Le gouvernement Ford retirera sa publicité avec Ronald Reagan, vivement critiquée par Donald Trump

OTTAWA — Le gouvernement Ford met sur pause la diffusion de sa publicité avec en vedette l’ancien président américain Ronald Reagan, et ayant attiré les ires de Donald Trump, lui qui a utilisé cette vidéo comme prétexte jeudi soir pour mettre fin aux négociations commerciales avec le Canada.

« Après une conversation avec le premier ministre Carney, l’Ontario suspend sa campagne de publicité aux États-Unis à compter de lundi pour permettre la reprise des discussions commerciales », a indiqué Doug Ford dans une déclaration partagée par son bureau vendredi après-midi.

« J’ai demandé à mon équipe de continuer à présenter notre message aux Américains durant la fin de semaine afin que nous puissions diffuser notre publicité lors des deux premiers matchs de la Série mondiale », ajoute le premier ministre ontarien.

Jeudi soir, le président américain Donald Trump a décrété qu’il mettait fin à toute négociation commerciale avec le Canada en raison de cette publicité qui utilise des propos de l’ancien président des États-Unis, Ronald Reagan, et diffusée sur les chaînes de télévision américaines. Le leader républicain accusait le gouvernement Ford d’avoir déformé les propos de l’ancien chef d’État dans cette vidéo visant à s’attaquer aux tarifs américains.

« Compte tenu de leur comportement scandaleux, TOUTES LES NÉGOCIATIONS COMMERCIALES AVEC LE CANADA SONT PAR LA PRÉSENTE ROMPUES », avait-il publié sur son réseau Truth Social.

Il en a rajouté vendredi matin en écrivant que « LE CANADA A TRICHÉ ET S’EST FAIT PRENDRE!!! ». Le premier ministre Mark Carney a dit, quelques heures après la crise de colère de M. Trump, que le Canada restait prêt à négocier avec son voisin.

« Le gouvernement du Canada a eu des discussions très constructives, approfondies et détaillées avec les Américains (…) Nous sommes prêts à continuer à bâtir sur ce progrès quand les Américains seront prêts », a-t-il affirmé avant de monter dans un avion en direction de la Malaisie pour participer au Sommet de l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ANASE).

Discours de 1987

La vidéo en question est tirée d’extraits radiophoniques d’un discours à la nation du président Reagan en 1987. Donald Trump considère que les propos utilisés par un de ses anciens prédécesseurs ont frauduleusement été modifiés. Ronald Reagan était reconnu pour être un farouche opposant aux tarifs, étant plutôt un partisan du libre-échange entre nations. 

C’est lui qui avait négocié avec l’ancien premier ministre Brian Mulroney un accord de libre-échange entre le Canada et les États-Unis en 1988, mettant ainsi fin à certains tarifs entre les deux pays.

Cette publicité du gouvernement de l’Ontario a coûté près de 75 millions de dollars canadiens aux contribuables ontariens et sera présentée sur plusieurs chaînes américaines comme Fox.

C’est cette dernière qui diffuse aux États-Unis, sur ses chaînes les deux premières rencontres de vendredi et samedi opposant les Blues Jays aux Dodgers de Los Angeles lors de la Série mondiale.

Jeudi, la Fondation Ronald Reagan (la Ronald Reagan Presidential Foundation & Institute) avait accusé le gouvernement de l’Ontario, en affirmant que la « publicité dénature le discours radiophonique présidentiel ».

« Le gouvernement de l’Ontario n’a ni sollicité ni reçu d’autorisation pour utiliser et modifier ces propos », a soutenu la Fondation dans un message sur X, précisant qu’elle « examine ses options juridiques dans cette affaire ».

Donald Trump avait aussi remercié la Fondation « d’avoir dénoncé cette FRAUDE », lui qui a avancé dans une publication sur son réseau Truth Social que Ronald Reagan « ADORAIT LES TARIFS DOUANIERS POUR NOTRE PAYS ET POUR SA SÉCURITÉ NATIONALE ».

Un syndicat étudiant veut bâtir des logements à l’Université d’Ottawa

OTTAWA – Créer des logements abordables gérés par et pour les étudiants. C’est le projet sur lequel table le Syndicat des étudiants de l’Université d’Ottawa (SÉUO). L’initiative vise à contribuer à atténuer la crise du logement qui frappe durement la communauté étudiante.

« Nous espérons développer des logements qui pourraient se louer à 750 $ par mois », explique Jack Coen, président du syndicat, en entrevue avec ONFR.

Pour concrétiser cette idée, le syndicat collabore avec Housing Canada — un organisme à but non lucratif qui milite pour des logements étudiants coopératifs, non marchands et abordables — afin de lancer une campagne visant la création d’un fonds étudiant dédié au logement.

« Ce projet existe déjà dans plusieurs autres universités, et nous venons tout juste d’en amorcer la campagne », précise M. Coen.

Concrètement, le SÉUO souhaite soumettre une question référendaire lors des prochaines élections générales du syndicat, prévues en hiver. L’objectif : permettre à chaque étudiant de contribuer 8,75 $ par trimestre, montant prélevé directement de leurs frais de scolarité.

« Avec quelque 40 000 étudiants, cette contribution pourrait constituer une base financière solide pour amorcer la construction de logements abordables destinés à la population étudiante », souligne M. Coen.

Le Syndicat étudiant de l’Université d’Ottawa avait lancé un Caucus exploratoire sur le logement étudiant en juin 2024. Gracieuseté

Pour ce faire, le syndicat compte sur un partenariat avec House Canada, qui a accès à des programmes de financement gouvernementaux pour ce type de projets.

Fondé à l’Université de York à Toronto, House Canada est inspiré du modèle québécois de l’UTILE (Unité de travail pour l’implantation de logement étudiant). L’organisme soutient des initiatives étudiantes visant à développer des résidences sur ou près des campus, afin de réduire la pression sur le marché locatif privé.

« Et si les gouvernements municipaux ou le provincial ou le fédéral souhaitent s’y joindre, nous serions évidemment très heureux de collaborer », ajoute M. Coen.

Une crise qui s’aggrave à Ottawa

Ce projet s’inscrit dans un contexte de forte pression immobilière sur la communauté étudiante. Le rapport 2024-2025 sur le logement étudiant, présenté par le syndicat en mai dernier, met l’accent sur cette réalité.

52 % des étudiants affirment avoir eu de la difficulté à se loger, y lit-on. Aussi, 62 % déclarent que leur situation en matière de logement a un impact négatif sur leur santé mentale. De plus, 95 % estiment que le prix des loyers constitue un problème majeur. Les étudiants vivant en Ontario font face à un loyer moyen plus élevé (935 $) que ceux vivant au Québec (830 $).

« Pour un étudiant payé au salaire minimum, cela représente environ 54 heures de travail par mois uniquement pour couvrir le loyer — une réalité intenable pour ceux qui étudient à temps plein », souligne M. Coen.

« La spéculation immobilière, la privatisation et le manque de logements protégés ont aggravé la situation, particulièrement dans la capitale fédérale », ajoute-t-il.

Ces constats renforcent la volonté du syndicat d’agir également sur le plan structurel.

L’Université d’Ottawa annonce 2600 nouveaux lits

Le SÉUO souhaite que l’Université d’Ottawa transforme certains terrains sous-utilisés, comme ceux situés sur l’avenue King Edward, en logements coopératifs.

« Une nouvelle résidence doit voir le jour, ce qui est une bonne nouvelle, mais elle sera gérée par le privé — ce qui pose encore la question de l’abordabilité », rappelle M. Coen.

Pour Jack Coen, président du SÉUO, la crise du logement affecte particulièrement les étudiants francophones internationaux. Gracieuseté

En effet, l’Université d’Ottawa a annoncé récemment que son Bureau des gouverneurs a approuvé un projet de logement étudiant. Il s’agit du premier d’une série de nouveaux bâtiments qui ajouteront au total 2600 nouveaux lits.

Cela commence par la démolition de la résidence Brooks, un complexe universitaire de 700 lits, fermé depuis 2018 pour insalubrité et situé au cœur du campus.Cette démolition devrait commencer dès mai 2026, sous réserve de l’obtention des permis nécessaires. Un consortium de quatre entreprises, regroupées sous la bannière Integrated Campus Solutions (ICS), a été choisi comme soumissionnaire privilégié.

Étudiants francophones affectés

À l’Université d’Ottawa, 32 % des étudiants de premier cycle déclarent que le français est leur langue principale. Or, plusieurs d’entre eux, notamment les étudiants internationaux, sont parmi les plus durement touchés par la crise du logement.

« Ils paient souvent plus cher pour des logements de qualité inférieure. Beaucoup signent leur bail avant d’arriver au Canada, sans pouvoir faire une visite. Cela les rend vulnérables aux comportements abusifs de certains propriétaires », déplore le président du SÉUO.

Certains vivent dans des logements insalubres, mal entretenus ou dangereux. Il est question de fenêtres brisées non réparées, d’immeubles où la sécurité est compromise et de logements partagés avec des personnes en situation d’itinérance.

Cette réalité inquiète de plus en plus les représentants étudiants dans un contexte de crise du coût de la vie et d’augmentation des droits de scolarité.

Une situation stable au Collège La Cité

Alors que le SÉUO souhaite accroître l’offre de logements abordables à Ottawa, le Collège La Cité affirme, de son côté, que la situation demeure stable pour sa communauté étudiante.

« Actuellement, le Collège La Cité ne prévoit pas ajouter de nouvelles places à sa résidence étudiante », indique l’équipe des Communications et des relations publiques.

Avec la stabilisation du nombre d’étudiants internationaux, les stratégies déjà en place permettent selon le Collège de répondre adéquatement aux besoins en matière de logement.

Pour la session d’hiver 2026, des chambres sont d’ailleurs toujours disponibles, ce qui témoigne, selon l’administration, d’une capacité suffisante pour accueillir les nouveaux étudiants dès janvier.

Feu vert financier pour « la première raffinerie nord-américaine de cobalt » à Temiskaming Shores

TEMISKAMING SHORES – Electra Battery Materials a annoncé avoir obtenu le financement nécessaire pour reprendre la construction de sa raffinerie de sulfate de cobalt, la première d’Amérique du Nord, près de Temiskaming Shores, un projet interrompu en 2023.

« Avec les fonds en place et une structure financière assainie, nous pouvons passer à la phase d’exécution du projet », a indiqué le président et directeur général Trent Mell, dans un communiqué.

Depuis son acquisition de la raffinerie en 2017, la compagnie torontoise a modernisé et étendu l’usine autrefois fermée pour en faire un site capable de produire du sulfate de cobalt, utilisé dans la fabrication des batteries lithium-ion.

L’entreprise prévoit une production annuelle de 6500 tonnes, suffisante pour alimenter environ un million de véhicules électriques ou fournir à d’autres marchés comme la défense, le stockage d’énergie et l’infrastructure énergétique.

Originaire du Québec, Trent Mell est le fondateur et le président-directeur général de Electra Battery Materials. Photo : Gracieuseté de Trent Mell

Le projet comprend également une installation de recyclage de batteries et la société détient sa propre mine de cobalt et de cuivre en Idaho. Electra a conclu des ententes avec Glencore et Eurasian Resources Group pour s’approvisionner en matières premières provenant de la République démocratique du Congo, tout en évaluant des sources nord-américaines.

Electra a précisé que le calendrier précis de reprise des travaux est en cours de finalisation, avec un objectif de mise en service de l’usine en 2027. L’entreprise prévoit plus de 50 postes permanents une fois la raffinerie opérationnelle, et davantage pendant la construction.

Assainissement financier et soutien gouvernemental

L’entreprise avait annoncé, la semaine dernière, avoir restructuré sa dette, en convertissant 40 millions de dollars US en actions, ce qui a permis de réduire ses obligations de 67 à 27 millions $ US.

« Le financement et la restructuration de la dette réduisent considérablement les risques pour l’avenir d’Electra. Une structure de capital simplifiée et une situation financière renforcée offrent plus de flexibilité pour poursuivre la construction et préparer la mise en service », a souligné Marty Rendall, directeur financier. 

Le financement récemment obtenu inclut 30 millions de dollars US d’un placement privé, un engagement de 17,5 millions du gouvernement de l’Ontario, le mois dernier, via Investissements Ontario, et 20 millions de la part du gouvernement fédéral en mars de cette année.

Electra a indiqué que la conception de l’ingénierie est quasiment terminée et que l’achat du matériel nécessaire à la construction est avancé, deux étapes clés pour le redémarrage du chantier. 

28 % de la population de Temiskaming Shores a le français comme première langue parlée. Photo : P. James Franks/Wikipedia

Réduire la dépendance 

Selon Trent Mell, le projet vise à réduire la dépendance aux importations, notamment de Chine, et à soutenir le développement des technologies essentielles.

« Aujourd’hui, plus de 90 % de la production mondiale de sulfate de cobalt provient de la Chine, a-t-il ajouté. Assurer une chaîne d’approvisionnement nationale, transparente et résiliente est essentiel pour nos industries les plus stratégiques, notamment l’automobile, la défense, l’énergie et les infrastructures. »

La conversion et l’agrandissement de la raffinerie avaient été suspendus en 2023, alors que l’entreprise faisait face à un déficit de 60 millions de dollars, conjugué à l’inflation, aux perturbations de la chaîne d’approvisionnement et aux contraintes financières héritées de la pandémie.

L’utilisation du français par Mark Carney sera scrutée à la loupe en comité

OTTAWA — L’utilisation du français dans les discours et allocutions de Mark Carney fera l’objet d’une étude en comité par les députés fédéraux, l’opposition déplorant l’usage limité de la langue de Molière par le premier ministre.

Les députés libéraux, conservateurs et celui du Bloc Québécois Mario Beaulieu sur le comité, ont approuvé une motion visant à faire témoigner le ministre des Langues officielles, Steven Guilbeault, le président du Conseil du Trésor Shafqat Ali, ainsi que des fonctionnaires et des experts du bilinguisme. 

Il est aussi ordonné que des documents portant sur les activités liées au français de Mark Carney comme des séances de tutorat soient produites « afin d’évaluer dans quelle mesure le premier ministre a respecté son engagement à améliorer sa maîtrise du français », indique le libellé. La motion exigera aussi une réponse officielle du gouvernement sur cet enjeu.

À la demande des conservateurs, le Comité des langues officielles s’était réuni en urgence lundi soir pour discuter de l’utilisation de la langue française dans les discours et allocutions publics de Mark Carney. Mais après une heure de réunion, aucun consensus sur une motion n’avait été atteint entre les trois formations politiques, repoussant les discussions à jeudi.

Le ton de la réunion de jeudi avait pourtant mal commencé, le conservateur Joël Godin accusant le président du comité Yvan Baker et les libéraux d’avoir fait dérailler « la collaboration qu’on avait » jusqu’à présent.

Les libéraux eux estimaient plutôt que la bonne entente avait été brisée en raison d’un dialogue « pas ouvert et (pas) constructif », de la part de l’opposition conservatrice, a rétorqué la libérale Madeleine Chenette. 

Après plusieurs va-et-vient, les trois partis à la table ont finalement convenu du libellé final. Les libéraux s’inquiétaient notamment qu’une première version, qui a été corrigée, aurait pu forcer la production de documents sensibles touchant à la sécurité nationale du pays.

Le comité doit tenir ces séances sur l’utilisation du français par Mark Carney d’ici les 21 prochains jours.

17 % des discours en français

Cette rencontre réclamée d’urgence par les conservateurs a eu lieu à la suite d’un article de Radio-Canada, basé sur les conférences de presse de Mark Carney au Canada et à l’extérieur du pays dans les derniers mois. Selon l’analyse du diffuseur public, le premier ministre a consacré 17 % de ses discours préparés par lui et son équipe à la langue de Molière. Tout le reste était en anglais. 

« On pense que c’est important que le premier ministre du Canada puisse s’adresser dans les deux langues officielles de façon plus importante que ce qu’il fait présentement. De par sa fonction, il doit prêcher par l’exemple », avançait le député conservateur Joël Godin plus tôt cette semaine.

Le calcul ne prenait pas en compte les réponses aux questions des journalistes lors des conférences de presse.

« Mais ce qui peut être intéressant, c’est d’avoir une analyse des réponses aux questions, les pourcentages (des réponses en anglais et en français) », avait rétorqué Mark Carney en réponse au reportage.

« On ne demande pas un ratio de 50 % en anglais et 50 % en français, mais entre 17 % et 50 %, il y a une marge et il faut prêcher par l’exemple », soutenait Joël Godin.

Le député conservateur Joël Godin. Photo : Olivier Plante – Radio-Canada

« M. Carney parle moins français que les premiers ministres qui ont été là avant lui. Si le chef de l’État utilise moins le français, ça envoie le signal encore plus que le français est une langue de seconde zone », déplorait lundi, l’élu bloquiste Mario Beaulieu.

La députée libérale Giovanna Mingarelli de l’Est ontarien a plutôt salué jeudi le fait que le premier ministre fasse « de plus en plus d’efforts en français », identifiant un discours à l’Université d’Ottawa mercredi soir comme exemple d’amélioration.

Markstay-Warren accueillera un centre de la petite enfance francophone

MARKSTAY-WARREN – Le Carrefour francophone de Sudbury annonce l’ouverture prochaine d’un centre de la petite enfance (CPE) à Markstay-Warren, destiné aux enfants de 0 à 4 ans. Le centre sera installé dans l’École publique Camille-Perron et accueillera son premier groupe d’enfants en 2026.

« Il y a des familles francophones qui étaient dans la garderie anglaise et qui avaient besoin de service en français. Le conseil scolaire a fait un sondage de toutes les familles dans leur école et un sondage dans la communauté. La demande est quand même répétée depuis plusieurs années », explique Stéphane Gauthier, directeur général et culturel du Carrefour francophone de Sudbury.

Selon M. Gauthier, la population de Markstay-Warren, où 30 % des habitants ont le français comme première langue officielle parlée, tout comme à Grand Sudbury, est en croissance, ce qui rend l’ouverture du centre cohérente avec la demande locale.

Le CPE offrira 15 places selon le modèle de « regroupement familial », permettant de mélanger des enfants de différents âges, un format spécialement adapté aux communautés rurales. « L’infrastructure est déjà présente, nous n’avons pas besoin de construire un nouveau bâtiment », ajoute M. Gauthier.

Selon Stéphane Gauthier, directeur général du Carrefour francophone de Sudbury, la demande pour des services de garde en français existe depuis plusieurs années dans les communautés rurales. Photo : Archives ONFR

Le centre sera aménagé dans les locaux existants de l’école située à Markstay et construite en 2009, pour accueillir les enfants dans un environnement stimulant et sécuritaire.

Il s’agira du 12e centre de la petite enfance créé par l’organisme depuis 2005 et le premier à offrir des services pour les tout-petits dans cette partie de Sudbury-Est.

Collaboration avec les partenaires locaux

Le projet est réalisé en collaboration avec le Conseil scolaire du Grand Nord (CSGN), la municipalité de Markstay-Warren et le Conseil des services du district de Manitoulin-Sudbury (CSDMS).

« Le Conseil des services du district de Manitoulin-Sudbury est fier de soutenir cette importante expansion des services de garde en français à Markstay. Elle aidera à répondre à un besoin évident de services accessibles et de haute qualité pour les familles locales », déclare Donna Stewart, administratrice en chef du CSDMS.

« Ce sera un lieu d’enracinement et de vie pour les familles francophones de la région qui pourront désormais profiter d’un continuum éducatif stimulant et en français », indique Carl Dussault, directeur de l’éducation du CSGN.

Le maire Steven Olsen souligne également l’importance du projet pour la communauté : « Cette installation offrira un environnement sûr et accueillant où les enfants pourront grandir et s’épanouir, et elle représente un investissement vital pour l’avenir de notre communauté. »

Des services adaptés

Le programme éducatif du CPE sera adapté aux intérêts des enfants et de la communauté, et le Carrefour francophone prévoit une journée d’engagement communautaire pour intégrer les familles et partenaires locaux dans le processus de planification.

Le nom du centre sera choisi par concours ouvert aux familles, à la communauté scolaire et aux membres du Carrefour francophone.

Concernant le recrutement d’éducateurs qualifiés, Stéphane Gauthier précise : « Le recrutement commence, on est en train de préparer l’ouverture. Depuis la pandémie, c’est extrêmement difficile. La majorité de nos nouveaux membres du personnel sont des nouveaux arrivants qui passent par des programmes de Boréal. Les communautés rurales ont un petit peu moins de logements, c’est loin, il n’y a pas de transport en commun, c’est un défi supplémentaire. »

Le CPE de Markstay-Warren viendra s’ajouter au centre Tremplin du Carrefour francophone à l’école St-Thomas de Warren, qui offre des services parascolaires pour les enfants de 4 à 12 ans, ainsi qu’au programme Place des jeunes du CSGN à l’école Camille-Perron.

Les parents intéressés peuvent s’informer ou s’inscrire à la liste d’attente en appelant au 705-898-1058.

L’avenir de la francophonie en péril en Ontario : l’AFO veut passer à l’action

RICHMOND HILL – Sans action, il y a un « risque d’extinction progressive de la francophonie en Ontario », tel est le constat sans équivoque présenté ce jeudi au congrès de l’Assemblée de la francophonie de l’Ontario (AFO), qui avait lancé des états généraux. De ses vastes consultations dressant le portrait de la communauté, l’AFO considère qu’il est temps d’agir, avec l’objectif clair de parvenir à une cible de 6 % du poids démographique francophone d’ici à 2050. Un plan d’action communautaire et des plans d’action dans 30 régions seront réalisés, pour être présentés lors du congrès de 2026.

Au lendemain de la soirée de lancement de son congrès annuel, l’AFO dresse un constat alarmant : la francophonie en Ontario est en perte de vitesse, résultats croisés des études et des consultations menées. C’est ce qui ressort de l’étude de la firme PGF Consultants, réalisée pour l’AFO.

Sans action, l’organisme parle même de « risque d’extinction progressive de la francophonie en Ontario ».

Fabien Hébert lors de la soirée de lancement du Congrès 2025 de l’AFO. Photo : Sandra Padovani/ONFR

L’AFO avait en effet entrepris, entre le 28 août et le 5 octobre 2025, un sondage intitulé : « États généraux de la francophonie en Ontario : votre avis compte », avec pour objectif d’« identifier, par région, la perception des francophones et francophiles sur les enjeux actuels et futurs de la communauté, ainsi que sur l’évolution de l’identité francophone en Ontario. »

2277 d’entre eux ont répondu aux 20 questions posées en français et en anglais, interrogeant leurs craintes quant au contexte actuel de la francophonie en Ontario, leurs opinions sur le type de services manquants en Ontario, ou encore sur leur perception de la francophonie dans leur région.

52 % des répondants ont jugé que les francophones sont de moins en moins nombreux et visibles et 53 % d’entre eux ont répondu que les services en français sont de plus en plus rares. Par ailleurs, 29 % des sondés ont répondu n’avoir pas confiance en l’avenir de la francophonie et 4 %, absolument pas confiance.

Selon une étude démographique réalisée par la firme d’experts-conseils Brynaert, Brennan et Associé.e.s (BBA) pour l’AFO, le poids des francophones est passé de 5,5 % en 1991 à 4,6 % en 2021. Si la population de langue française augmente, elle augmente moins vite que la population anglophone.

Source : PGF Consultants

Parmi les causes de cette perte de vitesse, plus de décès sont attendus (224 000) que de naissances (153 000) entre 2025 et 2050. D’autre part, l’étude réalisée par la firme PGF Consultants met en lumière le fait que le tiers des répondants du sondage craignent de ne pas parvenir à transmettre le français et la culture francophone à leurs enfants.

Le taux de transmission de la langue ne serait d’ailleurs que de 67 %, notamment dû à un phénomène d’assimilation et d’insécurité linguistique.

Des solutions sur lesquelles miser et un plan d’action à définir

Parmi les solutions identifiées par l’étude contre l’assimilation, on compte la rétention dans les écoles francophones ou encore l’augmentation du nombre de locuteurs de langue française, y compris les francophiles, anglophones issus de couples exogames et anglophones bilingues.

« On doit faire (en sorte) que les francophiles puissent s’exprimer dans un contexte social et commercial en français. On doit aider les alliés à s’exprimer en français », soulève le responsable d’un conseil scolaire via l’enquête anonyme de l’AFO.

L’immigration est toutefois identifiée comme « clé dans la survie de la francophonie ontarienne ».

Les objectifs visent à ramener à 6 % le poids des francophones, comme en 1971, en accueillant 580 000 francophones issus de l’immigration internationale entre 2025 et 2050.

Cette cible de 6 % d’ici à 2050 représente la proportion de la population franco-ontarienne sur l’ensemble de la population de l’Ontario. Pour l’atteindre, la population franco-ontarienne devra renverser la tendance et croître plus rapidement que la population ontarienne en général.

Des écueils notables entourent ces solutions pourtant indispensables à la cible fixée. Si attirer l’immigration est déjà un défi, il y a également des enjeux d’intégration, de sentiment d’appartenance et de rétention de ces nouveaux arrivants.  

« Il est temps de redéfinir la francophonie multiculturelle en Ontario, en reconnaissant qu’il y a plusieurs communautés francophones très différentes, avec des besoins variés », souligne un responsable du secteur de la culture et des médias, via le sondage.

Une nouvelle manne de francophones soulève par ailleurs la question des infrastructures et services en français « déjà en tension ».

Source : PGF Consultants

L’AFO suggère également que la multiplication des organisations pose un « enjeu de dispersion des ressources et de lisibilité de l’offre », en plus de leur trop grande dépendance aux financements publics.

« Des organismes anglophones vivent de dons et de commandites privés, et n’ont aucune subvention du gouvernement. C’est un aspect qui nous manque à nous francophones », témoigne un responsable du secteur des aînés.

Enfin, le manque de collaboration, de coordination et de partage des données des organisations est également pointé du doigt.

Si 60 % des sondés affirment bien connaitre les organisations francophones de leur région, 39 % affirment le contraire.

Par conséquent, l’AFO organisera des groupes de travail à grande échelle avec une tournée dans 30 régions dans le but d’élaborer « un plan d’action communautaire » et des « plans d’action en région », qui seront présentés lors du prochain congrès de l’AFO en 2026.

« La francophonie ontarienne doit se mobiliser et se mettre d’accord, mais les solutions viendront du terrain, des communautés elles-mêmes », a indiqué à ONFR le président Fabien Hébert lors de la soirée de lancement du congrès.

Il a signifié son intention d’impliquer urgemment les paliers gouvernementaux dès que des plans d’action concrets seront élaborés.

Fété Ngira-Batware Kimpiobi honorée du prix de la ministre Mulroney

RICHMOND HILL – La 23ᵉ édition du Congrès annuel de l’Assemblée de la francophonie de l’Ontario (AFO) s’est ouverte hier soir sur une note de célébration et de reconnaissance. Caroline Mulroney a remis le Prix de la ministre des Affaires francophones à Fété Ngira-Batware Kimpiobi, directrice générale de Solidarité des Femmes Immigrantes Francophones du Niagara (SOFIFRAN).

Cette dernière a été saluée pour son engagement indéfectible envers les femmes et les familles immigrantes francophones du Niagara. Le Prix décerné par la ministre des Affaires francophones est le retour d’une reconnaissance sous une nouvelle version, qui n’avait pas été décerné depuis plusieurs années.

« Ce prix, né d’un partenariat solide avec l’AFO, symbolise notre volonté commune de faire vibrer la francophonie ontarienne en honorant celles et ceux qui la portent avec détermination », a déclaré la ministre Mulroney devant un parterre de leaders communautaires et institutionnels.

Elle a qualifié la lauréate de « force tranquille, bâtisseuse et source d’inspiration pour tous ceux qui croient à la puissance du français comme vecteur d’unité ».

Un nouveau souffle pour une distinction emblématique

Créés en 2006, les Prix de la francophonie de l’Ontario ont été rebaptisés « Prix de la ministre des Affaires francophones » et fusionnés cette année en une distinction unique qui célèbre désormais une seule candidature exceptionnelle, toutes catégories confondues.

Intégré aux Prix de reconnaissance de l’AFO, il vise à renforcer la visibilité des talents francophones et à mieux refléter la diversité des parcours et des contributions.

« Ce prix va bien au-delà d’un simple hommage, a expliqué Mme Mulroney. Il nous rappelle que c’est en valorisant la force de chacun et chacune que la francophonie grandit et rayonne. »

La ministre a profité de la soirée pour évoquer l’année symbolique du 50ᵉ anniversaire du drapeau franco-ontarien, marquée, selon elle, par « des réussites formidables » et « une communauté fière et résiliente, mobilisée par l’ambition d’écrire l’avenir en français ».

« Ce prix dépasse la reconnaissance individuelle »

Fété Ngira-Batware Kimpiobi a livré un discours empreint d’émotion, de lucidité et d’espoir.

« C’est avec une profonde joie et une grande humilité que je vous remercie pour l’honneur que vous me faites en me décernant ce prestigieux prix, a-t-elle déclaré. Ce prix dépasse la reconnaissance individuelle; il symbolise l’aboutissement d’une œuvre collective. »

La directrice de SOFIFRAN a tenu à dédier sa distinction à l’ensemble de la communauté francophone et immigrante du Niagara.

« Souvenez-vous, seul on va loin, mais ensemble on va plus loin. C’est celle d’une communauté qui m’a accueillie, reconnue et honorée de sa confiance. C’est à elle que je dédie ce prix. »

Évoquant son parcours d’immigrante devenue leadeuse communautaire, elle a confié : « Dans le regard du nouvel arrivant, il y a quelque chose de vulnérable, mais aussi cette flamme fragile et magnifique de l’espérance. En la contemplant, j’ai reconnu ma propre humanité, ma propre vulnérabilité. »

En conclusion, la récipiendaire a offert un message porteur : « Puisse notre belle bannière francophone précéder ce mouvement de renouveau de l’humanité et continuer de flotter fièrement sous son slogan que nous connaissons tous : nous sommes et nous serons. »

Un hommage partagé

La ministre Mulroney a également félicité les autres lauréats des Prix de reconnaissance de l’AFO – Marc Bisson, Sonia Macaluso, Bradley Bertrand, Karna Trentman et Oliva Roy – tout en saluant « l’ensemble des francophones et francophiles qui, chaque jour, contribuent à bâtir une communauté inclusive et dynamique ».

Cette première Soirée de la ministre a marqué le coup d’envoi d’un congrès axé sur le renforcement des liens communautaires et la reconnaissance des acteurs qui façonnent la francophonie ontarienne.

WIFF 2025 : « Le début de nos 20 prochaines années »

WINDSOR – Le Windsor International Film Festival célèbre sa 21e édition avec un record de films, un accent francophone affirmé et une vision claire de l’avenir. ONFR s’est entretenue avec Vincent Georgie, directeur exécutif et programmateur en chef du festival, pour évoquer cette édition charnière, entre rayonnement international, enracinement local et ambitions industrielles.

Alors que le Festival international du film de Windsor (WIFF) débute officiellement ce jeudi, Vincent Georgie ne cache pas son excitation.

« Les matins sont déjà sur leur troisième café et les soirées se terminent tard! », raconte-t-il en riant. Même si on ouvre officiellement le jeudi 23 octobre à 9 h du matin, tout commence une semaine avant : l’installation, l’arrivée des invités… C’est un peu comme un train qui démarre tranquillement. »

Une édition charnière

Pour cette 21e édition, le ton est donné : il s’agit de penser au futur.

« C’est très clair pour moi, cette édition, c’est à propos des prochains 20 années. On a déjà fêté notre premier 20 ans; maintenant, c’est le début de nos prochains 20 années, affirme Vincent Georgie. On veut savoir où on sera côté notoriété, participation, durabilité… tous ces éléments-là. »

Et cette projection vers l’avenir se fait avec des chiffres impressionnants : 231 longs-métrages de 50 pays, auxquels s’ajoutent environ 60 courts-métrages.

« C’est notre plus grande édition côté programmation, ça, c’est sûr. On est très fiers de ça, dit-il. Dès le début de l’année, je sentais que la cuvée allait être robuste. Il y avait déjà beaucoup de bons titres qui arrivaient. »

Un festival pensé comme une expérience

Avec une telle densité de films, les festivaliers doivent s’organiser.

« C’est pour ça qu’on annonce les titres deux mois à l’avance, afin que le public ait le temps de planifier. Certains organisent même des soirées entre amis pour bâtir leur horaire autour d’un verre de vin! », s’amuse Vincent Georgie.

Mais au-delà de la programmation, le WIFF mise sur l’expérience collective.

« Il faut que la valeur de l’expérience vécue soit forte. Par exemple, pour le documentaire sur Come from Away, nous réunirons sur scène des protagonistes de Gander (Terre-Neuve) et de New York. Ce type de moment humain, collectif, crée une expérience unique », explique-t-il.

Le festival transforme aussi littéralement le centre-ville.

« Nous travaillons aussi sur le placemaking : embellir le centre-ville, créer des pop-ups dans les vitrines vides, installer des haut-parleurs pour diffuser une trame sonore extérieure… On veut que tout Windsor respire le festival », raconte-t-il.

Un amour du cinéma francophone

Le WIFF s’impose aujourd’hui comme le festival présentant le plus grand nombre de films francophones au Canada hors Québec et le plus grand nombre de longs-métrages francophones au pays, souligne Vincent Georgie.

« Cette année, on en compte environ 60 (longs-métrages), dont plusieurs du Québec, de la France et même de l’Ontario. »

Il cite notamment le nouveau film de Jocelyn Forgues, Et Maintenant?, un long-métrage franco-ontarien rare : « On est très heureux d’avoir ce film-là, parce que ce n’est pas à chaque année qu’on a un long-métrage franco-ontarien. »

Vincent Georgie de passage dans le balado d’ONFR Vous êtes là présenté par Mehdi Cayenne. Photo : ONFR

À Windsor, les francophones et les francophiles se mélangent naturellement : « La place au cinéma français, je l’avoue, n’a jamais été un défi ici. Il n’y a jamais eu de résistance, jamais de ‘non, on ne peut pas ouvrir avec un film franco’. Jamais, assure-t-il. Dans un pays bilingue comme le Canada, c’est génial de pouvoir lever ce drapeau-là », ajoute le dirigeant du WIFF.

Le public suit cette ouverture. « La population francophile dans notre festival est croissante, c’est sûr. On voit aussi plus de tourisme du Nord de l’Ontario, de l’Est (du Canada) et du Québec. »

« Le cinéma francophone mondial, c’est d’un calibre important. Les ressources, les infrastructures, les vedettes… tout y est. Si on compare à d’autres cinémas, comme l’allemand ou le finlandais, ils sont excellents, mais n’ont pas la même ampleur mondiale », concède-t-il.

Le WIFF, un tremplin pour les cinéastes canadiens

Au-delà des projections, le festival agit comme un levier concret pour les créateurs.

« Le prix WIFF du meilleur film canadien vient avec un prix de 25 000 $ (en argent) pour le cinéaste », précise M. Georgie. Et la tendance est claire : « Dans les quatre fois où on a remis le prix, trois des quatre fois, c’était des cinéastes francophones canadiens. »

Cette reconnaissance s’inscrit aussi dans une stratégie de positionnement. Le festival, qui se déroule entre le TIFF et la course aux Oscars, bénéficie d’une place stratégique dans le calendrier.

« Dans l’industrie, on est considérés comme un peu tard, mais c’est un atout, explique-t-il. Par exemple, Rental Family avec Brendan Fraser, c’est un film qui avait pris une belle énergie au TIFF, et nous, on le montre fin octobre, juste au moment où la course aux Oscars s’intensifie. »

Une dynamique payante : « L’an dernier, le prix du public a été remis à Anora de Sean Baker, qui a finalement remporté cinq Oscars. Est-ce qu’il y a un lien direct? Non. Mais c’est certain que ces films cherchent à récolter le plus de prix possibles dans les festivals. »

Une dimension économique et régionale

Le WIFF est aussi un moteur local, ancré dans la région.

« On a toujours cru que le WIFF devait avoir un impact économique positif sur Windsor. On dépense dans l’économie locale, on appuie les commerces, les hôtels, les fournisseurs, détaille le cinéphile. En même temps, on met des efforts en marketing pour attirer des touristes. »

Détroit, Sudbury, Ottawa, Montréal : le rayonnement dépasse désormais les frontières. « Déjà, environ 8 à 10 % de notre participation vient du Michigan et de l’Ohio. »

Cette dimension transfrontalière est essentielle : « Nous sommes de loin le plus grand festival de la région. C’est logique d’inviter nos amis américains à traverser la frontière. »

Un pont entre culture et industrie

Le WIFF ne se contente plus d’être un rendez-vous public : il devient aussi un espace professionnel et industriel.

« On a lancé la première conférence industrielle il y a deux ans. Cette année, la participation a augmenté de 55 %. C’est énorme », note le Windsorois. C’est un honneur que l’industrie nous voie comme un festival majeur, où on peut lancer des films, faire une belle conférence et du business. Du bon business dans un festival, c’est bon pour tout le monde. »

Mais il reste lucide sur les défis structurels : « Pour attirer plus de productions dans notre région, il faut deux choses : des incitatifs financiers et une main-d’œuvre bien organisée. Aujourd’hui, on n’a ni l’un ni l’autre. »

Il reste malgré tout confiant : « Le WIFF, c’est la grande dame du cinéma de la région. On attire producteurs, cinéastes, financiers… ça crée une énergie. »

Entre rayonnement international, ancrage local et ambitions industrielles, le WIFF 2025 s’annonce comme une édition charnière. Et Georgie conclut, fidèle à sa vision :

« L’an dernier, j’ai dit que les 20 prochaines années du WIFF seront les meilleures années du WIFF. C’est exactement ce que je crois encore aujourd’hui. »

« La fin d’une époque » : la Superstack disparaîtra du ciel de Sudbury

SUDBURY – Les travaux de démolition de la tour emblématique de Sudbury, la Superstack, ont bien débuté dans le cadre du projet de Vale Base Metals visant à réduire les émissions atmosphériques. Pour plusieurs Sudburois, cette disparition évoque des souvenirs et tourne la page d’un chapitre important de l’histoire industrielle de la ville.

Construite en 1972, la Superstack, supercheminée de la fonderie de Copper Cliff, était à l’époque la plus haute structure de son type au monde. S’élevant à 381 mètres au-dessus de la ville du nickel, celle-ci domine encore le paysage et atteint une hauteur comparable à celle de l’Empire State Building à New York.

Monument industriel emblématique, elle symbolisait alors la puissance et l’essor de l’exploitation minière dans la région, tout en jouant un rôle pratique : sa hauteur permettait de disperser les importantes émissions de dioxyde de soufre et d’autres gaz produits par la fonderie d’Inco, afin de réduire les effets de la pollution sur la ville et ses environs.

« La Superstack a toujours été un symbole de prospérité pour la ville. Quand on voyait de la fumée sortir de la cheminée, cela signifiait que les mines allaient bien, que l’on produisait du nickel », explique Paul Guénette, chef de projet pour la démolition chez Vale.

Des ouvriers sur le chantier lors de la construction de la Superstack. Photo : Noah Brabant

Pour Serge Dupuis, historien, cette construction représentait également une avancée technologique majeure. 

« On présentait l’industrie minière comme une grande victoire de l’homme sur la nature. C’était un succès que l’on cherchait à célébrer jusqu’aux années 50, début 60 », raconte-t-il.

La pollution et ses impacts

Même si la Superstack a été construite pour limiter les impacts locaux de la pollution, les résidents de Sudbury ont malgré tout ressenti les contrecoups de l’industrie minière.

« L’augmentation de l’extraction voulait aussi dire une augmentation de la pollution. C’est assez ironique parce qu’à l’époque on appelait Sudbury ‘’Ste-Anne des Pins’’, car ça ressemblait beaucoup à la région de la Rivière des Français, avec un environnement un peu rocheux (…) mais avec des pins blancs majestueux », note le Sudburois d’origine, rappelant que les relâchements de soufre pouvaient endommager les potagers et teinter l’air en jaune.

Selon Serge Dupuis, un mouvement s’est étalé sur un demi-siècle pour inciter Inco à réduire la pollution et améliorer la qualité de l’air. Photo : Inès Rebei/ONFR

Donald Dennie, enseignant à la retraite, se souvient : « C’était pas très agréable des matins de vent d’ouest avec la fumée de soufre qui nous rentrait dans la gorge. » 

La construction de la Superstack, qui permettait de disperser les émissions à une plus grande hauteur, a toutefois eu des impacts au-delà de Sudbury, selon M. Dupuis. La pollution a touché les terres agricoles de Nipissing Ouest et même, plus loin encore, a eu un impact sur l’agriculture dans le Midwest américain.

Marcel Vaillancourt, ancien employé d’Inco, se souvient des pluies acides qui frappaient Sudbury, mais retient : « C’est malgré tout une histoire marquante, puisqu’elle illustre la convergence entre le secteur industriel, le gouvernement et la recherche scientifique pour réduire la pollution. »

La fin d’une époque

Pour Paul de La Riva, auteur de l’ouvrage Mine de rien : les Canadiens français et le travail minier à Sudbury, 1886-1930, la Superstack faisait partie du paysage quotidien. 

« Pendant longtemps, la Superstack a été une source de fierté. On aimait dire qu’elle était plus haute que la Tour CN à Toronto. Elle faisait partie de l’identité visuelle et industrielle de Sudbury. »

Ce retraité du secteur de la communication voit la démolition comme le reflet de l’évolution de Sudbury : « La ville a évolué vers une économie plus diversifiée. On ne sent plus autant que c’est une ville minière. »

« Quand j’étais jeune, je croyais que c’était une fusée! La cheminée me servait même à savoir dans quelle direction soufflait le vent quand je faisais du vélo », décrit Paul de la Riva. Photo : Gracieuseté de Paul de la Riva

Marcel Vaillancourt, au milieu des années 2000, avait déjà prédit que la grande cheminée finirait par disparaître : « Je me souviens de m’être arrêté, avoir garé ma voiture et m’être placé juste en dessous pour l’admirer, conscient qu’un jour, elle disparaîtrait ».

« C’est la fin d’une époque et d’une saga d’un demi-siècle. La cheminée a été un symbole touristique et industriel, mais il était temps de la démonter », conclut-il.

« C’est une page qui se tourne. La nouvelle génération, probablement heureuse de voir cette structure disparaître, voit la Superstack comme un symbole de l’aspect environnemental : l’industrie minière avait vraiment dévasté le paysage de Sudbury », confie de son côté Paul Guénette.

Paul Guénette, qui supervise les travaux, assure que des consultations ont été menées auprès des communautés locales et autochtones. Photo : Gracieuseté de Paul Guénette

Un record mondial

La démolition se fait de manière progressive et minutieuse, sans recourir à des explosifs.

« On commence par le haut avec une machine qui broiera le béton en descendant, en contrôlant les débris qui tombent. Ensuite, le béton sera retiré et acheminé vers un site d’enfouissement sur la propriété », souligne M. Guénette.

Et d’ajouter : « C’est un record mondial : c’est la plus haute structure qui ait jamais été démolie de cette façon. »

La démolition de la Superstack devrait s’étaler sur environ cinq ans, tandis que la Copperstack, plus petite, est déjà en cours de démantèlement. Le projet s’inscrit dans le cadre de l’initiative Clean AER de Vale, qui vise à réduire les émissions atmosphériques grâce à de nouvelles technologies plus efficaces.

Dans ce cadre, la Superstack a été mise hors service en 2020, remplacée par deux cheminées plus petites et plus performantes.

« J’espère que la compagnie va établir une plaque ou quelque chose pour que l’on se souvienne, à l’avenir, de la cheminée »
— Donald Dennie

« Depuis 2020, les émissions (de gaz) sont maîtrisées par des procédés modernes, avec moins de pollution que dans les années 70. On a fait beaucoup de recherches. Nous avons étudié les effets de la poussière, du bruit, des vibrations, et nous ne prévoyons aucune perturbation en dehors de la zone du projet », précise M. Guénette.

Aujourd’hui, la hauteur officielle de la Superstack est maintenant de 1141 pieds (345 m), avec un total de 105 pieds (35 m) retirés pour le moment, selon les dernières informations de Vale.

« Il y aura certainement une certaine nostalgie de ne plus voir cette cheminée qui a dominé la ville pendant plus de 50 ans », pense Donald Dennie. Photo : Centre de counseling de Sudbury

Un hommage à l’histoire de la ville

Plusieurs s’entendent sur l’importance de laisser une trace de ce monument. « Il faudrait avoir une plaque ou une mini-statue pour rappeler l’histoire de la cheminée, mais il n’est pas nécessaire de la maintenir intacte », estime Paul de La Riva. 

Marcel Vaillancourt suggère : « On pourrait construire une mini-stack avec une plaque pour que les touristes puissent voir et lire l’histoire de la Superstack. »

Pour Donald Dennie, cette initiative est essentielle : « J’espère que la compagnie va établir une plaque ou quelque chose pour que l’on se souvienne, à l’avenir, de la cheminée. »

De son côté, Paul Guénette fait savoir que Vale prévoit d’ériger un monument et d’installer une plaque en ville afin de conserver le souvenir de la Superstack, même si l’emplacement exact n’a pas encore été déterminé.

Joanne Gervais prendra sa retraite de l’ACFO du Grand Sudbury après 16 ans de service

SUDBURY – Figure bien connue de la francophonie du Moyen-Nord, Joanne Gervais quittera ses fonctions de directrice générale de l’Association canadienne-française de l’Ontario du Grand Sudbury (ACFO du Grand Sudbury) à la fin de mars 2026, après 16 années de service.

Arrivée en poste en 2010, Mme Gervais a marqué l’organisation par son rôle dans plusieurs dossiers majeurs, dont les célébrations du 50ᵉ anniversaire du premier lever du drapeau franco-ontarien et la défense des services en français à la Ville du Grand Sudbury.

Lors du traditionnel banquet de l’ACFO du Grand Sudbury pour le Jour des Franco-Ontariens, Joanne Gervais a remis le Prix de la francophonie aux membres du comité de création du drapeau franco-ontarien, honorant notamment son défunt frère Gaétan Gervais, cofondateur du drapeau.

Elle a également joué un rôle actif dans les démarches ayant mené à la création de l’Université de Sudbury « par, pour et avec » les francophones de la région.

Joanne Gervais tenant entre les mains plusieurs documents dont le Manifeste de Franco-Parole de mars 1973 et la revue du Nouvel Ontario en 1985 intitulée Pour une université française en Ontario. Photo : Inès Rebei/ONFR

En 2022, Joanne Gervais a été honorée du Mérite Horace-Viau lors du 21e gala de la Fondation Richelieu International à Sudbury. Sous sa direction, l’ACFO du Grand Sudbury a publié, un an plus tard, un rapport d’enquête sur les politiques de bilinguisme municipal, révélant le recul du français comme langue de travail et proposant plusieurs pistes pour renforcer sa présence au sein de l’administration municipale.

Avant son rôle à l’ACFO, Joanne Gervais a aussi siégé au comité administratif du Centre franco-ontarien du folklore.

« Joanne Gervais a fait preuve d’un leadership exceptionnel et d’un engagement indéfectible envers la francophonie sudburoise. Son départ laissera un grand vide au sein de l’organisme », affirme Marc Gauthier, président du conseil d’administration.

Le processus de recrutement est déjà entamé pour trouver la personne qui lui succédera. Selon la vice-présidente du conseil, Danielle Barbeau-Rodrigue, la relève aura le mandat de « poursuivre le travail amorcé et de contribuer à l’avancement des droits et du rayonnement de la communauté francophone ».

L’offre d’emploi sera publiée sur le site web de l’ACFO du Grand Sudbury ainsi que sur diverses plateformes communautaires et professionnelles. Les candidatures seront acceptées jusqu’au 10 novembre.

Joanne Gervais demeurera en poste jusqu’au 31 mars 2026 afin d’assurer une transition en douceur. Elle n’était pas disponible pour une entrevue.

La francophonie ontarienne se rassemble à Toronto pour « évoluer et aller plus loin »

RICHMOND HILL – Sous le thème évocateur « Nous sommes… nous serons », l’Assemblée de la francophonie de l’Ontario (AFO) ouvre du 22 jusqu’au 25 octobre 2025, son congrès annuel à Richmond Hill. Un rendez-vous qui s’annonce comme un moment charnière dans l’histoire du fait français en Ontario.

Cette édition revêt une signification particulière : elle s’inscrit dans la continuité des États généraux de la francophonie ontarienne, lancés en mars 2025. Cette vaste consultation, amorcée à l’échelle de la province, vise à repenser collectivement les structures, les priorités et la mobilisation du réseau francophone pour les années à venir. Le congrès des prochains jours représentera ainsi une étape clé pour approfondir les échanges et tracer des pistes d’action concrètes.

« Ce congrès vient poursuivre le grand chantier des États généraux de la francophonie ontarienne, amorcé plus tôt cette année. C’est un moment clé de réflexion, de dialogue et de mobilisation pour tracer collectivement les grandes orientations de notre avenir », souligne Fabien Hébert, président de l’AFO.

Selon lui, cette édition « est vraiment un moment charnière pour la francophonie ontarienne ». Il ajoute : « On doit se questionner sur les actions à prendre pour continuer d’avancer. Les modèles qu’on a utilisés dans les cinquante dernières années doivent évoluer pour nous permettre d’aller plus loin. »

Un espace de convergence et de co-construction

Durant quatre jours, le congrès se transformera en un véritable laboratoire d’idées, réunissant élus, experts, bailleurs de fonds, représentants communautaires et membres du grand public. Au programme : conférences, panels thématiques, causeries, ainsi que des ateliers participatifs portant sur des enjeux essentiels : de l’identité francophone à l’immigration, en passant par la complétude institutionnelle, le financement, la gouvernance et le vivre-ensemble.

Le congrès s’ouvre officiellement le mercredi en soirée avec un cocktail de bienvenue et la remise du Prix de la francophonie, en présence de Caroline Mulroney, ministre des Affaires francophones de l’Ontario. Son ministère doit d’ailleurs faire une annonce le jeudi soir dans le cadre de cette réunion de la francophonie ontarienne.

M. Hébert évoque « un moment de célébration » : « On reconnaît les efforts et le travail ardu des membres de la communauté. La même chose avec le gala : c’est un moment pour célébrer la collectivité. »

Des discussions lucides et décisives

Une présentation d’ouverture le jeudi matin, intitulée « Changer ou disparaître? Portrait de la situation de la francophonie en Ontario », dressera un état des lieux lucide du français dans la province, entre reculs démographiques et nouveaux leviers d’action. Des discussions politiques, comme le Laboratoire sur la complétude institutionnelle, permettront d’explorer des solutions concrètes pour renforcer les institutions francophones et garantir des services équitables dans la langue de Molière, indique le programme de l’AFO.

Le président rappelle toutefois que le contexte politique actuel ajoute un sentiment d’urgence : « On arrive dans un moment où le gouvernement fédéral parle d’austérité et de coupures de financement. Ces annonces donnent peut-être un ton plus grave à notre réflexion, mais elles renforcent aussi la nécessité d’agir et de bâtir les bons mécanismes pour l’avenir. »

Enfin, le Gala des Prix de reconnaissance 2025 qui aura lieu vendredi soir viendra clôturer le congrès en célébrant les personnes dont le travail et l’engagement contribuent à faire briller la langue et la culture françaises à travers la province.

Un rendez-vous à la croisée des chemins

Pour Peter Hominuk, directeur général de l’AFO, cette édition se déroule à un moment décisif : « En 2025, nous poursuivons notre démarche de renouvellement collectif avec les États généraux de la francophonie ontarienne. Cette grande conversation communautaire nous invite à réfléchir ensemble à l’avenir de notre réseau, à nos défis communs, mais surtout à nos solutions et à notre capacité de rebond. »

Ses mots résonnent particulièrement dans un contexte où la francophonie ontarienne fait face à des défis historiques : démographiques, linguistiques et institutionnels, tout en cherchant à affirmer son rôle dans un Ontario de plus en plus diversifié. Le congrès se veut donc plus qu’un événement annuel, soutient l’AFO : un appel à l’action pour penser à la francophonie de demain, plus inclusive, plus audacieuse et mieux outillée pour affronter les réalités du 21e siècle.

Une francophonie à réinventer, ensemble

Plus de cinquante ans après le premier congrès de 1969, un moment fondateur du mouvement franco-ontarien moderne, l’édition 2025 entend renouer avec cet esprit de refondation. Sous le mot d’ordre « Nous sommes… nous serons », l’AFO invite toutes les générations à participer à cette conversation historique sur l’avenir collectif de la francophonie ontarienne.

Comme le rappelle Fabien Hébert, « le congrès annuel, c’est avant tout un espace vivant où se rencontrent les idées, les voix et les espoirs de toute notre communauté. Ensemble, nous célébrons la vitalité de notre francophonie tout en posant les bases d’un Ontario français uni dans sa diversité, audacieux dans ses ambitions et solidaire dans ses actions. »

Et de préciser, à propos des suites à donner : « Lors de notre assemblée annuelle, on a toujours les vœux du plancher, les grandes lignes de nos actions politiques pour la prochaine année. C’est un point culminant pour l’AFO, car on reçoit nos directives claires de la part de la membriété. On verra ce que la communauté nous dira, tout en lui présentant les avancées réalisées depuis l’an dernier. »

Garderies à 10 $ : Ottawa ne tiendra probablement pas ses promesses de coût et de places

Le système pancanadien des garderies a réussi à réduire les frais et à rendre plus abordables les services de garde au Canada, mais Ottawa risque de ne pas atteindre pleinement son objectif d’un coût de 10 $ par jour et de création des 250 000 places promises, constate la vérificatrice générale du Canada dans son rapport.

En 2021, Ottawa avait annoncé en grande pompe un programme de 35 milliards de dollars qui réduirait les coûts des services de garde à 10 $ par jour d’ici 2026, en plus de permettre la création de 250 000 places.

Or, cinq provinces doivent toujours réduire leur coût à 10 $ par jour d’ici 2026 et pour le moment seules 112 165 places ont été créées, loin de l’objectif de 250 000. C’est le constat qu’émet la vérificatrice générale (VG) Karen Hogan auprès du ministère de l’Emploi et Développement social Canada dans un rapport déposé au Parlement mardi.

Le programme national a permis de réduire les coûts à environ 16,50 $ par jour, constate Mme Hogan. Mais, certaines provinces ont émis des doutes « quant à la viabilité financière du programme après 2026 », a indiqué le ministère de l’Emploi et Développement social Canada en réponse à la VG. Elle soutient toutefois que la majorité des places ont permis d’améliorer l’abordabilité pour les familles canadiennes.

Pour les places de garde chez les francophones en milieu minoritaire, la VG constate que le fédéral n’a pas suffisamment collecté de données des provinces pour faire un état des lieux clair.

La VG a aussi relevé qu’Ottawa avait de l’information limitée à savoir si les objectifs énoncés dans les ententes conclues avec les provinces et territoires dans le cadre de ce programme ont été atteints. Par exemple, la VG énonce que le fédéral n’a pas fait un bon suivi pour faire recueillir le nombre de places créées « ce qui ne permettait pas d’avoir un aperçu cohérent et comparable des places réglementées abordables créées partout au Canada pour les enfants de moins de six ans ».

Elle note l’exemple d’une province qui a comptabilisé des centaines de places pour des enfants d’âge scolaire, qui avaient plus de six ans, soit au-delà de l’âge maximal du programme.

Le fédéral a signé des ententes avec les provinces et territoires entre 2020 et 2022 dans le cadre de l’Accord sur l’apprentissage et garde des jeunes enfants Photo : Canva

Elle fait aussi état du fait qu’Ottawa ne connaisse pas l’ampleur de la demande non satisfaite concernant les places de services de garde dans les provinces, car celles-ci ont offert « des renseignements limités ».

« Nous avons constaté que le Ministère avait manqué des occasions de recueillir des renseignements comparables sur le rendement auprès des gouvernements provinciaux et territoriaux qui lui auraient permis de surveiller efficacement les progrès réalisés en matière d’apprentissage et de garde des jeunes enfants à l’échelle du Canada », étale Karen Hogan dans un de ses six rapports dévoilés ce mardi.

Le seul suivi bien effectué par le fédéral concerne le financement offert aux provinces et territoires, à savoir si l’argent avait été dépensé ou non, étale la VG.

« Le Ministère n’a pas suffisamment évalué si le financement fédéral avait atteint les objectifs en matière de soutien aux enfants et aux familles vulnérables et issus de milieux divers, ou encore en matière de soutien à l’apprentissage et à la garde des jeunes enfants autochtones », observe aussi Mme Hogan.

Des fonctionnaires du Bureau de la vérificatrice générale ont indiqué lors d’un breffage technique que les données concernant les francophones en milieu minoritaire diffèrent d’une province à l’autre, certaines provinces comme le Nouveau-Brunswick ayant des plans spécifiques. Mais comme le recueillement des données a fait défaut, il était difficile de déterminer le portrait concernant la création de places pour les francophones, nous ont indiqué ces fonctionnaires.

Karen Hogan fait d’ailleurs plusieurs recommandations à Ottawa pour effectuer un meilleur suivi des ententes signées avec les provinces et territoires, notamment sur la collecte de données.

En Ontario

L’homologue de Mme Hogan en Ontario, la vérificatrice générale Shelley Spence avait aussi constaté des ratés, mais pour le gouvernement provincial concernant la gestion du programme des garderies à 10 $ par jour. Dans un rapport déposé au mois d’août, Mme Spence indique que 80 500 places sont toujours vacantes, soit 25 % plus bas que l’objectif désiré par le gouvernement Ford.

Dans le cadre de l’Accord sur l’apprentissage et garde des jeunes enfants signé entre l’Ontario et le Canada, la province a reçu 10,23 milliards de dollars sur 5 ans en 2021. Cette entente avait pour but de réduire les frais de garde d’enfants de moins de six ans pour les familles de l’ordre de 10 $ par jour — auparavant estimés à 48 $ par jour pour les familles. 

En mars 2025, Ottawa a annoncé prolonger à nouveau ses ententes avec les provinces et territoires pour un coût total de 37 milliards de dollars, sur cinq ans.

Contact ontarois mise sur le bien-être et la diversité pour sa 45e édition

OTTAWA – Le programme de la 45e édition de Contact ontarois a été dévoilée ce mardi par Réseau Ontario à l’aide d’une vidéo promotionnelle. Du 14 au 17 janvier 2026, cet événement présenté comme le marché du spectacle francophone réunira près de quarante vitrines présentant des artistes de toutes disciplines et de plusieurs régions du Canada.

Pour la première fois, Contact ontarois aura un porte-parole, Stéphane Guertin, qui représentera l’événement et participera aux différentes activités autour de la programmation. 

« On trouvait que c’était vraiment pertinent d’avoir un artiste pour parler de notre événement, qui connaît toutes les facettes de notre réseau et a bénéficié de plusieurs distinctions au fil des ans », explique Marie-Ève Chassé, directrice générale de Réseau Ontario.

De gauche à droite : Marie-Claude Sabourin (présidente de Réseau Ontario), Stéphane Guertin et Marie-Ève Chassé, lors de la remise de prix de Contact ontarois 2024. Photo : Stéphane Bédard/TFO

L’événement 2026 met l’accent sur le bien-être et la convivialité. Des séances matinales de remise en forme et des activités de relaxation sont prévues, ainsi qu’une conférence sur l’Indice de Bonheur Léger (IBL). 

« Ce qui est important pour nous, c’est l’aspect de santé mentale, de bien-être et de durabilité. Pour cette édition, nous voulons offrir un environnement chaleureux où les participants se sentent bien accueillis et entourés. Les arts sont plus nécessaires que jamais, surtout dans les moments difficiles de notre société. C’est cet univers-là que nous voulons que les gens retiennent de la 45e édition », souligne-t-elle, précisant que l’événement mise aussi sur le retour aux rencontres humaines après la pandémie.

Des artistes d’ici et d’ailleurs

Cette année, 37 candidatures ont été retenues pour des vitrines ou des prix sur les 144 candidatures soumises, soit un peu moins que les 162 de l’an dernier.

La programmation finale reflète cette diversité, avec un équilibre entre disciplines et styles, ainsi qu’entre artistes émergents, dont certains n’ont jamais tourné dans le réseau, et artistes établis.

« On voit vraiment de toutes les disciplines et une variété d’artistes, autant de l’émergence que plus établis, ce qui est très important pour nous », précise la directrice générale. 

Les vitrines grand public auront lieu en soirée au Centre des arts Shenkman et présenteront des artistes franco-ontariens établis tels que Yao, Véloce André, Céleste Lévis, King H 509 et Zale Seck. 

Parmi les artistes participants, deux sont originaires du Yukon : Claire Ness et Brigitte Jardin. Les autres viennent de diverses provinces canadiennes, dont le Québec (Léa Deschênes, Carine Au Micro, Rouge Pompier, Jay Trépanier, Donald Dogbo), le Manitoba (Flora Luna) et le Nouveau-Brunswick (Sam Mallais, Caroline Savoie).

Céleste Lévis chante devant un sapin argenté
Céleste Lévis a récemment remporté le Prix de l’album de l’année aux Capital Music Awards 2024 pour Deuil et a été nominée dans plusieurs catégories au Gala Trille Or 2023. Photo : Mylène Desbiens

Vitrines jeunesse et Bulle d’arts de la scène

Les Vitrines jeunesse se dérouleront les 15 et 16 janvier à l’École secondaire publique De La Salle. 

Elles s’adressent aux élèves du primaire et du secondaire ainsi qu’aux délégués, permettant de présenter des artistes émergents et confirmés de la francophonie canadienne tels que la chanteuse Sophie d’Orléans, le rappeur ontarien Genman, l’humoriste Jonathan Dion, ou encore la compagnie artistique Cirque in Toto du Québec.

Comme l’année passée, la Bulle d’arts de la scène, présentée à la Nouvelle Scène Gilles Desjardins, mettra en avant des propositions de danse et de théâtre, offrant aux diffuseurs l’opportunité de découvrir des spectacles complets dans ces disciplines. 

À cela s’ajoutent deux autres disciplines pour cette édition : arts de la parole et comédie musicale. « On veut vraiment profiter de ce moment pour mettre de l’avant des artistes qui ont besoin d’une proximité plus grande avec le public », explique Mme Chassé.

Ainsi, les compagnies théâtrales ontariennes Créations In Vivo (de retour pour une deuxième année) et Vox Théâtre auront le droit à une vitrine tout comme l’incubateur de création et de diffusion en danse ontarien BoucharDanse et le marionnettiste, auteur et créateur québécois Jocelyn Sioui.

À noter également le groupe musical québécois Wooden Shapes qui offrira une vitrine instrumentale, une proposition que Réseau Ontario dit souhaiter développer.

L’année dernière, Réseau Ontario soulignait son 25e anniversaire. Photo : Gracieuseté de Rugicom

Présentations éclair

Le vendredi 16 janvier, neuf artistes disposeront de dix minutes chacun pour présenter leur projet lors des Présentations éclair. 

Cette formule permet aux diffuseurs de repérer rapidement des propositions prometteuses et de planifier de futures tournées. 

Trois de ces présentations seront assurées par des artistes ontariens : la chanteuse folk Kristine St-Pierre, Kimya, spécialisé dans le slam et le rap, et Sabaya, qui propose un style pop-R&B minimaliste et introspectif.

Parmi les propositions hors Ontario, on compte, entre autres, la compagnie française proposant des spectacles jeunes publics pluridisciplinaires, Comme Une Étincelle, ou encore la québécoise Bouge de là, qui met en lumière des œuvres de danse contemporaine destinées, là encore, au jeune public.

L’organisme promet que « d’autres surprises seront dévoilées dans les semaines à venir, y compris des informations sur les Bastringues en fin de soirée ».

Kimya en performance pour l’émission Lendemain de veille TFO, en 2023. Photo : Stéphane Bédard/TFO

Inclusion et retombées

La programmation 2026, capitalisant sur le succès de l’édition précédente, reflète un effort pour assurer la diversité disciplinaire et géographique. 

Certaines vitrines seront accessibles en langage des signes et plusieurs partenariats avec des organismes culturels visent à favoriser l’inclusion et les échanges interculturels.

Les retombées de Contact ontarois se font rapidement sentir pour les artistes participants selon la directrice générale de Réseau ontario.

L’an dernier, sur les 40 vitrines présentées, 24 ont donné lieu à une tournée dans le réseau, offrant ainsi aux artistes l’occasion de présenter leur spectacle à plusieurs diffuseurs. Parmi eux : l’actrice Caroline Raynaud et le groupe de musique Les Chiclettes, DJ Unpier ou encore le FloFranco.

Gracieuseté de Rugicom

Selon elle, bien que la programmation soit ouverte à tous, la sélection favorise fortement les artistes franco-ontariens, avec un taux d’acceptation d’environ 64 %. De leur côté, les candidatures provenant du Québec sont retenues dans une proportion de 11 à 12 %. 

L’édition précédente a réuni 2782 participants, incluant le public, les élèves et les professionnels inscrits, témoignant de l’ampleur et de l’importance de l’événement dans la francophonie ontarienne. Environ 300-350 d’entre eux suivent l’ensemble de la programmation étalée sur quatre jours.

L’inscription à l’événement et l’ajout de spectacles au répertoire seront ouverts jusqu’au 11 décembre 2025. Les partenaires et annonceurs peuvent s’inscrire jusqu’au 13 novembre 2025. La programmation complète est disponible sur le site de Réseau Ontario.

Les enseignants franco-ontariens auront une plateforme pour signaler les violences scolaires

Face à la montée de la violence envers le personnel enseignant, l’Association des enseignantes et des enseignants franco-ontariens (AEFO) présente un « Plan d’action provincial pour contrer la violence dans les milieux scolaires », et lancera notamment une plateforme numérique pour permettre un signalement centralisé de ces violences. Un outil de revendication syndicale également pour l’organisme, pour demander plus de financement et une prise de mesures adéquates.

« Nos membres nous le disent clairement : la situation s’aggrave et devient insoutenable. La violence est de plus en plus présente dans leurs milieux de travail et, malheureusement, elle tend à être banalisée, ce qui est inacceptable (…)Tous nos membres et les élèves méritent de pouvoir travailler et apprendre dans des environnements sains et sécuritaires. Ce plan constitue un pas important dans la bonne direction pour répondre à cet enjeu », a déclaré Gabrielle Lemieux, la présidente de l’AEFO, via communiqué.

L’organisme, qui représente 12 000 enseignants et travailleurs en enseignement francophones, lancera ainsi une plateforme numérique centralisée avec pour objectif premier de faciliter le processus de signalement, en plus d’offrir des outils et ressources juridiques.

Selon le syndicat, le microsite est conçu pour appuyer et informer les membres via des guides pratiques, des modèles de documents de signalement, des conseils stratégiques et le partage de nouvelles pratiques dans un esprit de « solidarité syndicale ».

La plateforme numérique sera officiellement lancée dès le mois prochain, lors de la conférence des déléguées syndicales et délégués syndicaux du syndicat.

La présidente de l’AEFO Gabrielle Lemieux, entourée des membres du comité ad hoc sur la violence, et des leaders des unités de l’AEFO, lors lancement officiel du Plan d’action provincial pour contrer la violence dans les milieux scolaires. Photo : gracieuseté de l’AEFO

Parmi les facteurs aggravants de la violence systémique, l’AEFO mentionne notamment le sous-financement du système éducatif et un manque de ressources. Elle rapporte aussi un manque de formation et d’accompagnement du personnel de l’éducation, ainsi que la méconnaissance des lois et politiques en matière de santé et de sécurité au travail.

Selon l’organisme, des pressions administratives des établissements scolaires et un manque de communication et de transparence avec les parents s’ajoutent à ces facteurs. L’ensemble de ces problèmes entraînent des conséquences négatives de violence pour le personnel et les élèves.

« Le personnel de l’éducation peut éviter de faire valoir ses droits par représailles de la part des parents et de leur employeur, ou encore des conséquences indirectes de leur signalement, notamment en lien avec leur affectation », cite pour exemple le rapport.

Avec le plan, qui comprend un volet formation du personnel pour « favoriser une culture de prévention et d’intervention proactive », et un volet collaboratif en vue de développer des solutions, l’AEFO espère avoir un certain poids dans les revendications sur le sujet de la violence, pour « développer des positions syndicales claires ».

Par exemple, pouvoir « exiger un financement adéquat pour l’éducation spécialisée; réclamer une application plus rigoureuse de la discipline progressive », et plus.

La FESFO veut « aller chercher les jeunes là où ils sont »

Élève de 12ᵉ année au Collège Mer-Bleue d’Orléans à Ottawa, Marie-Claude Bisson est présidente de la Fédération de la jeunesse franco-ontarienne (FESFO), organisme porte-parole des 25 000 élèves des écoles secondaires francophones de l’Ontario. 

La FESFO traverse une période de reconstruction post-pandémie, marquée par une baisse du nombre de jeunes impliqués et la nécessité de rebâtir son réseau.

Après son congrès provincial tenu récemment, la FESFO amorce une réflexion stratégique pour définir ses priorités, renforcer la relève et redonner un souffle collectif à la jeunesse franco-ontarienne.

«  Après le congrès provincial, comment résumerais-tu la direction que prend aujourd’hui la FESFO?

Après le congrès, on est en réflexion à partir des discussions qu’on a eues à notre Assemblée générale jeunesse. On va se retrouver en novembre pour mettre en place de nouvelles stratégies en fonction de ce que les membres veulent cette année. Ce n’est pas vraiment un virage, mais plutôt un recentrage sur nos priorités. On veut que les jeunes sentent que la FESFO les représente vraiment.

Quelles sont les principales propositions qui vont orienter cette année?

Par exemple, la place des élèves de 7ᵉ et 8ᵉ (année) : on veut se pencher sur la façon de les inclure davantage dans le réseau. D’autres propositions touchent le postsecondaire – créer un réseau de communication entre les jeunes après le secondaire, peut-être en collaboration avec le RÉFO (Regroupement étudiant franco-ontarien) – et la visibilité de la FESFO dans les écoles.

Tu parles souvent de « rebâtir le réseau ». Quelles sont les premières étapes concrètes?

La première étape, c’est de reprendre des événements en présentiel, post-pandémie. Ensuite, on veut aller chercher plus de jeunes de 9ᵉ et 10ᵉ année pour assurer une continuité. Trop souvent, ce qu’on voit dans le réseau, c’est qu’on recrute surtout des élèves de 10ᵉ et 11ᵉ année, parce que l’on connaît déjà leurs personnalités, leurs valeurs et leurs intérêts.

Notre expérience chaque année, c’est qu’on perd une grande partie de nos jeunes actifs lorsqu’ils terminent le secondaire. C’est pourquoi on veut aller chercher les 9ᵉ et 10ᵉ, pour bâtir une meilleure continuité avec des jeunes qui peuvent revenir plusieurs années de suite et devenir des piliers du réseau.

« Les jeunes d’aujourd’hui veulent être entendus, tout comme ceux d’hier », estime Marie-Claude Bisson, présidente de la FESFO. Gracieuseté

Cette relance passe-t-elle aussi par de nouveaux partenariats ou une autre façon de communiquer?

Les jeunes sont dans un univers numérique : il faut apprendre à les rejoindre là où ils sont. On repense nos façons de communiquer, on revoit notre présence sur les réseaux sociaux et nos outils pour atteindre les jeunes, mais aussi leurs parents.

Et surtout, je ne veux pas que les réseaux sociaux influencent négativement notre façon de voir les choses. Au contraire, on veut les utiliser à notre avantage pour aller chercher les jeunes, les mobiliser et en faire des acteurs du changement.

Certains événements, comme les Jeux franco-ontariens, ont marqué des générations. Envisagez-vous leur retour ou un nouvel événement rassembleur?

L’idée des Jeux n’est pas abandonnée, on y pense encore. Mais pour l’instant, ils ne seraient pas viables dans leur ancienne forme. On réfléchit à recréer quelque chose de nouveau qui réponde aux besoins actuels des membres.

La FESFO fête ses 50 ans. Comment transformer cet anniversaire en tremplin pour l’avenir?

Il faut réfléchir à ce qu’on a accompli, mais surtout à ce qu’on peut faire pour les 50 prochaines années. Notre rôle est de rester un pilier dans la communauté franco-ontarienne et de faire en sorte que la voix des jeunes continue d’être entendue. Je parlais récemment avec d’anciens membres de la FESFO, et ils me rappelaient que les jeunes d’hier voulaient déjà que leur voix compte. C’est toujours vrai aujourd’hui : les jeunes veulent être écoutés, participer et militer davantage. On doit utiliser notre histoire comme moteur pour aller plus loin.

Quels sont les prochains rendez-vous importants?

Nos prochains forums régionaux. Ce sera l’occasion de discussions entre jeunes des différentes régions, pour renforcer la diversité et l’identité franco-ontarienne. C’est un travail constant : chaque année, on perd une partie de nos membres qui graduent, donc il faut sans cesse reconstruire. Ce n’est pas facile, mais on est déterminés. »

Santé en français : l’enjeu francophone qui dominera la rentrée à Queen’s Park

TORONTO – Pour la rentrée parlementaire de Queen’s Park, plusieurs priorités sont en ligne de mire des députés franco-ontariens, dont un thème commun, l’accès à la santé en français. De son côté aussi, l’AFO veut que les besoins des francophones soient pris en compte dans la stratégie de soins interconnectés du ministère de la Santé. Quant aux soins de longue durée, la ministre Natalia Kusendova-Bashta mène un projet de loi pour la traduction de plus de ressources à destination des aînés francophones.

Après 4 mois et demi de pause estivale, depuis le 5 juin dernier, ce lundi, les députés regagnent leurs sièges à Queen’s Park pour la reprise de la session parlementaire.

Le projet de loi 14 déposé par la ministre des Soins de longue durée Natalia Kusendova-Bashta (Loi de 2025 sur le soutien aux personnes âgées et aux fournisseurs de soins), comprend une particularité pour les aînés francophones.

Adopté en première lecture, l’un de ses objectifs principaux est de renforcer la qualité de vie et la protection des personnes âgées, et de soutenir les proches aidants.

Mais celui-ci vise également à renforcer la prise en compte des besoins culturels et linguistiques des résidents, exigeant que les foyers de soins de longue durée disposent de programmes spéciaux.

« Pour les aînés francophones, nous voulons également augmenter l’information disponible en français. Le ministère va lancer une enquête pour connaitre les besoins des résidents. Nous avons des fonds de traduction et on souhaite les mettre à profit », explique la ministre à ONFR.

Une semaine plus tôt, le gouvernement avait annoncé faire passer le financement annuel permanent des foyers de soins de longue durée à 1,92 milliard de dollars pour soutenir l’augmentation des effectifs.

Si le montant exact attribué aux francophones n’est pas détaillé, Natalia Kusendova-Bashta indique que la dotation est « la même pour tout le monde et proportionnelle au nombre de résidents ».

D’ajouter : « Nous avons dépassé ce printemps la cible de quatre heures de soins directs en moyenne par jour pour les résidents, prodigués par du personnel infirmier et des préposés. »

« Crise de la santé » pour les francophones

Pour le président de l’AFO Fabien Hébert, en entrevue avec ONFR, un des dossiers prioritaires est celui de la santé. « Concernant la nouvelle initiative qui a été lancée par le ministère de la Santé sur les équipes de soins interconnectées et la réduction des listes d’attente aux soins primaires, on est en train de faire remarquer à la ministre (de la Santé) que les besoins de la communauté francophone ne sont pas nécessairement pris en compte. »

Fabien Hébert, le président de l’Assemblée de la francophonie de l’Ontario (AFO). Photo : gracieuseté

Via une enveloppe de 2,1 milliards de dollars, le gouvernement s’est en effet engagé à mettre les 235 000 personnes inscrites sur la liste d’attente d’Accès Soins en relation avec un médecin de famille ou une équipe de soins primaires d’ici le printemps 2026.

« Le gouvernement de la province a lancé une première vague d’investissements au printemps passé, puis cet automne – 235 millions de dollars pour créer et agrandir 130 équipes de soins primaires, puis 250 millions pour 75 équipes – de ces premiers financements, il y a eu très peu d’initiatives francophones, note celui-ci. On veut s’assurer dans le futur que les francophones aient des soins qui sont adaptés de façon linguistique et culturelle. »

« La crise dans notre système de santé est ressentie fortement par les francophones », a quant à elle commenté la députée néo-démocrate France Gélinas (Nickel-Belt), dont c’est l’une des priorités de la rentrée.

« Les agences offrant des soins de santé sont couvertes par la Loi sur les services en français (LSF), l’offre active, tandis que les cliniques privées ne le sont pas à date et ne démontrent aucun intérêt envers nous. »

La députée libérale Lucille Collard (Ottawa-Vanier) mentionne elle aussi vouloir œuvrer pour la défense de la lentille francophone dans les soins de santé et dans les soins de longue durée pour les personnes aînées.

L’éducation et la culture francophone au cœur des enjeux

Parmi les priorités de Mme Collard, un financement adéquat des arts et de la culture, sans oublier l’éducation francophone. Dans la prochaine semaine, la députée libérale entend déposer d’ailleurs un projet de loi visant la protection et la promotion des librairies franco-ontariennes.

« En éducation : protéger nos droits à une éducation par et pour les francophones, mais aussi un financement équitable qui les respecte, notamment par des investissements à la hauteur de ceux qui sont faits dans le système anglophone, pour des infrastructures de classe mondiale, du soutien pour les élèves, et des programmes parascolaires. L’accès aux écoles dans les régions non desservies est crucial puisque le manque d’écoles favorise l’assimilation », défend-elle.

Concernant la crise de pénurie d’enseignants, « j’ai proposé une solution qui consiste à réduire de deux à un an la période de certification », explique celle-ci.

Autre priorité majeure en éducation pour la députée de Nickel-Belt France Gélinas, le projet de loi 33 : « Il a été déposé en première lecture et on veut s’assurer que les droits constitutionnels des Franco-Ontariens seront respectés. Une menace à notre système scolaire est une menace à notre survie. »

Pour le postsecondaire, elle conclut sur l’Université de Sudbury qu’elle souhaite voir dotée des « ressources promises et qu’on assure non seulement sa survie, mais son épanouissement ». 

Blue Jays : les jeunes partisans francophones croient encore en leur équipe

TORONTO – Les Blue Jays de Toronto jouent leur survie dans les séries éliminatoires de la Ligue majeure de baseball face aux Mariners de Seattle, ce dimanche. Menés 3-2 en finale de la Ligue américaine, ils n’ont plus droit à l’erreur et doivent absolument s’imposer pour éviter l’élimination et ainsi disputer le match 7, décisif, lundi. Deux jeunes partisans francophones torontois de 16 ans, George Sherwood et Liam Rajab, racontent leur passion, leur stress et leur confiance avant le rendez-vous capital de ce soir.

George suit les Blue Jays depuis tout petit : « ça fait au moins dix ans », confie-t-il. 

Il se souvient encore de sa première fois au Centre Rogers avec son père, une expérience qui a cimenté son attachement à l’équipe, renforcé ensuite par les séries de 2015 et 2016.

Liam, lui, situe ses premiers souvenirs « probablement en 2014 ou 2015, mais la saison 2015-2016, c’est la première année dont j’ai des souvenirs ».

Cette année, les Blue Jays sont de retour en finale de la Ligue américaine pour la première fois depuis 2016 justement. Le jeune Torontois a remarqué un changement d’atmosphère autour de lui engendré par ce parcours aussi fantastique qu’inattendu. 

« Je sens un engouement… Les gens me demandent plus souvent qu’avant ‘Est-ce qu’ils ont gagné?’ ou ‘T’as vu ça pendant le match?’ J’entends beaucoup plus ça qu’avant », observe-t-il.

Chacun a aussi ses favoris dans l’effectif actuel. George cite d’abord le voltigeur Daulton Varsho, qu’il admire « parce que, même s’il n’est pas très grand, il est vraiment fort ». Il parle aussi avec enthousiasme du lanceur Kevin Gausman : « J’adore ses splitters et la confiance qu’il donne à l’équipe quand il joue. »

Liam, lui, opte pour Trey Yesavage, la révélation de ces séries : « Même s’il n’a pas eu une bonne performance dans le match 2, ce qu’il fait dans la grande ligue en si peu de temps, c’est vraiment fou. Tout comme son match 2 contre les Yankees, qui était aussi dingue. »

Le match 5, un coup dur à encaisser

Devant leur téléviseur, le match 5 perdu à Seattle sur le score de 6-2, alors que Toronto avait pris les devants dans la partie, a laissé un goût amer. 

« On pensait qu’on avait une vraie chance… Kevin Gausman a bien lancé, mais la décision en fin de partie nous a un peu perdus. Avec le grand chelem des Mariners, on n’avait plus vraiment la chance de revenir », raconte George.

Le jeune partisan fait référence ici à la décision controversée du gérant John Schneider de faire entrer le releveur Brendon Little en huitième manche, un choix qui a précédé le grand chelem d’Eugenio Suárez et suscité de vives critiques chez les partisans des Blue Jays.

Liam, lui, admet avoir eu du mal à digérer la défaite : « Je voulais juste éteindre la télé, dit-il. C’était frustrant, surtout après les deux victoires à Seattle. »

Confiants malgré la pression

Deux jours après cette désillusion et à quelques heures du match 6, les deux adolescents refusent de céder au pessimisme. 

« C’est victoire ou élimination pour les Blue Jays. J’ai de l’espoir et de la confiance qu’on peut revenir chez nous », lance George, conscient que son équipe devra se reprendre au Centre Rogers, après avoir perdu les deux premiers matchs de la série à domicile.

Il rappelle néanmoins que les Jays étaient l’une des meilleures équipes à la maison en saison régulière, ce qui, selon lui, leur donne un avantage à exploiter. Les Torontois avaient également battu les Yankees deux fois à Toronto lors de la série précédente en cinq manches, remportée 3-1. 

Liam avec l’uniforme des Blue Jays comme tout bon fan qui se respecte. Photo : Liam Rajab

Liam partage cet optimisme, même s’il reste prudent : « Ça me rend un peu nerveux qu’ils n’aient pas encore gagné à la maison dans cette série, mais le public peut les pousser à jouer avec le même feu que contre les Yankees. »

Pas au stade, mais bien présents

Les deux jeunes suivront le match de chez eux. 

« Je vais probablement le regarder à la maison. J’aimerais tellement y aller, mais les places sont un peu trop chères en ce moment », explique George, qui a déjà assisté à plusieurs rencontres en saison régulière. 

Les billets pour ce match 6 dépassent en effet largement les tarifs habituels : selon les sites de revente, les places les moins chères se vendent autour de 380 dollars, tandis que les sièges proches du terrain peuvent grimper jusqu’à plus de 1200.

Liam, de son côté, espère encore une petite surprise : « Peut-être que si je suis chanceux, mon père va venir et me dire ‘J’ai des billets’. On croise les doigts », lance-t-il avec un sourire. 

Faute d’aller au stade, il prévoit de regarder le match avec quelques amis, comme pour plusieurs rencontres précédentes de la série. 

« C’est devenu un peu notre rituel, alors on va garder la même formule », dit-il.

Il espère d’ailleurs pouvoir convaincre George de venir le suivre avec lui : « J’ai regardé les deux premiers matchs à Seattle avec lui et on avait gagné, alors je me dis que si on le fait encore, ça pourra peut-être donner le même type de résultats. »

Une source d’inspiration sans obsession

Au-delà de la ferveur du moment, le baseball reste pour Liam une passion parmi d’autres : « Je joue moi-même au baseball, mais je ne veux pas devenir pro. J’ai d’autres intérêts et je ne voudrais pas me concentrer seulement sur le baseball. »

George, lui, savoure simplement la saison : « Je n’avais aucune anticipation d’être même en séries… et on est presque en World Series. Je ne vais pas me plaindre de jouer en octobre. »

Le match 6 de la finale de la Ligue américaine débutera ce dimanche à 20h03 au Centre Rogers. En cas de victoire des Blue Jays, un match 7 suivra lundi à la même heure. Et si Toronto se qualifie? Ils affronteront les Dodgers de Los Angeles dès le vendredi 24 octobre pour le début des Séries mondiales.

La dernière fois que les Blue Jays ont remporté les Séries mondiales, c’était en 1993. George et Liam étaient encore bien loin d’être nés, mais ce dimanche soir, ils espèrent vivre, à leur tour, un petit morceau d’histoire.

Marc Bisson : au service de la santé et de la francophonie dans l’Est ontarien

Après plus de deux décennies à la tête du Centre de santé communautaire de l’Estrie (CSCE), Marc Bisson s’apprête à prendre sa retraite à la fin de l’année 2025. Lauréat du Prix Paulette-Gagnon, décerné par l’Assemblée de la francophonie de l’Ontario, il revient sur un parcours marqué par la croissance du CSCE et la défense du droit à la santé en français.

«  L’AFO vous a remis le Prix Paulette-Gagnon, qui récompense en quelque sorte le francophone de l’année. Comment vivez-vous cette reconnaissance?

Je le reçois avec beaucoup d’humilité. Voir les noms associés à ce prix — Maître Boileau, le docteur Leduc, notre lieutenante-gouverneure Edith Dumont et tant d’autres personnes de ce calibre — c’est presque intimidant. Je suis très fier, mais aussi un peu gêné. Après plus de trente ans à œuvrer pour la santé en français et la promotion des intérêts des francophones de la région et de la province, je crois que certaines personnes ont reconnu le petit apport que j’ai pu y mettre. C’est un très grand honneur.

Après plus de 30 ans au sein du Centre, comment vous sentez-vous à l’idée de tourner la page?

J’ai des émotions ambivalentes. Je suis fier du parcours accompli, mais j’ai l’impression qu’il y aura un vide en moi. Je ne prends pas ma retraite parce que je n’aime plus mon travail, bien au contraire. En trente-deux ans et demi, je pourrais compter sur les doigts d’une main les jours où je n’avais pas le goût de venir travailler. J’ai eu le privilège d’évoluer dans une organisation essentielle pour la communauté, entouré d’un personnel extraordinaire et d’un conseil d’administration toujours à l’avant-garde.

La communauté francophone de l’Est ontarien m’a accueilli à bras ouverts quand nous avons déménagé à Cornwall en 1993 — ma conjointe et moi ne nous attendions pas à une telle chaleur. Oui, il y a des défis, mais c’est une communauté inspirante, déterminée à faire reconnaître sa place. Travailler avec ces gens-là, c’est ça qui va me manquer le plus.

Mais évidemment, c’est une étape dans ma vie. Je vais avoir besoin d’un peu de repos pour me refaire des idées, mais je sais que je vais continuer à œuvrer pour l’avancement de la francophonie et, si possible, dans le domaine de la santé. C’est quelque chose qui fait partie de moi.

Marc Bisson est directeur général du CSCE depuis 2002. Photo : gracieuseté

Comment le Centre de santé communautaire de l’Estrie (CSCE) a-t-il évolué depuis vos débuts?

La croissance est spectaculaire. En 1993, nous étions une quinzaine d’employés, avec deux sites : Cornwall et Alexandria. Aujourd’hui, nous en comptons plus de 120, répartis dans six communautés. Cette expansion, c’est le fruit de la mobilisation locale : des citoyens qui se sont battus pour obtenir des services de santé communautaires en français.

Les besoins ont aussi changé : vieillissement de la population, arrivée de nouvelles communautés, évolutions technologiques et scientifiques. Mais le principe reste le même : offrir des soins accessibles et humains, dans un cadre qui valorise le plein potentiel des gens.

Quels moments marquants symbolisent le mieux ces 32 années de service?

Il y en a beaucoup. Je pense à la communauté de Crysler, dans les années 1990, qui s’est battue pendant cinq ans pour obtenir un point de service. Ces bénévoles ont inspiré ceux de Bourget. C’est grâce à cette persévérance communautaire que nous avons pu nous implanter.

Je pense aussi à la pandémie : notre personnel n’a pas reculé. Au contraire, ils ont retroussé leurs manches, trouvé des façons d’aider, collaboré avec nos partenaires. Ça a été un moment de fierté immense.

Et puis, nos anniversaires — comme le 25e — ont permis de mesurer le chemin parcouru et l’attachement de la communauté.

Quels ont été les défis auxquels vous avez dû faire face pendant votre mandat?

Au départ, il a fallu faire reconnaître notre légitimité. Certains doutaient de la pertinence d’un centre francophone : « Les francophones parlent anglais, pourquoi des services distincts? ». Aujourd’hui, notre modèle est reconnu, mais ça a pris du temps et de la patience.

Les défis demeurent : financement, recrutement de professionnels bilingues, maintien des services en région rurale. Mais une fois que les gens viennent travailler chez nous, ils restent. Moi-même, je devais venir pour six mois… et trente-deux ans plus tard, j’y suis encore!

Quels sont les enjeux à venir pour le CSCE?

Il y aura d’abord la mise en place du financement provincial pour les soins primaires. Nous devons nous assurer que chaque francophone ait accès à un fournisseur de soins en français.

Je crains aussi que les futures intégrations du réseau de santé ne diluent l’identité francophone.

Notre force, c’est la gouvernance communautaire : un conseil d’administration composé de gens du terrain. Il faudra défendre cela, tout en collaborant intelligemment avec les instances provinciales.

Et, surtout, il faut que les décideurs pensent aux francophones dès le départ — pas après coup. C’est un combat constant pour l’équité linguistique.

Quel message souhaitez-vous laisser à la future direction?

Être à l’écoute, à la fois du contexte provincial et des besoins locaux. Rester en lien avec la communauté, donner de l’autonomie et de la liberté au personnel pour s’épanouir, innover, aller au-delà de leurs champs de pratique tout en gardant un cadre structuré. C’est comme ça qu’on grandit et qu’on gagne la reconnaissance.

Et surtout, il faut maintenir coûte que coûte le mandat francophone. Ne jamais le sacrifier au nom du bien-être général ou de la commodité. Les francophones ont besoin d’institutions gérées par et pour eux, pour relever leurs propres défis. »


1989 : Il devient coopérant volontaire international 

1993 : Marc Bisson travaille en tant qu’agent de santé communautaire à Cornwall 

2002 : Il prend la direction générale du Centre de santé communautaire de l’Estrie

Décembre  2025 : Départ à la retraite 

Kap Paper annonce la reprise progressive de son usine de Kapuskasing

KAPUSKASING – Grâce à des financements gouvernementaux de 29 millions de dollars, Kap Paper a annoncé vendredi le début de la reprise progressive de ses activités à l’usine de Kapuskasing, marquant un tournant après plusieurs semaines d’incertitude pour les employés et la communauté locale.

La fermeture temporaire de l’usine, annoncée à la fin septembre 2025, avait suscité de vives inquiétudes dans le Nord de l’Ontario. Cet arrêt des opérations a eu un impact sur près de 475 emplois directs à Kapuskasing et jusqu’à 2500 emplois indirects au total. Ces pertes concernaient toute la chaîne d’approvisionnement forestière locale, y compris les scieries, le transport, la maintenance et les services locaux connexes.

« La société a confirmé qu’après plusieurs semaines de collaboration intensive, le gouvernement fédéral s’est coordonné avec le gouvernement de l’Ontario pour fournir un soutien opérationnel, tout en travaillant à l’élaboration d’un plan de modernisation à long terme », peut-on lire dans un communiqué de l’entreprise diffusé vendredi après-midi.

L’usine de Kapuskasing est l’une des dernières installations de production de pâtes et papiers de la région. Son redémarrage se fera de manière progressive, avec le rappel des employés « dès que cela sera possible sur le plan opérationnel », détaille l’entreprise.

La situation avait attiré l’attention des élus provinciaux et fédéraux, ainsi que des syndicats, qui avaient plaidé pour une intervention rapide afin d’éviter la perte de ces emplois.

« Nous sommes profondément reconnaissants aux gouvernements fédéral et provincial de nous avoir soutenus », a déclaré Terry Skiffington, le président-directeur général de Kap Paper. Cette annonce redonne confiance à nos employés, à notre communauté et à l’ensemble de notre chaîne d’approvisionnement. C’est une victoire pour le Nord de l’Ontario et la preuve de ce que le partenariat peut accomplir. »

29 millions $ en soutien gouvernemental

Le ministère des Richesses naturelles de l’Ontario a annoncé qu’il allongeait 16,8 millions de dollars « pour soutenir la poursuite des opérations de l’usine de papier de Kapuskasing », est-il indiqué dans un communiqué de presse. Il est aussi précisé que le soutien fédéral s’élèvera à 12 millions de dollars, totalisant un investissement des deux paliers gouvernementaux de 28,8 millions $.

« Nous avons indiqué clairement que l’Ontario ne pouvait pas agir seul et je remercie le gouvernement fédéral de s’être joint à l’Ontario pour donner un avenir à Kap Paper et aux travailleuses et travailleurs ainsi qu’aux collectivités du Nord qui en dépendent », a déclaré Kevin Holland, ministre associé des Forêts et des Produits forestiers au gouvernement Ford.

Kap Paper indique que son plan de modernisation inclut des investissements dans les équipements et les procédés afin de renforcer la compétitivité à long terme, tout en consolidant la chaîne d’approvisionnement forestière intégrée qui soutient les objectifs économiques et en matière de logement du Canada.

« L’entreprise communiquera des informations supplémentaires, notamment le calendrier et les détails du programme, une fois les autorisations obtenues », explique Kap Paper.

Depuis l’annonce de l’entreprise le 29 septembre dernier, des rencontres ont eu lieu entre les dirigeants de Kap Paper, les ministres du gouvernement Ford et des membres du gouvernement Carney, dont la ministre de l’Industrie Mélanie Joly. Déjà dans la dernière semaine, l’entreprise avait indiqué que les discussions allaient de bon train et qu’elle espérait reprendre ses activités prochainement.

Lors de l’annonce de l’arrêt des opérations, Queen’s Park avait accusé Ottawa d’avoir abandonné l’entreprise, les ministres Mike Harris (Richesses naturelles) et Kevin Holland soutenant que « notre gouvernement ne peut pas indéfiniment procurer cette aide sans le soutien actif et la participation du gouvernement fédéral ».

Francophonie : L’Ontario renforce sa collaboration avec la France

TORONTO – L’Ontario et la France signent un protocole d’entente en vue d’une collaboration renforcée autour de la francophonie, dont découlera bientôt un plan d’action commun autour de différents domaines, dont la culture, l’éducation ou encore la recherche. Également envisagé, le lancement de projets pilotes favorisant la mobilité étudiante et professionnelle.

« La signature de ce protocole d’entente marque une étape importante (…) dans le renforcement de la coopération entre l’Ontario et la France (…) pour faire de la francophonie un atout économique, culturel et diplomatique, tant au Canada qu’à l’international », a indiqué le ministère des Affaires francophones (MAFO) via communiqué de presse.

Un engagement commun pour « promouvoir la langue française et la culture francophone, tout en favorisant des échanges économiques, éducatifs et technologiques ».

En avril 2024, la ministre des Affaires francophones Caroline Mulroney et son homologue français de l’époque, Franck Riester, avaient signé une déclaration commune de coopération, première étape avant l’entente dans plusieurs domaines liés à la francophonie.

« C’est une reconnaissance et un aboutissement de l’engagement commun de la France et de l’Ontario au service du développement de la francophonie et leur attachement aux valeurs et aux principes de l’Organisation internationale de la Francophonie », peut-on lire dans le communiqué.

« Ce protocole formalise la volonté commune d’intensifier les échanges et de collaborer dans des domaines stratégiques tels que la culture et la promotion de la langue française, l’éducation, la recherche, l’enseignement supérieur, le numérique, la jeunesse et l’innovation. »

« Nous nous réjouissons de travailler avec la France afin de créer de nouvelles possibilités contribuant à notre prospérité commune », a soutenu Caroline Mulroney dans une publication sur X.

La prochaine étape visera la finalisation d’un plan d’action commun avec des ambitions telles que le lancement de projets pilotes pour la mobilité des étudiants et des travailleurs, et des échanges culturels et économiques.

La ministre des Affaires francophones Caroline Mulroney réaffirme ainsi la double stratégie du MAFO, combinant des efforts visant à améliorer l’accès et la qualité des services en français, à une stratégie de développement économique francophone, comme un levier de croissance et d’innovation, avec des partenaires nationaux et internationaux.

Lors de son discours à l’Ambassade de France au Canada une semaine auparavant, Caroline Mulroney, décorée de la Légion d’honneur française a déclaré : « Nous avons multiplié les partenariats, avec la Wallonie-Bruxelles, le Québec, le Nouveau-Brunswick, la Nouvelle-Écosse, et bien sûr avec la France – la première fois que la province conclut une entente bilatérale avec un État ».

Toronto, grande gagnante du Frankenstein de Guillermo del Toro

Québécoise d’origine et diplômée en études cinématographiques de l’Université de Toronto, Magali Simard a été pendant 11 ans la programmatrice du Festival international du film de Toronto (TIFF). Désormais vice-présidente de Cinespace Studios à Toronto, elle dirige l’un des plus grands studios de cinéma de la ville.

Le nouveau film de Guillermo del Toro, Frankenstein, est à l’affiche dès aujourd’hui dans certaines salles de cinéma et sortira sur Netlfix le 7 novembre. Le cinéaste et Torontois d’adoption l’a tourné dans les studios de Cinespace à Toronto, marquant son retour dans la ville près de deux décennies après son premier projet torontois.

Tourné entièrement dans la ville reine, le film a généré des retombées économiques importantes, tant pour l’industrie cinématographique locale que pour la ville elle-même.

« Quand avez-vous entendu parler de ce projet colossal et par quelle voie?

En travaillant au studio Cinespace, je savais que le projet arrivait. De plus, ça fait des décennie que ça se travaille dans sa tête (Guillermo del Toro). Frankenstein, c’est son magnum opus qui met en valeur son obsession pour les monstres, la noirceur et l’envers de la médaille humaine.

Quand on a su que ça allait être tourné chez Cinespace, on a fait énormément de place dans nos studios pour ce projet de 125 millions qui a fini par s’étendre sur un an et demi.

Combien de temps ont duré la préparation et le tournage du film à Toronto?

Presque deux ans. Surtout qu’il y a eu la grève à Hollywood qui a mis toutes les productions, dont Frankenstein, sur pause. Donc, ça fait du bien d’enfin le voir à l’écran.

Qu’est-ce qui vous a le plus frappé en fait en découvrant l’ampleur du projet?

Contrairement à toutes ces séries produites régulièrement à Toronto, il n’y a plus autant de gros films tournés ici. Avoir un film à 125 millions (de dollars), surtout pour un film dramatique, ça reste très rare. D’autant plus que les films d’action se font rares aussi. Ça a été colossal d’avoir ça en ville ainsi que d’accueillir les centaines de personnes qui ont travaillé dessus.

En termes d’engagements et de ressources, que représente pour Cinespace Studios une production d’une telle ampleur?

On a plusieurs projets qui tournent en même temps depuis presque deux ans, c’est idéal pour nous. Ce sont des constructions énormes ainsi que des centaines de personnes qui viennent travailler chaque jour.

Comment avez-vous réussi à faire en sorte que cette superproduction d’auteur soit tourné dans vos studios?

Il faut de l’espace, donc on a pris un campus complet, puis on a même rajouté un plateau. L’immense bateau que vous voyez dans le film a été construit sur notre stationnement, à l’extérieur également. Tous les bureaux, les plateaux ont été utilisés, car il fallait faire de la place et s’occuper d’eux avec soin et s’assurer que la ville permette à Guillermo de fonctionner sans problème.

À quel point la main-d’œuvre locale a-t-elle été mobilisée dans la fabrication du film?

Même si on a de beaux bâtiments, ce qu’il y a de plus beau dans un projet, c’est la main-d’œuvre et le monde qui font qu’un projet devienne aussi grandiose à l’écran. Ce sont des centaines de Torontois qui ont travaillé là-dessus avec son équipe depuis le début.

Quels types d’artisans étaient impliqués?

La direction artistique est assurée par une équipe de talent, dont la cheffe décoratrice Tamara Deverell, qui a déjà été récompensée pour The Shape of Water et qui est de retour. Il y a aussi les chefs costumiers qui ont fait un travail extraordinaire, et aussi le Torontois Dennis Berardi, qui crée les meilleurs effets visuels.

Au-delà de l’économie directe liée au tournage, quels ont été les autres bénéfices pour l’économie torontoise?

Lors de projets tournés à Toronto, la plupart de l’équipe vit à Toronto et les autres viennent vivre ici le temps du tournage. Ce qui est bon pour l’Ontario en général, c’est que ça va aussi dans les plus petites villes pour tourner des scènes extérieures. Il y a des petites villes qui se développent de mieux en mieux pour les tournages. Donc, c’est très bon pour le centre-ville, c’est très bon pour nos studios et c’est bon pour la main-d’œuvre.

Quelle part du budget a été consacrée aux infrastructures fournies par Cinespace?

Un projet d’à peu près 125 millions, ça comprend tout d’abord les salaires d’acteurs. Après ça, le reste du budget est dépensé ici à Toronto pour nos studios. La majorité, c’est pour les travailleurs, la construction et les accessoires. C’est ça qui est bon pour notre économie. »

Le fédéral investit 410 000 $ dans la Place des Arts du Grand Sudbury

SUDBURY – Ottawa investit 410 000 $ pour soutenir la création de l’Institut de professionnalisation artistique et culturelle (IPAC) à la Place des Arts (PDA) du Grand Sudbury.

Le financement annoncé jeudi matin à la Place des Arts et provenant de FedNor, l’Agence fédérale de développement économique pour le Nord de l’Ontario, permettra de lancer l’IPAC, dont la création avait été révélée par ONFR en novembre 2024. Ce nouvel organisme qui offrira aux artistes, gestionnaires culturels et professionnels du patrimoine des formations, du mentorat et des stages personnalisés. 

« Le financement de FedNor confirme que la Place des Arts va dans la bonne direction avec son projet d’institut », explique Denis Bertrand, directeur général de la Place des Arts en entrevue. « L’Institut répond à des besoins qui ont été bien cernés et bien identifiés. C’est une validation du projet, non seulement pour la communauté artistique, mais aussi sur le plan économique. »

« La Place des Arts est une entité à deux têtes : culturelle et économique », poursuit-il. « Nous sommes au centre-ville pour appuyer le développement économique, et ce projet vient répondre à ces deux besoins. »

« La Place des Arts est rapidement devenue un pilier de la vie culturelle à Sudbury et une source de fierté pour les communautés francophones du Nord. Avec la création de l’IPAC, elle pose un geste audacieux pour donner plus de pouvoir aux artistes et renforcer l’économie créative », a affirmé la députée libérale de Sudbury, Viviane Lapointe, dans un communiqué.

Denis Bertrand est désormais le directeur général permanent de la PDA. Photo : Gracieuseté d’Isabelle Bourgeault-Tassé

René Lapierre, président de la Place des Arts, estime que l’IPAC contribuera à la viabilité à long terme de l’institution. 

« Grâce à ce nouvel institut, nous serons en mesure de mieux soutenir les artistes, les travailleurs culturels et les organismes francophones en leur offrant une formation de grande qualité et des possibilités de collaboration ici même, dans le Nord de l’Ontario », a-t-il indiqué.

Lancement l’été prochain

Concernant le lancement de l’Institut, Denis Bertrand précise : « Le processus de mise en marche a été amorcé. On espère être en mesure d’offrir nos premières formations l’été prochain. »

La première année de l’IPAC sera considérée comme un projet pilote, le temps de mettre en place les paramètres de fonctionnement et de définir les formations.

De gauche à droite, Jamie West, député provincial de Sudbury, Denis Bertrand, DG de la PDA, Viviane Lapointe députée fédérale de Sudbury et Martin Lajeunesse de FedNor. Photo : Gracieuseté d’Isabelle Bourgeault-Tassé

Au cours des trois prochaines années, l’Institut proposera des modules de formation en gestion culturelle, marketing et entrepreneuriat, s’appuyant sur les programmes existants du Collège Boréal et de l’Université de l’Ontario français.

« Les participants repartiront avec une reconnaissance tangible de leurs nouvelles compétences, grâce à des microcertifications », explique M. Bertrand.

La Chambre de commerce de Sudbury sera également partenaire pour souligner l’importance économique du projet. « L’Institut amènera des apprenants qui séjourneront à Sudbury, participeront à des activités au centre-ville et contribueront au tourisme local », dit-il.

Et quid de la librairie?

La création de l’institut arrive après une période financière difficile pour la Place des Arts, laquelle affichait un lourd déficit deux ans après son ouverture. L’organisme avait annoncé la fermeture de sa librairie-boutique Panache en juillet dernier afin d’entamer une période de réflexion sur son avenir.

Sur un projet de loi que la députée provinciale d’Ottawa—Vanier, Lucille Collard, a récemment annoncé vouloir déposer pour favoriser l’usage de livres des librairies franco-ontariennes, Caroline Mulroney, ministre des Affaires francophones de l’Ontario, a confié à ONFR être ouverte à la démarche, tout en précisant qu’elle doit d’abord se familiariser avec le projet.

Les étagères de la librairie-boutique de la Place des Arts du Grand Sudbury sont vides. Photo : Inès Rebei/ONFR

« Absolument, absolument très ouverte. Mais il faut que je m’informe sur son projet de loi avant de parler directement du sujet. »

Pour sa part, Denis Bertrand a nuancé l’impact de cette initiative sur la librairie Panache : « Je pense que la démarche est valable, mais malheureusement pour nous, elle arrive trop tard. »

Malgré tout, l’organisme dit souhaiter lancer une phase de consultation afin de maintenir une présence littéraire francophone au centre-ville : « On regarde la possibilité d’un autre partenaire pour accéder à des ressources qui nous permettraient de mener cette consultation-là. Il n’y a rien de signé, rien de vraiment entendu. On a une marque d’intérêt, et on va voir comment cette marque d’intérêt peut se concrétiser. »

Et de conclure : « Mais pour l’instant, on est un peu préoccupés par le lancement de l’institut. »

Samuel Zakutney : « Je peux encore rivaliser avec les meilleurs » aux Championnats du monde de gymnastique

[ENTREVUE EXPRESS]

QUI :

Samuel Zakutney est un gymnaste artistique franco-ontarien originaire d’Ottawa, membre de l’équipe canadienne masculine depuis près d’une décennie. Il a pris part aux Jeux olympiques de Paris 2024, marquant un retour remarqué après plusieurs blessures.

LE CONTEXTE :

Après avoir disputé la coupe Paris World Challenge (une étape du circuit de Coupe du monde de gymnastique artistique), où il a atteint la finale aux barres parallèles en septembre, Samuel Zakutney a été retenu pour représenter le Canada aux Mondiaux. Le gymnaste de 27 ans espère conclure sa saison sur une performance de référence lors de cette 53ᵉ édition des Championnats du monde de gymnastique artistique, qui auront lieu du 19 au 25 octobre 2025 à l’Indonesia Arena de Jakarta (Indonésie). Zakutney s’alignera sur les deux agrès dont il est le spécialiste : les barres parallèles et la barre fixe.

L’ENJEU :

Quelques jours avant le début de la compétition, le Franco-Ontarien évoque sa préparation, les défis physiques et mentaux d’une fin de carrière bien gérée, et son regard sur l’avenir de la gymnastique masculine au Canada.

« Comment se sont passées vos qualifications pour ces Mondiaux?

En général, j’étais assez satisfait de ma performance, même si j’aurais voulu me qualifier automatiquement. Il fallait réussir les routines les deux jours, avec une bonne note de départ et d’exécution. J’ai réussi une fois sur deux pour chaque agrès, donc la décision finale revenait au comité de sélection. Heureusement, ça s’est bien terminé, et la préparation depuis va dans la bonne direction.

Depuis quand vous préparez-vous pour Jakarta?

Je dirais depuis la fin mai. Même avant de savoir si je serais sélectionné, je m’entraînais comme si j’y allais. La préparation s’est bien passée, j’ai gagné en stabilité et en confiance. J’ai aussi participé à la Coupe du monde de Paris, où j’ai atteint la finale aux barres parallèles, c’était un bon signe avant ces Mondiaux.

Comment s’est déroulé le voyage vers l’Indonésie? 

Assez long! On a fait Montréal–Tokyo en 14 heures, puis Tokyo–Jakarta en 8 heures. Au total, presque 24 heures de déplacement. Mais le décalage horaire est plus facile à gérer qu’en Europe. L’équipe s’est bien adaptée, les routines sont stables, même si le corps commence à être un peu fatigué et que j’ai quelques petites blessures.

Vous mentionnez ces petites douleurs physiques. Est-ce plus facile à gérer avec l’expérience?

Oui, un peu. Je suis quelqu’un d’assez têtu à l’entraînement :  j’aime répéter jusqu’à ce que ça passe. Mais avec le temps, j’ai appris à accepter qu’une mauvaise journée ne veut pas dire que tout l’entraînement est raté. Je suis plus à l’écoute de mon corps, surtout que j’approche de la fin de ma carrière. L’objectif, c’est d’éviter les blessures inutiles et de rester en santé. Ces petits bobos, c’est normal à ce stade de la préparation : on apprend à composer avec.

Et comment trouvez-vous l’ambiance à Jakarta?

C’est la première fois que je viens en Indonésie, et je trouve que c’est un excellent choix de pays hôte. L’ambiance est chaleureuse, les gens sont accueillants et les installations sont superbes. Il fait très chaud, un peu comme lors des Jeux mondiaux universitaires de 2017 à Taipei, donc ça me rappelle de bons souvenirs. C’est toujours stimulant de découvrir un nouvel environnement, surtout en Asie. J’essaie d’en profiter pleinement, même si la priorité reste la compétition.

Sam Zakutney est fier de porter les couleurs du Canada sur la scène internationale, toujours un moment spécial. Photo : Antoine Saito / gymnastique Canada

Quels sont vos objectifs pour ces Mondiaux?

Mon but serait d’atteindre le top 15 ou 16 aux barres parallèles et à la barre fixe. Si je pouvais être réserviste pour une finale (autour du top 12), ce serait déjà énorme. Je veux surtout montrer que je peux encore rivaliser avec les meilleurs.

Qu’est-ce que cela représente pour vous de porter le maillot du Canada? Y a-t-il quelque chose de particulier à le faire en tant qu’athlète francophone?

C’est toujours un privilège. Peu importe la langue qu’on parle, représenter le Canada, c’est spécial. La gym est un sport exigeant mentalement, donc monter sur la scène internationale avec la feuille d’érable sur le cœur, c’est une belle récompense après tout le travail. Porter le rouge et blanc, ça me rappelle pourquoi je fais ça.

Comment évaluez-vous l’évolution de la gymnastique au Canada?

Honnêtement, je pense que la transition va être difficile après notre génération. On a beaucoup misé sur les seniors pour Paris 2024, au détriment des juniors. Après les retraites de gars comme René Cournoyer ou William Emard, il faudra du temps pour que la relève mûrisse. Ce sera notre responsabilité de garder le niveau qu’on a établi à Paris.

Et pour la suite? Pensez-vous déjà aux Jeux de Los Angeles 2028?

C’est sûr que j’y pense, mais je prends les choses une année à la fois. Je veux rester en forme physiquement et mentalement, tout en équilibrant ma vie personnelle. Je suis marié, et je suis aussi dans le processus de trouver un emploi. C’est une nouvelle phase de ma vie où je dois concilier mes ambitions sportives avec d’autres responsabilités.

Je sais que la charge d’entraînement diminuera peut-être un peu, mais ça me fera du bien mentalement d’avoir d’autres horizons. Je veux continuer à performer, mais sans me mettre une pression inutile. Si j’arrive jusqu’à Los Angeles, ce sera formidable. Sinon, je saurai que j’ai tout donné pour me donner une vraie chance d’y être. »

Six lauréats franco-ontariens honorés par l’AFO avec des prix de reconnaissance

OTTAWA – L’Assemblée de la francophonie de l’Ontario (AFO) a dévoilé ce mercredi les six lauréats de sa 13e édition des Prix de reconnaissance. Une cérémonie est prévue à Toronto la semaine prochaine à l’occasion du Congrès annuel de l’organisme.

Le Prix Paulette-Gagnon, qui récompense en quelque sorte le francophone de l’année, a été remis à Marc Bisson, directeur général du Centre de santé communautaire de l’Estrie (CSCE) dans l’Est ontarien. Avec un départ en retraite prévu cette année, la reconnaissance est de mise envers M. Bisson qui a piloté le Centre à travers plusieurs crises comme la pandémie et la crise des demandeurs d’asile.

Il était au CSCE depuis 1993, mais a aussi siégé à de nombreux conseils d’administration, notamment celui de l’Alliance pour des communautés en santé, et a collaboré étroitement avec l’AFO, souligne le communiqué annonçant les gagnants.

Marc Bisson a été directeur général du Centre de santé communautaire de l’Estrie (CSCE) depuis plus de trente ans. Gracieuseté AFO

Le prix de l’Horizon franco-ontarien, qui récompense un projet communautaire contribuant à la vitalité de la francophonie ontarienne a été décerné au réseau du mieux-être francophone du Nord de l’Ontario (RMEFNO).

En effet, après avoir créé une formation en ligne pour soutenir l’offre de services de santé en français, l’organisme a poursuivi ses activités. En collaboration avec l’École de Médecine du Nord de l’Ontario et le Centre de recherche en santé dans les milieux ruraux du Nord, il facilite l’approche des professionnels de la santé concernant la prestation de services en français en Ontario.

Le prix Florent-Lalonde qui reconnaît les efforts et l’engagement d’un bénévole au sein de la communauté a été décerné à Sonia Macaluso, présidente de l’ACFO Hamilton. C’est dans cette région que Mme Macaluso a œuvré pour établir des liens entre les familles, les écoles et les organismes francophones.

Le Prix Jeunesse qui vise à reconnaître l’implication remarquable d’un jeune dans le rayonnement de la francophonie a été décerné à Bradley Bertrand. Ayant permis l’inclusion sociale des jeunes francophones immigrants par le sport, ce jeune Sudburois est reconnu pour son implication.

Le prix Francophile qui reconnaît les efforts et l’implication d’un francophile envers la langue et à la culture francophone a été décerné à la directrice des services communautaires à CMHA Karna Trentman pour avoir bâti un pont entre les services de santé et les communautés francophones en situation minoritaire.

Le Prix Omer-Deslauriers, qui reconnaît l’apport d’une personne aînée dont les actions ont enrichi la communauté franco-ontarienne, a été décerné à Oliva Roy. Ce dernier a travaillé à renforcer la place et la voix des aînés francophones à travers la province.

Les lauréats recevront leur récompense lors d’un événement du congrès annuel de l’AFO, le 24 octobre.

Près de la moitié des interprètes parlementaires envisagent de quitter

OTTAWA — Une majorité d’interprètes pigistes parlementaires indiquent qu’ils cesseront de travailler si de nouvelles règles proposées par le fédéral concernant leurs contrats de travail sont adoptées. Cela pourrait donc dire qu’un peu moins de la moitié de l’ensemble des interprètes sur la Colline parlementaire envisagent de partir.

C’est ce qui ressort d’un questionnaire de l’Association internationale des interprètes de conférence — Région Canada (AIIC-Canada) auprès de ses membres. C’est 90 des 120 membres qui ont répondu à ce sondage sur les intentions du gouvernement fédéral en matière de renouvellement de leurs contrats, qui prennent fin en décembre. L’AIIC-Canada représente les interprètes parlementaires pigistes.

Trois propositions en particulier soulèvent des difficultés notables auprès de l’association nationale.

Selon les nouvelles propositions de Services publics et Approvisionnement Canada (SPAC), les interprètes pigistes seront classés selon l’offre financière la plus basse. Ils devront aussi remplir un certain nombre de critères comme le fait de vivre dans la région d’Ottawa et être accrédités auprès du Bureau de la traduction.

C’est 50 % des répondants du questionnaire qui ont indiqué qu’il serait improbable qu’ils continuent à offrir leurs services au Parlement si ce critère financier est retenu, alors que 28 % estiment que ça serait plutôt improbable. L’AIIC-Canada dénonce le fait qu’une telle approche pénalise ses membres les plus expérimentés.

Le Bureau de la traduction réfute le fait que le prix sera le seul critère pris en compte. Mais selon l’AIIC, l’actuel contrat des interprètes pigistes exige cinq critères incluant un indice de qualité, l’accréditation et le profil linguistique. La proposition de gouvernement fédéral pour ces nouveaux contrats serait donc moins exhaustive, déplore l’association d’interprètes.

« La disponibilité, le profil langagier, l’indice de sécurité vont demeurer des critères de qualité qu’on va garder dans le prochain outil. Au niveau de l’indice de qualité, ça ne sera pas nécessairement un critère, mais ça va quand même être mesuré. Ça sera juste fait différemment », avait affirmé Lucie Lévesque, vice-présidente, Politiques et Services intégrés au Bureau de la traduction devant les députés du Comité des langues officielles.

Santé auditive et taux journalier

Il y a environ 140 interprètes accrédités en langues officielles par le Bureau de la traduction, dont 70 sont salariés et 70 sont pigistes. Cela veut donc dire qu’un peu moins de la moitié de l’ensemble des interprètes suggère qu’ils pourraient cesser d’offrir des services parlementaires.

« L’impact sera que le fonctionnement du Parlement sera compromis et que ce sera en fait contraire aux obligations légales (du gouvernement) en matière d’égalité entre les langues officielles », prévient Nicole Gagnon, porte-parole de l’AIIC-Canada.

L’une des autres propositions de SPAC est de faire passer le taux de rémunération des interprètes pigistes d’un taux journalier à un taux horaire et c’est celle-ci qui effraie le plus les membres de l’AIIC-Canada. Cette nouveauté aurait pour effet de ne payer que les heures passées au micro à y effectuer de la traduction, déplore l’AIIC-Canada.

90 % des interprètes sondés considèrent comme improbable (79 %) ou peu probable (11 %) d’offrir leurs services pour travailler sur la Colline ou lors de missions parlementaires si une telle proposition est retenue.

« Le gouvernement aurait alors à faire des choix difficiles. Soit réduire le nombre de comités, caucus et rencontres qui sont actuellement interprétés soit de demander aux interprètes encore en poste de travailler des heures supplémentaires et, ce faisant, d’aller à l’encontre de la santé auditive des interprètes », expose la porte-parole de l’AIIC-Canada.

Nicole Gagnon ne voit pas ce sondage comme une menace, mais plutôt comme une réalité que les interprètes pigistes se tourneront vers le privé pour trouver du travail, sans changement de la part du gouvernement.

« Les interprètes ne menacent personne. C’est le gouvernement qui est responsable du processus d’approvisionnement. Les pigistes, eux, n’y sont pour rien. Le gouvernement décide des règles, puis les pigistes pour leur part décident si ils les acceptent ou non ces règles-là », observe-t-elle.

L’AIIC-Canada déplore aussi que la proposition de contrat de SPAC ne mentionne pas noir sur blanc des mesures visant à protéger la santé auditive des pigistes. C’est 66 % des pigistes qui ont déclaré improbable, et 18 % comme plutôt improbable, qu’’ils puissent se soumettre à des contrats parlementaires en l’absence de tels critères.

« Les paroles s’envolent, les écrits restent et si le gouvernement se propose d’attribuer ces contrats-là sans qu’il y ait des mesures existantes pour protéger la santé auditive des interprètes dans le nouveau contrat, et bien c’est clair que la majorité d’entre eux vont dire non merci », conclut Mme Gagnon.

Fin de la grève dans les collèges ontariens après médiation

Après plus d’un mois de grève et plusieurs échecs de négociation, le personnel de soutien des collèges ontariens et le Conseil des employeurs des collèges sont finalement parvenus à une entente. L’accord, conclu à l’issue d’une médiation entre les deux parties, met fin à un conflit qui paralysait 24 établissements à travers la province, dont La Cité et le Collège Boréal.

Au bout de quelques jours de médiation, un accord a été conclu entre le Conseil des employeurs des collèges (CEC) et le personnel de soutien à temps plein des collèges. C’est ce qu’a confirmé Dan Brisson, membre de l’équipe de négociation du Syndicat des employés de la fonction publique de l’Ontario (SEFPO), joint par ONFR.

Les piquets de grève seront levés dès aujourd’hui, et les détails de l’entente seront présentés aux membres mercredi après-midi. Le retour au travail du personnel de soutien est prévu pour le jeudi 16 octobre.

« Après des mois de négociations intensives avec un employeur particulièrement difficile, les gains réalisés dans cette entente n’auraient pas été possibles sans la détermination de nos membres au cours des dernières semaines », a déclaré Christine Kelsey, présidente de l’équipe de négociation du syndicat, citée dans un communiqué du SEFPO.

Pour sa part, Graham Lloyd, directeur général du Conseil des employeurs des collèges (CEC), a exprimé sa « reconnaissants de les voir reprendre le travail. »

« Le personnel de soutien joue un rôle essentiel dans nos collèges, en appuyant les opérations et en contribuant à la réussite des étudiantes et étudiants », a-t-il ajouté.

La grève qui a été déclenchée le 11 septembre dernier dans 24 collèges publics de l’Ontario prend ainsi fin après plusieurs tentatives de négociation.

Lors de cette médiation, les collèges ont présenté plusieurs propositions. Il s’agit, selon le CEC, d’augmentations salariales de 2 % par an pour tout le personnel de l’unité de négociation, d’une indemnité de vacances à hauteur de 6 %, ainsi que de deux journées de maladie payées par an pour les membres du personnel régulier à temps partiel.

Selon le CEC, si un quart de travail est annulé à l’intérieur de 24 heures, le personnel régulier à temps partiel recevra tout de même son salaire. Il est aussi question de protections renforcées contre le harcèlement sexuel au travail, et d’un statut de candidat interne pour les employés réguliers à temps partiel qui postulent à un poste à temps plein.

Parmi les principales revendications des employés, figurait la protection des postes. Le syndicat souligne que près de 10 000 emplois ont été supprimés en un an et craignait d’autres mises à pied sans mesures de sauvegarde suffisantes. Le SEFPO réclamait des dispositions pour protéger les emplois existants, et non seulement pour gérer les pertes à venir.

A noter que l’entente de principe demeure assujettie à la ratification des membres du syndicat d’ici le 4 novembre 2025.

Fonction publique ontarienne : le gel des embauches ne touchera pas les postes francophones « essentiels »

TORONTO – En application depuis le 27 septembre dernier, le gel des embauches des organismes provinciaux publics s’appliquera aussi aux postes francophones et bilingues sauf si l’organisme détermine que ledit poste est en contact direct avec le public ou essentiel à ses fonctions, selon le bureau de la présidente du Conseil du Trésor, Caroline Mulroney.

« À compter du 27 septembre 2025, notre gouvernement met en œuvre un gel de l’embauche dans les organismes, les conseils et les organismes publics rattachés à la commission de la province. Ce gel contribuera aux efforts que le gouvernement continue de faire pour utiliser les fonds publics de façon disciplinée et responsable, tout en injectant davantage de ressources dans la prestation des services de première ligne et en réduisant le fardeau des contribuables », avait déclaré Caroline Mulroney, présidente du Conseil du Trésor, via communiqué de presse.

Ce gel s’applique également aux postes francophones et bilingues, a confirmé à ONFR une porte-parole du bureau de la ministre Mulroney, sauf si l’organisme a déterminé que le poste est en lien direct avec le public ou essentiel à ses fonctions.

« Les postes en contact avec le public ou jugés essentiels ne seront pas touchés par le gel, et ces embauches pourront donc se poursuivre dans la limite du plafond autorisé », a-t-elle précisé.

Quant à identifier et à définir la nature de ces emplois critiques, le Secrétariat du Conseil du Trésor explique que le gouvernement travaille actuellement avec les agences, pour déterminer les postes essentiels au sein de chacune. Des plans d’affaires sont à l’œuvre pour déterminer les exemptions concrètes.

Par ailleurs, la porte-parole note que le gel d’embauche actuel ne s’applique pas aux établissements de santé et d’enseignement, donc le recrutement du personnel médical ou les enseignants, car ils sont considérés comme des services de première ligne critiques.

Pas de date de fin, ni d’estimation chiffrée

Les prévisions du Bureau de la Responsabilité Financière de l’Ontario (BRF), prenant en compte des politiques actuelles et des annonces gouvernementales, prévoient que le solde budgétaire de la province devrait se détériorer et passer d’un déficit de 1,3 milliard de dollars en 2024-2025 à 12 milliards de dollars en 2025-2026.

« Il n’y a pas d’objectif d’économies exact ciblé, mais si on prend l’exemple d’une organisation qui allait embaucher 10 employés de plus l’année prochaine, avec un salaire moyen de 100 000 dollars, c’est donc un million de dollars d’économies », décrit la porte-parole.

Aucune date de fin ou d’échéance n’est pour le moment envisagée vis-à-vis de ces mesures économiques.

« Ces mesures font partie du plan de notre gouvernement visant à renforcer la surveillance et la collecte de données au sein de nos organismes, conseils et organismes publics rattachés à la commission de la province pour faire en sorte qu’ils travaillent de la façon la plus efficiente et efficace possible », décrivait le communiqué de presse.

« Depuis 2018, dans le cadre de nos efforts visant à accroître l’efficience et à favoriser l’efficacité des services gouvernementaux, nous avons réduit le nombre d’organismes provinciaux de 191 à 143. L’annonce d’aujourd’hui fait suite à ces progrès ».

La province a ainsi l’intention de collaborer avec ses organismes, conseils et organismes publics pour cadrer leurs stratégies en matière de ressources humaines.

Les autobus reprendront du service à Timmins après plusieurs semaines de grève

TIMMINS Le conseil municipal de Timmins a ratifié mardi soir la nouvelle convention collective de quatre ans avec le local 1544 du Syndicat canadien de la fonction publique (SCFP), mettant ainsi fin à la grève du transport en commun qui paralysait la ville depuis le 29 septembre.

L’entente avait déjà été ratifiée par les membres du syndicat lors d’un vote tenu samedi, avec 27 voix pour et 5 contre.

L’offre de la Ville, identique à celle proposée avant le début de la grève, prévoit une hausse salariale de 8 % pour les mécaniciens, de 4,5 % pour les chauffeurs et de 1 % pour le personnel d’entretien, en plus d’une augmentation annuelle de 3 % pendant chacune des quatre années du contrat.

Des membres du SCFP 1544 ont reçu l’appui d’autres syndicats, dont le local 624 du Syndicat des travailleurs et travailleuses des postes, venus manifester leur solidarité sur la ligne de piquetage. Photo : Gracieuseté de Jamie Wendy Judd-Birch

Des améliorations sont également prévues pour les primes de jours fériés, la couverture optique, les chaussures de sécurité et les vacances des employés de longue date.

« Nous avons présenté une offre juste et responsable », a déclaré le directeur général de la Ville, Dave Landers, à la suite du vote. « Notre priorité a toujours été d’assurer une rémunération équitable à nos employés tout en maintenant un service de transport en commun viable. L’objectif maintenant est de remettre les autobus sur la route le plus rapidement et le plus efficacement possible. »

Une reprise samedi

Le service régulier, le transport adapté ainsi que la ligne Express de Northern College devraient reprendre dès le 18 octobre, le temps que les vérifications mécaniques et les inspections de sécurité soient complétées.

La mairesse Michelle Boileau a précisé que les détails concernant la reprise complète du service seront communiqués au public mercredi. « Il est important que la reprise se fasse de manière sécuritaire et ordonnée, pour nos employés comme pour les usagers », a-t-elle affirmé mardi soir.

La grève a perturbé les déplacements quotidiens de milliers de citoyens, affectant notamment les trajets domicile-travail, et les étudiants du Northern College.

La grève des employés de Timmins Transit a débuté fin septembre, après que les négociations sur les conditions de travail et la rémunération avec la Ville ont stagné.

Le local 1544 du SCFP avait alors déclaré que les employés du service de transport en commun de Timmins figuraient parmi les moins bien rémunérés de la province et que la frustration s’accumulait depuis plusieurs années.

Loi 21 en CSC : le droit de gestion par et pour les francophones en danger, plaident les écoles publiques

OTTAWA — C’est le fondement même des écoles franco-ontariennes qui est en jeu en Cour suprême dans le cadre du dossier de la Loi 21 du Québec, plaident les conseils scolaires publics francophones. Le droit de gestion du modèle scolaire par et pour les Franco-Ontariens et leur modèle d’enseignement pourraient être remis en cause, estiment-ils.

C’est la position que les avocats de l’Association des conseils scolaires des écoles publiques de l’Ontario (ACÉPO) avancent dans un mémoire présenté à la plus haute cour du pays, fin septembre, qui entendra la cause de la contestation de la loi 21, aussi appelée Loi sur la laïcité de l’État du Québec.

L’ACÉPO, qui représente près de 145 écoles des quatre conseils scolaires publics francophones de l’Ontario et le Consortium Centre Jules-Léger, plaide que si la Cour suprême maintient une partie de la décision rendue par la Cour d’appel du Québec, cela « modifierait donc de façon fondamentale l’environnement juridique applicable aux écoles francophones » en dehors du Québec, craignent-ils.

L’association ne prend pas position sur la Loi 21, mais s’attaque plutôt à un argument de la Cour d’appel du Québec qui avait statué dans un jugement en février 2024 que la Loi 21 s’applique aux écoles anglophones du Québec.

La Loi sur la laïcité de l’État interdit le port de signes religieux pour les employés de l’État québécois en position d’autorité comme les juges, les policiers, les procureurs de la Couronne, les directeurs d’école et les enseignants. (À noter que les conseils scolaires publics francophones se définissent eux-mêmes comme laïcs.)

La Commission scolaire English Montreal (CSEM) conteste l’imposition de la Loi 21 dans ses écoles, jugeant que cela contrevient à l’article 23 de la Charte qui protège le droit de gestion et garantit les droits à l’instruction dans la langue de la minorité. Les anglophones au Québec et les francophones hors Québec bénéficient des mêmes protections en vertu de l’article 23.

Des craintes pour la gestion des écoles franco-ontariennes

À l’heure actuelle, l’Ontario définit les grandes lignes du curriculum et du cadre à suivre, mais ce sont les écoles francophones qui déterminent son application dans un contexte culturel francophone. Par exemple, l’embauche de professeurs, le matériel pédagogique et l’enseignement en classe relèvent des conseils francophones.

Or, l’ACÉPO craint que si une part de l’approche de la Cour d’appel du Québec sur la Loi 21 est maintenue, l’Ontario pourrait par exemple imposer le même programme aux élèves anglophones et francophones.

« La province serait libre de fixer à sa guise toutes les modalités de la prestation de l’instruction en cause, autre que le code linguistique employé, dont le déploiement n’exigerait aucunement la mise en place d’un système de gestion autonome pour la minorité », prévient l’ACÉPO dans son mémoire.

« Un tel virage aurait notamment pour effet d’autoriser les provinces à imposer un programme scolaire parfaitement uniforme à toutes les écoles relevant de leur compétence, pourvu que la langue de la minorité soit employée comme moyen de communication, et ce, contrairement aux enseignements d’une jurisprudence constante », s’inquiètent les quatre conseils scolaires francophones de l’Ontario.

Après l’avoir demandé, l’ACÉPO a obtenu le statut d’intervenant dans la cause et pourra présenter ses arguments lors des audiences prévues par le plus haut tribunal au pays, dont la date n’a pas encore été déterminée par la Cour suprême.

La langue et la culture au cœur du débat

Les commissions scolaires de la minorité anglophone ont affirmé devant la Cour d’appel du Québec que la diversité culturelle, ethnique et religieuse était une valeur fondamentale de la culture de leurs communautés et que cela faisait donc partie de leur droit de gestion. Cette argumentation a été rejetée par le tribunal québécois qui avait plutôt statué qu’il doit y avoir un lien « étroit, voire fusionnel » entre la culture et la langue pour être protégé par l’article 23.

L’ACÉPO représente quatre conseils scolaires, dont le CEPEO, qui, avec plus de 19 000 élèves, est le plus gros conseil scolaire publique en Ontario français. Photo : Archives ONFR

Dans son mémoire de plus d’une dizaine de pages, l’ACÉPO soutient que la langue et la culture sont distinctes, mais inséparables et qu’elles doivent être protégées séparément par le droit à l’éducation en milieu minoritaire. Par exemple, la transmission de la langue, le sentiment d’appartenance à la communauté sont des éléments cités comme faisant partie du rôle des écoles francophones et qui doivent être protégées, défendent les écoles publiques.

« Selon l’ACÉPO, la jurisprudence antérieure milite en faveur d’une approche qui reconnaît à la minorité le droit de définir, par l’entremise de ses institutions représentatives, les contenus qui caractérisent sa culture et son identité culturelle », peut-on lire comme argumentation.

L’ACÉPO prévient que c’est la raison d’être même du système scolaire francophone en milieu minoritaire qui pourrait être affaibli, avertit-il à l’intention des juges du plus haut tribunal canadien.

« L’adoption de ce critère par cette Cour aurait donc pour effet de modifier de façon dramatique le cadre juridique sur lequel reposent les politiques des provinces où se trouve une très grande majorité des francophones en situation minoritaire, soit l’Ontario et le Nouveau-Brunswick. »

Les 145 écoles publiques de langue française ne sont pas les seules à avancer de tels arguments en Cour suprême. Le Commissariat aux langues officielles et la Société de l’Acadie du Nouveau-Brunswick (SANB), qui ont eux aussi obtenu le statut d’intervenant, avancent une argumentation similaire. 

La SANB écrit dans son mémoire d’intervention que si elle est maintenue, la décision de la Cour d’appel du Québec concernant l’article 23, « mettrait en péril le projet de société dont s’est doté le Nouveau-Brunswick d’assurer que les écoles de la communauté acadienne et francophone soient de véritables foyers de transmission culturelle ».

Ottawa coupe du financement au seul établissement francophone dans le Grand Nord

OTTAWA — Faisant face à des compressions budgétaires, le gouvernement fédéral a coupé une partie du financement qu’il accordait au seul établissement postsecondaire francophone dans le Grand Nord canadien, le Collège nordique francophone.

Situé à Yellowknife dans les Territoires du Nord-Ouest, il s’agit du seul établissement postsecondaire francophone à offrir des programmes et cours entièrement en français dans le Grand Nord. Aucune autre institution n’offre de programmes entièrement en français aux TNO, au Yukon et au Nunavut.

Le Collège nordique francophone voit son financement accordé par Ottawa fondre du tiers annuellement. Celui-ci avait reçu 4,2 millions de dollars entre 2021 et 2024 et sur la dernière période d’année scolaire (2024-2025), il avait reçu 2,9 millions de dollars.

Or, pour les trois prochaines années suivantes, l’établissement recevra, en provenance du même fonds, 1,3 million de dollars en moyenne par an, a indiqué Patrimoine canadien. Au total, l’établissement recevra 3,9 millions sur les trois prochaines années en provenance de ce fonds du ministère fédéral dédié aux projets reliés aux langues officielles.

Si la réduction peut paraître minime, pour l’établissement, cela signifie qu’il a dû mettre à pied un peu moins de la moitié de son personnel, soit 7 personnes sur un total de vingt employés dans les derniers mois.

« Le financement fédéral est crucial, c’est ce qui permet au collège d’opérer, avance Patrick Arsenault, le directeur du collège. C’est notre fonds d’opération le plus important. C’est sur cela que l’on compte pour payer les grandes dépenses comme le loyer, les salaires et les opérations courantes du collège », explique-t-il en entrevue.

Patrimoine canadien enverra aussi près de 350 000 $ par année sur trois ans dans le cadre d’un autre fonds qui provient du Plan d’action pour les langues officielles, soit une légère augmentation d’un peu moins de 100 000 $ par année par rapport aux dernières années, précise M. Arsenault. 

Fondé en 2011, l’établissement a obtenu son accréditation en 2024, lui permettant finalement de devenir un établissement pouvant délivrer des programmes et crédits.

En injectant 4,2 millions de dollars en 2022, le fédéral avait pour but « de développer et de mettre sur pied un modèle pédagogique, ainsi qu’une stratégie communautaire axée sur la formation », indiquait dans un communiqué la ministre des Langues officielles de l’époque, Ginette Petitpas Taylor.

« On a pris en charge beaucoup de dépenses sur le long terme en pensant que les fonds allaient peut-être se stabiliser ou peut-être accuser une coupure de 10 % au maximum, mais pas le tiers. C’est catastrophique en termes d’ajustement, car c’est notre principal bailleur de fonds », dit Patrick Arsenault.

Ce dernier soutient qu’à la suite de l’obtention de l’accréditation l’an dernier, le collège s’est préparé à développer de nouveaux programmes en administration et en gestion, en plus d’offrir davantage de cours. 

« Il faudra voir si on est en mesure financièrement parce qu’avec le tiers des fonds, on n’aura peut-être pas la capacité d’embaucher des professeurs et de faire le recrutement, etc. Donc, c’est possible qu’il y ait des programmes qui restent sur les tablettes », reconnaît-il.

Les compressions au fédéral en cause

Ce sont les fonds fédéraux qui ont « permis une transformation et une croissance importante du collège », souligne Patrick Arsenault. Or les compressions budgétaires qui frappent Ottawa sont la cause, confirme-t-il. Le gouvernement Carney a demandé à ses ministères de réduire les dépenses de 15 % d’ici 2028-2029.

« On (Patrimoine canadien) nous a dit que l’enveloppe (disponible) ne permettait pas de soutenir le projet comme on l’aurait voulu. Il semblerait que c’est ça (le financement) qui était possible dans le contexte de compressions budgétaires au fédéral », dit le dirigeant de l’institution postsecondaire à Yellowknife.

À l’heure actuelle, le Collège offre des formations et des cours spécifiques comme des cours de langue en français, anglais et inuktitut, par exemple. Certains programmes sont offerts en collaboration avec le collège La Cité à Ottawa, par exemple le cursus Éducation en services à l’enfance. L’établissement des TNO possède aussi une entente avec l’Université de Hearst dans le Nord de l’Ontario et porte sur une offre de cours conjointe.

Comme le français est l’une des 11 langues officielles du TNO et qu’il s’agit d’un établissement privé, le financement accordé à l’établissement francophone par le territoire est limité, forçant le Collège à dépendre grandement du fédéral pour du support financier. Le gouvernement ténois injecte près de 200 000 $ par année dans l’institution francophone, mais il ne s’agit pas d’un financement permanent.

« Il va falloir retourner à la table à dessin pour retravailler en entier notre plan de travail pour les trois années à venir, car ce qu’on avait bâti n’est plus réaliste avec ce que l’on a obtenu », admet Patrick Arsenault.

Porté par sa jeunesse et une attaque prolifique, l’Atlético Ottawa vise une fin de saison historique

OTTAWA – À une semaine de la fin d’une saison régulière historique, l’Atlético Ottawa continue d’éblouir la Première ligue canadienne par son jeu offensif, la montée de ses jeunes talents et la saison record de son buteur vedette Sam Salter. Sous la houlette de l’entraîneur Diego Mejía, le club de la capitale rêve d’un doublé inédit : le Bouclier de la saison régulière et la coupe North Star.

À chaque match, l’Atlético Ottawa écrit un peu plus l’une des plus belles pages de la jeune histoire de la Première ligue canadienne (PLC). Ce dimanche, une victoire contre Vancouver FC permettrait au club de revenir à égalité de points en tête de la ligue avec le Forge FC d’Hamilton (tenu en échec à Calgary 1-1), avant la dernière journée. 

La tension est à son comble : les deux rivaux, déjà assurés de s’affronter en demi-finale, se disputent la première place du classement de la saison régulière, synonyme d’avantage du terrain pour ce choc tant attendu. Forge possède toutefois l’avantage des confrontations directes, ce qui lui confère un léger ascendant.

Mais au-delà de cette lutte pour la suprématie, c’est l’identité même du projet ottavien qui impressionne : un football offensif, spectaculaire, et une confiance totale accordée à la jeunesse. Avec plus de 8000 minutes cumulées par des joueurs de moins de 21 ans, Ottawa surclasse toute la ligue dans ce domaine, loin devant Vancouver FC (7353 minutes) et Forge FC (2207 minutes).

Une statistique qui illustre parfaitement la philosophie de Diego Mejía, arrivé cette saison.

Sam Salter, l’attaquant québécois de l’Atlético Ottawa pourrait encore avoir à affronter le Forge FC d’Hamilton à deux reprises en phase finale de la PLC. Photo : Philippe Lariviere/Atletico Ottawa

Une philosophie de jeu audacieuse

Nommé au début de l’année, l’entraîneur mexicain a rapidement imposé sa marque : un jeu basé sur la possession et la mobilité, où chaque joueur participe aux tâches défensives et offensives. Son équipe s’est ainsi imposée comme la meilleure attaque de la ligue avec un total record sur une saison de 53 buts, menée par un trio de rêve : Sam Salter (19 buts), Ballou Tabla (11 buts) et David Rodríguez (9 buts, 9 passes décisives).

« Le style de jeu qu’on joue est très axé sur l’offensif, explique Salter. Les joueurs autour de moi ont tellement de qualité que tout devient plus simple. On a une vraie connexion, un plaisir collectif à jouer ensemble, et ça se voit sur le terrain. »

Ce jeu de mouvement et de passes a permis à Ottawa d’écraser les statistiques offensives de la PLC : trois des cinq joueurs ayant réussi le plus grand nombre de passes dans la ligue portent le maillot rouge et blanc. L’équipe figure aussi au sommet du classement des tirs au but et du nombre d’occasions créées, symbole d’une domination constante dans le dernier tiers adverse.

Diego Mejía a ainsi réussi à marier efficacité et créativité, donnant naissance à un collectif où les individualités s’expriment sans jamais éclipser le groupe.

« L’entraîneur a une identité très claire, raconte Salter. Il donne une grande confiance aux jeunes pour s’exprimer, ne pas avoir peur de faire des erreurs. Quand tu es jeune, tu veux juste t’amuser et donner ton maximum, et il nous permet de le faire »

Diego Mejía a su mettre en place un jeu offensif flamboyant en total contraste avec le jeu ultra-défensif de son prédécesseur Carlos Gonzáles. Photo : Philippe Lariviere/Atletico Ottawa

La jeunesse au cœur du projet

Jamais un entraîneur n’avait autant misé sur la jeunesse dans une équipe de tête. Ottawa dépasse cette saison les 8000 minutes accordées à des joueurs de moins de 21 ans, soit près du double de la moyenne de la ligue. Parmi eux, plusieurs noms symbolisent cette confiance : la défense à trois Abatneh (1796 minutes) – Cloutier (1977 minutes) –  Kozlovskiy (1547 minutes), Gabriel Antinoro (2087 minutes) ou encore Joachim Coulanges (534 minutes). 

Tous ont trouvé leur place dans la rotation et contribué activement à la réussite du collectif. Coulanges, 18 ans et 5 titularisations cette saison, le reconnaît : « Je suis satisfait de ma saison, j’ai joué beaucoup de matchs et pris de l’expérience. J’ai fait quelques erreurs, mais pour une première saison, c’est bon. »

Et si ces jeunes s’épanouissent, c’est aussi grâce à la présence de cadres expérimentés. « Quand je fais des erreurs ou que je suis fâché, les vétérans m’aident à gérer mon mental et à apprendre. Ils me conseillent pour devenir meilleur », explique le jeune latéral, citant Manny Aparicio, Abou Sissoko et Ballou Tabla parmi ceux qui le guident.

Pour sa première saison chez les professionnels, Joachim Coulanges a pris part à 18 rencontres et a inscrit deux buts. Photo : Philippe Lariviere/Atletico Ottawa

Sam Salter, le symbole d’une saison record

À 25 ans, Sam Salter est l’autre visage de cette réussite. Il est devenu cette saison le meilleur buteur de l’histoire de la PLC avec 45 buts en carrière. Il vit un exercice exceptionnel, au point d’attirer les recruteurs européens. L’annonce a été faite dans la semaine, il a signé un précontrat avec GAIS Göteborg, troisième du championnat suédois, où il rejoindra l’an prochain un autre ancien d’Ottawa, Matteo de Brienne.

« C’est un moment doux-amer, avoue Salter. Je quitte un endroit qui est devenu ma deuxième maison, mais c’est aussi une immense fierté. GAIS est un club compétitif qui aide les joueurs à progresser, et je suis heureux de poursuivre sur la lancée de la meilleure saison de ma carrière. »

Auteur de 23 contributions offensives en PLC (19 buts et 4 passes décisives), Salter met en avant la dynamique collective. « Le staff m’a donné beaucoup de confiance et un grand rôle. Le style offensif de l’équipe, la qualité autour de moi, tout ça aide énormément. C’est un mélange de travail individuel et de collectif », explique-t-il.

Manuel Vega, PDG du club, ne cache pas sa fierté : « Sam incarne le professionnalisme et la résilience. Il représente tout ce que nous voulons que l’Atlético Ottawa soit. »

Dans le vestiaire, une idée s’impose : offrir un beau cadeau de départ à l’attaquant avant son envol vers l’Europe. Mais aussi à Alberto Zapater, le vétéran espagnol de 40 ans qui a annoncé qu’il prendrait sa retraite à la fin de la saison. Deux figures respectées dont le groupe souhaite honorer la contribution.

À 26 ans et avec une expérience européenne dans son parcours, Ballou Tabla (balle au pied) est cité par Joachim Coulanges comme un mentor. Photo : Philippe Lariviere/Atletico Ottawa

Une rivalité électrique avec Forge

Cette philosophie offensive et formatrice a replacé Ottawa parmi les meilleures équipes du pays. Et le timing ne pouvait pas être meilleur : une double confrontation avec Forge s’annonce, d’abord à distance pour le titre de la saison régulière, ensuite en demi-finale de la coupe North Star.

« C’est vrai qu’ils ont eu le dessus sur nous jusqu’ici, mais on sait qu’on peut être meilleurs, assure Coulanges. Il faut juste écouter le coach et rester concentrés. Je suis sûr à 100 % qu’on peut les battre. »

Salter, lui, évoque la différence d’expérience : « Ils ont plus d’habitude des grands rendez-vous, mais sur un match, on peut être la meilleure équipe. Il faut juste être plus sereins dans les moments clés. »

Arrivé à l’intersaison, le jeune Mexicain David Rodriguez fait partie des révélations de cette équipe, avec Tabla et Salter, il compose un trio offensif de feu. Photo : Philippe Lariviere/Atletico Ottawa

Une fin de saison à écrire

Quoi qu’il arrive, cette saison 2025 restera un tournant pour le club de la capitale. Avec un entraîneur novateur, une attaque flamboyante et une jeunesse inspirée, l’Atlético Ottawa a redonné un souffle neuf à la ligue.

Salter résume l’état d’esprit collectif : « Mon objectif, c’est d’aller chercher des trophées pour ce club, pour cette ville, pour les incroyables supporters qui m’ont accueilli dès le premier jour. Nous avons les yeux rivés sur le Bouclier de la PLC et la coupe North Star. C’est notre moment. »

Le compte à rebours est lancé. Avant de rêver de la première place, l’Atlético Ottawa doit d’abord assurer une victoire ce dimanche contre Vancouver FC, puis terminer le travail à Halifax lors de la dernière journée. L’équation est simple : les hommes de Diego Mejía doivent remporter leurs deux derniers matchs et espérer au moins un match nul du Forge FC, qui affrontera York United le 18 octobre à 16 heures.

Si le scénario se réalise, Ottawa décrocherait son deuxième titre de la saison régulière et aurait l’avantage du terrain pour une demi-finale explosive face à son grand rival d’Hamilton.

Olivier Sarr savoure l’opportunité de rejouer au basket avec les Raptors

TORONTO – Plus d’un an après une grave blessure au tendon d’Achille, Olivier Sarr revit. Le pivot français, signé par les Raptors cet été, savoure son retour dans la Grande ligue et chaque minute passée sur le parquet, tout en se battant pour une place dans l’effectif final.

Ce vendredi, face aux Celtics de Boston, il a enfin retrouvé quelques sensations de match : près de huit minutes de jeu en présaison, où il a participé à la fin de rencontre renversante conclue par une victoire torontoise 107-105, sur un tir décisif de Jonathan Mogbo dans les dernières secondes.

« Je suis extrêmement reconnaissant de pouvoir enfiler le maillot de l’équipe à chaque match. C’est un honneur. J’ai rêvé de ça pendant toute ma rééducation », a-t-il confié après le match.

Une blessure qui a tout stoppé

Retour en arrière. Le 17 avril 2024, Olivier Sarr se blesse lors du match 3 des Finales de la G League avec le Blue de l’Oklahoma City face aux Celtics du Maine. Le diagnostic tombe : rupture du tendon d’Achille gauche. Fin de saison immédiate et longue rééducation, qui l’éloigne des parquets pendant plus d’un an.

Cet été, Toronto lui offre une porte de retour avec un contrat Exhibit-10 (non garanti en NBA), officialisé le 1ᵉʳ août 2025, lui permettant de disputer le camp d’entraînement tout en gardant la possibilité de rejoindre les Raptors 905, l’équipe de développement de la franchise canadienne. Une chance pour se relancer, prouver qu’il est de retour à 100 % et mériter sa place dans l’organisation.

Le pivot des Kings de Sacramento, Dylan Cardwell (à gauche), et l’ailier des Raptors de Toronto, Olivier Sarr (à droite), se disputent le ballon durant la deuxième moitié d’un match préparatoire de la NBA, le mercredi 8 octobre dernier, à Sacramento, en Californie. Photo : AP Photo/Scott Marshall

« Pour moi, avoir l’opportunité de jouer au basket à nouveau, c’est exceptionnel », se réjouit-il.

Une petite chance à saisir?

L’intégration à l’effectif élargi pour le camp d’entraînement s’est bien passée. 

« On a eu la chance d’avoir toute l’équipe présente, même avant, début septembre. Tout le monde était là pour travailler, pour passer du temps à se connaître, pour préparer la saison. On a eu un très bon camp d’entraînement à Calgary. On a enchaîné avec un match à Vancouver et voilà, tout se déroule bien, on avance, on crée notre identité, notre culture et ça se passe très bien. »

Il reste encore trois matchs de présaison aux Raptors avant que la décision finale soit prise en ce qui concerne la dernière place qui sera attribuée dans l’effectif. AJ Lawson, l’arrière canadien déjà présent dans l’effectif la saison dernière et très performant durant la Ligue d’été, fait figure de favori pour obtenir le sésame.

Olivier Sarr pourrait avoir une chance du fait du manque de joueurs de grande taille sur le poste de centre dans l’effectif et d’une incertitude qui règne actuellement sur l’état de santé du jeune pivot camerounais Ulrich Chomche, dont la nature de la blessure n’a pas été révélée par l’organisation. 

Jouer au basket avant tout

Malgré cette compétition et l’incertitude qui règne autour de son avenir avec les Raptors, Olivier Sarr reste positif et se concentre sur ce qu’il peut contrôler. 

« Vraiment, mon objectif, c’est de jouer au basket sur toute la saison et les saisons à venir. Maintenant, on a une saison à préparer. Tout ce que je vais faire, c’est essayer de remplir mon rôle du mieux possible. Et puis, on verra où ça nous mène. »

S’il ne parvient pas à s’imposer avec les Raptors en NBA, il pourrait attirer l’attention d’une autre équipe de la ligue. Si cela ne se produit pas, il pourra toujours s’inscrire dans le projet avec les Raptors en jouant pour les 905. Darko Rajakovic, l’entraîneur-chef, interrogé sur le Français, s’est montré élogieux à son sujet. Un signe de plus qu’Olivier Sarr pourrait imaginer faire de Toronto « sa maison » pour l’année à venir. 

« Olivier est encore un jeune joueur. Malheureusement, il a eu une blessure qui l’a tenu éloigné des terrains. Nous essayons vraiment de l’aider à retrouver du rythme et à reprendre le bon tempo, a indiqué le technicien. C’est un joueur très, très talentueux. Il peut faire beaucoup de choses : il est un bon poseur d’écran (roller), un tireur à trois points confiant et efficace, et un joueur capable d’évoluer au-dessus du cercle. Il apporte beaucoup d’éléments intangibles à l’équipe, et nous sommes contents de l’avoir avec nous. »

Séduit par les partisans

Entre le camp d’entraînement et les matchs de présaison, Olivier Sarr a aussi découvert la ferveur du public canadien.

« J’ai toujours entendu parler du public de Toronto. Et cela, même avec d’autres équipes en venant ici. Maintenant, ça fait vraiment plaisir de pouvoir dire que c’est la maison et d’avoir des fans comme ça qui nous représentent. »

En tant que joueur français évoluant aux Raptors, une équipe qui compte une large communauté de partisans francophones du Canada, de France, mais aussi d’Afrique, il a tenu à leur adresser un petit message. 

« Merci aux fans francophones de Toronto, de tout le Canada, de France et d’à travers le monde. On est extrêmement fiers de pouvoir représenter cette communauté aussi, surtout moi en tant que Français. C’est un honneur d’être dans cette situation-là et on va tout faire pour vous rendre fiers. »

Journée mondiale de la santé mentale : L’UOF lance une nouvelle filière, une première en français

TORONTO – Depuis un mois, l’Université de l’Ontario Français (UOF) amorce le pas en offrant désormais le premier baccalauréat universitaire spécialisé en santé mentale en français de la province. Ce vendredi, à l’occasion de la journée mondiale de la santé mentale, les initiateurs du programme soulignent une volonté de former une relève de soignants au cœur d’un domaine encore mal compris.

C’est l’une des raisons ayant poussé Magdalena Galaj à rejoindre cette toute première cohorte de 8 étudiants, une grande fierté pour celle-ci.

« Je craignais qu’en tant que nouveau programme, il ne soit annulé faute d’inscriptions. Au final, j’étais plutôt agréablement surprise », se réjouit l’heureuse diplômée de l’école secondaire Sainte-Famille à Mississauga.

Après une rencontre avec le personnel universitaire dans une foire des universités et l’obtention d’une bourse de 12 000 $ de l’UOF récompensant son parcours, l’étudiante a entamé un cheminement vers une carrière auprès de la communauté.

« Je suis en contact avec des élèves en douzième année et beaucoup sont intéressés à choisir ce programme de santé mentale à l’UOF », raconte la jeune femme.

Magdalena Galaj comptait poursuivre un baccalauréat en sociologie dans une autre université avant de changer d’avis pour la filière en santé mentale à l’UOF. Photo : Gracieuseté de Magdalena Galaj

La conception du curriculum par Mme Gendy, s’est réalisée en s’inspirant d’autres établissements ontariens tels que le Collège Conestoga, l’Institut de Seneca ou encore l’Université de Toronto.

Par ailleurs, entre 2023 et 2024, un comité consultatif composé des anciens centres de planification des services de santé en français, Entités 2, 3 et 4, et de la Fédération des aînés et des retraités francophones de l’Ontario (FARFO), a accompagné la chercheuse de manière récurrente afin de s’assurer de répondre aux besoins communautaires.

« Il s’agissait de faire en sorte que le programme ne se limite pas seulement à un exercice académique, mais qu’il prenne en compte le besoin réel d’un milieu clinique et francophone des communautés », explique Constant Ouapo, ancien directeur d’Entité 3, qui siégeait dans ce comité à l’époque.

« Les services sociaux et de crise, comme par exemple les refuges, ont besoin de diplômés francophones », soutient la responsable du programme Marie Gendy.

Dans un contexte de pénurie de services, les francophones en milieu minoritaire restent les principaux impactés.

Après une carrière comme chercheuse médicale en Égypte et un doctorat à l’Université de Toronto, Marie Gendy a rejoint l’UOF pour enseigner et coordonner le baccalauréat en santé mentale. Photo : Gracieuseté de Marie Gendy

Pour le moment, la rotation entre Mme Gendy et d’autres professeurs permet une approche pluridisciplinaire, toutefois cette dernière assure que : « Nous avons la volonté d’embaucher plus de professeurs. »

À Ottawa, l’initiative d’une première formation dans cette spécialité en Ontario français est saluée par Jocelyn Veillard qui depuis trois ans dirige le programme de santé mentale et de psychologie de la santé à l’Hôpital Monfort.

« Nous avons la volonté d’embaucher plus de professeurs. »
—  Marie Gendy, coordonnatrice du programme en santé mentale à l’UOF

« Avant ce programme, les formations n’étaient pas toujours adaptées aux réalités du terrain, surtout pour les francophones de l’Ontario. Et les étudiants devaient se diriger vers des baccalauréats plus généraux alors que la majorité de ces programmes sont offerts en anglais », se rappelle-t-il.

Future éducatrice pour les élèves en difficulté, Magdalena Galaj cumule également une formation en éducation, qui a d’ailleurs renversé la tendance des admissions de l’UOF.

« J’ai hâte de continuer pour apprendre de plus en plus », s’enchante-t-elle.

Se former pour briser la stigmatisation

Même si ce programme est un pas dans la bonne direction et montre des progrès tangibles, il existe bien des lacunes, notamment dans les régions minoritaires francophones et pour les services spécialisés complexes.

« Ce qui manquait profondément c’était surtout un programme conçu par et pour les francophones qui allait tenir compte des réalités culturelles et linguistiques propres aux communautés franco-ontariennes », explique Jocelyn Veillard.

Dans l’optique de sensibiliser les étudiants aux problématiques d’intégration des immigrants au système de santé, Marie Gendy assure qu’une partie du premier semestre aborde le lien entre santé mentale et société. En effet, nombre de spécialistes analysent l’aspect culturel et la stigmatisation comme des freins dissuadant l’utilisation des services, souligne M. Ouapo.

Au cours de ses fonctions à Entité 3, celui-ci a pu observer les conséquences que la stigmatisation perpétue sur un groupe donné. En effet, l’ancien directeur note que dans les régions telles qu’Etobicoke Nord dans le Grand Toronto, où les communautés noires immigrantes se concentrent, un contraste visible se fait sentir entre la prévalence de problèmes de santé mentale et le taux d’utilisation de services disponibles.

Comme directeur du programme de santé mentale et de psychologie de la santé à l’Hôpital Monfort, Jocelyn Veillard travaille dans le domaine de la santé mentale depuis une quinzaine d’années. Photo : Gracieuseté de Martin Sauvé

« Dans la conscience populaire et notamment parmi les immigrants, quand on parle de santé mentale c’est lié à la folie et les personnes ne veulent pas être associées à cela », décrit Constant Ouapo.

« Le français crée un lien de confiance plus fort avec la personne qui intervient, et ce lien est fondamental pour le succès de toutes les marches en santé mentale, car ça permet de réduire les risques de mauvaises interprétations », avance M. Veillard.

Selon lui, les barrières linguistiques risquent d’aggraver les difficultés de santé mentale, ce qui souligne la nécessité du déploiement de plus de services en français et de programmes comme à l’UOF.

En outre, ce dernier fait écho au récent partenariat entre l’UOF et l’hôpital Monfort pour délivrer un microcertificat en santé mentale d’une durée d’un an à son personnel, dès janvier 2026.

Thématique importante depuis la pandémie, la notion de santé mentale évolue. Cette année, le thème de la journée mondiale de la santé mentale met l’accent sur l’accès à ce type de services en cas de catastrophes et d’urgences.

« Je souhaite que la nouvelle génération de diplômés francophones soit capable d’intervenir dans divers contextes, soit sociaux ou éducatifs, d’être inclusifs et de maintenir la sensibilisation envers la santé mentale, envers tout monde », conclut la professeure.

Cinéfranco 2025 : les multiples « facettes de l’humanité » à l’écran

TORONTO – Jeudi soir, la communauté francophone de Toronto s’est donnée rendez-vous au cinéma Carlton pour célébrer le dévoilement du programme de la 28ᵉ édition de Cinéfranco (du 7 au 16 novembre), l’un des plus anciens festivals de cinéma francophone en Amérique du Nord. Au-delà de la présentation des films, cette soirée marquait aussi la diffusion gratuite du long métrage À bicyclette!, touchant hommage à la résilience humaine, parfait prélude au thème de cette année : « Les facettes de l’humanité ».

Pour la fondatrice et directrice artistique du festival, Marcelle Lean, cette thématique s’est imposée naturellement après près de trois décennies à célébrer la diversité du cinéma francophone.

« Il y a plusieurs branches à ce thème, explique-t-elle. On retrouve des cinéastes de la vie, comme Costa-Gavras, Robert Guédiguian, les frères Dardenne ou Cédric Klapisch, qui parlent du droit à mourir dignement, du vieillissement, de l’amour et de la résilience. »

Cinéfranco 2025 se veut donc une exploration du quotidien humain, de ses forces et de ses fragilités. Chaque film, choisi avec soin par le comité artistique, illustre à sa manière la dignité, le courage et la capacité de survie qui relient les êtres humains au-delà des frontières.

La résilience au cœur des récits

Parmi les œuvres marquantes de cette édition, Marcelle Lean cite Le Dernier souffle de Costa-Gavras, une méditation poétique sur la fin de vie.

« Ce qui est remarquable dans le film, c’est la philosophie, la poésie et le calme de ces personnages qui vont dire adieu à leur vie », confie-t-elle avec émotion.

Les frères Dardenne, avec leur film Jeune mère, offrent quant à eux un regard tout en délicatesse sur les dilemmes d’une jeune femme partagée entre l’adoption et la maternité, entre amour et indépendance.
La programmation s’attarde aussi sur le courage de survivre, comme dans Et maintenant de Jocelyn Forgues, inspiré du combat du réalisateur contre le cancer.

« C’est un film poignant, captivant, mais voilà une autre facette de l’humanité : trouver la force de vivre et de survivre », souligne Marcelle Lean.

Familles, héritages et liens du sang

Le thème de la famille traverse plusieurs films présentés cette année. Cédric Klapisch, avec La venue de l’avenir, aborde la question de l’héritage et de la transmission à travers une famille rassemblée autour d’une maison convoitée par les promoteurs.

Dans Jouer avec le feu, Vincent Lindon campe un père veuf dont l’un des fils se laisse séduire par l’extrême droite, une exploration fine des fractures idéologiques au sein du foyer. Et avec Partir un jour, le public découvrira une comédie musicale tendre et mélancolique sur la relation entre une fille et ses parents, encore une variation sur ces filiations complexes qui façonnent l’humain.

Cinéfranco n’oublie pas non plus les plus jeunes, avec la projection du film Dans la peau de Cyrano, présenté en partenariat avec Canadian Parents for French et Parents pour l’éducation, autour de la question de la différence et de la confiance en soi.

Histoire, mémoire et regard sur le monde

Cette 28ᵉ édition fait dialoguer le présent et le passé à travers des films puissants sur la mémoire, le colonialisme et la dignité humaine.

On retrouve notamment Fanon de Jean-Claude Barny, consacré au psychiatre martiniquais Frantz Fanon et à sa lutte contre le colonialisme en Algérie; Ni chaîne ni maître, qui revient sur l’esclavage dans l’île Maurice du XVIIIᵉ siècle; et La vie devant moi, réalisé par Niels Tavernier, une œuvre intime et inspirée librement du destin d’Anne Frank.

« Ce qui est extraordinaire dans Ni chaîne ni maître, explique Marcelle Lean, c’est le parallèle entre la spiritualité des esclaves et la façon dont les colons justifient leur violence au nom de Dieu. C’est d’un paroxysme extraordinaire. »

Dans La vie devant moi, Tavernier s’intéresse à la survie d’une famille juive réfugiée dans le débarras d’un immeuble parisien en 1943. Trois personnages, un père, une mère et leur fille adolescente tentent d’y préserver une forme de normalité malgré la peur constante d’être découverts. La caméra choisit la retenue et la pudeur : « la guerre se devine à travers les bruits de bottes, les cris étouffés, les silences prolongés. »

« Ce qui intéresse Niels Tavernier, c’est ce qui se passe hors champ, précise Marcelle Lean. Cette tension diffuse, cette humanité qui persiste dans les gestes les plus simples, même quand tout semble perdu. »

Entre mémoire collective et introspection, ces films rappellent que l’humanité peut se révéler dans les moments les plus sombres, et que le cinéma demeure un outil essentiel pour raconter, comprendre et guérir.

Une programmation inclusive et vibrante

Cinéfranco 2025 met aussi à l’honneur le cinéma québécois et franco-canadien, avec la présence de Martin Villeneuve (Imelda IX, Gabrielle), de Léa Poul (On sera heureux) et du documentaire Joanne tout simplement de Nadine Valsin, portrait d’une pionnière noire du Canada.

« Ce film parle de courage, de résilience, de traumatisme et de liberté, des valeurs au cœur de Cinéfranco », rappelle Marcelle Lean.

À travers cette mosaïque d’œuvres venues du monde entier, le festival confirme son objectif : « faire du cinéma un miroir de l’humanité, où rires, larmes et réflexions se répondent dans une même émotion collective. »

À bicyclette! : la route de la mémoire et de la vie

Pour le dévoilement du programme, Cinéfranco avait choisi de présenter À bicyclette!, film lauréat du Prix du Public aux Rencontres Cinématographiques de Cannes. L’œuvre raconte le périple d’un père qui refait à vélo le trajet de son fils disparu, de La Rochelle à Istanbul.

« C’est un film touchant, très humain, qui nous ramène à l’essentiel : le deuil, la mémoire, l’amour et la force de continuer », résume Marcelle Lean.

Mais au-delà du film lui-même, le choix de cette projection gratuite s’inscrivait dans une volonté d’échange et de reconnaissance envers le public invité à devenir ambassadeur du festival.

« Dans le passé, j’avais tout essayé pour attirer l’attention sur le dévoilement de la programmation, mais rien n’avait réussi. Cette année, j’ai eu cette idée que je voulais surtout passer du temps avec les fidèles spectateurs et spectatrices qui apprécient tant Cinéfranco et leur demander de m’aider à faire du bouche à oreille pour le programme de films de novembre. Comme cadeau pour leur présence, leur encouragement, leurs conseils à travers les ans, je voulais leur offrir ce film À Bicyclette! », explique-t-elle.

Ce film, jamais diffusé ailleurs qu’au Québec, est ainsi devenu un cadeau exclusif offert à ceux qui font vivre Cinéfranco année après année : son public passionné. Un geste symbolique qui résume parfaitement l’esprit du festival : faire du cinéma non seulement un art à contempler, mais une expérience à partager.

Retour de Nuit Blanche à Ottawa en 2026 : « c’était l’événement le plus demandé par la communauté »

José Bertrand est le président-directeur général du Groupe JKB et le producteur exécutif de Nuit Blanche Ottawa.

Alors que Nuit Blanche se tenait ce week-end à Toronto, Ottawa a annoncé mardi la tenue de sa propre édition en 2026 après une absence de onze ans. La date exacte de l’événement n’est pas encore connue mais celui-ci aura lieu en automne, en marge des célébrations du bicentenaire de Bytown, le village à l’origine de la capitale canadienne.

L’organisme espère attirer 15 000 visiteurs pour cet événement gratuit dont l’objectif est la revalorisation du centre-ville, en particulier le secteur du marché By où se tiendra cette édition de retour.

« Qu’est-ce qui a motivé le retour de la Nuit Blanche à Ottawa en 2026?

Le retour du concept est arrivé lors d’un cocktail avec le commissaire à la vie nocturne, Mathieu Grondin, qui nous a invités et rencontrés pour nous confier le projet. Il nous a fait savoir que c’était l’événement qui était le plus demandé par la communauté et que les gens souhaitaient vraiment qu’il revienne. La Nuit Blanche était un événement très apprécié, et son absence depuis 2015 a laissé un vide culturel notable à Ottawa. 

Pour ceux qui n’ont jamais participé à une Nuit Blanche, comment décririez-vous le concept?

La Nuit Blanche, ça part de Paris, qui a accueilli la première édition. Le concept est bien connu des francophones, car l’expression « nuit blanche » évoque le fait de rester éveillé toute la nuit, comme un étudiant la veille d’un examen par exemple. Dans le contexte des arts, l’idée est similaire : passer la nuit dans la ville à déambuler d’activation en activation, à découvrir des installations et des performances. 

Ces infrastructures seront mises en place par différents partenaires, que ce soit la Galerie d’Arts d’Ottawa, le Centre national des arts, ou d’autres. Des équipes spécialisées vont installer les œuvres et s’assurer que tout fonctionne correctement, qu’il s’agisse des arts visuels, de la musique ou de la poésie.

Le marché By au centre-ville d’Ottawa. Photo : Inès Rebei/ONFR

Qu’est-ce qui a motivé le choix du marché By comme cœur de l’événement?

Le marché By, c’est la basse-ville, là où le nom Bytown a pris place avant de devenir Ottawa l’année suivante. Ce choix s’inscrit aussi dans le cadre des célébrations du bicentenaire qui aura lieu en 2026.

Ensuite, c’est aussi parce qu’on veut redonner confiance aux gens dans le marché By. C’est un endroit qu’on a tendance à éviter, mais la Ville fait beaucoup d’efforts depuis un an pour en faire un lieu plus sécuritaire. Avec la présence d’ambassadeurs et un encadrement renforcé, on veut ramener le monde au marché By pour qu’ils le redécouvrent et qu’ils voient que c’est redevenu un endroit agréable à visiter.

Quelle sera la programmation francophone pour cette édition?

La beauté d’une Nuit Blanche, c’est que ce n’est pas seulement musical. On parle d’arts visuels, de poésie, d’arts vivants, de toutes les formes d’art. Défiler dans la ville pour aller voir des arts visuels, que ce soit en français ou en anglais, c’est universel.

Pour ce qui est de la musique, c’est certain que notre organisme, Les Forains, est francophone. Celui-ci est chargé de grands rendez-vous de la communauté comme le Festival Franco-Ontarien à Ottawa et la Franco-Fête à Toronto. C’est certain que la francophonie va avoir une place spéciale, que ce soit dans la musique ou la poésie.

Un événement est prévu le 17 octobre, présenté comme un avant-goût de celui de 2026 : pouvez-vous nous en dire plus?

Abosolument, ce sera un genre de teaser de la Nuit Blanche parce qu’on va faire une annonce publique pour promouvoir l’événement. Le 17 octobre à 20h30, on sera au marché By, tout près des lettres « Ottawa » pour une installation faite par le groupe français Transe Express, une compagnie de cirque aérien. Ils vont présenter leur spectacle  « Mobile Homme », un clin d’œil à la renaissance de la Nuit Blanche à Ottawa. Comme un bébé dans son berceau qui regarde le mobile, ce sera nous, le public, qui regarderons un mobile humain, avec des musiciens et des acrobates suspendus au-dessus de nous.

Transe Express propose avec Mobile Homme une performance où acrobates et percussionnistes se déplacent dans les airs. Photo : Gracieuseté des Forains

Quels types de publics espérez-vous attirer cette année et comment comptez-vous les surprendre? 

C’est certain qu’on ne peut pas tout dévoiler : il y aura des surprises. Mais on veut que la Nuit Blanche soit pour tout le monde. Le public qu’on vise, ce sont les gens d’ici, ceux qui habitent Ottawa et qui vont redécouvrir leur ville, mais aussi les gens de l’extérieur. Et bien sûr, ce sera un événement familial : comme ce sera la fin de semaine, on s’attend à voir beaucoup de familles venir profiter des installations et des spectacles.

On s’adresse aussi à un public beaucoup plus large : les francophones, les anglophones, mais aussi les visiteurs de la région, du Québec, de la Montérégie, de l’Outaouais. Il y a même des gens qui voyagent à travers le monde pour participer aux Nuits Blanches, et on veut que celle d’Ottawa devienne un arrêt incontournable pour eux. On sait aussi que la présence de plus de 130 ambassades à Ottawa amène un potentiel énorme. Certaines d’entre elles vont accueillir ou présenter des artistes internationaux, ce qui permettra d’avoir une programmation à la fois locale et mondiale.

Quels sont les objectifs à long terme de la Nuit Blanche Ottawa au-delà de 2026?

L’expérience est pensée pour durer plusieurs années : dès la première année, les parcours et les infrastructures seront solidement implantés, puis ils évolueront progressivement au fil des années 2, 3, 4 et 5. À long terme, l’objectif, c’est d’amener du tourisme à Ottawa pendant l’automne. C’est une période plus tranquille – on n’est pas en été, on n’est pas encore dans l’hiver – donc on veut créer un événement fort à ce moment-là. »

À Orléans, l’inclusion se joue aussi sur le terrain de basketball

ORLÉANS – À Orléans, les élèves de l’école publique Jeanne-Sauvé ont troqué leurs baskets pour des fauteuils roulants le temps d’un atelier. Une activité qui leur a permis de découvrir le basketball en fauteuil roulant, en prévision des Championnats du monde de basket-ball en fauteuil roulant de 2026 à Ottawa.

Vingt fauteuils aux formes profilées, des cris d’enthousiasme et des rires : ce jeudi matin, le gymnase de l’École élémentaire publique Jeanne-Sauvé à Orléans s’est transformé en terrain de basket-ball… sur roues.

Objectif : faire découvrir à des élèves de 6ᵉ année le basket-ball en fauteuil roulant, un sport inclusif et accessible à tous.

Autour de l’animateur Nicolas Baril, de Basket-ball en fauteuil roulant Canada (BFRC) – Wheelchair Basketball Canada, les élèves, une cinquantaine, observent avec curiosité les fauteuils alignés en demi-cercle.

« La forme triangulaire de la chaise vise à assurer un maximum de stabilité et de mobilité », explique-t-il, avant d’enchaîner démonstration après démonstration.

« Ceci est une ceinture de sécurité facile à mettre, ceci est une plaque pour les pieds. Voici comment on freine, voici comment on tourne, voici comment on accélère… ».

Les questions fusent, les regards s’illuminent.

Nicolas Baril, de Basket-ball en fauteuil roulant Canada (BFRC) – Wheelchair Basketball Canada, anime un atelier de basketball en fauteuil roulant à l’École élémentaire publique Jeanne-Sauvé, à Orléans. Photo : Amine Harmach/ONFR

Quelques minutes plus tard, place au jeu. Les premiers paniers sont marqués.

« Mes mains sentent le caoutchouc brûlé! », s’exclame Zachary, 11 ans, hilare, après un match intense.

« J’ai marqué trois buts! C’est très amusant, je retenterais l’expérience si je pouvais », ajoute son camarade Micah.

Meicka, elle, 11 ans, partage le même enthousiasme : « C’est une nouvelle expérience, c’est vraiment comme le basket normal, mais avec une chaise! »

Et Jérémie, passionné de soccer et de patinage, confie : « Je ne savais pas que c’était aussi amusant d’être dans une chaise roulante! »

Activité physique et inclusion

L’enseignant titulaire David Benay, responsable de la classe de 6ᵉ année, ne cache pas sa fierté.

« C’est une belle façon d’unir activité physique et inclusion, se réjouit-il. Les élèves adorent essayer de nouvelles choses, et notre école est très ouverte aux différences ».

Pour David Benay, enseignant à l’école Jeanne-Sauvé, l’atelier de basketball en fauteuil roulant est une occasion d’unir activité physique et inclusion au quotidien. Photo : Amine Harmach/ONFR

Pour lui, cette activité revêt une dimension personnelle : « Ma petite-fille Laurence, en première année, est en fauteuil roulant. Quand j’ai visité l’exposition sur les sports inclusifs et les parasports, j’ai tout de suite pensé à elle. »

C’est d’ailleurs en découvrant un atelier semblable avec sa fille aînée qu’il a contacté les organisateurs.

« Ils m’ont appris qu’ils offraient des ateliers gratuits, et qu’en 2026 il y aurait un grand tournoi international à Ottawa. Tout est tombé en place naturellement. »

Bien que sa plus jeune fille, atteinte du syndrome de Rett, ne puisse pas pratiquer de sport, l’activité lui permet d’amorcer de précieuses discussions en classe.

« C’est une façon d’amener les élèves à se mettre à la place des autres, à comprendre que chacun a ses forces et faiblesses. »

À l’école Jeanne-Sauvé, l’inclusion fait partie du quotidien : « Ma fille participe en classe comme les autres. Elle est accompagnée d’une aide, mais les élèves la saluent naturellement, sans voir la différence. Ça fait partie de la vie. On inclut les gens, tout simplement », affirme-t-il.

M. Benay rappelle que cette sensibilisation n’en est pas à ses débuts.

« Il y a quelques années, on avait organisé un atelier de rugby en fauteuil roulant. Et tous les quatre ans, on regarde les Jeux paralympiques en classe. Les élèves réalisent que ces athlètes ne sont pas seulement exceptionnels, mais qu’ils doivent aussi surmonter des obstacles supplémentaires. Ça leur donne une vraie appréciation du sport et du courage humain », note-t-il.

Un rendez-vous international à Ottawa en 2026

Pour Nicolas Baril, ces ateliers sont un moyen de préparer le terrain pour les Championnats du monde 2026, qui se tiendront à Lansdowne, du 9 au 19 septembre 2026.

« Je passe dans les écoles tout au long de l’année, et toutes celles qui participent aux ateliers seront invitées à venir voir des matchs pendant les championnats », explique-t-il.

L’an dernier, il a visité 67 écoles et initié plus de 6500 élèves à la pratique.

« Cette année, notre objectif, c’est d’en rejoindre 10 000! », lance-t-il, fier de l’engouement suscité par ce sport où se mêlent inclusion, effort et plaisir.

À noter qu’en accueillant les Championnats du monde de basket-ball en fauteuil roulant de l’IWBF (Fédération internationale de basket-ball en fauteuil roulant), Ottawa deviendra l’épicentre mondial du basket-ball en fauteuil roulant.

La ville rassemblera ainsi 336 athlètes issus de 28 équipes (16 équipes masculines et 12 équipes féminines) venues des quatre coins du globe.

Hockey : les Sénateurs d’Ottawa visent plus haut et misent sur leurs francophones

OTTAWA – Après avoir enfin retrouvé les séries éliminatoires la saison dernière, les Sénateurs d’Ottawa entament la campagne 2025-2026 avec des ambitions plus élevées. L’équipe ne veut plus seulement participer, mais s’imposer comme une véritable puissance dans l’Est. Pour ONFR, Jean-Philippe Forgues du podcast La Brigade et Nicolas St-Pierre, animateur de l’émission Dans Le Vestiaire, dressent le portrait d’une formation en pleine maturité, résolument tournée vers l’avenir.

Les Sénateurs ne se contentent plus de leur retour en séries de la saison dernière. Cette année, il est question de progression et d’affirmation.

« L’objectif n’est plus seulement d’y accéder, mais de se mesurer aux meilleures équipes de la division Atlantique, explique Jean-Philippe Forgues. On veut que les Sens soient reconnus comme une équipe difficile à battre soir après soir. »

Nicolas St-Pierre partage ce sentiment : « On sent une vraie évolution. L’équipe a appris à gagner des matchs importants, à gérer la pression. Le défi maintenant, c’est d’être constant du début à la fin de la saison. »

Les deux observateurs soulignent que le message de l’organisation est clair : après des années de reconstruction, le temps est venu de récolter les fruits.

Un été de continuité et de consolidation

Contrairement aux intersaisons précédentes, Ottawa n’a pas chamboulé son effectif. L’été a plutôt servi à renforcer la stabilité et l’alchimie déjà présentes dans le groupe.

« Il n’y a pas eu de gros coup, mais des ajustements intelligents, note l’animateur de La Brigade. On a misé sur la cohésion et sur la continuité du travail entamé par l’entraîneur en chef Travis Green. »

Nicolas St-Pierre ajoute : « Le noyau est solide, l’équilibre entre jeunes talents et vétérans fonctionne bien. C’est ce qu’il fallait. »

Les deux observateurs estiment que cette stabilité pourrait être un facteur déterminant dans une division où la compétition reste féroce.

Un pas concret vers la francophonie

Les Sénateurs ont franchi une étape importante cet automne en lançant leurs comptes officiels X et Instagram en français, une initiative saluée de part et d’autre.

« C’est énorme, souligne Jean-Philippe Forgues. On ne parle pas d’une simple traduction : c’est un vrai contenu pensé pour les partisans francophones, avec un ton et des références qui leur parlent. »

Pour le présentateur de l’émission Dans Le Vestiaire, c’est un geste symbolique mais aussi stratégique : « Ottawa, c’est la capitale du pays, et la francophonie y est très présente. Reconnaître cette réalité, c’est une façon de bâtir des ponts avec toute la communauté de l’Est ontarien et de l’Outaouais. »

L’organisation multiplie aussi les présences dans la région de Gatineau, une démarche que St-Pierre juge « essentielle pour entretenir ce lien identitaire ».

Deux matchs de présaison à Québec : un clin d’œil fort à la francophonie

L’ouverture de la saison a également été marquée par la tenue de deux matchs de présaison à Québec, une première depuis plusieurs années pour la formation ontarienne.

« C’est un message clair envoyé à la communauté francophone, estime Forgues. Les Sénateurs veulent rappeler qu’ils ne sont pas seulement l’équipe de la capitale, mais une équipe qui parle à tout le corridor franco-canadien, d’Ottawa à Québec. »

Nicolas St-Pierre ajoute : « Ces matchs à Québec, c’est une belle vitrine pour le club. Le public a répondu présent, les joueurs francophones comme Giroux ou Chabot ont été acclamés. Ça crée un vrai sentiment d’appartenance. »

Pour les deux spécialistes franco-ontariens, ces initiatives successives (réseaux sociaux, matchs en territoire francophone, interactions accrues avec les partisans) montrent qu’Ottawa assume enfin pleinement son identité bilingue et son ancrage franco-ontarien.

Trois francophones au cœur du projet

La présence de Claude Giroux, Thomas Chabot et David Perron donne une identité francophone forte à l’équipe. Déjà partisans majeurs du beau parcours de saison dernière, leur rôle demeure central cette année.

« Giroux, c’est le cœur et la conscience du vestiaire, analyse Forgues. Il continue d’être productif, mais surtout, il montre l’exemple. Les jeunes le respectent énormément. »

Pour St-Pierre, la force du vétéran franco-ontarien est aussi sa constance : « À 37 ans, il est encore parmi les meilleurs aux mises en jeu, et il n’a rien perdu de sa vision du jeu. »

Thomas Chabot, après une saison marquée par les blessures, revient en pleine forme : « Il a retrouvé son niveau et profite d’une stabilité défensive qui lui manquait », estime Forgues.

Quant à David Perron, il poursuit son rôle de mentor : « C’est un gars qui a gagné, et ça paraît. Il garde tout le monde alerte, dans le bon état d’esprit », ajoute St-Pierre.

Une couverture francophone en mutation

La couverture francophone des Sénateurs évolue. Unique FM, qui diffusait les matchs depuis plusieurs saisons, a perdu les droits cette année, marquant également la fin d’une ère pour Nicolas St-Pierre, descripteur officiel pendant 17 saisons.

« C’est sûr qu’il y a un petit pincement au cœur, admet-il. Dix-sept ans, c’est une belle aventure, mais l’important, c’est que la couverture en français continue sous d’autres formes. »

Il souligne que son émission Dans Le Vestiaire prend désormais une ampleur inédite : « On a transformé cette perte en opportunité. L’émission s’étend maintenant sur deux heures, diffusée sur plusieurs plateformes : télé, radio, web et réseaux sociaux. Ça permet de rejoindre un public plus large. »

Du côté de Jean-Philippe Forgues, le balado La Brigade poursuit aussi sa croissance. « On est maintenant disponibles sur Spotify, YouTube et toutes les grandes plateformes. On veut offrir une voix 100 % francophone, passionnée et accessible, pour tous ceux qui suivent les Sens à travers le pays. »

Les deux journalistes s’entendent pour dire que l’intérêt pour les Sénateurs n’a jamais été aussi grand chez les francophones de la région. Et cette année, plus que jamais, l’équipe leur donne une raison d’y croire.

Les Sénateurs d’Ottawa débutent leur saison ce jeudi avec un déplacement sur la glace du Lighning de Tampa Bay en Floride. Coup d’envoi à 19 heures.

Postsecondaire : 72 % des jeunes franco-ontariens de l’Est et du Nord étudient en français

Une étude de Statistique Canada révèle que les jeunes francophones de l’Est et du Nord de l’Ontario poursuivent plus souvent leurs études postsecondaires en français que ceux du reste de la province, mettant en lumière d’importantes inégalités régionales.

Entre 2016 et 2021, près des trois quarts (72 %) des jeunes adultes de l’Est et du Nord de l’Ontario ayant fréquenté une école secondaire francophone ont choisi une université de langue française ou bilingue.

Dans le reste de la province, cette proportion chute à 23 %, selon une étude de Statistique Canada intitulée « Les jeunes adultes qui ont fréquenté une école secondaire de langue française ont-ils poursuivi leurs études postsecondaires en français? ».

Le portrait est similaire au niveau collégial : 62 % des diplômés du secondaire francophone de l’Est ontarien et 58 % de ceux du Nord ont opté pour un collège francophone, contre 14 % ailleurs en Ontario.

Signée Étienne Lemyre, l’analyse s’appuie sur les parcours de plus de 49 000 jeunes adultes qui résidaient au Canada hors Québec à la fois en 2016 et en 2021. 

« Ces nouvelles données mettent en lumière des iniquités, notamment régionales et en matière de domaines d’études, qui persistent dans l’accès aux études postsecondaires en français au pays », souligne l’Association des collèges et universités de la francophonie canadienne, (ACUFC) qui a appuyé l’étude de Statistique Canada.

Soins de santé : le choix du français

Selon le rapport, qui se base sur le recensement de 2021, le choix de la langue d’enseignement varie également selon le domaine d’études. Les jeunes adultes se dirigeant dans des domaines axés sur les services aux personnes et les autres métiers (comme les domaines de la santé, de l’éducation et du droit) étaient nettement plus susceptibles de choisir une université de langue française ou bilingue.

Ainsi, en Ontario, 53 % des étudiants inscrits dans ces domaines ont étudié en français, contre 97 % au Nouveau-Brunswick.

De manière plus détaillée, 48 % des jeunes adultes ontariens inscrits dans les programmes des domaines de la santé, des arts, du commerce, des sciences humaines, de l’éducation ou des sciences sociales (SACHES) ont poursuivi leurs études en français, contre 35 % dans les sciences, technologie, ingénierie et mathématiques (STIM).

Les filières en lien avec les soins de santé affichent même un taux d’inscription en français de 60 %, contre 40 % en éducation.

« Plusieurs facteurs influencent la prise de décision des élèves, dont la proximité du lieu d’études et la variété des programmes offerts », peut-on lire dans le communiqué de l’ACUFC.   

L’étude s’intéresse aussi aux motivations des jeunes francophones qui choisissent de poursuivre leurs études dans leur langue.

La facilité d’apprendre dans leur langue (60 % au collège, 47 % à l’université) est évoquée par la majorité des francophones ayant poursuivi leurs études collégiales ou universitaires en français. Mais pour plus de la moitié (53 %), l’identité linguistique a également pesé dans la balance.

À l’inverse, une majorité de ceux qui ont étudié en anglais affirme que le programme souhaité n’était offert qu’en anglais. 

« Cette raison était mise de l’avant par 54 % des adultes d’expression française ayant fait des études collégiales en anglais et par 40 % de ceux qui ont fait des études universitaires en anglais (au baccalauréat) », relève l’étude. 

Ces données, précise Statistique Canada, concernent uniquement les jeunes adultes citoyens canadiens vivant hors Québec. 

Emploi : les diplômés francophones avantagés?

Sur le marché du travail, les différences de langue d’enseignement influencent aussi l’utilisation du français.

« La population étudiante diplômée d’un établissement postsecondaire francophone ou bilingue est cinq fois plus susceptible d’utiliser le français le plus souvent dans son milieu de travail que celle diplômée des établissements anglophones », fait observer l’ACUFC.

Et d’ajouter : « Ce phénomène rappelle l’importance d’un accès élargi aux études postsecondaires en français partout au pays pour répondre à des enjeux sociaux pressants. »

Le taux d’emploi, quant à lui, demeure globalement similaire entre diplômés francophones et anglophones (68 % contre 67 %), mais les écarts régionaux sont significatifs.

En Ontario, le taux d’emploi atteint 75 % chez les diplômés du postsecondaire francophone, contre 64 % pour ceux du système anglophone.

Dans les provinces de l’Ouest canadien et les territoires, la tendance est semblable (78 % contre 73 %).

A contrario, au Nouveau‑Brunswick, les jeunes diplômés ayant étudié dans un établissement de langue française ou bilingue (58 %) avaient un taux d’emploi inférieur à celui des personnes ayant étudié dans un établissement de langue anglaise (72 %).

« Plusieurs raisons peuvent expliquer les écarts observés, dont la situation de l’emploi dans les régions de résidence spécifiques des jeunes adultes », explique-t-on dans le rapport. 

Appel à l’action 

Pour l’ACUFC, les conclusions de cette étude confirment la nécessité de renforcer le parcours éducatif en français.

« Cette étude souligne l’importance de poser des gestes cohérents et structurants pour renforcer les possibilités de faire des apprentissages de qualité en français tout au long du continuum éducatif partout au pays, y compris au palier postsecondaire », affirme l’organisme.

L’association réitère sa volonté de collaborer avec les gouvernements et les communautés afin d’accroître l’attractivité des établissements francophones et bilingues et de mieux faire connaître la valeur ajoutée des études en français.

De son côté, Statistique Canada conclut en rappelant l’importance stratégique des parcours scolaires francophones hors Québec pour la formation d’une main-d’œuvre capable de travailler dans les deux langues officielles et pour la préservation des communautés minoritaires francophones. 

Les résultats de cette étude pourront être utilisés pour « orienter le développement de nouveaux programmes en français » dans les domaines et les régions où l’offre demeure limitée, indique l’organisme.

Faute de moyens, les tribunaux fédéraux se disent en incapacité de respecter leurs obligations linguistiques 

OTTAWA —  Les tribunaux fédéraux préviennent qu’ils pourraient ne plus être en mesure de respecter leurs nouvelles obligations linguistiques concernant la traduction de jugements, en raison d’un manque de ressources financières.

C’est ce qu’indique le plan ministériel de 2025-2026 du Service administratif des tribunaux judiciaires (SATJ), qui fournit des services juridiques et de greffe aux tribunaux fédéraux, soit la Cour d’appel fédérale, la Cour fédérale, la Cour d’appel de la cour martiale du Canada et la Cour canadienne de l’impôt.

Dans ce rapport, le SATJ soutient que des coûts non discrétionnaires, comme les services de traduction, les services de protection, les services informatiques, les sténographes judiciaires, les transcriptions et d’autres frais semblables, impactent les finances de l’organisation.

« Ces coûts fluctuent principalement selon le volume, le type et la durée des audiences tenues au cours d’une année donnée (…) et peuvent limiter la flexibilité financière de l’organisation », étale le plan ministériel.

Le budget alloué par le gouvernement fédéral au SATJ augmente légèrement, passant de 205 millions de dollars en 2024-2025 à 208 millions de dollars pour 2025-2026. Il est prévu qu’il redescende par la suite à 167 et 125 millions de dollars au cours des deux années suivantes, une baisse notamment due à la fin de financement temporaire. Le SATJ n’est pas touché par la réduction des dépenses au fédéral. Le gouvernement Carney a demandé aux ministères et agences fédérales de réduire leurs dépenses de 15 % d’ici 2028-2029.

« Bien que nous ayons reçu un afflux important de fonds ABS (affectations à but spécial), les opérations principales du SATJ sont actuellement confrontées à des risques financiers significatifs qui ne peuvent pas être absorbés par le budget régulier de 2025-2026 », prévient la branche administrative des cours fédérales.

L’une des pressions financières avancées par le SATJ concerne les nouvelles exigences linguistiques : publier simultanément dans les deux langues officielles les décisions ayant valeur de précédent, ainsi que les questions de droit d’intérêt public ou d’importance nationale. Ces nouvelles obligations ont fait partie de la modernisation de la Loi sur les langues officielles, adoptée en 2023 par le gouvernement Trudeau.

« L’impact sur les opérations du SATJ est très significatif et nécessite une utilisation accrue de ressources. Le SATJ ne dispose pas présentement du niveau approprié de ressources afin de répondre aux exigences de la nouvelle loi », affirme sans détour l’organisation judiciaire.

Dans le budget de 2024, le fédéral a alloué 9,6 millions de dollars sur trois ans aux tribunaux fédéraux pour se conformer à leurs nouvelles exigences linguistiques.

Inquiétude chez les juristes francophones

Ce n’est pas la première fois que le SATJ fait état de difficultés financières l’amenant à prévenir qu’elle ne pourra respecter ses obligations vis-à-vis la Loi sur les langues officielles (LLO). L’an dernier, nous avions rapporté les difficultés financières des tribunaux fédéraux, le SATJ soutenant que, sans influx financier, il « serait contraint de cesser ses opérations de traduction et de révision ».

« Ça nous inquiète cette situation », lance Justin E. Kingston, le président de la Fédération des associations de juristes d’expression française de common law (FAJEF), en entrevue.

« Ça serait certainement préjudiciable, car c’était exactement l’objectif de la modification de la LLO, soit de régler l’asymétrie des droits linguistiques », rappelle ce dernier.

La FAJEF, qui représente sept associations provinciales de juristes d’expression française, appelle le fédéral à allouer davantage de moyens financiers aux tribunaux fédéraux.

Justin E. Kingston est le président de la Fédération des associations de juristes d’expression française de common law (FAJEF). Photo : site internet de la FAJEF

L’organisation d’avocats ne souhaite pas un retour à la situation précédant la modernisation de la LLO en 2023, période marquée par de « grosses lacunes concernant les obligations en français au sein des tribunaux fédéraux », avance Justin E. Kingston.

« Il y a eu des années de travail pour modifier la Loi sur les langues officielles et là on est en train de recevoir un rapport qui dit qu’on ne va pas avoir les ressources pour respecter les modifications que tout le monde a travaillé tellement fort à mettre en place », s’inquiète le président de l’association de juristes francophones.

La FAJEF craint alors une situation où les droits linguistiques se retrouveraient « dans un élément de stagnation ».

« Si on ne fait pas ça (allouer plus de ressources), on va se retrouver dans une circonstance où il y aura une asymétrie des droits linguistiques ou encore pire, des droits linguistiques fictifs. On ne peut pas dire que tout va être bilingue, mais ne pas traduire les décisions des tribunaux », dénonce M. Kingston.

L’intelligence artificielle pour la traduction

Parallèlement, la Cour fédérale a annoncé dans une mise à jour la semaine dernière qu’elle accentuerait l’utilisation de l’intelligence artificielle pour y effectuer la traduction en anglais et en français de décisions rendues.

« Des outils d’intelligence artificielle sont maintenant utilisés pour appuyer les spécialistes de la langue qui traduisent les décisions de la Cour fédérale. Les outils sont complémentaires à la traduction — ils ne remplacent pas l’humain qui fait le travail », prévient le tribunal fédéral.

La Cour fédérale précise qu’un « système de contrôle » a été mis en place pour que « la traduction soit fidèle aux motifs originaux et rende bien l’issue de l’instance ».

« La Cour n’utilisera pas l’IA, tout particulièrement les outils décisionnels automatisés, pour rendre ses jugements et ses ordonnances, sans tenir au préalable des consultations publiques », assure-t-on.

Sept Franco-Ontariens seront faits Chevaliers de l’Ordre de la Pléiade

TORONTO – La section ontarienne de l’Assemblée parlementaire de la Francophonie (APF) a dévoilé, mercredi, les noms des sept récipiendaires de la médaille de l’Ordre de la Pléiade pour l’année 2025.

Plusieurs Franco-Ontariens œuvrant dans le milieu de l’éducation et du postsecondaire seront faits Chevaliers et Chevalières de l’Ordre de la Pléiade lors d’une cérémonie d’investiture prévue le 25 novembre prochain à Toronto et présidée par Édith Dumont, lieutenante-gouverneure de l’Ontario.

Parmi eux, on retrouve Serge Miville, recteur et vice-chancelier de l’Université de Sudbury, qui a dirigé la transformation de l’établissement en institution universitaire de langue française « par et pour » la communauté francophone, couronnée par sa réouverture en septembre dernier après plusieurs années de mobilisation.

Pour celui qui est à la tête de l’établissement depuis juin 2021, cette distinction ne souligne pas uniquement son parcours personnel, mais le travail collectif de toute la communauté universitaire : « C’est une œuvre intergénérationnelle. Sans l’ensemble du personnel, du conseil de gouvernance et de toutes les personnes ayant contribué à ce projet à travers l’Ontario, cela n’aurait pas été possible. Je vois ça comme une reconnaissance pour l’institution et tous ses artisans. »

Luc Bussières, a occupé le poste de recteur de l’Université de Hearst de 2017 à 2024. Photo : Gracieuseté de Martine Laberge.

Également récompensée, Lynn Brouillette, qui fut la première présidente-directrice générale de l’Association des collèges et universités de la francophonie canadienne (ACUFC) de 2016 à 2024 et a été activement impliquée dans le développement du réseau postsecondaire francophone et bilingue. Depuis le mois de juin, elle représente l’Ontario au conseil d’administration de la Fédération des communautés francophones et acadienne (FCFA) du Canada.

« Mon parcours a été jalonné de belles collaborations, de défis stimulants et de rencontres inspirantes. Quand on œuvre dans un domaine qui nous passionne, en accord avec nos valeurs, chaque étape devient un plaisir et une source de motivation », a réagi cette habitante d’Orléans dans une publication sur les réseaux sociaux.

Luc Bussières, ex-recteur de l’Université de Hearst, est aussi reconnu pour son engagement de longue date en faveur de la langue française et du développement du postsecondaire francophone dans le Nord de l’Ontario.

Ce dernier, qui a joué un rôle déterminant dans l’obtention de l’autonomie complète de l’Université de Hearst en 2022, a reçu plusieurs récompenses dans les dernières années, dont le Prix Paulette-Gagnon de l’AFO en 2024.

Éducation et communautaire

Au niveau du leadership scolaire, Johanne Lacombe, également récompensée par l’Ordre de la Pléiade, est présidente du Conseil des écoles catholiques du Centre-Est (CECCE) depuis 2010 et réélue pour un 10ᵉ mandat en 2024. Installée à Orléans, elle préside également l’Association franco-ontarienne des conseils scolaires catholiques et est vice-présidente du Consortium Centre Jules-Léger.

Johanne Lacombe a reçu le Saphir de la personnalité féminine de l’année en 2019 et le Prix Paulette Gagnon en 2022. Photo : Archives ONFR/Sébastien Pierroz

Toujours dans l’Est, une autre femme accède au rang de Chevalière : Lyne Michaud, ancienne directrice de l’École d’administration, d’hôtellerie et de tourisme (EAHT) à La Cité à Ottawa et ex-vice‑présidente à l’Enseignement au Collège Boréal, est reconnue pour son engagement envers le développement de la formation postsecondaire francophone et le rayonnement de la francophonie dans la région, après 25 ans de carrière dans le système collégial franco‑ontarien.

Deux Torontois complètent le groupe des décorés de l’édition 2025 dont Aïssa Nauthoo, avocate spécialisée en droit de l’immigration et en droit des réfugiés œuvrant, depuis 2004 comme directrice des Services d’aide juridique (SAJ) du Centre francophone de Toronto. Elle est également vice-présidente des services juridiques, d’emploi et d’établissement au Centre francophone du Grand Toronto (CFGT).

Enfin, Michel Tremblay, qui a dirigé la Fédération des aînés et retraités francophones de l’Ontario (FARFO) jusqu’à sa retraite en août 2025, est également reconnu. Sous sa direction, la FARFO a lancé plusieurs initiatives visant à améliorer la qualité de vie des aînés francophones, notamment le programme « VIVRE+ Chez-Soi » pour soutenir les personnes âgées à domicile.

Michel Tremblay a été le directeur général de la Société Santé en français de 2013 à 2019. Photo : Archives ONFR/Didier Pilon

Il a aussi supervisé le lancement du Guide de bientraitance des aînés 2SLGBTQI+ francophones en Ontario, renforçant ainsi l’engagement de l’organisation envers la diversité et l’inclusion.

Créé en 1976, l’Ordre de la Pléiade récompense les personnalités qui ont contribué à la promotion de la langue française et au dialogue des cultures. Il comprend cinq grades : Chevalier, Officier, Commandeur, Grand Officier et Grande Croix. Depuis sa création, des personnalités du monde entier, y compris des chefs d’État, ont été distinguées pour leur engagement en faveur de la francophonie et de la culture française.

Depuis la remise du premier grade en 1989, 142 personnalités ontariennes ont été décorées par la Section de l’Ontario de l’Ordre de la Pléiade.

Retrait des radars photo des zones scolaires : les conseils francophones s’alarment

C’est au tour des conseils francophones de s’inquiéter du retrait des radars photo dans les zones scolaires annoncé par Doug Ford. Dans une déclaration commune, l’Association des conseils scolaires des écoles publiques de l’Ontario (ACÉPO), l’Association franco-ontarienne des conseils scolaires catholiques (AFOCSC) et leurs pendants anglophones demandent au premier ministre Ford de revenir sur sa position.

« Nous exprimons notre profonde inquiétude face à la proposition de la province d’éliminer les radars photo dans les zones de sécurité scolaires », ont déclaré l’ACÉPO, AFOCSC et leurs équivalents anglophones le Ontario Public School Boards’ Association (OPSBA) et l’Ontario Catholic School Trustees’ Association (OCSTA).

Le 25 septembre dernier, le premier ministre a annoncé qu’il comptait soumettre un projet de loi pour éliminer les radars photo, destinés à dissuader les conducteurs de commettre des excès de vitesse, celui-ci les qualifiant de cash grab, de machines à sous à d’autres termes.

« Ces dispositifs se sont révélés être l’un des outils les plus efficaces pour assurer la sécurité des enfants et des familles près des écoles. Des recherches menées par l’Hôpital SickKids et l’Université métropolitaine de Toronto ont démontré qu’ils ont permis de réduire la vitesse dans les zones de sécurité scolaires de près de 45 % », ont argumenté via communiqué les représentants des conseils scolaires.

« Les spécialistes en pédiatrie sont clairs : la vitesse est le facteur le plus déterminant dans la survie d’un enfant lors d’une collision. »

Ceux-ci disent partager les préoccupations exprimées par les conseils municipaux, les leaders communautaires, les experts en santé publique et les services de police concernant la perte possible de cet outil de sécurité essentiel. 

« Nous demandons au gouvernement provincial d’améliorer et de renforcer l’utilisation des radars photo, et non de l’éliminer. Nous exhortons la province à collaborer avec ceux qui connaissent le mieux leurs communautés, les municipalités locales, les conseils scolaires locaux, les services de police locaux et la santé publique locale. »

« La réponse est non », dit Ford

« À un moment où les gouvernements à tous les paliers devraient faire tout ce qui est en leur pouvoir pour réduire les coûts et rendre la vie plus abordable, trop de municipalités utilisent les radars photo comme moyen de s’enrichir », s’était exprimé le premier ministre Doug Ford le jour de l’annonce de la mesure.

Le communiqué mentionnant que depuis 2019, plus de 700 radars photo municipaux ont été installés dans 40 municipalités de l’Ontario.

Le bureau du premier ministre a diffusé une réponse de Doug Ford à deux des maires qui lui ont demandé de reconsidérer sa décision, soit une vingtaine : « La réponse est non. Notre gouvernement bannit ce moyen d’enrichissement municipal une bonne fois pour toutes. »

Celui-ci a avancé que des mesures de sécurité alternatives seraient utilisées comme des carrefours giratoires, des dos d’âne, une meilleure signalisation et d’autres mesures de modération de la circulation dans les zones scolaires.

« Les radars photo ne sont pas une question de revenus, mais de sécurité. Ils sauvent des vies, et nous devons les améliorer, pas les abolir », a lui tranché le président de l’ACÉPO Denis Labelle.

« Dans nos communautés, la sécurité des élèves est une priorité absolue. Le gouvernement doit travailler avec nous pour renforcer ces outils, pas les éliminer », a ajouté Robert Demers, le président de l’AFOCSC.

La porte-parole du NPD pour le Solliciteur général et députée de St. Catharines, Jennie Stevens, a dénoncé la décision du premier ministre de retirer « une mesure de sécurité routière qui sauve des vies ».

En parallèle, le média Global News a révélé plus tôt cette semaine que des véhicules immatriculés au nom des ministres du gouvernement Ford ont reçu 23 contraventions pour excès de vitesse au cours des trois dernières années.

Hockey : une ère nouvelle s’ouvre pour les Maple Leafs, plus francophones que jamais

TORONTO – La saison 2025-2026 de la Ligue nationale de hockey s’amorce aujourd’hui pour les Maple Leafs de Toronto qui ouvrent leur saison face aux Canadiens de Montréal à l’aréna Scotiabank. L’équipe aborde ce nouveau chapitre avec une identité renouvelée : une formation plus francophone que jamais avec trois joueurs québécois, la fin de l’ère Mitch Marner, mais la même ambition inébranlable d’enfin soulever la Coupe Stanley. Pour la journaliste et analyste Cindy Caron, spécialiste des Leafs «  l’impression qu’une page s’est tournée » est bien présente pour cette nouvelle saison.

L’été a marqué un tournant majeur pour les Maple Leafs de Toronto. Le départ de Mitch Marner, parti comme joueur autonome vers les Golden Knights de Vegas, a laissé un vide mais aussi un soulagement collectif.

« C’était une super grosse perte sur le plan du talent, mais il y avait beaucoup de toxicité autour de ce joueur-là, confie Cindy Caron. Son entourage était devenu une distraction, et ça avait créé des divisions dans le vestiaire. Je pense qu’en général, tout le monde était content de passer à autre chose. L’ère Mitch Marner est terminée. »

Cette coupure nette a permis de clarifier le discours interne.

« L’état d’esprit est super bon, poursuit-elle. Les joueurs ont signé des contrats un peu au rabais, favorables à l’équipe. Ça montre qu’ils veulent bâtir quelque chose de collectif, pas seulement maximiser leur salaire. »

Dans une ville où la pression est constante, cette mentalité plus unifiée pourrait faire la différence : « On sent une nouvelle dynamique, une nouvelle vitesse, un souffle différent. Les partisans ont aussi tourné la page. »

Une équipe plus francophone que jamais

Pour la première fois depuis plusieurs années, les Maple Leafs comptent trois joueurs québécois dans leurs effectifs : Nicolas Roy, Simon Benoît et Samuel Blais.

« C’est une première depuis que je couvre l’équipe, souligne Cindy Caron. On a toujours eu un seul francophone dans l’organisation, parfois aucun. Là, ça fait une petite French connection, et c’est super cool. »

Nicolas Roy, acquis dans une signature-échange impliquant Marner, incarne bien ce virage vers des joueurs d’expérience et de caractère.

« Roy, c’est exactement le type de joueur que l’entraîneur en chef Craig Berube aime, explique-t-elle. C’est un grand centre, solide défensivement et offensivement, un gars avec du papier sablé, un joueur au style rude, abrasif, combatif. Il a gagné la Coupe avec Las Vegas, et ça, c’est précieux. »

Même son de cloche pour Samuel Blais, réclamé au ballottage à la dernière minute.

« Blais a gagné la Coupe avec Saint-Louis quand Berube était là-bas, rappelle Cindy Caron. Il a eu des hauts et des bas depuis, mais c’est le genre de profil qui peut ramener une énergie et une fierté de gagner. »

Quant à Simon Benoît, pilier défensif fiable, il revient d’un arrêt pour blessure et devrait retrouver un rôle clé dans la rotation.

La valeur de l’expérience des champions

Sous la direction précédente (Kyle Dubas et Brendan Shanahan), Toronto privilégiait les joueurs rapides et talentueux, sans forcément chercher ceux qui avaient déjà gagné. Une approche que Cindy Caron juge dépassée.

« Avant, ce n’était pas une priorité. Pourtant, on a vu que quand tu as un gars qui a déjà gagné la Coupe, il devient un mentor pour les jeunes. Avec Craig Berube, c’est complètement différent. C’est quelque chose qu’on recherche désormais dans l’ADN de l’équipe. Tu sais ce que ça prend pour gagner, et ça, tu ne peux pas l’inventer. Il faut l’avoir vécu pour le transmettre. »

Cette philosophie se reflète dans la construction du noyau torontois : un mélange d’élite offensive, de robustesse et d’expérience.

« Le but reste la Coupe Stanley. Ce groupe n’a plus le luxe du temps. »

Les clés de la saison : stabilité et alchimie

Pour espérer aller plus loin que les années précédentes, Toronto devra d’abord résoudre la question du filet.

« C’est toujours un point d’interrogation, note Cindy Caron. Anthony Stolarz et Joseph Woll sont là, mais Woll est en congé de l’équipe depuis deux semaines, sans date de retour. Stolarz revient d’une blessure subie en séries. Ça ajoute un peu d’incertitude. »

L’autre enjeu majeur sera la compatibilité entre les nouveaux venus et le noyau établi.

« Chaque été, il y a des départs et des arrivées, rappelle-t-elle. Ça prend toujours un peu de temps pour que l’alchimie s’installe. Mais si tout clique, avec Auston Matthews en santé, ce qui n’était pas le cas l’an dernier, Toronto a tout ce qu’il faut pour aller loin. »

Une voix francophone au cœur de Toronto

En parallèle de son analyse sportive, Cindy Caron continue d’être une figure essentielle de la couverture francophone des Leafs.

« Je couvre toujours l’équipe pour L’Express de Toronto, et je participe aussi à l’émission Dans le vestiaire de Nicolas Saint-Pierre, sur les ondes ottaviennes d’Unique FM, dit-elle. J’ai des chroniques sur BPM Sports à Montréal et Québec, et un peu avec CBC Sports aussi. C’est surtout de la radio, mais j’essaie de garder une présence écrite. »

Dans un marché médiatique anglophone, sa présence fait une réelle différence pour les amateurs francophones de hockey à Toronto.

« C’est important qu’il y ait une voix en français pour parler des Leafs. On a plus de joueurs francophones que jamais, c’est donc le bon moment pour que la communauté se reconnaisse dans cette équipe. »

La ville de Sudbury adopte un nouveau plan pour lutter contre l’itinérance

SUDBURY – Le conseil municipal de Sudbury a adopté, mardi soir, un nouveau plan visant à revitaliser le centre-ville, en s’attaquant à la fois à l’itinérance, à la sécurité et à l’attractivité économique. Plusieurs conseillers ont toutefois exprimé des inquiétudes sur le fait que la centralisation des services au centre-ville pourrait déplacer les populations vulnérables vers d’autres quartiers de la ville.

Les cinq volets du plan présenté par la directrice générale de la municipalité, Shari Lichterman, concernent « les services sociaux, la mise en valeur du centre-ville, l’animation, la sécurité et la planification pour un centre-ville prospère ».

Celle qui occupe ses fonctions depuis la fin février dernier a précisé que le plan avait été élaboré après plusieurs mois de consultations avec des propriétaires d’entreprises, des organismes sociaux et des résidents, tous frustrés de constater que les mêmes problèmes revenaient sans solution.

Shari Lichterman a souligné que le centre-ville de Sudbury, avec ses 88 hectares et près de 500 propriétés, génère le plus de revenus fonciers par acre, pour justifier la centralisation des services sociaux et la protection de ce moteur économique de la ville. Photo : Capture d’écran site officiel de Greater Sudbury

Un des points centraux du plan concerne la centralisation des services pour les personnes itinérantes au campement de la propriété Energy Court, situé derrière l’épicerie Chris’ Your Independent, où le centre de consommation supervisée a fermé l’an dernier. Le site accueillera de nouveau le centre d’accueil de l’organisme à but non lucratif Go-Give project.

Les heures du centre d’accueil passera, par ailleurs, à 24 heures sur 24, 7 jours sur 7 dès le 1er novembre pour les personnes vulnérables qui y trouveront un espace chauffé, de la nourriture, des toilettes, des services paramédicaux et du soutien en santé mentale et dépendances. 

La Ville prévoit une présence policière renforcée au centre-ville afin d’assurer la sécurité publique et de soutenir ces opérations.

Le site du Energy Court au centre-ville de Sudbury. Photo : Dominique Demers/TFO

Des craintes soulevées

Même si les conseillers ont adopté le plan à l’unanimité et reconnu l’urgence d’une nouvelle approche, certains ont soulevé des inquiétudes quant à ses possibles retombées.

Le conseiller Michel Parent a notamment demandé si des discussions avaient eu lieu pour éviter que la centralisation des services ne déplace les personnes sans-abri vers d’autres secteurs de la ville.

« Il ne faut pas que toutes les ressources se concentrent uniquement au centre-ville , il est important de transférer ces bonnes pratiques dans d’autres quartiers », a souligné la conseillère Joscelyne Landry-Altmann, citant notamment des retours de citoyens inquiets des secteurs du Moulin-à-Fleur et de Donovan.

Le conseiller du quartier 5, Michel Parent, initiateur de la « Feuille de route pour mettre fin à l’itinérance », a travaillé comme ambulancier et a dit bien connaître bien la réalité des personnes sans-abri. Photo : Capture d’écran site officiel de Greater Sudbury

Ce à quoi la directrice générale de la municipalité a répondu que concentrer tous les services et les campements à un seul endroit pouvait poser un risque mais que l’un des éléments essentiels serait d’assurer la présence d’une variété de services sur le site.

« Notre objectif est vraiment de considérer ce site comme temporaire et de travailler à ce que les gens soient logés selon notre feuille de route pour mettre fin à l’itinérance. Mais nous sommes en situation de crise et des personnes meurent dans les rues », a-t-elle également insisté en réponse à une autre inquiétude des conseillers.

Embellissement et animation

Pour améliorer l’environnement urbain, la Ville prévoit aussi un nettoyage complet de Memorial Park, un meilleur entretien des trottoirs, des rues et des plantations, ainsi qu’une proactivité des inspecteurs municipaux pour veiller à l’entretien des propriétés. 

Une nouvelle entente pourrait aussi être conclue avec l’association de la zone d’amélioration commerciale pour inclure un programme d’ambassadeurs chargés de maintenir la propreté, de lutter contre les graffitis et d’assurer une présence visible dans les rues.

Le centre-ville sera également valorisé comme un point d’ancrage culturel et animé de manière plus soutenue grâce à des événements réguliers à Memorial Park et à Tom Davies Square, où sera installé le futur Carrefour culturel.

La Ville s’assurera que les espaces publics soient facilement utilisables par les groupes communautaires, avec des installations prêtes à accueillir des spectacles et des activités.

Une réponse à la hausse de l’itinérance

En outre, le Samaritan Centre, opéré par New Hope Outreach, et le refuge Off the Street verront leurs heures d’accueil libre et de centre de réchauffement étendues. La capacité nocturne, pour le premier, passera à 30 places, et l’accès aux services en journée et le week-end sera prolongé. 

Ces services hivernaux prolongés s’inscrivent dans la Feuille de route pour mettre fin à l’itinérance d’ici 2030, qui prévoit des investissements de 350 millions de dollars dans le logement permanent, la prévention de l’itinérance et le soutien en santé mentale et dépendances. 

Le plan adopté par le conseil municipal représente un investissement d’environ 1,75 million de dollars, financé conjointement par les paliers fédéral, provincial et municipal.

Les dernières données de la Ville du Grand Sudbury montre une montée en puissance du sans-abrisme après la pandémie. Photo : Ville de Sudbury

Le nombre de personnes vivant dans des campements ou sans-abri à Sudbury a fortement augmenté ces dernières années passant de 18 en janvier 2023 à 200 en juin 2024, et s’est stabilisé autour de 200 personnes entre juin 2024 et juin 2025.

« Les résidents et les entreprises méritent des rues et des espaces publics sûrs, et les personnes aux prises avec l’itinérance méritent dignité et soutien », a déclaré le maire Paul Lefebvre en fin de séance.

À l’exception des nouveaux services localisés sur la propriété Energy Court, le déploiement intégral du plan prendra plusieurs mois, avec de premiers résultats au printemps.

La guerre tarifaire et le coût de la vie au cœur des préoccupations des francophones

Un nouveau sondage démontre que les francophones hors Québec sont inquiets par le coût de la vie et la guerre tarifaire entre le Canada et les États-Unis, une forte majorité jugeant cette situation comme « grave ». Aussi, de plus en plus de minorités francophones estiment que le fédéral devrait en faire davantage pour l’économie francophone.

Ce sondage, commandé par le Réseau de développement de la francophonie économique et d’employabilité Canada (RDÉE Canada) a été réalisé par la firme Pollara entre le 5 et le 10 août 2025 auprès de 517 personnes en ligne.

Appelés à donner leurs trois principales préoccupations, les francophones à l’extérieur du Québec identifient le coût de la vie (59 %), alors que la guerre tarifaire avec les États-Unis monte au second rang (40 %), et l’accès aux soins de santé (37 %) ferme la marche du podium.

« Il y a moins de gens qui semblent être dans une situation précaire. Le pourcentage a diminué par rapport à l’an dernier, dénote Yan Plante, le Président-directeur général du RDÉE Canada. Mais il y a encore une précarité financière chez au moins le quart des répondants et ça, ça reste inquiétant », concède-t-il.

Un sondage similaire avait été réalisé en 2024 par le RDÉE Canada, un organisme qui représente les entreprises francophones en milieu minoritaire. Le conflit commercial entre le Canada et son pays voisin a passablement changé la perception de l’économie pour les francophones hors du Québec. 83 % d’entre eux estiment que la situation commerciale avec les Américains est « grave », avec 72 % rapportant qu’elle les affecte personnellement.

Les répondants qui ont indiqué faire leurs achats dans des commerces locaux francophones ont d’ailleurs passablement augmenté de 52 % à 72 % en une année.

« On sent là-dedans une réponse à l’incertitude économique créée par la dynamique avec l’administration Trump. Les francophones ne sont pas différents des Canadiens anglophones. On a senti une conscientisation envers l’achat local, mais les francophones poussent ça un pas plus loin avec l’achat local en français », affirme Yan Plante.

En faire plus pour l’économie francophone

Pour le dirigeant de la RDÉE-Canada, ce coup de sonde amène pour la première fois des données ciblées sur les francophones hors du Québec au sujet des tensions commerciales avec les Américains. Et il permet de constater que les Acadiens et francophones du reste du pays se tournent de plus en plus vers les gouvernements pour poser des actions économiques.

« L’année passée, 41 % des gens disaient qu’il fallait en faire davantage pour le développement économique de leurs communautés et maintenant, on est passé à 55 %, c’est une différence considérable », remarque Yan Plante.

« Il y a une augmentation assez claire des répondants vis-à-vis les deux paliers de gouvernement pour qu’ils en fassent davantage pour le développement économique francophone. Ce sont des enjeux sur lesquels les gens n’ont pas beaucoup de contrôle eux-mêmes pour les régler », perçoit ce dernier.

Mobilité de la main-d’œuvre, commerce interprovincial et diversification des marchés économiques sont tous des enjeux qui doivent être dans le collimateur du gouvernement fédéral pour aider les entreprises canadiennes, notamment francophone, avance le dirigeant du RDÉE Canada.

« Les gens nous disent, on vous (les entreprises francophones) appuie, on veut diversifier nos marchés, on veut réduire notre dépendance envers les Américains. »

« On pourrait aussi faire partie de la solution pour des missions ou du commerce à l’international. Je pense qu’il y a là quelque chose d’intéressant pour le fédéral, pour qu’il puisse jouer un rôle de leader », estime M. Plante.

Bien que les sondages en ligne ne puissent pas se voir attribuer une marge d’erreur, la marge d’erreur correspondante pour un échantillon probabiliste de cette taille est de +/- 4,4 points de pourcentage, soit 19 fois sur 20.

Interprètes au Parlement : le coût ne sera pas le seul critère, réfute le Bureau de la traduction

OTTAWA — Le Bureau de la traduction dément les affirmations d’interprètes parlementaires qui soutiennent que la qualité de la traduction baissera au Parlement en raison d’une décision du gouvernement de prioriser « le plus bas soumissionnaire » pour les interprètes pigistes.

Services publics et Approvisionnement Canada (SPAC) est en processus de renouvellement des contrats des interprètes parlementaires pigistes, qui prendront fin en décembre. Un peu moins de 50 % de ces interprètes sont des pigistes alors que le reste est employé au Bureau de la traduction, selon l’Association internationale des interprètes de conférence — Région Canada (AIIC-Canada).

Cette dernière avance qu’un nouveau processus de SPAC sacrifiera la qualité au nom du soumissionnaire au plus bas prix. L’AIIC-Canada soutient que seuls le prix et le fait d’être un interprète accrédité auprès du Bureau de la traduction seront pris en considération. Par le passé, c’est la qualité de l’interprète ou encore la disponibilité qui faisaient partie d’un ensemble de critères évalués.

« Cet indice de qualité n’est pas mentionné dans cette nouvelle version que l’on nous a présentée. On ne sait pas trop comment il (le bureau de la traduction) pense faire l’évaluation », a affirmé Alionka Skup, la présidente de l’AIIC-Canada lors d’une comparution au Comité des langues officielles mardi.

Les élus du comité font actuellement une étude sur le renouvellement du contrat de travail des interprètes parlementaires.

L’AIIC-Canada estime qu’une telle nouveauté pénalisera le français au Parlement, car la majorité de la traduction se fait de l’anglais vers le français et que les meilleurs interprètes seront écartés.

« On a des interprètes qui sont présents sur la colline depuis très longtemps et qui ont différentes spécialités, alors ça serait logique qu’ils soient affectés aux comités relatifs à leurs autres connaissances, au lieu de simplement prendre la liste et d’aller au moins cher », poursuit Mme Skup.

« Si on fonctionne de cette façon, les interprètes avec le plus d’expérience vont simplement ne plus être présents parce que leurs tarifs vont être trop élevés », statue-t-elle.

L’AIIC-Canada déplore aussi le fait que les nouvelles règles ne permettent pas de rémunérer le temps de préparation des interprètes, mais seulement celui passé au micro, à effectuer la traduction.

Le prix parmi un ensemble de critères

Le Bureau de la traduction affirme ne pas encore avoir pris de décision concernant le renouvellement des contrats en décembre des interprètes pigistes.

« Dire que c’est uniquement les soumissionnaire à bas prix, vous me permettrez de dire que je ne suis pas tout à fait en accord, a réfuté son président-directeur général, Jean-François Lymburner devant les députés fédéraux. On a besoin d’avoir des interprètes qui ont été certifiés par le Bureau de la traduction. Pour nous, c’est un gage de qualité certain. Tous les soumissionnaires ne seront pas accrédités. »

« De plus, avance M. Lymburner, des interprètes pigistes seront toujours sélectionnés en fonction de critères comme le fait d’avoir une cote de sécurité et d’habiter dans la région d’Ottawa. »

« À l’heure actuelle, les pigistes ont tous un indice de qualité identique », a indiqué Annie Plouffe, vice-présidente, Services au Parlement et Interprétation au Bureau de la traduction, qui précise qu’il n’est pas question d’avoir des interprètes non accrédités au Parlement.

Cette dernière soutient aussi qu’à l’heure actuelle, les expertises externes des pigistes, comme le fait d’être un ancien juriste, ne sont pas prises en compte dans leur assignation quotidienne.

L’organisme qui relève de SPAC a terminé ses consultations. Il se trouve maintenant à l’étape d’analyse de la rétroaction reçue des membres de l’industrie, ce qui est considéré comme « une étape normale » selon M. Lymburner.

Questionné à maintes reprises par le député conservateur Joël Godin, Jean-François Lymburner n’a pas divulgué le mandat confié au Bureau de la traduction par SPAC concernant le renouvellement des contrats des interprètes. Cette réticence a poussé l’élu à se tourner vers le président du comité pour demander « que le témoin puisse répondre à mes questions ».

« Évidemment, à un certain point, on est des gestionnaires et on a des pressions un peu comme tout le monde et on regarde le prix et la valeur », a lâché le dirigeant quelques minutes plus tard.

Correction : Une précédente version du texte affirmait que près de 70 % des interprètes parlementaires étaient pigistes, il s’agit plutôt de 50 %.

La famille Cousineau fait un don record de 5M $ pour la pédiatrie à Horizon Santé-Nord

SUDBURY – L’Hôpital Horizon Santé-Nord (HSN) reçoit un don de 5 millions de dollars de la part de la famille Cousineau, propriétaire de l’entreprise OCP Construction Supplies. L’annonce, faite mardi après-midi à Sudbury, marque la plus importante contribution privée jamais versée aux soins pédiatriques dans le Nord de l’Ontario, selon HSN.

Ce don majeur permettra d’accélérer la modernisation des installations destinées aux enfants et d’appuyer la phase une du vaste projet de réaménagement de l’hôpital, qui prévoit notamment la création d’une nouvelle unité d’hospitalisation pédiatrique et l’agrandissement des espaces de soins spécialisés.

« Si vous m’entendez dire « je », en réalité c’est « nous ». Il y a derrière ce don une mère forte, un père inspirant, une épouse aimante, des enfants, des sœurs et même un neveu qui nous a aidés à bâtir notre entreprise », a lancé Rick Cousineau devant un auditoire rempli de membres du personnel hospitalier, d’élus, de donateurs et de représentants communautaires.

La famille Cousineau et son entreprise OCP Construction Supplies ont annoncé le don ce mardi après-midi. Photo : Gracieuseté de HSN

L’engagement de la famille Cousineau envers Horizon Santé-Nord remonte à plusieurs années. Depuis 2020, OCP Construction Supplies et la famille ont déjà versé plus d’un million de dollars à la Fondation de l’hôpital, notamment pour soutenir le programme Neo Kids, qui regroupe les services pédiatriques spécialisés du nord de la province.

Le fondateur francophone s’est dit inspiré, à l’époque, par d’autres entrepreneurs du Nord qui avaient généreusement donné à l’hôpital.

« Les familles de Hearst, Timmins ou Sudbury ne devraient pas avoir à voyager dix heures pour un rendez-vous »
— Christine Cousineau

« Je me suis dit qu’on ne devait pas attendre que les grandes entreprises fassent tout le travail, qu’on pouvait, nous aussi, contribuer à notre mesure », a raconté M. Cousineau.

Une histoire personnelle derrière le geste

Ce lien entre la famille et Horizon Santé-Nord est profondément personnel. En 2016, la fille de Rick, Christine Cousineau, alors âgée de 16 ans, a été hospitalisée à plusieurs reprises, d’abord à Toronto puis à Sudbury, en raison d’une maladie neurologique rare.

« Mon enfance a basculé à ce moment-là », a confié la jeune femme, aujourd’hui rétablie. « J’ai dû passer des mois à SickKids, loin de chez moi, pendant que ma mère vivait à Toronto et que mon père restait à Sudbury. Aucun parent ne devrait avoir à vivre ça. »

En racontant son parcours, Christine Cousineau a souligné l’importance d’offrir des soins spécialisés à proximité pour les familles du Nord.

« Les familles de Hearst, Timmins ou Sudbury ne devraient pas avoir à voyager dix heures pour un rendez-vous. Ce don permettra à d’autres enfants d’obtenir des soins ici, à la maison. »

Réduire les transferts de soins vers le Sud

Pour le Dr Sean Murray, pédiatre et directeur médical du programme Famille et Enfant de l’Hôpital Horizon Santé-Nord, cette annonce représente « une étape déterminante » dans l’histoire de l’hôpital.

« Ce don de 5 millions de dollars va véritablement changer des vies, a-t-il affirmé. Il s’agit du plus grand don jamais consenti à la pédiatrie dans le Nord de l’Ontario. Il nous permettra d’offrir des soins modernes, humains et accessibles à nos plus jeunes patients. »

En reconnaissance de cette contribution, Horizon Santé-Nord a annoncé que son programme pédiatrique portera désormais le nom de « Pédiatrie – Famille Cousineau ».

La plaque en hommage à l’investissement de la famille Cousineau. Photo : Capture d’écran Teams

La Dre Chantal Corbeil, cheffe du service de pédiatrie à HSN, a expliqué que les fonds serviront notamment à regrouper tous les services pour enfants dans un même espace conçu spécialement pour eux.

« Nous pourrons offrir plus de chambres privées, des équipements adaptés et un environnement plus accueillant pour les familles, a-t-elle précisé. C’est un pas essentiel pour réduire les transferts vers le sud de la province. »

Expansion du nombre de lits

Plusieurs allocutions ont souligné le fait que l’Hôpital Horizon Santé-Nord fait face à des défis importants liés à l’augmentation de la population et à l’âge de ses installations.

Selon le PDG David McNeil, l’établissement accueille quotidiennement 630 patients alors qu’il ne dispose que de 526 lits physiques, obligeant le personnel à utiliser des zones improvisées pour traiter les patients, y compris des espaces d’attente transformés en unités temporaires et même des chambres louées dans des résidences pour retraités.

« Chaque matin, nous commençons la journée avec 20 à 30 patients dans le service d’urgence qui attendent d’être admis, mais il n’y a pas assez de lits », a-t-il expliqué. « La nécessité d’agrandir et de moderniser l’hôpital est critique. »

Durant son allocution, celui-ci a rappelé qu’Horizon Santé-Nord dessert une population de plus de 600 000 personnes réparties dans tout le Nord-Est de l’Ontario, dont plus du tiers provient de l’extérieur de Sudbury.

Le Dr Sean Murray a accompagné Christine Cousineau et sa famille dans leur parcours de soins. Photo : Capture d’écran Teams

Le projet d’expansion prévoit une augmentation du nombre de lits, passant de 526 à 756, ainsi qu’une modernisation complète des services d’urgence, de pédiatrie et de santé mentale. À terme, l’hôpital pourrait dépasser 850 lits, offrant un environnement adapté aux patients atteints de cancers, de maladies cardiaques ou encore pour les personnes âgées.

« Ce don, c’est bien plus qu’un geste philanthropique. C’est un engagement envers nos enfants, nos familles et notre région, a déclaré le PDG de l’établissement. Il nous donne l’élan nécessaire pour bâtir un hôpital moderne, à la hauteur de la résilience et de la force des gens du Nord. »

« Ce n’est pas de la vantardise, c’est de la responsabilité »

Rick Cousineau, qui a longtemps hésité avant de rendre publique sa contribution, a expliqué vouloir inspirer d’autres entreprises et familles du Nord à s’impliquer à leur tour.

« Je craignais qu’on perçoive cette annonce comme de la vantardise, mais si d’autres n’avaient pas partagé leur exemple avant nous, peut-être que nous n’aurions pas eu le courage de le faire », a-t-il confié. 

« C’est une responsabilité partagée. Si chacun donne ce qu’il peut, on atteindra ensemble nos objectifs. »

À l’heure où la population du Grand Sudbury dépasse désormais les 192 000 habitants, M. McNeil estime que la croissance de la région doit aller de pair avec le renforcement de ses infrastructures de santé.

« Un hôpital fort, c’est aussi un moteur économique et un facteur d’attraction pour le talent. C’est la clé pour bâtir un Nord fort, prospère et en santé », a-t-il conclu.

Caroline Mulroney reçoit la Légion d’honneur française

OTTAWA – La ministre des Affaires francophones et présidente du Conseil du Trésor Caroline Mulroney devient Chevalier de la Légion d’honneur française, la plus haute distinction honorifique en France, pour son rôle clé dans le rayonnement de la francophonie.

C’est lors d’une cérémonie tenue en toute intimité la veille à l’Ambassade de France à Ottawa que Caroline Mulroney s’est vu décerner la Légion d’honneur française, la plus haute distinction honorifique en France, récompensant son dévouement à la francophonie.

Son père Brian Mulroney, l’ancien premier ministre du Canada, y avait été décoré en 2016 de l’insigne de Commandeur dans l’Ordre national de la Légion d’honneur.

C’est en présence de Michel Miraillet, l’Ambassadeur de France au Canada, présidant la cérémonie, que la ministre s’est exprimée : « Recevoir ce soir la Légion d’honneur est un moment d’émotion profonde et de gratitude sincère. C’est un privilège rare, qui me ramène à mes origines (québécoises et ontariennes) et à ce fil invisible qui relie mon histoire personnelle à la grande histoire de la francophonie. »

« La francophonie est une force qui traverse les générations, elle est aussi une aventure fragile, exigeante, parfois menacée. Car pour continuer d’exister et de rayonner, elle doit sans cesse s’unir et faire preuve de résilience. C’est précisément dans sa vitalité et son élan que réside son avenir. »

L’Ambassadeur de France au Canada, Michel Miraillet, remet à Caroline Mulroney l’insigne de la Légion d’honneur, qui récompense des mérites éminents acquis au service de la Nation, à titre civil ou militaire. Photo : Ministère des Affaires francophones

« Lorsque le premier ministre Doug Ford m’a confié le portefeuille des Affaires francophones, j’ai perçu que c’était plus qu’une responsabilité politique : c’était une mission personnelle. De tous les mandats ministériels qui m’ont été confiés, celui-ci est celui qui m’est le plus cher. »

C’est dès son élection en 2018 comme députée provinciale de York-Simcoe pour le Parti progressiste-conservateur de l’Ontario, que Caroline Mulroney devient ministre des Affaires francophones, un mandat qu’elle conserve après les élections de 2022 et celles de 2025.

Depuis septembre 2023, elle est également présidente du Conseil du Trésor de l’Ontario, gérant les dépenses publiques et les opérations gouvernementales.

Elle a rappelé quelques-uns des grands projets et travaux menés par le ministère des Affaires francophones : la création de l’Université de l’Ontario français (UOF), la modernisation de la Loi sur les services en français, la création de la Fédération des gens d’affaires de l’Ontario (FGA), ou encore l’apposition des accents sur les permis de conduire et cartes santé.

« Servir la dynamique francophonie ontarienne représente pour moi bien plus qu’un devoir : c’est une vocation que j’assume avec engagement et fierté. Je suis profondément reconnaissante envers le premier ministre pour la confiance qu’il me témoigne dans les efforts visant à soutenir, renforcer et faire rayonner cette communauté qui a façonné mon identité », a publié ce mardi Caroline Mulroney sur son compte officiel X.  

Budget fédéral : Théberge préoccupé par l’impact de coupes sur la francophonie

OTTAWA – Le commissaire aux langues officielles Raymond Théberge se dit lui aussi préoccupé de l’impact de possibles compressions par le gouvernement de Mark Carney lors du prochain budget, sur la francophonie et sur la capacité future du gouvernement en matière de langues officielles. Des inquiétudes dont les trois députées franco-ontariennes de la région d’Ottawa du gouvernement libéral n’ont pas fait part publiquement.

« Ma préoccupation concerne le fait qu’il y aura des coupures au niveau des institutions fédérales qui seront non stratégiques, avec des personnes (fonctionnaires) qui vont partir. Et on n’aura pas par la suite la capacité d’offrir les services dans les deux langues officielles », lance le commissaire aux langues officielles en entrevue après une comparution en comité au Sénat lundi soir.

Le gouvernement fédéral doit déposer son prochain budget le 4 novembre et le premier ministre Mark Carney l’a présenté comme un exercice « d’austérité et d’investissements à la fois ». Cela comporte notamment des compressions à hauteur de 15 %, demandé par le ministre des Finances François-Philippe Champagne à presque l’ensemble des ministères fédéraux sur les trois prochaines années.

« Je ne pense pas qu’on le verra tout de suite le 4 novembre dans le budget, mais plutôt par la suite, quand on en verra les détails », estime Raymond Théberge.

Il cite des coupures dans la formation linguistique ou encore des réductions de personnel qui affecteraient le service et la communication auprès des Canadiens en français, que son bureau et lui redoutent.

« Ce n’est pas la première fois que je vois ça dans ma carrière en matière de coupes budgétaires, mais trop souvent, c’est trop facile de couper certains items du budget comme la formation linguistique », a-t-il affirmé aux sénateurs du Comité sénatorial permanent des langues officielles.

Des organismes comme la Fédération des communautés francophones et acadienne (FCFA) ont déjà fait part de leur inquiétude par rapport au budget de l’automne.

Le commissaire rappelle que sous ses exigences linguistiques, le fédéral « a l’obligation de s’assurer que leurs programmes et politiques n’ont pas d’impacts négatifs sur les communautés ».

« Toutes les institutions fédérales doivent respecter leurs obligations en matière de langues officielles, ce n’est pas un choix. »

« Ce qu’il faut éviter, c’est de donner une permission de ne pas les respecter », ajoute-t-il.

De la pression mise auprès des ministres des Finances, dit Mona Fortier

Bien que le commissaire aux langues officielles ait exprimé ses inquiétudes, trois députées franco-ontariennes du caucus libéral ont tenu des propos différents lorsque ONFR les a interrogées sur d’éventuelles coupures affectant la francophonie.

« Je suis très fière des investissements que le gouvernement fédéral fait au niveau provincial pour soutenir la francophonie en Ontario. Je n’ai pas de souci pour la langue française en Ontario dans les prochaines années », a répondu Giovanna Mingarelli, députée de Prescott-Russell-Cumberland, la seule circonscription majoritairement francophone en Ontario.

« On va continuer à être là pour les organisations. On était là pendant la pandémie pour les organismes francophones à travers le Canada et en Ontario, soutient Marie-France Lalonde, représentante d’Orléans. Je vais toujours défendre le fait qu’on doit être là et omniprésent pour continuer à appuyer nos organismes francophones », ajoute-t-elle.

Mona Fortier, députée d’Ottawa-Vanier. Photo : Archives ONFR

Pour l’élue d’Ottawa-Vanier, Mona Fortier, elle et ses collègues libéraux ont « mis de la pression auprès du président du Conseil du Trésor et du ministre des Finances pour s’assurer que cette lentille des langues officielles fasse partie des décisions qui vont être prises par rapport aux ajustements de la fonction publique ». 

« Donc, on continue à mettre la pression évidemment parce que c’est important, et puis je pense qu’on devrait être satisfait le 4 novembre prochain », prévoit-elle.

En cas de mauvaise gestion, « conseil scolaire francophone ou pas, je prendrai le contrôle », dit Calandra

OTTAWA – Le ministre de l’Éducation Paul Calandra a complimenté le « travail spectaculaire » des conseils scolaires francophones de l’Ontario, mais a assuré que s’ils « sortaient des rails », tout comme pour certains conseils scolaires anglophones, il n’hésiterait pas à intervenir et à prendre le contrôle. Il a toutefois réitéré qu’il n’envisageait « aucun changement au modèle de gouvernance du côté francophone ».

C’est ce qu’a dit le ministre de l’Éducation lundi en conférence de presse à Orléans, au Collège Catholique Mer Bleue, à l’occasion de l’entente sur l’éducation francophone en Ontario avec le gouvernement fédéral de près d’un milliard de dollars.

Au sujet du projet de loi 33 conférant plus de pouvoir au ministère de l’Éducation, Paul Calandra a glissé qu’il n’y aurait probablement pas de bras de fer avec les conseils scolaires s’ils étaient tous à l’image des francophones.

« On ne serait pas dans cette situation si tout le monde faisait ce que les conseils scolaires francophones faisaient », les a-t-il complimentés.

« Mais, même pour les conseils francophones, s’ils sortent des rails, s’ils ne font pas ce qu’ils sont censés faire, s’ils ne tiennent pas des budgets équilibrés, si les résultats ne sont pas bons pour leurs élèves, alors, qu’il s’agisse d’un conseil scolaire francophone ou anglophone, j’interviendrai et je prendrai le contrôle », a prévenu celui-ci.

De trancher : « Les conseils que nous avons pris en charge sont des conseils qui ont refusé ou n’ont pas réussi à prendre des décisions dans le meilleur intérêt de leurs élèves. »

« En l’état actuel des choses, il est très difficile pour le ministère de l’Éducation d’assumer la responsabilité d’un conseil qui a déraillé. C’est très complexe. Le projet de loi 33 me permet d’intervenir plus rapidement », justifie le ministre.

« Aucun changement au modèle de gouvernance francophone »

Quant à la décision de réformer le système de gouvernance côté anglophone, en marge de la nouvelle loi, Paul Calandra a expliqué qu’elle n’était pas encore actée : « Avons-nous encore besoin de conseillers dans le système? Je n’ai pas encore pris de décision finale à ce sujet. »

« Je peux vous dire que du côté francophone, il y aura toujours des conseillers scolaires. Je n’ai envisagé aucun changement au modèle de gouvernance du côté francophone, tant public que catholique. »

Le bureau du ministre de l’Éducation avait en effet confirmé que les conseils francophones et catholiques anglophones resteraient inchangés, car protégés par la Constitution canadienne.

« Je comprends les droits constitutionnels. Si un conseil de langue française se retrouve dans une situation difficile qui exige qu’il soit endossé par la province, nous respecterons les droits constitutionnels des Franco-Ontariens d’être éduqués et représentés par des conseillers scolaires de langue française », a-t-il assuré.

Selon lui, toute prise en charge d’un conseil dans ce cas-ci conservera tout de même une forme de conseillers scolaires élus, comme c’est le cas du côté catholique anglophone. 

Plus de gains à venir pour les francophones?

« Je pense que les conseils francophones font un travail absolument spectaculaire. Les résultats de leurs élèves au cours des dernières évaluations de l’OQRE, ont été exemplaires. Ils ont mené la province de l’Ontario », a salué le ministre de l’Éducation.

Il a également étayé le fait que de plus en plus de familles cherchent à inscrire leurs enfants auprès de conseils francophones de part et d’autre de la province, « et nous avons du mal à construire suffisamment d’écoles pour eux, ou, ironiquement, à faire en sorte que le système public transfère des écoles qui devraient revenir au côté francophone. Le projet de loi 33 me permettra de le faire ».

Toujours en réponse aux questions d’ONFR, M. Calandra a énoncé le cas d’une région dans le Nord de l’Ontario, dont un conseil francophone connaitrait « une croissance massive », tandis que le conseil public anglophone serait en déclin.

« Le conseil en question a refusé de transférer des écoles qui sont pratiquement vides au conseil francophone. Après le projet de loi 33, j’interviendrai et je transférerai ces écoles du système public anglophone au système français, et dans tout autre conseil à travers la province de l’Ontario qui pense pouvoir empêcher les élèves francophones d’apprendre ou leur faire passer des heures dans un autobus parce qu’ils veulent s’accrocher à une école sans raison. »

Pour conclure, Paul Calandra a affirmé qu’il récompenserait le succès, mais qu’il serait « très exigeant envers ceux qui ne donnent pas à nos élèves l’occasion de réussir ».

Article écrit avec les informations de Pascal Vachon.

Entente de 1 milliard $ entre l’Ontario et Ottawa sur l’éducation en français

OTTAWA — Le fédéral et le gouvernement de l’Ontario ont conclu une entente relativement à l’éducation francophone en Ontario sur quatre ans qui verra Ottawa et l’Ontario investir chacun 523 millions de dollars.

Le gouvernement fédéral enverra ce demi-milliard à la province, tandis que l’Ontario investira le même montant, soit pour un total de 1,04 milliard de dollars. Dans le cadre de ce type entente, l’Ontario égalise les investissements fédéraux ce qui apporte donc ce total à près d’un milliard de dollars.

L’annonce a été effectuée lundi matin par les députées fédéraux Mona Fortier (Ottawa—Vanier—Gloucester), Marie-France Lalonde (Orléans) et Giovanna Mingarelli (Prescott—Russell—Cumberland) en compagnie du ministre de l’Éducation de l’Ontario Paul Calandra.

« Nous travaillons ensemble du mieux que nous pouvons, et j’apprécie cela, a soutenu Paul Calandra à ses homologues fédéraux. Il s’agit d’un investissement vraiment très important sous la direction du gouvernement fédéral », a-t-il salué dans le cadre de cette conférence de presse au Collège Catholique Mer Bleue à Orléans.

Cet accord concerne l’enseignement du français dans la langue de la minorité et l’enseignement du français langue seconde dans la province.

« Cette entente va permettre d’offrir aux membres des communautés francophones un enseignement de qualité dans leur langue », a souligné l’élue fédérale, Marie-France Lalonde.

« Appuyer l’enseignement du français est essentiel pour la communauté franco-ontarienne, et en unissant nos efforts, nous assurons la vitalité linguistique, culturelle et économique dans notre magnifique province », a ajouté la députée d’Orléans.

En février dernier, les provinces et territoires avaient conclu une entente de 1,4 milliard de dollars avec Ottawa pour un protocole relatif à l’enseignement dans la langue de la minorité et à l’enseignement de la langue seconde. Ce protocole d’accord pose notamment des conditions, comme le fait que l’éducation est une compétence exclusive aux provinces et que cette somme doit être investie dans les établissements préscolaires jusqu’au postsecondaire et pour le personnel éducatif. 

Depuis plus de 50 ans, des ententes bilatérales avec le gouvernement de l’Ontario régissent l’enseignement en langue minoritaire et l’enseignement de la langue seconde. 

« C’est un investissement dans les écoles et envers la protection de l’identité franco-ontarienne », a présenté Paul Calandra.

Le ministre de l’Éducation de l’Ontario Paul Calandra. Photo : Jackson Ho

Ces ententes bilatérales avec l’Ontario servent notamment « la mise en œuvre d’activités visant l’enseignement de langue française en contexte minoritaire et l’apprentissage de la seconde langue officielle », soutient le communiqué du gouvernement fédéral.

« Notre gouvernement a conclu une entente importante avec l’Ontario pour favoriser le bilinguisme dans les écoles et les institutions postsecondaires de la province. La collaboration entre nos deux gouvernements est importante pour soutenir l’apprentissage du français ainsi que renforcer la vitalité linguistique, culturelle et économique », a indiqué par voie de communiqué Steven Guilbeault, le ministre des Langues officielles, dont l’annonce a été faite au nom de son ministère.

Une nouvelle liaison aérienne directe reliera Sudbury et Ottawa

SUDBURY – Les voyageurs du Grand Sudbury disposeront, dès le 27 octobre 2025, d’une liaison directe vers Ottawa puis vers Montréal, lancée par le transporteur régional québécois Propair, comblant ainsi un vide qui durait depuis plusieurs années.

Le service sera offert au départ de l’aérogare principale de l’aéroport du Grand Sudbury, avec des départs tôt le matin et des retours en soirée, permettant ainsi aux passagers d’effectuer un aller-retour dans la même journée.

« L’élargissement de la liaison entre le Québec et ces villes clés de l’Ontario vise à soutenir les déplacements, les relations d’affaires et l’offre de services des entreprises de Sudbury au sein de ces pôles économiques dynamiques. Cette nouvelle liaison représente une opportunité stratégique pour les acteurs économiques de la région », a indiqué Justin Lemieux, président-directeur général de la compagnie.

Basée à Rouyn-Noranda, Propair affirme que la majorité de son personnel est francophone, tout en assurant un service bilingue à bord.

« Notre objectif est de servir tous nos passagers, en français comme en anglais », souligne M. Lemieux.

Cette nouvelle liaison comble un vide laissé depuis la suspension, en avril 2014, des services directs de Bearskin Airlines entre Sudbury et Ottawa. Depuis lors, les passagers de Sudbury souhaitant se rendre à Ottawa devaient généralement passer par Toronto ou par Montréal.

Propair utilisera son Beechcraft B1900D, un avion à turbopropulseurs de 18 places, pour effectuer les vols. Les passagers bénéficieront d’un service de petit-déjeuner le matin et de collations accompagnées de boissons en soirée. Les réservations sont déjà ouvertes sur le site propair.ca.

Propair dit connaître une période de croissance rapide et recrute activement du personnel pour soutenir son expansion au Québec et désormais en Ontario. Photo : gracieuseté de Propair

Une forte demande

La compagnie, fondée en 1954, se distingue par un modèle différent des opérations aériennes traditionnelles : les passagers arriveront et partiront des terminaux des opérateurs de bases fixes (FBO) à Ottawa, Montréal et Québec, réduisant les temps d’attente et offrant un service plus personnalisé.

« Notre objectif, c’était vraiment de connecter l’Ontario au Québec », explique Justin Lemieux, précisant que l’appareil poursuit sa route vers Montréal et offre même une correspondance vers la ville de Québec.

« C’est un vol direct d’environ une heure entre Sudbury et Ottawa. Les passagers qui poursuivent vers Montréal restent à bord pendant qu’on débarque les voyageurs d’Ottawa, une escale d’environ 30 minutes avant de repartir. »

Pensé d’abord pour répondre aux besoins des voyageurs d’affaires, le service demeure accessible à tous ceux souhaitant se déplacer plus efficacement entre ces pôles urbains.

« Ottawa et Montréal sont deux des destinations les plus prisées de notre communauté, et nous sommes ravis de voir Propair répondre à cette demande », a déclaré Giovanna Verrilli, présidente-directrice générale de la Société de développement communautaire de l’aéroport de Sudbury.

« Ce service offre à nos passagers une expérience de voyage moderne et axée sur les affaires, tout en renforçant les liens de Sudbury avec deux des plus importants pôles gouvernementaux, commerciaux et culturels du Canada. »

Propair, qui n’exclut pas d’étendre son réseau vers d’autres destinations du Nord ontarien, selon la réponse du public à cette nouvelle liaison, vient compléter l’offre de transporteurs présents à l’aéroport du Grand Sudbury, aux côtés d’Air Canada, Porter Airlines et Bearskin Airlines.

En juin dernier, WestJet a lancé un service saisonnier direct entre Sudbury et Calgary, avec des départs les jeudis et dimanches jusqu’à la fin octobre, renforçant ainsi les connexions aériennes entre le Nord de l’Ontario et l’Ouest canadien.

Des nouveaux programmes en français à l’Université de Windsor

WINDSOR – Sous l’instigation de plus de 60 professeurs francophones et francophiles, l’Université de Windsor fait de plus en plus de place à la francophonie. Un nouveau programme de sciences sociales verra le jour en français dès la rentrée 2026 en partenariat avec l’Université d’Ottawa. Depuis cette année également, et ce pour la première fois, la Faculté de droit de l’institution propose deux cours de maîtrise en français.

Des discussions sont en cours avec l’Université d’Ottawa pour élargir l’offre des cours en français à l’Université de Windsor et créer un certificat en Sciences sociales, alternant classes en personne et cours en ligne avec l’université ottavienne.

Le programme pourrait ouvrir dès la rentrée de septembre 2026, sous forme de projet pilote, a appris ONFR lors d’une rencontre avec des membres du corps professoral francophone.

En phase d’être reconnu par la Faculté d’éducation du campus comme « deuxième domaine d’enseignement », il permettrait aux étudiants qui se destinent à l’enseignement au secondaire de le choisir comme seconde matière obligatoire, et ainsi « d’être spécialisé et diplômé en français également », s’enthousiasme Tanja Collet-Najem, professeure agrégée d’études françaises.

« Nous sommes dans un processus de candidature pour du financement fédéral. L’administration de l’Université de Windsor a donné son appui formel pour rendre cette certification permanente. L’Université d’Ottawa est prête à offrir ces cours sans que nos étudiants aient besoin de payer des frais supplémentaires », rapporte Emmanuelle Richez, professeure agrégée de science politique.

En plus des cours du département d’Études françaises et des deux cours de science politique offerts en français — Quebec Politics and Society et Contemporary Canadian Political Issues —, la Faculté de droit propose pour la première fois cette année deux cours de maîtrise en langue française : Introduction à la Common Law et Études approfondies en Common Law en français.

La responsable des programmes et professeure agrégée de droit, Pascale Chapedelaine, explique que ces cours sont eux aussi offerts en vertu d’une entente avec l’Université d’Ottawa.

Les étudiants de Windsor inscrits se joignent ainsi à plusieurs autres étudiants d’universités de l’extérieur du Québec en virtuel et en présentiel, prenant ainsi part à un réseau d’étudiants pancanadien.

« Nous avons opté pour ces deux cours comme point de départ suite à plusieurs discussions avec les responsables du Certificat de Common Law en français à Ottawa, et suite à un sondage auprès de nos étudiants qui ont manifesté un intérêt marqué pour une offre de cours en français, au vu des opportunités accrues pour des stages incluant la Cour Suprême du Canada, et des emplois gouvernementaux », relate celle-ci, qui espère voir l’offre grandir dans les années à venir. 

Revaloriser la francophonie sur le campus

Un an et demi auparavant, une cinquantaine des professeurs francophones de l’université publiait une mémoire, Valoriser la francophonie au sein de la communauté universitaire de Windsor, dans le but d’obtenir la désignation bilingue.

Une initiative soutenue par les partenaires communautaires de toute la région et par des étudiants qui en étaient également signataires.

Une démarche qui a porté ses fruits selon Emmanuelle Richez, aboutissant par une rencontre avec l’administration : « Ils ont compris la nécessité de revaloriser la francophonie, de la rendre plus visible sur le campus et ont donné le feu vert pour plusieurs des recommandations qu’on avait formulées ».

« L’hymne national est maintenant chanté en anglais et en français, le drapeau franco-ontarien est maintenant présent sur scène à la cérémonie de graduation et, pour la seconde année consécutive, un lever de drapeau pour le Jour des Franco-Ontariens est organisé sur le campus », rappelle-t-elle.

« L’un des enjeux principaux est d’augmenter l’offre des cours en français. Par ailleurs, nous sommes très soucieux du bassin francophone dans la région, car il y a tout de même neuf écoles, soit francophones, soit d’immersion, contextualise Pascale Chapedelaine. Si l’offre n’est pas là, ça les forcera à aller ailleurs. »

Un travail de recensement des étudiants et du personnel francophones est un cours. Les professeurs comptent plus de 60 francophones et francophiles dans leurs rangs.

Le drapeau franco-ontarien flotte au coeur du campus de l’Université de Windsor le 25 septembre, Jour des Franco-Ontariens. Photo : Sandra Padovani/ONFR

Obtenir le statut bilingue, un chemin encore long

Mme Richez estime toutefois qu’il y a encore un long chemin à parcourir avant l’obtention du statut bilingue, au vu des nombreuses conditions à remplir pour y parvenir. Elle mentionne le fait que les étudiants doivent notamment pouvoir être en mesure d’obtenir des services en français dans tout le campus, donc sur le plan administratif également.

« On se dirige doucement dans une approche un peu plus bilingue, nuance Mme Collet-Najem. En parallèle, on a aussi commencé un projet de traduction de certaines pages du site internet de l’université, en recrutement étudiant en particulier. On commence avec les pages qui s’adressent directement aux étudiants. Dès cet automne, ce sera en ligne. »

Un projet de signalisation bilingue est également sur la table, en partie virtuelle avec l’apposition de codes QR à côté des panneaux anglophones, pour retrouver le contenu traduit en ligne, mais aussi physique, avec un premier panneau de signalisation en français à venir, accompagné du signe franco-ontarien.

L’Université de Windsor tire directement ses origines d’une institution francophone fondée en 1857, le Collège de l’Assomption, ce qui lui confère un enracinement historique lié à la francophonie, rappelle Jeremy Worth, un professeur agrégé d’études françaises de langue maternelle anglaise.

Les étudiants francophones se réjouissent eux de ces pas en avant vers le bilinguisme.

Pour Victorieuse Sambao, présidente du chapitre jeunesse du Club Richelieu de Windsor, en 3e année de droit et politique avec mineure en études françaises, cela permet « d’avoir la possibilité d’embrasser notre langue et de se l’approprier pleinement comme une identité à soi. »

Andrelle Mboudjeke, vice-présidente du chapitre jeunesse du Club Richelieu de Windsor, de même cycle universitaire, considère qu’étudier dans les deux langues permettra de leur ouvrir beaucoup plus de portes dans leur carrière future.

Retour en images de Nuit Blanche Toronto : L’art au cœur des questions de notre époque

TORONTO – Cette semaine, dans la nuit de samedi à dimanche, plus de 88 installations lumineuses étaient présentées à travers trois zones du Grand Toronto pour offrir un spectacle visuel scintillant pour 19e édition de Nuit Blanche Toronto. Retour en images sur cet évènement culturel annuel qui réunit des artistes locaux et internationaux, qui est aussi une vitrine pour les créateurs francophones.

Des créations lumineuses dispersées dans le centre-ville

Le thème de cette année a pour titre Traduire la ville (Translating the City), pour ainsi mettre en lumière les 200 langues dans la capitale provinciale, en plus de chercher à interpréter le monde urbain de manière artistique.

Entre Etobicoke, North York et dans tout le centre-ville, les spectacles et projections ont rassemblé une foule venue se fondre dans des espaces scéniques.

Chinatown était l’une des plus grandes zones d’activité avec des expositions tout au long de Dundas St W. Photo :  ONFR/Laetitia Dogbe

Le thème de l’année Traduire la ville cherche à mettre en lumière les 200 langues parlées à Toronto. Photo :  ONFR/Laetitia Dogbe

Des performances en direct d’artistes animaient également la foule. Photo : ONFR/Laetitia Dogbe

Plus de 200 artistes sont venus se produire devant près d’un million de spectateurs. Photo :  ONFR/Laetitia Dogbe

Le centre d’arts médiatiques francophone de la ville Le Labo et le Consulat général de France à Toronto étaient également présents cette année pour mettre en lumière l’expression culturelle francophone.

À North York : une projection de mapping vidéo

La façade du musée du Gibson House s’est transformée en spectacle lumineux créé par une collaboration entre l’artiste torontoise Yen Linh Thai et l’artiste française Stéphanie Léonard.

« Cette animation réunit nos deux univers : l’univers de Yen Linh qui est plus illustratif, basé sur l’animation traditionnelle et la peinture, et le mien qui est plus centré sur le motion design et 3D », raconte Stéphanie Léonard.

Ces projections projetées sur un fond d’œuvres musicales réalisées par la compositrice française du 19e siècle Louise Farrenc, incluent également une collaboration entre l’artiste français Sylvain Pouillart et des étudiants en animation du Collège Sheridan.

Photo : Gracieuseté de Stéphanie Léonard

Photo : Gracieuseté de Stéphanie Léonard

Photo : Gracieuseté de Stéphanie Léonard

Stéphanie Léonard est une artiste de motion design basée en France. Photo :  ONFR/Laetitia Dogbe

Yen Linh Thai est une illustratrice basée à Toronto. Photo :  ONFR/Laetitia Dogbe

Les 12 heures d’exposition permettent aux spectateurs de profiter du spectacle toute la nuit. Photo :  ONFR/Laetitia Dogbe

« Je suis contente d’avoir pu collaborer avec une nouvelle personne, d’un autre monde et qui travaille différemment », confie Yen Linh Thai.

Une micro-installation au centre d’arts francophone

Au 401 Richmond dans le centre-ville, le centre d’arts médiatiques francophone « Le Labo », présentait une installation ludique et poétique de l’artiste Nicolas Heredia.

Cette exposition se rattache au thème « Traduire la ville », et propose une vision alternative au temps passé et au monde urbain.

« Nous étions très intéressés par son travail parce que son travail parle beaucoup de l’absurde. C’est vraiment une œuvre numérique qui parle du temps que nous passons à remplir nos agendas », décrit Dyana Ouvrard, directrice générale et artistique du Labo.

Photo :  ONFR/Laetitia Dogbe

 

À travers son installation, l’artiste Nicolas Heredia transforme l’annulation en expérience artistique. Photo :  ONFR/Laetitia Dogbe

« Cette installation dans les trois langues, c’est vraiment intéressant pour Nuit Blanche, car sait c’est un public large et pas seulement francophone », dit-elle.

D’autres expositions de lumières, musique et projections immersives se sont déroulées à Etobicoke jusqu’aux petites heures du matin avec certaines expositions qui resteront affichées pour quelques semaines dans les différentes zones d’expositions.

Photo :  ONFR/Laetitia Dogbe

 

Photo :  ONFR/Laetitia Dogbe

L’idée de Nuit Blanche a été créée à Paris en 2002 avant de voir le jour pour la première fois à Toronto en 2006. Photo :  ONFR/Laetitia Dogbe

Yasmine Joheir, une force motrice de la francophonie de Windsor-Essex

Directrice générale du Centre communautaire francophone de Windsor-Essex-Kent (CCFWEK) et présidente de l’ACFO-Windsor-Essex-Chatham-Kent (ACFO-WECK), elle a fait du rayonnement de la communauté francophone de la région sa mission. Nomade dans l’âme, entre le Sénégal, le Liban et la France, ses pays d’attache, c’est à Windsor qu’elle décide de poser ses valises 20 ans plus tôt. Elle mise aujourd’hui sur l’action communautaire et l’immigration francophone pour défendre les acquis d’une communauté parfois sous-estimée, mais plus que jamais vivante et vibrante.

« Vous avez de fortes attaches avec plusieurs pays. Parlez-nous de votre héritage culturel…

Mes deux parents sont libanais. Mon père a grandi dans un village du Sénégal, et ma mère avait déménagé à Dakar. Ils ont eu huit filles, dont moi. C’est en 1996 que nous avons visité le Liban pour la première fois, mon père voulant que nous nous rapprochions de notre culture.

J’ai fait mes études en sciences de l’éducation entre le Liban et Strasbourg en France, avant de déménager à Windsor dès 2006 où j’ai rejoint une de mes sœurs, soit presque 20 ans plus tôt.

Notre langue prédominante à la maison a toujours été le français, mais on en parle en général quatre : le français, l’anglais, l’arabe et le wolof, un dialecte sénégalais.

J’ai le Sénégal à cœur, l’endroit où j’ai grandi, qui représente mes amis d’enfance, mon école, etc. Je tiens aussi énormément au Liban, qui constitue mes origines culturelles, et même la France dont je me suis imprégnée de l’art de vivre ‘baguette et fromage’. Mais depuis que je suis ici, je suis devenue une fière Canadienne, j’adore ma communauté. J’y ai notamment fondé ma famille.

Vous avez évolué dans différents milieux, notamment communautaires et institutionnels. Pourriez-vous retracer votre parcours professionnel ?

J’ai d’abord été mentor pour femmes isolées au sein d’un organisme anglophone, avant de partir pour Ottawa enseigner le français à des employés gouvernementaux pendant un an. À Windsor, j’ai commencé en tant qu’adjointe administrative au Collège Boréal, puis gestionnaire de tous leurs programmes d’immigration pendant dix ans.

Dès 2015, j’ai rejoint le Conseil scolaire Viamonde, et ce pour neuf ans. Je m’occupais beaucoup des dossiers d’immigration, un de mes fils conducteurs. Le communautaire et l’immigration francophone, c’est de là où je viens, c’est ma passion.

Yasmine Joheir à son bureau du Centre communautaire francophone de Windsor-Essex-Kent (CCFWEK), au 720 avenue Ouellette à Windsor. Photo : Sandra Padovani/ONFR

Qu’est-ce qui vous a amenée à vous établir dans la région windsoroise ?

Je suis restée parce que j’adore Windsor. C’est une petite ville au sein de laquelle on peut faire une différence. Tout le monde se connait, les partenaires communautaires et les autres agences francophones travaillent très bien avec nous et entre eux.

Le CCFWEK vient de fêter ses 35 ans. Comment était la francophonie de la région quand vous êtes arrivée et comment est-elle aujourd’hui ?

Le CCFWEK a été fondé en 1990. 22 membres fondateurs francophones avaient repris et racheté une bâtisse qui était un ancien centre polonais inutilisé, avec la somme de 500 000 dollars en dons. Place Concorde était née, abritant le CCFWEK qui le gérait, et des locataires : le Conseil scolaire francophone Providence, l’ACFO-WECK, Réseau-Femmes, etc. Il y avait également des salles de banquet, un bar Oasis pour les francophones.

En 2006, la francophonie restait encore timide, mais beaucoup de chemin a été fait depuis. En tant que partenaires communautaires, on revendique nos droits. En 2009, nous avons créé la première table de concertation à Windsor, et le sous-comité en immigration francophone.  Les services d’immigration pour nouveaux arrivants se sont beaucoup développés.

Andrew Dowie, député de Windsor-Tecumseh, avec Yasmine Joheir, après la cérémonie de lever de drapeau franco-ontarien, le 25 septembre dernier. Photo : Sandra Padovani/ONFR

Vous avez pris la direction du centre communautaire francophone en octobre 2023. Avec quel état d’esprit avez-vous repris le flambeau de Didier Marotte et avec quels objectifs ?

Avoir une femme à la tête du CCFWEK, qui en plus est issue de l’immigration, était nouveau pour le centre. Didier Marotte avait mis Windsor sur la map, mais mon objectif ultime c’est de pouvoir montrer ce dont on est capables à tous niveaux gouvernementaux.

Dès 2023, j’ai voulu que l’on soit partout, mon mot d’ordre à l’équipe. Il n’y a pas un comité organisateur duquel on ne fait pas partie, pas un évènement anglophone ou francophone auquel on ne prend pas part. J’ai également créé une nouvelle planification stratégique pour établir et donner un mandat clair au CCFWEK.

Comment le centre communautaire francophone fonctionne-t-il en synergie avec le Carrefour communautaire francophone ?

Le Carrefour francophone abrite les deux conseils scolaires de la région, l’ACFO, le journal Le Rempart, nos bureaux du CCFWEK, une consultante en immigration agréée par l’IRCC, l’Université d’Ottawa, et d’autres associations locataires. On est de plus en plus à l’étroit. D’ailleurs, un de nos projets serait de s’agrandir et de créer un vrai petit quartier francophone dans le futur sur l’avenue Ouellette où nous sommes situés.

Le Carrefour, qui n’est pas une entité morale, a été créé en 2020 par le CCFWEK. Il y a une distinction à faire entre le CCFWEK et Services communautaires, qui est l’entité qui gère le Carrefour francophone, les locataires francophones, etc.

Le nouveau monument de la francophonie se trouve au bord de la rivière Détroit. Le canot vert et blanc, œuvre de l’artiste local Danny Maltais, symbolise l’histoire et la résilience des francophones durant plus de trois siècles dans la région. Photo : Sandra Padovani/ONFR

Le monument inauguré en présence d’Andrew Dowie, député de Windsor-Tecumseh (au centre), Gisèle Dionne, ancienne directrice générale de l’ACFO WECK (à droite), et, à sa droite Yasmine Joheir. Photo : gracieuseté ACFO-WECK

Photo : Sandra Padovani/ONFR

En 2024, nous avons été choisis par l’AFO pour une planification stratégique régionale, nous avons ainsi un comité de pilotage.

J’ai demandé un financement de Patrimoine Canada, pour que, dans les cinq ans à venir, Carrefour communautaire francophone devienne une entité morale, un quartier francophone avec un côté communautaire avec le CCFWEK, un côté politique avec l’ACFO, dont c’est le mandat, et ainsi amalgamer les conseils d’administration pour harmoniser et mutualiser nos services.

D’où viennent les francophones de la région du sud-ouest ?

Il y a des Franco-Ontariens et des Québécois d’origine, mais c’est une population qui tend à être vieillissante. La francophonie est ici diversifiée, en provenance du Moyen-Orient, d’Afrique. Le coût de la vie, plus abordable que dans les grands centres urbains, a beaucoup encouragé les gens à venir s’y installer. L’enjeu n’est pas tant dans l’attraction de la Ville de Windsor, mais dans la rétention des jeunes. Il faudra selon moi y travailler à l’avenir.

Où la communauté francophone se retrouve-t-elle ici à Windsor ?

Le CCFWEK et le Carrefour communautaire francophone, sont des centres névralgiques de la francophonie, mais on programme de nombreuses activités tout au long de l’année, notamment sur la culture canadienne, pour que les nouveaux arrivants comprennent ce qu’est être canadien.

Nous organisons le French Part’eh autour du 25 septembre, Jour des Franco-Ontariens, mais également le festival de la Saint-Jean, le festival de la Poutine, le grand partage, qui est une campagne de collecte de dons, deux « cordes à linge » par année, des collecte et vente de vêtements de seconde main qui peuvent attirer jusqu’à 500 personnes par jour au centre. »

1981 : Naissance à Dakar au Sénégal

2006 : Arrivée à Windsor, un tournant décisif de son parcours

Entre 2012 et 2014 : Naissance de ses deux garçons

2023 : Elle devient directrice générale du Centre communautaire francophone de Windsor-Essex-Kent (CCFWEK)

25 septembre : Jour des Franco-Ontariens, date édifiante dont elle a compris l’importance en arrivant à Windsor.

Michel Dignard (UFCO) : « Des prix trop bas, des récoltes trop faibles »

Michel Dignard est vice-président de l’Union des cultivateurs franco-ontariens (UFCO) et producteur agricole à Embun dans l’Est ontarien.

La rareté des précipitations a affecté les agriculteurs de l’Est ontarien, entraînant une chute de près de 50 % des récoltes de soya et accentuant la fragilité économique des fermes franco-ontariennes.

Faute de revenus suffisants, cette conjoncture met en péril la capacité des fermes à investir et à planifier l’avenir.

«  Comment se portent les agriculteurs dans l’Est ontarien?

Les producteurs sont déçus. La récolte de soya est environ 45 % plus basse que d’habitude, faute de pluie en août. Ce n’est pas bon signe. Pour le maïs, on garde encore un certain optimisme, mais du côté laitier, il y a beaucoup d’inquiétudes.

Quelles sont ces inquiétudes du côté laitier?

C’est lié aux négociations commerciales. Le gouvernement canadien a déjà accordé une part de marché supplémentaire aux États-Unis dans le cadre de l’ACEUM. Mais là, on entend dire qu’Ottawa pourrait rouvrir la porte à encore plus de produits laitiers américains sur nos tablettes. Offrir de nouvelles concessions alors qu’une loi protège la gestion de l’offre n’a pas d’allure. Même si rien n’est encore décidé, le simple fait d’en discuter inquiète fortement nos producteurs.

Malgré tout, l’automne se déroule bien?

Oui, l’automne est très beau. Les conditions sont idéales pour la récolte du soya, qui est en cours. Mais globalement, c’est une saison difficile. Le manque de pluie en août a réduit les rendements, et cela aura un impact direct : les projets d’investissement des fermes seront reportés, faute de revenus suffisants.

Michel Dignard, vice-président de l’Union des cultivateurs franco-ontariens, déplore une saison marquée par la sécheresse et la baisse des prix agricoles. Photo : Mickaël Laviolle/ONFR

Qu’en est-il des prix du maïs et du soya?

Ils sont plus bas que d’habitude. Même si nos récoltes sont faibles, les prix se fixent à Chicago, et aux États-Unis, les récoltes de maïs et de soya sont excellentes. Ça fait pression sur les prix. Résultat : on récolte moins, et l’on vend moins cher. Ce n’est vraiment pas un bon mélange.

Est-ce que les tarifs douaniers vous affectent aussi?

Oui, énormément. Les tarifs sur l’acier ont fait doubler le prix des pièces de machineries agricoles en un an. Avant, on envoyait du fer aux États-Unis et l’on recevait des pièces; maintenant, il y a des tarifs dans les deux sens. Ça complique la vie des agriculteurs. On achète le strict minimum de pièces et l’on espère que les gouvernements vont régler ce problème, car aujourd’hui, il n’y a rien de bon pour les producteurs canadiens.

Existe-t-il un soutien gouvernemental?

Non. Du côté du gouvernement (fédéral), c’est 0 % d’aide pour l’Est ontarien actuellement. La seule option, c’est l’assurance récolte, qui compense un peu quand les rendements sont trop bas. Mais ça couvre seulement les dépenses de l’année; ça n’apporte pas de marge pour investir.

Quel rôle joue l’UFCO dans ce contexte?

Nous n’avons pas de programmes financiers directs, mais nous orientons les producteurs vers les ressources disponibles, que ce soit en matière d’assurance ou de soutien psychologique. Nous venons aussi d’organiser une soirée de la relève agricole : 4 bourses de 1000 $ et une bourse de 6000 $ ont été attribuées à de jeunes agriculteurs. Plus de 90 personnes étaient présentes. Par ailleurs, l’Union est en bonne santé et continue de représenter les agriculteurs francophones partout en Ontario. »

Changement d’heure : Lalonde dépose un projet de loi pour pousser son gouvernement à l’abolir

OTTAWA — La députée d’Orléans, Marie-France Lalonde, s’apprête à déposer un projet de loi à Ottawa avec pour but de mettre fin au changement d’heure au Canada.

« Il est temps de changer le changement d’heure », a lancé l’élue libérale, alors accompagnée de professeurs universitaires et scientifiques jeudi au Parlement.

La députée franco-ontarienne a présenté son projet de loi, qui sera déposé la semaine prochaine à la Chambre des communes. Le libellé ne demanderait pas explicitement d’abolir le changement d’heure, car le fédéral n’a pas juridiction dans ce domaine. Il demanderait plutôt au gouvernement de lancer une consultation pancanadienne dans le but d’établir une heure fixe dans tout le pays, a-t-elle annoncé.

Au Canada, seuls la Saskatchewan et le Yukon ne changent pas d’heure deux fois dans l’année. Le reste du pays modifie son horloge en mars et en novembre chaque année. Le projet de loi forcerait le gouvernement à consulter les acteurs économiques, ceux de la santé ainsi que les provinces et territoires pour mettre fin à cette pratique.

« Je pense qu’il y a un consensus au sein de ces gens-là que l’abolition (du changement d’heure) serait une bonne idée et c’est pour ça que je demande que le fédéral joue un rôle clé pour amener une discussion avec tous les acteurs, en écoutant la science et en se basant sur les données », affirme la députée de la région d’Ottawa en conférence de presse.

« Pour moi, il est temps d’avoir une conversation qui n’est plus individualisée par province et d’amener un genre de consensus canadien où on peut ramener tous ces gens ensemble… Je veux amener une unité canadienne sur l’abolition du changement d’heure », plaide-t-elle.

En novembre 2020, l’Ontario a adopté un projet de loi visant à mettre fin au changement d’heure semestriel, plaçant ainsi la province à l’heure d’été de façon permanente. Bien que le projet de loi ait reçu la sanction royale, il n’a pas encore été promulgué, car il était conditionnel à ce que l’État de New York et le Québec procèdent au même changement. Et c’est là que le fédéral a un rôle à jouer, croit Marie-France Lalonde.

« Je pense que le Canada peut jouer un rôle de chef de file dans ce domaine comme dans bien d’autres et créer un précédent qui permettra à d’autres de suivre notre exemple », souligne la députée libérale.

Heure normale ou avancée?

Un sondage de la firme Narrative Research indiquait en 2020 que 85 % des Ontariens se disaient en faveur de l’abolition du changement d’heure. De plus, selon le Consortium canadien de recherche sur le sommeil, le changement d’heure donne lieu à une augmentation des crises cardiaques, des accidents vasculaires cérébraux, de certaines infections et maladies immunitaires, etc.

85 % des Canadiens seraient d’accord avec l’idée d’abolir le changement d’heure, selon un coup de sonde de la firme Narrative Research. Source : Canva

La difficulté réside plutôt dans le choix à faire entre l’heure normale et l’heure avancée, selon Marie-France Lalonde.

« C’est plus sensible. Comme politicien et gouvernement, ce n’est jamais facile de prendre une décision. Avec toutes les données qu’on a maintenant (je suggère) qu’on essaie », lance-t-elle.

« Ce n’est pas à moi de dire quoi faire, mais si on pouvait consolider ça au niveau canadien et l’essayer, peut-être pendant trois ans, ça permettrait de voir l’impact. »

« Ça fait 117 ans qu’on en parle, poursuit-elle. Jamais aucune action n’a vraiment été fait. Je dépose un projet de loi dans l’espoir de mener à une action concrète. »

Le 2 novembre prochain, la majorité des Canadiens reculeront l’heure pour passer à l’heure normale.

Air Canada s’attire la colère des Acadiens

Le transporteur aérien Air Canada s’attire les foudres de la Société de l’Acadie du Nouveau-Brunswick (SANB) qui a déposé une plainte au Commissariat aux langues officielles contre ce dernier l’accusant de violer la Loi sur les langues officielles au fédéral.

Air Canada a annoncé le 19 septembre qu’il suspendait son service à Bathurst dans le Nord de la province à partir du 30 janvier 2026, laissant ainsi l’aéroport régional sans transporteur aérien. La Société de l’Acadie du Nouveau-Brunswick (SANB) considère que cette décision viole les obligations linguistiques de la compagnie aérienne.

L’organisme de défense des droits des Acadiens s’appuie sur un article de la Loi sur les langues officielles qui oblige les institutions fédérales à « prendre des mesures positives pour appuyer le développement des communautés francophones et à éviter que leurs décisions structurantes n’aient des impacts négatifs », étale la SANB.

« On estime à plus de 170 000 personnes et près de 5 500 entreprises, dans un rayon d’à peu près une heure, soit 76 % de la population qui est francophone. Ça a donc un gros impact sur l’économie de cette région-là de fermer le service aérien », explique la présidente de la SANB, Nicole Arseneau-Sluyter.

Air Canada cite « des raisons de viabilité commerciale » pour expliquer la fin du service dans la région en bordure de la baie des Chaleurs.

« Air Canada est assujettie à la Loi sur les langues officielles et pas les autres transporteurs. Air Canada a des responsabilités envers la minorité et cette région, notamment au niveau de l’économie », poursuit la présidente de l’organisation acadienne.

Cette dernière encourage les entreprises et municipalités « à faire la même chose », en portant plainte contre Air Canada au chien de garde des langues officielles au fédéral. L’article de la Loi sur les langues officielles, que cite la SANB dans sa plainte, a été fortement modifié lors de la modernisation de la Loi sur les langues officielles en 2023. 

« Nous on questionne cet article-là (…) Je pense qu’on est d’ailleurs les premiers à faire une plainte sur cet article », avance Nicole Arseneau-Sluyter.

Nicole Arseneau-Sluyter est la présidente de la SANB. Photo : Gracieuseté SANB

En plus de Bathurst, Air Canada mettra fin à son service à l’aéroport de North Bay. Le transporteur aérien avait aussi annoncé dans la foulée qu’il allait augmenter de 50 % le nombre de places et faire passer de deux à trois les vols quotidiens de Sudbury à Toronto dès le 1er février 2026.

De nombreuses plaintes dans les dernières années

Ce n’est pas la première fois qu’une plainte concernant Air Canada se retrouve devant le Commissariat aux langues officielles dans les dernières années. Toujours au sujet d’Air Canada, lors du dépôt de son rapport annuel en juin dernier, le commissaire Raymond Théberge, avait indiqué que le respect des langues officielles chez Air Canada « est un problème qui va perdurer » et que l’entreprise se retrouvait année après année avec un « nombre important de plaintes ».

En 2021-2022, c’est un raz de marée de plaintes qui avait touché l’entreprise fédérale après que son PDG Michael Rousseau s’était félicité de ne pas avoir besoin de parler français malgré plusieurs années à vivre à Montréal.

En 2022-2023, 276 plaintes concernaient directement Air Canada, un nombre trois fois supérieur à sa moyenne sur une décennie, avait étalé Raymond Théberge dans son rapport annuel.

Il y a près d’une décennie, l’ancien commissaire Graham Fraser avait consacré un rapport spécial au transport aérien déclarant que « force est de constater qu’après 45 ans, les mêmes problèmes se répètent ».

Casselman veut attirer les immigrants francophones dès leur pays d’origine

À travers le lancement de son Comité local en immigration francophone (CLIF) ce mercredi 1er octobre, la ville de Casselman entend se positionner comme Communauté francophone accueillante, capable d’attirer et de retenir de nouveaux arrivants dans la région de Prescott-Russell.

Inviter les immigrants francophones directement de leur pays d’origine. L’objectif de Casselman d’ici 2028 est clair pour soutenir sa croissance et celle de la région de Prescott et Russell. 

« Nous sommes une communauté bilingue, à forte proportion francophone, qui cherche à maintenir ses effectifs, et l’immigration est un puissant levier », affirme Paul Groulx, conseiller municipal, rappelant qu’environ mille emplois sont à combler dans la région.

« Un grand besoin de main-d’œuvre se fait sentir dans toute la région de Prescott-Russell. Casselman est une municipalité à majorité francophone et se trouve également dans une forte poussée de croissance socioéconomique », renchérit son collègue Sylvain Cléroux.

Les atouts d’une ville carrefour

Située à 40 minutes d’Ottawa, à une heure de Montréal et sur l’axe routier qui mène à Toronto et aux États-Unis, Casselman met de l’avant plusieurs arguments : coût de la vie raisonnable, variété d’emplois, capacité d’accueil.

« Nous avons plusieurs projets immobiliers sur le point de se concrétiser, ce qui permettra de construire plusieurs centaines de maisons », fait valoir Paul Groulx.

La municipalité revendique un équilibre entre modernité et cadre rural. « Nous avons toutes les commodités d’une grande ville — commerces, Internet haute vitesse, accès à l’autoroute, proximité des grands centres — tout en demeurant accessibles en taille et en coûts », ajoute-t-il.

L’ouverture d’un centre de distribution de pièces automobiles Ford a déjà attiré plus d’une centaine de résidents venus de la région de Toronto, désormais établis à Casselman.

Selon Paul Groulx, conseiller municipal, Casselman mise sur l’immigration francophone pour combler les besoins en main-d’œuvre. Gracieuseté

Mais, pour l’instant, la priorité demeure d’attirer des familles et des individus installés à Ottawa, Gatineau ou Toronto, « qui cherchent une communauté plus rurale, plus petite et plus abordable pour élever leur famille ou développer leur entreprise », précise Paul Groulx.

Vers une Communauté francophone accueillante

Dans cette optique, le conseil municipal a adopté à l’unanimité, fin mai, un plan stratégique pour faire de Casselman une Communauté francophone accueillante (CFA).  « Lorsque nous aurons la désignation de Communauté francophone accueillante, nous pourrons inviter les immigrants directement de leur pays d’origine à Casselman », rappelle M. Groulx.

Première étape : le lancement officiel, ce 1er octobre, du Comité local en immigration francophone (CLIF) de Casselman. Un forum réunissant plus d’une cinquantaine de participants doit y identifier les opportunités d’affaires et les besoins de la collectivité pour mieux accueillir les nouveaux arrivants.

Lorvenson Larose du RSIFEO voit dans le CLIF un outil clé pour attirer une main-d’œuvre francophone (bilingue) qualifiée dans la ville. Gracieuseté

« Le CLIF est une table de concertation, un espace de dialogue, de co-planification et de mise en œuvre de projets en matière d’immigration », explique Lorvenson Larose, coordonnateur aux communications du Réseau de soutien à l’immigration francophone de l’Est de l’Ontario (RSIFEO). Impliqué dans l’organisation du CLIF de Casselman, le réseau joue aussi un rôle clé dans la promotion des villes de la région comme destinations d’immigration francophone.

« La mise sur pied de ce genre d’initiative permettra de préserver la culture franco-ontarienne tout en favorisant l’inclusion et la diversité. La francophonie est un pilier important de l’identité de Casselman. Sa croissance et sa vitalité sont notre responsabilité collective », soutient Sylvain Cléroux.

Sylvain Cléroux, conseiller municipal de Casselman, voit dans le lancement du CLIF, une étape clé pour passer à l’action et mieux accueillir les nouveaux arrivants. Gracieuseté

Des défis à relever

L’arrivée de nouveaux résidents devra toutefois être arrimée aux besoins du marché du travail. « Être une communauté francophone accueillante signifie accueillir, mais aussi retenir ces familles ici », souligne Caroline Arcand, directrice générale du Centre de services à l’emploi de Prescott-Russell.

Constatant déjà « une diminution du fait français dans ce village francophone », elle insiste sur l’importance d’accroître la population francophone pour maintenir la langue. « Nous travaillons déjà avec les commerçants et des groupes locaux pour favoriser l’inclusion des nouveaux arrivants et des personnes racialisées », ajoute-t-elle.

Caroline Arcand, directrice générale du Centre de services à l’emploi de Prescott-Russell, insiste sur l’importance d’accroître la population francophone pour maintenir la langue. Gracieuseté

Ces enjeux d’intégration s’ajoutent à des besoins concrets en matière de services et d’infrastructures. « Dans notre plan stratégique, nous avons trois piliers : infrastructures, bien-être communautaire et service à la clientèle. Sous le pilier bien-être, nous voulons développer des attraits comme le nouveau parc et le sanctuaire d’oiseaux, ou encore fournir des espaces communautaires favorisant des modes de vie actifs pour tous les âges », indique Paul Groulx.

En matière de santé, la municipalité reconnaît des besoins pressants. « Nous travaillons avec le gouvernement de l’Ontario et l’Association médicale de l’Ontario pour attirer des équipes de santé et des médecins à Casselman », précise-t-il.

Une vision inclusive

« En tant que mairesse, mon leadership repose sur la confiance, la transparence et la création d’occasions pour que chacun trouve sa place », résume Geneviève Lajoie, mairesse de Casselman. Pour elle, soutenir l’initiative Communauté francophone accueillante s’inscrit parfaitement dans cette vision. « Mon objectif est de faire de Casselman un lieu où les nouvelles familles, qu’elles soient francophones, anglophones ou issues d’autres cultures, se sentent soutenues et encouragées à contribuer à la vie communautaire », assure-t-elle. 

Lajoie
Geneviève Lajoie, mairesse de Casselman, veut faire de sa municipalité un lieu inclusif et accueillant pour toutes les familles. Photo : Stéphane Bédard / ONFR

Le CLIF de Casselman s’ajoute à ceux déjà mis sur pied dans d’autres villes comme Ottawa, Kingston et Cornwall. « Notre objectif est que chaque municipalité intéressée puisse avoir son CLIF pour travailler sur ses défis spécifiques », explique Lorvenson Larose du RSIFEO.

Aujourd’hui, on compte 24 Communautés francophones accueillantes au Canada, dont 10 nouvelles. Devenir Communauté francophone accueillante permet aussi aux municipalités de bénéficier d’un financement d’Immigration, Réfugiés et Citoyenneté Canada (IRCC).

« Les efforts déjà amorcés par des municipalités comme Casselman leur permettront de mieux se positionner si le projet s’amplifie après 2028 », conclut M. Larose.

Garderies à 10 $ par jour : l’Ontario doit revoir sa copie pour atteindre ses cibles, selon la VG

TORONTO – 80 500 places en garderies sont toujours vacantes ou non disponibles, bien que les objectifs fixés dans le cadre du programme des garderies à 10 $ visent mars 2026 pour permettre l’atteinte d’un tel objectif. Or, un nouveau rapport de la Vérificatrice générale de l’Ontario remet en question la bonne gestion du dossier, relevant « une inefficacité des systèmes et procédures en place ».

Dans le cadre de l’Accord sur l’Apprentissage et garde des jeunes enfants (AGJE) signé entre l’Ontario et le Canada, la province a reçu 10,23 milliards de dollars sur 5 ans pour réduire les frais de garde d’enfants de moins de six ans pour les familles de l’ordre de 10 $ par jour – auparavant estimé à 48 $ par jour pour les familles.

Le cadre pour l’accès et l’inclusion de l’Ontario de l’AGJE stipule d’ailleurs que la province doit « atteindre ou dépasser la proportion de places francophones proportionnellement à la population francophone en Ontario » d’ici mars 2026.

Différentes constatations émergent du rapport spécial du Bureau de la vérificatrice générale sur le Programme pancanadien d’apprentissage et de garde des jeunes enfants, parmi lesquelles : sur son objectif d’ajouts de place, le gouvernement n’a ouvert que 75 % des places en services de garde par rapport à sa cible.

En parallèle, le nombre d’inscriptions aux services de garde d’enfants a aussi diminué de 31 % parmi les familles à faible revenu recevant une subvention pour frais de garde.

La baisse des frais, qui a entrainé une augmentation globale des demandes, a rendu difficile l’accès aux familles prioritaires (ayant droit à une subvention), souligne la VG, Shelley Spence.

Celle-ci recommande une évaluation des progrès effectués en matière de création de places en garderie et des résultats associés à son Cadre pour l’accès à l’inclusion, avec la mise en œuvre de mesures correctives, de même qu’une analyse des causes de la diminution des inscriptions des enfants admissibles.

80 500 places vacantes ou indisponibles

En outre, la vérificatrice générale relève que des centres fonctionnent en dessous de leur pleine capacité. 80 500 des places de garde (27 %) sont vacantes ou pas offertes par les exploitants.

« Nous avons constaté que le ministère (de l’Éducation) n’avait pas fait un suivi suffisant du nombre de places inoccupées afin de cerner et de régler les problèmes et enjeux systémiques à l’origine de la sous-utilisation des places », note le rapport.

Par ailleurs, celui-ci conclut que le ministère n’a pas recueilli de données sur les listes d’attente afin de comprendre les tenants et aboutissants de la variation de la demande de services de garde dans la province. Tous les gestionnaires de système de services (GSS) n’ont pas de système centralisé de gestion des listes d’attente, menant à de gros écarts sur les listes d’attente.

« Le ministère devrait examiner le plan actuel et réviser au besoin afin de s’assurer d’atteindre l’objectif consistant à ramener à 10 $ par jour d’ici mars 2026 les frais de garde payables par les parents, ce qui requiert le suivi du nombre d’enfants ayant une place subventionnée et du nombre de familles qui paient le plein montant des frais de garde. »

Source : Capture du rapport 2025 du Programme pancanadien d’apprentissage et de garde des jeunes enfants

L’accord, qui prend fin le 31 mars 2026, fait actuellement office de négociation en vue d’être possiblement prolongé pour une durée de cinq ans. Avec un manque de fonds estimé à 1,95 milliard de dollars en 2026-2027, sa viabilité est « entourée d’incertitude », indique la VG.

En plus de ne pas avoir atteint sa cible de 60 % minimum d’éducateurs de la petite enfance inscrits (EPEI) au sein du personnel des services de garde (58,9 %), « le ministère n’a pas établi d’objectifs de rendement clairs (…) pour la main-d’œuvre du secteur de la garde d’enfants », poursuit Shelley Spence.

Le bureau de la VG estime que 10 000 EPEI supplémentaires seraient nécessaires d’ici décembre 2026.

Un programme de Fonds de développement des compétences « corrompu »

Un autre rapport spécial, publié ce même jour, a analysé l’attribution du Fonds de développement des compétences (FDC) du ministère de Travail, de l’Immigration, de la Formation et de Développement des compétences.

Plus de 1,3 milliard de dollars ont été versés au cours des 5 premières rondes du FDC à des projets novateurs, à visée de croissance économique.

Le rapport de la vérificatrice générale Shelley Spence révèle que « dans 54 % des cas, le cabinet du ministre a choisi de financer les demandes classées aux rangs médiocre, faible et moyen, plutôt que les demandes au rang élevé (soit 670 qui n’ont pas été sélectionnées) ».

Un total de 742 millions de dollars a ainsi été attribué à ces candidatures moins recevables. Le rapport précise que le ministère en question a accepté les recommandations du bureau de la VG, mais l’opposition n’a pas tardé à réagir.

Marit Stiles, la cheffe du NPD de l’Ontario, parle de « corruption » et de « délit d’initiés ». Elle appelle le gouvernement Ford à garantir que chaque dollar du FDC profitera aux travailleurs, après que la vérificatrice générale a tiré la sonnette d’alarme sur le processus :

« L’Ontario traverse une crise de l’emploi alimentée par Doug Ford. Au lieu d’aider les 800 000 Ontariens sans emploi, Ford retire de l’argent aux travailleurs qui en ont le plus besoin. Nous l’avons vu avec la Ceinture de verdure, nous l’avons vu avec la Place de l’Ontario, et nous le voyons encore aujourd’hui. Ce gouvernement n’a aucun respect pour l’argent des contribuables. »

« Si vous êtes riches et bien connectés, vous êtes privilégiés. Ça ressemble à de la fraude et à une affaire d’extorsion. Si on creuse plus, on trouvera plus de preuves », a avancé le député libéral et chef du caucus en chambre John Fraser.

Le leader du Parti vert Mike Schreiner a lui qualifié le programme de fonds de développement de compétences de « corrompu par le gouvernement Ford ».  

Mise à l’arrêt de Kap Paper : la communauté se mobilise dans le Nord

KAPUSKASING – Des élus et des centaines de citoyens se sont mobilisés mercredi matin à Kapuskasing pour exiger l’intervention immédiate des gouvernements afin d’empêcher la fermeture définitive de l’usine de pâte et papiers Kap Paper. La fermeture de l’usine a fait écho à Ottawa, le gouvernement de Mark Carney précisant que des rencontres se tiennent ce mercredi avec la direction de Kap Paper. 

Au lendemain de l’annonce de la mise à l’arrêt de l’usine, plusieurs élus municipaux du Nord de l’Ontario, le député provincial Guy Bourgouin et plusieurs centaines de citoyens se sont retrouvés devant la gare pour réclamer des actions concrètes des gouvernements provincial et fédéral.

Cette conférence intervient alors que Washington avait annoncé, mardi soir, des droits de douane de 10 % sur les importations de bois d’œuvre, qui s’ajoutent aux taxes punitives de 35 % déjà imposées aux producteurs canadiens.

Le maire de Kapuskasing, Dave Plourde, a souligné l’importance historique et économique de l’usine, implantée dans la région depuis 105 ans et qui assure près de 2500 emplois directs et indirects. 

« Kap Paper a traversé des guerres, des récessions et même la pandémie. Ce qui nous met aujourd’hui en péril, ce n’est pas le manque de compétitivité, mais l’incapacité du gouvernement provincial et fédéral à s’entendre pour soutenir temporairement nos opérations », a-t-il déclaré.

Selon lui, la solution est claire : un prêt de trois mois du gouvernement ontarien, le temps d’obtenir un financement fédéral plus durable. 

« Les deux paliers de gouvernement se renvoient la balle. Pendant ce temps, nos familles, nos hôpitaux, nos écoles et nos routes dépendent des revenus générés par Kap Paper et GreenFirst. Nous n’avons pas le luxe d’attendre », presse Dave Plourde.

Plusieurs centaines de personnes étaient présentes pour l’événement. Photo : Remi Dumais Média

De son côté, Kap Paper soutient avoir interpellé le fédéral pour obtenir de l’aide financière via le Fonds d’intervention stratégique, mais malgré « des réponses initiales positives, le calendrier ne semble pas permettre de trouver une solution immédiate pour maintenir l’usine en activité », pouvait-on lire dans un communiqué paru ce lundi. Une rencontre entre la direction de Kap Paper, sa société mère Produits forestiers GreenFirst et la ministre de l’Industrie, Mélanie Joly, était prévue mercredi après-midi.

« Nous agissons en faveur des travailleurs et de la direction de Kap Paper, qui tiennent aujourd’hui des réunions de travail avec la ministre de l’Industrie, Mélanie Joly, et d’autres représentants du gouvernement », a affirmé le premier ministre Mark Carney mercredi, à la période des questions, en réponse à une question du chef conservateur Pierre Poilievre sur les pertes d’emplois le long de la Route 11.

« Réveille-toi, Ford »

Le député néo-démocrate de Mushkegowuk–Baie James, Guy Bourgouin, a lui aussi pris la parole pour dénoncer ce qu’il appelle un « abandon des travailleurs du Nord » et il n’a pas caché sa vive émotion devant la nouvelle.

« La fermeture de Kap Paper n’est pas seulement une affaire d’entreprise. C’est l’avenir de Kapuskasing, du Nord et des familles qui ont bâti cette région. Nous avons déjà prouvé qu’en mettant les querelles politiques de côté, on pouvait sauver nos emplois », a-t-il lancé, en référence au sauvetage de l’usine Spruce Falls au début des années 1991.

Appelant le premier ministre Doug Ford à « tenir sa promesse de protéger l’Ontario », M. Bourgouin a insisté : « Ils nous ont abandonnés. Nos travailleurs et nos familles méritent des actions, pas des mots vides. Réveille-toi, Ford. »

Le maire de Hearst, Roger Sigouin, a rappelé les précédentes batailles menées contre les fermetures d’usines, notamment celle de Columbia Forest Products il y a quinze ans. 

« Chacun d’entre nous, politiciens, du niveau local jusqu’au sommet, vous avons déçus, et nous devons tous en assumer la responsabilité »
— Peter Politis

« J’avais mentionné, à l’époque, au représentant américain de cette compagnie : ‘vous allez voir une gang de Français se battre pour l’usine’. Columbia Forest Products est aujourd’hui l’usine la plus performante pas seulement à Hearst, mais en Amérique aussi », a-t-il lancé.

Et d’ajouter : « On est ici pour se battre. Ce n’est pas la première bataille qu’on mène avec les gouvernements et, excusez-moi de le dire, les activistes. Aujourd’hui, c’est encore l’industrie forestière qui est frappée. Mais pourquoi? Laissez-nous tranquilles. »

Un appel à l’unité

Des membres du syndicat UNIFOR et des employés de GreenFirst, étaient également présents. La veille, GreenFirst avait indiqué qu’elle réduisait temporairement les activités de ses scieries à Kapuskasing, Hearst et Cochrane afin d’examiner ses prochaines étapes.

« La partie la plus décevante pour moi, c’est que chacun d’entre nous, politiciens, du niveau local jusqu’au sommet, vous avons déçus, et nous devons tous en assumer la responsabilité. Depuis 2008, 65 scieries ont fermé leurs portes et nous sommes passés de 24 millions de mètres cubes récoltés par an à seulement 10 millions. J’ai honte de n’avoir pas pu changer les choses mais ça doit s’arrêter aujourd’hui », s’est exprimé le maire de Cochrane, Peter Politis. 

Ce dernier a invité la foule – composée de travailleurs forestiers, d’élèves sortis de l’école pour l’occasion et de familles venues en solidarité – à se donner la main. 

Luc Léonard, maire du canton de Moonbeam, Marc Dupuis, maire de la municipalité de Mattice-Val Côté et Madeleine Tremblay, mairesse du canton de Fauquier–Strickland étaient également présents. Photo : Remi Dumais Média

Plusieurs centaines d’élèves étaient présents pour l’événement, a indiqué le directeur de l’éducation et le secrétaire-trésorier du Conseil scolaire catholique des Grandes Rivières, Jérémie Lepage, qui a insisté sur l’impact humain et éducatif de la fermeture.

« Ce sont nos parents, nos amis et nos proches qui travaillent au moulin. La fermeture d’un pilier de notre communauté se répercute dans toute la maison. Nous formons les jeunes à devenir la main-d’œuvre de demain, et nous resterons aux côtés des travailleurs et de leurs familles pour assurer la survie du moulin. » 

Une crise régionale

« La fermeture de l’usine de Kapuskasing n’est pas seulement un défi local, c’est une crise régionale. La foresterie est au cœur de nos communautés, et cette décision met en péril la stabilité de nombreuses villes et Premières Nations du Nord-Est de l’Ontario », a ajouté Joanne Baril, mairesse de Val Rita–Harty demandant aux gouvernements de « revenir à la table ».

« Nous en sommes à la deuxième période », a illustré Dave Plourde à l’aide d’une métaphore en fin de conférence.

« Il faut maintenant que l’autre équipe revienne sur la glace pour que nous puissions nous battre et protéger nos emplois et notre communauté. Nous avons besoin de l’engagement des gouvernements pour que ce match ne se termine pas par la fermeture de l’usine. »

« Nous n’allons pas nous arrêter avant de gagner ce combat et nous le gagnerons! », a‑t‑il conclu, en invitant les participants à envoyer massivement des lettres aux gouvernements « afin de les agacer ».

Avec les informations de Pascal Vachon.

Ottawa perd un site de consommation supervisée

Faute d’autorisation du gouvernement ontarien, Santé publique Ottawa (SPO) doit mettre fin dès aujourd’hui, ce 1er octobre 2025, à son centre de services de consommation supervisée (SCS) au 179, rue Clarence.

Le ministère de la Santé de l’Ontario n’a pas accordé l’autorisation préalable nécessaire pour demander un renouvellement d’exemption à Santé Canada, comme l’exige désormais la Loi sur les soins et le rétablissement en milieu communautaire adoptée en 2024 par la province, déplore SPO sur son site.

Selon Santé publique Ottawa, ces espaces offrent aux usagers un environnement sécuritaire où la consommation est encadrée par des professionnels, dans le but de prévenir les surdoses. Dans une note de service envoyée aux élus de la Ville, Trevor Arnason, médecin chef en santé publique à la SPO, a fait part de sa déception et préoccupation face à « l’impact que cette fermeture aura sur les résidents qui dépendent de ces services importants ».

Des services maintenu

Par ailleurs, malgré cette fermeture, SPO indique qu’elle continuera d’offrir du lundi au vendredi sur son site de la rue Clarence, plusieurs services cliniques et de réduction des méfaits.

Il est question des services de distribution de matériel stérile, formation et distribution de trousses de naloxone à emporter, dépistage et traitement des ITSS, orientation et navigation dans le système de soins. Aussi les services de fourgonnette mobile pour la réduction des méfaits de SPO ne seront pas affectés et leur prestation se poursuivra 7 jours sur 7, de 17 h à 23 h 30, ajoute Trevor Arnason.

Depuis son ouverture en 2017, le site a enregistré près de 33 000 visites. Rien qu’en 2024, il a accueilli 3546 usagers, pris en charge 27 surdoses non mortelles et orienté plus de 2000 personnes vers des services de santé mentale, de traitement ou de soutien social.

Avec cette fermeture, il ne restera plus que deux centres de consommation supervisée à Ottawa. La SPO soutient ne recevoir aucun financement de la part du ministère de la Santé de l’Ontario et de Santé Canada pour ses services de consommation supervisée. Par ailleurs, aucun employé ne sera mis à pied en raison de la fermeture du service; les ressources en effectif seront réaffectées à des services de sensibilisation dans la communauté, assure la SPO.

L’Ontario accueille un congrès pancanadien sur l’éducation francophone

Ce jeudi, la province accueillera ateliers, remises de prix et échanges de ressources entre les acteurs de la communauté éducative francophone du pays. « Le but du congrès est de fournir du matériel pour les écoles en collaboration avec les universités francophones, pour que les jeunes puissent vivre leur propre construction identitaire », explique le Néo-Brunswickois Marcel Larocque, qui préside l’ACELF depuis cinq ans.

Ce dernier explique qu’en ayant lieu dans une province comme l’Ontario qui compte de nombreuses communautés francophones en situation minoritaire, ce rassemblement permet de rallier les acteurs de la région aux discussions pancanadiennes relatives aux enjeux éducatifs, en y soulignant l’expertise franco-ontarienne locale.

« Que l’on vienne de la péninsule acadienne du Nouveau-Brunswick, ou de Gravelbourg en Saskatchewan, ou encore du centre-ville de Toronto, les trois écoles francophones n’ont pas les mêmes réalités, mais les défis sont souvent les mêmes », indique le président.

Marcel Larocque (à droite) a succédé à Anne Vinet-Roy à la présidence de l’ACELF en 2020. Photo : Gracieuseté d’Annie Côté.

En représentant l’ouest du pays, l’Ontario, le Québec et le Canada atlantique, l’ACELF demeure l’un des seuls organismes en éducation incluant autant de provinces et de territoires.

« En allant de région en région et en discutant de pédagogie et de francophonie, chacun apporte de son milieu et ça permet de voir ce qui se fait dans telle ou telle localité », poursuit-il.

Ce dernier note que cela donne une meilleure possibilité pour les enseignants des écoles avoisinantes de s’y présenter : «  Notre but, c’est que ça retourne vers les écoles, vers les enfants, vers les élèves, puis ça donne des idées, afin de renforcer leur propre construction identitaire. »

Cette année, les Franco-Ontariens assureront la présentation de près de la moitié des ateliers, avec les conseils scolaires Viamonde et MonAvenir comme principaux partenaires, marquant ainsi la forte présence de l’Ontario français au congrès.

Le Québec, Manitoba et l’Île-du-Prince-Édouard figurent parmi les listes où les éditions précédentes du Congrès se sont déroulées. Photo : Gracieuseté de Annie Côté.

Mettre l’accent sur l’IA

L’un des thèmes soulignés cette année insiste sur le tournant numérique avec l’intelligence artificielle (IA) au cœur des défis éducatifs en milieu francophone.

«  Comment utiliser l’intelligence artificielle vers l’apprentissage, comment adapter l’aspect technologique et apprivoiser les nouvelles méthodes d’enseignement? », observe M. Larocque.

Selon la conseillère pédagogique Laurie Couture, l’IA constitue un allié important à l’éducation francophone dans la mesure où son utilisation demeure surveillée. En effet, l’IA offre l’opportunité d’enrichir l’enseignement du français en contexte minoritaire selon elle, ce qui peut encourager les élèves dans l’expression de leur identité et culture francophone.

« L’IA peut nous aider parfois à aller plus loin que ce qu’on aurait pu penser faire. Par exemple, l’évaluation, la différenciation pédagogique, l’adaptation des contenus pour les élèves ayant plus de difficultés ou bien ceux ayant des capacités supérieures constituent des thématiques importantes », affirme la formatrice.

Certains intervenants s’accordent à dire que l’IA suscite une réticence généralisée au sein de la profession enseignante. Toutefois Mme Couture voit les choses autrement : « Tant que le lien va rester au centre de la pratique d’un enseignant avec ses élèves, l’IA ne peut pas le menacer. »

Laurie Couture est conseillère pédagogique et coordonnatrice de formation à l’école branchée au Québec. Photo : Gracieuseté de Laurie Couture

Pendant que plusieurs provinces se sont dotée de guides d’utilisation de l’IA, en Ontario, le ministère de l’Éducation veut imposer des formations sur l’IA et la cybersécurité aux enseignants.

« C’est important en tant que société de s’intéresser à ce qui se passe présentement avec l’intelligence artificielle à la maison et pas juste à l’école », ajoute Laurie Couture.

Fin septembre, à la suite d’utilisations nocives de plateformes telles que ChatGPT, notamment de la part de plus jeunes, des politiques de contrôle parental ont été introduites. Néanmoins, une partie des experts souhaite des mesures de protection plus durable. Une délégation d’une vingtaine de jeunes venus de partout viendra alimenter le dialogue générationnel lors du congrès afin de favoriser la collaboration des provinces.

Halifax sera l’hôte de la 79e édition. L’étendue du réseau éducatif pancanadien amène le congrès à se réunir chaque année pour discuter des enjeux de l’heure.

« C’est un événement où les gens sont intéressés par l’éducation de langue française, peu importe qui ils sont, conseillers scolaires, universitaires, membres de la communauté, enseignants, jeunes, etc. » souligne Marcel Larocque sur le plus grand rassemblement pancanadien en éducation,

« L’ACELF étant pancanadienne, elle se promène partout », convient-il.

Basketball : RJ Barrett et les Raptors face à une saison clé

TORONTOLes Raptors de Toronto faisaient leur rentrée en début de semaine avec la traditionnelle journée des médias. Parmi les visages les plus scrutés : celui de RJ Barrett. À 25 ans, le Torontois aborde une saison charnière de sa carrière. Installé cette année au poste d’arrière, épaulé par Immanuel Quickley et Brandon Ingram, il a devant lui l’occasion de franchir un cap et de convaincre la direction de miser sur lui à long terme. Les attentes sont fortes, tout comme l’ambition de celui qui s’est exprimé avec assurance, en anglais comme en français, face aux journalistes.

RJ Barrett n’a jamais été un joueur de rotation : depuis son entrée en NBA en 2019, il a toujours figuré dans le cinq majeur. Mais à Toronto, une nouveauté se dessine. Cette saison, son rôle s’affine et se consolide : il devrait occuper principalement le poste d’arrière, après avoir joué en tant qu’ailier sur ses premières années dans la ligue. Un ajustement stratégique pensé pour maximiser ses forces aux côtés d’Immanuel Quickley et de Brandon Ingram.

À moyen terme, la question contractuelle plane également. Sous contrat jusqu’en 2026-27, le Canadien peut déjà prétendre à une extension. Pour se l’assurer, il devra démontrer régularité et efficacité, deux aspects qui lui ont parfois été reprochés.

Une paire d’arrières à tester : Barrett – Quickley

Si l’attaque de Toronto semble avoir gagné en promesse, la défense est scrutée de près. La complémentarité de RJ Barrett et d’Immanuel Quickley sera l’un des points névralgiques de la saison. Interrogé sur la dynamique collective, le Torontois a insisté :

« Ici, il n’y a pas d’ego. Tout le monde veut gagner… J’ai déjà été dans des équipes où la balle ne circulait pas, et après ça, il ne se passait rien. »

Cette philosophie traduit une volonté claire : faire passer le collectif avant tout. Mais pour s’imposer comme duo défensif crédible, Barrett et Quickley devront apprendre à compenser leurs failles respectives et à partager les missions sur les arrières adverses.

Sur les critiques concernant son implication défensive, Barrett a tenu à rectifier :

« Je n’ai jamais été un mauvais défenseur, donc oui, ça m’a un peu surpris. Mais j’ai clairement progressé et je veux continuer à progresser pour devenir un joueur complet des deux côtés du terrain. »

Brandon Ingram, un catalyseur offensif

La grande nouveauté de l’intersaison est la présence de Brandon Ingram, véritable option offensive supplémentaire pour Toronto. L’ancien All-Star, capable d’aspirer les défenses, doit permettre à RJ Barrett de trouver plus d’espaces et d’assumer un rôle de finisseur plus que de créateur en première unité. Ce dernier a lui-même confié accueillir cette arrivée avec enthousiasme :

« Quand tu ajoutes un joueur comme Brandon Ingram dans l’équation, les choses changent forcément… Mais j’ai déjà eu la chance de jouer aux côtés de beaucoup de stars, donc j’y suis habitué… Je ne pense pas à moi, je veux juste gagner. »

Et celui qui est arrivé en février dernier a, de son côté, reconnu avoir été surpris par son nouveau coéquipier :

« Une chose qui m’a surpris, c’est RJ. Je pensais que c’était juste un scoreur. Je pensais qu’il prenait beaucoup de tirs. Mais en regardant son jeu et en voyant son travail tout l’été, j’ai compris comment ce qu’il développe à l’entraînement se transfère directement sur le terrain. Il est constant », souligne Ingram.

Ce regard extérieur, venant d’un joueur majeur, est révélateur. RJ Barrett n’est plus seulement perçu comme un scoreur compulsif, mais comme un joueur capable de s’adapter, de progresser et de stabiliser l’attaque.

Créateur avec la 2e unité : une opportunité

Au-delà de son rôle de finisseur dans le cinq majeur, l’arrière pourrait bénéficier de séquences en 2e unité pour élargir son registre. Dans ces moments-là, il aurait l’occasion de se muer davantage en créateur, d’initier des systèmes et de démontrer une vision de jeu qu’il avait déjà laissé entrevoir la saison dernière lorsqu’il avait bénéficié d’un rôle élargi.

Cette polyvalence offensive serait un atout majeur pour lui comme pour Toronto. Elle renforcerait son dossier en vue d’une prolongation, tout en donnant à l’équipe d’entraîneurs une flexibilité tactique précieuse.

Un effort assumé en français

Ayant passé une partie de son enfance en France et son adolescence en immersion en français du côté de l’école secondaire St. Marcellinus à Mississauga, RJ Barrett prend aussi soin de s’exprimer en français lorsqu’il s’adresse aux médias francophones. Un effort qu’il répète depuis son arrivée chez les Raptors. Interrogé sur son été et l’arrivée de Brandon Ingram, il a confié :

« Cet été, j’ai pu beaucoup me reposer, et ça m’a fait du bien. Je travaille beaucoup sur mon jeu, mais en réalité je travaille sur tout. Ce n’est pas une seule chose en particulier, et c’est positif. Et B.I (Brandon Ingram), il va être très bien pour nous. Je suis très content. »

À propos de la perspective de retrouver une équipe compétitive, il a ajouté :

« Oui, très excité pour ça. Tu sais, on veut gagner, on doit gagner. Je suis ici pour gagner les matchs, pour aller aux playoffs. On est tous très excités pour cette année. »

Une confiance affichée

Le numéro 9 des Raptors n’a pas hésité à afficher son optimisme :« On fait les choses de la bonne manière. Je pense que ça va payer. Quand on aborde le jeu de cette façon, de bonnes choses arrivent. »

Et d’ajouter sur l’état d’esprit du groupe :

« On a clairement quelque chose à prouver et j’adore ça… C’est l’un des moments les plus excitants, quand tu as une équipe comme la nôtre dont les gens ne savent pas à quoi s’attendre ou n’attendent pas grand-chose, et qu’on peut surprendre… On est très confiants. »

La comparaison avec les Blue Jays, qualifiés pour les séries en MLB, a même servi d’inspiration :« Dans quelques mois, ce sera notre tour… On veut aussi retrouver les séries éliminatoires et faire du bruit. »

Une saison de vérité

RJ Barrett aborde donc la saison 2025-26 dans une position inédite : repositionné au poste d’arrière, épaulé par des coéquipiers solides, et motivé à prouver qu’il peut être un joueur clé des Raptors sur le long terme. Avec Ingram pour libérer son jeu, Quickley pour partager les responsabilités, et une 2e unité où il pourra expérimenter, le Torontois a tout pour réussir.

Mais la marge est étroite. Pour mériter son extension et asseoir son statut, il devra améliorer son efficacité, confirmer ses progrès défensifs et assumer pleinement son rôle de leader. Une chose est sûre : à l’entendre, le joueur qui entre déjà dans sa septième saison en NBA est prêt à surprendre et à porter les Raptors vers un retour tant attendu en séries éliminatoires.

Athlétisme : Jacqueline Madogo « ne s’attendait pas forcément à battre le record canadien »

[ENTREVUE EXPRESS]

QUI :

Jacqueline Madogo est une sprinteuse canadienne originaire d’Ottawa, spécialiste du 200 m et du relais 4×100 m. Membre de l’équipe nationale, elle s’est illustrée sur la scène internationale malgré une saison marquée par les blessures.

LE CONTEXTE :

Aux Championnats du monde d’athlétisme 2025 à Tokyo, l’équipe féminine canadienne du 4×100 m a créé la surprise en battant le record national lors des qualifications. Finalistes pour la deuxième année consécutive, les Canadiennes ont couru sous une pluie battante et ont terminé septièmes. Jacqueline Madogo, en plus de sa participation au relais, était aussi alignée sur le 200 m, où elle n’a pas passé les qualifications.

L’ENJEU :

Avec une équipe jeune et ambitieuse, le relais féminin vise désormais à transformer ces finales mondiales en podiums. Pour l’Ottavienne, l’objectif personnel est aussi de retrouver son meilleur niveau en individuel, après une saison tronquée, et de continuer sa progression en vue des prochains Jeux olympiques.

« Vous battez le record canadien lors des qualifications du relais. Quel sentiment domine?

C’est un très bon sentiment. On savait qu’on avait une vague difficile, donc il fallait courir un de nos meilleurs temps. On s’est dit qu’on devait être propres sur chaque passage et courir chacune notre course. On ne s’attendait pas forcément à battre le record canadien, mais c’est arrivé et c’était un super feeling. Les filles étaient vraiment contentes.

Malgré un dernier passage du témoin un peu moins fluide, vous terminez avec un chrono impressionnant. Étiez-vous surprise?

Oui, honnêtement je pensais qu’on avait été un peu plus lentes que ce que le chrono affichait. Mais le plus important, c’est qu’on a atteint la finale. Ça nous a donné de l’espoir, même si on voulait courir un peu plus vite. On est une équipe jeune, on apprend chaque année, et on veut suivre l’exemple des garçons (médaillés d’argent) qui ont montré qu’on pouvait viser encore plus haut.

La finale s’est déroulée sous une pluie torrentielle. À quel point cela a-t-il influencé votre performance?

On étaient déjà habituées. À Paris l’année passée, il pleuvait aussi lors de la finale du relais. On s’est dit qu’on devait juste refaire ce qu’on avait déjà fait. Mais c’est vrai qu’entre la pluie et le fait de courir dans le couloir 2, ce n’était pas idéal. Malgré tout, c’était déjà un gros exploit d’atteindre deux fois de suite la finale mondiale.

Et en individuel sur 200 m, quel a été votre ressenti?

J’étais un peu déçue de ma performance, surtout après avoir atteint la demi-finale aux Jeux olympiques l’année dernière. Cette saison a été compliquée, avec une fracture du pied en décembre. Je n’ai recommencé à courir qu’en mai, donc finir top 48 au monde, c’est déjà un gros exploit pour moi.

Comment avez-vous vécu l’expérience globale au Japon?

C’était une très belle expérience. Les gens sont tellement chaleureux et polis, que ce soit dans la compétition ou parmi les bénévoles de World Athletics. C’était ma première fois au Japon et j’en garde un très bon souvenir.

Quelles sont les prochaines étapes pour vous?

Je prends quelques semaines de repos à Ottawa, puis la reprise de l’entraînement se fera fin octobre, début novembre. Toujours avec mon groupe de Guelph, en vue d’une nouvelle année de compétition. »

IA : Un nouvel outil de traduction testé au gouvernement fédéral

OTTAWA – Le gouvernement fédéral testera un nouvel outil d’intelligence artificielle, GCtraduction, pour y effectuer la traduction dans les deux langues officielles dans la fonction publique.

Ce prototype d’intelligence artificielle sera testé dans six ministères fédéraux, comme le Bureau du Conseil privé, le ministère des Finances ou encore la Gendarmerie royale du Canada (GRC) et pourra être déployé ultérieurement à travers le reste de l’appareil gouvernemental.

Le ministre de la Transformation du gouvernement, des Travaux publics et de l’Approvisionnement, Joël Lightbound a annoncé par voie de communiqué lundi le lancement de ce prototype d’intelligence artificielle, mis au point par le Bureau de la traduction.

Selon le gouvernement, cet outil « se distingue par son adaptation au contexte de la fonction publique fédérale », notamment en offrant des « traductions adaptées à la terminologie du gouvernement et aux réalités culturelles et linguistiques du Canada ». Il offrira des traductions instantanées pour les textes qui n’exigent pas d’expertise linguistique, précise Services publics et Approvisionnement Canada.

« GCtraduction renforcera l’utilisation des deux langues officielles au gouvernement et contribuera à créer une fonction publique moderne qui suit l’évolution du monde numérique. Le but visé est de tirer parti de la technologie pour servir la population canadienne d’une manière plus rapide et intelligente dans les deux langues officielle s », a soutenu via communiqué le ministre Joël Lightbound.

Le fédéral indique que GCtraduction a été programmé avec 8 milliards de mots provenant du Bureau de la traduction et que des traducteurs humains surveillent les résultats qu’il produit et « sera réentraînée périodiquement afin de garantir une efficacité optimale ».

Une version antérieure de GCtraduction lancée en juin 2025 a traduit plus de 60 millions de mots en 3 mois, soit plus de 3000 pages par jour ouvrable, soutient le ministère fédéral de l’Approvisionnement.

Faux Autochtones, une longue histoire de marginalisation

Se dire Autochtone sans l’être : une pratique encore trop répandue, selon des leaders comme Michèle Audette, Robert-Falcon Ouellette et Darren Sutherland. Ils dénoncent une appropriation qui détourne bourses, postes et reconnaissance, et s’ajoute aux blessures laissées par un siècle de discriminations.

« Notre identité nous a été arrachée à plusieurs reprises : par les pensionnats, par la Loi sur les Indiens, par les placements forcés d’enfants. Tout cela a contribué à nous couper de notre langue et de notre culture », rappelle Michèle Audette, sénatrice autochtone.

Aujourd’hui, dit-elle, il faut dénoncer et sanctionner toute forme d’usurpation de l’identité autochtone.

« Pour moi, c’est criminel. L’usurpation d’identité, c’est un crime, un vol. Les personnes qui font de fausses déclarations doivent être sanctionnées. »

Des icônes contestées

Régulièrement des cas suscitent le débat. On cite parmi les plus polémiques celui de l’écrivain Joseph Boyden ou encore la chanteuse Buffy Sainte-Marie. Certains pointent aussi la figure de James Gladstone (1887-1971), considéré comme le premier sénateur autochtone du pays et dont le buste en bronze est exposé au Sénat. 

« Pendant longtemps, moi aussi je pensais que James Gladstone appartenait à une Première Nation. Mais une collègue sénatrice m’a expliqué qu’il ne l’était pas. Depuis, chaque fois que je passe devant sa statue au Sénat, je la salue autrement », confie Michèle Audette.

La sénatrice innue Michèle Audette dénonce l’usurpation de l’identité autochtone, qu’elle qualifie de « crime et de vol ». THE CANADIAN PRESS/Spencer Colby

On cite également la polémique de l’ancien ministre des Langues officielles et de l’Emploi, Randy Boissonnault, qui a été interpellé sur des propos contradictoires concernant son identité autochtone.

Pour Michèle Audette, elle-même née d’un père québécois et d’une mère innue, les répercussions sont graves :  « Certaines personnes bâtissent une carrière académique, scientifique ou artistique sur une fausse identité. Elles obtiennent des prix, des postes, des bourses ou des places réservées en médecine ou en droit, au détriment de ceux qui ont la véritable identité autochtone. On leur vole littéralement leur place. »

Cri d’origine, l’ancien député fédéral Robert-Falcon Ouellette abonde dans le même sens : « Quand une personne non autochtone prend la place d’un véritable Autochtone, elle prive la communauté d’une voix authentique. »

Professeur agrégé à la Faculté d’éducation de l’Université d’Ottawa, Robert-Falcon Ouellette, évoque le suicide de son amie, la chanteuse inuite Kelly Fraser, qui a souffert d’un trouble de stress post-traumatique pendant plusieurs années après avoir connu une enfance bouleversante et vécu le racisme ainsi que la cyberintimidation.

« Je me demande si elle serait encore en vie si on lui avait donné toute la reconnaissance méritée », s’interroge M. Ouellette. 

Robert-Falcon Ouellette, professeur à l’Université d’Ottawa, met en garde contre les carrières bâties sur des identités autochtones usurpées. Photo : Sandra Padovani/ONFR

Un héritage de lois discriminatoires

Ces pratiques d’appropriation ne surviennent pas dans le vide. Elles s’ajoutent à une histoire déjà marquée par des discriminations systémiques, rappelle Darren Sutherland, responsable de l’engagement communautaire au Bureau des affaires autochtones de l’Université d’Ottawa.

« Avant 1965, une personne des Premières Nations perdait son statut si elle allait à l’université. Avant 1985, une femme autochtone qui avait un enfant avec un homme non autochtone perdait aussi son statut, et ses enfants n’avaient aucun droit. Ces lois ont laissé de profondes cicatrices dans nos familles et nos communautés », témoigne-t-il. 

Lui-même Cri et autochtone urbain, il raconte son désarroi en découvrant que des figures qui l’avaient inspiré étaient elles-mêmes contestées.

« Le premier livre écrit par un Autochtone que j’ai lu, c’était un ouvrage de Thomas King. Et la première personne que j’ai vue à la télévision et qui me ressemblait, c’était Buffy Sainte-Marie. Quand j’ai appris que leurs identités autochtones étaient mises en doute, cela m’a profondément troublé », confie-t-il.

Darren Sutherland souligne que le système reste vulnérable. « Il y a dix ou vingt ans, il suffisait de cocher une case sur un formulaire. Aujourd’hui, les universités exigent souvent des cartes de statut émises par le gouvernement. Mais certains organismes non reconnus vendent encore de fausses cartes, et des employeurs les acceptent parfois faute de mécanismes fiables », affirme-t-il.

Il nuance toutefois : certaines personnes, coupées de leur communauté par les pensionnats, les adoptions forcées ou les lois discriminatoires, ont le droit de se reconnecter à leur culture.

« Ce qui est dangereux, c’est quand des gens disent : ‘Je suis Algonquin, c’est génial’, sans comprendre la triste réalité coloniale que nous avons traversée. Comme le disait un ami : Tout le monde veut être autochtone, mais personne ne veut vivre comme un Autochtone », souligne Darren, lui-même, premier de sa famille à accéder à l’université.

Darren Sutherland rappelle que l’usurpation d’identité s’ajoute à des décennies de discriminations systémiques. Gracieuseté

Pour Robert-Falcon Ouellette, l’identité autochtone ne se définit pas par une généalogie remontant à trois siècles, mais par des relations vivantes. Il soutient que « l’identité autochtone n’est pas qu’une affaire d’ancêtres d’il y a 300 ans. Elle repose sur la communauté, les liens familiaux, la participation aux rites et aux traditions ».

Il invite ceux qui ont un héritage lointain à se présenter comme alliés plutôt qu’Autochtones. « Il vaut mieux dire ‘je suis un allié’ que de prétendre être Autochtone et prendre la place de quelqu’un d’autre », suggère-t-il.

Exiger des preuves

Mme Audette, elle, dénonce le manque de cohérence du système. « On me dit souvent : ‘On ne peut pas exiger de preuves, ce serait contre les droits de la personne.’ Pourtant, pour d’autres programmes, on demande des documents officiels, comme un passeport ou un certificat de citoyenneté », s’indigne Mme Audette.

Elle appelle ainsi à appliquer ce principe pour les Premières Nations, les Métis ou les Inuits pour démontrer tout lien à une nation ou à une communauté.  « Sinon, on ouvre la porte à des abus », met-elle en garde.

Réconciliation : quand foi catholique et traditions autochtones se rencontrent dans une église du Nord

MINDEMOYA – Quelques jours avant la Journée nationale de la vérité et de la réconciliation, la paroisse Notre-Dame-du-Canada, au cœur du village central de Mindemoya sur l’île Manitoulin, a accueilli une messe pas comme les autres. Pour la première fois, la cérémonie a intégré des éléments de la tradition anishinaabée au rite catholique, sous l’initiative d’un père jésuite francophone.

« C’est la première fois et j’espère que nous pourrons en faire une tradition ici à Mindemoya » a lancé le Père Louis-Martin Cloutier, qui dirige trois autres paroisses sur l’Île. Photo : Inès Rebei/ONFR

« L’Île aux esprits » de son nom en ojibwé, abrite une importante population autochtone présente depuis des millénaires, et compte six réserves anishnabées sur son territoire.

« Nous devons connaître nos voisins qui ont souffert d’injustices et porter ensemble ce fardeau. Que cette commémoration favorise donc un dialogue constructif entre les peuples », a aussi déclaré le Père Cloutier qui dirige aussi une messe le dimanche matin dans une paroisse sur le territoire de la Première Nation de M’Chigeeng.

Quand l’invitée Geraldine Ense McGregor, membre du clan de la Loutre, commence le rituel de purification anishinaabe de smudging, ou fumigation, il n’y a plus un bruit dans la salle. 

Le tambour est intervenu à divers moments pour accompagner la liturgie. Photo : Inès Rebei/ONFR

Assise au premier rang, celle qui se fait également appeler Grand-mère Baashkaabgonii fait brûler de la sauge et dirige la fumée avec un éventail de plumes pour bénir l’espace et les participants, qui accueillent ce geste avec recueillement et respect. Elle a également pris un moment pour chanter en anglais Great Spirit, un morceau inspiré par la tradition autochtone.

Plus tard, le père jésuite a guidé les prières en s’orientant dans les Quatre Directions, un geste issu des traditions autochtones visant à relier les participants à la Terre, aux esprits et à l’équilibre du monde.

Les paroissiens ont apprécié le moment de prière tourné vers les quatre directions cardinales. Photo : Inès Rebei/ONFR

Un acte de réparation

Les relations entre les peuples autochtones et les colons européens, arrivés avec les Jésuites il y a 150 ans, ont souvent été difficiles. 

Le Père Louis-Martin Cloutier en est bien conscient depuis son arrivée sur l’Île en 2021 et voit ce mélange des rites comme « un acte de réparation, à modeste échelle ». 

Le prêtre insiste sur l’importance de la participation des paroissiens qui ont montré un intérêt pour ce projet : « J’aime travailler à partir des initiatives des paroissiens. Ce sont eux qui prennent les projets à cœur, assistent à des conférences et se forment pour mieux connaître l’histoire et les tragédies vécues par les Autochtones. »

Celui-ci ajoute que l’Église a récemment pris des mesures pour faire face à son passé : « Il y a deux ans, les Jésuites ont sorti une liste de présumées personnes qui ont commis des actes d’abus sexuels auprès des mineurs. Donc ça, il faut en parler. »

Le Père Cloutier est le dernier Jésuite à s’exprimer dans la langue de Molière sur le district de Manitoulin. Photo : Inès Rebei/ONFR

De son côté, Geraldine Ense McGregor, qui se rendait dans la paroisse pour la première fois, a apprécié l’expérience : « C’est très accueillant, très bien planifié. C’est ma communauté voisine et je suis heureuse de partager ce moment pour la vérité et la réconciliation, en mélangeant nos cultures et nos spiritualités »

Elle souhaite que les fidèles repartent avec un message clair : « Comprendre le peuple anishinaabe, connaître les souffrances qu’il a traversées et travailler à réconcilier nos différences pour atteindre le pardon. » 

Il y a dix ans, la Commission de vérité et réconciliation avait lancé ses appels à l’action pour réparer les torts des pensionnats et promouvoir le respect des communautés autochtones, et le pape a présenté des excuses au Canada en 2022 mais il reste encore une marge de progrès selon plusieurs.

Geraldine Ense McGregor est une résidente de la Première Nation de M’Chigeeng. Photo : Inès Rebei/ONFR

«  Tout le monde n’est pas réceptif, mais c’est compréhensible. Au moins, nous avons maintenant ce mélange, notre pardon de ce qui s’est passé, et nous prions pour que notre peuple se trouve dans une meilleure situation. »

Apprendre du passé

Après la messe, plusieurs fidèles francophones ont confié avoir été profondément touchés par le message et le geste symbolique de samedi soir.

Même son de cloche chez Ginette Lapointe, également paroissienne : « On lit souvent ce qui se passe dans les réserves, mais célébrer ensemble dans notre messe, c’est une autre expérience. Ça fait réfléchir et ça rapproche. »

Lise Farquhar a ramené plusieurs œuvres artistiques d’inspiration autochtone pour orner la paroisse. Photo : Inès Rebei/ONFR

Pour Madeleine et Louis Rancourt, originaires d’Azilda, la cérémonie a permis de « réunir les deux cultures » et de rappeler que, malgré le passé, « on peut vivre ensemble et apprendre du passé pour ne pas répéter les erreurs ». 

« C’est une première, et j’espère que ça va continuer. J’aimerai qu’on ajoute encore plus de choses à l’avenir, comme la chanson Notre Père en ojibwé comme dans la paroisse de M’Chigeeng, parce que l’air est semblable et qu’on peut chanter avec les syllabes », lancent-ils.

Des données de recensements n’existent pas pour les villages de l’Île, mais selon le dernier recensement de Statistique Canada seuls 3 % des 13 800 habitants ont le français comme première langue officielle parlée près de 41 % sont autochtones.

Louis Rancourt ajoute que vivre sur le territoire autochtone et côtoyer la communauté locale depuis plusieurs années a toujours été une expérience enrichissante : « Nous avons une très bonne relation avec les Autochtones ici. Pouvoir travailler et partager avec eux est très précieux. »

Le Père Cloutier est entouré des quelques paroissiens francophones venus assister à cette messe. Photo : Inès Rebei/ONFR

Un pont entre les cultures

Pour le Père Cloutier, qui gère trois autres paroisses sur l’Île, l’objectif de sa démarche est aussi de construire des ponts entre les différentes communautés, et non des barrières. 

« Le partage des cultures, le pont entre les générations et les peuples, c’est ça la vraie essence de la réconciliation »
— Geraldine Ensel McGregor

« Le fait d’être francophone dans un milieu anglophone me permet aussi de créer des liens entre deux cultures, ce qu’on appelle souvent les deux solitudes. Ce soir, nous faisions de même avec le peuple autochtone », précise-t-il.

Il souligne également que sa langue et son identité culturelle ont un rôle dans la célébration : « Même si je dis la messe en anglais, mon accent et mes expressions trahissent mon identité francophone. Cela contribue à créer des liens et à rapprocher des cultures souvent perçues comme séparées. »

Contrairement à celle de Mindemoya, la messe du dimanche matin à M’Chigeeng accueille plusieurs paroissiens autochtones. Reconstruite après un incendie en 1971, l’église de l’Immaculée-Conception combine aujourd’hui architecture inspirée des tipis autochtones et d’autres éléments culturels comme les attrape-rêves suspendus.

À la paroisse de l’Immaculée-Conception de M’Chigeeng, des attrape‑rêves et d’autres symboles de l’iconographie autochtone voisinent avec la croix dans l’espace de culte. Gracieuseté de Louis-Martin Cloutier

Geraldine Ensel McGregor constate que l’intégration des traditions autochtones dans les messes précédentes à M’Chigeeng – auxquelles elle a participé – a suscité curiosité et gratitude : « Les paroissiens, autochtones et non-autochtones, sont reconnaissants que nous partagions notre culture et que nous la mélangions avec la foi catholique. »

Selon elle, l’intégration de ses traditions au rite catholique est bien plus qu’un symbole : « Le partage des cultures, le pont entre les générations et les peuples, c’est ça la vraie essence de la réconciliation. »

La grève du personnel de soutien se prolonge dans les collèges de l’Ontario

Après trois jours de médiation infructueuse, le personnel de soutien à temps plein des collèges de l’Ontario maintient la grève. L’équipe de négociation accuse le Conseil des employeurs des collèges (CEC) de bloquer toute avancée réelle sur la sécurité d’emploi, enjeu central du conflit.

« Nous pensions progresser, mais ce matin (lundi) on nous a dit qu’on était dans une impasse », confie Dan Brisson, membre de l’équipe de négociation du Syndicat des employés de la fonction publique de l’Ontario (SEFPO), joint par ONFR.

Selon lui, la protection des postes est au cœur du différend. « Nous avons déjà vu 10 000 postes supprimés en un an et nous craignons d’autres mises à pied sans protection. La voie vers un règlement doit inclure des dispositions pour protéger les emplois existants, pas seulement pour gérer les pertes d’emplois », explique le président syndical de la section locale 672 du Collège Boréal.

La grève est en cours depuis le 11 septembre dans les établissements de la province, qui restent ouverts malgré tout. Le Conseil des employeurs des collèges (CEC), qui représente les 24 collèges publics, soutient avoir offert plus de 155 millions de dollars en hausse de salaire, de meilleurs avantages sociaux et une meilleure sécurité d’emploi.

L’employeur soutient que le syndicat réclame une interdiction de toute sous-traitance, sauf sous autorisation explicite du syndicat et « des restrictions au travail collaboratif, qui entraveraient la prestation de services aux étudiants et paralyseraient les activités ».

« Nous leur avons clairement fait savoir, dès le début des négociations, que nous ne pourrons jamais accepter ces demandes », soutient le CEC dans un communiqué lundi.

Dan Brisson. Gracieuseté

Pendant les trois jours de médiation, soit depuis le vendredi 26 septembre, sept propositions syndicales ont été déposées, contre quatre par le CEC. « Nous avons reformulé proposition après proposition, mais nous avons rencontré un mur sur nos revendications essentielles », déplore le syndicat.

Pour faciliter le dialogue, le syndicat avait accepté la nomination d’une personne médiatrice par le gouvernement et retiré les mesures qualifiées de « pilules empoisonnées » par l’employeur – un moratoire temporaire sur les mises à pied et un autre sur les fermetures ou fusions de campus.

« Même après l’élimination de ces soi-disant blocages, les présidents des collèges ont ordonné au CEC de refuser les dispositions sur la sécurité d’emploi », insiste M. Brisson.

L’employeur demande à la partie syndicale de présenter sa plus récente offre aux employés, accusant le syndicat de « compromettre les progrès réalisés » en reculant et posant des ultimatums à la table des négociations.

Des fermetures qui nourrissent la méfiance

La méfiance a redoublé vendredi 26 septembre, lorsque le Collège Georgian, dans le comté de Simcoe, a annoncé la fermeture et la vente de ses campus d’Orillia et de Muskoka d’ici juillet 2026.

« Ils affirmaient auparavant qu’aucune fermeture n’était envisagée. À 8 h 30, le président annonçait la fermeture, et deux heures plus tard le CEC prétendait ne rien savoir. L’employeur nous a menti à chaque étape », dénonce le représentant syndical.

En attendant une reprise des négociations, les conséquences se font sentir partout.

« Nos étudiants et nos communautés souffrent parce que nous ne sommes pas dans les collèges. Ce sont nous qui aidons pour le RAFEO (Régime d’aide financière aux étudiantes et étudiants de l’Ontario), qui préparons les horaires et percevons les frais de scolarité. Nos technologues assurent la composante technique des laboratoires, et les garderies de campus dépendent de notre personnel de soutien », énumère Dan Brisson.

« Nous voulons reprendre notre travail auprès des étudiants. Mais il faut d’abord des garanties pour la sécurité d’emploi », souligne le syndicaliste. La grève se poursuivra « jusqu’à ce qu’une entente soit conclue », prévient-il. « Mon équipe est prête à revenir demain matin (mardi) s’il le faut », assure-t-il.

« Une journée déchirante » : La dernière usine de pâtes et papiers du Nord-Est mise à l’arrêt à Kapuskasing

KAPUSKASING – Coup dur pour le Nord de l’Ontario : la dernière usine de pâtes et papiers du Nord-Est ontarien, exploitée par Kap Paper, a annoncé ce lundi qu’elle cesse ses activités.

L’entreprise affirme, par voie de communiqué, que cette décision résulte d’échanges soutenus avec les gouvernements et les partenaires dans les derniers mois et années, mais reflète surtout l’absence de solutions rapides pour maintenir la chaîne d’approvisionnement forestière de la région.

ONFR a tenté de rejoindre l’usine, mais n’a pas encore reçu de réponse afin de savoir si l’arrêt des activités était définitif ou celle-ci était simplement mise en veille dans l’attente d’une éventuelle vente des actifs.

« C’est une journée déchirante pour notre personnel et notre communauté », a déclaré le président-directeur général de Kap Paper, Terry Skiffington qui a ajouté que bien que des discussions constructives aient eu lieu avec la province et le gouvernement fédéral pour un soutien à moyen et long terme, aucune aide immédiate n’est disponible pour le moment.

Sous l’impulsion de la province, Kap Paper avait sollicité le gouvernement fédéral afin de trouver une solution à plus long terme via un fonds créé pour répondre aux perturbations commerciales avec les États-Unis. Selon Terry Skiffington, bien que les premières réponses soient encourageantes, aucun soutien immédiat n’était disponible.

« Malheureusement, Kap Paper ne dispose pas des ressources nécessaires pour poursuivre ses activités et est contrainte de les suspendre », précise-t-il.

Les employés au cœur des préoccupations

« C’est vraiment une journée difficile pour nous, je suis tellement désolé de l’apprendre aujourd’hui », a réagi de son côté Dave Plourde, maire de Kapuskasing en entrevue avec ONFR.

Ce sont près de 475 emplois directs à Kapuskasing et jusqu’à 2500 emplois liés dans les scieries, le transport, la maintenance et les services locaux qui sont touchés avec cet arrêt des opérations.

« Surtout avec l’annonce de 500 millions [de soutien ailleurs], c’est dur. On parle des emplois, on essaie de les protéger, mais c’est comme si tout s’effondrait d’un coup », a continué celui-ci, en référence à l’annonce du fédéral de ce lundi matin de soutenir l’usine Algoma Steel à Sault Ste. Marie avec un prêt de 400 millions de dollars (en plus du 100 millions de dollars injecté par la province).

Depuis la fermeture de l’usine de Domtar à Espanola en 2023, l’usine de Kapuskasing était le dernier grand consommateur de copeaux et de biomasse dans la région. Photo : gracieuseté de Kap Paper

Dans un communiqué paru également ce lundi, le gouvernement provincial dit concentrer ses efforts sur les travailleuses et travailleurs affectés. Des mesures comme les Centres POWER, le programme Meilleurs emplois Ontario, ainsi que les Services de formation pour un réemploi rapide (SFRR) sont déjà activées à Kapuskasing.

« Kap Paper espère que les travailleurs et leurs familles pourront bénéficier des programmes d’aides fédéraux. L’entreprise organisera la fermeture de l’usine de manière à garantir la sécurité du processus et à protéger l’environnement et les travailleurs », pouvait-on aussi lire dans le communiqué de l’entreprise.

La province rejette la faute sur le fédéral

« Notre gouvernement a travaillé en étroite collaboration avec Kap Paper dans le but de protéger les emplois à l’usine de papier de Kapuskasing », ont déclaré Mike Harris, ministre des Richesses naturelles, et Kevin Holland, ministre associé des Forêts et des Produits forestiers.

« Je ne pense pas qu’on ait été bien traités »
— Dave Plourde

Selon eux, l’Ontario a consenti plus de 50 millions de dollars pour couvrir les dépenses d’exploitation et soutenir un plan de relance.

La province reproche au gouvernement fédéral de ne pas s’être « joint à la table » pour maintenir l’usine en vie. « Notre gouvernement ne peut pas indéfiniment procurer cette aide sans le soutien actif et la participation du gouvernement fédéral », insiste la déclaration.

De son côté, le maire Plourde, qui est également le vice-président de la Fédération des municipalités du Nord de l’Ontario (FONOM) lance la balle au gouvernement provincial : « On avait de l’espoir avec le gouvernement fédéral qui est venu à la table après deux semaines et puis finalement la province a décidé qu’on allait juste pas continuer. »

« On travaille très fort pour ramener le gouvernement provincial à la table, et je ne sais pas si on y arrivera. C’est vraiment surprenant, car nous avons appris la nouvelle par leurs avocats et non par le ministre des Forêts. Je ne pense pas que nous ayons été bien traités », regrette-t-il, ajoutant que la déception est d’autant plus grande qu’il représentait les progressistes-conservateurs lors des élections de février dernier.

Le mois dernier, le gouvernement Carney a annoncé un soutien de 1,2 milliard de dollars pour l’industrie canadienne du bois d’œuvre, durement touchée par les tarifs et droits imposés par les États-Unis.

ONFR a lancé une demande de réaction au gouvernement fédéral et n’a pas encore obtenu de réponse au moment de publier ces lignes.

Des appels avaient été lancés récemment par la FONOM, le député de Mushkegowuk—Baie James Guy Bourgouin ou encore l’Association municipale du Nord-Ouest de l’Ontario pour sauver l’usine.

Soccer : le Forge Hamilton ne craint personne

Confiant et sûr de leur force, le Forge Hamilton, quadruples champions de la Première ligue canadienne (PLC), aborde le sprint final de la saison avec sérénité. Pour le jeune Amadou Koné comme pour le vétéran David Choinière, l’Atlético Ottawa, concurrent direct au titre, n’est pas une menace, mais une étape supplémentaire vers un doublé historique.

La fin de saison 2025 de la PLC s’annonce palpitante. À trois journées de la fin, deux clubs dominent les débats : le Forge FC Hamilton et l’Atlético Ottawa. Les deux formations se livrent un duel haletant pour le titre de la saison régulière. En arrachant un match nul (1-1) précieux sur le terrain de l’Atlético la semaine dernière, Forge s’est assuré de conserver son destin entre ses mains. Derrière, les hommes de Bobby Smyrniotis ont confirmé leur statut de patrons en étrillant le Pacific FC 4-0 le week-end dernier pour conserver deux longueurs d’avance sur Ottawa, vainqueur 3-0 face à Cavalry FC.

Du côté de l’équipe du sud-ouest de l’Ontario qui domine la ligue depuis sa création, la confiance est totale. On ne voit pas Ottawa comme une menace insurmontable, et c’est même tout l’état d’esprit résumé par un jeune attaquant prometteur du club, le Franco-Ontarien Amadou Koné.

Koné : « Ottawa, une bonne équipe mais pas une rivalité »

Auteur de son premier but de la saison face à Ottawa, sa ville natale plus tôt dans la saison, Koné symbolise l’équilibre fragile entre patience individuelle et ambition collective. S’il dispose de moins de temps de jeu que l’an dernier, il ne s’en alarme pas :

« Ce n’est pas facile, mais rien n’est facile dans la vie et encore moins dans le football. L’équipe gagne, et tout ce que je peux faire, c’est rester prêt, me donner aux entraînements et montrer pourquoi je mérite de jouer », explique-t-il

Le dernier match entre Ottawa et Hamilton s’est terminé avec quelques échauffourées, symbole de la tension entre les deux équipes sur cette fin de saison. Photo : Philippe Lariviere /Atletico Ottawa

Interrogé sur la rivalité naissante avec Ottawa, sa réponse est révélatrice du sentiment dans le vestiaire :

« Je ne peux pas dire qu’on est inquiet. Ottawa est une très bonne équipe, mais nous avons déjà affronté des Monterrey, des clubs de MLS. Notre standard est ailleurs. Si on joue à notre meilleur niveau, on peut gérer Ottawa comme les autres. Pour moi, ce n’est pas une rivalité, mais oui, il y a concurrence. »

Un discours lucide qui tranche avec les tensions aperçues lors du dernier affrontement entre les deux formations, marqué par quelques échanges musclés en fin de match. L’Atlético, désormais candidat crédible au titre, veut s’imposer comme l’équipe capable de détrôner le Forge. Mais dans le camp hamiltonien, la sérénité reste de mise.

Choinière et la recette du succès

S’il y a un joueur qui incarne la constance de Forge depuis la création de la ligue, c’est bien David Choinière. À 27 ans, le Québécois est le joueur francophone historique du club. Pour lui, la réussite de Forge repose avant tout sur la culture instaurée dès le départ :

« Ce sont les standards de l’équipe. Ici, dès le début de la saison, il y a un seul objectif : gagner tous les titres possibles. Ça demande de la discipline, de l’engagement et d’une profondeur d’effectif unique. Peu importe l’alignement, on sait qu’on peut gagner », souligne-t-il.

L’entraîneur Bobby Smyrniotis meneur d’homme et tacticien hors paire fait partie des raisons pour lesquelles le club connaît une telle stabilité au plus haut niveau. Photo : Philippe Lariviere /Atletico Ottawa

Chaque année, le Forge attire les meilleurs joueurs de la PLC, comme Brian Wright, Mo Babouli ou encore Dan Nimick qui ont rejoint le club cette saison, sans jamais bouleverser son noyau historique. Mais paradoxalement, aucun club n’a encore réussi à rafler à la fois la saison régulière et la phase finale. Choinière l’explique sans détour :

« L’an dernier, quand on a fini premier, il y a eu un relâchement. On s’est dit que la mission était déjà accomplie. Quand arrivent les playoffs, l’intensité monte d’un cran. On n’a pas su répondre de la même manière, et on est arrivé trop relax. Cette année, c’est un défi : personne n’a encore réussi le doublé, et nous, on veut le faire. »

Forge, le présent; Ottawa, l’avenir?

La lutte entre le Forge FC et l’Atlético Ottawa anime les débats jusque dans les déclarations des entraîneurs. Le coach d’Ottawa, Diego Mejia, a résumé ainsi la situation : « Forge est le présent de la ligue, Ottawa est l’avenir. »

Un constat que Choinière ne conteste pas totalement.

« L’Atlético est l’équipe qui a donné le plus de minutes aux U21 cette saison. Ils misent beaucoup sur la jeunesse. Mais nous, à Forge, on a trouvé un équilibre. Oui, on a plus d’expérience, mais on développe aussi des jeunes. Regardez Poku, Woobens Pacius : ils ont grandi ici avant de partir au niveau supérieur. C’est ça la force de Forge. »

L’exemple d’Amadou Koné illustre parfaitement ce mélange d’expérience et de jeunesse, mais aussi la difficulté accrue pour les jeunes joueurs de se faire une place dans l’équipe très compétitive de Bobby Smyrniotis. 

Amadou Koné célèbre son premier but en carrière en PLC, face à l’équipe de sa ville natale. Il avait permis aux siens d’accrocher un match nul précieux à Ottawa en tout début de saison. Photo : Michael Chisholm/Canadian Premier League

Le natif d’Ottawa vit une saison paradoxale, il a disputé moins de matchs et joué moins de minutes que l’an passé. Malgré cela, il souligne un encadrement précieux pour son développement :

« Il n’y a pas forcément plus de concurrence que l’an dernier. L’équipe est juste plus dynamique, plus polyvalente. C’est au coach de décider. Moi, je continue de travailler et j’apprends des vétérans », explique-t-il.  

« À chaque séance, les plus expérimentés me parlent, me donnent des conseils sur le positionnement, la lecture du jeu ou encore la concentration à garder devant le but. Ce sont des joueurs qui ont dix ans de carrière derrière eux et, pour moi, c’est une chance énorme de pouvoir évoluer à leurs côtés. Ils croient en moi, et ça me pousse à continuer même quand je joue moins », ajoute-t-il.

David Choinière, qui représente cet encadrement des vétérans ayant tout connu en PLC, croit en lui :

« Amadou a des qualités physiques spectaculaires, surtout sa vitesse. Il doit être patient, travailler ses points faibles et forts, mais il a le potentiel pour devenir titulaire en PLC. »

Une fin de saison sous haute tension

À trois journées de la fin, tout reste possible. Forge conserve un mince avantage et son destin est entre ses mains, tandis que l’Atlético rêve de créer la surprise.

Le calendrier promet encore des étincelles : Hamilton doit confirmer son autorité face à Valour FC et Cavalry FC, avant un ultime duel contre Vancouver FC. Ottawa, de son côté, cherchera à grappiller chaque point pour espérer doubler le Forge sur le fil. Les Ottaviens se déplaceront à Winnipeg pour affronter ValourFC avant de recevoir Vancouver FC et de conclure la saison sur la pelouse des Wanderers d’Halifax.

Quoi qu’il arrive, cette fin de saison s’annonce comme l’une des plus intenses de l’histoire de la PLC. Et à Hamilton, une chose est sûre : le Forge ne craint personne.

Immigrants francophones : une nouvelle aide juridique encore peu connue

TORONTO – Après plusieurs mois de déploiement progressif, un nouveau dispositif de soutien juridique pour les nouveaux arrivants francophones est en place au Centre francophone du Grand Toronto (CFGT), à l’échelle provinciale.

Au service d’aide juridique, d’emploi et d’établissement du CFGT, « on a constaté un réel manque de connaissances des nouveaux arrivants au sujet du système administratif et judiciaire au Canada », remarque Aïssa Nauthoo, vice-présidente du département.

Un grand nombre d’arrivées d’immigrants francophones depuis la pandémie a contraint le CFGT a réévaluer les besoins. Réservé uniquement aux nouveaux arrivants francophones depuis cette année, ce programme leur ouvre l’accès à des services de base comme de l’information et des conseils juridiques sommaires.

Pourvu d’une portée provinciale, cette nouvelle aide est également en mesure d’accompagner les nouveaux arrivants hors de la région de Toronto de manière virtuelle.

En outre, Mme Nauthoo précise que représenter les personnes devant la justice est également prévu. Les domaines de droit énoncés incluent l’immigration, le droit de la famille, l’emploi, le logement, etc.

Aïssa Nauthoo, au centre, travaille à la clinique juridique de la CFGT depuis plus de 20 ans. Photo : compte X d’Aïssa Nauthoo

Par ailleurs, l’organisme francophone s’est engagé à déployer 25 ateliers pédagogiques pour l’année, « mais c’est sûr qu’on va aller au-delà de 25 », anticipe la vice-présidente.

En bénéficiant d’une couverture fédérale à travers Justice Canada, et contrairement à la clinique juridique initialement présente au Centre, Aïssa Nauthoo explique que ce nouveau service est dispensé des critères d’éligibilité financière, et ce dans le but de libérer l’accès à l’aide juridique et d’aiguiser les connaissances des immigrants.

« Les conseils sommaires sont gratuits et sont prodigués à n’importe qui. On a aussi une ligne gratuite de soutien juridique ouverte tous les jours du lundi au vendredi », ajoute-t-elle.

Le service d’aide juridique du CFGT à Toronto travaille avec une trentaine de partenaires communautaires vu que ces organismes n’ont pas accès à une clinique juridique. Photo : Gracieuseté de Siham Barhomi

Mme Nauhtoo met le doigt sur l’implication de ce programme dans l’intégration des nouveaux arrivants francophones : « C’est là où ce programme-là fait vraiment une différence dans la vie de nos différents clients. Peu importe le revenu, nous sommes capables de donner de l’information juridique en français. »

L’année dernière, le Centre a procédé à une réévaluation des besoins juridiques des nouveaux arrivants francophones. Cette étude, qui a permis de débloquer le financement de ce dispositif, souligne aussi la multiplication des besoins des immigrants francophones pour des aides juridiques en langue française.

En tant qu’initiative du Plan d’action pour les langues officielles de 2023 à 2028, Aïssa Nauthoo note que le Centre a sollicité le ministère de la Justice au fédéral dans le cadre des fonds d’appui : « La clinique a répondu à l’appel et le projet a été financé pour la période de février 2025 jusqu’en mars 2026. »

Une désinformation exacerbée par le fossé culturel

Remplir un formulaire, compléter une demande de permis de travail, faire des parrainages, tels sont les types de services auxquels s’affairent les avocats et travailleurs juridiques recrutés pour le programme. Parmi eux, l’avocate en droit de la famille, Francesca Kacou, est arrivée en appui au mois de mai.

« Il y a aussi tout le bagage culturel que les gens apportent avec eux en venant au Canada », affirme-t-elle en évoquant le manque de connaissances de la plupart des nouveaux arrivants quant à leurs droits et les conséquences qui s’en suivent.

Le choc culturel justifie en grande partie les lacunes des personnes sur le fonctionnement des systèmes judiciaires : « Souvent, le droit n’est pas le même dans leur pays d’origine et ça limite leur compréhension et connaissance », estime Aïssa Nauthoo.

« Dès que vous effectuez une recherche Google, l’information apparait en anglais et cette barrière linguistique désoriente les gens. »
— Francesca Kacou, avocate qui contribue au nouveau service

En tant qu’experte en droit de la famille, Mme Kacou a géré de nombreux cas liés aux abus familiaux : « Par exemple, pour les personnes qui viennent d’Afrique subsaharienne, pour divorcer, il faut vraiment un gros motif, mais ici le cadre est différent. On leur fait comprendre que la violence familiale constitue un fondement légitime », raconte Mme Kacou.

La juriste se rappelle également de litiges impliquant des travailleurs vulnérables, en les mettant en garde quant aux abus. En effet, elle explique que certains nouveaux arrivants se sentent redevables après avoir reçu le parrainage d’un employeur, et deviennent victimes d’exploitation.

Elle met également en lumière la désinformation qui sévit entre les frontières. « Sur les médias sociaux, n’importe qui peut être dire quoi que ce soit et très souvent les gens ont tendance à écouter sans aller à la source », décrit l’avocate.

Une fois sur place, les informations nécessaires risquent également d’être mal transmises : « Certains ne savent pas qu’ils sont en droit de demander pour une audience en français, et acceptent de plaider en anglais avec un interprète. Cela va à l’encontre de la Loi sur les services en français et la Loi sur les langues officielles », martèle Mme Nauthoo.

Dans les milieux francophones en situation minoritaire, Me Kacou remarque que ces asymétries d’information sont aggravées : « Dès que vous effectuez une recherche Google, l’information apparait en anglais et cette barrière linguistique désoriente les gens. »

Le programme devrait se poursuivre jusqu’en mars 2026, et pour le moment, rien n’indique encore s’il sera prolongé. Une table ronde réunira prochainement des avocats et des travailleurs d’établissements afin de mieux comprendre les défis juridiques des nouveaux arrivants et proposer des pistes de solution.

Timmins : le service d’autobus interrompu en raison d’une grève

TIMMINS – Les autobus de Timmins Transit ne circuleront plus à compter de ce lundi, en raison d’une grève déclenchée par la section locale 1544 du Syndicat canadien de la fonction publique (SCFP).

Dans un communiqué publié dimanche, la Ville de Timmins a confirmé que l’ensemble des services de transport en commun seront interrompus, incluant les trajets réguliers, le service de transport adapté ainsi que la navette du Northern College.

La grève découle du rejet par les membres du syndicat de l’entente de principe conclue à la table de négociation. Le SCFP 1544 représente l’ensemble du personnel de Timmins Transit.

« La Ville de Timmins comprend les inconvénients que cette situation entraînera pour de nombreux usagers. Nous demeurons déterminés à travailler vers une convention collective juste et responsable, qui équilibre les besoins des employés du transport en commun, des passagers et des résidents », peut-on lire dans le communiqué.

La Ville invite les citoyens à suivre les mises à jour sur l’état des services et des négociations via son site web officiel ainsi que sur ses réseaux sociaux.

La maison de production Le Réveil ferme ses portes

OTTAWA – La maison de production franco-ontarienne Le Réveil met la clé sous la porte. C’est en tout cas ce qu’a déclaré ce dimanche son fondateur et directeur général, William Burton, sur le compte Facebook de l’organisme ottavien.

« J’ai voulu éveiller les jeunes, en espérant qu’eux aussi trouvent d’autres allumés qui sauraient leur montrer comment comprendre leur étincelle et la protéger avant que quelqu’un ne souffle dessus, confie William Burton dans une longue publication en ligne. Mais j’ai découvert les limites de ce rôle de porteur d’étincelles sans pouvoir être gardien de braises. »

Créé en 2015, Le Réveil s’était donné pour objectif de faire rayonner les arts et la culture francophone auprès des jeunes en milieu minoritaire. Par son entremise, de nombreux projets se sont développés dans les écoles de langue française, notamment avec des interventions d’artistes et de formateurs.

En plus de produire des contenus numériques axés sur la construction identitaire, la compagnie proposait des ateliers, conférences, animations d’événements et formation aux médias.

« J’ai vu des regards s’allumer pour un instant, un atelier, une semaine, relate le producteur et animateur William Burton, sans avoir la certitude que cette lumière pourrait survivre ensuite. Et parfois, j’ai eu peur que nos passages éphémères fassent plus de mal que de bien, en pensant aux méchancetés qui surgissent justement quand un jeune, dans un moment de vulnérabilité, commence à laisser paraître une flamme et qu’elle est attaquée par d’autres qui ne veulent pas se permettre d’être aussi courageux. »

Et d’énumérer plusieurs limites à son action comme la formation, le financement et la compétition entre les écoles. « Les enseignants, les animateurs culturels, les gouvernements étudiants et les communautés doivent être formés et financés pour soutenir l’éveil », dit-il, estimant que son organisme et ses partenaires ne pouvaient pas tout faire.

« C’était un changement plus grand, qui dépassait nos actions et relevait d’un mouvement collectif et systémique »
— William Burton, fondateur du Réveil

« Le cœur du rêve, cette flamme fragile, (…) demandait une continuité et une présence quotidienne qui allaient bien au-delà de ce que Le Réveil et ses partenaires pouvaient offrir dans le cadre d’un atelier, d’un spectacle ou d’un projet spécial. C’était un changement plus grand, qui dépassait nos actions et relevait d’un mouvement collectif et systémique », poursuit celui qui a reçu, en 2022, le prix Jeunesse de l’Assemblée de la francophonie de l’Ontario et a rebondi, depuis ce mois de septembre, sur un autre défi professionnel, en tant que coordinateur de programme au Centre d’entrepreneuriat (E-Hub) de l’Université d’Ottawa.

Son complice de longue date, le youtubeur Phil Rivière, considère la fin du Réveil comme « une grosse perte pour la francophonie canadienne, mais tous les jeunes qui se sont sentis inspirés par Le Réveil, j’ai l’espoir qu’ils vont prendre le flambeau et continuer à faire du stuff rassembleur en français. »

Et de conclure : « J’ai vu des dizaines de milliers de jeunes avoir du fun en français grâce à ces initiatives et je pense qu’on va continuer à en ressentir les impacts pendant longtemps. »

L’annonce de la fermeture du Réveil a suscité de nombreuses réactions en ligne, essentiellement des messages de félicitations et de reconnaissance pour son impact durant 10 ans.

Le French Part’Eh, une tradition bien ancrée dans le Sud-Ouest

WINDSOR – Depuis plusieurs décennies, ces soirées francophones, les ‘French Part’Eh’, sont organisées dans la région par l’ACFO Windsor-Essex-Chatham-Kent (ACFO-WECK) autour du 25 septembre, Jour des Franco-Ontariens. Ce vendredi soir, la communauté francophone et francophile tout entière se réunira et deux récipiendaires seront récompensés des Prix d’engagement communautaire pour leur contribution au rayonnement de la francophonie.

Une tradition de longue date, ces soirées de gala francophones de l’ACFO-WECK du Jour des Franco-Ontariens prennent le nom de French Part’Eh dès 2020.

Elles deviennent l’occasion pour la communauté francophone et francophile de toute la région Windsor-Essex-Chatham-Kent, les familles notamment, mais aussi les organismes engagés dans la promotion de la francophonie, de s’y retrouver.

Le Centre communautaire francophone de Windsor-Chatham-Kent, les deux conseils scolaires francophones, Providence et Viamonde, le Club Richelieu, le Collège Boréal, l’Université de Windsor, ou encore le Réseau-Femmes, y prennent part chaque année, de même qu’une délégation de l’Alliance française de Détroit.

« Le rassemblement développe le sentiment d’appartenance et de fierté de faire partie de la famille francophone. C’est aussi une occasion de célébrer la culture francophone qui a résisté à l’assimilation et qui continue de rayonner dans la région depuis plus de trois siècles », explique André Nsengiyumva, coordinateur de programme à l’ACFO-WECK. 

Yasmine Joheir, directrice générale du CCFWEK et présidente de l’ACFO-WECK, Gisèle Dionne, ancienne directrice générale de l’ACFO-WECK, John Cooper, créateur des Rendez-vous Détroit et de la visite guidée bilingue The Detroit French History Cruise, récipiendaire du Prix de l’engagement communautaire 2024, et Carole Papineau, vice-présidente de l’ACFO-WECK. Photo : gracieuseté de l’ACFO-WECK

Dîner du Part’Eh de l’édition 2023. Photo : gracieuseté de l’ACFO-WECK

Dîner du Part’Eh de l’édition 2023. Photo : gracieuseté de l’ACFO-WECK

Cet anniversaire symbolique du 50e du drapeau ne fera pas exception avec des festivités organisées dès 17 h au Beach Grove golf & country club de Windsor.

Dîner, réseautage et jeu par tirage au sort convivial sont de mise, mais également un programme musical et dansant avec un concert de l’artiste français et canadien Raphaël Delahaye folk et pop, connu sous le nom de Raph Delaé.

Chaque édition permet de valoriser un individu ainsi qu’un organisme, choisis pour recevoir un Prix d’engagement communautaire pour leurs contributions au rayonnement de la communauté francophone.

Cette année, c’est la Mairie de Windsor qui a été reconnue comme organisme de la région dont l’implication est remarquable, pour la place faite au drapeau franco-ontarien sur l’esplanade de la ville.

Peter Berry, vice-président du Port de Windsor, a quant à lui remporté le prix individuel, pour son soutien à la communauté en général avec notamment l’installation du nouveau monument de la francophonie devant le port.

Article mis à jour le 29 septembre.

Les artisans du drapeau franco-ontarien honorés à Sudbury

SUDBURY – Le traditionnel banquet de la francophonie de l’ACFO du Grand Sudbury a conclu, jeudi, une journée de festivités riches en émotions pour ce Jour des Franco-Ontariens. Cette année, le Prix de la francophonie a été remis aux membres du comité de création du drapeau franco-ontarien en l’honneur de son 50e anniversaire.

Près de 300 personnes étaient réunies jeudi soir dans le gymnase du Collège Boréal pour une longue soirée placée sous le signe de la nostalgie.

La soirée animée par Éric Robitaille de Radio-Canada, a débuté par un cocktail avant de se poursuivre par un repas aux saveurs ontariennes, des allocutions et la remise du prix.

Le coquetel a eu lieu à la salle Au pied du rocher du Collège Boréal de Sudbury. Photo : Dominique Demers/ONFR

Cette année, l’ACFO du Grand Sudbury a décidé de rompre avec la tradition en honorant plus d’un récipiendaire, avec un choix qui fait écho au 50e du drapeau franco-ontarien qui a vu le jour à Sudbury.

« Comme plusieurs le savent déjà, il a fallu près d’une quinzaine d’années pour que la communauté franco-ontarienne découvre les créateurs du drapeau », a souligné Danielle Barbeau-Rodrigue, vice-présidente du conseil d’administration de l’ACFO du Grand Sudbury, faisant référence à Gaétan Gervais et Michel Dupuis, tous deux disparus en 2018.

Elle a rappelé que le projet du drapeau franco-ontarien, longtemps rêvé par Gaétan Gervais, n’aurait pas pu voir le jour sans le soutien de plusieurs collaborateurs, ce que l’ACFO a voulu reconnaître.

De gauche à droite, Danielle Barbeau-Rodrigue, Nawfal Sbaa (ex-président de l’AEF, organisme également reconnu avec ce Prix), Donald Obonsawin, Normand Rainville, Nancy England, Yves Tassé et Marc Gauthier (président du CA de l’ACFO du Grand Sudbury). Le drapeau originel était projeté toute la soirée sur la scène. Photo : Rudy Chabannes/ONFR

Ce sont donc des membres du comité de création du drapeau franco-ontarien de 1975, soit Donald Obonsawin, Normand Rainville et Yves Tassé et Jacqueline England, qui se voient remettre cette distinction avec l’association des étudiants francophones de l’Université Laurentienne (AEF), soulignant l’engagement et la contribution d’individus à la vitalité de la francophonie locale depuis 1983.

« Je crois sincèrement que cette distinction a un sens plus profond. Nous devons tous saisir ici que l’avenir de la francophonie en Ontario est entre les mains de notre jeunesse bâtissante, qui saura forcément joindre l’authenticité à la modernité », a lancé Nawfal Sbaa, ex-président de l’AEF, qui fut le premier à prendre la parole et a rappelé que l’organisme a fêté, quant à lui, son 50e l’année dernière.

Un deuxième drapeau

Du côté du comité, Nancy England, fille de Jacqueline England, disparue en 2017, est venue recevoir le prix au nom de sa mère qui fut la couturière du premier drapeau de 1975. 

Le public a alors découvert l’existence d’un deuxième drapeau original également cousu par sa mère qui l’avait laissé en héritage à son petit-fils. « Il appartient maintenant à la communauté », a souligné Nancy England en remettant le deuxième drapeau à Joanne Gervais, directrice générale de l’ACFO du Grand Sudbury jeudi soir. 

Donald Obonsawin a offert le traditionnel toast du banquet en compagnie du président de l’AFO, Fabien Hébert. Photo : Inès Rebei/ONFR

Visiblement émue, elle a aussi expliqué que « chaque fois que nous voyons ce drapeau, c’est un fragment de l’esprit et de l’engagement de ma mère qui vit à travers lui. Pour ma famille et pour les Franco-Ontariens, c’est une immense fierté. »

« Je voudrais par contre réserver mes plus gros remerciements à vous, les Franco-Ontariens qui ont accepté le drapeau. Nous avons lancé une idée, un concept, mais il n’aurait jamais existé si la population ne l’avait pas accepté. Merci à tous pour votre soutien », a lancé l’actuel chancelier de l’Université de Sudbury, Donald Obonsawin après avoir salué la contribution des autres idéateurs du drapeau.

Un constat partagé par Yves Tassé dans son discours : « Notre contribution est petite, mais c’est la communauté qui a porté et défendu le drapeau pendant les 50 dernières années. Cette reconnaissance doit être partagée avec les milliers de personnes engagées dans la communauté franco-ontarienne. » 

Yves Tassé a fait allusion au documentaire de TFO, Raconte moi, animé par sa fille Isabelle Bourgeault-Tassé durant son discours pour répondre à la question de l’une des enfants qui se demandait si le comité avait conscience de l’importance de leur travail d’alors : « c’était un acte de témérité, de résistance ». Photo : Inès Rebei/ONFR

Il a également tenu à souligner l’importance de transmettre cet héritage aux générations futures avec un message en direction de ses petites-filles dont l’une d’entre elle était dans la salle : « Cette reconnaissance, je vais la laisser à mes deux petites filles [..] pour qu’elles puissent se souvenir et être garantes de l’histoire des Franco-Ontariens. » 

Normand Rainville a, quant à lui, fait une courte allocution laquelle a débuté par une boutade sur la ville d’Ottawa avec laquelle le comité était en compétition pour la conception d’un premier drapeau : « envoyer promener quelqu’un d’Ottawa c’était un doux rêve », a-t-il lancé, provoquant des rires dans la salle.

Le groupe a reçu un hommage appuyé du public qui s’est levé à plusieurs reprises pour de longs applaudissements et cris de félicitations.

Université de Sudbury et 30e du Collège Boréal

Avant la remise des prix, le recteur de l’Université de Sudbury, Serge Miville, a pris la parole pour saluer l’engagement des Franco-Ontariens dans le développement d’institutions francophones et a rappelé les années de lutte et de sacrifices nécessaires pour concrétiser l’établissement.

« Le combat a été ardu, avec des sacrifices familiaux et personnels, mais la communauté a toujours porté ce projet », a-t-il lancé. 

Il en a aussi profité pour souligner le rôle important que jouent les étudiants de la première cohorte, qui a fait sa rentrée au début du mois, lesquels étaient présents dans la salle tout en lançant, avec humour, des appels à leur embauche auprès de potentiels employeurs présents dans la salle.

« Ils sont brillants, et je peux vous dire, parce qu’on est assis avec eux, on les écoute », a lancé recteur Serge Miville au sujet des étudiants de la première cohorte de l’établissement depuis sa relance. Photo : Inès Rebei/ONFR

Enfin, il a lancé un appel à la population pour soutenir l’Université de Sudbury et les autres établissements de langue française : « Ensemble, nous pouvons assurer le succès de nos institutions et continuer à faire rayonner la francophonie ontarienne ».

Avant le banquet, un cocktail a permis de célébrer le 30ᵉ anniversaire du Collège Boréal, en présence de membres de la communauté et d’étudiants. Pour l’occasion, le président, Daniel Giroux, est revenu sur les circonstances entourant la création de l’établissement et son évolution au cours des trois dernières décennies.

Par ailleurs, bien que leur présence était attendue, les députés provinciaux et la lieutenante-gouverneure de l’Ontario Edith Dumont présents plus tôt au lever de drapeau n’ont pas pu assister à l’événement en raison des piquets de grève dans le réseau collégial ontarien.

Un financement de la lieutenante-gouverneure

Plus tôt dans la journée, celle qui est aussi la marraine des festivités du 50e avait lancé, à la Place des Arts, l’initiative provinciale « 50 ans de fierté! Ensemble pour demain », en partenariat avec l’Alliance culturelle de l’Ontario.

L’initiative, qui s’étend de septembre 2025 à l’automne 2026, est ouverte à tous les domaines artistiques : arts visuels, musique, danse, théâtre, médias numériques et projets interdisciplinaires.

Les projets sélectionnés pourront bénéficier d’un financement pouvant atteindre 10 000 $, ainsi que d’un mentorat régional.

La lieutenante-gouverneure lors de l’annonce à la Place des arts du Grand Sudbury. Photo : Dominique Demers/TFO

« Par cette initiative, nous lançons une invitation à toutes et tous : s’exprimer, raconter leur parcours et mettre en lumière leur créativité. Ensemble, façonnons une mosaïque vibrante qui témoigne de toute la richesse, de la diversité et de la vitalité de la francophonie ontarienne », a précisé Mme Dumont.

Les projets artistiques communautaires qui seront soutenus serviront d’éléments constitutifs pour produire une exposition collective présentée en Ontario, sur une plateforme Web bilingue et au Sommet de la Francophonie de 2026 au Cambodge.

Émotions, huées, annonces… Un Jour des Franco-Ontariens plein de surprises

Discours émouvants, lieutenante-gouverneure ovationnée à Sudbury, ministre des Collèges et Universités hué, annonce d’un million de dollars de subvention, drapeau permanent à Windsor, pluie perturbatrice à Ottawa et dans l’Est… Au-delà d’être celui du 50e anniversaire du drapeau vert et blanc, ce Jour des Franco-Ontariens n’avait absolument rien d’ordinaire.

Les célébrations du 50e ont débuté en grande pompe et sous un beau soleil à Sudbury par un tintamarre lancé depuis le campus de l’Université Laurentienne et qui s’est conclu là où tout a commencé : sur le campus de l’Université de Sudbury.

Accueillie par les ovations de plusieurs centaines de personnes, la lieutenante-gouverneure de l’Ontario et marraine des festivités du 50e, Edith Dumont, a prononcé le premier d’une série de discours de dignitaires, soulignant la diversité de la francophonie actuelle et l’importance de ces célébrations.

Celle qui est célèbrement connue pour être la première franco-ontarienne à occuper ce rôle a souligné l’évolution des francophones en Ontario depuis le tout premier lever de drapeau à l’Université de Sudbury le 25 septembre 1975 : « Nos voix sont amplifiées et notre contribution au développement de l’Ontario est recherchée et appréciée. »

Puis, la ministre des Affaires francophones, Caroline Mulroney, a annoncé un investissement d’un million de dollars cette année pour soutenir des événements mettant en valeur la contribution des francophones à l’Ontario et favorisant leur développement culturel et économique.

Photo : Rudy Chabannes/ONFR

À Sudbury, ministre hué et moments d’émotions

L’un des moments marquants a été l’accueil réservé au ministre des Collèges et Universités, Nolan Quinn. À son arrivée, une trentaine de personnes dans l’assistance l’ont hué, en écho à la grève des employés de soutien des collèges ontariens qui se poursuit depuis le 11 septembre.

Durant son allocution, ces manifestants lui ont ensuite tourné le dos et ont scandé des slogans pour l’exhorter à s’exprimer en français. 

La matinée a aussi été marquée par de vives émotions. Le recteur de l’Université de Sudbury, Serge Miville, a versé quelques larmes dès le début de son allocution. 

« Waw, il y a du monde », a-t-il lancé avant de s’interrompre, les yeux humides, suscitant une réaction chaleureuse de l’assistance. Il est ensuite revenu sur l’histoire de la relance de l’établissement, qui a accueilli sa première rentrée plus tôt ce mois-ci avant de lancer « Bienvenue chez vous! »

Puis, la directrice générale de l’ACFO du Grand Sudbury, Joanne Gervais, qui fut elle aussi accueillie par de forts applaudissements, a rendu un vibrant hommage à son frère, Gaétan Gervais, co-créateur du drapeau franco-ontarien. 

« Je suis convaincue qu’il serait tellement honoré par votre présence en si grand nombre ce matin. Je le vois avec son sourire croche, celui qu’il avait quand il savait qu’il avait fait un bon coup », a-t-elle confié, émue. 

À Toronto, chorale sous la pluie

À Toronto, la journée a débuté à Queen’s Park, où un premier lever de drapeau s’est déroulé avec les chants de choristes d’écoles francophones, sous une pluie battante. Le vice-président de l’Assemblée de la francophonie de l’Ontario (AFO), Luc Bonaventure Amoussou, s’est chargé de hisser le drapeau vers 9h30 avant que la pluie ne contraigne de poursuivre les discours à l’intérieur de l’édifice législatif.

Peu après 11h, un deuxième lever de drapeau s’en est suivi à l’hôtel de ville où la mairesse Olivia Chowa été acclamée par la foule lorsqu’elle a incité les administrés à demander plus de services en français. Dans la foulée, elle a déclaré le 25 septembre comme le jour des Franco-Ontariens dans la ville de Toronto.

La conseillère municipale Alejandra Bravo aux côtés de la mairesse Olivia Chow. Photo : Mickael Laviolle

Après que Jean Claude N’Da, président de l’ACFO-Toronto, ait hissé le drapeau, la journée s’est conclue par un concert de DJ Clem et Amadou Kienou. 

Les activités se poursuivent dans l’après-midi et en soirée avec notamment une conférence sur les services en français organisée par l’AFCO qui se déroulera à 17h30 dans la Rotonde du Metro Hall à Toronto. 

À Ottawa, 8000 jeunes au concert de la Place TD

À Ottawa, la pluie est venue jouer les trouble-fêtes. L’Association communautaire de Vanier a annulé son événement au Carré de la francophonie. L’Université d’Ottawa a annulé son tintamarre, mais a néanmoins tenu une cérémonie protocolaire à l’intérieur, en présence notamment de sa nouvelle rectrice, Marie-Eve Sylvestre, et de son vice-recteur associé, Francophonie, Yves Y. Pelletier. L’Agora du pavillon UCU était pleine de gens habillés de vert et de blanc, qui ont regardé ensemble le vidéoclip de Mon beau drapeau (nouvelle génération) et écouté l’hymne Notre place en lieu et place d’un lever de drapeau, impossible à réaliser à l’intérieur.

Une soirée de cinéma francophone et le lancement de saison du Centre de recherche sur les francophonies canadiennes (CRCCF) souligneront également les 50 ans du drapeau en soirée.

Photo : Rachel Crustin

À la Place TD, l’événement Ensemble, toujours debout du Conseil des écoles catholiques du Centre-Est (CECCE) fut couronné de succès. Environ 8000 jeunes de la troisième à la huitième année ont assisté à ce grand spectacle qui réunissait les artistes franco-ontariens JOLY, Gabrielle Goulet, DJ UNPIER, Céleste Lévis, Jessy Lindsay, Kimya, Makhena Rankin Guérin, Jonathan Dion, Kingh509, Mimi O’Bonsawin, Mehdi Cayenne et Mélissa Ouimet. Le tout a été animé par deux jeunes de 12e année, Asaël et Olivier, avec un aplomb qui mérite d’être souligné.

« Ce fut un évènement historique. Quelle ambiance électrisante! C’était tellement beau de voir un rassemblement avec autant d’élèves fiers de leur culture et de leur identité francophone », a commenté le directeur de l’éducation du CECCE, Marc Bertrand, en réponse à ONFR.

Un autre spectacle aura lieu en soirée à la Place TD. Baptisé Le cinq zéro, il s’adressera cette fois au grand public.

À Windsor, un drapeau pas prêt de redescendre

Un convoi de 14 bus scolaires a acheminé les quelque 700-800 élèves venus célébrer le demi-siècle du drapeau franco-ontarien au parc Dieppe aux abords de la rivière Détroit, peu après 10h.

Un joyeux tintamarre a lancé les festivités sous un ciel clément.

De la peinture verte et des toiles blanches à l’effigie du drapeau ont été mises à disposition par l’équipe du Centre communautaire francophone de Windsor Essex Kent (CCFWEK) pour que chaque élève puisse participer à une fresque collective, en trempant et en y apposant leur pouce vert.

Le 25 septembre à Windsor a débuté, au bord de la rivière Détroit, par un tintamarre réunissant plus de 700 élèves de la région. Photo : Sandra Padovani/ONFR

Des élèves du Conseil scolaire Providence venus célébrer le 50e du drapeau avec leurs enseignants. Photo : Sandra Padovani/ONFR

Les élèves ont pris part à la réalisation d’une fresque commune du drapeau franco-ontarien en peignant sur des toiles. Photo : Sandra Padovani/ONFR

La communauté francophone s’est peu à peu rassemblée devant l’hôtel de ville de Windsor pour assister au lever de drapeau. Photo : Sandra Padovani/ONFR

C’est l’ACFO Windsor-Essex-Chatham-Kent (ACFO-WECK) qui a présidé la cérémonie, avec Yasmine Joheir, la présidente, et Carole Papineau, la vice-présidente. Photo : Sandra Padovani/ONFR

Drew Dilkens, le maire de Windsor, annonce que le drapeau franco-ontarien sera désormais hissé de façon permanente devant l’hôtel de ville. Photo : Sandra Padovani/ONFR

L’étendard franco-ontarien qui flotte devant la mairie de Windsor après le lever de drapeau. Photo : Sandra Padovani/ONFR

Des professeurs francophones de l’Université de Windsor, dont Emmanuelle Richez, après le lever de drapeau au coeur du campus avec, entre autres, le député francophone de Windsor-Tecumseh Andrew Dowie. Photo : Sandra Padovani/ONFR

La foule s’est ensuite déplacée à pied et en musique jusque devant la mairie de Windsor pour assister à 11h au lever du drapeau franco-ontarien, organisé par l’ACFO Windsor-Essex-Chatham-Kent (ACFO-WECK).

Près de 1000 Franco-Windsorois, de naissance et d’adoption se sont ainsi réunis.

Le maire de Windsor Drew Dilkens a créé la surprise en annonçant que ce drapeau cher à la communauté francophone serait désormais hissé de façon permanente devant la mairie de Windsor.

« Chaque année vous m’inspirez avec la fierté que vous avez à être Franco-Ontariens. C’est un honneur pour moi de hisser ce drapeau en ce 50ème anniversaire. »

Deux élèves du secondaire de chacun des conseils scolaires Via Monde et Providence ont également exprimé leur fierté de leur appartenance franco-ontarienne et l’importance que revêt le 50e anniversaire de leur drapeau.

Le DJ montréalais Lionel Groove a ensuite ambiancé toute la foule de son rap francophone.

Vers 13h, l’Université de Windsor a elle aussi organisé son propre lever du drapeau franco-ontarien, et ce, pour la deuxième année consécutive. Présidé par Emmanuelle Richez, professeure agrégée du département des Sciences politiques de l’université et vice-présidente du Conseil scolaire Viamonde, le corps enseignant et les élèves francophiles et francophones étaient au rendez-vous pour ce 50e anniversaire.

Dans l’Est, un cinquante géant

Plus de 600 élèves de l’École élémentaire catholique Embrun ont célébré le 25 septembre le 50e anniversaire du drapeau franco-ontarien.

La célébration s’est voulue marquante en touchant les 5 sens, mais surtout les cœurs. 

Musique, danse, mascotte, photo collective où toute la communauté scolaire forme ensemble un 50 géant, sans oublier les petits gâteaux verts et blancs : rien n’a été laissé au hasard pour faire de la journée un moment inoubliable.

Photo : Amine Harmach/ONFR

Des activités sportives et artistiques en français, animées par et pour les élèves de la maternelle à la 6e année, ont précédé un grand tintamarre au Monument de la francophonie à Embrun, finalement reporté au vendredi 26 septembre en raison de la pluie.

« Dès la rentrée, nous avons commencé à parler du 50e de notre drapeau pour créer un engouement. Plusieurs élèves et membres du personnel se sont impliqués afin de rendre cette journée des plus mémorable », souligne Marie-France Grégoire-Cayer, enseignante ressource. Selon elle, plusieurs personnes ont mentionné avoir ressenti des frissons pendant « que toute notre communauté scolaire était rassemblée pour chanter Mon beau drapeau ».

« La fierté était au rendez-vous! Notre but ultime est de faire aimer la francophonie, car au bout du compte, on protège toujours ce que l’on aime », a-t-elle conclu. 

Ailleurs en Ontario

Kapuskasing.

Timmins.

Hearst.

Sarnia.

Welland.

North Bay, la ville d’origine de l’un des créateurs du drapeau, Michel Dupuis, disparu en 2018. La famille Dupuis était d’ailleurs présente pour la cérémonie dans cette ville qui a récemment décidé de le hisser de manière permanente dans un proche avenir. Photo : gracieuseté des Compagnons des Francs Loisirs de North Bay

Le drapeau franco-ontarien hissé de façon permanente à Windsor

WINDSOR – L’étendard vert et blanc ornera la devanture de l’hôtel de ville de Windsor de façon permanente, a annoncé ce matin le maire Drew Dilkens, avant le lever de drapeau du 25 septembre. Une grande première et une bonne nouvelle pour la communauté francophone de la région, en ce Jour des Franco-Ontariens.

C’est pour la toute première fois aujourd’hui que le drapeau franco-ontarien est installé devant l’hôtel de ville de Windsor pour y rester. Un geste d’ordinaire symbolique, mais qui était jusqu’alors ponctuel autour du 25 septembre, Jour des Franco-Ontariens.

Il trônera dorénavant au sommet d’un nouveau mât dédié à ce symbole de la francophonie. En effet, l’Esplanade, la toute nouvelle place rénovée de l’hôtel de ville de Windsor et inaugurée en juillet 2025, a permis d’en intégrer un quatrième.

Le maire de Windsor Drew Dilkens a mis l’emphase sur la riche histoire française de la région, avec un rappel historique sur l’explorateur Antoine de Lamothe-Cadillac qui fondé fort Pontchartrain à Détroit, avant d’annoncer la nouvelle.

« La raison pour laquelle je suis si fier aujourd’hui, c’est parce que j’annonce que le drapeau franco-ontarien restera de façon permanente sur cette place rénovée de la mairie », a-t-il révélé sous des trombes d’applaudissements et de cris de joie de l’audience.

« On s’est beaucoup battu pour, a raconté au micro d’ONFR Yasmine Joheir, directrice générale du Centre communautaire francophone de Windsor-Essex-Kent (CCFWEK). Il nous aura fallu entre cinq à six ans de négociation. J’étais alors trésorière de l’ACFO quand ça a commencé. »

Andrew Dowie, député de Windsor–Tecumseh, avec Yasmine Joheir, directrice du CCFWEK et présidente de l’ACFO-WECK. Photo : Sandra Padovani/ONFR

Le maire de Windsor Drew Dilkens durant son annonce, avant le lever du drapeau franco-ontarien. Photo : Sandra Padovani/ONFR

Le drapeau franco-ontarien permanent a pris sa place devant l’hôtel de ville de Windsor. Photo : Sandra Padovani/ONFR

Ce qui a fait pencher la balance, « c’est le poids des Franco-Windsorois, de souche ou nouvellement arrivés. Nous faisons beaucoup de sensibilisation sur la nécessité de faire entendre nos voix, en demandant systématiquement des services en français par exemple », explique Mme Joheir.

« Ce drapeau est un repère important qui rentre dans la création identitaire de nos jeunes. Être francophone, ça doit être sensibilisé et intégré dès la maternelle. Ce vert et blanc représente la fierté francophone et dit ‘nous sommes franco-ontariens et nous sommes là pour rester. »

Parmi leurs requêtes durant les consultations communautaires avec la mairie, le CCFWEK et l’ACFO Windsor-Essex-Chatham-Kent (ACFO-WECK) ont également demandé le déplacement et la mise en avant du monument des noms des pionniers francophones.

Celui-ci se trouve en effet toujours derrière l’ancienne mairie de Windsor, déménagée en 2018. Une restructuration qui nécessiterait qu’un budget conséquent soit mobilisé selon Mme Joheir.

Un drapeau, une fierté : l’histoire du drapeau franco-ontarien

Il est partout le 25 septembre, mais connaissez-vous la véritable histoire du drapeau franco-ontarien? De sa création en 1975 à son statut d’emblème officiel de la province, la journaliste Rachel Crustin vous résume le parcours d’un symbole de fierté et de résilience. Plongez au cœur de ses symboles et des moments marquants qui ont fait de ce drapeau ce qu’il est aujourd’hui.

Du symbole à l’icône : le drapeau franco-ontarien en 10 dates

Il y a 50 ans, le drapeau franco-ontarien flottait pour la première fois dans le ciel sudburois, prélude à un demi-siècle d’affirmation identitaire et de combats politiques. Voici 10 dates qui ont forgé sa renommée.

1975 : premier lever à Sudbury

En pleine ébullition culturelle et communautaire en Ontario français, le drapeau est hissé pour la première fois le 25 septembre 1975, sur le parvis de l’Université de Sudbury par Michel Dupuis, un étudiant de l’Université Laurentienne.

Derrière sa création, un groupe d’étudiants engagés, fédérés par un chargé de cours bientôt professeur d’histoire : Gaëtan Gervais. Tous sont animés par le désir commun d’affirmer l’identité franco-ontarienne. On y retrouve Michel Dupuis, Yves Tassé, Donald Obonsawin, Normand Rainville et Jacline England qui coudra le premier exemplaire.

Michel Dupuis, étudiant de La Laurentienne, hisse le drapeau franco-ontarien devant l’Université de Sudbury le 25 septembre 1975. Photo : Université de Sudbury

1979 : sur le toit de la résistance

Le drapeau n’est pas immédiatement et uniformément adopté par la communauté à travers la province. L’Association canadienne-française de l’Ontario (ACFO) l’adopte en 1977 avant qu’il ne fasse des émules au coeur d’une crise scolaire en 1979. Il est érigé sur le toit de l’École secondaire de la Huronie, à Penetanguishene. Non reconnu par la province qui refuse d’ouvrir une école de langue française dans cette région, l’établissement est rebaptisé École de la résistance.

Au cours de cet épisode majeur dans la conquête des droits des francophones, le drapeau est brandi par les défenseurs de la scolarité francophone durant un conflit qui trouvera son épilogue en 1982, à la suite d’une décision de justice donnant raison à la communauté. 

École secondaire de la Huronie. Photo : Julien Laramée

1997 : étendard de SOS Montfort

Le gouvernement de Mike Harris pensait fermer un hôpital parmi d’autres. Il a au contraire ouvert une brèche et récolté la colère. Le 22 mars 1997, plus de 15 000 Franco-Ontariens manifestent à Ottawa contre la fermeture de l’hôpital Montfort, munis de drapeaux verts et blancs, symboles d’un ralliement nourri par la verve de la militante Gisèle Lalonde. Le Mouvement SOS Montfort est en marche.

Il faut sauver l’unique hôpital francophone de la province. Ce sera bel et bien le cas, deux plus tard, la cour divisionnaire de l’Ontario reconnaissant aux francophones le droit constitutionnel à des institutions essentielles. La cour d’appel ira dans le même sens en 2001, contraignant le gouvernement à abandonner son projet en 2002.

Manifestation pour S.O.S. Montfort dans les rues d’Ottawa. Madeleine Meilleur (ministre déléguée aux Affaires francophones et procureure générale de l’Ontario), Gisèle Lalonde, Mauril Bélanger (député libéral fédéral, Ottawa-Vanier) et Bernard Grandmaître (arrière-plan). Photo : Étienne Morin, Le Droit, 16 mars 1997.

2001 : symbole de la communauté

Le 29 juin 2001, Queen’s Park reconnaît le drapeau franco-ontarien comme emblème officiel des Franco-Ontariens. Un geste hautement symbolique célébré par la communauté comme une victoire : la bannière vert et blanc n’est plus seulement une banderole militante mais un emblème identitaire renforçant la légitimité des francophones et leur sentiment d’appartenance.

À l’origine de la motion : l’ancien député de Glengarry-Prescott-Russell Jean-Marc Lalonde. « Ce projet n’aura aidé qu’à renforcer la présence des francophones aux quatre coins de l’Ontario », dira plus à ONFR l’ancien maire de Rockland.

L’ancien député Jean-Marc Lalonde. Photo : gracieuseté Jean -Marc Lalonde

2006 : dans le ciel sudburois pour toujours

En décembre 2006, tout juste élu maire de Sudbury, John Rodriguez fait flotter d’autorité, et en tout temps, le drapeau franco-ontarien sur la place Tom-Davies, devant l’hôtel de ville, offrant une reconnaissance officielle attendue de longue date par la communauté. Un geste qui contraste avec 2003 lorsque le conseil municipal avait rejeté par sept voix contre cinq une motion de cet ordre.

À l’époque, Jim Gordon s’y était opposé, invoquant le risque de privilégier une communauté au détriment des autres. Ottawa, Embrun, Clarence-Rockland, Timmins, Hearst, North Bay, Windsor, Welland, Hamilton… Nombre de municipalités font flotter ce drapeau en permanence de nos jours.

Lever de drapeau devant l’hôtel de ville. Photo : ACFO du Grand Sudbury

2010 : indissociable du Jour des Franco-Ontariens

En 2010, le gouvernement ontarien proclame le 25 septembre comme le Jour des Franco-Ontariens. Le choix de la date n’est pas anodin. Il coïncide avec le jour du premier lever du drapeau à l’Université de Sudbury en 1975. Adopté à l’unanimité le 26 avril 2010, le projet de loi déposé par la ministre des Affaires francophones de l’époque, Madeleine Meilleur, consacre un peu plus la place du drapeau et son lien intime avec la francophonie.

Avant cette date, la communauté se raccrochait à la Saint-Jean-Baptiste, le 24 juin, fête nationale des Canadiens français, un repère identitaire pour tous les francophones au pays.

Madeleine Meilleur (ici au côté de Bernard Grandmaître au 13e Gala des Prix Bernard-Grandmaître) détient la plus grande longévité à la tête du ministère des Affaires francophones. Photo : Le Droit, 22 février 2013. Photographie d’Étienne Ranger. Université d’Ottawa, CRCCF, Fonds Le Droit – C71, Ph92-120 224-907.

2015 : vedette des 400 ans de présence en Ontario

Sur les traces de Samuel de Champlain qui a silloné en 1615 la rivière des Outaouais et les Grands Lacs, l’Ontario fête 400 ans de présence francophone sur son territoire en 2015. Les célébrations qui allient rassemblements, concerts, activités et expositions se déploient autour d’un élément central : le drapeau franco-ontarien, omniprésent.

Ce dernier est hissé dans de nombreuses municipalités, souvent accompagné de cérémonies officielles. L’année 2015 rappelle alors aux Ontariens leurs racines francophones tout autant que le drapeau vert et blanc en est le symbole incontournable.

Les acteurs sociaux et politiques de la province à Penetanguishene. Photo Archives ONFR/Étienne Fortin-Gauthier

2018 : Jeudi noir, colère verte

Sitôt arrivé au pouvoir, le gouvernement Ford tranche dans le vif dès son premier budget, le 15 novembre 2018, en annulant le projet d’Université de l’Ontario français et en supprimant le poste de Commissaire aux services en français. Les drapeaux franco-ontariens reprennent du service dans une contestation qui réunira près de 14 000 personnes à Ottawa devant le Monument canadien des droits de la personne, et 5000 autres à Sudbury et Toronto. C’est le Jeudi noir de l’Ontario français.

L’UOF sera finalement relancée, financée et inaugurée, tandis que le Commissariat sera rattaché au Bureau de l’ombusdman de l’Ontario.

Les Franco-Ontariens protestent massivement à Ottawa le 1er décembre 2018 contre les coupes Ford. Photo : La Presse canadienne/Patrick Doyle

2020 : érigé au rang d’emblème de l’Ontario

21 septembre 2020, l’Assembbée législative de l’Ontario adopte à l’unanimité le projet de loi 182, faisant du drapeau franco-ontarien un emblème de la province. Il rejoint le trille blanc, le drapeau provincial, le tartan, le huard, le pin blanc, l’améthyste, et les armoiries, grâce à une députée de la majorité conservatrice, Nathalia Kusendova-Bashta.

Dans la foulée, il investira de façon permanente le fronton de Queen’s Park, l’arrière-plan des conférences de presse, les salles de comité, ainsi que la chambre législative au-dessus du siège du président, à la suite d’une motion de la députée Lucille Collard, adoptée elle aussi à l’unanimité.

Les huit symboles officiels de l’Ontario : le trille blanc, le drapeau franco-ontarien, les armoiries, le pin blanc, le drapeau ontarien, l’améthyste, le tartan et le huard. Montage Rudy Chabannes/ONFR

2025 : boucler la boucle et ouvrir la suivante

De Hearst à Windsor et d’Embrun à Welland, des milliers de personnes rejoindront les festivités du Jour des Franco-Ontariens, ce jeudi, que ce soit pour contempler un lever de drapeau, assister à un concert ou encore chanter l’hymne Mon beau drapeau. Sudbury, là où tout a commencé, occupera une place toute particulière.

Un tintamarre devrait rassembler dès ce matin une foule nombreuse entre les universités Laurentienne et de Sudbury, tandis que la fête se poursuivra à la Place des Arts du Grand Sudbury pour une réception de la lieutenante-gouverneure, puis le banquet des Franco-Ontariens – au sein du Collège Boréal – qui chaque célèbre la communauté et dévoile le traditionnel Prix de la francophonie.

TFO, pour tous les Franco-Canadiens

SUDBURY – TFO a profité de la présence de nombreux Franco-Ontariens à Sudbury mercredi soir pour lancer sa saison 2025-2026, à la veille du Jour des Franco-Ontariens et du 50e anniversaire du drapeau. C’est à la Place des arts du Grand Sudbury que s’est déroulée la soirée animée par deux vedettes de la chaîne cette saison : Evelyne Roy-Molgat et Barbada.

TFO. C’est pour moi. Pour toi. Pour nous! C’est le nouveau slogan adopté par le diffuseur public franco-ontarien, qui souhaite rassembler les jeunes et leurs adultes autour de contenus éducatifs et divertissants.

La programmation a été pensée en fonction de quatre grands axes : le contenu ludo-éducatif, la jeunesse en action, le contenu qui nous parle et nous rassemble et le 50e anniversaire du drapeau franco-ontarien.

Les animatrices Evelyne Roy-Molgat et Barbada. Photo : Dominique Demers/TFO

Pour souligner cette nouvelle saison, plusieurs dignitaires ont fait le déplacement comme la ministre des Affaires francophones, Caroline Mulroney, la sous-ministre aux affaires francophones, Roda Muse, ou encore la lieutenante-gouverneure franco-ontarienne Edith Dumont.

Dans son allocution, la ministre Mulroney a d’ailleurs salué la mission de du radiodiffuseur public : « Vous êtes une fabrique culturelle incomparable, un écrain de créativité indispensable. Ensemble, nous faisons rayonner le français, nous facilitons l’apprentissage et nous bâtissons un avenir francophone, audacieux, inclusif et durable. »

Plusieurs panels de discussions ont ponctué la soirée, mettant en lumière les coulisses des émissions et le rôle des acteurs clés qui les ont propulsé.

Xavier Brassard-Bédard, président-directeur général de TFO. Dominique Demers/TFO

La lieutenante-gouverneure de l’Ontario, Edith Dumont. Photo : Dominique Demers/TFO

La ministre des Affaires francophones et présidente du Conseil du trésor de l’Ontario, Caroline Mulroney. Photo : Inès Rebei/ONFR

Le public à la Grande Salle de la Place des Arts. Photo : Dominique Demers/TFO

Une vingtaine de productions originales

Les jeunes de cinq ans et moins pourront continuer de bouger avec la troisième saison de Mini-Yoga (la moitié des épisodes sont déjà en ligne) et de s’éduquer sur des thèmes importants du quotidien avec la deuxième saison de Camp Kazoo (hiver 2026), deux productions originales internes de TFO.

La deuxième saison de Féeli Tout continuera de transmettre l’amour de la lecture, dès le 1er octobre. Celle des Jeux de la Fontaine fera cette fois découvrir les sports olympiques d’hiver, toujours avec les drolatiques animaux-athlètes.

Pour sa part, la série coproduite par la boîte franco-manitobaine Zoot Pictures Les copains, qui suit les aventures d’une jeune autochtone, verra ses saisons deux (déjà en ligne) et trois (au printemps) être déployées cette année.

Un autre camp s’ajoute à TFO en 2025. Produit par la boîte Prestigo, Camp penses-tu? souhaite développer la pensée critique des enfants et leur donner leurs premiers outils d’accès à la philosophie. La série se présente un peu comme la petite sœur de PhiloPhilo, qui visait les préadolescents et dont les quatre saisons sont disponibles sur le site de TFO.

Cette fois, la série s’adresse officiellement aux 6-8 ans, mais risque de rejoindre un public un peu plus jeune. Camp penses-tu? alterne entre des scènes de fiction, où des enfants dans un camp de vacances vont vivre différentes situations les amenant à se questionner sur différents thèmes du quotidien, et des scènes où des jeunes franco-ontariens jouent et discutent sur les mêmes thèmes.

Camp penses-tu? veut stimuler la pensée critique des jeunes de six à huit ans. Photo : TFO

Ces derniers sont accompagnés par l’animateur et humoriste Jonathan Dion, qui joue un peu le rôle de moniteur de camp de jour, faisant écho à Papaye (Florence Lacombe-Soucy) et Spag (Clifford Leduc-Vaillancourt).

Les préadolescents peuvent découvrir dès maintenant des séries destinées à les inspirer. Rebelles dresse le portrait de sept femmes canadiennes audacieuses. Le premier épisode, déjà en ligne, raconte l’histoire des sœurs Béatrice et Diane Desloges, qui ont mené la bataille des épingles à chapeaux en 1916.

Les séries documentaires Startup (déjà en ligne) et Champions (hiver 2026) mettent respectivement en valeur de jeunes entrepreneurs et de jeunes champions sportifs issus de la francophonie canadienne.

« Les ados se voient dans l’écran, ils se reconnaissent dans les histoires et réalisent que ce sont des francophones comme eux. On a choisi des jeunes de milieux très différents – familles haïtiennes, iraniennes, franco-ontariennes, franco-manitobaines – et ça montre que tu n’as pas besoin d’un français parfait pour faire partie de cette diversité », a confié la réalisatrice de Champions, Mylène Simard.

De gauche à droite, l’entrepreneur Julien Hodge, la réalisatrice Mylène Simard, la comédienne Florence Lacombe-Soucy et humoriste Evelyne Roy-Molgat. Photo : Dominique Demers/TFO

En fiction, Bana Konesans aborde les thèmes du patrimoine afrodescendant et de la transmission intergénérationnelle grâce à l’histoire de Sarah-Akéli et Max, qui découvrent une cave magique dans le sous-sol de leur grand-mère.

Yao, l’artiste franco-ontarien d’Ottawa, a présenté la série, dont il est l’un des acteurs. Il espère qu’elle permettre non seulement aux jeunes issus de l’immigration africaine de mieux comprendre leur héritage, mais aussi aux autres de disposer d’outils pour en parler de manière constructive et inclusive.

« Le dernier recensement montre que les sept principaux pays d’immigration francophone en Ontario sont en Afrique. Nos communautés changent à vue d’œil : ce sont nos collègues, nos professeurs, les élèves dans nos classes. Comprendre leur histoire, c’est essentiel pour mieux les accueillir », a-t-il lancé suivi d’applaudissements de l’assistance.

De gauche à droite : la comédienne Josée LeBlanc, le directeur principal, services à la communauté éducative de TFO, Éric Génier, l’artiste comédien Yao et la directrice principale des contenus de TFO, Marianne Lambert. Photo : Dominique Demers/TFO

TFO, aussi pour les adolescents et les adultes

Les plus grands ont aussi droit à des séries documentaires originales, notamment avec la troisième saison de La faune connectée.

En nouveauté, la production interne de TFO L’histoire sans faim mélange la fiction, l’animation 2D et le documentaire pour faire découvrir « l’histoire dramatique de nos aliments. »

Dans Drag d’la tête aux pieds, Barbada et Sami Landry parcourent le Canada pour aller à la rencontre d’artistes de la drag. Barbada a profité de l’événement pour proposer une prestation de drag sur des musiques d’artistes franco-ontariennes.

Après son numéro, celle-ci a demandé au public s’il s’agissait de leur premier spectacle de drag, ce à quoi un bon nombre ont répondu par l’affirmative.

« C’est beaucoup mieux normalement, je vous rassure », a-t-elle rétorqué en plaisantant.

Barbada et Sami Landry explorent la scène de la drag franco-canadienne dans Drag d’la tête aux pieds. Photo : TFO

Dans Les apprentis, l’humoriste et animatrice Evelyne Roy-Molgat visite le plus grand concours de métiers spécialisés au Canada. En fiction, TFO ferme la boucle de Gang de hockey avec la troisième et ultime saison, disponible à l’hiver 2026.

Également disponible dès l’hiver, les capsules Ma vie avec l’IA « vulgarisent les impacts de l’intelligence artificielle sur l’information qu’on consomme. »

Pour les adultes, le long-métrage documentaire 1001 couronnes pour ma tête présente « l’histoire et de la culture africaine à travers le prisme de ses coiffures ».

L’idée du projet est née d’une expérience personnelle de la réalisatrice Habibata Ouarme : en cherchant des coiffures adaptées à ses cheveux naturels, elle découvre que certaines tresses ou chignons portaient autrefois une signification précise – statut social, situation matrimoniale, appartenance culturelle.

« Je me suis demandé pourquoi je n’avais jamais appris ça et j’ai voulu le partager au grand public », a-t-elle expliqué, voyant dans le documentaire une façon de célébrer la culture et la différence. Il sera en ligne le 27 octobre.

De gauche à droite, Philippe Brunet, directeur de l’information et des affaires publiques, Jocelyn Forgues, la réalisatrice Habibata Ouarme et l’artiste drag Barbada. Photo : Dominique Demers

Le long-métrage franco-ontarien Et maintenant? raconte l’histoire de Vincent, un chansonnier qui reçoit un diagnostic de cancer de la langue. Le scénariste et réalisateur qui s’est présenté comme un Franco-Canadien, Jocelyn Forgues, a confié s’être inspiré de sa propre expérience : il a lui-même été diagnostiqué d’un cancer agressif il y a une douzaine d’années, dont il est depuis en rémission.

« J’ai écrit le film que moi j’aurais eu besoin de voir pour traverser cette épreuve. Si cette histoire peut aider quelqu’un d’autre, alors elle aura rempli sa mission », a-t-il lancé devant un public visiblement ému. Cette production d’ATO Média sera en primeur sur TFO en mars 2026.

Les 50 ans du drapeau franco-ontarien

Les enfants d’aujourd’hui ont accès aux cultures de partout à travers le monde, souvent dominées sur les grandes plateformes par les Américains et les Français. TFO veut stimuler le sentiment d’appartenance franco-ontarienne chez les jeunes vivant dans la province.

Le public a aussi pu découvrir la nouvelle chanson Lève ton drapeau écrite par Josée LeBlanc (Mini TFO) et composée par Rémy Perrin. Le vidéoclip a été tourné à Sudbury, avec la participation de plus de 180 enfants des écoles de la région.

Le touchant documentaire Raconte-moi joue la corde de l’émotion, alors qu’il laisse la parole aux enfants franco-ontariens. Les participants, âgés de cinq à 11 ans, racontent ce qu’ils connaissent et comprennent de l’emblème franco-ontarien. Ils rencontrent la chroniqueuse sudburoise Isabelle Bourgeault-Tassé, fille d’Yves Tassé, l’un des co-créateurs du drapeau vert et blanc.

Isabelle Bourgeault-Tassé, au centre, a raconté avoir été complètement bouleversée lorsqu’un enfant lui avait demandé, sur le tournage, si les créateurs du drapeau en 1975 mesuraient l’importance de leur geste. Photo : Dominique Demers/TFO

Celle-ci a rappelé, mercredi soir, que si les enfants connaissaient peu l’histoire du drapeau au départ, ils ont démontré une capacité étonnante à s’y attacher et à l’interpréter à leur manière.

« Les enfants avaient une innocence dans leurs questions que j’ai trouvée charmante et brillante. Quand l’un d’eux a demandé  »qui a inventé les Franco-Ontariens », je me suis dit que c’était la meilleure question. Des historiens se la posent encore aujourd’hui », a-t-elle témoigné devant un public conquis.

Les enfants de Raconte-moi célèbrent l’anniversaire du drapeau en compagnie d’Isabelle Bourgeault-Tassé. Photo : TFO

L’animateur Stef Paquette s’occupe de raconter l’histoire du drapeau dans des mots que les jeunes téléspectateurs vont comprendre, et qui vont tout de même apprendre quelques informations aux parents. D’ailleurs, ces derniers non plus n’étaient pas nés en 1975, comme le fait remarquer l’un des jeunes participants.

Le documentaire de 22 minutes est ponctué de salutations provenant des écoles de partout en Ontario et de personnalités publiques franco-ontariennes : d’Improtéine à Luce Dufault, en passant par LeFLOFRANCO, Jean Marc Dalpé, Rachelle Élie, Katherine Levac, Céleste Lévis, Patrick Groulx, Chéli Sauvé-Castonguay et plusieurs autres.

Cinq façons de souligner les 50 ans du drapeau franco-ontarien

Des dizaines d’événements ont lieu chaque année le 25 septembre, pour souligner le Jour des Franco-Ontariens et des Franco-Ontariennes. En 2025, les célébrations sont encore plus significatives, puisqu’elles marquent les 50 ans du drapeau franco-ontarien. Voici quelques façons de souligner cette journée.

À Sudbury, là où tout a commencé

L’Assemblée de la francophonie de l’Ontario (AFO), l’Université de Sudbury et l’Association canadienne-française de l’Ontario (ACFO) du Grand Sudbury organisent l’événement officiel du cinquantenaire du drapeau vert et blanc.

Un rassemblement aura lieu dès 9 h 45 à la Place des fondateurs de l’Université laurentienne. À l’image des Acadiens qui en ont fait une tradition, les Franco-Ontariens ont l’intention de faire du bruit, créant un grand tintamarre qui les mènera jusqu’à l’Université de Sudbury.

C’est là qu’aura lieu le lever du drapeau, au même endroit où il a été hissé pour la toute première fois, le 25 septembre 1975.

Cet événement solennel est parrainé par la première Franco-Ontarienne à occuper le poste de lieutenante-gouverneure, Edith Dumont.

La lieutenante-gouverneure Edith Dumont a quelques événements à l’horaire de sa visite officielle à Sudbury cette semaine, dont le tintamarre du drapeau, les 30 ans du Collège Boréal et le lancement de TFO. Photo : Cole Burston

Un BBQ communautaire préparé par la Police provinciale de l’Ontario (PPO) suivra. En soirée, c’est au Collège Boréal qu’aura lieu le traditionnel Banquet des Franco-Ontariens de l’ACFO-Sudbury, qui décernera son Prix de la francophonie. Le Collège fête lui-même son 30e anniversaire cette année.

Le lendemain, La Slague et le Théâtre du Nouvel-Ontario organisent une soirée d’activités franco-ontariennes au bar Le Lounge 390, incluant un jeu-questionnaire et la pièce Mourir de trop gueuler, de Créations In Vivo.

Et à la veille du Jour des Franco-Ontariens, soit le 24 septembre, TFO lancera sa programmation dans un événement animé par deux de ses vedettes de la saison, Barbada (Drag d’la tête aux pieds) et Evelyne Roy-Molgat (Les apprentis).

À North Bay, avec les compositeurs des hymnes franco-ontariens

Dans la ville d’origine de Michel Dupuis, co-créateur du drapeau, on ne lésine pas sur les moyens de fêter le cinquantenaire. La communauté, qui célèbre elle-même son 100e anniversaire cette année, a recruté les compositeurs des deux hymnes franco-ontariens : François Dubé (Notre place) et Brian St-Pierre (Mon beau drapeau) pour s’occuper de l’ambiance musicale. Ils seront précédés par la formation Hey, Wow et le crieur public Daniel Richer.

Un artiste incontournable du 25 septembre, c’est à North Bay que Brian St-Pierre célébrera le 50e du drapeau franco-ontarien. Photo : Rachel Crustin / ONFR

Il s’agit du dernier lever de drapeau temporaire devant l’hôtel de ville de North Bay, qui sera prochainement équipé d’un mât supplémentaire afin de faire flotter le trille et le lys en permanence.

Les francophones tentent aussi de faire cheminer le drapeau à 400 km de là, alors que des leaders étudiants et communautaires en feront une présentation pour la première fois devant le conseil municipal.

À Ottawa, avec une panoplie d’artistes

L’ACFO Ottawa et plusieurs partenaires réalisent un grand coup en réunissant plus d’une quinzaine d’artistes franco-ontariens impliqués dans la région de la capitale et dans l’Est ontarien. Sous la direction artistique de Marc-Antoine Joly (JOLY records), ils offriront un concert unique à l’aréna de la Place TD.

Parmi les musiciens présents, on retrouve DJ UNPIER, Kimya, Makhena Rankin-Guérin, Céleste Lévis, Mélissa Ouimet, Gabrielle Goulet et Mimi O’Bonsawin.

Céleste Lévis et Marc-Antoine Joly de JOLY Records font partie des partenaires de l’événement. Photo : Dominique Demers/ONFR

Au-delà de la musique, « le Cinq Zéro proposera une programmation familiale où se côtoieront prestations artistiques, animations, capsules historiques et moments de reconnaissance », selon l’annonce de l’ACFO-Ottawa.

L’événement est gratuit, mais il faut réserver des billets à l’avance.

En après-midi, une version pour le Conseil des écoles catholiques du Centre-Est (CECCE) réunira 8000 jeunes spectateurs de la troisième à la 8e année pour le spectacle Ensemble, toujours debout, également à la Place TD. L’événement sera diffusé sur les ondes d’Unique FM et de TV Rogers dès 10 h 30.

Partout en province, dans un des nombreux rassemblements locaux

Évidemment, le drapeau franco-ontarien sera hissé devant Queen’s Park, un autre événement officiel de l’AFO.

Des levers de drapeaux auront aussi lieu un peu partout, dans les petites et les grandes communautés, souvent accompagnés de performances musicales. On retrouve ce genre d’activités à Elliot Lake, Timmins, Hearst, Sault Ste. Marie, London, Hamilton, Welland, St. Catharines, Port Colborne, Niagara Falls, Chatam, Alfred, Hawkesbury, Embrun, Cumberland, Red Lake (le 27 septembre), etc.

Un événement de lever de drapeau aura lieu à l’Université d’Ottawa dès 10 h 30. Photo : Rachel Crustin/ONFR

Seulement à Ottawa, on retrouve des activités à l’Université d’Ottawa, Au Mouvement d’implication francophone d’Orléans (MIFO), au Rendez-vous des aînés francophones (RAFO), au Centre Espoir Sophie et à la plage Britannia pour le Carrefour des Femmes et Familles et le Centre des femmes immigrantes en action (le 26 septembre). Damien Robitaille donnera un concert à guichet fermé au Centre des arts Shenkman, dans le cadre de la programmation du MIFO, le 26 septembre.

Certains organismes présents dans la capitale en profitent pour raconter l’histoire et le patrimoine. Le Centre Pauline-Charron accueille une conférence du conseiller en patrimoine Jean-Yves Pelletier, tandis que le Réseau du patrimoine franco-ontarien (RPFO) offre une conférence de Félix Saint-Denis (le 28) et que la Société franco-ontarienne du patrimoine et de l’histoire d’Orléans (SFOPHO) lance le livre L’histoire d’Orléans d’hier à aujourd’hui (le 28).

Le Carré de la francophonie de Vanier accueille les résidents du secteur chaque 25 septembre. Photo : Gracieuseté de l’Association communautaire de Vanier

Dès 16 h, le 25 septembre, le Carré de la francophonie de Vanier s’animera avec un BBQ gratuit et des performances d’Hélo Rose et de l’Ensemble folklorique de la Gatineau. Une soirée jeu-questionnaire aura ensuite lieu au Muséoparc Vanier. Les deux événements sont indépendants, mais se combinent bien.

À Whitby, le Conseil des organismes francophones de la région de Durham (COFRD) en profite pour lancer sa programmation dans un événement consacré au drapeau le 27 septembre. L’artiste torontois Abel Maxwell sera présent.

Abel Maxwell lors d’une activité précédente du COFRD. Photo : Gracieuseté du COFRD

Également, le Jour des Franco-Ontariens tombant un jeudi, les conseils scolaires souligneront l’identité franco-ontarienne à grands traits. Toutes les écoles francophones de la province feront un tintamarre à 10 h 30, plusieurs menant les élèves vers des organismes locaux où se tiendront les levers de drapeaux.

Chez soi, avec un documentaire ou une chanson

En plus de la nouvelle version de Mon beau drapeau qui risque de résonner un peu partout, les plus petits peuvent chanter au son de la nouvelle chanson de TFO, Lève ton drapeau. Elle est écrite par Josée LeBlanc, bien connue des mini-téléspectateurs. Ils sont d’ailleurs nombreux à avoir participé au tournage du vidéoclip, à Sudbury.

TFO donne également la parole aux jeunes dans le documentaire Raconte-moi. Cette production originale commandée à la compagnie Slalom pose la question : « Et si on laissait les enfants d’aujourd’hui nous raconter cette histoire des années 1970, ça donnerait quoi? »

Les jeunes participants décrivent le drapeau et ce qu’ils en comprennent. Ils rencontrent aussi Isabelle Bourgeault-Tassé, fille du co-créateur du drapeau, Yves Tassé. Elle témoignera de son attachement au symbole et à son identité franco-ontarienne. Le documentaire d’une vingtaine de minutes est ponctué de salutations et de clins d’oeil venant d’élèves et de personnalités publiques de toute la province. C’est le chanteur et comédien Stef Paquette qui raconte l’histoire du drapeau dans les portions historiques de Raconte-moi.

De son côté, l’Université d’Ottawa lancera le 25 septembre son nouveau balado Parlez-moi de l’Ontario français, « qui donnera la parole à ses chercheuses et chercheurs ainsi qu’à des membres de la communauté » pour explorer « les multiples visages de la francophonie et les défis qui l’animent aujourd’hui », selon le site web de l’université.

Enfin, Mehdi Cayenne, lui-même en spectacle à Kingston le 25 septembre, vient de lancer la chanson Les poings en l’air, truffée de références franco-ontariennes. L’artiste la qualifie de « Petit cadeau de luttes communes pour ce 50e du drapeau franco-ontarien ».

Des lits francophones menacés : appel urgent aux Comtés unis de Prescott et Russell 

Le Centre d’accueil Roger-Séguin (CARS), pilier des soins de longue durée en français dans l’Est ontarien, doit être entièrement reconstruit. Pour assurer sa survie et répondre à une demande grandissante, il sollicite une subvention annuelle de 750 000 $ sur 25 ans auprès des Comtés unis de Prescott et Russell (CUPR).

Une centaine de lits de soins de longue durée désignés en français sont menacés dans l’Est ontarien. Les administrateurs du Centre d’accueil Roger-Séguin (CARS) l’ont rappelé mercredi 24 septembre devant le conseil des Comtés unis de Prescott et Russell (CUPR).

« On ne veut pas fermer les portes du centre », a insisté la directrice générale, Joanne Henrie, évoquant la fermeture prochaine de la résidence Champlain à L’Orignal – prévue en décembre 2025 – et la disparition du foyer Saint-Jacques à Embrun en 2023, qui ont déjà entraîné la perte de plusieurs lits francophones.

Construit en 1975 par la communauté de la paroisse Sainte-Félicité de Clarence Creek, le CARS doit aujourd’hui être rebâti pour respecter les normes du ministère ontarien des Soins de longue durée. Le projet de construction, estimé à 72,8 millions de dollars, prévoit 128 lits, soit 13 de plus que la capacité actuelle (dont 113 subventionnés).

Pour financer ce chantier, l’organisme sollicite du CUPR une subvention annuelle de 750 000 $ pendant 25 ans. 

« Ce soutien est essentiel pour assurer la continuité des soins et réaliser un centre moderne, sécuritaire et adapté aux besoins des aînés », explique Roch Pilon, président du conseil d’administration de cette résidence à but non lucratif.

À ce jour, toutes les démarches préalables au début de la construction ont été complétées, ont assuré les administrateurs du centre, précisant que 2,8 millions de dollars ont déjà été investis.

Aussi, selon la même source, le montant maximal des subventions du ministère provincial est de 16,6 millions de dollars, tandis que 39 millions de dollars sont approuvés sous forme d’hypothèque. La réserve interne du centre atteint 1,8 million de dollars, et la Cité Clarence-Rockland annulera les frais de permis de construction et autres frais associés à la construction.

« Malgré ces appuis, l’établissement prévoit un déficit moyen d’environ 714 000 $ par an durant ses trois premières années d’exploitation », a expliqué M. Pilon. 

Selon lui, la demande, elle, ne cesse de croître : plus de 170 personnes sont en attente, contre 150 il y a trois mois, avec un délai d’admission d’environ trois ans. 

La majorité habite Clarence-Rockland, les autres venant de Wendover, Alfred, Curran, Hawkesbury, St-Isidore, St-Albert, Casselman, Limoges, Embrun et Russell.

Par ailleurs, le conseil des Comtés unis de Prescott et Russell doit étudier cette requête lors de sa prochaine séance consacrée aux décisions budgétaires de 2026.

Le futur centre sera érigé dans une zone où les subventions ministérielles comptent parmi les plus faibles de la province. 

Langues officielles : la FCFA dénonce le silence du gouvernement Carney

OTTAWA – La Fédération des communautés francophones et acadienne (FCFA) du Canada tire la sonnette d’alarme cinq mois après les élections : le gouvernement Carney tarde à clarifier sa vision en matière de francophonie et de langues officielles, laissant les communautés dans l’incertitude.

Lors de sa conférence de presse à Ottawa, ce mercredi matin, la présidente de la FCFA, Liane Roy, a souligné le retard dans l’adoption de règlements essentiels à la mise en œuvre de la nouvelle Loi sur les langues officielles. 

« Le premier ministre avait déclaré pendant la campagne que le français ne serait jamais sur la table de négociation, mais la lettre de mandat des ministres est muette sur les priorités du gouvernement pour nos deux langues officielles », a souligné Mme Roy.

Elle rappelle que, malgré la modernisation de la Loi sur les langues officielles en 2023, « les institutions fédérales n’agiront pas tant que le gouvernement n’aura pas adopté les règlements qui leur disent comment appliquer la Loi ».

La présidente de la FCFA a également pointé le retard des règlements et leur contenu potentiel : « Nous avons des raisons de craindre qu’ils soient beaucoup plus faibles que ce que nous sommes en droit d’attendre d’un gouvernement qui s’est engagé en 2019 à protéger et promouvoir le français partout au pays. »

Le gouvernement avait annoncé une mise en vigueur dans un horizon de 18 mois, mais 28 mois se sont maintenant écoulés. Ces règlements concernent notamment la partie VII de la Loi, qui définit les obligations des ministères et institutions fédérales envers le développement et l’épanouissement des minorités francophones. 

Immigration et étudiants internationaux

La FCFA s’inquiète aussi de la promesse gouvernementale d’atteindre une cible de 12 % pour l’immigration francophone hors Québec, une mesure jugée cruciale pour rétablir le poids démographique des communautés francophones et acadiennes. 

« Quel est le plan précis pour atteindre cette cible? Parle-t-on toujours de créer un programme d’immigration économique spécifique à la francophonie? Nous attendons de rencontrer la ministre de l’Immigration pour le savoir », a indiqué Mme Roy.

La FCFA a soulevé l’impact d’une baisse possible des niveaux globaux d’immigration sur les étudiants internationaux francophones. « Nous avons entendu qu’il pourrait y avoir une baisse des seuils nationaux. Si cela se confirme, notre cible de 12 % pour l’immigration francophone risque de perdre toute valeur », a expliqué la présidente en période de questions.

« Nous sommes encore en train d’analyser l’effet de la cohorte de septembre sur la capacité de nos établissements à offrir leurs programmes et services habituels. De façon générale, le nombre de nouveaux étudiants internationaux a considérablement diminué, en partie à cause de l’impact de ces mesures sur la réputation du Canada comme destination pour l’éducation internationale », a expliqué, aux côtés de Liane Roy, Martin Normand, le président-directeur général de l’Association des collèges et universités de la francophonie canadienne (ACUFC).

Il a ajouté que, malgré le programme pilote pour les étudiants internationaux francophones annoncé l’an dernier, l’intérêt n’est pas suffisant pour combler l’écart créé par l’effet cumulé des mesures. « Sans indications claires du gouvernement, nous ne savons pas si ce programme aura à long terme les effets escomptés, alors qu’il était censé augmenter le nombre d’étudiants internationaux francophones au pays. »

Des craintes de compression

S’ajoutent les inquiétudes concernant le prochain budget fédéral et les compressions annoncées, pouvant atteindre 15 % sur trois ans. 

« Existe-t-il un plan pour protéger les langues officielles de ces réductions, ou du moins pour éviter qu’elles aient un impact négatif sur nos communautés? », a demandé la présidente de la FCFA, qui déplore par ailleurs que ses demandes de rencontre avec le président du Conseil du Trésor soient restées sans réponse.

Les organismes francophones craignent que la réduction des ressources ne nuise à la mise en œuvre effective de programmes essentiels, notamment en éducation et en services de proximité.

« Est-ce qu’on a prévu d’éviter des impacts négatifs sur nos communautés? À la FCFA, nous avons déjà vu ce film : les coupures dans chaque ministère font reculer la capacité globale du gouvernement de s’acquitter de ses obligations linguistiques. »

Le ministre responsable des Langues officielles, Steven Guilbeault, avait affirmé lors de la rentrée parlementaire qu’il ferait de l’adoption des règlements une priorité. Mais la FCFA reste prudente. 

« Où est la vision du gouvernement en matière de francophonie »
— Liane Roy, présidente de la FCFA

« Nos communautés veulent maintenir leurs acquis et disposer des outils pour continuer à avancer dans un Canada et un monde en constante évolution », a conclu Mme Roy.

Enfin, la présidente a insisté sur l’importance d’une vision gouvernementale claire : « Nous demandons donc où est la vision du gouvernement en matière de francophonie. Nous sommes prêts à y travailler, mais il faut nous inviter au dialogue. »

Le commissaire aux langues officielles, Raymond Théberge, pressait déjà en 2023 et 2024 pour une mise en œuvre rapide, dénonçant des « imprécisions dans la Loi » et un vide réglementaire qui retarde l’action concrète du gouvernement.

Dans un échange de courriel avec ONFR, l’attachée de presse du ministre de l’Identité et de la Culture canadiennes et ministre responsable des Langues officielles, Steven Guilbeault, Hermine Landry, souligne « les langues officielles sont une priorité du ministre et de notre nouveau gouvernement. C’est pourquoi il a rencontré personnellement Mme Roy en marge de la rencontre annuelle du Conseil des ministres sur la francophonie canadienne, le 26 juin dernier, en plus des communications régulières entre son bureau et la Fédération. »

Elle précise que le ministre s’est engagé à déposer les règlements avant la fin de la session parlementaire, rappelant que « le dépôt de ces règlements nécessite que le Parlement soit en séance ».

Mercredi en soirée, le Secrétariat du Conseil du Trésor du Canada a de son côté indiqué que l’examen des dépenses vise à cibler les programmes « dont le rendement est insatisfaisant » ou qui ne correspondent pas aux priorités du gouvernement. Les propositions d’économies sont à l’étude, mais « tous les ministères doivent continuer à respecter leurs obligations en matière de langues officielles », a précisé l’organisme.

Le drapeau franco-ontarien, cet étendard né du Nord

SUDBURY – On dit souvent qu’un drapeau est l’identité d’un peuple en couleur. Il y a 50 ans, les Franco-Ontariens ont adopté le trille et le lys sur fond vert et blanc. À l’origine de ce choix, ni grande assemblée, ni colloque provincial. Simplement une bande de libres penseurs hostiles à l’assimilation, cogitant et refaisant le monde dans le grand salon de l’Université Laurentienne. ONFR s’est entretenu avec trois d’entre eux.

Tout va se jouer autour d’un professeur féru d’histoire, Gaétan Gervais, entraînant dans son sillage des étudiants qui, dès le printemps 1975, réfléchissaient aux symboles qui représenteraient le mieux les francophones de l’Ontario.

« C’était une période où le Québec avait décidé qu’il s’occuperait du Québec et les minorités s’occuperaient d’elles-mêmes », recontextualise l’un des membres du comité chargé de créer l’étendard, Donald Obonsawin, en référence à la montée du nationalisme québécois et aux états généraux du Canada français de la fin des années 1960.

« On commençait aussi à parler des Franco-Manitobains, des Franco-Albertains, on connaissait les Acadiens… Le monde des arts et de la culture multipliait les initiatives. Tout ça mijotait. Plus on observait le monde autour de nous, plus on se disait qu’il nous fallait nos propres institutions et symboles. »

Donald Obonsawin, Michel Dupuis et Yves Tassé en 2016. Photo : Marie-Claire Bourgeault

Autour du professeur Gervais, le petit comité se mobilise. On évoque le lys mais il ne doit ressembler ni au style français ni au style québécois. On veut un trille qui ne se confonde pas avec celui du gouvernement ontarien. Puis, on retient finalement le blanc pour la neige, le vert pour les forêts du Nord… Les différents éléments du puzzle rassemblés, ne reste plus qu’à Jacline England, la secrétaire du service d’animation à La Laurentienne, de coudre le tout à partir de larges bandes de tissu magasinées dans une enseigne sudburoise.

« Nos talents de couturiers étaient estimés à zéro », plaisante Yves Tassé, lui aussi partie prenante du comité fondateur. Celle dont la communauté a perdu aujourd’hui la trace est donc arrivée à point nommé pour aider le groupe à passer de la planche à dessin au drapeau final.

Une idée fixe : solidifier un sentiment d’appartenance

Gervais, Dupuis, Obonsawin, Rainville, Tassé… tous n’avaient qu’une idée en tête : solidifier le sentiment d’appartenance des francophones de l’Ontario dans une période de recherche identitaire. Ils venaient de voter pour la création de l’Association des étudiants francophones de la Laurentienne et ils ne comptaient pas s’arrêter en si bon chemin.

Le drapeau est finalement hissé pour la première fois le 25 septembre 1975, par l’étudiant en science politique Michel Dupuis, à l’Université de Sudbury et non à la Laurentienne alors dirigée par un recteur anglo-torontois qui « connaissait très peu, sinon pas du tout, les francophones », poursuit M. Tassé.

« Il y avait très peu de réception à la Laurentienne qui avait refusé formellement une demande préalable de lever de drapeau. On s’est donc tourné vers l’Université de Sudbury et on a été fortuné que cela se soit passé ainsi », abonde M. Obonsawin qui à l’époque occupait les fonctions de secrétaire du conseil des gouverneurs.

Louis Corbeil, Yves Tassé et Michel Dupuis le 25 septembre 1975. Photo : Gaétan Gervais

Puis vient le temps de sa diffusion, d’abord assurée de façon artisanale par les parents de Michel Dupuis. La logistique passe alors sous l’aile de l’Association canadienne-française de l’Ontario – ancêtre de l’Assemblée de la francophonie de l’Ontario (AFO).

À partir de cet instant, « l’élan était donné, relate M. Tassé. Plus tard, les conseils scolaires ont commencé à embarquer, puis les associations… On a assisté à un effet boule de neige. Un geste ponctuel d’affirmation a peu à peu généré intérêt et curiosité. Mais le mérite n’est pas tant de l’avoir lancé, que de voir la communauté le reconnaitre et le soutenir. »

Une reconnaissance progressive, cimentée par l’accumulation des crises scolaires et institutionnelles, de l’école de la résistance à Penetanguishene jusqu’au jeudi noir de l’Ontario français, en passant par SOS Montfort, mouvement d’opposition à la fermeture du seul hôpital bilingue de la province, à Ottawa. Le drapeau y est un vecteur de rassemblement.

« Les jeunes aussi commençaient à s’y intéresser. Le drapeau accompagnait les athlètes dans certaines compétitions. Entre Ottawa et Montréal, se dressait le drapeau gigantesque de Casselman, tout comme à la fromagerie Saint-Albert, à l’hôpital Montfort… », égrène Normand Rainville, un autre étudiant du comité sudburois.

S’attendait-il à une telle évolution en 50 ans? Non, concède-t-il. « On n’avait pas cette ambition, mais on était content de voir le cheminement petit à petit d’une façon ou d’une autre qui démontrer que les gens étaient heureux de s’afficher. »

« On espérait une acceptation graduelle. On voulait d’ailleurs rester anonyme, que personne ne sache qui était derrière ce drapeau, pour que ce soit adopté par la population car, à cette époque, complète M. Obonsawin, décrivant des rivalités entre pôles francophones en Ontario, un autre drapeau créé à Ottawa n’a pas connu la même popularité. »

Au cours de ce demi-siècle, les mâts ont fleuri partout en province, dans les écoles comme sur le fronton des mairies. Mais « la partie était loin d’être facile avec les gouvernements, notamment municipaux, tout comme les écoles au tout début gérées par les anglophones. Les journaux avaient également très peu de respect pour notre communauté, perçue comme une minorité parmi d’autres. Les éditos étaient peu flatteurs. On était vus comme des brasseurs de gommes. »

Le drapeau des francophones dans chaque province et territoire, accompagné de sa date de création (ou adoption). Montage Rudy Chabannes/ONFR

Qu’importe, dans les autres provinces, les minorités emboitent le pas : en Saskatchewan (1979), au Manitoba (1980), au Nunavut (1981), en Alberta, en Colombie-Britannique (1982)… partout les francophones en milieu minoritaire s’émancipent et créent leur propre drapeau.

Un nouveau pallier est franchi en 2001, alors que l’Ontario reconnaît le drapeau franco-ontarien comme emblème de la communauté, puis 20 ans plus tard, élevé au rang d’emblème de la province jusqu’à orner le fronton de Queen’s Park, puis entrer en chambre législative.

Un demi-siècle plus tard, la communauté s’apprête ce jeudi à célébrer le coup de génie de la bande à Gervais, à Sudbury, là où tout a commencé, mesurant l’impact de sa portée identitaire. « On va fêter les choses en grand », clame Joanne Gervais, directrice générale de l’ACFO du Grand Sudbury.

« Le geste de 1975 traduisait une intention sociétale et une aspiration : rappeler que l’Ontario français constitue un sujet politique », considère Serge Miville, le recteur de l’Université de Sudbury où se déroulera une partie des festivités.

Serge Miville, recteur de l’Université de Sudbury, et Joanne Gervais, présidente de l’ACFO Sudbury et soeur de Gaétan Gervais, prendront une part active aux célébrations ce jeudi. Photo : Inès Rebei/ONFR

« Les créateurs du drapeau affirmaient également, du même coup, que l’Université de Sudbury représentait une composante essentielle de l’espace institutionnel franco-ontarien. Cinquante ans plus tard, l’Université de Sudbury œuvre désormais dans le sens souhaité, depuis plus d’un siècle, par la collectivité qui l’a fondée. Le lever du 25 septembre 2025 représente, pour nous, la réconciliation entre le drapeau et son université, à la fois un acte de mémoire et un geste d’avenir », selon le recteur.

Pour toutes ces raisons, le président de l’AFO, Fabien Hébert en est convaincu : « Ce 25 septembre sera une journée mémorable autour de ce symbole qui a suscité un solide sens d’appartenance et a tant contribué et continuera, dans les années à venir, à contribuer au développement de l’identité franco-ontarienne. »

Désobéissance civile : comment le drapeau franco-ontarien a trouvé sa place à la Laurentienne

SUDBURY – On connaît l’histoire du premier lever du drapeau franco-ontarien à l’Université de Sudbury en 1975, mais peu savent comment, quelques années plus tard, un autre combat a eu lieu pour le hisser sur le campus voisin de l’Université Laurentienne. Retour sur une nuit où deux étudiants ont défié l’institution et marqué durablement l’histoire francophone du campus.

Marcel Vaillancourt se souvient encore de cette nuit glaciale du 2 mars 1982. 

Minuit sonne. Le jeune étudiant et son acolyte, Claude Vincent, s’activent sur le troisième étage d’un bâtiment de la Laurentienne, là où trône le drapeau canadien sur la Place des fondateurs. 

Leur mission : installer un mât pour le drapeau franco-ontarien. Le campus est silencieux, le froid mordant (-21 °C) et le bruit d’une perceuse résonne dans les couloirs déserts.

« Il fallait agir rapidement, sans que personne ne nous arrête. L’université n’était pas prête à accepter notre demande qui datait de plusieurs mois, et on savait que toute opposition aurait été médiatisée jusqu’à Ottawa et Québec », raconte M. Vaillancourt.

Un garde de sécurité frappe à la porte du local des étudiants francophones de la Laurentienne (AEF). Rapidement, ce dernier improvise : « Crains pas Gilles, on fait juste des rénovations ». Dix minutes plus tard, le drapeau est fixé et flotte pour la première fois sur la Laurentienne.

Pour celui qui deviendra journaliste, entre autres, cette action n’était pas seulement un geste symbolique, mais un acte de revendication : « Le drapeau ne représentait pas uniquement notre culture, il symbolisait notre droit d’exister en tant que francophones dans un campus bilingue et souvent hostile. »

Marcel Vaillancourt avec un journal du Sudbury Star de 1982 revenant sur le premier lever officiel du drapeau franco-ontarien à l’Université Laurentienne. Photo : gracieuseté de Marcel Vaillancourt

Un contexte tendu 

Le lendemain de l’action, l’administration, bien que surprise, n’a pas immédiatement pris de mesures disciplinaires contre les étudiants impliqués en raison du climat social tendu qui régnait alors.

L’opération clandestine s’inscrivait, en effet, dans un contexte plus large de tensions linguistiques et de redéfinition identitaire pour les Franco-Ontariens. 

En 1980, le Québec avait rejeté le référendum sur la souveraineté-association, avec environ 60 % des votes contre et 40 % en faveur, créant un malaise profond chez les francophones hors Québec.

« Nous avions le sentiment d’être abandonnés et il fallait réagir ici en Ontario », se rappelle celui qui était également le président sortant de l’AEF.

Le drapeau franco-ontarien, créé en 1975, avait d’abord été hissé à l’Université de Sudbury. Mais pour l’Université Laurentienne, le geste était sensible politiquement. 

« L’administration craignait une crise linguistique qui ferait la manchette nationale quelques semaines avant le rapatriement de la Constitution », précise-t-il.

L’événement a rapidement été remarqué par la communauté étudiante et les médias locaux, renforçant le symbole d’une présence francophone revendicatrice et visible sur le campus.

De l’idée à la concrétisation

Le processus officiel avait été entamé lors du congrès de l’AEF qui s’est tenu les 22 et 23 octobre 1981.

Une proposition avait été faite pour que le prochain conseil entreprenne des démarches afin d’installer le drapeau franco-ontarien sur le mât de la Place des fondateurs lors des événements officiels. Le président de l’AEF, Michel Lavoie, et son collègue Daniel Chèvrefils ont toutefois choisi d’aller plus loin.

Michel Lavoie a reçu le Mérite Horace-Viau en juin dernier remis par les Clubs Richelieu du Grand Sudbury. Photo : Inès Rebei/ONFR

« On a soumis la demande pour que le drapeau soit installé à la Laurentienne, mais l’administration a traîné des pieds. On savait qu’il fallait une action décisive si on voulait réussir avant la rentrée de septembre », explique M. Vaillancourt. Quelques années plus tôt, en 1975, l’institution avait déjà dit non à l’étendard qui sera déployé sur le campus voisin le 25 septembre.

Grâce à l’Office des affaires francophones de l’Ontario et à la générosité de plusieurs alliés, le financement fut débloqué pour ériger deux mâts : un pour le drapeau franco-ontarien, l’autre pour le drapeau ontarien. « Le coût était d’environ 5 000 $, mais l’importance symbolique n’avait pas de prix », souligne le militant.

Michel Lavoie rappelle l’étape finale : « Nous avons laissé à Marcel le soin de piloter la stratégie. Nous savions qu’il saurait convaincre l’administration et mobiliser les bons alliés. »

Le déploiement officiel

Ce ne sera, finalement, que le 24 septembre 1982, que le drapeau franco-ontarien sera officiellement hissé à la Place des fondateurs de l’Université Laurentienne.

Choisi pour prononcer le discours d’ouverture, Marcel Vaillancourt avait alors rappelé l’importance culturelle et symbolique du drapeau pour la communauté francophone.

De gauche à droite, Claude Vincent (trésorier de l’AEF), Michel Lavoie (président de l’AEF), Marcel Vaillancourt (président sortant de l’AEF) et Daniel Chèvrefils (vice-président de l’AEF) lors du premier lever officiel à la Laurentienne. Photo : gracieuseté de Marcel Vaillancourt

« Malgré l’obtention de ce drapeau, il faut continuer de faire pression pour améliorer notre sort. Le drapeau est un symbole, mais il ne règle pas toutes les frustrations quotidiennes », déclarait-il devant la foule de 70 personnes.

« Le drapeau est un symbole qui continue de rassembler. Il témoigne de la force et de la persévérance des Franco-Ontariens, et il rappelle que les actions courageuses, même clandestines parfois, peuvent transformer l’histoire », conclut aujourd’hui M. Lavoie.

Premier coup de patin pour l’équipe de hockey mineur francophone de Sudbury

SUDBURY – Le Grand Sudbury accueille la toute première équipe de hockey mineur entièrement en français pour les enfants de plus de 7 ans du Nord ontarien. ONFR s’est rendu à sa toute première pratique, dimanche matin à l’aréna communautaire de Garson,  pour recueillir les impressions des parents et des organisateurs. 

Une fébrilité tangible régnait sur la glace et dans les gradins ce dimanche matin à l’aréna George Armstrong de Garson, entre l’excitation des enfants découvrant leur nouvelle équipe et l’enthousiasme des parents assistant à cette première rencontre.

« Tout l’été, mon fils était très excité de revenir sur la glace. Il voulait retrouver des amis et rencontrer d’autres jeunes de la communauté », raconte Mélanie Diotte, mère de trois garçons, dont l’un participe à cette première pratique. 

Mélanie Diotte, dont le fils a 9 ans, observe que « les entraîneurs sont attentifs, transmettent les notions essentielles et encouragent les enfants à progresser tout en gardant le jeu agréable ». Photo : Inès Rebei/ONFR

Également installé sur les gradins, Jerry Giannopoulos, père d’un joueur, souligne l’importance symbolique du projet pour sa famille.

« Nous sommes ravis de faire partie de la toute première équipe de hockey en français de la ligue mineur de hockey de Sudbury, et peut-être même de la première en Ontario », confie-t-il enthousiaste.

« Bien que je parle anglais, mon fils a des racines francophones du côté de ma femme, et c’est une occasion très significative pour lui de représenter notre communauté francophone ici à Sudbury. Je crois vraiment que c’est le commencement de nombreuses générations d’équipes franco-ontariennes de hockey. »

Jerry Giannopoulos, à gauche, est venu accompagné de son beau-père, Mario Taillefer. Photo : Inès Rebei/ONFR

Une certaine demande

Cette Association du sport jeunesse du Nord-Est de l’Ontario (ASJNEO) est un projet pilote d’un an autorisé par l’Association de hockey du Nord de l’Ontario (NOHA). 

À Sudbury, le programme Dragons du Nord offre déjà une initiation au hockey en français pour les enfants de moins de 7 ans, mais il ne permet pas de poursuivre l’apprentissage du sport au-delà de cet âge. 

Selon Dhiren Chohan, président du conseil d’administration, c’est pour répondre à ce besoin que l’association a été créée.

Dhiren Chohan et les autres membres de l’organisme sont des anciens du programme Les Dragons du Nord. Photo : Inès Rebei/ONFR

« On voulait offrir aux enfants de Sudbury une occasion de jouer et de socialiser en français sur la glace, explique-t-il. Il y avait clairement une demande, et ce programme comble une lacune pour les jeunes francophones qui voulaient poursuivre le hockey après les Dragons du Nord. »

« Le hockey n’est pas financé par des fonds publics, ce sont les familles qui paient les frais d’inscription. Notre plus grande dépense, c’est la location des temps de glace. On veut garder les frais abordables, mais suffisants pour équilibrer le budget. »

Pour Martin Lajeunesse, la gestion de l’association reste minime puisqu’elle est entièrement assurée par des bénévoles. Photo : Inès Rebei/ONFR.

« Il y a l’école, il y a la maison, mais là, c’est une occasion de faire du sport et de socialiser avec d’autres enfants francophones à l’extérieur », pense M. Lajeunesse qui précise que le lancement de l’organisme à quelques jours du 50e du drapeau franco-ontarien est un heureux hasard.

Des ajustements

La saison devrait se dérouler d’octobre à avril, avec des séances encadrées par quatre entraîneurs bénévoles.

Le programme s’adresse aux enfants de 7 à 12 ans qui savent déjà patiner et souhaitent poursuivre leur apprentissage dans un environnement francophone, mais il n’y a pas de limite d’âge stricte, précisent les organisateurs.

Pour l’instant, une vingtaine d’enfants sont inscrits, un chiffre qui devrait évoluer au fur et à mesure que le programme gagne en visibilité selon l’organisation.

Les fondateurs espèrent que ce premier programme sera suivi d’autres initiatives et servira de modèle pour d’autres communautés francophones de l’Ontario. 

Chaque séance dure environ une heure, avec des exercices adaptés à l’âge et au niveau des enfants. Photo : Inès Rebei/ONFR

Même si certains commentaires sur les réseaux sociaux ont critiqué la nécessité d’une équipe exclusivement francophone, les organisateurs insistent sur le fait qu’il s’agit simplement d’offrir une option supplémentaire pour les familles.

« On comprend qu’il existe déjà d’autres associations sportives, mais nous voulions créer un espace où les enfants peuvent évoluer entièrement en français. C’est un complément, pas une alternative exclusive », justifie Dhiren Chohan.

Pour l’instant, il n’y a pas encore d’horaire et de lieu défini pour la saison, des discussions avec la Ville sont encore en cours.

Le festival Les vieux m’ont conté continue de grandir

SUDBURY – Le Centre franco-ontarien de folklore (CFOF) a dévoilé la programmation de son neuvième festival Les vieux m’ont conté, qui se tiendra du 16 au 26 octobre. Ce festival de contes continue de rejoindre différents territoires, alors que des activités auront lieu à Hearst et Rockland, en plus de celles qui se tiendront évidemment à Sudbury. Le thème de cette année est Les vieux m’ont conté… leurs amours.

Cela fait quelques années que le directeur général du CFOF, Patrick Breton, évoque cette ambition d’agrandir le territoire du festival. Son organisme ayant une mission provinciale, il souhaite rejoindre les Franco-Ontariens de différentes régions afin de faire rayonner le folklore et la tradition orale. Le financement étant le nerf de la guerre, il avait réussi l’an dernier à s’offrir des antennes dans le Nord de l’Ontario et une dans l’Est.

Le directeur général du CFOF, Patrick Breton. Photo : Rachel Crustin/ONFR

La croissance continue cette année, comme le décrit M. Breton dans un communiqué : « Le festival de cette année est le plus grand que le CFOF ait présenté! Nous présentons 12 spectacles, dont cinq en collaboration et deux randonnées contées. Nous présenterons aussi quatre capsules vidéo des quatre coins de la province, deux ateliers pour les conteurs et les amateurs de contes et plus de 30 ateliers scolaires dans une quinzaine d’écoles. »

Le festival attire des conteurs franco-ontariens, bien sûr, mais aussi québécois, belges et français. Une quinzaine d’artistes feront partie de l’alignement 2025.

Les traditions et les moments forts

Les activités classiques du festival Les vieux m’ont conté sont de retour : le marathon de contes, la randonnée contée, un spectacle de contes chez l’habitant, les capsules vidéo provenant de différents coins de l’Ontario, un repas Crêpes et contes (à la Place des arts de Hearst le 25 octobre et au Club d’accueil Âge d’or d’Azilda le 26) et le Concours international franco-ontarien de la plus grande menterie, animé par le conteur sudburois Alexandre Matte.

Habitué du festival Les Vieux m’ont conté, Alexandre Matte animera le Concours international franco-ontarien de la plus grande menterie. Photo : Léo Duquette

La randonnée contée, activité appréciée du festival, sera doublée cette année et se déplacera pour la première fois au cimetière LaSalle, le 18 octobre. En collaboration avec la Société historique du Nouvel-Ontario, les conteurs feront découvrir des histoires directement liées aux gens de Sudbury.

La grotte Notre-Dame-de-Lourdes ne sera pas en reste, accueillant elle aussi une randonnée contée, le 26 octobre.

Le passage de certains artistes sera également l’occasion d’offrir des ateliers au public et aux conteurs amateurs. Le couple issu de la culture tsigane européenne, Armelle et Peppo, donnera des conseils sur la création de spectacles hybrides entre le conte et la musique. Dans leur spectacle La bonne fortune, ils ajoutent aussi des lectures de tarot. Un deuxième spectacle, Mitcho, sera présenté par le couple en collaboration avec la municipalité de Markstay-Warren.

Conteur algérien vivant en Belgique, Fahem Abes présentera un atelier sur le mouvement et le conte.

Parmi les moments attendus, on retrouve le spectacle Nzinga, présenté en partenariat avec le Théâtre du Nouvel-Ontario (TNO).  La conteuse Tatiana Zinga Botao a charmé les diffuseurs franco-ontariens et s’arrêtera également à Toronto et Ottawa avec son spectacle autobiographique, dans lequel elle découvre qu’elle est la descendante d’une reine congolaise.

Stéphane Guertin à la randonnée contée, en 2024. Photo : Léo Duquette

Également au festival Les vieux m’ont conté, un nombre limité de spectateurs pourra assister au nouveau spectacle de Stéphane Guertin, Quand les orteils auront des dents, présenté en collaboration avec le Conseil scolaire du Grand Nord. Ce premier conte pour enfants de l’artiste franco-ontarien lui a valu son deuxième prix Distinction Réseau Ontario de suite, en plus du prix Alliance Acadie, lors de l’édition 2025 de Contact ontarois, en janvier dernier.

Le spectacle Lanterna Fabula, pour lequel conteurs et réalisateurs font équipe, associera des contes à des courts-métrages en ouverture de festival, le 16 octobre, au Indie Cinéma de Sudbury. Le traditionnel concours de la plus grande menterie viendra pour sa part conclure la programmation, le 26 octobre.

Plus de 12 millions de dollars pour les loisirs dans l’Est ontarien

RUSSELL – Le gouvernement de l’Ontario injecte 12,2 millions de dollars pour moderniser les infrastructures récréatives de quatre municipalités à forte présence francophone. Le canton de Russell rafle la mise avec une subvention historique de 10 millions pour son futur complexe récréatif.

Coup de pouce majeur pour les loisirs dans l’Est ontarien. La province accorde 12,2 millions de dollars à quatre collectivités à forte présence francophone, pour « protéger les emplois et renforcer les infrastructures communautaires ». Et c’est le canton de Russell qui récolte la plus grande part : 10 millions de dollars pour ériger un complexe récréatif de nouvelle génération.

« Cet investissement historique de 10 millions de dollars de la province — la plus importante subvention jamais accordée au canton de Russell — témoigne clairement de la valeur que ce complexe récréatif apporte à notre canton et à l’ensemble de la région », s’est réjoui le maire Mike Tarnowski, cité dans le communiqué de la province. 

Le projet comprendra une piscine intérieure de 25 mètres à six couloirs, une salle communautaire de 10 000 pieds carrés et trois patinoires pour hockey, patinage artistique, ringuette et autres sports. 

Pour sa part, la ville de Clarence-Rockland recevra 360 700 $ pour remplacer le système CVC de l’aréna Clarence-Rockland, afin d’en améliorer l’efficacité énergétique.

La ville de Hawkesbury, elle, recevra 866 500 $ pour remplacer le toit du complexe sportif Robert Hartley, afin de remédier à la dégradation des infrastructures et prolonger la durée de vie de l’installation.

De son côté, la municipalité de La Nation bénéficiera d’un investissement de 962 500 $ pour réhabiliter l’aréna de St-Isidore, afin de préserver cet espace communautaire et de multiplier les occasions récréatives pour la population. 

« Ce financement arrive à un moment crucial, alors que les municipalités doivent faire beaucoup avec des ressources limitées tout en entretenant des infrastructures vieillissantes », souligne dans ce sens Francis Brière, maire de la municipalité de La Nation.

Ces investissements s’inscrivent dans le Fonds pour l’infrastructure communautaire des sports et des loisirs (FICSL), une enveloppe provinciale de 200 millions de dollars visant à moderniser les installations locales et à promouvoir un mode de vie actif.

« Avec notre plan d’infrastructure de plus de 200 milliards de dollars, nous continuons à investir dans nos collectivités et à protéger l’économie et les travailleurs de la province, en bâtissant pour l’avenir », a déclaré le premier ministre Doug Ford.

Accusé d’agression à main armée, un député est exclu du gouvernement de Doug Ford

SAULT-SAINTE-MARIE – Le député de Sault-Sainte-Marie, Chris Scott, élu pour la première fois aux dernières élections provinciales, a été renvoyé du gouvernement progressiste-conservateur de Doug Ford. Il a été arrêté dimanche pour attaque à main armée et se trouve actuellement en garde à vue.

Plus tôt dans la matinée, le bureau du premier ministre Doug Ford a confirmé que Chris Scott, député de Sault-Sainte-Marie, et assistant parlementaire du ministre de l’Énergie et des Mines Stephen Lecce, n’était plus membre du Parti progressiste-conservateur (PPC).

Le journal local, SooToday, a rapporté que le député Chris Scott avait été accusé d’agression et d’agression armée. Arrêté par les services de police de Toronto dimanche, celui-ci se trouve actuellement en garde à vue.

En période des questions lors d’une conférence de presse ce lundi matin à Russell, Doug Ford a suggéré aux journalistes de s’adresser directement aux autorités locales s’ils voulaient savoir pourquoi le député ne faisait plus parti de ses rangs.

Il a également ajouté qu’il ne désirait pas interférer dans l’enquête en cours.

« Le 21 septembre 2025, les services de police de Toronto ont arrêté Chris Van Scott, 35 ans, aussi connu sous le nom de Chris Scott, à la suite d’une investigation menée par les détectives du Service de police de Sault Ste. Marie (SSPSM). Afin de protéger la vie privée des victimes, le SSPSM ne divulguera aucun autre détail concernant l’incident ou les accusations », peut-on lire dans un communiqué de presse de la Police de Sault-Sainte-Marie.

Exclu du PPC, M. Scott devient de facto député indépendant. Rien n’indique pour l’instant s’il démissionnera de son siège.

Le NPD de l’Ontario a réagi et demandé « la démission immédiate du député Scott » via communiqué de presse.

Drapeau franco-ontarien : « Gaétan Gervais a joué un rôle refondateur »

Michel Bock est professeur titulaire au département d’histoire de l’Université d’Ottawa, professeur associé à l’Université de Sudbury et directeur du Centre de recherche sur les francophonies canadiennes.

Le drapeau franco-ontarien a été hissé pour la première fois il y a 50 ans, le 25 septembre 1975, à l’Université de Sudbury.

Alors que se prépare le 50e anniversaire partout à travers la province, l’historien remet en perspective l’influence de Gaétan Gervais, à l’origine du drapeau.

Le drapeau vert et blanc est né dans un contexte très particulier…

On traversait en effet un moment de remise en question sur le plan identitaire assez substantiel, un moment post-canadien-français où la Révolution tranquille des années 1960 était encore fraîche dans les mémoires. Les rapports entre les différentes composantes de ce que l’on appelait le Canada français étaient en pleine redéfinition.

Dans certains milieux franco-ontariens, on vivait cela sur le mode presque du traumatisme. Au Québec, certains nationalistes québécois estimaient que les minorités n’avaient aucune chance de survie, alors qu’à l’inverse, dans les milieux franco-ontariens, on accusait le Québec de les avoir abandonnés.

Quel rôle Gaétan Gervais a-t-il joué dans la mobilisation autour du projet?

Il a joué un rôle névralgique de par sa position de chargé de cours (à l’Université Laurentienne). Formé par des jésuites de Sudbury, au Collège Sacré-Cœur, il connaissait les grands penseurs du nationalisme canadien-français. Les jésuites étaient très actifs dans la mobilisation politique et linguistique de la population francophone du Nord de l’Ontario. Gaétan est donc tombé dedans très jeune et a fédéré autour de lui un certain nombre d’étudiants, comme Michel Dupuis.

Il n’était pas encore l’historien de l’Ontario français qu’il allait devenir à partir du début des années 1980, mais il voyait bien que pour consolider l’identité franco-ontarienne, il fallait des symboles mais aussi que les francophones connaissent leur propre expérience historique. C’est pourquoi il a été parmi les premiers à donner des cours d’histoire sur l’Ontario français. Il a joué un rôle fondateur, et même refondateur au niveau symbolique, politique et culturel.

Selon l’historien Michel Bock, Gaétan Gervais a joué un rôle névralgique dans l’affirmation identitaire des Franco-Ontariens. Photo : Université d’Ottawa

Quelle était son intention en créant ce drapeau?

C’était d’essayer de reconsolider les assises identitaires et historiques de l’Ontario français sur des bases en partie anciennes et nouvelles. C’est pour répondre à cette nouvelle demande de sens – que l’on exprimait de plus en plus fortement dans les années 1970 – que les concepteurs du drapeau ont posé leur geste.

Pourtant, les Franco-Ontariens ne se sont pas immédiatement approprié ce symbole. Il a même fallu attendre plusieurs années avant qu’il fasse l’unanimité…

L’Ontario français n’a pas d’existence juridique ou politique formelle. Il n’y avait pas un parlement pour décréter que ce drapeau serait le symbole par excellence de la communauté. Ça s’est fait graduellement, d’autant que c’est parti du Nord où les francophones sont très dispersés. Les idées ne circulent pas de la même façon. Il a fallu attendre les années 1990 pour qu’on en vienne à le considérer comme le symbole presque universel de la communauté.

Les crises ont-elles contribué à cet ancrage?

Oui, on renoue à partir des années 1970 avec une forme de militantisme qui s’était éteint avec la crise du Règlement 17 dans les années 1910 et 1920. Le drapeau est arboré dans les crises scolaires comme celle de Penetanguishene, puis s’impose 20 ans plus tard dans la crise Montfort, de façon massive et sans discussion (…) dans des moments médiatisés qui lui donnent une grande visibilité. On était clairement en territoire franco-ontarien, avec toutes les caméras braquées dessus.

Ça n’est donc pas une coïncidence quand, en 2001, le gouvernement ontarien le reconnait comme symbole de la communauté. (…) Ça a été compliqué dans d’autres circonstances avec de la résistance de certaines municipalités qui ont refusé de le reconnaitre. Ça a été compliqué à Sudbury, North Bay ou plus récemment à Greenstone. Dans certains milieux anglophones, on se demandait pourquoi donner une telle reconnaissance à un groupe ethnique plutôt qu’un autre. On l’évaluait à l’aune du multiculturalisme canadien.

Aujourd’hui, ce drapeau détient une forte valeur politique et identitaire. Est-ce plus facile de revendiquer des droits avec un tel « outil »?

Oui et non. Le danger c’est de réduire la reconnaissance de la communauté à son drapeau. On le hisse le moment opportun, puis on le descend, on l’oublie et on a l’impression d’avoir agi. Il est donc très utile, car il permet à la communauté de s’afficher publiquement, de se rallier à un symbole. Mais il peut aussi servir d’alibi commode.

On peut confondre l’être et le paraître et, institutionnellement, voir les choses avancer moins vite qu’on ne le voudrait. On le voit avec l’Université de Sudbury qui a ouvert il y a quelques semaines après des années de revendications. C’est bien beau un drapeau, mais il faut que sa reconnaissance s’accompagne de la nécessité pour la communauté de s’autonomiser dans un plus grand nombre de domaines.

Le NPD renouvelle sa confiance en Marit Stiles

NIAGARA FALLS – Le vote confiance durant la convention néo-démocrate annuelle a fait pencher la balance en faveur du leadership de Marit Stiles. 68 % des membres du Nouveau Parti démocratique (NPD) ont voté pour leur cheffe qui a immédiatement indiqué qu’elle resterait à la tête du parti, prête à le mener à la victoire.

68 % des membres ont voté contre la tenue d’une nouvelle course à la chefferie, contre 32 % en faveur d’un changement de leadership. Un appui majoritaire pour Marit Stiles qui a d’ores et déjà confirmé qu’elle resterait en poste.

« Aujourd’hui plus que jamais, les gens ont besoin de nos voix, de la voix des syndicats et des travailleurs… Nous avons besoin de nos meilleurs esprits, de faire preuve d’audace et de nous tourner vers l’avenir pour faire les meilleurs choix pour l’Ontario. Parce que 800 000 Ontariens sont actuellement sans emploi », a déclaré plus tôt ce samedi Mme Stiles à Niagara Falls, la ville qui a vu naître le NPD en 1961.

Devant plusieurs centaines de militants, réunis au Centre des congrès, la cheffe de l’opposition officielle a pointé du doigt la politique de Doug Ford, « dont les scandales de corruption sont plus connus que ses réalisations ».

À la tête du parti depuis deux ans, elle a ciblé à plusieurs reprises le premier ministre ontarien, évoquant « son tunnel imaginaire » (sous l’autoroute 401) et le décrivant comme « l’homme qui dépense des milliards pour subventionner un spa de luxe au centre-ville de Toronto, alors que les écoles de toute la province sont obligées de réduire leurs programmes. »

Son Parti représente-t-il toujours les travailleurs? Oui, a-t-elle répondu par la suite à ONFR en mêlée de presse. « Nous le serons toujours. C’est notre fondation. »

Elle croit néanmoins que la façon de communiquer avec les électeurs doit profondément changer pour offrir au NPD une chance de victoire aux prochaines élections : « On doit écouter les gens, les comprendre et leur apporter des solutions. »

Lors de son discours, la cheffe néo-démocrate a par ailleurs tracé plusieurs lignes directrices : développer des industries de l’Ontario, réduire la taille des classes dans les écoles, stopper la privatisation de la santé, surmonter l’urgence climatique, financer les universités…

« Parce que pendant que Doug Ford et ses amis sont occupés à faire des séances photos, et que les libéraux retournent à la planche à dessin pour la troisième fois, les néo-démocrates retroussent leurs manches et se mettent au travail », a-t-elle lancé.

Députés et militants confiants

En amont du vote de confiance qui ne présageait pas de grandes surprises, plusieurs députés du parti lui ont témoigné leur soutien.

« Ce qui est remarquable avec Marit Stiles, c’est qu’elle répond toujours présente. Quand j’ai été renvoyé de la législature après avoir dit que Doug Ford mentait aux Premières Nations, elle m’a soutenu », a déclaré sur scène Sol Mamakwa, député de Kiiwetinoong.

Alexa Gilmour, députée de High Park-Parkdale, a ajouté que « c’est elle qui a levé le voile sur le scandale de la Ceinture de verdure. Elle est prête à nous mener jusqu’à la victoire ».

Les députés Guy Bourgouin (Mushkegowuk-Baie James) et France Gélinas (Nickel Belt). Photos : Rudy Chabannes/ONFR
« On veut former le prochain gouvernement »
— Guy Bourgouin, député de Mushkegowuk-Baie James

« On s’en va dans une bonne direction, est pour sa part convaincu Guy Bourgouin, député de Mushkegowuk-Baie James. On veut former le prochain gouvernement. On a fait l’erreur de tenir les travailleurs pour acquis. La cheffe a l’intention de les mettre plus que jamais à l’avant-plan. »

« On se prépare pour une victoire, a renchéri France Gélinas. Ça donne de l’énergie. Si on veut devenir un gouvernement, il faut changer les choses. »

Le NPD a perdu plusieurs sièges à l’Assemblée législative lors des dernières élections ontariennes. La formation de Marit Stiles a néanmoins conservé son statut d’opposition officielle, en devançant très largement les libéraux.

En pleine crise, le Parti libéral, lui, a renouvelé de justesse sa confiance à sa cheffe, Bonnie Crombie, lors d’une convention similaire la semaine dernière, avant qu’elle ne démissionne.

Avec la collaboration de Sandra Padovani.

Donald Obonsawin, au-delà du drapeau franco-ontarien

MARKHAM – À cinq jours du 50e anniversaire du drapeau franco-ontarien, Donald Obonsawin revient sur son rôle dans la création de cet emblème officiel de la province, ainsi que sur son riche parcours au sein de la fonction publique. Ce Sudburois de naissance et fier abénakis, aujourd’hui chancelier de l’Université de Sudbury, continue de jouer un rôle central dans plusieurs institutions phares à l’aube de ses 75 ans.

«  C’est en partie à vous que nous devons le drapeau franco-ontarien. Qu’est-ce qui a motivé sa création? 

En 1975, un an après que les étudiants francophones de l’Université Laurentienne aient créé leur association, Gaétan Gervais et moi passions beaucoup de temps dans leur bureau pour discuter avec eux de différentes questions. Gaétan, professeur d’histoire, nous apportait des lectures et des réflexions sur le passé et sur ce que signifiait être francophone en Ontario.

C’est dans ce contexte que l’idée d’un drapeau est née. Nous avons établi trois principes : garder le symbole simple, choisir des couleurs neutres pour éviter toute association politique, et conserver l’anonymat pour que le drapeau ne soit lié ni à un individu ni à une région, vu les rivalités entre Ottawa et Sudbury à l’époque. La conception a commencé au printemps et s’est poursuivie durant l’été 1975, et le drapeau a été levé le 25 septembre.

Donald Obonsawin, au centre, à la cérémonie originale du lever du drapeau le 25 septembre 1975. Photo : gracieuseté de Donald Obonsawin

Qu’est-ce que ce drapeau représente pour vous, personnellement, et pour la communauté franco-ontarienne aujourd’hui? 

Pour ce qui est de la communauté, j’ai toujours essayé de me dissocier du drapeau, parce que ce drapeau ne m’appartenait pas personnellement. Il appartenait à la communauté. C’était un symbole important pour elle, et non pas quelque chose que je pouvais « posséder ». 

Il est clair que nous n’avions pas anticipé l’impact que ce drapeau pourrait avoir. Nous pensions simplement qu’il serait un symbole pour la communauté, un élément capable de la motiver et de la soutenir. C’est un point important à souligner : le drapeau n’aurait pas survécu et n’aurait pas pris vie si tous ces Franco-Ontariens ne l’avaient pas adopté. Ce n’est donc pas tant le succès du comité ou du drapeau en lui-même, mais plutôt le succès de la francophonie ontarienne, qui a voulu accepter un symbole et s’en emparer pleinement.

En regardant vers l’avenir, comment imaginez-vous l’évolution de l’identité franco-ontarienne dans le Nord et dans l’ensemble de la province au cours des 50 prochaines années?

C’est une question à laquelle j’ai beaucoup réfléchi dans les dernières semaines. Je suis une personne optimiste et je l’étais déjà en 1975 malgré les défis qui se trouvaient devant nous. Aujourd’hui, même si nos ressources sont limitées et que leur réduction par les gouvernements est probable, mais je crois que nous avons des capacités que nous pouvons façonner dans les années à venir pour nous donner un avenir meilleur.

C’est un peu le même défi que ma réserve d’Odanak rencontre. Nous sommes une petite communauté, beaucoup d’intermariages, donc le sang autochtone disparaît, et cela soulève aussi la question de la survie des Abénakis au sein de notre communauté.

Donald Obonsawin, deuxième à partir de la gauche, et la troupe de théâtre du Collège Sacré-Cœur.  Photo : gracieuseté de Donald Obonsawin

Quels moments de votre vie considérez-vous comme les plus marquants dans votre cheminement?

Ce qui a beaucoup influencé ma vie, c’est mon adolescence au Collège Sacré-Cœur. Les Jésuites m’ont donné la liberté de me découvrir tout en m’apportant la discipline nécessaire pour mes études. J’ai pu m’impliquer dans le sport, le théâtre, les arts et représenter le collège dans des institutions communautaires. 

Ces années, vers 1964-1967, ont été très formatrices. J’ai reçu une excellente éducation et je leur en dois beaucoup et je pense que toute la communauté de Sudbury aussi. C’est aussi ce qui explique mon attachement à l’Université de Sudbury, qui a ses racines au Collège Sacré-Cœur. 

Vous avez une longue carrière dans la fonction publique et y avez occupé d’importantes responsabilités, notamment comme sous-ministre dans plusieurs ministères. Qu’avez-vous retenu de cette expérience?

 J’ai passé 20 ans dans la fonction publique ontarienne, dont 15 ans comme sous-ministre, et 5 ans dans le fédéral. Quand j’ai été nommé sous-ministre des Affaires municipales, en 1987, j’étais la plus jeune personne à occuper cette fonction dans l’histoire de l’Ontario. Par la suite, j’ai occupé successivement les postes de sous-ministre dans six autres ministères. et ai travaillé avec trois partis politiques ontariens différents, ce qui est assez rare. Ce que j’ai retenu, c’est la variété des expériences que j’ai pu avoir. Ma formation était en développement régional, c’était un peu ma passion et c’était cette perspective que j’essayais d’apporter dans chaque ministère.

J’ai toujours essayé de m’assurer que les enjeux autochtones et francophones soient des priorités dans les ministères, ce qui m’a donné la possibilité d’influencer certains programmes pour les francophones et les peuples autochtones. Même si pendant longtemps je n’étais pas activement dans les organisations franco-ontariennes, je faisais mon travail dans le gouvernement pour mieux refléter les défis et les solutions dans ces ministères.

Cérémonie de prestation de serment de Donald Obonsawin, à gauche, pour le poste de sous-ministre du ministère des Affaires municipales en 1987. Également sur la photo, Bob Carman, secrétaire du Conseil des ministres et David Peterson, premier ministre de l’Ontario. Photo : gracieuseté de Donald Obonsawin

Vous êtes chancelier de l’Université de Sudbury depuis 2021. Pouvez-vous expliquer en quoi consiste cette fonction pour ceux qui ne le savent pas? 

C’est un rôle essentiellement cérémonial qui consiste à distribuer et présenter les diplômes lors des collations des grades, tout en étant présent pour accompagner la direction lors de rencontres importantes, qu’elles soient politiques ou avec certains partenaires. Je n’ai pas encore eu l’occasion de participer à une collation de grades, mais au cours des dernières années, j’ai accompagné Serge et d’autres lors de réunions de lobbying ou de rencontres stratégiques, ce qui fait également partie de mes responsabilités. 

Le recteur de l’Université parle d’une première cohorte névralgique pour cette première rentrée depuis sa relance. Avez-vous espoir que l’établissement puisse assurer sa viabilité et se développer dans les années à venir?

J’ai été membre du conseil d’administration de l’Université de Sudbury pendant 6-7 ans et j’y ai donc un grand attachement. Les défis sont là, mais c’est à nous d’offrir les cours et services que veulent les étudiants pour soutenir le développement intellectuel et franco-ontarien du Nord-Est et de l’ensemble de l’Ontario français.

Cela dépend beaucoup de l’offre que l’on propose : elle doit être moderne, répondre aux attentes des étudiants et s’accompagner d’un dialogue étroit avec eux. Le financement provincial renforce notre crédibilité et nous permet de créer des partenariats avec d’autres institutions et avec la jeunesse, notre clientèle principale. Je reste optimiste : il y aura toujours des défis, mais c’est à nous de définir l’avenir.

Donald Obonsawin, complètement à gauche, et les autres sous-ministres des autres provinces, territoires et du gouvernement fédéral, pour les négociations de l’Accord du lac Meech en 1990. Photo : gracieuseté de Donald Obonsawin

Vous êtes né à Sudbury et êtes membre de la Première Nation abénakise d’Odanak, au Québec. Quels sont vos liens avec la réserve?

Ces liens viennent de mon arrière-grand-père qui a quitté la réserve pour s’installer près de Sudbury. Cette appartenance se poursuit dans ma famille : mes enfants sont membres enregistrés d’Odanak. 

J’ai visité la réserve pour la première fois en 1972, mais j’avais déjà un sens d’appartenance grâce à des rencontres avec des membres de la communauté, comme Alanis Obomsawin. Cette expérience m’a profondément marqué. Bien que je sois né à Sudbury, j’ai été chaleureusement accueilli par les membres de la communauté.

Vous avez justement une double identité, autochtone et franco-ontarienne. Comment la vivez-vous au quotidien?

Aujourd’hui, je reste en contact avec Odanak à travers les pow-wows, des rencontres communautaires, des séances Zoom et un site Facebook. Le chef d’Odanak me connaît et nous avons eu des échanges au cours des années. Je ne parle malheureusement pas l’abanaki, la langue est peu parlée, mais je connais quelques mots. 

Pour moi, ma double identité se vit dans l’équilibre : je suis fier d’être abénakis, et en même temps le français est la langue dans laquelle je vis, m’exprime et m’engage dans la vie franco-ontarienne. Donald Obonsawin, c’est un Autochtone qui parle français et qui est très fier de contribuer à la communauté franco-ontarienne. 

De gauche à droite, Donald Obonsawin, Michel Dupuis et Yves Tassé – membres du comité à l’origine de la création du drapeau franco-ontarien, lors du 40e anniversaire du drapeau en 2015. Photo : gracieuseté de Donald Obonsawin

Quel conseil donneriez-vous aux personnes qui souhaitent s’informer et approfondir leur compréhension de la réconciliation?

J’encouragerais tout le monde à participer à des événements autochtones. Par exemple, la Journée nationale de la vérité et réconciliation qui arrive à la fin du mois : sortez, soyez à l’aise, allez découvrir. La réconciliation se fera surtout entre individus, pas seulement au niveau institutionnel.

J’espère que les gens auront une curiosité naturelle pour aller voir, écouter des émissions, des reportages, et vivre certaines expériences, comme un feu sacré. Ces cérémonies autochtones sont souvent paisibles et permettent de se connecter avec la nature et avec ce qui nous entoure. C’est par ces gestes individuels que la vraie réconciliation pourra se concrétiser. 

Revenez-vous souvent dans le Nord, à Sudbury?

Bien que je ne vis plus à Sudbury, la famille de mon épouse y est toujours, et j’ai toujours gardé un fort attachement à cette ville qui m’a vu naître. Même lorsque je travaillais dans les ministères, surtout provinciaux, je faisais toujours en sorte d’avoir quelques dossiers en cours qui avaient un impact sur la ville de Sudbury. Quand je reviens dans le Nord, j’aime surtout aller voir la maison où j’ai grandi, la cour où j’ai passé beaucoup de temps. Je visite aussi régulièrement, l’Université de Sudbury, qui est un peu comme ma deuxième maison. 

C’est là que mon épouse et moi avons célébré notre mariage, donc c’est un lieu très spécial pour nous. Mon attachement à l’Université est très fort : j’y ai passé beaucoup de temps, et c’est là que se retrouvaient les Franco-Ontariens pour nos rencontres et discussions. 

Donald Obonsawin et son épouse, Carole, passent l’hiver chaque année à Aruba. Gracieuseté de Donald Obonsawin

Vous vivez aujourd’hui à Markham, dans une région où la francophonie est moins visible que dans le Nord de l’Ontario. Comment restez-vous connecté à la francophonie?

Même en vivant à Markham depuis ma retraite du gouvernement en 2002, j’ai continué à m’impliquer activement dans la francophonie à travers plusieurs conseils provinciaux, dont ceux des affaires francophones, du Collège Glendon, du Théâtre français de Toronto ou encore de TFO.

À Ballantrae, il existe une petite communauté francophone composée surtout de retraités. On se réunit deux fois par année pour souligner la Journée des Franco-Ontariens ou d’autres occasions, et on fréquente le Théâtre français de Toronto. Même ici, je demeure donc très engagé dans la francophonie.

Vous approchez les 75 ans et vous êtes encore très actif. Comptez-vous arrêter un jour? 

Effectivement, j’ai définitivement dépassé l’âge de la retraite mais je suis encore très actif. En plus de mon rôle de chancelier de l’Université de Sudbury, je suis aussi vice-président du Conseil d’administration du Musée canadien de la nature, vice-président du Conseil consultatif de la Société de gestion des déchets nucléaires, et je fais des relations gouvernementales pour Hatch, une société d’ingénierie et de gestion de projets. 

Tout comme ma vie publique a commencé très jeune, elle continue. Je fais des choses que j’aime. Les engagements que je prends en ce moment sont prévus pour au moins les deux prochaines années, et dans deux ans, je ferai un nouvel état des lieux pour décider de la suite. »


1950 : Naissance à Sudbury, Ontario.

1975 : Participe à la création du drapeau franco-ontarien.

1984 : Nommé directeur général de la section des services médicaux au Ministère de la santé et bien-être général du Canada.

1987 : Devient le plus jeune sous-ministre des Affaires municipales de l’Ontario.

2021 : Nomination à titre de chancelier de l’Université de Sudbury.

Chaque fin de semaine, ONFR rencontre un acteur des enjeux francophones ou politiques en Ontario et au Canada.

« Le financement provincial n’a augmenté que de 3,8 % en 7 ans », selon Santé publique Ottawa

Mohammad Kibria est gestionnaire du soutien aux politiques, à la santé des Autochtones et à l’administration des affaires à Santé publique Ottawa (SPO). Il est chargé de l’élaboration du budget et de la supervision financière.

SPO se heurte à un déséquilibre structurel aggravé par une croissance limitée du financement provincial. Résultat : un déficit anticipé de 2,3 M $ pour 2026, qui menace le maintien des services, y compris ceux en français, dans une ville où la population francophone est en pleine expansion.

Alors que la province évoque une hausse de 27 % du financement depuis 2018, SPO souligne qu’il s’agit surtout de transferts comptables vers le « partage des coûts », faisant porter la charge à la Ville d’Ottawa. En réalité, l’appui provincial n’a progressé que d’environ 3,8 % en sept ans.

« Vous demandez à la province de réviser la formule de financement. Quels ajustements spécifiques considérez-vous comme essentiels pour combler le déficit structurel de 2,3 M $ que vous anticipez?

Alors que SPO entre dans le cycle budgétaire de 2026, elle est confrontée à un déficit de financement structurel croissant qui aura un impact sur sa capacité à maintenir les niveaux de service actuels. Bien qu’elle n’ait pas l’intention d’étendre son programme, SPO doit faire face à une pression financière estimée à 4 M $, principalement due à l’ajustement du coût de la vie, à l’inflation générale et à l’augmentation du coût des services essentiels imposés par la province. Par ailleurs, les augmentations de financement attendues de la part de la Ville et de la province s’élèvent à 1,7 M $, ce qui laisse un déficit de 2,3 M $. Cet écart n’est pas le résultat d’une ambition de croissance, mais plutôt dû à l’augmentation des coûts nécessaires pour maintenir les activités actuelles.

Quelles solutions temporaires avez-vous déjà mises en place pour 2026, et pourquoi estimez-vous qu’elles ne suffisent pas à long terme?

Pour gérer ce déficit, SPO s’appuie sur des mesures temporaires, notamment le remplacement temporaire du personnel, la réaffectation du budget non lié à la rémunération, un prélèvement supplémentaire sur la réserve informatique, une allocation ponctuelle de la province en cours d’exercice et un soutien d’urgence de la Ville d’Ottawa.

Si ces mesures permettent de stabiliser le budget de 2026 à court terme, elles ne constituent toutefois pas des solutions durables. La province a la possibilité de renforcer la durabilité à long terme en actualisant sa formule de financement afin de remédier au déficit structurel.

Le ministère de la Santé affirme avoir augmenté le financement de Santé publique Ottawa de près de 27 % depuis 2018. Comment évaluez-vous ces augmentations par rapport aux besoins réels actuels? 

Alors que le ministère de la Santé souligne une augmentation de 27 % du financement de SPO depuis 2018, ce chiffre ne reflète pas toute la réalité. Un examen plus approfondi des calendriers de financement de la province montre que cette augmentation résulte en grande partie d’une restructuration et non de nouveaux investissements.

En 2018, environ 7 M $ ont été consacrés à des programmes financés à 100 % par la province. Depuis lors, la plupart de ces programmes ont été transférés vers le modèle de « partage des coûts », ce qui signifie que la Ville d’Ottawa est désormais responsable de couvrir 25 % de leurs coûts. Ce transfert donne l’impression d’une augmentation du financement provincial, mais dans la pratique, il transfère une plus grande partie du fardeau financier à la municipalité.

Si l’on exclut les changements comptables et les nouveaux programmes ajoutés après 2018, l’augmentation réelle des contributions provinciales à SPO est plus près de 3,8 % sur sept ans, et si l’on tient compte de la part municipale des programmes transférés, le soutien provincial a en fait diminué.

En août 2023, le ministère de la Santé de l’Ontario a annoncé une stratégie en trois volets visant à renforcer les capacités et la durabilité du système de santé publique. Cette stratégie comprend la mise à jour des normes, la fusion volontaire des agences de santé locales et l’augmentation progressive du financement, avec une révision prévue de la formule de financement en 2025-2026.

Vous attendiez-vous à ce que cet examen du financement règle déjà une partie du problème?

SPO prévoyait que l’examen du financement permettrait de combler son déficit chronique, mais la province n’a donné aucune indication quant au moment prévu ni aux résultats attendus.

SPO prépare son budget pour 2026 en mettant l’accent sur le maintien de son effectif actuel, l’équivalent de 511,11 postes à temps plein, et sur la prestation de services essentiels conformes aux priorités stratégiques. Aucune extension majeure des services n’est prévue sans obtenir de financement supplémentaire.

Au cours des 14 dernières années, SPO a connu une augmentation considérable de la demande de services, due à l’augmentation du fardeau des maladies infectieuses influencée par la croissance démographique, les voyages et l’immigration, l’inflation et les changements climatiques. Malgré cela, les effectifs de SPO n’ont augmenté que de six postes équivalents temps plein (ETP) au cours de cette période (soit une augmentation de 1 %), malgré une croissance démographique cumulative d’environ 19 % à Ottawa.

SPO continue de s’adapter et de trouver des moyens novateurs pour maintenir la prestation de services malgré des ressources insuffisantes. Le manque chronique de ressources a limité la capacité de SPO à se conformer pleinement aux normes provinciales en matière de santé publique. Les pressions visant à maintenir le niveau attendu des services en matière d’inspections de salubrité alimentaire, de promotion de la santé, de croissance et de développement sains et de lutte contre les maladies infectieuses se sont intensifiées. Les fonds disponibles n’ont pas suivi le rythme de l’augmentation des coûts de prestation des services. Bien que SPO continue de rechercher des gains d’efficacité, elle demeure préoccupée par le risque de non-conformité aux normes provinciales et par le risque de ne pas pouvoir répondre à la demande de services.

Mohammad Kibria insiste sur la nécessité d’une nouvelle formule de financement pour assurer la pérennité des services de santé publique. Crédit photo : Darren Brown

Quel est l’impact de ce déficit sur les services de santé publique à Ottawa? 

Chaque année, SPO doit faire face à des contraintes budgétaires récurrentes simplement pour maintenir ses programmes et ses activités existants. Ces pressions découlent d’un déséquilibre structurel entre la hausse des coûts d’exploitation et la croissance limitée du financement provincial.

Les principaux conducteurs de coûts comprennent l’indexation sur le coût de la vie, qui varie généralement entre 2,5 % et 3,5 %, et une augmentation d’environ 6 % des coûts liés aux avantages sociaux des employés. En revanche, l’augmentation annuelle du budget de base à frais partagés de SPO par la province est demeurée autour de 1 % depuis 2024.

L’augmentation de 1 % ne s’applique pas aux programmes entièrement financés par la province, tels que le Programme ontarien de soins dentaires pour les aînés, le Programme Bébés en santé, enfants en santé et le Programme de santé publique autochtone, qui ne bénéficient d’aucune augmentation annuelle de la part de la province, ce qui crée un déficit de financement persistant et croissant.

Ottawa est officiellement bilingue. Quelle est la situation actuelle en matière d’offre active de services en français au sein de SPO?

SPO met en œuvre l’offre active de l’ensemble des services de santé publique en français.  SPO rend cela possible grâce à une surveillance continue et au renforcement des capacités nécessaires, telles que la formation obligatoire, le recrutement de personnel bilingue, les communications bilingues, ainsi que l’éducation à la santé publique, la prestation directe de services et l’engagement.

Notre engagement à offrir activement des services en français découle de l’engagement du leadership de SPO, de la politique de bilinguisme de la Ville d’Ottawa et des lignes directrices provinciales. SPO joue également un rôle de premier plan dans le renforcement des capacités linguistiques en français au sein des bureaux de santé publique de la région. 

SPO dirige, en collaboration avec le Bureau de santé de l’Est de l’Ontario, une communauté de pratique provinciale qui se consacre à la mobilisation des connaissances et des outils pour soutenir la planification des services en français.

Au cours des dernières années, SPO a mis en œuvre des approches novatrices afin de mieux servir les populations francophones prioritaires à Ottawa. Parmi celles-ci figure l’initiative des centres de santé et de bien-être de quartier, qui offre aux résidents des quartiers à revenus faibles un accès à obstacles réduits à des services sociaux et de santé publique essentiels.

Le financement insuffisant touche-t-il particulièrement certains programmes destinés à la communauté francophone? 

Le manque de financement affecte l’ensemble de nos activités, y compris notre capacité à répondre aux besoins émergents résultant de la croissance démographique et des nouvelles complexités liées aux pressions socio-économiques et environnementales.

Quelles mesures spécifiques recommandez-vous pour assurer un financement stable des services en français?

Ottawa abrite la plus grande population francophone de l’Ontario, et ce nombre a augmenté ces dernières années, accéléré par l’immigration croissante de francophones dans la ville.  Comme indiqué, SPO recommande que le financement des services en français suive le rythme de la croissance démographique et de la demande croissante due aux pressions socio-économiques et environnementales. »



Immigrants et aînés plus susceptibles de recevoir des soins hospitaliers en français en Ontario

ONTARIO – Les immigrants récents et les adultes de 65 ans et plus affichent des probabilités plus élevées de recevoir des soins hospitaliers en français en Ontario, selon les données récentes de Statistique Canada. L’étude montre que ces différences sont étroitement liées à la proximité des hôpitaux désignés pour offrir des services en français et à certaines caractéristiques sociodémographiques.

L’étude publiée jeudi et intitulée Enquête sur la population de langue officielle en situation minoritaire (EPLOSM) repose sur des données recueillies en 2022 auprès des adultes vivant au Nouveau-Brunswick, au Québec et en Ontario. 

On y apprend qu’en Ontario, les adultes de langue française immigrants récents (2017-2021) avaient une probabilité prédite de 32 % de recevoir des soins hospitaliers en français, contre 24 % pour les non-immigrants.  Les immigrants établis (avant 2016) présentaient, eux, une probabilité de 18 %. 

L’âge constitue un autre facteur déterminant. Les adultes de 65 ans et plus avaient une probabilité prédite de 30 % de recevoir des soins en français, soit 12 points de pourcentage de plus que les 18-64 ans (18 %).  L’étude ne précise pas les raisons expliquant ces phénomènes mais Estelle Ethier, cheffe de direction de l’Institut du Savoir Montfort, imagine plusieurs pistes pour les interpréter.

« Ce qu’on observe, c’est que certains francophones récemment immigrés viennent de pays francophones et ne maîtrisent pas bien l’anglais, ce qui peut les amener à demander davantage les services en français », explique-t-elle.

Par ailleurs, l’aisance à demander des soins en français renforce ces tendances : « les personnes qui se sentaient à l’aise de demander des services dans la langue officielle de leur choix étaient quatre fois plus susceptibles de recevoir des soins dans cette langue (44 %) que celles qui ne l’étaient pas (11 %) », précise l’auteur.

La connaissance des lois encadrant les services de soins de santé dans la langue officielle minoritaire jouait également un rôle important en Ontario, où 38 % des adultes de langue française connaissant ces lois avaient reçu des soins dans leur langue, comparativement à 19 % de ceux qui ne les connaissaient pas.

« Peut-être que nos Franco-Ontariens qui sont ici depuis plus longtemps demandent moins souvent, car ils ont appris l’anglais pour fonctionner dans leur environnement », lance aussi Mme Ethier.

Proximité d’un hôpital désigné

La distance par rapport à un hôpital désigné joue un rôle clé.

« En Ontario, par exemple, les adultes de langue française dont l’hôpital le plus proche était un hôpital désigné pour fournir des services dans la langue officielle minoritaire présentaient une probabilité prédite de 34 % de recevoir des soins dans leur langue, comparativement à 16 % de ceux vivant plus près d’hôpitaux non désignés », indique le rapport.

De manière similaire, ceux résidant dans des régions à plus forte concentration de locuteurs de langue française affichaient une probabilité prédite de 32 % de recevoir des soins dans leur langue, soit près du double de celle observée chez les personnes vivant dans des régions à plus faible concentration de locuteurs de langue française (17 %).

La proximité influence également l’accès : pour les adultes vivant à moins de 2,5 km d’un hôpital de langue minoritaire, la probabilité de recevoir des soins en français était de 27 %, contre 24 % pour ceux résidant entre 2,5 km et 15 km, et 21 % pour les personnes habitant à 15 km ou plus.

« Ce qui m’inquiète le plus, c’est le faible nombre de personnes qui ont réellement accès à des services de santé en français en Ontario », affirme Estelle Ethier.

Bien que 27 zones couvrant 80 % des Franco-Ontariens soient désignées en vertu de la Loi sur les services en français, seule une vingtaine d’hôpitaux sur plus de 140 détiennent cette désignation. « On va avoir des villes avec une grande population de francophones, mais les hôpitaux n’ont pas d’obligation à offrir des services en français », déplore-t-elle.

Une tendance nationale

À l’échelle du Canada, l’accès aux soins en concordance linguistique reste limité pour la population de langue officielle en situation minoritaire (PLOSM). 

Environ la moitié des patients de langue officielle en situation minoritaire ont reçu des soins dans leur langue, à l’échelle du pays. La proportion atteint près de 80 % au Nouveau‑Brunswick, 57 % au Québec pour les anglophones et un tiers en Ontario pour les francophones.

En 2022, 78 % des Canadiens jugeaient important de recevoir des soins de santé dans la langue officielle de leur choix, avec des variations selon les régions : 91 % des anglophones du Québec considéraient essentiel de recevoir des soins en anglais, contre 65 % des francophones vivant hors Québec. 

Concernant les autres variables, l’étude montre qu’au Nouveau‑Brunswick, les immigrants de langue française sont presque deux fois plus susceptibles que les non-immigrants de recevoir des soins en concordance linguistique, avec une probabilité de 78 % contre 42 %.

En outre, 68 % des aînés francophones au Nouveau-Brunswick et 61 % des anglophones au Québec reçoivent des soins dans leur langue minoritaire, comparativement à 55 % et 49 % chez les adultes plus jeunes.

Mme Ethier souligne l’importance de poursuivre la recherche afin d’éclairer ces résultats. « Je pense que les données nous disent qu’on ne sait pas pourquoi, et qu’il faut donc continuer à investiguer cette variable », indique-t-elle.

« Ces résultats suggèrent que l’amélioration de l’accès à des soins en concordance linguistique nécessite une approche multidimensionnelle allant au-delà de la seule question de la proximité », conclut l’étude.

La Fête de la culture de l’Ontario s’ouvre avec des dialogues entre artistes francophones et visiteurs

Cette année, avec un lancement à Thunder Bay, le festival veut favoriser l’engagement du public et des communautés envers les arts, la culture et le patrimoine ontarien. « On a énormément de variétés et de diversité des cultures, et ça inclut évidemment toute la culture franco-ontarienne », affirme Isabelle de Bruyne, qui siège dans le conseil d’administration du festival.

Une courtepointe à colorier à Sault-Sainte-Marie

Dès la semaine prochaine, les amateurs d’art pourront se joindre à Isa Michaud, artiste visuelle multidisciplinaire du Nord de l’Ontario, pour réaliser une courtepointe s’étalant sur une surface de huit mètres sur deux. « Je pense que ça va plaire à tout le monde. Ça va être participatif. J’ai toujours une approche où les gens peuvent participer à l’art d’une manière accessible sans que ça fasse peur ou que ça intimide », explique la peintre, dessinatrice et vidéaste.

« Tout le monde va pouvoir colorier et dessiner », assure-t-elle.

En tant qu’artiste à Sault-Sainte-Marie, la Fête de la culture de l’Ontario offre à Isa l’une de ses seules opportunités de partager ses travaux. Photo : Gracieuseté Isa Michaud 

La courtepointe, assemblée avec des draps recyclés, contient quatre grandes peintures réalisées avec des matériaux à base de plantes tels que le charbon de bois, le curcuma et l’encre acrylique sur toile de coton. Photo : Gracieuseté Isa Michaud

La courtepointe, assemblée avec des draps recyclés, contient quatre grandes peintures réalisées avec des matériaux à base de plantes tels que le charbon de bois, le curcuma et l’encre acrylique sur toile de coton. Photo : Gracieuseté Isa Michaud

La courtepointe, assemblée avec des draps recyclés, contient quatre grandes peintures réalisées avec des matériaux à base de plantes tels que le charbon de bois, le curcuma et l’encre acrylique sur toile de coton. Photo : Gracieuseté Isa Michaud

D’après elle, il n’y a pas autant d’opportunités pour les artistes francophones de faire des expositions en français dans le Nord de l’Ontario. Photo : Gracieuseté Isa Michaud.

L’artiste précise que sur la grande courtepointe sont inscrites de petites notes en français. « À la Fête de la culture de l’Ontario, on essaie de partager des parties de notre culture. Pour moi, c’est le français. » Cette dernière encourage sans relâche l’amélioration de la présence francophone au sein de l’événement. « Je lutte pour ça depuis très longtemps. J’ai même enseigné le français à la coordonnatrice du festival à Sault-Sainte-Marie, parce que je veux que ça s’améliore. »

Exposition d’art Le Pied Carré à Plantagenet

Non loin de la capitale canadienne, à Plantagenet, l’exposition Le Pied Carré au sein de la Ferme Mariposa rassemble les œuvres de 32 artistes locaux, dont 20 francophones, venant de coins tels que de Hammond, Hudson et Cornwall. À l’occasion du festival, Suzanne Lavoie, qui dirige la ferme, a décidé avec son mari de mettre en lumière une trentaine d’artistes locaux et régionaux. « Ce sont plus de 150 œuvres d’art qui seront exposées », raconte Mme Lavoie.

Originaire de la région de Kapuskasing, elle consacre une partie de son temps à mettre en contact les amateurs d’art et le grand public. « Nous avons 200 visiteurs tous les weekends », s’enchante-t-elle.

Veronika McKerrel, de Rockland, Ontario,  travaille avec des huiles, des acryliques, des médiums secs et de la gravure en superposant souvent des matériaux pour créer de la profondeur et de l’énergie. Photo : Gracieuseté Suzanne Lavoie

L’exposition rassemble plus de 150 œuvres d’artistes locaux francophones et anglophones. Photo : Gracieuseté Suzanne Lavoie

Alex Dufour, de Hammond, Ontario, a utilisé la devanture de cinq restaurants à Ottawa pour en faire des peintures. Photo : Gracieuseté Suzanne Lavoie

« On est très choyés. J’ai des artistes ici qui vendent leurs œuvres à un maximum de 400 $ au lieu 1500 $ en temps normal », remarque-t-elle. L’exposition est ouverte tous les weekend, tout le long du festival.

Parallèles – Forces féminines éclipsées à Cambridge

Originaire de Sudbury, Alix Voz dirige une exposition liant trois artistes féminines canadiennes et francophones maniant le textile et les pinceaux. À partir de début octobre, le public pourra contempler des œuvres explorant la mémoire collective à travers des techniques de tissage de vêtements traditionnels autochtones.

Celle qui siège au sein du Bureau des regroupements des artistes visuels de l’Ontario (BRAVO) martèle son engagement en affirmant « renforcer ce besoin de vraiment être la relève francophone. »

Antonietta Grassi, Caroline Monnet et Carolina Reis sont les trois artistes à l’honneur de l’exposition. « Je les ai mises à trois ensemble pour raconter une histoire très intéressante de ce qui se passe dans le monde artistique contemporain en Ontario français », détaille Alix Voz.

Cette création d’Antonietta Grassi montre des compositions superposées évoquant surfaces tissées, circuits imprimés et machines devenues obsolètes. Photo : Gracieuseté Alix Voz

Le textile constitue la principale discipline artistique d’Antonietta Grassi (à gauche), de Caroline Monnet (au milieu) et de Carolina Reis (à droite). Photos : Gracieuseté Alix Voz

Exposition « Echoes » de Caroline Monnet. Photo : Gracieuseté Alix Voz

Exposition « Ne tenir qu’à des fils » de Carolina Reis. Photo : Gracieuseté Alix Voz

« C’est vraiment une exposition qui survient à un moment important, parce qu’on a une artiste autochtone et ça tombe pendant le temps de réconciliation. Donc, je pense que c’est aussi un moment politique important de faire la réflexion du dépourvoir féminin et que les histoires peut-être sont un peu plus éclipsées », poursuit-t-elle.

« C’était important de continuer l’histoire de l’importance de l’art en français, en Ontario spécifiquement. Quand je travaille sur mes projets comme commissaire d’exposition, j’essaie de mettre l’accent sur les artistes francophones, car ils n’ont pas d’histoires souvent mises en avant en Ontario, où c’est majoritairement anglophone », conclut la directrice.

L’art et la science avec l’Alliance Française de Toronto

D’ici deux semaines, au sein de la galerie de l’Alliance Française (AF) de Toronto, 20 sculptures qui explorent le lien entre art et science seront exposées. S’en suivra une discussion ouverte entre le public et le sculpteur et ancien chercheur scientifique Sylvain Baruchel.

Il s’agit de la première participation de l’AF au festival. La directrice culturelle de l’AF, Cynthia-Laure Etom, annonce que « nous avons vu l’information passer et il a été important pour nous d’y participer pour répondre à cette mission de rayonnement de la culture et de la langue. »

L’exposition se déroulera le 20 sep au 18 octobre à l’Alliance Française au 24 Spadina Road. Photo : Archives ONFR

Les sculptures de Sylvain Baruchel explorent le croisement entre art et science. Photo : Gracieuseté Cynthia-Laure Etom

Les sculptures de Sylvain Baruchel explorent le croisement entre art et science. Photo : Gracieuseté Cynthia-Laure Etom

D’après la directrice culturelle, la mission de l’AF continue de soutenir l’expression artistique francophone locale torontoise afin d’entretenir ce carrefour culturel « entre les francophones, francophiles et franco-curieux », rappelle Mme Etom.

Cette exposition en lance la saison des expositions à l’AF Toronto qui commence demain. Pour elle, proposer des expositions en français permet de favoriser des échanges autour de la langue, la culture et à terme de renforcer la présence francophone.

Culture et accessibilité

En tant que membre du conseil d’administration du festival, Isabelle de Bruyne continue de « chercher au-delà du réseau culturel et artistique d’autres organismes francophones qui pourraient être intéressés à promouvoir les activités. » Par ailleurs, de nombreuses initiatives de la part de l’organisme comme la confection de guides culturels de l’Ontario dans les deux langues s’inscrivent dans un effort d’inclusion de la scène artistique franco-ontarienne.

Le French Fest de Sudbury fête ses 10 ans et le 50e du drapeau franco-ontarien

SUDBURY – Le French Fest de Sudbury fête ses 10 ans et offrira, ce samedi, un avant-goût des célébrations du 50e anniversaire du drapeau franco-ontarien. Cette édition met en valeur la diversité culturelle de la communauté et propose plusieurs activités inédites, dont des expériences culinaires et des rassemblements autour du feu.

Il y a dix ans, le premier French Fest accueillait le public sur un stationnement devenu, quelques années plus tard, la Place des Arts. Cette année, le rendez-vous culturel francophone incontournable de Sudbury se tiendra au cœur du quartier le plus animé du centre-ville et fera écho au 50e anniversaire du drapeau franco-ontarien, créé à proximité, à l’Université de Sudbury.

Le French Fest 2015 était la première édition d’un festival gratuit célébrant la culture franco-canadienne à Sudbury, en Ontario, en l’honneur du 400e anniversaire de la présence française en Ontario. Gracieuseté de La Slague

Pour souligner ces célébrations, le festival présentera la pièce Mourir de trop gueuler, de la troupe d’Ottawa Créations In Vivo, en co-diffusion avec le Théâtre du Nouvel-Ontario. « La pièce parle de la réalité d’une communauté linguistique minoritaire et pose la question de ce que nous avons fait et allons faire pour assurer la vitalité de la langue pour les 50 prochaines années », explique Joëlle Villeneuve, gestionnaire de la Slague.

La pièce sera ensuite proposée dans les écoles du Conseil scolaire du Grand Nord, avant d’être reprise le 26 septembre au Lounge 390 dans le cadre d’un « after party » des célébrations du drapeau.

Des artistes costumés – les bouffons – participeront d’ailleurs au tintamarre du 25 septembre qui ira de l’Université Laurentienne à l’Université de Sudbury. Photo : gracieuseté de Contact ontarois

« C’est une bonne manière pour nous de sortir un peu de la Place des Arts et des lieux de théâtre habituels, de saluer le fait que le drapeau est de chez nous et de fêter le 50e en soirée », précise-t-elle.

Djely Tapa et les Bilinguish Boys

Le French Fest souhaite aussi souligner ses racines à l’occasion de son 10e anniversaire. La date du festival avait été pensée, originellement, pour accueillir les nouveaux étudiants.

Depuis, l’événement a élargi sa portée et sa mission selon la responsable : « Le French Fest vise non seulement à accueillir les nouveaux membres de la communauté, notamment les étudiants postsecondaires, mais aussi à reconnaître la diversité. » Une thématique qui se reflète dans la programmation musicale.

« Cette bilingualité à Sudbury n’est pas un problème, bien au contraire , c’est un véritable atout pour notre communauté »
— Joëlle Villeneuve

« Djely Tapa, c’est une artiste, maintenant québécoise, mais à l’origine malienne, qui est aussi une griotte. La tradition griotte et griots au Mali, c’est des porteurs de culture. C’est vraiment une personne qui représente la vitalité de la culture dans les communautés. »

Mme Villeneuve rappelle que l’artiste a déjà présenté un spectacle à Sudbury qui avait connu du succès auprès du public lors du Cabaret africain de l’année dernière.

Djely Tapa est une artiste d’origine malienne basée à Montréal, au Québec. Photo : gracieuseté de La Slague

Le festival met aussi à l’honneur des artistes locaux, les Bilinguish Boys, un trio composé de Stef Paquette, Dayv Poulin et Édouard Landry.

« Ils se réunissent sur scène pour un spectacle qui fait rire et qui reflète notre identité Bilinguish : autant francophones qu’anglophiles, tout comme nos anglophones sont souvent francophiles. Cette bilingualité à Sudbury n’est pas un problème, bien au contraire, c’est un véritable atout pour notre communauté. »

Stef Paquette animera également le tournoi de cornhole – ou jeu de poches – une activité communautaire qui accompagne leur performance. « Voir Steph dans ce rôle, juste avant qu’il monte sur scène, ça montre encore une fois la diversité de notre communauté et de nos artistes », explique Mme Villeneuve.

Des nouveautés culinaires

Cette édition propose plusieurs nouveautés, notamment un cercle culinaire inspiré des traditions de plusieurs régions du monde et du succès de cette activité à la dernière Nuit émergente. « À la Slague, on aime tester de nouvelles idées et intégrer des éléments innovants à la programmation pour refléter l’évolution de notre communauté », explique Mme Villeneuve.

Il y aura des dégustations de maïs et de patates rôties en journée, et un bar de dessert de soirée proposant de griller des s’mores, du pain bannique ou encore des plantains flambés.

Alexandre Matte, conteur Sudburois, lors d’une précédente activité de La Slague. Gracieuseté de la Slague

« Transmettre une culture passe souvent par la nourriture, notamment lors de rassemblements autour des repas », confie-t-elle, en précisant que cette approche a été renforcée par un comité d’écoute de gens issus d’immigration local, avec lequel le French Fest collabore, qui a insisté sur l’importance de partager des plats d’une communauté à l’autre.

Le festival met en avant les traditions partagées autour du feu : « On va avoir des feux sécuritaires où l’on pourra griller des légumes du terroir, du pain bannique à la manière autochtone, ou encore des produits adaptés selon différentes cultures, comme le maïs avec du beurre ici, des arachides rôties au Cameroun, ou du blé d’inde avec du citron vert et de la cayenne au Mexique. »

La soirée se terminera par un cercle de traditions orales et de chansons à répondre. « Les chansons à répondre font partie des traditions orales partout dans le monde. Les partager autour d’un feu de camp permet de souhaiter la bienvenue et de célébrer ensemble la diversité de chacun. »

Joëlle Villeneuve est gestionnaire de La Slague depuis 2024. Photo : gracieuseté de La Slague

D’autres activités pour la famille

Pour la première fois, le festival, dont l’emplacement change chaque année, se déroule sur la rue Durham, devant le nouvel espace Réfectorio, mis à disposition par le Yes Theatre.

« C’est un espace qui représente aussi les festivals. Il y avait un trou entre trois logements de cette rue qui aurait pu devenir un bâtiment ou un stationnement, et le Yes Theatre l’a réimaginé pour en faire une scène extérieure », explique Mme Villeneuve. Le lieu permet de se rassembler sous les étoiles et met en valeur l’architecture historique de la rue.

D’autres activités sont maintenues, comme la foire familiale avec ateliers créatifs animés par Nicolas Dupuis et le petit marché d’artisans de la région, qui permet aux créateurs locaux de présenter leur savoir-faire. Les auditions de Par ici le talent auront également lieu en journée et en marge du festival, à la grande salle de la Place des Arts.

Le French Fest se veut inclusif et une vitrine pour la culture locale. Photo : Gracieuseté de La Slague

Le marché artisanal, lui, fait partie des activités traditionnelles, mais prend cette année une forme renouvelée. « Il y a beaucoup d’artisans issus d’immigration qui créent des objets porteurs de culture, et cela fait aussi grandement partie de la culture autochtone. Offrir un espace pour vendre et partager leurs œuvres complète bien les thèmes de la journée et les autres activités prévues », précise Mme Villeneuve.

En outre, la ville de Sudbury a lancé une initiative permettant aux participants des événements organisés par des organismes à but non lucratif, dont le Carrefour francophone, d’utiliser le transport en commun gratuitement. Ainsi, les personnes se rendant au French Fest n’ont qu’à présenter leur intention de participer pour monter à bord sans frais.

Concernant la participation, Mme Villeneuve souligne que l’événement est gratuit et attire généralement plusieurs centaines de personnes. « Quand il fait beau, comme ce sera le cas ce samedi, les familles sortent et il y a de grandes chances que ce soit nombreux », espère-t-elle.

Lever du drapeau franco-ontarien : la municipalité de Greenstone encore boycottée

GREENSTONE — Un an après le boycott du lever de drapeau franco-ontarien, le scénario se répète à Greenstone. Pour le 50ᵉ anniversaire du drapeau, la Ville procédera seule à la cérémonie, lundi, sans la participation de la communauté francophone locale.

L’Association des francophones du Nord-Ouest de l’Ontario (AFNOO) confirme avoir demandé à la municipalité de hisser le drapeau, comme le veut la procédure annuelle, mais sans présence de la communauté. 

« La communauté préfère célébrer avec les organismes francophones et les écoles plutôt qu’à la municipalité, considérant l’affront non restitué », explique l’organisme par courriel.

Les élèves des écoles St-Joseph, Notre-Dame-de-Fatima et Château-Jeunesse se retrouveront devant l’École Notre-Dame-de-Fatima à Longlac pour leur propre cérémonie, prévue à 10 h le 25 septembre.

L’AFNOO distingue entre un lever « municipal », qui implique la participation citoyenne et un discours, et un lever « symbolique » réalisé par le personnel de l’hôtel de ville sans public. C’est ce deuxième scénario qui se déroulera à Greenstone cette année.

De son côté, le maire de cette ville comptant près de 20 % de francophones, James McPherson dit respecter cette décision. « Tout le monde a le droit de participer ou de ne pas participer, et la communauté a choisi de ne pas le faire. Nous respectons ce droit », a-t-il déclaré en entrevue avec ONFR.

Des levers symboliques auront également lieu à Atikokan, Fort Frances et Nipigon.

Une proclamation adoptée

À la demande de l’AFNOO, le conseil municipal a adopté cet été une proclamation désignant le 25 septembre comme le Jour des Franco-Ontariens à Greenstone. « Nous avons été heureux d’accepter et de l’afficher sur notre site web », indique le maire James McPherson. Le texte, soumis par l’organisme francophone, a été voté à l’unanimité par le conseil.

La Ville maintient sa politique adoptée en 2023, selon laquelle tous les drapeaux communautaires, qu’ils soient autochtones, culturels ou francophones, sont hissés pour une durée d’une semaine. Pour maximiser le temps d’exposition, le drapeau franco-ontarien sera levé dès ce lundi et flottera toute la semaine, fait savoir l’élu.

« Ce n’était peut-être pas la solution idéale pour tous, mais c’était une solution équitable pour tous », affirme-t-il, ajoutant que la position de la Ville ne changera pas.

Comme l’an dernier, le discours officiel lors du lever de drapeau sera prononcé uniquement en anglais. « Greenstone est une communauté anglophone du point de vue gouvernemental, et ni moi ni le maire suppléant ne parlons français », explique le maire de cette ville de 5000 habitants située au nord du lac Supérieur.

Interrogé sur la possibilité d’intégrer le français à l’occasion du 50ᵉ anniversaire du drapeau, il répond que la pratique ne changera pas cette année.

Dialogue rompu

En 2024, la communauté francophone avait décidé de ne pas se présenter à la cérémonie officielle organisée devant l’hôtel de ville de Geraldton, en guise de protestation.

Plus d’une centaine de drapeaux franco-ontariens avient alors été déployés dans toute la municipalité qui comprend, entre autres, les communautés de Geraldton, de Longlac, de Nakina et de Beardmore grâce à des dons de particuliers et d’organisations.

Depuis l’an dernier, le contact est resté limité entre la municipalité et l’organisme. « C’était une discussion difficile à l’époque et, honnêtement, je n’ai pas eu de nouvelles depuis », admet le maire.

Quant au comité annoncé l’an dernier pour explorer des façons de mettre en valeur la communauté francophone, le dossier est demeuré lettre morte. 

« Bonne question. Je n’ai pas entendu parler de recommandations à ce sujet », reconnaît M. McPherson.

La Ville avait justifié le retrait du drapeau en expliquant que sa politique visait à traiter tous les groupes communautaires de façon égale et à soutenir les efforts de réconciliation avec les six Premières Nations de la région.

En août dernier, le conseil municipal avait notamment approuvé une initiative visant à renommer la rue Indian en rue Nishnabe Miikena, en conformité avec le plan d’action de réconciliation de la municipalité, qui entrera en vigueur le 1ᵉʳ octobre.

Des centaines de nouvelles places en formation d’enseignants de langue française d’ici 2027

Lors de la rentrée universitaire, 2600 nouvelles places en programmes d’enseignement ont été ouvertes, grâce à un investissement de 55,8 millions de dollars du ministère des Collèges et Universités de l’Ontario. 13 établissements postsecondaires sont concernés, mais qu’en est-il de la part des francophones avec seulement deux d’entre eux qui en sont bénéficiaires?

En juin dernier, le ministre des Collèges et Universités Nolan Quinn annonçait l’expansion des programmes d’éducation et l’ouverture de nouvelles places grâce à un financement de 55,8 millions de dollars répartis sur 13 établissements postsecondaires.

« Cet investissement permettra de former jusqu’à 2600 nouveaux enseignants d’ici 2027, de manière à constituer une main-d’œuvre solide d’enseignants de langues française et anglaise », disait le communiqué, avec « en priorité (…) des programmes accélérés et l’éducation en français et en technologie, ainsi que de places dans les régions nordiques, rurales, autochtones et éloignées. »

Sur les 13 établissements ontariens ayant reçu un financement, 11 sont anglophones, les deux seuls francophones bénéficiaires étant l’Université Laurentienne et l’Université d’Ottawa.

Selon une porte-parole du ministère, pour le baccalauréat en éducation de langue française, 250 places ont été allouées à la formation d’enseignants de français et 413 places ont été pourvues pour la formation d’enseignants de français langue seconde (FLS).

Les places en FLS seront réparties entre plusieurs universités anglophones, soit : Wilfrid Laurier University, Nipissing University, Trent University, Western University, University of Toronto et York University.

Le financement et l’attribution sont toujours en cours de finalisation, selon le ministère, le montant ne nous a donc pas été communiqué.

En définitive, sur les 2600 nouvelles places en éducation, 663 places, soit un quart, seront dédiées à l’enseignement en français.

220 nouvelles places pour l’Université d’Ottawa

Parmi les deux institutions francophones, l’Université d’Ottawa tire son épingle du jeu avec l’attribution de 220 nouvelles places, pour un financement total de 3,86 millions de dollars, a appris ONFR.

Claire Isabelle, vice-doyenne aux programmes de permier cycle à la Faculté d’éducation de l’Université d’Ottawa, accueillant l’annonce gouvernementale avec enthousiasme, avait déclaré qu’il s’agissait « d’un objectif ambitieux mais essentiel, auquel nous contribuons activement. »

Afin d’accueillir plus d’étudiants dès cette rentrée de septembre 2025, la Faculté d’éducation a mis en place un campus virtuel pour le cycle moyen/intermédiaire. « Cela permet d’augmenter rapidement notre capacité d’accueil. »

« Pour intégrer les nouveaux étudiants, la Faculté vise à embaucher de nouveaux membres du corps professoral pour enseigner les sections additionnelles des cours offerts à l’automne. Conscients de l’ampleur de la pénurie, les membres du corps professoral se mobilisent pour offrir des solutions concrètes, tout en maintenant un haut niveau d’excellence et d’innovation pédagogique », a ajouté la vice-doyenne.

Celle-ci a également précisé que le financement accordé soutenait « la promotion de nos programmes en enseignement francophone, une priorité stratégique pour répondre à la pénurie de personnel enseignant dans les écoles de langue française en Ontario ».

30 nouvelles places pour La Laurentienne

L’Université Laurentienne s’est vue doter de 30 places supplémentaires au baccalauréat en éducation « réservées exclusivement aux étudiants francophones », précise une porte-parole dans les médias.

L’investissement total reçu représente un peu moins de 750 000 $ sur deux ans, avec pour objectif de financer les étudiants inscrits depuis l’année précédente, en plus des 30 nouveaux étudiants francophones.

Un total de 360 000 $ permet de soutenir la création de la nouvelle cohorte supplémentaire, soit un peu plus de 6 000 $ par étudiant, par année.

« Nous croyons que cette mesure constitue une étape efficace vers l’objectif déclaré du gouvernement d’augmenter de 2 600 le nombre de nouveaux membres du personnel enseignant en Ontario d’ici 2027, a déclaré Jennifer Scott, la doyenne de la Faculté d’éducation et de santé de l’Université Laurentienne. »

« Cet investissement est surtout pertinent pour le nord de l’Ontario et notre communauté francophone, car il aidera à assurer un solide bassin de membres qualifiés du personnel enseignant qui comprennent les besoins particuliers de notre région et sa diversité linguistique et culturelle et en tiennent compte. »