Mise à l’arrêt de Kap Paper : la communauté se mobilise dans le Nord

KAPUSKASING – Des élus et des centaines de citoyens se sont mobilisés mercredi matin à Kapuskasing pour exiger l’intervention immédiate des gouvernements afin d’empêcher la fermeture définitive de l’usine de pâte et papiers Kap Paper. La fermeture de l’usine a fait écho à Ottawa, le gouvernement de Mark Carney précisant que des rencontres se tiennent ce mercredi avec la direction de Kap Paper. 

Au lendemain de l’annonce de la mise à l’arrêt de l’usine, plusieurs élus municipaux du Nord de l’Ontario, le député provincial Guy Bourgouin et plusieurs centaines de citoyens se sont retrouvés devant la gare pour réclamer des actions concrètes des gouvernements provincial et fédéral.

Cette conférence intervient alors que Washington avait annoncé, mardi soir, des droits de douane de 10 % sur les importations de bois d’œuvre, qui s’ajoutent aux taxes punitives de 35 % déjà imposées aux producteurs canadiens.

Le maire de Kapuskasing, Dave Plourde, a souligné l’importance historique et économique de l’usine, implantée dans la région depuis 105 ans et qui assure près de 2500 emplois directs et indirects. 

« Kap Paper a traversé des guerres, des récessions et même la pandémie. Ce qui nous met aujourd’hui en péril, ce n’est pas le manque de compétitivité, mais l’incapacité du gouvernement provincial et fédéral à s’entendre pour soutenir temporairement nos opérations », a-t-il déclaré.

Selon lui, la solution est claire : un prêt de trois mois du gouvernement ontarien, le temps d’obtenir un financement fédéral plus durable. 

« Les deux paliers de gouvernement se renvoient la balle. Pendant ce temps, nos familles, nos hôpitaux, nos écoles et nos routes dépendent des revenus générés par Kap Paper et GreenFirst. Nous n’avons pas le luxe d’attendre », presse Dave Plourde.

Plusieurs centaines de personnes étaient présentes pour l’événement. Photo : Remi Dumais Média

De son côté, Kap Paper soutient avoir interpellé le fédéral pour obtenir de l’aide financière via le Fonds d’intervention stratégique, mais malgré « des réponses initiales positives, le calendrier ne semble pas permettre de trouver une solution immédiate pour maintenir l’usine en activité », pouvait-on lire dans un communiqué paru ce lundi. Une rencontre entre la direction de Kap Paper, sa société mère Produits forestiers GreenFirst et la ministre de l’Industrie, Mélanie Joly, était prévue mercredi après-midi.

« Nous agissons en faveur des travailleurs et de la direction de Kap Paper, qui tiennent aujourd’hui des réunions de travail avec la ministre de l’Industrie, Mélanie Joly, et d’autres représentants du gouvernement », a affirmé le premier ministre Mark Carney mercredi, à la période des questions, en réponse à une question du chef conservateur Pierre Poilievre sur les pertes d’emplois le long de la Route 11.

« Réveille-toi, Ford »

Le député néo-démocrate de Mushkegowuk–Baie James, Guy Bourgouin, a lui aussi pris la parole pour dénoncer ce qu’il appelle un « abandon des travailleurs du Nord » et il n’a pas caché sa vive émotion devant la nouvelle.

« La fermeture de Kap Paper n’est pas seulement une affaire d’entreprise. C’est l’avenir de Kapuskasing, du Nord et des familles qui ont bâti cette région. Nous avons déjà prouvé qu’en mettant les querelles politiques de côté, on pouvait sauver nos emplois », a-t-il lancé, en référence au sauvetage de l’usine Spruce Falls au début des années 1991.

Appelant le premier ministre Doug Ford à « tenir sa promesse de protéger l’Ontario », M. Bourgouin a insisté : « Ils nous ont abandonnés. Nos travailleurs et nos familles méritent des actions, pas des mots vides. Réveille-toi, Ford. »

Le maire de Hearst, Roger Sigouin, a rappelé les précédentes batailles menées contre les fermetures d’usines, notamment celle de Columbia Forest Products il y a quinze ans. 

« Chacun d’entre nous, politiciens, du niveau local jusqu’au sommet, vous avons déçus, et nous devons tous en assumer la responsabilité »
— Peter Politis

« J’avais mentionné, à l’époque, au représentant américain de cette compagnie : ‘vous allez voir une gang de Français se battre pour l’usine’. Columbia Forest Products est aujourd’hui l’usine la plus performante pas seulement à Hearst, mais en Amérique aussi », a-t-il lancé.

Et d’ajouter : « On est ici pour se battre. Ce n’est pas la première bataille qu’on mène avec les gouvernements et, excusez-moi de le dire, les activistes. Aujourd’hui, c’est encore l’industrie forestière qui est frappée. Mais pourquoi? Laissez-nous tranquilles. »

Un appel à l’unité

Des membres du syndicat UNIFOR et des employés de GreenFirst, étaient également présents. La veille, GreenFirst avait indiqué qu’elle réduisait temporairement les activités de ses scieries à Kapuskasing, Hearst et Cochrane afin d’examiner ses prochaines étapes.

« La partie la plus décevante pour moi, c’est que chacun d’entre nous, politiciens, du niveau local jusqu’au sommet, vous avons déçus, et nous devons tous en assumer la responsabilité. Depuis 2008, 65 scieries ont fermé leurs portes et nous sommes passés de 24 millions de mètres cubes récoltés par an à seulement 10 millions. J’ai honte de n’avoir pas pu changer les choses mais ça doit s’arrêter aujourd’hui », s’est exprimé le maire de Cochrane, Peter Politis. 

Ce dernier a invité la foule – composée de travailleurs forestiers, d’élèves sortis de l’école pour l’occasion et de familles venues en solidarité – à se donner la main. 

Luc Léonard, maire du canton de Moonbeam, Marc Dupuis, maire de la municipalité de Mattice-Val Côté et Madeleine Tremblay, mairesse du canton de Fauquier–Strickland étaient également présents. Photo : Remi Dumais Média

Plusieurs centaines d’élèves étaient présents pour l’événement, a indiqué le directeur de l’éducation et le secrétaire-trésorier du Conseil scolaire catholique des Grandes Rivières, Jérémie Lepage, qui a insisté sur l’impact humain et éducatif de la fermeture.

« Ce sont nos parents, nos amis et nos proches qui travaillent au moulin. La fermeture d’un pilier de notre communauté se répercute dans toute la maison. Nous formons les jeunes à devenir la main-d’œuvre de demain, et nous resterons aux côtés des travailleurs et de leurs familles pour assurer la survie du moulin. » 

Une crise régionale

« La fermeture de l’usine de Kapuskasing n’est pas seulement un défi local, c’est une crise régionale. La foresterie est au cœur de nos communautés, et cette décision met en péril la stabilité de nombreuses villes et Premières Nations du Nord-Est de l’Ontario », a ajouté Joanne Baril, mairesse de Val Rita–Harty demandant aux gouvernements de « revenir à la table ».

« Nous en sommes à la deuxième période », a illustré Dave Plourde à l’aide d’une métaphore en fin de conférence.

« Il faut maintenant que l’autre équipe revienne sur la glace pour que nous puissions nous battre et protéger nos emplois et notre communauté. Nous avons besoin de l’engagement des gouvernements pour que ce match ne se termine pas par la fermeture de l’usine. »

« Nous n’allons pas nous arrêter avant de gagner ce combat et nous le gagnerons! », a‑t‑il conclu, en invitant les participants à envoyer massivement des lettres aux gouvernements « afin de les agacer ».

Avec les informations de Pascal Vachon.

Ottawa perd un site de consommation supervisée

Faute d’autorisation du gouvernement ontarien, Santé publique Ottawa (SPO) doit mettre fin dès aujourd’hui, ce 1er octobre 2025, à son centre de services de consommation supervisée (SCS) au 179, rue Clarence.

Le ministère de la Santé de l’Ontario n’a pas accordé l’autorisation préalable nécessaire pour demander un renouvellement d’exemption à Santé Canada, comme l’exige désormais la Loi sur les soins et le rétablissement en milieu communautaire adoptée en 2024 par la province, déplore SPO sur son site.

Selon Santé publique Ottawa, ces espaces offrent aux usagers un environnement sécuritaire où la consommation est encadrée par des professionnels, dans le but de prévenir les surdoses. Dans une note de service envoyée aux élus de la Ville, Trevor Arnason, médecin chef en santé publique à la SPO, a fait part de sa déception et préoccupation face à « l’impact que cette fermeture aura sur les résidents qui dépendent de ces services importants ».

Des services maintenu

Par ailleurs, malgré cette fermeture, SPO indique qu’elle continuera d’offrir du lundi au vendredi sur son site de la rue Clarence, plusieurs services cliniques et de réduction des méfaits.

Il est question des services de distribution de matériel stérile, formation et distribution de trousses de naloxone à emporter, dépistage et traitement des ITSS, orientation et navigation dans le système de soins. Aussi les services de fourgonnette mobile pour la réduction des méfaits de SPO ne seront pas affectés et leur prestation se poursuivra 7 jours sur 7, de 17 h à 23 h 30, ajoute Trevor Arnason.

Depuis son ouverture en 2017, le site a enregistré près de 33 000 visites. Rien qu’en 2024, il a accueilli 3546 usagers, pris en charge 27 surdoses non mortelles et orienté plus de 2000 personnes vers des services de santé mentale, de traitement ou de soutien social.

Avec cette fermeture, il ne restera plus que deux centres de consommation supervisée à Ottawa. La SPO soutient ne recevoir aucun financement de la part du ministère de la Santé de l’Ontario et de Santé Canada pour ses services de consommation supervisée. Par ailleurs, aucun employé ne sera mis à pied en raison de la fermeture du service; les ressources en effectif seront réaffectées à des services de sensibilisation dans la communauté, assure la SPO.

L’Ontario accueille un congrès pancanadien sur l’éducation francophone

Ce jeudi, la province accueillera ateliers, remises de prix et échanges de ressources entre les acteurs de la communauté éducative francophone du pays. « Le but du congrès est de fournir du matériel pour les écoles en collaboration avec les universités francophones, pour que les jeunes puissent vivre leur propre construction identitaire », explique le Néo-Brunswickois Marcel Larocque, qui préside l’ACELF depuis cinq ans.

Ce dernier explique qu’en ayant lieu dans une province comme l’Ontario qui compte de nombreuses communautés francophones en situation minoritaire, ce rassemblement permet de rallier les acteurs de la région aux discussions pancanadiennes relatives aux enjeux éducatifs, en y soulignant l’expertise franco-ontarienne locale.

« Que l’on vienne de la péninsule acadienne du Nouveau-Brunswick, ou de Gravelbourg en Saskatchewan, ou encore du centre-ville de Toronto, les trois écoles francophones n’ont pas les mêmes réalités, mais les défis sont souvent les mêmes », indique le président.

Marcel Larocque (à droite) a succédé à Anne Vinet-Roy à la présidence de l’ACELF en 2020. Photo : Gracieuseté d’Annie Côté.

En représentant l’ouest du pays, l’Ontario, le Québec et le Canada atlantique, l’ACELF demeure l’un des seuls organismes en éducation incluant autant de provinces et de territoires.

« En allant de région en région et en discutant de pédagogie et de francophonie, chacun apporte de son milieu et ça permet de voir ce qui se fait dans telle ou telle localité », poursuit-il.

Ce dernier note que cela donne une meilleure possibilité pour les enseignants des écoles avoisinantes de s’y présenter : «  Notre but, c’est que ça retourne vers les écoles, vers les enfants, vers les élèves, puis ça donne des idées, afin de renforcer leur propre construction identitaire. »

Cette année, les Franco-Ontariens assureront la présentation de près de la moitié des ateliers, avec les conseils scolaires Viamonde et MonAvenir comme principaux partenaires, marquant ainsi la forte présence de l’Ontario français au congrès.

Le Québec, Manitoba et l’Île-du-Prince-Édouard figurent parmi les listes où les éditions précédentes du Congrès se sont déroulées. Photo : Gracieuseté de Annie Côté.

Mettre l’accent sur l’IA

L’un des thèmes soulignés cette année insiste sur le tournant numérique avec l’intelligence artificielle (IA) au cœur des défis éducatifs en milieu francophone.

«  Comment utiliser l’intelligence artificielle vers l’apprentissage, comment adapter l’aspect technologique et apprivoiser les nouvelles méthodes d’enseignement? », observe M. Larocque.

Selon la conseillère pédagogique Laurie Couture, l’IA constitue un allié important à l’éducation francophone dans la mesure où son utilisation demeure surveillée. En effet, l’IA offre l’opportunité d’enrichir l’enseignement du français en contexte minoritaire selon elle, ce qui peut encourager les élèves dans l’expression de leur identité et culture francophone.

« L’IA peut nous aider parfois à aller plus loin que ce qu’on aurait pu penser faire. Par exemple, l’évaluation, la différenciation pédagogique, l’adaptation des contenus pour les élèves ayant plus de difficultés ou bien ceux ayant des capacités supérieures constituent des thématiques importantes », affirme la formatrice.

Certains intervenants s’accordent à dire que l’IA suscite une réticence généralisée au sein de la profession enseignante. Toutefois Mme Couture voit les choses autrement : « Tant que le lien va rester au centre de la pratique d’un enseignant avec ses élèves, l’IA ne peut pas le menacer. »

Laurie Couture est conseillère pédagogique et coordonnatrice de formation à l’école branchée au Québec. Photo : Gracieuseté de Laurie Couture

Pendant que plusieurs provinces se sont dotée de guides d’utilisation de l’IA, en Ontario, le ministère de l’Éducation veut imposer des formations sur l’IA et la cybersécurité aux enseignants.

« C’est important en tant que société de s’intéresser à ce qui se passe présentement avec l’intelligence artificielle à la maison et pas juste à l’école », ajoute Laurie Couture.

Fin septembre, à la suite d’utilisations nocives de plateformes telles que ChatGPT, notamment de la part de plus jeunes, des politiques de contrôle parental ont été introduites. Néanmoins, une partie des experts souhaite des mesures de protection plus durable. Une délégation d’une vingtaine de jeunes venus de partout viendra alimenter le dialogue générationnel lors du congrès afin de favoriser la collaboration des provinces.

Halifax sera l’hôte de la 79e édition. L’étendue du réseau éducatif pancanadien amène le congrès à se réunir chaque année pour discuter des enjeux de l’heure.

« C’est un événement où les gens sont intéressés par l’éducation de langue française, peu importe qui ils sont, conseillers scolaires, universitaires, membres de la communauté, enseignants, jeunes, etc. » souligne Marcel Larocque sur le plus grand rassemblement pancanadien en éducation,

« L’ACELF étant pancanadienne, elle se promène partout », convient-il.

Basketball : RJ Barrett et les Raptors face à une saison clé

TORONTOLes Raptors de Toronto faisaient leur rentrée en début de semaine avec la traditionnelle journée des médias. Parmi les visages les plus scrutés : celui de RJ Barrett. À 25 ans, le Torontois aborde une saison charnière de sa carrière. Installé cette année au poste d’arrière, épaulé par Immanuel Quickley et Brandon Ingram, il a devant lui l’occasion de franchir un cap et de convaincre la direction de miser sur lui à long terme. Les attentes sont fortes, tout comme l’ambition de celui qui s’est exprimé avec assurance, en anglais comme en français, face aux journalistes.

RJ Barrett n’a jamais été un joueur de rotation : depuis son entrée en NBA en 2019, il a toujours figuré dans le cinq majeur. Mais à Toronto, une nouveauté se dessine. Cette saison, son rôle s’affine et se consolide : il devrait occuper principalement le poste d’arrière, après avoir joué en tant qu’ailier sur ses premières années dans la ligue. Un ajustement stratégique pensé pour maximiser ses forces aux côtés d’Immanuel Quickley et de Brandon Ingram.

À moyen terme, la question contractuelle plane également. Sous contrat jusqu’en 2026-27, le Canadien peut déjà prétendre à une extension. Pour se l’assurer, il devra démontrer régularité et efficacité, deux aspects qui lui ont parfois été reprochés.

Une paire d’arrières à tester : Barrett – Quickley

Si l’attaque de Toronto semble avoir gagné en promesse, la défense est scrutée de près. La complémentarité de RJ Barrett et d’Immanuel Quickley sera l’un des points névralgiques de la saison. Interrogé sur la dynamique collective, le Torontois a insisté :

« Ici, il n’y a pas d’ego. Tout le monde veut gagner… J’ai déjà été dans des équipes où la balle ne circulait pas, et après ça, il ne se passait rien. »

Cette philosophie traduit une volonté claire : faire passer le collectif avant tout. Mais pour s’imposer comme duo défensif crédible, Barrett et Quickley devront apprendre à compenser leurs failles respectives et à partager les missions sur les arrières adverses.

Sur les critiques concernant son implication défensive, Barrett a tenu à rectifier :

« Je n’ai jamais été un mauvais défenseur, donc oui, ça m’a un peu surpris. Mais j’ai clairement progressé et je veux continuer à progresser pour devenir un joueur complet des deux côtés du terrain. »

Brandon Ingram, un catalyseur offensif

La grande nouveauté de l’intersaison est la présence de Brandon Ingram, véritable option offensive supplémentaire pour Toronto. L’ancien All-Star, capable d’aspirer les défenses, doit permettre à RJ Barrett de trouver plus d’espaces et d’assumer un rôle de finisseur plus que de créateur en première unité. Ce dernier a lui-même confié accueillir cette arrivée avec enthousiasme :

« Quand tu ajoutes un joueur comme Brandon Ingram dans l’équation, les choses changent forcément… Mais j’ai déjà eu la chance de jouer aux côtés de beaucoup de stars, donc j’y suis habitué… Je ne pense pas à moi, je veux juste gagner. »

Et celui qui est arrivé en février dernier a, de son côté, reconnu avoir été surpris par son nouveau coéquipier :

« Une chose qui m’a surpris, c’est RJ. Je pensais que c’était juste un scoreur. Je pensais qu’il prenait beaucoup de tirs. Mais en regardant son jeu et en voyant son travail tout l’été, j’ai compris comment ce qu’il développe à l’entraînement se transfère directement sur le terrain. Il est constant », souligne Ingram.

Ce regard extérieur, venant d’un joueur majeur, est révélateur. RJ Barrett n’est plus seulement perçu comme un scoreur compulsif, mais comme un joueur capable de s’adapter, de progresser et de stabiliser l’attaque.

Créateur avec la 2e unité : une opportunité

Au-delà de son rôle de finisseur dans le cinq majeur, l’arrière pourrait bénéficier de séquences en 2e unité pour élargir son registre. Dans ces moments-là, il aurait l’occasion de se muer davantage en créateur, d’initier des systèmes et de démontrer une vision de jeu qu’il avait déjà laissé entrevoir la saison dernière lorsqu’il avait bénéficié d’un rôle élargi.

Cette polyvalence offensive serait un atout majeur pour lui comme pour Toronto. Elle renforcerait son dossier en vue d’une prolongation, tout en donnant à l’équipe d’entraîneurs une flexibilité tactique précieuse.

Un effort assumé en français

Ayant passé une partie de son enfance en France et son adolescence en immersion en français du côté de l’école secondaire St. Marcellinus à Mississauga, RJ Barrett prend aussi soin de s’exprimer en français lorsqu’il s’adresse aux médias francophones. Un effort qu’il répète depuis son arrivée chez les Raptors. Interrogé sur son été et l’arrivée de Brandon Ingram, il a confié :

« Cet été, j’ai pu beaucoup me reposer, et ça m’a fait du bien. Je travaille beaucoup sur mon jeu, mais en réalité je travaille sur tout. Ce n’est pas une seule chose en particulier, et c’est positif. Et B.I (Brandon Ingram), il va être très bien pour nous. Je suis très content. »

À propos de la perspective de retrouver une équipe compétitive, il a ajouté :

« Oui, très excité pour ça. Tu sais, on veut gagner, on doit gagner. Je suis ici pour gagner les matchs, pour aller aux playoffs. On est tous très excités pour cette année. »

Une confiance affichée

Le numéro 9 des Raptors n’a pas hésité à afficher son optimisme :« On fait les choses de la bonne manière. Je pense que ça va payer. Quand on aborde le jeu de cette façon, de bonnes choses arrivent. »

Et d’ajouter sur l’état d’esprit du groupe :

« On a clairement quelque chose à prouver et j’adore ça… C’est l’un des moments les plus excitants, quand tu as une équipe comme la nôtre dont les gens ne savent pas à quoi s’attendre ou n’attendent pas grand-chose, et qu’on peut surprendre… On est très confiants. »

La comparaison avec les Blue Jays, qualifiés pour les séries en MLB, a même servi d’inspiration :« Dans quelques mois, ce sera notre tour… On veut aussi retrouver les séries éliminatoires et faire du bruit. »

Une saison de vérité

RJ Barrett aborde donc la saison 2025-26 dans une position inédite : repositionné au poste d’arrière, épaulé par des coéquipiers solides, et motivé à prouver qu’il peut être un joueur clé des Raptors sur le long terme. Avec Ingram pour libérer son jeu, Quickley pour partager les responsabilités, et une 2e unité où il pourra expérimenter, le Torontois a tout pour réussir.

Mais la marge est étroite. Pour mériter son extension et asseoir son statut, il devra améliorer son efficacité, confirmer ses progrès défensifs et assumer pleinement son rôle de leader. Une chose est sûre : à l’entendre, le joueur qui entre déjà dans sa septième saison en NBA est prêt à surprendre et à porter les Raptors vers un retour tant attendu en séries éliminatoires.

Athlétisme : Jacqueline Madogo « ne s’attendait pas forcément à battre le record canadien »

[ENTREVUE EXPRESS]

QUI :

Jacqueline Madogo est une sprinteuse canadienne originaire d’Ottawa, spécialiste du 200 m et du relais 4×100 m. Membre de l’équipe nationale, elle s’est illustrée sur la scène internationale malgré une saison marquée par les blessures.

LE CONTEXTE :

Aux Championnats du monde d’athlétisme 2025 à Tokyo, l’équipe féminine canadienne du 4×100 m a créé la surprise en battant le record national lors des qualifications. Finalistes pour la deuxième année consécutive, les Canadiennes ont couru sous une pluie battante et ont terminé septièmes. Jacqueline Madogo, en plus de sa participation au relais, était aussi alignée sur le 200 m, où elle n’a pas passé les qualifications.

L’ENJEU :

Avec une équipe jeune et ambitieuse, le relais féminin vise désormais à transformer ces finales mondiales en podiums. Pour l’Ottavienne, l’objectif personnel est aussi de retrouver son meilleur niveau en individuel, après une saison tronquée, et de continuer sa progression en vue des prochains Jeux olympiques.

« Vous battez le record canadien lors des qualifications du relais. Quel sentiment domine?

C’est un très bon sentiment. On savait qu’on avait une vague difficile, donc il fallait courir un de nos meilleurs temps. On s’est dit qu’on devait être propres sur chaque passage et courir chacune notre course. On ne s’attendait pas forcément à battre le record canadien, mais c’est arrivé et c’était un super feeling. Les filles étaient vraiment contentes.

Malgré un dernier passage du témoin un peu moins fluide, vous terminez avec un chrono impressionnant. Étiez-vous surprise?

Oui, honnêtement je pensais qu’on avait été un peu plus lentes que ce que le chrono affichait. Mais le plus important, c’est qu’on a atteint la finale. Ça nous a donné de l’espoir, même si on voulait courir un peu plus vite. On est une équipe jeune, on apprend chaque année, et on veut suivre l’exemple des garçons (médaillés d’argent) qui ont montré qu’on pouvait viser encore plus haut.

La finale s’est déroulée sous une pluie torrentielle. À quel point cela a-t-il influencé votre performance?

On étaient déjà habituées. À Paris l’année passée, il pleuvait aussi lors de la finale du relais. On s’est dit qu’on devait juste refaire ce qu’on avait déjà fait. Mais c’est vrai qu’entre la pluie et le fait de courir dans le couloir 2, ce n’était pas idéal. Malgré tout, c’était déjà un gros exploit d’atteindre deux fois de suite la finale mondiale.

Et en individuel sur 200 m, quel a été votre ressenti?

J’étais un peu déçue de ma performance, surtout après avoir atteint la demi-finale aux Jeux olympiques l’année dernière. Cette saison a été compliquée, avec une fracture du pied en décembre. Je n’ai recommencé à courir qu’en mai, donc finir top 48 au monde, c’est déjà un gros exploit pour moi.

Comment avez-vous vécu l’expérience globale au Japon?

C’était une très belle expérience. Les gens sont tellement chaleureux et polis, que ce soit dans la compétition ou parmi les bénévoles de World Athletics. C’était ma première fois au Japon et j’en garde un très bon souvenir.

Quelles sont les prochaines étapes pour vous?

Je prends quelques semaines de repos à Ottawa, puis la reprise de l’entraînement se fera fin octobre, début novembre. Toujours avec mon groupe de Guelph, en vue d’une nouvelle année de compétition. »

IA : Un nouvel outil de traduction testé au gouvernement fédéral

OTTAWA – Le gouvernement fédéral testera un nouvel outil d’intelligence artificielle, GCtraduction, pour y effectuer la traduction dans les deux langues officielles dans la fonction publique.

Ce prototype d’intelligence artificielle sera testé dans six ministères fédéraux, comme le Bureau du Conseil privé, le ministère des Finances ou encore la Gendarmerie royale du Canada (GRC) et pourra être déployé ultérieurement à travers le reste de l’appareil gouvernemental.

Le ministre de la Transformation du gouvernement, des Travaux publics et de l’Approvisionnement, Joël Lightbound a annoncé par voie de communiqué lundi le lancement de ce prototype d’intelligence artificielle, mis au point par le Bureau de la traduction.

Selon le gouvernement, cet outil « se distingue par son adaptation au contexte de la fonction publique fédérale », notamment en offrant des « traductions adaptées à la terminologie du gouvernement et aux réalités culturelles et linguistiques du Canada ». Il offrira des traductions instantanées pour les textes qui n’exigent pas d’expertise linguistique, précise Services publics et Approvisionnement Canada.

« GCtraduction renforcera l’utilisation des deux langues officielles au gouvernement et contribuera à créer une fonction publique moderne qui suit l’évolution du monde numérique. Le but visé est de tirer parti de la technologie pour servir la population canadienne d’une manière plus rapide et intelligente dans les deux langues officielle s », a soutenu via communiqué le ministre Joël Lightbound.

Le fédéral indique que GCtraduction a été programmé avec 8 milliards de mots provenant du Bureau de la traduction et que des traducteurs humains surveillent les résultats qu’il produit et « sera réentraînée périodiquement afin de garantir une efficacité optimale ».

Une version antérieure de GCtraduction lancée en juin 2025 a traduit plus de 60 millions de mots en 3 mois, soit plus de 3000 pages par jour ouvrable, soutient le ministère fédéral de l’Approvisionnement.

Faux Autochtones, une longue histoire de marginalisation

Se dire Autochtone sans l’être : une pratique encore trop répandue, selon des leaders comme Michèle Audette, Robert-Falcon Ouellette et Darren Sutherland. Ils dénoncent une appropriation qui détourne bourses, postes et reconnaissance, et s’ajoute aux blessures laissées par un siècle de discriminations.

« Notre identité nous a été arrachée à plusieurs reprises : par les pensionnats, par la Loi sur les Indiens, par les placements forcés d’enfants. Tout cela a contribué à nous couper de notre langue et de notre culture », rappelle Michèle Audette, sénatrice autochtone.

Aujourd’hui, dit-elle, il faut dénoncer et sanctionner toute forme d’usurpation de l’identité autochtone.

« Pour moi, c’est criminel. L’usurpation d’identité, c’est un crime, un vol. Les personnes qui font de fausses déclarations doivent être sanctionnées. »

Des icônes contestées

Régulièrement des cas suscitent le débat. On cite parmi les plus polémiques celui de l’écrivain Joseph Boyden ou encore la chanteuse Buffy Sainte-Marie. Certains pointent aussi la figure de James Gladstone (1887-1971), considéré comme le premier sénateur autochtone du pays et dont le buste en bronze est exposé au Sénat. 

« Pendant longtemps, moi aussi je pensais que James Gladstone appartenait à une Première Nation. Mais une collègue sénatrice m’a expliqué qu’il ne l’était pas. Depuis, chaque fois que je passe devant sa statue au Sénat, je la salue autrement », confie Michèle Audette.

La sénatrice innue Michèle Audette dénonce l’usurpation de l’identité autochtone, qu’elle qualifie de « crime et de vol ». THE CANADIAN PRESS/Spencer Colby

On cite également la polémique de l’ancien ministre des Langues officielles et de l’Emploi, Randy Boissonnault, qui a été interpellé sur des propos contradictoires concernant son identité autochtone.

Pour Michèle Audette, elle-même née d’un père québécois et d’une mère innue, les répercussions sont graves :  « Certaines personnes bâtissent une carrière académique, scientifique ou artistique sur une fausse identité. Elles obtiennent des prix, des postes, des bourses ou des places réservées en médecine ou en droit, au détriment de ceux qui ont la véritable identité autochtone. On leur vole littéralement leur place. »

Cri d’origine, l’ancien député fédéral Robert-Falcon Ouellette abonde dans le même sens : « Quand une personne non autochtone prend la place d’un véritable Autochtone, elle prive la communauté d’une voix authentique. »

Professeur agrégé à la Faculté d’éducation de l’Université d’Ottawa, Robert-Falcon Ouellette, évoque le suicide de son amie, la chanteuse inuite Kelly Fraser, qui a souffert d’un trouble de stress post-traumatique pendant plusieurs années après avoir connu une enfance bouleversante et vécu le racisme ainsi que la cyberintimidation.

« Je me demande si elle serait encore en vie si on lui avait donné toute la reconnaissance méritée », s’interroge M. Ouellette. 

Robert-Falcon Ouellette, professeur à l’Université d’Ottawa, met en garde contre les carrières bâties sur des identités autochtones usurpées. Photo : Sandra Padovani/ONFR

Un héritage de lois discriminatoires

Ces pratiques d’appropriation ne surviennent pas dans le vide. Elles s’ajoutent à une histoire déjà marquée par des discriminations systémiques, rappelle Darren Sutherland, responsable de l’engagement communautaire au Bureau des affaires autochtones de l’Université d’Ottawa.

« Avant 1965, une personne des Premières Nations perdait son statut si elle allait à l’université. Avant 1985, une femme autochtone qui avait un enfant avec un homme non autochtone perdait aussi son statut, et ses enfants n’avaient aucun droit. Ces lois ont laissé de profondes cicatrices dans nos familles et nos communautés », témoigne-t-il. 

Lui-même Cri et autochtone urbain, il raconte son désarroi en découvrant que des figures qui l’avaient inspiré étaient elles-mêmes contestées.

« Le premier livre écrit par un Autochtone que j’ai lu, c’était un ouvrage de Thomas King. Et la première personne que j’ai vue à la télévision et qui me ressemblait, c’était Buffy Sainte-Marie. Quand j’ai appris que leurs identités autochtones étaient mises en doute, cela m’a profondément troublé », confie-t-il.

Darren Sutherland souligne que le système reste vulnérable. « Il y a dix ou vingt ans, il suffisait de cocher une case sur un formulaire. Aujourd’hui, les universités exigent souvent des cartes de statut émises par le gouvernement. Mais certains organismes non reconnus vendent encore de fausses cartes, et des employeurs les acceptent parfois faute de mécanismes fiables », affirme-t-il.

Il nuance toutefois : certaines personnes, coupées de leur communauté par les pensionnats, les adoptions forcées ou les lois discriminatoires, ont le droit de se reconnecter à leur culture.

« Ce qui est dangereux, c’est quand des gens disent : ‘Je suis Algonquin, c’est génial’, sans comprendre la triste réalité coloniale que nous avons traversée. Comme le disait un ami : Tout le monde veut être autochtone, mais personne ne veut vivre comme un Autochtone », souligne Darren, lui-même, premier de sa famille à accéder à l’université.

Darren Sutherland rappelle que l’usurpation d’identité s’ajoute à des décennies de discriminations systémiques. Gracieuseté

Pour Robert-Falcon Ouellette, l’identité autochtone ne se définit pas par une généalogie remontant à trois siècles, mais par des relations vivantes. Il soutient que « l’identité autochtone n’est pas qu’une affaire d’ancêtres d’il y a 300 ans. Elle repose sur la communauté, les liens familiaux, la participation aux rites et aux traditions ».

Il invite ceux qui ont un héritage lointain à se présenter comme alliés plutôt qu’Autochtones. « Il vaut mieux dire ‘je suis un allié’ que de prétendre être Autochtone et prendre la place de quelqu’un d’autre », suggère-t-il.

Exiger des preuves

Mme Audette, elle, dénonce le manque de cohérence du système. « On me dit souvent : ‘On ne peut pas exiger de preuves, ce serait contre les droits de la personne.’ Pourtant, pour d’autres programmes, on demande des documents officiels, comme un passeport ou un certificat de citoyenneté », s’indigne Mme Audette.

Elle appelle ainsi à appliquer ce principe pour les Premières Nations, les Métis ou les Inuits pour démontrer tout lien à une nation ou à une communauté.  « Sinon, on ouvre la porte à des abus », met-elle en garde.

Réconciliation : quand foi catholique et traditions autochtones se rencontrent dans une église du Nord

MINDEMOYA – Quelques jours avant la Journée nationale de la vérité et de la réconciliation, la paroisse Notre-Dame-du-Canada, au cœur du village central de Mindemoya sur l’île Manitoulin, a accueilli une messe pas comme les autres. Pour la première fois, la cérémonie a intégré des éléments de la tradition anishinaabée au rite catholique, sous l’initiative d’un père jésuite francophone.

« C’est la première fois et j’espère que nous pourrons en faire une tradition ici à Mindemoya » a lancé le Père Louis-Martin Cloutier, qui dirige trois autres paroisses sur l’Île. Photo : Inès Rebei/ONFR

« L’Île aux esprits » de son nom en ojibwé, abrite une importante population autochtone présente depuis des millénaires, et compte six réserves anishnabées sur son territoire.

« Nous devons connaître nos voisins qui ont souffert d’injustices et porter ensemble ce fardeau. Que cette commémoration favorise donc un dialogue constructif entre les peuples », a aussi déclaré le Père Cloutier qui dirige aussi une messe le dimanche matin dans une paroisse sur le territoire de la Première Nation de M’Chigeeng.

Quand l’invitée Geraldine Ense McGregor, membre du clan de la Loutre, commence le rituel de purification anishinaabe de smudging, ou fumigation, il n’y a plus un bruit dans la salle. 

Le tambour est intervenu à divers moments pour accompagner la liturgie. Photo : Inès Rebei/ONFR

Assise au premier rang, celle qui se fait également appeler Grand-mère Baashkaabgonii fait brûler de la sauge et dirige la fumée avec un éventail de plumes pour bénir l’espace et les participants, qui accueillent ce geste avec recueillement et respect. Elle a également pris un moment pour chanter en anglais Great Spirit, un morceau inspiré par la tradition autochtone.

Plus tard, le père jésuite a guidé les prières en s’orientant dans les Quatre Directions, un geste issu des traditions autochtones visant à relier les participants à la Terre, aux esprits et à l’équilibre du monde.

Les paroissiens ont apprécié le moment de prière tourné vers les quatre directions cardinales. Photo : Inès Rebei/ONFR

Un acte de réparation

Les relations entre les peuples autochtones et les colons européens, arrivés avec les Jésuites il y a 150 ans, ont souvent été difficiles. 

Le Père Louis-Martin Cloutier en est bien conscient depuis son arrivée sur l’Île en 2021 et voit ce mélange des rites comme « un acte de réparation, à modeste échelle ». 

Le prêtre insiste sur l’importance de la participation des paroissiens qui ont montré un intérêt pour ce projet : « J’aime travailler à partir des initiatives des paroissiens. Ce sont eux qui prennent les projets à cœur, assistent à des conférences et se forment pour mieux connaître l’histoire et les tragédies vécues par les Autochtones. »

Celui-ci ajoute que l’Église a récemment pris des mesures pour faire face à son passé : « Il y a deux ans, les Jésuites ont sorti une liste de présumées personnes qui ont commis des actes d’abus sexuels auprès des mineurs. Donc ça, il faut en parler. »

Le Père Cloutier est le dernier Jésuite à s’exprimer dans la langue de Molière sur le district de Manitoulin. Photo : Inès Rebei/ONFR

De son côté, Geraldine Ense McGregor, qui se rendait dans la paroisse pour la première fois, a apprécié l’expérience : « C’est très accueillant, très bien planifié. C’est ma communauté voisine et je suis heureuse de partager ce moment pour la vérité et la réconciliation, en mélangeant nos cultures et nos spiritualités »

Elle souhaite que les fidèles repartent avec un message clair : « Comprendre le peuple anishinaabe, connaître les souffrances qu’il a traversées et travailler à réconcilier nos différences pour atteindre le pardon. » 

Il y a dix ans, la Commission de vérité et réconciliation avait lancé ses appels à l’action pour réparer les torts des pensionnats et promouvoir le respect des communautés autochtones, et le pape a présenté des excuses au Canada en 2022 mais il reste encore une marge de progrès selon plusieurs.

Geraldine Ense McGregor est une résidente de la Première Nation de M’Chigeeng. Photo : Inès Rebei/ONFR

«  Tout le monde n’est pas réceptif, mais c’est compréhensible. Au moins, nous avons maintenant ce mélange, notre pardon de ce qui s’est passé, et nous prions pour que notre peuple se trouve dans une meilleure situation. »

Apprendre du passé

Après la messe, plusieurs fidèles francophones ont confié avoir été profondément touchés par le message et le geste symbolique de samedi soir.

Même son de cloche chez Ginette Lapointe, également paroissienne : « On lit souvent ce qui se passe dans les réserves, mais célébrer ensemble dans notre messe, c’est une autre expérience. Ça fait réfléchir et ça rapproche. »

Lise Farquhar a ramené plusieurs œuvres artistiques d’inspiration autochtone pour orner la paroisse. Photo : Inès Rebei/ONFR

Pour Madeleine et Louis Rancourt, originaires d’Azilda, la cérémonie a permis de « réunir les deux cultures » et de rappeler que, malgré le passé, « on peut vivre ensemble et apprendre du passé pour ne pas répéter les erreurs ». 

« C’est une première, et j’espère que ça va continuer. J’aimerai qu’on ajoute encore plus de choses à l’avenir, comme la chanson Notre Père en ojibwé comme dans la paroisse de M’Chigeeng, parce que l’air est semblable et qu’on peut chanter avec les syllabes », lancent-ils.

Des données de recensements n’existent pas pour les villages de l’Île, mais selon le dernier recensement de Statistique Canada seuls 3 % des 13 800 habitants ont le français comme première langue officielle parlée près de 41 % sont autochtones.

Louis Rancourt ajoute que vivre sur le territoire autochtone et côtoyer la communauté locale depuis plusieurs années a toujours été une expérience enrichissante : « Nous avons une très bonne relation avec les Autochtones ici. Pouvoir travailler et partager avec eux est très précieux. »

Le Père Cloutier est entouré des quelques paroissiens francophones venus assister à cette messe. Photo : Inès Rebei/ONFR

Un pont entre les cultures

Pour le Père Cloutier, qui gère trois autres paroisses sur l’Île, l’objectif de sa démarche est aussi de construire des ponts entre les différentes communautés, et non des barrières. 

« Le partage des cultures, le pont entre les générations et les peuples, c’est ça la vraie essence de la réconciliation »
— Geraldine Ensel McGregor

« Le fait d’être francophone dans un milieu anglophone me permet aussi de créer des liens entre deux cultures, ce qu’on appelle souvent les deux solitudes. Ce soir, nous faisions de même avec le peuple autochtone », précise-t-il.

Il souligne également que sa langue et son identité culturelle ont un rôle dans la célébration : « Même si je dis la messe en anglais, mon accent et mes expressions trahissent mon identité francophone. Cela contribue à créer des liens et à rapprocher des cultures souvent perçues comme séparées. »

Contrairement à celle de Mindemoya, la messe du dimanche matin à M’Chigeeng accueille plusieurs paroissiens autochtones. Reconstruite après un incendie en 1971, l’église de l’Immaculée-Conception combine aujourd’hui architecture inspirée des tipis autochtones et d’autres éléments culturels comme les attrape-rêves suspendus.

À la paroisse de l’Immaculée-Conception de M’Chigeeng, des attrape‑rêves et d’autres symboles de l’iconographie autochtone voisinent avec la croix dans l’espace de culte. Gracieuseté de Louis-Martin Cloutier

Geraldine Ensel McGregor constate que l’intégration des traditions autochtones dans les messes précédentes à M’Chigeeng – auxquelles elle a participé – a suscité curiosité et gratitude : « Les paroissiens, autochtones et non-autochtones, sont reconnaissants que nous partagions notre culture et que nous la mélangions avec la foi catholique. »

Selon elle, l’intégration de ses traditions au rite catholique est bien plus qu’un symbole : « Le partage des cultures, le pont entre les générations et les peuples, c’est ça la vraie essence de la réconciliation. »

La grève du personnel de soutien se prolonge dans les collèges de l’Ontario

Après trois jours de médiation infructueuse, le personnel de soutien à temps plein des collèges de l’Ontario maintient la grève. L’équipe de négociation accuse le Conseil des employeurs des collèges (CEC) de bloquer toute avancée réelle sur la sécurité d’emploi, enjeu central du conflit.

« Nous pensions progresser, mais ce matin (lundi) on nous a dit qu’on était dans une impasse », confie Dan Brisson, membre de l’équipe de négociation du Syndicat des employés de la fonction publique de l’Ontario (SEFPO), joint par ONFR.

Selon lui, la protection des postes est au cœur du différend. « Nous avons déjà vu 10 000 postes supprimés en un an et nous craignons d’autres mises à pied sans protection. La voie vers un règlement doit inclure des dispositions pour protéger les emplois existants, pas seulement pour gérer les pertes d’emplois », explique le président syndical de la section locale 672 du Collège Boréal.

La grève est en cours depuis le 11 septembre dans les établissements de la province, qui restent ouverts malgré tout. Le Conseil des employeurs des collèges (CEC), qui représente les 24 collèges publics, soutient avoir offert plus de 155 millions de dollars en hausse de salaire, de meilleurs avantages sociaux et une meilleure sécurité d’emploi.

L’employeur soutient que le syndicat réclame une interdiction de toute sous-traitance, sauf sous autorisation explicite du syndicat et « des restrictions au travail collaboratif, qui entraveraient la prestation de services aux étudiants et paralyseraient les activités ».

« Nous leur avons clairement fait savoir, dès le début des négociations, que nous ne pourrons jamais accepter ces demandes », soutient le CEC dans un communiqué lundi.

Dan Brisson. Gracieuseté

Pendant les trois jours de médiation, soit depuis le vendredi 26 septembre, sept propositions syndicales ont été déposées, contre quatre par le CEC. « Nous avons reformulé proposition après proposition, mais nous avons rencontré un mur sur nos revendications essentielles », déplore le syndicat.

Pour faciliter le dialogue, le syndicat avait accepté la nomination d’une personne médiatrice par le gouvernement et retiré les mesures qualifiées de « pilules empoisonnées » par l’employeur – un moratoire temporaire sur les mises à pied et un autre sur les fermetures ou fusions de campus.

« Même après l’élimination de ces soi-disant blocages, les présidents des collèges ont ordonné au CEC de refuser les dispositions sur la sécurité d’emploi », insiste M. Brisson.

L’employeur demande à la partie syndicale de présenter sa plus récente offre aux employés, accusant le syndicat de « compromettre les progrès réalisés » en reculant et posant des ultimatums à la table des négociations.

Des fermetures qui nourrissent la méfiance

La méfiance a redoublé vendredi 26 septembre, lorsque le Collège Georgian, dans le comté de Simcoe, a annoncé la fermeture et la vente de ses campus d’Orillia et de Muskoka d’ici juillet 2026.

« Ils affirmaient auparavant qu’aucune fermeture n’était envisagée. À 8 h 30, le président annonçait la fermeture, et deux heures plus tard le CEC prétendait ne rien savoir. L’employeur nous a menti à chaque étape », dénonce le représentant syndical.

En attendant une reprise des négociations, les conséquences se font sentir partout.

« Nos étudiants et nos communautés souffrent parce que nous ne sommes pas dans les collèges. Ce sont nous qui aidons pour le RAFEO (Régime d’aide financière aux étudiantes et étudiants de l’Ontario), qui préparons les horaires et percevons les frais de scolarité. Nos technologues assurent la composante technique des laboratoires, et les garderies de campus dépendent de notre personnel de soutien », énumère Dan Brisson.

« Nous voulons reprendre notre travail auprès des étudiants. Mais il faut d’abord des garanties pour la sécurité d’emploi », souligne le syndicaliste. La grève se poursuivra « jusqu’à ce qu’une entente soit conclue », prévient-il. « Mon équipe est prête à revenir demain matin (mardi) s’il le faut », assure-t-il.

« Une journée déchirante » : La dernière usine de pâtes et papiers du Nord-Est mise à l’arrêt à Kapuskasing

KAPUSKASING – Coup dur pour le Nord de l’Ontario : la dernière usine de pâtes et papiers du Nord-Est ontarien, exploitée par Kap Paper, a annoncé ce lundi qu’elle cesse ses activités.

L’entreprise affirme, par voie de communiqué, que cette décision résulte d’échanges soutenus avec les gouvernements et les partenaires dans les derniers mois et années, mais reflète surtout l’absence de solutions rapides pour maintenir la chaîne d’approvisionnement forestière de la région.

ONFR a tenté de rejoindre l’usine, mais n’a pas encore reçu de réponse afin de savoir si l’arrêt des activités était définitif ou celle-ci était simplement mise en veille dans l’attente d’une éventuelle vente des actifs.

« C’est une journée déchirante pour notre personnel et notre communauté », a déclaré le président-directeur général de Kap Paper, Terry Skiffington qui a ajouté que bien que des discussions constructives aient eu lieu avec la province et le gouvernement fédéral pour un soutien à moyen et long terme, aucune aide immédiate n’est disponible pour le moment.

Sous l’impulsion de la province, Kap Paper avait sollicité le gouvernement fédéral afin de trouver une solution à plus long terme via un fonds créé pour répondre aux perturbations commerciales avec les États-Unis. Selon Terry Skiffington, bien que les premières réponses soient encourageantes, aucun soutien immédiat n’était disponible.

« Malheureusement, Kap Paper ne dispose pas des ressources nécessaires pour poursuivre ses activités et est contrainte de les suspendre », précise-t-il.

Les employés au cœur des préoccupations

« C’est vraiment une journée difficile pour nous, je suis tellement désolé de l’apprendre aujourd’hui », a réagi de son côté Dave Plourde, maire de Kapuskasing en entrevue avec ONFR.

Ce sont près de 475 emplois directs à Kapuskasing et jusqu’à 2500 emplois liés dans les scieries, le transport, la maintenance et les services locaux qui sont touchés avec cet arrêt des opérations.

« Surtout avec l’annonce de 500 millions [de soutien ailleurs], c’est dur. On parle des emplois, on essaie de les protéger, mais c’est comme si tout s’effondrait d’un coup », a continué celui-ci, en référence à l’annonce du fédéral de ce lundi matin de soutenir l’usine Algoma Steel à Sault Ste. Marie avec un prêt de 400 millions de dollars (en plus du 100 millions de dollars injecté par la province).

Depuis la fermeture de l’usine de Domtar à Espanola en 2023, l’usine de Kapuskasing était le dernier grand consommateur de copeaux et de biomasse dans la région. Photo : gracieuseté de Kap Paper

Dans un communiqué paru également ce lundi, le gouvernement provincial dit concentrer ses efforts sur les travailleuses et travailleurs affectés. Des mesures comme les Centres POWER, le programme Meilleurs emplois Ontario, ainsi que les Services de formation pour un réemploi rapide (SFRR) sont déjà activées à Kapuskasing.

« Kap Paper espère que les travailleurs et leurs familles pourront bénéficier des programmes d’aides fédéraux. L’entreprise organisera la fermeture de l’usine de manière à garantir la sécurité du processus et à protéger l’environnement et les travailleurs », pouvait-on aussi lire dans le communiqué de l’entreprise.

La province rejette la faute sur le fédéral

« Notre gouvernement a travaillé en étroite collaboration avec Kap Paper dans le but de protéger les emplois à l’usine de papier de Kapuskasing », ont déclaré Mike Harris, ministre des Richesses naturelles, et Kevin Holland, ministre associé des Forêts et des Produits forestiers.

« Je ne pense pas qu’on ait été bien traités »
— Dave Plourde

Selon eux, l’Ontario a consenti plus de 50 millions de dollars pour couvrir les dépenses d’exploitation et soutenir un plan de relance.

La province reproche au gouvernement fédéral de ne pas s’être « joint à la table » pour maintenir l’usine en vie. « Notre gouvernement ne peut pas indéfiniment procurer cette aide sans le soutien actif et la participation du gouvernement fédéral », insiste la déclaration.

De son côté, le maire Plourde, qui est également le vice-président de la Fédération des municipalités du Nord de l’Ontario (FONOM) lance la balle au gouvernement provincial : « On avait de l’espoir avec le gouvernement fédéral qui est venu à la table après deux semaines et puis finalement la province a décidé qu’on allait juste pas continuer. »

« On travaille très fort pour ramener le gouvernement provincial à la table, et je ne sais pas si on y arrivera. C’est vraiment surprenant, car nous avons appris la nouvelle par leurs avocats et non par le ministre des Forêts. Je ne pense pas que nous ayons été bien traités », regrette-t-il, ajoutant que la déception est d’autant plus grande qu’il représentait les progressistes-conservateurs lors des élections de février dernier.

Le mois dernier, le gouvernement Carney a annoncé un soutien de 1,2 milliard de dollars pour l’industrie canadienne du bois d’œuvre, durement touchée par les tarifs et droits imposés par les États-Unis.

ONFR a lancé une demande de réaction au gouvernement fédéral et n’a pas encore obtenu de réponse au moment de publier ces lignes.

Des appels avaient été lancés récemment par la FONOM, le député de Mushkegowuk—Baie James Guy Bourgouin ou encore l’Association municipale du Nord-Ouest de l’Ontario pour sauver l’usine.

Soccer : le Forge Hamilton ne craint personne

Confiant et sûr de leur force, le Forge Hamilton, quadruples champions de la Première ligue canadienne (PLC), aborde le sprint final de la saison avec sérénité. Pour le jeune Amadou Koné comme pour le vétéran David Choinière, l’Atlético Ottawa, concurrent direct au titre, n’est pas une menace, mais une étape supplémentaire vers un doublé historique.

La fin de saison 2025 de la PLC s’annonce palpitante. À trois journées de la fin, deux clubs dominent les débats : le Forge FC Hamilton et l’Atlético Ottawa. Les deux formations se livrent un duel haletant pour le titre de la saison régulière. En arrachant un match nul (1-1) précieux sur le terrain de l’Atlético la semaine dernière, Forge s’est assuré de conserver son destin entre ses mains. Derrière, les hommes de Bobby Smyrniotis ont confirmé leur statut de patrons en étrillant le Pacific FC 4-0 le week-end dernier pour conserver deux longueurs d’avance sur Ottawa, vainqueur 3-0 face à Cavalry FC.

Du côté de l’équipe du sud-ouest de l’Ontario qui domine la ligue depuis sa création, la confiance est totale. On ne voit pas Ottawa comme une menace insurmontable, et c’est même tout l’état d’esprit résumé par un jeune attaquant prometteur du club, le Franco-Ontarien Amadou Koné.

Koné : « Ottawa, une bonne équipe mais pas une rivalité »

Auteur de son premier but de la saison face à Ottawa, sa ville natale plus tôt dans la saison, Koné symbolise l’équilibre fragile entre patience individuelle et ambition collective. S’il dispose de moins de temps de jeu que l’an dernier, il ne s’en alarme pas :

« Ce n’est pas facile, mais rien n’est facile dans la vie et encore moins dans le football. L’équipe gagne, et tout ce que je peux faire, c’est rester prêt, me donner aux entraînements et montrer pourquoi je mérite de jouer », explique-t-il

Le dernier match entre Ottawa et Hamilton s’est terminé avec quelques échauffourées, symbole de la tension entre les deux équipes sur cette fin de saison. Photo : Philippe Lariviere /Atletico Ottawa

Interrogé sur la rivalité naissante avec Ottawa, sa réponse est révélatrice du sentiment dans le vestiaire :

« Je ne peux pas dire qu’on est inquiet. Ottawa est une très bonne équipe, mais nous avons déjà affronté des Monterrey, des clubs de MLS. Notre standard est ailleurs. Si on joue à notre meilleur niveau, on peut gérer Ottawa comme les autres. Pour moi, ce n’est pas une rivalité, mais oui, il y a concurrence. »

Un discours lucide qui tranche avec les tensions aperçues lors du dernier affrontement entre les deux formations, marqué par quelques échanges musclés en fin de match. L’Atlético, désormais candidat crédible au titre, veut s’imposer comme l’équipe capable de détrôner le Forge. Mais dans le camp hamiltonien, la sérénité reste de mise.

Choinière et la recette du succès

S’il y a un joueur qui incarne la constance de Forge depuis la création de la ligue, c’est bien David Choinière. À 27 ans, le Québécois est le joueur francophone historique du club. Pour lui, la réussite de Forge repose avant tout sur la culture instaurée dès le départ :

« Ce sont les standards de l’équipe. Ici, dès le début de la saison, il y a un seul objectif : gagner tous les titres possibles. Ça demande de la discipline, de l’engagement et d’une profondeur d’effectif unique. Peu importe l’alignement, on sait qu’on peut gagner », souligne-t-il.

L’entraîneur Bobby Smyrniotis meneur d’homme et tacticien hors paire fait partie des raisons pour lesquelles le club connaît une telle stabilité au plus haut niveau. Photo : Philippe Lariviere /Atletico Ottawa

Chaque année, le Forge attire les meilleurs joueurs de la PLC, comme Brian Wright, Mo Babouli ou encore Dan Nimick qui ont rejoint le club cette saison, sans jamais bouleverser son noyau historique. Mais paradoxalement, aucun club n’a encore réussi à rafler à la fois la saison régulière et la phase finale. Choinière l’explique sans détour :

« L’an dernier, quand on a fini premier, il y a eu un relâchement. On s’est dit que la mission était déjà accomplie. Quand arrivent les playoffs, l’intensité monte d’un cran. On n’a pas su répondre de la même manière, et on est arrivé trop relax. Cette année, c’est un défi : personne n’a encore réussi le doublé, et nous, on veut le faire. »

Forge, le présent; Ottawa, l’avenir?

La lutte entre le Forge FC et l’Atlético Ottawa anime les débats jusque dans les déclarations des entraîneurs. Le coach d’Ottawa, Diego Mejia, a résumé ainsi la situation : « Forge est le présent de la ligue, Ottawa est l’avenir. »

Un constat que Choinière ne conteste pas totalement.

« L’Atlético est l’équipe qui a donné le plus de minutes aux U21 cette saison. Ils misent beaucoup sur la jeunesse. Mais nous, à Forge, on a trouvé un équilibre. Oui, on a plus d’expérience, mais on développe aussi des jeunes. Regardez Poku, Woobens Pacius : ils ont grandi ici avant de partir au niveau supérieur. C’est ça la force de Forge. »

L’exemple d’Amadou Koné illustre parfaitement ce mélange d’expérience et de jeunesse, mais aussi la difficulté accrue pour les jeunes joueurs de se faire une place dans l’équipe très compétitive de Bobby Smyrniotis. 

Amadou Koné célèbre son premier but en carrière en PLC, face à l’équipe de sa ville natale. Il avait permis aux siens d’accrocher un match nul précieux à Ottawa en tout début de saison. Photo : Michael Chisholm/Canadian Premier League

Le natif d’Ottawa vit une saison paradoxale, il a disputé moins de matchs et joué moins de minutes que l’an passé. Malgré cela, il souligne un encadrement précieux pour son développement :

« Il n’y a pas forcément plus de concurrence que l’an dernier. L’équipe est juste plus dynamique, plus polyvalente. C’est au coach de décider. Moi, je continue de travailler et j’apprends des vétérans », explique-t-il.  

« À chaque séance, les plus expérimentés me parlent, me donnent des conseils sur le positionnement, la lecture du jeu ou encore la concentration à garder devant le but. Ce sont des joueurs qui ont dix ans de carrière derrière eux et, pour moi, c’est une chance énorme de pouvoir évoluer à leurs côtés. Ils croient en moi, et ça me pousse à continuer même quand je joue moins », ajoute-t-il.

David Choinière, qui représente cet encadrement des vétérans ayant tout connu en PLC, croit en lui :

« Amadou a des qualités physiques spectaculaires, surtout sa vitesse. Il doit être patient, travailler ses points faibles et forts, mais il a le potentiel pour devenir titulaire en PLC. »

Une fin de saison sous haute tension

À trois journées de la fin, tout reste possible. Forge conserve un mince avantage et son destin est entre ses mains, tandis que l’Atlético rêve de créer la surprise.

Le calendrier promet encore des étincelles : Hamilton doit confirmer son autorité face à Valour FC et Cavalry FC, avant un ultime duel contre Vancouver FC. Ottawa, de son côté, cherchera à grappiller chaque point pour espérer doubler le Forge sur le fil. Les Ottaviens se déplaceront à Winnipeg pour affronter ValourFC avant de recevoir Vancouver FC et de conclure la saison sur la pelouse des Wanderers d’Halifax.

Quoi qu’il arrive, cette fin de saison s’annonce comme l’une des plus intenses de l’histoire de la PLC. Et à Hamilton, une chose est sûre : le Forge ne craint personne.

Immigrants francophones : une nouvelle aide juridique encore peu connue

TORONTO – Après plusieurs mois de déploiement progressif, un nouveau dispositif de soutien juridique pour les nouveaux arrivants francophones est en place au Centre francophone du Grand Toronto (CFGT), à l’échelle provinciale.

Au service d’aide juridique, d’emploi et d’établissement du CFGT, « on a constaté un réel manque de connaissances des nouveaux arrivants au sujet du système administratif et judiciaire au Canada », remarque Aïssa Nauthoo, vice-présidente du département.

Un grand nombre d’arrivées d’immigrants francophones depuis la pandémie a contraint le CFGT a réévaluer les besoins. Réservé uniquement aux nouveaux arrivants francophones depuis cette année, ce programme leur ouvre l’accès à des services de base comme de l’information et des conseils juridiques sommaires.

Pourvu d’une portée provinciale, cette nouvelle aide est également en mesure d’accompagner les nouveaux arrivants hors de la région de Toronto de manière virtuelle.

En outre, Mme Nauthoo précise que représenter les personnes devant la justice est également prévu. Les domaines de droit énoncés incluent l’immigration, le droit de la famille, l’emploi, le logement, etc.

Aïssa Nauthoo, au centre, travaille à la clinique juridique de la CFGT depuis plus de 20 ans. Photo : compte X d’Aïssa Nauthoo

Par ailleurs, l’organisme francophone s’est engagé à déployer 25 ateliers pédagogiques pour l’année, « mais c’est sûr qu’on va aller au-delà de 25 », anticipe la vice-présidente.

En bénéficiant d’une couverture fédérale à travers Justice Canada, et contrairement à la clinique juridique initialement présente au Centre, Aïssa Nauthoo explique que ce nouveau service est dispensé des critères d’éligibilité financière, et ce dans le but de libérer l’accès à l’aide juridique et d’aiguiser les connaissances des immigrants.

« Les conseils sommaires sont gratuits et sont prodigués à n’importe qui. On a aussi une ligne gratuite de soutien juridique ouverte tous les jours du lundi au vendredi », ajoute-t-elle.

Le service d’aide juridique du CFGT à Toronto travaille avec une trentaine de partenaires communautaires vu que ces organismes n’ont pas accès à une clinique juridique. Photo : Gracieuseté de Siham Barhomi

Mme Nauhtoo met le doigt sur l’implication de ce programme dans l’intégration des nouveaux arrivants francophones : « C’est là où ce programme-là fait vraiment une différence dans la vie de nos différents clients. Peu importe le revenu, nous sommes capables de donner de l’information juridique en français. »

L’année dernière, le Centre a procédé à une réévaluation des besoins juridiques des nouveaux arrivants francophones. Cette étude, qui a permis de débloquer le financement de ce dispositif, souligne aussi la multiplication des besoins des immigrants francophones pour des aides juridiques en langue française.

En tant qu’initiative du Plan d’action pour les langues officielles de 2023 à 2028, Aïssa Nauthoo note que le Centre a sollicité le ministère de la Justice au fédéral dans le cadre des fonds d’appui : « La clinique a répondu à l’appel et le projet a été financé pour la période de février 2025 jusqu’en mars 2026. »

Une désinformation exacerbée par le fossé culturel

Remplir un formulaire, compléter une demande de permis de travail, faire des parrainages, tels sont les types de services auxquels s’affairent les avocats et travailleurs juridiques recrutés pour le programme. Parmi eux, l’avocate en droit de la famille, Francesca Kacou, est arrivée en appui au mois de mai.

« Il y a aussi tout le bagage culturel que les gens apportent avec eux en venant au Canada », affirme-t-elle en évoquant le manque de connaissances de la plupart des nouveaux arrivants quant à leurs droits et les conséquences qui s’en suivent.

Le choc culturel justifie en grande partie les lacunes des personnes sur le fonctionnement des systèmes judiciaires : « Souvent, le droit n’est pas le même dans leur pays d’origine et ça limite leur compréhension et connaissance », estime Aïssa Nauthoo.

« Dès que vous effectuez une recherche Google, l’information apparait en anglais et cette barrière linguistique désoriente les gens. »
— Francesca Kacou, avocate qui contribue au nouveau service

En tant qu’experte en droit de la famille, Mme Kacou a géré de nombreux cas liés aux abus familiaux : « Par exemple, pour les personnes qui viennent d’Afrique subsaharienne, pour divorcer, il faut vraiment un gros motif, mais ici le cadre est différent. On leur fait comprendre que la violence familiale constitue un fondement légitime », raconte Mme Kacou.

La juriste se rappelle également de litiges impliquant des travailleurs vulnérables, en les mettant en garde quant aux abus. En effet, elle explique que certains nouveaux arrivants se sentent redevables après avoir reçu le parrainage d’un employeur, et deviennent victimes d’exploitation.

Elle met également en lumière la désinformation qui sévit entre les frontières. « Sur les médias sociaux, n’importe qui peut être dire quoi que ce soit et très souvent les gens ont tendance à écouter sans aller à la source », décrit l’avocate.

Une fois sur place, les informations nécessaires risquent également d’être mal transmises : « Certains ne savent pas qu’ils sont en droit de demander pour une audience en français, et acceptent de plaider en anglais avec un interprète. Cela va à l’encontre de la Loi sur les services en français et la Loi sur les langues officielles », martèle Mme Nauthoo.

Dans les milieux francophones en situation minoritaire, Me Kacou remarque que ces asymétries d’information sont aggravées : « Dès que vous effectuez une recherche Google, l’information apparait en anglais et cette barrière linguistique désoriente les gens. »

Le programme devrait se poursuivre jusqu’en mars 2026, et pour le moment, rien n’indique encore s’il sera prolongé. Une table ronde réunira prochainement des avocats et des travailleurs d’établissements afin de mieux comprendre les défis juridiques des nouveaux arrivants et proposer des pistes de solution.

Timmins : le service d’autobus interrompu en raison d’une grève

TIMMINS – Les autobus de Timmins Transit ne circuleront plus à compter de ce lundi, en raison d’une grève déclenchée par la section locale 1544 du Syndicat canadien de la fonction publique (SCFP).

Dans un communiqué publié dimanche, la Ville de Timmins a confirmé que l’ensemble des services de transport en commun seront interrompus, incluant les trajets réguliers, le service de transport adapté ainsi que la navette du Northern College.

La grève découle du rejet par les membres du syndicat de l’entente de principe conclue à la table de négociation. Le SCFP 1544 représente l’ensemble du personnel de Timmins Transit.

« La Ville de Timmins comprend les inconvénients que cette situation entraînera pour de nombreux usagers. Nous demeurons déterminés à travailler vers une convention collective juste et responsable, qui équilibre les besoins des employés du transport en commun, des passagers et des résidents », peut-on lire dans le communiqué.

La Ville invite les citoyens à suivre les mises à jour sur l’état des services et des négociations via son site web officiel ainsi que sur ses réseaux sociaux.

La maison de production Le Réveil ferme ses portes

OTTAWA – La maison de production franco-ontarienne Le Réveil met la clé sous la porte. C’est en tout cas ce qu’a déclaré ce dimanche son fondateur et directeur général, William Burton, sur le compte Facebook de l’organisme ottavien.

« J’ai voulu éveiller les jeunes, en espérant qu’eux aussi trouvent d’autres allumés qui sauraient leur montrer comment comprendre leur étincelle et la protéger avant que quelqu’un ne souffle dessus, confie William Burton dans une longue publication en ligne. Mais j’ai découvert les limites de ce rôle de porteur d’étincelles sans pouvoir être gardien de braises. »

Créé en 2015, Le Réveil s’était donné pour objectif de faire rayonner les arts et la culture francophone auprès des jeunes en milieu minoritaire. Par son entremise, de nombreux projets se sont développés dans les écoles de langue française, notamment avec des interventions d’artistes et de formateurs.

En plus de produire des contenus numériques axés sur la construction identitaire, la compagnie proposait des ateliers, conférences, animations d’événements et formation aux médias.

« J’ai vu des regards s’allumer pour un instant, un atelier, une semaine, relate le producteur et animateur William Burton, sans avoir la certitude que cette lumière pourrait survivre ensuite. Et parfois, j’ai eu peur que nos passages éphémères fassent plus de mal que de bien, en pensant aux méchancetés qui surgissent justement quand un jeune, dans un moment de vulnérabilité, commence à laisser paraître une flamme et qu’elle est attaquée par d’autres qui ne veulent pas se permettre d’être aussi courageux. »

Et d’énumérer plusieurs limites à son action comme la formation, le financement et la compétition entre les écoles. « Les enseignants, les animateurs culturels, les gouvernements étudiants et les communautés doivent être formés et financés pour soutenir l’éveil », dit-il, estimant que son organisme et ses partenaires ne pouvaient pas tout faire.

« C’était un changement plus grand, qui dépassait nos actions et relevait d’un mouvement collectif et systémique »
— William Burton, fondateur du Réveil

« Le cœur du rêve, cette flamme fragile, (…) demandait une continuité et une présence quotidienne qui allaient bien au-delà de ce que Le Réveil et ses partenaires pouvaient offrir dans le cadre d’un atelier, d’un spectacle ou d’un projet spécial. C’était un changement plus grand, qui dépassait nos actions et relevait d’un mouvement collectif et systémique », poursuit celui qui a reçu, en 2022, le prix Jeunesse de l’Assemblée de la francophonie de l’Ontario et a rebondi, depuis ce mois de septembre, sur un autre défi professionnel, en tant que coordinateur de programme au Centre d’entrepreneuriat (E-Hub) de l’Université d’Ottawa.

Son complice de longue date, le youtubeur Phil Rivière, considère la fin du Réveil comme « une grosse perte pour la francophonie canadienne, mais tous les jeunes qui se sont sentis inspirés par Le Réveil, j’ai l’espoir qu’ils vont prendre le flambeau et continuer à faire du stuff rassembleur en français. »

Et de conclure : « J’ai vu des dizaines de milliers de jeunes avoir du fun en français grâce à ces initiatives et je pense qu’on va continuer à en ressentir les impacts pendant longtemps. »

L’annonce de la fermeture du Réveil a suscité de nombreuses réactions en ligne, essentiellement des messages de félicitations et de reconnaissance pour son impact durant 10 ans.

Le French Part’Eh, une tradition bien ancrée dans le Sud-Ouest

WINDSOR – Depuis plusieurs décennies, ces soirées francophones, les ‘French Part’Eh’, sont organisées dans la région par l’ACFO Windsor-Essex-Chatham-Kent (ACFO-WECK) autour du 25 septembre, Jour des Franco-Ontariens. Ce vendredi soir, la communauté francophone et francophile tout entière se réunira et deux récipiendaires seront récompensés des Prix d’engagement communautaire pour leur contribution au rayonnement de la francophonie.

Une tradition de longue date, ces soirées de gala francophones de l’ACFO-WECK du Jour des Franco-Ontariens prennent le nom de French Part’Eh dès 2020.

Elles deviennent l’occasion pour la communauté francophone et francophile de toute la région Windsor-Essex-Chatham-Kent, les familles notamment, mais aussi les organismes engagés dans la promotion de la francophonie, de s’y retrouver.

Le Centre communautaire francophone de Windsor-Chatham-Kent, les deux conseils scolaires francophones, Providence et Viamonde, le Club Richelieu, le Collège Boréal, l’Université de Windsor, ou encore le Réseau-Femmes, y prennent part chaque année, de même qu’une délégation de l’Alliance française de Détroit.

« Le rassemblement développe le sentiment d’appartenance et de fierté de faire partie de la famille francophone. C’est aussi une occasion de célébrer la culture francophone qui a résisté à l’assimilation et qui continue de rayonner dans la région depuis plus de trois siècles », explique André Nsengiyumva, coordinateur de programme à l’ACFO-WECK. 

Yasmine Joheir, directrice générale du CCFWEK et présidente de l’ACFO-WECK, Gisèle Dionne, ancienne directrice générale de l’ACFO-WECK, John Cooper, créateur des Rendez-vous Détroit et de la visite guidée bilingue The Detroit French History Cruise, récipiendaire du Prix de l’engagement communautaire 2024, et Carole Papineau, vice-présidente de l’ACFO-WECK. Photo : gracieuseté de l’ACFO-WECK

Dîner du Part’Eh de l’édition 2023. Photo : gracieuseté de l’ACFO-WECK

Dîner du Part’Eh de l’édition 2023. Photo : gracieuseté de l’ACFO-WECK

Cet anniversaire symbolique du 50e du drapeau ne fera pas exception avec des festivités organisées dès 17 h au Beach Grove golf & country club de Windsor.

Dîner, réseautage et jeu par tirage au sort convivial sont de mise, mais également un programme musical et dansant avec un concert de l’artiste français et canadien Raphaël Delahaye folk et pop, connu sous le nom de Raph Delaé.

Chaque édition permet de valoriser un individu ainsi qu’un organisme, choisis pour recevoir un Prix d’engagement communautaire pour leurs contributions au rayonnement de la communauté francophone.

Cette année, c’est la Mairie de Windsor qui a été reconnue comme organisme de la région dont l’implication est remarquable, pour la place faite au drapeau franco-ontarien sur l’esplanade de la ville.

Peter Berry, vice-président du Port de Windsor, a quant à lui remporté le prix individuel, pour son soutien à la communauté en général avec notamment l’installation du nouveau monument de la francophonie devant le port.

Article mis à jour le 29 septembre.

Les artisans du drapeau franco-ontarien honorés à Sudbury

SUDBURY – Le traditionnel banquet de la francophonie de l’ACFO du Grand Sudbury a conclu, jeudi, une journée de festivités riches en émotions pour ce Jour des Franco-Ontariens. Cette année, le Prix de la francophonie a été remis aux membres du comité de création du drapeau franco-ontarien en l’honneur de son 50e anniversaire.

Près de 300 personnes étaient réunies jeudi soir dans le gymnase du Collège Boréal pour une longue soirée placée sous le signe de la nostalgie.

La soirée animée par Éric Robitaille de Radio-Canada, a débuté par un cocktail avant de se poursuivre par un repas aux saveurs ontariennes, des allocutions et la remise du prix.

Le coquetel a eu lieu à la salle Au pied du rocher du Collège Boréal de Sudbury. Photo : Dominique Demers/ONFR

Cette année, l’ACFO du Grand Sudbury a décidé de rompre avec la tradition en honorant plus d’un récipiendaire, avec un choix qui fait écho au 50e du drapeau franco-ontarien qui a vu le jour à Sudbury.

« Comme plusieurs le savent déjà, il a fallu près d’une quinzaine d’années pour que la communauté franco-ontarienne découvre les créateurs du drapeau », a souligné Danielle Barbeau-Rodrigue, vice-présidente du conseil d’administration de l’ACFO du Grand Sudbury, faisant référence à Gaétan Gervais et Michel Dupuis, tous deux disparus en 2018.

Elle a rappelé que le projet du drapeau franco-ontarien, longtemps rêvé par Gaétan Gervais, n’aurait pas pu voir le jour sans le soutien de plusieurs collaborateurs, ce que l’ACFO a voulu reconnaître.

De gauche à droite, Danielle Barbeau-Rodrigue, Nawfal Sbaa (ex-président de l’AEF, organisme également reconnu avec ce Prix), Donald Obonsawin, Normand Rainville, Nancy England, Yves Tassé et Marc Gauthier (président du CA de l’ACFO du Grand Sudbury). Le drapeau originel était projeté toute la soirée sur la scène. Photo : Rudy Chabannes/ONFR

Ce sont donc des membres du comité de création du drapeau franco-ontarien de 1975, soit Donald Obonsawin, Normand Rainville et Yves Tassé et Jacqueline England, qui se voient remettre cette distinction avec l’association des étudiants francophones de l’Université Laurentienne (AEF), soulignant l’engagement et la contribution d’individus à la vitalité de la francophonie locale depuis 1983.

« Je crois sincèrement que cette distinction a un sens plus profond. Nous devons tous saisir ici que l’avenir de la francophonie en Ontario est entre les mains de notre jeunesse bâtissante, qui saura forcément joindre l’authenticité à la modernité », a lancé Nawfal Sbaa, ex-président de l’AEF, qui fut le premier à prendre la parole et a rappelé que l’organisme a fêté, quant à lui, son 50e l’année dernière.

Un deuxième drapeau

Du côté du comité, Nancy England, fille de Jacqueline England, disparue en 2017, est venue recevoir le prix au nom de sa mère qui fut la couturière du premier drapeau de 1975. 

Le public a alors découvert l’existence d’un deuxième drapeau original également cousu par sa mère qui l’avait laissé en héritage à son petit-fils. « Il appartient maintenant à la communauté », a souligné Nancy England en remettant le deuxième drapeau à Joanne Gervais, directrice générale de l’ACFO du Grand Sudbury jeudi soir. 

Donald Obonsawin a offert le traditionnel toast du banquet en compagnie du président de l’AFO, Fabien Hébert. Photo : Inès Rebei/ONFR

Visiblement émue, elle a aussi expliqué que « chaque fois que nous voyons ce drapeau, c’est un fragment de l’esprit et de l’engagement de ma mère qui vit à travers lui. Pour ma famille et pour les Franco-Ontariens, c’est une immense fierté. »

« Je voudrais par contre réserver mes plus gros remerciements à vous, les Franco-Ontariens qui ont accepté le drapeau. Nous avons lancé une idée, un concept, mais il n’aurait jamais existé si la population ne l’avait pas accepté. Merci à tous pour votre soutien », a lancé l’actuel chancelier de l’Université de Sudbury, Donald Obonsawin après avoir salué la contribution des autres idéateurs du drapeau.

Un constat partagé par Yves Tassé dans son discours : « Notre contribution est petite, mais c’est la communauté qui a porté et défendu le drapeau pendant les 50 dernières années. Cette reconnaissance doit être partagée avec les milliers de personnes engagées dans la communauté franco-ontarienne. » 

Yves Tassé a fait allusion au documentaire de TFO, Raconte moi, animé par sa fille Isabelle Bourgeault-Tassé durant son discours pour répondre à la question de l’une des enfants qui se demandait si le comité avait conscience de l’importance de leur travail d’alors : « c’était un acte de témérité, de résistance ». Photo : Inès Rebei/ONFR

Il a également tenu à souligner l’importance de transmettre cet héritage aux générations futures avec un message en direction de ses petites-filles dont l’une d’entre elle était dans la salle : « Cette reconnaissance, je vais la laisser à mes deux petites filles [..] pour qu’elles puissent se souvenir et être garantes de l’histoire des Franco-Ontariens. » 

Normand Rainville a, quant à lui, fait une courte allocution laquelle a débuté par une boutade sur la ville d’Ottawa avec laquelle le comité était en compétition pour la conception d’un premier drapeau : « envoyer promener quelqu’un d’Ottawa c’était un doux rêve », a-t-il lancé, provoquant des rires dans la salle.

Le groupe a reçu un hommage appuyé du public qui s’est levé à plusieurs reprises pour de longs applaudissements et cris de félicitations.

Université de Sudbury et 30e du Collège Boréal

Avant la remise des prix, le recteur de l’Université de Sudbury, Serge Miville, a pris la parole pour saluer l’engagement des Franco-Ontariens dans le développement d’institutions francophones et a rappelé les années de lutte et de sacrifices nécessaires pour concrétiser l’établissement.

« Le combat a été ardu, avec des sacrifices familiaux et personnels, mais la communauté a toujours porté ce projet », a-t-il lancé. 

Il en a aussi profité pour souligner le rôle important que jouent les étudiants de la première cohorte, qui a fait sa rentrée au début du mois, lesquels étaient présents dans la salle tout en lançant, avec humour, des appels à leur embauche auprès de potentiels employeurs présents dans la salle.

« Ils sont brillants, et je peux vous dire, parce qu’on est assis avec eux, on les écoute », a lancé recteur Serge Miville au sujet des étudiants de la première cohorte de l’établissement depuis sa relance. Photo : Inès Rebei/ONFR

Enfin, il a lancé un appel à la population pour soutenir l’Université de Sudbury et les autres établissements de langue française : « Ensemble, nous pouvons assurer le succès de nos institutions et continuer à faire rayonner la francophonie ontarienne ».

Avant le banquet, un cocktail a permis de célébrer le 30ᵉ anniversaire du Collège Boréal, en présence de membres de la communauté et d’étudiants. Pour l’occasion, le président, Daniel Giroux, est revenu sur les circonstances entourant la création de l’établissement et son évolution au cours des trois dernières décennies.

Par ailleurs, bien que leur présence était attendue, les députés provinciaux et la lieutenante-gouverneure de l’Ontario Edith Dumont présents plus tôt au lever de drapeau n’ont pas pu assister à l’événement en raison des piquets de grève dans le réseau collégial ontarien.

Un financement de la lieutenante-gouverneure

Plus tôt dans la journée, celle qui est aussi la marraine des festivités du 50e avait lancé, à la Place des Arts, l’initiative provinciale « 50 ans de fierté! Ensemble pour demain », en partenariat avec l’Alliance culturelle de l’Ontario.

L’initiative, qui s’étend de septembre 2025 à l’automne 2026, est ouverte à tous les domaines artistiques : arts visuels, musique, danse, théâtre, médias numériques et projets interdisciplinaires.

Les projets sélectionnés pourront bénéficier d’un financement pouvant atteindre 10 000 $, ainsi que d’un mentorat régional.

La lieutenante-gouverneure lors de l’annonce à la Place des arts du Grand Sudbury. Photo : Dominique Demers/TFO

« Par cette initiative, nous lançons une invitation à toutes et tous : s’exprimer, raconter leur parcours et mettre en lumière leur créativité. Ensemble, façonnons une mosaïque vibrante qui témoigne de toute la richesse, de la diversité et de la vitalité de la francophonie ontarienne », a précisé Mme Dumont.

Les projets artistiques communautaires qui seront soutenus serviront d’éléments constitutifs pour produire une exposition collective présentée en Ontario, sur une plateforme Web bilingue et au Sommet de la Francophonie de 2026 au Cambodge.

Émotions, huées, annonces… Un Jour des Franco-Ontariens plein de surprises

Discours émouvants, lieutenante-gouverneure ovationnée à Sudbury, ministre des Collèges et Universités hué, annonce d’un million de dollars de subvention, drapeau permanent à Windsor, pluie perturbatrice à Ottawa et dans l’Est… Au-delà d’être celui du 50e anniversaire du drapeau vert et blanc, ce Jour des Franco-Ontariens n’avait absolument rien d’ordinaire.

Les célébrations du 50e ont débuté en grande pompe et sous un beau soleil à Sudbury par un tintamarre lancé depuis le campus de l’Université Laurentienne et qui s’est conclu là où tout a commencé : sur le campus de l’Université de Sudbury.

Accueillie par les ovations de plusieurs centaines de personnes, la lieutenante-gouverneure de l’Ontario et marraine des festivités du 50e, Edith Dumont, a prononcé le premier d’une série de discours de dignitaires, soulignant la diversité de la francophonie actuelle et l’importance de ces célébrations.

Celle qui est célèbrement connue pour être la première franco-ontarienne à occuper ce rôle a souligné l’évolution des francophones en Ontario depuis le tout premier lever de drapeau à l’Université de Sudbury le 25 septembre 1975 : « Nos voix sont amplifiées et notre contribution au développement de l’Ontario est recherchée et appréciée. »

Puis, la ministre des Affaires francophones, Caroline Mulroney, a annoncé un investissement d’un million de dollars cette année pour soutenir des événements mettant en valeur la contribution des francophones à l’Ontario et favorisant leur développement culturel et économique.

Photo : Rudy Chabannes/ONFR

À Sudbury, ministre hué et moments d’émotions

L’un des moments marquants a été l’accueil réservé au ministre des Collèges et Universités, Nolan Quinn. À son arrivée, une trentaine de personnes dans l’assistance l’ont hué, en écho à la grève des employés de soutien des collèges ontariens qui se poursuit depuis le 11 septembre.

Durant son allocution, ces manifestants lui ont ensuite tourné le dos et ont scandé des slogans pour l’exhorter à s’exprimer en français. 

La matinée a aussi été marquée par de vives émotions. Le recteur de l’Université de Sudbury, Serge Miville, a versé quelques larmes dès le début de son allocution. 

« Waw, il y a du monde », a-t-il lancé avant de s’interrompre, les yeux humides, suscitant une réaction chaleureuse de l’assistance. Il est ensuite revenu sur l’histoire de la relance de l’établissement, qui a accueilli sa première rentrée plus tôt ce mois-ci avant de lancer « Bienvenue chez vous! »

Puis, la directrice générale de l’ACFO du Grand Sudbury, Joanne Gervais, qui fut elle aussi accueillie par de forts applaudissements, a rendu un vibrant hommage à son frère, Gaétan Gervais, co-créateur du drapeau franco-ontarien. 

« Je suis convaincue qu’il serait tellement honoré par votre présence en si grand nombre ce matin. Je le vois avec son sourire croche, celui qu’il avait quand il savait qu’il avait fait un bon coup », a-t-elle confié, émue. 

À Toronto, chorale sous la pluie

À Toronto, la journée a débuté à Queen’s Park, où un premier lever de drapeau s’est déroulé avec les chants de choristes d’écoles francophones, sous une pluie battante. Le vice-président de l’Assemblée de la francophonie de l’Ontario (AFO), Luc Bonaventure Amoussou, s’est chargé de hisser le drapeau vers 9h30 avant que la pluie ne contraigne de poursuivre les discours à l’intérieur de l’édifice législatif.

Peu après 11h, un deuxième lever de drapeau s’en est suivi à l’hôtel de ville où la mairesse Olivia Chowa été acclamée par la foule lorsqu’elle a incité les administrés à demander plus de services en français. Dans la foulée, elle a déclaré le 25 septembre comme le jour des Franco-Ontariens dans la ville de Toronto.

La conseillère municipale Alejandra Bravo aux côtés de la mairesse Olivia Chow. Photo : Mickael Laviolle

Après que Jean Claude N’Da, président de l’ACFO-Toronto, ait hissé le drapeau, la journée s’est conclue par un concert de DJ Clem et Amadou Kienou. 

Les activités se poursuivent dans l’après-midi et en soirée avec notamment une conférence sur les services en français organisée par l’AFCO qui se déroulera à 17h30 dans la Rotonde du Metro Hall à Toronto. 

À Ottawa, 8000 jeunes au concert de la Place TD

À Ottawa, la pluie est venue jouer les trouble-fêtes. L’Association communautaire de Vanier a annulé son événement au Carré de la francophonie. L’Université d’Ottawa a annulé son tintamarre, mais a néanmoins tenu une cérémonie protocolaire à l’intérieur, en présence notamment de sa nouvelle rectrice, Marie-Eve Sylvestre, et de son vice-recteur associé, Francophonie, Yves Y. Pelletier. L’Agora du pavillon UCU était pleine de gens habillés de vert et de blanc, qui ont regardé ensemble le vidéoclip de Mon beau drapeau (nouvelle génération) et écouté l’hymne Notre place en lieu et place d’un lever de drapeau, impossible à réaliser à l’intérieur.

Une soirée de cinéma francophone et le lancement de saison du Centre de recherche sur les francophonies canadiennes (CRCCF) souligneront également les 50 ans du drapeau en soirée.

Photo : Rachel Crustin

À la Place TD, l’événement Ensemble, toujours debout du Conseil des écoles catholiques du Centre-Est (CECCE) fut couronné de succès. Environ 8000 jeunes de la troisième à la huitième année ont assisté à ce grand spectacle qui réunissait les artistes franco-ontariens JOLY, Gabrielle Goulet, DJ UNPIER, Céleste Lévis, Jessy Lindsay, Kimya, Makhena Rankin Guérin, Jonathan Dion, Kingh509, Mimi O’Bonsawin, Mehdi Cayenne et Mélissa Ouimet. Le tout a été animé par deux jeunes de 12e année, Asaël et Olivier, avec un aplomb qui mérite d’être souligné.

« Ce fut un évènement historique. Quelle ambiance électrisante! C’était tellement beau de voir un rassemblement avec autant d’élèves fiers de leur culture et de leur identité francophone », a commenté le directeur de l’éducation du CECCE, Marc Bertrand, en réponse à ONFR.

Un autre spectacle aura lieu en soirée à la Place TD. Baptisé Le cinq zéro, il s’adressera cette fois au grand public.

À Windsor, un drapeau pas prêt de redescendre

Un convoi de 14 bus scolaires a acheminé les quelque 700-800 élèves venus célébrer le demi-siècle du drapeau franco-ontarien au parc Dieppe aux abords de la rivière Détroit, peu après 10h.

Un joyeux tintamarre a lancé les festivités sous un ciel clément.

De la peinture verte et des toiles blanches à l’effigie du drapeau ont été mises à disposition par l’équipe du Centre communautaire francophone de Windsor Essex Kent (CCFWEK) pour que chaque élève puisse participer à une fresque collective, en trempant et en y apposant leur pouce vert.

Le 25 septembre à Windsor a débuté, au bord de la rivière Détroit, par un tintamarre réunissant plus de 700 élèves de la région. Photo : Sandra Padovani/ONFR

Des élèves du Conseil scolaire Providence venus célébrer le 50e du drapeau avec leurs enseignants. Photo : Sandra Padovani/ONFR

Les élèves ont pris part à la réalisation d’une fresque commune du drapeau franco-ontarien en peignant sur des toiles. Photo : Sandra Padovani/ONFR

La communauté francophone s’est peu à peu rassemblée devant l’hôtel de ville de Windsor pour assister au lever de drapeau. Photo : Sandra Padovani/ONFR

C’est l’ACFO Windsor-Essex-Chatham-Kent (ACFO-WECK) qui a présidé la cérémonie, avec Yasmine Joheir, la présidente, et Carole Papineau, la vice-présidente. Photo : Sandra Padovani/ONFR

Drew Dilkens, le maire de Windsor, annonce que le drapeau franco-ontarien sera désormais hissé de façon permanente devant l’hôtel de ville. Photo : Sandra Padovani/ONFR

L’étendard franco-ontarien qui flotte devant la mairie de Windsor après le lever de drapeau. Photo : Sandra Padovani/ONFR

Des professeurs francophones de l’Université de Windsor, dont Emmanuelle Richez, après le lever de drapeau au coeur du campus avec, entre autres, le député francophone de Windsor-Tecumseh Andrew Dowie. Photo : Sandra Padovani/ONFR

La foule s’est ensuite déplacée à pied et en musique jusque devant la mairie de Windsor pour assister à 11h au lever du drapeau franco-ontarien, organisé par l’ACFO Windsor-Essex-Chatham-Kent (ACFO-WECK).

Près de 1000 Franco-Windsorois, de naissance et d’adoption se sont ainsi réunis.

Le maire de Windsor Drew Dilkens a créé la surprise en annonçant que ce drapeau cher à la communauté francophone serait désormais hissé de façon permanente devant la mairie de Windsor.

« Chaque année vous m’inspirez avec la fierté que vous avez à être Franco-Ontariens. C’est un honneur pour moi de hisser ce drapeau en ce 50ème anniversaire. »

Deux élèves du secondaire de chacun des conseils scolaires Via Monde et Providence ont également exprimé leur fierté de leur appartenance franco-ontarienne et l’importance que revêt le 50e anniversaire de leur drapeau.

Le DJ montréalais Lionel Groove a ensuite ambiancé toute la foule de son rap francophone.

Vers 13h, l’Université de Windsor a elle aussi organisé son propre lever du drapeau franco-ontarien, et ce, pour la deuxième année consécutive. Présidé par Emmanuelle Richez, professeure agrégée du département des Sciences politiques de l’université et vice-présidente du Conseil scolaire Viamonde, le corps enseignant et les élèves francophiles et francophones étaient au rendez-vous pour ce 50e anniversaire.

Dans l’Est, un cinquante géant

Plus de 600 élèves de l’École élémentaire catholique Embrun ont célébré le 25 septembre le 50e anniversaire du drapeau franco-ontarien.

La célébration s’est voulue marquante en touchant les 5 sens, mais surtout les cœurs. 

Musique, danse, mascotte, photo collective où toute la communauté scolaire forme ensemble un 50 géant, sans oublier les petits gâteaux verts et blancs : rien n’a été laissé au hasard pour faire de la journée un moment inoubliable.

Photo : Amine Harmach/ONFR

Des activités sportives et artistiques en français, animées par et pour les élèves de la maternelle à la 6e année, ont précédé un grand tintamarre au Monument de la francophonie à Embrun, finalement reporté au vendredi 26 septembre en raison de la pluie.

« Dès la rentrée, nous avons commencé à parler du 50e de notre drapeau pour créer un engouement. Plusieurs élèves et membres du personnel se sont impliqués afin de rendre cette journée des plus mémorable », souligne Marie-France Grégoire-Cayer, enseignante ressource. Selon elle, plusieurs personnes ont mentionné avoir ressenti des frissons pendant « que toute notre communauté scolaire était rassemblée pour chanter Mon beau drapeau ».

« La fierté était au rendez-vous! Notre but ultime est de faire aimer la francophonie, car au bout du compte, on protège toujours ce que l’on aime », a-t-elle conclu. 

Ailleurs en Ontario

Kapuskasing.

Timmins.

Hearst.

Sarnia.

Welland.

North Bay, la ville d’origine de l’un des créateurs du drapeau, Michel Dupuis, disparu en 2018. La famille Dupuis était d’ailleurs présente pour la cérémonie dans cette ville qui a récemment décidé de le hisser de manière permanente dans un proche avenir. Photo : gracieuseté des Compagnons des Francs Loisirs de North Bay

Le drapeau franco-ontarien hissé de façon permanente à Windsor

WINDSOR – L’étendard vert et blanc ornera la devanture de l’hôtel de ville de Windsor de façon permanente, a annoncé ce matin le maire Drew Dilkens, avant le lever de drapeau du 25 septembre. Une grande première et une bonne nouvelle pour la communauté francophone de la région, en ce Jour des Franco-Ontariens.

C’est pour la toute première fois aujourd’hui que le drapeau franco-ontarien est installé devant l’hôtel de ville de Windsor pour y rester. Un geste d’ordinaire symbolique, mais qui était jusqu’alors ponctuel autour du 25 septembre, Jour des Franco-Ontariens.

Il trônera dorénavant au sommet d’un nouveau mât dédié à ce symbole de la francophonie. En effet, l’Esplanade, la toute nouvelle place rénovée de l’hôtel de ville de Windsor et inaugurée en juillet 2025, a permis d’en intégrer un quatrième.

Le maire de Windsor Drew Dilkens a mis l’emphase sur la riche histoire française de la région, avec un rappel historique sur l’explorateur Antoine de Lamothe-Cadillac qui fondé fort Pontchartrain à Détroit, avant d’annoncer la nouvelle.

« La raison pour laquelle je suis si fier aujourd’hui, c’est parce que j’annonce que le drapeau franco-ontarien restera de façon permanente sur cette place rénovée de la mairie », a-t-il révélé sous des trombes d’applaudissements et de cris de joie de l’audience.

« On s’est beaucoup battu pour, a raconté au micro d’ONFR Yasmine Joheir, directrice générale du Centre communautaire francophone de Windsor-Essex-Kent (CCFWEK). Il nous aura fallu entre cinq à six ans de négociation. J’étais alors trésorière de l’ACFO quand ça a commencé. »

Andrew Dowie, député de Windsor–Tecumseh, avec Yasmine Joheir, directrice du CCFWEK et présidente de l’ACFO-WECK. Photo : Sandra Padovani/ONFR

Le maire de Windsor Drew Dilkens durant son annonce, avant le lever du drapeau franco-ontarien. Photo : Sandra Padovani/ONFR

Le drapeau franco-ontarien permanent a pris sa place devant l’hôtel de ville de Windsor. Photo : Sandra Padovani/ONFR

Ce qui a fait pencher la balance, « c’est le poids des Franco-Windsorois, de souche ou nouvellement arrivés. Nous faisons beaucoup de sensibilisation sur la nécessité de faire entendre nos voix, en demandant systématiquement des services en français par exemple », explique Mme Joheir.

« Ce drapeau est un repère important qui rentre dans la création identitaire de nos jeunes. Être francophone, ça doit être sensibilisé et intégré dès la maternelle. Ce vert et blanc représente la fierté francophone et dit ‘nous sommes franco-ontariens et nous sommes là pour rester. »

Parmi leurs requêtes durant les consultations communautaires avec la mairie, le CCFWEK et l’ACFO Windsor-Essex-Chatham-Kent (ACFO-WECK) ont également demandé le déplacement et la mise en avant du monument des noms des pionniers francophones.

Celui-ci se trouve en effet toujours derrière l’ancienne mairie de Windsor, déménagée en 2018. Une restructuration qui nécessiterait qu’un budget conséquent soit mobilisé selon Mme Joheir.

Un drapeau, une fierté : l’histoire du drapeau franco-ontarien

Il est partout le 25 septembre, mais connaissez-vous la véritable histoire du drapeau franco-ontarien? De sa création en 1975 à son statut d’emblème officiel de la province, la journaliste Rachel Crustin vous résume le parcours d’un symbole de fierté et de résilience. Plongez au cœur de ses symboles et des moments marquants qui ont fait de ce drapeau ce qu’il est aujourd’hui.

Du symbole à l’icône : le drapeau franco-ontarien en 10 dates

Il y a 50 ans, le drapeau franco-ontarien flottait pour la première fois dans le ciel sudburois, prélude à un demi-siècle d’affirmation identitaire et de combats politiques. Voici 10 dates qui ont forgé sa renommée.

1975 : premier lever à Sudbury

En pleine ébullition culturelle et communautaire en Ontario français, le drapeau est hissé pour la première fois le 25 septembre 1975, sur le parvis de l’Université de Sudbury par Michel Dupuis, un étudiant de l’Université Laurentienne.

Derrière sa création, un groupe d’étudiants engagés, fédérés par un chargé de cours bientôt professeur d’histoire : Gaëtan Gervais. Tous sont animés par le désir commun d’affirmer l’identité franco-ontarienne. On y retrouve Michel Dupuis, Yves Tassé, Donald Obonsawin, Normand Rainville et Jacline England qui coudra le premier exemplaire.

Michel Dupuis, étudiant de La Laurentienne, hisse le drapeau franco-ontarien devant l’Université de Sudbury le 25 septembre 1975. Photo : Université de Sudbury

1979 : sur le toit de la résistance

Le drapeau n’est pas immédiatement et uniformément adopté par la communauté à travers la province. L’Association canadienne-française de l’Ontario (ACFO) l’adopte en 1977 avant qu’il ne fasse des émules au coeur d’une crise scolaire en 1979. Il est érigé sur le toit de l’École secondaire de la Huronie, à Penetanguishene. Non reconnu par la province qui refuse d’ouvrir une école de langue française dans cette région, l’établissement est rebaptisé École de la résistance.

Au cours de cet épisode majeur dans la conquête des droits des francophones, le drapeau est brandi par les défenseurs de la scolarité francophone durant un conflit qui trouvera son épilogue en 1982, à la suite d’une décision de justice donnant raison à la communauté. 

École secondaire de la Huronie. Photo : Julien Laramée

1997 : étendard de SOS Montfort

Le gouvernement de Mike Harris pensait fermer un hôpital parmi d’autres. Il a au contraire ouvert une brèche et récolté la colère. Le 22 mars 1997, plus de 15 000 Franco-Ontariens manifestent à Ottawa contre la fermeture de l’hôpital Montfort, munis de drapeaux verts et blancs, symboles d’un ralliement nourri par la verve de la militante Gisèle Lalonde. Le Mouvement SOS Montfort est en marche.

Il faut sauver l’unique hôpital francophone de la province. Ce sera bel et bien le cas, deux plus tard, la cour divisionnaire de l’Ontario reconnaissant aux francophones le droit constitutionnel à des institutions essentielles. La cour d’appel ira dans le même sens en 2001, contraignant le gouvernement à abandonner son projet en 2002.

Manifestation pour S.O.S. Montfort dans les rues d’Ottawa. Madeleine Meilleur (ministre déléguée aux Affaires francophones et procureure générale de l’Ontario), Gisèle Lalonde, Mauril Bélanger (député libéral fédéral, Ottawa-Vanier) et Bernard Grandmaître (arrière-plan). Photo : Étienne Morin, Le Droit, 16 mars 1997.

2001 : symbole de la communauté

Le 29 juin 2001, Queen’s Park reconnaît le drapeau franco-ontarien comme emblème officiel des Franco-Ontariens. Un geste hautement symbolique célébré par la communauté comme une victoire : la bannière vert et blanc n’est plus seulement une banderole militante mais un emblème identitaire renforçant la légitimité des francophones et leur sentiment d’appartenance.

À l’origine de la motion : l’ancien député de Glengarry-Prescott-Russell Jean-Marc Lalonde. « Ce projet n’aura aidé qu’à renforcer la présence des francophones aux quatre coins de l’Ontario », dira plus à ONFR l’ancien maire de Rockland.

L’ancien député Jean-Marc Lalonde. Photo : gracieuseté Jean -Marc Lalonde

2006 : dans le ciel sudburois pour toujours

En décembre 2006, tout juste élu maire de Sudbury, John Rodriguez fait flotter d’autorité, et en tout temps, le drapeau franco-ontarien sur la place Tom-Davies, devant l’hôtel de ville, offrant une reconnaissance officielle attendue de longue date par la communauté. Un geste qui contraste avec 2003 lorsque le conseil municipal avait rejeté par sept voix contre cinq une motion de cet ordre.

À l’époque, Jim Gordon s’y était opposé, invoquant le risque de privilégier une communauté au détriment des autres. Ottawa, Embrun, Clarence-Rockland, Timmins, Hearst, North Bay, Windsor, Welland, Hamilton… Nombre de municipalités font flotter ce drapeau en permanence de nos jours.

Lever de drapeau devant l’hôtel de ville. Photo : ACFO du Grand Sudbury

2010 : indissociable du Jour des Franco-Ontariens

En 2010, le gouvernement ontarien proclame le 25 septembre comme le Jour des Franco-Ontariens. Le choix de la date n’est pas anodin. Il coïncide avec le jour du premier lever du drapeau à l’Université de Sudbury en 1975. Adopté à l’unanimité le 26 avril 2010, le projet de loi déposé par la ministre des Affaires francophones de l’époque, Madeleine Meilleur, consacre un peu plus la place du drapeau et son lien intime avec la francophonie.

Avant cette date, la communauté se raccrochait à la Saint-Jean-Baptiste, le 24 juin, fête nationale des Canadiens français, un repère identitaire pour tous les francophones au pays.

Madeleine Meilleur (ici au côté de Bernard Grandmaître au 13e Gala des Prix Bernard-Grandmaître) détient la plus grande longévité à la tête du ministère des Affaires francophones. Photo : Le Droit, 22 février 2013. Photographie d’Étienne Ranger. Université d’Ottawa, CRCCF, Fonds Le Droit – C71, Ph92-120 224-907.

2015 : vedette des 400 ans de présence en Ontario

Sur les traces de Samuel de Champlain qui a silloné en 1615 la rivière des Outaouais et les Grands Lacs, l’Ontario fête 400 ans de présence francophone sur son territoire en 2015. Les célébrations qui allient rassemblements, concerts, activités et expositions se déploient autour d’un élément central : le drapeau franco-ontarien, omniprésent.

Ce dernier est hissé dans de nombreuses municipalités, souvent accompagné de cérémonies officielles. L’année 2015 rappelle alors aux Ontariens leurs racines francophones tout autant que le drapeau vert et blanc en est le symbole incontournable.

Les acteurs sociaux et politiques de la province à Penetanguishene. Photo Archives ONFR/Étienne Fortin-Gauthier

2018 : Jeudi noir, colère verte

Sitôt arrivé au pouvoir, le gouvernement Ford tranche dans le vif dès son premier budget, le 15 novembre 2018, en annulant le projet d’Université de l’Ontario français et en supprimant le poste de Commissaire aux services en français. Les drapeaux franco-ontariens reprennent du service dans une contestation qui réunira près de 14 000 personnes à Ottawa devant le Monument canadien des droits de la personne, et 5000 autres à Sudbury et Toronto. C’est le Jeudi noir de l’Ontario français.

L’UOF sera finalement relancée, financée et inaugurée, tandis que le Commissariat sera rattaché au Bureau de l’ombusdman de l’Ontario.

Les Franco-Ontariens protestent massivement à Ottawa le 1er décembre 2018 contre les coupes Ford. Photo : La Presse canadienne/Patrick Doyle

2020 : érigé au rang d’emblème de l’Ontario

21 septembre 2020, l’Assembbée législative de l’Ontario adopte à l’unanimité le projet de loi 182, faisant du drapeau franco-ontarien un emblème de la province. Il rejoint le trille blanc, le drapeau provincial, le tartan, le huard, le pin blanc, l’améthyste, et les armoiries, grâce à une députée de la majorité conservatrice, Nathalia Kusendova-Bashta.

Dans la foulée, il investira de façon permanente le fronton de Queen’s Park, l’arrière-plan des conférences de presse, les salles de comité, ainsi que la chambre législative au-dessus du siège du président, à la suite d’une motion de la députée Lucille Collard, adoptée elle aussi à l’unanimité.

Les huit symboles officiels de l’Ontario : le trille blanc, le drapeau franco-ontarien, les armoiries, le pin blanc, le drapeau ontarien, l’améthyste, le tartan et le huard. Montage Rudy Chabannes/ONFR

2025 : boucler la boucle et ouvrir la suivante

De Hearst à Windsor et d’Embrun à Welland, des milliers de personnes rejoindront les festivités du Jour des Franco-Ontariens, ce jeudi, que ce soit pour contempler un lever de drapeau, assister à un concert ou encore chanter l’hymne Mon beau drapeau. Sudbury, là où tout a commencé, occupera une place toute particulière.

Un tintamarre devrait rassembler dès ce matin une foule nombreuse entre les universités Laurentienne et de Sudbury, tandis que la fête se poursuivra à la Place des Arts du Grand Sudbury pour une réception de la lieutenante-gouverneure, puis le banquet des Franco-Ontariens – au sein du Collège Boréal – qui chaque célèbre la communauté et dévoile le traditionnel Prix de la francophonie.

TFO, pour tous les Franco-Canadiens

SUDBURY – TFO a profité de la présence de nombreux Franco-Ontariens à Sudbury mercredi soir pour lancer sa saison 2025-2026, à la veille du Jour des Franco-Ontariens et du 50e anniversaire du drapeau. C’est à la Place des arts du Grand Sudbury que s’est déroulée la soirée animée par deux vedettes de la chaîne cette saison : Evelyne Roy-Molgat et Barbada.

TFO. C’est pour moi. Pour toi. Pour nous! C’est le nouveau slogan adopté par le diffuseur public franco-ontarien, qui souhaite rassembler les jeunes et leurs adultes autour de contenus éducatifs et divertissants.

La programmation a été pensée en fonction de quatre grands axes : le contenu ludo-éducatif, la jeunesse en action, le contenu qui nous parle et nous rassemble et le 50e anniversaire du drapeau franco-ontarien.

Les animatrices Evelyne Roy-Molgat et Barbada. Photo : Dominique Demers/TFO

Pour souligner cette nouvelle saison, plusieurs dignitaires ont fait le déplacement comme la ministre des Affaires francophones, Caroline Mulroney, la sous-ministre aux affaires francophones, Roda Muse, ou encore la lieutenante-gouverneure franco-ontarienne Edith Dumont.

Dans son allocution, la ministre Mulroney a d’ailleurs salué la mission de du radiodiffuseur public : « Vous êtes une fabrique culturelle incomparable, un écrain de créativité indispensable. Ensemble, nous faisons rayonner le français, nous facilitons l’apprentissage et nous bâtissons un avenir francophone, audacieux, inclusif et durable. »

Plusieurs panels de discussions ont ponctué la soirée, mettant en lumière les coulisses des émissions et le rôle des acteurs clés qui les ont propulsé.

Xavier Brassard-Bédard, président-directeur général de TFO. Dominique Demers/TFO

La lieutenante-gouverneure de l’Ontario, Edith Dumont. Photo : Dominique Demers/TFO

La ministre des Affaires francophones et présidente du Conseil du trésor de l’Ontario, Caroline Mulroney. Photo : Inès Rebei/ONFR

Le public à la Grande Salle de la Place des Arts. Photo : Dominique Demers/TFO

Une vingtaine de productions originales

Les jeunes de cinq ans et moins pourront continuer de bouger avec la troisième saison de Mini-Yoga (la moitié des épisodes sont déjà en ligne) et de s’éduquer sur des thèmes importants du quotidien avec la deuxième saison de Camp Kazoo (hiver 2026), deux productions originales internes de TFO.

La deuxième saison de Féeli Tout continuera de transmettre l’amour de la lecture, dès le 1er octobre. Celle des Jeux de la Fontaine fera cette fois découvrir les sports olympiques d’hiver, toujours avec les drolatiques animaux-athlètes.

Pour sa part, la série coproduite par la boîte franco-manitobaine Zoot Pictures Les copains, qui suit les aventures d’une jeune autochtone, verra ses saisons deux (déjà en ligne) et trois (au printemps) être déployées cette année.

Un autre camp s’ajoute à TFO en 2025. Produit par la boîte Prestigo, Camp penses-tu? souhaite développer la pensée critique des enfants et leur donner leurs premiers outils d’accès à la philosophie. La série se présente un peu comme la petite sœur de PhiloPhilo, qui visait les préadolescents et dont les quatre saisons sont disponibles sur le site de TFO.

Cette fois, la série s’adresse officiellement aux 6-8 ans, mais risque de rejoindre un public un peu plus jeune. Camp penses-tu? alterne entre des scènes de fiction, où des enfants dans un camp de vacances vont vivre différentes situations les amenant à se questionner sur différents thèmes du quotidien, et des scènes où des jeunes franco-ontariens jouent et discutent sur les mêmes thèmes.

Camp penses-tu? veut stimuler la pensée critique des jeunes de six à huit ans. Photo : TFO

Ces derniers sont accompagnés par l’animateur et humoriste Jonathan Dion, qui joue un peu le rôle de moniteur de camp de jour, faisant écho à Papaye (Florence Lacombe-Soucy) et Spag (Clifford Leduc-Vaillancourt).

Les préadolescents peuvent découvrir dès maintenant des séries destinées à les inspirer. Rebelles dresse le portrait de sept femmes canadiennes audacieuses. Le premier épisode, déjà en ligne, raconte l’histoire des sœurs Béatrice et Diane Desloges, qui ont mené la bataille des épingles à chapeaux en 1916.

Les séries documentaires Startup (déjà en ligne) et Champions (hiver 2026) mettent respectivement en valeur de jeunes entrepreneurs et de jeunes champions sportifs issus de la francophonie canadienne.

« Les ados se voient dans l’écran, ils se reconnaissent dans les histoires et réalisent que ce sont des francophones comme eux. On a choisi des jeunes de milieux très différents – familles haïtiennes, iraniennes, franco-ontariennes, franco-manitobaines – et ça montre que tu n’as pas besoin d’un français parfait pour faire partie de cette diversité », a confié la réalisatrice de Champions, Mylène Simard.

De gauche à droite, l’entrepreneur Julien Hodge, la réalisatrice Mylène Simard, la comédienne Florence Lacombe-Soucy et humoriste Evelyne Roy-Molgat. Photo : Dominique Demers/TFO

En fiction, Bana Konesans aborde les thèmes du patrimoine afrodescendant et de la transmission intergénérationnelle grâce à l’histoire de Sarah-Akéli et Max, qui découvrent une cave magique dans le sous-sol de leur grand-mère.

Yao, l’artiste franco-ontarien d’Ottawa, a présenté la série, dont il est l’un des acteurs. Il espère qu’elle permettre non seulement aux jeunes issus de l’immigration africaine de mieux comprendre leur héritage, mais aussi aux autres de disposer d’outils pour en parler de manière constructive et inclusive.

« Le dernier recensement montre que les sept principaux pays d’immigration francophone en Ontario sont en Afrique. Nos communautés changent à vue d’œil : ce sont nos collègues, nos professeurs, les élèves dans nos classes. Comprendre leur histoire, c’est essentiel pour mieux les accueillir », a-t-il lancé suivi d’applaudissements de l’assistance.

De gauche à droite : la comédienne Josée LeBlanc, le directeur principal, services à la communauté éducative de TFO, Éric Génier, l’artiste comédien Yao et la directrice principale des contenus de TFO, Marianne Lambert. Photo : Dominique Demers/TFO

TFO, aussi pour les adolescents et les adultes

Les plus grands ont aussi droit à des séries documentaires originales, notamment avec la troisième saison de La faune connectée.

En nouveauté, la production interne de TFO L’histoire sans faim mélange la fiction, l’animation 2D et le documentaire pour faire découvrir « l’histoire dramatique de nos aliments. »

Dans Drag d’la tête aux pieds, Barbada et Sami Landry parcourent le Canada pour aller à la rencontre d’artistes de la drag. Barbada a profité de l’événement pour proposer une prestation de drag sur des musiques d’artistes franco-ontariennes.

Après son numéro, celle-ci a demandé au public s’il s’agissait de leur premier spectacle de drag, ce à quoi un bon nombre ont répondu par l’affirmative.

« C’est beaucoup mieux normalement, je vous rassure », a-t-elle rétorqué en plaisantant.

Barbada et Sami Landry explorent la scène de la drag franco-canadienne dans Drag d’la tête aux pieds. Photo : TFO

Dans Les apprentis, l’humoriste et animatrice Evelyne Roy-Molgat visite le plus grand concours de métiers spécialisés au Canada. En fiction, TFO ferme la boucle de Gang de hockey avec la troisième et ultime saison, disponible à l’hiver 2026.

Également disponible dès l’hiver, les capsules Ma vie avec l’IA « vulgarisent les impacts de l’intelligence artificielle sur l’information qu’on consomme. »

Pour les adultes, le long-métrage documentaire 1001 couronnes pour ma tête présente « l’histoire et de la culture africaine à travers le prisme de ses coiffures ».

L’idée du projet est née d’une expérience personnelle de la réalisatrice Habibata Ouarme : en cherchant des coiffures adaptées à ses cheveux naturels, elle découvre que certaines tresses ou chignons portaient autrefois une signification précise – statut social, situation matrimoniale, appartenance culturelle.

« Je me suis demandé pourquoi je n’avais jamais appris ça et j’ai voulu le partager au grand public », a-t-elle expliqué, voyant dans le documentaire une façon de célébrer la culture et la différence. Il sera en ligne le 27 octobre.

De gauche à droite, Philippe Brunet, directeur de l’information et des affaires publiques, Jocelyn Forgues, la réalisatrice Habibata Ouarme et l’artiste drag Barbada. Photo : Dominique Demers

Le long-métrage franco-ontarien Et maintenant? raconte l’histoire de Vincent, un chansonnier qui reçoit un diagnostic de cancer de la langue. Le scénariste et réalisateur qui s’est présenté comme un Franco-Canadien, Jocelyn Forgues, a confié s’être inspiré de sa propre expérience : il a lui-même été diagnostiqué d’un cancer agressif il y a une douzaine d’années, dont il est depuis en rémission.

« J’ai écrit le film que moi j’aurais eu besoin de voir pour traverser cette épreuve. Si cette histoire peut aider quelqu’un d’autre, alors elle aura rempli sa mission », a-t-il lancé devant un public visiblement ému. Cette production d’ATO Média sera en primeur sur TFO en mars 2026.

Les 50 ans du drapeau franco-ontarien

Les enfants d’aujourd’hui ont accès aux cultures de partout à travers le monde, souvent dominées sur les grandes plateformes par les Américains et les Français. TFO veut stimuler le sentiment d’appartenance franco-ontarienne chez les jeunes vivant dans la province.

Le public a aussi pu découvrir la nouvelle chanson Lève ton drapeau écrite par Josée LeBlanc (Mini TFO) et composée par Rémy Perrin. Le vidéoclip a été tourné à Sudbury, avec la participation de plus de 180 enfants des écoles de la région.

Le touchant documentaire Raconte-moi joue la corde de l’émotion, alors qu’il laisse la parole aux enfants franco-ontariens. Les participants, âgés de cinq à 11 ans, racontent ce qu’ils connaissent et comprennent de l’emblème franco-ontarien. Ils rencontrent la chroniqueuse sudburoise Isabelle Bourgeault-Tassé, fille d’Yves Tassé, l’un des co-créateurs du drapeau vert et blanc.

Isabelle Bourgeault-Tassé, au centre, a raconté avoir été complètement bouleversée lorsqu’un enfant lui avait demandé, sur le tournage, si les créateurs du drapeau en 1975 mesuraient l’importance de leur geste. Photo : Dominique Demers/TFO

Celle-ci a rappelé, mercredi soir, que si les enfants connaissaient peu l’histoire du drapeau au départ, ils ont démontré une capacité étonnante à s’y attacher et à l’interpréter à leur manière.

« Les enfants avaient une innocence dans leurs questions que j’ai trouvée charmante et brillante. Quand l’un d’eux a demandé  »qui a inventé les Franco-Ontariens », je me suis dit que c’était la meilleure question. Des historiens se la posent encore aujourd’hui », a-t-elle témoigné devant un public conquis.

Les enfants de Raconte-moi célèbrent l’anniversaire du drapeau en compagnie d’Isabelle Bourgeault-Tassé. Photo : TFO

L’animateur Stef Paquette s’occupe de raconter l’histoire du drapeau dans des mots que les jeunes téléspectateurs vont comprendre, et qui vont tout de même apprendre quelques informations aux parents. D’ailleurs, ces derniers non plus n’étaient pas nés en 1975, comme le fait remarquer l’un des jeunes participants.

Le documentaire de 22 minutes est ponctué de salutations provenant des écoles de partout en Ontario et de personnalités publiques franco-ontariennes : d’Improtéine à Luce Dufault, en passant par LeFLOFRANCO, Jean Marc Dalpé, Rachelle Élie, Katherine Levac, Céleste Lévis, Patrick Groulx, Chéli Sauvé-Castonguay et plusieurs autres.

Cinq façons de souligner les 50 ans du drapeau franco-ontarien

Des dizaines d’événements ont lieu chaque année le 25 septembre, pour souligner le Jour des Franco-Ontariens et des Franco-Ontariennes. En 2025, les célébrations sont encore plus significatives, puisqu’elles marquent les 50 ans du drapeau franco-ontarien. Voici quelques façons de souligner cette journée.

À Sudbury, là où tout a commencé

L’Assemblée de la francophonie de l’Ontario (AFO), l’Université de Sudbury et l’Association canadienne-française de l’Ontario (ACFO) du Grand Sudbury organisent l’événement officiel du cinquantenaire du drapeau vert et blanc.

Un rassemblement aura lieu dès 9 h 45 à la Place des fondateurs de l’Université laurentienne. À l’image des Acadiens qui en ont fait une tradition, les Franco-Ontariens ont l’intention de faire du bruit, créant un grand tintamarre qui les mènera jusqu’à l’Université de Sudbury.

C’est là qu’aura lieu le lever du drapeau, au même endroit où il a été hissé pour la toute première fois, le 25 septembre 1975.

Cet événement solennel est parrainé par la première Franco-Ontarienne à occuper le poste de lieutenante-gouverneure, Edith Dumont.

La lieutenante-gouverneure Edith Dumont a quelques événements à l’horaire de sa visite officielle à Sudbury cette semaine, dont le tintamarre du drapeau, les 30 ans du Collège Boréal et le lancement de TFO. Photo : Cole Burston

Un BBQ communautaire préparé par la Police provinciale de l’Ontario (PPO) suivra. En soirée, c’est au Collège Boréal qu’aura lieu le traditionnel Banquet des Franco-Ontariens de l’ACFO-Sudbury, qui décernera son Prix de la francophonie. Le Collège fête lui-même son 30e anniversaire cette année.

Le lendemain, La Slague et le Théâtre du Nouvel-Ontario organisent une soirée d’activités franco-ontariennes au bar Le Lounge 390, incluant un jeu-questionnaire et la pièce Mourir de trop gueuler, de Créations In Vivo.

Et à la veille du Jour des Franco-Ontariens, soit le 24 septembre, TFO lancera sa programmation dans un événement animé par deux de ses vedettes de la saison, Barbada (Drag d’la tête aux pieds) et Evelyne Roy-Molgat (Les apprentis).

À North Bay, avec les compositeurs des hymnes franco-ontariens

Dans la ville d’origine de Michel Dupuis, co-créateur du drapeau, on ne lésine pas sur les moyens de fêter le cinquantenaire. La communauté, qui célèbre elle-même son 100e anniversaire cette année, a recruté les compositeurs des deux hymnes franco-ontariens : François Dubé (Notre place) et Brian St-Pierre (Mon beau drapeau) pour s’occuper de l’ambiance musicale. Ils seront précédés par la formation Hey, Wow et le crieur public Daniel Richer.

Un artiste incontournable du 25 septembre, c’est à North Bay que Brian St-Pierre célébrera le 50e du drapeau franco-ontarien. Photo : Rachel Crustin / ONFR

Il s’agit du dernier lever de drapeau temporaire devant l’hôtel de ville de North Bay, qui sera prochainement équipé d’un mât supplémentaire afin de faire flotter le trille et le lys en permanence.

Les francophones tentent aussi de faire cheminer le drapeau à 400 km de là, alors que des leaders étudiants et communautaires en feront une présentation pour la première fois devant le conseil municipal.

À Ottawa, avec une panoplie d’artistes

L’ACFO Ottawa et plusieurs partenaires réalisent un grand coup en réunissant plus d’une quinzaine d’artistes franco-ontariens impliqués dans la région de la capitale et dans l’Est ontarien. Sous la direction artistique de Marc-Antoine Joly (JOLY records), ils offriront un concert unique à l’aréna de la Place TD.

Parmi les musiciens présents, on retrouve DJ UNPIER, Kimya, Makhena Rankin-Guérin, Céleste Lévis, Mélissa Ouimet, Gabrielle Goulet et Mimi O’Bonsawin.

Céleste Lévis et Marc-Antoine Joly de JOLY Records font partie des partenaires de l’événement. Photo : Dominique Demers/ONFR

Au-delà de la musique, « le Cinq Zéro proposera une programmation familiale où se côtoieront prestations artistiques, animations, capsules historiques et moments de reconnaissance », selon l’annonce de l’ACFO-Ottawa.

L’événement est gratuit, mais il faut réserver des billets à l’avance.

En après-midi, une version pour le Conseil des écoles catholiques du Centre-Est (CECCE) réunira 8000 jeunes spectateurs de la troisième à la 8e année pour le spectacle Ensemble, toujours debout, également à la Place TD. L’événement sera diffusé sur les ondes d’Unique FM et de TV Rogers dès 10 h 30.

Partout en province, dans un des nombreux rassemblements locaux

Évidemment, le drapeau franco-ontarien sera hissé devant Queen’s Park, un autre événement officiel de l’AFO.

Des levers de drapeaux auront aussi lieu un peu partout, dans les petites et les grandes communautés, souvent accompagnés de performances musicales. On retrouve ce genre d’activités à Elliot Lake, Timmins, Hearst, Sault Ste. Marie, London, Hamilton, Welland, St. Catharines, Port Colborne, Niagara Falls, Chatam, Alfred, Hawkesbury, Embrun, Cumberland, Red Lake (le 27 septembre), etc.

Un événement de lever de drapeau aura lieu à l’Université d’Ottawa dès 10 h 30. Photo : Rachel Crustin/ONFR

Seulement à Ottawa, on retrouve des activités à l’Université d’Ottawa, Au Mouvement d’implication francophone d’Orléans (MIFO), au Rendez-vous des aînés francophones (RAFO), au Centre Espoir Sophie et à la plage Britannia pour le Carrefour des Femmes et Familles et le Centre des femmes immigrantes en action (le 26 septembre). Damien Robitaille donnera un concert à guichet fermé au Centre des arts Shenkman, dans le cadre de la programmation du MIFO, le 26 septembre.

Certains organismes présents dans la capitale en profitent pour raconter l’histoire et le patrimoine. Le Centre Pauline-Charron accueille une conférence du conseiller en patrimoine Jean-Yves Pelletier, tandis que le Réseau du patrimoine franco-ontarien (RPFO) offre une conférence de Félix Saint-Denis (le 28) et que la Société franco-ontarienne du patrimoine et de l’histoire d’Orléans (SFOPHO) lance le livre L’histoire d’Orléans d’hier à aujourd’hui (le 28).

Le Carré de la francophonie de Vanier accueille les résidents du secteur chaque 25 septembre. Photo : Gracieuseté de l’Association communautaire de Vanier

Dès 16 h, le 25 septembre, le Carré de la francophonie de Vanier s’animera avec un BBQ gratuit et des performances d’Hélo Rose et de l’Ensemble folklorique de la Gatineau. Une soirée jeu-questionnaire aura ensuite lieu au Muséoparc Vanier. Les deux événements sont indépendants, mais se combinent bien.

À Whitby, le Conseil des organismes francophones de la région de Durham (COFRD) en profite pour lancer sa programmation dans un événement consacré au drapeau le 27 septembre. L’artiste torontois Abel Maxwell sera présent.

Abel Maxwell lors d’une activité précédente du COFRD. Photo : Gracieuseté du COFRD

Également, le Jour des Franco-Ontariens tombant un jeudi, les conseils scolaires souligneront l’identité franco-ontarienne à grands traits. Toutes les écoles francophones de la province feront un tintamarre à 10 h 30, plusieurs menant les élèves vers des organismes locaux où se tiendront les levers de drapeaux.

Chez soi, avec un documentaire ou une chanson

En plus de la nouvelle version de Mon beau drapeau qui risque de résonner un peu partout, les plus petits peuvent chanter au son de la nouvelle chanson de TFO, Lève ton drapeau. Elle est écrite par Josée LeBlanc, bien connue des mini-téléspectateurs. Ils sont d’ailleurs nombreux à avoir participé au tournage du vidéoclip, à Sudbury.

TFO donne également la parole aux jeunes dans le documentaire Raconte-moi. Cette production originale commandée à la compagnie Slalom pose la question : « Et si on laissait les enfants d’aujourd’hui nous raconter cette histoire des années 1970, ça donnerait quoi? »

Les jeunes participants décrivent le drapeau et ce qu’ils en comprennent. Ils rencontrent aussi Isabelle Bourgeault-Tassé, fille du co-créateur du drapeau, Yves Tassé. Elle témoignera de son attachement au symbole et à son identité franco-ontarienne. Le documentaire d’une vingtaine de minutes est ponctué de salutations et de clins d’oeil venant d’élèves et de personnalités publiques de toute la province. C’est le chanteur et comédien Stef Paquette qui raconte l’histoire du drapeau dans les portions historiques de Raconte-moi.

De son côté, l’Université d’Ottawa lancera le 25 septembre son nouveau balado Parlez-moi de l’Ontario français, « qui donnera la parole à ses chercheuses et chercheurs ainsi qu’à des membres de la communauté » pour explorer « les multiples visages de la francophonie et les défis qui l’animent aujourd’hui », selon le site web de l’université.

Enfin, Mehdi Cayenne, lui-même en spectacle à Kingston le 25 septembre, vient de lancer la chanson Les poings en l’air, truffée de références franco-ontariennes. L’artiste la qualifie de « Petit cadeau de luttes communes pour ce 50e du drapeau franco-ontarien ».

Des lits francophones menacés : appel urgent aux Comtés unis de Prescott et Russell 

Le Centre d’accueil Roger-Séguin (CARS), pilier des soins de longue durée en français dans l’Est ontarien, doit être entièrement reconstruit. Pour assurer sa survie et répondre à une demande grandissante, il sollicite une subvention annuelle de 750 000 $ sur 25 ans auprès des Comtés unis de Prescott et Russell (CUPR).

Une centaine de lits de soins de longue durée désignés en français sont menacés dans l’Est ontarien. Les administrateurs du Centre d’accueil Roger-Séguin (CARS) l’ont rappelé mercredi 24 septembre devant le conseil des Comtés unis de Prescott et Russell (CUPR).

« On ne veut pas fermer les portes du centre », a insisté la directrice générale, Joanne Henrie, évoquant la fermeture prochaine de la résidence Champlain à L’Orignal – prévue en décembre 2025 – et la disparition du foyer Saint-Jacques à Embrun en 2023, qui ont déjà entraîné la perte de plusieurs lits francophones.

Construit en 1975 par la communauté de la paroisse Sainte-Félicité de Clarence Creek, le CARS doit aujourd’hui être rebâti pour respecter les normes du ministère ontarien des Soins de longue durée. Le projet de construction, estimé à 72,8 millions de dollars, prévoit 128 lits, soit 13 de plus que la capacité actuelle (dont 113 subventionnés).

Pour financer ce chantier, l’organisme sollicite du CUPR une subvention annuelle de 750 000 $ pendant 25 ans. 

« Ce soutien est essentiel pour assurer la continuité des soins et réaliser un centre moderne, sécuritaire et adapté aux besoins des aînés », explique Roch Pilon, président du conseil d’administration de cette résidence à but non lucratif.

À ce jour, toutes les démarches préalables au début de la construction ont été complétées, ont assuré les administrateurs du centre, précisant que 2,8 millions de dollars ont déjà été investis.

Aussi, selon la même source, le montant maximal des subventions du ministère provincial est de 16,6 millions de dollars, tandis que 39 millions de dollars sont approuvés sous forme d’hypothèque. La réserve interne du centre atteint 1,8 million de dollars, et la Cité Clarence-Rockland annulera les frais de permis de construction et autres frais associés à la construction.

« Malgré ces appuis, l’établissement prévoit un déficit moyen d’environ 714 000 $ par an durant ses trois premières années d’exploitation », a expliqué M. Pilon. 

Selon lui, la demande, elle, ne cesse de croître : plus de 170 personnes sont en attente, contre 150 il y a trois mois, avec un délai d’admission d’environ trois ans. 

La majorité habite Clarence-Rockland, les autres venant de Wendover, Alfred, Curran, Hawkesbury, St-Isidore, St-Albert, Casselman, Limoges, Embrun et Russell.

Par ailleurs, le conseil des Comtés unis de Prescott et Russell doit étudier cette requête lors de sa prochaine séance consacrée aux décisions budgétaires de 2026.

Le futur centre sera érigé dans une zone où les subventions ministérielles comptent parmi les plus faibles de la province. 

Langues officielles : la FCFA dénonce le silence du gouvernement Carney

OTTAWA – La Fédération des communautés francophones et acadienne (FCFA) du Canada tire la sonnette d’alarme cinq mois après les élections : le gouvernement Carney tarde à clarifier sa vision en matière de francophonie et de langues officielles, laissant les communautés dans l’incertitude.

Lors de sa conférence de presse à Ottawa, ce mercredi matin, la présidente de la FCFA, Liane Roy, a souligné le retard dans l’adoption de règlements essentiels à la mise en œuvre de la nouvelle Loi sur les langues officielles. 

« Le premier ministre avait déclaré pendant la campagne que le français ne serait jamais sur la table de négociation, mais la lettre de mandat des ministres est muette sur les priorités du gouvernement pour nos deux langues officielles », a souligné Mme Roy.

Elle rappelle que, malgré la modernisation de la Loi sur les langues officielles en 2023, « les institutions fédérales n’agiront pas tant que le gouvernement n’aura pas adopté les règlements qui leur disent comment appliquer la Loi ».

La présidente de la FCFA a également pointé le retard des règlements et leur contenu potentiel : « Nous avons des raisons de craindre qu’ils soient beaucoup plus faibles que ce que nous sommes en droit d’attendre d’un gouvernement qui s’est engagé en 2019 à protéger et promouvoir le français partout au pays. »

Le gouvernement avait annoncé une mise en vigueur dans un horizon de 18 mois, mais 28 mois se sont maintenant écoulés. Ces règlements concernent notamment la partie VII de la Loi, qui définit les obligations des ministères et institutions fédérales envers le développement et l’épanouissement des minorités francophones. 

Immigration et étudiants internationaux

La FCFA s’inquiète aussi de la promesse gouvernementale d’atteindre une cible de 12 % pour l’immigration francophone hors Québec, une mesure jugée cruciale pour rétablir le poids démographique des communautés francophones et acadiennes. 

« Quel est le plan précis pour atteindre cette cible? Parle-t-on toujours de créer un programme d’immigration économique spécifique à la francophonie? Nous attendons de rencontrer la ministre de l’Immigration pour le savoir », a indiqué Mme Roy.

La FCFA a soulevé l’impact d’une baisse possible des niveaux globaux d’immigration sur les étudiants internationaux francophones. « Nous avons entendu qu’il pourrait y avoir une baisse des seuils nationaux. Si cela se confirme, notre cible de 12 % pour l’immigration francophone risque de perdre toute valeur », a expliqué la présidente en période de questions.

« Nous sommes encore en train d’analyser l’effet de la cohorte de septembre sur la capacité de nos établissements à offrir leurs programmes et services habituels. De façon générale, le nombre de nouveaux étudiants internationaux a considérablement diminué, en partie à cause de l’impact de ces mesures sur la réputation du Canada comme destination pour l’éducation internationale », a expliqué, aux côtés de Liane Roy, Martin Normand, le président-directeur général de l’Association des collèges et universités de la francophonie canadienne (ACUFC).

Il a ajouté que, malgré le programme pilote pour les étudiants internationaux francophones annoncé l’an dernier, l’intérêt n’est pas suffisant pour combler l’écart créé par l’effet cumulé des mesures. « Sans indications claires du gouvernement, nous ne savons pas si ce programme aura à long terme les effets escomptés, alors qu’il était censé augmenter le nombre d’étudiants internationaux francophones au pays. »

Des craintes de compression

S’ajoutent les inquiétudes concernant le prochain budget fédéral et les compressions annoncées, pouvant atteindre 15 % sur trois ans. 

« Existe-t-il un plan pour protéger les langues officielles de ces réductions, ou du moins pour éviter qu’elles aient un impact négatif sur nos communautés? », a demandé la présidente de la FCFA, qui déplore par ailleurs que ses demandes de rencontre avec le président du Conseil du Trésor soient restées sans réponse.

Les organismes francophones craignent que la réduction des ressources ne nuise à la mise en œuvre effective de programmes essentiels, notamment en éducation et en services de proximité.

« Est-ce qu’on a prévu d’éviter des impacts négatifs sur nos communautés? À la FCFA, nous avons déjà vu ce film : les coupures dans chaque ministère font reculer la capacité globale du gouvernement de s’acquitter de ses obligations linguistiques. »

Le ministre responsable des Langues officielles, Steven Guilbeault, avait affirmé lors de la rentrée parlementaire qu’il ferait de l’adoption des règlements une priorité. Mais la FCFA reste prudente. 

« Où est la vision du gouvernement en matière de francophonie »
— Liane Roy, présidente de la FCFA

« Nos communautés veulent maintenir leurs acquis et disposer des outils pour continuer à avancer dans un Canada et un monde en constante évolution », a conclu Mme Roy.

Enfin, la présidente a insisté sur l’importance d’une vision gouvernementale claire : « Nous demandons donc où est la vision du gouvernement en matière de francophonie. Nous sommes prêts à y travailler, mais il faut nous inviter au dialogue. »

Le commissaire aux langues officielles, Raymond Théberge, pressait déjà en 2023 et 2024 pour une mise en œuvre rapide, dénonçant des « imprécisions dans la Loi » et un vide réglementaire qui retarde l’action concrète du gouvernement.

Dans un échange de courriel avec ONFR, l’attachée de presse du ministre de l’Identité et de la Culture canadiennes et ministre responsable des Langues officielles, Steven Guilbeault, Hermine Landry, souligne « les langues officielles sont une priorité du ministre et de notre nouveau gouvernement. C’est pourquoi il a rencontré personnellement Mme Roy en marge de la rencontre annuelle du Conseil des ministres sur la francophonie canadienne, le 26 juin dernier, en plus des communications régulières entre son bureau et la Fédération. »

Elle précise que le ministre s’est engagé à déposer les règlements avant la fin de la session parlementaire, rappelant que « le dépôt de ces règlements nécessite que le Parlement soit en séance ».

Mercredi en soirée, le Secrétariat du Conseil du Trésor du Canada a de son côté indiqué que l’examen des dépenses vise à cibler les programmes « dont le rendement est insatisfaisant » ou qui ne correspondent pas aux priorités du gouvernement. Les propositions d’économies sont à l’étude, mais « tous les ministères doivent continuer à respecter leurs obligations en matière de langues officielles », a précisé l’organisme.

Le drapeau franco-ontarien, cet étendard né du Nord

SUDBURY – On dit souvent qu’un drapeau est l’identité d’un peuple en couleur. Il y a 50 ans, les Franco-Ontariens ont adopté le trille et le lys sur fond vert et blanc. À l’origine de ce choix, ni grande assemblée, ni colloque provincial. Simplement une bande de libres penseurs hostiles à l’assimilation, cogitant et refaisant le monde dans le grand salon de l’Université Laurentienne. ONFR s’est entretenu avec trois d’entre eux.

Tout va se jouer autour d’un professeur féru d’histoire, Gaétan Gervais, entraînant dans son sillage des étudiants qui, dès le printemps 1975, réfléchissaient aux symboles qui représenteraient le mieux les francophones de l’Ontario.

« C’était une période où le Québec avait décidé qu’il s’occuperait du Québec et les minorités s’occuperaient d’elles-mêmes », recontextualise l’un des membres du comité chargé de créer l’étendard, Donald Obonsawin, en référence à la montée du nationalisme québécois et aux états généraux du Canada français de la fin des années 1960.

« On commençait aussi à parler des Franco-Manitobains, des Franco-Albertains, on connaissait les Acadiens… Le monde des arts et de la culture multipliait les initiatives. Tout ça mijotait. Plus on observait le monde autour de nous, plus on se disait qu’il nous fallait nos propres institutions et symboles. »

Donald Obonsawin, Michel Dupuis et Yves Tassé en 2016. Photo : Marie-Claire Bourgeault

Autour du professeur Gervais, le petit comité se mobilise. On évoque le lys mais il ne doit ressembler ni au style français ni au style québécois. On veut un trille qui ne se confonde pas avec celui du gouvernement ontarien. Puis, on retient finalement le blanc pour la neige, le vert pour les forêts du Nord… Les différents éléments du puzzle rassemblés, ne reste plus qu’à Jacline England, la secrétaire du service d’animation à La Laurentienne, de coudre le tout à partir de larges bandes de tissu magasinées dans une enseigne sudburoise.

« Nos talents de couturiers étaient estimés à zéro », plaisante Yves Tassé, lui aussi partie prenante du comité fondateur. Celle dont la communauté a perdu aujourd’hui la trace est donc arrivée à point nommé pour aider le groupe à passer de la planche à dessin au drapeau final.

Une idée fixe : solidifier un sentiment d’appartenance

Gervais, Dupuis, Obonsawin, Rainville, Tassé… tous n’avaient qu’une idée en tête : solidifier le sentiment d’appartenance des francophones de l’Ontario dans une période de recherche identitaire. Ils venaient de voter pour la création de l’Association des étudiants francophones de la Laurentienne et ils ne comptaient pas s’arrêter en si bon chemin.

Le drapeau est finalement hissé pour la première fois le 25 septembre 1975, par l’étudiant en science politique Michel Dupuis, à l’Université de Sudbury et non à la Laurentienne alors dirigée par un recteur anglo-torontois qui « connaissait très peu, sinon pas du tout, les francophones », poursuit M. Tassé.

« Il y avait très peu de réception à la Laurentienne qui avait refusé formellement une demande préalable de lever de drapeau. On s’est donc tourné vers l’Université de Sudbury et on a été fortuné que cela se soit passé ainsi », abonde M. Obonsawin qui à l’époque occupait les fonctions de secrétaire du conseil des gouverneurs.

Louis Corbeil, Yves Tassé et Michel Dupuis le 25 septembre 1975. Photo : Gaétan Gervais

Puis vient le temps de sa diffusion, d’abord assurée de façon artisanale par les parents de Michel Dupuis. La logistique passe alors sous l’aile de l’Association canadienne-française de l’Ontario – ancêtre de l’Assemblée de la francophonie de l’Ontario (AFO).

À partir de cet instant, « l’élan était donné, relate M. Tassé. Plus tard, les conseils scolaires ont commencé à embarquer, puis les associations… On a assisté à un effet boule de neige. Un geste ponctuel d’affirmation a peu à peu généré intérêt et curiosité. Mais le mérite n’est pas tant de l’avoir lancé, que de voir la communauté le reconnaitre et le soutenir. »

Une reconnaissance progressive, cimentée par l’accumulation des crises scolaires et institutionnelles, de l’école de la résistance à Penetanguishene jusqu’au jeudi noir de l’Ontario français, en passant par SOS Montfort, mouvement d’opposition à la fermeture du seul hôpital bilingue de la province, à Ottawa. Le drapeau y est un vecteur de rassemblement.

« Les jeunes aussi commençaient à s’y intéresser. Le drapeau accompagnait les athlètes dans certaines compétitions. Entre Ottawa et Montréal, se dressait le drapeau gigantesque de Casselman, tout comme à la fromagerie Saint-Albert, à l’hôpital Montfort… », égrène Normand Rainville, un autre étudiant du comité sudburois.

S’attendait-il à une telle évolution en 50 ans? Non, concède-t-il. « On n’avait pas cette ambition, mais on était content de voir le cheminement petit à petit d’une façon ou d’une autre qui démontrer que les gens étaient heureux de s’afficher. »

« On espérait une acceptation graduelle. On voulait d’ailleurs rester anonyme, que personne ne sache qui était derrière ce drapeau, pour que ce soit adopté par la population car, à cette époque, complète M. Obonsawin, décrivant des rivalités entre pôles francophones en Ontario, un autre drapeau créé à Ottawa n’a pas connu la même popularité. »

Au cours de ce demi-siècle, les mâts ont fleuri partout en province, dans les écoles comme sur le fronton des mairies. Mais « la partie était loin d’être facile avec les gouvernements, notamment municipaux, tout comme les écoles au tout début gérées par les anglophones. Les journaux avaient également très peu de respect pour notre communauté, perçue comme une minorité parmi d’autres. Les éditos étaient peu flatteurs. On était vus comme des brasseurs de gommes. »

Le drapeau des francophones dans chaque province et territoire, accompagné de sa date de création (ou adoption). Montage Rudy Chabannes/ONFR

Qu’importe, dans les autres provinces, les minorités emboitent le pas : en Saskatchewan (1979), au Manitoba (1980), au Nunavut (1981), en Alberta, en Colombie-Britannique (1982)… partout les francophones en milieu minoritaire s’émancipent et créent leur propre drapeau.

Un nouveau pallier est franchi en 2001, alors que l’Ontario reconnaît le drapeau franco-ontarien comme emblème de la communauté, puis 20 ans plus tard, élevé au rang d’emblème de la province jusqu’à orner le fronton de Queen’s Park, puis entrer en chambre législative.

Un demi-siècle plus tard, la communauté s’apprête ce jeudi à célébrer le coup de génie de la bande à Gervais, à Sudbury, là où tout a commencé, mesurant l’impact de sa portée identitaire. « On va fêter les choses en grand », clame Joanne Gervais, directrice générale de l’ACFO du Grand Sudbury.

« Le geste de 1975 traduisait une intention sociétale et une aspiration : rappeler que l’Ontario français constitue un sujet politique », considère Serge Miville, le recteur de l’Université de Sudbury où se déroulera une partie des festivités.

Serge Miville, recteur de l’Université de Sudbury, et Joanne Gervais, présidente de l’ACFO Sudbury et soeur de Gaétan Gervais, prendront une part active aux célébrations ce jeudi. Photo : Inès Rebei/ONFR

« Les créateurs du drapeau affirmaient également, du même coup, que l’Université de Sudbury représentait une composante essentielle de l’espace institutionnel franco-ontarien. Cinquante ans plus tard, l’Université de Sudbury œuvre désormais dans le sens souhaité, depuis plus d’un siècle, par la collectivité qui l’a fondée. Le lever du 25 septembre 2025 représente, pour nous, la réconciliation entre le drapeau et son université, à la fois un acte de mémoire et un geste d’avenir », selon le recteur.

Pour toutes ces raisons, le président de l’AFO, Fabien Hébert en est convaincu : « Ce 25 septembre sera une journée mémorable autour de ce symbole qui a suscité un solide sens d’appartenance et a tant contribué et continuera, dans les années à venir, à contribuer au développement de l’identité franco-ontarienne. »

Désobéissance civile : comment le drapeau franco-ontarien a trouvé sa place à la Laurentienne

SUDBURY – On connaît l’histoire du premier lever du drapeau franco-ontarien à l’Université de Sudbury en 1975, mais peu savent comment, quelques années plus tard, un autre combat a eu lieu pour le hisser sur le campus voisin de l’Université Laurentienne. Retour sur une nuit où deux étudiants ont défié l’institution et marqué durablement l’histoire francophone du campus.

Marcel Vaillancourt se souvient encore de cette nuit glaciale du 2 mars 1982. 

Minuit sonne. Le jeune étudiant et son acolyte, Claude Vincent, s’activent sur le troisième étage d’un bâtiment de la Laurentienne, là où trône le drapeau canadien sur la Place des fondateurs. 

Leur mission : installer un mât pour le drapeau franco-ontarien. Le campus est silencieux, le froid mordant (-21 °C) et le bruit d’une perceuse résonne dans les couloirs déserts.

« Il fallait agir rapidement, sans que personne ne nous arrête. L’université n’était pas prête à accepter notre demande qui datait de plusieurs mois, et on savait que toute opposition aurait été médiatisée jusqu’à Ottawa et Québec », raconte M. Vaillancourt.

Un garde de sécurité frappe à la porte du local des étudiants francophones de la Laurentienne (AEF). Rapidement, ce dernier improvise : « Crains pas Gilles, on fait juste des rénovations ». Dix minutes plus tard, le drapeau est fixé et flotte pour la première fois sur la Laurentienne.

Pour celui qui deviendra journaliste, entre autres, cette action n’était pas seulement un geste symbolique, mais un acte de revendication : « Le drapeau ne représentait pas uniquement notre culture, il symbolisait notre droit d’exister en tant que francophones dans un campus bilingue et souvent hostile. »

Marcel Vaillancourt avec un journal du Sudbury Star de 1982 revenant sur le premier lever officiel du drapeau franco-ontarien à l’Université Laurentienne. Photo : gracieuseté de Marcel Vaillancourt

Un contexte tendu 

Le lendemain de l’action, l’administration, bien que surprise, n’a pas immédiatement pris de mesures disciplinaires contre les étudiants impliqués en raison du climat social tendu qui régnait alors.

L’opération clandestine s’inscrivait, en effet, dans un contexte plus large de tensions linguistiques et de redéfinition identitaire pour les Franco-Ontariens. 

En 1980, le Québec avait rejeté le référendum sur la souveraineté-association, avec environ 60 % des votes contre et 40 % en faveur, créant un malaise profond chez les francophones hors Québec.

« Nous avions le sentiment d’être abandonnés et il fallait réagir ici en Ontario », se rappelle celui qui était également le président sortant de l’AEF.

Le drapeau franco-ontarien, créé en 1975, avait d’abord été hissé à l’Université de Sudbury. Mais pour l’Université Laurentienne, le geste était sensible politiquement. 

« L’administration craignait une crise linguistique qui ferait la manchette nationale quelques semaines avant le rapatriement de la Constitution », précise-t-il.

L’événement a rapidement été remarqué par la communauté étudiante et les médias locaux, renforçant le symbole d’une présence francophone revendicatrice et visible sur le campus.

De l’idée à la concrétisation

Le processus officiel avait été entamé lors du congrès de l’AEF qui s’est tenu les 22 et 23 octobre 1981.

Une proposition avait été faite pour que le prochain conseil entreprenne des démarches afin d’installer le drapeau franco-ontarien sur le mât de la Place des fondateurs lors des événements officiels. Le président de l’AEF, Michel Lavoie, et son collègue Daniel Chèvrefils ont toutefois choisi d’aller plus loin.

Michel Lavoie a reçu le Mérite Horace-Viau en juin dernier remis par les Clubs Richelieu du Grand Sudbury. Photo : Inès Rebei/ONFR

« On a soumis la demande pour que le drapeau soit installé à la Laurentienne, mais l’administration a traîné des pieds. On savait qu’il fallait une action décisive si on voulait réussir avant la rentrée de septembre », explique M. Vaillancourt. Quelques années plus tôt, en 1975, l’institution avait déjà dit non à l’étendard qui sera déployé sur le campus voisin le 25 septembre.

Grâce à l’Office des affaires francophones de l’Ontario et à la générosité de plusieurs alliés, le financement fut débloqué pour ériger deux mâts : un pour le drapeau franco-ontarien, l’autre pour le drapeau ontarien. « Le coût était d’environ 5 000 $, mais l’importance symbolique n’avait pas de prix », souligne le militant.

Michel Lavoie rappelle l’étape finale : « Nous avons laissé à Marcel le soin de piloter la stratégie. Nous savions qu’il saurait convaincre l’administration et mobiliser les bons alliés. »

Le déploiement officiel

Ce ne sera, finalement, que le 24 septembre 1982, que le drapeau franco-ontarien sera officiellement hissé à la Place des fondateurs de l’Université Laurentienne.

Choisi pour prononcer le discours d’ouverture, Marcel Vaillancourt avait alors rappelé l’importance culturelle et symbolique du drapeau pour la communauté francophone.

De gauche à droite, Claude Vincent (trésorier de l’AEF), Michel Lavoie (président de l’AEF), Marcel Vaillancourt (président sortant de l’AEF) et Daniel Chèvrefils (vice-président de l’AEF) lors du premier lever officiel à la Laurentienne. Photo : gracieuseté de Marcel Vaillancourt

« Malgré l’obtention de ce drapeau, il faut continuer de faire pression pour améliorer notre sort. Le drapeau est un symbole, mais il ne règle pas toutes les frustrations quotidiennes », déclarait-il devant la foule de 70 personnes.

« Le drapeau est un symbole qui continue de rassembler. Il témoigne de la force et de la persévérance des Franco-Ontariens, et il rappelle que les actions courageuses, même clandestines parfois, peuvent transformer l’histoire », conclut aujourd’hui M. Lavoie.

Premier coup de patin pour l’équipe de hockey mineur francophone de Sudbury

SUDBURY – Le Grand Sudbury accueille la toute première équipe de hockey mineur entièrement en français pour les enfants de plus de 7 ans du Nord ontarien. ONFR s’est rendu à sa toute première pratique, dimanche matin à l’aréna communautaire de Garson,  pour recueillir les impressions des parents et des organisateurs. 

Une fébrilité tangible régnait sur la glace et dans les gradins ce dimanche matin à l’aréna George Armstrong de Garson, entre l’excitation des enfants découvrant leur nouvelle équipe et l’enthousiasme des parents assistant à cette première rencontre.

« Tout l’été, mon fils était très excité de revenir sur la glace. Il voulait retrouver des amis et rencontrer d’autres jeunes de la communauté », raconte Mélanie Diotte, mère de trois garçons, dont l’un participe à cette première pratique. 

Mélanie Diotte, dont le fils a 9 ans, observe que « les entraîneurs sont attentifs, transmettent les notions essentielles et encouragent les enfants à progresser tout en gardant le jeu agréable ». Photo : Inès Rebei/ONFR

Également installé sur les gradins, Jerry Giannopoulos, père d’un joueur, souligne l’importance symbolique du projet pour sa famille.

« Nous sommes ravis de faire partie de la toute première équipe de hockey en français de la ligue mineur de hockey de Sudbury, et peut-être même de la première en Ontario », confie-t-il enthousiaste.

« Bien que je parle anglais, mon fils a des racines francophones du côté de ma femme, et c’est une occasion très significative pour lui de représenter notre communauté francophone ici à Sudbury. Je crois vraiment que c’est le commencement de nombreuses générations d’équipes franco-ontariennes de hockey. »

Jerry Giannopoulos, à gauche, est venu accompagné de son beau-père, Mario Taillefer. Photo : Inès Rebei/ONFR

Une certaine demande

Cette Association du sport jeunesse du Nord-Est de l’Ontario (ASJNEO) est un projet pilote d’un an autorisé par l’Association de hockey du Nord de l’Ontario (NOHA). 

À Sudbury, le programme Dragons du Nord offre déjà une initiation au hockey en français pour les enfants de moins de 7 ans, mais il ne permet pas de poursuivre l’apprentissage du sport au-delà de cet âge. 

Selon Dhiren Chohan, président du conseil d’administration, c’est pour répondre à ce besoin que l’association a été créée.

Dhiren Chohan et les autres membres de l’organisme sont des anciens du programme Les Dragons du Nord. Photo : Inès Rebei/ONFR

« On voulait offrir aux enfants de Sudbury une occasion de jouer et de socialiser en français sur la glace, explique-t-il. Il y avait clairement une demande, et ce programme comble une lacune pour les jeunes francophones qui voulaient poursuivre le hockey après les Dragons du Nord. »

« Le hockey n’est pas financé par des fonds publics, ce sont les familles qui paient les frais d’inscription. Notre plus grande dépense, c’est la location des temps de glace. On veut garder les frais abordables, mais suffisants pour équilibrer le budget. »

Pour Martin Lajeunesse, la gestion de l’association reste minime puisqu’elle est entièrement assurée par des bénévoles. Photo : Inès Rebei/ONFR.

« Il y a l’école, il y a la maison, mais là, c’est une occasion de faire du sport et de socialiser avec d’autres enfants francophones à l’extérieur », pense M. Lajeunesse qui précise que le lancement de l’organisme à quelques jours du 50e du drapeau franco-ontarien est un heureux hasard.

Des ajustements

La saison devrait se dérouler d’octobre à avril, avec des séances encadrées par quatre entraîneurs bénévoles.

Le programme s’adresse aux enfants de 7 à 12 ans qui savent déjà patiner et souhaitent poursuivre leur apprentissage dans un environnement francophone, mais il n’y a pas de limite d’âge stricte, précisent les organisateurs.

Pour l’instant, une vingtaine d’enfants sont inscrits, un chiffre qui devrait évoluer au fur et à mesure que le programme gagne en visibilité selon l’organisation.

Les fondateurs espèrent que ce premier programme sera suivi d’autres initiatives et servira de modèle pour d’autres communautés francophones de l’Ontario. 

Chaque séance dure environ une heure, avec des exercices adaptés à l’âge et au niveau des enfants. Photo : Inès Rebei/ONFR

Même si certains commentaires sur les réseaux sociaux ont critiqué la nécessité d’une équipe exclusivement francophone, les organisateurs insistent sur le fait qu’il s’agit simplement d’offrir une option supplémentaire pour les familles.

« On comprend qu’il existe déjà d’autres associations sportives, mais nous voulions créer un espace où les enfants peuvent évoluer entièrement en français. C’est un complément, pas une alternative exclusive », justifie Dhiren Chohan.

Pour l’instant, il n’y a pas encore d’horaire et de lieu défini pour la saison, des discussions avec la Ville sont encore en cours.

Le festival Les vieux m’ont conté continue de grandir

SUDBURY – Le Centre franco-ontarien de folklore (CFOF) a dévoilé la programmation de son neuvième festival Les vieux m’ont conté, qui se tiendra du 16 au 26 octobre. Ce festival de contes continue de rejoindre différents territoires, alors que des activités auront lieu à Hearst et Rockland, en plus de celles qui se tiendront évidemment à Sudbury. Le thème de cette année est Les vieux m’ont conté… leurs amours.

Cela fait quelques années que le directeur général du CFOF, Patrick Breton, évoque cette ambition d’agrandir le territoire du festival. Son organisme ayant une mission provinciale, il souhaite rejoindre les Franco-Ontariens de différentes régions afin de faire rayonner le folklore et la tradition orale. Le financement étant le nerf de la guerre, il avait réussi l’an dernier à s’offrir des antennes dans le Nord de l’Ontario et une dans l’Est.

Le directeur général du CFOF, Patrick Breton. Photo : Rachel Crustin/ONFR

La croissance continue cette année, comme le décrit M. Breton dans un communiqué : « Le festival de cette année est le plus grand que le CFOF ait présenté! Nous présentons 12 spectacles, dont cinq en collaboration et deux randonnées contées. Nous présenterons aussi quatre capsules vidéo des quatre coins de la province, deux ateliers pour les conteurs et les amateurs de contes et plus de 30 ateliers scolaires dans une quinzaine d’écoles. »

Le festival attire des conteurs franco-ontariens, bien sûr, mais aussi québécois, belges et français. Une quinzaine d’artistes feront partie de l’alignement 2025.

Les traditions et les moments forts

Les activités classiques du festival Les vieux m’ont conté sont de retour : le marathon de contes, la randonnée contée, un spectacle de contes chez l’habitant, les capsules vidéo provenant de différents coins de l’Ontario, un repas Crêpes et contes (à la Place des arts de Hearst le 25 octobre et au Club d’accueil Âge d’or d’Azilda le 26) et le Concours international franco-ontarien de la plus grande menterie, animé par le conteur sudburois Alexandre Matte.

Habitué du festival Les Vieux m’ont conté, Alexandre Matte animera le Concours international franco-ontarien de la plus grande menterie. Photo : Léo Duquette

La randonnée contée, activité appréciée du festival, sera doublée cette année et se déplacera pour la première fois au cimetière LaSalle, le 18 octobre. En collaboration avec la Société historique du Nouvel-Ontario, les conteurs feront découvrir des histoires directement liées aux gens de Sudbury.

La grotte Notre-Dame-de-Lourdes ne sera pas en reste, accueillant elle aussi une randonnée contée, le 26 octobre.

Le passage de certains artistes sera également l’occasion d’offrir des ateliers au public et aux conteurs amateurs. Le couple issu de la culture tsigane européenne, Armelle et Peppo, donnera des conseils sur la création de spectacles hybrides entre le conte et la musique. Dans leur spectacle La bonne fortune, ils ajoutent aussi des lectures de tarot. Un deuxième spectacle, Mitcho, sera présenté par le couple en collaboration avec la municipalité de Markstay-Warren.

Conteur algérien vivant en Belgique, Fahem Abes présentera un atelier sur le mouvement et le conte.

Parmi les moments attendus, on retrouve le spectacle Nzinga, présenté en partenariat avec le Théâtre du Nouvel-Ontario (TNO).  La conteuse Tatiana Zinga Botao a charmé les diffuseurs franco-ontariens et s’arrêtera également à Toronto et Ottawa avec son spectacle autobiographique, dans lequel elle découvre qu’elle est la descendante d’une reine congolaise.

Stéphane Guertin à la randonnée contée, en 2024. Photo : Léo Duquette

Également au festival Les vieux m’ont conté, un nombre limité de spectateurs pourra assister au nouveau spectacle de Stéphane Guertin, Quand les orteils auront des dents, présenté en collaboration avec le Conseil scolaire du Grand Nord. Ce premier conte pour enfants de l’artiste franco-ontarien lui a valu son deuxième prix Distinction Réseau Ontario de suite, en plus du prix Alliance Acadie, lors de l’édition 2025 de Contact ontarois, en janvier dernier.

Le spectacle Lanterna Fabula, pour lequel conteurs et réalisateurs font équipe, associera des contes à des courts-métrages en ouverture de festival, le 16 octobre, au Indie Cinéma de Sudbury. Le traditionnel concours de la plus grande menterie viendra pour sa part conclure la programmation, le 26 octobre.

Plus de 12 millions de dollars pour les loisirs dans l’Est ontarien

RUSSELL – Le gouvernement de l’Ontario injecte 12,2 millions de dollars pour moderniser les infrastructures récréatives de quatre municipalités à forte présence francophone. Le canton de Russell rafle la mise avec une subvention historique de 10 millions pour son futur complexe récréatif.

Coup de pouce majeur pour les loisirs dans l’Est ontarien. La province accorde 12,2 millions de dollars à quatre collectivités à forte présence francophone, pour « protéger les emplois et renforcer les infrastructures communautaires ». Et c’est le canton de Russell qui récolte la plus grande part : 10 millions de dollars pour ériger un complexe récréatif de nouvelle génération.

« Cet investissement historique de 10 millions de dollars de la province — la plus importante subvention jamais accordée au canton de Russell — témoigne clairement de la valeur que ce complexe récréatif apporte à notre canton et à l’ensemble de la région », s’est réjoui le maire Mike Tarnowski, cité dans le communiqué de la province. 

Le projet comprendra une piscine intérieure de 25 mètres à six couloirs, une salle communautaire de 10 000 pieds carrés et trois patinoires pour hockey, patinage artistique, ringuette et autres sports. 

Pour sa part, la ville de Clarence-Rockland recevra 360 700 $ pour remplacer le système CVC de l’aréna Clarence-Rockland, afin d’en améliorer l’efficacité énergétique.

La ville de Hawkesbury, elle, recevra 866 500 $ pour remplacer le toit du complexe sportif Robert Hartley, afin de remédier à la dégradation des infrastructures et prolonger la durée de vie de l’installation.

De son côté, la municipalité de La Nation bénéficiera d’un investissement de 962 500 $ pour réhabiliter l’aréna de St-Isidore, afin de préserver cet espace communautaire et de multiplier les occasions récréatives pour la population. 

« Ce financement arrive à un moment crucial, alors que les municipalités doivent faire beaucoup avec des ressources limitées tout en entretenant des infrastructures vieillissantes », souligne dans ce sens Francis Brière, maire de la municipalité de La Nation.

Ces investissements s’inscrivent dans le Fonds pour l’infrastructure communautaire des sports et des loisirs (FICSL), une enveloppe provinciale de 200 millions de dollars visant à moderniser les installations locales et à promouvoir un mode de vie actif.

« Avec notre plan d’infrastructure de plus de 200 milliards de dollars, nous continuons à investir dans nos collectivités et à protéger l’économie et les travailleurs de la province, en bâtissant pour l’avenir », a déclaré le premier ministre Doug Ford.

Accusé d’agression à main armée, un député est exclu du gouvernement de Doug Ford

SAULT-SAINTE-MARIE – Le député de Sault-Sainte-Marie, Chris Scott, élu pour la première fois aux dernières élections provinciales, a été renvoyé du gouvernement progressiste-conservateur de Doug Ford. Il a été arrêté dimanche pour attaque à main armée et se trouve actuellement en garde à vue.

Plus tôt dans la matinée, le bureau du premier ministre Doug Ford a confirmé que Chris Scott, député de Sault-Sainte-Marie, et assistant parlementaire du ministre de l’Énergie et des Mines Stephen Lecce, n’était plus membre du Parti progressiste-conservateur (PPC).

Le journal local, SooToday, a rapporté que le député Chris Scott avait été accusé d’agression et d’agression armée. Arrêté par les services de police de Toronto dimanche, celui-ci se trouve actuellement en garde à vue.

En période des questions lors d’une conférence de presse ce lundi matin à Russell, Doug Ford a suggéré aux journalistes de s’adresser directement aux autorités locales s’ils voulaient savoir pourquoi le député ne faisait plus parti de ses rangs.

Il a également ajouté qu’il ne désirait pas interférer dans l’enquête en cours.

« Le 21 septembre 2025, les services de police de Toronto ont arrêté Chris Van Scott, 35 ans, aussi connu sous le nom de Chris Scott, à la suite d’une investigation menée par les détectives du Service de police de Sault Ste. Marie (SSPSM). Afin de protéger la vie privée des victimes, le SSPSM ne divulguera aucun autre détail concernant l’incident ou les accusations », peut-on lire dans un communiqué de presse de la Police de Sault-Sainte-Marie.

Exclu du PPC, M. Scott devient de facto député indépendant. Rien n’indique pour l’instant s’il démissionnera de son siège.

Le NPD de l’Ontario a réagi et demandé « la démission immédiate du député Scott » via communiqué de presse.

Drapeau franco-ontarien : « Gaétan Gervais a joué un rôle refondateur »

Michel Bock est professeur titulaire au département d’histoire de l’Université d’Ottawa, professeur associé à l’Université de Sudbury et directeur du Centre de recherche sur les francophonies canadiennes.

Le drapeau franco-ontarien a été hissé pour la première fois il y a 50 ans, le 25 septembre 1975, à l’Université de Sudbury.

Alors que se prépare le 50e anniversaire partout à travers la province, l’historien remet en perspective l’influence de Gaétan Gervais, à l’origine du drapeau.

Le drapeau vert et blanc est né dans un contexte très particulier…

On traversait en effet un moment de remise en question sur le plan identitaire assez substantiel, un moment post-canadien-français où la Révolution tranquille des années 1960 était encore fraîche dans les mémoires. Les rapports entre les différentes composantes de ce que l’on appelait le Canada français étaient en pleine redéfinition.

Dans certains milieux franco-ontariens, on vivait cela sur le mode presque du traumatisme. Au Québec, certains nationalistes québécois estimaient que les minorités n’avaient aucune chance de survie, alors qu’à l’inverse, dans les milieux franco-ontariens, on accusait le Québec de les avoir abandonnés.

Quel rôle Gaétan Gervais a-t-il joué dans la mobilisation autour du projet?

Il a joué un rôle névralgique de par sa position de chargé de cours (à l’Université Laurentienne). Formé par des jésuites de Sudbury, au Collège Sacré-Cœur, il connaissait les grands penseurs du nationalisme canadien-français. Les jésuites étaient très actifs dans la mobilisation politique et linguistique de la population francophone du Nord de l’Ontario. Gaétan est donc tombé dedans très jeune et a fédéré autour de lui un certain nombre d’étudiants, comme Michel Dupuis.

Il n’était pas encore l’historien de l’Ontario français qu’il allait devenir à partir du début des années 1980, mais il voyait bien que pour consolider l’identité franco-ontarienne, il fallait des symboles mais aussi que les francophones connaissent leur propre expérience historique. C’est pourquoi il a été parmi les premiers à donner des cours d’histoire sur l’Ontario français. Il a joué un rôle fondateur, et même refondateur au niveau symbolique, politique et culturel.

Selon l’historien Michel Bock, Gaétan Gervais a joué un rôle névralgique dans l’affirmation identitaire des Franco-Ontariens. Photo : Université d’Ottawa

Quelle était son intention en créant ce drapeau?

C’était d’essayer de reconsolider les assises identitaires et historiques de l’Ontario français sur des bases en partie anciennes et nouvelles. C’est pour répondre à cette nouvelle demande de sens – que l’on exprimait de plus en plus fortement dans les années 1970 – que les concepteurs du drapeau ont posé leur geste.

Pourtant, les Franco-Ontariens ne se sont pas immédiatement approprié ce symbole. Il a même fallu attendre plusieurs années avant qu’il fasse l’unanimité…

L’Ontario français n’a pas d’existence juridique ou politique formelle. Il n’y avait pas un parlement pour décréter que ce drapeau serait le symbole par excellence de la communauté. Ça s’est fait graduellement, d’autant que c’est parti du Nord où les francophones sont très dispersés. Les idées ne circulent pas de la même façon. Il a fallu attendre les années 1990 pour qu’on en vienne à le considérer comme le symbole presque universel de la communauté.

Les crises ont-elles contribué à cet ancrage?

Oui, on renoue à partir des années 1970 avec une forme de militantisme qui s’était éteint avec la crise du Règlement 17 dans les années 1910 et 1920. Le drapeau est arboré dans les crises scolaires comme celle de Penetanguishene, puis s’impose 20 ans plus tard dans la crise Montfort, de façon massive et sans discussion (…) dans des moments médiatisés qui lui donnent une grande visibilité. On était clairement en territoire franco-ontarien, avec toutes les caméras braquées dessus.

Ça n’est donc pas une coïncidence quand, en 2001, le gouvernement ontarien le reconnait comme symbole de la communauté. (…) Ça a été compliqué dans d’autres circonstances avec de la résistance de certaines municipalités qui ont refusé de le reconnaitre. Ça a été compliqué à Sudbury, North Bay ou plus récemment à Greenstone. Dans certains milieux anglophones, on se demandait pourquoi donner une telle reconnaissance à un groupe ethnique plutôt qu’un autre. On l’évaluait à l’aune du multiculturalisme canadien.

Aujourd’hui, ce drapeau détient une forte valeur politique et identitaire. Est-ce plus facile de revendiquer des droits avec un tel « outil »?

Oui et non. Le danger c’est de réduire la reconnaissance de la communauté à son drapeau. On le hisse le moment opportun, puis on le descend, on l’oublie et on a l’impression d’avoir agi. Il est donc très utile, car il permet à la communauté de s’afficher publiquement, de se rallier à un symbole. Mais il peut aussi servir d’alibi commode.

On peut confondre l’être et le paraître et, institutionnellement, voir les choses avancer moins vite qu’on ne le voudrait. On le voit avec l’Université de Sudbury qui a ouvert il y a quelques semaines après des années de revendications. C’est bien beau un drapeau, mais il faut que sa reconnaissance s’accompagne de la nécessité pour la communauté de s’autonomiser dans un plus grand nombre de domaines.

Le NPD renouvelle sa confiance en Marit Stiles

NIAGARA FALLS – Le vote confiance durant la convention néo-démocrate annuelle a fait pencher la balance en faveur du leadership de Marit Stiles. 68 % des membres du Nouveau Parti démocratique (NPD) ont voté pour leur cheffe qui a immédiatement indiqué qu’elle resterait à la tête du parti, prête à le mener à la victoire.

68 % des membres ont voté contre la tenue d’une nouvelle course à la chefferie, contre 32 % en faveur d’un changement de leadership. Un appui majoritaire pour Marit Stiles qui a d’ores et déjà confirmé qu’elle resterait en poste.

« Aujourd’hui plus que jamais, les gens ont besoin de nos voix, de la voix des syndicats et des travailleurs… Nous avons besoin de nos meilleurs esprits, de faire preuve d’audace et de nous tourner vers l’avenir pour faire les meilleurs choix pour l’Ontario. Parce que 800 000 Ontariens sont actuellement sans emploi », a déclaré plus tôt ce samedi Mme Stiles à Niagara Falls, la ville qui a vu naître le NPD en 1961.

Devant plusieurs centaines de militants, réunis au Centre des congrès, la cheffe de l’opposition officielle a pointé du doigt la politique de Doug Ford, « dont les scandales de corruption sont plus connus que ses réalisations ».

À la tête du parti depuis deux ans, elle a ciblé à plusieurs reprises le premier ministre ontarien, évoquant « son tunnel imaginaire » (sous l’autoroute 401) et le décrivant comme « l’homme qui dépense des milliards pour subventionner un spa de luxe au centre-ville de Toronto, alors que les écoles de toute la province sont obligées de réduire leurs programmes. »

Son Parti représente-t-il toujours les travailleurs? Oui, a-t-elle répondu par la suite à ONFR en mêlée de presse. « Nous le serons toujours. C’est notre fondation. »

Elle croit néanmoins que la façon de communiquer avec les électeurs doit profondément changer pour offrir au NPD une chance de victoire aux prochaines élections : « On doit écouter les gens, les comprendre et leur apporter des solutions. »

Lors de son discours, la cheffe néo-démocrate a par ailleurs tracé plusieurs lignes directrices : développer des industries de l’Ontario, réduire la taille des classes dans les écoles, stopper la privatisation de la santé, surmonter l’urgence climatique, financer les universités…

« Parce que pendant que Doug Ford et ses amis sont occupés à faire des séances photos, et que les libéraux retournent à la planche à dessin pour la troisième fois, les néo-démocrates retroussent leurs manches et se mettent au travail », a-t-elle lancé.

Députés et militants confiants

En amont du vote de confiance qui ne présageait pas de grandes surprises, plusieurs députés du parti lui ont témoigné leur soutien.

« Ce qui est remarquable avec Marit Stiles, c’est qu’elle répond toujours présente. Quand j’ai été renvoyé de la législature après avoir dit que Doug Ford mentait aux Premières Nations, elle m’a soutenu », a déclaré sur scène Sol Mamakwa, député de Kiiwetinoong.

Alexa Gilmour, députée de High Park-Parkdale, a ajouté que « c’est elle qui a levé le voile sur le scandale de la Ceinture de verdure. Elle est prête à nous mener jusqu’à la victoire ».

Les députés Guy Bourgouin (Mushkegowuk-Baie James) et France Gélinas (Nickel Belt). Photos : Rudy Chabannes/ONFR
« On veut former le prochain gouvernement »
— Guy Bourgouin, député de Mushkegowuk-Baie James

« On s’en va dans une bonne direction, est pour sa part convaincu Guy Bourgouin, député de Mushkegowuk-Baie James. On veut former le prochain gouvernement. On a fait l’erreur de tenir les travailleurs pour acquis. La cheffe a l’intention de les mettre plus que jamais à l’avant-plan. »

« On se prépare pour une victoire, a renchéri France Gélinas. Ça donne de l’énergie. Si on veut devenir un gouvernement, il faut changer les choses. »

Le NPD a perdu plusieurs sièges à l’Assemblée législative lors des dernières élections ontariennes. La formation de Marit Stiles a néanmoins conservé son statut d’opposition officielle, en devançant très largement les libéraux.

En pleine crise, le Parti libéral, lui, a renouvelé de justesse sa confiance à sa cheffe, Bonnie Crombie, lors d’une convention similaire la semaine dernière, avant qu’elle ne démissionne.

Avec la collaboration de Sandra Padovani.

Donald Obonsawin, au-delà du drapeau franco-ontarien

MARKHAM – À cinq jours du 50e anniversaire du drapeau franco-ontarien, Donald Obonsawin revient sur son rôle dans la création de cet emblème officiel de la province, ainsi que sur son riche parcours au sein de la fonction publique. Ce Sudburois de naissance et fier abénakis, aujourd’hui chancelier de l’Université de Sudbury, continue de jouer un rôle central dans plusieurs institutions phares à l’aube de ses 75 ans.

«  C’est en partie à vous que nous devons le drapeau franco-ontarien. Qu’est-ce qui a motivé sa création? 

En 1975, un an après que les étudiants francophones de l’Université Laurentienne aient créé leur association, Gaétan Gervais et moi passions beaucoup de temps dans leur bureau pour discuter avec eux de différentes questions. Gaétan, professeur d’histoire, nous apportait des lectures et des réflexions sur le passé et sur ce que signifiait être francophone en Ontario.

C’est dans ce contexte que l’idée d’un drapeau est née. Nous avons établi trois principes : garder le symbole simple, choisir des couleurs neutres pour éviter toute association politique, et conserver l’anonymat pour que le drapeau ne soit lié ni à un individu ni à une région, vu les rivalités entre Ottawa et Sudbury à l’époque. La conception a commencé au printemps et s’est poursuivie durant l’été 1975, et le drapeau a été levé le 25 septembre.

Donald Obonsawin, au centre, à la cérémonie originale du lever du drapeau le 25 septembre 1975. Photo : gracieuseté de Donald Obonsawin

Qu’est-ce que ce drapeau représente pour vous, personnellement, et pour la communauté franco-ontarienne aujourd’hui? 

Pour ce qui est de la communauté, j’ai toujours essayé de me dissocier du drapeau, parce que ce drapeau ne m’appartenait pas personnellement. Il appartenait à la communauté. C’était un symbole important pour elle, et non pas quelque chose que je pouvais « posséder ». 

Il est clair que nous n’avions pas anticipé l’impact que ce drapeau pourrait avoir. Nous pensions simplement qu’il serait un symbole pour la communauté, un élément capable de la motiver et de la soutenir. C’est un point important à souligner : le drapeau n’aurait pas survécu et n’aurait pas pris vie si tous ces Franco-Ontariens ne l’avaient pas adopté. Ce n’est donc pas tant le succès du comité ou du drapeau en lui-même, mais plutôt le succès de la francophonie ontarienne, qui a voulu accepter un symbole et s’en emparer pleinement.

En regardant vers l’avenir, comment imaginez-vous l’évolution de l’identité franco-ontarienne dans le Nord et dans l’ensemble de la province au cours des 50 prochaines années?

C’est une question à laquelle j’ai beaucoup réfléchi dans les dernières semaines. Je suis une personne optimiste et je l’étais déjà en 1975 malgré les défis qui se trouvaient devant nous. Aujourd’hui, même si nos ressources sont limitées et que leur réduction par les gouvernements est probable, mais je crois que nous avons des capacités que nous pouvons façonner dans les années à venir pour nous donner un avenir meilleur.

C’est un peu le même défi que ma réserve d’Odanak rencontre. Nous sommes une petite communauté, beaucoup d’intermariages, donc le sang autochtone disparaît, et cela soulève aussi la question de la survie des Abénakis au sein de notre communauté.

Donald Obonsawin, deuxième à partir de la gauche, et la troupe de théâtre du Collège Sacré-Cœur.  Photo : gracieuseté de Donald Obonsawin

Quels moments de votre vie considérez-vous comme les plus marquants dans votre cheminement?

Ce qui a beaucoup influencé ma vie, c’est mon adolescence au Collège Sacré-Cœur. Les Jésuites m’ont donné la liberté de me découvrir tout en m’apportant la discipline nécessaire pour mes études. J’ai pu m’impliquer dans le sport, le théâtre, les arts et représenter le collège dans des institutions communautaires. 

Ces années, vers 1964-1967, ont été très formatrices. J’ai reçu une excellente éducation et je leur en dois beaucoup et je pense que toute la communauté de Sudbury aussi. C’est aussi ce qui explique mon attachement à l’Université de Sudbury, qui a ses racines au Collège Sacré-Cœur. 

Vous avez une longue carrière dans la fonction publique et y avez occupé d’importantes responsabilités, notamment comme sous-ministre dans plusieurs ministères. Qu’avez-vous retenu de cette expérience?

 J’ai passé 20 ans dans la fonction publique ontarienne, dont 15 ans comme sous-ministre, et 5 ans dans le fédéral. Quand j’ai été nommé sous-ministre des Affaires municipales, en 1987, j’étais la plus jeune personne à occuper cette fonction dans l’histoire de l’Ontario. Par la suite, j’ai occupé successivement les postes de sous-ministre dans six autres ministères. et ai travaillé avec trois partis politiques ontariens différents, ce qui est assez rare. Ce que j’ai retenu, c’est la variété des expériences que j’ai pu avoir. Ma formation était en développement régional, c’était un peu ma passion et c’était cette perspective que j’essayais d’apporter dans chaque ministère.

J’ai toujours essayé de m’assurer que les enjeux autochtones et francophones soient des priorités dans les ministères, ce qui m’a donné la possibilité d’influencer certains programmes pour les francophones et les peuples autochtones. Même si pendant longtemps je n’étais pas activement dans les organisations franco-ontariennes, je faisais mon travail dans le gouvernement pour mieux refléter les défis et les solutions dans ces ministères.

Cérémonie de prestation de serment de Donald Obonsawin, à gauche, pour le poste de sous-ministre du ministère des Affaires municipales en 1987. Également sur la photo, Bob Carman, secrétaire du Conseil des ministres et David Peterson, premier ministre de l’Ontario. Photo : gracieuseté de Donald Obonsawin

Vous êtes chancelier de l’Université de Sudbury depuis 2021. Pouvez-vous expliquer en quoi consiste cette fonction pour ceux qui ne le savent pas? 

C’est un rôle essentiellement cérémonial qui consiste à distribuer et présenter les diplômes lors des collations des grades, tout en étant présent pour accompagner la direction lors de rencontres importantes, qu’elles soient politiques ou avec certains partenaires. Je n’ai pas encore eu l’occasion de participer à une collation de grades, mais au cours des dernières années, j’ai accompagné Serge et d’autres lors de réunions de lobbying ou de rencontres stratégiques, ce qui fait également partie de mes responsabilités. 

Le recteur de l’Université parle d’une première cohorte névralgique pour cette première rentrée depuis sa relance. Avez-vous espoir que l’établissement puisse assurer sa viabilité et se développer dans les années à venir?

J’ai été membre du conseil d’administration de l’Université de Sudbury pendant 6-7 ans et j’y ai donc un grand attachement. Les défis sont là, mais c’est à nous d’offrir les cours et services que veulent les étudiants pour soutenir le développement intellectuel et franco-ontarien du Nord-Est et de l’ensemble de l’Ontario français.

Cela dépend beaucoup de l’offre que l’on propose : elle doit être moderne, répondre aux attentes des étudiants et s’accompagner d’un dialogue étroit avec eux. Le financement provincial renforce notre crédibilité et nous permet de créer des partenariats avec d’autres institutions et avec la jeunesse, notre clientèle principale. Je reste optimiste : il y aura toujours des défis, mais c’est à nous de définir l’avenir.

Donald Obonsawin, complètement à gauche, et les autres sous-ministres des autres provinces, territoires et du gouvernement fédéral, pour les négociations de l’Accord du lac Meech en 1990. Photo : gracieuseté de Donald Obonsawin

Vous êtes né à Sudbury et êtes membre de la Première Nation abénakise d’Odanak, au Québec. Quels sont vos liens avec la réserve?

Ces liens viennent de mon arrière-grand-père qui a quitté la réserve pour s’installer près de Sudbury. Cette appartenance se poursuit dans ma famille : mes enfants sont membres enregistrés d’Odanak. 

J’ai visité la réserve pour la première fois en 1972, mais j’avais déjà un sens d’appartenance grâce à des rencontres avec des membres de la communauté, comme Alanis Obomsawin. Cette expérience m’a profondément marqué. Bien que je sois né à Sudbury, j’ai été chaleureusement accueilli par les membres de la communauté.

Vous avez justement une double identité, autochtone et franco-ontarienne. Comment la vivez-vous au quotidien?

Aujourd’hui, je reste en contact avec Odanak à travers les pow-wows, des rencontres communautaires, des séances Zoom et un site Facebook. Le chef d’Odanak me connaît et nous avons eu des échanges au cours des années. Je ne parle malheureusement pas l’abanaki, la langue est peu parlée, mais je connais quelques mots. 

Pour moi, ma double identité se vit dans l’équilibre : je suis fier d’être abénakis, et en même temps le français est la langue dans laquelle je vis, m’exprime et m’engage dans la vie franco-ontarienne. Donald Obonsawin, c’est un Autochtone qui parle français et qui est très fier de contribuer à la communauté franco-ontarienne. 

De gauche à droite, Donald Obonsawin, Michel Dupuis et Yves Tassé – membres du comité à l’origine de la création du drapeau franco-ontarien, lors du 40e anniversaire du drapeau en 2015. Photo : gracieuseté de Donald Obonsawin

Quel conseil donneriez-vous aux personnes qui souhaitent s’informer et approfondir leur compréhension de la réconciliation?

J’encouragerais tout le monde à participer à des événements autochtones. Par exemple, la Journée nationale de la vérité et réconciliation qui arrive à la fin du mois : sortez, soyez à l’aise, allez découvrir. La réconciliation se fera surtout entre individus, pas seulement au niveau institutionnel.

J’espère que les gens auront une curiosité naturelle pour aller voir, écouter des émissions, des reportages, et vivre certaines expériences, comme un feu sacré. Ces cérémonies autochtones sont souvent paisibles et permettent de se connecter avec la nature et avec ce qui nous entoure. C’est par ces gestes individuels que la vraie réconciliation pourra se concrétiser. 

Revenez-vous souvent dans le Nord, à Sudbury?

Bien que je ne vis plus à Sudbury, la famille de mon épouse y est toujours, et j’ai toujours gardé un fort attachement à cette ville qui m’a vu naître. Même lorsque je travaillais dans les ministères, surtout provinciaux, je faisais toujours en sorte d’avoir quelques dossiers en cours qui avaient un impact sur la ville de Sudbury. Quand je reviens dans le Nord, j’aime surtout aller voir la maison où j’ai grandi, la cour où j’ai passé beaucoup de temps. Je visite aussi régulièrement, l’Université de Sudbury, qui est un peu comme ma deuxième maison. 

C’est là que mon épouse et moi avons célébré notre mariage, donc c’est un lieu très spécial pour nous. Mon attachement à l’Université est très fort : j’y ai passé beaucoup de temps, et c’est là que se retrouvaient les Franco-Ontariens pour nos rencontres et discussions. 

Donald Obonsawin et son épouse, Carole, passent l’hiver chaque année à Aruba. Gracieuseté de Donald Obonsawin

Vous vivez aujourd’hui à Markham, dans une région où la francophonie est moins visible que dans le Nord de l’Ontario. Comment restez-vous connecté à la francophonie?

Même en vivant à Markham depuis ma retraite du gouvernement en 2002, j’ai continué à m’impliquer activement dans la francophonie à travers plusieurs conseils provinciaux, dont ceux des affaires francophones, du Collège Glendon, du Théâtre français de Toronto ou encore de TFO.

À Ballantrae, il existe une petite communauté francophone composée surtout de retraités. On se réunit deux fois par année pour souligner la Journée des Franco-Ontariens ou d’autres occasions, et on fréquente le Théâtre français de Toronto. Même ici, je demeure donc très engagé dans la francophonie.

Vous approchez les 75 ans et vous êtes encore très actif. Comptez-vous arrêter un jour? 

Effectivement, j’ai définitivement dépassé l’âge de la retraite mais je suis encore très actif. En plus de mon rôle de chancelier de l’Université de Sudbury, je suis aussi vice-président du Conseil d’administration du Musée canadien de la nature, vice-président du Conseil consultatif de la Société de gestion des déchets nucléaires, et je fais des relations gouvernementales pour Hatch, une société d’ingénierie et de gestion de projets. 

Tout comme ma vie publique a commencé très jeune, elle continue. Je fais des choses que j’aime. Les engagements que je prends en ce moment sont prévus pour au moins les deux prochaines années, et dans deux ans, je ferai un nouvel état des lieux pour décider de la suite. »


1950 : Naissance à Sudbury, Ontario.

1975 : Participe à la création du drapeau franco-ontarien.

1984 : Nommé directeur général de la section des services médicaux au Ministère de la santé et bien-être général du Canada.

1987 : Devient le plus jeune sous-ministre des Affaires municipales de l’Ontario.

2021 : Nomination à titre de chancelier de l’Université de Sudbury.

Chaque fin de semaine, ONFR rencontre un acteur des enjeux francophones ou politiques en Ontario et au Canada.

« Le financement provincial n’a augmenté que de 3,8 % en 7 ans », selon Santé publique Ottawa

Mohammad Kibria est gestionnaire du soutien aux politiques, à la santé des Autochtones et à l’administration des affaires à Santé publique Ottawa (SPO). Il est chargé de l’élaboration du budget et de la supervision financière.

SPO se heurte à un déséquilibre structurel aggravé par une croissance limitée du financement provincial. Résultat : un déficit anticipé de 2,3 M $ pour 2026, qui menace le maintien des services, y compris ceux en français, dans une ville où la population francophone est en pleine expansion.

Alors que la province évoque une hausse de 27 % du financement depuis 2018, SPO souligne qu’il s’agit surtout de transferts comptables vers le « partage des coûts », faisant porter la charge à la Ville d’Ottawa. En réalité, l’appui provincial n’a progressé que d’environ 3,8 % en sept ans.

« Vous demandez à la province de réviser la formule de financement. Quels ajustements spécifiques considérez-vous comme essentiels pour combler le déficit structurel de 2,3 M $ que vous anticipez?

Alors que SPO entre dans le cycle budgétaire de 2026, elle est confrontée à un déficit de financement structurel croissant qui aura un impact sur sa capacité à maintenir les niveaux de service actuels. Bien qu’elle n’ait pas l’intention d’étendre son programme, SPO doit faire face à une pression financière estimée à 4 M $, principalement due à l’ajustement du coût de la vie, à l’inflation générale et à l’augmentation du coût des services essentiels imposés par la province. Par ailleurs, les augmentations de financement attendues de la part de la Ville et de la province s’élèvent à 1,7 M $, ce qui laisse un déficit de 2,3 M $. Cet écart n’est pas le résultat d’une ambition de croissance, mais plutôt dû à l’augmentation des coûts nécessaires pour maintenir les activités actuelles.

Quelles solutions temporaires avez-vous déjà mises en place pour 2026, et pourquoi estimez-vous qu’elles ne suffisent pas à long terme?

Pour gérer ce déficit, SPO s’appuie sur des mesures temporaires, notamment le remplacement temporaire du personnel, la réaffectation du budget non lié à la rémunération, un prélèvement supplémentaire sur la réserve informatique, une allocation ponctuelle de la province en cours d’exercice et un soutien d’urgence de la Ville d’Ottawa.

Si ces mesures permettent de stabiliser le budget de 2026 à court terme, elles ne constituent toutefois pas des solutions durables. La province a la possibilité de renforcer la durabilité à long terme en actualisant sa formule de financement afin de remédier au déficit structurel.

Le ministère de la Santé affirme avoir augmenté le financement de Santé publique Ottawa de près de 27 % depuis 2018. Comment évaluez-vous ces augmentations par rapport aux besoins réels actuels? 

Alors que le ministère de la Santé souligne une augmentation de 27 % du financement de SPO depuis 2018, ce chiffre ne reflète pas toute la réalité. Un examen plus approfondi des calendriers de financement de la province montre que cette augmentation résulte en grande partie d’une restructuration et non de nouveaux investissements.

En 2018, environ 7 M $ ont été consacrés à des programmes financés à 100 % par la province. Depuis lors, la plupart de ces programmes ont été transférés vers le modèle de « partage des coûts », ce qui signifie que la Ville d’Ottawa est désormais responsable de couvrir 25 % de leurs coûts. Ce transfert donne l’impression d’une augmentation du financement provincial, mais dans la pratique, il transfère une plus grande partie du fardeau financier à la municipalité.

Si l’on exclut les changements comptables et les nouveaux programmes ajoutés après 2018, l’augmentation réelle des contributions provinciales à SPO est plus près de 3,8 % sur sept ans, et si l’on tient compte de la part municipale des programmes transférés, le soutien provincial a en fait diminué.

En août 2023, le ministère de la Santé de l’Ontario a annoncé une stratégie en trois volets visant à renforcer les capacités et la durabilité du système de santé publique. Cette stratégie comprend la mise à jour des normes, la fusion volontaire des agences de santé locales et l’augmentation progressive du financement, avec une révision prévue de la formule de financement en 2025-2026.

Vous attendiez-vous à ce que cet examen du financement règle déjà une partie du problème?

SPO prévoyait que l’examen du financement permettrait de combler son déficit chronique, mais la province n’a donné aucune indication quant au moment prévu ni aux résultats attendus.

SPO prépare son budget pour 2026 en mettant l’accent sur le maintien de son effectif actuel, l’équivalent de 511,11 postes à temps plein, et sur la prestation de services essentiels conformes aux priorités stratégiques. Aucune extension majeure des services n’est prévue sans obtenir de financement supplémentaire.

Au cours des 14 dernières années, SPO a connu une augmentation considérable de la demande de services, due à l’augmentation du fardeau des maladies infectieuses influencée par la croissance démographique, les voyages et l’immigration, l’inflation et les changements climatiques. Malgré cela, les effectifs de SPO n’ont augmenté que de six postes équivalents temps plein (ETP) au cours de cette période (soit une augmentation de 1 %), malgré une croissance démographique cumulative d’environ 19 % à Ottawa.

SPO continue de s’adapter et de trouver des moyens novateurs pour maintenir la prestation de services malgré des ressources insuffisantes. Le manque chronique de ressources a limité la capacité de SPO à se conformer pleinement aux normes provinciales en matière de santé publique. Les pressions visant à maintenir le niveau attendu des services en matière d’inspections de salubrité alimentaire, de promotion de la santé, de croissance et de développement sains et de lutte contre les maladies infectieuses se sont intensifiées. Les fonds disponibles n’ont pas suivi le rythme de l’augmentation des coûts de prestation des services. Bien que SPO continue de rechercher des gains d’efficacité, elle demeure préoccupée par le risque de non-conformité aux normes provinciales et par le risque de ne pas pouvoir répondre à la demande de services.

Mohammad Kibria insiste sur la nécessité d’une nouvelle formule de financement pour assurer la pérennité des services de santé publique. Crédit photo : Darren Brown

Quel est l’impact de ce déficit sur les services de santé publique à Ottawa? 

Chaque année, SPO doit faire face à des contraintes budgétaires récurrentes simplement pour maintenir ses programmes et ses activités existants. Ces pressions découlent d’un déséquilibre structurel entre la hausse des coûts d’exploitation et la croissance limitée du financement provincial.

Les principaux conducteurs de coûts comprennent l’indexation sur le coût de la vie, qui varie généralement entre 2,5 % et 3,5 %, et une augmentation d’environ 6 % des coûts liés aux avantages sociaux des employés. En revanche, l’augmentation annuelle du budget de base à frais partagés de SPO par la province est demeurée autour de 1 % depuis 2024.

L’augmentation de 1 % ne s’applique pas aux programmes entièrement financés par la province, tels que le Programme ontarien de soins dentaires pour les aînés, le Programme Bébés en santé, enfants en santé et le Programme de santé publique autochtone, qui ne bénéficient d’aucune augmentation annuelle de la part de la province, ce qui crée un déficit de financement persistant et croissant.

Ottawa est officiellement bilingue. Quelle est la situation actuelle en matière d’offre active de services en français au sein de SPO?

SPO met en œuvre l’offre active de l’ensemble des services de santé publique en français.  SPO rend cela possible grâce à une surveillance continue et au renforcement des capacités nécessaires, telles que la formation obligatoire, le recrutement de personnel bilingue, les communications bilingues, ainsi que l’éducation à la santé publique, la prestation directe de services et l’engagement.

Notre engagement à offrir activement des services en français découle de l’engagement du leadership de SPO, de la politique de bilinguisme de la Ville d’Ottawa et des lignes directrices provinciales. SPO joue également un rôle de premier plan dans le renforcement des capacités linguistiques en français au sein des bureaux de santé publique de la région. 

SPO dirige, en collaboration avec le Bureau de santé de l’Est de l’Ontario, une communauté de pratique provinciale qui se consacre à la mobilisation des connaissances et des outils pour soutenir la planification des services en français.

Au cours des dernières années, SPO a mis en œuvre des approches novatrices afin de mieux servir les populations francophones prioritaires à Ottawa. Parmi celles-ci figure l’initiative des centres de santé et de bien-être de quartier, qui offre aux résidents des quartiers à revenus faibles un accès à obstacles réduits à des services sociaux et de santé publique essentiels.

Le financement insuffisant touche-t-il particulièrement certains programmes destinés à la communauté francophone? 

Le manque de financement affecte l’ensemble de nos activités, y compris notre capacité à répondre aux besoins émergents résultant de la croissance démographique et des nouvelles complexités liées aux pressions socio-économiques et environnementales.

Quelles mesures spécifiques recommandez-vous pour assurer un financement stable des services en français?

Ottawa abrite la plus grande population francophone de l’Ontario, et ce nombre a augmenté ces dernières années, accéléré par l’immigration croissante de francophones dans la ville.  Comme indiqué, SPO recommande que le financement des services en français suive le rythme de la croissance démographique et de la demande croissante due aux pressions socio-économiques et environnementales. »



Immigrants et aînés plus susceptibles de recevoir des soins hospitaliers en français en Ontario

ONTARIO – Les immigrants récents et les adultes de 65 ans et plus affichent des probabilités plus élevées de recevoir des soins hospitaliers en français en Ontario, selon les données récentes de Statistique Canada. L’étude montre que ces différences sont étroitement liées à la proximité des hôpitaux désignés pour offrir des services en français et à certaines caractéristiques sociodémographiques.

L’étude publiée jeudi et intitulée Enquête sur la population de langue officielle en situation minoritaire (EPLOSM) repose sur des données recueillies en 2022 auprès des adultes vivant au Nouveau-Brunswick, au Québec et en Ontario. 

On y apprend qu’en Ontario, les adultes de langue française immigrants récents (2017-2021) avaient une probabilité prédite de 32 % de recevoir des soins hospitaliers en français, contre 24 % pour les non-immigrants.  Les immigrants établis (avant 2016) présentaient, eux, une probabilité de 18 %. 

L’âge constitue un autre facteur déterminant. Les adultes de 65 ans et plus avaient une probabilité prédite de 30 % de recevoir des soins en français, soit 12 points de pourcentage de plus que les 18-64 ans (18 %).  L’étude ne précise pas les raisons expliquant ces phénomènes mais Estelle Ethier, cheffe de direction de l’Institut du Savoir Montfort, imagine plusieurs pistes pour les interpréter.

« Ce qu’on observe, c’est que certains francophones récemment immigrés viennent de pays francophones et ne maîtrisent pas bien l’anglais, ce qui peut les amener à demander davantage les services en français », explique-t-elle.

Par ailleurs, l’aisance à demander des soins en français renforce ces tendances : « les personnes qui se sentaient à l’aise de demander des services dans la langue officielle de leur choix étaient quatre fois plus susceptibles de recevoir des soins dans cette langue (44 %) que celles qui ne l’étaient pas (11 %) », précise l’auteur.

La connaissance des lois encadrant les services de soins de santé dans la langue officielle minoritaire jouait également un rôle important en Ontario, où 38 % des adultes de langue française connaissant ces lois avaient reçu des soins dans leur langue, comparativement à 19 % de ceux qui ne les connaissaient pas.

« Peut-être que nos Franco-Ontariens qui sont ici depuis plus longtemps demandent moins souvent, car ils ont appris l’anglais pour fonctionner dans leur environnement », lance aussi Mme Ethier.

Proximité d’un hôpital désigné

La distance par rapport à un hôpital désigné joue un rôle clé.

« En Ontario, par exemple, les adultes de langue française dont l’hôpital le plus proche était un hôpital désigné pour fournir des services dans la langue officielle minoritaire présentaient une probabilité prédite de 34 % de recevoir des soins dans leur langue, comparativement à 16 % de ceux vivant plus près d’hôpitaux non désignés », indique le rapport.

De manière similaire, ceux résidant dans des régions à plus forte concentration de locuteurs de langue française affichaient une probabilité prédite de 32 % de recevoir des soins dans leur langue, soit près du double de celle observée chez les personnes vivant dans des régions à plus faible concentration de locuteurs de langue française (17 %).

La proximité influence également l’accès : pour les adultes vivant à moins de 2,5 km d’un hôpital de langue minoritaire, la probabilité de recevoir des soins en français était de 27 %, contre 24 % pour ceux résidant entre 2,5 km et 15 km, et 21 % pour les personnes habitant à 15 km ou plus.

« Ce qui m’inquiète le plus, c’est le faible nombre de personnes qui ont réellement accès à des services de santé en français en Ontario », affirme Estelle Ethier.

Bien que 27 zones couvrant 80 % des Franco-Ontariens soient désignées en vertu de la Loi sur les services en français, seule une vingtaine d’hôpitaux sur plus de 140 détiennent cette désignation. « On va avoir des villes avec une grande population de francophones, mais les hôpitaux n’ont pas d’obligation à offrir des services en français », déplore-t-elle.

Une tendance nationale

À l’échelle du Canada, l’accès aux soins en concordance linguistique reste limité pour la population de langue officielle en situation minoritaire (PLOSM). 

Environ la moitié des patients de langue officielle en situation minoritaire ont reçu des soins dans leur langue, à l’échelle du pays. La proportion atteint près de 80 % au Nouveau‑Brunswick, 57 % au Québec pour les anglophones et un tiers en Ontario pour les francophones.

En 2022, 78 % des Canadiens jugeaient important de recevoir des soins de santé dans la langue officielle de leur choix, avec des variations selon les régions : 91 % des anglophones du Québec considéraient essentiel de recevoir des soins en anglais, contre 65 % des francophones vivant hors Québec. 

Concernant les autres variables, l’étude montre qu’au Nouveau‑Brunswick, les immigrants de langue française sont presque deux fois plus susceptibles que les non-immigrants de recevoir des soins en concordance linguistique, avec une probabilité de 78 % contre 42 %.

En outre, 68 % des aînés francophones au Nouveau-Brunswick et 61 % des anglophones au Québec reçoivent des soins dans leur langue minoritaire, comparativement à 55 % et 49 % chez les adultes plus jeunes.

Mme Ethier souligne l’importance de poursuivre la recherche afin d’éclairer ces résultats. « Je pense que les données nous disent qu’on ne sait pas pourquoi, et qu’il faut donc continuer à investiguer cette variable », indique-t-elle.

« Ces résultats suggèrent que l’amélioration de l’accès à des soins en concordance linguistique nécessite une approche multidimensionnelle allant au-delà de la seule question de la proximité », conclut l’étude.

La Fête de la culture de l’Ontario s’ouvre avec des dialogues entre artistes francophones et visiteurs

Cette année, avec un lancement à Thunder Bay, le festival veut favoriser l’engagement du public et des communautés envers les arts, la culture et le patrimoine ontarien. « On a énormément de variétés et de diversité des cultures, et ça inclut évidemment toute la culture franco-ontarienne », affirme Isabelle de Bruyne, qui siège dans le conseil d’administration du festival.

Une courtepointe à colorier à Sault-Sainte-Marie

Dès la semaine prochaine, les amateurs d’art pourront se joindre à Isa Michaud, artiste visuelle multidisciplinaire du Nord de l’Ontario, pour réaliser une courtepointe s’étalant sur une surface de huit mètres sur deux. « Je pense que ça va plaire à tout le monde. Ça va être participatif. J’ai toujours une approche où les gens peuvent participer à l’art d’une manière accessible sans que ça fasse peur ou que ça intimide », explique la peintre, dessinatrice et vidéaste.

« Tout le monde va pouvoir colorier et dessiner », assure-t-elle.

En tant qu’artiste à Sault-Sainte-Marie, la Fête de la culture de l’Ontario offre à Isa l’une de ses seules opportunités de partager ses travaux. Photo : Gracieuseté Isa Michaud 

La courtepointe, assemblée avec des draps recyclés, contient quatre grandes peintures réalisées avec des matériaux à base de plantes tels que le charbon de bois, le curcuma et l’encre acrylique sur toile de coton. Photo : Gracieuseté Isa Michaud

La courtepointe, assemblée avec des draps recyclés, contient quatre grandes peintures réalisées avec des matériaux à base de plantes tels que le charbon de bois, le curcuma et l’encre acrylique sur toile de coton. Photo : Gracieuseté Isa Michaud

La courtepointe, assemblée avec des draps recyclés, contient quatre grandes peintures réalisées avec des matériaux à base de plantes tels que le charbon de bois, le curcuma et l’encre acrylique sur toile de coton. Photo : Gracieuseté Isa Michaud

D’après elle, il n’y a pas autant d’opportunités pour les artistes francophones de faire des expositions en français dans le Nord de l’Ontario. Photo : Gracieuseté Isa Michaud.

L’artiste précise que sur la grande courtepointe sont inscrites de petites notes en français. « À la Fête de la culture de l’Ontario, on essaie de partager des parties de notre culture. Pour moi, c’est le français. » Cette dernière encourage sans relâche l’amélioration de la présence francophone au sein de l’événement. « Je lutte pour ça depuis très longtemps. J’ai même enseigné le français à la coordonnatrice du festival à Sault-Sainte-Marie, parce que je veux que ça s’améliore. »

Exposition d’art Le Pied Carré à Plantagenet

Non loin de la capitale canadienne, à Plantagenet, l’exposition Le Pied Carré au sein de la Ferme Mariposa rassemble les œuvres de 32 artistes locaux, dont 20 francophones, venant de coins tels que de Hammond, Hudson et Cornwall. À l’occasion du festival, Suzanne Lavoie, qui dirige la ferme, a décidé avec son mari de mettre en lumière une trentaine d’artistes locaux et régionaux. « Ce sont plus de 150 œuvres d’art qui seront exposées », raconte Mme Lavoie.

Originaire de la région de Kapuskasing, elle consacre une partie de son temps à mettre en contact les amateurs d’art et le grand public. « Nous avons 200 visiteurs tous les weekends », s’enchante-t-elle.

Veronika McKerrel, de Rockland, Ontario,  travaille avec des huiles, des acryliques, des médiums secs et de la gravure en superposant souvent des matériaux pour créer de la profondeur et de l’énergie. Photo : Gracieuseté Suzanne Lavoie

L’exposition rassemble plus de 150 œuvres d’artistes locaux francophones et anglophones. Photo : Gracieuseté Suzanne Lavoie

Alex Dufour, de Hammond, Ontario, a utilisé la devanture de cinq restaurants à Ottawa pour en faire des peintures. Photo : Gracieuseté Suzanne Lavoie

« On est très choyés. J’ai des artistes ici qui vendent leurs œuvres à un maximum de 400 $ au lieu 1500 $ en temps normal », remarque-t-elle. L’exposition est ouverte tous les weekend, tout le long du festival.

Parallèles – Forces féminines éclipsées à Cambridge

Originaire de Sudbury, Alix Voz dirige une exposition liant trois artistes féminines canadiennes et francophones maniant le textile et les pinceaux. À partir de début octobre, le public pourra contempler des œuvres explorant la mémoire collective à travers des techniques de tissage de vêtements traditionnels autochtones.

Celle qui siège au sein du Bureau des regroupements des artistes visuels de l’Ontario (BRAVO) martèle son engagement en affirmant « renforcer ce besoin de vraiment être la relève francophone. »

Antonietta Grassi, Caroline Monnet et Carolina Reis sont les trois artistes à l’honneur de l’exposition. « Je les ai mises à trois ensemble pour raconter une histoire très intéressante de ce qui se passe dans le monde artistique contemporain en Ontario français », détaille Alix Voz.

Cette création d’Antonietta Grassi montre des compositions superposées évoquant surfaces tissées, circuits imprimés et machines devenues obsolètes. Photo : Gracieuseté Alix Voz

Le textile constitue la principale discipline artistique d’Antonietta Grassi (à gauche), de Caroline Monnet (au milieu) et de Carolina Reis (à droite). Photos : Gracieuseté Alix Voz

Exposition « Echoes » de Caroline Monnet. Photo : Gracieuseté Alix Voz

Exposition « Ne tenir qu’à des fils » de Carolina Reis. Photo : Gracieuseté Alix Voz

« C’est vraiment une exposition qui survient à un moment important, parce qu’on a une artiste autochtone et ça tombe pendant le temps de réconciliation. Donc, je pense que c’est aussi un moment politique important de faire la réflexion du dépourvoir féminin et que les histoires peut-être sont un peu plus éclipsées », poursuit-t-elle.

« C’était important de continuer l’histoire de l’importance de l’art en français, en Ontario spécifiquement. Quand je travaille sur mes projets comme commissaire d’exposition, j’essaie de mettre l’accent sur les artistes francophones, car ils n’ont pas d’histoires souvent mises en avant en Ontario, où c’est majoritairement anglophone », conclut la directrice.

L’art et la science avec l’Alliance Française de Toronto

D’ici deux semaines, au sein de la galerie de l’Alliance Française (AF) de Toronto, 20 sculptures qui explorent le lien entre art et science seront exposées. S’en suivra une discussion ouverte entre le public et le sculpteur et ancien chercheur scientifique Sylvain Baruchel.

Il s’agit de la première participation de l’AF au festival. La directrice culturelle de l’AF, Cynthia-Laure Etom, annonce que « nous avons vu l’information passer et il a été important pour nous d’y participer pour répondre à cette mission de rayonnement de la culture et de la langue. »

L’exposition se déroulera le 20 sep au 18 octobre à l’Alliance Française au 24 Spadina Road. Photo : Archives ONFR

Les sculptures de Sylvain Baruchel explorent le croisement entre art et science. Photo : Gracieuseté Cynthia-Laure Etom

Les sculptures de Sylvain Baruchel explorent le croisement entre art et science. Photo : Gracieuseté Cynthia-Laure Etom

D’après la directrice culturelle, la mission de l’AF continue de soutenir l’expression artistique francophone locale torontoise afin d’entretenir ce carrefour culturel « entre les francophones, francophiles et franco-curieux », rappelle Mme Etom.

Cette exposition en lance la saison des expositions à l’AF Toronto qui commence demain. Pour elle, proposer des expositions en français permet de favoriser des échanges autour de la langue, la culture et à terme de renforcer la présence francophone.

Culture et accessibilité

En tant que membre du conseil d’administration du festival, Isabelle de Bruyne continue de « chercher au-delà du réseau culturel et artistique d’autres organismes francophones qui pourraient être intéressés à promouvoir les activités. » Par ailleurs, de nombreuses initiatives de la part de l’organisme comme la confection de guides culturels de l’Ontario dans les deux langues s’inscrivent dans un effort d’inclusion de la scène artistique franco-ontarienne.

Le French Fest de Sudbury fête ses 10 ans et le 50e du drapeau franco-ontarien

SUDBURY – Le French Fest de Sudbury fête ses 10 ans et offrira, ce samedi, un avant-goût des célébrations du 50e anniversaire du drapeau franco-ontarien. Cette édition met en valeur la diversité culturelle de la communauté et propose plusieurs activités inédites, dont des expériences culinaires et des rassemblements autour du feu.

Il y a dix ans, le premier French Fest accueillait le public sur un stationnement devenu, quelques années plus tard, la Place des Arts. Cette année, le rendez-vous culturel francophone incontournable de Sudbury se tiendra au cœur du quartier le plus animé du centre-ville et fera écho au 50e anniversaire du drapeau franco-ontarien, créé à proximité, à l’Université de Sudbury.

Le French Fest 2015 était la première édition d’un festival gratuit célébrant la culture franco-canadienne à Sudbury, en Ontario, en l’honneur du 400e anniversaire de la présence française en Ontario. Gracieuseté de La Slague

Pour souligner ces célébrations, le festival présentera la pièce Mourir de trop gueuler, de la troupe d’Ottawa Créations In Vivo, en co-diffusion avec le Théâtre du Nouvel-Ontario. « La pièce parle de la réalité d’une communauté linguistique minoritaire et pose la question de ce que nous avons fait et allons faire pour assurer la vitalité de la langue pour les 50 prochaines années », explique Joëlle Villeneuve, gestionnaire de la Slague.

La pièce sera ensuite proposée dans les écoles du Conseil scolaire du Grand Nord, avant d’être reprise le 26 septembre au Lounge 390 dans le cadre d’un « after party » des célébrations du drapeau.

Des artistes costumés – les bouffons – participeront d’ailleurs au tintamarre du 25 septembre qui ira de l’Université Laurentienne à l’Université de Sudbury. Photo : gracieuseté de Contact ontarois

« C’est une bonne manière pour nous de sortir un peu de la Place des Arts et des lieux de théâtre habituels, de saluer le fait que le drapeau est de chez nous et de fêter le 50e en soirée », précise-t-elle.

Djely Tapa et les Bilinguish Boys

Le French Fest souhaite aussi souligner ses racines à l’occasion de son 10e anniversaire. La date du festival avait été pensée, originellement, pour accueillir les nouveaux étudiants.

Depuis, l’événement a élargi sa portée et sa mission selon la responsable : « Le French Fest vise non seulement à accueillir les nouveaux membres de la communauté, notamment les étudiants postsecondaires, mais aussi à reconnaître la diversité. » Une thématique qui se reflète dans la programmation musicale.

« Cette bilingualité à Sudbury n’est pas un problème, bien au contraire , c’est un véritable atout pour notre communauté »
— Joëlle Villeneuve

« Djely Tapa, c’est une artiste, maintenant québécoise, mais à l’origine malienne, qui est aussi une griotte. La tradition griotte et griots au Mali, c’est des porteurs de culture. C’est vraiment une personne qui représente la vitalité de la culture dans les communautés. »

Mme Villeneuve rappelle que l’artiste a déjà présenté un spectacle à Sudbury qui avait connu du succès auprès du public lors du Cabaret africain de l’année dernière.

Djely Tapa est une artiste d’origine malienne basée à Montréal, au Québec. Photo : gracieuseté de La Slague

Le festival met aussi à l’honneur des artistes locaux, les Bilinguish Boys, un trio composé de Stef Paquette, Dayv Poulin et Édouard Landry.

« Ils se réunissent sur scène pour un spectacle qui fait rire et qui reflète notre identité Bilinguish : autant francophones qu’anglophiles, tout comme nos anglophones sont souvent francophiles. Cette bilingualité à Sudbury n’est pas un problème, bien au contraire, c’est un véritable atout pour notre communauté. »

Stef Paquette animera également le tournoi de cornhole – ou jeu de poches – une activité communautaire qui accompagne leur performance. « Voir Steph dans ce rôle, juste avant qu’il monte sur scène, ça montre encore une fois la diversité de notre communauté et de nos artistes », explique Mme Villeneuve.

Des nouveautés culinaires

Cette édition propose plusieurs nouveautés, notamment un cercle culinaire inspiré des traditions de plusieurs régions du monde et du succès de cette activité à la dernière Nuit émergente. « À la Slague, on aime tester de nouvelles idées et intégrer des éléments innovants à la programmation pour refléter l’évolution de notre communauté », explique Mme Villeneuve.

Il y aura des dégustations de maïs et de patates rôties en journée, et un bar de dessert de soirée proposant de griller des s’mores, du pain bannique ou encore des plantains flambés.

Alexandre Matte, conteur Sudburois, lors d’une précédente activité de La Slague. Gracieuseté de la Slague

« Transmettre une culture passe souvent par la nourriture, notamment lors de rassemblements autour des repas », confie-t-elle, en précisant que cette approche a été renforcée par un comité d’écoute de gens issus d’immigration local, avec lequel le French Fest collabore, qui a insisté sur l’importance de partager des plats d’une communauté à l’autre.

Le festival met en avant les traditions partagées autour du feu : « On va avoir des feux sécuritaires où l’on pourra griller des légumes du terroir, du pain bannique à la manière autochtone, ou encore des produits adaptés selon différentes cultures, comme le maïs avec du beurre ici, des arachides rôties au Cameroun, ou du blé d’inde avec du citron vert et de la cayenne au Mexique. »

La soirée se terminera par un cercle de traditions orales et de chansons à répondre. « Les chansons à répondre font partie des traditions orales partout dans le monde. Les partager autour d’un feu de camp permet de souhaiter la bienvenue et de célébrer ensemble la diversité de chacun. »

Joëlle Villeneuve est gestionnaire de La Slague depuis 2024. Photo : gracieuseté de La Slague

D’autres activités pour la famille

Pour la première fois, le festival, dont l’emplacement change chaque année, se déroule sur la rue Durham, devant le nouvel espace Réfectorio, mis à disposition par le Yes Theatre.

« C’est un espace qui représente aussi les festivals. Il y avait un trou entre trois logements de cette rue qui aurait pu devenir un bâtiment ou un stationnement, et le Yes Theatre l’a réimaginé pour en faire une scène extérieure », explique Mme Villeneuve. Le lieu permet de se rassembler sous les étoiles et met en valeur l’architecture historique de la rue.

D’autres activités sont maintenues, comme la foire familiale avec ateliers créatifs animés par Nicolas Dupuis et le petit marché d’artisans de la région, qui permet aux créateurs locaux de présenter leur savoir-faire. Les auditions de Par ici le talent auront également lieu en journée et en marge du festival, à la grande salle de la Place des Arts.

Le French Fest se veut inclusif et une vitrine pour la culture locale. Photo : Gracieuseté de La Slague

Le marché artisanal, lui, fait partie des activités traditionnelles, mais prend cette année une forme renouvelée. « Il y a beaucoup d’artisans issus d’immigration qui créent des objets porteurs de culture, et cela fait aussi grandement partie de la culture autochtone. Offrir un espace pour vendre et partager leurs œuvres complète bien les thèmes de la journée et les autres activités prévues », précise Mme Villeneuve.

En outre, la ville de Sudbury a lancé une initiative permettant aux participants des événements organisés par des organismes à but non lucratif, dont le Carrefour francophone, d’utiliser le transport en commun gratuitement. Ainsi, les personnes se rendant au French Fest n’ont qu’à présenter leur intention de participer pour monter à bord sans frais.

Concernant la participation, Mme Villeneuve souligne que l’événement est gratuit et attire généralement plusieurs centaines de personnes. « Quand il fait beau, comme ce sera le cas ce samedi, les familles sortent et il y a de grandes chances que ce soit nombreux », espère-t-elle.

Lever du drapeau franco-ontarien : la municipalité de Greenstone encore boycottée

GREENSTONE — Un an après le boycott du lever de drapeau franco-ontarien, le scénario se répète à Greenstone. Pour le 50ᵉ anniversaire du drapeau, la Ville procédera seule à la cérémonie, lundi, sans la participation de la communauté francophone locale.

L’Association des francophones du Nord-Ouest de l’Ontario (AFNOO) confirme avoir demandé à la municipalité de hisser le drapeau, comme le veut la procédure annuelle, mais sans présence de la communauté. 

« La communauté préfère célébrer avec les organismes francophones et les écoles plutôt qu’à la municipalité, considérant l’affront non restitué », explique l’organisme par courriel.

Les élèves des écoles St-Joseph, Notre-Dame-de-Fatima et Château-Jeunesse se retrouveront devant l’École Notre-Dame-de-Fatima à Longlac pour leur propre cérémonie, prévue à 10 h le 25 septembre.

L’AFNOO distingue entre un lever « municipal », qui implique la participation citoyenne et un discours, et un lever « symbolique » réalisé par le personnel de l’hôtel de ville sans public. C’est ce deuxième scénario qui se déroulera à Greenstone cette année.

De son côté, le maire de cette ville comptant près de 20 % de francophones, James McPherson dit respecter cette décision. « Tout le monde a le droit de participer ou de ne pas participer, et la communauté a choisi de ne pas le faire. Nous respectons ce droit », a-t-il déclaré en entrevue avec ONFR.

Des levers symboliques auront également lieu à Atikokan, Fort Frances et Nipigon.

Une proclamation adoptée

À la demande de l’AFNOO, le conseil municipal a adopté cet été une proclamation désignant le 25 septembre comme le Jour des Franco-Ontariens à Greenstone. « Nous avons été heureux d’accepter et de l’afficher sur notre site web », indique le maire James McPherson. Le texte, soumis par l’organisme francophone, a été voté à l’unanimité par le conseil.

La Ville maintient sa politique adoptée en 2023, selon laquelle tous les drapeaux communautaires, qu’ils soient autochtones, culturels ou francophones, sont hissés pour une durée d’une semaine. Pour maximiser le temps d’exposition, le drapeau franco-ontarien sera levé dès ce lundi et flottera toute la semaine, fait savoir l’élu.

« Ce n’était peut-être pas la solution idéale pour tous, mais c’était une solution équitable pour tous », affirme-t-il, ajoutant que la position de la Ville ne changera pas.

Comme l’an dernier, le discours officiel lors du lever de drapeau sera prononcé uniquement en anglais. « Greenstone est une communauté anglophone du point de vue gouvernemental, et ni moi ni le maire suppléant ne parlons français », explique le maire de cette ville de 5000 habitants située au nord du lac Supérieur.

Interrogé sur la possibilité d’intégrer le français à l’occasion du 50ᵉ anniversaire du drapeau, il répond que la pratique ne changera pas cette année.

Dialogue rompu

En 2024, la communauté francophone avait décidé de ne pas se présenter à la cérémonie officielle organisée devant l’hôtel de ville de Geraldton, en guise de protestation.

Plus d’une centaine de drapeaux franco-ontariens avient alors été déployés dans toute la municipalité qui comprend, entre autres, les communautés de Geraldton, de Longlac, de Nakina et de Beardmore grâce à des dons de particuliers et d’organisations.

Depuis l’an dernier, le contact est resté limité entre la municipalité et l’organisme. « C’était une discussion difficile à l’époque et, honnêtement, je n’ai pas eu de nouvelles depuis », admet le maire.

Quant au comité annoncé l’an dernier pour explorer des façons de mettre en valeur la communauté francophone, le dossier est demeuré lettre morte. 

« Bonne question. Je n’ai pas entendu parler de recommandations à ce sujet », reconnaît M. McPherson.

La Ville avait justifié le retrait du drapeau en expliquant que sa politique visait à traiter tous les groupes communautaires de façon égale et à soutenir les efforts de réconciliation avec les six Premières Nations de la région.

En août dernier, le conseil municipal avait notamment approuvé une initiative visant à renommer la rue Indian en rue Nishnabe Miikena, en conformité avec le plan d’action de réconciliation de la municipalité, qui entrera en vigueur le 1ᵉʳ octobre.

Des centaines de nouvelles places en formation d’enseignants de langue française d’ici 2027

Lors de la rentrée universitaire, 2600 nouvelles places en programmes d’enseignement ont été ouvertes, grâce à un investissement de 55,8 millions de dollars du ministère des Collèges et Universités de l’Ontario. 13 établissements postsecondaires sont concernés, mais qu’en est-il de la part des francophones avec seulement deux d’entre eux qui en sont bénéficiaires?

En juin dernier, le ministre des Collèges et Universités Nolan Quinn annonçait l’expansion des programmes d’éducation et l’ouverture de nouvelles places grâce à un financement de 55,8 millions de dollars répartis sur 13 établissements postsecondaires.

« Cet investissement permettra de former jusqu’à 2600 nouveaux enseignants d’ici 2027, de manière à constituer une main-d’œuvre solide d’enseignants de langues française et anglaise », disait le communiqué, avec « en priorité (…) des programmes accélérés et l’éducation en français et en technologie, ainsi que de places dans les régions nordiques, rurales, autochtones et éloignées. »

Sur les 13 établissements ontariens ayant reçu un financement, 11 sont anglophones, les deux seuls francophones bénéficiaires étant l’Université Laurentienne et l’Université d’Ottawa.

Selon une porte-parole du ministère, pour le baccalauréat en éducation de langue française, 250 places ont été allouées à la formation d’enseignants de français et 413 places ont été pourvues pour la formation d’enseignants de français langue seconde (FLS).

Les places en FLS seront réparties entre plusieurs universités anglophones, soit : Wilfrid Laurier University, Nipissing University, Trent University, Western University, University of Toronto et York University.

Le financement et l’attribution sont toujours en cours de finalisation, selon le ministère, le montant ne nous a donc pas été communiqué.

En définitive, sur les 2600 nouvelles places en éducation, 663 places, soit un quart, seront dédiées à l’enseignement en français.

220 nouvelles places pour l’Université d’Ottawa

Parmi les deux institutions francophones, l’Université d’Ottawa tire son épingle du jeu avec l’attribution de 220 nouvelles places, pour un financement total de 3,86 millions de dollars, a appris ONFR.

Claire Isabelle, vice-doyenne aux programmes de permier cycle à la Faculté d’éducation de l’Université d’Ottawa, accueillant l’annonce gouvernementale avec enthousiasme, avait déclaré qu’il s’agissait « d’un objectif ambitieux mais essentiel, auquel nous contribuons activement. »

Afin d’accueillir plus d’étudiants dès cette rentrée de septembre 2025, la Faculté d’éducation a mis en place un campus virtuel pour le cycle moyen/intermédiaire. « Cela permet d’augmenter rapidement notre capacité d’accueil. »

« Pour intégrer les nouveaux étudiants, la Faculté vise à embaucher de nouveaux membres du corps professoral pour enseigner les sections additionnelles des cours offerts à l’automne. Conscients de l’ampleur de la pénurie, les membres du corps professoral se mobilisent pour offrir des solutions concrètes, tout en maintenant un haut niveau d’excellence et d’innovation pédagogique », a ajouté la vice-doyenne.

Celle-ci a également précisé que le financement accordé soutenait « la promotion de nos programmes en enseignement francophone, une priorité stratégique pour répondre à la pénurie de personnel enseignant dans les écoles de langue française en Ontario ».

30 nouvelles places pour La Laurentienne

L’Université Laurentienne s’est vue doter de 30 places supplémentaires au baccalauréat en éducation « réservées exclusivement aux étudiants francophones », précise une porte-parole dans les médias.

L’investissement total reçu représente un peu moins de 750 000 $ sur deux ans, avec pour objectif de financer les étudiants inscrits depuis l’année précédente, en plus des 30 nouveaux étudiants francophones.

Un total de 360 000 $ permet de soutenir la création de la nouvelle cohorte supplémentaire, soit un peu plus de 6 000 $ par étudiant, par année.

« Nous croyons que cette mesure constitue une étape efficace vers l’objectif déclaré du gouvernement d’augmenter de 2 600 le nombre de nouveaux membres du personnel enseignant en Ontario d’ici 2027, a déclaré Jennifer Scott, la doyenne de la Faculté d’éducation et de santé de l’Université Laurentienne. »

« Cet investissement est surtout pertinent pour le nord de l’Ontario et notre communauté francophone, car il aidera à assurer un solide bassin de membres qualifiés du personnel enseignant qui comprennent les besoins particuliers de notre région et sa diversité linguistique et culturelle et en tiennent compte. »

Mille raisons, le nouvel album de Mélissa Ouimet disponible vendredi

OTTAWA – La Franco-Ontarienne Mélissa Ouimet a lancé son nouvel album mercredi soir avec un spectacle à la Quatrième salle du Centre national des arts (CNA). Mille raisons sera ensuite disponible dans les bacs et sur les plateformes d’écoute à compter de vendredi, le 19 septembre. ONFR s’est entretenu avec Mélissa Ouimet quelques heures avant son lancement au CNA.

« C’est sûr qu’on est toujours nerveux, lance l’autrice-compositrice-interprète au bout du fil. J’ai hâte de partager l’album avec les gens. »

Originaire de Saint-Albert, dans l’Est ontarien, Mélissa Ouimet voit ce lancement à Ottawa un peu comme un logique retour à la maison, puisque « c’est ici que tout a commencé. »

Le vidéoclip de la chanson Disco Ball a été tourné à l’École catholique de Saint-Albert, que Mélissa Ouimet a fréquentée au primaire.

Saint-Albert est bien présent dans ce nouvel album. Le vidéoclip de la chanson Disco Ball a été tourné dans le gymnase de son école primaire, alors que celui de Partis pour veiller tard prend place au terrain de baseball de la municipalité.

Selon l’artiste, la petite fille de Saint-Albert n’est pas bien loin de la femme qu’elle est aujourd’hui. « Pour ceux qui me connaissent depuis que je suis toute petite, je suis vraiment la même personne. Je n’ai pas changé. »

Un deuxième album complet

L’album éponyme de Mélissa Ouimet a été lancé en 2016 et suivi de deux EP : Amours jetables en 2018 et Sans tomber en 2022. Ce sont simplement les hasards de la vie qui ont fait que neuf ans séparent les deux albums complets.

« Je sais qu’on est beaucoup dans un monde qui valorise les extraits, mais j’ai eu le goût de me faire plaisir aussi, au travers de ça, raconte Mélissa Ouimet. J’ai envie de refaire plein de nouvelles chansons, parce que je suis rendue un peu ailleurs par rapport au premier. »

La Franco-Ontarienne s’est alliée au réalisateur Ken Presse, qui a su comprendre son univers et créer un album qui lui ressemble, selon elle. On y retrouve des vers d’oreille efficaces (Disco Ball, Can’t Control) et une puissance de voix mise en valeur.

La pochette de l’album Mille raisons de Mélissa Ouimet. Photo : Gracieuseté de Bombardier communications

Elle assure toutefois que Mille raisons n’est pas autobiographique. Ce sont les mélodies qui guident l’écriture des paroles. Les thèmes de la résilience, des épreuves à traverser et des relations qui se défont se sont imposés, parce que « c’est ce qui habillait le mieux les chansons. »

Les 10 pièces sont d’ailleurs écrites et composées en équipe avec son complice musical et conjoint Bruno Labrie, en plus de Ken Presse. Au générique, on retrouve également les noms de Luke Sheets (Partis pour veiller tard) et d’Amay Laoni (Tout va bien).

C’est la chanson Mille raisons qui donne finalement son titre à l’album, après que l’artiste ait tergiversé entre celle-ci et SOS.

« Mille raisons était vraiment plus représentatif de l’album. Dans chaque chanson, il y a une raison. Une raison de pleurer. Une raison de rire. Une raison de se révolter, d’avoir du fun… c’est un mélange de plein de trucs, cet album-là. Je me suis rendu compte qu’il y a mille raisons pour lesquelles je fais de la musique. Je raconte mes histoires, mais je raconte aussi celles des autres. »

De la résistance à la résilience

Avant de parler de résilience sur l’album Mille raisons, Mélissa Ouimet était devenue une figure du mouvement de la résistance franco-ontarienne. En 2018, elle avait recruté plusieurs autres artistes pour refaire sa chanson Personne ne pourra m’arrêter, en réponse aux coupes du gouvernement de Doug Ford. Cette nouvelle version « La résistance » est devenue un hymne rassembleur qui colle encore à l’image de l’artiste aujourd’hui.

Mélissa Ouimet lancera la tournée ontarienne Mille raisons à Orléans (Ottawa) en février 2026. Photo : Gracieuseté de Bombardier communications

« Je ne m’attendais pas à ça. Je faisais ça pour faire du bruit, pour la cause. (…) Je ne savais pas que ça allait avoir un impact aussi grand sur ma carrière. Peut-être que les gens sont encore plus au courant de qui je suis en tant qu’artiste. Je pense que ça m’a aidée à développer le marché franco-ontarien davantage. »

Si elle réside maintenant au Québec, où les choses se passent bien pour elle, elle assure que son cœur appartient toujours à l’Est ontarien.

Mélissa Ouimet visitera sa province natale avec une tournée de Noël en décembre, puis avec la tournée Mille Raisons, qui s’arrêtera un peu partout en Ontario, dans les écoles et les salles grand public, de février à mai 2026.

London, une communauté francophone accueillante entre initiatives et défis

LONDON – Il y a un peu plus d’un an, la ville de London rejoignait le cercle des Communautés francophones accueillantes (CFA) du Canada. L’initiative fédérale, portée par Immigration, Réfugiés et Citoyenneté Canada (IRCC), vise à attirer, accueillir et intégrer les nouveaux arrivants francophones en contexte minoritaire. Trois acteurs de premier plan, le Réseau en immigration francophone du Centre-Sud-Ouest, le Collège Boréal et le Carrefour des femmes du Sud-Ouest de l’Ontario, reviennent sur les retombées concrètes de cette désignation.

Pour Alain Dobi, directeur du Réseau en immigration francophone (RIF) du Centre-Sud-Ouest, l’arrivée de London dans le projet CFA était une étape naturelle.

« Le principe des communautés francophones accueillantes est simple : ce sont les communautés elles-mêmes qui définissent leurs priorités, explique-t-il. C’est un processus purement communautaire. On ne parachute pas des programmes, on travaille avec les forces locales pour bâtir un plan d’action. »

Selon lui, si London a été retenue, c’est parce que la ville présentait déjà un socle solide. « Il y avait déjà un écosystème francophone dynamique, des services d’établissement existants, et surtout une volonté municipale et communautaire d’accueillir des immigrants francophones, poursuit-il. Les autorités locales se sont montrées prêtes à collaborer avec le fédéral et la communauté pour créer un environnement plus accueillant. C’est cette combinaison qui a fait la différence. »

Des actions visibles dès la première année

Dès août 2024, plusieurs projets ont été lancés pour donner corps à la vision de la CFA. Une campagne de visibilité a d’abord permis d’afficher l’initiative dans la ville, jusque sur les autobus. Mais l’essentiel s’est joué sur le terrain. Le Carrefour communautaire francophone de London (CCFL) a commencé à offrir des cours de conversation en anglais, essentiels pour des nouveaux arrivants francophones qui doivent composer avec un environnement majoritairement anglophone.

Des ateliers d’information civique ont également été mis en place pour les initier au fonctionnement des institutions canadiennes et ontariennes, avec des visites dans les conseils municipaux, à Queen’s Park et, à terme, au Parlement d’Ottawa.

« On ne peut pas développer un sentiment d’appartenance si on ne comprend pas comment fonctionne la société dans laquelle on vit, souligne M. Dobi. Ces activités permettent aux jeunes et aux adultes de découvrir les règles du jeu et de se sentir partie prenante de leur municipalité. »

L’intégration par la langue et l’emploi

Le Collège Boréal a aussi pris une place centrale dans la mise en œuvre du projet. À London, l’établissement postsecondaire ne propose pas encore de formation complète, mais il compense par une offre de services ciblés pour les nouveaux arrivants. Pour Abdoulaye Sako, directeur du campus londonien, l’emploi reste le levier principal d’intégration.

 « Nous voulons permettre aux nouveaux arrivants de s’installer durablement, et cela passe d’abord par l’intégration socio-économique. Le travail est la clé, mais pour y accéder, il faut lever les barrières, notamment celle de la langue », insiste-t-il.

Le Collège a ainsi lancé des cours d’anglais orientés vers l’emploi, en commençant par le secteur du service à la clientèle, où la demande est forte à London.

« Nous avons formé une vingtaine de personnes dans une première cohorte. À la fin, 16 ont obtenu leur certificat et les retours étaient très positifs. Ils se sentaient plus confiants, plus à l’aise pour s’exprimer et répondre à un client en anglais. Ce n’est qu’un début, mais c’est encourageant », note M. Sako.

L’institution prépare déjà l’élargissement du programme à d’autres secteurs comme la santé et la petite enfance. En parallèle, un programme de mentorat met en contact les nouveaux arrivants avec des professionnels établis, afin de faciliter leur insertion sur le marché du travail et de leur donner des repères.

« La langue, l’éducation canadienne et l’expérience professionnelle locale sont les trois barrières majeures. Si nous les transformons en accélérateurs, alors l’intégration devient beaucoup plus rapide », ajoute le directeur régional.

Soutenir les femmes francophones

Au-delà de l’emploi et de la langue, l’un des volets les plus sensibles de la CFA concerne les femmes nouvellement arrivées. Pour Cornélie Mwenyi Mbaya, directrice générale du Carrefour des femmes du Sud-Ouest de l’Ontario, les besoins sont urgents et multiples.

« Le premier besoin est l’autonomie, affirme-t-elle. Cela commence par le logement, surtout pour les femmes qui veulent quitter un milieu de violence. Mais avec la crise du logement, trouver un toit est très difficile. »

L’organisme accompagne ces femmes à travers du counseling individuel et de groupe, des activités favorisant l’estime de soi et des services d’accompagnement vers les institutions policières, juridiques ou médicales.

 « Nous travaillons en collaboration avec nos partenaires francophones et anglophones. Dépendamment des besoins que nous ne pouvons pas combler, les femmes sont référées auprès d’e nos partenaires d’eux. Il arrive que certaines femmes soient envoyées à la maison d’hébergement francophone pour femmes à Toronto par exemple, si celles-ci sont d’accord pour déménager », explique-t-elle.

Dans le cadre de la CFA, le Carrefour a organisé une session d’information sur l’entrepreneuriat féminin, en partenariat avec la Société économique de l’Ontario. Mais Mme Mwenyi Mbaya reste lucide : « Beaucoup de femmes voudraient lancer leur propre entreprise, mais l’accès au financement demeure un obstacle majeur. Malgré cela, leur participation à nos activités renforce leur estime d’elles-mêmes et leur donne le courage de se projeter dans l’avenir. »

Des défis persistants

Le bilan après une année et demi demeure positif, mais les défis restent considérables. Pour Alain Dobi, la barrière linguistique reste la plus lourde à surmonter.

« Même si l’on peut vivre et travailler en français, il faut un minimum d’anglais pour s’intégrer pleinement, surtout dans un milieu majoritairement anglophone », insiste-t-il.

La reconnaissance des diplômes étrangers constitue un autre frein, obligeant nombre de nouveaux arrivants à accepter des emplois en deçà de leurs qualifications.

Abdoulaye Sako abonde dans le même sens : « Le bassin d’emplois francophones à London est limité. On trouve des postes dans l’éducation, dans certains services communautaires ou de santé, mais il faut aussi inciter les employeurs anglophones à donner leur chance aux francophones, même si leur anglais n’est pas parfait. »

Selon Cornélie Mwenyi Mbaya, la pénurie de logements sécuritaires et abordables est une urgence qui dépasse le cadre de la francophonie, mais qui frappe de plein fouet les femmes vulnérables.

Un avenir à construire

Malgré les embûches, l’enthousiasme reste intact chez les trois acteurs. Les priorités des prochaines années sont claires : multiplier les partenariats, diversifier les formations, soutenir davantage les initiatives locales et renforcer la participation des immigrants francophones à la vie civique.

« Nous espérons voir un jour des personnes issues de l’immigration siéger dans les conseils municipaux, voire briguer des postes de maire, confie M. Dobi. L’engagement civique est essentiel pour créer un véritable sentiment d’appartenance. »

Un an après sa désignation, London peut déjà se targuer d’avoir fait bouger les lignes. La route est encore longue, mais la Communauté francophone accueillante a posé des bases solides. Toutefois, ce programme pilote n’est prévu que pour une durée initiale de trois ans. L’avenir de la CFA à London dépendra donc de la capacité des acteurs locaux à démontrer la pertinence de leurs initiatives et à convaincre le fédéral de prolonger l’expérience. Dans cette ville du Sud-Ouest ontarien, l’intégration des nouveaux arrivants francophones a trouvé un tremplin. Reste maintenant à s’assurer que cet élan ne soit pas qu’une parenthèse, mais bien un projet durable.

50 ans du drapeau franco-ontarien : plusieurs générations, une même fierté

Le 25 septembre 1975, le drapeau vert et blanc frappé du lys et du trille était hissé pour la première fois à Sudbury. D’est en ouest, cinq Franco-Ontariens de différentes générations racontent ce que représente pour eux ce demi-siècle de luttes, de fierté et d’espoir.

Cinquante ans plus tard, les Franco-Ontariens luttent toujours pour préserver leur culture et la promouvoir. D’est en ouest, cinq voix de différentes générations témoignent de cette vitalité à l’occasion du 50ᵉ anniversaire de la levée du drapeau franco-ontarien.

« Le drapeau franco-ontarien représente les efforts des générations avant nous pour faire reconnaître le peuple francophone et assurer notre place en Ontario », affirme Jacinthe Rivard, enseignante en éducation spécialisée à l’École secondaire catholique Sainte-Marie, à New Liskeard, dans le Nord-Est de la province.

Jacinthe Rivard, enseignante à New Liskeard, milite pour transmettre la fierté francophone aux jeunes générations. Gracieuseté

Native d’Earlton, Jacinthe a baigné depuis l’enfance dans la cause. Elle a grandi sur la ferme familiale Bison du Nord, une entreprise issue du mouvement de la francophonie ontarienne. Son père, Pierre Bélanger, a été membre actif de la coopérative d’artistes CANO (Coopérative d’artistes du Nouvel-Ontario 1971-1974) et du Théâtre du Nouvel-Ontario (TNO) fondé en 1971 à Sudbury.

Transmettre la fierté, un autre combat

Aujourd’hui, elle perpétue cet engagement : « Nous voulons assurer que les générations qui viennent maintiennent cette fierté-là, malgré les obstacles d’assimilation et malgré le portrait de la société qui change. »

Pour Jacinthe, la lutte a évolué. « Dans les années 1970, il s’agissait surtout d’obtenir la reconnaissance et des services en français. Aujourd’hui, il faut surtout transmettre la fierté et préserver la langue », témoigne-t-elle.

Mère de jeunes enfants, elle lance un message clair : « Soyez fiers de votre langue. Ne craignez pas de vous afficher en français. »

À Ottawa, Maryse Lefebvre entame sa trentième année d’enseignement en éducation physique et art dramatique avec la même mission : « Faire vivre la francophonie le plus possible auprès des élèves. » 

Maman de cinq enfants, elle n’a « jamais parlé anglais dans ma maison » et insiste sur la force du bilinguisme : « Parler deux langues ouvre plus de portes, autant pour les études que pour l’emploi. »

Mais elle constate qu’il faut sans cesse raviver la fierté francophone, surtout quand « la plupart des familles parlent anglais ou une autre langue à la maison ».

Maryse Lefebvre ravive chaque jour la fierté francophone de ses élèves et des futurs enseignants qu’elle forme. Gracieuseté

Membre de l’animation culturelle de son école, Maryse accompagnera le 25 septembre ses élèves de la 3ᵉ à la 6ᵉ année à la place TD, où une quarantaine d’écoles et une douzaine d’artistes se réuniront pour une immense « Folie furieuse du drapeau ». De retour à l’école, un second lever du drapeau permettra aux plus jeunes de vivre eux aussi ce moment.

Soucieuse de la relève, elle a déjà accueilli près de 60 stagiaires : « Il est essentiel que les nouveaux enseignants découvrent la réalité de la francophonie ontarienne. »

Une relève engagée 

À 16 ans, Marie-Claude Bisson, présidente de la Fédération de la jeunesse franco-ontarienne (FESFO), incarne une relève confiante.

« Le 50ᵉ anniversaire représente la solidarité des Franco-Ontariens. Il rappelle que nous sommes toujours présents malgré des années difficiles et célèbre les progrès réalisés pour nos droits linguistiques. »

À 16 ans, Marie-Claude Bisson aspire à porter la voix des jeunes francophones de l’Ontario. Gracieuseté

Elle se rendra à Sudbury pour participer au lever du drapeau à l’Université de Sudbury et au banquet en soirée. Pour elle, le drapeau est « notre symbole commun », qui incarne « non seulement la langue française mais aussi l’unité de notre communauté, quels que soient les accents ».

Ce drapeau « me rappelle d’où je viens et l’importance de continuer à vivre en français »
— Jacob Pilon, étudiant en science politique

Jacob Pilon, 18 ans, citoyen de Cornwall et étudiant en science politique à l’Université d’Ottawa, voit dans la Journée franco-ontarienne « une occasion unique de se rassembler et de célébrer notre culture ».

« Le drapeau est un symbole qu’on voit partout dans la province. Il me rappelle d’où je viens et l’importance de continuer à vivre en français, que ce soit dans mes études ou ma vie quotidienne », explique-t-il.

Parler français n’est pas seulement une richesse, estime Jacob, c’est aussi une responsabilité. Ses études en sciences politiques traduisent son désir d’influencer un jour l’avenir de la francophonie.

Jacob Pilon, citoyen de Cornwall, est également président du Comité 73. Gracieuseté

Un demi-siècle d’histoires à partager

Écrivain installé à La Fontaine (Huronie), Daniel Marchildon se souvient du moment où le drapeau a pris sens pour lui.

« Ce n’est pas tant le premier lever en 1975 qui m’a marqué, mais les années suivantes, quand il a commencé à apparaître dans la communauté. J’étais au secondaire quand j’ai commandé mon premier drapeau. Le déballer a été un moment marquant », raconte-t-il.

Le 25 septembre, il participera aux festivités locales, levée du drapeau et musique. Il a aussi écrit dix capsules historiques diffusées sur cinq radios communautaires ce mois-ci, un projet qu’il qualifie de « très riche et amusant ».

Écrivain, Daniel Marchildon célèbre le drapeau à travers ses écrits et ses capsules radio. Crédit : John Sharp

Se projetant dans l’avenir, il entrevoit une francophonie plus diverse et inclusive, mais toujours profondément attachée à la langue française et à la culture d’expression française.

« Cinquante ans, c’est quand même beaucoup. Le drapeau franco-ontarien s’inscrit désormais dans une longévité qui témoigne de l’espoir et de la vitalité de l’Ontario français », conclut-il. 

Le maire d’Ottawa s’engage à mettre fin à l’itinérance chez les jeunes d’ici 2030

OTTAWA – Le maire Mark Sutcliffe a présenté ce mardi un engagement visant à mettre fin à l’itinérance chez les jeunes à Ottawa d’ici 2030.

« Aujourd’hui, je prends l’engagement qu’à l’horizon 2030, nous mettrons fin à l’itinérance chez les jeunes à Ottawa », a déclaré le maire Sutcliffe lors de la conférence de presse à l’hôtel de ville d’Ottawa.

« Être adolescent est déjà assez difficile lorsqu’on a un foyer où rentrer. C’est presque impossible lorsqu’on n’en a pas », a-t-il continué en précisant que le plan visera à garantir un logement sécuritaire et un soutien adapté à chaque jeune en situation d’itinérance ou à risque.

Selon des données de la Ville, près de la moitié des adultes en situation d’itinérance chronique ont connu leur première expérience avant l’âge de 16 ans.

M. Sutcliffe a fait l’annonce ce mardi à l’hôtel de ville d’Ottawa. Photo : gracieuseté du bureau du maire

Kaite Burkholder-Harris, directrice générale de l’Alliance pour mettre fin à l’itinérance a, de son côté, déclaré que « prévenir l’itinérance avant qu’elle ne commence permet de réduire le nombre d’adultes touchés et d’atténuer les conséquences à long terme sur la santé et l’insertion sociale ».

Et de conclure : « Ce ne sera pas facile, mais il est essentiel de briser le cycle qui piège des jeunes dans l’itinérance et les éloigne de leur communauté. Ottawa est un chef de file dans la poursuite de cet objectif ambitieux et, ensemble, comme communauté, nous pouvons y arriver. »

Des initiatives et investissements prévus

La Ville prévoit plusieurs mesures pour soutenir cet engagement tels que la Course pour mettre fin à l’itinérance, un événement visant à sensibiliser la population et à collecter des fonds pour 75 organismes communautaires.

Un hackathon sera organisé à l’Université d’Ottawa à l’automne, rassemblant étudiants, experts et partenaires communautaires pour développer des solutions visant à prévenir l’itinérance chez les jeunes.

Depuis 2022, Ottawa dit avoir investi 82 millions de dollars dans le logement abordable. Le présent mandat du Conseil devrait dépasser les 100 millions de dollars, soit plus du double de l’investissement réalisé lors du mandat précédent.

Collaboration entre la Ville et les organismes

Pour la conseillère Laura Dudas, présidente du Comité des services communautaires et sociaux, « la réussite de cet objectif dépend de la collaboration entre le gouvernement, les organismes communautaires et les résidents. Ensemble, il est possible de créer un avenir où chaque jeune a un endroit sûr à appeler chez soi ».

Le maire a souligné que l’accès rapide à un logement stable et à des services de soutien est essentiel pour sécuriser la situation des jeunes et favoriser leur transition vers l’âge adulte. « Mettre fin à l’itinérance chez les jeunes est un objectif ambitieux, mais le besoin est urgent et la solution est atteignable », a-t-il ajouté.

Les prochaines actions incluent l’adoption du budget municipal 2026 avec des mesures ciblées, la mise à jour du Plan décennal de logement et de lutte contre l’itinérance avec des indicateurs pour mesurer les progrès, et la poursuite des collaborations avec la Table de leadership sur le logement et l’itinérance pour développer des stratégies de prévention et réduire le recours aux refuges.

Sciences infirmières : 80 % des étudiants francophones font leur examen en anglais

OTTAWA – Les étudiants francophones en sciences infirmières de l’Ontario qui décident de faire leur examen final dans leur langue continuent de le faire au risque d’échouer, selon les chiffres provinciaux. Au niveau universitaire et collégial, le taux de réussite à l’examen en anglais est presque deux fois plus élevé que celui en français.

Les plus récents chiffres de l’Ordre des infirmières et infirmiers de l’Ontario montrent que 18 % des étudiants dans un tel programme francophone en Ontario en 2024 ont fait leur examen dans leur propre langue. Au niveau universitaire, 5 étudiantes sur 87 (5,7 %) ont décidé de faire leur test dans la langue de Molière, résultant à un taux de réussite de 40 %. Pour les 82 autres qui ont opté pour la langue de Shakespeare, le taux de succès monte à 82 %.

Au niveau collégial, ce sont 21 étudiants sur un total de 53 (39,6 %) du Collège Boréal et de La Cité qui ont décidé de le faire en français. En 2023, sur 95 étudiants universitaires, aucun n’a passé cet examen en français, comparativement à deux étudiantes collégiales sur 75.

L’Université Laurentienne, l’Université d’Ottawa, le Collège Boréal et La Cité sont les seuls établissements postsecondaires francophones dans la province à offrir ce programme. Les deux collèges francophones l’offrent depuis seulement quelques années.

Taux de réussite des étudiantes francophones en Ontario20202021202220232024
Examen en français (universitaire)ND25 %66,7 %X*40 %
Examen en français (collégiale)87,5 %86,7 %47,1 %50 %33,3 %
Examen en anglais (universitaire)ND82,6 %59,8 %85,3 %82,8 %
Examen en anglais (collégiale)100 %92,3 %83,3 %57,3 %58,6 %
*En 2023, aucune étudiante francophone au niveau universitaire n’a fait son examen en français.

Cet examen américain, le NCLEX-RN (National Council Licensing Examination), est nécessaire pour obtenir sa licence et devenir infirmier à temps plein en Ontario et pouvoir pratiquer dans les établissements de santé de la province.

L’Ordre des infirmières et infirmiers de l’Ontario, dans une déclaration écrite, se dit « conscient des préoccupations concernant les faibles taux de réussite des candidats francophones aux examens », ajoutant continuer « de surveiller les tendances en matière de performance ».

Manque de ressources en français

Cette situation n’est pas nouvelle. Depuis sa mise en vigueur en 2015, cet examen suscite la controverse au Canada français en raison du faible taux de succès chez les francophones. De 2011 à 2014, avant le changement, le taux de réussite en français oscillait entre 62 % et 76 %. Ce nombre a rapidement chuté de 34 % à 40 % entre 2015 et 2018, dans les premières années de ce nouvel examen, une tendance qui se poursuit encore aujourd’hui.

Au Nouveau-Brunswick, faisant face au même problème, des étudiants ont demandé à faire le test au Québec. La Société de l’Acadie du Nouveau-Brunswick poursuit même l’ordre provincial en justice pour faire invalider l’examen, prétextant qu’il viole les droits linguistiques des francophones.

« Quand les francophones choisissent de l’écrire en anglais, leur taux de réussite est pareil que les anglophones. Pour moi, ça veut dire que ce n’est pas leur niveau de connaissance qui fait défaut. Cela a avoir avec l’examen de français », affirme Michelle Lalonde, professeure en sciences infirmières à l’Université d’Ottawa, qui a effectué de la recherche sur cette problématique en Ontario et au Canada.

L’essence du problème est le manque de ressources offertes en français pour les étudiants comme des outils de simulation de l’examen en question, qui comporte entre 85 à 150 questions.

Audrey Marquis. Gracieuseté
« Environ 2000 à 2500 questions préparatoires et de pratique sont disponibles en français comparativement à des centaines de milliers en anglais »
— Audrey Marquis, infirmière

« J’ai parcouru près de 2000 questions de pratique, puis il y a plein de vidéos que tu peux regarder. Après ça, il y a même des examens adaptatifs que tu peux faire et ils te disent si tu es prêt à passer ou non. Il n’y a pas ce niveau de ressources là en français », résume Audrey Marquis, une graduée de l’Université Laurentienne qui a réussi son examen en anglais.

« Si on regarde ce qui existe pour les francophones, c’est très peu », affirme Michelle Lalonde. « Environ 2000 à 2500 questions préparatoires et de pratique sont disponibles en français comparativement à des centaines de milliers en anglais », affirme celle-ci qui soutient qu’au minimum près de 3000 questions de pratique sont nécessaires, pour être préparé au test final.

La traduction en français de l’examen fait défaut, souligne aussi les réfractaires du test. Ces facteurs font en sorte que les étudiantes sont vite mises au fait qu’il est conseillé de ne pas opter pour l’examen en français pour pouvoir réussir.

« Beaucoup des gens dans mon baccalauréat n’étaient pas vraiment bilingues et c’était quand même plus facile pour eux de l’écrire en anglais parce qu’il n’y a juste pas de ressources pour l’écrire en français », affirme Audrey Marquis.

« Des amies qui l’ont écrit il y a quelques années m’ont toujours dit que ça ne vaut pas la peine de l’écrire en français, c’est mieux de l’écrire en anglais », mentionne Christen Ramsay, une autre étudiante qui a fait son examen en 2025.

« Si j’avais l’occasion de me préparer avec des banques de questions en français. Je le ferais certainement… Malheureusement, la réalité , c’est que ce n’est pas la meilleure option pour le succès », ajoute cette étudiante de Sudbury.

Concernant le manque de ressources, l’Ordre provincial soutient être « activement engagé auprès des programmes francophones, en partageant des données sur la performance et en offrant un soutien aux écoles ».

« Cela comprend des discussions sur les stratégies que les écoles peuvent mettre en œuvre pour aider les étudiants infirmiers à se préparer aux examens (…) Ces stratégies peuvent prendre du temps à avoir un impact sur les résultats des examens », concède la porte-parole de l’Ordre Elizabeth Almeida.

Un impact sur la main-d’œuvre?

La professeure Michelle Lalonde soutient que, malgré cette problématique, les infirmières sont « très motivées » à obtenir leur permis de pratique, ce qui n’a pas significativement influencé les statistiques d’admissions.

Cependant, elle note qu’à travers des entretiens qu’elle a menés avec de futures infirmières, elle a constaté qu’une minorité d’étudiantes avaient modifié leurs préférences de lieu de travail en raison des problèmes rencontrés et de leur expérience avec le NCLEX-RN.

« Si on perd une infirmière francophone, c’est une grosse perte à long terme dans un contexte linguistique minoritaire », rappelle-t-elle.

« Et si les étudiants peuvent écrire et passer l’examen en anglais, est-ce que ça va avoir un impact dans le futur sur nos programmes francophones? Pourquoi choisir d’étudier en français si en fin de compte l’examen est en anglais et qu’il faut qu’on ajoute nos livres en anglais pour passer l’examen? Est-ce que ça va avoir un impact? À long terme, je ne le sais pas. Mais ce sont mes craintes », partage-t-elle.

Une nouvelle voix pour la communauté LGBTQ+ de Prescott-Russell

RUSSELL – Depuis 2017, un groupe de bénévoles s’active dans Prescott-Russell pour soutenir les personnes LGBTQ+. L’initiative prend désormais une nouvelle ampleur avec l’incorporation et la création d’un conseil d’administration, une étape qui pourrait transformer sa capacité d’agir.

« En s’incorporant, on va pouvoir déposer des demandes de subvention et faire avancer les intérêts de la communauté LGBTQ+ dans la région », explique Martin Hébert, agent de santé communautaire au Centre de santé communautaire de l’Estrie (CSCE) et initiateur du projet.

Formé il y a huit ans, le Groupe LGBTQ+ et alliés de Prescott-Russell avait jusque-là fonctionné sur une base volontaire, avec deux volets principaux : une formation destinée aux organismes de la région pour mieux comprendre les réalités LGBTQ+, ainsi qu’un rôle de réseau communautaire permettant de rediriger les personnes vers les activités locales.

« Prescott-Russell, c’est une région immense. On veut être capables de mettre les groupes en lien entre eux et de répondre quand quelqu’un cherche du soutien », poursuit celui qui se définit comme un allié de la cause.

Lors de la marche de la Fierté d’Ottawa en 2019. Photo : Gracieuseté du Groupe LGBTQ+ et alliés de Prescott-Russell

Une subvention qui change tout

L’élément déclencheur, cette fois, est venu d’une subvention fédérale du ministère de la Femme et de l’Égalité des genres du Canada. Cet appui financier permet d’engager une consultante et de mettre en place la structure juridique qui faisait jusque-là défaut.

« On avait déjà tenté une incorporation, mais sans financement, ça avait avorté. Là, on a les moyens d’aller chercher des partenaires, de faire de la promotion, de frapper aux portes des municipalités pour obtenir plus d’appuis », résume M. Hébert.

Les personnes intéressées à siéger au conseil d’administration ont jusqu’au 24 septembre pour soumettre leur candidature. La priorité sera donnée aux personnes 2SLGBTQ+ et à leurs alliés, ainsi qu’à celles ayant une expérience en gouvernance, de solides compétences interpersonnelles et un fort engagement envers la mission de l’organisme.

Un premier conseil d’administration intérimaire, composé de trois membres, sera sélectionné pour un mandat de deux ans.

Accueil mitigé, mais besoin réel

Comme en témoignent les réactions sur les publications Facebook de l’organisme, l’initiative suscite des réactions partagées.

« C’est toujours mélangé : certains sont contre, d’autres pour. Mais quand on parle aux gens de la communauté LGBTQ+, c’est bien accueilli. L’organisme pourra porter une identité claire qui représente toute la région », affirme M. Hébert.

Le Groupe organise des pique-nique de la fierté durant l’année. Photo : Gracieuseté du Groupe LGBTQ+ et alliés de Prescott-Russell

S’il n’existe pas encore de données précises sur la taille de la communauté dans Prescott-Russell, les besoins sont bel et bien là, insiste-t-il.

« Parfois, les gens nous disent : pourquoi investir dans un organisme pour une petite partie de la population? Mais la demande existe, et l’accès à des services spécialisés aussi. »

Un organisme bilingue et inclusif

Le futur organisme se veut bilingue, reflet du visage de Prescott-Russell. « La région est majoritairement francophone, mais de plus en plus d’anglophones s’y installent. On veut représenter tout le monde », explique le Franco-Ontarien.

L’idéal serait d’avoir des administrateurs bilingues, mais l’organisme ne souhaite pas se fermer de portes. « On ne va pas refuser quelqu’un d’expérimenté et motivé simplement parce qu’il ne maîtrise pas les deux langues. On sera là pour traduire et accompagner si besoin », conclut-il.

Le guide pour se procurer le drapeau franco-ontarien avant le 25 septembre

Le 25 septembre prochain marquera un moment symbolique pour l’Ontario français. Cinquante ans après avoir été hissé pour la première fois à Sudbury, le drapeau vert et blanc sera célébré partout dans la province. Dans les écoles, sur les parvis des mairies et dans les lieux communautaires, on s’attend à voir flotter cet emblème qui incarne la vitalité et la fierté des Franco-Ontariens. À mesure que l’anniversaire approche, la question se pose avec insistance : où se procurer le fameux drapeau?

Pour beaucoup, la réponse est simple, presque incontournable. MaBoutiqueFranco.ca est devenue la vitrine officielle pour se procurer le drapeau franco-ontarien. C’est vers ce site que renvoient la plupart des organismes francophones de la province, des associations canadiennes-françaises de l’Ontario (ACFO) régionales à l’Assemblée de la francophonie de l’Ontario. 

La boutique en ligne offre une gamme variée, allant des petits drapeaux de poche 6 » x 3 » aux grands modèles destinés à flotter sur des mâts extérieurs. On y trouve aussi des accessoires comme des autocollants, des bracelets, des drapeaux pour automobile et même une collection spéciale imaginée pour souligner le cinquantième anniversaire. La plateforme se présente comme le distributeur officiel, un statut qui rassure de nombreux acheteurs soucieux de qualité et d’authenticité.

Plus de choix pour les Ottaviens

La capitale fédérale fait figure d’exception avec quelques alternatives locales. L’ACFO d’Ottawa a mis en place une petite boutique en ligne qui permet d’acheter des articles franco-ontariens et de les récupérer sur place. Le magasin The Flag Shop, situé rue Bank et accessible également en ligne, propose le drapeau franco-ontarien dans différents formats et qualités, mais il s’agit d’un commerçant de drapeaux professionnels assez onéreux sur devis.

Ottawa abrite aussi EnTK, une entreprise spécialisée dans les vêtements et accessoires franco-ontariens qui vend également le drapeau sous forme de cape au prix très abordable de 15 $. Pour marquer le cinquantième anniversaire, elle propose une collection spéciale comprenant des chandails et des cotons ouatés ornés de motifs liés au drapeau. Les produits sont fabriqués et imprimés au Canada, et les clients de la région peuvent opter pour le retrait gratuit à Orléans. EnTK est également la boutique officielle du Festival franco-ontarien, ce qui renforce sa place dans l’écosystème francophone de la capitale fédérale.

La version cape du drapeau proposée par EnTK. Photo : capture d’écran de la boutique en ligne

Dans le sud de la province, à Toronto, les Franco-Ontariens peuvent trouver leur drapeau à la boutique Canadiana Flag, sur l’avenue Bridgeland à North York. Spécialisée dans la vente de drapeaux, elle ouvre ses portes du lundi au vendredi et peut aussi répondre aux commandes par téléphone ou courriel. Le prix le plus bas affiché sur le site internet pour un drapeau est de 45,50 $. 

À quelques heures de route, dans le Sud, la ville de St. Catharines abrite également un fournisseur reconnu. Patriot Flags propose une vaste sélection de drapeaux fabriqués au Canada, dont le drapeau franco-ontarien qui vous ne vous coûtera pas moins de 69 $. Installée sur Fourth Avenue, l’entreprise se présente comme l’un des principaux distributeurs du pays et attire une clientèle variée, allant des institutions aux particuliers.

Ailleurs, notamment à Kingston, London et Windsor, il est difficile de trouver un point de vente physique. Dans ces villes, les associations locales orientent elles aussi vers les plateformes en ligne. Dans le Nord, à Sudbury, l’ACFO du Grand Sudbury ne propose pas de vente directe de drapeaux. Comme dans les autres régions, les citoyens sont invités à se tourner vers MaBoutiqueFranco.ca. La boutique de la Place des Arts susceptible de proposer le drapeau demeure fermée

Au-delà du drapeau

À côté des modèles traditionnels, certaines entreprises locales surfent sur la vague du cinquantième anniversaire pour proposer des produits dérivés. La marque ottavienne punk rock Faite à l’os a par exemple lancé un chandail en édition spéciale aux couleurs franco-ontariennes. Une manière de montrer son appartenance à la communauté tout en conservant son esprit rebelle. 

Le chandail édition spéciale de Faite à l’os. Photo : capture d’écran de la boutique en ligne

Enfin, Amazon Canada, de son côté, référence également plusieurs modèles de drapeaux franco-ontariens, vendus par des tiers. La qualité et l’origine varient selon les annonces, mais cette option offre une alternative pratique pour ceux qui privilégient la rapidité et la simplicité de commande.

Ainsi, à une dizaine de jours du cinquantième anniversaire, MaBoutiqueFranco.ca demeure l’adresse la plus sûre et la plus largement recommandée pour se procurer le drapeau franco-ontarien, avec des prix allant de 75 cents pour un drapeau en papier jusqu’à 98 dollars pour un modèle géant. Le site précise que, pour garantir une livraison avant le 25 septembre, les commandes devaient être effectuées au plus tard à 16 heures le mercredi 17 septembre 2025. 

EnTK constitue une autre alternative intéressante, particulièrement pour ceux qui souhaitent encourager une entreprise de la région d’Ottawa. Sa boutique en ligne propose une livraison rapide en deux jours ainsi qu’une option de retrait gratuit à Orléans. L’offre en matière de drapeaux y est toutefois limitée à un seul modèle, mais elle s’accompagne d’une collection de vêtements et d’accessoires créés spécialement pour souligner le cinquantième anniversaire du drapeau.

Rentrée parlementaire et langues officielles : Carney face à un « calcul politique délicat »

Peter Graefe est professeur associé au département de science politique à l’Université McMaster d’Hamilton.

La rentrée parlementaire s’amorce aujourd’hui sur la Colline, inaugurant une nouvelle session qui promet d’être riche en débats et en enjeux politiques.

Le gouvernement fédéral s’apprête à déposer des règlements sur les langues officielles et prépare son premier budget sous la direction de Mark Carney.

« Le gouvernement déposera bientôt des règlements sur les langues officielles, qui incluent notamment des sanctions et des clauses linguistiques dans les ententes avec les provinces. Selon vous, quel impact cela pourrait-il avoir sur la communauté francophone et sur l’application de la Loi sur les langues officielles?

C’est une politique intéressante pour le gouvernement, surtout qu’il doit retenter à un certain moment la paix avec le Bloc. L’idée de renforcer certains dispositifs de la loi, surtout en ce qui concerne l’utilisation du français à l’extérieur du Québec, sera utile à ce niveau-là. Évidemment, c’est toujours un peu controversé quand on fait des avancées sur la loi, même si cela semble aller dans le sens d’une protection accrue du français. Mais il reste à voir quelle sera la réaction des provinces, si elles sont prêtes à s’adapter à ces changements.

Le gouvernement doit aussi préparer un premier budget qui pourrait être marqué par des mesures d’austérité. À quoi peut-on s’attendre et quelles conséquences cela pourrait-il avoir sur les services aux Canadiens?

Il faudra voir jusqu’à quel point ces annonces sont sérieuses. Si Mark Carney coupe profondément dans les transferts et les programmes fédéraux, on pourrait revenir à un niveau de compressions semblable à celui de la fin des années 1990. Cela réduirait la capacité d’intervention du fédéral dans plusieurs domaines. À l’inverse, s’il choisit de maintenir ses nouvelles dépenses, il fera face à de fortes critiques du Parti conservateur sur la gestion du déficit. Dans les deux cas, il y a des coûts politiques et des conséquences pour la prestation des services.

La Fédération des communautés francophones et acadienne (FCFA) a exprimé ses craintes face à de possibles compressions. Les priorités linguistiques du fédéral risquent-elles d’être reléguées au second plan?

Le gouvernement libéral n’aura pas la volonté de couper de manière importante dans ces services, puisqu’il a rebâti une certaine confiance avec la communauté francophone en comparaison avec les conservateurs. Mais si on épargne ces programmes, il faudra couper plus profondément ailleurs. C’est donc un calcul politique délicat. Le gouvernement pourrait tenter de resserrer un peu ces programmes tout en promettant des réinvestissements plus tard.

Selon le professeur Peter Graefe, la protection du français passe par un renforcement des mécanismes de la Loi sur les langues officielles. Photo : Gracieuseté de Peter Graefe

Un nouveau commissaire aux langues officielles doit aussi être nommé prochainement. Quelles mesures concrètes seraient essentielles pour renforcer la présence du français dans les institutions fédérales?

Ce sera une question de priorités et de volonté politique. Ce n’est pas un rôle seulement de surveillance, mais aussi de recommandation sur la manière d’intégrer davantage le français dans les pratiques administratives. Cela dépendra du profil de la personne choisie, et de la marge de manœuvre que lui donnera le gouvernement.

Avec un gouvernement minoritaire, quelles législations risquent le plus de se heurter à un blocage à la Chambre des communes?

C’est difficile à prévoir. Le Bloc québécois détient un poids décisif dans plusieurs comités et pourra choisir ses batailles. Les dossiers touchant à l’austérité ou à l’immigration pourraient cristalliser des oppositions, mais en même temps, ni le NPD ni le Bloc ne semblent vouloir déclencher une élection. On verra donc surtout une négociation au cas par cas.

Après avoir été au cœur des élections fédérales, quelle place les enjeux liés aux tarifs et aux relations commerciales avec les États‑Unis occuperont-ils lors de cette rentrée parlementaire? 

Mark Carney a promis de protéger les Canadiens, mais il n’a pas encore de solution convaincante pour les secteurs manufacturiers touchés, notamment en Ontario et au Québec. Si en plus il opte pour une stratégie d’austérité, il sera encore moins en mesure de soutenir les travailleurs. Les Canadiens reconnaissent la difficulté de négocier avec Donald Trump, mais ils s’attendent à ce que le gouvernement ait un plan solide pour limiter les dégâts économiques.

Mark Carney a supprimé la tarification carbone pour les consommateurs et repoussé d’un an l’obligation de ventes de véhicules électriques, tout en restant évasif sur la possibilité d’atteindre la cible de 2030 prévue par l’Accord de Paris. Ces décisions risquent-elles, selon vous, de reléguer au second plan les efforts climatiques du Canada?

C’est clair qu’il a perdu beaucoup de crédibilité écologique, même auprès de sa propre base. Si les priorités climatiques continuent d’être écartées, il y a un risque de mobilisation contre lui. Le changement climatique ne disparaît pas, et il reviendra inévitablement sur l’agenda public. Le gouvernement n’a pas encore montré qu’il avait des idées claires ou une légitimité écologique solide.

Alors que l’Ontario plaide pour un durcissement des règles de mise en liberté sous caution et que Pierre Poilièvre propose une réforme sur ce dossier, quelles réactions et quels débats cela pourrait‑il susciter au Parlement fédéral cet automne?

L’immigration est toujours un terrain favorable aux conservateurs, car la peur profite généralement à la droite. Mais Mark Carney pourrait aussi répondre en soulignant que le problème vient en partie du sous-financement des systèmes carcéraux provinciaux, ce qui place une partie du blâme sur les gouvernements conservateurs des provinces. Il pourrait donc choisir de faire des concessions, tout en renvoyant la balle aux provinces.

Comment la course à la chefferie du NPD pourrait-elle influencer son rôle à la rentrée parlementaire?

En pleine course à la chefferie avec des candidats comme Avi Lewis et Heather McPherson, le NPD reste peu intéressé par une élection anticipée. Il continuera toutefois à influencer certaines législations tout en devant gérer ses ressources limitées et reconstruire sa base électorale après les pertes précédentes.

Enfin, l’immigration est devenue un enjeu central du débat public. Ce dossier pourrait-il encore occuper beaucoup d’espace durant la session parlementaire?

Oui, sans doute. L’opinion publique a évolué vers une plus grande méfiance, en partie à cause du discours conservateur. Le gouvernement libéral s’est rapproché de cette position en ralentissant certains flux, mais il devra trouver un équilibre. Trop de restrictions pourraient nuire à l’économie et aux communautés d’affaires, tandis qu’un relâchement pourrait relancer les critiques. C’est un dossier qui restera explosif. »

Bonnie Crombie quitte la chefferie du Parti libéral de l’Ontario

TORONTO – Quelques heures à peine après avoir survécu à un vote de confiance, Bonnie Crombie a annoncé qu’elle comptait démissionner du poste de cheffe du Parti libéral de l’Ontario dès qu’un successeur serait nommé.

« Même si j’ai reçu la majorité du soutien des délégués, je crois que c’est la meilleure décision pour le Parti libéral de l’Ontario afin de faciliter une transition ordonnée vers un vote de leadership », peut-on lire dans une déclaration écrite de Bonnie Crombie ce dimanche en fin d’après-midi.

Et de continuer : « J’ai informé le président du parti de ma décision de démissionner dès la sélection de mon successeur. »

Quelques heures plus tôt, les membres du parti ont dû se prononcer sur l’avenir immédiat de leur cheffe en marge du congrès annuel à l’hôtel Sheraton de Toronto, « le plus grand rassemblement de libéraux ontariens de l’histoire », soit plus de 2000 participants, selon les organisateurs.

Le scrutin visait à déterminer si une nouvelle course à la direction devait être organisée au cours de la prochaine année. Le résultat est tombé en après-midi : 57 % des libéraux présents ont choisi de maintenir Mme Crombie en poste, contre 43 % qui souhaitaient un changement de leadership.

La cheffe libérale devait obtenir au moins 50 % des votes pour rester en poste.

Bonnie Crombie, s’était alors avancée victorieuse sur la scène : « Aujourd’hui est un message pour moi. Ce ne sont pas les résultats que je souhaitais, mais ce n’est pas la fin pour moi ! Je vous ai entendus. Ensemble, on se prépare, reconstruisons ensemble, mettons-nous au travail », a-t-elle déclaré après l’annonce des résultats.

Celle qui avait succédé à Steven Del Duca avait aussi indiqué son intention de demeurer en poste, ajoutant qu’une course à la direction immédiate nuirait davantage qu’elle ne profiterait au parti.

Cette annonce surprise intervient dans un contexte de division au sein du parti alors qu’un groupe dissident, les New Leaf Liberals, se faisait de plus en plus entendre, estimant que l’ancienne mairesse de Mississauga n’aurait pas dû rester cheffe sans obtenir au moins 66 % des voix.

Bonnie Crombie, qui avait été élue à la tête du Parti en décembre 2023, avait depuis divisé quant à sa capacité à mener les libéraux à l’avant-scène politique.

En effet, les élections provinciales de février 2025 n’avaient pas eu les résultats escomptés, les libéraux n’arrivant qu’en troisième place. Le parti avait toutefois pu regagner son statut de parti officiel à Queen’s Park avec l’obtention de 14 sièges.

Coup dur pour la cheffe libérale, car celle-ci avait perdu la course pour la circonscription de Mississauga-East-Cooksville et n’avait donc pas pu prendre un siège à l’Assemblée législative de l’Ontario, aux côtés de son caucus libéral.

Le premier ministre de l’Ontario, Doug Ford, ainsi que son homologue fédéral ont réagi à la nouvelle par des déclarations publiées sur X.

« Je tiens à remercier Bonnie Crombie pour ses nombreuses années de service public en tant que députée, mairesse et cheffe du Parti libéral de l’Ontario. La politique exige beaucoup de sacrifices personnels, notamment du temps éloigné de la famille et des proches. Je souhaite à Bonnie beaucoup de succès dans la prochaine étape de sa vie. »

TIFF 2025 : Hamnet sacré, des films tournés à Toronto récompensés

TORONTO – Le Festival international du film de Toronto (TIFF) a dévoilé ce dimanche les 12 films lauréats de sa 50e édition, dont le Prix Platform, seule compétition jurée du festival, et le très convoité Prix du public présenté par Rogers.

Le Prix du public, la récompense la plus prestigieuse du TIFF, a été attribué à la cinéaste chinoise Chloé Zhao pour Hamnet. L’adaptation du roman de Maggie O’Farrell, déjà oscarisée pour Nomadland, raconte les événements entourant la mort tragique du fils de William Shakespeare. 

Longtemps considéré comme un indicateur fiable des nominations aux Oscars du meilleur film, ce prix est suivi de près par les observateurs de l’industrie et les parieurs de la saison des Oscars.

Les premiers et deuxièmes finalistes pour ce prix ont été Frankenstein de Guillermo del Toro et Wake Up Dead Man : A Knives Out Mystery de Rian Johnson. Le Prix international du public, une nouveauté de cette édition, a été remis à Park Chan-wook pour No Other Choice.

« Une histoire de famille »

Le Prix du public pour le documentaire a été attribué à The Road Between Us : The Ultimate Rescue de Barry Avrich. Le film retrace l’effort du général israélien à la retraite Noam Tibon pour sauver sa famille lors des attaques du Hamas en 2023. 

Initialement retiré de la programmation en raison de préoccupations juridiques et de sécurité, le film a été réintégré au TIFF après une résolution conjointe entre le festival et le réalisateur Barry Avrich.

« Je pense que cela a été compliqué parce que certaines personnes ayant protesté n’avaient pas vu le film. C’était la première mondiale et j’espère que chacun pourra se faire une opinion après l’avoir vu », a expliqué à ONFR, le producteur du film, Mark Selby.

The Road Between Us sortira en salles le 3 octobre, avec une diffusion progressive dans les 20 principaux marchés, dont New York, Los Angeles, Toronto, San Francisco, Chicago, Vancouver, Montréal et West Palm Beach. Photo : Jackson Ho/TFO

Le choix du public a été une grande source de satisfaction pour l’équipe : « C’est une célébration, car ce film raconte avant tout une histoire de famille. Le message est simple : aimez votre famille », ajoute, à ses côtés, le réalisateur né à Montréal.

Concernant la sortie en salles, le film sera présenté dès le 3 octobre dans 125 écrans au Canada et aux États-Unis. « C’est incroyable pour un film canadien d’atteindre un tel public. Nous espérons que les spectateurs viendront le découvrir avec ouverture d’esprit, car c’est avant tout une histoire familiale, pas un film politique », concluent-ils au terme de l’entrevue menée en français.

L’ONF et la France mis en avant 

Dans la toute nouvelle catégorie du meilleur court métrage canadien, The girl who cried pearls/La jeune fille qui pleurait des perles, produit par l’Office national du film (ONF) sous la direction de Julie Roy, s’est distingué. Une mention honorable a été attribuée à A Soft Touch de Heather Young.

Le Prix du meilleur court métrage d’animation a été décerné à la Française Agnès Patron pour To the woods/Une fugue, un film de 15 minutes sans dialogue sur la disparition mystérieuse d’un frère dans la forêt. Salué pour sa direction artistique et sa narration poétique, il a été présenté en première nord-américaine au festival.

Le Prix du meilleur court métrage international est allé à Talk Me de Joecar Hanna, tandis qu’une mention honorable a été attribuée à Agapito d’Arvin Belarmino et Kyla Danelle Romero.

Toronto à l’honneur avec Midnight Madness

Dans la section Midnight Madness, dédiée aux films audacieux et irrévérencieux, Nirvanna the Band the Show the Movie de Matt Johnson a été couronné. 

Jamie McCarroll, co-créateur et acteur principal du film, y reprend son rôle de musicien fictif aux côtés de Johnson dans cette comédie de voyage dans le temps, suite cinématographique de la série mockumentaire télévisée qu’ils avaient co-créée.

Le TIFF, considéré comme le plus grand festival de cinéma d’Amérique du Nord, prend fin après 11 jours de projections de films canadiens et internationaux. Photo : Jackson Ho/TFO

L’intrigue suit leurs efforts pour donner un concert au Rivoli, à Toronto. « We love making movies here, we love Toronto! » a déclaré devant l’audience, Jamie McCarroll, évoquant la volonté de revenir régulièrement tourner dans la métropole canadienne.

Les finalistes pour ce prix ont été Obsession de Curry Barker et The Furious de Kenji Tanigaki.

Reconnaissances canadiennes

Le Prix du meilleur long métrage canadien a couronné Uiksaringitara (Wrong Husband) de Zacharias Kunuk, cinéaste inuit reconnu pour son œuvre enracinée dans les réalités de l’Arctique. 

Dans la catégorie Découverte canadienne, un prix décerné par un jury à un cinéaste en début de carrière a été remis à Blue Heron de la Torontoise Sophy Romvary.

En entrevue avec ONFR, la réalisatrice a confié : « Les remarques du jury étaient très réfléchies et je me sens profondément honorée par leurs commentaires sur le film. »

Quant à la suite pour Blue Heron, elle précise : « Nous poursuivons notre parcours dans les festivals et sommes en train de trouver une distribution pour le film afin de le faire découvrir à un plus large public. »

Une mention honorable a été attribuée à 100 Sunset de Kunsang Kyirong, un film tourné au sein de la communauté tibétaine du quartier Parkdale à Toronto.

Le Prix Platform pour l’audace et la créativité

Le Prix Platform, seule compétition jurée du festival, a été remis à To The Victory! de Valentyn Vasyanovych. 

Le jury a salué la maîtrise technique et l’audace du réalisateur ukrainien, capable de transformer une situation complexe en expérience cinématographique universelle.

Hen de György Pálfi a reçu une mention honorable pour sa créativité et son inventivité narrative.

La cérémonie des prix du TIFF 2025 a eu lieu au TIFF Lightbox à Toronto ce dimanche matin. Photo : Jackson Ho/TFO

Prix FIPRESCI et NETPAC

Le Prix FIPRESCI, décerné par l’association internationale de critiques de cinéma, a été remis à Forastera de Lucía Aleñar Iglesias. Le Prix NETPAC, récompensant un film asiatique d’un premier ou second long métrage, a été attribué à In Search of The Sky (Vimukt) de Jitank Singh Gurjar.

Plus de 700 000 spectateurs, près de 2 000 journalistes accrédités et 6 000 professionnels de l’industrie ont assisté à quelque 1 200 projections au cours de dix jours de festivités. 

Les spectateurs auront désormais l’occasion de revoir les films lauréats au TIFF Lightbox, tandis que la 51e édition est déjà prévue du 10 au 20 septembre 2026.

Yasmina Boubezari : renforcer la place du livre franco-ontarien

OTTAWA – Entre passion du livre et sens de la gestion, Yasmina Boubezari amorce un mandat à l’Association des auteures et des auteurs de l’Ontario français (AAOF) avec l’objectif de renforcer la place de la littérature franco-ontarienne et de relever les défis liés à la diversité des voix et aux habitudes de lecture en mutation.

«  Vous venez d’entrer en fonction. Comment vivez-vous ce nouveau rôle?

Écoutez, j’ai pris mes fonctions le 2 septembre à l’AAOF. Je pense que ce n’est pas un nouveau milieu pour moi. Le monde du livre, je le connais bien, j’ai déjà de nombreux contacts avec des auteurs. J’aborde donc ce chapitre avec beaucoup d’enthousiasme et de confiance.

Votre parcours est étroitement lié à la francophonie. Quel en est le fil conducteur?

On parle souvent de langue maternelle ou de première langue parlée, mais il y a une troisième catégorie, c’est la langue du cœur. Pour moi, le français, c’est ma langue de cœur. Je réfléchis en français, mes émotions, je les exprime en français. Mais concernant mon parcours, le fil conducteur au départ, n’était pas nécessairement en lien avec la francophonie :  Avant de m’installer au Canada, je travaillais dans l’humanitaire et le développement. Mon parcours a toujours été guidé par une vocation d’appui et de renforcement des capacités.

En arrivant ici (au Canada), j’ai ressenti le besoin de m’engager dans une cause essentielle : la francophonie. Elle s’est imposée d’elle-même, surtout dans un contexte minoritaire où l’équité entre l’anglais et le français reste un enjeu majeur.  

Yasmina Boubezari, à la tête de l’AAOF, souhaite consolider les acquis de l’organisme et renforcer les partenariats pour soutenir la littérature franco-ontarienne. Photo : gracieuseté de Yasmina Boubezari

Vous êtes arrivée au Canada en 2012. Quels souvenirs gardez-vous de vos débuts?

Nous étions en famille, mon conjoint et mon fils qui avait alors six ans, nous avons vécu pendant trois ans au Manitoba, à Winnipeg. Je garde un souvenir très fort de la communauté franco-manitobaine. Une communauté très accueillante.

Mais on a beau être moderne, être ouvert, la culture canadienne et notamment franco-canadienne, est particulière et riche. Donc, c’était important pour moi à ce moment-là d’observer, de tisser des liens, de m’impliquer, de me rapprocher de la société d’accueil, notamment à travers le bénévolat.

Bien sûr, il y a eu des défis : accéder à l’emploi, faire reconnaître mon expérience – même celle acquise à l’ONU. Mais avec confiance et persévérance, on finit par se faire sa place.

Quel rôle joue le livre dans votre vie personnelle et professionnelle?

Il est central. Depuis mon enfance, je ne peux me passer d’un livre. J’ai commencé à écrire très tôt, à 15 ans je participais déjà à des festivals de poésie en Algérie. Plus tard, j’ai surtout été lectrice, mais la littérature est toujours restée une source de réconfort et de compréhension. Quand j’ai besoin de réponses, je les cherche dans les livres… Les mots écrits sont essentiels pour moi.

Certains pourraient voir une différence entre un auteur et une gestionnaire de livres. Qu’en pensez-vous?

Je crois que la littérature, comme toute expertise, nécessite une diversité de compétences. Un auteur a besoin d’un gestionnaire, d’un agent de communication, d’un éditeur. Je me considère comme une bonne gestionnaire, faite pour diriger une OBNL, mais avec une véritable passion pour le livre. Cette passion est indispensable.

« Le français est ma langue de cœur » : Yasmina Boubezari place la francophonie au centre de sa mission à l’AAOF. Photo : gracieuseté de Yasmina Boubezari

Quelle est votre vision pour l’association?

Je prends la direction d’un organisme solide, crédible auprès des bailleurs de fonds et des institutions, qui a la confiance des auteurs et du public. Pour la première année, ma priorité est de consolider les acquis. Ensuite, j’aimerais développer davantage les partenariats, car je crois profondément à la force de la collaboration surtout en contexte linguistique minoritaire.

Quels sont les plus grands défis pour les auteurs franco-ontariens?

Le premier, c’est la place du livre dans un monde en mutation. Les jeunes lisent-ils encore autant? Sont-ils davantage attirés par d’autres formes artistiques? Le deuxième défi est lié au contexte minoritaire. Positionner la littérature franco-ontarienne et soutenir ses auteurs est essentiel. Elle est indéniablement un indicateur de la vitalité francophone.

À vos yeux, que révèle la littérature franco-ontarienne de la société?

Elle est synonyme d’inclusion et de diversité. On y trouve une richesse de styles et de catégories – jeunesse, poésie, roman, fiction – qui reflète l’évolution de la société. Aujourd’hui, un Canadien sur cinq est né à l’étranger, et cette diversité se manifeste magnifiquement dans la littérature. De nombreux auteurs et autrices issus de l’immigration apportent une fraîcheur et une pluralité de voix qui enrichissent notre paysage littéraire.

Votre propre parcours, marqué par l’immigration et la diversité, a-t-il pesé dans votre nomination?

Je suis une francophone engagée. Je crois qu’on peut être une minorité forte en s’impliquant. Mon expérience dans la gestion d’OBNL et mon engagement pour la francophonie canadienne ont certainement été reconnus. Quant à la diversité, je pense que toutes les diversités sont des atouts. Peut-être qu’à l’avenir, nous irons plus loin en offrant des services personnalisés aux auteurs selon leurs parcours et leurs profils.

En résumé, comment souhaitez-vous transformer l’Association?

Je vois l’Association comme un organisme intègre, ancré dans les besoins de ses membres, mais aussi ouvert sur le monde. Elle doit rester solide, adaptable et collaborative. Je veux continuer à enrichir les partenariats dans le milieu du livre, mais aussi avec d’autres secteurs. Ce qui caractérise la francophonie, c’est cette capacité à travailler ensemble. C’est cela qui nous rend plus forts. »


2015 : Directrice du secteur Immigration- Fédération des communautés francophones et acadienne (FCFA).

2021 : Directrice générale du Regroupement des éditeurs franco-canadiens (REFC).

2022 : Directrice des programmes du Centre de services communautaires de la Basse-Ville (CRCBV).

Chaque fin de semaine, ONFR rencontre un acteur des enjeux francophones ou politiques en Ontario et au Canada.

Les conseillers scolaires francophones finalement épargnés par la réforme de l’éducation

TORONTO – Dans le cadre du projet de loi 33, le ministre de l’Éducation Paul Calandra s’était dit prêt à abolir les postes de conseillers scolaires (trustees), provoquant l’inquiétude de la communauté francophone. Le bureau du ministre de l’Éducation confirme finalement que les conseils francophones et catholiques anglophones resteront inchangés, car protégés par la Constitution.

Le projet de loi 33 (Loi de 2025 sur le soutien aux enfants, aux élèves et aux étudiants de l’Ontario), en seconde lecture, permettrait au ministère de l’Éducation d’augmenter son contrôle sur les conseils scolaires, y compris des pouvoirs d’enquête et, en cas de manquements, de prendre le contrôle de certaines fonctions.

Parmi les solutions à l’étude pour réformer le système éducatif, le ministre avait affirmé en entrevue qu’il serait prêt à éliminer les postes de conseillers scolaires à condition que cela soit bénéfique pour les enseignants, élèves et parents de la province.

Une remise en question de l’élection de ces représentants qui avait provoqué l’émoi, notamment parmi les francophones, la jugeant menaçante pour l’autonomie des conseils scolaires et les droits constitutionnels des Franco-Ontariens.

Cette potentielle abolition ne concernera finalement pas les conseils scolaires francophones ni les conseils catholiques anglophones, a confirmé le bureau du ministère de l’Éducation.

« Si un changement devait s’opérer dans le système de gouvernance des conseillers scolaires, ça ne s’appliquerait pas aux conseils francophones ni aux conseils catholiques anglophones, car leurs droits sont protégés par la constitution. Seuls les élus locaux des conseils publics anglophones seraient concernés », selon un porte-parole du bureau du ministre de l’Éducation.

D’ajouter : « Une exemption qui ne signifie pas une absence de consignes et de cadres donnés ».

Les conseils scolaires francophones soulagés, mais aux aguets

L’Association des conseils scolaires des écoles publiques de l’Ontario (ACÉPO) a indiqué qu’aucune confirmation officielle n’avait été pour l’heure reçue de la part du ministère de l’Éducation, et qu’elle se tenait prête à collaborer avec le ministère de l’Éducation pour assurer du système d’éducation de langue française en Ontario. 

Une volonté de collaboration également partagée par l’Association franco-ontarienne des conseils scolaires catholiques (AFOCSC), qui « se réjouit que le ministre ait confirmé publiquement ne pas vouloir toucher aux droits scolaires des francophones et des catholiques protégés par la Constitution canadienne. »

Des droits concernant le maintien d’un « système d’éducation distinct et complet en français catholique » et « la représentation démocratique par des conseillers scolaires élus, garants de la mission éducative et confessionnelle de nos écoles ».

« Supprimer ou restreindre le rôle des conseillers scolaires risquerait d’affaiblir la voix des parents et de réduire la transparence dans la gouvernance scolaire », ont conjointement déclaré Mirela Lonian, directrice générale, et Robert Demers, président de l’AFOCSC.

« L’AFOCSC est prête à collaborer avec le ministère pour améliorer le système, notamment concernant l’équité du financement, la standardisation des pratiques pédagogiques », ont-ils ajouté, tout en précisant qu’une « véritable réforme de l’éducation doit d’abord passer par un financement adéquat et des ressources supplémentaires dans les classes. »

L’Université de l’Ontario français abolit trois postes de direction

TORONTO – Engagée dans une restructuration de son administration, l’Université de l’Ontario français (UOF) a aboli trois postes de direction, dont celle du Carrefour des savoirs et de l’innovation, un projet financé à hauteur de 1,9 million de dollars, il y a six ans.

« Après six années d’opération, c’était le temps de revoir la structure organisationnelle, particulièrement du côté administratif », justifie le recteur de l’UOF, Normand Labrie, qualifiant cette pratique de « courante et saine dans les organisations. »

L’institution se sépare « à partir de maintenant » de trois postes de cadre, a appris ONFR : la direction du Carrefour des savoirs et de l’innovation, la direction de la formation sur mesure et continue, ainsi que la direction de l’orientation stratégique.

Objectif : resserrer l’appareil administratif et se focaliser sur le volet académique, en vue du passage à un modèle régulier de financement des universités, en 2027. L’université sortira alors de sa période de démarrage cofinancée par les gouvernements ontarien et canadien et sa croissance dépendra donc bien plus de son bassin d’étudiants.

« Il faut être responsable sur le plan budgétaire, souligne M. Labrie. On ne peut pas faire de déficit. Ce serait très mauvais. Maintenant qu’on a des assises plus solides et qu’on est en phase de croissance, notre priorité pour les années à venir, c’est le recrutement d’étudiants (ce qui va générer nos revenus), le développement de nouveaux programmes et la qualité de l’expérience étudiante. »

L’UOF s’est appuyée sur un consultant externe qui aurait conclu qu’elle détenait beaucoup de postes de direction par rapport à sa petite taille.

Au-delà des trois postes abolis, M. Labrie affirme qu’il n’y aura pas d’impact sur d’autres employés puisque, sous ces trois directions, « il n’y avait pas d’employés, seulement des stagiaires qui ont tous été transférés dans d’autres services appropriés qui poursuivent le travail ».

Le Carrefour des savoirs et de l’innovation « ne disparaît pas »

Créé en 2019 grâce à un investissement fédéral de 1,9 million de dollars, via Patrimoine canadien, le Carrefour des savoirs et de l’innovation devait bâtir des ponts avec la communauté, notamment pour donner corps à son approche expérientielle consistant à ancrer l’apprentissage dans des projets concrets, dans la communauté et le monde du travail.

Mais le Carrefour ne disparaît pas pour autant, assure le recteur : « Il continue d’exister, mais de façon transversale. (…) Par exemple, les stagiaires passent par le service du responsable des stages et, avant de lancer de nouveaux programmes, la communauté est sondée par le biais de comités consultatifs. Les réflexes sont là (…) Les partenariats continuent et s’accélèrent. »

Le recteur affirme que le Carrefour des savoirs et de l’innovation poursuit ses missions, mais de façon « transversale ». Normand Labrie. Photo : gracieuseté de l’UOF
« On n’est pas là pour coaguler toute la francophonie »
— Normand Labrie, recteur de l’UOF

Sans direction, peut-on encore parler de Carrefour? Oui, assure le recteur. « Cette notion demeure dans tous nos liens avec nos partenaires qui sont identifiés et on en ajoute constamment. (…) Le Carrefour fait partie du concept même de l’université, mais il va prendre une saveur plus académique. On n’est pas là pour coaguler toute la francophonie sur le plan communautaire et culturel. On concentre plutôt nos ressources et notre énergie sur la recherche, la formation et le soutien à la collectivité. »

Le poste de direction nous a servis à établir des connexions avec les partenaires, mais maintenant elles existent et sont solides. » Et de prendre en exemple les liens tissés avec le Salon du livre de Toronto ou encore la Semaine de la francophonie, directement pilotés par la direction du Carrefour.

Un temps envisagé comme un lieu physique qui regrouperait plusieurs organisations autour de l’université, le Carrefour avait finalement pris forme au sein même de l’édifice actuel de l’UOF, en location sur la rue Lower Street. La montée en puissance des cours à distance depuis la pandémie a convaincu un peu plus la direction de ne plus considérer un carrefour physique à court ou moyen terme et de se concentrer sur le bâtiment existant, dont la taille convient.

Inaugurée en 2020, l’UOF, qui a célébré ses premiers diplômés en juin dernier et fait sa rentrée avec 588 étudiants au début du mois de septembre, a clôt son dernier budget à l’équilibre et vise toujours l’équilibre dans son prochain exercice. « On va l’avoir, on devrait l’avoir », escompte M. Labrie, partisan d’une transition douce en 2027 « pour ne pas avoir à prendre de décisions difficiles ».

Volet francophone du Cinéfest de Sudbury : l’année des romans portés à l’écran

SUDBURY – Le Cinéfest de Sudbury prend son envol ce samedi sous le thème Attention! Les regards se tournent vers Cinéfest. Du 13 au 21 septembre, une quinzaine de films en français, souvent des adaptations de romans, feront partie de la programmation au cinéma SilverCity. ONFR ébauche un horaire francophone pour les cinéphiles du Nord de l’Ontario.

Les réalisatrices françaises sont à l’honneur lors de la première journée du festival. Le 13 septembre à 13 h 30, le Cinéfest présente Dans la peau de Cyrano, de Jennifer Devoldère.  Le long métrage met en scène un jeune adolescent bègue qui peine à s’intégrer dans sa nouvelle école. Un professeur de théâtre original le convaincra de jouer l’éloquent Cyrano de Bergerac.

Dans Le répondeur, Baptiste (Salif Cissé, à gauche) se fera passer pour Pierre (Denis Podalydès, à droite), au téléphone, mais se laissera prendre au jeu… Photo : Unifrance

À 15 h 30, c’est l’heure du film Le Répondeur de Fabienne Godet, adaptation du roman de Luc Blanvillain. Cette comédie raconte la rencontre improbable de deux hommes aux besoins complémentaires : un imitateur fauché et un auteur en plein processus d’écriture qui cherche la tranquillité. Le premier se fera passer pour le deuxième afin de tromper son entourage.

14 septembre

Après une première canadienne au Festival international du film de Toronto (TIFF)Vie privée de Rebecca Zlotowski débarque à Sudbury dimanche à 13 h. Le thriller psychologique met en vedette Jodie Foster, une psychiatre qui enquêtera sur la mort suspecte d’une de ses patientes.

Le duo d’Anne-Élisabeth Bossé (Virginie, la menteuse) et Antoine Bertrand (Phil, son conjoint) dans le film Menteuse d’Émile Gaudreault. Photo : Éric Myre/Immina Films

La comédie reprend ses droits à 16 h 30 avec Menteuse, du Québécois Émile Gaudreault. On y retrouve les personnages et le concept de Menteur, film à succès de 2019. Cette fois, c’est Virginie (Anne-Élisabeth Bossé) qui verra ses mensonges compulsifs devenir réalité.

15 septembre

Projeté lundi à 11 h, Qui brille au combat raconte l’histoire d’une famille dont l’une des filles est atteinte du syndrome de Phelan-McDermid, une maladie génétique rare. Ce premier long métrage réalisé par l’actrice Joséphine Japy s’inspire de l’histoire de sa propre sœur.

À 21 h, le drame biographique Maria racontera l’histoire de Maria Schneider, réellement agressée lors du tournage du film Le dernier tango à Paris de Bernardo Bertolucci, qui la mettait en vedette avec Marlon Brando en 1972. Le film s’inspire du livre Tu t’appelais Maria, de Vanessa Schneider, la cousine de l’actrice décédée en 2011.

16 septembre

La programmation du mardi est riche en cinéma francophone. D’abord, encore un film inspiré d’un livre : Amélie et la Métaphysique des tubes est un long métrage d’animation signé Maïlys Vallade et Liane-Cho Han. Il met en images le roman classique d’Amélie Nothomb. Publié en l’an 2000, Métaphysique des tubes est présenté comme une autobiographie des trois premières années de vie de l’autrice belge.

Amélie et la métaphysique des tubes transforme le classique d’Amélie Nothomb en charmant film d’animation. Photo : Unifrance

Projeté à midi, Les enfants du large est un film autobiographique de Virginia Tangvald. La fille de l’explorateur norvégien Peter Tangvald remet en question le mode de vie en apparence idyllique de son père. Elle tente de retrouver ses origines et de briser les secrets de famille, après avoir perdu son père et son frère en mer, respectivement en 1991 et 2014.

À 16 h 30, les Sudburois pourront voir Mille secrets mille dangers, qui a connu sa première mondiale au TIFF la semaine dernière. Le film attendu de Philippe Falardeau porte à l’écran le roman éponyme d’Alain Farah.

La soirée gala du 16 septembre présentera Ma mère, Dieu et Sylvie Vartan, un film de Ken Scott sorti en avril dernier. Le réalisateur québécois adapte le roman autobiographique du Français Roland Pérez, paru en 2021. Roland, le plus jeune d’une famille nombreuse, est né avec un pied-bot. Sa mère Esther mettra tout en œuvre pour lui offrir une vie aussi épanouissante que les autres.

18 septembre

Présenté à la fois comme une biographie, un drame et une comédie, le film français et étatsunien Nouvelle vague raconte comment Jean-Luc Godard a créé son œuvre phare À bout de souffle, devenu emblématique de la nouvelle vague du cinéma français. Pour ce qui est du film de Richard Linklater, il sera présenté à 16 h, le 18 septembre.

Nouvelle vague fait découvrir l’histoire derrière la création d’un classique du cinéma français, À bout de souffle de Jean-Luc Godard. Photo : Jean-Louis Fernandez/Unifrance

19 septembre

C’est au tour de la série de romans jeunesse Fanny Cloutier, de Stéphanie Lapointe, d’être portée à l’écran. L’autrice originale signe le scénario du film d’aventure familial, créé en tandem avec le réalisateur Yan England. Fanny sera projeté au cinéma SilverCity à midi.

En fin de soirée (21 h 45), c’est un autre film québécois, mais dans un genre totalement différent, qui sera à l’honneur. Dans Folichonneries, François (Eric K. Boulianne, qui réalise aussi le film) et Julie (Catherine Chabot) décident d’ouvrir leur couple pour ajouter du piquant à leur vie sexuelle, après 16 ans de relation stable.

20 septembre

Le film trilingue (anglais, français et arabe) Gagne ton ciel sera présenté à 16 h. Mathieu Denis signe ce drame et thriller policier dans lequel un homme apparemment sans histoire tente désespérément de se sortir d’une situation financière difficile.

Piper Perabo et Patrick Hivon sur le tapis rouge de la première d’Amour Apocalypse, à Montréal, le 30 juillet 2025. Photo : Paul Ducharme/Immina Films

Quelques jours après avoir clôturé le TIFF, Amour Apocalypse d’Anne Émond fera l’objet de la soirée gala du Cinéfest le 20 septembre. Adam (Patrick Hivon) a 45 ans, est propriétaire d’un chenil et, surtout, un grand écoanxieux. C’est en appelant la ligne de soutien de sa nouvelle lampe de luminothérapie qu’il tombera en amour avec la voix au bout du fil, celle de Tina (Piper Perabo). Une partie du film a été tournée en Ontario, dans le Grand Sudbury.

La Foire d’automne de New Liskeard, « un rôle central dans la région » depuis 123 ans

Sylvie Rioux est directrice provinciale du district 14 de l’association des sociétés agricoles de l’Ontario et coordonne l’organisation des événements de la Foire d’automne de New Liskeard.

La Foire d’automne de la Société agricole de New Liskeard a lieu chaque année le deuxième week-end après le congé du Travail, à Temiskaming Shores. Elle attire environ 15 000 visiteurs pour ses compétitions agricoles, expositions artisanales et scolaires, spectacles, activités familiales et manèges.

L’événement attire de plus en plus de visiteurs de l’Ontario et du Québec et propose, pour sa 123e édition, de nouvelles activités comme les Olympiades agricoles et la collecte de denrées pour la banque alimentaire.

« Pouvez-vous nous présenter la foire d’automne de New Liskeard, pour ceux qui ne la connaissent pas?

C’est une foire avec des expositions artisanales, des présentations scolaires et horticoles, des vendeurs dans le club de curling, des spectacles de musique et de danse, ainsi qu’un concours d’ambassadrices, la Harvest Queen. Côté agricole, il y a des compétitions de chevaux, de bovins, de moutons, de chèvres et, cette année, des chevaux lourds. Sans oublier les manèges du parc d’attractions.

La première Foire d’automne s’est tenue à l’ancienne école publique de New Liskeard à l’automne 1904. Source : Little Claybelt Homesteaders Museum

Qu’est ce qui avait mené à la création de l’événement?

La Société agricole de New Liskeard a été établie en 1904, et la Foire a été lancée dans ce contexte historique pour soutenir et promouvoir l’agriculture locale. À l’époque, elle est née entre les périodes de guerres et visait à rassembler les agriculteurs et la communauté pour partager leurs connaissances et leur savoir-faire. 

La Foire d’automne est devenue au fil du temps la plus grande foire du Nord de l’Ontario, et elle a conservé son rôle central dans la région, à la fois comme événement agricole et comme lieu de rassemblement pour la communauté. Elle reflète une longue tradition, qui se transmet de génération en génération, et qui continue aujourd’hui de célébrer et de soutenir l’agriculture locale et la participation citoyenne.

Quelles sont les activités phares prévues cette année?

Cette année, nous lançons les Olympiades agricoles, avec une version pour enfants et une autre pour adultes. On a aussi une activité « passeport » éducative pour les jeunes, et une compétition scolaire de collecte de denrées pour la banque alimentaire. Du côté des prix, nous avons revu notre tirage : il y aura trois gros lots, dont un bon voyage de 5000 $ et une tondeuse motorisée.

L’entrée à la Foire d’automne de New Liskeard est payante pour les adultes, tandis que les enfants bénéficient de tarifs réduits ou d’une entrée gratuite selon leur âge. Photo : Gracieuseté de la Foire d’automne de New Liskeard

Qu’est-ce qui distingue la foire d’automne de New Liskeard d’autres événements régionaux, comme le Village de Noël de Temiskaming Shores?

La Foire rassemble les passionnés d’agriculture de l’Ontario et du Québec, surtout dans les compétitions de chevaux. On voit venir des participants et des visiteurs de partout le long du lac Temiskaming, et même de régions plus éloignées du Québec. C’est vraiment unique de constater que la foire dépasse les frontières provinciales et permet aux communautés de se rencontrer autour d’un intérêt commun : l’amour de la ferme.

Certaines classes équestres sont suivies par des démonstrations éducatives sur le soin et l’alimentation des chevaux. Photo : Gracieuseté de la Foire d’automne de New Liskeard

La foire prévoit-elle des activités, spectacles ou animations spécialement destinés à la communauté francophone?

Oui, il y a plusieurs éléments pour les francophones, même si nous n’avons pas de segments exclusivement en français. Par exemple, les tirs de chevaux lourds, jeudi à 19 h, sont animés par un annonceur qui commente et explique en français. Toute la fin de semaine, plusieurs artistes chantent dans les deux langues, et la musique en français est donc présente tout au long de l’événement. Dans la tente Fun Zone, les éducatrices font des présentations et distribuent des pamphlets en français.

Est-ce une orientation que vous aimeriez suivre au niveau de l’organisation?

C’est un besoin que nous avions identifié, et j’ai travaillé avec certains directeurs pour que les communications soient disponibles en français pour tous ceux qui le souhaitent. Depuis l’an dernier, j’ai commencé à m’impliquer davantage dans la traduction. Je traduis l’information interne de l’organisation et j’aide à traduire les formulaires d’inscription et les règlements pour que les participants comprennent mieux les différentes sections et activités. 

La foire propose à la fois des compétitions de chevaux légers (traditionnels pour le spectacle) et de chevaux lourds, ce qui est assez rare pour une foire locale. Photo : Gracieuseté de la Foire d’automne de New Liskeard

Quel impact la foire a-t-elle sur l’économie locale et les commerces du centre-ville?

Ça amène un certain boost touristique. Les gens mangent dans les restaurants, dorment dans les hôtels et découvrent aussi les attractions locales comme les musées ou les bibliothèques. L’événement déborde donc du site de la foire et profite à toute la communauté.

Quelles sont vos ambitions pour les prochaines éditions de la foire?

Une fois que la Foire de cette année sera terminée, nous commencerons à planifier les célébrations du 125e anniversaire. C’est une étape importante qui nécessite une organisation anticipée et réfléchie. Nous voulons créer un effet « wow » pour marquer cette longévité et montrer l’ampleur de la tradition que représente la Foire dans notre communauté. »

Une enquête en cours suite à des menaces envers une école francophone

CAMBRIDGE – Fermée durant 24 heures mercredi après des menaces en ligne, l’École secondaire catholique Père-René-de-Galinée a rouvert ses portes ce jeudi. Des forces de police ont été déployées en matinée pour sécuriser l’arrivée des élèves et une enquête est en cours pour faire la lumière sur l’affaire.

Suite à « un message de menace reçu par certaines personnes de la communauté scolaire », la direction de l’École secondaire catholique Père-René-de-Galinée à Cambridge a impliqué les autorités locales.

L’établissement avait alors décidé de fermer ses portes ce mercredi, et pour une durée de 24 heures, avant de décider d’une reprise normale des classes ce jeudi.

Dans une lettre envoyée aux parents la veille, le conseil scolaire MonAvenir a annoncé la réouverture de l’école, la situation étant désormais jugée sécuritaire : « Toutes les vérifications nécessaires ont été effectuées et la police a confirmé qu’il n’y a pas de risque à la sécurité des élèves et des membres du personnel. »

Un dispositif de sécurité a été mis en place avec des forces de police déployées devant l’école, nous confirme Brad Hickey, agent de police et agent des communications, police régionale de Waterloo : « Il y avait une présence policière renforcée dans le secteur de l’école ce matin pendant le dépôt des élèves. »

Guyanne Sauvé, présidente du conseil des parents, elle-mème maman d’un élève de 12e année. Photo : Gracieuseté de Guyanne Sauvé

Les informations sensibles n’ont pas été communiquées, une enquête étant en cours : « Les membres de notre unité d’enquêtes générales continuent d’enquêter sur les récentes menaces en ligne ».

Une situation jugée compréhensible du côté des parents. « C’est important de garder l’esprit que l’école et la police ne peuvent pas tout divulguer publiquement parce qu’on ne peut pas compromettre l’intégrité de leur enquête », soutient Guyanne Sauvé, présidente du conseil des parents, elle-mème maman d’un élève de 12e année.

Et d’ajouter : « J’ai parlé avec mon fils et il va bien, tout le monde va bien. (…) La seule précaution c’est de s’assurer que nos enfants comprennent la gravité de ce type de menaces et de signaler ce qu’ils voient ».

Ce n’est pas la première fois que des établissements francophones sont la cible de menaces. Déjà en 2023, des messages de menace envoyés à plusieurs conseils scolaires dans l’Est et le Nord de l’Ontario avaient forcé la fermeture partielle de certaines écoles.

L’Université de l’Ontario français (UOF) et le Collège français avaient également, avec d’autres établissements anglophones, fait les frais d’une alerte à la bombe à l’automne 2023.

Aucune des menaces proférées n’avait été mise à exécution.

Durant des années, un passage de la scène au papier pour Louis-Philippe Roy

OTTAWA – La pièce Durant des années, de Louis-Philippe Roy, jouit maintenant d’une version publiée aux Éditions l’Interligne. Créée en 2023 à La Nouvelle Scène Gilles Desjardins (LNSGD) par le Théâtre du Trillium et le Théâtre Catapulte, elle appose les codes de la baladodiffusion sur une œuvre théâtrale.

« C’était écrit, la pièce existait, on l’a montée. La parution, pour moi, c’était comme une fin qui fermait un peu cette étape », raconte Louis-Philippe Roy en entrevue avec ONFR, alors que la fébrilité du lancement redescend tranquillement.

L’auteur d’Ottawa-Gatineau est heureux que son œuvre trouve une forme pérenne. « La magie du théâtre, c’est l’éphémère, explique-t-il. Le livre permet que chacun retourne chez soi, l’interprète comme il veut, l’entende comme il veut, voit ce qu’il veut quand il lit. »

L’histoire

Durant des années suit Mélanie Breton, une journaliste manquant manifestement d’expérience, qui retourne dans la communauté rurale où elle a grandi dans le but de produire une série balado. Le sujet : une histoire de meurtre ayant vivement secoué les habitants de Saint-Floribert-de-Liège, une île fictive campée sur la rivière des Outaouais.

Adolescente à l’époque, Mélanie souhaite rendre hommage à son camarade Éric Leduc alors que le meurtrier, Jean-François Bélanger, s’apprête à demander sa libération conditionnelle.

La Franco-Ontarienne Danielle Le Saux-Farmer incarnait Mélanie Breton dans la version originale de Durant des années. Photo : gracieuseté de Louis-Philippe Roy

Poussée par une productrice qui veut toujours plus de croustillant et de drame, et influencée par sa propre volonté de faire avancer sa carrière, la journaliste va rapidement oublier la déontologie et la délicatesse nécessaires à ce genre de projet.

« Plus la pièce avance, plus tu te rends compte que ses intentions sont d’abord et avant tout de briller elle-même, au détriment de la réalité », indique Louis-Philippe Roy.

Le texte se concentre sur la période où la journaliste mène des entrevues auprès de son ancien entourage. Les spectateurs n’entendront pas le balado comme tel.

Durant des années a été publié aux Éditions L’Interligne le 3 septembre 2025. Photo : Rémi Thériault/Théâtre du Trillium

« Le public peut voir les personnages, donc il a les réels sentiments et la proximité qu’elle pouvait avoir (avec les autres). Ce qu’elle va en faire, on ne le saura jamais, mais on peut s’imaginer qu’elle va faire mentir les bandes, qu’elle va se dédouaner. »

Durant des années s’ouvre d’ailleurs sur une scène dans laquelle Mélanie est questionnée par le Conseil de presse, qui agit un peu comme un tribunal. « Bien sûr, c’est fictionnalisé, avoue l’auteur. Ça ne se passe pas réellement comme ça. »

La création

Le monde du balado, Louis-Philippe Roy le connaît bien. Il en avait déjà intégré les codes dans l’œuvre théâtrale Néon boréal en 2016. Depuis 2020, il collabore également avec Transistor média, une boîte de baladodiffusion située à Gatineau. Le projet Durant des années devait d’ailleurs être un balado au départ, inspiré d’une idée du directeur artistique et fondateur de Transistor Média, Julien Morissette.

En 2020, ce dernier avait fondé la Scène nationale du son avec le directeur artistique et général du Théâtre du Trillium, Pierre Antoine Lafon Simard. Cette plateforme audio avait pour but de continuer de faire rayonner les arts vivants dans une période où les spectacles en salle étaient arrêtés.

Lorsque Julien Morissette et Transistor Média se sont retirés du projet, Louis-Philippe Roy et Pierre Antoine Lafon Simard l’ont transformé en œuvre sur scène.

  • 2021 : Un antépisode est présenté dans le volet « en chantier » des Zones théâtrales. Arrivée de la conseillère dramaturgique Dominique Lafon dans le projet.
  • 2023 : La pièce finale est présentée aux Zones théâtrales en septembre, puis dans la programmation régulière de LNSGD en novembre.
  • 2024 : Durant des années est présentée dans la ville de Québec. La pièce est accueillie au Diamant, le théâtre de Robert Lepage, dans le cadre du Carrefour international de théâtre de Québec.
  • 2025 : Publication du texte de Durant des années aux Éditions L’Interligne.

Durant des années est une fiction montée de toutes pièces, mais sa construction s’inspire fortement des codes du True Crime, ou documentaire criminel, un format très populaire dans l’univers de la baladodiffusion.

« Il y a souvent des classiques dans le True Crime, explique l’auteur. Tu vas rencontrer la mère de la victime, le policier qui était là à l’époque, etc. Ça me faisait une galerie de personnages extrêmement riche ».

Louis-Philippe Roy vit à Gatineau, mais est bien implanté dans la communauté théâtrale franco-ottavienne. Photo : gracieuseté de Louis-Philippe Roy

Si Louis-Philippe Roy a pu constater la montée en popularité de la baladodiffusion pendant la pandémie, il en craint les dérives.

« Je me suis beaucoup questionné sur la légitimité. N’importe qui peut prendre n’importe quoi, en faire des clics, mettre de la publicité alors qu’on parle d’un meurtre, ne pas nécessairement avoir l’aval de la famille… jusqu’où un cas, qui est privé, mais devenu public par la gravité de l’événement, peut appartenir à n’importe qui? »

En plus de l’éthique journalistique, la pièce aborde des thèmes comme la famille, l’amour, l’infidélité, l’intimidation ou l’homosexualité. Même si Durant des années se déroule au présent, les personnages se remémorent une histoire survenue dans leur adolescence et l’univers des années 1990 imprègne le projet.

De la scène au papier

Après avoir manifesté son intérêt, Louis-Philippe Roy a pu profiter de l’appui d’une autre dramaturge de la région. « J’ai eu l’immense privilège que Mishka Lavigne, directrice de collection aux Éditions L’Interligne, parle de moi à Chloé Leduc-Bélanger, qui venait d’arriver à la direction générale. Ça s’est fait avec une rapidité hors pair. »

Celui qui gagne sa vie à écrire sous différents formats (théâtre, balados, œuvres collectives) commence à peine à se qualifier lui-même d’auteur, alors que Durant des années est sa première œuvre théâtrale en solo. « Je dis toujours que je suis wannabe auteur. J’ai de la misère à assumer. On a l’image de l’auteur, ce travail solitaire, passer des années à travailler un roman… sauf qu’à un moment donné, il faut que je me dise que, bien oui, c’est ce que je fais aussi. »

L’événement de lancement de Durant des années a été jumelé au lancement de saison du Théâtre du Trillium, le 4 septembre 2025. Photo : Rémi Thériault/Théâtre du Trillium

Une étiquette qu’il accepte plus facilement est celle de Franco-Ontarien, en tandem avec son identité québécoise. Louis-Philippe Roy incarne cette particularité de la région d’Ottawa-Gatineau, à cheval entre deux provinces. Créée à LNSGD à Ottawa et publiée aux Éditions L’Interligne, Durant des années est clairement une œuvre franco-ontarienne.

Ce format de plus ou moins 160 pages de dialogue se lit très rapidement, même si le lecteur doit se fabriquer la scène dans sa tête. « Je suis très conscient que le format théâtre n’est peut-être pas accessible à tout le monde, mentionne le dramaturge qui n’aime pas ajouter trop de didascalies. J’aime cette forme parce qu’il y a des trous. Oui, il y a des choses que j’ai envie qu’on sente, qui sont à même les répliques. Mais après, c’est au lecteur à remplir le reste et à se l’imaginer comme il veut. »

Grève dans les collèges publics de l’Ontario, y compris francophones

Faute d’entente entre le SEFPO et le Conseil des employeurs des collèges, une grève est déclenchée ce jeudi 11 septembre dans l’ensemble du réseau collégial ontarien, touchant aussi les établissements francophones.

La décision a été prise tard dans la nuit de lundi à mardi : grève, ce jeudi 11 septembre, dans les 24 collèges publics de l’Ontario, y compris les établissements francophones La Cité et Collège Boréal.

Les négociations entre le Syndicat des employés de la fonction publique de l’Ontario (SEFPO) et le Conseil des employeurs des collèges (CEC) n’ont pas permis de renouveler la convention collective du personnel de soutien à plein temps, échue depuis le 31 août 2025. Après deux jours de pourparlers intensifs, les 9 et 10 septembre, aucun compromis n’a été trouvé.

La menace de grève planait depuis quelques jours. Contacté par ONFR, le représentant du SEFPO, Dan Brisson, président syndical de la section locale 672 du Collège Boréal affirme que le syndicat est à la table depuis plusieurs mois, mais que l’employeur n’a vraiment commencé à discuter que les 30 et 31 août.

« Nous avons demandé d’autres dates : ils nous ont fait attendre le 9 et le 10 septembre. Le 9, nous les avons rencontrés à 16 h, puis à 22 h, et le lendemain, ils nous ont encore fait patienter jusqu’à 16 h pour finalement dire qu’ils n’étaient pas intéressés à négocier », indique M. Brisson.
« Nous sommes pourtant restés disponibles, prêts à discuter. Nous sommes encore à Toronto, prêts à conclure une entente, mais ils ne veulent pas parler », assure-t-il.

Selon lui, il est impossible de prédire la durée de la grève, bien qu’historiquement, une grève dure deux ou trois semaines.

« Nous sommes des technologues, des prospecteurs en emploi, du personnel de soutien essentiel à l’apprentissage. Notre but reste de servir les étudiants », relève-t-il espérant que le personnel retournera vite à la table pour signer un contrat et « permettre à nos collègues de reprendre le travail auprès des étudiants ».

Impact sur les étudiants

Concernant le déroulement du mouvement de grève, les campus seront marqués par la présence de lignes de piquetage, mais les étudiants pourront se rendre en classe si les professeurs sont présents. « Nous allons leur parler, les informer, mais nous les laisserons passer », Assure M. Brisson. Par ailleurs, selon lui, certains services seront perturbés, notamment les services comme le RAFEO (Régime d’aide financière aux étudiantes et étudiants de l’Ontario), « car ce sont nos employés de soutien à temps plein qui les assurent ».

Pour rappel, le SEFPO affirme que plus de 10 000 postes ont été supprimés dans le réseau collégial, avec la suspension de 650 programmes, et dénonce ce qu’il considère comme un décalage entre la santé financière des collèges – qui afficheraient 455 millions de dollars de profits – et les suppressions d’emplois.

De son côté, le CEC, qui négocie pour les collèges, soutient avoir offert plus de 140 millions de dollars en salaires et avantages sociaux, ainsi qu’une protection d’emploi, et rappelle avoir proposé une médiation ou un arbitrage, refusés par le syndicat.

Clarence-Rockland adopte une motion pour sécuriser les services en français

Le conseil municipal de Clarence-Rockland a adopté une motion qui inscrit l’« offre active » de services en français dans sa réglementation, renforçant la protection du français dans cette communauté de l’Est ontarien.

Le conseil municipal de Clarence-Rockland a adopté mercredi soir une motion pour sécuriser les services en français. 

Présentée par le conseiller municipal Trevor Stewart et appuyée par la conseillère Diane Choinière, cette mesure renforce la protection du bilinguisme dans cette municipalité de l’Est ontarien.

Selon Trevor Stewart, Clarence-Rockland a une politique de bilinguisme adoptée en 2001, la résolution n° 2001-236, qui, jusqu’ici, pouvait être modifiée ou abrogée par une simple décision du conseil. La motion adoptée la transforme en règlement (by-law), ce qui la protège davantage : il faut désormais un vote des trois quarts du conseil pour la modifier, précise-t-il.

La motion adoptée comprend aussi l’ajout d’une section « Offre active » à ladite résolution municipale n° 2001-236. 

Cette nouvelle disposition exige ainsi que les services en français devant être fournis par la municipalité de Clarence-Rockland soient « non seulement disponibles mais également portés à l’attention au client dès le premier contact, c’est-à-dire en prenant toute mesure prescrite à cette fin par la Loi sur les services en français de l’Ontario », lit-ont dans la motion.

« Cela signifie que tous les employés municipaux sont désormais mandater de fournir l’offre active à tous les résidents et clients de la municipalité, conformément à la Loi sur les services en français de l’Ontario », explique M. Stewart.

Trevor Stewart, conseiller municipal à Clarence-Rockland, dit vouloir freiner « les longs couteaux de l’assimilation ». Photo : Facebook / Trevor Stewart

Une réponse au recul de l’usage du français

Pour Trevor Stewart, cette motion répond à une tendance préoccupante : En 20 ans, la population francophone utilisant le français comme langue première à la maison est passée de 66 % à 48 %, perdant ainsi la majorité pour la première fois dans son histoire.

« Voir la communauté que j’aime tant tomber victime aux longs couteaux de l’assimilation me bouleverse profondément et m’engage davantage à protéger la langue et la culture que j’aime », confie-t-il.

Le conseiller affirme que « le besoin de défendre les services en français dans notre municipalité est venu », ajoutant que la décision « protège davantage le statut bilingue de notre municipalité tout en légiférant l’offre active comme politique municipale et droit des résidents ».

Fin août, le conseil municipal de Casselman avait lui aussi adopté une modification réglementaire préservant le français dans son administration. Tout citoyen peut, dans cette autre municipalité de l’Est, poser ses questions en français ou en anglais, et la réponse lui sera donnée dans la même langue, que ce soit durant la période de questions ou lors de présentations devant les élus.

Hearst perd son seul cinéma : « C’est vraiment triste »

HEARST – Le Hearst Theatre, seul cinéma de cette petite ville du Nord, met fin à sa section cinéma. La propriétaire a indiqué vouloir concentrer son énergie sur d’autres aspects de son commerce.

Dans un message publié mardi soir sur les réseaux sociaux, Killy-Ann Brunet a expliqué que la section cinéma fermait pour cette raison, mais qu’un autre projet est à venir : « Bien que ce chapitre se termine, je suis enthousiaste à l’idée de vous annoncer que la boutique rouvrira sous un nouveau nom et avec une toute nouvelle ambiance, j’ai hâte que vous fassiez partie de cette prochaine aventure. »

« Depuis la COVID, tout est en ligne… Les gens ne viennent plus au cinéma comme avant. J’ai aussi des enfants qui sont rendus à un âge où ils sont impliqués dans des sports, alors ma famille reste ma priorité. », a-t-elle expliqué à ONFR en fin de journée mercredi.

Le café qui se trouve également dans le bâtiment, lequel est situé stratégiquement au cœur du centre-ville, demeure ouvert.

La salle de cinéma de Hearst vue de l’intérieur. Gracieuseté d’Audrey Aubin/Realtor.ca

Le maire de cette ville de 500 habitants à majorité francophone, Roger Sigouin, a réagi à l’annonce au micro d’ONFR : « C’est vraiment triste, c’est la seule salle de cinéma que nous avons à Hearst. Une entreprise qui ferme dans une petite communauté c’est pas toujours bien vu. »

« Je l’ai appris en même temps que vous. Quand c’est une entreprise privée, on n’est pas toujours tenu informé », a-t-il également confié.

Plusieurs résidents ont exprimé leur déception sur les réseaux sociaux, pointant le fait que « c’est la seule activité qui restait à faire en ville en famille ou en couple à l’année. » « Merci pour les bons films français que tu nous as offerts et bon succès dans ta nouvelle aventure », a réagi une autre internaute.

Le café local est un lieu apprécié de la population. Gracieuseté d’Audrey Aubin/Realtor.ca

En plus de sa programmation en anglais, le cinéma proposait des films en français, notamment les mercredis et les dimanches.

Un contexte difficile

Avant cette fermeture, la propriétaire avait déjà été confrontée à plusieurs défis. Le cinéma avait dû s’adapter aux restrictions imposées par la pandémie et à la concurrence des plateformes de diffusion en continu.

Pour attirer les spectateurs, celle qui tenait l’établissement depuis 12 ans avait élargi l’offre avec des produits alimentaires, comme de la crème glacée et du café.

Quelques années auparavant, elle avait même envisagé de fermer le cinéma si la fréquentation ne suivait plus, mais la salle avait finalement survécu grâce à la mobilisation de la communauté. Le bâtiment dans lequel se trouve le cinéma et qui appartient à Mme Brunet, est en vente depuis plusieurs années.

La propriétaire proposait aussi la vente de crème glacée. Photo : Inès Rebei/ONFR

Au sujet de la possibilité qu’une nouvelle salle de cinéma y ouvre un jour, elle confie : « Je n’y crois pas vraiment. En quatre ans, personne n’a encore montré d’intérêt. »

Le cinéma, ouvert dans les années 1950 sous le nom de Cartier Theatre, avait fermé en 2013 avant de rouvrir sous sa forme actuelle. La salle de cinéma la plus proche se trouve à Kapuskasing, soit à un peu plus d’une heure de route de Hearst.

Le dernier film présenté dans la section cinéma sera Caught Stealing, à l’affiche du 26 septembre au 2 octobre.

Programme d’appui à la francophonie ontarienne : 71 organismes subventionnés

TORONTO – Le Programme d’appui à la francophonie ontarienne (PAFO), qui finance chaque année des organismes franco-ontariens, soutiendra 71 projets culturels, économiques, sociaux et communautaires, pour 2025-2026. Un financement à hauteur de 3 millions, identique à l’année précédente, comprenant un tiers de participation du gouvernement fédéral via l’Entente Canada–Ontario.

Le PAFO soutient depuis 2017 des projets francophones aux quatre coins de la province, venant ainsi en appui à la vitalité culturelle, communautaire et économique.

L’année dernière, le budget du PAFO s’élevait déjà à trois millions de dollars, bénéficiant pour la première fois d’une aide fédérale d’1 million.

Pour cette édition, les subventions allouées s’élèvent de 13 450 à 50 000 dollars, réparties entre une vingtaine de projets dans l’Est Ontarien, une vingtaine dans le Centre-Sud, une quinzaine dans le Nord et cinq dans le Sud-Ouest.

Cette année fait la part belle aux festivals, à la scène musicale et théâtrale, soutenant notamment à Sudbury, un projet musical du festival La Nuit sur l’étang mettant en lumière les deux communautés de la Huronie sur scène, et augmentant la capacité logistique de la Place des Arts.

Côté Ottawa, le Théâtre du Trillium pourra financer un laboratoire francophone en arts vivants numériques pour offrir aux artistes francophones, technologies et outils de création. L’Ottawa Fringe Festival développera quant à lui l’éducation et l’engagement dans les arts de la scène en français par le biais du festival Undercurrents. Théâtre Action renforcera, de son côté, le milieu théâtral francophone ontarien par des formations, du mentorat et un appui à la création communautaire.

Dans la région du Grand Toronto, Francophonie en Fête bénéficiera d’un coup de pouce pour offrir à de jeunes artistes francophones du secondaire l’opportunité de se produire sur scène.

Apprentissage du français et vitalité des communautés économiques

Le Club canadien de Toronto réalisera un projet commémoratif pour souligner son 40e anniversaire, avec microconférences, capsules vidéo, gala et rayonnement numérique, sur les grands moments francophones depuis ses débuts.

À Mississauga, la Société d’appui direct au développement économique et communautaire (SADDEC) offrira des formations auprès des professionnels, organismes et communautés francophones de l’Ontario sur l’intégration de l’intelligence artificielle (IA).

À Ottawa, un projet de la Fondation canadienne de développement économique et d’employabilité soutiendra des entrepreneurs francophones de l’Est ontarien, avec une « Académie » pour des entrepreneurs en démarrage, un guichet de financement, un concours de pitch, un Espace Tech et une mission commerciale.

Notables également quelques projets liés à l’apprentissage du français : Français 123 French, qui a pour but de dynamiser l’offre d’activités en français dans la région de Windsor-Essex, mettra au point 48 ateliers « Fun French at the Library » et des séances d’aide aux devoirs.

Le concours Epelle-Moi Canada obtiendra du soutien pour former de nouveaux bénévoles pour bonifier le concours dans la région de l’est.

À Thunder Bay, la Coopérative Centre francophone (CCF) créera aussi des partenariats avec les écoles francophones de la ville et avec l’organisme Aiducation qui offre des sessions d’apprentissage de la langue française par le jeu.

Triangle Magique reçoit du soutien pour répondre à la pénurie d’éducateurs qualifiés en petite enfance dans le Nord de l’Ontario, en développement des programmes d’accompagnement bilingues ou encore des stratégies de recrutement et de rétention.

Un volet social non négligeable

Dans l’Est ontarien, Action ontarienne contre la violence faite aux femmes développe un programme de certification pour les intervenantes francophones œuvrant dans le domaine la violence faite aux femmes en Ontario.

Dans le Nord, à Timmins, Centre pour femmes Ellevive formera de nouvelles inervenantes pour l’action auprès de femmes francophones confrontées à la violence.

L’Auberge francophone d’accueil et des services aux immigrants d’Etobicoke, à Toronto, mettra l’accent sur la formation des bénévoles au service de la communauté.

Le Centre de santé communautaire Hamilton/Niagara appuiera l’intégration socio-économique des personnes immigrantes francophones du Centre-Sud-Ouest de l’Ontario, en les sensibilisant aux métiers spécialisés comme voie d’avenir par le biais de foires de métiers.

« Notre gouvernement a un plan pour faire de l’Ontario l’économie la plus résiliente et compétitive du G7, et nous avons besoin d’une communauté francophone forte et dynamique pour y parvenir », a déclaré Caroline Mulroney, ministre des Affaires francophones.

Le ministre de l’Identité et de la Culture canadiennes et ministre responsable des Langues officielles du Canada, Steven Guilbeault, a lui affirmé que « les communautés francophones partout au pays doivent être fortes pour que le Canada soit fort. »

Avec le TIFF, « c’est tout notre secteur qui connaît du succès », clame Vincent Georgie

Figure du Festival international du film de Windsor (WIFF), Vincent Georgie est aussi vice-président adjoint d’Ontario créatif, l’organisme gouvernemental qui investit dans les productions locales.

Le Festival international du film de Toronto (TIFF) est un moment clé pour son organisation qui aide les les entreprises de la création à accroître leur productivité et à prendre de l’ampleur.

Faire grandir les créations en Ontario est essentiel, à la fois comme lieu de tournage et comme développement des talents. Le TIFF en est chaque année la vitrine mondiale.

« Une soirée du TIFF est particulièrement importante à vos yeux. Laquelle?

C’est la deuxième soirée, car c’est la grande soirée pour Ontario créatif pendant le TIFF. Il y a beaucoup de monde, 600-700 personnes, où on croisent les collègues qui ont travaillé sur les collaborations et les coproductions de l’Ontario. Ça démontre le grand impact de l’industrie du cinéma. Fêter ça pour le 50e TIFF, ce n’est quand même pas rien. J’adore voir l’ampleur de l’impact que le financement et la production du cinéma ont sur l’économie. Ça, ça m’excite beaucoup.

Que représente ce 50e anniversaire du festival, pour vous et pour Ontario créatif?

Avec le succès de ce festival, tellement d’organisations et de cinéastes ont eu du succès pendant des décennies. Quand le TIFF connaît du succès, c’est tout notre secteur qui connaît du succès. Le TIFF est dans le top 3 ou 4 des festivals de cinéma dans le monde. Dans ce contexte, Ontario créatif joue un rôle essentiel dans le financement, le soutien et l’accompagnement des cinéastes.

Que représente Ontario créatif cette année, en termes de films canadiens ou de coproductions?

Il y a une présence majeure de nos films. Nous avions droit à Mile End Kicks de Chandler Levack, projeté hier en ouverture. Il a remporté un prix mondial. C’est l’une de nos productions. Le film de Matt Johnson, Nirvanna The Band The Sho, est un film que nous allons financer. Il y a tellement de films ici, autant en documentaire qu’en fiction. Autant des cinéastes établis que de nouveaux cinéastes qui sont là avec notre financement.

Comment Ontario créatif s’est imposé comme partenaire stratégique du festival?

On est là pour soutenir tout ce qui est en lien avec la production, l’investissement et les partenariats dans l’industrie du cinéma. Ce n’est pas du côté de la création, mais du financement, ou comment donner une visibilité à la province. Que ce soit pour revenir ici ou pour établir des partenariats ou pour la postproduction, peu importe, l’Ontario reste toujours une destination prioritaire pour les investissements.

Comment se traduit concrètement la présence de l’Ontario créatif pendant ces 10 jours?

Certainement par le nombre de films à l’écran, car sans l’appui et la collaboration d’Ontario créatif, ça serait plus difficile d’imaginer ces films-là. Certainement aussi dans toutes les conférences de l’industrie, les conférences de partenariat. Et aussi, il ne faut pas oublier, le TIFF, c’est carrément un festival international qui se passe au Canada. Tellement de nos collègues de métier, ce soir, viennent de partout dans le monde pour collaborer et travailler dans le Canada et surtout dans l’Ontario! »

Fauquier-Strickland : une hausse de taxes de 20 % adoptée dans un climat de forte tension

FAUQUIER-STRICKLAND – Le conseil municipal de cette petite ville du Nord en proie à un lourd déficit a adopté, ce mardi soir, son budget 2025, incluant une hausse des taxes foncières. La décision, contestée par plusieurs résidents, vise à assurer le fonctionnement de la municipalité tout en respectant les exigences du ministère des Affaires municipales.

C’est dans un contexte tendu, marqué par l’inquiétude des citoyens et des débats houleux, que le conseil a pris cette décision bien redoutée dans cette petite bourgade majoritairement francophone.

La hausse de 20 % permettra de générer environ 1,48 million de dollars, soit un surplus de près de 295 000 $ pour 2025. Malgré cela, le déficit général restera à 2,37 millions de dollars. Selon les calculs municipaux, 92 % des résidences verront une augmentation inférieure à 500 $, soit environ 125 $ par mois.

Avant le vote, la mairesse Madeleine Tremblay a expliqué à ONFR : « On a un objectif qu’il faut suivre avec le ministère. On a un arrangement avec eux et il faut arriver à une décision. Il faut être capable d’opérer et de payer nos factures. » 

Elle a rappelé que l’option initiale de 80 %, présentée lors de la réunion du 19 août dernier, « permettait de payer la dette et d’arriver à l’équilibre cette année », mais que le gouvernement avait jugé cette mesure intenable pour les contribuables.

Pas de réponse de la mairesse

Une autre option, prévoyant une hausse de taxes de 30 %, était sur la table, mais le conseil l’a rapidement écartée, jugeant la mesure trop lourde pour les contribuables.

« L’an dernier, nous avions une hausse de 26 %. Ce soir, nous votons pour 20 %, mais ce n’est pas aux contribuables de payer pour le mauvais management passé », a déclaré le conseiller municipal Pierre Lamontagne, qui a été applaudi par l’assemblée.

Une pétition a circulé dernièrement pour réclamer de limiter la hausse à 20 %. Plusieurs ont dénoncé une iniquité, l’impact étant bien plus lourd pour les propriétés fortement taxées.

Plusieurs citoyens disent ne pas croire aux projections de la municipalité, soulignant que certains ménages déjà lourdement imposés verront leur facture grimper de plusieurs milliers de dollars. Source : Ville de Fauquier-Strickland

Dans le cadre des discussions sur le budget, les résidents avaient soumis un questionnaire comprenant plusieurs dizaines de questions sur les décisions passées et la gestion actuelle des finances. 

En l’absence de la directrice des services municipaux et trésorière par intérim, c’est Craig Davidson, consultant externe, qui avait préparé l’ébauche du budget 2025 en seulement quelques heures et fourni les réponses au questionnaire. 

Plusieurs citoyens ont critiqué cette situation, estimant que la mairesse et le conseil auraient dû répondre eux-mêmes. « Pourquoi c’est le consultant qui répond et pas la mairesse? », a souligné une résidente lors de la réunion.

Refus de payer

Une résidente et membre du « groupe de citoyens concernés » a dénoncé le fait que le budget 2025 aurait été approuvé avant que les états financiers de 2024 ne soient publiés et examinés par le conseil, même si des données sont disponibles sur des documents antérieurs de la municipalité.

Lors de sa présentation citoyenne imprévue, Tammy Daigle a donc lancé : « Nous voulons d’abord un audit complet des finances de 2024, ensuite nous déciderons de payer nos taxes. Tant que ce n’est pas fait, nous n’avons pas confiance dans ce budget. »

« Si vous êtes d’accord avec nous pour payer 0 % cette année jusqu’à ce que nous soyons sous une saine gestion financière avec un nouveau maire et conseil, levez-vous! », a-t-elle demandé aux participants, dont une partie s’est effectivement levée pour manifester son opposition à la hausse de 20 %.

Une partie de la salle s’est levée en soutien à la présentation d’une citoyenne proposant de ne pas payer de taxes. Capture d’écran internet/Zoom

« Je comprends votre frustration, mais nous devons adopter un budget pour assurer le fonctionnement de la municipalité et respecter les exigences du ministère », a rappelé la mairesse Madeleine Tremblay, soulignant que le vote n’était pas un simple choix volontaire, mais une obligation pour permettre le paiement des factures et le maintien des services.

Vers un audit?

En juillet dernier, la mairesse Madeleine Tremblay avait indiqué que la municipalité devrait interrompre certains services, notamment la collecte des déchets, si une hausse des taxes pouvant atteindre 230 % n’était pas adoptée ou si la province de l’Ontario ne fournissait pas de soutien financier.

Plus tard, en août, une première ébauche de budget prévoyait une hausse moyenne de 117 %, avant d’être rapidement ramenée à 80 %.

Les résidents continuent de réclamer un audit judiciaire des finances, accompagné d’une pétition circulant depuis plusieurs semaines. 

La municipalité a indiqué que la possibilité d’un audit est à l’étude, mais que le coût reste un facteur important, et qu’elle cherche à assurer la meilleure utilisation des fonds publics avant de procéder.

Le budget adopté sera maintenant transmis au ministère des Affaires municipales et du Logement pour approbation finale.

Cette adoption était nécessaire pour permettre à la municipalité de recevoir l’aide conditionnelle de 300 000 $ accordée par Toronto, que le ministère a liée à l’adoption d’un budget équilibré fin août et à la collecte des impôts d’ici le 30 septembre.

Un projet de librairie francophone prend forme à Hearst

HEARST – Un peu plus d’un an après la fermeture de la Librairie Le Nord, les Médias de l’Épinette noire s’engagent à revitaliser l’offre littéraire en français à Hearst en ouvrant une nouvelle librairie communautaire. Le projet vise à répondre à une demande persistante dans la communauté tout en soutenant les revenus du journal et de la radio locaux, affectés par la baisse des publicités et la récente guerre des tarifs avec les États-Unis.

La fermeture de la Librairie Le Nord, survenue en mai 2024 suite au décès de son fondateur Omer Cantin, a laissé un vide culturel à Hearst. En réponse, les Médias de l’Épinette noire ont décidé de relancer une librairie francophone dans la ville.

« Depuis qu’on a annoncé le projet, les commentaires affluent. Les gens ont tellement hâte que ça ouvre », confie Steve McInnis, directeur des Médias de l’Épinette noire.

Pour les Médias de l’Épinette noire, la librairie n’est pas seulement un lieu culturel : c’est aussi un moyen de renforcer la stabilité financière des médias locaux. Le Franco-Ontarien estime que la guerre des tarifs a fait craindre à plusieurs commerçants une hausse des coûts et a entraîné une diminution de leurs investissements publicitaires.

« Ça fait peur à beaucoup de commerçants. Ils prennent moins de publicité, et le gouvernement n’en achète pratiquement plus dans nos journaux ou à la radio », explique-t-il. « On ne pouvait plus compter uniquement là-dessus. Il fallait trouver une autre source de financement. »

Plutôt que de recourir à de nouvelles campagnes de financement, souvent jugées répétitives par la population, l’équipe a opté pour une solution où le public peut obtenir un service concret : acheter ou emprunter des livres en français.

Des locaux réaménagés

La librairie prendra place à l’avant des locaux des Médias de l’Épinette noire. Un bureau sera retiré et deux murs supprimés afin de créer un espace accueillant pour les lecteurs. Les services du journal et de la radio resteront à l’arrière.

« Les gens vont entrer directement dans une librairie. Ça va être un autre monde », se réjouit M. McInnis. Le choix de rester sur place permet aussi de limiter les coûts, tout en bénéficiant de la visibilité offerte par les médias déjà en place. 

La librairie prendra place à l’avant des locaux des Médias de l’Épinette noire. Photo : Gracieuseté des Médias de l’Épinette noire

La Caisse Alliance appuie le projet et contribuera au financement nécessaire pour aménager l’espace. M. McInnis espère une ouverture officielle en octobre, afin que la librairie puisse profiter de la période des Fêtes.

Une synergie avec le journal et la radio

Pour garantir un large choix de livres, l’équipe s’appuie sur l’expertise d’une ancienne employée de la défunte Librairie du Nord, qui a transmis ses contacts auprès des distributeurs.

« Quand je les appelle, ils sont prêts à nous aider solide. Il y a encore beaucoup de monde qui veut lire un livre papier », assure Steve McInnis. Malgré une baisse générale des ventes de livres papier, le promoteur reste convaincu que la demande locale est suffisante pour assurer la viabilité de la librairie.

La proximité avec les médias locaux constitue un avantage stratégique. « On va inviter des auteurs, en parler à la radio, écrire des articles dans le journal. Tout ça, on peut le faire sans frais publicitaires supplémentaires. Si je me plante avec tout ça, c’est que je n’ai vraiment pas fait mon travail », affirme le patron de presse.

Pour lui, l’un des grands atouts du projet est sa simplicité financière. « C’est ça qui fait que c’est gagnant pour moi parce que j’ai pas d’autres locaux à louer et j’ai pas d’autres d’employés à payer », explique-t-il.

Cette visibilité quotidienne permettra, selon lui, de créer un engouement autour des auteurs et des titres disponibles, et de fidéliser la clientèle dès le lancement.

Peu d’inquiétudes

Conscient des difficultés rencontrées par d’autres librairies francophones dans le Nord, M. McInnis insiste sur l’importance de commencer localement et d’étendre la portée progressivement.

« On commence à Hearst, puis on verra plus loin après. Mais on va mettre beaucoup d’énergie dans les trois premières années », dit-il.

Le projet prévoit également la création d’un site internet pour permettre la vente de livres à distance, ce qui pourrait étendre l’accès à d’autres communautés francophones du Nord ontarien.

Rappelons que la pandémie de COVID-19 a entraîné la disparition du Salon du livre de Hearst en 2023, mettant fin à cet événement bisannuel, et que pour combler ce vide, le Salon du livre de Sudbury se tient désormais chaque année.

Ailleurs, la Librairie Panache de Sudbury, ouverte en janvier 2024, avait annoncé devoir suspendre ses activités en juillet dernier afin de repenser son modèle économique et assurer sa viabilité à long terme.

Toutefois, du côté de Hearst, il n’y a pas vraiment d’inquiétudes. « C’est un projet qui ne peut qu’être gagnant », conclut Steve McInnis.

L’Université de l’Ontario français renverse la vapeur avec 80 % d’étudiants franco-ontariens

TORONTO – Alors que l’Université de l’Ontario français (UOF) comptait 70 % d’étudiants internationaux à son ouverture, le rapport s’est aujourd’hui inversé au profit des étudiants de l’Ontario qui représentent 80 % des effectifs. En un an, l’institution est par ailleurs passée de 360 à 588 étudiants inscrits pour la rentrée d’automne. Les circonstances favorables à son expansion sont en partie à chercher dans le succès de son programme en éducation.

« Ça surpasse nos attentes », confie la vice-rectrice aux études et à la recherche à l’Université de l’Ontario français, Isabelle Dostaler. « On envisageait plus de 500 étudiants. »

L’académicienne rappelle qu’après avoir remarqué l’appétit des étudiants ontariens pour le Baccalauréat en éducation (B. Éd.), 80 places supplémentaires ont été acordées à l’UOF pour cette filière cette année. François Hastir, qui dirige le Regroupement étudiant franco-ontarien (RÉFO), se rappelle que « c’était le seuil prévu dans le plan d’affaires déposé au fédéral et au provincial au moment de recevoir les fonds. »

Une majorité d’étudiants ontariens

En comparaison avec ses débuts où l’UOF comptait près 70 % d’étudiants internationaux, Mme Dostaler souligne qu’un programme tel que le B. Éd. requiert non seulement une formation universitaire initiale de premier cycle, mais surtout un statut de résident permanent ou citoyen canadien pour s’inscrire.

Mélanie Cayer est étudiante dans ce B. Éd en parallèle de sa vie de mère de famille à Pembroke. Elle dit avoir été séduite par la flexibilité du mode d’enseignement. « J’ai su que l’UOF offrait le B. Éd. en français, en ligne, et que c’était ma chance de saisir mon rêve », déclare-t-elle en considérant sa proximité avec la base militaire où travaille son mari ainsi que ses six enfants scolarisés à Pembroke.

« Il y a aussi le fait qu‘après le premier stage, on peut obtenir la carte transitoire qui nous délivre le statut d’enseignant qualifié », ajoute l’étudiante.

Même si elle appréhendait le retour aux études en français, Mélanie Cayer est heureuse de s’être lancé le défi de poursuivre son B. Éd. à l’UOF. Photo : Gracieuseté de Mélanie Cayer

Après un parcours académique entamé en anglais à l’Institut universitaire de technologie de l’Ontario à Oshawa, elle avoue avoir été réticente à l’idée d’étudier en français. « Je suis francophone, mais là, c’est faire des devoirs, des cours, est-ce que je peux le faire? Je me suis dit que j’allais me lancer le défi. »

Une bourse d’études versée par l’UOF a également joué en faveur de Mélanie Cayer. Ces fonds encouragent la poursuite d’études en éducation dans l’objectif de pallier la pénurie d’enseignants en Ontario. De plus, l’année prochaine, un baccalauréat en arts couplé à un B. Éd. verra le jour, permettant « les étudiants provenant du secondaire pourront suivre deux programmes simultanément en quatre ans », annonce la vice-rectrice.

François Hastir pense également que « la spécialisation sur les organismes francophones en situation militaire qui n’existe nulle part ailleurs qu’à l’UOF, ça parle aux étudiants postsecondaires. »

Une notoriété bâtie avec les années

« Il y a quatre ans, tout ce que connaissaient les étudiants c’était la crise du Jeudi noir, c’était à peu près tout », considère M.  Hastir, dans un contexte où l’UOF devait, selon plusieurs observateurs du dossier, tacitement ouvrir des filières non concurrentes à l’offre existente des autres universités.

Cette « restriction » levée, combinée avec l’actuel plafond de 437 000 permis d’études accordés, les cartes ont été redistribuées.

Isabelle Dostaler, vice-rectrice aux études et à la recherche à l’UOF, mise sur la création de programmes pour garder la tendance d’admission étudiante à la hausse. Photo : Gracieuseté de Isabelle Dostaler

« Cette année, on a un tout nouveau programme, un baccalauréat en santé mentale », ajoute Mme Dostaler, un programme qui, selon elle, assure de nombreux débouchés. Un programme de travail social serait en outre à l’étude.

Le succès du B. Éd « inspire le développement de nouveaux programmes » dans les domaines confrontés à une pénurie de travailleurs qualifiés, abonde-t-elle.

Contenir l’exode étudiant vers les universities

Une des problématiques sous-jacentes reste l’offre limitée de programmes qui pousse les étudiants franco-ontariens à se tourner vers des établissements anglophones. « La réalité, c’est qu’il y a des étudiants intéressés par des programmes comme ingénierie, droit ou médecine où malheureusement les institutions ont des difficultés à aller chercher une offre de programme », détaille M. Hastir, au vu des restrictions de programmes qu’a connues l’UOF.

Du côté de l’UOF, la volonté d’accroître davantage la population étudiante est là. « Nous sommes et nous demeurerons une université à taille humaine. Si un jour on atteint 2000-2500 étudiants, ce serait un objectif pour nous, pas plus », estime la vice-rectrice, qui explique que l’éventuelle introduction à davantage de programmes scientifiques sera forcément imposée avec « un idéal de justice sociale. »

« Notre but, c’est de travailler au développement et à l’introduction de nouveaux programmes qui vont nous permettre d’aller recruter davantage auprès des étudiants qui finissent le secondaire », conclut l’académicienne.

M. Hastir en est bien conscient. « Avec l’UOF, il y a eu beaucoup de tables et de concertations avec les étudiants du secondaire et du postsecondaire. C’est pour voir si les programmes correspondent bien à leurs attentes. »

Au printemps, les chiffres compilés par le Centre de demande d’admission aux universités de l’Ontario (OUAC) démontraient pour l’UOF comme pour les autres universités francophones, un déclin dans ses demandes d’admission. Cependant, ces chiffres ne comprenaient pas le système du portail TEAS à travers lequel les étudiants en éducation soumettent leur demande.

« En regardant les chiffres OUAC, on a l’air de ne pas avoir beaucoup d’étudiants, mais en comptant les étudiants en éducation, ça donne une autre image », nuance Mme Dostaler.

Mathieu Séguin au TIFF : « Créer plus d’histoires avec des créateurs du Nord »

Mathieu Séguin est cinéaste à Sudbury, une ville qu’il affectionne et dont il croit au potentiel cinématographique. ONFR l’a croisé au Festival international du film de Toronto (TIFF).

Le TIFF se poursuit jusqu’au 14 septembre. Au-delà du tapis rouge et des projections, ce sont aussi des rendez-vous propices aux professionnels de l’industrie.

Avec ses grands espaces, le Nord ontarien offre un cadre singulier aux tournages. C’est aussi un vivier de talents devant et derrière la caméra que M. Séguin voudrait voir grandir.

Que faites-vous au TIFF?

Je suis venu pour le déjeuner du Northern Ontario Heritage Fund (NHFC, Société de gestion du Fonds du patrimoine du Nord de l’Ontario) qui regroupe les producteurs et distributeurs intéressés à filmer dans le Nord. Le NHFC, c’est l’organisation qui accorde le plus de subventions pour les films du Nord de la province.

Tourner dans le Nord de l’Ontario, ça veut dire quoi concrètement?

Pour moi, c’est plus qu’une simple dimension géographique. C’est moins Hollywood, c’est moins industrie, mais c’est plus de passion pour les films dans un paysage unique qui regorge d’histoires. C’est une des raisons pour lesquelles j’aime vivre et faire des films à Sudbury.

Quel genre de paysage, justement, trouve-t-on dans cette partie de la province?

Tu as des paysages qui vont parfaitement avec les films d’horreur comme Cabin in the Woods, mais il y a aussi tout ce qu’il faut pour des images de nature : rapides, rivières, bois… Et puis, maintenant, avec toute la technique, il est facile de reproduire un plateau qui a l’air très urbain à Sudbury ou dans n’importe quelle autre ville. Il y a un beau mélange de paysages et de villes dans lesquels une personne créative peut assez facilement développer son idée.

On a parlé des lieux, mais il y a aussi les équipes de tournage. Quel type de talent peut-on dénicher dans le Nord?

Il y a beaucoup de talents et pas seulement des assistants ou des techniciens. Je travaille avec les créateurs qui ont des histoires à raconter, comme par exemple Matt Poitras avec qui je collabore sur plusieurs courts-métrages. J’ai aussi produit son premier long-métrage. Il va présenter World Premiere cette année à Cinefest, le festival du film de Sudbury.

Peut-on dire que, par rapport à Toronto, tourner dans le Nord ressemble plus à un travail en famille?

Je dirais que oui. C’est plus familial dans le sens communautaire. On est une communauté d’artistes. Ce n’est pas énorme, mais les personnes qui travaillent ici dans l’industrie du film sont de véritables passionnés. Il y a des producteurs, designers, cinématographes, monteurs, écrivains…

Y a-t-il des incitatifs financiers pour favoriser les tournages dans le Nord?

Oui. C’est une des grosses raisons pour laquelle les gens viennent y tourner. Si tu dépenses un dollar, tu vas avoir un retour de 50 cents si tu engages et tu dépenses ton argent dans le Nord. 50 % de réduction sur les salaires, c’est incroyable par rapport à d’autres places ailleurs dans le monde.

Et y a-t-il des histoires purement francophones tournées dans le Nord?

Beaucoup de tournages se font en français à Sudbury. Mais mon rêve, ce n’est pas seulement qu’il y ait des tournages en français, mais des tournages qui viennent du monde du Nord, qui écrivent eux-mêmes des scénarios en français.

Que manque-t-il pour l’instant pour pérenniser ces tournages?

Eh bien, il y a toujours des gatekeepers, des gens qui vont dire « oui ou non » et te faire passer au niveau suivant. Maintenant, il faut qu’on devienne les créateurs de nos propres histoires. On ne peut pas continuer à faire des tournages sans développer notre propre industrie. Si les subventions s’arrêtent demain, il n’y a plus d’industrie dans le Nord. On doit montrer qu’on est capable de créer plus d’histoires avec des créateurs issus du Nord.

Vous avez fait des études à Hollywood, à Los Angeles. Pourquoi être revenu faire carrière à Sudbury?

J’ai choisi de revenir dans le Nord d’Ontario après mon master à l’American Film Institute car la seule recette pour faire un film, c’est une bonne histoire. Peu importe d’où tu viens et comment tu l’as fait, avec quelle caméra. Un film comme Blair Witch Project, qui n’a pas de budget, peut exploser et prendre le monde. J’admire les réalisateurs qui viennent de l’extérieur d’Hollywood : Robert Bresson, George Lucas, Truffaut, Stanley Kubrick… ont juste créé les films qu’ils aiment voir et on conquit le marché ainsi.

Finalement, il y a encore de la place pour tourner dans le Nord de l’Ontario…

Oui et ça ne fait que commencer. Les idées affluent et on a besoin de monde pour les concrétiser, d’autant que, dans le futur, on sera tous des créateurs capables de développer des histoires avec les technologies et les médias sociaux.

Jean Watters et le pari de l’éducation francophone dans le Nord de l’Ontario

RICHMOND, COLOMBIE-BRITANNIQUE – Premier président du Collège Boréal et ex-recteur de l’Université Laurentienne, Jean Watters est retraité depuis 18 ans et vit maintenant en Colombie-Britannique. Alors que le collège souligne aujourd’hui le 30e anniversaire de son ouverture officielle, il revient sur les défis financiers et politiques de l’époque, mais aussi sur les innovations qui ont permis à Boréal de se distinguer dès ses premières années.

«  Vous avez passé toute une vie en milieu minoritaire. Qu’est-ce qui vous a amené, jeune Québécois de Matane, à quitter si tôt votre région?

Je suis parti à 17 ans pour l’Alberta. J’étais un enfant difficile. J’ai perdu ma mère très jeune et je me suis sauvé de chez moi. Au départ, je voulais faire des études en environnement, mais un professeur m’a convaincu d’aller en éducation. C’est là que j’ai trouvé ma voie.

L’ironie, c’est que le collège m’a remis le diplôme que je n’avais jamais complété en 2000, sous forme honorifique. Finalement, je n’ai jamais regretté. Pour moi, enseigner, c’est une profession noble, avec un impact immense sur les jeunes.

Comment êtes-vous devenu le premier président du Collège Boréal?

À l’époque, j’étais en Alberta et j’ai tout simplement vu une annonce dans le journal. J’ai postulé, passé trois entrevues et j’ai été choisi. Je pense que ma préparation aux entrevues et mon expérience en formation à distance ont beaucoup joué.

Jean Watters signant son contrat en septembre 1994, un an avant l’ouverture officielle du Collège Boréal. Gracieuseté de Jean Watters

Quels souvenirs gardez-vous de l’ouverture officielle du 6 septembre 1995?

Une grande excitation. Tout le monde l’était, parce qu’on avait travaillé pendant près de dix mois pour s’assurer que tous les campus ouvrent en même temps. C’était une vraie fête, avec des activités et des prestations partout. Moi, je me suis promené d’un campus à l’autre, donc je n’ai pas vraiment pu participer. Mais ce qui reste gravé dans ma mémoire, c’est la première pelletée de terre : on craignait tellement que le projet soit annulé quand les conservateurs sont arrivés au pouvoir. Finalement, malgré la peur, le Collège a vu le jour.

Quels ont été les plus grands défis des débuts?

Il fallait rapidement mettre sur pied les centres régionaux, six au total à l’époque, et les connecter grâce à des technologies qui n’existaient pas encore vraiment. Nous avons installé un système avec Bell Canada, ‘Megastream’, pour permettre la vidéoconférence et éviter des frais de communications énormes.

En parallèle, la construction du campus principal de Sudbury a été menée tambour battant. Avec un chargé de projet et une ville qui approuvait rapidement nos permis, nous avons réussi à bâtir l’établissement dans les délais et le budget, ce qui était exceptionnel.

De quoi étiez-vous le plus fier à votre départ de Boréal?

De beaucoup de choses. Nous étions le premier collège en Ontario à avoir une coopérative gérant la cafétéria, la librairie et même le bar étudiant. Nous étions aussi un établissement ‘nouvelle ère technologique’ : pas de tableaux noirs, mais des systèmes de projection. Chaque professeur avait un portable, puis rapidement les étudiants aussi.

Nous étions aussi le seul collège à investir 2 % de son budget en perfectionnement du personnel. En outre, j’avais pris l’engagement que 50 % des cadres soient des femmes, alors qu’à l’époque, elles n’étaient que 14 % dans les postes de direction au Canada. Nous avons atteint cet objectif. Quand je suis parti en 1998, Boréal a été reconnu comme le collège le plus innovateur en Amérique du Nord par l’American Productivity and Quality Review Center.

Jean Watters, à droite, en compagnie de Daniel Giroux, actuel président du Collège Boréal, devant l’amphitéâtre du campus de Sudbury qui porte son nom. Gracieuseté de Jean Watters

Vous vous définissez souvent comme visionnaire. Avez-vous le sentiment que Boréal est resté fidèle à votre vision?

En grande partie, oui. Je me considérais d’abord comme un pédagogue. J’appelais les étudiants des ‘apprenants’, car c’était une philosophie axée sur l’apprentissage plutôt que l’administration. Cette idée a disparu, mais je crois que Boréal a gardé son intégrité : placer l’apprenant au cœur, et favoriser à la fois l’innovation technologique et la relation humaine.

Après Boréal, vous avez accepté le poste de recteur à l’Université Laurentienne. Qu’est ce qui vous a motivé à vous lancer dans cette nouvelle mission?

On m’a recruté, je n’ai pas postulé. C’était pour moi un ajustement assez difficile, et ça l’était aussi pour le personnel, car il est très rare qu’un recteur passe d’un collège à un milieu universitaire. Mais j’ai été bien entouré. Une des choses sur lesquelles j’ai vraiment travaillé pendant les trois années où j’étais là, c’était la mise sur pied de l’École de médecine du Nord de l’Ontario.

Jean Watters, alors recteur de l’Université Laurentienne, remet un doctorat honorifique à l’explorateur Bernard Voyer en 2001. Gracieuseté de Jean Watters

Vous avez aussi œuvré pour la francophonie au sein de l’établissement. Avez-vous rencontré une certaine résistance, déjà à l’époque?

Oui et d’ailleurs, je suis fier de dire que j’étais le 2e recteur francophone de l’histoire de la Laurentienne. Une autre priorité à cette époque était de s’assurer que les francophones et les anglophones soient bien représentés. Nous avons créé une structure où il y avait un vice-recteur aux affaires francophones et un vice-recteur aux affaires anglophones. Malheureusement, ce modèle a disparu par la suite, et l’opposition est venue des francophones eux-mêmes.

Une pétition a été signée à cet égard, et certains m’ont avoué qu’ils avaient subi des pressions de leurs collègues. Finalement, la mesure a été approuvée par le conseil. Malgré toutes ces difficultés, cette période dans le milieu postsecondaire a été extrêmement valorisante. Si je devais tout recommencer, je resterais plus longtemps au Collège Boréal, car c’était la période la plus heureuse de ma carrière.

Vous avez défendu l’idée d’une Université du Nouvel-Ontario, gérée pour, par et avec les francophones. Croyez-vous que l’Université de Sudbury, dont la première rentrée a eu lieu cette semaine, incarne bien cette vision?

Oui, j’espère qu’ils auront les moyens financiers de le faire. Toutefois, ce que j’aurais aimé voir, c’est un consortium des différents établissements francophones, comme l’Université de Toronto, le Collège universitaire de Glendon, l’Université de Sudbury et l’Université de Hearst, travaillant tous ensemble sur un modèle qui existait pendant des années en Alberta. Quand je vois encore de la compétition entre les institutions, je trouve ça dommage. Lorsque l’Université Laurentienne est tombée en faillite, ce sont surtout les programmes francophones qui ont été le plus touchés, et c’est vraiment regrettable.

À gauche, Jean Watters, alors président du Club canadien de Vancouver, en compagnie de l’écrivaine Joy Kogawa et Enzo Guerriero, président de Celebrate Canada, au dîner Ordre du Canada / Journée du drapeau en 2006. Source : Gung HAGGIS Fat Choy

Quel est, selon vous, le plus grand danger auquel le milieu éducatif pourrait être confronté dans les prochaines années?

L’intelligence artificielle (IA) va révolutionner l’éducation et le travail. C’est un outil puissant, mais aussi porteur de dangers. Prenons l’exemple de mon ami, Tony Bates, un des experts mondiaux en technologies d’apprentissage. J’ai demandé à l’IA de rédiger sa biographie, en français. Quand il l’a lue, il a dit que c’était la meilleure description jamais faite de lui. Mais c’est aussi effrayant : nous n’en sommes qu’aux balbutiements.

Jean Watters (complètement à droite) est un des membres fondateurs du Réseau d’enseignement francophone à distance (REFAD). Ici, il remet un certificat d’honneur avec – de gauche à droite – Alain Langlois (Directeur REFAD), Lise Bégin-Langlois (Animatrice colloque), Dany Benoit (Président REFAD) et Jean Watters (Fondateur REFAD) au docteur Tony Bates (Consultant Contact Nord et Ryerson University) en 2020. Source : REFAD

Y a-t-il une rencontre marquante qui vous reste en mémoire?

Oui : Stephen Hawking. Nous avons passé presque une journée ensemble lors d’une visite scientifique. Ce n’était pas simple de communiquer, lui à travers sa machine, moi avec mon accent, mais c’est une rencontre qui m’a profondément marqué.

Après une telle carrière, comment vivez-vous votre retraite depuis 18 ans?

Ma femme et moi avons longtemps partagé notre temps entre la Colombie-Britannique et le Québec. Aujourd’hui, nous vivons à Richmond, près de Vancouver. Nous faisons encore beaucoup de bénévolat, et nous profitons de nos amis. Je passe aussi une heure et demie par jour sur Facebook! (Rires) J’y partage ce que je trouve intéressant, parfois mes opinions politiques, et je suis surpris de voir l’audience conséquente que ça rejoint. Par exemple, je remarquais récemment que 154 000 personnes ont vu ma page dans les 28 derniers jours, c’est pas mal.

Jean Watters en compagnie de son épouse, Renée Popov Watters, qu’il a rencontré en Colombie-Britannique lors d’une rencontre professionnelle il y a 18 ans. Gracieuseté de Jean Watters

1950 : Naissance à Québec (Québec).

1984 : Est nommé directeur de l’éducation permanente du campus Saint-Jean de l’Université de l’Alberta.

1994 : Devient le premier président du Collège Boréal.

1998 : Obtient le poste de recteur francophone de l’Université Laurentienne.

2001 : Reçoît l’Ordre des francophones d’Amérique et est reçu au sein de la Compagnie des Cent-Associés francophones.

2004 : Accède à la direction générale du Conseil scolaire francophone de la Colombie-Britannique.

Chaque fin de semaine, ONFR rencontre un acteur des enjeux francophones ou politiques en Ontario et au Canada.

La grève imminente dans 24 collèges de l’Ontario

À une semaine d’une grève potentielle dans les 24 collèges publics de l’Ontario, le bras de fer s’intensifie entre le Conseil des employeurs des collèges (CEC) et le Syndicat des employés de la fonction publique de l’Ontario (SEFPO). Chacun se rejette la responsabilité de l’impasse.

Une grève est prévue le 11 septembre dans les 24 collèges publics de l’Ontario si aucune entente n’est conclue d’ici là. Les négociations entre le Syndicat des employés de la fonction publique de l’Ontario (SEFPO) et le Conseil des employeurs des collèges (CEC) demeurent au point mort.

Dans un communiqué diffusé le 5 septembre, le CEC accuse le syndicat de privilégier la confrontation. « Le SEFPO montre clairement qu’il est plus intéressé par une grève que par la conclusion d’une entente », a déclaré le président du conseil Graham Lloyd, cité dans le communiqué.

Le CEC, qui agit en qualité d’agent négociateur représentant les collèges, affirme avoir offert plus de 140 millions de dollars en salaires et avantages sociaux, ainsi qu’une protection d’emploi, et rappelle avoir proposé une médiation ou un arbitrage, refusés par le syndicat.

Le SEFPO rejette ces accusations et assure que la grève n’est pas une fatalité. « Ce n’est pas nous qui bloquons les négociations. Nous avons demandé d’autres dates après la rencontre du 31 août, mais l’employeur n’a proposé que les 9 et 10 septembre. Nous étions prêts à reprendre plus tôt », affirme Dan Brisson, le président syndical de la section locale 672 du Collège Boréal.

La pomme de discorde réside dans deux revendications syndicales jugées « irréalistes » par le CEC : l’interdiction totale des fusions ou fermetures de collèges pendant la durée de la convention collective et le gel de toute réduction d’effectifs, peu importe les circonstances.

« Ces demandes ont été ajoutées tardivement, après le vote en faveur de la grève », soutient le Conseil.

Le syndicat défend sa démarche : « Nous avons tenté d’en discuter, notamment le 31 août, mais l’employeur a refusé d’en parler. Les syndicats ont le droit d’apporter de nouvelles propositions en cours de négociation, c’est justement ça, négocier. »

Parmi les revendications principales figure la sécurité d’emploi. Selon le SEFPO, plus de 10 000 postes ont été supprimés dans le réseau collégial, avec la suspension de 650 programmes, malgré des profits de 455 millions de dollars. « Au Collège Boréal, les inscriptions sont en hausse, et d’autres établissements rapportent aussi des augmentations. Il y a un décalage entre ce que nous vivons sur le terrain et ce qui est annoncé publiquement », souligne Dan Brisson.

Par ailleurs, le syndicaliste insiste sur le rôle essentiel du personnel de soutien. « Nous sommes les experts dans nos domaines. Les superviseurs encadrent, mais ils ne connaissent pas en détail nos tâches. Nous sommes essentiels et irremplaçables », conclut-il.

Collège Boréal : trois décennies d’innovation et d’expansion francophone en Ontario

SUDBURY – Il y a 30 ans, le Collège Boréal ouvrait officiellement ses portes après de longues luttes pour offrir l’éducation postsecondaire en français dans le Nord ontarien. Depuis, l’institution francophone a progressivement élargi sa mission en devenant un acteur central de l’éducation en Ontario français. Retour sur les moments marquants des 30 dernières années, à travers le regard de ceux qui l’ont façonnée.

C’était le mercredi 6 septembre 1995. Le Collège Boréal accueillait ses premiers étudiants dans plusieurs localités régionales : Hearst, Kapuskasing, Timmins, Elliot Lake, Sudbury, New Liskeard et Sturgeon Falls.

Pour l’occasion, une grande célébration avait lieu durant toute une semaine dans le Nord avec des prestations d’artistes de renom et des activités soulignant aussi le 20e anniversaire du drapeau franco-ontarien.

Le site principal, celui qui est toujours en fonction aujourd’hui, n’a ouvert qu’en octobre 1997, après deux années de construction.

La construction du site principal du Collège Boréal à Sudbury. Gracieuseté du Collège Boréal

Mais la bataille n’était pas gagnée d’avance. Avant l’annonce de la création du Collège Boréal en juillet 1993, les étudiants francophones du Nord de l’Ontario avaient très peu d’options d’études postsecondaires en français, et l’idée même d’un collège francophone suscitait des débats auprès des autorités éducatives.

C’est finalement sous l’impulsion du gouvernement provincial de l’époque que le projet a vu le jour, après plusieurs années de demandes et de pressions de la part des communautés francophones.

« Prendre cette décision était essentiel pour promouvoir l’égalité entre toutes les communautés de la province », se souvient Bob Rae, alors premier ministre ontarien.

Bob Rae a été à la tête du seul gouvernement néo-démocrate de l’histoire ontarienne et fut premier ministre de 1990 à 1995. La Presse Canadienne/John Falstead

« Au début, certains dans la communauté collégiale estimaient que les étudiants francophones pouvaient simplement aller étudier au Québec. J’ai dû rappeler que le français est solidement implanté en Ontario, notamment dans le Nord, et que la communauté a toujours défendu ses droits. »

Des débuts audacieux

Jean Watters, nommé président du Collège dès août 1994, se rappelle des défis particuliers auxquels il a été confronté.

Il a fallu mettre en place rapidement six centres régionaux et les relier avec des technologies encore rares à l’époque. Un système « Megastream » de Bell Canada a permis la vidéoconférence et de réduire les coûts de communication.

« Nous avons été le premier établissement canadien à obtenir ce système, à intégrer l’utilisation des ordinateurs portatifs dans nos programmes et à éliminer les tableaux noirs pour les remplacer par un système de projection intégré », se félicite celui dont le mandat à la tête de l’établissement a duré quatre ans.

Le Collège Boréal s’appelait Collège du Nord jusqu’en juin 1994 lorsque le nom officiel et des éléments de l’identité visuelle ont été dévoilés. Gracieuseté du Collège Boréal

Daniel Giroux, actuel président, abonde dans le même sens : « Dès le début, le collège voulait être innovant, c’est le cœur de sa mission. »

En outre, le Collège Boréal a été la première institution à se doter d’une coopérative étudiante en Ontario et a été reconnu comme le collège le plus innovant en Amérique du Nord par l’American Productivity and Quality Review Center en 1998.

Employabilité, immigration et cours de langue

La fermeture du Collège des Grands-Lacs en 2002 a marqué un tournant. Boréal a alors élargi sa portée pour desservir le Centre-Sud-Ouest de l’Ontario, de Windsor à Toronto.

« Au départ, Boréal était le Collège du Nord », raconte Daniel Giroux, actuel président du Collège Boréal. À l’époque, des programmes et services en français de Cambrian et Northern avaient été transférés au Collège Boréal.

Quelque 1300 « apprenants et apprenantes », comme on les appelait alors, suivaient une quarantaine de programmes, en ligne et en personne, sur les différents sites du Collège.

Daniel Giroux, qui travaille au Collège depuis 2007, a été reconduit à la présidence du Collège Boréal en juin 2025. Photo : Inès Rebei/ONFR

Depuis, l’institution a plus que doublé le nombre de ses programmes postsecondaires et d’apprentissage et a diversifié ses services pour inclure l’emploi, l’immigration et la formation linguistique.

« Il ne s’agit pas seulement de former des étudiants », mais aussi « d’intégration socio-économique »
— Daniel Giroux, président du Collège Boréal

« Il ne s’agit pas seulement de former des étudiants. Quand on parle de tous nos services, on parle vraiment de l’intégration socio-économique de nos étudiants et de nos clients », précise M. Giroux, à la tête de l’établissement depuis 2016.

En 2008, le Collège se distingue en devenant la première institution postsecondaire à être désignée en vertu de la Loi sur les services en français de l’Ontario.

Distillerie et baccalauréats

Un autre moment clé, selon Pierre Riopel et Daniel Giroux, est l’ouverture du campus de Toronto en 2012 et l’annonce d’un nouveau site dans le quartier de la Distillerie en 2018.

L’inauguration officielle a eu lieu en 2023. « On travaillait depuis longtemps pour avoir un campus permanent à la Distillerie. C’est vraiment impressionnant d’avoir ce beau campus à Toronto », souligne M. Giroux.

Le campus devrait déménager dans un emplacement permanent d’ici quelques années, dans la tour Ribbon, toujours au sein du quartier de la Distillerie. Gracieuseté de Collège Boréal

Le président du Collège Boréal Daniel Giroux et la ministre des Affaires francophones Caroline Mulroney coupent le ruban inaugural du nouveau campus de la Distillerie. Photo : Rudy Chabannes/ONFR

Le campus comprend également un centre d’emploi et l’Espace d’innovation, de recherche et d’incubation (EIRI), un incubateur financé par Desjardins pour accompagner les créateurs dans le développement et la réussite de leurs projets. Photo : Rudy Chabannes/ONFR

Après la fermeture du campus de New Liskeard en 2017, l’ouverture de celui de Windsor en 2018 et l’ajout de locaux à l’Université Saint-Paul d’Ottawa en 2019 et à London en 2022, le Collège est aujourd’hui implanté sur 34 sites, dont 8 campus, répartis dans 27 communautés ontariennes.

Pour Pierre Riopel, qui a été président du Collège Boréal de 2013 à 2016, cette vaste présence à travers la province constitue un atout, mais comporte aussi des défis. « Un des défis, c’est de créer ce sens d’appartenance dans chacune de ces régions de l’Ontario », explique-t-il.

L’année 2023 marque un tournant pour le Collège Boréal avec l’annonce par le gouvernement de l’Ontario de son premier baccalauréat autonome en sciences infirmières, un an après un financement conjoint des deux paliers de gouvernement.

En 2023, le Collège Boréal reçevait huit millions de dollars des deux gouvernement pour élaborer de nouveaux baccalauréats en santé. Photo : Inès Rebei/ONFR

Daniel Giroux souligne l’importance de cette évolution  : « Le fait d’offrir des baccalauréats de quatre ans en administration des affaires et en sciences de l’informatique témoigne aussi de la croissance et de la maturité du collège. »

Expansion internationale et partenariats

En 2022, le Collège Boréal poursuit son expansion, cette fois à l’international, avec une première entente pour la délocalisation de ses programmes à l’École canadienne de Tunis.

Par la suite, le Collège annoncera un partenariat avec le Maroc ainsi qu’une collaboration entrepreneuriale avec la Chambre de commerce Québec-Afrique.

Sous la présidence de Pierre Riopel, le Collège a lancé des programmes d’échange avec des établissements en Belgique et la France. Gracieuseté du Collège Boréal

M. Giroux insiste : « Chaque site est crucial. Notre ambition est que Boréal soit reconnu internationalement pour la qualité de sa formation et son impact sur les communautés francophones. »

Ces dernières années, le Collège Boréal a multiplié les partenariats et ententes, notamment avec l’Université de Moncton (Nouveau Brunswick), le Collège Mathieu en Saskatchewan, HEC Montréal au Québec et l’Université Laurentienne en Ontario.

« L’avenir de l’éducation supérieure ne peut se concevoir sans coopération et reconnaissance mutuelle entre institutions, non seulement au Canada, mais aussi à l’international », souligne Bob Rae, ambassadeur et représentant permanent du Canada auprès des Nations Unies à New York depuis 2020.

Le ministre Nolan Quinn (au centre) était présent pour le lancement du partenariat entre l’Université Laurentienne et le Collège Boréal en juillet dernier. Source : Collège Boréal

L’apprentissage pratique comme fil conducteur

Pour des diplômés comme Crépin Foké, le passage au Collège Boréal représente souvent un tournant décisif : « Boréal m’a permis de passer du savoir théorique à la pratique sur le terrain. »

« J’avais pour ambition de devenir ingénieur dans le domaine automobile et je voulais perfectionner mon anglais en Ontario. Des amis m’avaient aussi fortement recommandé le Collège Boréal, c’est ce qui a motivé mon choix », détaille celui qui avait quitté le Cameroun pour Sudbury.

Diplômé en technique de mécanique automobile en 2019, celui-ci s’est lancé dans la création d’une entreprise spécialisée dans l’assainissement et la maintenance industrielle.

« Aujourd’hui, je dirige deux entreprises dans le domaine de la maintenance industrielle et automobile. Sans Boréal, je n’aurais pas acquis ces bases pratiques ni la confiance nécessaire pour poursuivre une maîtrise à Montréal », raconte-t-il, désormais installé dans la métropole québécoise.

Crépin Foké est le lauréat 2025 de la catégorie Entreprise en croissance lors du 3e Gala de Reconnaissance des Entrepreneurs Noirs du Québec pour son entreprise Horizon avenir plus. Photo : Fonds Afro-Entrepreneurs

En deux ans, les demandes d’admission aux programmes postsecondaires de Boréal ont augmenté de plus de 80 %, passant de 2 956 en 2022 à 5 380 en 2024, selon les dernières données du Collège.

« Nous sommes le collège francophone le moins financé de l’Ontario »
— Daniel Giroux

Malgré l’imposition récente de quotas sur le nombre d’étudiants internationaux par le gouvernement fédéral, le Collège ne se dit pas affecté, à l’inverse du Collège La Cité d’Ottawa, et dit constater, au contraire, une hausse du nombre d’étudiants ontariens.

« Boréal est le seul collège ontarien ayant connu auprès de cette population, majoritairement ontarienne, trois années consécutives de hausse, soit une progression des demandes de plus de 50 % depuis 2022 », indique l’établissement, qui se présente comme le numéro un en Ontario.

Comment expliquer un tel engouement? « Ce qui nous distingue, c’est la Garantie Boréal », souligne M. Giroux, au sujet de ce programme qui offre aux diplômés n’ayant pas trouvé d’emploi dans leur domaine après 12 mois, la possibilité de suivre gratuitement une deuxième formation collégiale à temps plein.

Des simulations sont organisées pour former les cohortes en Soins paramédicaux et en Techniques des services policiers. Gracieuseté du Collège Boréal

Le collège francophone « le moins financé de l’Ontario »

Malgré ses réussites, Boréal fait toujours face à d’importantes contraintes financières.

« Nous sommes le collège francophone le moins financé de l’Ontario », souligne l’actuel président. « En 2019, nous avons subi une baisse de 13 % des subventions, alors que le modèle de financement n’a pas évolué depuis des années. C’est un défi permanent pour maintenir la qualité de nos services et l’accès à l’éducation. »

Selon lui, des changements s’imposent : « Le modèle de financement doit évoluer », notamment en tenant compte du gel des frais de scolarité qui pèse toujours sur le postsecondaire ontarien.

Pierre Riopel confirme : « Le financement demeure le principal obstacle pour les institutions francophones. Il est crucial de garantir des ressources suffisantes pour soutenir les communautés et assurer l’excellence des programmes. »

Plus de 24 500 diplômes ont été attribués depuis la création du Collège en 1995. Gracieuseté du Collège Boréal

« S’il n’y a pas d’appui fort des gouvernements, et si cet appui ne se reflète pas dans la culture et les efforts visant à permettre aux gens de travailler et de vivre en français, cela mettra en péril l’avenir de la communauté francophone et de la langue comme langue de travail », estime Bob Rae, qui a également été député fédéral pour le Parti libéral.

Célébrations et perspectives

Le 30e anniversaire du Collège Boréal coïncide presque avec le 50e du drapeau franco-ontarien. Pour l’occasion, plusieurs célébrations sont prévues partout en Ontario.

Entre autres, à Kapuskasing, un volet se tiendra le 13 septembre lors du Business Awards Gala, en partenariat avec la Chambre de commerce du corridor du Nord. À Sudbury, un cocktail précédera le Banquet des Franco-Ontariens le 25 septembre, en collaboration avec l’ACFO du Grand Sudbury et l’AFO.

Du côté de Toronto, une réception aura lieu le 28 octobre en marge du Sommet francophone Finance & Investissement, en partenariat avec le Club Canadien de Toronto.

Pour les trois prochaines décennies, le Collège ambitionne de poursuivre sa croissance et de diversifier ses programmes.

« Nous voulons être reconnus comme la meilleure institution francophone au monde, tout en restant profondément connectés aux besoins des communautés locales et internationales », conclut Daniel Giroux.

Au TIFF, on « influence le regard sur le monde par les auditoires », selon Julie Roy

Julie Roy est la directrice générale et cheffe de la direction de Téléfilm Canada, organisme fédéral qui finance et promeut le cinéma partout au pays.

Du 4 au 14 septembre, 291 films sont en compétition au 50e TIFF. De grosses productions internationales comme Frankenstein de Guillermo Del Toro, mais aussi des affiches canadiennes telles que Seule au front de Mélanie Charbonneau.

Le Canada, qui tente d’accroître son influence et sa place dans l’industrie, part à la rencontre des auditoires et compte nouer des ententes de coproduction.

Qu’est-ce que ce 50e anniversaire du TIFF représente pour vous, personnellement, et pour Téléfilm Canada?

C’est un moment extraordinaire parce que c’est la rencontre avec le public, l’effervescence des équipes, mais aussi un moment qui marque le début de l’automne et de la saison des festivals. Du point de vue de Téléfilm, en tant que partenaires du TIFF, j’aime beaucoup qu’on se rattache à la mission du festival qui veut, à travers les films, influencer le regard sur le monde par les auditoires. Et je trouve que c’est très beau et ça nous rejoint, à Téléfilm qui est soucieux de rejoindre les publics du Canada et ceux du monde entier.

Quel souvenir marquant retenez-vous d’une édition précédente du TIFF en lien avec Téléfilm ou le cinéma canadien?

L’année dernière, il y avait trois longs-métrages du Manitoba en compétition. J’ai eu le plaisir de présenter Rumours, le film de Guy Maddin sur scène avec Roy Dupuis et Cate Blanchett. On voit à quel point nos réalisateurs canadiens peuvent attirer des talents de haut niveau à l’international, et ça fait très plaisir à voir. C’était un moment marquant pour moi.

Quelle va être la présence de tels films cette année? Est-ce que vous pouvez nous en dire plus sur la sélection canadienne de cette année?

Pour son 50e anniversaire, le TIFF a sélectionné une cinquantaine de films canadiens, dont 24 longs-métrages présentés en primeur. C’est une importante et très significative sélection. Pour Téléfilm, ce sont aussi le début des rencontres professionnelles. On espère que des ententes de coproduction vont se décider, que des acheteurs vont acheter des films canadiens. Et Téléfilm participe à des panels chaque année.

Comment se traduit concrètement la présence de Téléfilm pendant les 10 jours du festival?

On a un panel où on explique si votre projet est prêt à être soumis et on nous a octroyé une salle plus grande cette année parce que ce panel est de plus en plus populaire. Ça montre à quel point les gens ont un intérêt à participer à la culture canadienne. Et on offre aussi un panel sur la distribution, un maillon important de la chaîne en cinéma parce qu’on a des voix diverses, nos histoires sont racontées, mais il faut rejoindre nos publics.

Projetons-nous maintenant en 2026. Avec le lancement de The Market l’année prochaine, quels changements majeurs anticipez-vous pour l’industrie canadienne?

L’officialiser vient dire à nos partenaires de la planète, à l’international, qu’il y a un rendez-vous en bonne et due forme à Toronto, au Canada. Ça change les choses parce qu’au niveau de la délégation, ça va inciter des gens à participer de manière plus formelle, plus structurée. Et à Téléfilm, on a l’intention de faire ce qu’on fait à l’étranger, que ce soit à Cannes ou à Berlin : être en charge du pavillon canadien et se faire l’ombrelle de l’ensemble des provinces, pour créer des conversations.

Quel voeu formulez-vous pour les films canadiens?

Évidemment j’ai un parti pris, mais je voudrais que le Canada se retrouve dans les lauréats, à la toute fin, reconnu par le jury. On se souhaite bonne chance!

Le casse-tête des garderies francophones dans l’Est ontarien

OTTAWA – La demande pour des services de garde en français explose dans la capitale fédérale, mais l’offre peine à suivre. Malgré la création de nouvelles places et l’appui de programmes fédéraux et provinciaux, le secteur reste fragilisé par le manque de personnel, les pressions financières et le risque d’assimilation pour les familles francophones.

Selon la Ville d’Ottawa, le nombre actuel de places pour les enfants francophones de 0 à 3 ans ne répond qu’à 52 % de la demande.

« En raison de la baisse des frais, la demande a fortement augmenté et cela fait en sorte qu’il est plus difficile pour les familles de trouver des services de garde », explique Jason Sabourin, directeur des Services à l’enfance de la Ville d’Ottawa.

Les familles inscrivent désormais leurs enfants plus tôt, surtout depuis la mise en place par le gouvernement fédéral en 2021 du régime de garde à 10 $ par jour, explique Jason Sabourin. Résultat : les inscriptions au registre municipal des enfants de 0 à 5 ans ont bondi de 300 % depuis 2019, souligne M. Sabourin.

« La demande a fortement augmenté depuis la mise en place des garderies à 10 $ par jour », explique Jason Sabourin, responsable des Services à l’enfance à la Ville d’Ottawa. Photo : Ville d’Ottawa

Entre 2023 et 2026, la Ville prévoit la création de 125 nouvelles places désignées francophones dans les quartiers mal desservis et défavorisés, afin d’atteindre un objectif de 40 % de places pour les populations autochtones et francophones. La province prévoit également des places francophones dans les nouvelles écoles, ajoute la même source.

Le secteur francophone en difficulté

Pour l’Association francophone à l’éducation des services à l’enfance de l’Ontario (AFÉSEO), l’enjeu dépasse le nombre de places. Le véritable défi reste le recrutement et la rétention du personnel éducateur, relève cette association qui compte 25 garderies francophones.

« Les salaires ne sont pas compétitifs : pour le même travail dans un conseil scolaire, l’écart peut atteindre 10 à 20 $ de l’heure », indique Martine St-Onge, directrice générale de l’AFÉSEO. « Même lorsqu’on recrute et qu’on forme du personnel, beaucoup quittent pour de meilleures conditions ailleurs », déplore Mme St-Onge.

À cela s’ajoutent des conditions de travail exigeantes : horaires prolongés, absence de régime de pension et avantages sociaux limités. Dans plusieurs centres, des places autorisées par permis demeurent inoccupées, faute d’éducatrices.

En région, la situation est encore plus compliquée. « À Embrun, par exemple, nous avons l’espace et l’autorisation pour 13 enfants supplémentaires, mais aucun personnel pour ouvrir ces places », illustre Mme St-Onge. « Le logement est rare et les loyers exorbitants. Pour un salaire de 22 ou 23 $ de l’heure, les éducatrices n’arrivent pas à joindre les deux bouts. »

« Sans services de garde, les familles ne peuvent pas travailler. Or, même le personnel de garde n’arrive pas à vivre dignement de ce métier », rappelle la directrice générale de l’AFÉSEO.

Le recours au recrutement international reste limité : les diplômes obtenus à l’étranger ne sont pas reconnus par l’Ordre des éducatrices et éducateurs de la petite enfance de l’Ontario, ce qui oblige à classer les recrues comme « non formées ».

Le menace de l’assimilation

Au-delà de la question économique, c’est la vitalité du français qui est en jeu. Sans places francophones, les familles doivent se tourner vers l’anglais.

Martine St-Onge, directrice générale de l’AFÉSEO, alerte sur la difficulté à recruter et retenir du personnel éducateur francophone en Ontario. Gracieuseté

« Une fois qu’un enfant passe ses premières années dans un service anglophone, les parents hésitent à l’inscrire dans une école de langue française de peur qu’il échoue. C’est un vecteur d’assimilation », avertit la directrice générale de l’AFÉSEO.

À Ottawa, du côté municipal, certains élus tentent d’agir. La conseillère Stéphanie Plante cherche un nouvel espace en Basse-Ville pour compenser la relocalisation, prévue en 2027, du Centre éducatif Pinocchio sur la rue Somerset Ouest.

Mais la conseillère ne cache pas son inquiétude quant à la difficulté de trouver une place en garderie, et encore plus en français. « Nous constations que des enfants de parents francophones fréquentaient des garderies anglophones ou bilingues qui, dans les faits, fonctionnaient surtout en anglais. Résultat : ils arrivaient à l’école sans être bilingues », explique la conseillère.

Le gouvernement fédéral dit être conscient de ces enjeux. Emploi et Développement social Canada rappelle que « les soins reçus en services de garde peuvent influencer grandement le développement global d’un enfant, y compris ses compétences linguistiques et son identité ».

Les accords bilatéraux conclus en 2021 avec les provinces et territoires incluent ainsi des dispositions visant à protéger les communautés de langue officielle en situation minoritaire. Ces ententes, prolongées jusqu’en 2031, doivent être renégociées dès mars 2026.

Objectifs nationaux, défis provinciaux

À l’échelle canadienne, les résultats demeurent inégaux. Le Centre canadien de politiques alternatives (CCPA) souligne dans une étude que « la plupart des provinces ont du mal à atteindre les objectifs indiqués dans les ententes ».

Au premier trimestre de 2025, environ 51 800 places avaient été créées en Ontario, alors que la cible fixée pour la fin de 2024-2025 était de 53 567 places. Malgré ce retard, la province se classe parmi les plus avancées, derrière la Colombie-Britannique et le Nouveau-Brunswick.

Une Sudburoise à la tête du Centre de planification en santé francophone

Natalie Aubin devient la première directrice générale du Centre de planification des services de santé en français de l’Ontario. Elle aura pour mission de piloter cette nouvelle structure provinciale créée pour moderniser et renforcer l’accès aux soins en français.

Nommée par le conseil d’administration du nouveau Centre de planification des services de santé en français de l’Ontario (CPSSF), Natalie Aubin entrera en fonction le 3 novembre 2025. 

Entretemps, la directrice régionale Oureye Seck agira à titre de directrice générale par intérim du Centre du 1er septembre jusqu’au 2 novembre 2025.

Franco-Ontarienne née à Elliot Lake et ayant grandi à Sudbury, Natalie Aubin cumule une expérience d’une vingtaine d’années dans les soins aigus, la santé publique, les services sociaux et l’enseignement postsecondaire, y compris 17 ans dans des rôles de direction.

« J’ai hâte de travailler avec nos partenaires pour construire un système de santé plus inclusif et mieux adapté, pour servir les communautés francophones de l’Ontario dans ces nouvelles fonctions », a déclaré Mme Aubin, citée par un communiqué, soulignant que le Centre représente un pas en avant audacieux pour garantir l’accès équitable à des services de santé de haute qualité en français.

Annoncé par le gouvernement de l’Ontario en juin 2025, le Centre établi à Ottawa a le mandat de moderniser et d’améliorer les services et les résultats en santé pour les francophones de la province.

Il remplace depuis le 1er septembre les six entités de planification des services de santé en français, ce qui permettra « de minimiser les dédoublements et de réduire les fardeaux administratifs », avait expliqué Santé Ontario.

Le Centre a été créé conjointement par l’Assemblée de la francophonie de l’Ontario (AFO) et l’Hôpital Montfort, est gouverné par un conseil d’administration indépendant et compte 31 employés répartis dans chacune des six régions de Santé Ontario.

« Natalie Aubin est largement reconnue pour ses habiletés interpersonnelles exceptionnelles, sa grande capacité intellectuelle, son esprit d’innovation et d’entrepreneuriat et sa capacité à rallier la communauté et les partenaires du secteur. Nous sommes enchantés d’avoir recruté un tel talent comme première directrice générale du Centre », a indiqué pour sa part, Lise Bourgeois, présidente du conseil d’administration du Centre de planification des services de santé en français.

Mme Aubin occupe actuellement plusieurs fonctions de direction. Elle est vice-présidente régionale, Action Cancer, pour le Nord-Est de l’Ontario à Santé Ontario, vice-présidente à la responsabilité sociale à Horizon Santé Nord (HSN) et conseillère à l’Institut de recherche de HSN, à Sudbury. À ce titre, elle dirige une équipe de plus de 1000 professionnels et gère un budget de 125 millions de dollars.

Au fil de sa carrière, Natalie Aubin a piloté d’importantes initiatives de transformation dans des domaines variés : santé mentale et toxicomanie, soins en cancérologie, santé maternelle et infantile, santé des Autochtones et services de santé en français.

Le Festival international du film de Toronto célèbre discrètement son 50e anniversaire

TORONTO – Le Festival international du film de Toronto (TIFF) déroule le tapis rouge pour une 50e fois, alors que l’édition 2025 se tient du 4 au 14 septembre. C’est pourtant sans flafla que le plus grand festival de films au Canada traverse l’étape du demi-siècle.

Une programmation assez régulière attend les cinéphiles entre les tapis rouges, les remises de prix, les événements pour l’industrie,  les causeries avec des artisans du cinéma et les présentations de grands films attendus comme de films d’auteur plus marginaux.

La sélection n’en est pas moins impressionnante. En incluant les courts-métrages, les classiques du cinéma restaurés en 4k et toutes les sections de la programmation, ce sont 291 films qui seront présentés. Le film d’ouverture est John Candy : I Like Me réalisé par Colin Hanks et produit par Ryan Reynolds.

John Candy : I Like Me est le film d’ouverture du TIFF 2025. Photo : gracieuseté du TIFF

Ce documentaire en hommage à un grand acteur et humoriste canadien tiendra sa première mondiale à Toronto, au grand bonheur du président-directeur général du TIFF, Cameron Bailey. « Nous adorons le fait que la carrière générale de John ait débuté à Toronto, a-t-il affirmé dans un communiqué. Colin Hanks a fait un film largement divertissant, rempli des plus grandes vedettes d’Hollywood, mais comme John, ce film en est un de cœur. Selon nous, c’est la meilleure façon de commencer la 50e édition du TIFF. »

De nombreuses vedettes canadiennes, américaines et internationales fouleront les tapis rouges de la Ville Reine. On peut penser à Angelina Jolie ou Jodie Foster, qui tiennent la vedette respectivement dans les films des réalisatrices françaises Alice Winocour (Couture) et Rebecca Zlotowski (Vie privée). On pourra aussi apercevoir Keanu Reeves, Matthew McConaughey, Sydney Sweeney, Ryan Reynolds, Natalie Portman, Daniel Craig, Claire Denis, Dustin Hoffman, Scarlett Johansson, et Dwayne The Rock Johnson, pour ne nommer que ceux-là.

Daniel Craig sur le tapis rouge, en 2022. Photo : Spring Morris

Une liste de plus ou moins 730 invités, dont une vingtaine de francophones, est disponible sur le site web du TIFF, permettant aux cinéphiles de vérifier si leur artisan du cinéma préféré s’y trouve.

Le Festival de rue du TIFF célèbre pour sa part ses 10 ans. La fête se passe du 4 au 7 septembre sur la rue King Ouest.

Et les organisateurs réfléchissent déjà à l’an prochain, avec l’arrivée annoncée d’un marché du film officiel. Le gouvernement fédéral a accordé 23 millions de dollars afin de soutenir le TIFF dans ce projet qui attirera des gens de l’industrie cinématographique de partout dans le monde afin de développer des liens d’affaires et de discuter des projets en chantier de chacun.

50 ans de cinéma : le balado

ONFR a lancé le balado TIFF 2025 : 50 ans de cinéma afin de rappeler l’histoire et l’importance du TIFF pour l’industrie du cinéma.

Dans un premier temps, le critique et journaliste Brian D. Johnson se rappelle les débuts du TIFF et ses plus belles années de couverture pour le magazine Macleans. Avant le milieu des années 1980, la relation entre les organisateurs, les vedettes et les médias était plus étroite, selon lui.  « L’esprit rock and roll n’est plus là, mais les grandes lignes du festival du début restent », comme le fait d’être une vitrine pour le cinéma canadien et mondial ou l’idée d’être un événement pour le public d’abord, où le Torontois moyen peut se retrouver.

La réalisatrice québécoise Chloé Robichaud abonde dans le même sens. « Ce que j’apprécie énormément de Toronto, c’est ce contact direct avec le vrai public », composé majoritairement de cinéphiles amateurs.

Chloé Robichaud témoigne de l’influence du TIFF sur ses rêves d’enfant et de son impact sur sa carrière. Elle commente aussi l’importance de la programmation francophone et la place du cinéma québécois. « Ça permet aux films québécois de se faire voir par le reste du Canada. Parfois, j’ai l’impression qu’on est un peu deux planètes, et le TIFF est vraiment un pont entre les deux. »

L’ancienne programmatrice du TIFF et vice-présidente de Cinespace Studio, Magali Simard, dévoile comment les films sont sélectionnés et ce qu’elle pouvait apporter en tant que francophone. « Il y a une très grosse présence de cinéma francophone au Canada. (…)  C’est un peu dur de porter le jugement sur un cinéma que l’on peut connaître, mais qui n’est pas d’une culture que l’on vit. Je pense que ça a fait du bien (d’avoir une francophone à l’interne). »

Elle donne aussi des détails sur les ambitions du futur marché du film, qui amènera des milliers de membres de l’industrie du cinéma mondial à Toronto en 2026.

« Ça existe à Cannes, ça existe à Los Angeles… ça bouche un trou assez important, je pense. On a beaucoup d’espoir pour ce marché-là, qui va capitaliser sur le fait que oui, on peut continuer à montrer des films au public, mais il faut s’assurer que le côté business continue. »

La réalisatrice abénaquise Alanis Obomsawin, extrêmement respectée dans l’industrie du cinéma et au TIFF, vient compléter la liste d’invités du balado. Son film Kanehsatake : 270 ans de résistance a gagné le prix du meilleur film canadien en 1993. Dernièrement, il a été projeté dans le cadre de l’initiative « l’histoire du TIFF en 50 films », qui soulignait le cinquantenaire du festival.

10 films en français à voir au TIFF

En collaboration avec la réalisatrice culturelle pour ONFR et grande habituée du TIFF, Joanne Belluco, voici une sélection d’œuvres à voir. Elles sont francophones, en tout ou en partie.

Mille secrets mille dangers, l’adaptation par Philippe Falardeau du roman d’Alain Farah, fait partie des films québécois attendus au TIFF. Photo : gracieuseté du TIFF
Vie privée (Rebecca Zlotowski)Film policier / France / Première canadienneUn thriller psychologique « sournoisement comique » mettant en vedette Jodie Foster
Bouchra (Orian Barki, Meriem Bennani)Film d’animation / Italie, Maroc, États-Unis / Première mondialeEn anglais, arabe et français. Film d’animation narratif mettant en vedette une coyote queer.
Couture (Alice Winocour)Drame / France, États-Unis / Première mondiale Film bilingue mettant en vedette Angelina Jolie dans le rôle d’une cinéaste américaine qui arrive à la semaine de la mode à Paris.
Chien 51 (Cédric Jimenez)Science-Fiction / France / Première nord-américaineDeux policiers mal assortis enquêtent sur la mort du créateur d’une intelligence artificielle.
Folichonneries (Éric K. Boulianne)Comédie érotique / Québec / Première nord-américaineAprès 16 ans et deux enfants, François (Éric K. Boulianne) et Julie (Catherine Chabot) tentent de ramener du piquant dans leur vie sexuelle.
Mille secrets mille danger (Philippe Falardeau)Drame / Québec / Première mondialeAdaptation du roman à succès d’Alain Farah.
Nouvelle vague (Richard linklater)Comédie / France / Première canadienneLe film raconte la création d’À bout de souffle, le classique de Jean-Luc Godard emblématique de la Nouvelle vague du cinéma français.
Seule au front (Mélanie Charbonneau)Chronique biographique / Québec / Première mondialeInspiré de l’histoire vraie de la capitaine Sandra Perron, première femme officier d’infanterie au Canada, qui a dénoncé le sexisme de l’armée et les traumatismes qu’elle y a subis.
Amour apocalypse (Anne Émond)Comédie romantique / Québec / Première TorontoiseDéjà en salle au Québec et dans certains cinémas canadiens. Histoire d’amour improbable entre un propriétaire de chenil écoanxieux (Patrick Hivon) et la femme du soutien technique de sa lampe de luminothérapie (Piper Perabo)
Sk+te’kmujue’katik (At the Place of Ghosts)Drame surnaturel, mélange des genres / Canada, Belgique / Première mondialeEn français, anglais et Mi’kmaq. Deux frères éloignés depuis des années devront s’unir pour chasser les esprits et les traumas qui les hantent.

Val Thérèse : première rentrée pleine de fébrilité à l’école Notre-Place

SUDBURY – Cris d’enfants, autobus jaunes et cahiers neufs : la rentrée s’anime ce mercredi dans les écoles de langue française du Conseil scolaire du Grand Nord (CSGN) et du Conseil scolaire catholique du Nouvel Ontario (CSC Nouvelon). Pour l’occasion, ONFR s’est rendu à Val Thérèse, où l’école Notre-Place ouvre ses portes pour la première fois.

Après l’Est ontarien la semaine passée et le reste de la province, c’est au tour des 5600 élèves du CSC Nouvelon et aux 2600 élèves du CSGN de faire leur rentrée ce mercredi matin.

À Val Thérèse, devant les portes de la nouvelle école élémentaire du CSC Nouvelon, les enseignants saluent les élèves par des « Bonjour » et des « Bienvenue », tandis que les parents, sourires aux lèvres, immortalisent l’instant en photos.

Cette rentrée a permis à certains enseignants de retrouver d’anciens élèves, désormais réunis sous un même toit. Photo : Inès Rebei/ONFR

Patrick Thibert, parent de deux enfants, est le premier arrivé à l’école située sur la route principale de Val Thérèse : « On vit plein d’émotions, que ce soit les parents, le personnel, la direction ou les élèves. Mais ce qu’on ressent le plus, c’est l’excitation et le bonheur ».

Selon lui, l’école, qui a recueilli près de 400 inscriptions et pourra accueillir jusqu’à 587 élèves, permettra aux enfants de développer de nouvelles compétences et de la résilience. 

« Ils vont devoir apprendre à travailler en équipe parmi un plus grand nombre d’élèves. Ça va leur donner de la confiance et des habiletés importantes pour la vie. »

Selon Patrick Thibert, le projet de la nouvelle école a été au cœur de nombreuses discussions entre parents au cours de la dernière année. Photo : Inès Rebei/ONFR

Une plus grande école

Tina Smith, venue avec son fils, était tout aussi enthousiaste. « On est excité parce que c’est une plus grande école. Il va y avoir plus d’amis ici. C’est nouveau et très beau. En plus, c’est plus proche, ça nous fait gagner du temps le matin », raconte celle qui travaille non loin de l’établissement scolaire.

Selon elle, l’emplacement est un atout : « C’est très bien localisé, pas loin du cœur de notre communauté, et c’est une école très visible. »

Non loin de là, Chelsea Watkins, qui a inscrit ses deux enfants après un passage dans le système public, met de l’avant l’importance du milieu francophone et catholique. 

Tina Smith habite dans la collectivité de Hanmer. Photo : Inès Rebei/ONFR

Elle souligne également l’aspect communautaire et religieux de l’école. « Le Conseil a beaucoup à offrir. Le programme permet à nos enfants d’apprendre sur la foi, les fêtes comme Noël et d’autres traditions, tout en faisant partie d’une communauté francophone. »

« C’est essentiel pour nous de garder la langue française et la religion dans notre famille. Mon conjoint parle français et c’est important que nos enfants soient immergés dans ce milieu dès leur plus jeune âge », ajoute celle dont la fillette faisait sa première rentrée.

Chelsea Watkins, ici accompagnée de son partenaire et de ses deux enfants, dit que sa fillette n’a cessé de parler de la rentrée tout au long de l’été. Photo : Inès Rebei/ONFR

Une école pour rassembler et moderniser

L’école Notre-Place a été conçue pour regrouper trois anciennes écoles : l’École Notre-Dame de Hanmer (200 élèves, maternelle à la 8e année), l’École St-Joseph de Hanmer (100 élèves, maternelle à la 3e année) et l’École Ste-Thérèse de Val Thérèse (120 élèves, 4e à 8e année). 

« On va manquer nos trois autres écoles, mais maintenant on commence un nouveau chapitre et c’est quelque chose de spécial », confie M. Tibert, qui a été impliqué dans plusieurs comités de ces écoles dont l’état de délabrement avait été maintes fois soulevé.

L’école élémentaire Notre-Place dessert les familles de Val Thérèse, Hanmer et Capréol, trois localités où la communauté francophone est bien implantée. Photo : Inès Rebei/ONFR

Le bâtiment comprend également un centre de la petite enfance de 88 places, réparties en cinq salles : une pour 10 nourrissons, deux pour 30 tout-petits, et deux pour 48 enfants d’âge préscolaire. 

Le Conseil scolaire catholique Nouvelon avait reçu plus de 4,2 millions de dollars du gouvernement fédéral et près de 1,4 million de dollars du gouvernement de l’Ontario, en octobre 2024, pour la construction de cette nouvelle garderie.

Des espaces sont aussi prévus pour des programmes destinés aux jeunes mères et leurs enfants, favorisant l’intégration dans le milieu francophone.

Une transition attendue depuis longtemps

Également présent pour accueillir les parents, Tom Michaud, directeur de l’éducation du CSC Nouvelon, souligne que le regroupement des trois écoles répondaient à un besoin réel. 

L’école compte 28 salles de classe et environ 50 à 60 enseignants, incluant le personnel de soutien et l’administration. Photo : Inès Rebei/ONFR

« On est bien heureux avec les 400 élèves déjà inscrits et on s’attend à en accueillir de plus en plus avec les années. Ça fait une belle grande famille », se satisfait-il, ajoutant que la plupart des enseignants viennent des trois anciennes écoles, tandis que certains découvrent pour la première fois leur nouvelle affectation à Notre-Place.

Quant aux bâtiments des anciennes écoles, certains feront l’objet de mises en vente. « Ce sont des démarches que nous menons avec le ministère et les différentes agences responsables afin de gérer ces propriétés de manière responsable », précise celui qui est directeur du CSC depuis janvier dernier.

M. Michaud rappelle que l’idée d’une nouvelle école remonte à plus de dix ans. Des consultations menées en 2013-2014 avaient montré que les trois établissements étaient en besoin majeur de rénovation. 

Tom Michaud, qui a une longue carrière en éducation en Fransaskoisie, est aussi le secrétaire-trésorier du Conseil scolaire catholique du Nouvel-Ontario. Photo : Inès Rebei/ONFR

L’étude de faisabilité avait alors conclu que la construction d’un nouvel édifice serait l’option la plus efficace, tant pour la formation de la relève que pour la gestion responsable des fonds publics.

Le choix du nom de l’école, qui fait référence à l’hymne bien connu des Franco-Ontariens, a impliqué toute la communauté : élèves, membres du personnel, paroissiens et familles ont participé à des sondages et des activités en classe pour proposer et voter sur le nom et la mascotte.

Une cérémonie d’ouverture officielle et de bénédiction de l’école aura lieu en octobre prochain.

L’Ontario et la Nouvelle-Écosse s’allient pour la francophonie

TORONTO – La ministre des Affaires francophones de l’Ontario, Caroline Mulroney, et le ministre des Affaires acadiennes et de la Francophonie de la Nouvelle-Écosse Colton Leblanc ont signé la veille au soir un engagement commun de collaboration pour renforcer les communautés francophones.

Comme précédemment avec la Belgique en septembre 2021, puis avec la France et le Nouveau-Brunswick en avril 2024, la province s’allie avec la Nouvelle-Écosse en vue de renforcer leur coopération autour de la francophonie via une déclaration conjointe.

Ce type d’ententes vise à encourager et à promouvoir les échanges culturels, éducatifs et économiques dans le cadre de leur Francophonie commune, à partager l’information et les meilleures pratiques et à accroitre la coopération dans les domaines de l’enseignement supérieur, de la culture, de la recherche, des médias numériques, de la jeunesse et de la promotion de la langue française.

« L’Ontario et la Nouvelle-Écosse partagent une vision commune d’une francophonie forte et dynamique. À cet égard, nos deux provinces ont signé aujourd’hui une déclaration conjointe réaffirmant leur engagement à collaborer pour renforcer nos communautés francophones », a publié Caroline Mulroney, sur son compte officiel X.

« Cet accord s’inscrit dans la stratégie globale de l’Ontario visant à favoriser l’épanouissement de notre francophonie et à en assurer la pérennité. »

Rencontre et signature virtuelles entre les ministres Caroline Mulroney et Colton Leblanc. Photo : Compte X de Caroline Mulroney

Son homologue néo-écossais a exprimé le fait que : « La Nouvelle-Écosse et l’Ontario partagent un profond engagement envers la langue et la culture françaises (…) Nous franchissons une nouvelle étape pour renforcer notre partenariat. »

« Le français est au cœur de notre avenir commun. Il stimule la croissance économique et l’innovation, enrichit notre culture et facilite l’accès aux services dans les deux langues officielles. Dans l’esprit de la déclaration commune, nous prendrons des mesures concrètes pour soutenir les communautés acadiennes et francophones et pour contribuer à l’épanouissement du français », a conclu celui-ci.

Les ministres Mulroney et Leblanc avaient pu de se rencontrer et échanger à l’occasion du Sommet de la Francophonie de l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF) en octobre 2024.

C’est d’ailleurs à cette occasion que la Nouvelle-Écosse avait été élue membre observateur de l’OIF.

De son côté, en août 2024, la Nouvelle-Écosse avait également signé un accord avec le Manitoba pour appuyer la préservation et la promotion de la langue française.

Violence scolaire à son paroxysme : une enseignante témoigne

Les trois quarts des enseignants et des travailleurs en éducation ontariens ont été victimes de violence, l’année dernière, selon un rapport. La violence scolaire des élèves aurait explosé de la maternelle au secondaire, selon l’AEFO (Association des enseignantes et des enseignants franco-ontariens) dont les membres ont été équipés de protections en kevlar de la tête aux pieds. Une enseignante francophone témoigne des agressions physiques et verbales répétées qu’elle a subies.

Enseignante depuis 25 ans dans la région d’Ottawa, à la fois en classe régulière et en classe d’éducation spécialisée, Marie-Hélène – un prénom d’emprunt afin de préserver son anonymat – est enseignante suppléante depuis sa récente retraite.

Elle estime avoir été frappée, dans sa carrière, par cinq à six jeunes en tout, de 4 à 8 ans et insultée par une vingtaine d’élèves, de 3 à 13 ans.

« Il y a toujours eu des actes de violence isolés dans les écoles, mais ce qui était exceptionnel a fini par l’être de moins en moins. » Un constat amer pour celle-ci.

En 2017, elle est contrainte de changer d’établissement après un incident. Dans l’un des cas de violence physique, un enfant la frappait sept à huit fois par jour aux jambes, aux mains et au dos, revenant à la maison endolorie par les coups. Un autre jeune lui courait fréquemment après pour la frapper.

« J’étais bouleversée qu’on me dise : ‘Arrête de venir nous voir, tu n’auras pas d’aide’. C’était épouvantable. »
— Marie-Hélène, enseignante francophone

Un jour, après une énième tape à son encontre, et à celle de plusieurs autres élèves, à bout, elle réplique en lui tapant sur la main et s’attire les foudres de sa direction.

Fragilisée psychologiquement, elle est contrainte de prendre un congé de maladie prescrit par son médecin, puis de changer d’école.

« Malgré la détresse quotidienne que je vivais, je n’avais aucun soutien de mes supérieurs, déplore-t-elle. Je demandais pourtant de l’aide à chaque fois. J’étais bouleversée qu’on me dise : ‘Arrête de venir nous voir, tu n’auras pas d’aide’. Je savais que c’était inacceptable d’endurer ça. C’était épouvantable. »

Même engagée ailleurs, elle est de nouveau confrontée à sept élèves violents envers d’autres élèves, mais avec, cette fois, « un soutien et une oreille attentive de la direction ».

« Les établissements sont toutefois démunis quant aux solutions. Quand on doit sortir la classe face à un jeune en crise, ça pénalise les autres élèves dans l’apprentissage. Les formations sont bénéfiques, mais ne règlent pas l’origine du problème. »

Déni des parents et des autorités scolaires, classes surchargées, manque de ressources et non prise en charge des besoins spéciaux individuels… Autant d’ingrédients qui conduisent à banaliser la violence physique et verbale, regrette-elle.

« Pourquoi ne voit-on pas des panneaux dans les écoles ‘Aucun acte de violence ne sera toléré’ ? On voit ça partout ailleurs, dans les transports en commun, par exemple. Pourquoi, nous les enseignants, on devrait tolérer ça ? », questionne-t-elle.

« C’est une belle profession avec des gens engagés qui ont l’éducation des enfants à cœur. Mais il y a malheureusement un épuisement. La plupart des jeunes enseignants ne pratiquent pas plus de cinq ans, car la charge est plus lourde d’année en année. Ce n’est pas juste d’ajouter toujours plus à la charge des enseignants ».

Du matériel de protection « de la tête aux pieds »

Le rapport Au bout du rouleau de l’Université d’Ottawa du printemps 2025 révèle que les trois quarts du personnel enseignant répondant ont vécu de la violence dans la dernière année (71 % ont subi au moins une tentative de recours à la force physique initié par un élève, et 80 % ont subi un ou plusieurs actes, tentatives ou menaces de recours à la force physique), et que la fréquence moyenne des actes violents a plus que doublé entre 2018 et 2023 (de 8,8 à 18,4 incidents).

« On le sait, on l’entend de nos membres. On parle d’injures et de violence physique dès la maternelle jusqu’à la fin du secondaire », confirme en entrevue avec ONFR, Gabrielle Lemieux, la présidente de l’AEFO.

Protections en kevlar : « Toutes les écoles en sont équipées. C’est grave d’en arriver là. »
— Gabrielle Lemieux, présidente de l’AEFO

Des équipements de protection en kevlar ont été mis à disposition des enseignants et des travailleurs en éducation : casquettes en kevlar, protection de tibias, de bras, épaulettes, souliers à câble d’acier, pour se protéger des morsures. « Toutes les écoles en sont équipées. C’est grave d’en arriver là, s’alarme-t-elle. C’est une réponse temporaire et pas une solution durable. »

Et d’enchérir : « On parle aussi de résurgence du mot en ‘n’ envers les enseignants racialisés. C’est plus qu’inquiétant, c’est troublant. »

« Les réseaux sociaux y sont sûrement pour beaucoup. La violence a bon train en ligne : cachés derrière un écran, les jeunes ne voient pas les conséquences morales et humaines. La pandémie a ouvert les vannes du monde digital peu monitoré. »

Soit l’hypothèse d’une perte des nuances et du filtre réalité, avec les barrières imposées par le monde réel et par l’école.

L’AEFO, qui a fait plusieurs demandes vaines d’entretien avec le ministre de l’Éducation, Paul Calandra, juge qu’il manque 1500 $ d’investissement par élève à combler. « On n’a pas injecté les ressources financières pour venir appuyer ces enseignants et livrer efficacement les programmes. »

Sa présidente estime indispensable la formation du personnel à la désescalade, à la gestion des comportements difficiles, de même que l’introduction dans les écoles d’intervenants en apprentissage et de professionnels, psychothérapeutes et travailleurs sociaux, pour adresser les défis des élèves.

Les députés NPD Chandra Pasma, au centre, et Jamie West, à gauche, en conférence de presse sur la violence scolaire. Photo : Capture du Studio média de l’Assemblée législative de l’Ontario

Dès l’automne dernier, du personnel enseignant s’était rendu à Queen’s Park, vêtu de ce fameux matériel de protection, accompagné des députés néo-démocrates Chandra Pasma (Ottawa-Ouest-Nepean) et Jamie West (Sudbury) : « Nous nous sommes joints à six syndicats du secteur de l’éducation pour demander au gouvernement de mettre en œuvre un plan d’urgence. Les élèves et le personnel méritent d’être à l’abri de la violence à l’école ».

Depuis son arrivée au pouvoir, le gouvernement Ford a retiré 6,36 milliards de dollars des salles de classe de nos enfants, dénonce le NPD.

Le député libéral d’Ottawa-Sud, John Fraser, a lui aussi pris position : « La véritable solution serait que le gouvernement réduise la taille des classes, aide des enfants ayant des besoins particuliers et élabore un plan concret pour faire face à la crise de santé mentale croissante à laquelle nos enfants sont confrontés. »

Malgré plusieurs sollicitations, le ministre Calandra n’a pour l’heure pas donné suite à nos demandes d’entrevue.

Avec l’aide à la recherche de Jacques-Normand Sauvé.

Une vague de fierté devant Mon beau drapeau (nouvelle génération)

OTTAWA – À l’occasion du 50e anniversaire du drapeau franco-ontarien cette année, et du 25e anniversaire de la chanson Mon beau drapeau l’an prochain, le compositeur Brian St-Pierre a réuni des milliers de personnes afin de créer une nouvelle version de son hymne au drapeau. En quelques jours, la vidéo Mon beau drapeau (nouvelle génération) cumule plus de 12 000 vues sur Youtube et des centaines de « j’aime », commentaires et partages sur les différentes plateformes. Ces statistiques, très enviables pour l’Ontario français, démontrent un sentiment d’appartenance toujours bien vivant.

En entrevue avec ONFR, le compositeur Brian St-Pierre déborde de fierté. C’est la première fois que Mon beau drapeau bénéficie d’un vidéoclip officiel, et le résultat va au-delà de ses attentes.  

Le compositeur de la chanson originale et chef d’orchestre de cette nouvelle mouture hésite à qualifier son œuvre de We Are The World franco-ontarien, puisque l’intention derrière la chanson est toute autre. C’est pourtant un commentaire qui ressort souvent depuis l’apparition de la nouvelle version sur laquelle s’enchaînent les vedettes francophones de la province.

Une partie des Chansonniers d’Ottawa, lors d’un enregistrement de la nouvelle version de Mon beau drapeau, au Gala Trille Or 2025. Photo : Rachel Crustin/ONFR

C’est la plus illustre de ses anciennes élèves (Brian St-Pierre a mené une carrière d’enseignant en musique) qui prête sa voix à la première phrase, alors que Véronic Dicaire entame : « Ils ont fait souche dans ce pays blanc… » Elle est suivie de Robert Paquette, Damien Robitaille, Céleste Lévis, Stef Paquette, Manon Séguin, Kimya, Yan Leduc et les Rats d’Swompe, Sophie Grenier, JOLY, LeFLOFRANCO, Martine Lafontaine (la chanteuse originale de Mon beau drapeau), YAO, Johanne Lefebvre et les chansonniers d’Ottawa, en plus de Brian St-Pierre lui-même.

On aperçoit également Jean-Pierre Perreault au début et à la fin du vidéoclip. L’auteur des paroles de Mon beau drapeau apparaît en homme solitaire, griffonnant dans son cahier ce qui allait devenir un véritable hymne pour sa communauté.

Un échantillon des nombreux commentaires élogieux en lien avec la nouvelle version de Mon beau drapeau. Photo : Capture d’écran, Youtube Brian St-Pierre

Des ambitions de grandeur

L’objectif de ce vidéoclip était double. Premièrement, réunir des artistes francophones qui réussissent au-delà des frontières de la province, pour stimuler la fierté franco-ontarienne. Ensuite, « Démontrer qu’on est un grand peuple, c’est-à-dire qu’on n’est pas une petite gang. On est une grosse gang. Dans la vidéo, c’est incroyable », se réjouit Brian St-Pierre en pensant aux différents rassemblements où ont eu lieu les tournages.

En plus des artistes énumérés, on retrouve plus de 3000 figurants, la plupart étant des jeunes. C’est Félix Saint-Denis qui a coordonné la présence des caméras dans des endroits comme le Festival franco-ontarien ou le tournoi d’improvisation provincial l’AFOLIE. « 350 adolescents habillés en vert et blanc. C’était hallucinant! » exprime Brian St-Pierre.

L’idée de Mon beau drapeau (nouvelle génération) a germé en février, plus ou moins six mois avant sa sortie officielle. « On a des images… les gens vont penser que ça fait deux ans qu’on filme. Ça n’a pas de bon sens. On ressent une fierté… je suis encore ému ».

Il remercie le Centre franco, qui a offert le plus gros support financier, ainsi que les conseils scolaires francophones, autant publics que catholiques. « S’ils n’avaient pas dit oui, ça ne se serait pas fait. C’est trop immense comme travail. »

Plusieurs autres organismes et entreprises figurent au générique des remerciements.

Le vidéoclip Mon beau drapeau (nouvelle génération) connaît un grand succès, quelques jours après sa sortie.

Comme pour de nombreux projets de Brian St-Pierre, les écoles pourront utiliser la chanson pour des activités en classe. Dans le dossier d’accompagnement, on retrouve entre autres des ateliers de création autour de la chanson et du drapeau et une version karaoké « aux quatre coins de l’Ontario » avec des images de partout en province.

Félix Saint-Denis a élaboré une véritable anthologie de 237 chansons qui parlent de fierté franco-ontarienne, intitulée L’ONTARIE S’ENCHANTE! Chansons et slams qui racontent l’Ontario français.

Brian St-Pierre a créé 25 capsules de huit minutes chacune pour parler de Mon beau drapeau et de différents artistes de la francophonie de la province, dont les 16 qui ont participé au nouveau vidéoclip. La dernière capsule du projet 25 septembre, 25 jours, 25 artistes met l’emphase sur l’hymne franco-ontarien officiel, Notre Place, de Paul Demers et François Dubé, plaçant ainsi les deux œuvres côte à côte et non en compétition.

Légers changements de paroles

L’un des événements où le vidéoclip a été tourné dans les derniers mois est le Gala Trille Or, alors que Brian St-Pierre avait interprété la chanson en duo avec Céleste Lévis. La chanteuse originaire de Timmins avait témoigné de l’importance de Mon beau drapeau dans la construction de sa fierté francophone, dans un endroit où « ce n’était pas cool de parler français. »

Céleste Lévis et Brian St-Pierre chantent Mon beau drapeau au Gala Trille Or 2025. Photo : Rachel Crustin/ONFR

Des témoignages du genre, Brian St-Pierre en entend souvent. C’est aussi pour cela qu’avec l’accord de Jean-Pierre Perreault, les paroles de l’hymne au drapeau ont été légèrement modifiées afin d’être plus inclusives.

Déjà, il y a quelques années, la phrase « Je suis Franco-Ontarien » a été mise au pluriel : « Nous sommes Franco-Ontariens. » 

En 2025, dans le refrain, l’expression « des Français de l’Ontario » devient « des francos de l’Ontario » afin que tous les francophones puissent s’y identifier.

Une autre phrase porte ce message, comme l’explique Brian St-Pierre. « Il y a des nouveaux arrivants de partout. Fiers d’être venus et d’être restés, ok, on peut dire que c’est vrai pour les francophones de souche française. Mais (les nouveaux arrivants) aussi sont fiers d’être venus, d’être restés et d’être encore là après tant d’années. »

Cette phrase prend un nouveau sens lorsqu’elle est prononcée par YAO. Originaire de la Côte d’Ivoire et arrivé au Canada à 12 ans, il est aujourd’hui l’un des artistes les plus connus de l’Ontario francophone.

Cinq jours de création, 25 ans de fierté

La chanson originale Mon beau drapeau a été créée en cinq jours, suite à une demande du Conseil scolaire de district catholique de l’est ontarien (CSDCEO). C’était en 2001, alors que le drapeau vert et blanc était hissé à Queen’s Park, pour la première fois de façon permanente.

Jean-Pierre Perreault a écrit le texte, Brian St-Pierre a composé la musique et Martine Lafontaine a apposé sa voix.

La chanson devait représenter un lever de drapeau, ce qui explique sa structure en crescendo. La tonalité a été établie afin que « monsieur-madame Tout-le-monde » soit capable de la chanter.

Un caméo de Jean-Pierre Perreault, l’auteur de la chanson, dans le vidéoclip de Mon beau drapeau (nouvelle génération). Photo : Capture d’écran Youtube Brian St-Pierre

Cette semaine de création a été on ne peut plus efficace, alors que la chanson a rapidement été adoptée par tous les conseils scolaires francophones et reconnue à travers la province. « J’en ressens encore aujourd’hui une grande fierté », lance Brian St-Pierre.

Il est le maître d’œuvre de cette nouvelle version, ayant coréalisé le vidéoclip aux côtés de Jean-Michel Ouimet (Klash média). Les arrangements musicaux ont été faits en duo avec Marc-Antoine Joly, qui signe également le mixage et la mastérisation.

Rentrée à l’Université de Sudbury : une « première cohorte névralgique »

Serge Miville est le recteur et vice-chancelier de l’Université de Sudbury.

L’Université de Sudbury accueillera sa première cohorte depuis sa relance ce mardi. Le 7 juillet dernier, le gouvernement Ford a annoncé un financement de 10,8 millions de dollars à l’Université de Sudbury pour son partenariat avec l’Université d’Ottawa.

Serge Miville décrit cette première cohorte comme étant névralgique , car elle permettra d’ajuster l’offre de cours selon la demande.

« D’où viennent principalement les étudiants de cette première cohorte?

On en a qui viennent de Sudbury, mais aussi d’Ottawa, du Nord-Est, du Nord-Ouest. La cohorte est très diversifiée : certains étudiants viennent directement du secondaire, tandis que d’autres ont terminé leurs études secondaires depuis plus d’un an. Cela crée une bonne mixité, avec des profils variés qui reflètent le bassin provincial.

Combien d’étudiants sont inscrits pour cette rentrée et comment ces chiffres se comparent-ils aux prévisions ou aux attentes de l’Université?

Ça risque de fluctuer, ce qui est très normal, mais en ce moment on parle de 20 à 30 étudiants.  Une des choses importantes à noter, c’est que, puisque l’annonce a été faite il y a six semaines, compte tenu du contexte, je pense que les gens devraient être fiers de ce que nous avons accompli. 

Êtes-vous fin prêts pour cette rentrée, surtout au niveau des disciplines nécessitant des ateliers pratiques comme la biochimie ou le biomédical?

Concernant les sciences pures, comme la biomédicale ou la biochimie, il n’y a pas de cours offerts lors du premier semestre. Les programmes seront déployés progressivement selon la demande des étudiants. La première cohorte est très névralgique dans ce sens, car il n’était pas possible de simplement publier l’offre de cours habituelle. Il fallait attendre le retour des étudiants pour s’ajuster en conséquence.

La rentrée en janvier est prévue, mais l’attention est principalement portée sur le premier semestre. Les salles de classe ont été adaptées et mises à niveau pour l’enseignement présentiel. Les préparatifs sont donc terminés pour cette étape, et ceux pour le semestre suivant sont également en cours. On est tous très occupés et fébriles, mais tout est prêt pour accueillir la cohorte.

Avec une capacité de 173 lits, la résidence de l’Université de Sudbury accueille non seulement les étudiants de l’UdeS, mais aussi des jeunes issus d’autres établissements de la région. Photo : Inès Rebei/ONFR

Quelles disciplines attirent le plus vos étudiants justement?

Les sciences de la santé suscitent beaucoup d’intérêt, mais aussi les humanités. On le voit, même dans une petite cohorte, il y a déjà des profils très variés. L’Université de Sudbury se distingue un peu des autres établissements parce que son baccalauréat est structuré autour d’un tronc commun.

Ce tronc commun comprend des cours obligatoires pour tous les étudiants ainsi qu’une mineure en leadership, ce qui signifie que pendant le premier semestre, une grande partie des cours est commune à tous, sans être exclusivement centrée sur le tronc commun. L’objectif est de créer une dynamique multidisciplinaire et d’encourager l’interconnexion entre étudiants de différentes disciplines.

Souhaitez-vous éventuellement obtenir une désignation fédérale pour accueillir des étudiants internationaux?

C’est un processus que l’Université va devoir entamer et qui doit également passer par la province de l’Ontario. En ce moment, toute notre attention est centrée sur cette rentrée et nos opérations. Une prochaine étape, c’est évidemment cette désignation-là comme étant un des projets de l’institution pour le futur.

À quoi ressemble le corps professoral de ce semestre?

On a six chargés de cours qui se partagent l’enseignement. Certains avaient déjà enseigné ici avant la fermeture, d’autres non. C’était important pour nous d’avoir un équilibre entre des visages connus de la communauté universitaire et de nouvelles expertises qui viennent enrichir notre offre.

L’Université de Sudbury était affiliée à l’Université Laurentienne jusqu’à sa crise financière de 2021. Photo : Archives ONFR/Inès Rebei

Vous avez aussi mis en place des bourses pour vos étudiants qui leur permettent de couvrir les droits de scolarité cette année. Pouvez-vous nous en parler?

Oui, tout au long du siècle, on a reçu des dons qui nous permettent d’offrir des bourses à nos étudiants pour alléger les frais de scolarité. Une bonification de bourse est absolument disponible pour ceux qui sont éligibles et qui font des études à plein temps. Quelqu’un qui souhaite étudier à temps partiel est bienvenu, mais n’aurait pas accès à ce système de bourse. Pour une petite université, c’est important, parce qu’on veut vraiment faciliter l’accès aux études.

Cette rentrée est présentée comme une étape importante pour la relance de l’Université. Concrètement, quels indicateurs allez-vous surveiller dans les prochains mois pour savoir si elle est réussie?

Pour moi, ça va être la capacité d’écouter nos étudiants, de recueillir leurs commentaires et de bâtir avec eux. Le signal qu’on veut envoyer, c’est que les étudiants ne sont pas seulement des personnes qui reçoivent une éducation, mais aussi des artisans de cette institution.

Encore une fois, cette première cohorte joue un rôle important car elle co-crée l’expérience universitaire qu’elle souhaite vivre. L’influence des étudiants est importante sur la manière dont l’institution va évoluer au fil des années. L’Université cherche vraiment à être à l’écoute des étudiants : « par et pour » ce n’est pas un slogan, mais une pratique active, afin de mettre en place les ajustements nécessaires selon les besoins et de faire les choses un peu différemment. »

Marie-Eve Sylvestre : ancrer l’Université d’Ottawa dans sa communauté

OTTAWA – Première femme à la tête de l’Université d’Ottawa depuis sa fondation en 1848, Marie-Eve Sylvestre place la francophonie, l’engagement communautaire et l’autochtonisation au cœur de son mandat. Rectrice désignée depuis le 3 juin, elle souhaite conjuguer ambition académique et gestion responsable pour assurer la viabilité et le rayonnement de l’établissement.

« D’où vient votre intérêt pour le droit et comment votre parcours s’incarne-t-il dans l’identité de l’Université d’Ottawa que vous dirigez désormais?

Cela fait déjà plusieurs années, depuis la fin du secondaire et mes débuts collégiaux au Québec, que j’ai développé un intérêt pour le droit. À l’époque, je m’impliquais dans la politique étudiante, dans la représentation des droits et des intérêts des étudiants.

C’est ce goût pour la représentation et la justice sociale qui m’a naturellement amenée vers le droit, nourri aussi par mes préoccupations citoyennes et sociales. Ma famille venait d’un milieu de classe moyenne, et observer ces réalités m’a poussée vers ces enjeux.

En entamant mes études en droit à l’Université de Montréal, puis aux cycles supérieurs, je me suis particulièrement intéressée aux interactions entre le droit et les populations marginalisées, racisées et autochtones. J’y voyais la capacité du droit à provoquer du changement et à contribuer à la réforme de notre société pour plus de justice.

Est-ce ce fil conducteur a animé votre parcours de chercheuse et d’enseignante?

Oui, tout autant que mes interactions avec les étudiants, essentielles à mes yeux. Dès cette époque, j’ai commencé à tisser des partenariats avec la communauté.

Aujourd’hui, au rectorat, ma vision est celle d’une université actrice sociale, ancrée dans son milieu, qui répond aux besoins de formation et de recherche et interagit avec différentes communautés : les francophones, le secteur privé, les gouvernements, les milieux de la santé et de l’éducation. Mon mandat sera placé sous le signe de l’ouverture et du partenariat.

Lors de votre désignation, trois priorités ont été mises de l’avant : la francophonie, les Autochtones et la viabilité financière. Sur la question autochtone, on compte environ 1000 étudiants sur 49 000. Quels sont vos objectifs?

J’étais doyenne de la Faculté de droit avant ma nomination, et j’y ai créé un programme spécifique pour les étudiants autochtones : un certificat en droit autochtone. Ce programme leur donne accès aux études en droit de manière plus accessible, moins étrangère et dans le respect des cultures. J’aimerais promouvoir ce type de modèle à l’échelle de l’université.

L’Université d’Ottawa a déjà annoncé la gratuité pour les nations anichinabées présentes sur le territoire que nous occupons. Mais il faut aller plus loin : diminuer les barrières d’accès aux études postsecondaires, créer un milieu accueillant, transformer nos espaces physiques, mieux comprendre et valoriser les savoirs autochtones, qui sont milléniaux.

En droit, par exemple, les Autochtones concluaient déjà des traités internationaux bien avant l’arrivée des colons européens. L’université a donc un rôle à jouer pour tendre la main aux communautés, répondre à leurs besoins et appuyer la revitalisation des langues.

Et pour ce qui est de la francophonie, disposez-vous de moyens suffisants?

En matière de francophonie, il existe un réel sous-financement provincial. L’Université d’Ottawa offre près de 400 programmes en français, dont environ 60 exclusivement en français. Nous accueillons environ 80 % des étudiants francophones de l’Ontario : nous desservons donc une large part de la communauté.

Cela demande des fonds pour appuyer le développement de ces programmes. Un groupe d’experts qui s’est penché sur la viabilité financière des universités ontariennes a démontré qu’il existait un manque à gagner important, particulièrement en ce qui concerne la mission francophone de l’Université d’Ottawa. Le ministère a d’ailleurs mis sur pied un groupe de travail pour chiffrer ce manque et mieux appuyer les étudiants francophones.

Est-ce que la majorité des étudiants francophones viennent de l’étranger?

Pas nécessairement. Cette année, on observe une hausse importante des inscriptions d’étudiants francophones ontariens et de la communauté d’Ottawa, ce qui est un excellent signe.

En revanche, nous anticipons une baisse du nombre d’étudiants francophones internationaux en raison des délais et restrictions fédérales sur les visas. Aujourd’hui, la majorité de nos francophones proviennent de l’Ontario, du Canada et du Québec.

Justement, ces restrictions sur les permis d’études vont-elles impacter vos ressources?

Le contexte budgétaire reste difficile : restrictions provinciales sur les frais de scolarité, financement stagnant sauf dans quelques secteurs précis, et limites imposées par le fédéral quant au nombre de permis d’études octroyés aux étudiants internationaux. Cela touche tout le secteur universitaire.

Face à cette réalité, nous devons être créatifs : générer de nouveaux revenus, rationaliser nos dépenses, tout en protégeant notre mission fondamentale — l’enseignement, la recherche et le service à la communauté franco-ontarienne.

Lors des réductions de permis d’études, l’impact sur la mission francophone n’a pas toujours été évalué. Une plainte a d’ailleurs été déposée au Commissariat aux langues officielles et nous attendons son rapport. Entre-temps, des ajustements ont été faits, mais des difficultés persistent, notamment avec des taux d’acceptation de visas très variables qui touchent particulièrement les étudiants issus de pays francophones.

Venons-en à la viabilité financière. L’Université était en déficit en 2023. Où en êtes-vous aujourd’hui?

En 2023, l’Université d’Ottawa affichait un déficit opérationnel de 18 millions de dollars. Ce n’est pas soutenable à long terme. Le Bureau des gouverneurs a donc approuvé un plan visant à revenir à l’équilibre budgétaire d’ici deux ans.

Nous faisons les représentations nécessaires auprès des gouvernements, mais nous travaillons aussi à diversifier nos sources de revenu. Mon objectif est clair : conjuguer ambition académique et gestion responsable pour assurer la viabilité et le rayonnement de l’établissement.


2005 : Se joint au corps professoral de l’Université d’Ottawa après des études en droit à l’Université de Montréal et un doctorat (S.J.D.) à Harvard.

2019 : Devient doyenne de la Section de droit civil de la Faculté de droit de l’Université d’Ottawa.

2022 : Reçoit la distinction d’avocate émérite (Ad. E.) du Barreau du Québec.

2025 : Est nommée rectrice et vice-chancelière de l’Université d’Ottawa

Chaque fin de semaine, ONFR rencontre un acteur des enjeux francophones en Ontario et au Canada.

Coup d’œil sur la programmation de La Nouvelle Scène Gilles Desjardins à Ottawa

OTTAWA – Les quatre compagnies de théâtre rattachées à La Nouvelle Scène Gilles Desjardins (LNSGD) ont lancé leur programmation jeudi soir, dans un événement à l’édifice du 333 rue King-Edward. Le thème général est Réimpressions, un titre dont la signification varie selon la mission du Théâtre de la Vieille 17, du Théâtre Catapulte, du Théâtre du Trillium et de Vox Théâtre. ONFR s’est entretenu avec les directeurs et directrices des quatre compagnies.

Chaque année, l’une des compagnies de LNSGD s’occupe de trouver ce qui lie les quatre programmations afin de créer une image de saison commune. C’était le mandat du Théâtre de la Vieille 17 cette année. Sa directrice artistique, Geneviève Pineault, explique la réflexion derrière le thème Réimpressions.

« Il y a cette idée d’événements, de personnes ou de rencontres qui laissent une marque, qui laissent une impression. On est qui l’on est, mais on change au fil des événements et des personnes qui laissent une empreinte sur nous. »

La Vieille 17 : engagé sans être moralisateur

Pour la Vieille 17, la saison commencera en novembre avec Le Volcan, le plus récent texte de la Franco-Ontarienne Marie-Thé Morin. Inspirée par l’éruption du Mont Saint Helens, en 1980, elle en fait une métaphore pour parler de la violence domestique. Après en avoir eu un aperçu aux Feuilles vives de Théâtre Action, Geneviève Pineault s’est empressée de lui faire une place dans sa programmation, ressentant une urgence de présenter cette nouvelle création rapidement.

L’autrice s’est inspirée des acteurs Roch Castonguay et Gabrielle Brunet Poirier pour élaborer le texte, dont elle signe aussi la mise en scène. « C’est vraiment une rencontre de ces trois artistes ensemble », apprécie Geneviève Pineault.

L’affiche de la pièce Le volcan, qui sera présentée du 5 au 8 novembre. Image/graphisme : • Bureau60a

Un autre coup de cœur pour la directrice artistique est Nzinga, une coproduction du Centre de Théâtre d’Aujourd’hui et du Théâtre de La Sentinelle qui sera également présentée au Théâtre français de Toronto et au Théâtre du Nouvel-Ontario https://onfr.tfo.org/les-liens-souterrains-et-humains-du-theatre-du-nouvel-ontario/  (Sudbury) cette saison. Tatiana Zinga Botao y raconte sa propre histoire, alors qu’elle a découvert être la descendante d’une reine congolaise. Geneviève Pineault aime qu’on parle de colonialisme, mais pas de façon pédagogique. « On ne fait pas la leçon. »

C’est un peu le même argument pour La nuit du caribou, un spectacle jeunesse coprésenté par le Théâtre de la Vieille 17 et Vox Théâtre. « C’est une fable écologique. On apprend des choses aux enfants, mais on ne tombe pas dans la morale. »

Geneviève Pineault aime aussi l’idée d’accueillir une compagnie d’une région non urbaine, alors que le Théâtre de la Petite Marée se trouve à Bonaventure, en Gaspésie, au Québec.

Les quatre directeurs artistiques ont présenté leur programmation à venir dans un événement à LNSGD jeudi soir. Photo : page Facebook La Nouvelle Scène Gilles Desjardins

Les créateurs de la région d’Ottawa-Gatineau ne sont pas en reste. Les Voyageurs immobiles et le théâtre Rouge Écarlate ont reçu un appui financier et logistique de la Vieille 17 pour créer Comme des bruissements, qui aborde le sujet de l’activisme environnemental, souvent porté par les femmes. Les artistes préparent une réelle soupe sur scène et le spectacle se termine en moment de discussion avec les spectateurs, une tasse de soupe à la main. « Il y a ce côté d’être ancré dans l’échange, dans ce sentiment de communauté », explique Geneviève Pineault.

Vox : quête d’identité

La compagnie jeunesse Vox Théâtre mise sur la recherche de soi et l’appartenance au groupe pour sa 46e saison.

Outre La nuit du Caribou, elle accueille la pièce Petit pois, qui a déjà fait ses preuves. Créée à la fin des années 1980 par la Belge Agnès Limbo, elle est aujourd’hui reprise par Kleine Compagnie et Presentation House Theatre, en collaboration avec la compagnie Gare centrale, qui a produit la version originale.

Avec humour et délicatesse, la pièce qui nous présente la quête d’un petit pois égaré parle en fait de l’expérience du nouvel arrivant, une « analogie vraiment spéciale » qu’apprécie Pier Rodier.

Vox Théâtre mise aussi sur le premier texte pour enfants de la dramaturge ottavienne Lisa L’Heureux en coproduisant Parmi les monstres avec le Théâtre de Dehors. En mêlant la marionnette et le théâtre d’ombres, la pièce parle de la quête d’identité du jeune Billy, qui devra affronter ses peurs pour mieux se comprendre.

Parmi les monstres sera présentée le 6 décembre à LNSGD. Photo : Théâtre de Dehors

Alors que plusieurs travailleurs des arts déplorent une difficulté de ramener les gens en salle depuis la pandémie, Pier Rodier affirme sentir un regain d’engouement pour le théâtre jeunesse. Il croit que les parents cherchent à passer du temps de qualité avec leurs enfants… et à les éloigner des écrans. « Nos ventes vont très bien », affirme-t-il.

Pour Vox théâtre, l’heureux problème est que les enfants du quartier voient souvent les pièces avec leur école, grâce aux matinées scolaires. Il arrive tout de même à attirer des familles pour les représentations grand public, pour une ou deux représentations par spectacle.

Catapulte : le corps transformé par l’esprit

Le théâtre Catapulte exploite des thèmes assez sombres. La directrice artistique et codirectrice générale, Isabelle Bartkowiak, parle de traumas intergénérationnels, de résilience, de comment la douleur peut devenir lumière et des souvenirs qui restent.

La saison explore « notre corps à travers tous les revirements de la vie, les chamboulements, les obstacles, les révoltes qu’on va vivre. À quel point il se transforme et ce qui peut sortir de beau des blessures. »

Dans Les ensevelies (19 au 22 novembre), le spectateur suit quatre personnages sur une période d’un an, après la disparition d’une jeune fille de leur entourage. Photo : Théâtre Catapulte

Dans Les ensevelies, l’autrice Caroline Bélisle traite de féminicide et de violence faite aux femmes et aux enfants. Le spectacle « traite du sujet sans tomber dans l’analytique, selon Isabelle Bartkowiak. Ça s’écoute un peu comme un thriller. »

Beaucoup plus légère, Pour Maëlle s’adresse à un public de 16 à 35 ans pour parler de transfuge de classe chez les enfants d’immigrants. À la sortie des bars, un jeune homme d’origine libanaise tombe amoureux d’une artiste qui vient d’un milieu totalement différent.

Isabelle Bartkowiak signe elle-même le docu-fiction Bon voyage?, une pièce sur le deuil qui s’adresse aux 10 à 14 ans. « C’est pertinent à aller voir en tant que parent et d’amener ton ado ou ton préado, explique l’autrice. C’est une belle manière de commencer à ouvrir la discussion sur la place qu’ont les gens qui ne sont plus dans nos vies. »

Le gardien des enfants du Théâtre indépendant s’adresse pour sa part à un public averti de 18 ans et plus. La pièce parle d’adultes ayant vécu des agressions sexuelles dans leur enfance, dans un texte dense d’une cinquantaine de minutes, qu’Isabelle Bartkowiak qualifie de poétique.

Le Trillium : à l’avant-garde

Le directeur artistique et général du Théâtre du Trillium, Pierre Antoine Lafon Simard, souhaite recruter des spectacles « en marge de la création contemporaine, qui explorent de nouveaux territoires ».

« Ça ne veut pas nécessairement dire d’aujourd’hui », nuance-t-il en prenant l’exemple de Transfiguration. Cette performance d’Olivier de Sagazan a été créée en 1998 et a pourtant encore été remarquée cette année au Festival off Avignon, en France.

Le Trillium coproduit, avec Chambre noire, La jeune fille suppliciée sur une étagère, qui sera présentée en mars. « On s’enligne sur un très beau projet, qui pourtant parle de la mort, mais qui donne espoir, qui est extrêmement drôle. »

La saison de LNSGD s’étendra du 9 octobre 2025 au 23 mai 2026.

TIFF 2025 : 50 ans de cinéma, le balado

Le Festival international du film de Toronto (TIFF) célèbre ses 50 ans. Pour l’occasion, ONFR s’entretient avec cinéastes, critiques et professionnels de l’industrie, qui nous plongent dans la petite et la grande histoire d’un des plus prestigieux festivals de cinéma au monde, Made in Canada.

Le critique, journaliste et réalisateur Brian D. Johnson, auteur du livre Brave Films Wild Nights : 25 Years of Festival Fever qui retrace les 25 premières années du TIFF, nous plonge dans l’histoire du festival, non sans quelques anecdotes croustillantes. La réalisatrice Québécoise Chloé Robichaud parle du rôle du TIFF dans l’évolution de sa carrière. Magali Simard, ancienne programmatrice pour le TIFF et Vice-présidente de Cinespace Studio, entre dans les détails de l’industrie cinématographique de la ville Reine. Finalement, la réalisatrice de renommée internationale, Alanis Obomsawin, parle de l’impact du TIFF sur le cinéma autochtone canadien.

Droits linguistiques des voyageurs : la Cour suprême se penchera sur la question

Une cause juridique de l’Ottavien Michel Thibodeau ira à la Cour suprême du Canada, lui qui a multiplié les batailles judiciaires contre les aéroports du pays pour des violations de droits linguistiques dans les dernières années.

Jeudi, le plus haut tribunal au pays a accepté d’entendre la demande d’appel de l’Administration de l’aéroport international de St. John’s qui conteste des pénalités financières que lui a ordonné d’octroyer la Cour fédérale. Le Conseil des aéroports du Canada est aussi un intervenant dans cette cause.

En 2022, la cour fédérale avait tranché que l’Aéroport de St. John’s se devait de payer 5 000 $ à Michel Thibodeau, qui poursuivait l’administration aéroportuaire pour violation de ses droits linguistiques. 

L’affaire a débuté en 2018 lorsque Michel Thibodeau a déposé six plaintes auprès du commissaire aux langues officielles (CLO) en vertu de la Loi sur les langues officielles. Il y alléguait que les communications sur les réseaux sociaux, les sites web et certains slogans de l’aéroport n’étaient disponibles qu’en anglais.

Le CLO a donné raison au plaignant qui, appuyé par ces décisions, a poursuivi ensuite l’Aéroport de St. John’s, réclamant des dommages et intérêts.

En 2024, la Cour d’appel fédérale a refusé d’infirmer la décision rendue par la Cour fédérale deux ans plus tôt. La Cour suprême entendra donc l’appel, mais la date d’audience n’est pas encore connue. Comme à chaque fois qu’il accepte d’entendre une cause, le plus haut tribunal au pays ne partage pas les motifs derrière cette décision.

Dans le sommaire du dossier, la Cour suprême soutient que les questions portant sur cette cause sont notamment la bonne définition du terme « voyageurs » dans la Loi sur les langues officielles, si les administrations des aéroports se doivent de communiquer dans les deux langues officielles ou encore si des entités tierces gérant des aéroports sont assujetties à des obligations linguistiques.

De 2016 à 2021, Michel Thibodeau a déposé 410 plaintes visant des autorités aéroportuaires et 158 autres concernant diverses instances fédérales. En février 2024, il avait obtenu gain de cause contre l’Aéroport international Pearson de Toronto, condamné à lui verser 6 500 $ à la suite d’une bataille judiciaire.

Devant les tribunaux fédéraux, l’Ottavien a été accusé par les aéroports canadiens d’avoir « trouvé un moyen de rentabiliser ses droits linguistiques ». Selon eux, les dommages et intérêts qu’il reçoit « ne servent qu’à améliorer sa situation financière », avaient-elles soutenu, dans une décision connexe, mais où Michel Thibodeau poursuivait l’Administration des aéroports régionaux d’Edmonton.

Les Compagnons des francs loisirs souhaitent rassembler le Nipissing en 2025-2026

NORTH BAY – Les Compagnons des francs loisirs (les Compagnons) ont lancé leur saison 2025-2026 mercredi soir. En plus du retour de certaines traditions communautaires, la programmation fait la belle part aux artistes du Nord de l’Ontario, dont plusieurs sont reconnus partout en province et au-delà.

Les Compagnons souhaitent miser sur trois valeurs phares : ouverture, inclusion et désir de rassembler. « Notre engagement reste le même : écouter notre communauté, créer des ponts entre les générations, inviter des artistes de tous horizons », indique le directeur général, Arnaud Claude.

Des activités auront lieu dans toute la région du Nipissing, « de North Bay à Mattawa, en passant par Bonfield, East Ferris, Sturgeon Falls, Field, River Valley, Callander et Lavigne. »

Les spectacles

C’est la vétérane acadienne Édith Butler qui ouvrira la saison régulière de spectacles avec sa tournée Le tour du grand bois, qui compte quelques arrêts en Ontario, dont celui au Capitol Center de North Bay le 2 octobre. Le Fransaskois bien connu Étienne Fletcher sera pour sa part au Club de l’âge d’or de Mattawa le 16 octobre.

En janvier, le duo d’André Varin et Marie-Claude Gagnon, Folklofolie, s’arrêtera à Mattawa, North Bay et Sturgeon Falls.

Dans son art, Patricia Cano mélange les langues et les cultures : français, anglais, espagnol, portugais et cri. Photo : Rachel Crustin/ONFR

La plus grande partie de la programmation est remplie par des artistes franco-ontariens, dont plusieurs du Nord de l’Ontario. On verra entre autres la chanteuse polyglotte Patricia Cano et le cowboy du Nord, Chuck Labelle, légende franco-ontarienne originaire de Mattawa. L’artiste de North Bay Eric Romanica lancera le temps des Fêtes dès le 25 novembre.  Les Chiclettes présenteront aussi leur spectacle de Noël, le 19 décembre.

En mars 2026, on pourra voir Mélissa Ouimet, qui aura du matériel frais à présenter puisqu’elle lance un nouvel album dans les prochaines semaines. Le trio sudburois les Bilinguish Boys (Stef Paquette, Dayv Poulin et Edouard Landry) s’arrêtera à Bonfield en avril.

Les Chiclettes proposent cette année un nouveau spectacle du temps des Fêtes. Photo : Gracieuseté des Compagnons des francs loisirs

En théâtre, la Franco-Sudburoise Caroline Raynault montera sur les planches à Sturgeon Falls et North Bay avec son projet Le téton tardif.

Le 19 juin, ce sera déjà la Saint-Jean-Baptiste à North Bay, avec un spectacle gratuit extérieur signé Gabrielle Goulet.

Divers spectacles et activités culturelles seront également présentés dans les écoles et les garderies de la région tout au long de l’année.

Communauté et traditions

Du côté des activités communautaires, on retrouve la quatrième édition de la Chasse aux citrouilles, des ateliers de théâtre avec la troupe du bord-du-lac, un atelier de cuisine des Fêtes, la fête de la Saint-Jean le 20 juin.

Le traditionnel Carnaval des Compagnons sera de retour pour une 63e édition. Le Star académie local, un concours pour les 5 à 18 ans, en sera à sa 22e édition. Devant le succès de cette activité, les Compagnons l’organisent cette fois sur trois jours « pour que chacun ait sa place… et pour éviter que les petits ne s’endorment avant leur tour ».

Le Carnaval des Compagnons est un classique d’hiver à North Bay. Photo : Page Facebook Compagnons des francs loisirs

Pour les Compagnons, l’engagement communautaire est essentiel. « On veut que les gens participent, créent, échangent », peut-on lire dans le livret de saison.

Lors de la soirée de lancement, les prix Lou Gagné et Roland Rochon ont respectivement été remis au bénévole hyper impliqué en Ontario francophone, Guy Madore, et à la Chambre de commerce de North Bay et du district. Le prix Lou Gagné récompense un individu pour sa contribution « significative et durable » envers la francophonie de la région. Le prix Roland Rochon fait de même pour un organisme.

Le Jour des Franco-Ontariens

Le 25 septembre 2025 marque le 50e anniversaire du drapeau franco-ontarien, un fait qui sera souligné à grands traits dans différentes communautés à travers la province. À North Bay, la journée commencera dès 9 h 30 avec une performance de Hey, Wow! Le groupe sera également en spectacle à 20 h, au Club de l’âge d’or de Sturgeon Falls.

Le crieur public Daniel Richer lancera ensuite la cérémonie du lever du drapeau.

Les Compagnons rappellent que ce devrait être la dernière fois que le drapeau franco-ontarien est hissé de manière temporaire, puisque les démarches sont en cours pour ajouter un mât devant l’hôtel de ville, qui permettra au trille et au lys de flotter de façon permanente.

Les hymnes franco-ontariens Notre place et Mon beau drapeau retentiront, interprétés par leur compositeur respectif, François Dubé et Brian St-Pierre.

Francophonie Ontario Drapeau franco-ontarien
Le drapeau franco-ontarien flottera bientôt de façon permanente devant l’hôtel de ville de North Bay. Photos : archives ONFR

Les Compagnons invitent aussi les visiteurs à prendre part à une croisière spéciale sur le Chief Commanda le 26 septembre. Ce bateau symbole de North Bay fête également ses 50 ans cette année.

En janvier dernier, les Compagnons ont été remarqués à Contact ontarois en remportant le prix Alliance Rideau, à égalité avec le Centre de loisirs culturels de Kapuskasing. L’organisme de North Bay estime que 10 000 personnes ont été rejointes par leurs activités en 2024-2025.

Jacqueline Madogo entre souvenirs olympiques et nouveaux défis

[PARIS 2024, UN AN APRÈS]

Un an après les Jeux olympiques de Paris, ONFR vous propose de revenir sur les souvenirs des athlètes franco-ontariens et surtout sur leur année après les Jeux. Aujourd’hui, c’est au tour de la sprinteuse Jacqueline Madogo de clore la série. La native d’Ottawa revient sur cette expérience unique, sur ce qu’elle en a retiré et sur une saison marquée par des hauts, des bas et l’attente d’une nouvelle grande échéance en septembre.

Quand elle repense à Paris 2024, ce ne sont pas les pistes d’athlétisme qui lui reviennent en mémoire en premier, mais des visages familiers. 

« J’avais ma famille qui était là, mes parents, mes frères et sœurs, mon entraîneur et deux coéquipiers avec qui je m’entraîne au quotidien, Zoé Sherar et Craig Thorne. Vivre ça avec eux, c’était incroyable. »

Sur le plan sportif, l’Ottavienne se remémore avec fierté sa demi-finale sur 200 m où elle a terminé septième en 22 sec 81, à quelques centièmes d’une place en finale, mais c’est surtout l’aventure du relais 4×100 m féminin qui l’a le plus marquée. 

Aux qualifications, avec ses coéquipières Sade McCreath, Marie‑Éloïse Leclair et Audrey Leduc, elles ont établi un record national en  42 sec 50, assurant une place en finale. 

 « Les gens ne nous attendaient pas à ce niveau-là, mais on voulait montrer qu’on appartenait à cette finale », rappelle-t-elle avec fierté.

Le jour suivant, en finale, les Canadiennes ont finalement terminé à la sixième place d’une course très relevée avec un temps de 42 sec 69. Seule petite ombre au tableau de cette semaine olympique mémorable, son absence à la cérémonie d’ouverture et  peu de temps pour profiter des autres sports. 

« On était en stage d’entraînement en Espagne, donc on est arrivé seulement la deuxième semaine. Avec mes courses presque tous les jours, je n’ai pas pu aller voir d’autres compétitions. C’est une petite déception, mais au final, je ne changerais rien. »

Coupure total et retour en fanfare 

Dès la fin des Jeux, Jacqueline Madogo s’est offert une vraie coupure, bien méritée après l’intensité de la compétition.

 « Je suis partie une semaine à Nice avec mes parents. Je n’ai même pas regardé mon téléphone pendant sept jours », raconte-t-elle. 

Une déconnexion totale, rare dans la vie d’une athlète de haut niveau, qui lui a permis de retomber sur terre. « Le lendemain de notre arrivée, j’ai dormi 14 heures d’affilée. J’avais besoin de ce repos après toutes ces émotions accumulées. »

Jacqueline Madogo a délivré un discours lors du gala ImpactON sur les valeurs coopératives. Photo : Rudy Chabannes/ONFR

Le contraste a été saisissant lors de son retour au Canada. À Ottawa, la Franco-Ontarienne a eu droit à un accueil chaleureux. Au départ prévu comme un simple barbecue familial, la fête préparée par ses parents a pris une ampleur inattendue. 

« Il y avait tellement de monde que mes parents ont dû déplacer la fête ailleurs », dit-elle. Amis proches, cousins, cousines, famille élargie, mais aussi voisins et soutiens de longue date : tous voulaient féliciter la sprinteuse pour ses exploits parisiens.

À cela s’est ajoutée une véritable vague médiatique. Sollicitée par la presse écrite, les radios et la télévision, Jacqueline Madogo a multiplié les entrevues et les apparitions publiques. 

« Pendant deux mois, j’avais plein d’entrevues et d’événements à faire. C’était flatteur, mais aussi intense », reconnaît-elle. 

Peu à peu, elle a senti le besoin de tourner la page et de se recentrer sur l’essentiel. « À un moment, il fallait revenir à l’entraînement. J’ai choisi de mettre de côté les apparitions pour retrouver ma routine et préparer la suite. »

De la fracture au record

La reprise n’a pas été simple. En décembre, alors que l’élan des Jeux semblait encore proche, Jacqueline Madogo s’est fracturé le pied à l’entraînement. Une blessure frustrante, qui l’a contrainte à une longue période d’arrêt, sans compétition ni véritable préparation, jusqu’en avril.

« Mentalement, c’était difficile. Quand on est habituée à s’entraîner tous les jours, se retrouver soudainement sur la touche, c’est un vrai choc. Mais ce qui m’a gardée motivée, c’était l’objectif des championnats du monde », explique-t-elle.

Le retour s’est pourtant fait rapidement et de manière spectaculaire. Dès sa reprise, elle a enchaîné les rendez-vous internationaux : les Mondiaux de relais en Chine, puis une compétition aux Bahamas, qui lui ont permis de retrouver ses repères et sa confiance.

« Ce n’était pas évident après plusieurs mois d’arrêt, mais j’ai senti que mon corps répondait bien. »

Les résultats n’ont pas tardé à suivre. Sur 100 m, elle a battu son record personnel, un signal fort après sa blessure. Sur 200 m, sa discipline de prédilection, elle a signé un chrono très proche de son meilleur temps.

« C’était encourageant de voir qu’après tout ce temps perdu, j’étais encore en forme. Ça m’a prouvé que je pouvais rebondir, même après une période compliquée. »

Cap sur les Championnats du monde

Jacqueline Madogo se prépare désormais pour son grand retour sur la scène mondiale. Les Championnats du monde d’athlétisme auront lieu à Tokyo du 13 au 21 septembre prochain.

L’équipe de relais 4×100 mètres canadien avec de gauche à droite : Marie-Éloise Leclair, Audrey Leduc, Sade McCreath et Jacqueline Madogo. Photo : Instagram de Jacqueline Madogo, Kyle Llamas/Athletics Canada.

La Franco-Ontarienne est déjà confirmée pour le relais 4×100 m grâce à la qualification de l’équipe canadienne obtenue via les relais mondiaux 2025. En revanche, sa participation en individuel sur le 200 m dépendra de sa sélection officielle. L’annonce sera faite ce jeudi.

« Je pense être dans une bonne position pour le 200 m, mais il faut attendre ce jeudi pour avoir la liste finale. Je croise les doigts; j’ai tout donné dans mes dernières courses, et j’ai vraiment hâte de savoir. » Puis, elle ajoute avec confiance : « Mon corps se sent bien, je me sens prête. »

Qu’elle soit alignée en individuel ou seulement avec le relais, Jacqueline Madogo abordera les Mondiaux de Tokyo avec la confiance d’une athlète qui a su rebondir après les Jeux et surmonter l’épreuve de la blessure.

En clôturant la série Un an après Paris 2024, son témoignage illustre bien l’esprit des Franco-Ontariens rencontrés : entre souvenirs olympiques, résilience et nouveaux défis, une génération d’athlètes qui regarde déjà vers l’avenir.

Une consultation à grande échelle pour redéfinir l’avenir de la francophonie ontarienne

À la veille d’une assemblée citoyenne, l’Assemblée de la francophonie de l’Ontario (AFO) invite la communauté à participer aux états généraux de l’Ontario français. Lancé en mars 2025, ce vaste exercice vise à réfléchir collectivement aux défis et aux priorités de la francophonie ontarienne pour les prochaines décennies.

Pour Peter Hominuk, directeur général de l’AFO, ces états généraux s’inscrivent dans un double contexte : la révision du plan stratégique communautaire, menée tous les cinq ans, et la nécessité de se repositionner après la pandémie.

« Des craques commençaient à apparaître dans nos organismes, dans nos structures. Pendant la pandémie, ces petites craques sont devenues de grosses craques  », explique-t-il.

À ces fragilités institutionnelles s’ajoutent les inquiétudes exprimées par de nombreux Franco-Ontariens : le financement insuffisant de certains organismes, l’épuisement de bénévoles qui assurent encore la survie de services essentiels dans plusieurs régions, mais aussi les effets de l’assimilation et du vieillissement de la population. 

« Dans certaines communautés, nos organismes sont dans la misère. Le même financement de base sert tantôt à des structures solides, tantôt à des groupes qui reposent uniquement sur des bénévoles. Et les gens se demandent : comment va-t-on assurer l’avenir dans ces conditions? »

La conjoncture est aussi marquée par des changements législatifs majeurs : la nouvelle Loi fédérale sur les langues officielles, qui vise à rétablir le poids démographique des communautés francophones, et la Loi provinciale sur les services en français, qui introduit le principe de l’offre active. 

Pour M. Hominuk, ces transformations sont à la fois sources d’inquiétude et de possibilités. 

« La conjoncture des nouvelles lois est une opportunité de repenser comment on fait les choses, souligne-t-il. Les défis sont réels, mais ils peuvent aussi devenir des chances de renouveler nos façons de travailler et de renforcer notre présence. »

Une large consultation de la base

Les états généraux reposent sur une démarche participative. Outre des rencontres régionales et un sondage provincial lancé ce mercredi pour recueillir l’opinion des Franco-Ontariens sur les priorités à retenir, une étape importante aura lieu ce jeudi avec la tenue d’e l’’une assemblée citoyenne.

Cette rencontre doit permettre de présenter en détails le processus et de commencer à dégager des pistes de réflexion collective. 

« On ne commence pas à zéro. On veut que les gens aient eu la chance de mijoter, de comprendre dans quoi ils s’embarquent. Parce que tu ne peux pas rêver l’avenir en une fin de semaine », souligne Peter Hominuk.

Le directeur général de l’AFO, Peter Hominuk, aux côté du président Fabien Hébert. Photo : ONFR/Archives Rudy Chabannes
« On veut sortir avec une vision sur 25 ans »
— Peter Hominuk, directeur général de l’AFO

L’assemblée citoyenne servira donc de point de départ pour identifier les grands thèmes qui nourriront la suite des États généraux : l’avenir de la francophonie ontarienne, les défis démographiques, la modernisation des structures et le partage des ressources.

L’idée est de faire émerger une vision à long terme, qui dépasse le court terme des cycles politiques. « On veut sortir avec une vision peut-être pas sur cinq ou dix ans, mais sur 25 ans », insiste-t-il.

Cette approche vise à inclure toutes les composantes de la francophonie ontarienne : les jeunes, les nouveaux arrivants, les aînés, mais aussi la diversité des réalités urbaines et rurales. Le processus prévoit également la participation de leaders communautaires, d’organismes partenaires et d’acteurs institutionnels, afin de garantir que cette consultation soit véritablement représentative de la communauté dans son ensemble.

Redéfinir l’identité franco-ontarienne

Les états généraux devront aussi répondre à une question fondamentale : qu’est-ce qu’être Franco-Ontarien aujourd’hui? Pour M. Hominuk, cette notion a beaucoup évolué au fil du temps.

« C’était bien clair quand j’étais jeune. Ça l’est beaucoup moins aujourd’hui », reconnaît-il.

Selon lui, l’identité franco-ontarienne ne peut plus se limiter à la langue maternelle ou à l’héritage familial. Elle s’élargit à de nouvelles réalités : des jeunes issus de l’immersion française, des personnes immigrantes qui choisissent le français comme langue d’intégration, ou encore des familles où plusieurs langues cohabitent. 

« Ce n’est pas un club exclusif. On accueille des gens pour qui le français est une troisième ou une quatrième langue, et on leur dit : bienvenue, vous êtes des Franco-Ontariens. »

Dans cette perspective, les états généraux doivent permettre de repenser l’inclusion et de bâtir une vision commune qui reflète la diversité de la communauté telle qu’elle existe aujourd’hui.

 « L’identité franco-ontarienne ne disparaît pas, elle se transforme. Et il faut qu’on ait cette conversation ensemble », explique-t-il.

Une ambition collective appuyée par les partenaires

Au terme de ce processus, l’AFO espère dégager une vision commune à long terme.

« Pour moi, le plus de gens qui participent, qui nous aident à imaginer notre avenir, c’est une réussite. Ensuite, sortir avec un plan qui nous donne une vision claire de ce qu’on peut être comme communauté, ça va être un point très important », explique Peter Hominuk.

Les États généraux visent ainsi à projeter la francophonie ontarienne non pas sur cinq ou dix ans, mais sur un horizon de vingt-cinq ans. Un pari ambitieux, mais jugé nécessaire pour assurer sa vitalité et son rayonnement.

L’AFO insiste toutefois sur la nécessité que ces résultats ne restent pas lettre morte. Le futur plan d’action devra non seulement servir de feuille de route pour les organismes communautaires, mais aussi orienter les politiques publiques.

« Il faut que ce travail mène à des collaborations concrètes avec nos instances publiques : les gouvernements, les institutions, nos partenaires. C’est ensemble qu’on peut transformer la réalité de la francophonie ontarienne », conclut le directeur général.

La rentrée scolaire marquée par des nouveautés suspendues et des programmes-cadres abolis

TORONTO – Élèves, enseignants et conseils scolaires débutent l’année scolaire avec plusieurs changements récents. Une mise à jour des barèmes incluant de nouveaux acquis en littératie financière et sur l’histoire des Noirs sont repoussés à date ultérieure. Par ailleurs, des programmes-cadres liés à l’actualisation linguistique en français (ALF) ainsi que le programme d’appui aux nouveaux arrivants (PANA) sont abolis, dans l’attente d’une alternative plus à même d’encadrer les élèves francophones.

La porte-parole du ministère de l’Éducation, Justine Teplycky, précise que «  le ministre a demandé d’ajuster le calendrier, en suspendant l’introduction du nouveau programme pendant un an, afin d’assurer une approche plus uniforme dans toute la province et de donner aux enseignants plus de temps pour mettre en œuvre le nouveau programme », lit-on dans un courriel.

Ces retards affectent directement le curriculum du niveau secondaire, à savoir les élèves de 10e année, qui seront dorénavant soumis à ces nouveaux tests provinciaux dès septembre 2026. Ces reports incluent également des composantes relatives à l’Holocauste, aux idéologies politiques extrêmes ainsi qu’à l’histoire de l’Holodomor.

Cette mise en sommeil est accueillie plutôt favorablement du côté des enseignants, placés devant la nécessité de compiler adéquatement les ressources pédagogiques. L’Association des enseignantes et des enseignants franco-ontariens (AEFO) voit en effet ce report d’un bon œil, tout en restant prudente. «  Une révision réussie du curriculum passe par un processus transparent, collaboratif, inclusif et réaliste », rappelle sa présidente, Gabrielle Lemieux.

Mais quelle est la conséquence sur l’apprentissage des élèves? Mirela Lonian, qui dirige l’Association franco-ontarienne des conseils scolaires catholiques (AFOCSC), affirme qu’il reste « important qu’ils apprennent le vocabulaire économique en français ».

Elle comprend ce report de la part du ministère, mais émet une condition : « préparer de bonnes ressources et les bons cours, sans que ce soit prolongé éternellement, car on a quand même préparé nos écoles, nos communautés scolaires, avant d’apprendre que ça été retardé. Ça a été difficile à gérer de ce point de vue. »

Mirela Lonian, directrice générale de l’Association franco-ontarienne des conseils scolaires catholiques (AFOCSC). Photo : Gracieuseté de Mirela Lonian

Concernant les modules d’histoire et l’adaptation des ressources, l’avis des parents d’élèves francophones est proche de celui des enseignants. Paul Baril, le président de Parents partenaires en éducation (PPE), prévient qu’il ne s’agit pas uniquement de traduire ces nouveaux contenus, mais que ces révisions du programme doivent permettre aux élèves de mieux s’y identifier pour mieux apprendre.

« Notre culture est complètement différente. Les acteurs importants en français, les acteurs francophones, les noirs qui ont eu un impact en Ontario français ne sont pas du tout, du tous les mêmes », compare-t-il.

En outre, l’imposition de nouvelles exigences pendant la saison estivale demeure souvent contestée par les acteurs éducatifs. « On a vu par le passé, quand ils ont fait des changements si tard et qu’on a eu le curriculum en juillet, les enseignants étaient tout stressés, puis ça a été très houleux comme modification », se remémore le président.

D’autres programmes-cadres officiellement retirés

D’un autre côté, le programme l’actualisation linguistique en français (ALF) est arrêté dans le but d’harmoniser les requis nécessaires de tous les élèves francophones, qu’ils soient unilingues ou plurilingues.

« C’est une façon de dire que l’égalité est atteinte. Désormais, l’enseignant va enseigner le programme-cadre de français à tout le monde », suppose M. Baril. Celui-ci décrit « qu’il y a des parents qui nous disaient que leur enfant se sentait exclu parce qu’il allait toujours en ALF pendant que les autres faisaient d’autres activités. »

Mirela Lonian explique que désormais il s’agirait, à la place, d’avoir un enseignant de soutien qui enseigne à tous les élèves collectivement. « C’est pour faire preuve d’inclusion, pour éviter qu’un élève risque d’être jugé par ses camarades et de le retirer de la salle de classe. C’est à ce niveau-là qu’on veut enlever le stigma du service à élèves », assure-t-elle.

Paul Baril, président de Parents partenaires en éducation (PPE) en Ontario. Photo : Gracieuseté de Paul Baril

« Comment mieux intégrer des élèves qu’en les intégrant dans des salles de classe avec toute la gamme d’élèves? » abonde M. Baril.

Dans cette même logique, le programme d’appui aux nouveaux arrivants (PANA), qui est également retiré, visait jusqu’ici à encadrer l’inclusion totale des élèves nouveaux arrivants. « C’est clair qu’ils ont besoin d’une intégration à la société ontarienne et de soutien aux services, c’est un choc culturel », convient Mme Lonian. Cette dernière a hâte de voir comment les nouvelles alternatives d’enseignements qui tentent de réduire les écarts seront amenées dans les écoles, notamment au niveau du soutien financier.

Pour le moment, c’est la politique NPP 172 qui fait référence au Policy/Program Memorandum 172 qui va remplacer dès le mois prochain ces deux programmes abolis. Elle vise à repenser une stratégie de soutien pour les élèves francophones plurilingues.

Bien que ces abolitions soient explicites, M. Baril espère bien que l’accompagnement ne disparaitra pas, et que le cadre est voué à se moderniser. Les acteurs de l’éducation sont dans l’attente de rencontres et de consultations régulières entre écoles et gouvernement afin de permettre des suivis et évaluer les changements tout au long de l’année.

« Il s’agit de préparer nos élèves pour la vie », souligne Mme Lonian.

Casselman vote pour garantir aux citoyens une réponse dans la langue officielle de leur choix

CASSELMAN – Le conseil municipal de Casselman a donné le feu vert, ce mardi soir, à une modification réglementaire visant à ce qu’un citoyen obtienne une réponse dans la langue officielle de son choix lorsqu’il s’adresse au conseil. La décision fait suite à un incident survenu au printemps dernier qui avait suscité malaise et incompréhension au sein de la population.

C’est sans débat que les élus de cette ville, où 74 % de la population a le français comme première langue officielle parlée, ont d’adopté lors du conseil municipal de mardi soir une recommandation visant à renforcer l’usage des langues officielles durant le conseil.

Dorénavant, tout citoyen pourra poser ses questions en français ou en anglais, et la réponse lui sera donnée dans la même langue, ou traduite immédiatement si nécessaire, que ce soit durant la période de questions ou lors de présentations devant les élus.

« Nous sommes une municipalité où la francophonie est une valeur très importante et qu’on respecte énormément, mais il ne faut pas oublier que, avec le temps, il y a beaucoup plus d’anglophones, et pour moi il est très important de respecter tout autant ces gens-là », a insisté la conseillère Francine Leblanc en discussion de cette motion qu’elle avait appuyée au printemps.

Le conseiller Sylvain Cléroux a tenu, quant à lui, à féliciter ses collègues : « Le besoin se faisait sentir, et c’est vraiment important de s’assurer que nous traitons les deux langues officielles, particulièrement lors des réunions de conseil. »

Casselman compte environ 3960 habitants selon le recensement de 2021. Photo : Archives ONFR/Benjamin Vachet

Un cadre juridique solide

Cette recommandation est basée sur un avis juridique de Me Ronald Caza, figure bien connue du droit linguistique en Ontario, que l’administration avait mandatée pour un rapport quelques mois plus tôt.

Dans son analyse, l’avocat franco-ontarien confirmait que Casselman disposait du pouvoir légal de modifier son règlement de procédure afin d’y intégrer de nouvelles dispositions linguistiques.

Il a toutefois souligné qu’un tel règlement devrait inclure des dispositions particulières pour les cas où un conseiller ne pourrait pas s’exprimer dans la langue officielle choisie par le citoyen, tout en réitérant que l’objectif légitime demeure de garantir une réponse dans la langue demandée. 

L’avis proposait donc deux scénarios pour répondre aux préoccupations citoyennes :

  • Premier scénario : lorsqu’une question est adressée au conseil dans son ensemble, la réponse doit être donnée immédiatement dans la langue utilisée par le citoyen.
  • Deuxième scénario : lorsqu’une question est posée à un élu ou à un employé qui ne maîtrise pas cette langue, la réponse peut être donnée dans l’autre langue officielle, mais un membre du conseil ou de l’administration doit ensuite en assurer la traduction consécutive.

Cette approche, estimait Me Caza, permet de respecter à la fois les droits linguistiques du public et la liberté d’expression des élus.

L’avocat Ronald Caza a été impliqué dans plusieurs dossiers de la francophonie, comme celui de la cause Montfort. Photo : archives ONFR/Lila Mouch

Abrogation d’un vieux règlement

Dans le même souffle, le conseil a abrogé le réglement linguistique de 1983, qui prévoyait la production de certains documents municipaux dans les deux langues officielles mais qui n’était plus appliqué de façon cohérente. 

L’administration est désormais mandatée pour dresser une liste des documents disponibles en français et en anglais, qui sera intégrée à la politique municipale de communication et de relations publiques

Le vote du conseil enclenche maintenant un travail administratif. La municipalité devra préparer un amendement formel à son règlement de procédure afin d’y intégrer les nouvelles dispositions linguistiques. Celui-ci sera adopté officiellement lors d’une réunion ultérieure.

« Ce n’est pas une question d’imposer quoi que ce soit aux élus, mais de s’assurer que les droits des citoyens soient respectés », a rappelé à ONFR le conseiller Paul Groulx.

Paul Groulx représente le quartier 4 de Casselman depuis 2018. Photo : Gracieuseté de Paul Groulx

La controverse

À l’origine de cette controverse, un incident survenu le 20 mai dernier : lors d’une séance du conseil, une citoyenne s’était exprimée en français et la mairesse Geneviève Lajoie lui avait répondu en anglais, provoquant un malaise palpable dans la salle.

« Toutes les municipalités devraient s’assurer que leurs citoyens soient respectés dans la langue officielle qu’ils choisissent »
— Paul Groulx

Dans les jours suivants, le conseiller Paul Groulx avait déposé une motion visant à garantir qu’à l’avenir, tout citoyen qui s’adresse au conseil obtienne une réponse dans la langue officielle de son choix.

« On sentait une tension dans la salle. Les gens avaient l’impression que rien n’était fait pour les respecter. Plusieurs citoyens sont venus me dire à quel point c’était important », a expliqué M. Groulx.

La mairesse Geneviève Lajoie a soutenu que l’adoption de l’avis de motion pourrait entraîner une contestation judiciaire, estimant qu’il risquait d’enfreindre la Charte canadienne des droits et libertés. Malgré ses réserves, les quatre conseillers municipaux de Casselman ont appuyé la motion, tandis qu’elle a voté contre.

Au-delà de Casselman

Pour Paul Groulx, l’enjeu dépasse largement les frontières de la petite municipalité de Prescott-Russell. 

« Ça ne concerne pas seulement Casselman. Toutes les municipalités devraient s’assurer que leurs citoyens soient respectés dans la langue officielle qu’ils choisissent », a-t-il souligné.

Selon lui, l’adoption de cette motion constitue un geste fort pour la francophonie locale et pour la communauté anglophone également. « C’est une question d’équité et de respect », a-t-il insisté.

Retour au bureau à temps plein pour les fonctionnaires de la Ville d’Ottawa

OTTAWA – L’ensemble des employés de la Ville d’Ottawa devront revenir au bureau à temps plein dès janvier prochain à l’image des fonctionnaires provinciaux, a annoncé la municipalité dans une note adressée à ses employés mardi.

« La présente note de service a pour but d’informer le maire et les membres du Conseil que la Ville d’Ottawa reviendra à la norme de cinq jours au bureau pour tous les employés de la Ville à compter du 1er janvier 2026 », indique la directrice de la municipalité Wendy Stephenson.

Selon cette dernière, ce retour au bureau à temps plein touchera une minorité d’employés municipaux, car « plus de 85 % du personnel de la Ville travaille sur place ou au bureau chaque jour afin de fournir des services aux résidents ». 

« Le retour collectif à une norme de cinq jours au bureau pour tous les employés de la Ville contribuera à renforcer la culture organisationnelle et à bâtir la confiance envers la capacité de la Ville à continuer de fournir un service adapté et fiable aux résidents », soutient-elle dans sa missive aux employés.

Il y a un peu moins de deux semaines, le gouvernement Ford a annoncé que tous ses fonctionnaires devaient revenir au bureau à quatre jours par semaine en octobre et cinq au mois de janvier 2026. À la suite de cette annonce, la Ville de Brampton avait aussi annoncé qu’elle imiterait la directive provinciale.

Lors du congrès de l’Association des municipalités de l’Ontario (AMO) à Ottawa à la mi-août, le premier ministre Doug Ford avait invité les villes à abandonner le mode de travail hybride pour favoriser celui à temps plein.

« La priorité absolue de la Ville est d’offrir un excellent service aux résidents, ce que le personnel s’est efforcé de faire tout au long d’une période de transformation profonde », écrit la directrice de la municipalité

« Le retour à la norme de cinq jours au bureau permet à la Ville de respecter les autres employés du secteur public tout en favorisant le bien-être général et au succès de l’organisation », ajoute Mme Stephenson.

Pour expliquer la décision de son gouvernement, Doug Ford avait affirmé que « les employés sont plus productifs au travail », ajoutant qu’il « était temps » pour les fonctionnaires ontariens de retourner à temps plein en personne.

Jour de rentrée pour les élèves francophones de l’Est ontarien et d’Ottawa

OTTAWA – Ce mardi matin marquait le coup d’envoi de la rentrée scolaire pour quelque 60 000 élèves francophones de la région d’Ottawa et de l’est de l’Ontario de la première à la 12e année. Immersion dans l’ouest d’Ottawa, à l’École élémentaire Des Visionnaires qui a ouvrait ses portes pour la première fois.

« Oui, je suis excité. Pour que je vienne voir mes amies », lance la jeune Aïda avant de faire son entrée en compagnie de sa mère Sarah Elaroussi et sa petite sœur Maria.

« On vient de déménager ici et ça fait vraiment plaisir d’avoir une école tout près, lance la mère de famille. C’était un petit peu loin (avant) pour nous surtout lors de tempêtes, ce n’était vraiment pas évident. »

Cet établissement francophone qui a bénéficié d’un financement provincial de 11 millions de dollars dans le quartier Barrhaven pourra accueillir à sa pleine capacité jusqu’à 475 élèves de la maternelle à la 6e année, en plus de compter sur une garderie.

« C’est la découverte. C’est une nouvelle école, alors la journée porte ouverte. On vient découvrir », affirme de son côté Rait Mohamed, en accompagnant sa petite fille à l’entrée de l’école.

« Ça nous faisait beaucoup de route, ça nous allège surtout pour les enfants. Prendre le bus pendant 40 minutes, ce n’est pas (idéal). Là, on marche quatre à cinq minutes, on ne peut que demander ça », dit Hali Matou, venue déposer sa fille et son garçon devant le nouvel établissement du Conseil des écoles publiques de l’Est de l’Ontario (CEPEO).

En plus du CEPEO, c’était aussi le jour J pour ressortir sac-à-dos et boîtes à lunch pour les élèves du Conseil des écoles catholiques du Centre-Est (CECCE) et du Conseil scolaire de district catholique de l’Est ontarien (CSDCEO). Au CEPEO, près de 19 300 élèves étaient attendus, tandis que ce nombre monte à 30 000 du côté du CECCE et 11 000 au sein du CSDCEO, avec les inscriptions toujours ouvertes à cette période-ci de l’année.

Le ruban inaugural a été coupé ce matin à l’École élémentaire Des Visionnaires, à Ottawa. Photo : ONFR

Cette ouverture représente une 45e école pour le CEPEO, qui entrevoit une croissance de ses effectifs de près de 4 % par rapport à l’an dernier, estime le directeur de l’éducation Christian-Charle Bouchard.

« Il y avait un grand besoin ici (…). Il y a une croissance non seulement au niveau de la population générale, mais aussi des francophones ici dans le Sud (d’Ottawa). Les gens à Barrhaven et Manotick devaient parfois voyager beaucoup plus loin pour avoir accès à une éducation de langue française », soutient M. Bouchard qui s’attend à ce que cette nouvelle école soit au maximum de sa capacité
d’ici quelques années.

Pénurie de personnel

Alors que la province fait face à une crise de personnel dans les écoles francophones, le CEPEO indique avoir réussi dans toutes ses écoles à recruter du personnel et à le mettre en place pour la rentrée.

« Il y a une pénurie partout en Ontario, surtout du côté des francophones, mais maintenant, même au niveau anglophone, qui, eux, vivent la pénurie comme nous. Heureusement, on est un employeur de choix. Les gens veulent venir chez nous », souligne Christian-Charle Bouchard.

Au CECCE, on indique que plusieurs postes ont été pourvus dans les dernières semaines, mais qu’il reste « une quarantaine de postes réguliers et de suppléances à pourvoir à travers nos 60 écoles ».

« Les écoles sont pleinement opérationnelles et tout est en place pour assurer une rentrée réussie », ajoute le conseil scolaire.

La rentrée scolaire à Toronto, dans le Sud et le Nord de l’Ontario débutera, quant à elle, le 3 septembre.

Stress financier : comment les francophones s’en sortent?

L’augmentation des factures d’un côté, un marché du travail compétitif de l’autre : vivez-vous cette double inquiétude? Entre le coût de l’épicerie qui explose et des salaires qui ne suivent pas toujours, plusieurs doivent changer leurs habitudes et même leur alimentation pour joindre les deux bouts. On a demandé aux gens comment ils gèrent cette insécurité financière.

Syla Swords, des émotions olympiques à une saison brillante dans le basket universitaire

Un an après les Jeux olympiques de Paris, ONFR vous propose de revenir sur les souvenirs des athlètes franco-ontariens et surtout sur leur année après les Jeux. Ce jeudi, c’est au tour de la benjamine de l’équipe canadienne de basketball, Syla Swords, originaire de Sudbury, de revenir sur cette expérience unique, sur ce qu’elle en a retiré et sur une saison universitaire prometteuse avec les Wolverines du Michigan.

À seulement 18 ans, Syla Swords est devenue la plus jeune joueuse de l’histoire du Canada à participer aux Jeux olympiques de basketball. Elle a vécu des débuts marquants lors du match d’ouverture face à la France au Stade Pierre-Mauroy de Lille, devant près de 30 000 spectateurs.

« Je crois que ce qui est resté avec moi, c’est l’émotion en entrant dans ce stade. Tout le monde chantait l’hymne français, il y avait le rouge et le bleu partout, mais en même temps je voyais aussi le drapeau canadien et la feuille d’érable. Même en Europe, on se sentait soutenues. C’était vraiment spécial », raconte-t-elle.

Un soutien d’autant plus précieux que sa famille était présente dans les gradins. Son père, Shawn Swords, ancien joueur de l’équipe canadienne aux Jeux de Sydney 2000 et aujourd’hui entraîneur en G League à Long Island, sa mère Shelley Dewar, ancienne joueuse à Laurentienne et sa sœur Savannah, elle aussi basketteuse prometteuse, l’accompagnaient.

« Avoir ma famille là avec moi, ça m’a énormément aidée », souligne-t-elle.

Sportivement, le tournoi a été difficile pour les Canadiennes, éliminées sans victoire en phase de groupes. Malgré son manque d’expérience, la Franco-Ontarienne a néanmoins trouvé du temps de jeu, avec environ 15 minutes par match de moyenne. 

« Jouer pour la sélection nationale et ne pas gagner, c’est toujours une déception. Mais chaque défaite me motive encore plus. On veut toujours faire mieux, pour nous, pour nos coéquipières et pour notre pays », insiste-t-elle.

Nouveaux défis

Avant même de participer aux Jeux à Paris, Syla Swords avait choisi de rejoindre l’université du Michigan. Le passage par le plus haut niveau de compétition international lui a permis d’aborder cette nouvelle étape avec assurance.

« Jouer contre les meilleures joueuses du monde, des All-Stars et des vétérans de la WNBA, m’a beaucoup aidée. Quand je suis arrivée en NCAA, jouer contre des filles de mon âge paraissait presque facile », confie-t-elle.

Le vrai défi se situait ailleurs : « Le nombre de rencontres est incroyable. On joue deux à trois fois par semaine, alors qu’au lycée c’était une fois toutes les deux semaines. Il a fallu s’adapter rapidement au rythme et à la charge de travail. »

Mais au-delà du terrain, le plus dur a été de quitter sa famille. « Je n’habitais plus avec ma mère, mon père, ma sœur. On fait tout ensemble d’habitude, et mon m’a entraînée toute ma vie. Là, je devais tout faire seule : mes repas, l’école, les entraînements et les matchs. C’était difficile, mais ça m’a fait grandir », assure-t-elle.

Première saison remarquable à Michigan

Malgré ce défi, Syla Swords a réussi une première saison remarquable sous le maillot des Wolverines. En 33 matchs, tous comme titulaire, elle a compilé une moyenne de 16,0 points, 6,2 rebonds et 2,5 passes décisives en 32,5 minutes par match.

Ses performances lui ont valu une pluie de distinctions : sélection dans l’équipe d’étoiles des recrues américaines, dans la 2ᵉ équipe d’étoiles de la conférence Big Ten, dans l’équipe d’étoiles des recrues du Big Ten, ainsi qu’une place dans l’équipe d’étoiles du tournoi de la conférence Big Ten.

Déjà considérée comme l’une des grandes promesses du basketball canadien, Swords garde pourtant les pieds sur terre. 

« Je sais qu’on parle de moi comme d’une future star, mais je n’y pense pas trop. Aux États-Unis, je n’ai pas la même notoriété qu’au Canada, donc ça m’aide à rester concentrée. Je suis surtout fière de représenter le Canada, que ce soit avec Michigan ou avec l’équipe nationale », dit-elle.

Le rêve de la WNBA 

Michigan a terminé la saison avec une fiche de 23 victoires pour 11 défaites, atteignant le deuxième tour de la March Madness, le tournoi final de la saison universitaire. Le fait de ne pas avoir réussi à aller plus loin dans le tournoi constitue à la fois une déception pour la Sudburoise, mais aussi une source de motivation.

« Le tournoi de mars est tellement spécial, c’est ce que tout le monde regarde. On a gagné notre premier match, mais perdre le deuxième contre Notre Dame a été dur. Je veux absolument qu’on aille plus loin la saison prochaine. »

Et encore plus loin après l’université? La réponse ne fait aucun doute. 

« Mon rêve, c’est la WNBA. Et ce serait incroyable de jouer au Canada avec le Toronto Tempo. Pas seulement pour moi, mais pour toutes les jeunes filles qui pourraient venir nous voir et s’inspirer. »

Mais la jeune Ontarienne sait aussi que son avenir ne dépend pas uniquement de son choix. 

« Même si ce n’est pas moi qui vais choisir, parce que c’est le repêchage qui détermine l’équipe, j’aimerais vraiment avoir l’occasion de jouer à Toronto. »

En attendant ce moment, Syla Swords va poursuivre son ascension avec les Wolverines du Michigan. Et à chaque trêve, c’est avec la feuille d’érable sur le cœur qu’elle continue de progresser : elle a récemment disputé deux tournois avec l’équipe nationale, au Chili avec la sélection senior puis en Europe avec sa catégorie d’âge. 

« Porter la chemise canadienne reste toujours spécial. Peu importe les victoires ou les défaites, c’est une fierté et une motivation supplémentaire », confie-t-elle.

Un an après avoir découvert l’intensité des Jeux olympiques, elle continue donc de tracer sa voie, entre fierté franco-ontarienne, engagement envers le programme national et rêve de rejoindre un jour l’élite mondiale du basketball.

Les retrouvailles culturelles Afrique-Caraïbes secouent la scène de l’Afro-Carib Fest

La fin de saison estivale dans le Grand Toronto a débouché sur cette grande célébration gratuite et ouverte à tous, qui a accueilli des milliers de participants issus de la diaspora et au-delà.

À mesure que l’ambiance musicale emplissait l’espace aux rythmes d’afrobeats et d’amapiano, la culture était célébrée sous toutes ses coutures, que ce soit à travers de spécialités typiques, d’expositions et de très attendus concerts et spectacles.

Le Thomson Memorial Park de Scarborough s’est transformé en arène de festival pour l’occasion afin d’accueillir le public. Photo : ONFR/Laetitia Dogbe

Les nombreux kiosques sur place proposaient des bijoux et vêtements traditionnels. Photo : ONFR/Laetitia Dogbe

Plats typiques et mets caribéens étaient servis de toute part. Photo : ONFR/Laetitia Dogbe

Environ 50 000 personnes étaient attendues, selon la directrice du festival, Madeline Nwokeji, dans ce festival placé sous le signe des retrouvailles entre deux mondes.

« Le festival tente chaque année de mélanger la diversité de la culture afro : celle d’Afrique et celle des Caraïbes, d’après Thierno Soumare, qui s’occupe de réunir les artistes pour l’événement. Ça nous permet à l’un d’en apprendre sur l’autre, car chacun s’est créé sa propre culture depuis qu’elles ont été séparées. »

Une forte présence francophone

Des artistes se produisant en français étaient au programme, tels que Cloclo Claudel, Leonie, Lionel Kizaba, Amadou Kienou ou encore Okavango African Orchestra.

Du côté des bénévoles présents sur le site, Sandrine Constance était venue prêter main forte durant ces deux jours. Cette étudiante mauricienne installée à Scarborough depuis deux ans affirme que sa participation à l’événement lui offre une forme de reconnaissance.

« Ça m’apporte une joie d’aider. Je me sens utile d’aider l’organisation. »

Sandrine Constance est l’une des bénévoles présentes à l’Afro-Carib Fest cette année. Photo : ONFR/Laetitia Dogbe

Thierno Soumare souligne que « ces bénévoles qui qui aident avec le cœur, juste parce qu’ils ont envie de nous soutenir, ça n’a pas de prix. »

Bien que le français soit présent entre les participants et l’organisation, l’étudiante aimerait que cette communauté soit désormais plus manifeste. « J’aurais aimé avoir plus de personnes comme moi qui parlent le français. »

« Toronto est un mélange de beaucoup de langues et d’ethnies qui font qu’on ne voit pas directement les francophones, mais si tu pars à la rencontre des gens tu verras qu’il y en a beaucoup, surtout dans ce festival », nuance M. Soumare.

Les artistes ont captivé le public avec des spectacles vifs et animés. Photo : ONFR/Laetitia Dogbe

Les nombreux kiosques sur place proposaient des bijoux et vêtements traditionnels. Photo : ONFR/Laetitia Dogbe

Photo : ONFR/Laetitia Dogbe

« On a toujours honoré l’importance de la diversité ainsi que l’importance de la communauté francophone », confie Mme Nwokeji.

Coûts en hausse, financement en baisse

D’après la directrice du festival, les coûts pour organiser ces rendez-vous annuels augmentent, mais le soutien diminue. Thierno Soumare rejoint sa collaboratrice : « On aimerait avoir plus de fonds pour apporter plus de culture. Avoir des ouvertures de financement c’est notre objectif », appuie-t-il.

« J’aimerais vraiment pousser le soutien pour ce genre d’événements, car c’est un bonheur pour tout le monde, et ce festival aussi est un reflet de la diversité culturelle que nous avons ici en Ontario », conclut l’organisateur.


L’agenda ambitieux de Catherine B. Bachand à la tête de la SÉO

OTTAWA – Femme obstinée qui œuvre au nom du développement, Catherine B. Bachand est appelée en renfort au service des minorités franco-ontariennes. La nouvelle directrice générale de la Société économique de l’Ontario (SÉO) était en entrevue avec ONFR pour raconter son parcours, sa vision de l’esprit d’entreprise et la façon de manœuvrer en dépit des tarifs, à un moment effervescent de l’économie ontarienne.

« Comment interprétez-vous la confiance que la SÉO vous accorde pour prendre cette relève?

Je pense qu’on m’a choisie parce qu’on cherchait quelqu’un capable de faire croître l’impact. Je ne suis pas une dirigeante centrée sur l’intendance, mais plutôt une personne orientée vers le développement et la croissance. Ayant commencé ma carrière en politique fédérale à Ottawa, je connais bien les bailleurs de fonds de la SÉO, actifs à tous les niveaux, principalement fédéral et provincial.

J’espère mettre mon expérience en affaires gouvernementales au service de l’impact et de la portée des projets de la SÉO. Mon objectif est d’établir des partenariats gagnant-gagnant avec les entreprises, afin qu’elles propulsent leurs marques tout en soutenant la mission de la SÉO et la communauté francophone en Ontario.

Avec votre parcours national et international, comment comptez-vous désormais soutenir la communauté francophone en Ontario?

Avant de rejoindre la SÉO, j’ai dirigé les relations gouvernementales à la Commission canadienne du tourisme et occupé le poste de directrice générale du bras philanthropique du Cirque du Soleil. J’ai également participé aux Jeux olympiques d’hiver de Vancouver et, comme deuxième employée du comité d’organisation, contribué à mobiliser un milliard de dollars du secteur privé pour les Jeux de 2010.

Je souhaite désormais mettre cette expérience au service de la SÉO et de la communauté francophone, en développant des partenariats avec les communautés francophones et anglophones à l’échelle provinciale et nationale.

Catherine B. Bachand et Daniel Lamarre, président et chef de la direction du Cirque du Soleil au moment de la signature d’une importante entente en 2016. Photo : Gracieuseté de Catherine B. Bachand

Pourquoi avoir pris un tel virage pour servir la francophonie ontarienne minoritaire ?

J’ai passé la majeure partie de ma carrière en milieu minoritaire, donc pour moi ce n’est pas un virage, mais une suite logique. J’ai quitté le Québec en 1998 pour vivre à Ottawa, puis à Vancouver, toujours en milieu minoritaire. Les Jeux olympiques n’auraient pas été les mêmes sans la participation des communautés francophones de la Colombie-Britannique et d’ailleurs au Canada.

On ne voulait pas que le public entende l’accent de la France ou de la Belgique dans les stades. Il importait que nos présentateurs et la voix des Jeux reflètent la francophonie canadienne. Nous avons donc signé des ententes de partenariat avec toutes les provinces et tous les territoires afin que les Jeux représentent la beauté et la richesse de la langue française, ainsi que la diversité des accents régionaux au Canada.

Comment comprenez-vous les principales préoccupations des Franco-Ontariens ces derniers temps?

Nous avons une bonne connaissance de la réalité des régions, mais nous souhaitons pouvoir mieux les desservir. La SÉO possède des bureaux à Ottawa et à Sudbury, collabore avec trois partenaires à Hamilton, et compte des employés basés à London et à Hearst, ainsi que des membres de son conseil d’administration à Kapuskasing.

Nous adaptons également notre approche aux réalités des communautés du Nord grâce à des programmes ciblés pour le recrutement, l’accueil et l’installation des travailleurs francophones. Une équipe spécialisée soutient ce programme, conçu pour relever un double défi : répondre aux besoins en main-d’œuvre des micro et petites entreprises tout en revitalisant les communautés francophones du Nord.

Quelle est votre vision de l’entreprise franco-ontarienne dans le contexte économique actuel?

Je pense que les entreprises ontariennes ne devraient pas négliger la diversité linguistique, un avantage compétitif important. Le contexte économique actuel est particulièrement effervescent et comporte de grands défis, que ce soit les tarifs américains qui touchent les entreprises ontariennes ou la situation économique plus générale en Ontario et au Canada. C’est sur ces enjeux que nous concentrerons nos efforts dans les mois et années à venir.

Comment comptez-vous mieux inclure les personnes sous-représentées dans l’économie ontarienne?

À la SÉO, la majorité de l’équipe est composée de femmes, et je dirais même que nos programmes en entrepreneuriat sont faits par et pour la gent féminine. Certains programmes de la SÉO, bien que destinés à tous, ciblent spécifiquement les défis propres aux femmes entrepreneures. Elles sont une partie importante de notre mission et jouent un rôle clé au sein de la SÉO.

Plus de 350 femmes ont été accompagnées et, en l’espace de trois mois, 90 % d’entre elles ont trouvé un emploi, ce qui illustre bien nos priorités. Nous mettons également en valeur les compétences des nouveaux arrivants et les soutenons afin de faciliter leur intégration.

Catherine B. Bachand au coup d’envoi de la délégation canadienne à l’Exposition universelle d’Osaka 2025 avec Laurie Peters, commissaire générale du Pavillon du Canada. Photo : Gracieuseté de Catherine B. Bachand

Pourquoi abordez-vous cette nomination avec tant d’humilité?

Vous me prêtez beaucoup de mérites, mais la SÉO n’est pas l’affaire d’une seule personne. Mon approche est collaborative : nos objectifs ne peuvent se réaliser qu’ensemble. Je souhaite que les chercheurs d’emploi comme les entreprises nous considèrent comme un partenaire incontournable.

Nous avons devant nous de belles occasions de développement, avec des projets structurants et innovants qui nous permettront d’explorer de nouvelles approches, notamment en employabilité. Notre ambition est de travailler à grande échelle, de façon encore plus intégrée avec l’écosystème entrepreneurial et économique de l’Ontario. Pour moi, la SÉO incarne l’opportunité d’élargir la vision de l’économie. »


1975 : Naissance aux Forges-du-Saint-Maurice, à Trois-Rivières (Québec).

1998 : Entre au Cabinet du ministre fédéral de la Justice et procureur général du Canada.

2000 : Rejoint le Cabinet du premier ministre du Canada.

2004 : Devient cheffe de cabinet des Jeux olympiques et paralympiques d’hiver de 2010 à Vancouver, puis en supervise la transition jusqu’en 2011.

2012 : Est nommée cheffe de la direction de la Fondation du Cirque du Soleil.

2025 : Prend la direction générale de la Société économique de l’Ontario.

Chaque fin de semaine, ONFR rencontre un acteur des enjeux francophones en Ontario et au Canada.

« Plus de francophonie dans la programmation » : une ambition de l’AfroFest Sudbury

Emmanuel Ngoma est le porte-parole francophone, responsable des finances et membre du comité en charge de l’organisation de l’AfroFest Sudbury.

Depuis sa création en 2018, l’AfroFest Sudbury est devenu un rendez-vous annuel incontournable pour la communauté afro-descendante de Sudbury et au-delà, selon Emmanuel Ngoma. La sixième édition de l’événement a lieu ce vendredi et samedi au Parc Bell de Sudbury.

Les organisateurs de cet événement, qui promeut des artistes émergents, l’art, la musique et la gastronomie, affirment vouloir augmenter la portion francophone de la programmation, laquelle est encore modeste.

«  Qu’est-ce qui a motivé la création de l’AfroFest Sudbury?

Le festival a été créé pour partager la culture afro-caribéenne avec l’ensemble de la communauté de Sudbury, car il existait un vide en matière d’activités culturelles de ce type dans la ville. L’idée est de mettre en valeur la musique, la danse, l’art, la gastronomie et les traditions afro-caribéennes, tout en favorisant la participation et la cohésion de la communauté.

Comment le présenteriez-vous à quelqu’un qui ne le connaît pas?

L’AfroFest présente des artistes locaux et internationaux, anglophones et francophones, et expose des œuvres d’art créées par des bénévoles, souvent des jeunes, qui participent à des ateliers tout au long de l’année. De nombreuses œuvres sont mises en valeur pendant le festival et peuvent être utilisées par d’autres événements culturels locaux. Le festival se déroule chaque année au mois d’août, au Parc Bell, et l’entrée est gratuite.

Depuis sa première édition en 2018, le festival s’est enrichi, notamment avec l’ajout d’un défilé de costumes africains en 2022. Photo : Gracieuseté d’AfroFest Sudbury

Comment le festival inclut-il la communauté francophone de Sudbury?

Depuis l’intégration récente de membres francophones au comité, le festival collabore avec différents groupes culturels africains francophones, comme des associations ivoiriennes, congolaises et béninoises, pour améliorer la représentation et rendre l’événement plus inclusif. Tous les documents promotionnels sont désormais en français et en anglais, et le festival souhaite intégrer de plus en plus la francophonie dans sa programmation.

De nombreuses interactions et retours ont permis d’identifier les points à améliorer. La présence franco-africaine sur le site du festival l’année passée était remarquable, à l’image des arrivées d’immigrants dans la ville, et nous espérons que cet impact se poursuivra cette année.

Qui sont les artistes francophones à l’affiche cette année?

Cette année, il y a deux artistes francophones sur les 16 qui se produiront cette année. Bel & Quinn est un duo de sœurs Québécoises d’origine haïtienne qui chante en français, en créole et en anglais, mariant les rythmes haïtiens au jazz et à la soul. Ya Cetidon est un artiste congolais basé à Montréal qui mêle rap, chant et danse en explorant des genres comme le hip-hop, l’afrobeat et le dancehall.

Le festival était, à ses débuts, uniquement anglophone, mais il a accueilli son premier artiste francophone en 2022. Photo : Gracieuseté d’AfroFest Sudbury/Montage ONFR

Qu’est-ce qui distingue l’AfroFest des autres événements culturels africains de Sudbury, comme le Cabaret africain?

Contrairement au Cabaret qui a lieu en hiver dans une salle, l’AfroFest se déroule en été et en plein air. Le festival met l’accent sur la promotion de l’art, de la musique et de la gastronomie en direct, à l’inverse du gala organisé par Afro-Héritage de Sudbury, où les participants sont assis et où l’expérience est davantage centrée sur des présentations ou des discussions culturelles.

À l’AfroFest, la musique est jouée en direct et les œuvres d’art sont exposées sur le site, offrant une expérience immersive et participative pour les visiteurs.

Comment le festival est-il financé malgré l’entrée gratuite?

Le financement provient principalement de subventions, dont celle du programme Héritage de la ville de Sudbury, ainsi que de contributions d’entreprises et de sponsors locaux. L’événement est à but non lucratif, et tout l’argent reçu est réinvesti dans l’organisation.

Près de 2000 personnes se rendent en moyenne au festival. Photo : Gracieuseté d’AfroFest Sudbury

Quels sont les principaux défis liés à l’organisation de l’AfroFest?

Le financement reste le principal défi, surtout avec l’agrandissement de l’événement à deux jours et l’augmentation du nombre d’artistes, incluant la volonté d’inviter un artiste international d’Afrique.
Le recrutement de bénévoles est également un enjeu majeur, car le montage des œuvres d’art, la sécurité et le nettoyage nécessitent beaucoup de main-d’œuvre. La préparation des œuvres mobilise presque toute une année, avec des bénévoles majoritairement jeunes, et nécessite également de trouver des lieux de stockage adaptés. »

Ottawa met fin à certains tarifs de représailles contre les États-Unis

OTTAWA – Le gouvernement fédéral a annoncé ce vendredi qu’il supprimait les tarifs de représailles imposés aux produits américains couverts par l’Accord Canada–États-Unis–Mexique (ACEUM). La mesure, présentée par le premier ministre Mark Carney lors d’une conférence de presse sur la Colline du Parlement, doit entrer en vigueur le 1er septembre prochain.

« Les objectifs de notre gouvernement ont toujours été clairs : protéger les travailleurs, renforcer la compétitivité des entreprises canadiennes et bâtir l’économie la plus forte possible », a déclaré M. Carney au lendemain d’une discussion téléphonique avec Donald Trump qu’il avait qualifiée de « productive ».

La mesure annoncée ce vendredi a été présentée comme un geste de réciprocité après la réaffirmation par Washington que les exportations canadiennes conformes à l’ACEUM ne seraient pas assujetties aux nouveaux tarifs américains.

En miroir des décisions américaines, Ottawa a donc choisi de lever les contre-tarifs visant de nombreux produits de consommation, mais de conserver des mesures punitives sur trois secteurs stratégiques qui restent assujettis à des contre-tarifs de 25 % : l’acier, l’aluminium et l’automobile. Ces dossiers continueront de faire l’objet de négociations bilatérales « intensives », a promis M. Carney.

Le premier ministre a aussi annoncé le lancement de consultations dès septembre pour préparer la révision prochaine de l’ACEUM, au printemps 2026, et pour définir les priorités canadiennes dans un contexte mondial marqué par un durcissement généralisé des politiques commerciales.

Parallèlement, Ottawa prévoit une nouvelle stratégie industrielle et commerciale afin de diversifier les exportations, protéger les emplois et stimuler l’investissement dans les secteurs jugés vulnérables aux décisions américaines.

« La meilleure relation commerciale »

Le premier ministre a rappelé que ces tensions s’inscrivaient dans une stratégie plus large des États-Unis, qui ont multiplié les hausses tarifaires sur leurs partenaires commerciaux pour protéger certaines industries stratégiques et attirer davantage d’investissements étrangers. Résultat : le tarif moyen imposé par Washington sur le commerce mondial est passé de 2 % à 16 % en un an.

Malgré ce contexte, M. Carney a affirmé que le Canada disposait toujours du meilleur accès au marché américain : « On a la meilleure relation commerciale avec les États-Unis ».

« Le taux moyen sur nos exportations est de 5,6 %, soit le plus bas parmi tous les partenaires des États-Unis. Plus de 85 % du commerce entre nos deux pays demeure libre de tout tarif », a-t-il insisté en référence à l’ACEUM. 

À noter que les nouveaux tarifs de 35 % imposés par Washington ne concernent que les marchandises non couvertes par l’ACEUM. 

« Durant la première période d’une partie importante de hockey, on joue robuste dans les coins et on jette les gants pour passer un message, ce que nous avons fait. Mais vient ensuite un moment dans la partie, où on tente de contrôler la rondelle et de marquer un but », a déclaré le premier ministre pour expliquer la nouvelle orientation commerciale du Canada qui, selon lui, entre précisément dans cette nouvelle étape du match.

« Nous devons nous adapter à cette nouvelle réalité et préserver l’avantage unique dont nous bénéficions auprès des États-Unis. C’est vital pour nos travailleurs, nos entreprises et nos familles », a conclu M. Carney.

Washington, l’Ontario et Pierre Poilievre réagissent

La Maison-Blanche a réagi favorablement à la levée par le Canada de ses contre-tarifs sur les produits américains, qualifiant cette annonce de « décision attendue de longue date ».

Washington a ajouté « attendre avec impatience de poursuivre les discussions avec le Canada sur les enjeux commerciaux et de sécurité nationale », rapporte l’agence Reuters.

De son côté, le premier ministre ontarien Doug Ford a appelé Ottawa à conclure un accord avec les États-Unis pour soulager les secteurs touchés par les surtaxes, dont l’acier, l’automobile, la foresterie et le cuivre.

« Si le gouvernement fédéral n’y parvient pas, il doit riposter fermement et soutenir les travailleurs et entreprises », a-t-il ajouté dans une publication sur X, en insistant pour que l’acier ontarien soit utilisé dans toutes les infrastructures canadiennes.

Le chef du Parti conservateur, Pierre Poilievre, a accusé le gouvernement fédéral de perdre la guerre tarifaire face à la Chine et aux États-Unis.

« Il avait promis une entente avec Donald Trump en juillet, et nous sommes maintenant en septembre sans aucun résultat », a-t-il déclaré au cours d’une conférence de presse plus tard en après-midi.

Toutefois, celui qui vient de retrouver son statut de député assuré que les conservateurs restent ouverts à la collaboration avec les autres partis et a appelé le premier ministre à reprendre ses propositions pour accélérer les projets de mines, de pipelines et de foresterie, dans le but de renforcer l’autosuffisance du Canada.

Pierre Poilievre a tenu un point de presse pour réagir à l’annonce de Mark Carney vendredi après midi. Capture d’écran CPAC

En rappel, les relations commerciales entre Ottawa et Washington s’étaient particulièrement tendues à la fin juillet, lorsque le président américain Donald Trump a décrété une hausse des tarifs à 35 % sur une partie des exportations canadiennes.

Entrée en vigueur dès le 1er août après l’échec des négociations visant un nouvel accord bilatéral, la mesure a marqué un tournant dans le conflit. Washington a justifié cette décision à la fois par la lutte contre le fentanyl et par les surtaxes déjà imposées par Ottawa.

Depuis le début du différend, le Canada avait en effet frappé à trois reprises les produits américains, notamment avec une vague visant environ 60 milliards de dollars de biens de consommation et des mesures supplémentaires contre les véhicules.

Élimination des conseillers scolaires : une idée dénoncée dans le milieu éducatif francophone

Les propos du ministre de l’Éducation Paul Calandra concernant l’idée d’éliminer les postes de conseillers scolaires en Ontario ne passent pas dans le milieu scolaire francophone de la province.

En entrevue avec CBC, le ministre a affirmé qu’il serait prêt à éliminer les postes de conseillers scolaires à condition que cela soit bénéfique pour les enseignants, élèves et parents de la province.

Les conseillers scolaires sont élus pour représenter les parents, les élèves et les contribuables. Ils prennent des décisions concernant les écoles publiques de leur district.

Ces propos font suite au projet de loi 33 qui permettrait au gouvernement de prendre le contrôle des conseils scolaires notamment en nommant un superviseur. Cinq conseils scolaires anglophones, notamment à Ottawa et Toronto, sont présentement sous tutelle du ministère de l’Éducation. Le ministre reproche notamment aux conseils scolaires une mauvaise gestion des dépenses, les accusant par le passé de ne pas avoir concentré entièrement leurs ressources dans les services aux élèves.

« Nous stipulons clairement que les conseils scolaires doivent accorder la priorité aux élèves, et non pas à la politique et à la bureaucratie, et que nous agirons en conséquence lorsqu’ils manqueront à leurs responsabilités », avait déclaré Paul Calandra dans un communiqué lors du dépôt du projet de loi 33.

De l’avis du ministre, la structure actuelle des conseils scolaires est « basée sur un système obsolète et ancien qui doit être modernisé », a-t-il soutenu auprès du radiodiffuseur anglophone.

« Cette éventualité représente une menace sérieuse à la gouvernance locale et à la défense des communautés francophones et catholiques. Les conseillères/conseillers scolaires constituent un lien vital entre les familles, les élèves et les conseils », a indiqué en réponse au représentant du gouvernement Ford, l’Association franco-ontarienne des conseils scolaires catholiques (AFOCSC), dans une déclaration sur les réseaux sociaux.

L’AFOCSC qui représente huit conseils scolaires catholiques francophones en Ontario demande au gouvernement « de reconsidérer cette orientation et de s’engager à renforcer, plutôt qu’affaiblir, la démocratie scolaire ».

« L’avenir de la gouvernance scolaire ne peut pas être décidé dans les coulisses ou dans la précipitation », déplore de son côté l’Association des enseignantes et des enseignants franco-ontariens (AEFO), via sa présidente Gabrielle Lemieux.

L’AEFO est récemment sortie pour s’opposer au projet de loi 33 du gouvernement Ford, estimant qu’il porte une menace aux droits constitutionnels des Franco-Ontariens. Gabrielle Lemieux exhorte Paul Calandra « à engager des consultations approfondies avec les parties prenantes de l’éducation » tout en exigeant « qu’aucune décision ne vienne affaiblir ou modifier le rôle essentiel des conseils scolaires dans la gouvernance scolaire ».

« Affaiblir nos structures de gouvernance ne garantit en rien l’avenir de l’éducation en français. Au contraire, une telle décision constituerait un sérieux recul pour les droits des francophones en Ontario. Elle ne ferait qu’alimenter l’incertitude et affaiblir des institutions essentielles à la vitalité de nos communautés », soutient la dirigeante de l’AEFO.

Gabrielle Lemieux est présidente de l’Association des enseignantes et des enseignants franco-ontariens. Gracieuseté de l’AEFO

L’opposition dénonce aussi

À Queen’s Park, l’idée avancée par le ministre Calandra a aussi été repoussée par les partis de l’opposition. La cheffe de l’opposition officielle Marit Stiles a accusé le ministre progressiste-conservateur de « jouer à un jeu dangereux avec l’avenir de nos jeunes ».

« Cela ne contribue en rien à réduire la surpopulation dans les classes, à réparer les écoles délabrées ou à préparer nos enfants à la réussite. Tout cela revient à abandonner l’avenir de vos enfants à des novices du cercle politique. C’est aberrant », a déclaré la cheffe néo-démocrate.

Pour l’élue libérale Lucille Collard, une telle décision reviendrait à « couper les ponts avec les réalités locales et miner les acquis durement gagnés par les francophones en matière de gouvernance scolaire ».

« Les conseillers scolaires ne sont pas des bureaucrates : ce sont des leaders communautaires élus, enracinés dans leur milieu, qui veillent à ce que les décisions reflètent la réalité des élèves et des familles qu’ils servent. Cette proximité est d’autant plus cruciale dans les communautés en situation minoritaire comme les nôtres », soutient la députée d’Ottawa-Vanier, elle-même ancienne conseillère scolaire.

Les liens souterrains et humains du Théâtre du Nouvel-Ontario

SUDBURY – C’est devant une salle comble que le Théâtre du Nouvel-Ontario (TNO) a lancé sa programmation 2025-2026 jeudi soir, à la Place des arts du Grand Sudbury. Collaborations, grandes célébrations franco-ontariennes et projets de longue haleine attendent les spectateurs dès septembre.

Le thème de cette saison est Liens souterrains. En entrevue avec ONFR, la directrice artistique Marie-Pierre Proulx explique les raisons enfouies derrière ce choix : « On parle de liens interpersonnels, humains, dans plusieurs des spectacles. (…) Mais on a aussi des spectacles qui se passent littéralement sous terre. »

La référence la plus évidente est la production maison professionnelle de cette année. Giant Mine est une pièce documentaire de Marie-Ève Fontaine, coproduite par le TNO et le Théâtre français du Centre national des arts. Inspirée d’un passage à Yellowknife, la quête de la dramaturge l’a menée jusqu’à Rouyn-Noranda et Fort McMurray, en passant bien sûr par Sudbury.

Dans une Rencontre d’ONFR, celle qui est nouvellement directrice artistique du Théâtre Cercle Molière de Winnipeg commentait son projet : « Je me sers des verbatims d’entrevues et de mes expériences personnelles avec le lieu pour aborder le sujet des enjeux écologiques liés aux industries d’extraction, mais aussi à notre relation avec le territoire et avec nos objets, pour questionner nos habitudes de consommation. »

Marie-Ève Fontaine travaille depuis plus de quatre ans sur le projet Giant Mine. Photo : Rachel Crustin/ONFR

Giant Mine, toujours en processus de création, fera partie des pièces en chantier présentées aux Zones théâtrales à Ottawa, en septembre. La version finale s’arrêtera au TNO en mars 2026. Le spectateur visitera d’abord une installation immersive, suivie d’une partie théâtrale avec des dialogues sortis tout droit des verbatims des entrevues faites par Marie-Ève Fontaine.

Liens souterrains est aussi un jeu de mots bilingue. « C’est ce qui nous relie, et c’est aussi l’idée du souterrain dans le sens d’underground. On a des propositions théâtrales qui sont un peu différentes, qui sortent des sentiers battus. »

La pièce in situ Le concierge de Vincent Leblanc-Beaudoin en est un bon exemple. Coproduite par le Théâtre français de Toronto en 2023, elle entraîne une poignée de spectateurs à la fois dans les dédales d’une école secondaire (à Sudbury : le Collège Notre-Dame). Sans paroles, la pièce offre une fenêtre sur la solitude, la classe ouvrière et l’importance du contact humain.

Caroline Raynaud a remporté le prix Audace de Réseau Ontario, remis par Desjardins. Photo : Rachel Crustin/ONFR

Une autre pièce dont on entend parler depuis quelque temps en Ontario français est Le téton tardif, de Caroline Raynaud. La Sudburoise d’origine française y raconte son rapport à la féminité, les pressions sociales de l’adolescence et de l’âge adulte, le patriarcat et les agressions presque nécessaires pour réussir dans le métier de comédienne, particulièrement dans son pays natal. Tout de même alimentée d’humour, la proposition a gagné le prix Audace de Réseau Ontario et le prix Alliance du ROSEQ à Contact ontarois 2025.

Après avoir participé au Cabaret de la cellule d’écriture et au programme d’écriture dramaturgique du TNO en début de projet, Caroline Raynaud « avait vivement envie de le porter elle-même, raconte Marie-Pierre Proulx. On est un peu comme le grand frère ou la grande sœur du projet. On la soutient du point de vue administratif, mais c’est vraiment elle la productrice principale. »

Lendemain de veille franco-ontarien

Alors que Sudbury soulignera en grand le cinquantième anniversaire du drapeau franco-ontarien le 25 septembre, la nouvelle pièce de Créations In Vivo, Mourir de trop gueuler, sera invitée par le TNO et La Slague à se produire un peu partout en ville.

Elle sera présentée dans une version simplifiée en matinées scolaires dans la semaine précédant le Jour des Franco-Ontariens, puis le jour même lors des célébrations, et s’arrêtera ensuite au Lounge 390, un « bar un peu underground de Sudbury », dans une soirée « festive et sociale » qui inclura également d’autres activités, comme des jeux-questionnaires.

Les diffuseurs franco-ontariens ont eu un avant-goût de la pièce Mourir de trop gueuler aux Présentations éclair de Contact ontarois 2025, mais le texte a été nettement retravaillé depuis. Photo : Rachel Crustin/ONFR

Selon Marie-Pierre Proulx, cette représentation du 26 septembre fera office « d’after-party  ». À en croire le producteur exécutif artistique de Créations In Vivo, Dillon Orr, elle pourrait aussi faire grincer quelques dents militantes de la première heure.

« Les personnages sont les archétypes des gardiens de la langue française en Ontario. On a les écoles, les institutions culturelles et le gouvernement, explique Dillon Orr à ONFR. On enterre une grenouille, qui est le symbole de la francophonie qui a trop chiâlé. C’est le commentaire qu’on veut faire. On ne peut pas vivre qu’en parlant de nos crises. »

Mourir de trop gueuler a fait partie des présentations éclair de Contact ontarois en janvier 2025, mais le texte, alors un feu roulant de références franco-ontariennes, a été retravaillé depuis. « Je trouvais qu’on était un peu trop dans le party de cuisine en famille, explique Dillon Orr. J’avais vraiment le goût d’inclure un plus grand nombre de spectateurs francophones et francophiles, toutes les personnes qui sont dans nos écoles et fréquentent nos salles. »

Pour lui, les Franco-Ontariens constituent une minorité « avec énormément de privilèges ». Si le spectacle, utilisant le bouffon comme ressort comique, fera nécessairement rire l’assistance, il espère aussi qu’il aura un effet mobilisateur. « Je pense que le spectacle va faire beaucoup plus réfléchir que ce qu’on pensait à la base. »

Les nouveaux spectateurs

Marie-Pierre Proulx croit aussi qu’il faut intéresser les nouveaux arrivants francophones à fréquenter les lieux de diffusion franco-ontariens. C’est le but de la production communautaire multidisciplinaire, Par ici le talent. Cette idée d’abord élaborée dans le cadre de l’initiative Communauté francophone accueillante avec l’agente de liaison culturelle au centre de santé communautaire du Grand Sudbury, Priscilla Mbemba, en est à sa troisième édition.

« Le but premier, c’est de créer des liens entre la communauté d’accueil et les nouveaux arrivants, de permettre aux gens de se découvrir », affirme Marie-Pierre Proulx.

Les résidents de Sudbury peuvent s’inscrire, passer des auditions et recevoir les conseils d’artistes professionnels.

Le TNO avait habitué ses fidèles à des campagnes visuelles très éclatées, mais qui manquaient de clarté au premier coup d’oeil. Cette année, une campagne tout de même colorée met en valeur les images des spectacles. Photo : affiche de Nzinga/Gracieuseté du TNO.

Le TNO s’allie également avec le Centre franco-ontarien de folklore pour présenter un spectacle pendant le festival Les vieux m’ont conté, en octobre. Nzinga est l’histoire autobiographique de Tatiana Zinga Botao et est coproduite par le Théâtre d’aujourd’hui et La Sentinelle, de Montréal. Congolaise ayant grandi en Belgique et vivant maintenant au Québec, Tatiana Zinga Botao, a découvert qu’elle était la descendante d’une reine congolaise.

Une conférence sur l’Afrique précoloniale se tiendra en marge de la représentation, « pour ouvrir nos horizons par rapport à notre perception de l’Afrique. »

Pour le jeune public, la pièce Parole d’eau, de Théâtre Motus et Djarama, se penche sur notre rapport à l’eau potable, qui diffère selon les parties du globe, dans un dialecte entre une Sénégalaise et une Québécoise.

Marie-Pierre Proulx est la directrice artistique du TNO. Photo : Archives ONFR (Stuck)

La pièce 45, de la Taupinière du Théâtre des petites âmes vient compléter la programmation jeunesse. « C’est vraiment un spectacle qui invite à la découverte de tout ce qui entoure dans la nature », commente Marie-Pierre Proulx à propos de ce spectacle élaboré avec des finissants du collège Lionel-Groulx de Sainte-Thérèse (Québec).

En plus des pièces de théâtre, l’heure du conte (à laquelle les enfants peuvent assister pendant que leurs parents sont au spectacle), les surtitres anglophones sur certaines représentations, les causeries du vendredi avec les artistes et les activités de médiation artistique seront de retour.

D’autres projets récurrents devraient être annoncés prochainement, mais le TNO attend encore le financement nécessaire.

Un village francophone pour aînés : le rêve devient réalité

AURORA – Dans la région de York, un foyer de soins de longue durée de 160 lits francophones, la Communauté du Trille blanc, verra bien le jour au 100 Bloomington Ouest. Une première phase dans la construction du village francophone, qui sera pourvu de services, commerces et logements. Dans une entrevue exclusive accordée à ONFR, son président Jean Bouchard partage les détails du financement et des étapes clés. Officialisée ce jeudi, la première pelletée de terre est prévue dès le mois d’octobre prochain. 

« Nous applaudissons un projet porteur d’espoir, un projet structurant qui ouvre la voie à des possibilités concrètes pour notre francophonie », a salué ce jeudi, au cours d’une conférence de presse sur le terrain désormais vendu, la ministre des Affaires francophones, Caroline Mulroney.

À ses côtés, les ministres des Soins de longue durée et de l’Infrastructure, Natalia Kusendova-Bashta et Kinga Surma, ont souligné la ténacité des instigateurs de ce futur lieu de vie.

La Communauté du Trille blanc (CTB) a effectivement fait du chemin en deux ans depuis notre couverture dépeignant l’idée et la vision d’un village francophone multigénérationnel pour aînés avec ses ramifications pour en faire une petite ville autonome : commerces, pharmacie, café et logements.

En particulier quant au comment, où, quand et combien pour faire sortir cet ambitieux projet de terre. 

« En tant que président de la CTB, cette semaine, j’ai payé 15 millions de dollars. C’est le plus gros chèque que j’ai jamais fait de ma vie », plaisantait en avril dernier le président Jean Bouchard, au micro d’ONFR.

Une coquette somme déboursée pour les quelque 40 acres du terrain du 100 Bloomington Ouest, dont 30 qui ne sont pas développables, zonés « protection et héritage », seront transformés en sentiers verts pédestres. Cinq acres seront consacrés à des usages récréatifs sur la parcelle ouest, tandis que les premiers édifices s’étendront sur les 8,69 acres constructibles. 

C’est au cours de la semaine du 17 avril que la signature de l’APS (Agreement of Purchase and Sale), contrat d’achat du terrain, s’est conclue avec infrastructure Ontario.

« Depuis 1947, le terrain appartenait à la province de l’Ontario. C’est donc lui qui reçoit le paiement du terrain. L’investissement total est estimé à 85 millions de dollars », explique M. Bouchard. 

Si le gouvernement n’a pas cédé le terrain pour un dollar symbolique, un souhait initial du président de la CTB, le ministère des Soins de longue durée, dûment impliqué dans la phase 1, financera les 160 lits.

La phase 1 : le foyer de soins de longue durée francophone

C’est la firme d’architecture Montgomery Sisam, dotée de quelques experts francophones, qui a gagné l’appel d’offre. 

« Nous avons d’abord fait plusieurs visites de maisons de soins de longue durée pour s’en inspirer ensemble. Puis, en avril dernier, nous avons assemblé des maquettes et pièces 3D à échelle : un exercice très excitant pour penser la disposition, l’orientation des bâtiments, la taille des chambres, ou encore le lien à l’environnement », relate le président du CTB. 

Le porteur du projet Jean Bouchard entouré des ministres Natalia Kusendova-Bashta (Soins de longue durée), Caroline Mulroney (Affaires francophones), Kinga Surma (Infrastructure) et de la députée d’Aurora Dawn Gallagher Murphy. Photo : YouTube Gouvernement de l’Ontario
« Cela nécessitera 300 employés francophones ou bilingues, à aller chercher et à former »
—  Jean Bouchard, président du CTB

En ce qui concerne les 160 premiers lits de soins de longue durée, les francophones seront prioritaires via l’ouverture d’une liste d’attente. 

« Cela nécessitera 300 employés minimum, obligatoirement francophones ou bilingues, à aller chercher et à former », entrevoit celui-ci. 

Il envisage dans la foulée la construction de deux autres bâtiments, avec un centre de soin divers, dont imagerie, ou encore ostéophathie et chiropratique, ainsi qu’un autre dédié à la formation.

« On aimerait se doter d’un campus collégial avec des cours dans le domaine de la santé évidemment, mais aussi dans le domaine des sciences sociales parce qu’on en a besoin dans ces institutions, avec des logements provisoires à la fois pour les stagiaires et les employés. »

Suite à une analyse financière réalisée par l’organisme, Jean Bouchard certifie que le tout pourrait générer des millions de dollars de revenus annuels. 

Les phases 2 et 3 : extension du village et logements abordables

Pour l’heure confidentielle, une extension subtantielle a déjà été négociée pour l’achat d’un terrain adjacent, comprenant du bâti d’origine, une occasion d’étendre les services en français et d’accueillir des organismes francophones. 

La construction de logements abordables, maisons et résidences, puis de condos, interviendra en phase 3, nous indique Jean Bouchard, avec une opportunité pour des commerces de s’établir. 

« De là, le village va se mettre en place autour avec un café, une pharmacie, des petites boutiques, bien qu’il y ait des ouvertures tout le long du processus. Par exemple, dès le début un lieu de culte ouvrira ainsi qu’une une salle communautaire multi-usage », énumère celui-ci.

Le village francophone Communauté du Trille blanc (CTB), dont l’idée avait germé en 2019, verra bien le jour, avec une premier pelletée de terre en octobre 2025. Photo : gracieuseté de Jean Bouchard

La Communauté Trille blanc, qui est devenue une fondation depuis le mois de novembre, accréditée par Revenu Canada, peut désormais recevoir des dons. 

M. Bouchard considère que, « sans la générosité et la philanthropie, ça n’aurait pas été possible. Parce qu’il s’agissait de montrer au gouvernement que le projet était viable économiquement. On a été capable de payer notre terrain et ce n’est pas rien. Nous devons, nous les francophones, être capables de s’investir oui mais aussi d’investir pour notre réalité culturelle, pour les nôtres. »

L’organisme espère ainsi lever 30 millions de dollars de fonds au cours des trois prochaines années.

« Ce jalon marque un nouveau chapitre emballant pour notre communauté francophone, affirme pour sa part Tom Mrakas, le maire d’Aurora. La Communauté du Trille blanc sera bien plus qu’un foyer de soins de longue durée. Ce sera un carrefour dynamique où les aînés, les familles et les membres de la communauté pourront vivre, se rencontrer et célébrer notre langue et notre culture. »

Avec une première pelletée de terre début octobre, la construction devrait battre son plein dès juin 2026. Entre deux et trois ans seraient nécessaires pour achever la première phase et de 7 à 10 ans pour l’intégralité du village.

La nouvelle vie de Linda Morais, entre professorat et lutte

Un an après les Jeux olympiques de Paris, ONFR vous propose de revenir sur les souvenirs des athlètes franco-ontariens et surtout sur leur année après les Jeux. Ce jeudi, c’est au tour de Linda Morais, lutteuse originaire de Windsor, de revenir sur cette expérience unique, sur ce qu’elle en a retiré et sur une saison marquée par un retour aux sources et une pause dans la compétition de haut niveau.

Pour Linda Morais, il ne fait aucun doute : « ça va être très difficile de battre l’expérience des Jeux olympiques ». Elle évoque encore avec émotion la présence de toute sa famille dans les gradins, un soutien rare dans une carrière où les compétitions internationales l’avaient souvent tenue loin des siens. 

« Juste la sensation, les émotions que j’ai eues pendant le combat, c’était unique », dit-elle.

Bien sûr, la frustration d’un parcours interrompu dès le premier combat reste présente. 

« Ces six minutes ne démontrent pas les quinze années d’entraînement. J’aurais aimé avoir une autre chance de montrer ce que je valais », admet-elle.

Mais elle refuse de laisser cette déception ternir ses souvenirs.

« Tout ce qui s’est passé après, le fait d’avoir pu visiter Paris avec ma famille, je ne voudrais pas le changer. »

Des souvenirs inoubliables hors compétition

Ce séjour olympique a aussi été ponctué de moments inattendus et joyeux. Le lendemain de son combat, elle assiste pour la première fois de sa vie à un concert avec toute sa famille : les Arkells à la Maison du Canada. 

« On en parle encore aujourd’hui, c’était super le fun! » Et puis il y a eu la cérémonie de clôture, avec ce tour de stade devant des gradins pleins : « J’ai levé les yeux et vu toute cette foule… j’ai eu des frissons ». Pour la Franco-Ontarienne, ce sont ces instants « spéciaux » qui résument le mieux ce que représentent les Jeux : des souvenirs qu’on garde « proche du cœur ».

Une reconnaissance nouvelle à Windsor

La lutte reste un sport confidentiel au Canada, mais les Jeux ont offert à la Windsorienne une visibilité inédite, surtout dans sa ville natale.

 « Je marche dans la rue et des personnes me disent : ‘Hey, je t’ai vue aux Olympiques, merci de représenter le pays’. »

Même des connaissances perdues de vue depuis vingt ans l’ont recontactée. Cette reconnaissance locale s’est aussi manifestée dans les écoles où elle a été invitée à parler, avant même son départ pour Paris. Désormais enseignante au secondaire en français, elle croise régulièrement des élèves qui savent qu’ils ont dans leur classe une olympienne.

Retour aux sources

Après Paris, Linda Morais a quitté Montréal pour revenir à Windsor. Elle y a acheté un petit condo, décroché un poste permanent à l’école secondaire de Lassalle comme professeure de sciences et repris en main le programme de lutte. 

Au-delà de sa participation aux Jeux olympiques, Linda Morais retient également son parcours de qualification qui lui avait permis d’adopter un nouvel état d’esprit. Photo : WCL

Mais sur le plan sportif, elle a mis la compétition internationale « entre parenthèses » pour se concentrer sur la réhabilitation de blessures accumulées au fil des années, notamment une hernie discale au cou.

 « Cette année, j’essaie vraiment de me guérir avant de reprendre. »

 Elle continue à s’entraîner et à encadrer de jeunes athlètes, tout en laissant la porte ouverte à un retour.

2026 en réflexion

Si elle décide de replonger dans le haut niveau, Linda Morais sait déjà quel serait son objectif prioritaire : les championnats du monde de 2026. Un rendez-vous qui, pour y parvenir, nécessiterait de replonger dès la prochaine saison dans le rythme exigeant du circuit, en enchaînant compétitions régionales, nationales, puis internationales.

« Il faut toujours recommencer du début à chaque année », rappelle-t-elle, consciente du travail de fond que demande un retour au sommet.

En attendant, la Windsorienne savoure un quotidien plus stable, rythmé par ses cours de sciences, ses entraînements personnels et le suivi de ses jeunes lutteurs. Elle conserve surtout l’état d’esprit qui l’a accompagnée tout au long des qualifications olympiques : celui de la gratitude.

« C’est quelque chose qui m’a libérée, qui a enlevé beaucoup de stress », explique-t-elle, convaincue que cette approche l’aidera dans tous les objectifs qu’elle se fixera, que ce soit sur le tapis ou en dehors.