, évoque la différence d’expérience : « Ils ont plus d’habitude des grands rendez-vous, mais sur un match, on peut être la meilleure équipe. Il faut juste être plus sereins dans les moments clés. »

Arrivé à l’intersaison, le jeune Mexicain David Rodriguez fait partie des révélations de cette équipe, avec Tabla et Salter, il compose un trio offensif de feu. Photo : Philippe Lariviere/Atletico Ottawa

Une fin de saison à écrire

Quoi qu’il arrive, cette saison 2025 restera un tournant pour le club de la capitale. Avec un entraîneur novateur, une attaque flamboyante et une jeunesse inspirée, l’Atlético Ottawa a redonné un souffle neuf à la ligue.

Salter résume l’état d’esprit collectif : « Mon objectif, c’est d’aller chercher des trophées pour ce club, pour cette ville, pour les incroyables supporters qui m’ont accueilli dès le premier jour. Nous avons les yeux rivés sur le Bouclier de la PLC et la coupe North Star. C’est notre moment. »

Le compte à rebours est lancé. Avant de rêver de la première place, l’Atlético Ottawa doit d’abord assurer une victoire ce dimanche contre Vancouver FC, puis terminer le travail à Halifax lors de la dernière journée. L’équation est simple : les hommes de Diego Mejía doivent remporter leurs deux derniers matchs et espérer au moins un match nul du Forge FC, qui affrontera York United le 18 octobre à 16 heures.

Si le scénario se réalise, Ottawa décrocherait son deuxième titre de la saison régulière et aurait l’avantage du terrain pour une demi-finale explosive face à son grand rival d’Hamilton.

Olivier Sarr savoure l’opportunité de rejouer au basket avec les Raptors

TORONTO – Plus d’un an après une grave blessure au tendon d’Achille, Olivier Sarr revit. Le pivot français, signé par les Raptors cet été, savoure son retour dans la Grande ligue et chaque minute passée sur le parquet, tout en se battant pour une place dans l’effectif final.

Ce vendredi, face aux Celtics de Boston, il a enfin retrouvé quelques sensations de match : près de huit minutes de jeu en présaison, où il a participé à la fin de rencontre renversante conclue par une victoire torontoise 107-105, sur un tir décisif de Jonathan Mogbo dans les dernières secondes.

« Je suis extrêmement reconnaissant de pouvoir enfiler le maillot de l’équipe à chaque match. C’est un honneur. J’ai rêvé de ça pendant toute ma rééducation », a-t-il confié après le match.

Une blessure qui a tout stoppé

Retour en arrière. Le 17 avril 2024, Olivier Sarr se blesse lors du match 3 des Finales de la G League avec le Blue de l’Oklahoma City face aux Celtics du Maine. Le diagnostic tombe : rupture du tendon d’Achille gauche. Fin de saison immédiate et longue rééducation, qui l’éloigne des parquets pendant plus d’un an.

Cet été, Toronto lui offre une porte de retour avec un contrat Exhibit-10 (non garanti en NBA), officialisé le 1ᵉʳ août 2025, lui permettant de disputer le camp d’entraînement tout en gardant la possibilité de rejoindre les Raptors 905, l’équipe de développement de la franchise canadienne. Une chance pour se relancer, prouver qu’il est de retour à 100 % et mériter sa place dans l’organisation.

Le pivot des Kings de Sacramento, Dylan Cardwell (à gauche), et l’ailier des Raptors de Toronto, Olivier Sarr (à droite), se disputent le ballon durant la deuxième moitié d’un match préparatoire de la NBA, le mercredi 8 octobre dernier, à Sacramento, en Californie. Photo : AP Photo/Scott Marshall

« Pour moi, avoir l’opportunité de jouer au basket à nouveau, c’est exceptionnel », se réjouit-il.

Une petite chance à saisir?

L’intégration à l’effectif élargi pour le camp d’entraînement s’est bien passée. 

« On a eu la chance d’avoir toute l’équipe présente, même avant, début septembre. Tout le monde était là pour travailler, pour passer du temps à se connaître, pour préparer la saison. On a eu un très bon camp d’entraînement à Calgary. On a enchaîné avec un match à Vancouver et voilà, tout se déroule bien, on avance, on crée notre identité, notre culture et ça se passe très bien. »

Il reste encore trois matchs de présaison aux Raptors avant que la décision finale soit prise en ce qui concerne la dernière place qui sera attribuée dans l’effectif. AJ Lawson, l’arrière canadien déjà présent dans l’effectif la saison dernière et très performant durant la Ligue d’été, fait figure de favori pour obtenir le sésame.

Olivier Sarr pourrait avoir une chance du fait du manque de joueurs de grande taille sur le poste de centre dans l’effectif et d’une incertitude qui règne actuellement sur l’état de santé du jeune pivot camerounais Ulrich Chomche, dont la nature de la blessure n’a pas été révélée par l’organisation. 

Jouer au basket avant tout

Malgré cette compétition et l’incertitude qui règne autour de son avenir avec les Raptors, Olivier Sarr reste positif et se concentre sur ce qu’il peut contrôler. 

« Vraiment, mon objectif, c’est de jouer au basket sur toute la saison et les saisons à venir. Maintenant, on a une saison à préparer. Tout ce que je vais faire, c’est essayer de remplir mon rôle du mieux possible. Et puis, on verra où ça nous mène. »

S’il ne parvient pas à s’imposer avec les Raptors en NBA, il pourrait attirer l’attention d’une autre équipe de la ligue. Si cela ne se produit pas, il pourra toujours s’inscrire dans le projet avec les Raptors en jouant pour les 905. Darko Rajakovic, l’entraîneur-chef, interrogé sur le Français, s’est montré élogieux à son sujet. Un signe de plus qu’Olivier Sarr pourrait imaginer faire de Toronto « sa maison » pour l’année à venir. 

« Olivier est encore un jeune joueur. Malheureusement, il a eu une blessure qui l’a tenu éloigné des terrains. Nous essayons vraiment de l’aider à retrouver du rythme et à reprendre le bon tempo, a indiqué le technicien. C’est un joueur très, très talentueux. Il peut faire beaucoup de choses : il est un bon poseur d’écran (roller), un tireur à trois points confiant et efficace, et un joueur capable d’évoluer au-dessus du cercle. Il apporte beaucoup d’éléments intangibles à l’équipe, et nous sommes contents de l’avoir avec nous. »

Séduit par les partisans

Entre le camp d’entraînement et les matchs de présaison, Olivier Sarr a aussi découvert la ferveur du public canadien.

« J’ai toujours entendu parler du public de Toronto. Et cela, même avec d’autres équipes en venant ici. Maintenant, ça fait vraiment plaisir de pouvoir dire que c’est la maison et d’avoir des fans comme ça qui nous représentent. »

En tant que joueur français évoluant aux Raptors, une équipe qui compte une large communauté de partisans francophones du Canada, de France, mais aussi d’Afrique, il a tenu à leur adresser un petit message. 

« Merci aux fans francophones de Toronto, de tout le Canada, de France et d’à travers le monde. On est extrêmement fiers de pouvoir représenter cette communauté aussi, surtout moi en tant que Français. C’est un honneur d’être dans cette situation-là et on va tout faire pour vous rendre fiers. »

Journée mondiale de la santé mentale : L’UOF lance une nouvelle filière, une première en français

TORONTO – Depuis un mois, l’Université de l’Ontario Français (UOF) amorce le pas en offrant désormais le premier baccalauréat universitaire spécialisé en santé mentale en français de la province. Ce vendredi, à l’occasion de la journée mondiale de la santé mentale, les initiateurs du programme soulignent une volonté de former une relève de soignants au cœur d’un domaine encore mal compris.

C’est l’une des raisons ayant poussé Magdalena Galaj à rejoindre cette toute première cohorte de 8 étudiants, une grande fierté pour celle-ci.

« Je craignais qu’en tant que nouveau programme, il ne soit annulé faute d’inscriptions. Au final, j’étais plutôt agréablement surprise », se réjouit l’heureuse diplômée de l’école secondaire Sainte-Famille à Mississauga.

Après une rencontre avec le personnel universitaire dans une foire des universités et l’obtention d’une bourse de 12 000 $ de l’UOF récompensant son parcours, l’étudiante a entamé un cheminement vers une carrière auprès de la communauté.

« Je suis en contact avec des élèves en douzième année et beaucoup sont intéressés à choisir ce programme de santé mentale à l’UOF », raconte la jeune femme.

Magdalena Galaj comptait poursuivre un baccalauréat en sociologie dans une autre université avant de changer d’avis pour la filière en santé mentale à l’UOF. Photo : Gracieuseté de Magdalena Galaj

La conception du curriculum par Mme Gendy, s’est réalisée en s’inspirant d’autres établissements ontariens tels que le Collège Conestoga, l’Institut de Seneca ou encore l’Université de Toronto.

Par ailleurs, entre 2023 et 2024, un comité consultatif composé des anciens centres de planification des services de santé en français, Entités 2, 3 et 4, et de la Fédération des aînés et des retraités francophones de l’Ontario (FARFO), a accompagné la chercheuse de manière récurrente afin de s’assurer de répondre aux besoins communautaires.

« Il s’agissait de faire en sorte que le programme ne se limite pas seulement à un exercice académique, mais qu’il prenne en compte le besoin réel d’un milieu clinique et francophone des communautés », explique Constant Ouapo, ancien directeur d’Entité 3, qui siégeait dans ce comité à l’époque.

« Les services sociaux et de crise, comme par exemple les refuges, ont besoin de diplômés francophones », soutient la responsable du programme Marie Gendy.

Dans un contexte de pénurie de services, les francophones en milieu minoritaire restent les principaux impactés.

Après une carrière comme chercheuse médicale en Égypte et un doctorat à l’Université de Toronto, Marie Gendy a rejoint l’UOF pour enseigner et coordonner le baccalauréat en santé mentale. Photo : Gracieuseté de Marie Gendy

Pour le moment, la rotation entre Mme Gendy et d’autres professeurs permet une approche pluridisciplinaire, toutefois cette dernière assure que : « Nous avons la volonté d’embaucher plus de professeurs. »

À Ottawa, l’initiative d’une première formation dans cette spécialité en Ontario français est saluée par Jocelyn Veillard qui depuis trois ans dirige le programme de santé mentale et de psychologie de la santé à l’Hôpital Monfort.

« Nous avons la volonté d’embaucher plus de professeurs. »
—  Marie Gendy, coordonnatrice du programme en santé mentale à l’UOF

« Avant ce programme, les formations n’étaient pas toujours adaptées aux réalités du terrain, surtout pour les francophones de l’Ontario. Et les étudiants devaient se diriger vers des baccalauréats plus généraux alors que la majorité de ces programmes sont offerts en anglais », se rappelle-t-il.

Future éducatrice pour les élèves en difficulté, Magdalena Galaj cumule également une formation en éducation, qui a d’ailleurs renversé la tendance des admissions de l’UOF.

« J’ai hâte de continuer pour apprendre de plus en plus », s’enchante-t-elle.

Se former pour briser la stigmatisation

Même si ce programme est un pas dans la bonne direction et montre des progrès tangibles, il existe bien des lacunes, notamment dans les régions minoritaires francophones et pour les services spécialisés complexes.

« Ce qui manquait profondément c’était surtout un programme conçu par et pour les francophones qui allait tenir compte des réalités culturelles et linguistiques propres aux communautés franco-ontariennes », explique Jocelyn Veillard.

Dans l’optique de sensibiliser les étudiants aux problématiques d’intégration des immigrants au système de santé, Marie Gendy assure qu’une partie du premier semestre aborde le lien entre santé mentale et société. En effet, nombre de spécialistes analysent l’aspect culturel et la stigmatisation comme des freins dissuadant l’utilisation des services, souligne M. Ouapo.

Au cours de ses fonctions à Entité 3, celui-ci a pu observer les conséquences que la stigmatisation perpétue sur un groupe donné. En effet, l’ancien directeur note que dans les régions telles qu’Etobicoke Nord dans le Grand Toronto, où les communautés noires immigrantes se concentrent, un contraste visible se fait sentir entre la prévalence de problèmes de santé mentale et le taux d’utilisation de services disponibles.

Comme directeur du programme de santé mentale et de psychologie de la santé à l’Hôpital Monfort, Jocelyn Veillard travaille dans le domaine de la santé mentale depuis une quinzaine d’années. Photo : Gracieuseté de Martin Sauvé

« Dans la conscience populaire et notamment parmi les immigrants, quand on parle de santé mentale c’est lié à la folie et les personnes ne veulent pas être associées à cela », décrit Constant Ouapo.

« Le français crée un lien de confiance plus fort avec la personne qui intervient, et ce lien est fondamental pour le succès de toutes les marches en santé mentale, car ça permet de réduire les risques de mauvaises interprétations », avance M. Veillard.

Selon lui, les barrières linguistiques risquent d’aggraver les difficultés de santé mentale, ce qui souligne la nécessité du déploiement de plus de services en français et de programmes comme à l’UOF.

En outre, ce dernier fait écho au récent partenariat entre l’UOF et l’hôpital Monfort pour délivrer un microcertificat en santé mentale d’une durée d’un an à son personnel, dès janvier 2026.

Thématique importante depuis la pandémie, la notion de santé mentale évolue. Cette année, le thème de la journée mondiale de la santé mentale met l’accent sur l’accès à ce type de services en cas de catastrophes et d’urgences.

« Je souhaite que la nouvelle génération de diplômés francophones soit capable d’intervenir dans divers contextes, soit sociaux ou éducatifs, d’être inclusifs et de maintenir la sensibilisation envers la santé mentale, envers tout monde », conclut la professeure.

Cinéfranco 2025 : les multiples « facettes de l’humanité » à l’écran

TORONTO – Jeudi soir, la communauté francophone de Toronto s’est donnée rendez-vous au cinéma Carlton pour célébrer le dévoilement du programme de la 28ᵉ édition de Cinéfranco (du 7 au 16 novembre), l’un des plus anciens festivals de cinéma francophone en Amérique du Nord. Au-delà de la présentation des films, cette soirée marquait aussi la diffusion gratuite du long métrage À bicyclette!, touchant hommage à la résilience humaine, parfait prélude au thème de cette année : « Les facettes de l’humanité ».

Pour la fondatrice et directrice artistique du festival, Marcelle Lean, cette thématique s’est imposée naturellement après près de trois décennies à célébrer la diversité du cinéma francophone.

« Il y a plusieurs branches à ce thème, explique-t-elle. On retrouve des cinéastes de la vie, comme Costa-Gavras, Robert Guédiguian, les frères Dardenne ou Cédric Klapisch, qui parlent du droit à mourir dignement, du vieillissement, de l’amour et de la résilience. »

Cinéfranco 2025 se veut donc une exploration du quotidien humain, de ses forces et de ses fragilités. Chaque film, choisi avec soin par le comité artistique, illustre à sa manière la dignité, le courage et la capacité de survie qui relient les êtres humains au-delà des frontières.

La résilience au cœur des récits

Parmi les œuvres marquantes de cette édition, Marcelle Lean cite Le Dernier souffle de Costa-Gavras, une méditation poétique sur la fin de vie.

« Ce qui est remarquable dans le film, c’est la philosophie, la poésie et le calme de ces personnages qui vont dire adieu à leur vie », confie-t-elle avec émotion.

Les frères Dardenne, avec leur film Jeune mère, offrent quant à eux un regard tout en délicatesse sur les dilemmes d’une jeune femme partagée entre l’adoption et la maternité, entre amour et indépendance.
La programmation s’attarde aussi sur le courage de survivre, comme dans Et maintenant de Jocelyn Forgues, inspiré du combat du réalisateur contre le cancer.

« C’est un film poignant, captivant, mais voilà une autre facette de l’humanité : trouver la force de vivre et de survivre », souligne Marcelle Lean.

Familles, héritages et liens du sang

Le thème de la famille traverse plusieurs films présentés cette année. Cédric Klapisch, avec La venue de l’avenir, aborde la question de l’héritage et de la transmission à travers une famille rassemblée autour d’une maison convoitée par les promoteurs.

Dans Jouer avec le feu, Vincent Lindon campe un père veuf dont l’un des fils se laisse séduire par l’extrême droite, une exploration fine des fractures idéologiques au sein du foyer. Et avec Partir un jour, le public découvrira une comédie musicale tendre et mélancolique sur la relation entre une fille et ses parents, encore une variation sur ces filiations complexes qui façonnent l’humain.

Cinéfranco n’oublie pas non plus les plus jeunes, avec la projection du film Dans la peau de Cyrano, présenté en partenariat avec Canadian Parents for French et Parents pour l’éducation, autour de la question de la différence et de la confiance en soi.

Histoire, mémoire et regard sur le monde

Cette 28ᵉ édition fait dialoguer le présent et le passé à travers des films puissants sur la mémoire, le colonialisme et la dignité humaine.

On retrouve notamment Fanon de Jean-Claude Barny, consacré au psychiatre martiniquais Frantz Fanon et à sa lutte contre le colonialisme en Algérie; Ni chaîne ni maître, qui revient sur l’esclavage dans l’île Maurice du XVIIIᵉ siècle; et La vie devant moi, réalisé par Niels Tavernier, une œuvre intime et inspirée librement du destin d’Anne Frank.

« Ce qui est extraordinaire dans Ni chaîne ni maître, explique Marcelle Lean, c’est le parallèle entre la spiritualité des esclaves et la façon dont les colons justifient leur violence au nom de Dieu. C’est d’un paroxysme extraordinaire. »

Dans La vie devant moi, Tavernier s’intéresse à la survie d’une famille juive réfugiée dans le débarras d’un immeuble parisien en 1943. Trois personnages, un père, une mère et leur fille adolescente tentent d’y préserver une forme de normalité malgré la peur constante d’être découverts. La caméra choisit la retenue et la pudeur : « la guerre se devine à travers les bruits de bottes, les cris étouffés, les silences prolongés. »

« Ce qui intéresse Niels Tavernier, c’est ce qui se passe hors champ, précise Marcelle Lean. Cette tension diffuse, cette humanité qui persiste dans les gestes les plus simples, même quand tout semble perdu. »

Entre mémoire collective et introspection, ces films rappellent que l’humanité peut se révéler dans les moments les plus sombres, et que le cinéma demeure un outil essentiel pour raconter, comprendre et guérir.

Une programmation inclusive et vibrante

Cinéfranco 2025 met aussi à l’honneur le cinéma québécois et franco-canadien, avec la présence de Martin Villeneuve (Imelda IX, Gabrielle), de Léa Poul (On sera heureux) et du documentaire Joanne tout simplement de Nadine Valsin, portrait d’une pionnière noire du Canada.

« Ce film parle de courage, de résilience, de traumatisme et de liberté, des valeurs au cœur de Cinéfranco », rappelle Marcelle Lean.

À travers cette mosaïque d’œuvres venues du monde entier, le festival confirme son objectif : « faire du cinéma un miroir de l’humanité, où rires, larmes et réflexions se répondent dans une même émotion collective. »

À bicyclette! : la route de la mémoire et de la vie

Pour le dévoilement du programme, Cinéfranco avait choisi de présenter À bicyclette!, film lauréat du Prix du Public aux Rencontres Cinématographiques de Cannes. L’œuvre raconte le périple d’un père qui refait à vélo le trajet de son fils disparu, de La Rochelle à Istanbul.

« C’est un film touchant, très humain, qui nous ramène à l’essentiel : le deuil, la mémoire, l’amour et la force de continuer », résume Marcelle Lean.

Mais au-delà du film lui-même, le choix de cette projection gratuite s’inscrivait dans une volonté d’échange et de reconnaissance envers le public invité à devenir ambassadeur du festival.

« Dans le passé, j’avais tout essayé pour attirer l’attention sur le dévoilement de la programmation, mais rien n’avait réussi. Cette année, j’ai eu cette idée que je voulais surtout passer du temps avec les fidèles spectateurs et spectatrices qui apprécient tant Cinéfranco et leur demander de m’aider à faire du bouche à oreille pour le programme de films de novembre. Comme cadeau pour leur présence, leur encouragement, leurs conseils à travers les ans, je voulais leur offrir ce film À Bicyclette! », explique-t-elle.

Ce film, jamais diffusé ailleurs qu’au Québec, est ainsi devenu un cadeau exclusif offert à ceux qui font vivre Cinéfranco année après année : son public passionné. Un geste symbolique qui résume parfaitement l’esprit du festival : faire du cinéma non seulement un art à contempler, mais une expérience à partager.

Retour de Nuit Blanche à Ottawa en 2026 : « c’était l’événement le plus demandé par la communauté »

José Bertrand est le président-directeur général du Groupe JKB et le producteur exécutif de Nuit Blanche Ottawa.

Alors que Nuit Blanche se tenait ce week-end à Toronto, Ottawa a annoncé mardi la tenue de sa propre édition en 2026 après une absence de onze ans. La date exacte de l’événement n’est pas encore connue mais celui-ci aura lieu en automne, en marge des célébrations du bicentenaire de Bytown, le village à l’origine de la capitale canadienne.

L’organisme espère attirer 15 000 visiteurs pour cet événement gratuit dont l’objectif est la revalorisation du centre-ville, en particulier le secteur du marché By où se tiendra cette édition de retour.

« Qu’est-ce qui a motivé le retour de la Nuit Blanche à Ottawa en 2026?

Le retour du concept est arrivé lors d’un cocktail avec le commissaire à la vie nocturne, Mathieu Grondin, qui nous a invités et rencontrés pour nous confier le projet. Il nous a fait savoir que c’était l’événement qui était le plus demandé par la communauté et que les gens souhaitaient vraiment qu’il revienne. La Nuit Blanche était un événement très apprécié, et son absence depuis 2015 a laissé un vide culturel notable à Ottawa. 

Pour ceux qui n’ont jamais participé à une Nuit Blanche, comment décririez-vous le concept?

La Nuit Blanche, ça part de Paris, qui a accueilli la première édition. Le concept est bien connu des francophones, car l’expression « nuit blanche » évoque le fait de rester éveillé toute la nuit, comme un étudiant la veille d’un examen par exemple. Dans le contexte des arts, l’idée est similaire : passer la nuit dans la ville à déambuler d’activation en activation, à découvrir des installations et des performances. 

Ces infrastructures seront mises en place par différents partenaires, que ce soit la Galerie d’Arts d’Ottawa, le Centre national des arts, ou d’autres. Des équipes spécialisées vont installer les œuvres et s’assurer que tout fonctionne correctement, qu’il s’agisse des arts visuels, de la musique ou de la poésie.

Le marché By au centre-ville d’Ottawa. Photo : Inès Rebei/ONFR

Qu’est-ce qui a motivé le choix du marché By comme cœur de l’événement?

Le marché By, c’est la basse-ville, là où le nom Bytown a pris place avant de devenir Ottawa l’année suivante. Ce choix s’inscrit aussi dans le cadre des célébrations du bicentenaire qui aura lieu en 2026.

Ensuite, c’est aussi parce qu’on veut redonner confiance aux gens dans le marché By. C’est un endroit qu’on a tendance à éviter, mais la Ville fait beaucoup d’efforts depuis un an pour en faire un lieu plus sécuritaire. Avec la présence d’ambassadeurs et un encadrement renforcé, on veut ramener le monde au marché By pour qu’ils le redécouvrent et qu’ils voient que c’est redevenu un endroit agréable à visiter.

Quelle sera la programmation francophone pour cette édition?

La beauté d’une Nuit Blanche, c’est que ce n’est pas seulement musical. On parle d’arts visuels, de poésie, d’arts vivants, de toutes les formes d’art. Défiler dans la ville pour aller voir des arts visuels, que ce soit en français ou en anglais, c’est universel.

Pour ce qui est de la musique, c’est certain que notre organisme, Les Forains, est francophone. Celui-ci est chargé de grands rendez-vous de la communauté comme le Festival Franco-Ontarien à Ottawa et la Franco-Fête à Toronto. C’est certain que la francophonie va avoir une place spéciale, que ce soit dans la musique ou la poésie.

Un événement est prévu le 17 octobre, présenté comme un avant-goût de celui de 2026 : pouvez-vous nous en dire plus?

Abosolument, ce sera un genre de teaser de la Nuit Blanche parce qu’on va faire une annonce publique pour promouvoir l’événement. Le 17 octobre à 20h30, on sera au marché By, tout près des lettres « Ottawa » pour une installation faite par le groupe français Transe Express, une compagnie de cirque aérien. Ils vont présenter leur spectacle  « Mobile Homme », un clin d’œil à la renaissance de la Nuit Blanche à Ottawa. Comme un bébé dans son berceau qui regarde le mobile, ce sera nous, le public, qui regarderons un mobile humain, avec des musiciens et des acrobates suspendus au-dessus de nous.

Transe Express propose avec Mobile Homme une performance où acrobates et percussionnistes se déplacent dans les airs. Photo : Gracieuseté des Forains

Quels types de publics espérez-vous attirer cette année et comment comptez-vous les surprendre? 

C’est certain qu’on ne peut pas tout dévoiler : il y aura des surprises. Mais on veut que la Nuit Blanche soit pour tout le monde. Le public qu’on vise, ce sont les gens d’ici, ceux qui habitent Ottawa et qui vont redécouvrir leur ville, mais aussi les gens de l’extérieur. Et bien sûr, ce sera un événement familial : comme ce sera la fin de semaine, on s’attend à voir beaucoup de familles venir profiter des installations et des spectacles.

On s’adresse aussi à un public beaucoup plus large : les francophones, les anglophones, mais aussi les visiteurs de la région, du Québec, de la Montérégie, de l’Outaouais. Il y a même des gens qui voyagent à travers le monde pour participer aux Nuits Blanches, et on veut que celle d’Ottawa devienne un arrêt incontournable pour eux. On sait aussi que la présence de plus de 130 ambassades à Ottawa amène un potentiel énorme. Certaines d’entre elles vont accueillir ou présenter des artistes internationaux, ce qui permettra d’avoir une programmation à la fois locale et mondiale.

Quels sont les objectifs à long terme de la Nuit Blanche Ottawa au-delà de 2026?

L’expérience est pensée pour durer plusieurs années : dès la première année, les parcours et les infrastructures seront solidement implantés, puis ils évolueront progressivement au fil des années 2, 3, 4 et 5. À long terme, l’objectif, c’est d’amener du tourisme à Ottawa pendant l’automne. C’est une période plus tranquille – on n’est pas en été, on n’est pas encore dans l’hiver – donc on veut créer un événement fort à ce moment-là. »

À Orléans, l’inclusion se joue aussi sur le terrain de basketball

ORLÉANS – À Orléans, les élèves de l’école publique Jeanne-Sauvé ont troqué leurs baskets pour des fauteuils roulants le temps d’un atelier. Une activité qui leur a permis de découvrir le basketball en fauteuil roulant, en prévision des Championnats du monde de basket-ball en fauteuil roulant de 2026 à Ottawa.

Vingt fauteuils aux formes profilées, des cris d’enthousiasme et des rires : ce jeudi matin, le gymnase de l’École élémentaire publique Jeanne-Sauvé à Orléans s’est transformé en terrain de basket-ball… sur roues.

Objectif : faire découvrir à des élèves de 6ᵉ année le basket-ball en fauteuil roulant, un sport inclusif et accessible à tous.

Autour de l’animateur Nicolas Baril, de Basket-ball en fauteuil roulant Canada (BFRC) – Wheelchair Basketball Canada, les élèves, une cinquantaine, observent avec curiosité les fauteuils alignés en demi-cercle.

« La forme triangulaire de la chaise vise à assurer un maximum de stabilité et de mobilité », explique-t-il, avant d’enchaîner démonstration après démonstration.

« Ceci est une ceinture de sécurité facile à mettre, ceci est une plaque pour les pieds. Voici comment on freine, voici comment on tourne, voici comment on accélère… ».

Les questions fusent, les regards s’illuminent.

Nicolas Baril, de Basket-ball en fauteuil roulant Canada (BFRC) – Wheelchair Basketball Canada, anime un atelier de basketball en fauteuil roulant à l’École élémentaire publique Jeanne-Sauvé, à Orléans. Photo : Amine Harmach/ONFR

Quelques minutes plus tard, place au jeu. Les premiers paniers sont marqués.

« Mes mains sentent le caoutchouc brûlé! », s’exclame Zachary, 11 ans, hilare, après un match intense.

« J’ai marqué trois buts! C’est très amusant, je retenterais l’expérience si je pouvais », ajoute son camarade Micah.

Meicka, elle, 11 ans, partage le même enthousiasme : « C’est une nouvelle expérience, c’est vraiment comme le basket normal, mais avec une chaise! »

Et Jérémie, passionné de soccer et de patinage, confie : « Je ne savais pas que c’était aussi amusant d’être dans une chaise roulante! »

Activité physique et inclusion

L’enseignant titulaire David Benay, responsable de la classe de 6ᵉ année, ne cache pas sa fierté.

« C’est une belle façon d’unir activité physique et inclusion, se réjouit-il. Les élèves adorent essayer de nouvelles choses, et notre école est très ouverte aux différences ».

Pour David Benay, enseignant à l’école Jeanne-Sauvé, l’atelier de basketball en fauteuil roulant est une occasion d’unir activité physique et inclusion au quotidien. Photo : Amine Harmach/ONFR

Pour lui, cette activité revêt une dimension personnelle : « Ma petite-fille Laurence, en première année, est en fauteuil roulant. Quand j’ai visité l’exposition sur les sports inclusifs et les parasports, j’ai tout de suite pensé à elle. »

C’est d’ailleurs en découvrant un atelier semblable avec sa fille aînée qu’il a contacté les organisateurs.

« Ils m’ont appris qu’ils offraient des ateliers gratuits, et qu’en 2026 il y aurait un grand tournoi international à Ottawa. Tout est tombé en place naturellement. »

Bien que sa plus jeune fille, atteinte du syndrome de Rett, ne puisse pas pratiquer de sport, l’activité lui permet d’amorcer de précieuses discussions en classe.

« C’est une façon d’amener les élèves à se mettre à la place des autres, à comprendre que chacun a ses forces et faiblesses. »

À l’école Jeanne-Sauvé, l’inclusion fait partie du quotidien : « Ma fille participe en classe comme les autres. Elle est accompagnée d’une aide, mais les élèves la saluent naturellement, sans voir la différence. Ça fait partie de la vie. On inclut les gens, tout simplement », affirme-t-il.

M. Benay rappelle que cette sensibilisation n’en est pas à ses débuts.

« Il y a quelques années, on avait organisé un atelier de rugby en fauteuil roulant. Et tous les quatre ans, on regarde les Jeux paralympiques en classe. Les élèves réalisent que ces athlètes ne sont pas seulement exceptionnels, mais qu’ils doivent aussi surmonter des obstacles supplémentaires. Ça leur donne une vraie appréciation du sport et du courage humain », note-t-il.

Un rendez-vous international à Ottawa en 2026

Pour Nicolas Baril, ces ateliers sont un moyen de préparer le terrain pour les Championnats du monde 2026, qui se tiendront à Lansdowne, du 9 au 19 septembre 2026.

« Je passe dans les écoles tout au long de l’année, et toutes celles qui participent aux ateliers seront invitées à venir voir des matchs pendant les championnats », explique-t-il.

L’an dernier, il a visité 67 écoles et initié plus de 6500 élèves à la pratique.

« Cette année, notre objectif, c’est d’en rejoindre 10 000! », lance-t-il, fier de l’engouement suscité par ce sport où se mêlent inclusion, effort et plaisir.

À noter qu’en accueillant les Championnats du monde de basket-ball en fauteuil roulant de l’IWBF (Fédération internationale de basket-ball en fauteuil roulant), Ottawa deviendra l’épicentre mondial du basket-ball en fauteuil roulant.

La ville rassemblera ainsi 336 athlètes issus de 28 équipes (16 équipes masculines et 12 équipes féminines) venues des quatre coins du globe.

Hockey : les Sénateurs d’Ottawa visent plus haut et misent sur leurs francophones

OTTAWA – Après avoir enfin retrouvé les séries éliminatoires la saison dernière, les Sénateurs d’Ottawa entament la campagne 2025-2026 avec des ambitions plus élevées. L’équipe ne veut plus seulement participer, mais s’imposer comme une véritable puissance dans l’Est. Pour ONFR, Jean-Philippe Forgues du podcast La Brigade et Nicolas St-Pierre, animateur de l’émission Dans Le Vestiaire, dressent le portrait d’une formation en pleine maturité, résolument tournée vers l’avenir.

Les Sénateurs ne se contentent plus de leur retour en séries de la saison dernière. Cette année, il est question de progression et d’affirmation.

« L’objectif n’est plus seulement d’y accéder, mais de se mesurer aux meilleures équipes de la division Atlantique, explique Jean-Philippe Forgues. On veut que les Sens soient reconnus comme une équipe difficile à battre soir après soir. »

Nicolas St-Pierre partage ce sentiment : « On sent une vraie évolution. L’équipe a appris à gagner des matchs importants, à gérer la pression. Le défi maintenant, c’est d’être constant du début à la fin de la saison. »

Les deux observateurs soulignent que le message de l’organisation est clair : après des années de reconstruction, le temps est venu de récolter les fruits.

Un été de continuité et de consolidation

Contrairement aux intersaisons précédentes, Ottawa n’a pas chamboulé son effectif. L’été a plutôt servi à renforcer la stabilité et l’alchimie déjà présentes dans le groupe.

« Il n’y a pas eu de gros coup, mais des ajustements intelligents, note l’animateur de La Brigade. On a misé sur la cohésion et sur la continuité du travail entamé par l’entraîneur en chef Travis Green. »

Nicolas St-Pierre ajoute : « Le noyau est solide, l’équilibre entre jeunes talents et vétérans fonctionne bien. C’est ce qu’il fallait. »

Les deux observateurs estiment que cette stabilité pourrait être un facteur déterminant dans une division où la compétition reste féroce.

Un pas concret vers la francophonie

Les Sénateurs ont franchi une étape importante cet automne en lançant leurs comptes officiels X et Instagram en français, une initiative saluée de part et d’autre.

« C’est énorme, souligne Jean-Philippe Forgues. On ne parle pas d’une simple traduction : c’est un vrai contenu pensé pour les partisans francophones, avec un ton et des références qui leur parlent. »

Pour le présentateur de l’émission Dans Le Vestiaire, c’est un geste symbolique mais aussi stratégique : « Ottawa, c’est la capitale du pays, et la francophonie y est très présente. Reconnaître cette réalité, c’est une façon de bâtir des ponts avec toute la communauté de l’Est ontarien et de l’Outaouais. »

L’organisation multiplie aussi les présences dans la région de Gatineau, une démarche que St-Pierre juge « essentielle pour entretenir ce lien identitaire ».

Deux matchs de présaison à Québec : un clin d’œil fort à la francophonie

L’ouverture de la saison a également été marquée par la tenue de deux matchs de présaison à Québec, une première depuis plusieurs années pour la formation ontarienne.

« C’est un message clair envoyé à la communauté francophone, estime Forgues. Les Sénateurs veulent rappeler qu’ils ne sont pas seulement l’équipe de la capitale, mais une équipe qui parle à tout le corridor franco-canadien, d’Ottawa à Québec. »

Nicolas St-Pierre ajoute : « Ces matchs à Québec, c’est une belle vitrine pour le club. Le public a répondu présent, les joueurs francophones comme Giroux ou Chabot ont été acclamés. Ça crée un vrai sentiment d’appartenance. »

Pour les deux spécialistes franco-ontariens, ces initiatives successives (réseaux sociaux, matchs en territoire francophone, interactions accrues avec les partisans) montrent qu’Ottawa assume enfin pleinement son identité bilingue et son ancrage franco-ontarien.

Trois francophones au cœur du projet

La présence de Claude Giroux, Thomas Chabot et David Perron donne une identité francophone forte à l’équipe. Déjà partisans majeurs du beau parcours de saison dernière, leur rôle demeure central cette année.

« Giroux, c’est le cœur et la conscience du vestiaire, analyse Forgues. Il continue d’être productif, mais surtout, il montre l’exemple. Les jeunes le respectent énormément. »

Pour St-Pierre, la force du vétéran franco-ontarien est aussi sa constance : « À 37 ans, il est encore parmi les meilleurs aux mises en jeu, et il n’a rien perdu de sa vision du jeu. »

Thomas Chabot, après une saison marquée par les blessures, revient en pleine forme : « Il a retrouvé son niveau et profite d’une stabilité défensive qui lui manquait », estime Forgues.

Quant à David Perron, il poursuit son rôle de mentor : « C’est un gars qui a gagné, et ça paraît. Il garde tout le monde alerte, dans le bon état d’esprit », ajoute St-Pierre.

Une couverture francophone en mutation

La couverture francophone des Sénateurs évolue. Unique FM, qui diffusait les matchs depuis plusieurs saisons, a perdu les droits cette année, marquant également la fin d’une ère pour Nicolas St-Pierre, descripteur officiel pendant 17 saisons.

« C’est sûr qu’il y a un petit pincement au cœur, admet-il. Dix-sept ans, c’est une belle aventure, mais l’important, c’est que la couverture en français continue sous d’autres formes. »

Il souligne que son émission Dans Le Vestiaire prend désormais une ampleur inédite : « On a transformé cette perte en opportunité. L’émission s’étend maintenant sur deux heures, diffusée sur plusieurs plateformes : télé, radio, web et réseaux sociaux. Ça permet de rejoindre un public plus large. »

Du côté de Jean-Philippe Forgues, le balado La Brigade poursuit aussi sa croissance. « On est maintenant disponibles sur Spotify, YouTube et toutes les grandes plateformes. On veut offrir une voix 100 % francophone, passionnée et accessible, pour tous ceux qui suivent les Sens à travers le pays. »

Les deux journalistes s’entendent pour dire que l’intérêt pour les Sénateurs n’a jamais été aussi grand chez les francophones de la région. Et cette année, plus que jamais, l’équipe leur donne une raison d’y croire.

Les Sénateurs d’Ottawa débutent leur saison ce jeudi avec un déplacement sur la glace du Lighning de Tampa Bay en Floride. Coup d’envoi à 19 heures.

Postsecondaire : 72 % des jeunes franco-ontariens de l’Est et du Nord étudient en français

Une étude de Statistique Canada révèle que les jeunes francophones de l’Est et du Nord de l’Ontario poursuivent plus souvent leurs études postsecondaires en français que ceux du reste de la province, mettant en lumière d’importantes inégalités régionales.

Entre 2016 et 2021, près des trois quarts (72 %) des jeunes adultes de l’Est et du Nord de l’Ontario ayant fréquenté une école secondaire francophone ont choisi une université de langue française ou bilingue.

Dans le reste de la province, cette proportion chute à 23 %, selon une étude de Statistique Canada intitulée « Les jeunes adultes qui ont fréquenté une école secondaire de langue française ont-ils poursuivi leurs études postsecondaires en français? ».

Le portrait est similaire au niveau collégial : 62 % des diplômés du secondaire francophone de l’Est ontarien et 58 % de ceux du Nord ont opté pour un collège francophone, contre 14 % ailleurs en Ontario.

Signée Étienne Lemyre, l’analyse s’appuie sur les parcours de plus de 49 000 jeunes adultes qui résidaient au Canada hors Québec à la fois en 2016 et en 2021. 

« Ces nouvelles données mettent en lumière des iniquités, notamment régionales et en matière de domaines d’études, qui persistent dans l’accès aux études postsecondaires en français au pays », souligne l’Association des collèges et universités de la francophonie canadienne, (ACUFC) qui a appuyé l’étude de Statistique Canada.

Soins de santé : le choix du français

Selon le rapport, qui se base sur le recensement de 2021, le choix de la langue d’enseignement varie également selon le domaine d’études. Les jeunes adultes se dirigeant dans des domaines axés sur les services aux personnes et les autres métiers (comme les domaines de la santé, de l’éducation et du droit) étaient nettement plus susceptibles de choisir une université de langue française ou bilingue.

Ainsi, en Ontario, 53 % des étudiants inscrits dans ces domaines ont étudié en français, contre 97 % au Nouveau-Brunswick.

De manière plus détaillée, 48 % des jeunes adultes ontariens inscrits dans les programmes des domaines de la santé, des arts, du commerce, des sciences humaines, de l’éducation ou des sciences sociales (SACHES) ont poursuivi leurs études en français, contre 35 % dans les sciences, technologie, ingénierie et mathématiques (STIM).

Les filières en lien avec les soins de santé affichent même un taux d’inscription en français de 60 %, contre 40 % en éducation.

« Plusieurs facteurs influencent la prise de décision des élèves, dont la proximité du lieu d’études et la variété des programmes offerts », peut-on lire dans le communiqué de l’ACUFC.   

L’étude s’intéresse aussi aux motivations des jeunes francophones qui choisissent de poursuivre leurs études dans leur langue.

La facilité d’apprendre dans leur langue (60 % au collège, 47 % à l’université) est évoquée par la majorité des francophones ayant poursuivi leurs études collégiales ou universitaires en français. Mais pour plus de la moitié (53 %), l’identité linguistique a également pesé dans la balance.

À l’inverse, une majorité de ceux qui ont étudié en anglais affirme que le programme souhaité n’était offert qu’en anglais. 

« Cette raison était mise de l’avant par 54 % des adultes d’expression française ayant fait des études collégiales en anglais et par 40 % de ceux qui ont fait des études universitaires en anglais (au baccalauréat) », relève l’étude. 

Ces données, précise Statistique Canada, concernent uniquement les jeunes adultes citoyens canadiens vivant hors Québec. 

Emploi : les diplômés francophones avantagés?

Sur le marché du travail, les différences de langue d’enseignement influencent aussi l’utilisation du français.

« La population étudiante diplômée d’un établissement postsecondaire francophone ou bilingue est cinq fois plus susceptible d’utiliser le français le plus souvent dans son milieu de travail que celle diplômée des établissements anglophones », fait observer l’ACUFC.

Et d’ajouter : « Ce phénomène rappelle l’importance d’un accès élargi aux études postsecondaires en français partout au pays pour répondre à des enjeux sociaux pressants. »

Le taux d’emploi, quant à lui, demeure globalement similaire entre diplômés francophones et anglophones (68 % contre 67 %), mais les écarts régionaux sont significatifs.

En Ontario, le taux d’emploi atteint 75 % chez les diplômés du postsecondaire francophone, contre 64 % pour ceux du système anglophone.

Dans les provinces de l’Ouest canadien et les territoires, la tendance est semblable (78 % contre 73 %).

A contrario, au Nouveau‑Brunswick, les jeunes diplômés ayant étudié dans un établissement de langue française ou bilingue (58 %) avaient un taux d’emploi inférieur à celui des personnes ayant étudié dans un établissement de langue anglaise (72 %).

« Plusieurs raisons peuvent expliquer les écarts observés, dont la situation de l’emploi dans les régions de résidence spécifiques des jeunes adultes », explique-t-on dans le rapport. 

Appel à l’action 

Pour l’ACUFC, les conclusions de cette étude confirment la nécessité de renforcer le parcours éducatif en français.

« Cette étude souligne l’importance de poser des gestes cohérents et structurants pour renforcer les possibilités de faire des apprentissages de qualité en français tout au long du continuum éducatif partout au pays, y compris au palier postsecondaire », affirme l’organisme.

L’association réitère sa volonté de collaborer avec les gouvernements et les communautés afin d’accroître l’attractivité des établissements francophones et bilingues et de mieux faire connaître la valeur ajoutée des études en français.

De son côté, Statistique Canada conclut en rappelant l’importance stratégique des parcours scolaires francophones hors Québec pour la formation d’une main-d’œuvre capable de travailler dans les deux langues officielles et pour la préservation des communautés minoritaires francophones. 

Les résultats de cette étude pourront être utilisés pour « orienter le développement de nouveaux programmes en français » dans les domaines et les régions où l’offre demeure limitée, indique l’organisme.

Faute de moyens, les tribunaux fédéraux se disent en incapacité de respecter leurs obligations linguistiques 

OTTAWA —  Les tribunaux fédéraux préviennent qu’ils pourraient ne plus être en mesure de respecter leurs nouvelles obligations linguistiques concernant la traduction de jugements, en raison d’un manque de ressources financières.

C’est ce qu’indique le plan ministériel de 2025-2026 du Service administratif des tribunaux judiciaires (SATJ), qui fournit des services juridiques et de greffe aux tribunaux fédéraux, soit la Cour d’appel fédérale, la Cour fédérale, la Cour d’appel de la cour martiale du Canada et la Cour canadienne de l’impôt.

Dans ce rapport, le SATJ soutient que des coûts non discrétionnaires, comme les services de traduction, les services de protection, les services informatiques, les sténographes judiciaires, les transcriptions et d’autres frais semblables, impactent les finances de l’organisation.

« Ces coûts fluctuent principalement selon le volume, le type et la durée des audiences tenues au cours d’une année donnée (…) et peuvent limiter la flexibilité financière de l’organisation », étale le plan ministériel.

Le budget alloué par le gouvernement fédéral au SATJ augmente légèrement, passant de 205 millions de dollars en 2024-2025 à 208 millions de dollars pour 2025-2026. Il est prévu qu’il redescende par la suite à 167 et 125 millions de dollars au cours des deux années suivantes, une baisse notamment due à la fin de financement temporaire. Le SATJ n’est pas touché par la réduction des dépenses au fédéral. Le gouvernement Carney a demandé aux ministères et agences fédérales de réduire leurs dépenses de 15 % d’ici 2028-2029.

« Bien que nous ayons reçu un afflux important de fonds ABS (affectations à but spécial), les opérations principales du SATJ sont actuellement confrontées à des risques financiers significatifs qui ne peuvent pas être absorbés par le budget régulier de 2025-2026 », prévient la branche administrative des cours fédérales.

L’une des pressions financières avancées par le SATJ concerne les nouvelles exigences linguistiques : publier simultanément dans les deux langues officielles les décisions ayant valeur de précédent, ainsi que les questions de droit d’intérêt public ou d’importance nationale. Ces nouvelles obligations ont fait partie de la modernisation de la Loi sur les langues officielles, adoptée en 2023 par le gouvernement Trudeau.

« L’impact sur les opérations du SATJ est très significatif et nécessite une utilisation accrue de ressources. Le SATJ ne dispose pas présentement du niveau approprié de ressources afin de répondre aux exigences de la nouvelle loi », affirme sans détour l’organisation judiciaire.

Dans le budget de 2024, le fédéral a alloué 9,6 millions de dollars sur trois ans aux tribunaux fédéraux pour se conformer à leurs nouvelles exigences linguistiques.

Inquiétude chez les juristes francophones

Ce n’est pas la première fois que le SATJ fait état de difficultés financières l’amenant à prévenir qu’elle ne pourra respecter ses obligations vis-à-vis la Loi sur les langues officielles (LLO). L’an dernier, nous avions rapporté les difficultés financières des tribunaux fédéraux, le SATJ soutenant que, sans influx financier, il « serait contraint de cesser ses opérations de traduction et de révision ».

« Ça nous inquiète cette situation », lance Justin E. Kingston, le président de la Fédération des associations de juristes d’expression française de common law (FAJEF), en entrevue.

« Ça serait certainement préjudiciable, car c’était exactement l’objectif de la modification de la LLO, soit de régler l’asymétrie des droits linguistiques », rappelle ce dernier.

La FAJEF, qui représente sept associations provinciales de juristes d’expression française, appelle le fédéral à allouer davantage de moyens financiers aux tribunaux fédéraux.

Justin E. Kingston est le président de la Fédération des associations de juristes d’expression française de common law (FAJEF). Photo : site internet de la FAJEF

L’organisation d’avocats ne souhaite pas un retour à la situation précédant la modernisation de la LLO en 2023, période marquée par de « grosses lacunes concernant les obligations en français au sein des tribunaux fédéraux », avance Justin E. Kingston.

« Il y a eu des années de travail pour modifier la Loi sur les langues officielles et là on est en train de recevoir un rapport qui dit qu’on ne va pas avoir les ressources pour respecter les modifications que tout le monde a travaillé tellement fort à mettre en place », s’inquiète le président de l’association de juristes francophones.

La FAJEF craint alors une situation où les droits linguistiques se retrouveraient « dans un élément de stagnation ».

« Si on ne fait pas ça (allouer plus de ressources), on va se retrouver dans une circonstance où il y aura une asymétrie des droits linguistiques ou encore pire, des droits linguistiques fictifs. On ne peut pas dire que tout va être bilingue, mais ne pas traduire les décisions des tribunaux », dénonce M. Kingston.

L’intelligence artificielle pour la traduction

Parallèlement, la Cour fédérale a annoncé dans une mise à jour la semaine dernière qu’elle accentuerait l’utilisation de l’intelligence artificielle pour y effectuer la traduction en anglais et en français de décisions rendues.

« Des outils d’intelligence artificielle sont maintenant utilisés pour appuyer les spécialistes de la langue qui traduisent les décisions de la Cour fédérale. Les outils sont complémentaires à la traduction — ils ne remplacent pas l’humain qui fait le travail », prévient le tribunal fédéral.

La Cour fédérale précise qu’un « système de contrôle » a été mis en place pour que « la traduction soit fidèle aux motifs originaux et rende bien l’issue de l’instance ».

« La Cour n’utilisera pas l’IA, tout particulièrement les outils décisionnels automatisés, pour rendre ses jugements et ses ordonnances, sans tenir au préalable des consultations publiques », assure-t-on.

Sept Franco-Ontariens seront faits Chevaliers de l’Ordre de la Pléiade

TORONTO – La section ontarienne de l’Assemblée parlementaire de la Francophonie (APF) a dévoilé, mercredi, les noms des sept récipiendaires de la médaille de l’Ordre de la Pléiade pour l’année 2025.

Plusieurs Franco-Ontariens œuvrant dans le milieu de l’éducation et du postsecondaire seront faits Chevaliers et Chevalières de l’Ordre de la Pléiade lors d’une cérémonie d’investiture prévue le 25 novembre prochain à Toronto et présidée par Édith Dumont, lieutenante-gouverneure de l’Ontario.

Parmi eux, on retrouve Serge Miville, recteur et vice-chancelier de l’Université de Sudbury, qui a dirigé la transformation de l’établissement en institution universitaire de langue française « par et pour » la communauté francophone, couronnée par sa réouverture en septembre dernier après plusieurs années de mobilisation.

Pour celui qui est à la tête de l’établissement depuis juin 2021, cette distinction ne souligne pas uniquement son parcours personnel, mais le travail collectif de toute la communauté universitaire : « C’est une œuvre intergénérationnelle. Sans l’ensemble du personnel, du conseil de gouvernance et de toutes les personnes ayant contribué à ce projet à travers l’Ontario, cela n’aurait pas été possible. Je vois ça comme une reconnaissance pour l’institution et tous ses artisans. »

Luc Bussières, a occupé le poste de recteur de l’Université de Hearst de 2017 à 2024. Photo : Gracieuseté de Martine Laberge.

Également récompensée, Lynn Brouillette, qui fut la première présidente-directrice générale de l’Association des collèges et universités de la francophonie canadienne (ACUFC) de 2016 à 2024 et a été activement impliquée dans le développement du réseau postsecondaire francophone et bilingue. Depuis le mois de juin, elle représente l’Ontario au conseil d’administration de la Fédération des communautés francophones et acadienne (FCFA) du Canada.

« Mon parcours a été jalonné de belles collaborations, de défis stimulants et de rencontres inspirantes. Quand on œuvre dans un domaine qui nous passionne, en accord avec nos valeurs, chaque étape devient un plaisir et une source de motivation », a réagi cette habitante d’Orléans dans une publication sur les réseaux sociaux.

Luc Bussières, ex-recteur de l’Université de Hearst, est aussi reconnu pour son engagement de longue date en faveur de la langue française et du développement du postsecondaire francophone dans le Nord de l’Ontario.

Ce dernier, qui a joué un rôle déterminant dans l’obtention de l’autonomie complète de l’Université de Hearst en 2022, a reçu plusieurs récompenses dans les dernières années, dont le Prix Paulette-Gagnon de l’AFO en 2024.

Éducation et communautaire

Au niveau du leadership scolaire, Johanne Lacombe, également récompensée par l’Ordre de la Pléiade, est présidente du Conseil des écoles catholiques du Centre-Est (CECCE) depuis 2010 et réélue pour un 10ᵉ mandat en 2024. Installée à Orléans, elle préside également l’Association franco-ontarienne des conseils scolaires catholiques et est vice-présidente du Consortium Centre Jules-Léger.

Johanne Lacombe a reçu le Saphir de la personnalité féminine de l’année en 2019 et le Prix Paulette Gagnon en 2022. Photo : Archives ONFR/Sébastien Pierroz

Toujours dans l’Est, une autre femme accède au rang de Chevalière : Lyne Michaud, ancienne directrice de l’École d’administration, d’hôtellerie et de tourisme (EAHT) à La Cité à Ottawa et ex-vice‑présidente à l’Enseignement au Collège Boréal, est reconnue pour son engagement envers le développement de la formation postsecondaire francophone et le rayonnement de la francophonie dans la région, après 25 ans de carrière dans le système collégial franco‑ontarien.

Deux Torontois complètent le groupe des décorés de l’édition 2025 dont Aïssa Nauthoo, avocate spécialisée en droit de l’immigration et en droit des réfugiés œuvrant, depuis 2004 comme directrice des Services d’aide juridique (SAJ) du Centre francophone de Toronto. Elle est également vice-présidente des services juridiques, d’emploi et d’établissement au Centre francophone du Grand Toronto (CFGT).

Enfin, Michel Tremblay, qui a dirigé la Fédération des aînés et retraités francophones de l’Ontario (FARFO) jusqu’à sa retraite en août 2025, est également reconnu. Sous sa direction, la FARFO a lancé plusieurs initiatives visant à améliorer la qualité de vie des aînés francophones, notamment le programme « VIVRE+ Chez-Soi » pour soutenir les personnes âgées à domicile.

Michel Tremblay a été le directeur général de la Société Santé en français de 2013 à 2019. Photo : Archives ONFR/Didier Pilon

Il a aussi supervisé le lancement du Guide de bientraitance des aînés 2SLGBTQI+ francophones en Ontario, renforçant ainsi l’engagement de l’organisation envers la diversité et l’inclusion.

Créé en 1976, l’Ordre de la Pléiade récompense les personnalités qui ont contribué à la promotion de la langue française et au dialogue des cultures. Il comprend cinq grades : Chevalier, Officier, Commandeur, Grand Officier et Grande Croix. Depuis sa création, des personnalités du monde entier, y compris des chefs d’État, ont été distinguées pour leur engagement en faveur de la francophonie et de la culture française.

Depuis la remise du premier grade en 1989, 142 personnalités ontariennes ont été décorées par la Section de l’Ontario de l’Ordre de la Pléiade.

Retrait des radars photo des zones scolaires : les conseils francophones s’alarment

C’est au tour des conseils francophones de s’inquiéter du retrait des radars photo dans les zones scolaires annoncé par Doug Ford. Dans une déclaration commune, l’Association des conseils scolaires des écoles publiques de l’Ontario (ACÉPO), l’Association franco-ontarienne des conseils scolaires catholiques (AFOCSC) et leurs pendants anglophones demandent au premier ministre Ford de revenir sur sa position.

« Nous exprimons notre profonde inquiétude face à la proposition de la province d’éliminer les radars photo dans les zones de sécurité scolaires », ont déclaré l’ACÉPO, AFOCSC et leurs équivalents anglophones le Ontario Public School Boards’ Association (OPSBA) et l’Ontario Catholic School Trustees’ Association (OCSTA).

Le 25 septembre dernier, le premier ministre a annoncé qu’il comptait soumettre un projet de loi pour éliminer les radars photo, destinés à dissuader les conducteurs de commettre des excès de vitesse, celui-ci les qualifiant de cash grab, de machines à sous à d’autres termes.

« Ces dispositifs se sont révélés être l’un des outils les plus efficaces pour assurer la sécurité des enfants et des familles près des écoles. Des recherches menées par l’Hôpital SickKids et l’Université métropolitaine de Toronto ont démontré qu’ils ont permis de réduire la vitesse dans les zones de sécurité scolaires de près de 45 % », ont argumenté via communiqué les représentants des conseils scolaires.

« Les spécialistes en pédiatrie sont clairs : la vitesse est le facteur le plus déterminant dans la survie d’un enfant lors d’une collision. »

Ceux-ci disent partager les préoccupations exprimées par les conseils municipaux, les leaders communautaires, les experts en santé publique et les services de police concernant la perte possible de cet outil de sécurité essentiel. 

« Nous demandons au gouvernement provincial d’améliorer et de renforcer l’utilisation des radars photo, et non de l’éliminer. Nous exhortons la province à collaborer avec ceux qui connaissent le mieux leurs communautés, les municipalités locales, les conseils scolaires locaux, les services de police locaux et la santé publique locale. »

« La réponse est non », dit Ford

« À un moment où les gouvernements à tous les paliers devraient faire tout ce qui est en leur pouvoir pour réduire les coûts et rendre la vie plus abordable, trop de municipalités utilisent les radars photo comme moyen de s’enrichir », s’était exprimé le premier ministre Doug Ford le jour de l’annonce de la mesure.

Le communiqué mentionnant que depuis 2019, plus de 700 radars photo municipaux ont été installés dans 40 municipalités de l’Ontario.

Le bureau du premier ministre a diffusé une réponse de Doug Ford à deux des maires qui lui ont demandé de reconsidérer sa décision, soit une vingtaine : « La réponse est non. Notre gouvernement bannit ce moyen d’enrichissement municipal une bonne fois pour toutes. »

Celui-ci a avancé que des mesures de sécurité alternatives seraient utilisées comme des carrefours giratoires, des dos d’âne, une meilleure signalisation et d’autres mesures de modération de la circulation dans les zones scolaires.

« Les radars photo ne sont pas une question de revenus, mais de sécurité. Ils sauvent des vies, et nous devons les améliorer, pas les abolir », a lui tranché le président de l’ACÉPO Denis Labelle.

« Dans nos communautés, la sécurité des élèves est une priorité absolue. Le gouvernement doit travailler avec nous pour renforcer ces outils, pas les éliminer », a ajouté Robert Demers, le président de l’AFOCSC.

La porte-parole du NPD pour le Solliciteur général et députée de St. Catharines, Jennie Stevens, a dénoncé la décision du premier ministre de retirer « une mesure de sécurité routière qui sauve des vies ».

En parallèle, le média Global News a révélé plus tôt cette semaine que des véhicules immatriculés au nom des ministres du gouvernement Ford ont reçu 23 contraventions pour excès de vitesse au cours des trois dernières années.

Hockey : une ère nouvelle s’ouvre pour les Maple Leafs, plus francophones que jamais

TORONTO – La saison 2025-2026 de la Ligue nationale de hockey s’amorce aujourd’hui pour les Maple Leafs de Toronto qui ouvrent leur saison face aux Canadiens de Montréal à l’aréna Scotiabank. L’équipe aborde ce nouveau chapitre avec une identité renouvelée : une formation plus francophone que jamais avec trois joueurs québécois, la fin de l’ère Mitch Marner, mais la même ambition inébranlable d’enfin soulever la Coupe Stanley. Pour la journaliste et analyste Cindy Caron, spécialiste des Leafs «  l’impression qu’une page s’est tournée » est bien présente pour cette nouvelle saison.

L’été a marqué un tournant majeur pour les Maple Leafs de Toronto. Le départ de Mitch Marner, parti comme joueur autonome vers les Golden Knights de Vegas, a laissé un vide mais aussi un soulagement collectif.

« C’était une super grosse perte sur le plan du talent, mais il y avait beaucoup de toxicité autour de ce joueur-là, confie Cindy Caron. Son entourage était devenu une distraction, et ça avait créé des divisions dans le vestiaire. Je pense qu’en général, tout le monde était content de passer à autre chose. L’ère Mitch Marner est terminée. »

Cette coupure nette a permis de clarifier le discours interne.

« L’état d’esprit est super bon, poursuit-elle. Les joueurs ont signé des contrats un peu au rabais, favorables à l’équipe. Ça montre qu’ils veulent bâtir quelque chose de collectif, pas seulement maximiser leur salaire. »

Dans une ville où la pression est constante, cette mentalité plus unifiée pourrait faire la différence : « On sent une nouvelle dynamique, une nouvelle vitesse, un souffle différent. Les partisans ont aussi tourné la page. »

Une équipe plus francophone que jamais

Pour la première fois depuis plusieurs années, les Maple Leafs comptent trois joueurs québécois dans leurs effectifs : Nicolas Roy, Simon Benoît et Samuel Blais.

« C’est une première depuis que je couvre l’équipe, souligne Cindy Caron. On a toujours eu un seul francophone dans l’organisation, parfois aucun. Là, ça fait une petite French connection, et c’est super cool. »

Nicolas Roy, acquis dans une signature-échange impliquant Marner, incarne bien ce virage vers des joueurs d’expérience et de caractère.

« Roy, c’est exactement le type de joueur que l’entraîneur en chef Craig Berube aime, explique-t-elle. C’est un grand centre, solide défensivement et offensivement, un gars avec du papier sablé, un joueur au style rude, abrasif, combatif. Il a gagné la Coupe avec Las Vegas, et ça, c’est précieux. »

Même son de cloche pour Samuel Blais, réclamé au ballottage à la dernière minute.

« Blais a gagné la Coupe avec Saint-Louis quand Berube était là-bas, rappelle Cindy Caron. Il a eu des hauts et des bas depuis, mais c’est le genre de profil qui peut ramener une énergie et une fierté de gagner. »

Quant à Simon Benoît, pilier défensif fiable, il revient d’un arrêt pour blessure et devrait retrouver un rôle clé dans la rotation.

La valeur de l’expérience des champions

Sous la direction précédente (Kyle Dubas et Brendan Shanahan), Toronto privilégiait les joueurs rapides et talentueux, sans forcément chercher ceux qui avaient déjà gagné. Une approche que Cindy Caron juge dépassée.

« Avant, ce n’était pas une priorité. Pourtant, on a vu que quand tu as un gars qui a déjà gagné la Coupe, il devient un mentor pour les jeunes. Avec Craig Berube, c’est complètement différent. C’est quelque chose qu’on recherche désormais dans l’ADN de l’équipe. Tu sais ce que ça prend pour gagner, et ça, tu ne peux pas l’inventer. Il faut l’avoir vécu pour le transmettre. »

Cette philosophie se reflète dans la construction du noyau torontois : un mélange d’élite offensive, de robustesse et d’expérience.

« Le but reste la Coupe Stanley. Ce groupe n’a plus le luxe du temps. »

Les clés de la saison : stabilité et alchimie

Pour espérer aller plus loin que les années précédentes, Toronto devra d’abord résoudre la question du filet.

« C’est toujours un point d’interrogation, note Cindy Caron. Anthony Stolarz et Joseph Woll sont là, mais Woll est en congé de l’équipe depuis deux semaines, sans date de retour. Stolarz revient d’une blessure subie en séries. Ça ajoute un peu d’incertitude. »

L’autre enjeu majeur sera la compatibilité entre les nouveaux venus et le noyau établi.

« Chaque été, il y a des départs et des arrivées, rappelle-t-elle. Ça prend toujours un peu de temps pour que l’alchimie s’installe. Mais si tout clique, avec Auston Matthews en santé, ce qui n’était pas le cas l’an dernier, Toronto a tout ce qu’il faut pour aller loin. »

Une voix francophone au cœur de Toronto

En parallèle de son analyse sportive, Cindy Caron continue d’être une figure essentielle de la couverture francophone des Leafs.

« Je couvre toujours l’équipe pour L’Express de Toronto, et je participe aussi à l’émission Dans le vestiaire de Nicolas Saint-Pierre, sur les ondes ottaviennes d’Unique FM, dit-elle. J’ai des chroniques sur BPM Sports à Montréal et Québec, et un peu avec CBC Sports aussi. C’est surtout de la radio, mais j’essaie de garder une présence écrite. »

Dans un marché médiatique anglophone, sa présence fait une réelle différence pour les amateurs francophones de hockey à Toronto.

« C’est important qu’il y ait une voix en français pour parler des Leafs. On a plus de joueurs francophones que jamais, c’est donc le bon moment pour que la communauté se reconnaisse dans cette équipe. »

La ville de Sudbury adopte un nouveau plan pour lutter contre l’itinérance

SUDBURY – Le conseil municipal de Sudbury a adopté, mardi soir, un nouveau plan visant à revitaliser le centre-ville, en s’attaquant à la fois à l’itinérance, à la sécurité et à l’attractivité économique. Plusieurs conseillers ont toutefois exprimé des inquiétudes sur le fait que la centralisation des services au centre-ville pourrait déplacer les populations vulnérables vers d’autres quartiers de la ville.

Les cinq volets du plan présenté par la directrice générale de la municipalité, Shari Lichterman, concernent « les services sociaux, la mise en valeur du centre-ville, l’animation, la sécurité et la planification pour un centre-ville prospère ».

Celle qui occupe ses fonctions depuis la fin février dernier a précisé que le plan avait été élaboré après plusieurs mois de consultations avec des propriétaires d’entreprises, des organismes sociaux et des résidents, tous frustrés de constater que les mêmes problèmes revenaient sans solution.

Shari Lichterman a souligné que le centre-ville de Sudbury, avec ses 88 hectares et près de 500 propriétés, génère le plus de revenus fonciers par acre, pour justifier la centralisation des services sociaux et la protection de ce moteur économique de la ville. Photo : Capture d’écran site officiel de Greater Sudbury

Un des points centraux du plan concerne la centralisation des services pour les personnes itinérantes au campement de la propriété Energy Court, situé derrière l’épicerie Chris’ Your Independent, où le centre de consommation supervisée a fermé l’an dernier. Le site accueillera de nouveau le centre d’accueil de l’organisme à but non lucratif Go-Give project.

Les heures du centre d’accueil passera, par ailleurs, à 24 heures sur 24, 7 jours sur 7 dès le 1er novembre pour les personnes vulnérables qui y trouveront un espace chauffé, de la nourriture, des toilettes, des services paramédicaux et du soutien en santé mentale et dépendances. 

La Ville prévoit une présence policière renforcée au centre-ville afin d’assurer la sécurité publique et de soutenir ces opérations.

Le site du Energy Court au centre-ville de Sudbury. Photo : Dominique Demers/TFO

Des craintes soulevées

Même si les conseillers ont adopté le plan à l’unanimité et reconnu l’urgence d’une nouvelle approche, certains ont soulevé des inquiétudes quant à ses possibles retombées.

Le conseiller Michel Parent a notamment demandé si des discussions avaient eu lieu pour éviter que la centralisation des services ne déplace les personnes sans-abri vers d’autres secteurs de la ville.

« Il ne faut pas que toutes les ressources se concentrent uniquement au centre-ville , il est important de transférer ces bonnes pratiques dans d’autres quartiers », a souligné la conseillère Joscelyne Landry-Altmann, citant notamment des retours de citoyens inquiets des secteurs du Moulin-à-Fleur et de Donovan.

Le conseiller du quartier 5, Michel Parent, initiateur de la « Feuille de route pour mettre fin à l’itinérance », a travaillé comme ambulancier et a dit bien connaître bien la réalité des personnes sans-abri. Photo : Capture d’écran site officiel de Greater Sudbury

Ce à quoi la directrice générale de la municipalité a répondu que concentrer tous les services et les campements à un seul endroit pouvait poser un risque mais que l’un des éléments essentiels serait d’assurer la présence d’une variété de services sur le site.

« Notre objectif est vraiment de considérer ce site comme temporaire et de travailler à ce que les gens soient logés selon notre feuille de route pour mettre fin à l’itinérance. Mais nous sommes en situation de crise et des personnes meurent dans les rues », a-t-elle également insisté en réponse à une autre inquiétude des conseillers.

Embellissement et animation

Pour améliorer l’environnement urbain, la Ville prévoit aussi un nettoyage complet de Memorial Park, un meilleur entretien des trottoirs, des rues et des plantations, ainsi qu’une proactivité des inspecteurs municipaux pour veiller à l’entretien des propriétés. 

Une nouvelle entente pourrait aussi être conclue avec l’association de la zone d’amélioration commerciale pour inclure un programme d’ambassadeurs chargés de maintenir la propreté, de lutter contre les graffitis et d’assurer une présence visible dans les rues.

Le centre-ville sera également valorisé comme un point d’ancrage culturel et animé de manière plus soutenue grâce à des événements réguliers à Memorial Park et à Tom Davies Square, où sera installé le futur Carrefour culturel.

La Ville s’assurera que les espaces publics soient facilement utilisables par les groupes communautaires, avec des installations prêtes à accueillir des spectacles et des activités.

Une réponse à la hausse de l’itinérance

En outre, le Samaritan Centre, opéré par New Hope Outreach, et le refuge Off the Street verront leurs heures d’accueil libre et de centre de réchauffement étendues. La capacité nocturne, pour le premier, passera à 30 places, et l’accès aux services en journée et le week-end sera prolongé. 

Ces services hivernaux prolongés s’inscrivent dans la Feuille de route pour mettre fin à l’itinérance d’ici 2030, qui prévoit des investissements de 350 millions de dollars dans le logement permanent, la prévention de l’itinérance et le soutien en santé mentale et dépendances. 

Le plan adopté par le conseil municipal représente un investissement d’environ 1,75 million de dollars, financé conjointement par les paliers fédéral, provincial et municipal.

Les dernières données de la Ville du Grand Sudbury montre une montée en puissance du sans-abrisme après la pandémie. Photo : Ville de Sudbury

Le nombre de personnes vivant dans des campements ou sans-abri à Sudbury a fortement augmenté ces dernières années passant de 18 en janvier 2023 à 200 en juin 2024, et s’est stabilisé autour de 200 personnes entre juin 2024 et juin 2025.

« Les résidents et les entreprises méritent des rues et des espaces publics sûrs, et les personnes aux prises avec l’itinérance méritent dignité et soutien », a déclaré le maire Paul Lefebvre en fin de séance.

À l’exception des nouveaux services localisés sur la propriété Energy Court, le déploiement intégral du plan prendra plusieurs mois, avec de premiers résultats au printemps.

La guerre tarifaire et le coût de la vie au cœur des préoccupations des francophones

Un nouveau sondage démontre que les francophones hors Québec sont inquiets par le coût de la vie et la guerre tarifaire entre le Canada et les États-Unis, une forte majorité jugeant cette situation comme « grave ». Aussi, de plus en plus de minorités francophones estiment que le fédéral devrait en faire davantage pour l’économie francophone.

Ce sondage, commandé par le Réseau de développement de la francophonie économique et d’employabilité Canada (RDÉE Canada) a été réalisé par la firme Pollara entre le 5 et le 10 août 2025 auprès de 517 personnes en ligne.

Appelés à donner leurs trois principales préoccupations, les francophones à l’extérieur du Québec identifient le coût de la vie (59 %), alors que la guerre tarifaire avec les États-Unis monte au second rang (40 %), et l’accès aux soins de santé (37 %) ferme la marche du podium.

« Il y a moins de gens qui semblent être dans une situation précaire. Le pourcentage a diminué par rapport à l’an dernier, dénote Yan Plante, le Président-directeur général du RDÉE Canada. Mais il y a encore une précarité financière chez au moins le quart des répondants et ça, ça reste inquiétant », concède-t-il.

Un sondage similaire avait été réalisé en 2024 par le RDÉE Canada, un organisme qui représente les entreprises francophones en milieu minoritaire. Le conflit commercial entre le Canada et son pays voisin a passablement changé la perception de l’économie pour les francophones hors du Québec. 83 % d’entre eux estiment que la situation commerciale avec les Américains est « grave », avec 72 % rapportant qu’elle les affecte personnellement.

Les répondants qui ont indiqué faire leurs achats dans des commerces locaux francophones ont d’ailleurs passablement augmenté de 52 % à 72 % en une année.

« On sent là-dedans une réponse à l’incertitude économique créée par la dynamique avec l’administration Trump. Les francophones ne sont pas différents des Canadiens anglophones. On a senti une conscientisation envers l’achat local, mais les francophones poussent ça un pas plus loin avec l’achat local en français », affirme Yan Plante.

En faire plus pour l’économie francophone

Pour le dirigeant de la RDÉE-Canada, ce coup de sonde amène pour la première fois des données ciblées sur les francophones hors du Québec au sujet des tensions commerciales avec les Américains. Et il permet de constater que les Acadiens et francophones du reste du pays se tournent de plus en plus vers les gouvernements pour poser des actions économiques.

« L’année passée, 41 % des gens disaient qu’il fallait en faire davantage pour le développement économique de leurs communautés et maintenant, on est passé à 55 %, c’est une différence considérable », remarque Yan Plante.

« Il y a une augmentation assez claire des répondants vis-à-vis les deux paliers de gouvernement pour qu’ils en fassent davantage pour le développement économique francophone. Ce sont des enjeux sur lesquels les gens n’ont pas beaucoup de contrôle eux-mêmes pour les régler », perçoit ce dernier.

Mobilité de la main-d’œuvre, commerce interprovincial et diversification des marchés économiques sont tous des enjeux qui doivent être dans le collimateur du gouvernement fédéral pour aider les entreprises canadiennes, notamment francophone, avance le dirigeant du RDÉE Canada.

« Les gens nous disent, on vous (les entreprises francophones) appuie, on veut diversifier nos marchés, on veut réduire notre dépendance envers les Américains. »

« On pourrait aussi faire partie de la solution pour des missions ou du commerce à l’international. Je pense qu’il y a là quelque chose d’intéressant pour le fédéral, pour qu’il puisse jouer un rôle de leader », estime M. Plante.

Bien que les sondages en ligne ne puissent pas se voir attribuer une marge d’erreur, la marge d’erreur correspondante pour un échantillon probabiliste de cette taille est de +/- 4,4 points de pourcentage, soit 19 fois sur 20.

Interprètes au Parlement : le coût ne sera pas le seul critère, réfute le Bureau de la traduction

OTTAWA — Le Bureau de la traduction dément les affirmations d’interprètes parlementaires qui soutiennent que la qualité de la traduction baissera au Parlement en raison d’une décision du gouvernement de prioriser « le plus bas soumissionnaire » pour les interprètes pigistes.

Services publics et Approvisionnement Canada (SPAC) est en processus de renouvellement des contrats des interprètes parlementaires pigistes, qui prendront fin en décembre. Un peu moins de 50 % de ces interprètes sont des pigistes alors que le reste est employé au Bureau de la traduction, selon l’Association internationale des interprètes de conférence — Région Canada (AIIC-Canada).

Cette dernière avance qu’un nouveau processus de SPAC sacrifiera la qualité au nom du soumissionnaire au plus bas prix. L’AIIC-Canada soutient que seuls le prix et le fait d’être un interprète accrédité auprès du Bureau de la traduction seront pris en considération. Par le passé, c’est la qualité de l’interprète ou encore la disponibilité qui faisaient partie d’un ensemble de critères évalués.

« Cet indice de qualité n’est pas mentionné dans cette nouvelle version que l’on nous a présentée. On ne sait pas trop comment il (le bureau de la traduction) pense faire l’évaluation », a affirmé Alionka Skup, la présidente de l’AIIC-Canada lors d’une comparution au Comité des langues officielles mardi.

Les élus du comité font actuellement une étude sur le renouvellement du contrat de travail des interprètes parlementaires.

L’AIIC-Canada estime qu’une telle nouveauté pénalisera le français au Parlement, car la majorité de la traduction se fait de l’anglais vers le français et que les meilleurs interprètes seront écartés.

« On a des interprètes qui sont présents sur la colline depuis très longtemps et qui ont différentes spécialités, alors ça serait logique qu’ils soient affectés aux comités relatifs à leurs autres connaissances, au lieu de simplement prendre la liste et d’aller au moins cher », poursuit Mme Skup.

« Si on fonctionne de cette façon, les interprètes avec le plus d’expérience vont simplement ne plus être présents parce que leurs tarifs vont être trop élevés », statue-t-elle.

L’AIIC-Canada déplore aussi le fait que les nouvelles règles ne permettent pas de rémunérer le temps de préparation des interprètes, mais seulement celui passé au micro, à effectuer la traduction.

Le prix parmi un ensemble de critères

Le Bureau de la traduction affirme ne pas encore avoir pris de décision concernant le renouvellement des contrats en décembre des interprètes pigistes.

« Dire que c’est uniquement les soumissionnaire à bas prix, vous me permettrez de dire que je ne suis pas tout à fait en accord, a réfuté son président-directeur général, Jean-François Lymburner devant les députés fédéraux. On a besoin d’avoir des interprètes qui ont été certifiés par le Bureau de la traduction. Pour nous, c’est un gage de qualité certain. Tous les soumissionnaires ne seront pas accrédités. »

« De plus, avance M. Lymburner, des interprètes pigistes seront toujours sélectionnés en fonction de critères comme le fait d’avoir une cote de sécurité et d’habiter dans la région d’Ottawa. »

« À l’heure actuelle, les pigistes ont tous un indice de qualité identique », a indiqué Annie Plouffe, vice-présidente, Services au Parlement et Interprétation au Bureau de la traduction, qui précise qu’il n’est pas question d’avoir des interprètes non accrédités au Parlement.

Cette dernière soutient aussi qu’à l’heure actuelle, les expertises externes des pigistes, comme le fait d’être un ancien juriste, ne sont pas prises en compte dans leur assignation quotidienne.

L’organisme qui relève de SPAC a terminé ses consultations. Il se trouve maintenant à l’étape d’analyse de la rétroaction reçue des membres de l’industrie, ce qui est considéré comme « une étape normale » selon M. Lymburner.

Questionné à maintes reprises par le député conservateur Joël Godin, Jean-François Lymburner n’a pas divulgué le mandat confié au Bureau de la traduction par SPAC concernant le renouvellement des contrats des interprètes. Cette réticence a poussé l’élu à se tourner vers le président du comité pour demander « que le témoin puisse répondre à mes questions ».

« Évidemment, à un certain point, on est des gestionnaires et on a des pressions un peu comme tout le monde et on regarde le prix et la valeur », a lâché le dirigeant quelques minutes plus tard.

Correction : Une précédente version du texte affirmait que près de 70 % des interprètes parlementaires étaient pigistes, il s’agit plutôt de 50 %.

La famille Cousineau fait un don record de 5M $ pour la pédiatrie à Horizon Santé-Nord

SUDBURY – L’Hôpital Horizon Santé-Nord (HSN) reçoit un don de 5 millions de dollars de la part de la famille Cousineau, propriétaire de l’entreprise OCP Construction Supplies. L’annonce, faite mardi après-midi à Sudbury, marque la plus importante contribution privée jamais versée aux soins pédiatriques dans le Nord de l’Ontario, selon HSN.

Ce don majeur permettra d’accélérer la modernisation des installations destinées aux enfants et d’appuyer la phase une du vaste projet de réaménagement de l’hôpital, qui prévoit notamment la création d’une nouvelle unité d’hospitalisation pédiatrique et l’agrandissement des espaces de soins spécialisés.

« Si vous m’entendez dire « je », en réalité c’est « nous ». Il y a derrière ce don une mère forte, un père inspirant, une épouse aimante, des enfants, des sœurs et même un neveu qui nous a aidés à bâtir notre entreprise », a lancé Rick Cousineau devant un auditoire rempli de membres du personnel hospitalier, d’élus, de donateurs et de représentants communautaires.

La famille Cousineau et son entreprise OCP Construction Supplies ont annoncé le don ce mardi après-midi. Photo : Gracieuseté de HSN

L’engagement de la famille Cousineau envers Horizon Santé-Nord remonte à plusieurs années. Depuis 2020, OCP Construction Supplies et la famille ont déjà versé plus d’un million de dollars à la Fondation de l’hôpital, notamment pour soutenir le programme Neo Kids, qui regroupe les services pédiatriques spécialisés du nord de la province.

Le fondateur francophone s’est dit inspiré, à l’époque, par d’autres entrepreneurs du Nord qui avaient généreusement donné à l’hôpital.

« Les familles de Hearst, Timmins ou Sudbury ne devraient pas avoir à voyager dix heures pour un rendez-vous »
— Christine Cousineau

« Je me suis dit qu’on ne devait pas attendre que les grandes entreprises fassent tout le travail, qu’on pouvait, nous aussi, contribuer à notre mesure », a raconté M. Cousineau.

Une histoire personnelle derrière le geste

Ce lien entre la famille et Horizon Santé-Nord est profondément personnel. En 2016, la fille de Rick, Christine Cousineau, alors âgée de 16 ans, a été hospitalisée à plusieurs reprises, d’abord à Toronto puis à Sudbury, en raison d’une maladie neurologique rare.

« Mon enfance a basculé à ce moment-là », a confié la jeune femme, aujourd’hui rétablie. « J’ai dû passer des mois à SickKids, loin de chez moi, pendant que ma mère vivait à Toronto et que mon père restait à Sudbury. Aucun parent ne devrait avoir à vivre ça. »

En racontant son parcours, Christine Cousineau a souligné l’importance d’offrir des soins spécialisés à proximité pour les familles du Nord.

« Les familles de Hearst, Timmins ou Sudbury ne devraient pas avoir à voyager dix heures pour un rendez-vous. Ce don permettra à d’autres enfants d’obtenir des soins ici, à la maison. »

Réduire les transferts de soins vers le Sud

Pour le Dr Sean Murray, pédiatre et directeur médical du programme Famille et Enfant de l’Hôpital Horizon Santé-Nord, cette annonce représente « une étape déterminante » dans l’histoire de l’hôpital.

« Ce don de 5 millions de dollars va véritablement changer des vies, a-t-il affirmé. Il s’agit du plus grand don jamais consenti à la pédiatrie dans le Nord de l’Ontario. Il nous permettra d’offrir des soins modernes, humains et accessibles à nos plus jeunes patients. »

En reconnaissance de cette contribution, Horizon Santé-Nord a annoncé que son programme pédiatrique portera désormais le nom de « Pédiatrie – Famille Cousineau ».

La plaque en hommage à l’investissement de la famille Cousineau. Photo : Capture d’écran Teams

La Dre Chantal Corbeil, cheffe du service de pédiatrie à HSN, a expliqué que les fonds serviront notamment à regrouper tous les services pour enfants dans un même espace conçu spécialement pour eux.

« Nous pourrons offrir plus de chambres privées, des équipements adaptés et un environnement plus accueillant pour les familles, a-t-elle précisé. C’est un pas essentiel pour réduire les transferts vers le sud de la province. »

Expansion du nombre de lits

Plusieurs allocutions ont souligné le fait que l’Hôpital Horizon Santé-Nord fait face à des défis importants liés à l’augmentation de la population et à l’âge de ses installations.

Selon le PDG David McNeil, l’établissement accueille quotidiennement 630 patients alors qu’il ne dispose que de 526 lits physiques, obligeant le personnel à utiliser des zones improvisées pour traiter les patients, y compris des espaces d’attente transformés en unités temporaires et même des chambres louées dans des résidences pour retraités.

« Chaque matin, nous commençons la journée avec 20 à 30 patients dans le service d’urgence qui attendent d’être admis, mais il n’y a pas assez de lits », a-t-il expliqué. « La nécessité d’agrandir et de moderniser l’hôpital est critique. »

Durant son allocution, celui-ci a rappelé qu’Horizon Santé-Nord dessert une population de plus de 600 000 personnes réparties dans tout le Nord-Est de l’Ontario, dont plus du tiers provient de l’extérieur de Sudbury.

Le Dr Sean Murray a accompagné Christine Cousineau et sa famille dans leur parcours de soins. Photo : Capture d’écran Teams

Le projet d’expansion prévoit une augmentation du nombre de lits, passant de 526 à 756, ainsi qu’une modernisation complète des services d’urgence, de pédiatrie et de santé mentale. À terme, l’hôpital pourrait dépasser 850 lits, offrant un environnement adapté aux patients atteints de cancers, de maladies cardiaques ou encore pour les personnes âgées.

« Ce don, c’est bien plus qu’un geste philanthropique. C’est un engagement envers nos enfants, nos familles et notre région, a déclaré le PDG de l’établissement. Il nous donne l’élan nécessaire pour bâtir un hôpital moderne, à la hauteur de la résilience et de la force des gens du Nord. »

« Ce n’est pas de la vantardise, c’est de la responsabilité »

Rick Cousineau, qui a longtemps hésité avant de rendre publique sa contribution, a expliqué vouloir inspirer d’autres entreprises et familles du Nord à s’impliquer à leur tour.

« Je craignais qu’on perçoive cette annonce comme de la vantardise, mais si d’autres n’avaient pas partagé leur exemple avant nous, peut-être que nous n’aurions pas eu le courage de le faire », a-t-il confié. 

« C’est une responsabilité partagée. Si chacun donne ce qu’il peut, on atteindra ensemble nos objectifs. »

À l’heure où la population du Grand Sudbury dépasse désormais les 192 000 habitants, M. McNeil estime que la croissance de la région doit aller de pair avec le renforcement de ses infrastructures de santé.

« Un hôpital fort, c’est aussi un moteur économique et un facteur d’attraction pour le talent. C’est la clé pour bâtir un Nord fort, prospère et en santé », a-t-il conclu.

Caroline Mulroney reçoit la Légion d’honneur française

OTTAWA – La ministre des Affaires francophones et présidente du Conseil du Trésor Caroline Mulroney devient Chevalier de la Légion d’honneur française, la plus haute distinction honorifique en France, pour son rôle clé dans le rayonnement de la francophonie.

C’est lors d’une cérémonie tenue en toute intimité la veille à l’Ambassade de France à Ottawa que Caroline Mulroney s’est vu décerner la Légion d’honneur française, la plus haute distinction honorifique en France, récompensant son dévouement à la francophonie.

Son père Brian Mulroney, l’ancien premier ministre du Canada, y avait été décoré en 2016 de l’insigne de Commandeur dans l’Ordre national de la Légion d’honneur.

C’est en présence de Michel Miraillet, l’Ambassadeur de France au Canada, présidant la cérémonie, que la ministre s’est exprimée : « Recevoir ce soir la Légion d’honneur est un moment d’émotion profonde et de gratitude sincère. C’est un privilège rare, qui me ramène à mes origines (québécoises et ontariennes) et à ce fil invisible qui relie mon histoire personnelle à la grande histoire de la francophonie. »

« La francophonie est une force qui traverse les générations, elle est aussi une aventure fragile, exigeante, parfois menacée. Car pour continuer d’exister et de rayonner, elle doit sans cesse s’unir et faire preuve de résilience. C’est précisément dans sa vitalité et son élan que réside son avenir. »

L’Ambassadeur de France au Canada, Michel Miraillet, remet à Caroline Mulroney l’insigne de la Légion d’honneur, qui récompense des mérites éminents acquis au service de la Nation, à titre civil ou militaire. Photo : Ministère des Affaires francophones

« Lorsque le premier ministre Doug Ford m’a confié le portefeuille des Affaires francophones, j’ai perçu que c’était plus qu’une responsabilité politique : c’était une mission personnelle. De tous les mandats ministériels qui m’ont été confiés, celui-ci est celui qui m’est le plus cher. »

C’est dès son élection en 2018 comme députée provinciale de York-Simcoe pour le Parti progressiste-conservateur de l’Ontario, que Caroline Mulroney devient ministre des Affaires francophones, un mandat qu’elle conserve après les élections de 2022 et celles de 2025.

Depuis septembre 2023, elle est également présidente du Conseil du Trésor de l’Ontario, gérant les dépenses publiques et les opérations gouvernementales.

Elle a rappelé quelques-uns des grands projets et travaux menés par le ministère des Affaires francophones : la création de l’Université de l’Ontario français (UOF), la modernisation de la Loi sur les services en français, la création de la Fédération des gens d’affaires de l’Ontario (FGA), ou encore l’apposition des accents sur les permis de conduire et cartes santé.

« Servir la dynamique francophonie ontarienne représente pour moi bien plus qu’un devoir : c’est une vocation que j’assume avec engagement et fierté. Je suis profondément reconnaissante envers le premier ministre pour la confiance qu’il me témoigne dans les efforts visant à soutenir, renforcer et faire rayonner cette communauté qui a façonné mon identité », a publié ce mardi Caroline Mulroney sur son compte officiel X.  

Budget fédéral : Théberge préoccupé par l’impact de coupes sur la francophonie

OTTAWA – Le commissaire aux langues officielles Raymond Théberge se dit lui aussi préoccupé de l’impact de possibles compressions par le gouvernement de Mark Carney lors du prochain budget, sur la francophonie et sur la capacité future du gouvernement en matière de langues officielles. Des inquiétudes dont les trois députées franco-ontariennes de la région d’Ottawa du gouvernement libéral n’ont pas fait part publiquement.

« Ma préoccupation concerne le fait qu’il y aura des coupures au niveau des institutions fédérales qui seront non stratégiques, avec des personnes (fonctionnaires) qui vont partir. Et on n’aura pas par la suite la capacité d’offrir les services dans les deux langues officielles », lance le commissaire aux langues officielles en entrevue après une comparution en comité au Sénat lundi soir.

Le gouvernement fédéral doit déposer son prochain budget le 4 novembre et le premier ministre Mark Carney l’a présenté comme un exercice « d’austérité et d’investissements à la fois ». Cela comporte notamment des compressions à hauteur de 15 %, demandé par le ministre des Finances François-Philippe Champagne à presque l’ensemble des ministères fédéraux sur les trois prochaines années.

« Je ne pense pas qu’on le verra tout de suite le 4 novembre dans le budget, mais plutôt par la suite, quand on en verra les détails », estime Raymond Théberge.

Il cite des coupures dans la formation linguistique ou encore des réductions de personnel qui affecteraient le service et la communication auprès des Canadiens en français, que son bureau et lui redoutent.

« Ce n’est pas la première fois que je vois ça dans ma carrière en matière de coupes budgétaires, mais trop souvent, c’est trop facile de couper certains items du budget comme la formation linguistique », a-t-il affirmé aux sénateurs du Comité sénatorial permanent des langues officielles.

Des organismes comme la Fédération des communautés francophones et acadienne (FCFA) ont déjà fait part de leur inquiétude par rapport au budget de l’automne.

Le commissaire rappelle que sous ses exigences linguistiques, le fédéral « a l’obligation de s’assurer que leurs programmes et politiques n’ont pas d’impacts négatifs sur les communautés ».

« Toutes les institutions fédérales doivent respecter leurs obligations en matière de langues officielles, ce n’est pas un choix. »

« Ce qu’il faut éviter, c’est de donner une permission de ne pas les respecter », ajoute-t-il.

De la pression mise auprès des ministres des Finances, dit Mona Fortier

Bien que le commissaire aux langues officielles ait exprimé ses inquiétudes, trois députées franco-ontariennes du caucus libéral ont tenu des propos différents lorsque ONFR les a interrogées sur d’éventuelles coupures affectant la francophonie.

« Je suis très fière des investissements que le gouvernement fédéral fait au niveau provincial pour soutenir la francophonie en Ontario. Je n’ai pas de souci pour la langue française en Ontario dans les prochaines années », a répondu Giovanna Mingarelli, députée de Prescott-Russell-Cumberland, la seule circonscription majoritairement francophone en Ontario.

« On va continuer à être là pour les organisations. On était là pendant la pandémie pour les organismes francophones à travers le Canada et en Ontario, soutient Marie-France Lalonde, représentante d’Orléans. Je vais toujours défendre le fait qu’on doit être là et omniprésent pour continuer à appuyer nos organismes francophones », ajoute-t-elle.

Mona Fortier, députée d’Ottawa-Vanier. Photo : Archives ONFR

Pour l’élue d’Ottawa-Vanier, Mona Fortier, elle et ses collègues libéraux ont « mis de la pression auprès du président du Conseil du Trésor et du ministre des Finances pour s’assurer que cette lentille des langues officielles fasse partie des décisions qui vont être prises par rapport aux ajustements de la fonction publique ». 

« Donc, on continue à mettre la pression évidemment parce que c’est important, et puis je pense qu’on devrait être satisfait le 4 novembre prochain », prévoit-elle.

En cas de mauvaise gestion, « conseil scolaire francophone ou pas, je prendrai le contrôle », dit Calandra

OTTAWA – Le ministre de l’Éducation Paul Calandra a complimenté le « travail spectaculaire » des conseils scolaires francophones de l’Ontario, mais a assuré que s’ils « sortaient des rails », tout comme pour certains conseils scolaires anglophones, il n’hésiterait pas à intervenir et à prendre le contrôle. Il a toutefois réitéré qu’il n’envisageait « aucun changement au modèle de gouvernance du côté francophone ».

C’est ce qu’a dit le ministre de l’Éducation lundi en conférence de presse à Orléans, au Collège Catholique Mer Bleue, à l’occasion de l’entente sur l’éducation francophone en Ontario avec le gouvernement fédéral de près d’un milliard de dollars.

Au sujet du projet de loi 33 conférant plus de pouvoir au ministère de l’Éducation, Paul Calandra a glissé qu’il n’y aurait probablement pas de bras de fer avec les conseils scolaires s’ils étaient tous à l’image des francophones.

« On ne serait pas dans cette situation si tout le monde faisait ce que les conseils scolaires francophones faisaient », les a-t-il complimentés.

« Mais, même pour les conseils francophones, s’ils sortent des rails, s’ils ne font pas ce qu’ils sont censés faire, s’ils ne tiennent pas des budgets équilibrés, si les résultats ne sont pas bons pour leurs élèves, alors, qu’il s’agisse d’un conseil scolaire francophone ou anglophone, j’interviendrai et je prendrai le contrôle », a prévenu celui-ci.

De trancher : « Les conseils que nous avons pris en charge sont des conseils qui ont refusé ou n’ont pas réussi à prendre des décisions dans le meilleur intérêt de leurs élèves. »

« En l’état actuel des choses, il est très difficile pour le ministère de l’Éducation d’assumer la responsabilité d’un conseil qui a déraillé. C’est très complexe. Le projet de loi 33 me permet d’intervenir plus rapidement », justifie le ministre.

« Aucun changement au modèle de gouvernance francophone »

Quant à la décision de réformer le système de gouvernance côté anglophone, en marge de la nouvelle loi, Paul Calandra a expliqué qu’elle n’était pas encore actée : « Avons-nous encore besoin de conseillers dans le système? Je n’ai pas encore pris de décision finale à ce sujet. »

« Je peux vous dire que du côté francophone, il y aura toujours des conseillers scolaires. Je n’ai envisagé aucun changement au modèle de gouvernance du côté francophone, tant public que catholique. »

Le bureau du ministre de l’Éducation avait en effet confirmé que les conseils francophones et catholiques anglophones resteraient inchangés, car protégés par la Constitution canadienne.

« Je comprends les droits constitutionnels. Si un conseil de langue française se retrouve dans une situation difficile qui exige qu’il soit endossé par la province, nous respecterons les droits constitutionnels des Franco-Ontariens d’être éduqués et représentés par des conseillers scolaires de langue française », a-t-il assuré.

Selon lui, toute prise en charge d’un conseil dans ce cas-ci conservera tout de même une forme de conseillers scolaires élus, comme c’est le cas du côté catholique anglophone. 

Plus de gains à venir pour les francophones?

« Je pense que les conseils francophones font un travail absolument spectaculaire. Les résultats de leurs élèves au cours des dernières évaluations de l’OQRE, ont été exemplaires. Ils ont mené la province de l’Ontario », a salué le ministre de l’Éducation.

Il a également étayé le fait que de plus en plus de familles cherchent à inscrire leurs enfants auprès de conseils francophones de part et d’autre de la province, « et nous avons du mal à construire suffisamment d’écoles pour eux, ou, ironiquement, à faire en sorte que le système public transfère des écoles qui devraient revenir au côté francophone. Le projet de loi 33 me permettra de le faire ».

Toujours en réponse aux questions d’ONFR, M. Calandra a énoncé le cas d’une région dans le Nord de l’Ontario, dont un conseil francophone connaitrait « une croissance massive », tandis que le conseil public anglophone serait en déclin.

« Le conseil en question a refusé de transférer des écoles qui sont pratiquement vides au conseil francophone. Après le projet de loi 33, j’interviendrai et je transférerai ces écoles du système public anglophone au système français, et dans tout autre conseil à travers la province de l’Ontario qui pense pouvoir empêcher les élèves francophones d’apprendre ou leur faire passer des heures dans un autobus parce qu’ils veulent s’accrocher à une école sans raison. »

Pour conclure, Paul Calandra a affirmé qu’il récompenserait le succès, mais qu’il serait « très exigeant envers ceux qui ne donnent pas à nos élèves l’occasion de réussir ».

Article écrit avec les informations de Pascal Vachon.

Entente de 1 milliard $ entre l’Ontario et Ottawa sur l’éducation en français

OTTAWA — Le fédéral et le gouvernement de l’Ontario ont conclu une entente relativement à l’éducation francophone en Ontario sur quatre ans qui verra Ottawa et l’Ontario investir chacun 523 millions de dollars.

Le gouvernement fédéral enverra ce demi-milliard à la province, tandis que l’Ontario investira le même montant, soit pour un total de 1,04 milliard de dollars. Dans le cadre de ce type entente, l’Ontario égalise les investissements fédéraux ce qui apporte donc ce total à près d’un milliard de dollars.

L’annonce a été effectuée lundi matin par les députées fédéraux Mona Fortier (Ottawa—Vanier—Gloucester), Marie-France Lalonde (Orléans) et Giovanna Mingarelli (Prescott—Russell—Cumberland) en compagnie du ministre de l’Éducation de l’Ontario Paul Calandra.

« Nous travaillons ensemble du mieux que nous pouvons, et j’apprécie cela, a soutenu Paul Calandra à ses homologues fédéraux. Il s’agit d’un investissement vraiment très important sous la direction du gouvernement fédéral », a-t-il salué dans le cadre de cette conférence de presse au Collège Catholique Mer Bleue à Orléans.

Cet accord concerne l’enseignement du français dans la langue de la minorité et l’enseignement du français langue seconde dans la province.

« Cette entente va permettre d’offrir aux membres des communautés francophones un enseignement de qualité dans leur langue », a souligné l’élue fédérale, Marie-France Lalonde.

« Appuyer l’enseignement du français est essentiel pour la communauté franco-ontarienne, et en unissant nos efforts, nous assurons la vitalité linguistique, culturelle et économique dans notre magnifique province », a ajouté la députée d’Orléans.

En février dernier, les provinces et territoires avaient conclu une entente de 1,4 milliard de dollars avec Ottawa pour un protocole relatif à l’enseignement dans la langue de la minorité et à l’enseignement de la langue seconde. Ce protocole d’accord pose notamment des conditions, comme le fait que l’éducation est une compétence exclusive aux provinces et que cette somme doit être investie dans les établissements préscolaires jusqu’au postsecondaire et pour le personnel éducatif. 

Depuis plus de 50 ans, des ententes bilatérales avec le gouvernement de l’Ontario régissent l’enseignement en langue minoritaire et l’enseignement de la langue seconde. 

« C’est un investissement dans les écoles et envers la protection de l’identité franco-ontarienne », a présenté Paul Calandra.

Le ministre de l’Éducation de l’Ontario Paul Calandra. Photo : Jackson Ho

Ces ententes bilatérales avec l’Ontario servent notamment « la mise en œuvre d’activités visant l’enseignement de langue française en contexte minoritaire et l’apprentissage de la seconde langue officielle », soutient le communiqué du gouvernement fédéral.

« Notre gouvernement a conclu une entente importante avec l’Ontario pour favoriser le bilinguisme dans les écoles et les institutions postsecondaires de la province. La collaboration entre nos deux gouvernements est importante pour soutenir l’apprentissage du français ainsi que renforcer la vitalité linguistique, culturelle et économique », a indiqué par voie de communiqué Steven Guilbeault, le ministre des Langues officielles, dont l’annonce a été faite au nom de son ministère.

Une nouvelle liaison aérienne directe reliera Sudbury et Ottawa

SUDBURY – Les voyageurs du Grand Sudbury disposeront, dès le 27 octobre 2025, d’une liaison directe vers Ottawa puis vers Montréal, lancée par le transporteur régional québécois Propair, comblant ainsi un vide qui durait depuis plusieurs années.

Le service sera offert au départ de l’aérogare principale de l’aéroport du Grand Sudbury, avec des départs tôt le matin et des retours en soirée, permettant ainsi aux passagers d’effectuer un aller-retour dans la même journée.

« L’élargissement de la liaison entre le Québec et ces villes clés de l’Ontario vise à soutenir les déplacements, les relations d’affaires et l’offre de services des entreprises de Sudbury au sein de ces pôles économiques dynamiques. Cette nouvelle liaison représente une opportunité stratégique pour les acteurs économiques de la région », a indiqué Justin Lemieux, président-directeur général de la compagnie.

Basée à Rouyn-Noranda, Propair affirme que la majorité de son personnel est francophone, tout en assurant un service bilingue à bord.

« Notre objectif est de servir tous nos passagers, en français comme en anglais », souligne M. Lemieux.

Cette nouvelle liaison comble un vide laissé depuis la suspension, en avril 2014, des services directs de Bearskin Airlines entre Sudbury et Ottawa. Depuis lors, les passagers de Sudbury souhaitant se rendre à Ottawa devaient généralement passer par Toronto ou par Montréal.

Propair utilisera son Beechcraft B1900D, un avion à turbopropulseurs de 18 places, pour effectuer les vols. Les passagers bénéficieront d’un service de petit-déjeuner le matin et de collations accompagnées de boissons en soirée. Les réservations sont déjà ouvertes sur le site propair.ca.

Propair dit connaître une période de croissance rapide et recrute activement du personnel pour soutenir son expansion au Québec et désormais en Ontario. Photo : gracieuseté de Propair

Une forte demande

La compagnie, fondée en 1954, se distingue par un modèle différent des opérations aériennes traditionnelles : les passagers arriveront et partiront des terminaux des opérateurs de bases fixes (FBO) à Ottawa, Montréal et Québec, réduisant les temps d’attente et offrant un service plus personnalisé.

« Notre objectif, c’était vraiment de connecter l’Ontario au Québec », explique Justin Lemieux, précisant que l’appareil poursuit sa route vers Montréal et offre même une correspondance vers la ville de Québec.

« C’est un vol direct d’environ une heure entre Sudbury et Ottawa. Les passagers qui poursuivent vers Montréal restent à bord pendant qu’on débarque les voyageurs d’Ottawa, une escale d’environ 30 minutes avant de repartir. »

Pensé d’abord pour répondre aux besoins des voyageurs d’affaires, le service demeure accessible à tous ceux souhaitant se déplacer plus efficacement entre ces pôles urbains.

« Ottawa et Montréal sont deux des destinations les plus prisées de notre communauté, et nous sommes ravis de voir Propair répondre à cette demande », a déclaré Giovanna Verrilli, présidente-directrice générale de la Société de développement communautaire de l’aéroport de Sudbury.

« Ce service offre à nos passagers une expérience de voyage moderne et axée sur les affaires, tout en renforçant les liens de Sudbury avec deux des plus importants pôles gouvernementaux, commerciaux et culturels du Canada. »

Propair, qui n’exclut pas d’étendre son réseau vers d’autres destinations du Nord ontarien, selon la réponse du public à cette nouvelle liaison, vient compléter l’offre de transporteurs présents à l’aéroport du Grand Sudbury, aux côtés d’Air Canada, Porter Airlines et Bearskin Airlines.

En juin dernier, WestJet a lancé un service saisonnier direct entre Sudbury et Calgary, avec des départs les jeudis et dimanches jusqu’à la fin octobre, renforçant ainsi les connexions aériennes entre le Nord de l’Ontario et l’Ouest canadien.

Des nouveaux programmes en français à l’Université de Windsor

WINDSOR – Sous l’instigation de plus de 60 professeurs francophones et francophiles, l’Université de Windsor fait de plus en plus de place à la francophonie. Un nouveau programme de sciences sociales verra le jour en français dès la rentrée 2026 en partenariat avec l’Université d’Ottawa. Depuis cette année également, et ce pour la première fois, la Faculté de droit de l’institution propose deux cours de maîtrise en français.

Des discussions sont en cours avec l’Université d’Ottawa pour élargir l’offre des cours en français à l’Université de Windsor et créer un certificat en Sciences sociales, alternant classes en personne et cours en ligne avec l’université ottavienne.

Le programme pourrait ouvrir dès la rentrée de septembre 2026, sous forme de projet pilote, a appris ONFR lors d’une rencontre avec des membres du corps professoral francophone.

En phase d’être reconnu par la Faculté d’éducation du campus comme « deuxième domaine d’enseignement », il permettrait aux étudiants qui se destinent à l’enseignement au secondaire de le choisir comme seconde matière obligatoire, et ainsi « d’être spécialisé et diplômé en français également », s’enthousiasme Tanja Collet-Najem, professeure agrégée d’études françaises.

« Nous sommes dans un processus de candidature pour du financement fédéral. L’administration de l’Université de Windsor a donné son appui formel pour rendre cette certification permanente. L’Université d’Ottawa est prête à offrir ces cours sans que nos étudiants aient besoin de payer des frais supplémentaires », rapporte Emmanuelle Richez, professeure agrégée de science politique.

En plus des cours du département d’Études françaises et des deux cours de science politique offerts en français — Quebec Politics and Society et Contemporary Canadian Political Issues —, la Faculté de droit propose pour la première fois cette année deux cours de maîtrise en langue française : Introduction à la Common Law et Études approfondies en Common Law en français.

La responsable des programmes et professeure agrégée de droit, Pascale Chapedelaine, explique que ces cours sont eux aussi offerts en vertu d’une entente avec l’Université d’Ottawa.

Les étudiants de Windsor inscrits se joignent ainsi à plusieurs autres étudiants d’universités de l’extérieur du Québec en virtuel et en présentiel, prenant ainsi part à un réseau d’étudiants pancanadien.

« Nous avons opté pour ces deux cours comme point de départ suite à plusieurs discussions avec les responsables du Certificat de Common Law en français à Ottawa, et suite à un sondage auprès de nos étudiants qui ont manifesté un intérêt marqué pour une offre de cours en français, au vu des opportunités accrues pour des stages incluant la Cour Suprême du Canada, et des emplois gouvernementaux », relate celle-ci, qui espère voir l’offre grandir dans les années à venir. 

Revaloriser la francophonie sur le campus

Un an et demi auparavant, une cinquantaine des professeurs francophones de l’université publiait une mémoire, Valoriser la francophonie au sein de la communauté universitaire de Windsor, dans le but d’obtenir la désignation bilingue.

Une initiative soutenue par les partenaires communautaires de toute la région et par des étudiants qui en étaient également signataires.

Une démarche qui a porté ses fruits selon Emmanuelle Richez, aboutissant par une rencontre avec l’administration : « Ils ont compris la nécessité de revaloriser la francophonie, de la rendre plus visible sur le campus et ont donné le feu vert pour plusieurs des recommandations qu’on avait formulées ».

« L’hymne national est maintenant chanté en anglais et en français, le drapeau franco-ontarien est maintenant présent sur scène à la cérémonie de graduation et, pour la seconde année consécutive, un lever de drapeau pour le Jour des Franco-Ontariens est organisé sur le campus », rappelle-t-elle.

« L’un des enjeux principaux est d’augmenter l’offre des cours en français. Par ailleurs, nous sommes très soucieux du bassin francophone dans la région, car il y a tout de même neuf écoles, soit francophones, soit d’immersion, contextualise Pascale Chapedelaine. Si l’offre n’est pas là, ça les forcera à aller ailleurs. »

Un travail de recensement des étudiants et du personnel francophones est un cours. Les professeurs comptent plus de 60 francophones et francophiles dans leurs rangs.

Le drapeau franco-ontarien flotte au coeur du campus de l’Université de Windsor le 25 septembre, Jour des Franco-Ontariens. Photo : Sandra Padovani/ONFR

Obtenir le statut bilingue, un chemin encore long

Mme Richez estime toutefois qu’il y a encore un long chemin à parcourir avant l’obtention du statut bilingue, au vu des nombreuses conditions à remplir pour y parvenir. Elle mentionne le fait que les étudiants doivent notamment pouvoir être en mesure d’obtenir des services en français dans tout le campus, donc sur le plan administratif également.

« On se dirige doucement dans une approche un peu plus bilingue, nuance Mme Collet-Najem. En parallèle, on a aussi commencé un projet de traduction de certaines pages du site internet de l’université, en recrutement étudiant en particulier. On commence avec les pages qui s’adressent directement aux étudiants. Dès cet automne, ce sera en ligne. »

Un projet de signalisation bilingue est également sur la table, en partie virtuelle avec l’apposition de codes QR à côté des panneaux anglophones, pour retrouver le contenu traduit en ligne, mais aussi physique, avec un premier panneau de signalisation en français à venir, accompagné du signe franco-ontarien.

L’Université de Windsor tire directement ses origines d’une institution francophone fondée en 1857, le Collège de l’Assomption, ce qui lui confère un enracinement historique lié à la francophonie, rappelle Jeremy Worth, un professeur agrégé d’études françaises de langue maternelle anglaise.

Les étudiants francophones se réjouissent eux de ces pas en avant vers le bilinguisme.

Pour Victorieuse Sambao, présidente du chapitre jeunesse du Club Richelieu de Windsor, en 3e année de droit et politique avec mineure en études françaises, cela permet « d’avoir la possibilité d’embrasser notre langue et de se l’approprier pleinement comme une identité à soi. »

Andrelle Mboudjeke, vice-présidente du chapitre jeunesse du Club Richelieu de Windsor, de même cycle universitaire, considère qu’étudier dans les deux langues permettra de leur ouvrir beaucoup plus de portes dans leur carrière future.

Retour en images de Nuit Blanche Toronto : L’art au cœur des questions de notre époque

TORONTO – Cette semaine, dans la nuit de samedi à dimanche, plus de 88 installations lumineuses étaient présentées à travers trois zones du Grand Toronto pour offrir un spectacle visuel scintillant pour 19e édition de Nuit Blanche Toronto. Retour en images sur cet évènement culturel annuel qui réunit des artistes locaux et internationaux, qui est aussi une vitrine pour les créateurs francophones.

Des créations lumineuses dispersées dans le centre-ville

Le thème de cette année a pour titre Traduire la ville (Translating the City), pour ainsi mettre en lumière les 200 langues dans la capitale provinciale, en plus de chercher à interpréter le monde urbain de manière artistique.

Entre Etobicoke, North York et dans tout le centre-ville, les spectacles et projections ont rassemblé une foule venue se fondre dans des espaces scéniques.

Chinatown était l’une des plus grandes zones d’activité avec des expositions tout au long de Dundas St W. Photo :  ONFR/Laetitia Dogbe

Le thème de l’année Traduire la ville cherche à mettre en lumière les 200 langues parlées à Toronto. Photo :  ONFR/Laetitia Dogbe

Des performances en direct d’artistes animaient également la foule. Photo : ONFR/Laetitia Dogbe

Plus de 200 artistes sont venus se produire devant près d’un million de spectateurs. Photo :  ONFR/Laetitia Dogbe

Le centre d’arts médiatiques francophone de la ville Le Labo et le Consulat général de France à Toronto étaient également présents cette année pour mettre en lumière l’expression culturelle francophone.

À North York : une projection de mapping vidéo

La façade du musée du Gibson House s’est transformée en spectacle lumineux créé par une collaboration entre l’artiste torontoise Yen Linh Thai et l’artiste française Stéphanie Léonard.

« Cette animation réunit nos deux univers : l’univers de Yen Linh qui est plus illustratif, basé sur l’animation traditionnelle et la peinture, et le mien qui est plus centré sur le motion design et 3D », raconte Stéphanie Léonard.

Ces projections projetées sur un fond d’œuvres musicales réalisées par la compositrice française du 19e siècle Louise Farrenc, incluent également une collaboration entre l’artiste français Sylvain Pouillart et des étudiants en animation du Collège Sheridan.

Photo : Gracieuseté de Stéphanie Léonard

Photo : Gracieuseté de Stéphanie Léonard

Photo : Gracieuseté de Stéphanie Léonard

Stéphanie Léonard est une artiste de motion design basée en France. Photo :  ONFR/Laetitia Dogbe

Yen Linh Thai est une illustratrice basée à Toronto. Photo :  ONFR/Laetitia Dogbe

Les 12 heures d’exposition permettent aux spectateurs de profiter du spectacle toute la nuit. Photo :  ONFR/Laetitia Dogbe

« Je suis contente d’avoir pu collaborer avec une nouvelle personne, d’un autre monde et qui travaille différemment », confie Yen Linh Thai.

Une micro-installation au centre d’arts francophone

Au 401 Richmond dans le centre-ville, le centre d’arts médiatiques francophone « Le Labo », présentait une installation ludique et poétique de l’artiste Nicolas Heredia.

Cette exposition se rattache au thème « Traduire la ville », et propose une vision alternative au temps passé et au monde urbain.

« Nous étions très intéressés par son travail parce que son travail parle beaucoup de l’absurde. C’est vraiment une œuvre numérique qui parle du temps que nous passons à remplir nos agendas », décrit Dyana Ouvrard, directrice générale et artistique du Labo.

Photo :  ONFR/Laetitia Dogbe

 

À travers son installation, l’artiste Nicolas Heredia transforme l’annulation en expérience artistique. Photo :  ONFR/Laetitia Dogbe

« Cette installation dans les trois langues, c’est vraiment intéressant pour Nuit Blanche, car sait c’est un public large et pas seulement francophone », dit-elle.

D’autres expositions de lumières, musique et projections immersives se sont déroulées à Etobicoke jusqu’aux petites heures du matin avec certaines expositions qui resteront affichées pour quelques semaines dans les différentes zones d’expositions.

Photo :  ONFR/Laetitia Dogbe

 

Photo :  ONFR/Laetitia Dogbe

L’idée de Nuit Blanche a été créée à Paris en 2002 avant de voir le jour pour la première fois à Toronto en 2006. Photo :  ONFR/Laetitia Dogbe

Yasmine Joheir, une force motrice de la francophonie de Windsor-Essex

Directrice générale du Centre communautaire francophone de Windsor-Essex-Kent (CCFWEK) et présidente de l’ACFO-Windsor-Essex-Chatham-Kent (ACFO-WECK), elle a fait du rayonnement de la communauté francophone de la région sa mission. Nomade dans l’âme, entre le Sénégal, le Liban et la France, ses pays d’attache, c’est à Windsor qu’elle décide de poser ses valises 20 ans plus tôt. Elle mise aujourd’hui sur l’action communautaire et l’immigration francophone pour défendre les acquis d’une communauté parfois sous-estimée, mais plus que jamais vivante et vibrante.

« Vous avez de fortes attaches avec plusieurs pays. Parlez-nous de votre héritage culturel…

Mes deux parents sont libanais. Mon père a grandi dans un village du Sénégal, et ma mère avait déménagé à Dakar. Ils ont eu huit filles, dont moi. C’est en 1996 que nous avons visité le Liban pour la première fois, mon père voulant que nous nous rapprochions de notre culture.

J’ai fait mes études en sciences de l’éducation entre le Liban et Strasbourg en France, avant de déménager à Windsor dès 2006 où j’ai rejoint une de mes sœurs, soit presque 20 ans plus tôt.

Notre langue prédominante à la maison a toujours été le français, mais on en parle en général quatre : le français, l’anglais, l’arabe et le wolof, un dialecte sénégalais.

J’ai le Sénégal à cœur, l’endroit où j’ai grandi, qui représente mes amis d’enfance, mon école, etc. Je tiens aussi énormément au Liban, qui constitue mes origines culturelles, et même la France dont je me suis imprégnée de l’art de vivre ‘baguette et fromage’. Mais depuis que je suis ici, je suis devenue une fière Canadienne, j’adore ma communauté. J’y ai notamment fondé ma famille.

Vous avez évolué dans différents milieux, notamment communautaires et institutionnels. Pourriez-vous retracer votre parcours professionnel ?

J’ai d’abord été mentor pour femmes isolées au sein d’un organisme anglophone, avant de partir pour Ottawa enseigner le français à des employés gouvernementaux pendant un an. À Windsor, j’ai commencé en tant qu’adjointe administrative au Collège Boréal, puis gestionnaire de tous leurs programmes d’immigration pendant dix ans.

Dès 2015, j’ai rejoint le Conseil scolaire Viamonde, et ce pour neuf ans. Je m’occupais beaucoup des dossiers d’immigration, un de mes fils conducteurs. Le communautaire et l’immigration francophone, c’est de là où je viens, c’est ma passion.

Yasmine Joheir à son bureau du Centre communautaire francophone de Windsor-Essex-Kent (CCFWEK), au 720 avenue Ouellette à Windsor. Photo : Sandra Padovani/ONFR

Qu’est-ce qui vous a amenée à vous établir dans la région windsoroise ?

Je suis restée parce que j’adore Windsor. C’est une petite ville au sein de laquelle on peut faire une différence. Tout le monde se connait, les partenaires communautaires et les autres agences francophones travaillent très bien avec nous et entre eux.

Le CCFWEK vient de fêter ses 35 ans. Comment était la francophonie de la région quand vous êtes arrivée et comment est-elle aujourd’hui ?

Le CCFWEK a été fondé en 1990. 22 membres fondateurs francophones avaient repris et racheté une bâtisse qui était un ancien centre polonais inutilisé, avec la somme de 500 000 dollars en dons. Place Concorde était née, abritant le CCFWEK qui le gérait, et des locataires : le Conseil scolaire francophone Providence, l’ACFO-WECK, Réseau-Femmes, etc. Il y avait également des salles de banquet, un bar Oasis pour les francophones.

En 2006, la francophonie restait encore timide, mais beaucoup de chemin a été fait depuis. En tant que partenaires communautaires, on revendique nos droits. En 2009, nous avons créé la première table de concertation à Windsor, et le sous-comité en immigration francophone.  Les services d’immigration pour nouveaux arrivants se sont beaucoup développés.

Andrew Dowie, député de Windsor-Tecumseh, avec Yasmine Joheir, après la cérémonie de lever de drapeau franco-ontarien, le 25 septembre dernier. Photo : Sandra Padovani/ONFR

Vous avez pris la direction du centre communautaire francophone en octobre 2023. Avec quel état d’esprit avez-vous repris le flambeau de Didier Marotte et avec quels objectifs ?

Avoir une femme à la tête du CCFWEK, qui en plus est issue de l’immigration, était nouveau pour le centre. Didier Marotte avait mis Windsor sur la map, mais mon objectif ultime c’est de pouvoir montrer ce dont on est capables à tous niveaux gouvernementaux.

Dès 2023, j’ai voulu que l’on soit partout, mon mot d’ordre à l’équipe. Il n’y a pas un comité organisateur duquel on ne fait pas partie, pas un évènement anglophone ou francophone auquel on ne prend pas part. J’ai également créé une nouvelle planification stratégique pour établir et donner un mandat clair au CCFWEK.

Comment le centre communautaire francophone fonctionne-t-il en synergie avec le Carrefour communautaire francophone ?

Le Carrefour francophone abrite les deux conseils scolaires de la région, l’ACFO, le journal Le Rempart, nos bureaux du CCFWEK, une consultante en immigration agréée par l’IRCC, l’Université d’Ottawa, et d’autres associations locataires. On est de plus en plus à l’étroit. D’ailleurs, un de nos projets serait de s’agrandir et de créer un vrai petit quartier francophone dans le futur sur l’avenue Ouellette où nous sommes situés.

Le Carrefour, qui n’est pas une entité morale, a été créé en 2020 par le CCFWEK. Il y a une distinction à faire entre le CCFWEK et Services communautaires, qui est l’entité qui gère le Carrefour francophone, les locataires francophones, etc.

Le nouveau monument de la francophonie se trouve au bord de la rivière Détroit. Le canot vert et blanc, œuvre de l’artiste local Danny Maltais, symbolise l’histoire et la résilience des francophones durant plus de trois siècles dans la région. Photo : Sandra Padovani/ONFR

Le monument inauguré en présence d’Andrew Dowie, député de Windsor-Tecumseh (au centre), Gisèle Dionne, ancienne directrice générale de l’ACFO WECK (à droite), et, à sa droite Yasmine Joheir. Photo : gracieuseté ACFO-WECK

Photo : Sandra Padovani/ONFR

En 2024, nous avons été choisis par l’AFO pour une planification stratégique régionale, nous avons ainsi un comité de pilotage.

J’ai demandé un financement de Patrimoine Canada, pour que, dans les cinq ans à venir, Carrefour communautaire francophone devienne une entité morale, un quartier francophone avec un côté communautaire avec le CCFWEK, un côté politique avec l’ACFO, dont c’est le mandat, et ainsi amalgamer les conseils d’administration pour harmoniser et mutualiser nos services.

D’où viennent les francophones de la région du sud-ouest ?

Il y a des Franco-Ontariens et des Québécois d’origine, mais c’est une population qui tend à être vieillissante. La francophonie est ici diversifiée, en provenance du Moyen-Orient, d’Afrique. Le coût de la vie, plus abordable que dans les grands centres urbains, a beaucoup encouragé les gens à venir s’y installer. L’enjeu n’est pas tant dans l’attraction de la Ville de Windsor, mais dans la rétention des jeunes. Il faudra selon moi y travailler à l’avenir.

Où la communauté francophone se retrouve-t-elle ici à Windsor ?

Le CCFWEK et le Carrefour communautaire francophone, sont des centres névralgiques de la francophonie, mais on programme de nombreuses activités tout au long de l’année, notamment sur la culture canadienne, pour que les nouveaux arrivants comprennent ce qu’est être canadien.

Nous organisons le French Part’eh autour du 25 septembre, Jour des Franco-Ontariens, mais également le festival de la Saint-Jean, le festival de la Poutine, le grand partage, qui est une campagne de collecte de dons, deux « cordes à linge » par année, des collecte et vente de vêtements de seconde main qui peuvent attirer jusqu’à 500 personnes par jour au centre. »

1981 : Naissance à Dakar au Sénégal

2006 : Arrivée à Windsor, un tournant décisif de son parcours

Entre 2012 et 2014 : Naissance de ses deux garçons

2023 : Elle devient directrice générale du Centre communautaire francophone de Windsor-Essex-Kent (CCFWEK)

25 septembre : Jour des Franco-Ontariens, date édifiante dont elle a compris l’importance en arrivant à Windsor.

Michel Dignard (UFCO) : « Des prix trop bas, des récoltes trop faibles »

Michel Dignard est vice-président de l’Union des cultivateurs franco-ontariens (UFCO) et producteur agricole à Embun dans l’Est ontarien.

La rareté des précipitations a affecté les agriculteurs de l’Est ontarien, entraînant une chute de près de 50 % des récoltes de soya et accentuant la fragilité économique des fermes franco-ontariennes.

Faute de revenus suffisants, cette conjoncture met en péril la capacité des fermes à investir et à planifier l’avenir.

«  Comment se portent les agriculteurs dans l’Est ontarien?

Les producteurs sont déçus. La récolte de soya est environ 45 % plus basse que d’habitude, faute de pluie en août. Ce n’est pas bon signe. Pour le maïs, on garde encore un certain optimisme, mais du côté laitier, il y a beaucoup d’inquiétudes.

Quelles sont ces inquiétudes du côté laitier?

C’est lié aux négociations commerciales. Le gouvernement canadien a déjà accordé une part de marché supplémentaire aux États-Unis dans le cadre de l’ACEUM. Mais là, on entend dire qu’Ottawa pourrait rouvrir la porte à encore plus de produits laitiers américains sur nos tablettes. Offrir de nouvelles concessions alors qu’une loi protège la gestion de l’offre n’a pas d’allure. Même si rien n’est encore décidé, le simple fait d’en discuter inquiète fortement nos producteurs.

Malgré tout, l’automne se déroule bien?

Oui, l’automne est très beau. Les conditions sont idéales pour la récolte du soya, qui est en cours. Mais globalement, c’est une saison difficile. Le manque de pluie en août a réduit les rendements, et cela aura un impact direct : les projets d’investissement des fermes seront reportés, faute de revenus suffisants.

Michel Dignard, vice-président de l’Union des cultivateurs franco-ontariens, déplore une saison marquée par la sécheresse et la baisse des prix agricoles. Photo : Mickaël Laviolle/ONFR

Qu’en est-il des prix du maïs et du soya?

Ils sont plus bas que d’habitude. Même si nos récoltes sont faibles, les prix se fixent à Chicago, et aux États-Unis, les récoltes de maïs et de soya sont excellentes. Ça fait pression sur les prix. Résultat : on récolte moins, et l’on vend moins cher. Ce n’est vraiment pas un bon mélange.

Est-ce que les tarifs douaniers vous affectent aussi?

Oui, énormément. Les tarifs sur l’acier ont fait doubler le prix des pièces de machineries agricoles en un an. Avant, on envoyait du fer aux États-Unis et l’on recevait des pièces; maintenant, il y a des tarifs dans les deux sens. Ça complique la vie des agriculteurs. On achète le strict minimum de pièces et l’on espère que les gouvernements vont régler ce problème, car aujourd’hui, il n’y a rien de bon pour les producteurs canadiens.

Existe-t-il un soutien gouvernemental?

Non. Du côté du gouvernement (fédéral), c’est 0 % d’aide pour l’Est ontarien actuellement. La seule option, c’est l’assurance récolte, qui compense un peu quand les rendements sont trop bas. Mais ça couvre seulement les dépenses de l’année; ça n’apporte pas de marge pour investir.

Quel rôle joue l’UFCO dans ce contexte?

Nous n’avons pas de programmes financiers directs, mais nous orientons les producteurs vers les ressources disponibles, que ce soit en matière d’assurance ou de soutien psychologique. Nous venons aussi d’organiser une soirée de la relève agricole : 4 bourses de 1000 $ et une bourse de 6000 $ ont été attribuées à de jeunes agriculteurs. Plus de 90 personnes étaient présentes. Par ailleurs, l’Union est en bonne santé et continue de représenter les agriculteurs francophones partout en Ontario. »

Changement d’heure : Lalonde dépose un projet de loi pour pousser son gouvernement à l’abolir

OTTAWA — La députée d’Orléans, Marie-France Lalonde, s’apprête à déposer un projet de loi à Ottawa avec pour but de mettre fin au changement d’heure au Canada.

« Il est temps de changer le changement d’heure », a lancé l’élue libérale, alors accompagnée de professeurs universitaires et scientifiques jeudi au Parlement.

La députée franco-ontarienne a présenté son projet de loi, qui sera déposé la semaine prochaine à la Chambre des communes. Le libellé ne demanderait pas explicitement d’abolir le changement d’heure, car le fédéral n’a pas juridiction dans ce domaine. Il demanderait plutôt au gouvernement de lancer une consultation pancanadienne dans le but d’établir une heure fixe dans tout le pays, a-t-elle annoncé.

Au Canada, seuls la Saskatchewan et le Yukon ne changent pas d’heure deux fois dans l’année. Le reste du pays modifie son horloge en mars et en novembre chaque année. Le projet de loi forcerait le gouvernement à consulter les acteurs économiques, ceux de la santé ainsi que les provinces et territoires pour mettre fin à cette pratique.

« Je pense qu’il y a un consensus au sein de ces gens-là que l’abolition (du changement d’heure) serait une bonne idée et c’est pour ça que je demande que le fédéral joue un rôle clé pour amener une discussion avec tous les acteurs, en écoutant la science et en se basant sur les données », affirme la députée de la région d’Ottawa en conférence de presse.

« Pour moi, il est temps d’avoir une conversation qui n’est plus individualisée par province et d’amener un genre de consensus canadien où on peut ramener tous ces gens ensemble… Je veux amener une unité canadienne sur l’abolition du changement d’heure », plaide-t-elle.

En novembre 2020, l’Ontario a adopté un projet de loi visant à mettre fin au changement d’heure semestriel, plaçant ainsi la province à l’heure d’été de façon permanente. Bien que le projet de loi ait reçu la sanction royale, il n’a pas encore été promulgué, car il était conditionnel à ce que l’État de New York et le Québec procèdent au même changement. Et c’est là que le fédéral a un rôle à jouer, croit Marie-France Lalonde.

« Je pense que le Canada peut jouer un rôle de chef de file dans ce domaine comme dans bien d’autres et créer un précédent qui permettra à d’autres de suivre notre exemple », souligne la députée libérale.

Heure normale ou avancée?

Un sondage de la firme Narrative Research indiquait en 2020 que 85 % des Ontariens se disaient en faveur de l’abolition du changement d’heure. De plus, selon le Consortium canadien de recherche sur le sommeil, le changement d’heure donne lieu à une augmentation des crises cardiaques, des accidents vasculaires cérébraux, de certaines infections et maladies immunitaires, etc.

85 % des Canadiens seraient d’accord avec l’idée d’abolir le changement d’heure, selon un coup de sonde de la firme Narrative Research. Source : Canva

La difficulté réside plutôt dans le choix à faire entre l’heure normale et l’heure avancée, selon Marie-France Lalonde.

« C’est plus sensible. Comme politicien et gouvernement, ce n’est jamais facile de prendre une décision. Avec toutes les données qu’on a maintenant (je suggère) qu’on essaie », lance-t-elle.

« Ce n’est pas à moi de dire quoi faire, mais si on pouvait consolider ça au niveau canadien et l’essayer, peut-être pendant trois ans, ça permettrait de voir l’impact. »

« Ça fait 117 ans qu’on en parle, poursuit-elle. Jamais aucune action n’a vraiment été fait. Je dépose un projet de loi dans l’espoir de mener à une action concrète. »

Le 2 novembre prochain, la majorité des Canadiens reculeront l’heure pour passer à l’heure normale.

Air Canada s’attire la colère des Acadiens

Le transporteur aérien Air Canada s’attire les foudres de la Société de l’Acadie du Nouveau-Brunswick (SANB) qui a déposé une plainte au Commissariat aux langues officielles contre ce dernier l’accusant de violer la Loi sur les langues officielles au fédéral.

Air Canada a annoncé le 19 septembre qu’il suspendait son service à Bathurst dans le Nord de la province à partir du 30 janvier 2026, laissant ainsi l’aéroport régional sans transporteur aérien. La Société de l’Acadie du Nouveau-Brunswick (SANB) considère que cette décision viole les obligations linguistiques de la compagnie aérienne.

L’organisme de défense des droits des Acadiens s’appuie sur un article de la Loi sur les langues officielles qui oblige les institutions fédérales à « prendre des mesures positives pour appuyer le développement des communautés francophones et à éviter que leurs décisions structurantes n’aient des impacts négatifs », étale la SANB.

« On estime à plus de 170 000 personnes et près de 5 500 entreprises, dans un rayon d’à peu près une heure, soit 76 % de la population qui est francophone. Ça a donc un gros impact sur l’économie de cette région-là de fermer le service aérien », explique la présidente de la SANB, Nicole Arseneau-Sluyter.

Air Canada cite « des raisons de viabilité commerciale » pour expliquer la fin du service dans la région en bordure de la baie des Chaleurs.

« Air Canada est assujettie à la Loi sur les langues officielles et pas les autres transporteurs. Air Canada a des responsabilités envers la minorité et cette région, notamment au niveau de l’économie », poursuit la présidente de l’organisation acadienne.

Cette dernière encourage les entreprises et municipalités « à faire la même chose », en portant plainte contre Air Canada au chien de garde des langues officielles au fédéral. L’article de la Loi sur les langues officielles, que cite la SANB dans sa plainte, a été fortement modifié lors de la modernisation de la Loi sur les langues officielles en 2023. 

« Nous on questionne cet article-là (…) Je pense qu’on est d’ailleurs les premiers à faire une plainte sur cet article », avance Nicole Arseneau-Sluyter.

Nicole Arseneau-Sluyter est la présidente de la SANB. Photo : Gracieuseté SANB

En plus de Bathurst, Air Canada mettra fin à son service à l’aéroport de North Bay. Le transporteur aérien avait aussi annoncé dans la foulée qu’il allait augmenter de 50 % le nombre de places et faire passer de deux à trois les vols quotidiens de Sudbury à Toronto dès le 1er février 2026.

De nombreuses plaintes dans les dernières années

Ce n’est pas la première fois qu’une plainte concernant Air Canada se retrouve devant le Commissariat aux langues officielles dans les dernières années. Toujours au sujet d’Air Canada, lors du dépôt de son rapport annuel en juin dernier, le commissaire Raymond Théberge, avait indiqué que le respect des langues officielles chez Air Canada « est un problème qui va perdurer » et que l’entreprise se retrouvait année après année avec un « nombre important de plaintes ».

En 2021-2022, c’est un raz de marée de plaintes qui avait touché l’entreprise fédérale après que son PDG Michael Rousseau s’était félicité de ne pas avoir besoin de parler français malgré plusieurs années à vivre à Montréal.

En 2022-2023, 276 plaintes concernaient directement Air Canada, un nombre trois fois supérieur à sa moyenne sur une décennie, avait étalé Raymond Théberge dans son rapport annuel.

Il y a près d’une décennie, l’ancien commissaire Graham Fraser avait consacré un rapport spécial au transport aérien déclarant que « force est de constater qu’après 45 ans, les mêmes problèmes se répètent ».

Casselman veut attirer les immigrants francophones dès leur pays d’origine

À travers le lancement de son Comité local en immigration francophone (CLIF) ce mercredi 1er octobre, la ville de Casselman entend se positionner comme Communauté francophone accueillante, capable d’attirer et de retenir de nouveaux arrivants dans la région de Prescott-Russell.

Inviter les immigrants francophones directement de leur pays d’origine. L’objectif de Casselman d’ici 2028 est clair pour soutenir sa croissance et celle de la région de Prescott et Russell. 

« Nous sommes une communauté bilingue, à forte proportion francophone, qui cherche à maintenir ses effectifs, et l’immigration est un puissant levier », affirme Paul Groulx, conseiller municipal, rappelant qu’environ mille emplois sont à combler dans la région.

« Un grand besoin de main-d’œuvre se fait sentir dans toute la région de Prescott-Russell. Casselman est une municipalité à majorité francophone et se trouve également dans une forte poussée de croissance socioéconomique », renchérit son collègue Sylvain Cléroux.

Les atouts d’une ville carrefour

Située à 40 minutes d’Ottawa, à une heure de Montréal et sur l’axe routier qui mène à Toronto et aux États-Unis, Casselman met de l’avant plusieurs arguments : coût de la vie raisonnable, variété d’emplois, capacité d’accueil.

« Nous avons plusieurs projets immobiliers sur le point de se concrétiser, ce qui permettra de construire plusieurs centaines de maisons », fait valoir Paul Groulx.

La municipalité revendique un équilibre entre modernité et cadre rural. « Nous avons toutes les commodités d’une grande ville — commerces, Internet haute vitesse, accès à l’autoroute, proximité des grands centres — tout en demeurant accessibles en taille et en coûts », ajoute-t-il.

L’ouverture d’un centre de distribution de pièces automobiles Ford a déjà attiré plus d’une centaine de résidents venus de la région de Toronto, désormais établis à Casselman.

Selon Paul Groulx, conseiller municipal, Casselman mise sur l’immigration francophone pour combler les besoins en main-d’œuvre. Gracieuseté

Mais, pour l’instant, la priorité demeure d’attirer des familles et des individus installés à Ottawa, Gatineau ou Toronto, « qui cherchent une communauté plus rurale, plus petite et plus abordable pour élever leur famille ou développer leur entreprise », précise Paul Groulx.

Vers une Communauté francophone accueillante

Dans cette optique, le conseil municipal a adopté à l’unanimité, fin mai, un plan stratégique pour faire de Casselman une Communauté francophone accueillante (CFA).  « Lorsque nous aurons la désignation de Communauté francophone accueillante, nous pourrons inviter les immigrants directement de leur pays d’origine à Casselman », rappelle M. Groulx.

Première étape : le lancement officiel, ce 1er octobre, du Comité local en immigration francophone (CLIF) de Casselman. Un forum réunissant plus d’une cinquantaine de participants doit y identifier les opportunités d’affaires et les besoins de la collectivité pour mieux accueillir les nouveaux arrivants.

Lorvenson Larose du RSIFEO voit dans le CLIF un outil clé pour attirer une main-d’œuvre francophone (bilingue) qualifiée dans la ville. Gracieuseté

« Le CLIF est une table de concertation, un espace de dialogue, de co-planification et de mise en œuvre de projets en matière d’immigration », explique Lorvenson Larose, coordonnateur aux communications du Réseau de soutien à l’immigration francophone de l’Est de l’Ontario (RSIFEO). Impliqué dans l’organisation du CLIF de Casselman, le réseau joue aussi un rôle clé dans la promotion des villes de la région comme destinations d’immigration francophone.

« La mise sur pied de ce genre d’initiative permettra de préserver la culture franco-ontarienne tout en favorisant l’inclusion et la diversité. La francophonie est un pilier important de l’identité de Casselman. Sa croissance et sa vitalité sont notre responsabilité collective », soutient Sylvain Cléroux.

Sylvain Cléroux, conseiller municipal de Casselman, voit dans le lancement du CLIF, une étape clé pour passer à l’action et mieux accueillir les nouveaux arrivants. Gracieuseté

Des défis à relever

L’arrivée de nouveaux résidents devra toutefois être arrimée aux besoins du marché du travail. « Être une communauté francophone accueillante signifie accueillir, mais aussi retenir ces familles ici », souligne Caroline Arcand, directrice générale du Centre de services à l’emploi de Prescott-Russell.

Constatant déjà « une diminution du fait français dans ce village francophone », elle insiste sur l’importance d’accroître la population francophone pour maintenir la langue. « Nous travaillons déjà avec les commerçants et des groupes locaux pour favoriser l’inclusion des nouveaux arrivants et des personnes racialisées », ajoute-t-elle.

Caroline Arcand, directrice générale du Centre de services à l’emploi de Prescott-Russell, insiste sur l’importance d’accroître la population francophone pour maintenir la langue. Gracieuseté

Ces enjeux d’intégration s’ajoutent à des besoins concrets en matière de services et d’infrastructures. « Dans notre plan stratégique, nous avons trois piliers : infrastructures, bien-être communautaire et service à la clientèle. Sous le pilier bien-être, nous voulons développer des attraits comme le nouveau parc et le sanctuaire d’oiseaux, ou encore fournir des espaces communautaires favorisant des modes de vie actifs pour tous les âges », indique Paul Groulx.

En matière de santé, la municipalité reconnaît des besoins pressants. « Nous travaillons avec le gouvernement de l’Ontario et l’Association médicale de l’Ontario pour attirer des équipes de santé et des médecins à Casselman », précise-t-il.

Une vision inclusive

« En tant que mairesse, mon leadership repose sur la confiance, la transparence et la création d’occasions pour que chacun trouve sa place », résume Geneviève Lajoie, mairesse de Casselman. Pour elle, soutenir l’initiative Communauté francophone accueillante s’inscrit parfaitement dans cette vision. « Mon objectif est de faire de Casselman un lieu où les nouvelles familles, qu’elles soient francophones, anglophones ou issues d’autres cultures, se sentent soutenues et encouragées à contribuer à la vie communautaire », assure-t-elle. 

Lajoie
Geneviève Lajoie, mairesse de Casselman, veut faire de sa municipalité un lieu inclusif et accueillant pour toutes les familles. Photo : Stéphane Bédard / ONFR

Le CLIF de Casselman s’ajoute à ceux déjà mis sur pied dans d’autres villes comme Ottawa, Kingston et Cornwall. « Notre objectif est que chaque municipalité intéressée puisse avoir son CLIF pour travailler sur ses défis spécifiques », explique Lorvenson Larose du RSIFEO.

Aujourd’hui, on compte 24 Communautés francophones accueillantes au Canada, dont 10 nouvelles. Devenir Communauté francophone accueillante permet aussi aux municipalités de bénéficier d’un financement d’Immigration, Réfugiés et Citoyenneté Canada (IRCC).

« Les efforts déjà amorcés par des municipalités comme Casselman leur permettront de mieux se positionner si le projet s’amplifie après 2028 », conclut M. Larose.

Garderies à 10 $ par jour : l’Ontario doit revoir sa copie pour atteindre ses cibles, selon la VG

TORONTO – 80 500 places en garderies sont toujours vacantes ou non disponibles, bien que les objectifs fixés dans le cadre du programme des garderies à 10 $ visent mars 2026 pour permettre l’atteinte d’un tel objectif. Or, un nouveau rapport de la Vérificatrice générale de l’Ontario remet en question la bonne gestion du dossier, relevant « une inefficacité des systèmes et procédures en place ».

Dans le cadre de l’Accord sur l’Apprentissage et garde des jeunes enfants (AGJE) signé entre l’Ontario et le Canada, la province a reçu 10,23 milliards de dollars sur 5 ans pour réduire les frais de garde d’enfants de moins de six ans pour les familles de l’ordre de 10 $ par jour – auparavant estimé à 48 $ par jour pour les familles.

Le cadre pour l’accès et l’inclusion de l’Ontario de l’AGJE stipule d’ailleurs que la province doit « atteindre ou dépasser la proportion de places francophones proportionnellement à la population francophone en Ontario » d’ici mars 2026.

Différentes constatations émergent du rapport spécial du Bureau de la vérificatrice générale sur le Programme pancanadien d’apprentissage et de garde des jeunes enfants, parmi lesquelles : sur son objectif d’ajouts de place, le gouvernement n’a ouvert que 75 % des places en services de garde par rapport à sa cible.

En parallèle, le nombre d’inscriptions aux services de garde d’enfants a aussi diminué de 31 % parmi les familles à faible revenu recevant une subvention pour frais de garde.

La baisse des frais, qui a entrainé une augmentation globale des demandes, a rendu difficile l’accès aux familles prioritaires (ayant droit à une subvention), souligne la VG, Shelley Spence.

Celle-ci recommande une évaluation des progrès effectués en matière de création de places en garderie et des résultats associés à son Cadre pour l’accès à l’inclusion, avec la mise en œuvre de mesures correctives, de même qu’une analyse des causes de la diminution des inscriptions des enfants admissibles.

80 500 places vacantes ou indisponibles

En outre, la vérificatrice générale relève que des centres fonctionnent en dessous de leur pleine capacité. 80 500 des places de garde (27 %) sont vacantes ou pas offertes par les exploitants.

« Nous avons constaté que le ministère (de l’Éducation) n’avait pas fait un suivi suffisant du nombre de places inoccupées afin de cerner et de régler les problèmes et enjeux systémiques à l’origine de la sous-utilisation des places », note le rapport.

Par ailleurs, celui-ci conclut que le ministère n’a pas recueilli de données sur les listes d’attente afin de comprendre les tenants et aboutissants de la variation de la demande de services de garde dans la province. Tous les gestionnaires de système de services (GSS) n’ont pas de système centralisé de gestion des listes d’attente, menant à de gros écarts sur les listes d’attente.

« Le ministère devrait examiner le plan actuel et réviser au besoin afin de s’assurer d’atteindre l’objectif consistant à ramener à 10 $ par jour d’ici mars 2026 les frais de garde payables par les parents, ce qui requiert le suivi du nombre d’enfants ayant une place subventionnée et du nombre de familles qui paient le plein montant des frais de garde. »

Source : Capture du rapport 2025 du Programme pancanadien d’apprentissage et de garde des jeunes enfants

L’accord, qui prend fin le 31 mars 2026, fait actuellement office de négociation en vue d’être possiblement prolongé pour une durée de cinq ans. Avec un manque de fonds estimé à 1,95 milliard de dollars en 2026-2027, sa viabilité est « entourée d’incertitude », indique la VG.

En plus de ne pas avoir atteint sa cible de 60 % minimum d’éducateurs de la petite enfance inscrits (EPEI) au sein du personnel des services de garde (58,9 %), « le ministère n’a pas établi d’objectifs de rendement clairs (…) pour la main-d’œuvre du secteur de la garde d’enfants », poursuit Shelley Spence.

Le bureau de la VG estime que 10 000 EPEI supplémentaires seraient nécessaires d’ici décembre 2026.

Un programme de Fonds de développement des compétences « corrompu »

Un autre rapport spécial, publié ce même jour, a analysé l’attribution du Fonds de développement des compétences (FDC) du ministère de Travail, de l’Immigration, de la Formation et de Développement des compétences.

Plus de 1,3 milliard de dollars ont été versés au cours des 5 premières rondes du FDC à des projets novateurs, à visée de croissance économique.

Le rapport de la vérificatrice générale Shelley Spence révèle que « dans 54 % des cas, le cabinet du ministre a choisi de financer les demandes classées aux rangs médiocre, faible et moyen, plutôt que les demandes au rang élevé (soit 670 qui n’ont pas été sélectionnées) ».

Un total de 742 millions de dollars a ainsi été attribué à ces candidatures moins recevables. Le rapport précise que le ministère en question a accepté les recommandations du bureau de la VG, mais l’opposition n’a pas tardé à réagir.

Marit Stiles, la cheffe du NPD de l’Ontario, parle de « corruption » et de « délit d’initiés ». Elle appelle le gouvernement Ford à garantir que chaque dollar du FDC profitera aux travailleurs, après que la vérificatrice générale a tiré la sonnette d’alarme sur le processus :

« L’Ontario traverse une crise de l’emploi alimentée par Doug Ford. Au lieu d’aider les 800 000 Ontariens sans emploi, Ford retire de l’argent aux travailleurs qui en ont le plus besoin. Nous l’avons vu avec la Ceinture de verdure, nous l’avons vu avec la Place de l’Ontario, et nous le voyons encore aujourd’hui. Ce gouvernement n’a aucun respect pour l’argent des contribuables. »

« Si vous êtes riches et bien connectés, vous êtes privilégiés. Ça ressemble à de la fraude et à une affaire d’extorsion. Si on creuse plus, on trouvera plus de preuves », a avancé le député libéral et chef du caucus en chambre John Fraser.

Le leader du Parti vert Mike Schreiner a lui qualifié le programme de fonds de développement de compétences de « corrompu par le gouvernement Ford ».  

Mise à l’arrêt de Kap Paper : la communauté se mobilise dans le Nord

KAPUSKASING – Des élus et des centaines de citoyens se sont mobilisés mercredi matin à Kapuskasing pour exiger l’intervention immédiate des gouvernements afin d’empêcher la fermeture définitive de l’usine de pâte et papiers Kap Paper. La fermeture de l’usine a fait écho à Ottawa, le gouvernement de Mark Carney précisant que des rencontres se tiennent ce mercredi avec la direction de Kap Paper. 

Au lendemain de l’annonce de la mise à l’arrêt de l’usine, plusieurs élus municipaux du Nord de l’Ontario, le député provincial Guy Bourgouin et plusieurs centaines de citoyens se sont retrouvés devant la gare pour réclamer des actions concrètes des gouvernements provincial et fédéral.

Cette conférence intervient alors que Washington avait annoncé, mardi soir, des droits de douane de 10 % sur les importations de bois d’œuvre, qui s’ajoutent aux taxes punitives de 35 % déjà imposées aux producteurs canadiens.

Le maire de Kapuskasing, Dave Plourde, a souligné l’importance historique et économique de l’usine, implantée dans la région depuis 105 ans et qui assure près de 2500 emplois directs et indirects. 

« Kap Paper a traversé des guerres, des récessions et même la pandémie. Ce qui nous met aujourd’hui en péril, ce n’est pas le manque de compétitivité, mais l’incapacité du gouvernement provincial et fédéral à s’entendre pour soutenir temporairement nos opérations », a-t-il déclaré.

Selon lui, la solution est claire : un prêt de trois mois du gouvernement ontarien, le temps d’obtenir un financement fédéral plus durable. 

« Les deux paliers de gouvernement se renvoient la balle. Pendant ce temps, nos familles, nos hôpitaux, nos écoles et nos routes dépendent des revenus générés par Kap Paper et GreenFirst. Nous n’avons pas le luxe d’attendre », presse Dave Plourde.

Plusieurs centaines de personnes étaient présentes pour l’événement. Photo : Remi Dumais Média

De son côté, Kap Paper soutient avoir interpellé le fédéral pour obtenir de l’aide financière via le Fonds d’intervention stratégique, mais malgré « des réponses initiales positives, le calendrier ne semble pas permettre de trouver une solution immédiate pour maintenir l’usine en activité », pouvait-on lire dans un communiqué paru ce lundi. Une rencontre entre la direction de Kap Paper, sa société mère Produits forestiers GreenFirst et la ministre de l’Industrie, Mélanie Joly, était prévue mercredi après-midi.

« Nous agissons en faveur des travailleurs et de la direction de Kap Paper, qui tiennent aujourd’hui des réunions de travail avec la ministre de l’Industrie, Mélanie Joly, et d’autres représentants du gouvernement », a affirmé le premier ministre Mark Carney mercredi, à la période des questions, en réponse à une question du chef conservateur Pierre Poilievre sur les pertes d’emplois le long de la Route 11.

« Réveille-toi, Ford »

Le député néo-démocrate de Mushkegowuk–Baie James, Guy Bourgouin, a lui aussi pris la parole pour dénoncer ce qu’il appelle un « abandon des travailleurs du Nord » et il n’a pas caché sa vive émotion devant la nouvelle.

« La fermeture de Kap Paper n’est pas seulement une affaire d’entreprise. C’est l’avenir de Kapuskasing, du Nord et des familles qui ont bâti cette région. Nous avons déjà prouvé qu’en mettant les querelles politiques de côté, on pouvait sauver nos emplois », a-t-il lancé, en référence au sauvetage de l’usine Spruce Falls au début des années 1991.

Appelant le premier ministre Doug Ford à « tenir sa promesse de protéger l’Ontario », M. Bourgouin a insisté : « Ils nous ont abandonnés. Nos travailleurs et nos familles méritent des actions, pas des mots vides. Réveille-toi, Ford. »

Le maire de Hearst, Roger Sigouin, a rappelé les précédentes batailles menées contre les fermetures d’usines, notamment celle de Columbia Forest Products il y a quinze ans. 

« Chacun d’entre nous, politiciens, du niveau local jusqu’au sommet, vous avons déçus, et nous devons tous en assumer la responsabilité »
— Peter Politis

« J’avais mentionné, à l’époque, au représentant américain de cette compagnie : ‘vous allez voir une gang de Français se battre pour l’usine’. Columbia Forest Products est aujourd’hui l’usine la plus performante pas seulement à Hearst, mais en Amérique aussi », a-t-il lancé.

Et d’ajouter : « On est ici pour se battre. Ce n’est pas la première bataille qu’on mène avec les gouvernements et, excusez-moi de le dire, les activistes. Aujourd’hui, c’est encore l’industrie forestière qui est frappée. Mais pourquoi? Laissez-nous tranquilles. »

Un appel à l’unité

Des membres du syndicat UNIFOR et des employés de GreenFirst, étaient également présents. La veille, GreenFirst avait indiqué qu’elle réduisait temporairement les activités de ses scieries à Kapuskasing, Hearst et Cochrane afin d’examiner ses prochaines étapes.

« La partie la plus décevante pour moi, c’est que chacun d’entre nous, politiciens, du niveau local jusqu’au sommet, vous avons déçus, et nous devons tous en assumer la responsabilité. Depuis 2008, 65 scieries ont fermé leurs portes et nous sommes passés de 24 millions de mètres cubes récoltés par an à seulement 10 millions. J’ai honte de n’avoir pas pu changer les choses mais ça doit s’arrêter aujourd’hui », s’est exprimé le maire de Cochrane, Peter Politis. 

Ce dernier a invité la foule – composée de travailleurs forestiers, d’élèves sortis de l’école pour l’occasion et de familles venues en solidarité – à se donner la main. 

Luc Léonard, maire du canton de Moonbeam, Marc Dupuis, maire de la municipalité de Mattice-Val Côté et Madeleine Tremblay, mairesse du canton de Fauquier–Strickland étaient également présents. Photo : Remi Dumais Média

Plusieurs centaines d’élèves étaient présents pour l’événement, a indiqué le directeur de l’éducation et le secrétaire-trésorier du Conseil scolaire catholique des Grandes Rivières, Jérémie Lepage, qui a insisté sur l’impact humain et éducatif de la fermeture.

« Ce sont nos parents, nos amis et nos proches qui travaillent au moulin. La fermeture d’un pilier de notre communauté se répercute dans toute la maison. Nous formons les jeunes à devenir la main-d’œuvre de demain, et nous resterons aux côtés des travailleurs et de leurs familles pour assurer la survie du moulin. » 

Une crise régionale

« La fermeture de l’usine de Kapuskasing n’est pas seulement un défi local, c’est une crise régionale. La foresterie est au cœur de nos communautés, et cette décision met en péril la stabilité de nombreuses villes et Premières Nations du Nord-Est de l’Ontario », a ajouté Joanne Baril, mairesse de Val Rita–Harty demandant aux gouvernements de « revenir à la table ».

« Nous en sommes à la deuxième période », a illustré Dave Plourde à l’aide d’une métaphore en fin de conférence.

« Il faut maintenant que l’autre équipe revienne sur la glace pour que nous puissions nous battre et protéger nos emplois et notre communauté. Nous avons besoin de l’engagement des gouvernements pour que ce match ne se termine pas par la fermeture de l’usine. »

« Nous n’allons pas nous arrêter avant de gagner ce combat et nous le gagnerons! », a‑t‑il conclu, en invitant les participants à envoyer massivement des lettres aux gouvernements « afin de les agacer ».

Avec les informations de Pascal Vachon.

Ottawa perd un site de consommation supervisée

Faute d’autorisation du gouvernement ontarien, Santé publique Ottawa (SPO) doit mettre fin dès aujourd’hui, ce 1er octobre 2025, à son centre de services de consommation supervisée (SCS) au 179, rue Clarence.

Le ministère de la Santé de l’Ontario n’a pas accordé l’autorisation préalable nécessaire pour demander un renouvellement d’exemption à Santé Canada, comme l’exige désormais la Loi sur les soins et le rétablissement en milieu communautaire adoptée en 2024 par la province, déplore SPO sur son site.

Selon Santé publique Ottawa, ces espaces offrent aux usagers un environnement sécuritaire où la consommation est encadrée par des professionnels, dans le but de prévenir les surdoses. Dans une note de service envoyée aux élus de la Ville, Trevor Arnason, médecin chef en santé publique à la SPO, a fait part de sa déception et préoccupation face à « l’impact que cette fermeture aura sur les résidents qui dépendent de ces services importants ».

Des services maintenu

Par ailleurs, malgré cette fermeture, SPO indique qu’elle continuera d’offrir du lundi au vendredi sur son site de la rue Clarence, plusieurs services cliniques et de réduction des méfaits.

Il est question des services de distribution de matériel stérile, formation et distribution de trousses de naloxone à emporter, dépistage et traitement des ITSS, orientation et navigation dans le système de soins. Aussi les services de fourgonnette mobile pour la réduction des méfaits de SPO ne seront pas affectés et leur prestation se poursuivra 7 jours sur 7, de 17 h à 23 h 30, ajoute Trevor Arnason.

Depuis son ouverture en 2017, le site a enregistré près de 33 000 visites. Rien qu’en 2024, il a accueilli 3546 usagers, pris en charge 27 surdoses non mortelles et orienté plus de 2000 personnes vers des services de santé mentale, de traitement ou de soutien social.

Avec cette fermeture, il ne restera plus que deux centres de consommation supervisée à Ottawa. La SPO soutient ne recevoir aucun financement de la part du ministère de la Santé de l’Ontario et de Santé Canada pour ses services de consommation supervisée. Par ailleurs, aucun employé ne sera mis à pied en raison de la fermeture du service; les ressources en effectif seront réaffectées à des services de sensibilisation dans la communauté, assure la SPO.

L’Ontario accueille un congrès pancanadien sur l’éducation francophone

Ce jeudi, la province accueillera ateliers, remises de prix et échanges de ressources entre les acteurs de la communauté éducative francophone du pays. « Le but du congrès est de fournir du matériel pour les écoles en collaboration avec les universités francophones, pour que les jeunes puissent vivre leur propre construction identitaire », explique le Néo-Brunswickois Marcel Larocque, qui préside l’ACELF depuis cinq ans.

Ce dernier explique qu’en ayant lieu dans une province comme l’Ontario qui compte de nombreuses communautés francophones en situation minoritaire, ce rassemblement permet de rallier les acteurs de la région aux discussions pancanadiennes relatives aux enjeux éducatifs, en y soulignant l’expertise franco-ontarienne locale.

« Que l’on vienne de la péninsule acadienne du Nouveau-Brunswick, ou de Gravelbourg en Saskatchewan, ou encore du centre-ville de Toronto, les trois écoles francophones n’ont pas les mêmes réalités, mais les défis sont souvent les mêmes », indique le président.

Marcel Larocque (à droite) a succédé à Anne Vinet-Roy à la présidence de l’ACELF en 2020. Photo : Gracieuseté d’Annie Côté.

En représentant l’ouest du pays, l’Ontario, le Québec et le Canada atlantique, l’ACELF demeure l’un des seuls organismes en éducation incluant autant de provinces et de territoires.

« En allant de région en région et en discutant de pédagogie et de francophonie, chacun apporte de son milieu et ça permet de voir ce qui se fait dans telle ou telle localité », poursuit-il.

Ce dernier note que cela donne une meilleure possibilité pour les enseignants des écoles avoisinantes de s’y présenter : «  Notre but, c’est que ça retourne vers les écoles, vers les enfants, vers les élèves, puis ça donne des idées, afin de renforcer leur propre construction identitaire. »

Cette année, les Franco-Ontariens assureront la présentation de près de la moitié des ateliers, avec les conseils scolaires Viamonde et MonAvenir comme principaux partenaires, marquant ainsi la forte présence de l’Ontario français au congrès.

Le Québec, Manitoba et l’Île-du-Prince-Édouard figurent parmi les listes où les éditions précédentes du Congrès se sont déroulées. Photo : Gracieuseté de Annie Côté.

Mettre l’accent sur l’IA

L’un des thèmes soulignés cette année insiste sur le tournant numérique avec l’intelligence artificielle (IA) au cœur des défis éducatifs en milieu francophone.

«  Comment utiliser l’intelligence artificielle vers l’apprentissage, comment adapter l’aspect technologique et apprivoiser les nouvelles méthodes d’enseignement? », observe M. Larocque.

Selon la conseillère pédagogique Laurie Couture, l’IA constitue un allié important à l’éducation francophone dans la mesure où son utilisation demeure surveillée. En effet, l’IA offre l’opportunité d’enrichir l’enseignement du français en contexte minoritaire selon elle, ce qui peut encourager les élèves dans l’expression de leur identité et culture francophone.

« L’IA peut nous aider parfois à aller plus loin que ce qu’on aurait pu penser faire. Par exemple, l’évaluation, la différenciation pédagogique, l’adaptation des contenus pour les élèves ayant plus de difficultés ou bien ceux ayant des capacités supérieures constituent des thématiques importantes », affirme la formatrice.

Certains intervenants s’accordent à dire que l’IA suscite une réticence généralisée au sein de la profession enseignante. Toutefois Mme Couture voit les choses autrement : « Tant que le lien va rester au centre de la pratique d’un enseignant avec ses élèves, l’IA ne peut pas le menacer. »

Laurie Couture est conseillère pédagogique et coordonnatrice de formation à l’école branchée au Québec. Photo : Gracieuseté de Laurie Couture

Pendant que plusieurs provinces se sont dotée de guides d’utilisation de l’IA, en Ontario, le ministère de l’Éducation veut imposer des formations sur l’IA et la cybersécurité aux enseignants.

« C’est important en tant que société de s’intéresser à ce qui se passe présentement avec l’intelligence artificielle à la maison et pas juste à l’école », ajoute Laurie Couture.

Fin septembre, à la suite d’utilisations nocives de plateformes telles que ChatGPT, notamment de la part de plus jeunes, des politiques de contrôle parental ont été introduites. Néanmoins, une partie des experts souhaite des mesures de protection plus durable. Une délégation d’une vingtaine de jeunes venus de partout viendra alimenter le dialogue générationnel lors du congrès afin de favoriser la collaboration des provinces.

Halifax sera l’hôte de la 79e édition. L’étendue du réseau éducatif pancanadien amène le congrès à se réunir chaque année pour discuter des enjeux de l’heure.

« C’est un événement où les gens sont intéressés par l’éducation de langue française, peu importe qui ils sont, conseillers scolaires, universitaires, membres de la communauté, enseignants, jeunes, etc. » souligne Marcel Larocque sur le plus grand rassemblement pancanadien en éducation,

« L’ACELF étant pancanadienne, elle se promène partout », convient-il.

Basketball : RJ Barrett et les Raptors face à une saison clé

TORONTOLes Raptors de Toronto faisaient leur rentrée en début de semaine avec la traditionnelle journée des médias. Parmi les visages les plus scrutés : celui de RJ Barrett. À 25 ans, le Torontois aborde une saison charnière de sa carrière. Installé cette année au poste d’arrière, épaulé par Immanuel Quickley et Brandon Ingram, il a devant lui l’occasion de franchir un cap et de convaincre la direction de miser sur lui à long terme. Les attentes sont fortes, tout comme l’ambition de celui qui s’est exprimé avec assurance, en anglais comme en français, face aux journalistes.

RJ Barrett n’a jamais été un joueur de rotation : depuis son entrée en NBA en 2019, il a toujours figuré dans le cinq majeur. Mais à Toronto, une nouveauté se dessine. Cette saison, son rôle s’affine et se consolide : il devrait occuper principalement le poste d’arrière, après avoir joué en tant qu’ailier sur ses premières années dans la ligue. Un ajustement stratégique pensé pour maximiser ses forces aux côtés d’Immanuel Quickley et de Brandon Ingram.

À moyen terme, la question contractuelle plane également. Sous contrat jusqu’en 2026-27, le Canadien peut déjà prétendre à une extension. Pour se l’assurer, il devra démontrer régularité et efficacité, deux aspects qui lui ont parfois été reprochés.

Une paire d’arrières à tester : Barrett – Quickley

Si l’attaque de Toronto semble avoir gagné en promesse, la défense est scrutée de près. La complémentarité de RJ Barrett et d’Immanuel Quickley sera l’un des points névralgiques de la saison. Interrogé sur la dynamique collective, le Torontois a insisté :

« Ici, il n’y a pas d’ego. Tout le monde veut gagner… J’ai déjà été dans des équipes où la balle ne circulait pas, et après ça, il ne se passait rien. »

Cette philosophie traduit une volonté claire : faire passer le collectif avant tout. Mais pour s’imposer comme duo défensif crédible, Barrett et Quickley devront apprendre à compenser leurs failles respectives et à partager les missions sur les arrières adverses.

Sur les critiques concernant son implication défensive, Barrett a tenu à rectifier :

« Je n’ai jamais été un mauvais défenseur, donc oui, ça m’a un peu surpris. Mais j’ai clairement progressé et je veux continuer à progresser pour devenir un joueur complet des deux côtés du terrain. »

Brandon Ingram, un catalyseur offensif

La grande nouveauté de l’intersaison est la présence de Brandon Ingram, véritable option offensive supplémentaire pour Toronto. L’ancien All-Star, capable d’aspirer les défenses, doit permettre à RJ Barrett de trouver plus d’espaces et d’assumer un rôle de finisseur plus que de créateur en première unité. Ce dernier a lui-même confié accueillir cette arrivée avec enthousiasme :

« Quand tu ajoutes un joueur comme Brandon Ingram dans l’équation, les choses changent forcément… Mais j’ai déjà eu la chance de jouer aux côtés de beaucoup de stars, donc j’y suis habitué… Je ne pense pas à moi, je veux juste gagner. »

Et celui qui est arrivé en février dernier a, de son côté, reconnu avoir été surpris par son nouveau coéquipier :

« Une chose qui m’a surpris, c’est RJ. Je pensais que c’était juste un scoreur. Je pensais qu’il prenait beaucoup de tirs. Mais en regardant son jeu et en voyant son travail tout l’été, j’ai compris comment ce qu’il développe à l’entraînement se transfère directement sur le terrain. Il est constant », souligne Ingram.

Ce regard extérieur, venant d’un joueur majeur, est révélateur. RJ Barrett n’est plus seulement perçu comme un scoreur compulsif, mais comme un joueur capable de s’adapter, de progresser et de stabiliser l’attaque.

Créateur avec la 2e unité : une opportunité

Au-delà de son rôle de finisseur dans le cinq majeur, l’arrière pourrait bénéficier de séquences en 2e unité pour élargir son registre. Dans ces moments-là, il aurait l’occasion de se muer davantage en créateur, d’initier des systèmes et de démontrer une vision de jeu qu’il avait déjà laissé entrevoir la saison dernière lorsqu’il avait bénéficié d’un rôle élargi.

Cette polyvalence offensive serait un atout majeur pour lui comme pour Toronto. Elle renforcerait son dossier en vue d’une prolongation, tout en donnant à l’équipe d’entraîneurs une flexibilité tactique précieuse.

Un effort assumé en français

Ayant passé une partie de son enfance en France et son adolescence en immersion en français du côté de l’école secondaire St. Marcellinus à Mississauga, RJ Barrett prend aussi soin de s’exprimer en français lorsqu’il s’adresse aux médias francophones. Un effort qu’il répète depuis son arrivée chez les Raptors. Interrogé sur son été et l’arrivée de Brandon Ingram, il a confié :

« Cet été, j’ai pu beaucoup me reposer, et ça m’a fait du bien. Je travaille beaucoup sur mon jeu, mais en réalité je travaille sur tout. Ce n’est pas une seule chose en particulier, et c’est positif. Et B.I (Brandon Ingram), il va être très bien pour nous. Je suis très content. »

À propos de la perspective de retrouver une équipe compétitive, il a ajouté :

« Oui, très excité pour ça. Tu sais, on veut gagner, on doit gagner. Je suis ici pour gagner les matchs, pour aller aux playoffs. On est tous très excités pour cette année. »

Une confiance affichée

Le numéro 9 des Raptors n’a pas hésité à afficher son optimisme :« On fait les choses de la bonne manière. Je pense que ça va payer. Quand on aborde le jeu de cette façon, de bonnes choses arrivent. »

Et d’ajouter sur l’état d’esprit du groupe :

« On a clairement quelque chose à prouver et j’adore ça… C’est l’un des moments les plus excitants, quand tu as une équipe comme la nôtre dont les gens ne savent pas à quoi s’attendre ou n’attendent pas grand-chose, et qu’on peut surprendre… On est très confiants. »

La comparaison avec les Blue Jays, qualifiés pour les séries en MLB, a même servi d’inspiration :« Dans quelques mois, ce sera notre tour… On veut aussi retrouver les séries éliminatoires et faire du bruit. »

Une saison de vérité

RJ Barrett aborde donc la saison 2025-26 dans une position inédite : repositionné au poste d’arrière, épaulé par des coéquipiers solides, et motivé à prouver qu’il peut être un joueur clé des Raptors sur le long terme. Avec Ingram pour libérer son jeu, Quickley pour partager les responsabilités, et une 2e unité où il pourra expérimenter, le Torontois a tout pour réussir.

Mais la marge est étroite. Pour mériter son extension et asseoir son statut, il devra améliorer son efficacité, confirmer ses progrès défensifs et assumer pleinement son rôle de leader. Une chose est sûre : à l’entendre, le joueur qui entre déjà dans sa septième saison en NBA est prêt à surprendre et à porter les Raptors vers un retour tant attendu en séries éliminatoires.

Athlétisme : Jacqueline Madogo « ne s’attendait pas forcément à battre le record canadien »

[ENTREVUE EXPRESS]

QUI :

Jacqueline Madogo est une sprinteuse canadienne originaire d’Ottawa, spécialiste du 200 m et du relais 4×100 m. Membre de l’équipe nationale, elle s’est illustrée sur la scène internationale malgré une saison marquée par les blessures.

LE CONTEXTE :

Aux Championnats du monde d’athlétisme 2025 à Tokyo, l’équipe féminine canadienne du 4×100 m a créé la surprise en battant le record national lors des qualifications. Finalistes pour la deuxième année consécutive, les Canadiennes ont couru sous une pluie battante et ont terminé septièmes. Jacqueline Madogo, en plus de sa participation au relais, était aussi alignée sur le 200 m, où elle n’a pas passé les qualifications.

L’ENJEU :

Avec une équipe jeune et ambitieuse, le relais féminin vise désormais à transformer ces finales mondiales en podiums. Pour l’Ottavienne, l’objectif personnel est aussi de retrouver son meilleur niveau en individuel, après une saison tronquée, et de continuer sa progression en vue des prochains Jeux olympiques.

« Vous battez le record canadien lors des qualifications du relais. Quel sentiment domine?

C’est un très bon sentiment. On savait qu’on avait une vague difficile, donc il fallait courir un de nos meilleurs temps. On s’est dit qu’on devait être propres sur chaque passage et courir chacune notre course. On ne s’attendait pas forcément à battre le record canadien, mais c’est arrivé et c’était un super feeling. Les filles étaient vraiment contentes.

Malgré un dernier passage du témoin un peu moins fluide, vous terminez avec un chrono impressionnant. Étiez-vous surprise?

Oui, honnêtement je pensais qu’on avait été un peu plus lentes que ce que le chrono affichait. Mais le plus important, c’est qu’on a atteint la finale. Ça nous a donné de l’espoir, même si on voulait courir un peu plus vite. On est une équipe jeune, on apprend chaque année, et on veut suivre l’exemple des garçons (médaillés d’argent) qui ont montré qu’on pouvait viser encore plus haut.

La finale s’est déroulée sous une pluie torrentielle. À quel point cela a-t-il influencé votre performance?

On étaient déjà habituées. À Paris l’année passée, il pleuvait aussi lors de la finale du relais. On s’est dit qu’on devait juste refaire ce qu’on avait déjà fait. Mais c’est vrai qu’entre la pluie et le fait de courir dans le couloir 2, ce n’était pas idéal. Malgré tout, c’était déjà un gros exploit d’atteindre deux fois de suite la finale mondiale.

Et en individuel sur 200 m, quel a été votre ressenti?

J’étais un peu déçue de ma performance, surtout après avoir atteint la demi-finale aux Jeux olympiques l’année dernière. Cette saison a été compliquée, avec une fracture du pied en décembre. Je n’ai recommencé à courir qu’en mai, donc finir top 48 au monde, c’est déjà un gros exploit pour moi.

Comment avez-vous vécu l’expérience globale au Japon?

C’était une très belle expérience. Les gens sont tellement chaleureux et polis, que ce soit dans la compétition ou parmi les bénévoles de World Athletics. C’était ma première fois au Japon et j’en garde un très bon souvenir.

Quelles sont les prochaines étapes pour vous?

Je prends quelques semaines de repos à Ottawa, puis la reprise de l’entraînement se fera fin octobre, début novembre. Toujours avec mon groupe de Guelph, en vue d’une nouvelle année de compétition. »

IA : Un nouvel outil de traduction testé au gouvernement fédéral

OTTAWA – Le gouvernement fédéral testera un nouvel outil d’intelligence artificielle, GCtraduction, pour y effectuer la traduction dans les deux langues officielles dans la fonction publique.

Ce prototype d’intelligence artificielle sera testé dans six ministères fédéraux, comme le Bureau du Conseil privé, le ministère des Finances ou encore la Gendarmerie royale du Canada (GRC) et pourra être déployé ultérieurement à travers le reste de l’appareil gouvernemental.

Le ministre de la Transformation du gouvernement, des Travaux publics et de l’Approvisionnement, Joël Lightbound a annoncé par voie de communiqué lundi le lancement de ce prototype d’intelligence artificielle, mis au point par le Bureau de la traduction.

Selon le gouvernement, cet outil « se distingue par son adaptation au contexte de la fonction publique fédérale », notamment en offrant des « traductions adaptées à la terminologie du gouvernement et aux réalités culturelles et linguistiques du Canada ». Il offrira des traductions instantanées pour les textes qui n’exigent pas d’expertise linguistique, précise Services publics et Approvisionnement Canada.

« GCtraduction renforcera l’utilisation des deux langues officielles au gouvernement et contribuera à créer une fonction publique moderne qui suit l’évolution du monde numérique. Le but visé est de tirer parti de la technologie pour servir la population canadienne d’une manière plus rapide et intelligente dans les deux langues officielle s », a soutenu via communiqué le ministre Joël Lightbound.

Le fédéral indique que GCtraduction a été programmé avec 8 milliards de mots provenant du Bureau de la traduction et que des traducteurs humains surveillent les résultats qu’il produit et « sera réentraînée périodiquement afin de garantir une efficacité optimale ».

Une version antérieure de GCtraduction lancée en juin 2025 a traduit plus de 60 millions de mots en 3 mois, soit plus de 3000 pages par jour ouvrable, soutient le ministère fédéral de l’Approvisionnement.

Faux Autochtones, une longue histoire de marginalisation

Se dire Autochtone sans l’être : une pratique encore trop répandue, selon des leaders comme Michèle Audette, Robert-Falcon Ouellette et Darren Sutherland. Ils dénoncent une appropriation qui détourne bourses, postes et reconnaissance, et s’ajoute aux blessures laissées par un siècle de discriminations.

« Notre identité nous a été arrachée à plusieurs reprises : par les pensionnats, par la Loi sur les Indiens, par les placements forcés d’enfants. Tout cela a contribué à nous couper de notre langue et de notre culture », rappelle Michèle Audette, sénatrice autochtone.

Aujourd’hui, dit-elle, il faut dénoncer et sanctionner toute forme d’usurpation de l’identité autochtone.

« Pour moi, c’est criminel. L’usurpation d’identité, c’est un crime, un vol. Les personnes qui font de fausses déclarations doivent être sanctionnées. »

Des icônes contestées

Régulièrement des cas suscitent le débat. On cite parmi les plus polémiques celui de l’écrivain Joseph Boyden ou encore la chanteuse Buffy Sainte-Marie. Certains pointent aussi la figure de James Gladstone (1887-1971), considéré comme le premier sénateur autochtone du pays et dont le buste en bronze est exposé au Sénat. 

« Pendant longtemps, moi aussi je pensais que James Gladstone appartenait à une Première Nation. Mais une collègue sénatrice m’a expliqué qu’il ne l’était pas. Depuis, chaque fois que je passe devant sa statue au Sénat, je la salue autrement », confie Michèle Audette.

La sénatrice innue Michèle Audette dénonce l’usurpation de l’identité autochtone, qu’elle qualifie de « crime et de vol ». THE CANADIAN PRESS/Spencer Colby

On cite également la polémique de l’ancien ministre des Langues officielles et de l’Emploi, Randy Boissonnault, qui a été interpellé sur des propos contradictoires concernant son identité autochtone.

Pour Michèle Audette, elle-même née d’un père québécois et d’une mère innue, les répercussions sont graves :  « Certaines personnes bâtissent une carrière académique, scientifique ou artistique sur une fausse identité. Elles obtiennent des prix, des postes, des bourses ou des places réservées en médecine ou en droit, au détriment de ceux qui ont la véritable identité autochtone. On leur vole littéralement leur place. »

Cri d’origine, l’ancien député fédéral Robert-Falcon Ouellette abonde dans le même sens : « Quand une personne non autochtone prend la place d’un véritable Autochtone, elle prive la communauté d’une voix authentique. »

Professeur agrégé à la Faculté d’éducation de l’Université d’Ottawa, Robert-Falcon Ouellette, évoque le suicide de son amie, la chanteuse inuite Kelly Fraser, qui a souffert d’un trouble de stress post-traumatique pendant plusieurs années après avoir connu une enfance bouleversante et vécu le racisme ainsi que la cyberintimidation.

« Je me demande si elle serait encore en vie si on lui avait donné toute la reconnaissance méritée », s’interroge M. Ouellette. 

Robert-Falcon Ouellette, professeur à l’Université d’Ottawa, met en garde contre les carrières bâties sur des identités autochtones usurpées. Photo : Sandra Padovani/ONFR

Un héritage de lois discriminatoires

Ces pratiques d’appropriation ne surviennent pas dans le vide. Elles s’ajoutent à une histoire déjà marquée par des discriminations systémiques, rappelle Darren Sutherland, responsable de l’engagement communautaire au Bureau des affaires autochtones de l’Université d’Ottawa.

« Avant 1965, une personne des Premières Nations perdait son statut si elle allait à l’université. Avant 1985, une femme autochtone qui avait un enfant avec un homme non autochtone perdait aussi son statut, et ses enfants n’avaient aucun droit. Ces lois ont laissé de profondes cicatrices dans nos familles et nos communautés », témoigne-t-il. 

Lui-même Cri et autochtone urbain, il raconte son désarroi en découvrant que des figures qui l’avaient inspiré étaient elles-mêmes contestées.

« Le premier livre écrit par un Autochtone que j’ai lu, c’était un ouvrage de Thomas King. Et la première personne que j’ai vue à la télévision et qui me ressemblait, c’était Buffy Sainte-Marie. Quand j’ai appris que leurs identités autochtones étaient mises en doute, cela m’a profondément troublé », confie-t-il.

Darren Sutherland souligne que le système reste vulnérable. « Il y a dix ou vingt ans, il suffisait de cocher une case sur un formulaire. Aujourd’hui, les universités exigent souvent des cartes de statut émises par le gouvernement. Mais certains organismes non reconnus vendent encore de fausses cartes, et des employeurs les acceptent parfois faute de mécanismes fiables », affirme-t-il.

Il nuance toutefois : certaines personnes, coupées de leur communauté par les pensionnats, les adoptions forcées ou les lois discriminatoires, ont le droit de se reconnecter à leur culture.

« Ce qui est dangereux, c’est quand des gens disent : ‘Je suis Algonquin, c’est génial’, sans comprendre la triste réalité coloniale que nous avons traversée. Comme le disait un ami : Tout le monde veut être autochtone, mais personne ne veut vivre comme un Autochtone », souligne Darren, lui-même, premier de sa famille à accéder à l’université.

Darren Sutherland rappelle que l’usurpation d’identité s’ajoute à des décennies de discriminations systémiques. Gracieuseté

Pour Robert-Falcon Ouellette, l’identité autochtone ne se définit pas par une généalogie remontant à trois siècles, mais par des relations vivantes. Il soutient que « l’identité autochtone n’est pas qu’une affaire d’ancêtres d’il y a 300 ans. Elle repose sur la communauté, les liens familiaux, la participation aux rites et aux traditions ».

Il invite ceux qui ont un héritage lointain à se présenter comme alliés plutôt qu’Autochtones. « Il vaut mieux dire ‘je suis un allié’ que de prétendre être Autochtone et prendre la place de quelqu’un d’autre », suggère-t-il.

Exiger des preuves

Mme Audette, elle, dénonce le manque de cohérence du système. « On me dit souvent : ‘On ne peut pas exiger de preuves, ce serait contre les droits de la personne.’ Pourtant, pour d’autres programmes, on demande des documents officiels, comme un passeport ou un certificat de citoyenneté », s’indigne Mme Audette.

Elle appelle ainsi à appliquer ce principe pour les Premières Nations, les Métis ou les Inuits pour démontrer tout lien à une nation ou à une communauté.  « Sinon, on ouvre la porte à des abus », met-elle en garde.

Réconciliation : quand foi catholique et traditions autochtones se rencontrent dans une église du Nord

MINDEMOYA – Quelques jours avant la Journée nationale de la vérité et de la réconciliation, la paroisse Notre-Dame-du-Canada, au cœur du village central de Mindemoya sur l’île Manitoulin, a accueilli une messe pas comme les autres. Pour la première fois, la cérémonie a intégré des éléments de la tradition anishinaabée au rite catholique, sous l’initiative d’un père jésuite francophone.

« C’est la première fois et j’espère que nous pourrons en faire une tradition ici à Mindemoya » a lancé le Père Louis-Martin Cloutier, qui dirige trois autres paroisses sur l’Île. Photo : Inès Rebei/ONFR

« L’Île aux esprits » de son nom en ojibwé, abrite une importante population autochtone présente depuis des millénaires, et compte six réserves anishnabées sur son territoire.

« Nous devons connaître nos voisins qui ont souffert d’injustices et porter ensemble ce fardeau. Que cette commémoration favorise donc un dialogue constructif entre les peuples », a aussi déclaré le Père Cloutier qui dirige aussi une messe le dimanche matin dans une paroisse sur le territoire de la Première Nation de M’Chigeeng.

Quand l’invitée Geraldine Ense McGregor, membre du clan de la Loutre, commence le rituel de purification anishinaabe de smudging, ou fumigation, il n’y a plus un bruit dans la salle. 

Le tambour est intervenu à divers moments pour accompagner la liturgie. Photo : Inès Rebei/ONFR

Assise au premier rang, celle qui se fait également appeler Grand-mère Baashkaabgonii fait brûler de la sauge et dirige la fumée avec un éventail de plumes pour bénir l’espace et les participants, qui accueillent ce geste avec recueillement et respect. Elle a également pris un moment pour chanter en anglais Great Spirit, un morceau inspiré par la tradition autochtone.

Plus tard, le père jésuite a guidé les prières en s’orientant dans les Quatre Directions, un geste issu des traditions autochtones visant à relier les participants à la Terre, aux esprits et à l’équilibre du monde.

Les paroissiens ont apprécié le moment de prière tourné vers les quatre directions cardinales. Photo : Inès Rebei/ONFR

Un acte de réparation

Les relations entre les peuples autochtones et les colons européens, arrivés avec les Jésuites il y a 150 ans, ont souvent été difficiles. 

Le Père Louis-Martin Cloutier en est bien conscient depuis son arrivée sur l’Île en 2021 et voit ce mélange des rites comme « un acte de réparation, à modeste échelle ». 

Le prêtre insiste sur l’importance de la participation des paroissiens qui ont montré un intérêt pour ce projet : « J’aime travailler à partir des initiatives des paroissiens. Ce sont eux qui prennent les projets à cœur, assistent à des conférences et se forment pour mieux connaître l’histoire et les tragédies vécues par les Autochtones. »

Celui-ci ajoute que l’Église a récemment pris des mesures pour faire face à son passé : « Il y a deux ans, les Jésuites ont sorti une liste de présumées personnes qui ont commis des actes d’abus sexuels auprès des mineurs. Donc ça, il faut en parler. »

Le Père Cloutier est le dernier Jésuite à s’exprimer dans la langue de Molière sur le district de Manitoulin. Photo : Inès Rebei/ONFR

De son côté, Geraldine Ense McGregor, qui se rendait dans la paroisse pour la première fois, a apprécié l’expérience : « C’est très accueillant, très bien planifié. C’est ma communauté voisine et je suis heureuse de partager ce moment pour la vérité et la réconciliation, en mélangeant nos cultures et nos spiritualités »

Elle souhaite que les fidèles repartent avec un message clair : « Comprendre le peuple anishinaabe, connaître les souffrances qu’il a traversées et travailler à réconcilier nos différences pour atteindre le pardon. » 

Il y a dix ans, la Commission de vérité et réconciliation avait lancé ses appels à l’action pour réparer les torts des pensionnats et promouvoir le respect des communautés autochtones, et le pape a présenté des excuses au Canada en 2022 mais il reste encore une marge de progrès selon plusieurs.

Geraldine Ense McGregor est une résidente de la Première Nation de M’Chigeeng. Photo : Inès Rebei/ONFR

«  Tout le monde n’est pas réceptif, mais c’est compréhensible. Au moins, nous avons maintenant ce mélange, notre pardon de ce qui s’est passé, et nous prions pour que notre peuple se trouve dans une meilleure situation. »

Apprendre du passé

Après la messe, plusieurs fidèles francophones ont confié avoir été profondément touchés par le message et le geste symbolique de samedi soir.

Même son de cloche chez Ginette Lapointe, également paroissienne : « On lit souvent ce qui se passe dans les réserves, mais célébrer ensemble dans notre messe, c’est une autre expérience. Ça fait réfléchir et ça rapproche. »

Lise Farquhar a ramené plusieurs œuvres artistiques d’inspiration autochtone pour orner la paroisse. Photo : Inès Rebei/ONFR

Pour Madeleine et Louis Rancourt, originaires d’Azilda, la cérémonie a permis de « réunir les deux cultures » et de rappeler que, malgré le passé, « on peut vivre ensemble et apprendre du passé pour ne pas répéter les erreurs ». 

« C’est une première, et j’espère que ça va continuer. J’aimerai qu’on ajoute encore plus de choses à l’avenir, comme la chanson Notre Père en ojibwé comme dans la paroisse de M’Chigeeng, parce que l’air est semblable et qu’on peut chanter avec les syllabes », lancent-ils.

Des données de recensements n’existent pas pour les villages de l’Île, mais selon le dernier recensement de Statistique Canada seuls 3 % des 13 800 habitants ont le français comme première langue officielle parlée près de 41 % sont autochtones.

Louis Rancourt ajoute que vivre sur le territoire autochtone et côtoyer la communauté locale depuis plusieurs années a toujours été une expérience enrichissante : « Nous avons une très bonne relation avec les Autochtones ici. Pouvoir travailler et partager avec eux est très précieux. »

Le Père Cloutier est entouré des quelques paroissiens francophones venus assister à cette messe. Photo : Inès Rebei/ONFR

Un pont entre les cultures

Pour le Père Cloutier, qui gère trois autres paroisses sur l’Île, l’objectif de sa démarche est aussi de construire des ponts entre les différentes communautés, et non des barrières. 

« Le partage des cultures, le pont entre les générations et les peuples, c’est ça la vraie essence de la réconciliation »
— Geraldine Ensel McGregor

« Le fait d’être francophone dans un milieu anglophone me permet aussi de créer des liens entre deux cultures, ce qu’on appelle souvent les deux solitudes. Ce soir, nous faisions de même avec le peuple autochtone », précise-t-il.

Il souligne également que sa langue et son identité culturelle ont un rôle dans la célébration : « Même si je dis la messe en anglais, mon accent et mes expressions trahissent mon identité francophone. Cela contribue à créer des liens et à rapprocher des cultures souvent perçues comme séparées. »

Contrairement à celle de Mindemoya, la messe du dimanche matin à M’Chigeeng accueille plusieurs paroissiens autochtones. Reconstruite après un incendie en 1971, l’église de l’Immaculée-Conception combine aujourd’hui architecture inspirée des tipis autochtones et d’autres éléments culturels comme les attrape-rêves suspendus.

À la paroisse de l’Immaculée-Conception de M’Chigeeng, des attrape‑rêves et d’autres symboles de l’iconographie autochtone voisinent avec la croix dans l’espace de culte. Gracieuseté de Louis-Martin Cloutier

Geraldine Ensel McGregor constate que l’intégration des traditions autochtones dans les messes précédentes à M’Chigeeng – auxquelles elle a participé – a suscité curiosité et gratitude : « Les paroissiens, autochtones et non-autochtones, sont reconnaissants que nous partagions notre culture et que nous la mélangions avec la foi catholique. »

Selon elle, l’intégration de ses traditions au rite catholique est bien plus qu’un symbole : « Le partage des cultures, le pont entre les générations et les peuples, c’est ça la vraie essence de la réconciliation. »

La grève du personnel de soutien se prolonge dans les collèges de l’Ontario

Après trois jours de médiation infructueuse, le personnel de soutien à temps plein des collèges de l’Ontario maintient la grève. L’équipe de négociation accuse le Conseil des employeurs des collèges (CEC) de bloquer toute avancée réelle sur la sécurité d’emploi, enjeu central du conflit.

« Nous pensions progresser, mais ce matin (lundi) on nous a dit qu’on était dans une impasse », confie Dan Brisson, membre de l’équipe de négociation du Syndicat des employés de la fonction publique de l’Ontario (SEFPO), joint par ONFR.

Selon lui, la protection des postes est au cœur du différend. « Nous avons déjà vu 10 000 postes supprimés en un an et nous craignons d’autres mises à pied sans protection. La voie vers un règlement doit inclure des dispositions pour protéger les emplois existants, pas seulement pour gérer les pertes d’emplois », explique le président syndical de la section locale 672 du Collège Boréal.

La grève est en cours depuis le 11 septembre dans les établissements de la province, qui restent ouverts malgré tout. Le Conseil des employeurs des collèges (CEC), qui représente les 24 collèges publics, soutient avoir offert plus de 155 millions de dollars en hausse de salaire, de meilleurs avantages sociaux et une meilleure sécurité d’emploi.

L’employeur soutient que le syndicat réclame une interdiction de toute sous-traitance, sauf sous autorisation explicite du syndicat et « des restrictions au travail collaboratif, qui entraveraient la prestation de services aux étudiants et paralyseraient les activités ».

« Nous leur avons clairement fait savoir, dès le début des négociations, que nous ne pourrons jamais accepter ces demandes », soutient le CEC dans un communiqué lundi.

Dan Brisson. Gracieuseté

Pendant les trois jours de médiation, soit depuis le vendredi 26 septembre, sept propositions syndicales ont été déposées, contre quatre par le CEC. « Nous avons reformulé proposition après proposition, mais nous avons rencontré un mur sur nos revendications essentielles », déplore le syndicat.

Pour faciliter le dialogue, le syndicat avait accepté la nomination d’une personne médiatrice par le gouvernement et retiré les mesures qualifiées de « pilules empoisonnées » par l’employeur – un moratoire temporaire sur les mises à pied et un autre sur les fermetures ou fusions de campus.

« Même après l’élimination de ces soi-disant blocages, les présidents des collèges ont ordonné au CEC de refuser les dispositions sur la sécurité d’emploi », insiste M. Brisson.

L’employeur demande à la partie syndicale de présenter sa plus récente offre aux employés, accusant le syndicat de « compromettre les progrès réalisés » en reculant et posant des ultimatums à la table des négociations.

Des fermetures qui nourrissent la méfiance

La méfiance a redoublé vendredi 26 septembre, lorsque le Collège Georgian, dans le comté de Simcoe, a annoncé la fermeture et la vente de ses campus d’Orillia et de Muskoka d’ici juillet 2026.

« Ils affirmaient auparavant qu’aucune fermeture n’était envisagée. À 8 h 30, le président annonçait la fermeture, et deux heures plus tard le CEC prétendait ne rien savoir. L’employeur nous a menti à chaque étape », dénonce le représentant syndical.

En attendant une reprise des négociations, les conséquences se font sentir partout.

« Nos étudiants et nos communautés souffrent parce que nous ne sommes pas dans les collèges. Ce sont nous qui aidons pour le RAFEO (Régime d’aide financière aux étudiantes et étudiants de l’Ontario), qui préparons les horaires et percevons les frais de scolarité. Nos technologues assurent la composante technique des laboratoires, et les garderies de campus dépendent de notre personnel de soutien », énumère Dan Brisson.

« Nous voulons reprendre notre travail auprès des étudiants. Mais il faut d’abord des garanties pour la sécurité d’emploi », souligne le syndicaliste. La grève se poursuivra « jusqu’à ce qu’une entente soit conclue », prévient-il. « Mon équipe est prête à revenir demain matin (mardi) s’il le faut », assure-t-il.

« Une journée déchirante » : La dernière usine de pâtes et papiers du Nord-Est mise à l’arrêt à Kapuskasing

KAPUSKASING – Coup dur pour le Nord de l’Ontario : la dernière usine de pâtes et papiers du Nord-Est ontarien, exploitée par Kap Paper, a annoncé ce lundi qu’elle cesse ses activités.

L’entreprise affirme, par voie de communiqué, que cette décision résulte d’échanges soutenus avec les gouvernements et les partenaires dans les derniers mois et années, mais reflète surtout l’absence de solutions rapides pour maintenir la chaîne d’approvisionnement forestière de la région.

ONFR a tenté de rejoindre l’usine, mais n’a pas encore reçu de réponse afin de savoir si l’arrêt des activités était définitif ou celle-ci était simplement mise en veille dans l’attente d’une éventuelle vente des actifs.

« C’est une journée déchirante pour notre personnel et notre communauté », a déclaré le président-directeur général de Kap Paper, Terry Skiffington qui a ajouté que bien que des discussions constructives aient eu lieu avec la province et le gouvernement fédéral pour un soutien à moyen et long terme, aucune aide immédiate n’est disponible pour le moment.

Sous l’impulsion de la province, Kap Paper avait sollicité le gouvernement fédéral afin de trouver une solution à plus long terme via un fonds créé pour répondre aux perturbations commerciales avec les États-Unis. Selon Terry Skiffington, bien que les premières réponses soient encourageantes, aucun soutien immédiat n’était disponible.

« Malheureusement, Kap Paper ne dispose pas des ressources nécessaires pour poursuivre ses activités et est contrainte de les suspendre », précise-t-il.

Les employés au cœur des préoccupations

« C’est vraiment une journée difficile pour nous, je suis tellement désolé de l’apprendre aujourd’hui », a réagi de son côté Dave Plourde, maire de Kapuskasing en entrevue avec ONFR.

Ce sont près de 475 emplois directs à Kapuskasing et jusqu’à 2500 emplois liés dans les scieries, le transport, la maintenance et les services locaux qui sont touchés avec cet arrêt des opérations.

« Surtout avec l’annonce de 500 millions [de soutien ailleurs], c’est dur. On parle des emplois, on essaie de les protéger, mais c’est comme si tout s’effondrait d’un coup », a continué celui-ci, en référence à l’annonce du fédéral de ce lundi matin de soutenir l’usine Algoma Steel à Sault Ste. Marie avec un prêt de 400 millions de dollars (en plus du 100 millions de dollars injecté par la province).

Depuis la fermeture de l’usine de Domtar à Espanola en 2023, l’usine de Kapuskasing était le dernier grand consommateur de copeaux et de biomasse dans la région. Photo : gracieuseté de Kap Paper

Dans un communiqué paru également ce lundi, le gouvernement provincial dit concentrer ses efforts sur les travailleuses et travailleurs affectés. Des mesures comme les Centres POWER, le programme Meilleurs emplois Ontario, ainsi que les Services de formation pour un réemploi rapide (SFRR) sont déjà activées à Kapuskasing.

« Kap Paper espère que les travailleurs et leurs familles pourront bénéficier des programmes d’aides fédéraux. L’entreprise organisera la fermeture de l’usine de manière à garantir la sécurité du processus et à protéger l’environnement et les travailleurs », pouvait-on aussi lire dans le communiqué de l’entreprise.

La province rejette la faute sur le fédéral

« Notre gouvernement a travaillé en étroite collaboration avec Kap Paper dans le but de protéger les emplois à l’usine de papier de Kapuskasing », ont déclaré Mike Harris, ministre des Richesses naturelles, et Kevin Holland, ministre associé des Forêts et des Produits forestiers.

« Je ne pense pas qu’on ait été bien traités »
— Dave Plourde

Selon eux, l’Ontario a consenti plus de 50 millions de dollars pour couvrir les dépenses d’exploitation et soutenir un plan de relance.

La province reproche au gouvernement fédéral de ne pas s’être « joint à la table » pour maintenir l’usine en vie. « Notre gouvernement ne peut pas indéfiniment procurer cette aide sans le soutien actif et la participation du gouvernement fédéral », insiste la déclaration.

De son côté, le maire Plourde, qui est également le vice-président de la Fédération des municipalités du Nord de l’Ontario (FONOM) lance la balle au gouvernement provincial : « On avait de l’espoir avec le gouvernement fédéral qui est venu à la table après deux semaines et puis finalement la province a décidé qu’on allait juste pas continuer. »

« On travaille très fort pour ramener le gouvernement provincial à la table, et je ne sais pas si on y arrivera. C’est vraiment surprenant, car nous avons appris la nouvelle par leurs avocats et non par le ministre des Forêts. Je ne pense pas que nous ayons été bien traités », regrette-t-il, ajoutant que la déception est d’autant plus grande qu’il représentait les progressistes-conservateurs lors des élections de février dernier.

Le mois dernier, le gouvernement Carney a annoncé un soutien de 1,2 milliard de dollars pour l’industrie canadienne du bois d’œuvre, durement touchée par les tarifs et droits imposés par les États-Unis.

ONFR a lancé une demande de réaction au gouvernement fédéral et n’a pas encore obtenu de réponse au moment de publier ces lignes.

Des appels avaient été lancés récemment par la FONOM, le député de Mushkegowuk—Baie James Guy Bourgouin ou encore l’Association municipale du Nord-Ouest de l’Ontario pour sauver l’usine.