Manque de financement à La Cité? Pas selon le ministre des Collèges et Universités

OTTAWA – Le ministre des Collèges et Universités considère les suppressions de programmes à La Cité comme un simple « rééquilibrage » et que son gouvernement a suffisamment financé le postsecondaire. Dans un long entretien avec ONFR, la PDG de La Cité a affirmé au contraire que la formule de financement en Ontario était « brisée ». Deux visions, une réalité.

« Soyons clairs : nous sommes déjà intervenus », affirme Nolan Quinn.

Dans un échange de courriel avec ONFR, le ministre des Collèges et Universités rappelle que son gouvernement a déjà investi 1,3 milliard de dollars sur trois ans dans le postsecondaire l’an dernier afin de stabiliser la situation consécutive aux « décisions unilatérales du gouvernement fédéral ».

Le ministre fait référence à la direction prise par le gouvernement Carney de plafonner le nombre d’étudiants internationaux. Une décision finalement rectifiée pour préserver les francophones.

« Cette année, nous avons investi 750 millions de dollars supplémentaires dans les programmes de STIM (Sciences, technologie, ingénierie et mathématiques), ajoute M. Quinn. Cela représente plus de 2 milliards de dollars investis dans le système postsecondaire au cours des 14 derniers mois, sans compter d’autres investissements dans les soins infirmiers, l’enseignement, la formation et les métiers spécialisés. »

En somme, le gouvernement provincial n’est pas responsable de la crise à La Cité : « Nous serons toujours là pour les établissements, mais en matière de programmation, ce sont eux qui choisissent leurs cours et leurs décisions en matière de ressources humaines », botte en touche le ministre.

Dans une entrevue, publiée lundi, la PDG de l’établissement ottavien Lyne Casimiro met au contraire en cause une formule de financement « brisée ». « désuète », qui a « besoin d’être revue » et qui perdure « depuis plus de 20 ans ».

Mais pour Nolan Quinn, il ne semble pas y avoir de crise : la suppression des neuf programmes de langue française, incluant le seul programme en français en production audiovisuelle, est le fruit d’un simple « rééquilibrage et redimensionnement, car le nombre d’étudiants fréquentant nos établissements diminue ».

« Ce rééquilibrage est en cours dans tous nos établissements de la province, mais nous continuerons d’être là pour le secteur et de veiller à ce que nous maintenions le système d’éducation postsecondaire de calibre mondial que nous connaissons », conclut M. Quinn dans son courriel, confortant ainsi ses réponses en conférence de presse en fin de semaine dernière.

La main-d’oeuvre de demain dans la balance

Les coupes à La Cité ne sont pas un cas isolé en Ontario. Le gel des frais de scolarité et le sous-financement provincial, conjugués à la baisse du nombre d’étudiants internationaux, ont provoqué une série de suppressions de programmes depuis le début de l’année : 55 au Collège St. Lawrence à Kingston, 49 au Centennial College à Toronto, 37 au Collège Algonquin à Ottawa.

Toutefois, lorsqu’une offre disparaît dans ces établissements anglophones, les étudiants ont la possibilité de se tourner vers d’autres institutions, contrairement à la minorité linguistique dont les options sont plus limitées.

Les députés France Gélinas (NPD) et Stephen Blais (Parti libéral) estiment que les collèges devraient figurer parmi les priorités du gouvernement. Photos : ONFR/Jackson Ho

« Dans les montants qu’il avance, le gouvernement inclut toutes sortes de choses qui n’ont rien à voir avec l’opération d’un collège, relativise la députée et porte-parole de l’opposition officielle aux affaires francophones, France Gélinas. Ça ne permet pas à nos collèges de maintenir la programmation dont on a besoin pour former la main-d’oeuvre de demain. Ce qui se passe à La Cité est affreux. Avec ce sous-financement, c’est une génération de francophones qui va en souffrir. »

« Le gouvernement Ford doit dépenser plus pour nos collèges, estime dans la même veine le député d’Orléans Stephen Blais. Au Québec ou dans des États américains comme la Californie, ils investissent 3, 4, 5, 6 % de leur produit intérieur brut (PIB) dans l’innovation, la formation et la recherche. Ici, en Ontario, ça représente moins de 2 %. Si on veut que nos jeunes soient préparés pour les jobs du futur, on doit investir dans les collèges. »

Les deux élus d’opposition sont d’avis que les collèges devraient passer avant d’autres projets comme celui du tunnel sous l’autoroute 401.

Hockey : le bilan de la saison de la Charge d’Ottawa avec Nicolas St-Pierre

OTTAWA – Un peu plus d’une semaine du terme de la deuxième saison de la Ligue professionnelle de hockey féminin (LPHF), qui a une nouvelle couronnée le Frost du Minnesota vainqueur de la Charge d’Ottawa en finale, l’heure est au bilan du côté de la franchise de la capitale fédérale. Pour se faire, ONFR a fait appel au spécialiste ottavien du hockey, Nicolas St-Pierre. 

La Charge d’Ottawa est passée tout près de couronner une saison historique par un titre, mais s’est finalement inclinée en prolongation du match 4 de la finale de la Ligue professionnelle de hockey féminin (LPHF). Preuve d’un duel serré entre Ottawa et Minnesota, tous les matchs de la série remportée sur le score de 3-1 ont terminé en prolongation.  Malgré la déception, le bilan global reste largement positif.

« Il y a beaucoup de positif à retirer, affirme Nicolas St-Pierre, animateur de l’émission Dans le vestiaire et descripteur des Sénateurs d’Ottawa sur Unique FM. La Charge a montré des progrès notables. Cette finale, c’est une première, et j’espère pas une dernière. »

Pour Ottawa, le premier objectif était clair : se qualifier pour les séries. Mission accomplie, et même plus. La formation a terminé la saison en force, avec quatre victoires sur ses cinq derniers matchs, s’offrant ainsi un précieux momentum en vue des séries.

Des questions avec le repêchage d’expansion à venir

Si la défense a été l’un des piliers du parcours ottavien, c’est en attaque que le bât blesse. « Il y a eu un manque flagrant d’offensive. Il faudra s’y attaquer dès l’intersaison. » 

Nicolas St-Pierre est la voix francophones du hockey dans la région d’Ottawa sur la radio locale Unique FM. Photo : gracieuseté de Nicolas St-Pierre

Ce constat s’impose d’autant plus que la ligue connaîtra une expansion dès la saison prochaine, avec l’arrivée des clubs de Seattle et Vancouver. Une évolution saluée, mais qui soulève aussi des interrogations. 

« Est-ce qu’on a assez de joueuses de haut niveau pour soutenir cette croissance? Le temps nous le dira », confie M. St-Pierre. 

Un projet avec un bel avenir

L’un des éléments marquants de la saison reste l’engouement populaire. Le maire d’Ottawa a symboliquement renommé une portion de rue en l’honneur de l’équipe, et les partisans ont répondu présent. « L’ambiance était électrisante. Par moments, elle surpassait même celle des matchs des Sénateurs », note le journaliste.

Au cœur de cette saison, des individualités ont émergé, à commencer par la gardienne Gwyneth Phillips. Propulsée titulaire après la blessure de Emerance Maschmeyer, elle a impressionné jusqu’à remporter son duel face à Anne-Renée Desbiens en première ronde. 

« Personne ne l’attendait à ce niveau-là. Elle a dominé. »

Autre joueuse à retenir : Rebecca Leslie, originaire d’Ottawa et l’une des rares bilingues de l’équipe. Même si elle n’a pas été très présente sur la feuille de pointage, elle s’est illustrée par son jeu physique et son engagement. 

« Elle a brassé la cage à plusieurs occasions et montré beaucoup de combativité. Elle, comme le programme, a progressé », note le spécialiste. 

L’intersaison s’annonce néanmoins décisive. Avec seulement quatre joueuses protégées par équipe lors du repêchage d’expansion, Ottawa devra faire des choix stratégiques. Phillips, Vanisova, Brianne Jenner… certains noms sont incontournables, d’autres plus incertains.

Malgré une finale perdue, la Charge peut se tourner vers l’avenir avec optimisme. La base est là. L’appui du public aussi. Ne reste plus qu’à franchir un dernier palier. Avec la même direction en place? Il se murmure que la question pourrait se poser dès cet été…

43e Franco-Fête de Toronto : nouvelle date et nouveau lieu pour se relancer et se retrouver

TORONTO – Après une année marquée par l’incertitude, la Franco-Fête de Toronto revient aux bases qui avait fait son succès par le passé. De retour en juin (du 20 au 22) et au Centre Harbourfront, la 43e édition offrira une programmation riche et inclusive pour tenter d’attirer les multiples communautés francophones de la Ville Reine.

L’an dernier, l’avenir du festival était sérieusement compromis par un manque de financement. Aujourd’hui, grâce à l’appui renouvelé de plusieurs partenaires, l’événement autrefois phare de la francophonie torontoise revient plus déterminé que jamais avec une nouvelle présidente du conseil d’administration, Karine Barrass.

« Ce retour à Harbourfront marque un moment charnière pour la Franco-Fête. Nous avons frôlé l’annulation définitive, mais la communauté nous a fait comprendre que cet événement était essentiel pour le rayonnement de la francophonie à Toronto, affirme Mme Barrass. C’est avec beaucoup d’émotion que nous dévoilons cette programmation 2025, empreinte de diversité, d’audace et de reconnaissance des Premiers Peuples. »

Une programmation à l’image d’une francophonie plurielle

Derrière la sélection artistique de cette 43e édition, il y a une volonté forte de refléter les visages multiples de la francophonie torontoise.

« La communauté francophone à Toronto, elle est très, très diversifiée. C’est une francophonie plurielle, et il faut que ça se ressente sur scène. Les gens doivent se reconnaître et sentir qu’ils font partie de cette communauté », explique Sophie Bernier, directrice de la programmation.

C’est dans cet esprit qu’ont été choisis des artistes issus du Congo, de la Côte d’Ivoire, de l’Algérie, du Québec ou encore de l’Ontario. L’ouverture du festival, le vendredi 20 juin, illustre cette diversité avec deux têtes d’affiche aux styles distincts mais complémentaires : le slameur franco-ontarien Yao, suivi de la chanteuse franco-congolaise Théodora, étoile montante de la pop urbaine.

Une journée du 21 juin ancrée dans les cultures autochtones et afrodescendantes

Le samedi 21 juin prendra une tournure plus engagée, en coïncidence avec la Journée nationale des peuples autochtones. Une programmation spéciale, imaginée par la curatrice autochtone Makena Rankin-Guérin, a été conçue pour allier festivité et pédagogie.

« On ne voulait pas que ce soit seulement des spectacles. On voulait que les gens puissent aussi participer, apprendre et repartir avec des connaissances, précise Sophie Bernier. Il y aura un DJ autochtone, un atelier de danse intertribal, un quiz sur les peuples autochtones… Le tout dans un esprit festif. »

Ce souci de transmission s’inscrit dans une volonté de valoriser des cultures souvent marginalisées, mais fondamentales à l’histoire du territoire.

En soirée, place à la musique avec le hip-hop percutant de Sensei H, le reggae engagé de Joyce N’Sana, et une touche de nostalgie avec Les Colocs-Ensemble en trio, qui clôtureront la journée en revisitant les grands classiques du groupe québécois.

Les Colocs-Ensemble en trio clôtureront la soirée du samedi. Photo : gracieuseté de Franco-Fête

Un retour symbolique au Harbourfront et aux dates historiques de juin

Autre nouveauté cette année : la Franco-Fête revient à ses dates historiques autour de la Saint-Jean-Baptiste, comme ce fut le cas avant 2015. Un retour motivé par les demandes répétées de la communauté torontoise.

« Ça faisait dix ans qu’on entendait les gens nous demander de revenir en juin. C’est la fin des classes, c’est la Saint-Jean… Ça a du sens pour tout le monde », affirme Sophie Bernier.

Ce changement de date s’accompagne d’un retour au Centre Harbourfront, un lieu emblématique des premières éditions.

« C’est beau, c’est au bord de l’eau, c’est couvert, accessible en transport… On voulait vraiment revenir à ce site qui a une forte valeur affective pour les habitués, tout en offrant une belle découverte aux nouveaux arrivants », ajoute-t-elle.

La scène du Centre Harbourfront où se déroulera le festival offre un cadre idéal pour l’événement. Photo : Mickael Laviolle/ ONFR

Deux festivals en deux semaines : un défi logistique

Cette 43e édition de la Franco-Fête s’inscrit aussi dans un mois de juin particulièrement chargé pour l’équipe organisatrice, qui enchaînera avec le Festival franco-ontarien d’Ottawa dès le week-end précédent. Un défi logistique de taille que l’équipe assume pleinement.

« C’est sportif! On prend ça une journée à la fois, mais on ne voulait pas que nos contraintes internes empêchent de répondre au désir très fort de la communauté torontoise de revenir aux dates de juin, confie Sophie Bernier. On va se donner un grand coup pour offrir deux beaux festivals à deux semaines d’intervalle… et ensuite, on prendra un peu de repos! »

Une journée familiale pour conclure

Le dimanche 22 juin sera consacré aux familles. À 13h30, les enfants seront invités à participer au spectacle Zak : dompteur de défis, avant de céder la scène à deux groupes scolaires gagnants du concours « Monde le son ».

Cette journée met l’accent sur la relève et l’importance de transmettre la culture francophone aux plus jeunes.

Une mission de survie devenue mission de ralliement

Si la programmation 2025 semble festive, elle est aussi le fruit d’un combat. L’an dernier, le festival a failli disparaître, faute de moyens.

« On était vraiment dans une situation très, très précaire. On a dû faire beaucoup de bruit pour que les gens réalisent que la Franco-Fête était en péril », raconte Sophie Bernier.

Ce cri d’alarme a porté ses fruits. Plusieurs commanditaires sont revenus, de nouveaux programmes publics ont été débloqués, et la mobilisation communautaire a été forte.

« C’est un festival gratuit, donc on n’a pas de revenus de billetterie. Si les subventions et les partenariats ne suivent pas, c’est toute la viabilité qui est menacée. Mais les gens ont compris que s’ils voulaient que la Franco-Fête continue, il fallait nous aider », insiste-t-elle.

Aujourd’hui, la nouvelle présidente Karine Barrass incarne ce nouveau souffle.

« Elle était déjà très impliquée. Son arrivée à la présidence s’est faite dans la continuité d’un travail d’équipe intense. Elle joue un rôle moteur dans cette relance », conclut Sophie Bernier.

Trois autres provinces adoptent le libre-échange avec l’Ontario

SASKATOON – L’Ontario a signé des accords de libre-échange commerciaux avec l’Alberta, la Saskatchewan et l’Île-du-Prince-Édouard, portant le total à six provinces, en amont de la réunion des premiers ministres des provinces avec Mark Carney, ce lundi à Saskatoon. Le première rencontre en personne depuis l’élection fédérale du 28 avril dernier.

Après la Nouvelle-Écosse, le Nouveau-Brunswick et le Manitoba, c’est au tour de la Saskatchewan, de l’Alberta et de l’Ile-du-Prince d’abaisser les barrières commerciales avec l’Ontario.

La veille, le premier ministre ontarien Doug Ford a rencontré son homologue saskatchewanais Scott Moe pour signer un protocole d’entente destiné à stimuler l’économie des deux provinces en éliminant les obstacles au commerce.

« Notre province demeure déterminée à éliminer les barrières restrictives qui limitent la circulation des échanges », a exprimé ce dernier.

Le premier ministre de la Saskatchewan Scott Moe et Doug Ford. Photo : Compte X officiel de Doug Ford

Doug Ford et le premier ministre de l’Île-du-Prince-Édouard, Rob Lantz. Photo : Compte X officiel de Doug Ford

Doug Ford et la première ministre de l’Alberta, Danielle Smith. Photo : Compte X officiel de Danielle Smith

Mêmes protocoles d’entente signés dimanche avec la première ministre de l’Alberta, Danielle Smith, et au premier ministre de l’Île-du-Prince-Édouard, Rob Lantz.

« Ensemble, l’Alberta et l’Ontario franchissent une étape importante vers une économie plus ouverte, plus compétitive et plus unie », a déclaré la première ministre Smith.

Le premier ministre Lantz a lui affirmé que : « notre collaboration avec l’Ontario souligne notre engagement envers une seule économie canadienne. Ensemble, nous prouvons que, lorsque les provinces travaillent de concert, c’est toute la nation qui en bénéficie. »

« Alors que le président Trump s’attaque directement à l’économie canadienne, nous devons tout faire pour protéger les travailleurs de l’Ontario et du Canada en démultipliant nos propres possibilités de commerce intérieur », a soulevé Doug Ford.

« En unissant nos forces aujourd’hui, nous aidons le Canada à libérer jusqu’à 200 milliards de dollars de gains économiques, et nous montrons que tous les premiers ministres se mobilisent pour défendre le Canada comme jamais auparavant. »

Via sa récente Loi de 2025 pour protéger l’Ontario en favorisant le libre-échange au Canada, l’Ontario, qui a éliminé toutes les exceptions dans le cadre de l’Accord de libre-échange canadien, veut élargir le commerce des biens et services au Canada, en abolissant les formalités administratives qui freinent les entreprises canadiennes et la mobilité des travailleurs qualifiés à travers le pays.

« L’instabilité nuit à l’image du Canada comme destination d’études », selon la PDG de La Cité 

« Les arguments que vous avancez pour supprimer ces programmes ne semblent pas convaincre les personnes affectées. Comment l’expliquez-vous?

La Cité est un pilier de la francophonie ontarienne et le restera. Nous avons un mandat clair : répondre aux besoins du marché de l’emploi, tout en tenant compte de la taille plus restreinte de notre population étudiante francophone. Chaque année, nous évaluons nos programmes selon leur performance, leur viabilité financière, la qualité, les inscriptions et les diplômés. Cette information est partagée avec le personnel.

Au cours des cinq dernières années, nous avons fermé plus d’une dizaine de programmes, mais nous en avons ouvert autant. Ce processus de renouvellement n’est pas nouveau. Ce qui est différent cette année, c’est l’ampleur des décisions, en raison de la conjoncture économique. Nous avons donc pris plus de décisions, plus rapidement.

Cette année, nous avons suspendu neuf programmes, mais nous en avons déjà lancé d’autres en lien avec les besoins actuels du marché : deux baccalauréats en commerce, un programme de technique d’imagerie par résonance magnétique et deux programmes dans le domaine de la cybersécurité.

On voit qu’il y a des pertes d’emploi, qu’il y a un besoin de repositionnement dans les marchés les plus forts dans la région de la capitale nationale, on évolue.  Ces marchés-là sont les mêmes : les technologies, l’administration et la santé.

Syndicat et membres du personnel demandent à vous rencontrer. Ils dénoncent un manque de consultation, qualifient votre décision de solution de facilité. Qu’en pensez-vous?

Ce n’est pas une surprise pour le personnel. Mais je comprends le choc pour les personnes touchées directement. Certaines ont mis beaucoup d’énergie à renouveler leur programme, mais parfois cela ne suffit pas. 

Concernant les consultations : la convention collective encadre strictement le processus. Lorsqu’un programme est touché, nous avons l’obligation de mettre en place un comité paritaire entre la direction et le syndicat. Ce comité, formé de représentants syndicaux et de la direction, est confidentiel. Il examine les raisons de fermeture et les impacts sur le personnel. Ce processus est respecté chaque année. Le personnel concerné est ensuite rencontré par son superviseur. 

Cette année, les dernières recommandations du comité paritaire, je les ai reçues la semaine dernière. Les rencontres d’employés ont commencé tout de suite après. 

À ce jour, aucun professeur permanent n’a perdu son emploi. Quatre professeurs ont reçu un avis de fin d’emploi possible, selon les inscriptions de l’automne. Sept autres membres ont un préavis jusqu’en juin 2027. Il y a aussi des contractuels, bien sûr, mais nous avons l’obligation de leur offrir d’autres postes si leur profil correspond à des besoins récurrents.

Cela dit, des rencontres, des assemblées, des tournées de secteurs ont lieu tout au long de l’année pour encadrer l’évolution des programmes, expliquer les enjeux, échanger et répondre aux questions.

Le programme d’éducation spécialisée, par exemple, était pourtant bien implanté. Pourquoi le supprimer?

C’est un excellent programme, avec un corps professoral très engagé. Mais nous devons suivre les tendances du marché. L’intérêt des étudiants pour ce programme a chuté de plus de 66 %, notamment parce que d’autres programmes que nous offrons sont perçus comme plus polyvalents et qui ont des débouchés plus larges. Ce programme est aussi peu attirant pour la clientèle internationale, car ce métier n’existe pas dans plusieurs pays d’Afrique, par exemple. Malgré les besoins du marché, les inscriptions ne sont plus au rendez-vous. Nous misons donc davantage sur les microcertifications et la formation en emploi, en étroite collaboration avec les employeurs. C’est notre devoir d’évoluer.

La baisse des inscriptions des étudiants internationaux affecte les finances des collèges… Ne dépendez-vous pas trop de cette clientèle internationale?

La baisse anticipée n’est pas de 10 %, mais plutôt de 30 %, ce qui représente plus de 3000 étudiants en moins pour La Cité. D’autres collèges anglophones font face à des baisses de 75 %. Nous avons donc fait tout notre possible pour compenser avec une clientèle domestique, mais il y a aussi une baisse démographique au pays. Il y a tout simplement moins de diplômés des douzièmes années des écoles secondaires, ce qui a eu un impact sur le postsecondaire.

Oui, nous avons misé sur la clientèle internationale pour compenser cette réalité. C’était une stratégie connue et nécessaire pour former des diplômés dans des secteurs recherchés. Ces étudiants jouent un rôle important dans la vitalité de nos communautés francophones.

Mais avec les nouvelles politiques, l’attractivité du Canada a chuté. L’instabilité est notre plus grand ennemi. Même si nous avons des places disponibles, les étudiants ne postulent plus en aussi grand nombre.

Quelle est aujourd’hui la taille de la clientèle étudiante de La Cité?

Nous étions environ 7400 étudiants. Même si l’on espérait subir une baisse qui était plus de l’ordre de 10 à 15 % -en raison de nos adaptations avec la clientèle canadienne et de résidents permanents -, on prévoit une baisse allant même jusqu’à environ 40 % pour cet automne. La carte des programmes doit donc être ajustée. Les programmes suspendus cette année auraient probablement été fermés progressivement dans les années à venir, mais le contexte économique exige des décisions plus rapides.

Et du côté provincial, y a-t-il eu une réduction du financement?

La formule de financement des collèges, on sait qu’elle est brisée. Elle a besoin d’être revue et le ministère de l’Éducation est au fait de cette situation. Il y a un calendrier qui a été mis en place pour réviser la formule de financement. Celle-ci est désuète, elle n’a pas évolué depuis plus de 20 ans. C’est la même situation pour le financement provincial pour la francophonie, tandis que les salaires et le coût des équipements ont augmenté.

Le budget de La Cité est passé de plus de 160 millions l’an dernier à environ 154 millions cette année, en anticipation de la baisse d’effectifs.

Est-ce que vous vous sentez abandonnée par les gouvernements, provincial et fédéral, alors qu’ils ont promis d’alléger les restrictions sur les étudiants francophones en milieu minoritaire?

Le gouvernement fédéral a lancé un projet pilote pour faciliter l’immigration francophone via les études postsecondaires. Pour nous, cela représente environ 200 étudiants. Mais là encore, la clientèle ne suit pas. L’instabilité et les incertitudes ont fortement nui à l’image du Canada comme destination d’études. Le manque de clarté dans les directives d’IRCC complique aussi les choses.

C’est comme pour nos programmes : on peut bien les offrir, mais si les étudiants ne s’y inscrivent pas, on n’a pas le choix. L’instabilité est un obstacle majeur, et l’image de marque du pays a été affectée.

Qu’en est-il du programme production télévisuelle pour lequel La Cité avait investi des sommes énormes pour renouveler l’équipement avant de le suspendre quelques mois plus tard?

Ces équipements renouvelés servent non seulement ce programme, mais aussi d’autres, y compris la recherche appliquée, ainsi que les activités événementielles du collège. 

Par ailleurs, pour ce qui est du programme de production télévisuelle, il est à l’image de tout le domaine des médias qui est en grande transformation. Donc, on a commandé des études de marché. Un rapport complet qui nous a été remis nous parle de devoir adapter nos programmes pour qu’ils soient multiformats, pour former des diplômés qui soient polyvalents, capables de maîtriser autant la vidéo, la scénarisation, l’animation, que le développement pour le web ou pour les médias traditionnels.

C’est la raison pour laquelle on avait lancé auparavant le programme Création de contenu médiatique qui a toutes ces compétences intégrées. Dans ce contexte, on avait aussi fermé notre programme de radio et notre programme de photo, mais seulement après avoir créé un autre programme qui répond à l’évolution du marché. Des journalistes quittent de grands médias pour démarrer une chaîne YouTube. C’est un bel exemple de l’évolution des médias. »

« On risque d’être très fatigués » : 15 heures d’improvisation en continu ce dimanche pour l’Acronyme d’Ottawa

Olivier Villeneuve est improvisateur et organisateur de l’événement 15 heures d’improvisation à la ligue l’Acronyme d’Ottawa.

L’Acronyme fête ses 15 ans avec un événement gratuit de 9 h à minuit, le dimanche 1er juin. Plusieurs concepts de spectacles improvisés se succéderont toute la journée.

L’Acronyme réunit des joueurs franco-ontariens et de l’Outaouais québécois. Le but principal de l’événement est de célébrer les 15 ans de la ligue en incluant la communauté d’improvisation de la région.  

« L’événement 15 heures d’improvisation était votre idée. Qu’est-ce qui vous a donné envie d’organiser cette journée?

On cherchait quelque chose pour souligner que c’est la 15e année de l’Acronyme. On avait plein d’idées et on a finalement opté pour ces 15 heures en continu.

On s’est demandé comment on pouvait remplir 15 heures d’improvisation pour que ce soit agréable, pour les joueurs et pour le public. On l’a séparé en 15 spectacles d’une heure. Ça nous permet d’offrir des spectacles différents pour nous, et ça nous permet surtout d’inviter des gens de l’extérieur. On a des ligues de Gatineau, des jeunes du secondaire d’Ottawa, le Cégep qui vient présenter deux spectacles, l’Université du Québec en Outaouais (UQO), l’Université d’Ottawa, etc. Ça aide d’avoir beaucoup de variété et ça donne le temps de respirer, parfois.

L’horaire des 15 heures d’improvisation. Photo : Facebook / Impro l’Acronyme

Quel genre de public espérez-vous attirer?

Ce qu’on espère, c’est que tôt dans la journée, ce soit vraiment très familial. On a des jeunes qui font de l’improvisation. À 11 h AM, on a un sitcom improvisé pour toute la famille. Plus la journée avance, plus on espère avoir le public habituel de l’Acronyme. Ça se termine à minuit. Je devine qu’on risque d’être vraiment très fatigués. Donc, arrivés à 10 h, 11 h le soir, on pense avoir un public averti. On espère que ça va amener un nouveau public, avec de nouvelles offres.

Combien de gens assistent aux matchs réguliers de l’Acronyme, en moyenne?

On a vraiment une bonne saison. Le public est au rendez-vous. On a une moyenne d’une soixantaine de spectateurs par soir, mais on a eu des pics de plus de 100 personnes.

On a fait un match spécial Ligue nationale d’improvisation (LNI), pour lequel on avait pris tous les codes de la LNI. On a eu presque 120 personnes.

Quelle est l’importance d’avoir une ligue francophone à Ottawa?

Je pense que ça comble un vide. Il y a beaucoup d’improvisateurs qui veulent jouer, et qui veulent jouer en français, surtout. Ottawa permet de rejoindre les deux côtés de la rivière, ce qui est rare, habituellement. Je pense que c’est inspirant pour les Franco-Ontariens d’avoir une place, que ça se passe chez eux et que tout soit fait en français. La majorité de la ligue est franco-ontarienne. On est aussi quelques Québécois.

L’Acronyme lors d’un match régulier. Photo : Gracieuseté de l’Acronyme

Je pense que c’est simplement d’avoir une offre culturelle francophone. Ça permet de mettre de l’avant les réalités en français de ces gens-là. S’il n’y avait pas ça, tout serait en anglais. Non seulement ça offre une voix, mais ça permet aussi de voir des visages, et d’offrir une plateforme à des gens qui n’en auraient pas sans ça.

Quels sont les autres concepts que vous avez hâte de voir?

Personnellement, je m’occupe d’une heure d’improvisation chantée. On pige dans un chapeau des styles musicaux. On a un piano sur scène et les gens improvisent des chansons pendant une heure. C’est complètement fou, on n’a jamais fait ça.

On a des affaires complètement différentes. On a un match familial, où les parents des joueurs et des joueuses vont jouer avec eux. Ça promet d’être bizarre, drôle, différent, et peut-être un peu casse-cou.

Notre avant-dernier concept est un balado improvisé. La foule va choisir un commerce et on va improviser le balado de ce commerce-là. On va l’enregistrer et le mettre en ligne après, les gens vont pouvoir l’écouter.

De façon plus générale, comment décririez-vous l’Acronyme à quelqu’un qui n’est jamais allé voir un match?

C’est facile. C’est la meilleure offre d’improvisation dans toute la région d’Ottawa-Gatineau. On a un peu décroché du décorum de la LNI. Il n’y a pas de pénalité ou de grands chandails de hockey. On met vraiment de l’avant les sketchs, les spectacles. On essaie d’être les plus drôles possibles, mais on offre aussi d’autres émotions. Mais d’habitude, c’est un spectacle qui est surtout drôle. »

Ferveur française à Toronto après la victoire de Paris en Ligue des champions

TORONTO – La victoire du Paris-Saint-Germain en Ligue des champions (soccer) ce samedi a suscité l’euphorie chez les partisans franco-torontois qui ont convergé depuis plusieurs bars en fin d’après-midi vers la place Nathan-Phillips pour célébrer la victoire, 5-0, face à l’Inter de Milan.

« C’était chaud ! Avec tous les supporters ici, cette victoire avait un autre goût. Avec la communauté et tout le monde, des gens de partout, tous ensemble, pendant 90 minutes… on avait trop faim ! » confie Sofian Saidi, visiblement libéré au moment du coup de sifflet final.

Autour de lui, dans le bar The Friar, antre des supporters parisiens de la ville reine, une foule de partisans en liesse laisse éclater sa joie, s’embrasse, chante et danse. Le sol tremble en cadence et des larmes coulent au moment des embrassades.

Sofian Saidi, visiblement libéré au moment du coup de sifflet final. Photo : ONFR/Rudy Chabannes

Lucie Isthatamirah met en avant son chandail aux couleurs du PSG. Photo : ONFR/Rudy Chabannes

Houssem Boulares exulte. Photo : ONFR/Rudy Chabannes

Olivier Debregeas, fondateur PSG Fan Club. Photo : ONFR/Rudy Chabannes

« Honnêtement, je ne regarde jamais le football, confesse une autre spectatrice, Lucie Isthatamirah. Je le regarde seulement pour les grandes occasions et ça, c’est vraiment une très grande occasion. On a gagné ! »

Sur la pelouse, malgré l’aisance des joueurs parisiens, auteurs d’un premier but dès la 12e minute de jeu, suivi de quatre réalisations aux 20e, 63e, 73e et 86e minutes, la tension était palpable tout au long de cette rencontre, la deuxième finale du PSG après celle perdue en 2020 face au Bayern Munich.

« J’ai pleuré. J’ai crié. Je suis heureux »
— Olivier Debregeas, pilier du PSG Fan Club de Toronto

Le match était disputé de l’autre côté de l’océan, à Munich en Allemagne, contre une équipe italienne, comme un écho prémonitoire à la dernière victoire française en 1993, également en Allemagne contre une équipe italienne (Olympique de Marseille-Milan AC).

Olivier Debregeas, qui apprécie ce genre de signes, n’a pas été déçu de la soirée. « Je n’ai plus de mots… je suis tellement content, j’ai pleuré, j’ai crié. Je suis heureux. Il me reste juste assez de voix pour aller finir les festivités », réagit-il presque à bout de souffle, les yeux encore rivés sur le grand écran, comme pour s’assurer qu’il ne rêve pas.

Ce fidèle partisan, également fondateur du PSG Fan Club de Toronto, suit le parcours du club de la capitale parisienne depuis 1987 et préparait depuis plusieurs jours ce rendez-vous.

À quelques pas de là, perché sur la mezzanine du bar, Houssem Boulares exulte : « J’étais assez confiant par rapport à la saison réalisée par Paris, mais je ne m’attendais pas à ce que le PSG gagne aussi facilement. 5-0, c’est du jamais vu en Ligue des champions. C’est historique, merveilleux! Ça démontre à quel point cette équipe est forte et mérite ce succès. »

Cette finale a aussi été vécue en famille par nombre de Français installés à Toronto. C’est le cas de Cédric Chevalier, venu partager ce moment avec son fils, Zach. « C’est extraordinaire. J’ai vécu ça avec le plus grand fan du PSG, mon fils. Après la première finale loupée, là on a enfin gagné », soupire-t-il.

« J’en ai rêvé et on l’a fait ! », renchérit Zach, épaté par le triplé des Parisiens, vainqueurs de la Coupe de France, du championnat et de la Ligue des champions.

Au moment d’écrire ces lignes, la soirée se poursuivait en direction de la place Nathan-Phillips pour une ultime célébration devant l’hôtel de ville.

Marie-Claude Bisson : « Pour les jeunes, c’est le moment de s’exprimer »

À 16 ans, Marie-Claude Bisson est devenue la 50e présidente de la FESFO. Engagée, passionnée, cette élève de 11e année au Collège catholique Mer Bleue, dans la région d’Ottawa, milite pour que les jeunes aient voix au chapitre sur les enjeux d’éducation, de langue et d’égalité. Entre deux réunions et mobilisations, Marie-Claude, qui a d’abord été représentante régionale, puis vice-présidente de la FESFO, trouve aussi du temps pour le théâtre, l’improvisation et la robotique.

«  Qu’est-ce que représente pour vous cette nomination à la présidence de la FESFO?

C’est un très grand accomplissement. J’ai travaillé fort pour accéder à la présidence. J’étais auparavant vice-présidente, et cette nomination est pour moi l’aboutissement de tout mon parcours au secondaire, qui m’a menée à ce poste. C’est comme une échelle que j’ai gravie graduellement. Maintenant, je peux mieux représenter les jeunes de toute la province, faire connaître la FESFO et montrer ce qu’elle peut leur apporter.

Qu’est-ce qui vous a poussée à vous impliquer au sein de la FESFO?

En 9e année, j’étais déjà très impliquée dans les activités de mon école. Mon frère, qui était engagé à la FESFO à ce moment-là, m’avait dit ‘Hey, on a un événement, est-ce que tu veux venir?’ J’ai découvert ce qu’était la FESFO. Ce qui m’a accrochée, c’est le fait que tout est fait par et pour les jeunes, ce qu’on ne retrouve pas toujours dans notre milieu scolaire. C’est ce qui m’a motivée à continuer.

À 16 ans, Marie-Claude Bisson aspire à porter la voix des jeunes francophones de l’Ontario. Gracieuseté

Quelles sont vos priorités à la tête de la FESFO pour les prochains mois?

Ma grande priorité, c’est de combattre les injustices qui affectent directement les jeunes en Ontario. Il y a des inégalités dans la qualité de l’éducation. Certains jeunes pensent que fréquenter une école anglophone leur donnera plus de ressources, et même plus d’opportunités. Et plusieurs n’ont même pas accès à une école francophone, ce qui est vraiment une énorme inégalité. Il y a aussi l’enjeu de l’insécurité linguistique : plusieurs jeunes n’osent pas parler en français, de peur d’être jugés pour la qualité de leur français ou leur accent. On doit briser cette barrière et dire : ‘Ça ne nous dérange pas comment tu parles français, on va juste t’accepter peu importe c’est quoi ton accent, on veut vraiment que tu parles notre langue.’

J’insiste aussi sur le manque de possibilités de poursuivre ses études postsecondaires en français dans la province, que ce soit pour intégrer une université ou un collège. On est souvent obligé de déménager pour y avoir accès et certains n’ont même pas cette chance. 

Un autre enjeu pour moi est qu’il faut renforcer l’accès aux services en français, notamment dans les zones désignées, et s’assurer que les jeunes savent qu’ils ont le droit de les demander parce qu’on vit dans une province où le français est une langue parlée par la minorité.

Quelle place occupent les jeunes dans les décisions liées à l’éducation et aux services en français, selon vous?

Trop souvent, on a l’impression que notre voix ne compte pas, mais elle est essentielle. La FESFO existe justement pour porter nos préoccupations aux décideurs. Si nous, les jeunes, ne parlons pas pour nous-mêmes, personne ne le fera. On connaît nos besoins. Il faut juste prouver ce qu’on avance – par des sondages, des rapports, des données concrètes – pour qu’on nous écoute vraiment.

C’est maintenant notre moment de nous exprimer, surtout dans la situation dans laquelle on vit, où la politique est très intéressante. Les gens veulent nous écouter, c’est juste que parfois c’est difficile d’aller chercher les jeunes parce qu’on vit tellement dans un âge numérique qui n’est pas très similaire à celui d’autres générations. Il faut aller chercher les jeunes.

« On est la jeunesse, on sait ce qu’on veut. » – Marie-Claude Bisson. Gracieuseté

Quelle réalisation récente vous inspire ou vous rend fière?

On travaille en ce moment sur un sondage sur l’état des écoles en Ontario. J’ai aimé contribuer à sa conception et j’ai hâte de travailler sur les rapports qui en découleront. J’ai aussi proposé de nouvelles idées d’activités et de rencontres virtuelles pour mieux mobiliser nos membres et aller chercher des nouveaux.

Qui est Marie-Claude en dehors de la FESFO?

Je suis une jeune leader très engagée dans ma communauté scolaire. Je fais du théâtre, de l’impro, et je suis passionnée de robotique. Je participe à des compétitions avec mon école. J’accorde aussi beaucoup d’importance à ma famille et à mes amis. J’essaie de bien gérer mon temps pour leur en consacrer aussi.

Est-ce qu’il vous reste du temps pour vous?

Évidemment, il faut toujours se garder un peu de temps pour être capable de prendre soin de sa santé mentale. Même si j’aime beaucoup être impliquée, parce que je suis encore un peu hyper active, je me consacre du temps, pour moi, ma famille et mes amis. C’est définitivement très important pour garder l’équilibre.

Y a-t-il une personne ou un moment qui vous a donné envie de vous engager pour la jeunesse francophone?

Oui. Lors de mon premier événement avec la FESFO, un membre de l’équipe d’animation nous a présenté les cinq principes de base de la fédération. Il a dit : ‘On fait ça pour vous et par vous.’ Cette idée m’a profondément marquée. Trop souvent, notamment dans notre milieu scolaire, on reçoit des activités, des programmes déjà faits. À la FESFO, on a la chance de les créer nous-mêmes.

Avez-vous rencontré des difficultés dans votre parcours?

Oui, comme tout le monde. Je viens d’une famille francophone, donc je parle français à la maison. Mais ce qui m’a marquée, c’est de rencontrer des jeunes qui ne parlaient pas français chez eux. Ça m’a fait réaliser la diversité des parcours dans la francophonie. Ce qui nous unit, c’est la langue, peu importe nos origines.

Que signifie pour vous être Franco-Ontarienne aujourd’hui?

Être Franco-Ontarienne aujourd’hui, ce n’est pas juste parler français, c’est se battre pour que la langue reste vivante pour les générations futures. Il faut assurer que nos enfants et les enfants après eux puissent aussi vivre en français ici.

Pour Marie-Claude Bisson, être Franco-Ontarienne, c’est se battre pour que la langue reste vivante pour les générations futures. Gracieuseté

S’il y avait une seule chose à changer pour les jeunes Franco-Ontariens, ce serait quoi?

Ce serait d’avoir plus d’occasions de parler français en dehors de l’école. Dans certaines villes, les jeunes n’ont pas ces opportunités. Il faut que le français soit aussi présent dans la vie de tous les jours, dans les loisirs, les activités sociales, pas juste en classe.

Dans dix ans, quelle trace voudriez-vous laisser à la FESFO?

J’aimerais laisser une fédération plus forte, plus diversifiée, mieux connue. Une FESFO respectée, dont la voix est entendue dans les grandes décisions, où les jeunes ont un vrai poids dans la balance politique.

Vous vous voyez faire de la politique plus tard?

Peut-être. C’est une option que je considère. Je n’ai pas encore décidé ce que je ferai après le secondaire, mais la politique m’intéresse. Parce que les gens qui sont en politique doivent être vraiment là pour écouter et changer les choses.

Quel message voudriez-vous transmettre aux jeunes de votre âge?

Impliquez-vous. En français. Dans les causes qui vous tiennent à cœur. Dénoncez les injustices. Vous avez du pouvoir.

Quel est votre coup de gueule?

Il y en a plusieurs. Mais le manque d’institutions postsecondaires en français, c’est un sujet qui me passionne. Il faut que les jeunes puissent étudier en français sans devoir déménager loin de chez eux.

Et votre coup de cœur? 

Une égalité complète entre francophones et anglophones, ce serait mon rêve. Mais ça reste un objectif à atteindre. »


2008 : naissance à l’hôpital Montfort à Ottawa

2023 : représentante de la région d’Ottawa à la FESFO

2024 : première ministre du Gouvernement des élèves de son école

2025 : élection à la présidence de la FESFO

Plus de pouvoir au ministre de l’Éducation : des craintes pour la gouvernance francophone

TORONTO – Le ministère de l’Éducation sera doté de plus de pouvoirs, de supervision notamment côté finances sur les conseils scolaires publics, le postsecondaire et des sociétés d’aide à l’enfance. Un contrôle accru « autoritaire », selon l’opposition officielle, qui fait craindre une perte de gouvernance du « par et pour » aux conseils scolaires francophones, aux enseignants et aux parents francophones.

Cette Loi de 2025 sur le soutien aux enfants, aux élèves et aux étudiants, si adoptée, renforcerait la supervision du gouvernement et la responsabilité et la transparence « en vue de répondre aux multiples cas de mauvaise gestion financière de la part de conseils scolaires », explique le ministère de l’Éducation.

« Les parents méritent d’être assurés que les conseils scolaires prennent des décisions en fonction des intérêts supérieurs de l’éducation de leurs enfants, a déclaré Paul Calandra, le ministre de l’Éducation. Nous voulons nous assurer que chaque dollar investi permet aux élèves et étudiants d’acquérir des compétences pratiques qui mèneront à des carrières stables et bien rémunérées (…) nous agirons en conséquence lorsqu’ils manqueront à leurs responsabilités. »

De gauche à droite : Nolan Quinn, ministre des Collèges et Universités, Paul Calandra, ministre de l’Éducation et Michael Parsa, ministre des Services à l’enfance et des Services sociaux et communautaires, lors de la conférence de presse organisée la veille à Queen’s Park. Photo : Rudy Chabannes/ONFR

Parmi les nouvelles mesures notables pour les conseils scolaires :

  • Élargissement des pouvoirs de supervision du ministre de l’Éducation, y compris en matière de finances, gouvernance et rendement des programmes, qui aura autorité à lancer des enquêtes et « émettre des directives contraignantes » sur un conseil s’il a des préoccupations quant à un dysfonctionnement
  • Autorité du ministre d’encadrer les conseils scolaires concernant les dépenses et obligations de publication publier les dépenses des personnes détenant des postes clés sur leur site Web public
  • Autorité du personnel du ministère à procéder à des vérifications auprès des conseils scolaires
  • Pour améliorer la sécurité, l’Ontario exigera que les conseils scolaires mettent en œuvre des programmes d’agents scolaires offerts par les services de police locaux pour favoriser la liaison communautaire, et l’apprentissage lié aux lois et règlements
  • Diverses mesures d’engagement civique, et d’encouragement au bénévolat.

Un projet de loi jugé « autoritaire » par Chandra Pasma, députée néo-démocrate d’Ottawa-Ouest–Nepean, porte-parole en Éducation, qui soulève la problématique francophone : « Les mesures proposées détruisent la capacité des conseils scolaires à écouter leur communauté et à privilégier une approche fondée sur le bien-être et ne respectent pas le droit des Franco-Ontariens de gérer leur propre système, pour et par des francophones. »

« Ce projet de loi n’améliore pas les conditions d’apprentissage. Il ne réduit pas la taille des classes, n’aide pas les enfants avec des besoins particuliers, et ne règle pas le manque de 6,35 milliards de dollars causé par le sous-financement chronique du gouvernement Ford. » 

Des inquiétudes quant au « par et pour »

Si les conseils scolaires francophones indiquent prendre le temps d’étudier le projet de loi plus en détails, « l’ACÉPO (Association des conseils scolaires des écoles publiques de l’Ontario) perçoit déjà des risques inquiétants liés aux droits de gouvernance et de gestion ‘par et pour’ les conseils scolaires de langue française en Ontario ».

« L’ACÉPO n’a pas été consulté dans le cadre de l’élaboration de ce projet de loi, mais espère toujours recevoir une invitation de collaboration de la part du Ministère afin de contribuer positivement à l’épanouissement du système d’éducation de l’Ontario », indique son président Denis Labelle, via communiqué.

Gabrielle Lemieux, la présidente de l’Association des enseignantes et des enseignants franco-ontariens (AEFO), a émis des réserves quant à « toute mesure imposée de manière centralisée sans tenir compte du contexte communautaire francophone (qui) affaiblit le principe de gouvernance partagée ».

« L’approche du gouvernement risque de miner la confiance des familles, des élèves et du personnel enseignant envers les conseils et nos écoles francophones, en plus de l’impact significatif sur le bon fonctionnement de notre système scolaire francophone. »
— Gabrielle Lemieux, présidente de l’AEFO

D’ajouter que « l’approche du gouvernement risque de miner la confiance des familles, des élèves et du personnel enseignant envers les conseils et nos écoles francophones, en plus de l’impact significatif sur le bon fonctionnement de notre système scolaire francophone ».

Celle-ci exhorte le gouvernement à « investir adéquatement dans le système d’éducation pour assurer la pérennité du système de langue française, pour adresser la violence dans les écoles et remédier à la pénurie croissante de personnel qualifié ».

L’organisation Parents partenaires en éducation (PPE) reconnait quant à elle que certains conseils scolaires font face à des défis importants, notamment en matière de gestion financière et de transparence : « Renforcer la supervision peut s’avérer nécessaire dans certaines situations précises, mais cela ne devrait jamais se faire au détriment de l’autonomie locale ni sans la consultation active des parties prenantes, surtout les familles », a nuancé Paul Baril, le président.

Celui-ci explique que ce projet de loi pourrait avoir un impact indirect sur le travail de PPE avec les parents, notamment si certaines décisions sont imposées sans concertation : « PPE demeure préoccupé par l’élargissement des pouvoirs du ministère sur le choix des noms d’écoles ou la nomination de superviseurs, car ces décisions ont un impact direct sur l’identité des communautés scolaires. »

« PPE encourage le gouvernement à travailler avec les parents, pas seulement pour eux, afin d’assurer que chaque enfant en Ontario bénéficie d’un environnement scolaire bienveillant, équitable et soutenu par une gouvernance forte, mais aussi enracinée dans sa communauté », a conclu M. Baril.

Gagnants et moments forts des Trille Or 2025

OTTAWA – L’industrie musicale de l’Ontario et de l’Ouest canadien s’est réunie du 27 au 29 mai à Ottawa pour les Trille Or. Cet événement de l’Association des professionnels de la chanson et de la musique (APCM) incluait trois jours de rencontres professionnelles et de remises de prix, qui se sont soldés avec le Gala Trille Or jeudi soir. Le duo Beau Nectar a remporté la catégorie Groupe et c’est Mimi O’Bonsawin qui est repartie avec la statuette pour Artiste solo.

Beau Nectar avait également remporté le prix Pop/EDM lors de la première soirée des Trille Or, qui avait eu lieu au Rainbow Bistro d’Ottawa mardi soir.

Le gala principal, animé par Éric Robitaille au Studio Azrieli du Centre national des arts (CNA), n’a pas été dominé par un artiste en particulier. Sur la période de deux ans couverte par les Trille Or 2025, il a été déterminé que le meilleur album est Animal chic de Medhi Cayenne. C’est aussi lui qui a offert la dernière performance de la soirée, incitant les spectateurs à se lever de leurs sièges pour danser.

Mehdi Cayenne en performance au Gala Trille Or 2025. Photo : Rachel Crustin / ONFR

Rencontré quelques minutes après la fin du gala, le Franco-Ontarien bien connu disait ne pas prendre la pleine mesure de ce nouvel honneur. « À chaque album, j’ai l’impression que je me rapproche de ce que je veux faire, raconte-t-il. Le fait que cet album-là soit souligné, ça me touche. Je ne m’en rends pas vraiment compte maintenant, mais quelque part dans mon for intérieur, en revenant en voiture chez moi, ça va me fesser plus. »

Le mini-album Slow Motion Baby, de De Flore, l’a emporté dans la catégorie EP. Le duo de Sarah-Anne Lacombe et Mathieu Gauthier avait aussi remporté un Prix de la musique dans la capitale pour Meilleurs productions et arrangements, la semaine précédente. Leur amie Gabrielle Dubois a aussi été remarquée pour le Trille Or de Conception visuelle, remis lors de la soirée Célébration du 28 mai.

De Flore a aussi offert une performance de sa chanson Météo astrale. Photo : Rachel Crustin / ONFR

Dans ses remerciements, jeudi soir, Sarah-Anne Lacombe a pu répéter devant la francophonie canadienne ce qu’elle avait affirmé devant la communauté d’Ottawa une semaine plus tôt. « En tant qu’artistes, maintenant, il faut produire de plus en plus. Avec ce EP-là, on voulait juste ramener ça roots, le faire vraiment à notre rythme et dans nos feelings. »

C’est McLean qui est le récipiendaire du prix Auteur-compositeur. Moment cocasse, le Sudburois a dû se ruer sur scène depuis les coulisses, car il venait à peine de terminer sa performance.

Céleste Lévis a témoigné de l’importance qu’a eu Mon beau drapeau sur sa construction identitaire, ayant grandi à Timmins, où « ce n’était pas cool de parler français. » Photo : Rachel Crustin / ONFR

Un autre moment émouvant a été l’interprétation de la chanson Mon beau drapeau par son compositeur Brian St-Pierre, Céleste Lévis et les Chansonniers d’Ottawa.

La révélation de l’année est Sophie Grenier, la première Franco-Ontarienne à avoir remporté la compétition La Voix, en 2023.

Pour une deuxième édition consécutive, c’est Reney Ray qui a remporté le Prix du public.

Les Fransaskois soulignés

Étienne Fletcher, qui avait aussi reçu les honneurs dans la catégorie Export Ouest la veille, a remporté le prix du Vidéoclip pour Jeux de mémoires. Le clip est composé d’images d’archives de la famille de sa réalisatrice Cassandre Émanuel. « Ça m’a touché, parce que j’ai vu à quel point cette chanson n’était pas si personnelle et qu’elle pouvait toucher plus de gens que juste moi et ma famille », a expliqué Étienne Fletcher dans ses remerciements.

Étienne Fletcher est le récipiendaire des prix Trille Or Export Ouest et Vidéoclip. Photo : Rachel Crustin / ONFR

C’est Alexis Normand qui a gagné le prix du Spectacle de l’année pour Assez French, qui réunissait à la fois la musique, la projection de son documentaire du même nom et des conversations avec le public. La principale intéressée s’est dite étonnée, au micro d’ONFR. « Je suis émue. Ce spectacle-là était difficile à faire pour moi, les premières fois. J’avais peur de raconter mon histoire. Mais plus les gens me partageaient leurs histoires, plus ça me donnait confiance. »

La catégorie Chanson primée a été précédée d’une performance du duo électro Faux Soleil (David Emme et Shawn Jobin), qui ont remixé toutes les chansons finalistes. Le prix a été remis à Ponteix pour la chanson St. Denis. « À chaque Trille Or, je suis époustouflé de voir la qualité d’or qui existe au Canada. Je suis honoré d’être parmi tellement de talents, et je suis juste fier de pouvoir contribuer à ma manière », a-t-il réagi en entrevue avec ONFR.  

Deux soirées Célébrations

Deux remises de prix, ouvertes aux membres de l’industrie culturelle, ont eu lieu dans les derniers jours. C’est Marc-Antoine Joly qui a remporté le plus de statuettes, au nombre de trois pour son projet JOLY (Prise de son et mixage, avec son frère Simon Joly, Rock/métal/punk et Réalisation et arrangements) et d’une dans la catégorie Initiative artistique, pour le balado De quoi tu parles de?, qu’il animait avec Nicholas Monette.

Marc-Antoine Joly a remporté quatre Trille Or : trois pour son projet musical JOLY et un pour le balado De quoi tu parles de? Photo : Rachel Crustin / ONFR

Parmi les autres moments forts de ces deux soirées, notons la remise du prix Hommage à la formation Garolou, mercredi soir. Michel Lalonde, Marc Lalonde, Bobby Lalonde et Réginald Guay sont montés sur scène pour recevoir leur prix des mains de deux autres piliers de la musique franco-ontarienne : Robert Paquette et Breen LeBoeuf. Ce dernier a entre autres raconté des anecdotes de la tournée Québec Rock, qui avait réuni Zachary Richard, Garolou et Offenbach au début des années 1980.

La veille, le prix Bâtisseur Paul-Demers a été remis à un autre Marc Lalonde, celui qui anime l’émission Can-Rock depuis plus de 30 ans et est toujours aussi passionné de musique franco-canadienne. Le prix lui a été remis par le directeur général de l’Assemblée de la francophonie de l’Ontario (AFO), Peter Hominuk, et le mélomane bien connu, Guy Madore. Ce dernier a rappelé avec émotions que les archives de sa femme Pierrette Madore, qui avait reçu le même honneur à titre posthume en 2023, sont maintenant gardées précieusement par le Centre de recherche sur les francophonies canadiennes (CRCCF) de l’Université d’Ottawa, à qui il en a fait don.

Les membres de Garolou présents pour recevoir le prix Hommage. De gauche à droite : Bobby Lalonde, Michel Lalonde, Réginald Guay et Marc Lalonde. Photo : Philippe Larivière

Cette année marquait une bonne présence des artistes franco-manitobains. Ils sont plusieurs à avoir reçu des prix. C’est le cas pour Jocelyne Baribeau (Country, avec Beauséjour) et son fils Micah! (Musique pour enfants). « Ça fait vraiment du bien de partager nos chansons et nos accents », a lancé Jocelyne Baribeau au moment de recevoir son prix pour son duo avec l’Acadienne Joanie Benoît. « Je suis très fière d’être Franco-Manitobaine. Je suis fière d’être la maman d’un artiste franco-manitobain », a-t-elle ajouté.

D’autres remerciements touchants ont été ceux du Franco-Ontarien Kimya (Hip-hop/Rap/Musique urbaines), qui a demandé à la foule d’avoir une pensée pour les enfants qui travaillent dans les mines de cobalt de l’est du Congo, son pays natal.

Les autres artistes ayant remporté des prix lors des deux soirées Célébrations sont les Rats d’Swompe (Export Ontario), Aline’s Étoile Magique (Musiques contemporaines), Natalie Aloessode-Bernardin d’Amixie (Impact entreprise) et Willows (Folk).

La nouvelle propriétaire souhaite « préserver l’héritage de Nicole Guertin »

TEMISKAMING SHORES – C’est aujourd’hui que Samantha Babin va accueillir ses premiers clients, quelques semaines après avoir acheté la dernière maison de la bannière Les Suites des Présidents. La jeune propriétaire au parcours inspirant promet de préserver l’héritage de la défunte propriétaire Nicole Guertin tout en apportant une touche personnelle à cette bâtisse historiquement ancrée dans la région.

Le pari était loin d’être gagné pour les Babin, mais dès qu’elle a entendu que des investisseurs de Toronto étaient intéressés par l’achat, Samantha Babin a su que c’était maintenant ou jamais.

La jeune femme de 38 ans a immédiatement cherché à prendre contact avec Jocelyn Blais, ex-propriétaire des Suites des présidents, pour lui parler de son rêve de toujours d’être propriétaire des lieux.

Née au sein d’une famille modeste de Haileybury, celle-ci passait tous les jours devant la maison en allant prendre le bus pour l’école.

« Je la regardais toujours et je disais à mes parents ‘Un jour, j’habiterai là-bas et nous y vivrons tous’ », confie-t-elle.

Samantha Babin est heureuse de pourvoir revenir à Haileybury, Temiskaming Shores, grâce à ce projet immobilier. Source : Suites des Présidents

À l’époque et durant toute son enfance, Samantha Babin était sans-abri, mais ne le savait pas.

« Mes parents n’avaient pas les moyens d’acheter, alors ont louaient et ont se faisaient expulser, car les lois n’étaient pas aussi établies à ce moment-là. Ils ont acheté une très vieille autocaravane et ont décidé que nous allions camper. Ils étaient tellement créatifs que nous n’avons pas réalisé que nous étions sans-abri », explique-t-elle.

Sa famille l’a toujours encouragée à croire en son rêve : « Ma grand-mère me disait toujours que si tu as un rêve et que tu y crois vraiment, tes souhaits se réaliseraient, donc, toute ma vie, j’ai gardé ça très près de moi. »

Le bon timing

En 2004, le couple Jocelyn Blais et Nicole Guertin avait fait l’acquisition de plusieurs maisons, y compris celle-ci, pour monter ce projet hôtelier au bord du lac Témiscamingue sous la bannière Les Suites des présidents.

Afin de préparer leur retraite, ces derniers ont mis en vente une à une les six maisons du complexe en 2018. À ce moment-là, le prix demandé était trop élevé pour le couple Babin.

C’est finalement en 2024, après avoir beaucoup économisé que Samantha Babin a décidé de faire une offre à M. Blais, surtout lorsqu’elle a appris que des acheteurs potentiels du sud de la province souhaitaient l’acquérir.

Jocelyn Blais et son épouse Nicole Guertin sur l’île Farr possèdent l’Île Farr. Source : Suites des Présidents

« Je lui ai parlé de mon histoire, de mon rêve et de tout ce que je voulais faire avec la maison. Je lui ai fait une offre, mais je lui ai dit que je ne pouvais pas aller au-dessus si c’est une surenchère avec d’autres acheteurs », raconte la jeune femme, qui était installée au Québec depuis 19 ans avant d’acheter la maison.

C’était suffisant pour convaincre Jocelyn Blais, qui a perdu son épouse en 2021 : « C’était des jeunes de la région, avec beaucoup d’enthousiasme, une vision et des valeurs communes à la mienne et celle de Nicole alors c’est pour ça que je me suis dit pourquoi ne pas y aller avec eux. »

Le mari de Samantha Babin est lui aussi originaire de Haileybury et fera des allers-retours entre Ville-Marie, au Québec, et la maison où est installée son épouse.

La même approche holistique

« C’est très important pour moi de perpétuer l’héritage de Nicole et je compte le faire », promet Mme Babin qui a gardé le nom des suites de l’étage, lesquels portent les noms de Nicole et d’autres propriétaires du passé.

« Je vais continuer à adopter une approche holistique, Nicole aimait beaucoup la nature, les visites guidées et ce genre de choses. J’ai donc l’intention d’utiliser certaines de ses idées et de les remettre au goût du jour », continue-t-elle.

Samantha Babin a remis à neuf certains des équipements de l’hôtel. Gracieuseté de Samantha Babin

Et comme si les étoiles n’étaient pas plus alignées, l’offre d’achat a été acceptée le 9 mai dernier, le jour de l’anniversaire de Samantha Babin.

Autre hasard du calendrier : les Babin se sont rencontrés en 2006 au feu hôtel Matabanick, lequel appartenait aux propriétaires du terrain où se trouve l’actuelle maison des Suites des Présidents et qui avait été érigé exactement 100 ans plus tôt.

Des projets pour tous

Bien qu’elle souhaite conserver le concept inventé par Nicole Guertin, Mme Babin souhaite proposer des nouveautés pour plaire, aussi, à la clientèle plus jeune.

Elle compte débuter en grande pompe avec un événement sur le thème de la célèbre série télévisée « Bridgerton », un drame fictif qui se déroule en Grande-Bretagne à l’époque de la régence. Les clients pourront prendre un thé dans le hall principal décoré de la maison avant de s’aventurer à l’extérieur pour jouer sur la pelouse.

Samantha Babin souhaite offrir des expériences comme Bridgerton qui sont habituellement offertes dans des grandes villes. Source : Suites des Présidents

En plus du service hôtelier, Mme Babin envisage de proposer d’autres expériences spécialisées telles que des anniversaires, des enterrements de vie de jeune fille et des fins de semaine entre filles.

Celle qui travaillait au Collège Northern veut aussi tirer parti de l’emplacement privilégié de la maison en face d’un lac.

Pour ce faire, elle a acquis une flotte de kayaks qui seront disponibles pour la location et les visites guidées auprès d’une compagnie située à Ville-Marie, de l’autre côté de la frontière.

Les kayaks sortiront pour la première fois ce vendredi sur le lac Témiscamingue. Gracieuseté de Samantha Babin

« Nous allons collaborer, car nous sommes tous les deux au bord du lac Témiscamingue et on veut accroître les partenariats entre francophones et anglophones. »

Mme Babin ne compte pas s’arrêter là puisqu’elle souhaite acquérir, comme ses prédécesseurs, d’autres propriétés historiques au cours des cinq prochaines années, y compris l’île Farr, si Jocelyn Blais décidait de la vendre un jour.

Oasis Centre des femmes souffle ses 30 bougies, mais la lutte à l’égalité se poursuit

TORONTO – L’institution du Grand Toronto qui œuvre contre les violences domestiques et pour les femmes francophones a bien évolué depuis sa création en 1995. Passant d’un à une dizaine de programmes puis de deux à une vingtaine d’employées, le centre a déployé une multitude de services qui se développent à l’unisson dans la lutte en faveur l’égalité et l’inclusion. Retour sur Oasis Centre des femmes qui soulignera ce vendredi sa 30e année lors d’un grand gala.

En réflexion sur ces 30 années de service, la présidente de l’organisme, Axelle Cazalets, affirme que stabiliser les finances et assurer l’existence de l’organisme s’est traduite par la nécessité d’aiguiller les activités en fonction des besoins actuels des femmes francophones.

Plusieurs organismes torontois, à l’instar de Oasis, se trouvent dans une situation de vulnérabilité relative en raison de leur dépendance aux subventions, et par conséquent, au contexte politique, ce qui pousse ces acteurs à reviser activement leurs lignes directrices.

« Les challenges et les problématiques de Oasis il y a 30 ans ne sont pas les mêmes qu’il a 10 ans et ne sont pas les mêmes aujourd’hui » , confie Mme Cazalets.

Axelle Cazalets est la présidente de l’organisme depuis Septembre 2024. Photo : ONFR/Laetitia Dogbe

Un bilan doux-amer

Le flot de témoignages de résilience des femmes passées par Oasis combinée à une progression de la violence en Ontario pose un constat insatisfaisant auprès de la direction d’un tel organisme.

« C’est le flambeau que l’on continue de passer, et moi je vais le passer à la prochaine, la prochaine le passera à la prochaine, jusqu’à ce qu’Oasis devienne juste un centre d’épanouissement, pas juste un organisme qui lutte contre la violence » , estime la directrice générale, Dada Gasirabo, qui prendra sa retraite cette année.

L’Ontario et la Ville de Toronto ont tous deux déclaré la violence conjugale comme étant est une « épidémie » au cours des deux dernières années à mesure que la violence a pris une envergure ordinaire et normalisée.

La tâche de sensibilisation et conscientisation auprès de la communauté ainsi qu’auprès des partenaires ou bailleurs de fonds a notamment été influencée par un recrutement au sein de l’organisme de personnes véritablement engagées et en révisant ses règlements afin de stabiliser et retenir ses mandataires.

La troisième décennie de l’organisme a été marquée par l’émergence de nouveaux services en s’attelant à mieux comprendre les besoins des femmes, notamment celle des nouvelles arrivantes qui constituent « 75 % à 80 % des utilisatrices d’Oasis », précise la directrice générale.

Cette dernière explique que c’est dans cette idée qu’un programme d’entrepreneuriat a vu le jour afin de couvrir les besoins de sécurité économique grandissant chez ces femmes. « On a créé un programme d’entrepreneuriat qui a formé 200 entrepreneures », ajoute Dada Gasirabo.

Une grande diversification des services

Dans cette conscience vis-à-vis de l’importance de se renouveler s’en est suivi une augmentation des services et du nombre de clientes qui tend à la hausse. Par exemple, l’accès tremplin qui donne certaines automatisations aux femmes par les outils informatiques pour celles qui veulent gagner en indépendance financière constitue un moyen nouveau pour se sortir de la violence.

Par ailleurs, le comité des hommes alliés de Oasis au sein de l’organisme lui a donné un nouvel élan depuis 2019, dans la mesure où le dialogue et la sensibilisation face aux multitudes de formes de violence ont permis d’être élargie en dehors du camp des victimes.

« 97 % de femmes abusées le sont par les hommes et seulement 3 % des abusés sont des hommes. Cette proportion est très disproportionnée », poursuit la directrice générale.

« C’étaient certains hommes qui ont exprimé l’envie de participer à ce combat, à participer à cette cause, et en mentionnant le fait qu’ils voulaient aussi apporter quelque chose à la cause », dit Serge, un membre des hommes alliés.

Ce dernier, Serge Paul qui a initialement commencé comme formateur, explique qu’amorcer ces conversations directement au sein de la communauté masculine est un fort moyen de sensibilisation.

« On va dans des collèges francophones, College Boréal, l’Université de l’Ontario français, Glendon, et on fait des conférences auprès des étudiants pour leur planter des graines positives dans leur comportement vis-à-vis des femmes », assure-t-il.

Serge Paul fait parti du comité des hommes alliés de Oasis qui sont toujours plus nombreux chaque année à rejoindre la lutte contre les formes de violence à l’égard des femmes. Photo : ONFR/Rudy Chabannes

C’est dans cette idée que Oasis a créé le comité des hommes alliés tout en gardant le conseil d’administration complètement féminin.

« Donc ces hommes-là, on va les éduquer, les former, leur expliquer l’intérêt d’avoir des égalités sociales entre les sexes. Ça va vraiment être à coups de formation, d’explication, d’éducation au niveau à ce sujet là. Éducation culturelle, éducation sociale, et leur expliquer comment ça se passe au Canada, comment ça devrait se passer dans le monde entier », conclut Serge Paul.

À l’avenir : assurer l’offre de services

En tant que présidente, Axelle Cazalets estime que l’une des thématiques à aborder sera d’assurer l’offre de services. « Il y a des fondations qui ont toujours été là depuis 30 ans. Et je pense que c’est un organisme qui s’est battu pour garder le cap et continuer à exister », déclare-t-elle.

Le 30e anniversaire marque une célébration, mais surtout un moment de réflexion sur la pérennité de l’organisme. « D’un point de vue opérationnel, je pense que nos membres de gestion et les chargés de l’accueil font de très gros efforts et ont une très grande présence et capacité d’écoute. Et ça passe par de la formation », confirme la présidente.

C’est lors d’un gala réunissant la communauté francophone du Grand Toronto qu’Oasis fête ses 30 ans. Photo : ONFR/Laetitia Dogbe

La numérisation et l’introduction d’un département des communications après la pandémie a souligné la volonté de Oasis à se diversifier et à se numériser afin de mieux atteindre les femmes dans le besoin. « Beaucoup sont prisonnières dans leur maison parfois et on les empêche de sortir », raconte l’homme allié Serge Paul.

À mesure que l’organisme se développe et se numérise, les besoins d’outils et de femmes expertes en cybersécurité et sur les technologies de l’information vont s’amplifier afin de s’aligner en même temps que les nouveaux besoins de la communauté féminine.

« Il faut qu’on utilise un peu plus les réseaux sociaux, qu’on aille un peu plus dans les écoles, qu’on aille chercher d’autres panels de clientes pour faire un peu plus de prévention. Je pense qu’on essaie de changer un peu les points d’accès justement pour essayer de répondre aussi aux attentes », confirme la présidente.

Le Conseil de l’administration ainsi que la direction générale semble travailler conjointement sur ces tâches qui resteront en constante évolution, soit autant que les défis qui habitent la vie des femmes francophones en Ontario. « J’ai beaucoup d’espoir parce que j’ai vu comment l’organisme a grandi dans 30 ans et je vois Oasis comme cette femme en constante croissance et progression », soutient Dada Gasirabo.

Oasis Centre des femmes fêtera son trentenaire le 30 mai à Toronto dans un contexte où les mœurs ainsi que les rapports entre les hommes et les femmes évoluent.

Vanessa Gilles, un nouveau départ avec le Bayern Munich et en sélection canadienne

WINNIPEG – Parfois, une fin de saison douloureuse devient le point de départ d’une renaissance. C’est le cas de Vanessa Gilles. Après une élimination amère en demi-finale de la Ligue des champions avec l’Olympique Lyonnais face à Arsenal et des négociations contractuelles qui se sont éternisées avec son ancien club, la défenseure internationale canadienne a décidé de prendre un virage inattendu : elle portera les couleurs du Bayern Munich la saison prochaine. Une décision mûrie, assumée, et empreinte d’un nouvel élan personnel et professionnel.

« Le Bayern, c’est un des plus grands clubs du monde, dit-elle. Quand tu portes ce maillot, tu fais partie de quelque chose de plus grand que toi. »

Après sept ans en France, Gilles a pourtant envisagé de rester. « J’avais mes repères, ma famille, la langue… rester à Lyon aurait été la solution facile », confie-t-elle. Mais les hésitations du club, malgré sa volonté initiale de prolonger l’aventure lyonnaise, ont ouvert la porte à la réflexion. Le Bayern est rapidement apparu comme une évidence.

« C’est un club qui vise des titres, avec des joueuses parmi les meilleures au monde. Et puis, il y a cette culture humaine : quand j’ai rencontré le staff, les dirigeants, j’ai senti une vraie attention portée à l’individu. On m’a valorisée, pas seulement comme joueuse, mais aussi comme personne. »

Vanessa Gilles a signé pour trois ans, elle sera liée avec le club allemand jusqu’en 2028. Photo : gracieuseté de Vanessa Gilles

Munich, c’est aussi une ville nouvelle, une langue à apprendre — la quatrième pour elle —, un cadre de vie riche, jusqu’à l’Oktoberfest qu’elle évoque avec humour. « C’est dans le changement qu’on continue à grandir », résume-t-elle.

Retour au pays et retrouvailles avec la sélection

Quelques jours après l’officialisation de sa signature en Allemagne, Gilles a retrouvé l’équipe nationale canadienne pour un camp estival et deux matchs amicaux contre Haïti le 31 mai et le 3 juin. Un retour qu’elle accueille avec enthousiasme, dans un contexte aussi exigeant qu’enthousiasmant

« Venir en sélection, c’est toujours un plaisir, insiste-t-elle. Peu importe si c’est en fin ou en début de saison, c’est un privilège. Et ce camp est particulier : on va jouer à Winnipeg pour la première fois pour moi, et surtout célébrer Daisy (Desiree Scott), une joueuse essentielle dans l’histoire de cette équipe. »

Winnipeg, c’est aussi une forme de découverte de son propre pays. « On nous a parlé d’un grand musée, d’une plage magnifique à une heure d’ici… et bien sûr, Daisy n’arrête pas de nous parler de ses slushies de chez 7-Eleven depuis des années, raconte-t-elle en riant. C’est chouette de découvrir des régions que je ne connaissais pas. »

Une exigence renouvelée sous Casey Stoney

Mais si l’ambiance est bonne, les objectifs n’en sont pas moins sérieux. La récente défaite surprise du Canada contre l’Argentine (1-2) a servi d’électrochoc. 

« On n’a pas été au niveau. Et ça nous a rappelé qu’on ne peut pas se contenter du minimum. »

Avec la sélection nationale, Vanessa Gilles a déjà le regard tourné vers la Coupe du monde 2027 qui doit se préparer dès à présent. Photo : gracieuseté de Vanessa Gilles

Sous la houlette de Casey Stoney, l’approche a changé. « Pendant ces dernières années, on a peut-être toléré un niveau d’exigence insuffisant. Il y avait une certaine aisance, une routine. Casey nous a fait comprendre que c’est tous les jours qu’on construit une Coupe du monde. Aux entraînements, aux réunions, dans nos routines personnelles… La préparation pour 2027 (Coupe du monde) commence maintenant. »

Contre Haïti, Gilles et ses coéquipières veulent montrer un nouveau visage : conquérant, discipliné, collectif.

Montréal, la maison. Ottawa, l’espoir.

Après Winnipeg, la sélection se rendra à Montréal, pour un deuxième match qui tient à cœur à la défenseure.

« Montréal, c’est la maison. Ma famille est là, à Châteauguay, Laval… Le clan Gilles sera dans les tribunes, sourit-elle. Jouer à domicile, sur une pelouse naturelle en plus, c’est rare ici. Il y a une fierté particulière. »

Et si elle parle de Montréal avec affection, Ottawa, sa ville de cœur, n’est jamais bien loin de ses pensées. « Je suis la plus grande défenseure de l’idée de jouer à Ottawa avec l’équipe nationale, martèle-t-elle. Mais à chaque fois, ça finit à Toronto ou Montréal, souvent pour des raisons de pelouse… Pourtant, l’ambiance est incroyable, on l’a vu il y a quatre ans lors de la Celebration Tour (tournée canadienne pour fêter le titre olympique). »

En attendant que ce rêve se concrétise, Vanessa Gilles continue de suivre les équipes sportives de ses deux villes préférées. Elle cite avec fierté Lily, une joueuse d’Ottawa qui vient de marquer son premier but professionnel. « Je suis la SLN (Super Ligue du Nord) de près, c’est excitant de voir le développement du foot féminin ici. En hockey, je suis surtout la LPHF (Ligue professionnelle de hockey féminin), même si je n’ai pas encore pu voir un match en live. J’adore voir des sportives d’élite performer, peu importe le sport. »

Deux artistes autochtones en vedette au Musée des beaux-arts du Canada

OTTAWA – Le Musée des beaux-arts du Canada (MBAC) inaugure deux nouvelles expositions ce 29 mai, lors des soirées gratuites du jeudi. Vagues du désir, de Nadia Myre, et Bienvenue dans la maison des rêves, de Skawennati, seront ensuite ouvertes au public du 30 mai au 1er septembre 2025. Les deux propositions se font écho sans se ressembler. Elles racontent les enjeux autochtones en jouant avec les moyens d’expression artistique et en remodelant l’espace-temps.  

Avoir son exposition solo au MBAC est un moment particulièrement touchant pour des artistes femmes autochtones, peu nombreuses à avoir déjà reçu cet honneur.

« Je suis tellement honorée et ravie », a lancé Nadia Myre lors de l’avant-première médiatique, mercredi. « Je me sens vue », a également exprimé Skawennati au micro d’ONFR.

L’entrée de l’exposition Vagues de désir, revisitant les 20 dernières années de pratique de Nadia Myre. Photo : Rachel Crustin / ONFR

Dans Vagues du désir, le temps est suspendu et des œuvres des 20 dernières années sont mises en relation entre elles. En entrevue, Nadia Myre se réjouit « d’avoir une exposition qui présente vraiment un design qui parle de mon travail. J’aime beaucoup qu’on voie toujours les œuvres en contexte avec les autres. On voit des œuvres qui se parlent à travers vingt ans de pratique. »

L’artiste se lève pour nous montrer un exemple, un angle parfait qui permet d’admirer dans un même point de vue le début et la fin de l’exposition. « Je ne sais pas que je fais ça. Mais maintenant, je peux le voir. Ça met les œuvres en perspective. »

Parmi les premières œuvres présentées, une reproduction perlée de la Loi sur les Indiens interpelle le visiteur. Plus loin, une installation immersive joue en boucle Anonymes et Dans le sillage des ombres, des œuvres vidéo datant respectivement de 2015 et 2024.

Le contraste entre le travail de perlage traditionnel et les mots de la Loi sur les Indiens interpelle le visiteur. Photo : Rachel Crustin / ONFR

L’exposition remonte même à l’enfance de l’artiste établie à Montréal et membre de la Nation algonquine des Anishinabeg de Kitigan Zibi. Une peinture d’enfant, réalisée à l’âge de cinq ans, présente une maison sur jambes. Impossible de savoir ce que la jeune Nadia aurait pensé si elle avait su que son œuvre se retrouverait dans un grand musée, mais la Nadia adulte analyse volontiers l’image. « J’ai trouvé ça dans les archives de mon père. Ça explique un peu la réalité que j’avais à cinq ans, raconte-t-elle. J’étais entre deux parents, ma mère était à Vancouver et mon père était à Montréal. »

C’est plus tard dans la vie que l’artiste a commencé à se questionner sur ce que signifiait le fait d’être autochtone. Pour la commissaire de l’exposition, Rachelle Dickenson, les œuvres de Nadia Myre et les nombreux moyens d’expression utilisés « ne donnent pas de réponses, mais posent des questions essentielles » qui peuvent provoquer des réflexions puissantes.

Le futur est autochtone

L’exposition Bienvenue dans la maison des rêves présente des œuvres de Skawennati créées dans les 25 dernières années. L’artiste Kanien’kehá :ka (mohawk) conjugue son identité autochtone et sa passion pour le monde de la science-fiction et des jeux vidéo. En entrevue avec ONFR, elle dit se sentir bien dans ce monde virtuel qu’elle a créé, et où se promène entre autres son avatar, xox.

« Je veux que mon monde ressemble davantage à ce monde virtuel rempli de couleurs. »
— Skawennati

Les couleurs vives sont en effet au cœur de l’œuvre de Skawennati, qui a imaginé un univers futuriste où les personnes autochtones seraient des personnages principaux épanouis, tout en honorant les traditions et sans faire l’impasse sur les injustices historiques.  

Si le contraste entre le visuel et le propos est frappant, l’artiste explique qu’elle ne crée pas avec cette idée en tête.

« Dans la littérature, nous représentons le passé. Nous représentons les personnes qui ne pouvaient pas comprendre la technologie, la race qui meurt et disparaît, se désole-t-elle. J’adore faire des images de personnes autochtones. J’adore faire des images de science-fiction. Mettons ces deux choses ensemble, personne d’autre ne le fait. »

Les trois soeurs, de Skawennati. Photo : Rachel Crustin / ONFR

Dans l’exposition, elle présente des machinimas, un mot-valise qui vient des mots machine et cinéma, sur lequel elle est tombée et qui sied bien à son œuvre. Ces courts-métrages sont créés à partir de Second Life, un logiciel qui permet de construire et personnaliser tout un monde virtuel, dans lequel on peut aller passer du temps, entre avatars.

Skawennati écrit ses scénarios et prévoit des chorégraphies pour faire bouger les avatars. Avec des collaborateurs, elle crée les personnages et le décor, puis toute l’équipe se connecte pour jouer la scène. Des acteurs enregistrent les voix et le tout est repassé au montage et bonifié d’effets sonores et visuels.

En plus des machinimas, l’exposition est composée d’œuvres créées à partir de différents matériaux. L’artiste explique s’être inspiré d’éléments de son enfance, comme les poupées, par exemple, pour parler de sujets qui lui importent en tant qu’adulte.

Une installation visuelle et sonore débute l’exposition Bienvenue dans la maison des rêves. Photo : Rachel Crustin / ONFR

« Je ne cherche pas la sympathie. J’essaie simplement de présenter les faits sous la perspective d’une personne autochtone. Je ne crois pas que la société au sens large n’ait eu beaucoup d’occasions de voir ce point de vue. »

Skawennati explique ne pas vouloir se poser en victime. « Il y a beaucoup d’aspects négatifs d’avoir grandi sous la Loi sur les Indiens. Mais on fait avec. On rit, vous savez! »

Lorsqu’on lui demande ce qu’elle souhaite pour les autochtones du futur dans le monde réel, elle répond : « Je pense que le processus de revitalisation qui se passe en ce moment (…) est très inspirant. Je nous souhaite de ravoir nos langues et nos cérémonies, nos cultures et nos savoirs. Je souhaite à toutes les personnes autochtones de les connaître si bien qu’on ne craigne plus de les montrer aux allochtones. »

Elle pense que les savoirs traditionnels seraient encore bénéfiques pour l’environnement et la société. Elle aimerait également voir plus d’éléments culturels autochtones être représentés dans les grands musées.

« Je pense aussi que ce serait bien que le territoire nous revienne. Mais surtout, je veux simplement la justice et la paix pour tous. Je veux que toutes les sociétés puissent vivre en sécurité, que nos besoins de base soient comblés », conclut-elle.

Un mur de l’exposition Bienvenue dans la maison des rêves, de Skawennati. Photo : Rachel Crustin / ONFR

Le public pourra rencontrer les deux artistes dans la salle des expositions temporaires le 31 mai en après-midi : de 13 h à 14 h pour Nadia Myre et de 14 h 30 à 15 h 30 pour Skawennati.  

Hiver à Sokcho : une Franco-Coréenne en quête d’identité

À Sokcho, une station balnéaire endormie de Corée du Sud, la routine de Soo-Ha, 23 ans, bascule avec l’arrivée de Yan Kerrand, un illustrateur français. Leur rencontre ravive chez elle le mystère de ses origines et éveille un trouble intime, alors que l’hiver fige la ville et fait naître entre eux un lien aussi fragile qu’inattendu.

Les partisans torontois du PSG impatients avant la finale de la Ligue des Champions

TORONTO – Trois bars, une ville, et des centaines de cœurs battant à l’unisson pour Paris, à quelques jours de la finale de la Ligue des champions. Pour ce match de soccer si spécial, qui aura lieu ce samedi (15 h), le PSG Fan Club de Toronto met les petits plats dans les grands pour faire vibrer la métropole canadienne. Si l’événement promet d’être festif, l’impatience et la tension montent aussi chez les partisans. Plongée dans les préparatifs et dans l’état d’esprit de deux amoureux du club parisien.

« Ce samedi, Toronto va devenir un petit Paris », sourit Olivier Debregeas, fondateur du PSG Fan Club de Toronto. À l’occasion de la finale de Ligue des champions entre le Paris Saint-Germain et l’Inter Milan, le club de supporters organise une journée exceptionnelle qui rassemblera plusieurs centaines de fans dans trois bars du centre-ville.

« C’est une saison historique, et il fallait marquer le coup, explique Olivier. On a gagné le le championnat et la Coupe de France. Il ne manque plus que la Ligue des champions pour réussir le triplé parfait. »

Face à l’engouement pour l’événement, les organisateurs ont rapidement compris que le bar habituel où se rencontrent les amoureux du PSG, le Friar (160 rue John,) ne suffirait pas. Après avoir mis en ligne des billets gratuits pour l’événement principal, ceux-ci sont partis en à peine 22 heures.

« La capacité est limitée à 100 personnes. Par respect des règles de sécurité, impossible d’en faire rentrer plus. On compte vraiment respecter les règles et les personnes n’ayant pas de ticket seront redirigées vers deux autres bars. »

Pour satisfaire la demande, deux autres bars se sont donc ajoutés : The Pint, situé sur le chemin entre la Tour CN et le Friar, et le Saint-Louis Bar & Grill, près du Eaton Centre, qui deviendra par ailleurs le bar officiel de diffusion des matchs de Ligue 1 la saison prochaine.

Plus qu’un match, une journée festive

La journée ne se résume pas à une simple retransmission. Dès 13 heures, un cortège partira du pied de la Tour CN.

« Pas un défilé façon Fashion Week, plaisante Olivier, mais une marche pacifique pour montrer les couleurs du PSG dans Toronto. Une manière de rassembler, de chanter, de faire monter l’ambiance avant le coup d’envoi. »

Chaque bar est préparé pour accueillir les fans dans de bonnes conditions, avec des zones réservées et des consignes claires.

« On veut une ambiance de folie, mais respectueuse. Pas de débordements, pas de pression. Juste des chants, des sauts, des sourires. On veut que ce soit une vitrine du foot français au Canada. »

Et si Paris l’emporte? « On essaiera de tous se retrouver après la victoire. Pourquoi pas à Nathan Phillips Square. Si on gagne, il faut marquer le coup, ensemble, dans la joie et la dignité. »

La passion du PSG se transmet de génération en génération dans la famille Debregeas, ici Olivier avec sa fille au Parc des Princes. Photo : gracieuseté d’Olivier Debregeas

Olivier et July entre excitation et tension

Depuis la qualification contre Arsenal, le compte à rebours a commencé. Olivier compare cette attente à celle d’un enfant avant Noël : « Tu sais que quelque chose de magique peut arriver, mais les journées sont trop longues. Je suis excité, stressé, occupé aussi. Et je pense à tous ceux qui vont vivre ce moment avec nous à Toronto. »

July, Parisienne installée à Toronto depuis un an et demi, partage cette impatience.

« Le mois de mai me semble interminable. J’en peux plus! Je compte les jours, les heures. » Supporter le PSG à distance, ce n’est pas toujours facile, mais grâce au fan club, elle se sent « en famille ». « On est loin de Paris, mais on est ensemble. J’ai même réuni un groupe de 14 amis pour regarder le match. Certains ne connaissent pas le foot, mais veulent vivre ce moment. C’est fort. »

Côté match, les deux supporters s’attendent à une finale indécise. « Pour moi, ça va se jouer sur des détails, confie Olivier. Les statistiques nous donnent un avantage, mais l’Inter a plus d’expérience. Il faudra être concentrés à 100 %. »

July, elle, mise sur les gardiens. « Donnarumma a été énorme, Sommer aussi. Ce sera un match très mental. Le premier but changera tout. Je vois un 2-1, but à la 91e minute! Tout ce que j’espère c’est qu’il n’y aura pas de prolongation, ni de tirs au but. Mon cœur ne tiendrait pas! »

Malgré la tension, les deux veulent savourer l’instant. « C’est notre deuxième finale en quatre ans, rappelle Olivier. C’est rare, c’est précieux. »

Et pour ceux qui aiment les signes, Olivier glisse un clin d’œil aux superstitieux : « La dernière fois qu’un club français a gagné la Ligue des champions, c’était l’OM… en 1993… à Munich… contre une équipe de Milan. Et cette année? Finale à Munich, face à l’Inter Milan. Si on veut y croire, les planètes sont peut-être alignées. »

Julie résume le sentiment général en une phrase que tout supporter parisien à Toronto pourrait faire sienne : « Même si on perd, au moins on sera ensemble dans cette douleur. Et si on gagne, Toronto s’appellera Paris le 31 mai 2025. »

Le rendez-vous est donc donné : ce samedi, à 13h au pied de la Tour CN pour le début des festivités. Ensuite, direction les trois bars pour vivre, vibrer, et peut-être célébrer une soirée historique pour le PSG.

« Je suis ici pour rester » : paroles de nouveaux citoyens

Chaque année, des centaines de milliers de citoyens s’ajoutent à la grande famille canadienne. Jusqu’à la fin mars de cette année, 87 951 nouveaux citoyens ont prêté serment, dont 10 102 francophones, soit 11,48 %. Qui sont-ils? Que signifie ce moment? Comptent-ils rester? À l’occasion de la Semaine de la citoyenneté (du 26 mai au 1er juin), ONFR est allé à leur rencontre.

Plus de 300 000 personnes obtiennent la citoyenneté canadienne chaque année. Selon Immigration, Réfugiés et Citoyenneté Canada (IRCC), en 2024, ils étaient précisément 375 321, originaires de plus de 220 pays. Jusqu’à la fin mars de cette année, 87 951 nouveaux citoyens ont prêté serment, dont 10 102 francophones, soit 11,48 %.

Pour la juge Marie Senécal-Tremblay, qui présidait une cérémonie à Ottawa mardi dernier, la citoyenneté est bien plus qu’un statut administratif. « La Semaine de la citoyenneté, c’est un moment privilégié dans l’année qui nous permet de réfléchir et de mettre en évidence les droits, les privilèges et les responsabilités qui découlent de ce que cela signifie d’être citoyen du Canada », estime-t-elle.

« Ce sont ces valeurs — d’ouverture, de partage, de respect et d’entraide — qui nous ont souvent amenés, en tant qu’immigrants, à faire le choix de vouloir appartenir pleinement à cette grande famille canadienne. »

Marie Senécal-Tremblay, juge de la citoyenneté. Photo : ONFR/Amine Harmach

L’aboutissement d’un rêve

Rencontré lors de la même cérémonie de citoyenneté où 91 nouveaux citoyens issus de 34 pays ont prêté serment, Éric Mugisha affiche une émotion contenue, mais palpable. « Vraiment, je disais à mon frère : c’est le résultat d’un grand parcours », confie-t-il, lui qui a obtenu sa citoyenneté en mars 2025.

Ce mardi 27 mai au Musée des beaux-arts du Canada où s’est déroulée la cérémonie solennelle, Éric est surtout venu soutenir sa mère, elle aussi passée par le même cheminement, du statut de réfugiée jusqu’à la citoyenneté. « C’est un long parcours pour nous deux. On est arrivés en 2017 après quatre longues années de démarches pour le regroupement familial, et aujourd’hui on y est. C’est un soulagement, une vraie joie. »

Originaire du Burundi, Éric Mugisha a été parrainé par sa conjointe. Photo : ONFR/Amine Harmach

Originaire du Burundi, Éric explique avoir été parrainé par sa conjointe, elle-même ancienne demandeuse d’asile. Mais ce n’était que le début. « Une fois ici, il nous a fallu encore passer par toutes les étapes : la demande, le test, le serment… C’est un vrai parcours du combattant », considère-t-il

Aujourd’hui, il est fonctionnaire fédéral, plus précisément dans un service responsable des passeports, ce qui lui permet, dit-il, de contribuer concrètement à ce pays. Il voit ainsi la citoyenneté canadienne comme un engagement : « Aider mes voisins, ma communauté, et faire du Canada ce pays d’espoir et de dignité. »

« Si on a trouvé le Canada beau, il faut y ajouter quelque chose »
— Éric Mugisha, citoyen canadien

Interrogé sur les nouveaux citoyens qui quittent parfois le pays, il se refuse de juger : « Chacun a ses raisons. Mais moi, je suis ici pour rester. Si on a trouvé le Canada beau, il faut y ajouter quelque chose. »

Comme Éric, d’autres nouveaux Canadiens voient dans la citoyenneté un aboutissement. C’est le cas de Zakaria Chadi, 20 ans, venu seul à sa cérémonie de citoyenneté, un peu à l’image de son parcours au Canada. « Obtenir la citoyenneté, c’est franchir une grande étape de mon rêve canadien », témoigne-t-il. S’il se réjouit aujourd’hui, Zakaria reconnaît que l’une des plus grandes difficultés a été de vivre seul, loin de sa famille. « Ce n’était pas toujours facile, mais j’ai appris à devenir plus autonome. »

Zakaria Chadi poursuit ses études en génie biomédical. Photo : Amine Harmach

Arrivé du Maroc en 2019 pour ses études à Québec, il y suit un programme collégial en sciences de la nature pendant deux ans. Zakaria finit par s’installer à Ottawa où il bénéficie d’un programme d’accès rapide à la résidence permanente pendant la pandémie. Aujourd’hui, il poursuit ses études à l’Université d’Ottawa, en génie biomédical. « Je veux contribuer à améliorer la société canadienne dans mon domaine », affirme-t-il avec détermination.

Rester ou partir après la citoyenneté? 

Une étude publiée par Statistique Canada le 16 mai dernier s’est penchée sur la question de l’émigration des nouveaux citoyens. Elle montre que parmi les immigrants devenus citoyens entre 2008 et 2012 et âgés de 25 à 54 ans à leur admission, 93 % étaient toujours présents au Canada dix ans après l’obtention de la citoyenneté. C’est même un peu plus que la cohorte précédente (2003-2007) avec 91 %. 

Aussi, la même étude relève que les francophones ont un taux de vie active au Canada (dix ans après l’obtention de la citoyenneté) plus élevé (94,4 %) que les anglophones (91,4 %). 

À ce propos, la juge Marie Senécal-Tremblay estime que les motivations personnelles varient énormément, et ne sont pas toujours connues. « La vie est pleine de tournants. Ce n’est pas à nous d’imposer la citoyenneté, c’est un choix libre », souligne-t-elle.

Mais une chose est sûre quand il est question de citoyenneté canadienne : « c’est un processus qui demande de la rigueur, car on parle d’un statut permanent, pas temporaire », assure la juge.

« On compte ainsi sur le fait que les gens choisissent la citoyenneté avec l’idée de contribuer au Canada. Peut-être maintenant, en restant, ou plus tard, même s’ils partent puis reviennent », insiste Marie Senécal-Tremblay, relevant qu’il est normal qu’il y ait un certain pourcentage qui quitte. « Aucun système n’est parfait », conclut-elle. 

Pourquoi le projet de loi 5 est-il si controversé?

TORONTO – Ce nouveau projet de loi du gouvernement Ford fait grand bruit depuis quelques semaines, et ce n’est qu’un début. Pour doper l’économie face aux volte-face américaines, l’Ontario veut créer des « zones économiques spéciales » pour s’affranchir de réglementations provinciales et accélérer des projets à fort potentiel économique tels que l’exploitation minière. « Un passe-droit » qui donnerait « carte blanche » au gouvernement, s’insurge l’opposition, et ferait fi des droits autochtones et des normes environnementales.

Ce projet de loi 5, Loi de 2025 pour protéger l’Ontario en libérant son économie, passé en seconde lecture et en étude en comité, pourrait être adopté dans les prochaines semaines.

Le principe est simple, faire accélérer les processus d’approbation de projets d’infrastructure et d’exploitation minière du Cercle de feu dans le Nord de l’Ontario, ou encore l’extension de la déchetterie de Dresden, notamment grâce à la création de « zones économiques spéciales » permettant à des investisseurs de s’affranchir de réglementations provinciales.

Les partis d’opposition dénoncent un passe-droit qui donne « carte blanche au gouvernement pour exempter n’importe quel projet ou secteur des lois et règlements en vigueur » et demandent que le gouvernement retire le projet de loi et reparte de zéro.

« Les « zones économiques spéciales » (…) ne sont rien d’autre qu’un raccourci pour permettre à ce gouvernement de faire ce qu’il veut, où il veut, a déploré la cheffe de l’opposition officielle Marit Stiles. Sans consentement. Sans consultations. Sans respecter les lois, c’est la méthode de ce gouvernement. »

Des groupes de protection environnementale et animale s’inquiètent des conséquences sur les peuples autochtones, mais aussi de l’abrogation de la Loi sur les espèces en voie de disparition de l’Ontario.

Des groupes et chefs de plusieurs Premières Nations, dont les Chefs de l’Ontario, les Nations Nishnawbe Aski, Anishinabek ou encore l’Association des Iroquois et des Indiens alliés, ont tenu lundi une conférence de presse demandant l’abrogation d’un projet de loi qui « piétine les traités », désapprouvant l’absence de consultations.

Le gouvernement tente de réctifier les points de tension

Le député néo-démocrate Sol Mamakwa, porte-parole de l’opposition en Affaires autochtones, a qualifié les amendements de dernière minute que le gouvernement apporte au projet de loi comme « une insulte destinée à faire baisser la température ».

En comité, le projet de loi a en effet été l’objet de plusieurs ajustements, notamment des éléments de langage citant la reconnaissance des droits ancestraux de traités existants prévus à l’article 35 de la Loi constitutionnelle de 1982.

Le bureau du premier ministre a également indiqué que les Premières Nations seraient consultées sur les zones économiques après l’adoption du projet de loi pour élaborer des réglementations.

« Nous avons compris le besoin de renforcer le projet de loi, a déclaré aujourd’hui Stephen Lecce, le ministre de l’Énergie et des Mines. Nous respecterons la Constitution et nous ferons des consultations. »

Greg Rickford, le ministre des Affaires autochtones et de la Réconciliation économique avec les Premières Nations a également défendu en chambre le fait que ce projet de loi pourrait augmenter leur potentiel économique.

« On les traite avec le plus grand respect. On fait plus pour eux que n’importe quel gouvernement. 3 milliards de dollars ont été donnés aux Premières Nations pour qu’ils soient nos partenaires », a également défendu Doug Ford. Il faut éliminer les formalités pour permettre aux entreprises du monde entier d’investir (…) La population nous a donné un large mandat pour tenir tête au président Trump. »

« Ce projet de loi est profondément vicié à de nombreux niveaux : atteinte aux droits des Autochtones, affaiblissement des protections environnementales, attaque contre les règles du travail, absence de surveillance démocratique… la liste est longue. Ce projet de loi est voué à l’échec dès son dépôt : il doit être abandonné et remplacé », a tranché en mêlée de presse le chef du Parti vert Mike Schreiner

Des priorités inconciliables?

Interrogé par ONFR aujourd’hui sur une possible conciliation entre développement minier et droit autochtone, Sol Mamakwa analyse : « Vous savez, je pense qu’il faut pouvoir comprendre les répercussions sur les modes de vie, les impacts sur les animaux, sur notre peuple. (…) Je ne suis pas certain qu’il existe réellement un développement minier durable. Et vous savez, ce mot-là, nous ne l’avons même pas dans notre langue. »

Le député de Kiiwetinoong Sol Mamakwa en mêlée de presse à Queen’s Park. Photo : Sandra Padovani/ONFR

« Cependant, je pense qu’il y a des possibilités de collaborer dans le respect, de travailler avec les Premières Nations. Et je crois que c’est la voie qu’elles souhaitent emprunter. Or, en ce moment, on ne les écoute pas », conclut-il.

Le gouvernement fédéral semble, lui, vouloir ménager la chèvre et le chou : « Nous faisons face à l’un des plus grands défis de notre génération, et nous devons travailler ensemble pour faire avancer des projets d’intérêt national qui rendront le Canada plus fort, plus compétitif et permettront de faire croître notre économie afin qu’elle devienne la plus forte du G7 », a exprimé le bureau de la ministre de l’Environnement Julie Dabrusin.

De concéder que : « La Couronne a l’obligation légale de consulter (les peuples autochtones), une responsabilité qui s’applique également aux provinces et aux territoires. Bien faire les choses est essentiel pour accélérer les projets d’intérêt national et éviter les retards liés à des contestations judiciaires. »

Les échanges autour du projet de loi 5 se poursuivent en comité à Queen’s Park aujourd’hui et demain.

Crise à La Cité : « Toute la communauté francophone doit se mobiliser », appelle un syndicat

David Lacaille est président de la section locale 470 du Syndicat des employés de la fonction publique de l’Ontario (SEFPO) depuis 2018. Professeur au programme de soins paramédicaux du Collège La Cité depuis 2005, il continue parallèlement à exercer comme paramédical sur le terrain.

Le Collège La Cité, établissement collégial francophone en Ontario, a annoncé la suspension de neuf programmes dès la rentrée 2025. Cette décision s’inscrit dans un contexte de pression financière attribuée à la baisse anticipée des inscriptions, notamment en raison de la crise affectant les étudiants internationaux.

La suspension de ces programmes menace directement la formation de professionnels francophones dans des secteurs essentiels comme la santé, l’éducation, les services sociaux et les médias entre autres.

«  Après la décision de suspendre neuf programmes à La Cité, quels recours vous reste-t-il? Envisagez-vous d’autres actions?

Absolument. Nous avons l’option de déclencher une grève. Il y a aussi la possibilité de recourir à la Commission des relations de travail de l’Ontario. Mais surtout, nous allons mobiliser la communauté. Parce que la fermeture de ces programmes de formation dans des secteurs clés constitue une attaque directe contre les services en français.

Les francophones sont résilients, c’est pour ça qu’on est encore là. Mais de nombreuses personnes sont unilingues francophones. Que fera-t-on quand les diplômés d’Algonquin ou d’autres collèges anglophones arriveront sans parler français? Quelle sera la qualité des services quand il y aura une barrière linguistique importante?

Justement, quelles seront les conséquences pour les étudiants et la communauté francophone?

Elles sont majeures. Prenons le programme d’assistant de l’ergothérapeute et assistant du physiothérapeute, par exemple : ses diplômés travaillent à l’Hôpital Montfort. Le programme de techniques en éducation spécialisée (TES), lui, formait des professionnels très demandés dans les écoles. Il y a aussi le programme IPH, Intervention auprès de personnes ayant un handicap, dont les diplômés sont recrutés par des dizaines d’organismes communautaires.

Le programme général d’arts et sciences préparait des étudiants à l’université, parmi eux des francophones qui sont les premières générations de leur famille à intégrer l’université. Ces jeunes perdent ainsi un tremplin essentiel. Et ce ne sont que des exemples parmi d’autres. Ainsi, supprimer ces formations, c’est fragiliser toute la chaîne des services en français.

La décision est définitive. Avez-vous encore de l’espoir?

Oui. Regardez l’exemple de l’Hôpital Montfort. Le couperet était tombé, la décision semblait irrévocable. Et pourtant, Montfort est toujours là, plus fort, avec des services renforcés pour les francophones.

Je ne dis pas que les neuf programmes valent Montfort, mais la logique est la même : sans formation francophone, ce sont les organismes, les écoles, les services communautaires qui seront privés de personnel qualifié.

Concrètement, combien de personnes seront touchées en termes de personnel?

Si l’on parle au niveau des permanents, on a 18 personnes touchées. De ces dix-huit là, 4 personnes sont replacées et 14 sont mises à pied, c’est-à-dire qu’elles perdront leur emploi. Ceci sans parler des contractuels. 

Que demandez-vous aujourd’hui?

On ne demande pas de sauver tous les emplois à tout prix, mais que les décisions soient prises correctement. On demande que le collège démontre, avec transparence, que les suppressions sont fondées sur des raisons financières solides. Ce n’est pas le cas. On demande aussi que la présidente, Mme Lynn Casimiro, s’implique. Il y a une crise au collège et on n’a aucun signal de sa part. On souhaite qu’elle rencontre les représentants syndicaux pour trouver une solution, comme ça s’est fait dans le passé. Mais pour l’instant, c’est silence radio.

La direction invoque la confidentialité dans vos échanges. Cette confidentialité a-t-elle été rompue?

Non. L’employeur veut maintenir cette confidentialité. De notre côté, on est prêt à la lever, mais il faut que les deux parties soient d’accord.

Si le collège est si convaincu d’avoir bien agi, levons la confidentialité et laissons les membres – les professeurs – juger par eux-mêmes. On ne peut pas parler du processus actuellement, mais si vous voyez les comptes rendus, vous pourrez juger aussi.

Quelles ont été les raisons invoquées par la direction?

Ce sont des raisons financières. Or nous, ce qu’on constate, c’est qu’ils se sont servis de la crise des étudiants étrangers pour faire des réformes en supprimant des programmes qu’ils ne voulaient plus voir dans leur cadre. Pourtant, il n’a pas été démontré que le collège avait des problèmes financiers, bien au contraire. Quand on fait 25 millions de surplus l’année passée, c’est difficile de dire qu’on a de la difficulté financière. 

Ce n’est pas parce que le Collège algonquin a fait des coupures, qu’on doit aussi faire de même et qu’on va forcément avoir des difficultés financières. On n’a pas la même réalité, on n’est pas dans le même milieu, on n’a pas la même communauté. Puis nous ne sommes pas contre des mesures, nous sommes capables de trouver des solutions novatrices sans avoir à copier la solution facile qui est de juste renvoyer des emplois.

Le Collège anticipe une baisse des inscriptions de 10 % pour l’année prochaine. Selon vous, cela justifie-t-il ces décisions?

Les inscriptions vont baisser, on ne nie pas qu’il faut faire des ajustements. Mais ils doivent se faire dans le respect de la convention collective et avec une démonstration claire que la situation financière le justifie. Or, ce n’est pas le cas ici. Et on a beaucoup moins d’impact que les collèges anglophones, parce qu’on est l’un des rares collèges francophones en Ontario. Il y a seulement Boréal qui offre aussi des programmes en français.

Quel est le message principal que vous souhaitez transmettre?

On appelle toute la communauté francophone – les organismes, les parents, les étudiants – à se mobiliser. On ne peut pas accepter que ces formations disparaissent. On parle de travailleurs spécialisés, de professionnels du soutien, d’emplois essentiels dans des secteurs déjà en pénurie. C’est impensable de fermer ces programmes alors qu’on a désespérément besoin de relève. Ce serait un recul qu’on ne pourrait jamais rattraper. »

Vincent Georgie transforme Windsor grâce à un festival de cinéma

À la tête du Windsor International Film Festival depuis plus de 10 ans, Vincent Georgie a transformé Windsor en un véritable carrefour culturel. Charismatique et passionné, il partage son parcours, ses anecdotes inoubliables et sa vision unique du 7e art. Une immersion dans l’univers du cinéma et de la créativité qui fait vibrer Windsor chaque automne.

Un discours du Trône sans faute en français qui souligne « un Grand Nord fort et libre »

OTTAWA – C’est en vantant « les racines françaises » du Canada et soulignant la langue française comme « au cœur de l’identité canadienne » dans « un Grand Nord fort et libre » que le roi Charles III a prononcé le discours du Trône, en anglais et dans un français sans faute.

Cette allocution d’une vingtaine de minutes au Sénat, où le souverain a présenté les priorités du gouvernement fédéral, a officiellement ouvert la 45e session du Parlement. Cette visite était vue par le premier ministre Mark Carney comme une façon de lancer un message au président américain Donald Trump en réaffirmant la souveraineté du Canada.

Dans une remarque à peine voilée destinée à Donald Trump, ce discours a rappelé que « le Grand Nord est en effet fort et libre. »

Lors de sa mention de la rencontre de mai à la Maison-Blanche entre les dirigeants canadien et américain, Charles III a souligné l’amorce d’une « nouvelle relation économique et de sécurité » reposant sur « le même intérêt à transformer leurs nations souveraines pour le mieux ».

Le monarque a rappelé qu’il s’agissait de sa 20e visite au pays, soulignant qu’à chaque fois « un peu plus de Canada s’infiltre dans mon sang, et de là, directement dans mon cœur ». Il a aussi évoqué celles effectuées par sa mère comme souveraine lorsqu’elle avait ouvert le Parlement en 1957, dans un Canada qui a depuis « accédé à la pleine indépendance et connu une croissance phénoménale ».

« Le Canada a fait siennes ses racines britanniques, françaises et autochtones pour devenir un pays audacieux, ambitieux et novateur qui est également bilingue, véritablement multiculturel et engagé dans la voie de la réconciliation », a-t-il flatté devant un Sénat bondé de sénateurs, d’élus et d’actuels et anciens hauts dignitaires de l’État.

Les anciens premiers ministres Stephen Harper et Justin Trudeau étaient d’ailleurs côte à côte lors de l’adresse royale.

Le roi Charles en pleine discussion avec Justin Trudeau aux côtés de Stephen Harper. CRÉDIT IMAGE : Pool / Pool via Getty Image

Un sans-faute en français pour le Roi

L’exercice oral du monarque s’est d’ailleurs déroulé de façon assez égalitaire dans les deux langues officielles, un aspect parmi d’autres qu’il a référencés comme quelque chose qui « rend le Canada unique ». La maitrise du français du roi a d’ailleurs été un sans-faute, lui qui n’a eu aucun problème à lire les passages dans la langue de Molière dans un français clair et net.

« Le Canada est un pays où l’on respecte et célèbre les langues officielles et les langues autochtones », a-t-il prononcé, citant que « la langue française et la culture québécoise sont au cœur de l’identité canadienne ».

Il a souligné la volonté gouvernementale de protéger « les institutions qui font rayonner ces cultures et cette identité dans le monde entier, comme CBC/Radio-Canada ».

Le discours a fait également référence aux nombreuses promesses libérales de la campagne électorale : mettre fin aux barrières commerciales, baisser les dépenses de l’État, réduire les impôts de la classe moyenne et éliminer la TPS sur les nouvelles maisons…

Il comprenait aussi de nouvelles mesures de sécurité frontalière avec des nouveaux pouvoirs pour les forces de l’ordre, 1000 employés supplémentaires à la GRC, une sévérité accrue pour les infractions à domicile et les vols de voitures, etc.

Fin de la visite canadienne

Accompagné de la reine Camilla en landau royal et escorté par des gendarmes canadiens à cheval, le souverain est arrivé devant l’édifice du Sénat une quarantaine de minutes avant le discours du Trône. Parti de l’édifice de la Banque du Canada, le cortège royal a emprunté la rue longeant le Parlement et la chambre haute pendant près d’une minute, permettant au couple royal de saluer la foule rassemblée le long du parcours.

Sous les tirs de canons et de l’hymne royal God Save the King, le monarque a ensuite salué les membres de la garde royale avant de s’engouffrer dans l’édifice du Sénat en compagnie de la gouverneure générale et de Mark Carney.

Le couple royal doit repartir ce mardi après-midi. Ils sont arrivés hier et sont notamment allés à la rencontre de Canadiens au parc Lansdowne au centre-ville d’Ottawa avant de se diriger vers Rideau Hall où le roi s’est entretenu avec la gouverneure générale Mary Simon, Mark Carney et des dirigeants des communautés autochtones.

Liane Roy reconduite à la tête de la FCFA

OTTAWA – L’actuelle présidente de la Fédération des communautés francophones et acadienne (FCFA) du Canada, Liane Roy, a été reconduite à son poste pour un autre mandat de deux ans.

Cette dernière était la seule personne à se présenter au poste et a donc été réélue de façon automatique. 

« Étant donné qu’on est dans des moments très incertains, j’ai pensé que ça serait peut-être mieux d’avoir de la continuité au moins du côté de la présidence parce que c’est important », estime Liane Roy en entrevue comme principale raison pour continuer dans le rôle.

Il s’agit d’un troisième mandat consécutif pour l’Acadienne qui a pris la tête de l’organisme représentant près d’un million de francophones hors Québec en 2021. Elle se dit « contente de l’appui et de la confiance des membres ». Il s’agit d’un dernier mandat pour elle et qui durera jusqu’en 2027. 

Parmi les dossiers qu’elle entend porter à Ottawa au cours des deux prochaines années, l’immigration francophone et la mise en œuvre complète de la Loi sur les langues officielles, nomme-t-elle.

« Il y a des dossiers qui ont été commencés il y a plusieurs années et qui ne sont pas encore totalement mis en œuvre », résume-t-elle.

Concernant la nouvelle Loi sur les langues officielles adoptée en 2023, celle-ci n’est pas encore en application dans son entièreté. Les nouveaux pouvoirs du commissaire aux langues officielles ou encore l’entrée en vigueur de la Loi sur l’usage du français dans les entreprises privées de compétence fédérale ne sont pas en vigueur.

« C’est une loi avec laquelle on a fait beaucoup de gains, mais elle n’a pas totalement été mise en œuvre totalement encore. Alors il y a ça que je voudrais vraiment m’assurer que je puisse amener ça à terme et plus loin pour que ça soit mis en œuvre comme qu’on voulait que ça soit », soutient la présidente de la FCFA.

Concernant le dossier de l’immigration francophone, son organisation pousse depuis plusieurs années pour une hausse de la cible à 12 % en termes de nouveaux arrivants francophones hors du Québec. Il s’agit d’un engagement qu’a pris le Parti libéral en campagne électorale, une cible qui a toutefois été malmenée dans le passé par les divers gouvernements. Si l’actuel dossier de l’immigration francophone est sur la « bonne voie », avance l’Acadienne, « beaucoup de travail reste à faire ».

« C’est encore très difficile la reconnaissance des diplômes pour les gens qui viennent. Il reste de gros morceaux à mettre en place pour être capables de passer à autre chose », observe-t-elle.

Avant d’arriver à la FCFA, Liane Roy a dirigé la Société nationale de l’Acadie et la Société de l’Acadie du Nouveau-Brunswick. Elle a aussi été sous-ministre adjointe au gouvernement provincial et présidente-directrice générale du Collège communautaire du Nouveau-Brunswick.

Rentrée parlementaire : quelle place pour la francophonie dans un gouvernement économique?

OTTAWA – Après plus de six mois, c’est le retour des travaux parlementaires à Ottawa, mais avec un profil légèrement différent : un gouvernement similaire, mais un nouveau chef à bord, Mark Carney, et une nouvelle préoccupation centrale : l’économie. Cette dominante économique peut s’allier avec la francophonie canadienne, soutiennent les organisations francophones du pays.

Élu avec un mandat de la population canadienne, l’ex-banquier a souvent mentionné la nécessité d’une transformation économique lors de la campagne électorale. Ce message a été réitéré à ses 38 ministres par le biais d’une lettre de mandat singulière, les enjoignant à œuvrer sur sept priorités essentielles. Celles-ci incluent l’abolition des obstacles commerciaux interprovinciaux, ainsi que l’accent sur l’édification de nouvelles infrastructures et initiatives économiques nationales.

« Le nouveau gouvernement du Canada a donc l’immense responsabilité de relever ces défis de front, en mettant l’accent sur de nouvelles stratégies et en les mettant en œuvre avec détermination », affirmait Mark Carney à la conclusion d’une première retraite de son cabinet, la semaine dernière.

Selon la Fédération des communautés francophones et acadienne du Canada (FCFA), des dossiers qu’elles poussent comme l’augmentation de la cible en immigration francophone ou encore les investissements en éducation francophone sont des éléments qui viennent « toucher ou contribuer au dossier économique ».

« L’immigration, les pénuries de main-d’œuvre, la formation tout au long de la vie… Ça vient tout travailler à bâtir une économie solide qui est forte », soutient sa présidente Liane Roy.

Pour le Réseau de développement de la francophonie économique et d’employabilité au Canada (RDÉE), la francophonie minoritaire peut y trouver son compte dans une nouvelle approche gouvernementale axée sur l’économie.

« Quand on réussit à améliorer l’économie de la francophonie, nécessairement, on a un impact positif sur l’économie canadienne », lance Yan Plante, le président et directeur général de l’organisme représentant les entreprises en milieu minoritaire.

« Quand on a une vision globale de l’économie et qu’on met l’économie en priorité pour le pays, poursuit ce dernier, ça veut dire que toutes les sphères de la société peuvent contribuer dans ce grand casse-tête de l’économie canadienne. Chacun amène son morceau et de l’eau au moulin. »

L’opportunité de « cette crise existentielle » avec les États-Unis doit pousser le Canada à explorer des marchés francophones comme en Afrique, réclament les deux organisations.

La présidente de la Fédération des communautés francophones et acadienne du Canada (FCFA), Liane Roy
La présidente de la Fédération des communautés francophones et acadienne du Canada (FCFA), Liane Roy. Gracieuseté

« On a plein d’entreprises qui peuvent faire affaire sur les cinq continents, qui parlent les deux langues », vante Mme Roy.

« Notre défi est de montrer comment on (les entreprises francophones) peut s’inscrire là-dedans et comment on peut apporter des solutions au gouvernement pour atteindre leurs objectifs », renchérit M. Plante.

La fin des barrières commerciales entre les provinces, comme le mentionne Mark Carney, est aussi vue d’un bon œil par la RDÉE Canada. Par exemple, dans l’industrie du camionnage, des règles allant sur le poids de la marchandise aux heures de conduites permises divergent d’une province à l’autre, ce qui met des bâtons dans les roues des entreprises, note Yan Plante.

« Il y a des situations où une même entreprise qui a des bureaux dans plusieurs provinces ne pourra pas toujours envoyer ses employés d’une province à l’autre parce que les ordres professionnels ne vont pas accepter qu’un employé aille travailler d’une province à l’autre, ajoute-t-il comme exemple. Pourtant, c’est le même employeur et la personne a eu son diplôme au Canada et elle ne peut pas aller travailler sur un projet similaire . »

Parmi les autres visées en ce nouveau gouvernement fédéral, la FCFA espère voir la nomination d’un nouveau commissaire aux langues officielles en plus de l’adoption de la réglementation restante dans la Loi sur les langues officielles.

Le roi Charles III sera en visite lundi et mardi dans la région de la capitale nationale pour livrer le discours du Trrône du gouvernement de Mark Carney. La session parlementaire sera toutefois de courte durée, prenant fin le 20 juin.

Vers de nouvelles normes pour promouvoir les contenus francophones

QUÉBEC – À l’issue de la 5e Conférence des ministres de la Culture de la Francophonie organisée par l’Organisation internationale de la francophonie (OIF), ceux-ci ont adopté des « engagements et actions » concrets pour la promotion et la découvrabilité des contenus francophones, notamment de nouvelles normes communes en matière de gouvernance des données culturelles.

Les représentants de la Culture d’États et de gouvernements membres, associés et observateurs de l’OIF étaient réunis ces 22 et 24 mai dans la ville de Québec au sujet des meilleures pratiques en matière de politiques culturelles à l’ère du numérique.

Dans un plaidoyer commun, ceux-ci énoncent l’engagement des États et gouvernements francophones à mettre en œuvre des mesures qui incitent les acteurs du numérique, en particulier les grandes plateformes, à agir en faveur d’une plus grande découvrabilité des contenus culturels en langue française.

Dernière journée des travaux de la 5e Conférence des ministres de la Culture de la Francophonie à Québec. Photo : Compte officiel X de l’OIF

Parmi ces mesures, l’adoption « de nouvelles normes communes en matière de gouvernance des données culturelles, notamment dans le contexte de l’utilisation croissante de l’intelligence artificielle dans les domaines créatifs et culturels ».

Face à « l’évolution rapide des technologies numériques, faisant craindre des risques d’homogénéisation culturelle et d’uniformisation linguistique », l’OIF dévoile différents champs d’action, parmi lesquels :

  • Adapter au numérique les politiques culturelles, ainsi que les cadres législatifs et réglementaires relatifs à la culture aux niveaux national, régional et international.
  • Renforcer les compétences numériques des acteurs culturels, des décideurs de politiques culturelles.
  • Soutenir l’essor et la compétitivité des industries culturelles et créatives francophones, en les rendant attractives dans l’écosystème numérique mondial.
  • Sensibiliser les publics de la culture aux usages et comportements culturels responsables et stimuler la demande de contenus francophones.

« Un sentiment d’urgence à agir »

En entrevue avec ONFR, la sous-ministre des Affaires francophones de l’Ontario Roda Muse souligne l’enthousiasme des membres pour la conférence, dont la dernière de ce type datait de 2017.

« Il y avait ce sentiment d’urgence à agir, et la nécessité de collaborer et de légiférer de façon commune », ajoute-t-elle.

C’est un appel à l’action qui ressort le plus des échanges et délibérations, selon celle-ci qui ajoute que l’emphase a été mise sur les meilleurs moyens pour avoir des métadonnées et renforcer la portée des contenus francophones.

« Aujourd’hui, nous parlons d’une seule voix pour défendre notre langue et nos cultures. J’ai confiance que notre mobilisation amènera les acteurs du numérique à tenir compte de nos préoccupations communes », a déclaré Mathieu Lacombe, ministre de la Culture et des Communications et ministre responsable de la Jeunesse du Québec.

« Au cours de ces travaux, les pays ont reconnu l’importance de se rencontrer, d’échanger et de s’entraider dans l’élaboration de politiques, mais également dans la formation des jeunes et pour la valorisation de nos patrimoines. Car la culture, c’est ce qui nous relie. », a quant à elle commenté Caroline St-Hilaire, administratrice de l’Organisation internationale de la Francophonie.

Survivante du génocide rwandais, Dada Gasirabo a trouvé son Oasis

Rescapée du génocide des Tutsis qu’elle a vécu de près, Dada Gasirabo est contrainte de fuir son pays natal. Arrivée au Canada en tant que réfugiée, animée par une profonde soif de justice sociale, elle s’implique rapidement dans les cercles de femmes francophones, jusqu’à devenir directrice d’Oasis Centre des femmes à Toronto. Depuis près de 28 ans, elle consacre sa vie à l’accompagnement des femmes victimes de violence. Un parcours forgé par la survie, et guidé par une admiration sans faille pour la force et la résilience des femmes.

« À quoi votre enfance a-t-elle ressemblé ?

J’ai grandi au Rwanda, appartenant alors à une ethnie discriminée de génération en génération, les Tutsis. L’école m’a énormément marquée, c’était pour moi un réel bonheur d’apprendre et de rencontrer d’autres enfants, même si en classe nous étions séparés des Hutus, la fière majorité, et nous une poignée de Tutsis, moqués des autres.

Je viens d’une famille nombreuse, ce qui est une autre bonne expérience pour apprendre à vivre en communauté. Ma mère s’occupait de la maison et mon père était fonctionnaire d’état. Tout était fait pour lui. Il allait au travail, revenait, mangeait, il jouait avec nous et nous parlait. Je dirais qu’il était privilégié en tant qu’homme. Mais je l’admirais beaucoup et il m’a appris à lire dès le plus jeune âge.

Vous avez dédié la majeure partie de votre carrière aux victimes de violence, une violence que vous avez vue de près. Quelle est votre expérience du génocide rwandais?

Cette tragédie, je l’ai vécue tout le long. Oh mon Dieu! Parfois, je me demande comment on a pu grandir ainsi. Mes parents avaient déjà vécu la discrimination, mais ils nous en protégeaient beaucoup, jusqu’au moment où le génocide a éclaté. J’ai perdu beaucoup de membres de ma famille. Et à un certain point, je me suis dit, si je parviens à survivre, je quitterai ce pays.

Y a-t-il un événement qui vous a particulièrement marquée?

Oui, c’était vraiment le fait de devoir me cacher. À un certain moment, durant une attaque, on a dû se cacher dans une église et j’ai failli perdre mon deuxième enfant d’à peine un an. Je l’avais dissimulé derrière l’autel de l’église. Un homme armé a menacé de me tirer dessus si je ne sortais pas immédiatement et j’ai dû laisser mon enfant derrière. C’était un des pires moments de ma vie. J’ai dû m’enfuir et, cachée derrière un buisson, attendre plusieurs heures, espérant qu’il reste là où il était lui aussi. Une femme a fini par le récupérer et plus tard, je l’ai retrouvé. Nous avons été très chanceux.

La collection de tortues de Dada Gasirabo, qui sont pour elle le symbole de la force des femmes. Photo : Sandra Padovani/ONFR

Photo : Sandra Padovani/ONFR

Comment êtes-vous arrivée au Canada à la suite de ça ?

Je me suis réfugiée dans un pays limitrophe pendant deux mois, sans nouvelles de mes proches, en attendant qu’un semblant de paix revienne. Une fois de retour, je ne me sentais plus chez moi. Il se trouve qu’un cousin à moi était ici à Toronto, une amie à Ottawa et une autre à Montréal. Celles-ci sont venues après le drame pour voir ce qu’il restait de leur famille. Je les ai approchées et les ai longuement questionnées sur le Canada. J’ai ensuite immigré en 1997 avec mes deux fils, en tant que réfugiée. C’était vraiment la meilleure décision de ma vie.

De quelle façon votre histoire avec Oasis Centre des femmes a-t-elle commencé?

Au début, je vivais moi-même dans un centre d’hébergement pour réfugiés. Je n’avais pas entendu un mot de français pendant des mois jusqu’au jour où deux employées d’un tout nouvel organisme, Oasis, me rendent visite. Elles circulaient alors dans les maisons d’hébergement à la rencontre de francophones. Une aubaine incroyable après quoi je me suis plus séparée d’Oasis.

J’ai commencé à prendre part chaque mercredi à un groupe de soutien et de parole pour les femmes francophones nouvellement arrivées. C’était une bouffée d’air. J’en parlais à toutes les francophones que je connaissais.

Quelles ont été les moments forts de votre carrière?

J’ai fini par trouver un logement. Une des animatrices qui travaillait au Centre francophone m’avait repérée, ayant appris que j’étais diplômée en Sciences sociales. J’ai enchainé des contrats avec le Centre francophone et Oasis en tant qu’animatrice pour des groupes de femmes.

Par la suite j’ai été impliquée dans le Programme Femmes immigrantes et réfugiées et dans le lancement d’un nouveau programme pour l’intégration dans les écoles francophones, tout en participant à la ligne de crise d’Oasis comme bénévole.

J’y ai aussi occupé un poste d’appui et de soutien au logement pour les femmes qui se séparent. Action ontarienne m’a demandé de démarrer un projet « Voisin-es, ami-es et familles » (VAF), une campagne de sensibilisation provinciale visant à aider les proches à reconnaitre et intervenir face à la violence conjugale. Membre du comité fondateur de la Maison, c’est finalement en 2010 que j’ai eu l’opportunité de prendre la direction d’Oasis, après plus de 10 ans au sein de l’organisation.

En octobre, après presque 28 ans, je prendrai ma retraite, tout en restant une bénévole active. C’est une partie de ma vie où je me suis accomplie, je dirais, au meilleur de moi-même. En quittant cette tragédie du génocide, je m’étais dit, si je suis encore là, c’est que j’ai encore une mission de vie à mener.

Des influences féminines vous ont-elles conduite à vouloir travailler auprès des femmes ?

Dès mon enfance, j’ai développé une profonde admiration pour trois femmes extraordinaires. Mon ancienne directrice d’école, Félicula, m’a ouvert les horizons. Elle nous apprenait à être fières d’être des femmes, elle qui avait toujours refusé de se marier, et puis à lutter pour l’égalité, et surtout, à nous battre pour la justice. Elle a d’ailleurs fini par faire de la politique.

Avec ma mère et ma grand-mère, j’ai pu réaliser combien les femmes sont fortes et résilientes. Cette dernière, veuve à 40 ans, a élevé 10 enfants seule. Pas éduquée, elle les a tous poussés à faire des études et nous a appris comment être indépendants.

Dada Gasirabo et sa mère au Rwanda. Photo : Gracieuseté

Leur héritage vit en moi. Une tradition rwandaise voulait que la famille d’un futur marié offre une ou plusieurs vaches à la famille de la fiancée. Quand je me suis mariée, j’ai refusé ce cadeau, ne voulant pas avoir le sentiment d’être achetée ou encore que seules les personnes de bien méritent de se marier. J’avais également choisi un régime de séparation des biens, une approche bien rebelle dans mon village.

Une situation humaine délicate vous a-t-elle particulièrement touchée dans le cadre de vos fonctions ?

Une des femmes qu’on a aidées à s’extirper de son compagnon violent via la maison d’hébergement avait finalement trouvé un logement pour elle et son enfant, en colocation avec sa sœur. Le mari avait été arrêté et tout semblait réglé. Un jour, j’ai lu dans les nouvelles qu’un homme avait tué deux femmes avant de se jeter de l’immeuble où elles résidaient. J’ai eu un mauvais pressentiment et c’était en effet Sabrina. Seul son enfant a survécu.

Cela a été très difficile. La communauté et un journal en particulier ont commencé à dire : « C’est le sort qui attend les femmes quand elles vont chez Oasis. » Nous avons alors manifesté pour protester contre ces accusations qui revenaient presque à dire que c’était de sa faute si elle était morte.

Des femmes nous disent qu’elles sont menacées. Il y en a qui viennent ici parce qu’elles ne peuvent plus retourner à la maison. Notre politique de confidentialité est notre priorité et plus renforcée que jamais.

Oasis va fêter ses 30 ans. Qu’est-ce que cette longévité représente pour vous?

C’est un accomplissement certain. C’est pour ça que j’ai tenu à ce qu’on célèbre ça comme il se doit avec le gala du 30 mai prochain. Oasis, ce sont les quelque 50 000 femmes qui sont passées par ici. Le travail n’est jamais fini, mais ça vaut la peine d’être célébré. Il y a beaucoup de femmes qui se sont guéries ici, beaucoup qui sont parvenues à devenir quelqu’un. Celles qui sont passées ici ne l’oublient jamais.

Dada Gasirabo, en haut, centre-gauche, avec divers membres d’Oasis et de programmes d’aide aux femmes. Photo : gracieuseté

Si vous deveniez première ministre de l’Ontario, quelle serait votre première réforme?

La province de l’Ontario a fait un grand pas en avant dans la reconnaissance des services aux femmes. Mais je ferais une réforme pour que les procédures juridiques prennent vraiment en compte le niveau de traumatisme des femmes qui ont été abusées. Au Québec, par exemple, il y a un tribunal dédié uniquement aux agressions sexuelles et un tribunal dédié à la violence conjugale.

J’augmenterais aussi le financement des initiatives de soutien. Il faut éduquer notre société pour que la violence ne soit plus banalisée, mais bien reconnue comme un crime. Parce que si les femmes et les enfants continuent d’être abusés, notre société en pâtit. Si on investit dans la prévention, on a beaucoup plus de chance d’avoir de prochaines générations plus saines. »

20 juillet : naissance au Rwanda.

1968 : découverte de l’école et de l’apprentissage, un moment très marquant pour celle-ci.

1973 : départ pour le secondaire en internat, une expérience qui la forge et la poussera vers des études en sciences sociales.

1984 : découverte de la maternité avec la naissance de son premier enfant.

1997 : arrivée au Canada, directement à Toronto depuis le Rwanda, en tant que réfugiée.

2010 : elle devient directrice d’Oasis Centre des femmes, après plus de dix ans active au sein de l’organisation.

La Reine est morte, vive les Rois

Chaque samedi, ONFR propose une chronique franco-ontarienne. Cette semaine, l’auteur torontois Soufiane Chakkouche narre ses défis d’immigration canadienne, un récit à suivre en plusieurs parties.

« Mais qu’est-ce que le décès d’Élisabeth II, reine du Royaume-Uni et des royaumes du Commonwealth, cette dame qui a vu glisser l’Histoire durant ses 70 ans de règne, a à voir avec un Maghrébin immigré au Canada? », avais-je écrit lors d’une récente chronique sans y répondre, happé par la bêtise de l’homme jadis orange et blond maintenant. Voici donc la réponse à qui sait attendre.   

« Eh ben, mon vieux! Toi qui as passé toute ton existence depuis que tu es conscient à courir derrière la liberté et l’égalité des chances, au-delà même des frontières, te voilà bien servi », susurra la petite voix dans ma boîte crânienne en ce jeudi 8 septembre 2022. Et pour cause, la reine Élisabeth II venait de rendre l’âme après 70 ans et 214 jours sur le trône.

Non! Ce n’est pas le plus long règne de l’histoire.

Petite parenthèse avant de poursuivre, ce règne n’est point le plus long de l’histoire connue des États souverains, comme j’ai pu le lire dans certains supports journalistiques à l’époque. Les gars, vérifiez vos informations avant de les publier, au risque d’être qualifiés de journaleux. Le record toutes catégories confondues dans le domaine de la monarchie héréditaire revient à Louis XIV de France avec une couronne cousue au fil de pêche sur sa tête dégarnie (Oui, oui! Il était chauve sous sa perruque bouclée) pendant 72 ans et 110 jours. Rien d’étonnant lorsqu’on devient roi à quatre ans, l’âge idéal pour faire preuve de sagesse politique, de vision stratégique et d’un profond sens des responsabilités envers son peuple!

Rectification faite, revenons à nos moutons. Mais pourquoi diable cette diablesse de la petite voix se paya ma tête depuis l’intérieur de cette dernière en apprenant une si triste nouvelle, bien qu’à 96 piges, c’était quelque peu prévisible?  

Et bien, la réponse est triviale. Avec le vieux rejeton d’Élisabeth II sur le trône, le jour où je prêterai serment à mon tour, afin de devenir citoyen canadien (ce qui fera l’objet de la prochaine chronique pour celles et ceux qui ont le malheur de me croire encore sur parole), je deviendrai automatiquement sujet de deux rois : Charles III et Mohamed VI, monarque du Maroc, car je serai alors binational jurant double allégeance, une au nord et l’autre au sud.  

« Sais-tu pourquoi les souverain(e)s portent toujours des numéros, comme des joueurs de foot? Est-ce que ce n’est pas de peur d’être oublié(e)s par l’Histoire ou de perdre le compte? », s’immisça encore une fois l’insolente petite voix. Je fis semblant de ne pas l’entendre, incapable de l’éteindre (j’ai déjà consommé ce pouvoir la dernière fois), car elle voulait me faire courir à ma perte!  

Pour ce faire, je forçai sur la réflexion et parvins au constat suivant : tels les impôts dus ou les pubs imposées aux abonnés fauchés de Netflix, on peut changer de passeport, de continent, de climat, mais on n’échappe jamais complètement à son destin, son mektoub. Et puis, on naît avec une cuillère en argent, en or ou sans cuillère du tout, telle est l’impitoyable règle sur mère Terre nourricière.   

Gêné par la génétique

Et alors, qu’y a-t-il de mal à cela? C’est même une chance, me diront certain(e)s. Là encore, la réponse n’est pas bien compliquée : je suis un adepte de la méritocratie et de la liberté du vent, évitant le baise-main comme le mauvais temps, et ce depuis ma tendre enfance. Or, le système héréditaire de la royauté, aussi moderne, éclairé et symbolique soit-il, a pour tradition de confier les rênes d’un pays à une personne tirée au sort par les chromosomes!

Ceci écrit, pour rendre à César ce qui est à César et à Dieu ce qui est à Dieu, une monarchie peut être un symbole d’unité, un bouclier contre la vulgarité politique, et surtout un excellent moteur touristique. Car, quoi de mieux que des châteaux et des palais couverts d’or pour attirer les visiteurs? Après tout, il vaut mieux un bon roi qu’un mauvais président, n’est-ce pas?

Sur cette sage pensée couarde qui lesta mes paupières, je souris à l’air avant de tirer les rideaux. Le soleil de Toronto fut enfin là. Ô, Votre Altesse l’Astre altruiste, que Vos rayons y élisent d’homicide pour la saison, une vraie saison. Amen!

À bon entendeur, Salamoualikoum (que la paix soit sur vous). 

Les opinions exprimées dans cet article n’engagent que leurs auteur(e)s et ne sauraient refléter la position d’ONFR et de TFO.

Les Jésuites quittent le Grand Sudbury : « pas de déception » pour le Père Perron

Le Père Perron, de son nom civil Ronald Perron, est un père jésuite qui officie à la Villa Loyola, dans le sud de Sudbury. Il a aussi été pasteur de l’église Sainte-Anne-des-Pins de 2006 à 2012.

La fermeture de la Villa Loyola a été annoncée le 21 octobre dernier et aura lieu officiellement ce dimanche, avec une cérémonie marquant le départ des Jésuites, à l’École secondaire du Sacré-Cœur, et reconnaissant leurs importantes contributions dans la région.

Les Jésuites, présents dans le Grand Sudbury depuis 140 ans, ont contribué à l’essor du milieu post-secondaire de langue française dans la région, notamment avec la création du Collège Sacré-Cœur.

« Pour quelle raison est-ce que les Jésuites quittent la ville de Sudbury?

La Villa Loyola, où nous demeurons, est une maison qui a été construite dans les années 60 pour des retraites. Mais les gens, culturellement, ne sont plus là-dedans. Cela nous a poussés à diversifier nos activités, comme faire de l’hôtellerie, mais, comme jésuites, on n’est pas appelés à faire de l’hôtellerie.

Alors, pour que la Villa soit rentable, il faudrait faire de la publicité et entrer en compétition avec les complexes hôteliers, mais là encore ce n’est pas dans notre identité. C’est la raison pour laquelle nous avons décidé de fermer les portes de la villa et mieux concentrer nos efforts dans les paroisses à l’île Manitoulin, avec les confrères qui sont là. Malheureusement, je ne serai plus en contact avec tant de personnes que j’aime bien, mais en même temps, c’est un cadeau, parce que j’ai besoin d’avoir un peu d’espace à 88 ans. Alors, pas de déception.

C’est grâce au Père Ronald Perron que le programme d’éducation physique au Collège Sacré-Cœur avait été créé et reconnu par le ministère de l’Éducation. Photo : gracieuseté de Ronald Perron

Le 25 mars dernier, vous fêtiez 50 ans de prêtrise. Quelle est la suite pour vous?

Je vais aller à Midland, au nord de Toronto, dans le Sanctuaire des mortiers canadiens, à partir du 1er juin. C’est une basilique érigée en 1925 et où Jean de Brébeuf a été martyrisé, entre autres. Alors, d’un côté, il y a le sanctuaire. De l’autre côté, c’est la reconstitution de la Huronie, soit le premier village francophone, qui était aussi un fort, et où il y a eu le massacre des Iroquois en 1549-1550. Le gouvernement de l’Ontario a reconstitué ce fort-là dans les années 1960 et s’en occupe encore aujourd’hui, c’est quasiment devenu un musée.

Un événement aura lieu ce dimanche. C’était important pour vous de faire des adieux formels?

Absolument. Il y aura des amis des jésuites, dont Pierre Riopel et d’autres, d’autres qui sont passés par le Collège Sacré-Cœur, ou encore des amis de la compagnie qui viendront assister à l’événement. On aura une messe en après-midi avec le responsable des Jésuites au Canada et une brève présentation historique sur la présence des jésuites à Sudbury et en Ontario par Marc Despatie. Ce sera une bonne occasion de rencontrer les gens de répondre à leurs questions.

C’est dans l’enceinte du Collège du Sacré-Cœur que la Société historique du Nouvel-Ontario (SHNO) a vu le jour en 1942. Source : Encyclopédie du patrimoine culturel de l’Amérique française

Les Jésuites ont joué un certain rôle dans l’éducation francophone de Sudbury. Qu’en retenez-vous?

Effectivement. Au départ, il y a eu la paroisse Sainte-Anne-des-Pins, dans les années 1880 qui a été créée par les Jésuites. Ils ont ensuite fait venir des religieuses pour bâtir l’hôpital, et ont ouvert le Collège Sacré-Cœur en 1913. Il faut se rappeler qu’à ce moment-là, le gouvernement de l’Ontario ne favorisait pas l’éducation en français, bien au contraire. Alors, la première année du collège Sacré-Cœur, tout était en anglais, avec quelques cours en français. C’est seulement en 1916 qu’on est passé à de l’enseignement exclusivement en français, parce que le collège est devenu privé. En 1957, il deviendra l’Université de Sudbury, avec une charte, et des cours au centre-ville. L’Université Huntington et celle de Thornloe étaient intéressées à bénéficier des fonds de l’Université de Sudbury, alors on a créé la fédération qui est devenue l’Université Laurentienne.

Croyez-vous, justement, que le projet de l’Université de Sudbury, dont la rentrée est prévue en septembre, est viable?

J’espère que ce projet va fonctionner maintenant que l’établissement est libéré de son affiliation à la fédération. Je suis heureux qu’on ait trouvé cette alternative de partenariat avec l’Université d’Ottawa parce que, justement, ça permet à l’Université de Sudbury d’avoir une durée dans un de ses projets initiaux, qui était d’être une université francophone. On espère aussi que la paroisse universitaire va être réanimée par l’évêque. Alors, on aurait la double combinaison francophone-catholique, au moins de façon indirecte, par la paroisse.

Le Père Perron pense que les programmes qui seront offerts à l’Université de Sudbury pourront aider à former des enseignants. Archives ONFR

Quel est l’héritage des Jésuites en matière de leadership aujourd’hui?

Ça fait longtemps qu’on travaille en éducation et à former des leaders. Il faut dire qu’il y en a, dans la communauté, des leaders. On a œuvré à transmettre notre façon de faire, notre façon d’être. En quelque sorte, nous nous sommes collés au système de l’éducation en Ontario, d’apprendre à apprendre.

Avez-vous l’impression que, comme au Québec, les gens se désintéressent quelque peu de la religion aujourd’hui, comme on le voit avec la fermeture de nombreuses églises en Ontario?

Oui, je pense que culturellement, il y a un désengagement à caractère religieux, mais quand même, l’engagement de la foi n’est peut-être pas loin en dessous de ça, c’est-à-dire le service des autres. Par exemple, en septembre, Bruno Michel, qui est un diacre, a proposé de faire des exercices spirituels dans la vie courante. On a eu 15 personnes qui sont venues tous les samedis matin à 11h pour partager sur le cheminement dans les exercices spirituels. Au fond, c’est la présentation de la foi chrétienne dans un mode le plus simple. »

Fin du programme de production télévisuelle à La Cité : choc et inquiétude pour la relève francophone

Parmi les neufs programmes annulés par le Collège La Cité, figure le programme de production télévisuelle, l’un des piliers de l’établissement depuis sa fondation. Une décision qui suscite incompréhension chez les enseignants touchés, mais aussi une vive inquiétude pour la relève médiatique francophone en Ontario.

« C’est un choc, un choc complet. Le programme était en excellente santé », lance Alexandre De Courville Nicol, coordonnateur et professeur du programme depuis 17 ans. Selon lui,  les inscriptions étaient même à la hausse, presque contingentées. 

« On avait une viabilité financière, des partenariats solides avec une cinquantaine d’employeurs en Ontario. Et pourtant, le programme est fermé. Aucune explication claire ne nous a été donnée », déplore Alexandre De Courville Nicol.

Créé en 1989, le programme, qui fait partie de neuf autres programmes supprimés, offrait une formation appliquée rare au Canada français, structurée autour de trois volets : vidéo, télévisuel et cinématographique. Il permettait aux étudiants d’explorer divers métiers de l’image, du montage au scénario, en passant par la régie, la captation sonore ou la réalisation.

« Ce n’était pas juste une formation technique. C’était une porte d’entrée pour des carrières francophones dans les médias », insiste Alexandre.

Le collège avait investi, en 2024, près d’un demi-million de dollars pour moderniser les installations. Photo : Jean-Philippe Bélanger

Le collège avait pourtant investi, en 2024, près d’un demi-million de dollars pour moderniser les installations, équiper les régies et adapter l’enseignement aux réalités du terrain. Moins d’un an plus tard, la direction a annoncé la fermeture du programme. Ce paradoxe alimente d’autant plus la frustration du personnel enseignant.

« C’est incompréhensible. On ne peut pas dire que c’est une question de pertinence ou de ressources », martèle-t-il, ajoutant les professeurs permanents perdront leur poste, ainsi que les contractuels. « C’est près de 100 ans d’expertise qui disparaissent avec le programme », s’indigne-t-il.

Pour David Moreau, ingénieur du son et professeur contractuel depuis cinq ans à La Cité, c’est une double perte : professionnelle et communautaire.

« C’était un revenu quand même pas négligeable. C’était une journée de travail garantie pendant 14 semaines. Pour un pigiste, c’est une petite sécurité dans un métier qui ne l’est pas du tout », témoigne-t-il, ajoutant qu’il s’attend à être rappelé pour permettre aux étudiants en cours de terminer leur programme, « mais que ce sera sûrement la dernière fois ».

Au-delà de la dimension économique, c’est le sort des étudiants et de la francophonie ontarienne qui le préoccupe.

« Chaque année, on formait entre 25 et 30 jeunes. La plupart trouvaient des stages et un emploi dans les médias : à Radio-Canada, dans des boîtes de prod, au gouvernement, dans le sport… »

Selon lui, le programme avait su s’adapter aux évolutions de l’industrie : boîtiers hybrides, podcasts, compétences en son, formats cinématographiques. « On leur donnait les outils pour se débrouiller dans un milieu où on doit souvent tout faire soi-même. »

Une relève menacée

Avec cette suppression, c’est tout un écosystème qui vacille. « À Ottawa, il ne reste que le collège algonquin, en anglais. Et encore, certains de leurs programmes ont aussi été coupés. Pour les jeunes francophones, il faudra aller à Montréal. Sinon, ils devront se former seuls… mais dans ce milieu, un diplôme reconnu fait toute la différence », alerte David Moreau.

« On leur donnait un cadre pour faire des erreurs, pour apprendre. Deux années précieuses. Et on leur retire ça », assure-t-il.

Pour Alexandre De Courville Nicol, c’est surtout la francophonie qui paie le prix fort. « On a besoin de créateurs, de professionnels formés, de contenu de qualité. Et là, on ferme une voie d’accès essentielle. »

Le silence de la direction

Malgré plusieurs tentatives, les membres du personnel concernés n’ont reçu de justification claire de la part de la direction du Collège La Cité. « Ce que je peux dire, c’est que c’était un excellent programme, pertinent, vivant, apprécié. Et il va disparaître. Et personne, pour l’instant, ne peut nous expliquer pourquoi. »

Interrogée sur les raisons de cette décision, de son côté la direction du Collège La Cité a répondu que tant que le processus n’est pas terminé, le Collège ne peut commenter davantage. « Nous serons en mesure de commenter le dossier quand les démarches seront terminées », a écrit à ONFR l’équipe des communications et des relations publiques.

La même source avait auparavant affirmé que ces décisions sont le fruit « d’un processus de gestion de viabilité financière proactif mis en place il y a déjà plusieurs années ».

« Le système collégial ontarien traverse une période d’incertitude financière qui a poussé La Cité à effectuer une analyse plus approfondie de ses opérations et de sa carte des programmes. À la suite de cette analyse, La Cité a pris la décision de ralentir certains investissements à long terme et d’adopter une posture encore plus prudente en matière de gestion financière », avait expliqué la direction. 

En effet, un recul du nombre d’inscriptions de plus de 10 % est anticipé lors de la prochaine rentrée. Dans ce contexte, le Collège la Cité avait adopté en avril un budget équilibré de 155 millions de dollars pour l’année 2025-2026. Aussi La Cité avait terminé la précédente année financière avec un excédent de près de 27,3 millions de dollars, les revenus étant de l’ordre de 170,6 millions alors que les dépenses s’étaient élevées à un peu plus de 143 millions.

Prix de la musique de la capitale : Twin Flames, De Flore et Mia Kelly parmi les gagnants

OTTAWA – Les Prix de la musique de la capitale se sont déroulés jeudi soir au Southam Hall, la plus grande salle du Centre national des arts (CNA). L’événement de la Coalition de l’industrie musicale d’Ottawa (CIMO) a couronné les duos Twin Flames et De Flore ainsi que la gatinoise Mia Kelly. 

C’est Twin Flames qui a remporté le titre de Groupe de l’année. Le duo est composé de Chelsey June, artiste bilingue originaire de la région d’Ottawa-Gatineau, et de Jaaji, originaire du Nunavik. Ce dernier a d’abord remercié la foule en inuktitut. 

Rencontrée par ONFR après la cérémonie, Chelsey June a raconté que sa rencontre avec Jaaji l’a fait tomber en amour non seulement avec l’homme, mais aussi avec la langue. « Il y a beaucoup de communautés qui sont en train de perdre leur langue. Et maintenant, ils utilisent des chansons que mon mari écrit pour essayer d’aider les jeunes à réapprendre leur langue. C’est très spécial. »

Le duo folk-autochtone Twin Flames a remporté le titre de Groupe de l’année aux Prix de la musique de la capitale. Photo : Rachel Crustin / ONFR

Ensemble depuis une dizaine d’années, le couple élève six enfants issus d’unions précédentes. « Il y a beaucoup de sacrifices qui viennent avec ce métier, raconte-t-elle. On est très chanceux. Nos ex sont super. On a toujours eu beaucoup de soutien quand on partait en tournée. Et mes parents, ma grand-mère… c’était un effort familial. » 

Si la reconnaissance des Prix de la musique de la capitale lui fait sentir qu’ils vont dans la bonne direction malgré les sacrifices, c’est l’approbation de sa fille de 18 ans qui l’a le plus touchée, alors qu’elle lui a affirmé : « Tu m’as prouvé que si j’ai un rêve, n’importe quel rêve, je peux l’atteindre. »

Twin Flames était également nommé dans la catégorie Album de l’année pour Hugging the Cactus. Le prix a été attribué au duo Double Experience pour Undefeated

Un feu roulant pour Mia Kelly

De retour du Royaume-Uni, Mia Kelly sortait à peine de l’avion lorsqu’elle a assisté aux Prix de la musique dans la capitale, pour lesquels elle était nommée quatre fois. Ce sont finalement deux trophées qui lui ont été remis, meilleur vidéoclip pour la chanson Si j’étais franche et Chanson primée pour Bonefish Boys. Les deux pièces sont tirées de l’album bilingue To Be Clear, sorti en octobre dernier.  

Mia Kelly a remporté deux prix sur quatre nominations aux Prix de la musique de la capitale. Photo : Rachel Crustin / ONFR

Au micro d’ONFR, la jeune artiste s’est dite reconnaissante de faire partie de la communauté musicale d’Ottawa-Gatineau. « C’est tellement une belle communauté et c’est cette communauté-ci qui m’a fait grandir et vue grandir depuis mes 15 ans, depuis que je suis impliquée dans l’industrie. Il y a tellement d’amis ici, ce soir. C’est vraiment le fun de célébrer et de se faire célébrer. »

Le gala donnait effectivement à la fois l’impression d’une cérémonie prestigieuse et d’un grand rassemblement familial, les spectateurs n’hésitant pas à interpeller les gens sur scène en leur criant des salutations ou des félicitations. 

Mia Kelly a également témoigné de la relation privilégiée qu’elle entretient avec son père, le réalisateur Randy Kelly. Ce dernier est monté sur scène avec elle puisqu’il a réalisé le vidéoclip de Si j’étais franche

Randy et Mia Kelly au moment de recevoir le prix du Vidéoclip de l’année pour Si j’étais franche. Photo : Rachel Crustin / ONFR

L’agenda de Mia Kelly continue de se remplir, avec d’autres tournées prévues au Canada et à l’international. Elle travaille également sur son prochain album, qu’on pourrait entendre en 2026.

De leur côté, les Franco-Ontariens Sarah-Anne Lacombe et Mathieu Gauthier, alias De Flore, ont gagné le prix de Meilleurs productions et arrangements pour la chanson Encore un peu. Également en couple dans la vie, le duo d’Ottawa a lancé le EP Slow Motion Baby en avril 2024, après avoir dévoilé des chansons au compte-goutte dans les dernières années. 

« On a pris notre temps. Et des fois, prendre son temps, c’est bon. Ça fait du bien, a déclaré Sarah-Anne Lacombe sur scène. Merci à tout le monde qui encourage la musique locale. Vive la musique! Vive le beau! »

De courts messages militants

Les différents segments de la cérémonie se sont enchaînés d’eux-mêmes, guidés discrètement par une animation bilingue de la part du Franco-Ontarien Yao. Le slameur a également offert la dernière prestation de la soirée, avec la chanson Effet Placebo

L’autrice-compositrice-interprète canado-libanaise Jana Salameh a pour sa part mélangé l’arabe et le français, offrant un extrait de la chanson Emmenez-moi de Charles Aznavour. 

Les titres de catégories ont aussi été présentés dans les deux langues, comme toutes les communications de la CIMO. Quelques intervenants se sont adressés à la foule en français, dont le maire Mark Sutcliffe, la directrice générale de la CIMO Mélanie Brûlé, la conseillère municipale Stéphanie Plante, le producteur associé du CNA Xavier Forget et Sophie Moreau-Parent (nom de scène : Sophie D’Orléans), qui représentait l’Association des professionnels de la chanson et de la musique (APCM). La plupart des gens qui sont montés sur scène ne se sont toutefois exprimés qu’en anglais, autant dans les présentations de prix que dans les remerciements. 

L’animation a été confiée au Franco-Ontarien Yao. Photo : Rachel Crustin / ONFR

Jana Salameh a offert une performance en arabe et en français. Photo : Rachel Crustin / ONFR

La directrice générale de la CIMO, Mélanie Brûlé. Photo : Rachel Crustin / ONFR

Alanna Sterling a arboré un chandail au slogan Trans rights are human rights. Photo : Rachel Crustin / ONFR

Sophie Moreau-Parent et Stéphanie Plante ont présenté la catégorie Meilleurs productions et arrangements, remportée par De Flore. Photo : Rachel Crustin / ONFR

L’équipe du Club Saw, récipiendaire du prix de la Salle de concert de l’année, s’est présentée avec un drapeau de la Palestine lors de leurs remerciements. Photo : Rachel Crustin / ONFR

Quelques-uns en ont profité pour lancer des messages rapides. Deux personnes ont déclaré « Free Palestine » (Libérez la Palestine) dans leurs discours et une autre a annoncé le score du match qui se déroulait au même moment pour la Charge d’Ottawa, dans la Ligue professionnelle de hockey féminin. 

L’artiste non-binaire Alanna Sterling, récipiendaire des prix Auteur-compositeur et Artiste solo de l’année, a dévoilé son chandail « Trans rights are human rights » (Les droits trans sont les droits humains) pendant sa performance. Son premier prix a été dédié aux personnes neurodivergentes, et son deuxième à la communauté LGBTQ+. 

D’autres francophones récoltaient des nominations, comme Akeem Oh, Jean-Marc Lalonde (Hey Wow) et Sophie Bernier, la directrice de la programmation du Festival franco-ontarien. 

Pour la première fois, la CIMO organise la Semaine musicale de la capitale autour de ses Prix de la musique de la capitale. Différentes activités comme des vitrines, des événements de réseautages et des sommets s’adressant majoritairement à l’industrie musicale locale se déroulent jusqu’à dimanche. Les participants ont pu entre autres assister au forum Canada After Dark avec le commissaire de la vie nocture d’Ottawa, Mathieu Grondin, et plusieurs autres intervenants. Les artistes peuvent aussi participer au Sommet sonore, une journée de développement professionnel qui aura lieu samedi.

La semaine prochaine, ce sera au tour de l’industrie musicale francophone de l’Ontario et de l’Ouest canadien de se réunir à Ottawa. Le gala des prix Trille Or se déroulera au Studio Azrieli du CNA, précédé par deux autres soirées de remises de prix dans la capitale.

Collège La Cité : neuf programmes touchant des secteurs clés annulés

OTTAWA – Dans une note interne consultée par ONFR, le collège La Cité confirme l’abandon de neuf programmes d’enseignement, à la suite d’une « importante réflexion » et d’une « analyse approfondie ». Cette décision, annoncée lors d’une assemblée publique le 12 mai, touche plusieurs secteurs clés, allant de la santé à la sécurité publique, en passant par les arts médiatiques.

Une note envoyée aux membres du personnel du collège a confirmé « la décision difficile » d’annuler neuf programmes « à la suite d’une importante réflexion et d’une analyse approfondie ».

Ainsi, le collège n’a pas l’intention d’offrir les programmes suivants dans les prochaines années :

  • Technicien d’entretien automobile
  • Production télévisuelle
  • Programme général d’arts et sciences – voie universitaire
  • Soins dentaires (niveaux I et II)
  • Assistant de l’ergothérapeute et assistant du physiothérapeute
  • 911 et répartition en services d’urgence
  • Protection, sécurité et enquête – sûreté
  • Techniques d’éducation spécialisée
  • Intervention auprès de personnes ayant un handicap

« Nous comprenons que cette nouvelle peut être difficile à accepter, et nous tenons à exprimer notre soutien à tous ceux et celles qui sont touchés par ces changements », a commenté l’équipe des communications et des relations publiques de la Cité.

La même source ajoute que cette semaine, la majorité des employés directement concernés ont été rencontrés et informés de ces décisions et que le processus encadrant l’annulation de programmes se poursuit.

Découvrabilité des contenus : les pays francophones en quête de solutions

En tant que pays hôte de la cinquième Conférence des ministres de la Culture de la Francophonie jusqu’à la fin de la semaine, le Canada martèle sa position de défenseur de la visibilité des contenus francophones en ligne. Les quotas de visibilité imposés par le Québec mercredi aux grandes plateformes de diffusion alimentent une guerre numérique dans laquelle souveraineté numérique et culturelle des États se mélange et où un cessez-le-feu tente de naître d’un ensemble de solutions.

Le seul instrument juridique international voué à protéger la diversité linguistique des contenus culturels – que le Canada a ratifié le premier – célèbre ses 20 ans. Toutefois, le vingtième anniversaire de la Convention de 2005 de l’UNESCO sur la protection et la promotion de la diversité des expressions culturelles semble aujourd’hui nécessiter une remise à niveau à l’ère de l’intelligence artificielle (IA), notamment celle de l’IA générative.

« Ces géants du numérique sont complètement rangés derrière l’administration Trump et ce dernier leur laisse carte blanche et essai de leur enlever toutes les entraves réglementaires afin de leur permettre d’être encore plus dominants. Ça a véritablement de quoi nous préoccuper », s’inquiète Destiny Tchéhouali, titulaire de la Chaire de recherche du Québec sur l’Intelligence artificielle et le numérique francophones.

Destiny Tchéhouali apporte son expertise en matière de découvrabilité au ministère de la Culture du Québec. Photo : Gracieuseté : Destiny Tchéhouali

Dans la mesure où les innovations ne prennent pas en compte les identités culturelles propres aux contenus, l’idée d’une menace impérialiste numérique grandit dans la conscience des chercheurs et de la société civile, qui s’érige pour trouver des solutions.

Unir la force francophone

C’est la cinquième fois que les ministres de la Culture des pays francophones se rassemblent pour démêler les enjeux liés à la souveraineté culturelle.

« On doit se mobiliser, se mettre ensemble, tout le monde ensemble, francophones, anglophones, syndicats, entrepreneurs, sociétés de gestion, dans les communautés en situation minoritaire aussi. Tout le milieu culturel doit se rassembler au Canada et dans chaque pays, pour demander la mise sur pied d’un instrument international qui protégerait la culture », affirme la directrice générale de la Coalition pour la diversité des expressions culturelles (CDEC), Marie-Julie Desrochers.

Une déclaration finale à l’issue de la rencontre des ministres est prévue en fin de semaine, et les chercheurs espèrent aboutir à un agenda francophone commun.

La directrice Générale de la Coalition pour la diversité des expressions culturelles (CDEC) Marie-Julie Desrochers est très active sur le plan international. Photo : Gracieuseté : Aurore Lagonotte

Dans un échange de courriel avec ONFR, le ministre du Patrimoine canadien Steven Guilbeault soutient qu’« avec le projet de loi C-11, nous avons modernisé la Loi sur la radiodiffusion afin que les plateformes contribuent à la création, à la promotion et à la diffusion de notre culture. »

Néanmoins, Destiny Tchéhouali observe une tendance globale à la dérégulation, dans le sens où la réticence des pays n’échappe pas aux enjeux qui s’imposent : « Les États sont de plus en plus frileux à prendre des décisions qui iraient par exemple dans le sens de contraindre les acteurs du numérique », suggère le chercheur.

Réguler les plateformes

L’ex-conseiller principal pour le CRTC, Denis Bouchard, assure que l’institution s’attèle à échanger avec les acteurs culturels mais tend à collecter des informations à une échelle macro-économique qui ne permettent pas de réellement discuter de solutions. « Le CRTC travaille là-dessus depuis déjà quatre ans, et ils n’ont pas démontré de résultats très clairs jusqu’à maintenant. »

En effet, le paysage juridique œuvre toujours sur les stratégies en matière de régulation afin de mettre en avant les contenus francophones canadiens. Par exemple, avec la loi C-11 les consultations sur la définition du contenu canadien actuellement au CRTC sont encore en cours.

Marie-Julie Desrochers ajoute que l’une des clés à la portée du secteur culture serait de s’assurer que la culture soit toujours exclusive dans les accords de commerces afin de montrer que la culture est à part et que soit conservé le droit d’adopter des mesures pour protéger les industries culturelles. « On peut penser à des quotas, par exemple, dans l’Université des quotas de musique francophone à la radio, des mesures pour favoriser la présentation d’émissions en français à la télévision, ou on peut penser à des subventions », lance-t-elle.

Améliorer la littéracie numérique des créateurs de contenus

À Ottawa, l’Association canadienne des organismes artistiques (CAPACOA) abrite Artsdata, une banque de données ouverte liée sur les arts et la culture au Canada dont Frédéric Julien dirige dans l’objectif d’améliorer la découvrabilité des artistes franco-ontariens. « Avant quand on recherchait des spectacles près de nous dans le périmètre de recherche, les résultats étaient lamentables », explique le directeur.

Selon lui, l’acquisition de compétences de littératie numérique auprès des artistes francophones est une étape décisive pour les nouveaux du secteur culturel.

Dans le Nord, le dramaturge Alex Tétreault, un ancien agent de développement numérique et de découvrabilité territoriale à la Place des Arts du Grand Sudbury, a été sensibilisé très tôt aux enjeux des acteurs culturels en milieu minoritaire. « On doit en faire davantage pour que notre culture rayonne un peu plus loin que chez nous », assure le dramaturge.

Nickel City Fifs est la première pièce d’Alex Tétreault, une nouvelle figure emblématique du théâtre sudburois. Photo : Gracieuseté : Frédéric Julien

Afin de faire valoir leur rayonnement, ces artistes peuvent compter en particulier sur les alliances et regroupements d’artistes à travers la province. « C’est pour ça qu’on a des organismes, des associations plus provinciales et pas nationales comme par exemple Théâtre Action, l’Association des théâtres francophones du Canada, l’APCM, Réseau Ontario. »

La littératie numérique et l’accompagnement des artistes deviennent ainsi centraux à l’ère de toutes ces transformations technologiques numériques. « C’est aussi toute la question de la prise en compte des enjeux de juste rémunération, d’équité au niveau justement des créateurs de contenu dont aujourd’hui les pratiques sont totalement bouleversées par évidemment le développement accéléré de l’intelligence artificielle. »

Les ministres de la Culture en ligne de front

À Québec, les ministres vont tenter de trouver des solutions à l’uniformisation culturelle et linguistique au cœur des algorithmes de recommandation. À cet égard, la question se pose également de faire en sorte que ces systèmes d’IA et ces algorithmes puissent davantage servir les objectifs de expressions culturelle et linguistique.

« Quand on parle de l’avenir, on ne peut pas s’empêcher justement de penser à notre patrimoine culturel, nos savoirs et sur la manière dont ils sont créés, transmis, partagés et diffusés. Si on ne fait rien, en termes de lois, de mesure ou de stratégies c’est le rouleau compresseur des géants de la Silicon Valley, qui nous fera perdre notre souveraineté tant numérique que culturelle », conclut Destiny Tchéhouali.

Un premier service d’établissement pour les immigrants francophones à Temiskaming Shores

TEMISKAMING SHORES – Un nouveau service d’établissement pour les immigrants francophones verra le jour ce vendredi à Temiskaming Shores. Une nouvelle ressource présentée comme essentielle par plusieurs acteurs institutionnels qui espèrent voir une plus grande rétention de ces nouveaux arrivants dans la région.

Ce nouveau service sera inauguré ce vendredi lors d’une cérémonie de coupe du ruban dans les bureaux de l’Association culturelle francophone de l’Ontario (ACFO) pour la région de Temiskaming Shores à New Liskeard.

L’organisme a obtenu un financement de 625 000 dollars sur trois ans pour la mise sur pied du programme, lequel va employer deux personnes à temps plein. La demande de subvention avait été effectuée il y a un peu plus de deux ans dans le cadre de la planification stratégique menée par l’organisme.

« Ce qu’on veut avec ce programme c’est que, quand le nouvel arrivant francophone s’installe à Temiskaming Shores, tous les gens sachent qu’il faut le référer vers nous à l’ACFO »
— Annik Boucher

« Comme on est une petite région située entre North Bay et Timmins, on n’a pas souvent le support des programmes fédéraux ou provinciaux donc, c’est vraiment un service qui manquait dans notre région », se réjouit André Brock, directeur général de la Chambre de commerce de Temiskaming Shores.

La région de couverture de ce programme s’étend sur toute la région du Temiskaming ontarien, mais aussi à Kirkland Lake.

Un point de rencontre

« Ce qu’on veut avec ce programme c’est que, quand le nouvel arrivant francophone s’installe à Temiskaming Shores, tous les gens sachent qu’il faut le référer vers nous à l’ACFO », explique Annik Boucher, présidente de l’ACFO-Témiskaming.

Parmi les services qui seront proposés, on compte l’accueil, l’orientation et l’aide à l’installation, de l’aide administrative, du soutien à l’intégration communautaire, sociale et culturelle, de l’aide à la recherche d’un emploi, des services aux familles, ou encore des cours de langue en français ou en anglais.

Annik Boucher est la nouvelle présidente de l’ACFO-Témiskaming. Gracieuseté d’Annik Boucher

Bien qu’il s’agisse d’un service personnalisé, les employés du service d’établissement ne vont pas faire les démarches pour la personne : « Le but n’est pas d’aller chercher l’emploi pour la personne, mais de la diriger vers le service d’emploi. »

M. Brock souhaite voir des profils différents et qui vont contribuer à l’essor économique en français dans la région : « On espère avoir non seulement des personnes qui vont travailler dans la région, mais qui vont aussi commencer à se lancer en entreprise ».

Si ces services sont destinés à tous les types d’immigrants, ce sont souvent des personnes qui sont déjà arrivées au Canada qui pourraient se diriger vers l’ACFO selon Mme Boucher : « on les prend en main une fois qu’elles sont ici. »

Favoriser la rétention

L’un des objectifs premiers du programme est de favoriser la rétention sur place des nouveaux arrivants. Selon M. Brock, ce problème a toujours été présent, mais il concernait davantage les nouveaux arrivants francophones que ceux anglophones.

« Heureusement, ce ne sont pas tous les nouveaux arrivants qui viennent d’autres pays, plusieurs sont étudiants ou dans le sud de l’Ontario. Tout le monde pense que c’est dur d’avoir de faire venir des gens au nord de l’Ontario, mais c’est encore plus dur de les garder ici. »

Et de conclure : « C’est là que le programme peut faire la différence parce que ça peut être vraiment difficile pour ces personnes qui arrivent en région. En général, ils vont peut-être rester seulement six à douze mois avant de quitter pour le sud de l’Ontario, par exemple ».

André Brock pense que sans l’initiative de l’ACFO-Témiskaming, le programme n’aurait pas pu voir le jour. Gracieuseté de la Chambre de commerce de Temiskaming Shores

Pour l’instant, selon Mme Boucher, impossible d’estimer le nombre de personnes qui pourront bénéficier de ce programme, notamment en raison du peu de connaissances des nouveaux arrivants autour de ces services.

« C’est difficile d’anticiper des chiffres parce que l’objectif, la première année, c’est vraiment de s’établir et tisser des liens. Nos agents d’établissement sont aussi en train de préparer une trousse d’accueil pour les nouveaux arrivants », finit-elle en précisant qu’il y a tout de même trois familles qui se sont déjà présentées pour en savoir plus sur les services offerts.

Pour l’instant, il existe cinq bureaux de services d’établissement dans le nord de l’Ontario comme ceux offerts par le Collège Boréal à Timmins, l’AFNOO dans le Nord-Ouest ou encore ceux opérés par un centre de recherche de l’Université de Hearst à Kapuskasing et le long de la route 11.

Bernadette Clement, de première femme noire élue mairesse en Ontario à sénatrice

La sénatrice Bernadette Clement retrace son parcours inspirant, de première femme noire élue mairesse à Cornwall et en Ontario, à sa nomination au Sénat du Canada. Dans cet épisode, elle revient sur l’impact du mouvement Black Lives Matter en pleine pandémie, un moment clé qui a approfondi sa réflexion et nourri son engagement pour transformer davantage le système de justice pénale au Canada.

Natation : Alexandre Landry vise les sommets, Ben Winterborn mise sur le plaisir

Les Essais canadiens pour les Championnats du monde approchent à grands pas. Deux nageurs franco-ontariens, Alexandre Landry et Ben Winterborn, y participeront avec des perspectives bien différentes, mais un enthousiasme commun pour l’événement.

Du haut de ses 21 ans, Alexandre Landry continue de gravir les échelons à vive allure. Sa saison 2024-2025 a été marquée par une progression constante, malgré quelques ennuis physiques. 

« J’ai eu quelques maladies, puis un peu mal à l’épaule ou au dos, mais c’est correct. Je suis quand même passé à travers », confie-t-il.

Le nageur du club de Sudbury s’est illustré à plusieurs reprises cette saison, notamment lors de compétitions à Westmount (Illinois) et à Edmonton, où il a réalisé ses meilleurs temps sur 50 m brasse, battant même un record régional. 

Alexandre Landry en compétition. Photo : Daniel Landry

Ce qui impressionne davantage, c’est qu’il a souvent performé sans être pleinement reposé. « Je n’étais pas reposé pour les compétitions, puis je suis vraiment content parce qu’à ces compétitions-là, j’ai eu un meilleur temps. »

Surtout, Alexandre a multiplié les stages avec l’équipe nationale cette année : « Je vais maintenant presque une fois par mois avec eux. Depuis que je fais ça, je me sens plus fort. » 

Une immersion régulière avec les meilleurs qui l’a aidé à franchir un cap. L’objectif est désormais clair : « L’année passée, j’avais manqué les finales A aux essais, mais cette année, je pense que je suis capable de les atteindre. »

Alexandre Landry, un pas de plus vers le professionnalisme

Comme une bonne nouvelle n’arrive jamais seule, le nageur sudburois est récemment devenu ambassadeur de la marque américaine A3 Performance, spécialisée dans l’équipement de natation. 

Et l’histoire derrière ce partenariat est pour le moins inattendue : « J’ai mis mon nom sur Instagram pour participer à un tirage au sort et tenter de gagner une paire de lunettes. J’ai gagné, alors j’ai envoyé une photo avec leur produit pour les remercier… » 

La photo envoyée à la marque A3 performance a permis à Alexandre Landry de devenir ambassadeur. Photo : Daniel Landry

Résultat? Le PDG de la compagnie le contacte personnellement pour lui proposer d’utiliser la photo sur les réseaux sociaux. « En retour, ils m’ont envoyé un tech suit (combinaison de natation) gratuitement. Et quelques semaines plus tard, j’étais officiellement ambassadeur! »

Un pas de plus vers le professionnalisme pour celui qui rêve des grands rendez-vous internationaux… et qui montre qu’un simple concours sur Instagram peut ouvrir de belles portes.

Ben Winterborn : retrouver le plaisir avant la performance

De son côté, Ben Winterborn, qui évolue désormais au Centre de haute performance de l’Ontario tout en représentant l’Université de Toronto, a connu une saison plus en dents de scie. 

« Il y a eu des hauts et des bas comme toutes les saisons. Mais je m’amuse beaucoup », confie le jeune nageur de 19 ans. 

L’athlète originaire de Kingston a participé au Tier Pro Series en Floride, où il a disputé plusieurs finales B. Il parle d’une année d’apprentissage contre les meilleurs, avec une attention particulière à sa progression technique et physique.

 « Techniquement, j’ai beaucoup progressé. Physiquement aussi, j’ai gagné 15 livres de masse musculaire », explique-t-il, ajoutant que la prise de masse musculaire fait partie de ses objectifs principaux. Actuellement à 175 livres sur la balance, son adjectif est d’atteindre 180 à 185. 

Des chances sur 50 m dos

Après avoir connu une grosse déception en manquant sa qualification pour les Jeux universitaires, avec lucidité, il préfère désormais aborder les Essais avec moins de pression.

 « Le but des Essais, c’est de s’amuser. Mon mantra c’est désormais ’A happy swimmer is a fast swimmer’ (un nageur heureux est un nageur rapide). »

Ben Winterborn en action sur une de ses spécialités, la nage libre. Photo : Renee Kardash

Même s’il va essayer d’aborder la compétition sans pression, il est conscient qu’il a une chance d’aller chercher la qualification pour les Mondiaux sur le 50 m dos. Cela passera tout de même par un exploit personnel.

 « Mon temps est à 25’’ 85 et il faudrait un 25’’3… Il faudrait donc battre mon record personnel de plus d’une demi-seconde. »

Des trajectoires croisées, un même rendez-vous

Les deux nageurs, qui s’entraînent parfois ensemble, partagent une relation d’émulation positive. 

« Alexandre vient de temps en temps s’entraîner avec nous. On a été à plusieurs compétitions ensemble », raconte Ben Winterborn.

Du 7 au 12 juin à Victoria, chacun défendra ses ambitions : Alexandre, avec l’objectif assumé d’intégrer la sélection nationale; Ben, avec le désir sincère de renouer avec le plaisir pur de la compétition. Deux manières d’aborder le même mur de départ… avec la même passion.

Visite éclair du roi Charles III et discours du Trône en partie en français

OTTAWA – Le roi Charles III et la reine Camilla seront de passage dans la capitale fédérale le 26 et 27 mai pour une visite éclair d’un peu moins de 24 h où le roi prononcera le discours du trône dans la langue de Molière, ouvrant ainsi la session parlementaire.

L’itinéraire du couple royal a été dévoilé mardi alors que les deux représentants de la couronne britannique arriveront le lundi 26 mai à Ottawa avec l’accueil de représentants canadiens. En plus de cérémonies officielles, une activité ouverte au public est prévue au centre-ville d’Ottawa en plus d’audiences avec la gouverneure générale Mary Simon et le premier ministre Mark Carney.

Le lendemain, le roi se dirigera vers le Sénat où il prononcera le discours du trône devant notamment d’anciens premiers ministres dont l’identité reste à confirmer et d’ex-dignitaires canadiens, ont indiqué des fonctionnaires de Patrimoine canadien lors d’un breffage technique.

Des portions en français

Les représentants de Patrimoine canadien ont indiqué qu’il était attendu que le roi Charles III prononce des portions du discours du trône en français, lui qui maîtrise la langue de Molière. La proportion du discours qui sera consacré au français n’était toutefois pas déterminée. Le roi Charles III s’était notamment déjà adressé à des parlementaires français dans un discours au Sénat en France. Généralement, c’est la gouverneure générale qui effectue cette allocution en tant que représentante de la monarchie au Canada.

Le discours du Trône marque l’ouverture de chaque nouvelle session du Parlement et présente les orientations et les objectifs du gouvernement. En 1977, la Reine Élisabeth avait effectué un exercice similaire à ce que son fils s’apprête à faire lors d’une visite en sol canadien.

C’est à l’invitation de Mark Carney que le roi Charles III viendra faire ce discours, le premier ministre ayant soutenu que cette visite se veut une façon de « souligner la souveraineté du Canada ». Cette visite survient alors que le président américain Donald Trump a répété à multiples reprises dans les derniers mois sa volonté de faire du Canada le 51e État américain.

Le premier ministre canadien Mark Carney. Crédit image; LA PRESSE CANADIENNE/Frank Gunn

« Quand je suis devenu premier ministre, j’ai insisté sur les peuples fondateurs du Canada : les peuples autochtones, francophones et anglophones. Ça indique les fondations de notre nation », avait affirmé M. Carney en conférence de presse, lors de l’annonce de la visite du roi.

Le 27 mai, après le discours du trône, le monarque britannique participera à sa dernière activité officielle prévue avant son départ du Canada en déposant une couronne au Monument commémoratif de guerre du Canada. Le couple royal quittera Ottawa en début d’après-midi. Bien qu’il s’agisse de sa première visite officielle en tant que roi, Charles et sa femme Camilla ont déjà visité le Canada à quatre reprises, la plus récente datant de 2022.

Accès des Autochtones à l’Université d’Ottawa : un pas concret vers l’équité

Souvent freinés par le coût des études, de jeunes Autochtones voient une barrière tomber. L’Université d’Ottawa exonérera les membres de la Nation algonquine de droits de scolarité, une mesure porteuse d’espoir pour des étudiants comme Maïcha Mathias.

À l’Université d’Ottawa, environ 1000 étudiants s’identifient comme Autochtones, sur un total de près de 49 000. Une proportion modeste, que l’institution espère voir augmenter grâce à une mesure qui sera effective dès l’automne 2025 : l’exonération complète des frais de scolarité pour les membres de la Nation algonquine Anishinàbeg.

Pour Norm Odjick, membre autochtone du Bureau des gouverneurs de l’Université, cette initiative est porteuse d’espoir.

« Cela va offrir aux jeunes — anglophones comme francophones — une chance réelle d’accéder aux études supérieures », affirme-t-il. Il cite une phrase de son cousin qui résume l’enjeu : « L’éducation, c’est la clé du succès. »

L’exonération, selon lui, pourrait avoir des effets concrets à long terme. « Cette mesure va renforcer nos communautés, leur permettre d’avoir plus de membres éduqués, plus de capacités, de meilleurs emplois », est-il convaincu.

Un soulagement pour les étudiants 

Maïcha Mathias, 19 ans, est étudiante en science de la santé avec une mineure en psychologie. Originaire de Winneway (Nation Long Point), une communauté située à plus de sept heures de route d’Ottawa, elle voit dans cette annonce bien plus qu’un simple allègement financier.

Maïcha Mathias envisage désormais un deuxième diplôme. Gracieuseté

« C’est une inclusion dans la société d’aujourd’hui », affirme celle qui a dû s’éloigner de sa « petite  communauté » pour s’installer dans une grande ville, « un nouveau monde » pour elle.

Chaque année, ses études coûtent environ 8000 dollars, soit quelque 32 000 dollars pour un baccalauréat de quatre ans. Un lourd fardeau financier pour beaucoup de jeunes des Premières Nations, malgré le soutien communautaire.

« Dans ma communauté, il y a un certain budget pour nous aider, mais ça ne couvre pas tout, surtout pas le logement ou les frais du quotidien », explique Maïcha.

Et les règles sont parfois rigides : « Si je change de programme, on me met en priorité plus basse. Ce n’est pas toujours souple. »

Maïcha insiste sur les inégalités persistantes dans l’accès au financement. « Ce soutien ne suffit pas toujours. Il y a encore des jeunes qui sont refusés parce qu’il n’y a pas assez de fonds dans leur communauté. »

C’est pourquoi elle souligne l’importance de la mesure annoncée par l’Université d’Ottawa.

« Beaucoup hésitent à cause du coût. Mais si c’est gratuit, peut-être qu’ils vont venir à l’université, y rester, ou même revenir ensuite dans la communauté pour aider et transmettre. Ça crée un cercle vertueux », soutient-elle.

D’ailleurs, Maïcha envisage désormais un deuxième diplôme. « J’aime tellement l’école que je pense déjà à un deuxième bac », confie-t-elle.

Des progrès, mais encore du chemin à faire

Darren Sutherland, responsable de l’engagement communautaire au Bureau des affaires autochtones, est lui-même Cri et autochtone urbain. Il connaît bien les obstacles auxquels font face les étudiants autochtones.

Selon Darren Sutherland, il y a des jeunes qui sont les premiers de leur famille à entrer à l’université. Gracieuseté

« Chaque étudiant a son propre parcours, ses défis. Mais ce que je vois ici, c’est de l’excellence. Il y a des jeunes qui sont les premiers de leur famille à entrer à l’université », souligne-t-il.

Il raconte son propre parcours. Rejeté à sa première demande de financement auprès de sa communauté, il a dû travailler pour payer ses études. « Ça a affecté mes résultats. Mais une fois que j’ai reçu le soutien financier, tout a changé. »

Ainsi, pour lui, l’exonération pourrait épargner à d’autres cette précarité.

Depuis le début de ses études universitaires en linguistique en 2012, Darren Sutherland a observé les transformations sur le campus.

« À l’époque, le centre de ressources autochtones n’était qu’une petite salle. Aujourd’hui, c’est un bâtiment de trois étages, avec plus de personnel, plus de services », se réjouit-il.

Mais les besoins sont toujours là. « Les étudiants demandent plus d’espace, plus de soutien, plus de représentation dans les facultés. C’est légitime. On avance, un pas à la fois », fait remarquer Darren Sutherland.

L’Université d’Ottawa a d’ailleurs prolongé jusqu’en 2030 son plan d’action autochtone lancé en 2020.  « Le plan est en cours de renouvellement. L’université a déjà embauché de nouveaux professeurs et une personne pour intégrer les contenus autochtones dans les cours », précise Norm Odjick.

L’exonération s’adresse à tous les membres de la communauté algonquine – dont le territoire s’étend principalement à l’ouest du Québec et en Ontario – qui étudient déjà à l’Université ou qui s’y inscrivent.

Norm Odjick appelle l’Université Carleton à exonérer de droits de scolarité les membres de la Nation algonquine Anishinàbeg. Photo : Université d’Ottawa

Il s’agit pour Maïcha Mathias, Darren Sutherland et Norm Odjick d’une étape significative dans une démarche de réconciliation, ainsi qu’une reconnaissance que l’université est sur un territoire non cédé. 

Ils espèrent aussi que d’autres établissements s’en inspirent. « À Montréal, certaines universités ont facilité l’accès pour les Mohawks. J’espère que l’Université Carleton, ici à Ottawa, fera quelque chose de similaire », conclut Darren Sutherland.

Repêchage de la NBA 2025 : les Français disponibles pour les Raptors 

TORONTO – Les Raptors ont été fixés sur leur sort au niveau de leurs choix dans le repêchage de la NBA 2025, qui aura lieu les 25 et 26 juin prochain, après la loterie qui s’est déroulée le 12 mai. La franchise torontoise choisira en 9e et 39e position. Cette année, les potentielles cibles francophones de Masai Ujiri et Bobby Webster seront toutes françaises. ONFR a fait appel à Emmanuel Le Nevé, spécialiste des jeunes talents pour le média Envergure pour nous en dire plus sur ces jeunes joueurs talentueux. 

Nolan Traoré (19 ans)
Taille : 6’ 4 / 1 m 92 (6’ 6 / 1 m 98 d’envergure)
Poste : meneur de jeu

Nolan Traoré sous le maillot de l’équipe de France. Photo : Instagram de Nolan Traoré

Le portrait de l’expert :

Nolan Traoré est un jeune meneur au profil très tourné vers le pointage. Il s’est fait remarquer en quittant l’INSEP (centre de formation nationale en France) pour Saint-Quentin en fin de saison dernière, où il avait impressionné immédiatement. Toutefois, sa saison actuelle est jugée plus décevante, en partie à cause d’un possible coup de fatigue, après une année complète sans pause (INSEP, Betclic Élite, tournois européens, U18 FIBA, etc.).

Qualités :

  • Meneur explosif capable de battre son défenseur avec un premier pas fulgurant.
  • Très bon créateur de tir, à l’aise en sortie de dribble ou en réception et tir.
  • Instinct offensif développé, capable de faire la différence face à des défenses adultes.

Points à améliorer :

  • Son tir extérieur manque encore de régularité et d’efficacité.
  • Défensivement en difficulté face à des joueurs plus physiques.
  • Besoin de progresser physiquement pour s’imposer au niveau NBA.

Disponibilité en 9 : oui
Disponibilité en 39 : non

Noa Essengué (19 ans)
Taille :  6’ 10 / 2 m 08 (6’ 11 / 2 m 10 d’envergure)
Poste : intérieur / ailier

Noa Essengué avec son équipe de Ratiopharm Ulm dans le championnat allemand. Photo : Instagram de Noa Essengué

Le portrait de l’expert :

Noa Essengué est un jeune intérieur au profil atypique, qui attire l’attention par sa taille et son potentiel défensif. S’il n’a pas encore livré une saison pleine, ses prestations en fin d’année et ses flashs aperçus dans diverses compétitions internationales laissent entrevoir un joueur au potentiel intrigant. Malgré des statistiques parfois discrètes, il continue de séduire les observateurs, au point d’être projeté en fin de premier tour par plusieurs experts.

Qualités :

  • Défenseur mobile et polyvalent capable de couvrir plusieurs postes.
  • Actif en transition, avec une bonne finition sur pick-and-roll.
  • Présence physique verticale précieuse grâce à sa longueur et son envergure.

Points à améliorer :

  • Le tir extérieur est encore trop limité pour élargir son impact offensif.
  • Jeu irrégulier, alternant bonnes séquences et absences.
  • Profil hybride difficile à positionner clairement sur le terrain.

Disponibilité en 9 : oui
Disponibilité en 39 : peu probable

Noah Penda (19 ans)
Taille : 6’ 8 / 2 m 03 (6’ 11 / 2 m 12 d’envergure)
Poste : ailier

Noah Panda avec le maillot de l’équipe de France. Photo : Instagram de Noah Penda

Le portrait de l’expert :

Noah Penda est un joueur au profil hybride et moderne, évoluant entre les postes d’ailier et d’intérieur, selon les systèmes. Mesuré à 2 m 03 pour une envergure de 2 m 12, il combine mobilité, impact défensif et intelligence de jeu. Bien qu’il se définisse lui-même comme un arrière-ailier, son rôle sur le terrain est souvent celui d’un ailier-fort « fuyant », dans un registre comparable à un profil comme son compatriote en NBA Guerschon Yabusele. Il est particulièrement apprécié pour sa polyvalence et son adaptabilité à différents contextes de jeu.

Qualités :

  • Défenseur intelligent et mobile, capable de s’adapter à différents types d’adversaires.
  • Commence à développer un tir extérieur crédible.
  • Bon passeur et rebondeur, utile dans de nombreux systèmes.

Points à améliorer :

  • Son tir reste instable et doit gagner en constance pour peser en NBA.
  • Profil hybride parfois flou entre ailier et intérieur, ce qui complique son rôle.
  • Ne crée pas encore d’avantages directs balle en main.

Disponibilité en 9 : oui mais un peu haut
Disponibilité en 39 : peu probable

Maxime Raynaud (22 ans)
Taille :
7’ 1 / 2 m 16 (7’ 1 / 2 m 16 d’envergure)
Poste : pivot

Maxime Raynaud a poursuivi un double cursus en informatique et mathématiques en parallèle de sa carrière de basketteur universitaire. Photo : Instagram de Maxime Raynaud

Le portrait de l’expert :

Maxime Raynaud est un pivot formé à Stanford, où il s’est imposé comme l’un des meilleurs intérieurs statistiques de la NCAA cette saison. Né en 2003, il est considéré comme « vieux » par les standards des jeunes talents NBA actuels (majoritairement nés en 2005 ou 2006), ce qui peut avoir un impact sur sa cote au repêchage. Néanmoins, son profil technique, sa taille impressionnante et surtout son intelligence de jeu en font un joueur très intéressant à suivre pour une franchise en quête d’un pivot de rotation fiable.

Qualités :

  • Grand intérieur technique avec un tir extérieur en progression.
  • Très bon passeur avec un QI basket élevé.
  • Solide en poste bas avec une lecture de jeu avancée.

Points à améliorer :

  • Défensivement, il manque d’impact physique sous le panier.
  • Ne protège pas efficacement le cercle malgré sa taille.
  • Marge de progression réduite par rapport à des recrues plus jeunes.

Disponibilité en 9 : oui mais un peu haut
Disponibilité en 39 : peu probable

Joan Beringer (19 ans)
Taille : 6’ 11 / 2 m 11 (7’ 3 / 2 m 20 d’envergure)
Poste : pivot 

Joan Beringer avec son équipe slovène Cedevita Olimpija de la capitale Ljubljana. Photo : Instagram de Cedevita Olimpija

Le portrait de l’expert :

Joan Beringer est une recrue atypique, qui a commencé le basketball sur le tard (il n’a que trois à quatre années de pratique derrière lui) mais qui a déjà su se hisser au niveau international grâce à son éthique de travail et à son profil défensif très affirmé. Encore brut sur le plan offensif, Beringer séduit par son potentiel en protection de cercle, sa mobilité défensive, et surtout sa volonté constante de progresser. Il est perçu comme une « recrue-éponge » : il écoute, apprend, applique. Un profil de joueur précieux pour des structures NBA prêtes à investir sur du développement à long terme.

Qualités :

  • Excellent protecteur de cercle avec un bon timing au contre.
  • Grande capacité d’écoute et de travail, en constante progression.
  • Commence à développer une vision du jeu en tant que passeur.

Points à améliorer :

  • Offensivement très limité, essentiellement intérieur mobile.
  • Aucun tir extérieur fiable pour le moment.
  • Encore très brut techniquement, tout reste à construire en attaque.

Disponibilité en 9 : oui mais trop haut
Disponibilité en 39 : probable

Mohamed Diawara (21 ans)
Taille : 6’ 9 / 2 m 06 (7’ 3 / 2 m 21 d’envergure)
Poste : ailier 

Avant de jouer pour Poitiers et Cholet, Mohamed Diawara a porté les couleurs du Paris Basket. Photo : Instagram de Mohamed Diawara

Le portrait de l’expert :

Mohamed Diawara est un profil discret mais intrigant, absent des principaux classements américains, ce qui étonne les observateurs européens qui le suivent de longue date. Joueur formé en France, il évolue actuellement à Cholet en Betclic Élite (championnat de France), dans une équipe compétitive où il a un rôle plus réduit qu’à ses débuts professionnels à Poitiers. À 21 ans, Diawara n’a pas encore confirmé à l’échelle internationale, mais il conserve un potentiel intéressant, notamment pour des franchises NBA prêtes à parier sur un profil défensif polyvalent et intelligent.

Qualités :

  • Défenseur polyvalent capable de s’adapter à plusieurs types d’adversaires.
  • Vision du jeu prometteuse pour un ailier, avec de la création secondaire.
  • Capable de remplir un rôle précis avec discipline et engagement.

Points à améliorer :

  • Son tir extérieur reste irrégulier malgré une légère progression.
  • Manque de visibilité aux États-Unis, absent du paysage médiatique et des essais (combines).
  • Profil difficile à cerner, ce qui complique son intégration dans des systèmes NBA.

Disponibilité en 9 : oui mais trop haut
Disponibilité en 39 : oui

Serge Dupuis, l’homme qui écrit l’Ontario français

SUDBURY – Difficile d’imaginer parler d’histoire franco-ontarienne sans évoquer ses nombreux travaux et ouvrages sur la question. Il y a une semaine, Serge Dupuis lançait son dernier livre intitulé Le Moulin-à-Fleur de Sudbury : quartier ouvrier, territoire canadien-français, qu’il a coécrit avec Normand Carrey et dont toutes les copies ont été écoulées lors du Salon du livre du Grand Sudbury. L’historien et consultant originaire de Sudbury et installé à Québec depuis une dizaine d’années revient sur son parcours, ses liens avec le Nord et ses projets d’avenir.

« Votre dernier livre a fait sensation au Salon du livre de Sudbury, où vous avez animé une causerie. Êtes-vous surpris de l’accueil par le public?

Oui, très heureux et ça fait chaud au cœur. C’est la première fois que je viens dans un Salon du livre où la salle est comble, et d’ailleurs, je n’ai même pas eu l’occasion d’aller m’asseoir au stand de dédicace parce que les gens faisaient la file pour venir me voir après la séance. Ça montre qu’il y a un vrai intérêt pour des sujets locaux et il faut dire qu’on a lancé le livre à deux kilomètres du quartier en question. Alors oui, je me suis senti comme une vedette!

La file des personnes demandant une dédicace à l’auteur Serge Dupuis au Salon du livre de Sudbury le 10 mai dernier. Photo : Inès Rebei/ONFR

Qu’est-ce qui vous a poussé à écrire sur ce quartier?

On s’est beaucoup intéressé aux études sur l’éducation, les revendications politiques, les institutions de la communauté franco-ontarienne, sur les figures de proue qui ont animé ce réseau-là. On a traité les paroisses et les caisses populaires, mais l’histoire de la francophonie territoriale était, elle, relativement peu étudiée. À Sudbury, les chercheurs ne s’étaient pas vraiment penchés sur le cas du Moulin-à-Fleur, peut-être parce que la communauté de recherche est plus petite. J’ai eu une discussion avec Normand Carrey, un ami de mon beau-père, qui est originaire du quartier et voulait travailler sur le sujet. On a commencé à écrire en 2019 et en 2022, on avait un premier jet pour le manuscrit.

Avez-vous appris des choses surprenantes lors de vos recherches pour ce livre?

Oui, plusieurs. Par exemple, je n’avais pas compris à quel point le réarmement de l’Europe dans les années 30 avait eu une incidence sur l’expression minière à Sudbury et à quel point ces années ont attiré des familles canadiennes-françaises vers le Moulin-à-Fleur, parce qu’il y a eu de la reprise économique beaucoup plus tôt qu’ailleurs. J’ai trouvé intéressant, aussi, que la vitalité de ces quartiers se soit maintenue dans les années 50-60 malgré le développement des banlieues. C’était le quartier le plus francophone de l’ancienne ville de Sudbury.

La causerie animée par Normand Carrey (à gauche) et Serge Dupuis (à droite) a beaucoup fait réagir le public présent à la Place des Arts du Grand Sudbury. Photo : Inès Rebei/ONFR

Vous aviez laissé entendre qu’il est possible qu’il y ait une suite à cet ouvrage?

C’est possible. Ça pourrait être intéressant d’ajouter un cinquième chapitre et, peut-être, avoir un impact sur le cours de l’histoire. Car, oui, il est possible que la connaissance favorise la prise d’actions, on l’a vu par le passé. Ça me réjouirait de voir un impact positif sur l’apparence et la vitalité de ce quartier-là.

Avez-vous déjà un autre projet d’écriture en tête?

J’en ai plusieurs qui en sont à différents stades, mais j’ai un manuscrit qui a été soumis à Prise de Parole. C’est l’histoire de la famille Goulard, qui opère une entreprise forestière du nom de Goulard Lumber depuis plus d’un siècle dans le Nipissing Ouest. Les premiers Goulard sont arrivés en forêt vers 1911-1912. C’est une tradition qui se poursuit à la quatrième génération encore aujourd’hui.

Serge Dupuis a animé un atelier au 3e Forum franco-ontarien des affaires organisé par la Fédération des gens d’affaires francophones de l’Ontario (FGA) à Sudbury le 15 juin dernier. Photo : Inès Rebei/ONFR

Quand avez-vous découvert cette passion pour l’histoire franco-canadienne?

Chez moi, ça a commencé avec la généalogie, quand j’étais au secondaire. Ensuite, quand j’étais au baccalauréat en histoire à l’Université Laurentienne en 2003, j’ai fait connaissance avec plusieurs figures, comme Gaétan Gervais, qui avaient une certaine philosophie dans la manière d’enseigner l’histoire. C’est un domaine peu ou pas étudié, donc on pouvait être les premiers à se pencher sur ces sujets.

Concernant le postsecondaire à Sudbury justement : pensez-vous que l’Université de Sudbury, dont la première rentrée aura lieu en septembre, pourra permettre de former des enseignants qui resteront dans le Nord?

Je souhaite que l’université forme de nouveau des gens en sciences humaines, lesquels ont vraiment été disproportionnellement affectés par les coupures à la Laurentienne en 2021. Couper des programmes en sciences humaines, c’était essentiellement couper tous les lieux de recherche sur les Franco-Ontariens. Donc, le parcours que j’ai suivi, et que d’autres collègues ont suivi aussi, ne serait plus possible aujourd’hui et ne le sera probablement pas pour un bout de temps. Une maîtrise en histoire en français, je ne pense pas qu’on en aura dans le moyen terme.

Le 20 mars dernier, Serge Dupuis participait à la première émission bilingue préparée par ONFR et TVO, intitulée « Où en sont les deux solitudes au Canada? » à l’occasion de la Journée internationale de la francophonie. Photo : ONFR/TVO

Qu’est-ce qui vous a poussé à aller vivre à Québec?

La situation de l’emploi n’avançait pas à l’université Laurentienne en 2014. C’était le deuxième concours qui n’avait pas marché pour moi. J’étais découragé, mais j’ai reçu une lettre, le lendemain, me disant que l’Université Laval me proposait une bourse de 50 000 $ par année, non taxés, pour mes projets de recherche.  Mes deux premiers livres ont été en grande partie rédigés et mis à jour pendant le stage postdoctoral, donc ça a un peu propulsé ma carrière comme auteur. Donc, au départ, je me rendais à Québec pour un an ou deux. Ensuite, on a commencé à me contacter pour des projets en histoire avec des projets qui me venaient d’Ottawa, du Québec et même de Sudbury, ce qui m’a amené à rester.

Serge Dupuis est encore très proche du milieu communautaire franco-sudburois. Photo : Gracieuseté de Elsie Miclisse

Qu’est-ce qui vous manque le plus du Nord de l’Ontario?

L’été, ce sont les lacs. Ça me fait toujours plaisir d’aller faire de la course à pied puis de sauter dans le lac Ramsey. Cette proximité avec les lacs, c’est ce qui me manque le plus à Québec. Deuxièmement, je dirais que c’est la communauté autour du Carrefour francophone, avec des spectacles et des événements qui font vivre la culture franco-ontarienne. C’est toujours bien fait et c’est vraiment une des plus belles choses que Sudbury a à offrir. Ça me manque de ne pas pouvoir retrouver cette ambiance-là plus souvent.

Parfois, vous avez eu à tirer des constats pas très positifs sur la francophonie à Sudbury. Est-ce que le fait que vous ayez du recul et de la distance vous aide dans votre travail?

J’ai une sorte de responsabilité, c’est sûr, parce que c’est le milieu qui m’a élevé. Dès que je peux mettre en valeur les causes et les besoins de la population, je suis toujours heureux de le faire, mais parfois ce sont des portraits moins flatteurs que je dois dresser. Je pense qu’on l’a fait un peu avec mon étude sur le bilinguisme municipal que j’ai menée pour l’ACFO du Grand Sudbury. Le dernier chapitre sur le Moulin-à-Fleur n’est pas toujours facile à lire non plus, mais je tâche toujours d’écrire des pistes de réflexion pour une amélioration potentielle.

Peut-être que je me mouillerais moins si je ne venais pas de l’endroit, ou que j’étais plus détaché, mais je pense qu’on peut se servir de cet attachement-là de façon utile, si on est capable d’être sensible à la réalité que vivent les gens qui sont restés. Forcément, quand on est ailleurs, il faut aussi se garder une petite gêne parce qu’on vient de là, mais on n’est plus résident.

Serge Dupuis est membre associé à la Chaire pour le développement de la culture d’expression française en Amérique du Nord (CEFAN) de l’Université Laval. Photo : Archives ONFR

Pourriez-vous revenir prochainement dans le Nord?

Il ne faut jamais dire jamais. Je pourrais imaginer des contextes où ça pourrait se produire, mais comme ça fait 11 ans que je suis ici, plus le temps passe et moins ça devient probable. La situation de l’emploi a toujours été un obstacle significatif. Même si je fais des projets sur Sudbury, je n’aurais pas pu avoir la carrière que j’ai eue si je ne m’étais pas déplacé à Ottawa et à Québec. »


1985 – Naissance à Sudbury

2000 – S’implique à la Fédération de la jeunesse franco-ontarienne (FESFO)

2005 – Obtient son premier prix de rédaction à la Laurentienne et sa première bourse fédérale

2016 – Fait paraître son premier ouvrage, Plus peur de l’hiver que du Diable : une histoire des Canadiens français en Floride, chez Prise de parole

2017 – Reçoit le prix Richard-Arès du meilleur essai publié au Québec pour son ouvrage Le Canada français devant la francophonie mondiale 

2025 – Fait le lancement, au Salon du livre du Grand Sudbury, de son livre Le Moulin-à-Fleur de Sudbury : quartier ouvrier, territoire canadien-français, coécrit avec Normand Carrey

Chaque fin de semaine, ONFR rencontre un acteur des enjeux francophones ou politiques en Ontario et au Canada.

Cindy Caron : « Plus personne ne croit à une qualification des Maple Leafs »

ENTREVUE EXPRESS 

QUI 

Cindy Caron est LA spécialiste francophone des Maple Leafs de Toronto. Elle suit l’équipe depuis 8 ans pour L’Express de Toronto. 

LE CONTEXTE 

Après avoir mené 2-0 dans la série qui les oppose aux Panthers de Floride au deuxième tour des séries éliminatoire de la LNH, les Maple Leafs ont concédé deux matchs à l’extérieur avant de totalement déjouer lors de la cinquième manche perdue sur le score de 6-1, mercredi à l’aréna Scotiabank. Désormais dos au mur, l’équipe torontoise doit absolument s’imposer en Floride, ce vendredi, pour espérer arracher un match 7, qui aura lieu dimanche. 

L’ENJEU 

Les Maple Leafs déçoivent en séries depuis des années en ayant eu la fâcheuse habitude de se faire remonter et de perdre lors des matchs décisifs des séries. Cindy Caron fait le point sur l’ambiance au sein de la franchise et de ses partisans à quelques heures de la rencontre décisive de ce vendredi soir. Les Torontois peuvent-ils renverser la vapeur et vaincre leurs vieux démons? L’experte, comme tous les observateurs, n’est pas très optimiste tant l’équipe a déçu ces dernières années. 

« Quelle était l’ambiance mercredi soir dans l’aréna, après cette défaite cinglante des Mapple Leafs?

En fait, avant même la fin du match, dès la fin de la première période, les partisans ont montré leur mécontentement.  Les Leafs ont eu un avantage numérique et n’ont pas été été capables de capitaliser. Les partisans ont commencé à les huer immédiatement. Ça n’a pas arrêté : dans la dernière minute de la première période, quand les Leafs sont rentrés au vestiaire, ils se sont fait huer de nouveau et ça a continué dans la deuxième.  En milieu de troisième, la moitié de l’aréna était partie. Il y a des gens qui ont lancé des chandails. Deux chandails d’Auston Matthews ont été lancés sur la glace.

C’est sûr que c’est du monde qui a payé très, très cher pour être là hier. Le moins cher pour entrer, c’était autour de 400 $ pour en haut. Ça allait jusqu’à 1200 $! Tu vas là, et c’est 6-0 en troisième période. Les Leafs n’ont rien fait… C’est le pire match des neuf dernières années de l’équipe.

Mitch Marner (16) n’a pas tiré au but lors des deux derniers matchs face aux Panthers. Ses jours à Toronto sont comptés, il pourrait ne plus faire partie de l’équipe la saison prochaine. Photo : Chris Young.

Comment expliquez-vous une telle contre-performance, qui semble se répéter année après année? 

Au premier tour contre les Sénateurs, tout le monde a eu l’impression que c’était le nouveau coach, les nouveaux joueurs, une nouvelle mentalité, un nouveau système.

Ça cliquait bien. On se disait qu’ils étaient passés par-dessus les embûches des autres années. Il y avait une nouvelle vibe avec l’équipe. On se disait que les vieux démons du passé, c’était justement dans le passé.

Après les deux premiers matchs gagnés contre la Floride,  tout le monde, même les médias, sentait une fraîcheur, une attitude différente. Moi, c’est ma huitième saison. C’est la première fois que je me dis ‘OK, là, peut-être que ça se pourrait’. Mais là, ils perdent deux matchs en Floride. On tombe à 2-2. L’aspect mental revient. Les fantômes du passé reviennent. C’est des gars qui ont perdu, perdu et reperdu les neuf dernières années.

L’entraîneur a expliqué que ses joueurs pensaient trop et ne jouaient plus au hockey. C’est ce qu’on a vu, une équipe qui faisait huit passes avant de lancer. Mais si tu ne tires pas au but, tu ne peux pas compter. Un gars comme Mitch Marner a zéro tir au but en deux matchs, mais il fait 10,9 millions par année. C’est juste ça : ils sont trop dans leur tête. Toutes les défaites du passé les rattrapent.

Est-ce qu’il y a un espoir de les voir quand même retourner la situation?

Oui, c’est possible. Ils pourraient bien gagner à Sunrise ce vendredi et revenir à Toronto dimanche. Mais, par le passé, Toronto s’est fait éliminer en 7 à la maison quatre, cinq fois des lors des neuf dernières années. Alors tu te dis, c’est quoi le point? Les fans vont encore une fois dépenser des montants fous pour peut-être voir leur équipe se faire éliminer. Est-ce qu’il y a espoir? Oui. Est-ce qu’ils peuvent ramener ça en 7? C’est possible.

Je pense qu’il faudrait que ça se fasse, ne serait-ce que pour montrer qu’ils sont rendus au deuxième tour, que ce n’est pas juste 4 ou 5 matchs et c’est fini.

Mais peu importe ce qui va arriver dans les prochains jours, ça va probablement être la fin de l’ère Matthews-Marner à Toronto. Peu importe le résultat, je pense que Mitch Marner est parti cet été, c’est garanti. Maintenant, ça dépend de comment ils veulent finir ça. Est-ce qu’on va se souvenir d’une équipe qui s’est fait éliminer sans livrer la marchandise pendant trois matchs consécutifs, après avoir mené 2-0?

Cindy Caron interroge le francophone des Maple Leafs Simon Benoît après un match. Photo : Chris Young

Les partisans y croient-ils encore ou peuvent-ils lâcher l’équipe sur les derniers matchs?

Je dirais que les partisans n’y croient plus. Mercredi soir, sur les réseaux sociaux, c’était intense. ’Échangez le capitaine’, ‘Marner dehors’, ‘Videz l’équipe’… Les fans ont souvent été blessés. C’est beau de soutenir ton équipe, mais à un moment donné, des performances comme celle de mercredi, c’est impardonnable.

Personnellement, je m’attends à ce qu’ils gagnent en Floride. Ils ont tendance à faire ça. C’est souvent leur pattern en séries. Mais est-ce qu’ils vont gagner la série? Présentement, ni les observateurs, ni les journalistes, ni les partisans n’y croient vraiment.

Les partisans seront là s’il y a un match 7, mais si on assiste à une performance du même genre que le 5, ça va exploser. Après, malgré l’élimination, les partisans seront toujours là. Ils vont lâcher l’équipe pour l’été et seront de retour pour la nouvelle saison. C’est toujours les montagnes russes avec les Leafs. 

Pour finir, comment jugez-vous les performances de Simon Benoît, le francophone de l’équipe? 

Honnêtement, Simon Benoît est une belle acquisition. Il a eu de la difficulté à se faire sa place au début, puis il s’est établi. Plus la saison avançait, plus il est devenu un favori de la foule.

En séries, il s’est vraiment imposé comme un défenseur important. Il a ajusté son style aussi. Défensif à la base, il a ajouté une touche offensive. Il a même marqué le but gagnant, en prolongation, lors du match 3 contre les Sénateurs. Le plus gros but de sa carrière!

C’est aussi le joueur avec le plus de lancers bloqués en ce moment. Beaucoup de mises en échec, peu d’erreurs. Il a signé un contrat de trois ans l’an dernier. C’est vraiment une belle addition pour les Leafs. Il va continuer à progresser. Il y a beaucoup de positif pour lui. »

Le budget du ministère des Affaires francophones passe de 14 à 11,3 millions

L’exercice financier de l’Ontario, déposé aujourd’hui, qui ne fait que peu ou pas mention de projets francophones, dévoile quelques changements quant au budget du ministère des Affaires francophones (MAFO). Initialement estimé à 13,3 millions en 2024-25, la francophonie a finalement bénéficié d’un total de 14 millions. Pour cette nouvelle année fiscale, son budget redescend à 11,3 millions. L’AFO déplore le manque de perspective francophone et de « transparence quant à la destination des fonds ».

Une baisse de 2,7 millions de dollars entre cette année et l’année dernière est à noter pour le MAFO qui bénéficiait alors d’un investissement de durée limitée, de même qu’une augmentation de son budget de base.

Source : capture d’écran du budget Ontario 2025

Pour 2025-2026, son budget est estimé à 11,3 millions de dollars, le financement de base passant à 8,7 millions, soit un écart mince par rapport au précédent. Si on compare le budget du MAFO par rapport à 2022-23, il s’agit tout de même d’une augmentation de 3 millions de dollars.

« Les dépenses du ministère des Affaires francophones devraient être moins élevées en 2025-26 qu’en 2024-25 en raison d’un financement temporaire accordé dans le cadre d’une entente fédérale-provinciale visant à appuyer la prestation de services de qualité en français », nous a expliqué un porte-parole du gouvernement.

En 2024, les deux gouvernements ont en effet signé une nouvelle entente de cinq ans, couvrant la période du 1er avril 2024 au 31 mars 2028. Cette entente prévoit une contribution annuelle de 4 millions de dollars pour chaque exercice financier, totalisant 20 millions de dollars sur cinq ans, appuyant le développement de programmes de formation bilingues, visant à améliorer les perspectives économiques des entreprises francophones et à renforcer les services en français.

« Et la diminution du financement s’explique par un report de fonds issus de cette entente durant l’exercice précédent. L’entente se poursuit en 2026-27 et 2027-28 à un niveau de financement stable. »

L’Assemblée de la francophonie de l’Ontario (AFO) a réagi par communiqué sur cette baisse et notamment sur le manque de « transparence quant à la destination des fonds (qui) laisse la commnunauté dans l’incertitude ». Rappelant que le budget de 2024 comportait une section Appuyer la communauté francophone de l’Ontario.

Peu ou pas de précision pour les projets francophones

L’AFO « déplore l’absence notable de mesures concrètes pour répondre aux besoins spécifiques des 1,5 million de francophones et francophiles de la province », notant les secteurs de l’éducation, la culture, les services sociaux ou encore le développement économique de la francophonie internationale.

« Le gouvernement investit pour renforcer la résilience économique de la province. Mais en omettant d’y intégrer une perspective francophone, il affaiblit directement la capacité d’une partie de sa population à contribuer pleinement à cette relance », commente Fabien Hébert, président de l’AFO, qui rappelle que les entreprises francophones représentent 12 % du PIB ontarien.

« Il est temps que les francophones cessent d’être perçus comme un coût, et qu’ils soient considérés comme un investissement stratégique pour l’avenir de la province, spécifiquement sur le plan économique », conclut celui-ci.

« Il n’y a rien sur la francophonie. Une occasion manquée »
— Julien Geremie, directeur général d’Impact ON

« Il n’y a rien sur la francophonie. Une occasion manquée de s’associer de façon plus explicite pour le succès de la province », exprime également Julien Geremie, directeur général d’Impact ON.

« Le programme FDC est maintenu et c’est une bonne nouvelle pour la reclassification de la main-d’œuvre. C’est un choix de société qui est fait d’une certaine façon de privilégier davantage les métiers, à voir à plus long terme si cela est stratégique ».

Il salue plusieurs secteurs bien ciblés tels que l’intelligence artificielle, les sciences de la vie ou encore le commerce international, mais il déplore toutefois le manque d’une approche plus décisive, par exemple, côté commerce international.

« Cinq des 14 bureaux de représentation commerciale de l’Ontario sont aux États-Unis, mais rien sur des marchés à fort potentiel comme en Afrique (francophone par exemple), en Amérique du Sud ou encore au Moyen-Orient. »

M. Geremie note la diminution du financement des établissements postsecondaires pouvant « mettre en péril la formation des talents qui seront recherchés pour mener l’innovation dans les secteurs mentionnés ci-dessus ».

De fortes réserves émanent en outre de l’Association des enseignantes et des enseignants franco-ontariens (AEFO). « Malgré certaines annonces positives, notamment un investissement de 55,8 millions de dollars sur deux ans pour former 2600 nouveaux enseignants, le budget ne prévoit aucune augmentation significative du financement de l’éducation pour au moins les trois prochaines années », relève sa présidente, Gabrielle Lemieux.

Selon elle, « cette stagnation prolonge le sous-financement chronique qui affecte notre système éducatif depuis 2018, mettant sérieusement en péril la qualité et l’accessibilité à l’éducation en langue française financée par les fonds publics dans toute la province. »

Et de conclure : « Le plafonnement annoncé des investissements, qui ne suivent même pas l’inflation, constitue un recul déguisé particulièrement alarmant », dans un contexte de « pénurie persistante de personnel qualifié et la violence scolaire grandissante. »

Échanges avec le Québec et l’Afrique : les atouts de la francophonie du Nord

SUDBURY – Le 3e Forum annuel de la Fédération des gens d’affaires francophones de l’Ontario (FGA) s’est tenu pour la première fois à Sudbury ce jeudi. Les opportunités offertes par la francophonie du Nord ont été au cœur de plusieurs discussions durant ce rendez-vous économique de la communauté franco-ontarienne.

Entrepreneurs, acteurs institutionnels et membres de la communauté culturelle : ils étaient plus d’une centaine à s’être déplacé à Science Nord pour cet événement annuel de réseautage en milieu minoritaire.

Le nord de l’Ontario a été au centre des échanges, et pour plusieurs intervenants, il y a un momentum à saisir avec le contexte actuel de tensions avec les États-Unis et d’incertitude économique.

« Je vois un vrai potentiel avec l’Afrique et autres régions francophones, qu’on n’a pas du tout exploité »
— Paul Lefebvre

C’est ce que pense Dominic Mailloux, président de la FGA qui souhaiterait voir plus d’échanges avec d’autres provinces comme le Québec : « Dans les régions du Québec, les gens ne parlent pas en anglais donc ça peut être naturel pour eux de se tourner vers des entrepreneurs francophones de l’Ontario pour créer des liens qui mènent à des opportunités d’affaires ou d’emplois ».

Afrique et immigration

De son côté, le maire Paul Lefebvre juge qu’il est temps de se tourner vers des partenaires en Afrique : « Je vois un vrai potentiel avec l’Afrique et autres régions francophones, qu’on n’a pas du tout exploité. C’est pour ça que c’est important d’avoir des conversations continues avec les deux paliers de gouvernement pour ça ».

Celui qui a été chaleureusement applaudi après avoir rappelé qu’il est le premier maire francophone de Sudbury en plus de 50 ans a fait savoir que sa ville comprend 300 petites moyennes entreprises œuvrant dans le secteur minier et dont une grande partie du chiffre d’affaires provient de l’international.

Le maire Paul Lefebvre a réitéré son intention d’augmenter la population à 200 000 habitants et d’embaucher plus de travailleurs à Sudbury. Photo : Inès Rebei/ONFR

La mairesse de Timmins et le maire de Hearst ont aussi présenté les nouveaux programmes en immigration et les nouveaux arrivants et les étudiants internationaux comme étant d’autres atouts inestimables pour la francophonie dans le Nord et en Ontario.

Michelle Boileau a adressé un message aux employeurs francophones qui hésiteraient à recruter de nouveaux arrivants : « Il faut prendre des risques, apprendre de la personne qui est récemment arrivée et qui a un accent différent en français parce que ça a une valeur ajoutée tellement forte ».

L’Université de Hearst, dont près de 80 % de la clientèle vient de l’international, notamment d’Afrique, a aussi été désignée par Roger Sigouin, comme une force avec ses multiples campus dans la région.

« Ce qu’on voit en ce moment c’est que la vitalité linguistique rime avec la vitalité économique »
— Serge Miville

Et de terminer : « En 2030, ma communauté, un bon pourcentage va être à la retraite donc il faut bâtir avec des gens de métiers et du milieu académique pour montrer aux jeunes nouveaux arrivants qu’ils peuvent s’épanouir chez nous »

Un nouveau membre hors Ontario à la FGA

Toutefois, M. Mailloux estime que même sans l’imposition de tarifs par le voisin du sud, il est nécessaire d’ouvrir les champs du possible : « Moi, je suis de l’école d’esprit qu’ensemble, on est plus fort et on va plus loin. Alors, nonobstant la présence ou non de barrières tarifaires, je pense qu’on doit absolument viser à des activités comme des missions commerciales, du réseautage, etc. »

Pour Dominic Mailloux, président de la FGA, la rétention est aussi importante que l’attraction de nouveaux employés. Photo : Inès Rebei/ONFR

Plusieurs personnes ont d’ailleurs soulevé que, la veille, l’Ontario signait une entente avec le Manitoba pour abolir les barrières commerciales.

La remise du Prix Ontario-Québec n’a pas eu lieu durant le forum, comme c’est généralement le cas, mais plus tard dans l’année. La raison : ce nouveau partenariat avec le conseil du patronat du Québec qui a été annoncé durant le sommet et qui est en alignement avec cette nouvelle orientation souhaitée par le monde des affaires franco-ontarien.

Les atouts inestimés du français en économie

« Ce qu’on voit en ce moment c’est que la vitalité linguistique rime avec la vitalité économique », pense le recteur et vice-chancelier de l’Université de Sudbury qui a choisi d’annoncer la création d’un institut économique de l’Ontario français dans l’établissement.

Serge Miville, recteur et vice-chancelier de l’Université de Sudbury, prépare la première rentrée de l’Université de Sudbury cet automne. Photo : Inès Rebei/ONFR

Serge Miville en a profité pour présenter plusieurs données financières qui ont surpris la salle. L’écart de salaire médian entre une personne dont la première langue officielle parlée est le français et une autre dont c’est l’anglais est de 8000 $ à Sudbury et 12 000 $ à l’échelle de la province, en faveur de la francophone.

« Ironiquement, la francophonie est rentable pour les gens, leur salaire médian est largement supérieur quand on est francophone », termine celui qui a une carrière d’historien et chercheur derrière lui.

Une autre donnée encourageante présentée par David Pinsonneault, vice-président exécutif chez TD, indique que 70 % des entreprises francophones sont toujours en activité cinq ans après leur démarrage comparativement à 50 % pour les entreprises en général.

Stéphane Sarrazin, adjoint parlementaire du ministre du Développement économique et de la ministre des Affaires francophones de l’Ontario, lui aussi à Sudbury pour l’événement, s’est dit en faveur de plus d’initiatives pour la francophonie.

Stéphane Sarrazin est l’adjoint parlementaire du ministre du Développement économique et de la ministre des Affaires francophones. Photo : Inès Rebei/ONFR

Selon lui, il est important d’avoir des personnes haut placées capables de s’exprimer en français : « En en accédant à des postes importants en tant que francophone, c’est là qu’on réalise la réalité, les défis, les opportunités ».

Et de continuer : « On voit qu’il y a quand même une belle dynamique au Parlement de l’Ontario. Il y a beaucoup de mes collègues députés qui apprennent le français et qui font des efforts pour parler en français ».

Budget 2025 : des milliards pour l’emploi et un déficit qui s’envole

Le ministre des Finances a présenté, ce jeudi, le budget de 2025. Un plan financier pas comme les autres : le premier depuis la réélection du gouvernement Ford et depuis l’application des droits de douane américains. Avec son « plan pour protéger l’Ontario », la province met les bouchées doubles sur la protection des emplois et le développement économique. Tandis que le déficit va tripler cette année, à hauteur de 14,6 milliards de dollars, le retour à l’équilibre budgétaire est repoussé d’un an, soit en 2027-2028.

Dans un contexte d’augmentation du chômage et de prévision de pertes d’emploi, le gouvernement présente un plan qui ambitionne de protéger les travailleurs et les entreprises, via notamment la création d’un fonds d’aide atteignant jusqu’à 5 milliards de dollars dans les secteurs fortement impactés par les tarifs douaniers.

Parmi les aides pour les entreprises : 1,3 milliard de dollars en crédit d’impôt pour l’investissement dans la fabrication ainsi qu’un report d’impôts de 11 milliards de dollars pour 80 000 entreprises, incluant un rabais de 2 milliards par l’intermédiaire de la Commission de la sécurité professionnelle et de l’assurance contre les accidents du travail (WSIB), afin de maintenir les travailleurs en poste.  

Le gouvernement augmente l’enveloppe du Fonds pour le développement des compétences (FDC) à près de 1 milliard sur trois ans, soit un total de 2,5 milliards, pour la formation des travailleurs de l’Ontario, dont ceux qui sont touchés par les mises à pied résultant des tarifs.

Cela comprend un nouveau financement de 705 millions de dollars afin de former davantage de travailleurs, notamment dans l’industrie manufacturière et le secteur de la santé.

Près de 600 millions de dollars sont alloués au Fonds pour l’investissement de l’Ontario, afin de créer des emplois et attirer des investissements.

« Ces tarifs, imposés par les États-Unis, ont été un avertissement pour les Canadiens (…) qui met en évidence les défis sous-jacents auxquels notre économie et notre nation font face », a déclaré Peter Bethlenfalvy en introduction du dépôt du budget ontarien 2025.

Le gouvernement mise sur le développement du secteur minier en injectant 500 millions de dollars dans la création d’un nouveau Fonds pour le traitement des minéraux critiques (FTMC), en plus de 70 millions sur quatre ans pour le Fonds pour la participation des Autochtones « aux processus de réglementation » de l’exploration minérale et au développement minier, de par les débouchés économiques qui découleraient du secteur.

Le montant maximal des garanties de prêt par l’entremise du Programme de financement pour les initiatives autochtones est également triplé, passant à 3 milliards de dollars.

175 millions sur cinq ans appuieront les vignerons et les établissements vinicoles de la province, auxquels s’ajoutent 420 millions sur cinq ans pour l’élargissement du Programme d’aide à la promotion des vins de la Vintners Quality Alliance (VQA).

Pour le particulier, ça change quoi?

Dans le cadre du nouveau budget, l’Ontario a annoncé plus tôt cette semaine réduire de façon permanente la taxe sur l’essence, soit une économie de 115 $ en moyenne par ménage chaque année, et abolir le péage sur l’autoroute 407 est, le seul tronçon provincial restant, faisant réaliser chaque année une économie de 7200 $ aux navetteurs quotidiens.

Côté logement, si on ne voit pas de rhétorique sur le retour du contrôle des loyers, à partir de 2026, les municipalités pourront réduire jusqu’à 35 % le taux d’imposition foncière municipal pour les logements locatifs abordables admissibles.

Cinq milliards de dollars sont ajoutés au Fonds ontarien pour la construction pour « aider à débloquer des projets d’infrastructure dans des domaines prioritaires », dont le logement abordable.

En tout début de semaine, le ministre du Logement Rob Flack annonçait un nouvelle loi destinée à accélérer la construction de logements et d’infrastructures. Parmi les mesures fortes, la province réduira les frais d’aménagement locaux « qui peuvent ajouter des centaines de milliers de dollars au coût des nouveaux logements » et qui varient d’une ville à l’autre, et ce, en collaboration avec les municipalités. 

400 millions de dollars supplémentaires seront injectés au Fonds pour les réseaux d’eau pour la construction de logements (FRECL) et au Programme pour l’infrastructure municipale et le logement (PIML), soit 2,3 milliards de dollars sur quatre ans.

Pour 2025-2026 une aide aux chercheurs d’emploi via le programme Meilleurs emplois Ontario qui recevra 50 millions supplémentaires pour couvrir des dépenses telles que les frais de scolarité, de transport et de garde d’enfant.

Hausse spectaculaire du déficit en 2025-2026

La projection de déficit pour 2024-2025 est chiffrée à 6 milliards (mieux que les 9,6 milliards estimés un an plus tôt). En revanche, l’estimation du déficit pour 2025-2026 s’envole avec 14,6 milliards de dollars, plus de trois fois plus que les projections d’il y a un an (4,6 milliards).

Le gouvernement envisageait l’année dernière un retour à l’équilibre budgétaire dès 2026-2027, maintenant repoussé à 2027-2028 avec un mince excédent de 0,2 milliard de dollars.

Le coût total des dépenses s’élève à 232 milliards de dollars, 5 milliards de plus que dans le budget 2024.

Comme prévu, la croissance du PIB est faible avec respectivement 0,9 % et 1,1 % en 2025 puis en 2026, avec une projection de remontée à 2 % d’ici à 2027.

Déception de l’opposition quant à la santé, à l’éducation et au logement

Enfin, comme annoncé précédemment pour le secteur de la santé, l’objectif du gouvernement est que tous les Ontariens aient accès à un médecin de famille d’ici 2029. Un objectif pour lequel il met 1,8 milliard de dollars sur la table pour rejoindre 2 millions de personnes qui en sont dépourvues. Cette année, 80 équipes de santé primaire seront renforcées pour 300 000 personnes. 

En éducation, le gouvernement annonce un investissement de 30 milliards de dollars au cours des 10 prochaines années, dont 23 milliards pour la construction et rénovation d’écoles. Pour 2025-2026, 2 milliards seront alloués à la réfection d’écoles existantes.

« Ceci n’est qu’une rustine budgétaire qui rate complètement la cible en matière de réconfort, de soutien et de livraison de résultats pour Ontariens. »
— Marit Stiles, cheffe du NPD

La cheffe officielle Marit Stiles qualifie pourtant le budget d’une « occasion ratée de renforcer l’Ontario », notamment « pour les familles qui se demandent comment elles vont joindre les deux bouts cet été, pour le personnel de la santé surmené qui peine à s’en sortir, pour les travailleurs de l’automobile inquiets pour leur avenir. Ce budget n’offre ni espoir ni réconfort. » 

Déplorant notamment que « Le budget de cette année réduit sérieusement le financement de l’éducation postsecondaire, ne parvient pas à combler l’écart dans nos écoles, renforce les échecs de Ford en matière de logement, et ne livre aucun soutien pour les communautés qui font face aux fermetures de salles d’urgences et de projets d’hôpitaux retardés ».  

« Les maisons, les hôpitaux et les écoles sont des infrastructures essentielles à la construction nationale pour renforcer l’Ontario et bâtir un avenir à l’épreuve des tarifs. Ceci n’est qu’une rustine budgétaire qui rate complètement la cible en matière de réconfort, de soutien et de livraison de résultats pour Ontariens. »

La cheffe du Parti libéral Bonnie Crombie s’est, elle, dite : « consternée par le sort des jeunes qui n’ont pas accès au logement abordable, des familles qui ont du mal à payer pour leurs épiceries, des parents qui ne voient aucune amélioration dans les classes surpeuplées et des personnes âgées qui voient le financement des soins de santé diminuer tandis que les temps d’attente s’allongent ».

« Chaque budget qui ne s’attaque pas à la crise des soins de santé, de l’éducation et du logement aggrave les problèmes, a-t-elle pointé du doigt. Il faudra une décennie ou plus pour réparer les dégâts. Malgré la crise d’abordabilité, le budget n’offre aucun allègement significatif aux familles de travailleurs ».

Nouvelle programmation pour le CNA, la dernière pour Alexander Shelley

OTTAWA – Le Centre national des arts (CNA) a dévoilé sa programmation 2025-2026 tôt jeudi matin. Mercredi soir, l’institution de la rue Elgin a également annoncé le départ du directeur musical de l’Orchestre du CNA (OCNA), Alexander Shelley. Sa 11e saison sera donc sa dernière.

Le CNA encense son chef d’orchestre dans le communiqué annonçant son départ. « Sous sa direction, l’Orchestre a assis sa réputation comme l’un des meilleurs ensembles de musique classique au pays, tissé des liens avec des publics divers et acquis une reconnaissance internationale à titre de partenaire innovateur pour les compositeurs et compositrices, les artistes, ainsi que les créateurs et créatrices du Canada. »

On rappelle notamment que l’OCNA a commandé plus d’une cinquantaine d’œuvres originales à des compositeurs canadiens et collaboré avec des artistes de différents domaines, dont le slameur franco-ontarien Yao.

Alexander Shelley a pris la barre de l’OCNA en 2015. Il avait alors 35 ans, ce qui en fait le plus jeune directeur musical de l’histoire de l’ensemble musical.

« Alexander Shelley est un chef d’orchestre exceptionnel et un collaborateur généreux qui a propulsé l’Orchestre du CNA vers de nouveaux sommets tout en plaçant les artistes et les compositeurs et compositrices du Canada au centre de sa vision », affirme Cristopher Deacon, président et chef de la direction du CNA.

« Ce fut le privilège d’une vie de servir le Centre national des Arts et la musique canadienne (….) une partie de nous restera ici à jamais » affirme le britannique Alexander Shelley. Photo : Curtis Perry

L’OCNA a aussi réalisé plusieurs tournées internationales sous la baguette d’Alexander Shelley. Il s’envolera d’ailleurs pour la Corée et le Japon dans les prochaines semaines.

Né à Londres, en Angleterre, le chef d’orchestre a affirmé que son mandat « fut le privilège d’une vie » et qu’il est reconnaissant envers le Canada, où ses deux enfants sont nés.

« Et pour ce qui est des membres de notre remarquable orchestre : j’étais leur plus grand admirateur au début de mon mandat, et le temps n’a fait qu’approfondir mon amour et mon admiration. »

Une programmation ambitieuse pour tous les volets

En plus de l’OCNA, les cinq autres branches artistiques ont dévoilé leur programmation 2025-2026 : Danse CNA, Musique populaire et variété, le Théâtre français, le Théâtre anglais et le Théâtre autochtone. La saison marquera aussi le retour des Zones théâtrales, qui se déroulent tous les deux ans, et du Festival Big Bang, qui permet aux enfants de s’approprier le CNA le temps d’une fin de semaine.

Le volet Musique populaire et variétés du CNA prévoit notamment la venue d’Ariane Moffat et de Martha Wainwright.

L’autrice-compositrice-interprète québécoise Ariane Moffat sera au CNA le 16 octobre. Photo : Adem Boutlidja

Le volet Enfance/jeunesse du Théâtre français du CNA est dirigé pour la première fois par Amélie Bergeron. On y retrouvera le conte musical Baobab (3 à 8 ans). Les tout-petits profiteront de Sous la feuille (18 mois à 5 ans) et les enfants plus grands pourront assister à Va falloir toujours toujours (6 à 12 ans), « un spectacle philosophico-pop flirtant avec la danse ».

En entrevue avec ONFR, le directeur artistique du Théâtre français du CNA, Mani Soleymanlou, explique vouloir miser sur la grandiosité des possibles. Du Shakespeare en joual au match de lutte en alexandrins, il souhaite miser sur les expériences et la démesure.

« Notre slogan de saison, c’est Du beau gros théâtre, point. J’ai l’impression que c’est de ça dont on a besoin. » Il regrette que les costumes, maquillages et décors soient souvent les premiers à être mis de côté, faute de budget, et veut les remettre au-devant de la scène.

La saison du Théâtre français s’ouvrira avec le projet Nuits claires. Pendant un an, une douzaine de dramaturges francophones de partout au pays ont écrit leurs réflexions sur la nuit, dans le plus grand des secrets et en suivant des instructions mystérieuses. On pourra voir le fruit de leur travail sur scène pendant les Zones théâtrales.

Mani Soleymanlou est le directeur artistique du Théâtre français du CNA depuis septembre 2021. Crédit image : Rachel Crustin

Le CNA ayant un mandat pancanadien, plusieurs productions sont des collaborations avec d’autres compagnies et lieux de création. « Je suis directeur d’un endroit qui a beaucoup de privilèges, qui a les moyens pour tendre la main », explique M. Soleymanlou. On retrouvera de nouveaux visages, mais aussi des habitués du CNA, comme les metteurs en scène et ex-directeurs artistiques Brigitte Haentjens (Passion simple d’Annie Ernaux, interprétée par Julie LeBreton) et Robert Lepage.

Ce dernier présentera Macbeth, transposé dans un univers de motards criminalisés s’exprimant en joual. « Ça va être ludique. Ça va être fort. Toute cette charge de Shakespeare : le sang, la vengeance, les passions… tout ça va bien se marier avec cet univers des motards et cette langue très crue », croit Mani Soleymanlou.

Une autre proposition complètement éclatée est Agamemnon in the ring, qui mélange théâtre, lutte et comédie musicale, le tout en alexandrins, tout en gardant la langue québécoise. « On se fait avoir. Dès qu’on arrive dans la salle, on nous dit de huer les méchants et d’applaudir les gentils, comme dans un gala de lutte. Après 20 minutes, on est en train de hurler pour vrai », promet Mani Soleymanlou.  

Agamemnon in the ring est une création des Créations Unuknu en collaboration avec le Théâtre de Quat’Sous. Photo : Najim Chaoui

La création in situ Camions (fantômes de la liberté), de Mélanie Binette, entrainera le public dans les couloirs du CNA et rappellera le convoi de la liberté qui s’est déroulé à quelques pas de là, en 2022. « C’est une recherche très philosophique et sociale sur la notion de liberté, plus qu’un spectacle sur le convoi des camionneurs », tempère le directeur artistique.

Autre moment fort de la programmation, la création de Visages, d’Alexia Bürger, qui sera présenté pendant deux semaines, incluant la première mondiale. Le spectacle met en vedette Sophie Cadieux, Anne Marie Olivier, Madeleine Sarr et la Franco-Ontarienne Marie-Thé Morin.

Une résidence artistique de trois ans a été confiée à la compagnie Création dans la chambre, afin de produire une œuvre théâtrale d’envergure.

Les univers multiples de la danse

La directrice artistique de Danse CNA, Caroline Ohrt, veut montrer à quel point la danse peut aller dans tous les sens. S’il faut trouver un fil conducteur à la saison, on pourrait parler d’énergie et d’éclatement. Certains spectacles se donneront d’ailleurs dans des lieux extérieurs. Le domaine Mackenzie-King, dans le parc de la Gatineau, offrira le décor des Scénographies-Paysages : Ciel et Terre de Danièle Desnoyers. L’église du Centre Dominion-Chalmers accueillera le spectacle Tout ce qu’il reste, que Danse CNA a commandé au duo  montréalais Vías en collaboration avec la salle Bourgie / Danse danse et le Domaine Forget, « une rencontre danse et musique (qui) devrait être vraiment extraordinaire ».

De plus, Danse CNA présentera aussi une production shakespearienne de Robert Lepage, alors qu’on y verra Hamlet, mettant en vedette le danseur franco-ontarien Guillaume Côté.

Hamlet est une cocréation des compagnies Ex Machina (Robert Lepage) et Côté Danse (Guillaume Côté). Les paroles ont été retirés et c’est le danseur torontois qui porte l’histoire sur ses épaules. Photo : Sasha Onyshchenko

Plusieurs productions francophones font partie de la programmation, sans que ce soit un critère de sélection. Celle qui est elle-même francophone explique avoir surtout « un grand souci d’être pancanadienne » et inclusive.

De l’international, on retrouve entre autres le chorégraphe belge d’origine marocaine Sidi Larbi Cherkaoui. « C’est de toute beauté. Il arrive à faire quelque chose de personnel et à le rendre universel. Il parle de ses racines, il commente le vivre-ensemble, il fait un tour aussi dans des événements plutôt tragiques qui se passent dans le monde, notamment autour d’exclusions, mais il y a beaucoup de lumière. »

Dans Ihsane, Sidi Larbi Cherkaoui explore ses origines marocaines et ses identités multiples. Photo : Gregory Batardon

À ceux qui pourraient être intimidés par l’idée d’aller voir un spectacle de danse, Caroline Ohrt répond : « allez-y et n’essayez pas de tout comprendre. Laissez-vous porter. La danse, c’est l’émotion qui passe par le corps. » Elle invite les gens à regarder les vidéos promotionnelles sur le site web du CNA et à choisir « ce qui nous accroche, sans l’intellectualiser. »

Parmi les propositions les plus originales, le studio Babs Asper deviendra un Skatepark pour une chorégraphie sur planches à roulettes, une ode à la jeunesse de la chorégraphe danoise Mette Ingvartsen.

La valorisation des langues au cœur du Théâtre autochtone

« Il est très important pour nous de représenter les expériences et les actualités autochtones, en anglais et en français, mais aussi dans les langues autochtones, affirme Lori Marchand, directrice administrative du Théâtre autochtone du CNA. Les efforts que nous faisons pour protéger les langues autochtones sont vraiment compris par nos collègues francophones. »

La saison du Théâtre autochtone du CNA s’ouvrira aussi pendant les Zones théâtrales avec Nigamon/Tunai, un « manifeste poétique » d’Onishka, la compagnie d’Émilie Monnet, rejointe sur scène par Wiara Nina. « Le public sera situé sur la scène et entouré par les éléments de la forêt », explique Lori Marchand.

Nigamon et Tunai signifient « le chant » en langues anishinaabemowin et inga. La pièce dresse un parallèle entre une forêt québécoise et colombienne. Photo : Antoine Raymond

Parmi les autres propositions francophones, on retrouve le « thriller politique et poétique » Tupqan | Nos territoires intérieurs, qui souligne les 40 ans d’Ondinnok, la plus vieille compagnie de théâtre autochtone au Québec, en collaboration avec Duceppe. Le spectacle est financé par le Fonds national de création du CNA. La pièce est présentement en développement avec des artistes comme Dave Jenniss, Soleil Launière et Charles Benders, « des artistes que nous aimons beaucoup ».

Un grand moment de la saison sera la présentation de Rose, dernier volet de la trilogie du « cycle de la réserve » de Thompson Highway. « Il a écrit la pièce en 1992. Ça a pris longtemps pour arriver à ce moment, cette première mondiale professionnelle. Ce sera un moment très important pour nous. »

La programmation complète 2025-2026 peut être consultée sur le site web du CNA. Il est possible de faire une recherche pour trouver spécifiquement le contenu francophone.

L’Université de Sudbury abritera un institut économique

SUDBURY – L’Université de Sudbury a profité du Forum annuel de la Fédération des gens d’affaires francophones de l’Ontario (FGA) pour dévoiler ce jeudi un projet structurant : la création de l’Institut économique de l’Ontario français (IEOF), un centre de recherche inédit dédié aux enjeux économiques de la francophonie ontarienne.

Ce nouvel institut, qui verra le jour au sein même de l’établissement universitaire, ambitionne de devenir un levier stratégique pour appuyer la croissance économique, stimuler l’innovation et promouvoir la vitalité culturelle et linguistique en Ontario français, avec un ancrage particulier dans le nord de la province.

« Ça fait des décennies qu’on n’a pas eu un centre de recherche dédié aux questions économiques francophones en Ontario. Il est temps de réfléchir à comment utiliser la francophonie économique comme un levier de développement social, culturel, intellectuel et commercial », a déclaré Serge Miville, recteur et vice-chancelier de l’Université.

Le 3e Forum annuel de la FGA a eu lieu ce jeudi, pour la première fois, dans la ville du nickel. Photo : Inès Rebei/ONFR

Répondre aux besoins du terrain

Trois axes stratégiques guideront les travaux de l’IEOF : la recherche sociale, linguistique et économique pour développer le capital humain bilingue, la collaboration avec les milieux public, privé et parapublic pour planifier la main-d’œuvre, et le soutien à l’entrepreneuriat francophone et au développement de nouveaux marchés.

Le recteur insiste sur la nécessité d’un dialogue structuré avec les acteurs économiques : « Je parle à des entrepreneurs, des conseils scolaires, et je leur demande : quels sont vos besoins de main-d’œuvre pour les cinq prochaines années? Et comment peut-on ajuster nos programmes pour y répondre? Ce sont ces conversations stratégiques qui permettront à l’économie et au postsecondaire de se développer de manière conjointe. »

Un constat préoccupant, mais porteur d’espoir

L’initiative s’inscrit aussi en réaction à des constats alarmants : « On a généré une situation qu’il faut corriger. À Sudbury, on observe un écart de 7,7 % entre les francophones et les anglophones au niveau de la diplomation universitaire. Ça, ce sont des millions de dollars qui s’évaporent chaque année de notre économie ».

Mais les données récentes sur le revenu médian sont encourageantes : « À Sudbury, les francophones gagnent en moyenne 8000 $ de plus que les anglophones. C’est un argument économique solide pour investir stratégiquement dans la francophonie ».

Une phase de consultation lancée

L’IEOF entre maintenant dans une phase de fondation. Des consultations seront menées auprès des entreprises, institutions, associations et de la société civile pour bâtir une structure de gouvernance et une feuille de route ancrée dans les besoins réels du terrain. « On veut réfléchir ensemble à comment jumeler économie, culture, société et postsecondaire pour livrer des résultats concrets », explique celui qui est aussi historien de carrière.

Concernant le financement pour cet institut, Serge Miville se dit optimiste : « Il y a des fonds pour la recherche qui existent à l’Université de Sudbury donc c’est une partie de ce qu’on va utiliser pour le démarrage. »

« On va regarder prochainement quand on va lancer l’étude car une des caractéristiques de l’IOF ce n’est pas seulement d’illustrer des données mais de voir ce qu’on fait avec », précise-t-il après avoir été questionné sur la date de lancement du projet. La première rentrée universitaire de l’Université de Sudbury aura lieu en septembre prochain.

« C’est notre Last Best West, sauf qu’il est dans le Nord », résume avec conviction le recteur.

Manitoba bilingue : Wab Kinew tourné vers les prochaines étapes

TORONTO – En déplacement à Queen’s Park ce mercredi, le premier ministre manitobain Wab Kinew a sollicité l’aide des autres provinces canadiennes pour appuyer sa candidature à l’Organisation internationale de la francophonie (OIF) en tant que membre observateur.

En marge de la signature d’un protocole d’entente visant à abolir les barrières commerciales entre l’Ontario et le Manitoba, le premier ministre Wab Kinew est revenu sur son intention d’aller de l’avant sur la candidature de sa province à l’OIF.

« C’est un des projets sur lesquels on peut travailler ensemble avec le Nouveau-Brunswick, l’Ontario, le Québec en leur demandant de (nous aider à) avancer notre statut pour rentrer dans l’OIF (…). La prochaine étape sera d’avoir cet appui de ces provinces et juridictions comme le Québec », a estimé M. Kinew, en conférence de presse, en réponse à une question d’ONFR.

L’arrivée au pouvoir de Wab Kinew en octobre 2023 a soulevé un vent d’espoir dans la communauté franco-manitobaine. Au lendemain de son élection, ce premier ministre multilingue a mandaté son ministre responsable des affaires francophones, Glen Simard, de faire du Manitoba une province « véritablement bilingue », un statut que seul le Nouveau-Brunswick détient au pays.

Il y a un mois, le ministre Simard a avancé ses pions sur plusieurs dossiers, notamment pour améliorer l’accès aux services en français, renforcer l’accès à la justice en français ou encore appuyer l’immigration et le tourisme. Une vaste consultation de la communauté a alors été annoncée pour connaître ses attentes.

« Il y a beaucoup de francophones chez nous, a rappelé mercredi M. Kinew, aux côtés de son homologue Doug Ford. La francophonie est très forte. Le Manitoba a rejoint le reste du Canada en tant que province à cause des métis qui parlaient la langue française. Alors, pour nous, c’est toujours un but d’être une province véritablement bilingue. »

Des efforts salués par la communauté

Une candidature à l’OIF doit franchir de nombreuses étapes et remplir plusieurs critères avant d’arriver au bureau du Comité sur les demandes d’adhésion. Un avis favorable lors du Conseil permanent de la Francophonie ouvrirait alors la porte à un vote des chefs d’États membres lors du prochain sommet de la Francophonie, en 2026, au Cambodge.

Le Manitoba deviendrait le sixième membre canadien après le Canada, le Québec, le Nouveau-Brunswick, l’Ontario et la Nouvelle-Écosse.

« Devenir membre de l’OIF fait partie de ces étapes qui vont nous amener à être une province bilingue, croit Derrek Bentley, président de la Société de la francophonie manitobaine (SFM). Avec tous les changements qu’on voit dans le monde, surtout aux États-Unis, c’est un excellent positionnement du Manitoba. »

« C’est excitant de voir que ce gouvernement a une vision pour la province qui inclut la francophonie »
— Derrek Bentley, président de la SFM

M. Bentley est persuadé que cette adhésion permettrait de mieux faire connaître la francophonie manitobaine à l’échelle internationale.

« On ne deviendra pas bilingue demain, convient-il, mais si on commence à ouvrir plus d’écoles, à devenir membre de l’OIF, et à investir plus dans le modèle de municipalités bilingues, on va finir par y arriver. C’est excitant de voir que ce gouvernement a une vision pour la province qui inclut la francophonie. »

Selon les données du dernier recensement (2021), plus de 112 000 Manitobains sont capables de soutenir une conversation en français. 2,8 % de la population parle le français régulièrement à la maison, et 2,6 % au travail. Environ trois Manitobains sur quatre ayant le français comme première langue officielle parlée sont nés dans cette province.

FrancoFEST 2025 : vers une édition festive et intergénérationnelle

HAMILTON – Du 20 au 22 juin prochain, le parc Gage vibrera au rythme de la francophonie à l’occasion de la 44e édition de la FrancoFEST Hamilton. Pour son directeur général Lanciné Koulibaly, à la tête du Centre depuis un an, cette édition se veut plus que jamais une grande fête collective, axée sur la diversité culturelle, la créativité et le vivre-ensemble.

Organisé par le Centre francophone Hamilton, le plus grand festival d’art et de culture francophone du Sud-Ouest de l’Ontario revient avec une programmation résolument inclusive.

« On a voulu toucher toutes les tranches d’âge », souligne M. Koulibaly. « Vendredi et samedi, ce sera plus festif avec beaucoup de spectacles, et dimanche, ce sera une journée plus relax avec des activités familiales, des ateliers et des animations pour les petits comme pour les grands. »

Parmi les têtes d’affiche, le groupe country féminin Sugar Crush, la voix enracinée de Mimi O’Bonsawin, les vibrations afro-reggae-hip-hop de Joyce N’Sana, ou encore les rythmes métissés de Blynk, Gabrielle Goulet et Diogo Ramos. Une programmation qui reflète l’engagement du festival envers une francophonie plurielle.

« Que ce soit les communautés autochtones, maghrébines, latino-américaines ou franco-ontariennes, tout le monde se retrouvera dans cette fête », insiste M. Koulibaly.

Un savoir-faire de longue date, mais des défis persistants

Plus qu’un événement culturel, la FrancoFEST est un pilier identitaire pour les francophones de Hamilton, selon M. Koulibaly. « C’est une fierté. C’est là que les francophones se retrouvent, c’est une vitrine de notre culture. »

Une fierté d’autant plus forte que l’événement continue d’attirer les foules avec plus de 5200 visiteurs l’an dernier et un objectif ambitieux de 6000 festivaliers cette année, grâce notamment à un financement de FedDev Ontario dans le cadre du programme Croissance du tourisme.

Malgré sa longévité, organiser un tel événement reste un défi. « Chaque festival a ses défis », reconnaît M. Koulibaly. « C’est beaucoup de travail, beaucoup de temps et d’énergie à fournir. Mais heureusement, on est bien rodés. On a plus de 40 ans d’expérience. »

Le Centre s’appuie sur une équipe chevronnée et des collaborations solides : « J’ai donné la vision, mais on travaille avec une firme spécialisée pour la programmation. On a aussi une responsable logistique qui est là depuis très longtemps. C’est comme ça qu’on arrive à bien s’organiser, même si tout ça coûte extrêmement cher. »

Un engagement pour tous au-delà du festival

En parallèle de l’annonce de la programmation du festival, le Centre francophone Hamilton vient de franchir une autre étape importante : l’ouverture d’un centre de vie active pour les aînés francophones, grâce au soutien du ministère des Services aux Aînés et de l’Accessibilité. 

« Les aînés étaient un peu marginalisés dans notre offre de services. Désormais, ils auront accès à des activités régulières, dans un lieu dédié mis à disposition par la Ville de Hamilton », explique M. Koulibaly.

Doté d’un financement initial de 12 500 $ pour 2024-2025, ce centre proposera des activités socioculturelles et artistiques favorisant la santé mentale, l’inclusion sociale et le vieillissement actif. « Ce projet complète parfaitement notre mission communautaire », se réjouit M. Koulibaly.

Garolou et Marc Lalonde honorés aux prix Trille Or

Ottawa – L’Association des professionnels de la chanson et de la musique (APCM) a dévoilé ce mercredi les noms des récipiendaires de ses deux prix spéciaux. Le prix Hommage et le prix Bâtisseur Paul-Demers seront respectivement remis à la formation Garolou et à l’animateur Marc Lalonde.

Groupe pionnier de la culture musicale franco-ontarienne, Garolou a fait ses débuts il y a 50 ans.

« Évidemment, on est très heureux de cet hommage-là. Ça tombe assez bien », s’est réjouit le membre fondateur Michel Lalonde en entrevue avec ONFR, en référence à cette année anniversaire.

En 1975, Michel Lalonde, son frère Marc Lalonde, Michel « Stan » Deguire, Georges Antoniak et Steven Naylor ont formé le groupe qui s’appelait jadis Lougarou. Plusieurs membres se sont ensuite succédé au sein de la formation, comme Réginald Guay, Gaston Gagnon, Gilles Beaudoin et Bobby Lalonde.

Leur apport à l’histoire musicale sera d’ailleurs également souligné au Festival franco-ontarien en juin, alors que Michel Lalonde prendra part au spectacle Aujourd’hui pour demain, célébrant les 50 ans de l’événement.

Michel Lalonde présente également un spectacle solo, rétrospective de sa carrière musicale, nettement marquée par Garolou. Photo : Rachel Crustin/ONFR

Recevoir ce genre de prix lui permet de réaliser que leur musique a réellement eu un impact dans la communauté franco-canadienne. Ce sera peut-être aussi l’occasion pour un public plus jeune de découvrir cette formation qui a ouvert la porte à bien d’autres. « Le public de Garolou vieillit aussi. C’est quand même la musique d’une génération », affirme le chanteur avec modestie.

Du côté de l’APCM, on souligne que leurs chansons « ont créé un pont entre les générations » et que le rayonnement du groupe s’étend bien au-delà de l’Ontario, entre autres jusqu’à la Saskatchewan, où Michel Lalonde a longtemps vécu.  

Le prix hommage sera remis à Garolou lors de la soirée Célébrons Trille Or du 28 mai, la veille du gala principal. La Franco-Manitobaine Flora Luna et le Franco-Ontarien Kimya présenteront des vitrines musicales lors de cet événement qui se déroulera à la Quatrième salle du Centre national des arts (CNA). Les autres prix remis lors de cette deuxième journée des Trille Or 2025 sont Export Ouest, Hip-Hop/Rap/Musiques urbaines, Folk, Country, Conception visuelle, Prise de son et mixage et Impact entreprise.

Un animateur dévoué

C’est un autre Marc Lalonde qui recevra cette année le prix Bâtisseur Paul-Demers, qui reconnaît « un intervenant ayant eu un impact à long terme sur l’industrie musicale grâce à son travail et ses actions », peut-on lire dans le communiqué de presse.

Marc Lalonde est un grand mélomane. Il anime depuis 1994 l’émission Can-Rock, d’abord sur les ondes de CHUO, la radio de l’Université d’Ottawa qui couvre la région d’Ottawa-Gatineau avec des émissions en français et en anglais. Son émission est aujourd’hui diffusée sur une quinzaine d’antennes membres de l’Alliance des radios communautaires du Canada (ARC).

Marc Lalonde anime depuis plus de 30 ans son émission Can-Rock. Photo : gracieuseté de l’APCM

Par le biais de son émission, celui qui réside maintenant à Penetanguishene fait découvrir des artistes de l’Ontario, mais aussi de l’Acadie et de l’Ouest canadien.

« Émotionnellement, c’est venu me chercher, surtout avec le texte qu’on m’a présenté (pour accompagner le trophée). Ça me touche beaucoup aussi, parce que s’il y a un artiste franco-ontarien qui m’a souvent encouragé, c’est Paul Demers », a témoigné Marc Lalonde en entrevue avec ONFR.

Il explique que ce qui le motive à continuer est de découvrir de la nouvelle musique francophone et insiste sur le fait que « la culture francophone, c’est à travers le Canada, de l’Acadie jusqu’au Yukon ».

Marc Lalonde collabore avec l’APCM depuis de nombreuses années et a entre autres participé à l’élaboration du Gala Trille Or, qui lui rendra hommage le 27 mai. Lors de cette soirée au Rainbow bistro, les Franco-Ontariennes Jessy Lindsay et Reney Ray offriront des performances en vitrines. Les prix dans les catégories Initiative artistique, Musique pour enfants, Rock/Metal/Punk, Pop/EDM, Musiques contemporaines, Réalisation et arrangements et Export Ontario seront aussi remis.

Le gala principal de cette 13e édition des Trille Or aura lieu le 29 mai au Studio Azrieli CNA.

L’Ontario et le Manitoba abolissent leurs barrières commerciales

TORONTO – Tout comme le Nouveau-Brunswick et la Nouvelle-Écosse un mois plus tôt, le Manitoba signe un accord de libre-échange avec l’Ontario visant à supprimer les barrières commerciales interprovinciales sur les biens et les services.

L’Ontario et le Manitoba se montrent en faveur de la « suppression de toutes ses exceptions spécifiques aux parties (ESP) en vertu de l’Accord de libre-échange canadien (ALEC), dans le but d’alléger les formalités réglementaires ».

Par ce protocole d’entente, qui s’inscrit dans la récente Loi de 2025 pour protéger l’Ontario en favorisant le libre-échange au Canada, les deux provinces conviennent de stimuler la circulation des biens, des services, des investissements et des travailleurs, notamment par la vente directe d’alcool aux consommateurs et l’amélioration de la mobilité interprovinciale de la main-d’œuvre.

En 2021, la valeur totale du commerce interprovincial entre l’Ontario et le Manitoba s’élevait à 19,5 milliards de dollars.

« Nous sommes confrontés à une guerre tarifaire sur deux fronts et il est temps de bâtir ce pays que nous aimons tant », a déclaré le premier ministre manitobain Wab Kinew. Grâce à cet accord avec l’Ontario, nous ouvrirons de nouvelles perspectives économiques aux habitants des deux provinces. Nous travaillons tous à l’objectif commun de propulser l’économie canadienne vers l’avenir. »

« Le protocole d’entente signé aujourd’hui n’est que la dernière étape que nous franchissons pour exploiter l’énorme potentiel d’un véritable libre-échange au Canada, qui réduira les coûts pour les familles et ajoutera jusqu’à 200 milliards de dollars à notre PIB national », a déclaré le premier ministre Ford.

Le premier ministre ontarien a manifesté sa « reconnaissance au premier ministre Kinew pour son partenariat et son leadership dans la conclusion de ce protocole d’entente. Je me réjouis à la perspective de signer d’autres protocoles d’entente avec d’autres provinces à mesure que nous progressons. »

Les deux premiers ministres ontarien et manitobain signent le protocole d’entente à l’édifice Whitney, adjacent à Queen’s Park. Photo : Rudy Chabannes/ONFR

Retour du ministre des Langues officielles : pas de changement, selon Guilbeault

OTTAWA — Le retour formel de la fonction de ministre des Langues officielles au sein du cabinet de Mark Carney ne change rien et n’est que le retour d’une simple mention, selon le titulaire du rôle Steven Guilbeault.

« La fonction a toujours été là. J’étais ministre responsable des Langues officielles (auparavant) », a lancé ce mercredi Steven Guilbeault dans les couloirs du Parlement quelques instants avant une première réunion du Conseil des ministres.

L’équipe de 38 ministres et secrétaires d’État dévoilée mardi par Mark Carney compte plusieurs nouveaux membres, mais Steven Guilbeault conserve sensiblement le même rôle que lors du précédent groupe ministériel annoncé en mars.

Steven Guilbeault conserve ses fonctions de ministre de l’Identité et de la Culture canadiennes, mention à laquelle s’ajoute celle de ministre responsable des Langues officielles y a été ajoutée. Il a refusé de commenter si le retrait de cette fonction en mars était une erreur, impliquant que son rôle ait été modifié depuis.

« Il y a plusieurs organisations à travers le pays qui ont demandé à ce que le titre des Langues officielles soit dans mon titre, alors on a simplement écouté les intervenants », a-t-il offert comme raisonnement au lendemain de son assermentation.

L’absence du portfolio des Langues officielles avait été vivement dénoncée par les organismes de la francophonie canadienne, dont la Fédération des communautés francophones et acadienne du Canada (FCFA).

« Ça nous démontre qu’on a été entendu et qu’on fait réellement partie de la solution, a réagi en entrevue la présidente de la FCFA Liane Roy. C’est important de voir le titre. »

« Lorsqu’il sera autour de la table (du cabinet), il n’aura comme pas le choix de parler de nos dossiers et de défendre nos dossiers. Donc, ça donne une légitimité à la discussion autour des langues officielles », estime la présidente de l’organisme de la francophonie canadienne.

Plusieurs fonctions

Auparavant déléguées entre plusieurs ministres sous Justin Trudeau, les responsabilités du Patrimoine canadien, du Sport, des Langues officielles, de la Diversité et de l’Inclusion, entre autres, seront désormais assumées par le député montréalais.

« C’est vrai que je fais ce que quatre personnes faisaient auparavant, a-t-il convenu en entrevue mercredi à Les matins d’ici à Radio-Canada. Évidemment qu’il y a beaucoup de pain sur la planche, mais il n’y a rien de tout ça que je vais faire seul », a-t-il affirmé, mentionnant le soutien de deux secrétaires d’État aux Sports et à la Nature.

L’écologiste sera encore le lieutenant du Québec et garde aussi une responsabilité environnementale avec Parcs Canada, a-t-il confirmé devant les journalistes.

Gérald Lacombe : un bâtisseur qui a façonné la francophonie d’Orléans

Gérald Lacombe a marqué la francophone d’Orléans en contribuant à la création du centre culturel du MIFO dans les années 1980. Enseignant, bâtisseur, rassembleur, il s’est éteint le 9 mai dernier à l’âge de 83 ans. Sa fille et des figures du milieu francophone reviennent sur son héritage.

« La francophonie a toujours été au cœur de sa vie. Il l’a héritée de ses parents et l’a transmise à sa façon », témoigne Johanne Lacombe, à propos de son père, Gérald Lacombe, ancien président du Mouvement d’implication francophone d’Orléans (MIFO), décédé le 9 mai dernier à l’âge de 83 ans.

Privé d’une éducation en français dans sa jeunesse, une blessure qu’il portera longtemps, ce Franco-Ontarien, né le 27 juillet 1941 à Vankleek Hill, dans l’Est ontarien, s’installe à Orléans au début des années 1970. Historien de formation – baccalauréat ès Art en histoire à l’Université d’Ottawa en 1963 -, il milite inlassablement pour des services et une éducation en français accessibles à tous.

Présidente du Conseil des écoles catholiques du Centre-Est, Johanne Lacombe (à droite) suit la voie tracée par son père. Photo : Gracieuseté

« Que ce soit dans notre famille, avec ses amis ou à travers sa carrière dans l’enseignement, il a toujours défendu le français. Il a choisi d’enseigner dans les écoles francophones et s’est impliqué dans des organismes comme le MIFO ou la Résidence Saint-Louis », raconte sa fille, aujourd’hui présidente du Conseil des écoles catholiques du Centre-Est, suivant elle-même la voie tracée par son père.

« Déterminé et toujours positif, pour lui, chaque défi cachait une opportunité. Il disait toujours qu’il y avait une solution à tout », assure Mme Lacombe. Un état d’esprit appliqué autant dans sa vie personnelle que dans ses engagements communautaires. Cet engagement s’incarne pleinement dans son implication au MIFO. Lorsqu’il en prend la présidence en 1983, Gérald Lacombe déclare au journal Le Droit : « Je n’ai jamais cru qu’on devait être anti quoi que ce soit, mais pro… En d’autres termes, c’est en s’organisant qu’on fait des choses. Le MIFO n’est pas un groupe révolutionnaire qui conteste. Je n’en ferais pas partie si c’était le cas. Je suis intéressé à promouvoir le fait français à Orléans. »

Président de 1983 à 1986, à une période charnière de l’histoire du MIFO, il joue un rôle décisif dans la structuration des services francophones dans l’est de la capitale, estime pour sa part Trèva Cousineau, actuelle présidente de l’organisme.

Elle souligne l’ampleur de sa contribution, notamment pour obtenir les premiers financements nécessaires à la croissance de la communauté francophone : « C’est grâce à des bâtisseurs comme Gérald Lacombe que le MIFO a pu voir le jour et devenir un pilier de la vie francophone à Orléans. »

Sa fille se souvient très bien de cette époque, marquée par une intense mobilisation : « On l’accompagnait partout pour vendre des billets de loterie, faire des collectes de fonds dans les centres commerciaux… »

Un souvenir, en 1985, fort demeure gravé dans sa mémoire, le jour où le centre a été construit au coût de plus de 1,3 million de dollars : « Notre famille – et même des politiciens – avons posé la tourbe autour du bâtiment. Il tenait à ce que tout soit parfait pour la communauté francophone d’Orléans. C’était un moment très marquant. »

Un héritage toujours vivant

Pour Trèva Cousineau, ce centre, né six ans après la fondation de l’organisme, représentait bien plus qu’un simple édifice : « Convaincu de l’importance de répondre aux besoins des familles et des enfants francophones, M. Lacombe voyait dans le MIFO un lieu de rassemblement, d’appartenance et d’épanouissement communautaire. »

Trèva Cousineau, actuelle présidente du MIFO. Photo : Gracieuseté

Et de poursuivre : « Pour lui, le MIFO représentait un modèle inspirant qui témoigne de la vitalité francophone. Son héritage, profondément ancré dans cette vision, continuera d’inspirer et de guider les générations à venir. »

Un avis partagé par Fabien Hébert, président de l’Assemblée de la francophonie de l’Ontario (AFO), qui souligne un modèle pour toutes les communautés francophones de la province. « Sa contribution est marquante, durable. Elle incarne cette volonté de créer des lieux vivants, structurants, au service de la culture et de l’identité francophones », insiste M. Hébert.

Et son influence dépasse son époque. « Gérald Lacombe a contribué à ouvrir des portes, à bâtir des espaces et à faire avancer la cause dans des contextes pas toujours simples. Ces gains-là, on les utilise encore aujourd’hui pour continuer à bâtir », poursuit le président de l’AFO.

Mais selon lui, le contexte a changé. « Le monde dans lequel on vit est devenu de plus en plus complexe. Faire des avancées aujourd’hui, c’est souvent plus difficile que par le passé, à cause des systèmes, des structures, des exigences accrues. Cela dit, on profite encore aujourd’hui de ce que des leaders comme M. Lacombe ont réussi à mettre en place », relève M. Hébert conscient de sa mission pour continuer le chemin pavé par les pionniers, « même si les moyens et les stratégies doivent évoluer. »

Pour Fabien Hébert, Gérald Lacombe a contribué à ouvrir des portes pour la francophonie. Gracieuseté

Gérald Lacombe s’est éteint avec le sentiment du devoir accompli. Le jour de sa retraite en 1998 de son dernier poste en tant que directeur-adjoint de l’École secondaire Louis-Riel, à l’est d’Ottawa, il se sentait apaisé.

« Il avait le sentiment d’avoir fait sa part, d’avoir eu un impact dans la vie des jeunes et dans sa communauté », confie sa fille.

« Il disait souvent qu’il n’aurait rien pu accomplir sans le soutien de sa famille, surtout de notre mère. C’était un moment très émouvant pour nous », ajoute-t-elle.

Les dernières années ont été marquées par la maladie. « Mon père a été diagnostiqué avec la démence il y a trois ou quatre ans. Au début, c’était difficile. Pour un homme éduqué, actif, en forme qui aime faire du vélo, c’était frustrant. Il ne comprenait pas ce qui lui arrivait. »

Avec le temps, la famille a dû prendre la décision difficile de l’installer en résidence. « Il a fini ses jours à la Maison de l’Est, aux soins palliatifs. C’était le plus beau cadeau qu’on pouvait lui faire : lui permettre de mourir dans un environnement francophone, à l’image de ce qu’il a toujours défendu. »

Jusqu’au bout, Gérald Lacombe est resté fidèle à ses valeurs. « Il faisait les choses parce qu’il voulait faire une différence. Il n’a jamais cherché la reconnaissance », déclare sa fille. Mais aujourd’hui, elle croit qu’il serait fier – humblement fier – qu’un lieu porte son nom. « Ce serait un geste symbolique fort pour honorer son héritage », conclut-elle.

Le francophone Rick Champagne devient maire de East Ferris

EAST FERRIS – Le nouveau maire de East Ferris, ville située non loin de North Bay, est francophone. Le conseiller municipal Rick Champagne succède à Pauline Rochefort, récemment devenue députée fédérale de Nipissing-Timiskaming.

L’élection a eu lieu mardi soir après que le conseil avait décidé, le 8 mai dernier, que celle-ci se déroulerait par nomination volontaire, parmi les membres du conseil municipal.

Seuls les conseillers Rick Champagne et Steve Trahan se sont désignés candidats à la succession de l’ex-mairesse Pauline Rochefort, qui ira siéger pour la première fois à la colline d’Ottawa le 26 mai prochain.

Le conseiller Rick Champagne l’a emporté avec une seule voix, celle du conseiller Terry Kelly, contre le conseiller Steve Trahan, les deux ayant voté pour leur propre candidature.

La conseillère et adjointe à la mairesse, Lauren Rooyakkers, a choisi de s’abstenir après un débat houleux face aux deux candidats.

Avancer sur des dossiers importants

Celui dont le vrai nom est Richard Champagne avait siégé six années au conseil d’administration de l’Ontario Good Roads Association (OGRA) durant lesquelles il avait présidé le comité des services aux membres et le comité des politiques. Il a ensuite été nommé premier vice-président de l’organisme en 2014.

Il a siégé également sur le conseil d’administration du Bureau de santé du district de North Bay Parry Sound pendant 15 ans, notamment lors de la fusion entre les deux districts.

En parallèle de sa longue carrière dans le secteur de la construction, il siège au conseil municipal d’East Ferris depuis 22 ans. Il s’agit du seul membre francophone de cette municipalité dont 19 % de la population a le français comme première langue officielle parlée.

Au téléphone avec ONFR, celui-ci confie que ses priorités seront de faire avancer plusieurs dossiers importants de cette municipalité qui regroupe les localités d’Astorville et de Corbeil.

« Il va falloir avoir des discussions avec le provincial et le fédéral pour obtenir du financement pour plusieurs projets de rénovations de nos routes et de nos pistes cyclables, par exemple », estime-t-il en ajoutant que le fait que l’ex-mairesse est maintenant la nouvelle députée fédérale est positif pour la municipalité.

Autre enjeu pour cette ville de moins de 5000 habitants, c’est la nécessité de mettre sur pied une garderie pour enfants : « On a une garderie dans l’école d’Astorville mais il faut une garderie autonome pour aider les travailleurs qui se rendent tous les jours à North Bay ».

Mésentente entre deux conseillers

La discussion survenue après la nomination des deux candidats a été particulièrement tendue, alors que celle qui a occupé le poste de mairesse par intérim questionnait les candidats sur leur approche devant le rôle de maire.

Après une courte allocution sur ses motivations pour accéder à la tête de la municipalité, celle-ci a notamment lancé au conseiller Steve Trahan : « Durant les précédents conseils, il y a eu des moments où j’ai parlé et vous m’avez interrompu ou vous m’avez ignorée. Si vous êtes élu maire, vous devrez vous habituer à parler en dernier et accepter d’entendre un point de vue différent du vôtre. »

« Vous ne m’avez jamais tendu la main pour avoir une conversation à ce sujet auparavant, c’est la première fois que vous soulevez cette question », lui a-t-il répondu en exprimant qu’il aimerait que ce genre de discussion advienne avant la tenue du conseil.

Et de continuer : « En deux ans et demi, vous m’avez parlé une seule fois. »

Après que cette dernière commençait à formuler une autre question, celui-ci l’a brièvement interrompu pour lui dire qu’il s’agissait de la troisième question.

Lauren Rooyakkers : « Voilà, c’est exactement le manque de respect auquel je faisais référence. »

Rick Champagne, à gauche, la greffière adjointe Kimberly Rose, au centre, et la maire adjointe Lauren Rooyakkers à droite durant la séance municipale de mardi soir. Youtube : Municipalité de East Ferris

Cette dernière n’a pas non plus épargné M. Champagne à qui elle a ouvertement demandé de se justifier concernant une visite publique effectuée sans avis préalable au conseil. Ce à quoi il a répondu par des excuses, tout en indiquant qu’il s’agissait d’une circonstance exceptionnelle.

« C’est pour ça que j’ai été élu, parce que moi je suis capable de travailler avec tout le monde », a-t-il précisé en entrevue.

Le milieu du livre franco-ontarien en deuil de Normand Savard

OTTAWA – L’ancien propriétaire de la librairie Le coin du livre, Normand Savard, est décédé le 6 mai, à 82 ans. Sa fille Nathalie, qui a repris le commerce, en a fait l’annonce sur les réseaux sociaux et les témoignages affluent. Jointe au téléphone, elle se remémore un libraire dévoué qui lui a transmis l’amour des mots et de la communauté franco-ontarienne.

Nathalie Savard se souvient de son père comme d’un homme doux, ouvert d’esprit, généreux, serviable et près de la nature. Comme libraire, il était particulièrement dévoué.

« On avait du plaisir ensemble. On avait chacun nos forces », raconte la propriétaire actuelle des lieux, qui a travaillé à la librairie dès 1990.

Normand Savard a travaillé au Coin du livre de 1967 à 2022. Photo : gracieuseté de Nathalie Savard

Normand Savard, engagé au Coin du livre en 1967, en est devenu le propriétaire en 1988 et y est resté jusqu’à sa retraite, en 2022. Pendant la plus grande partie de sa carrière, il faisait lui-même la tournée des écoles et des foires de livres à travers la province, pour promouvoir la littérature franco-ontarienne.

« Il s’est toujours dit : on ne peut pas être mieux servi que par le propriétaire du magasin. Il allait faire la tournée toutes les semaines, faire la livraison dans les écoles d’Ottawa, autant les écoles francophones que les écoles d’immersion. Il appelait ça sa run de lait. »

Le libraire offrait même des suggestions personnalisées selon la réalité de chaque école. Il s’était donné la mission de « promouvoir la lecture francophone dans un milieu minoritaire, raconte Nathalie Savard. Il m’a transmis cette passion, et j’en ai fait un mandat » qui perdure encore aujourd’hui.

Quand il a acheté Le Coin du livre, Normand Savard a rapidement recruté sa fille Nathalie. Photo : gracieuseté de Nathalie Savard

Pour faire de bonnes suggestions, il faut bien connaître son inventaire. Nathalie Savard se rappelle une relation père-fille rendue plus forte grâce à leur projet commun et les moments cocasses où son père la surprenait alors qu’elle lisait au lieu de « travailler », une manie qui lui a en fait beaucoup servi. « C’est lui qui m’a transmis l’amour de la lecture. C’était facile pour moi d’aimer ça. »

Un allié pour les éditeurs

Yvon Malette, fondateur des Éditions David, était déjà client du Coin du livre avant l’arrivée de Normand Savard à titre de propriétaire. Il raconte avoir reçu de bons conseils de ce dernier alors qu’il débutait dans le monde de l’édition. « J’ai toujours trouvé, chaque fois que j’y allais, une personne qui savait m’écouter, qui savait échanger », confie-t-il en entrevue à ONFR.

« Il faisait une large place aux auteurs de l’Ontario français. Il devenait une sorte de courroie pour ces auteurs, pour toutes les maisons d’édition francophones. Nos livres se trouvaient toujours là. Quand il en manquait, il nous appelait immédiatement. »

L’ex-éditeur compare Normand Savard à un missionnaire, quand il repense à ses nombreuses tournées dans la province. « Il fallait avoir du courage, du dévouement, et la passion de la promotion du livre. »  

Nathalie et Normand Savard. Photo : gracieuseté de Nathalie Savard

Yvon Malette salue aussi Nathalie Savard, une libraire « très professionnelle, comme son père. » Selon lui, Le Coin du livre « fait partie des institutions à la défense d’une identité franco-ontarienne. Je pense que c’est un des grands mérites de la famille Savard. »

Une figure marquante pour la communauté

Nathalie Savard a publié l’avis de décès de Normand Savard dans le groupe Facebook Franco-Ontariennes et Franco-Ontariens d’Orléans… avec un accent! Les clients et collaborateurs des milieux du livre et de l’éducation ne se sont pas fait attendre pour exprimer leur gratitude.

« J’ai tellement des beaux souvenirs de ton cher papa, lorsqu’il venait à mon lieu de travail, lance Louise Champagne-Guindon. J’étais toujours bien contente de le voir. Il me parlait de ses beaux voyages. Un homme tellement gentil! »

« M. Savard savait à la fois non seulement bien servir ses clients, mais aussi transmettre sa passion pour la littérature et la culture francophone, toujours avec le sourire. Il manquera à toute la communauté locale », ajoute Danielle Brisson.

Le témoignage de Marie-Claude Thibeault, qui a connu Normand Savard alors qu’elle était enseignante à Barrie, est l’un de ceux qui ont particulièrement ému Nathalie Savard.

« J’aimais beaucoup ton père. Lui et toi êtes les premières personnes que j’ai rencontrées peu avant mon arrivée à Ottawa, lorsque je cherchais des livres en français pour la bibliothèque de mon école à Barrie. Je vous ai tellement appréciés que lorsque j’ai commencé à travailler au CECCE, j’étais ravie de pouvoir à nouveau acheter des livres en français pour l’école où je travaillais. Ton père a laissé sa trace dans la communauté franco-ontarienne. Et il t’a laissé cet héritage. Repose en paix Monsieur Normand. »

Normand Savard est né le 31 juillet 1942 à Maniwaki, dans l’Outaouais québécois. Il est décédé à l’hôpital général d’Ottawa le 6 mai 2025, à 82 ans. Une célébration de sa vie aura lieu le 20 mai, à Ottawa.

Cabinet Carney : Steven Guilbeault nommé ministre responsable des Langues officielles

OTTAWA – Mark Carney a dévoilé son cabinet de 28 membres mardi, qui comporte plusieurs grands changements et où Steven Guilbeault garde son rôle de ministre de l’Identité et la Culture canadiennes, mais avec l’ajout de la mention de responsable des Langues officielles.

Lors du dernier cabinet de Mark Carney, l’absence d’un ministre endossant explicitement le rôle des Langues officielles avait été dénoncée par les organismes de la francophonie canadienne. Cette fois-ci, Steven Guilbeault conserve sensiblement les mêmes fonctions, mais devient aussi ministre responsable des Langues officielles.

Avec 28 ministres, le cabinet est beaucoup plus resserré que sous Justin Trudeau (qui avait eu jusqu’à 38 ministres) mais plus gros que le dernier de Mark Carney (23 ministres) et rappelle celui de l’ancien premier ministre Jean Chrétien avec l’apport de secrétaires d’État.

Les 28 membres du Conseil des ministres, un groupe paritaire, seront en effet soutenus par 10 secrétaires d’État. Sur ces 28, on compte 15 nouvelles recrues dans de tels rôles alors que 9 des 10 secrétaires d’État sont des nouveaux venus dans un Conseil des ministres. Les secrétaires d’État ne sont pas des membres à part entière du Cabinet, mais plutôt en soutien des ministres avec des tâches précises.

En conférence de presse, Mark Carney a présenté les priorités de sa nouvelle équipe, soulignant que c’est « un gouvernement qui va mettre l’accent sur l’économie canadienne », plaidant ne pas vouloir « d’un cabinet qui me ressemble ».

« Les Canadiens ont voté pour de grands changements, pas des petits changements. C’est nécessaire d’avoir de nouvelles perspectives, a expliqué l’ancien banquier. Un conseil des ministres avec 14 ministres avec beaucoup d’expérience et 14 nouveaux, pour moi, c’est parfait. »

Le nouveau Conseil des ministres tiendra une première rencontre dès mercredi, a annoncé Mark Carney. Crédit image : LA PRESSE CANADIENNE/Nathan Denette

Le retour du rôle de ministre des Langues officielles a d’ailleurs été salué par la Fédération des communautés francophones et acadiennes du Canada donnant « l’impression d’avoir été entendus », a déclaré sa présidente Liane Roy, soulignant « avoir hâte de travailler avec le ministre Guilbeault ».

De son côté, l’Assemblée de la francophonie de l’Ontario a encensé « un signal fort quant à l’importance d’un leadership fédéral engagé envers les droits linguistiques et la vitalité des communautés francophones en situation minoritaire ».

Aucun Franco-Ontarien dans le cabinet

Contrairement au dernier cabinet du premier ministre qui comptait Arielle Kayabaga, aucun Franco-Ontarien ne fait partie de la liste, alors que du côté des francophones hors Québec, on note une présence, celle de l’Acadien Dominic Leblanc (Commerce Canada–États-Unis, président du Conseil privé du Roi, Affaires intergouvernementales).

L’Acadienne Ginette Petitpas Taylor qui était ministre depuis 2021 ne s’y trouve pas. À noter que la nouvelle ministre de l’Immigration, Lena Metlege Diab, a déjà été ministre des Affaires acadiennes et de la Francophonie au niveau provincial en Nouvelle-Écosse.

Parmi les poids lourds, on note le retour de François-Philippe Champagne au volant des Finances, lui qui ajoute Revenu national à ses responsabilités, et de Chrystia Freeland aux Transports et au Commerce intérieur. Mélanie Joly perd son portefeuille de ministre des Affaires étrangères au profit d’Anita Anand, alors que la Québécoise sera chargée du ministère de l’Industrie. Le député d’Ottawa-Sud David McGuinty devient ministre de la Défense nationale.

Sur le plan de la représentation régionale, le cabinet assure une large couverture, avec des ministres issus de chacune des dix provinces et des Territoires du Nord-Ouest. Seuls le Yukon et le Nunavut ne sont pas représentés au sein du cabinet, les libéraux n’y ayant pas de député.

Il comporte aussi plusieurs ministres de l’Ontario, notamment dans le Grand Toronto avec la présence de Julie Dabrusin, Evan Solomon, Tim Hodgson qui s’ajoute aux Chrystia Freeland, Rechie Valdez et Gary Anandasangaree, entre autres.

Réagissant à la nouvelle équipe ministérielle de M. Carney, le chef conservateur Pierre Poilievre a adopté un ton plus conciliant, exprimant sa volonté de collaborer avec le premier ministre estimant que « si on peut aussi faire des gains » pour les électeurs conservateurs à la derniere élection, « on va le faire, sans excuse, en travaillant avec ou contre le gouvernement dépendant des circonstances », a affirmé le leader conservateur sur la Colline du Parlement.

« J’ai proposé beaucoup d’idées les derniers trois ans qui ont été volées. Ça ne me rend pas amer », a-t-il poursuivi invitant M. Carney à « voler mes idées ».

Liste complète des autres ministres :

  • Sean Fraser : ministre de la Justice et procureur général et ministre responsable de l’Agence de promotion économique du Canada atlantique
  • Shafqat Ali : président du Conseil du Trésor
  • Rebecca Alty : ministre des Relations Couronne-Autochtones
  • Gary Anandasangaree : ministre de la Sécurité publique
  • Rebecca Chartrand : ministre des Affaires du Nord et de l’Arctique et ministre responsable de l’Agence canadienne de développement économique du Nord
  • Julie Dabrusin : ministre de l’Environnement et du Changement climatique
  • Joël Lightbound : ministre de la Transformation du gouvernement, des Travaux publics et de l’Approvisionnement
  • Steven MacKinnon : Leader du gouvernement à la Chambre des Communes
  • Mandy Gull-Masty : ministre des Services aux Autochtones
  • Patty Hajdu : ministre de l’Emploi et des Familles, et ministre responsable de l’agence fédérale de développement économique pour le Nord de l’Ontario
  • Tim Hodgson : ministre de l’Énergie et des Ressources naturelles
  • Heath MacDonald : ministre de l’Agriculture et de l’Agroalimentaire
  • Jill McKnight : ministre des Anciens Combattants et ministre associé de la Défense nationale
  • Marjorie Michel : ministre de la Santé
  • Eleanor Olszewski : ministre de la Gestion des urgences et de la Résilience des communautés et ministre responsable de Développement économique Canada pour les Prairies
  • Gregor Robertson : ministre du Logement et de l’Infrastructure et ministre responsable de Développement économique Canada pour le Pacifique
  • Maninder Sidhu : ministre du Commerce international
  • Evan Solomon : ministre de l’Intelligence artificielle et de l’Innovation numérique et ministre responsable de l’Agence fédérale de développement économique pour le Sud de l’Ontario
  • Joanne Thompson : ministre des Pêches
  • Rechie Valdez : ministre des Femmes et de l’Égalité des genres et secrétaire d’État (Petites Entreprises et Tourisme)

Les secrétaires d’État :

  • Buckley Belanger : secrétaire d’État (Développement rural) 
  • Stephen Fuhr : secrétaire d’État (Approvisionnement en matière de défense) 
  • Anna Gainey : secrétaire d’État (Enfance et Jeunesse) 
  • Wayne Long : secrétaire d’État (Agence du revenu du Canada et Institutions financières) 
  • Stephanie McLean : secrétaire d’État (Aînés) 
  • Nathalie Provost : secrétaire d’État (Nature) 
  • Ruby Sahota : secrétaire d’État (Lutte contre la criminalité) 
  • Randeep Sarai : secrétaire d’État (Développement international) 
  • Adam van Koeverden : secrétaire d’État (Sports) 
  • John Zerucelli : secrétaire d’État (Travail) 

Ottawa veut retenir ses médecins : une stratégie en préparation

Ottawa veut s’inspirer d’autres municipalités pour attirer et retenir les médecins de famille. La Ville a adopté une motion pour élaborer une stratégie, malgré les limites du pouvoir municipal dans un domaine piloté par la province.

« Sur les 64 diplômés en médecine de famille de la faculté de médecine de l’Université d’Ottawa en 2024, savez-vous combien d’entre eux se sont installés à Ottawa? Aucun! »

C’est en prenant conscience de cette réalité que la conseillère du quartier Rideau-Vanier, Stéphanie Plante, a récemment présenté au conseil municipal une motion visant à mandater l’administration municipale pour qu’elle élabore une stratégie concrète de recrutement et de rétention des médecins de famille dans la capitale.

Adoptée à l’unanimité, la motion charge les employés municipaux d’examiner les pratiques mises en œuvre dans d’autres municipalités et de faire rapport au Conseil, d’ici la fin septembre, avec des recommandations à court et à long terme.

« Quand j’ai parlé avec les étudiants, je réalisais qu’il y en avait très peu qui restaient ici à Ottawa, même s’ils sont ici depuis déjà huit ans. Ils se font recruter ailleurs », témoigne Mme Plante, qui elle-même a été sans médecin de famille pendant un an.

« Rien ne peut remplacer les médecins de famille et la valeur fondamentale qu’ils apportent au système de santé canadien : des soins continus, complets, et un leadership clinique au sein d’équipes interdisciplinaires », affirme-t-elle.

Stéphanie Plante a été, elle-même, sans médecin de famille pendant un an. Gracieuseté

Selon elle, le manque de médecins crée aussi de l’engorgement dans les cliniques sans rendez-vous, les services d’urgence et chez les paramédicaux, ce qui a des effets sur tous les services de la Ville.

Les chiffres présentés par la conseillère indiquent que plus de 10 000 aînés n’ont déjà pas accès à un prestataire de soins primaires. Le Collège des médecins de famille de l’Ontario, lui, met en garde sur environ 318 000 résidents d’Ottawa qui pourraient se retrouver sans médecin de famille d’ici 2026 si rien n’est fait.

Une autre proposition phare de la motion : collaborer avec l’Eastern Ontario Physician Recruitment Alliance, un regroupement déjà actif dans plusieurs municipalités de la région, sauf Ottawa. L’organisme œuvre notamment au recrutement de médecins à l’international (Royaume-Uni, États-Unis, Irlande, Australie).

« Je pense aussi qu’on a des opportunités avec ce qui se passe aux États-Unis. Il y a beaucoup de médecins qui veulent quitter en ce moment », souligne Mme Plante, qui plaide également pour que la Ville établisse des partenariats stratégiques avec des institutions comme l’Hôpital d’Ottawa, le CHEO, l’Hôpital Montfort, les universités d’Ottawa et Carleton, l’Association médicale canadienne, et les centres de santé communautaire.

Limites du pouvoir municipal

Mais est-ce au niveau municipal de mener une telle stratégie? Le professeur Patrick Fafard, titulaire à la Faculté des sciences sociales de l’Université d’Ottawa, fait part de ses réserves. 

Patrick Fafard souligne la capacité fiscale très inégale des villes à travers la province. Gracieuseté

« Ce n’est pas le rôle du gouvernement municipal de recruter ou de payer les médecins, ou même d’offrir des incitatifs fiscaux. La capacité fiscale des villes est très inégale à travers la province, ce qui crée des disparités », précise M. Fafard qui collabore aussi avec la Faculté de médecine.

Soulignant que les municipalités n’ont ni les expertises ni les moyens pour ce type de démarches, M. Fafard invite plutôt la Ville à agir en complémentarité avec la province. 

« Il faut s’assurer que les efforts municipaux soient coordonnés avec la stratégie provinciale en matière de santé », insiste-t-il.

De son côté, Laura Dudas, conseillère municipale d’Orléans Ouest–Innes, tempère. Bien que la prestation des soins de santé relève de la responsabilité du gouvernement de l’Ontario, pour Mme Dudas, « cela ne veut pas dire que je n’entends pas régulièrement les préoccupations des résidents concernant les difficultés à trouver un médecin de famille. »

Elle poursuit : « Lorsqu’une personne est malade, elle ne pense pas au palier de gouvernement responsable – elle a simplement besoin d’aide. Le manque d’accès aux soins de santé primaires est l’un des enjeux les plus urgents que soulèvent les familles, les aînés et les nouveaux arrivants. »

« Même avec des outils limités à l’échelle municipale, nous continuons à chercher des moyens de soutenir le recrutement et la rétention des médecins de famille dans nos communautés », assure-t-elle. 

Parmi les voies possibles, énumère la conseillère, la collaboration avec des partenaires locaux, le soutien aux initiatives de santé communautaire et un plaidoyer soutenu auprès de la province pour qu’elle prenne des mesures urgentes.

Laura Dudas concède que la prestation des soins de santé relève de la responsabilité de la Province. Gracieuseté

Stéphanie Plante abonde dans le même sems. « Il ne s’agit pas que d’argent. Certaines villes ont offert des places prioritaires en garderie ou en centre de soins à long terme pour attirer des médecins. On peut explorer ces solutions. »

Ailleurs en Ontario, plusieurs municipalités offrent des incitatifs financiers aux nouveaux médecins : Huntsville propose 80 000 $ à condition d’y exercer pendant cinq ans, Kingston offre jusqu’à 100 000 $, et Timmins 20 000 $. Des programmes qui ont déjà permis de recruter plusieurs dizaines de professionnels de la santé.

Reste à voir si Ottawa saura emboîter le pas. Au-delà de l’aspect financier, M. Fafard insiste aussi sur l’approche organisationnelle. « Est-ce qu’on recrute des médecins en pratique solo ou est-ce qu’on bâtit des équipes interdisciplinaires? Le modèle d’équipe est plus efficace et plus moderne », soutient-il.

Une chose est sûre, des actions concrètes sont attendues pour espérer renverser la tendance.

Nouvelle stratégie pour la construction de maisons en Ontario

VAUGHAN – La province présente un nouveau projet de loi destiné à accélérer drastiquement la construction de logements et d’infrastructures, notamment via la baisse des frais d’aménagement locaux, des mesures simplifiant la délivrance de permis et d’approbations, et des pouvoir accrus à la province sur les municipalités.

« Le rêve d’accéder à la propriété doit être une lueur d’espoir pour toutes les personnes… pour toutes les familles (…) Ensemble, nous devons préserver le rêve d’accession à la propriété pour les générations à venir », a martelé Rob Flack, le ministre des Affaires municipales et du Logement, en conférence de presse ce lundi.

Il présentera cet après-midi la Loi de 2025 pour protéger l’Ontario en construisant plus rapidement et plus efficacement, destinée à accélérer la construction de nouveaux logements et d’infrastructure.

Il était accompagné des ministres de l’Infrastructure, Kinga Surma, des Finances, Peter Bethlenfalvy, et des Transports, Prabmeet Sarkaria. La mairesse de Mississauga Carolyn Parrish et le maire de Vaughan étaient aussi de la partie.

Ce dernier a d’ailleurs déclaré : « Je veux que mes enfants aient la possibilité de posséder une maison dans la ville où ils ont grandi. À Vaughan, nous faisons notre part en réduisant les redevances d’aménagement de 50 % et en utilisant tous les outils à notre disposition pour accélérer la construction de plus de logements. Je salue le leadership de la province dans la réduction des formalités administratives, la normalisation des approbations et la construction d’un avenir plus efficace et abordable pour tous les Ontariens. »

Des approbations de projets plus rapides

Parmi les mesures fortes, la province réduira les frais d’aménagement locaux « qui peuvent ajouter des centaines de milliers de dollars au coût des nouveaux logements » et qui varient d’une ville à l’autre, et ce, en collaboration avec les municipalités. Un point sur lequel le ministre Flack a tenu à insister.

La province pourra accélérer les approbations de projets en uniformisant les normes de construction de bâtiments des municipalités ontariennes.

« Simplifier, rationaliser et rendre uniformes et transparentes les demandes d’aménagement, les approbations d’aménagement du territoire et le contenu des plans officiels des municipalités… Ces modifications faciliteraient et accéléreraient la construction d’immeubles résidentiels, commerciaux et industriels dans l’ensemble des municipalités de l’Ontario », décrit le communiqué de presse.

Via ces mesures, les municipalités ne disposeraient pas de la compétence pour créer des exigences de construction pour les bâtiments et réduiraient la portée des études qu’elles peuvent exiger pour les nouveaux aménagements. En parallèle, ces mesures autoriseraient des variations des règlements de zonage sans besoin d’approbations supplémentaires.

Le projet de loi comporte également un grand volet transports en commun visant là aussi à accélérer les mises en chantier de projets, conférant des pouvoirs décisionnels additionnels à la ministre de l’Infrastructure et au ministre des Transports, notamment en pouvant exiger des renseignements aux municipalités pour appuyer des projets d’infrastructure financés par la province.

La Loi sur la construction plus rapide de transport en commun (LCPTC) s’appliquera à tous les projets provinciaux de transport en commun.

Les projets de transport en commun du réseau GO et du système léger sur rail deviendraient des projets de transport en commun prioritaires.

L’Ontario normalisera les spécifications et la conception des routes pour en accélérer la construction.

Côté investissement, 400 millions de dollars supplémentaires seront injectés au Fonds pour les réseaux d’eau pour la construction de logements (FRECL) et au Programme pour l’infrastructure municipale et le logement (PIML), soit 2,3 milliards de dollars sur quatre ans.

Décès de Daniel Gingras, un des bâtisseurs de la Place des Arts de Sudbury

SUDBURY – Le philanthrope Daniel Gingras est décédé à l’âge de 70 ans. Très actif dans la francophonie ontarienne dans les années 80, celui-ci est surtout connu pour sa contribution majeure à la Place des Arts (PDA) de Sudbury.

C’est dans une publication sur les réseaux sociaux que son épouse Hélène Chayer a annoncé le décès de Daniel Gingras survenu lors d’une excursion en montagne en Colombie-Britannique.

Natif de Hearst, Daniel Gingras a évolué pendant plus de trois décennies dans les secteurs publics et parapublics, notamment au Collège Boréal et à l’ACFO-Nipissing, dont il était le coordinateur en 1982.

En 1983, il devient adjoint du député Jean-Jacques Blais, député fédéral de Nipissing et ministre de la Défense nationale, et côtoie alors Pierre-Elliot Trudeau avant d’être promu à la coordination des services en français pour l’ensemble des services correctionnels ontariens, quelques années plus tard.

Il était aussi devenu consultant en planification stratégique et en prélèvement de fonds pour des organismes sans but lucratif.

30 millions de dollars pour la PDA

Mais c’est en 2017 qu’il va se consacrer au projet le plus important de sa carrière alors qu’il copréside, avec Stéphan C. Plante, la campagne majeure de financement pour la construction de la PDA en 2018.

En 2017, Daniel Gingras devenait aussi récipiendaire du Prix de la francophonie de l’ACFO du grand Sudbury pour sa contribution à l’épanouissement de la communauté franco-ontarienne locale.

Dans ses dernières années actives, il a dédié son temps à la recherche de financement pour des organismes et projets francophones, notamment l’hôpital régional du Nord-Est de l’Ontario, Horizon Santé Nord, situé dans le Grand Sudbury.

Il a dirigé des campagnes de financement pour des entités telles que le Collège Boréal et la Maison McCulloch Hospice, le projet dont il se disait le plus fier.

Pluie d’hommages

« Il a joué un rôle fondamental dans la création de la Place des Arts au centre-ville de Sudbury, estime René Lapierre, président de la Place des Arts. Il a su brillamment copiloter une campagne permettant d’amasser les 30 millions de dollars nécessaires à la construction de notre édifice rassembleur. Nos souvenirs sont encore vifs. Il a laissé sa marque et nous lui en serons éternellement reconnaissants. »

« C’est avec une profonde tristesse que j’ai appris le décès de Daniel Gingras, un bâtisseur exceptionnel et un grand rassembleur communautaire. J’ai eu l’honneur de coprésider avec lui la campagne de financement pour la Place des Arts du Grand Sudbury », a déclaré pour sa part M. Plante, vice-président Ontario, Expérience membres et Leader de marché – Particuliers chez Desjardins Ontario.

« Daniel était un homme audacieux et généreux de son temps, toujours prêt à faire avancer des dossiers importants pour notre communauté. Son absence laisse un vide immense, mais son héritage et ses contributions inestimables resteront gravés dans nos cœurs et nos mémoires », termine-t-il.

Le maire du Grand Sudbury a lui aussi tenu à lui rendre hommage : « Daniel était un véritable ami, un leader aimable, passionné et dévoué dont l’influence sur notre communauté se fera sentir pendant des générations. »

« Son leadership a joué un rôle déterminant dans la création de la Place des Arts, un joyau culturel de notre centre-ville qui reflète sa profonde conviction du pouvoir de la langue, du patrimoine et de la culture », continue Paul Lefebvre.

« Nous saluons avec reconnaissance la mémoire de cet homme audacieux, dont l’engagement restera à jamais gravé dans l’histoire de la francophonie du Nord », déclare de son côté l’Assemblée de la francophonie de l’Ontario.

Retour en images sur le 12e Salon du livre du Grand Sudbury

SUDBURY – Le Salon du livre a pris fin ce dimanche à la Place des Arts de Sudbury après quelques jours d’activités et expériences littéraires en tout genre. ONFR revient en images sur cet événement devenu un rendez-vous annuel pour la communauté francophone de la région.

Photo : Inès Rebei/ONFR

Pour plusieurs auteurs rencontrés durant le salon, l’expérience est plus ou moins semblable que lors de l’édition précédente. Le Regroupement des éditeurs franco-canadiens rapporte même avoir dépassé ses chiffres de vente de l’an passé. L’organisme attribue environ 20 % des ventes au tout nouveau livre Le Moulin-à-Fleur de Sudbury : quartier ouvrier, territoire canadien-français, co-écrit par Serge Dupuis et Normand Carrey.

Photo : Inès Rebei/ONFR

Deux activités jeunesse ont été offertes durant le Salon pour stimuler l’imagination des enfants et les inviter à découvrir des contenus éducatifs en français. Selon Geneviève Leblanc, la tournée des auteurs dans les écoles de la région a été particulièrement appréciée des élèves cette année : « C’est l’année où il y a eu le moins d’accrochages, les auteurs ont trippé et veulent revenir l’année prochaine. »

Photo : Inès Rebei/ONFR

L’auteur québécois Guy Bélizaire a été pris d’émotion en relisant un passage de son livre Mémoire vagabonde évoquant le tremblement de terre de 2010 en Haïti qu’il n’a pas vécu. « Ça ne m’arrive jamais, je ne comprends pas ce qui se passe » a-t-il livré face au modérateur Melchior Mbonimpa et à un public pareillement ému. L’écrivain torontois Gabriel Osson, qui devait faire partie de cette discussion autour de la thématique de l’exil, n’a pas pu faire le déplacement.

Photo : Gracieuseté de Elsie Miclisse

Le temps pluvieux durant la tournée littéraire de samedi matin n’a pas empêché les curieux, nouveaux arrivants et autres amoureux de littérature de participer à cette activité. Durant cette visite dans les quartiers du centre-ville animée par Stéphane Gauthier, directeur général et culturel du Carrefour francophone, le public a pu découvrir l’hypothèse de chercheurs américains selon laquelle l’apparition de la vie sur Terre aurait été rendue possible par le météorite qui a frappé Sudbury il y a deux milliards d’années…

Photo : Inès Rebei/ONFR

Ils étaient nombreux à faire la file pour obtenir une dédicace des auteurs du nouvel ouvrage de l’historien Serge Dupuis et du psychiatre pour enfants et adolescents Normand Carrey. La discussion animée par les deux Sudburois a suscité beaucoup d’interactions dans la salle, y compris des éclats de rire et d’innocentes chicanes de quartier. Les auteurs ont même eu des suggestions du public pour une autre édition revue et augmentée.

Photo : Inès Rebei/ONFR

Deux bénévoles francophiles de 17 et 18 ans ont prêté main-forte à la librairie Panache. Ces deux jeunes Sudburois ont choisi de s’impliquer au salon pour se rapprocher de la communauté francophone et de la langue de Molière. Plusieurs autres bénévoles sont de nouveaux arrivants francophones originaires d’Afrique pour lesquels cet événement est une occasion de s’intégrer dans la communauté.

Photo : Inès Rebei/ONFR

Tous avaient leur petite laine et des couvertures pour cette soirée célébrant poésie et récits personnels, sous les lanternes. Originaire de Timmins, Alexia Cousineau, s’est confiée sans détour sur sa découverte de la poésie et sur la manière que celle-ci l’a sauvée au milieu d’une épreuve sentimentale. Visiblement très nerveuse, celle-ci a d’ailleurs déclaré sa fierté de pouvoir se produire sur scène pour la première fois.

Photo : Inès Rebei/ONFR

Pour cette 12e édition et pour la première fois, plusieurs activités ont eu lieu hors de la Place des Arts, comme la veillée littéraire au Refettorio du YES Theatre de samedi soir. L’activité était prévue la veille, mais a été reportée en raison d’un véhicule qui a heurté un panneau électrique, lequel a généré une panne de courant.

Photo : Inès Rebei/ONFR

Michèle Laframboise, autrice jeunesse de Toronto, vient présenter ses œuvres au Salon du livre de Sudbury depuis sa création en 2004. Son stand était l’un des plus achalandés de la section jeunesse : « Les gens ne sont pas obligés d’acheter, ils sont obligés de regarder ».

Photo : Inès Rebei/ONFR

Pour ce premier Salon durant une année impaire, les organisateurs ont privilégié une formule plus intime avec un nombre plus réduit d’activités. Il y a d’ailleurs eu plusieurs moments creux durant le salon, en particulier le jeudi et vendredi. « J’aurai voulu avoir plus de monde mais les gens ont préféré venir dimanche pour le spectacle de Fred Pellerin », pense Mme Leblanc.

Photo : Inès Rebei/ONFR

L’un des temps forts du salon fut le spectacle de Fred Pellerin lequel s’est produit à deux reprises le dimanche. Selon les organisateurs, la salle était comble pour les deux représentations pour cet artiste québécois qui ne s’était pas rendu à Sudbury depuis plus d’une dizaine d’années.

Le Droit n’aura plus de rédaction en chef à Ottawa-Gatineau

Après avoir déménagé sa salle de nouvelles à Gatineau en 2020, voilà que le journal historiquement franco-ontarien décentralise sa rédaction en chef à Trois-Rivières, au Québec. Cet éloignement de l’Ontario interroge dans la communauté.

« Comment un rédacteur en chef à Trois-Rivières, qui n’est pas franco-ontarien, va-t-il être capable de cerner les sujets chers aux francophones en Ontario? », s’interroge, le ton grave, Fabien Hébert, président de l’Assemblée de la francophonie de l’Ontario.

« Si on n’a plus pied à terre pour juger quels sont les sujets importants de l’heure, ici en Ontario, ça va devenir compliqué », estime-t-il, jugeant cette « décision unilatérale extrêmement déplorable ».

En cause : l’annonce aux employés du journal vendredi soir de l’abolition du poste de rédaction en chef. Une information révélée dans un premier temps par le Journal Le Devoir et qu’a pu confirmer ONFR durant le week-end.

En poste depuis quatre ans, la rédactrice en chef Marie-Claude Lortie quittera ses fonctions le 7 juin prochain et la rédaction de la région d’Ottawa sera pilotée depuis un des journaux du groupe, Le Nouvelliste, basé à 300 kilomètres de là, à Trois-Rivières, au Québec.

« Ça a été des années très riches avec une équipe vraiment super au cours desquelles j’ai le sentiment d’avoir modernisé plusieurs aspects, mais la réalité financière des médias en général, et des régionaux en particulier, est vraiment très difficile », confie Mme Lortie, espérant que « cette restructuration permettra au journal de poursuivre sa route. »

Sous son mandat, les journalistes du Droit ont été à l’origine de nombreuses révélations, dont celle du retour des fonctionnaires au bureau à trois jours par semaine. Le quotidien a aussi intensifié sa présence dans les affaires municipales, renoué avec la Colline parlementaire et remporté plusieurs prix en journalisme.

« On a diversifié les types de sujet en montrant par exemple à quel point des enjeux internationaux étaient importants pour les journaux locaux, car on est tous interreliés ». En mars dernier, Le Droit a ainsi décroché le prix du reportage international de l’année remis par une émission québécoise pour un sujet sur la face cachée de l’industrie du chocolat et ses répercussions locales. Une récompense intervenue après le Prix d’Excellence générale pour la qualité éditoriale à Réseau Presse en 2024.

L’indépendance du journal préservée, assure la direction

Le directeur général du Droit, François Carrier, assure que la ligne éditoriale n’en sera pas affectée : « On comprend qu’il peut y avoir des craintes. On peut assurer que ça ne changera rien à la couverture franco-ontarienne ou régionale et les décisions se prendront toujours ici. Nous devrions avoir d’ailleurs des ajouts à présenter à cet effet d’ici l’automne. »

Et de marteler : « Ce changement n’enlèvera rien à l’indépendance de la salle de rédaction du Droit, qui préserve son autonomie et son identité propre. »

Cette annonce en interne fait partie d’un plan de restructuration plus vaste qui doit mener à la suppression de 30 postes à l’échelle de la Coopérative nationale de l’information indépendante (CN2I) qui gère Le Droit et six autres quotidiens numériques : Le Nouvelliste, Le Soleil, La Voix de l’Est, Le Quotidien, La Tribune et Les As de l’Info.

À la suite de la faillite en 2019 de leur propriétaire, Groupe Capitale Média, ces journaux s’étaient lancés dans un modèle coopératif, Le Droit perdant au passage son siège ottavien en 2020 pour déménager à Gatineau, au Québec, puis abandonnant le papier pour passer exclusivement au numérique en 2024, tandis qu’une tentative de fusion avec La Presse a avorté en avril dernier.

Un pilotage depuis Trois-Rivières « n’est pas vraiment pas l’idéal, considère Éric-Pierre Champagne, président de la Fédération professionnelle des journalistes du Québec (FPJQ). Il n’y aura pas nécessairement la même sensibilité parce que, quand le centre décisionnel est loin comme ça, on ne connaît pas aussi bien les enjeux locaux. À moyen terme, il peut y avoir une couverture ou des décisions éditoriales moins bien adaptées au public visé. »

Ramener la rédaction du journal en Ontario?

« Cette situation met en lumière les défis structurels persistants, tels que la baisse des revenus publicitaires, qui concernent directement la pérennité de l’information locale en français », indique Maryne Dumaine, présidente de Réseau.Presse (dont Le Droit est membre), qui appelle à « soutenir un écosystème médiatique pluraliste, composé de médias qui ont les deux pieds sur le terrain, qui parlent la langue des gens et dans lesquelles les communautés se reconnaissent. »

Alors qu’en interne des employés s’interrogent sur le modèle d’affaires et des revenus qui ne sont pas au rendez-vous, M. Hébert, lui, croit que c’est le temps d’arrimer à nouveau Le Droit à l’Ontario.

« Je crois que potentiellement des entrepreneurs franco-ontariens seraient intéressés d’acquérir Le Droit si c’est une question de finances. On avait déjà proposé d’acheter le nom de marque pour le mettre à l’abri, il y a quelques années. Il y a matière à voir si des entrepreneurs franco-ontariens seraient prêts à relever ce défi. »

Contactée par ONFR, la directrice de la CN2I n’avait donné suite à nos sollicitations médiatiques au moment d’écrire ces lignes.

Cet article a été actualisé pour la dernière fois le 13 mai à 11h50 pour ajouter le point de vue du président de la FPJQ.

Ces papes dans la toponymie scolaire franco-ontarienne

Chaque samedi, ONFR propose une chronique sur l’actualité et la culture franco-ontarienne. Cette semaine, l’historien et spécialiste de patrimoine Diego Elizondo.

Avec ses huit conseils scolaires, les écoles catholiques sont les plus nombreuses des écoles de langue française en Ontario. Alors qu’un nouveau pape a été élu jeudi dernier, tour d’horizon des souverains pontifes qui ont été immortalisés dans la toponymie des écoles franco-ontariennes.

Pape-François

Une école du Grand Toronto du Conseil scolaire Viamonde, ouverte en 2015, a été nommée Pape-François en 2016.

Jorge Mario Bergoglio, né en 1936 à Buenos Aires, devient le 266e pape en 2013. Premier pape originaire des Amériques, premier pape non européen depuis plus de 1000 ans, premier pape jésuite, il est aussi le premier pape à prendre le nom de François (en référence à Saint François d’Assise).

Issu d’une famille italienne, il étudie la chimie avant d’entrer chez les jésuites en 1958. Ordonné prêtre en 1969, il devient archevêque de Buenos Aires en 1998, puis cardinal en 2001. Son pontificat se caractérise par une grande humilité, un rejet du luxe et une attention aux questions sociales : pauvreté, migration, écologie…

Le pape François sur les plaines d’Abraham, au Canada, le 27 juillet 2022. Photo : Diego Elizondo

Puisque François entreprend des réformes internes et adopte une approche plus accueillante sur des sujets délicats (divorcés remariés, homosexualité, rôle des femmes), il est perçu comme un pape progressiste, bien que la doctrine officielle de l’Église reste inchangée.

Populaire, il est sacré personnalité de l’année du magazine Time en 2013 et est aussi le pape qui a inspiré le plus de films et documentaires.

En 2022, il visite le Canada pour présenter des excuses aux peuples autochtones au sujet des pensionnats. Il meurt le lundi de Pâques, le 21 avril 2025, provoquant une vive émotion internationale. Il reste une figure marquante du catholicisme moderne, incarnant un tournant pastoral centré sur la justice sociale.

Saint-Jean-Paul-II

Trois écoles de langue française portent son nom : depuis 2006 à Stittsville (près d’Ottawa), à Whitby (près de Toronto) et depuis 2007 à Val-Caron (près de Sudbury).

Né Karol Wojtyła en 1920 en Pologne, Jean-Paul II est élu pape en 1978. Premier pape non italien depuis plus de 450 ans, il dirige l’Église pendant près de 26 ans et demi.

Il devient une figure mondiale influente, marquant l’histoire par ses nombreux voyages (plus de 100 pays visités), son engagement auprès des jeunes et sa lutte contre le communisme. Jean-Paul II se distingue par son charisme et la longévité de son règne.

Orphelin jeune, il étudie la littérature et entre au séminaire clandestin durant la Seconde Guerre mondiale. Ordonné prêtre en 1946, évêque en 1958, puis archevêque de Cracovie en 1964, il devient cardinal en 1967.

En 1981, il survit à un attentat à Rome, renforçant son image de pape courageux. Il est le premier pape à visiter le Canada. Son vaste voyage du 9 au 20 septembre 1984 marque les esprits et attire les foules.

Il visite 12 villes, de Terre-Neuve à la Colombie-Britannique, parcourant 15 000 kilomètres, lors de ce qui constitue son plus long voyage hors d’Italie.

Le pape Jean-Paul II à bord d’un bâteau-mouche sur le canal Rideau, à Ottawa en septembre 1984. Photo : Lost Ottawa

À Ottawa, il navigue sur le canal Rideau à bord d’un bateau-mouche. Près de 100 000 personnes l’accueillent. Il prononce aussi une messe en plein air sur les plaines LeBreton, à laquelle assistent 250 000 personnes. Son passage à Ottawa est organisé par l’entrepreneur franco-ontarien Rhéal Leroux.

Au cours de ce voyage, il passe aussi par les villes ontariennes de Midland et Toronto.

Il revient au Canada visiter les Territoires du Nord-Ouest en 1987, et en 2002 pour les Journées mondiales de la jeunesse à Toronto.

Il maintient une ligne doctrinale conservatrice sur les questions de l’Église. Il meurt en 2005. Béatifié en 2011 et canonisé en 2014 par le pape François, il reste l’un des papes les plus aimés du 20e siècle.

Paul-VI

Une école élémentaire francophone à Hawkesbury porte le nom de Paul-VI depuis 1967.

Né Giovanni Battista Montini le 26 septembre 1897 à Concesio, en Italie, Paul VI est le 262e pape de l’Église catholique. Issu d’une famille bourgeoise et engagée politiquement, il est ordonné prêtre en 1920. Élu le 21 juin 1963, succédant à Jean XXIII, son pontificat se poursuit jusqu’à sa mort le 6 août 1978.

Proche du pape Pie XII, il travaille longtemps à la Secrétairerie d’État, avant de devenir archevêque de Milan en 1954. Il est créé cardinal en 1958. Après le décès de Jean XXIII, il reprend et conclut le concile Vatican II.

Pape de la mise en œuvre du concile, Paul VI réforme la liturgie, favorise le dialogue œcuménique et interreligieux, et encourage la collégialité entre évêques. Premier pape à voyager hors d’Europe, il inaugure la diplomatie papale moderne en visitant les cinq continents.

Homme réservé, intellectuel et spirituel, Paul VI est béatifié en 2014 et canonisé en 2018.

Jean-XXIII

Deux écoles disparues ont porté le nom de Jean-XXIII, l’une à Ottawa (vers 1963–1984) et l’autre à Cornwall (1967–2009).

Angelo Roncalli, né en 1881 en Italie, est élu pape en 1958. Son pontificat court, mais marquant, instaure une nouvelle ère dans l’histoire de l’Église, avec la convocation du concile Vatican II en 1962.

Le pape Jean XXIII. Photo : Wikipédia.

Proche des fidèles et humble, il est surnommé le « bon pape Jean ». Il meurt en 1963, puis est canonisé en 2014.

L’école d’Ottawa ferme en 1984 en raison de la baisse des inscriptions. Le bâtiment est démoli au tournant du 21e siècle et aucune trace n’en subsiste aujourd’hui. L’école intermédiaire à Cornwall a quant à elle été fusionnée en 2009 à l’École secondaire catholique La Citadelle.

St-Pie-X

Une école catholique francophone d’Ottawa, dans la Côte-de-Sable, a porté le nom de St-Pie-X entre 1958 et 1999.

Né Giuseppe Sarto en 1835, Pie X est élu en 1903. Issu d’un milieu modeste, il réforme la liturgie, le droit canon et la formation des prêtres. Il promeut la communion fréquente et abaisse l’âge de la première communion. Il est pape jusqu’à son décès en 1914.

Une paroisse francophone d’Ottawa prend le nom de St-Pie X en 1954, année de sa canonisation. L’école, ouverte en 1958, a repris le même nom que la paroisse. Elle a fermé ses portes en 1999 en raison du déclin démographique dans le centre-ville.

Les opinions exprimées dans cet article n’engagent que leurs auteur(e)s et ne sauraient refléter la position d’ONFR et de TFO.

20 ans et une nouvelle exposition pour le Musée canadien de la guerre

OTTAWA – Plusieurs centaines de personnes se sont rassemblées au Musée canadien de la guerre ce jeudi, pour un événement spécial au triple prétexte. En cette journée du 8 mai 2025, on marquait à la fois : les 80 ans de la fin de la Deuxième Guerre mondiale en Europe, les 20 ans du musée situé sur les Plaines LeBreton ainsi que le lancement d’une nouvelle exposition intitulée : Dernières voix de la Seconde Guerre mondiale.

La soirée bilingue a oscillé entre sobriété et festivités. Dans la Galerie LeBreton, une réception et une courte cérémonie se sont déroulées en présence de deux vétérans et de plusieurs familles de vétérans et vétéranes. Les convives étaient invités à s’habiller dans le style des années 1940.

Quelques images de la soirée au Musée canadien de la guerre, le 8 mai 2025. Photo : Rachel Crustin / ONFR

Quelques images de la soirée au Musée canadien de la guerre, le 8 mai 2025. Photo : Rachel Crustin / ONFR

Quelques images de la soirée au Musée canadien de la guerre, le 8 mai 2025. Photo : Rachel Crustin / ONFR

Quelques images de la soirée au Musée canadien de la guerre, le 8 mai 2025. Photo : Rachel Crustin / ONFR

Quelques images de la soirée au Musée canadien de la guerre, le 8 mai 2025. Photo : Rachel Crustin / ONFR

La mezzo-soprano Saeideh Rajabzadeh a offert des chansons qui entrecoupaient les discours, dont une interprétation de L’hymne à l’amour, classique d’Édith Piaf. Par la suite, c’est le groupe Peter Beaudoin et le Petit BIG BAND ainsi que le Ottawa Swing Dance Society qui ont invité les gens à participer à la Danse de la Victoire, alors que les portes de l’exposition s’ouvraient dans la galerie Lieutenant-colonel-John-McCrae, salle d’expositions temporaires.

Derniers témoignages directs

L’exposition Dernières voix de la Seconde Guerre mondiale se concentre sur le parcours des vétérans à partir de leur retour de la guerre. En ce sens, ceux qui ont vécu d’autres conflits et leurs familles pourront aussi s’y retrouver. Les visiteurs découvrent des histoires personnelles et intimes, au moyen de près d’une cinquantaine de témoignages.

« C’est une exposition particulière, parce que c’est le moment où jamais de donner la voix aux derniers vétérans de la Seconde Guerre mondiale », raconte Mélanie Morin-Pelletier, historienne, guerre et société au Musée canadien de la guerre et co-conservatrice de cette nouvelle exposition, en entrevue avec ONFR.

De nombreux vétérans de la Seconde Guerre mondiale n’avaient jamais raconté leur expérience avant très tard dans leur vie. Photo : Rachel Crustin / ONFR

L’exposition est divisée en trois « moments » : Devenir vétéran raconte le processus de démobilisation et les opportunités que le statut de vétéran pouvait offrir. Le parcours d’une vie raconte les effets de l’expérience de la guerre à long terme sur la personne et ses proches.

Finalement, Trouver un sens laisse la parole à des vétérans étonnement sereins. Il est surprenant d’en entendre certains témoigner de sentiments positifs en lien avec l’expérience de la guerre, comme des amitiés indéfectibles forgées par l’expérience commune, la fierté d’avoir fait une différence ou bien le sentiment d’appartenance à son pays.

Injustices pour les vétérans noirs, autochtones ou femmes

L’exposition, réalisée avec le soutien de la Légion royale canadienne, ne fait tout de même pas l’impasse sur les côtés sombres de cette organisation de soutien aux vétérans. On y apprend que les femmes et les vétérans noirs ou asiatiques, par exemple, n’y étaient pas les bienvenus à l’époque.

Il en va de même pour les prestations du gouvernement offertes aux vétérans pour faciliter leur réintégration dans la société canadienne.  

« Il y en a certains qui ont eu des opportunités de par leur statut de vétéran. Par exemple, le vétéran Léopold Thibeault nous explique que, grâce à son statut de vétéran, il a été capable d’aller à l’école, explique Mélanie Morin-Pelletier. Pour d’autres, ça a été plus difficile pour différentes raisons. Il y a encore du racisme, par exemple, par rapport aux vétérans des Premières Nations. Ils pouvaient se battre avec les autres, mais ils ne pouvaient pas aller boire une bière à la Légion par la suite. »

Une expérience immersive présente au public le vétéran Reg Harrison, qui livre un témoignage particulièrement touchant et surprenant, en lien avec une histoire passionnelle d’amour et d’amitié. Photo : Rachel Crustin / ONFR

Il est difficile de savoir combien de vétérans de la Seconde Guerre mondiale sont toujours en vie au Canada, puisque les chiffres officiels d’Anciens combattants Canada incluent les vétérans de la Guerre de Corée.

« Le nombre qu’on retrouve le plus souvent est 10 000, explique Mélanie Morin-Pelletier. On sait que c’est beaucoup moins que ça. »

La préparation d’une telle exposition implique aussi qu’inévitablement, certains vétérans interviewés sont décédés en cours de route, eux qui avaient entre 96 et 104 ans au moment des entretiens.

« C’est sûr que ça nous touche, surtout quand on est en lien constant avec les familles, raconte la conservatrice. Mais pour nous, c’est aussi tellement important d’avoir pu faire ces entrevues et de pouvoir les partager avec le public, sachant justement que c’est notre dernière chance de le faire. »

Une fin de semaine d’activités pour le 20e anniversaire

Quelques autres activités se dérouleront d’ici dimanche pour marquer les 20 ans du bâtiment sur les plaines LeBreton. Entre autres, les visiteurs pourront créer leur propre collage narratif samedi et dimanche.

Samedi soir, des spécialistes en histoire du Musée canadien de la guerre donneront une série de conférences en lien avec la nouvelle exposition. Cette série est intitulée Le monde en guerre – Dernières voix de la Seconde Guerre mondiale.

Un concert de l’Orchestre de l’Armée de l’air royale néerlandaise, prévu dimanche soir, affiche déjà complet. L’exposition Dernières voix de la Seconde Guerre mondiale souligne d’ailleurs le lien particulier qui unit le Canada aux Pays-Bas, qui offrent encore chaque année des bulbes de tulipes au pays qui a hébergé sa famille royale durant la Deuxième Guerre mondiale. Le Festival canadien des tulipes débute d’ailleurs ce samedi 9 mai à Ottawa.

Mélanie Morin-Pelletier dans le thème des années 1940 pour la soirée de lancement de l’exposition Dernières voix de la Seconde Guerre mondiale. Photo : Rachel Crustin / ONFR

L’exposition Dernières voix de la Seconde Guerre mondiale est en cours jusqu’au 18 janvier 2026. Les témoignages utilisés, ainsi que des témoignages de vétérans d’autres guerres, se retrouvent aussi dans l’exposition virtuelle Leur histoire, sur le site du Musée canadien de la guerre.

Racisme anti-noirs dans les écoles canadiennes : une urgence en mal de solutions

À l’Université d’Ottawa, une toute nouvelle étude visant à quantifier les incidents de racisme afin d’en démontrer leur étendue révèle les liens entre le racisme et la santé mentale de la jeunesse noire, dans un système d’éducation où les pédagogues et le personnel baignent dans un climat permissif. Pour la Semaine de la santé mentale, la nécessité d’une réforme demeure pressante, pour aujourd’hui comme pour demain.

C’est à travers une approche quantitative que le professeur et chercheur Jude Mary Cénat a trouvé que plus de 40 % des étudiants noirs rapportent avoir vécu un incident de racisme à l’école. Il établit d’ailleurs la corrélation directe entre les troubles de stress post-traumatique (TSPT), d’anxiété et de dépression avec ces incidents.

Quand racisme et traumatisme ne font qu’un

Cette étude succède à d’anciennes recherches plus qualitatives sur lesquelles le professeur s’était déjà penché. « La discrimination raciale explique mieux les symptômes du TSPT que d’autres évènements traumatiques, pourtant l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) ne l’a toujours pas intégré comme un facteur », déplore le directeur du Centre Interdisciplinaire pour la santé des Noir.e.s de l’Université d’Ottawa.

Ce dernier explique que, comparativement à un évènement traumatique à part entière, le racisme, plus incisif, vient dévaloriser autrui sur la base d’attributs dont il ne peut se départir, ainsi que sur sa propre existence, telle une contestation à sa capacité de continuer à vivre dans cette société.

Jude Mary Cénat a piloté la première étude qui montre que le racisme a des effets négatifs concrets sur la santé mentale des étudiants noirs. Photo : Gracieuseté : Jude Mary Cénat

La professeure agrégée à l’Université de York, Agnès Berthelot-Raffard, a travaillé sur le sujet pendant 5 ans. Selon elle, les étudiants racialisés sont inégalement plus exposés aux troubles de santé mentale.

« Quand la société ne vous laisse pas le choix de travailler deux fois plus fort, ça crée un stress qui leur donne plus de risques de tomber dans une maladie mentale grave », affirme la philosophe politique.

Le choc des victimes de racisme tend à se traduire par une hypervigilance et des comportements d’évitement, ce qui réduit leur capacité à faire face et à résoudre ces adversités. « Quand vous avez entre 15 et 24 ans, vous avez moins de ressources pour pouvoir faire face à ça. » regrette Jude Mary Cénat.

La recherche démontre la corrélation entre les problèmes de santé mentale intériorisés et la discrimination raciale dans l’éducation. Source : Springer Publishing

Déconstruire les biais du corps enseignant

En Ontario, de la maternelle à la 12e année, la proportion de directeurs d’école noirs représente seulement 2 %. Qu’elles soient implicites ou explicites, les idées reçues avec lesquelles certains professeurs entrent en poste peuvent les amener à moins encourager leurs étudiants noirs.

« Si vous n’avez jamais eu un enseignant ou un prof racialisé, c’est normal que vous interprétiez que ces personnes-là doivent être un peu moins intelligentes que les autres », signale Agnès Berthelot-Raffard.

Ces fausses interprétations systématiques affectent leur rendement scolaire, dans la mesure où ces étudiants sont orientés vers des débouchés moins valorisants. Supposer qu’un garçon noir ne va pas être compétent en mathématiques, mais plutôt dans des disciplines plus sportives constitue l’exemple de ces biais implicites.

Elle explique également qu’au sein des classes, la tendance d’invisibiliser ces étudiants découle directement de ces biais. « Ça va être un phénomène de whitesplaining qui va faire qu’on va dire à un enfant blanc ‘c’est super ce que tu viens de dire là’, alors qu’il vient juste de répéter ce que l’enfant noir vient de dire », explique-t-elle.

Selon Agnès Berthelot-Raffard, lorsqu’il lui a été demandé de prendre en charge des étudiants noirs, le manque d’outillage et la bonne volonté du corps enseignant global s’est traduit ouvertement. Photo : Gracieuseté Agnès Berthelot-Raffard

Par ailleurs, la manière dont l’histoire est enseignée dans les classes a de plus en plus d’implications quant à la lutte contre le racisme systémique.

Au sein du campus de l’Université de l’Ontario français (UOF) à Toronto, le président de l’association étudiante de l’université Espoir Masiala, est désireux de voir l’histoire être enseignée sous un nouveau jour.

« Des fois, j’aimerais qu’on parle de l’Afrique ou de la communauté africaine au Canada et comment elle a évolué. Même si on sait qu’on est sous développement au pays, il ne s’agit pas de rester concentré sur cet aspect de critique. Ça nous touche des fois, mais on ne le dit pas », confie l’étudiant de 2ème année en économie.

Comme président d’association étudiante à l’UOF, Espoir Masiala (en bleu à gauche) apporte des conseils et des activités d’unification entre les étudiants. Photo : Gracieuseté : Espoir Masiala

Éviter la mise aux oubliettes

Avec l’impératif de sensibilisation, mais surtout de solutions qui devient central au système éducatif, la Commission des droits de la personne (CODP) a déployé, fin mars, un plan d’action qui totalise une vingtaine de mesures censées contrer ces enjeux qui font la réalité des étudiants noirs dans les écoles publiques ontariennes.

Toutefois, les lacunes fréquentes notamment sur l’aspect coercitif de ce genre de mesures, font consensus au sein des chercheurs. « On a besoin d’un plan au niveau ministériel, c’est-à-dire que les ministères puissent exiger des réformes dans les écoles et universités et non pas des bouts de formation en coin de table », avertit Jude Mary Cénat, qui souligne que la tâche revient au ministère de l’éducation.

Dans une réponse de la CODP par courriel, elle affirme que « La CODP publiera un plan de surveillance et d’évaluation afin d’assurer un suivi sur le travail effectué pour mettre en œuvre les actions du Plan d’Action », sans préciser de calendrier. Néanmoins, elle ajoute que des consultations auprès du grand public seront de vigueur.

Un autre consensus se partage autour du manque de formation initiale que les professeurs reçoivent dans leur parcours académique. Cependant, la présidente de l’Association des enseignantes et des enseignants franco-ontariens (AEFO), Gabrielle Lemieux, souligne qu’il s’agit bien d’un travail collectif.

« Ça ne repose pas uniquement sur les écoles des enseignants. C’est un problème profondément ancré dans les structures, les politiques, les pratiques institutionnelles, donc ça va prendre un mouvement où chacun reconnaît son rôle à jouer », soutient la présidente.

Elle affirme également que la grande diversité du système francophone nécessite encore plus d’une attention particulière, afin de s’assurer que les mesures en cours pour reconnaître le racisme systémique en sont adéquates.

Le racisme est la lutte de chacun

Un système scolaire où des jeunes ressortent victimes de racisme au lieu d’en sortir avec plein potentiel montre des failles qui nuisent au développement d’une société autant socialement qu’économiquement.

« Aujourd’hui, on peut devenir enseignant sans avoir suivi un cours ni sur la culture, ni sur les enjeux racistes au Canada. C’est totalement inacceptable. », martèle Jude Mary Cénat.

D’après le chercheur, les volets ou programmes de soutien spécifiquement faits pour les noirs ne constituent pas tellement des moyens de lutte. En effet, c’est l’intégration plutôt que la catégorisation qui peut œuvrer comme un moyen puissant contre le racisme.

« Tout le monde peut avoir ce niveau de conscience, d’action, de remise en question et de déconstruction », conclu Agnès Berthelot-Raffard.

La rougeole inquiète l’opposition à Queen’s Park

TORONTO – Les partis d’opposition tirent la sonnette d’alarme et s’insurgent d’un « manque de leadership » du gouvernement Ford, de l’absence de campagnes de vaccination et de fonds alloués, vis-à-vis de l’explosion des cas de rougeole en Ontario, « la pire épidémie de rougeole depuis trois décennies ».

L’épidémie de rougeole prend une tournure politique à Queen’s Park. La ministre de la Santé Sylvia Jones assure que la stratégie du gouvernement fonctionne, contre un nombre de cas rampants et record depuis l’année dernière, avec 1383 cas confirmés dans la province.

À la même période l’année dernière, un enfant décédait en Ontario, pour la première fois en 10 ans.

En conférence de presse c jeudi, le Dr Adil Shamji, député de Don Valley East et porte-parole du Parti libéral de l’Ontario en matière de soins primaires, de soins d’urgence et de santé publique, a au contraire exprimé ses craintes concernant ce qu’il qualifie de la pire épidémie de rougeole depuis 30 ans.

« Alors que d’autres provinces prennent des mesures (…) Sylvia Jones estime avoir rempli son devoir à l’égard de la lutte contre la rougeole en écrivant une lettre il y a un an aux médecins pour leur demander de vacciner leurs jeunes patients. Ils n’ont pas besoin de lettres, ils ont besoin de financement, de ressources et d’un leadership de la part de ce gouvernement. »

Celui-ci avance le fait que 30 % des enfants de 7 ans ne sont toujours pas vaccinés, contre seulement 6 % il y a dix ans, « avant qu’il (le gouvernement) n’arrive au pouvoir et ne coupe des centaines de millions de dollars dans la santé publique ».

« Je n’ai jamais entendu dire le premier ministre que les enfants doivent se faire vacciner », avait-il déploré la veille en mêlée de presse à Queen’s Park.

« Pourquoi les autres provinces et même les États-Unis ont la crise sous contrôle et pas l’Ontario ? », avait renchéri Bonnie Crombie, cheffe du Parti libéral.

Besoin d’un plan et de plus de financement selon l’opposition officielle

La cheffe du NPD Marit Stiles demande un plan concret de la part du ministère : « La fête des Mères approche ce week-end, et les familles s’inquiètent du risque d’exposition accidentelle pour les enfants vulnérables et leurs proches. (…) Nous avons besoin d’un vrai leadership et d’un plan sérieux pour protéger la population, incluant une campagne de sensibilisation publique solide sur le vaccin ROR, efficace et gratuit, ainsi qu’une stratégie financée et coordonnée pour soutenir les bureaux de santé publique. »

La députée de Nickel-Belt et porte-parole de l’opposition officielle en matière de santé, France Gélinas, pointe du doigt l’absence de ressources allouées aux professionnels de santé. Plusieurs médecins en chef me confirment qu’ils demandent au gouvernement des fonds. 

« Ce sont les finances qui bloquent. Mais avec 125 nouveaux cas par semaine, et un enfant déjà décédé, on ne s’attend pas à ce que ça s’arrête là. »

L’élue francophone raconte que lorsqu’elle est interrogée sur la rougeole, la ministre de la Santé avance avoir augmenté le budget de la santé publique de 20 %.

« Ces 20 % comprennent un financement du fédéral pour le financement des soins dentaires des aînés et ça n’a strictement rien à avoir avec la rougeole », contredit Mme Gélinas, selon laquelle l’augmentation s’élèverait à seulement 1 % par an pour les trois prochaines années.

Le ministère de la Santé n’a pour l’heure pas répondu à nos sollicitations à ce sujet.

Formule plus intimiste et activités hors des murs pour le 12e Salon du livre de Sudbury

SUDBURY – Le Salon du livre du Grand Sudbury est de retour ce jeudi et jusqu’à dimanche pour sa première édition durant une année impaire. Ce 12e salon sera de taille plus modeste avec des activités en dehors de la Place des Arts.

« La formule est un peu plus petite et plus intime cette année parce qu’on veut assurer le budget sur les deux prochaines années », explique Geneviève Leblanc, directrice générale et artistique du salon.

Ce rendez-vous littéraire incontournable de Sudbury se produisait jusqu’alors tous les deux ans, mais est devenu annuel après l’élaboration de la planification stratégique 2024-2028.

Les activités du Salon du livre sont destinés à plusieurs publics. Gracieuseté du Salon du livre de Sudbury.

« Dans cette planification, on a priorisé la présentation d’un salon du livre annuel pour pallier la fermeture du Salon du livre de Hearst depuis 2019, alors, c’est un premier essai », ajoute-t-elle au sujet de cette édition qui survient durant une année impaire pour la première fois depuis ses débuts en 2004.

Et de préciser : « Le premier Salon du livre était en 2004, mais c’était des bénévoles puis le Salon du livre s’est incorporé en 2005. Donc on a 20 ans cette année. »

Une programmation hors des murs

Une autre nouveauté cette année, c’est cette « programmation hors des murs » avec, notamment, des spectacles et autres activités au centre-ville, à proximité de la Place des Arts (PDA) où a lieu le salon.

Parmi ces activités hors des murs, on compte le Cabaret Accent Queer au bar de Little Montréal jeudi soir mettant en scène, entre autres, la fierté locale Alex Tétrault, une veillée littéraire au Refettorio du YES Theatre le vendredi soir avec, notamment, l’écrivain Gabriel Osson et la poétesse Chloé LaDuchesse.

Après une douzaine d’éditions à Montréal, Québec, Sherbrooke, Gatineau et Caraquet, le Cabaret Accent Queer s’arrête à Sudbury avec la rappeuse Calamine, le dramaturge David Paquet, l’humoriste Maxime Ève Gagnon, les écrivains Samuel Larochelle et Vincent Francoeur et Alex Tétreault. Gracieuseté du Salon du livre de Sudbury.

En outre, il y aura une balade interactive littéraire dans la ville samedi matin et un 5 à 7 le soir au Wander Food & Wine avec des auteurs comme Vincent Francoeur et Julie Huard.

Double dose de Fred Pellerin

Cette année, il y aura moins de spectacles, mais cela se compense, selon Mme Leblanc, par la venue d’une vedette très appréciée du public.

« On a quelques activités et spectacles en moins cette année, par exemple, on n’a pas de spectacle comme tel le samedi soir parce qu’on a deux représentations du spectacle de Fred Pellerin dimanche », fait savoir Mme Leblanc.

Ce spectacle du chansonnier et conteur québécois est aussi organisé dans le cadre du 60e anniversaire de La Slague du Carrefour francophone, en collaboration avec le Centre franco-ontarien de folklore (CFOF).

Causeries franco-canadiennes

Une quarantaine d’auteurs franco-canadiens sont attendus cette année, soit une légère réduction comparativement aux dernières éditions (une cinquantaine), mais le nombre d’exposants et d’ateliers pour les groupes scolaires est similaire à ceux des années précédentes.

Melchior Mbonimpa, à gauche, animera une causerie avec les auteurs francophones Guy Bélizaire et Gabriel Osson samedi. Gracieuseté du Salon du livre de Sudbury.

Plusieurs auteurs et professeurs franco-ontariens seront présents cette année comme Michel Bock, Serge Dupuis, Antoine Côté Legault, Marine Sibileau ou encore Sarah Migneron.

À noter également, le lancement du livre Le Moulin-à-Fleur de Sudbury : quartier ouvrier, territoire canadien-français avec les auteurs Serge Dupuis et Normand Carrey. Pour les amateurs d’histoire, il y aura également des causeries autour de plusieurs éléments forts de la francophonie canadienne comme celle de l’Acadie ou encore le moment Montfort.

Certaines activités sont payantes et des forfaits sont disponibles. La programmation complète est disponible sur le site du salon.

Baisse de la fréquentation

S’il est impossible d’anticiper les chiffres de la fréquentation pour cette 12e édition, il est probable que la tendance à la baisse de ces dernières années se poursuive. L’an dernier, la participation globale s’élevait à 6736 visiteurs, contre 7 387 en 2022.

Si la participation scolaire est toujours en flèche, celle du grand public est en légère baisse depuis avant la pandémie, selon celle qui est à la barre du Salon du livre depuis 2017.

« C’est en grande partie en raison de la fermeture des programmes francophones de l’Université Laurentienne, ça a eu un gros impact sur nous tout comme la population qui est vieillissante à Sudbury. »

L’augmentation des coûts en raison de l’inflation constituent un autre défi pour le Salon dont les fonds publics et les subventions ont stagné ces dernières années. Gracieuseté du Salon du livre de Sudbury

Toujours selon Mme Leblanc, plusieurs autres éléments expliqueraient cette diminution de l’affluence comme le fait qu’il y ait un certain nombre d’activités entourant la tenue du salon comme la Nuit émergente qui a lieu la semaine suivante.

Le défi de la vente

Une autre difficulté pour le Salon est la vente de livres : « Les familles sont très sollicitées par toutes sortes d’activités qui font en sorte qu’elles doivent faire des choix. Les parents ne viennent pas forcément à la foire du livre pour acheter des livres, mais ça, c’est un défi qu’on voit dans tous les salons du livre. »

Comme pour d’autres salons, le plus grand défi est de convaincre les distributeurs d’envoyer leurs ouvrages.

« De plus en plus de distributeurs du Québec ne veulent plus participer aux salons du livre excentrés comme ceux en milieu rural ou en Ontario parce que ça coûte trop cher en transport », confie Mme Leblanc.

Il y a plus de 80 ateliers organisés cette année pour les groupes scolaires. Gracieuseté du Salon du livre de Sudbury

Les chiffres de vente de livres pour la librairie Panache de la PDA, qui a ouvert ses portes en décembre 2023, ne sont pas divulgués aux médias selon une décision du conseil d’administration. « C’est quand même un organisme à but non lucratif, mais qui est dans ses balbutiements », précise celle qui fait également partie du conseil d’administration de la librairie.

« La librairie devient représentante de différents distributeurs qui ne peuvent pas se déplacer à Sudbury. Ils reçoivent donc une cote ou un pourcentage de vente. Le chiffre d’affaires comme tel n’est pas représentatif des ventes en général », finit-elle.

Le bilan de la saison des Sénateurs vu par les joueurs francophones

OTTAWA – Huit ans après leur dernière participation aux séries, les Sénateurs d’Ottawa ont renoué avec les émotions du printemps. Même si l’aventure s’est arrêtée au premier tour face aux Maple Leafs de Toronto, les joueurs francophones de l’équipe, lors des conférences de presse de fin de saison qui se sont tenues dimanche et lundi dernier, ont insisté sur la progression du groupe, la richesse de l’expérience acquise et les bases solides jetées pour l’avenir.

La frustration de l’élimination était palpable dans les mots de Claude Giroux seulement quelques jours après la défaites 4-2 face au Maple Leafs lors du match 6 de la première ronde des séries éliminatoire de la LNH, un revers synonyme de fin de saison pour l’équipe de la capitale fédérale.

« C’était un couple de jours difficiles, sachant qu’on était dans cette série et qu’on jouait du bon hockey. On est là maintenant un peu frustrés et déçus, mais on doit toujours être fiers de ce que nous avons fait. »

Un groupe qui a appris et grandi

David Perron évoque lui aussi un sentiment d’inachevé mêlé à de la fierté. Menés 3-0 dans la série, les Sénateurs ont réussi à remonter à 3-2 et n’étaient pas loin dans le match 6 d’entrainer leurs rivaux de l’Ontario dans une septième manche. « C’est un grand pas en avant pour l’équipe et l’organisation cette année. »

Cette saison a été très spéciale pour Thomas Chabot qui a connu les huit saisons de disette sans série avec les Sénateurs. Photo : capture d’écran de la conférence de presse sur YouTube

Pour Thomas Chabot, vivre enfin les séries à Ottawa fut « un rêve ». Il salue une cohésion nouvelle et une équipe qui a « appris beaucoup », notamment sur les exigences du hockey printanier.

« Perdre un petit jeu peut coûter le match. C’est le hockey des playoffs. Mais je pense que c’était bien pour nous tous d’y aller. »

Une saison régulière comme tremplin

Les trois vétérans se rejoignent sur un point : cette saison a marqué un véritable tournant. 

« On voulait jouer des matchs en séries. Mais après, au moment où tu te rends là, tu veux te rendre jusqu’au bout », résume Chabot qui ambitionne forcément d’y retourner la saison prochaine et de faire mieux.

Claude Giroux, de son côté, souligne la transformation d’identité opérée par l’équipe : « On a trouvé notre identité cette année et on a joué avec celle-ci. Tout le monde s’est battu pour ce que nous voulions faire. »

Une identité collective, il insiste sur la progression de tous : « On avait une équipe où tout le monde était proche hors de la glace. Tout le monde aidait tout le monde. »

Au même titre que Claude Giroux, David Perron s’est révélé comme étant un joueur d’expérience important pour le vestiaire des Sénateurs. Photo : capture d’écran de la conférence de presse sur YouTube

La magie des séries, selon Perron, s’est également ressentie dans la ville. Finalement, malgré les interrogations autour de l’engouement pour l’équipe des partisans, ces derniers ont répondu présent comme les joueurs sur la glace.

« La ville a pris vie encore plus pendant les séries. C’était un sentiment exceptionnel. »

Claude Giroux : une saison marquante, un avenir ouvert

Pour Claude Giroux, cette campagne a eu une saveur particulière. « Cette saison, c’était la plus amusante que j’ai pu avoir en quelques années. Chaque fois que je suis rentré sur le terrain, j’ai reçu beaucoup d’amour », a-t-il confié avec émotion.

Sur son avenir à Ottawa, l’attaquant qui est en fin de contrat au terme de cette saison, reste évasif : « Je savais que cette question allait arriver, mais c’est encore trop tôt. Je n’ai pas vraiment pensé à ça. J’adore les joueurs, les fans, la ville. »

Mais ce qui ressort avant tout, c’est sa passion toujours intacte à 37 ans après avoir bouclé sa 18e saison : « J’adore le hockey. Je veux jouer. Je pense que je pourrais toujours être un joueur d’impact. » 

Et comme il le résume si bien : « Quand on a ce petit goût (des séries), on veut revenir à ça. »

Surtout avec sa ville et son équipe de cœur. 

Congrès mondial acadien 2029 dans la Baie des Chaleurs : « L’Acadie n’a jamais eu de frontières »

[ENTREVUE EXPRESS]

Martin Théberge est le président de la Société nationale de l’Acadie (SNA), organisme notamment responsable de chapeauter le Congrès mondial acadien (CMA).

Le CMA a lieu tous les cinq ans dans une communauté acadienne différente. La SNA a confirmé mardi que le prochain se déroulera du 8 au 18 août 2029 dans la Baie-des-Chaleurs, une région à cheval entre le Nouveau-Brunswick et le Québec, en Gaspésie.

Même si la région est déjà habituée au tourisme, elle doit s’assurer que ses infrastructures, ses options d’hébergement et de restauration, entre autres, pourront recevoir environ 100 000 visiteurs, en plus de ses résidents actuels.

« La région de la Baie-des-Chaleurs était la seule candidate depuis le désistement de la région du Grand Bouctouche. Est-ce une gagnante par défaut?

Non, il y avait un processus très rigoureux. On avait quand même mis sur pied le comité qui a évalué le dossier de candidature et qui s’est rendu sur place pour constater ce qui était possible.

Il y a énormément de critères qu’on évalue. Mais au-delà de la capacité des infrastructures, de la capacité logistique et tout ça, un des éléments principaux qui nous portent à croire que tout ira bien pour ce CMA, c’est l’engagement de la communauté.

La communauté joue un rôle essentiel dans la réussite du Congrès mondial acadien. Les résidents et visiteurs se font un plaisir d’afficher leurs couleurs, comme on a pu le voir dans la région de la Baie Sainte-Marie en 2024. Photo : Rachel Crustin / ONFR

Dans le dossier de candidatures, il y avait plus de 300 lettres d’appui, qui venaient de municipalités, d’entreprises, d’associations ou d’organismes. Encore ce matin, à la conférence de presse, il y avait plus d’une centaine de personnes. L’énergie était palpable.

Qu’est-ce que ça change que le CMA se retrouve en partie au Québec?

Dans l’Histoire, l’Acadie n’a jamais eu de frontières. Donc pour nous, ça change très peu.

Le gouvernement canadien a décrété que l’Acadie, c’était des communautés francophones en situation minoritaire. Or, c’est beaucoup plus que ça. C’est un peuple qui est présent sur plusieurs territoires, incluant le Québec. La Coalition des organisations acadiennes du Québec est membre de la SNA. Pour nous, cette frontière-là ne veut pas dire grand-chose, sauf peut-être pour des questions de financement ou de logistique.

La Fête nationale de l’Acadie, le 15 août, est un des points culminants du Congrès mondial acadien. Photo : Rachel Crustin / ONFR

Ce n’est pas la première fois que l’on voit ça. En 2014, c’était l’Acadie des terres et forêts, qui réunissait non seulement deux provinces, mais aussi l’état du Maine, aux États-Unis.

La devise acadienne est L’union fait la force, et on la met en pratique. C’est beau à voir.

Est-ce que le fait d’être à cheval entre deux fuseaux horaires est un grand défi?

Ça va faire partie des choses à prendre en considération. Mais vous savez, le Québec et le Nouveau-Brunswick ne font qu’un dans cette région-là, particulièrement pour les gens de Campbelton (NB) et de Pointe-à-la-croix (Qc). Oui, il y a le décalage horaire, mais ils en ont l’habitude.

Quelles sont les retombées économiques pour une région qui reçoit le CMA?

Ça varie beaucoup. On vient justement d’avoir les données préliminaires du CMA 2024, qui a eu lieu dans le sud-ouest de la Nouvelle-Écosse. Des gens sont venus de partout aux États-Unis et au Canada ainsi que de la France, principalement. On parle de retombés économiques directes d’environ 20 millions de dollars.

On parle d’environ 100 000 visiteurs par CMA, en plus des gens qui habitent la région. C’est un événement majeur.

Peut-il y avoir des craintes chez les habitants de la Baie-des-Chaleurs, en lien avec la capacité d’accueillir autant de gens?

Si la Nouvelle-Écosse a été capable de le faire, il n’y a pas de raisons que la Baie-des-Chaleurs ne puisse pas le faire. Nous avons le plaisir d’accueillir le CMA durant l’été. On peut mettre en valeur le camping, qu’il soit sur des terrains permanents ou temporaires. Il y a les plateformes du style AirBnb qui répondent à beaucoup de demande, des gens qui vont exceptionnellement mettre leur chalet à louer, etc.

L’aspect culturel est un élément très important du Congrès mondial acadien, avec de nombreux spectacles d’artistes acadiens venus de partout. Photo : Rachel Crustin / ONFR

Le deuxième élément à garder en tête est que l’Acadie est un peuple de proximité et de fraternité, donc on se trouve quelqu’un de la famille ou de nos amis qui a un grand terrain et on y met notre tente. C’est un peu la beauté de l’événement en soi.

Quels sont les bons coups et les leçons à retenir du CMA 2024?

Je n’ai pas encore tous les rapports. Il y a des chercheurs qui se concentrent là-dessus, et ça peut prendre jusqu’à cinq ans avant d’avoir des résultats complets. À la SNA, on réfléchit le CMA sur des périodes de 10 ans. On va bientôt recevoir les rapports de 2024, et déjà on va commencer à réfléchir pour le CMA 2034, pour qu’en 2029, on ait déjà enclenché le processus de candidature et révisé le cahier de charge.

Quels sont les conclusions des états généraux de l’Acadie, qui ont été faits pendant le CMA 2024?

Ce sera sur le site web de la SNA bientôt. Essentiellement : l’Acadie vit par des événements comme le CMA. L’Acadie est un ‘pays’ qui se vit par ses gens et les connexions entre eux. On entend qu’on doit faire mieux sur certains éléments, comme la question identitaire chez les jeunes et chez les nouveaux arrivants.

L’intégration des nouveaux arrivants à l’Acadie contemporaine fait partie des objectifs soulevés lors des États généraux de l’Acadie, que la SNA a organisé pendant le CMA 2024. Photo : Rachel Crustin / ONFR

C’est un rapport qui s’articule sur six piliers. On est beaucoup dans ces réflexions-là, qu’on va fournir au comité organisateur du CMA 2029.

On parle beaucoup de souveraineté canadienne, avec la relation commerciale tendue entre le Canada et les États-Unis. Est-ce que ça fait partie de vos préoccupations à la SNA?

Effectivement, il y a certaines inquiétudes. Vous savez, l’enseignement du français en Louisiane, avec l’abolition des mesures de diversité et d’inclusion, ça veut dire quoi?

Avec la question de souveraineté canadienne se posent aussi des questions d’identité et de culture. On se tient très informés. On est en mode veille et on s’inquiète. Mais parce que tout ça est en cours, on va redoubler d’efforts pour poursuivre les collaborations avec les communautés acadiennes de partout dans le monde. »

Des maires franco-ontariens du Nord veulent des actions concrètes du gouvernement Carney

NORTH BAY – Alors que la conférence annuelle du nord-est de l’Ontario de la Fédération des municipalités du Nord de l’Ontario (FONOM) s’ouvrait ce lundi à North Bay, des maires expriment leurs besoins et attentes envers le nouveau gouvernement.

Un enjeu a occupé une certaine place durant la campagne : le développement de projets miniers dans le Nord. Encore faut-il, selon certains élus, que les conditions soient réunies pour les faire aboutir.

« Ce que le fédéral peut nous fournir, ce sont des ouvertures pour le développement de certaines mines. Maintenant, c’est difficile parce que c’est la force ouvrière qu’on a de la misère à trouver », estime le maire de Mattice-Val Coté.

Le maire de Mattice-Val Coté, Marc Dupuis, croit que l’expérience économique globale de M. Carney peut être bénéfique pour l’exploitation de sa région. Photo : ONFR/Inès Rebei

Plus d’aide pour la construction de logements

Marc Dupuis ajoute que la question du logement est aussi celle qui pourrait faire la différence, surtout dans de petites municipalités comme la sienne.

« Dans les dernières années, on n’a pas vu beaucoup d’investissements venir dans le Nord de l’Ontario à travers des programmes qui existaient déjà »
— Michelle Boileau

« On aimerait bien avoir des programmes qui nous aideraient à construire des plus petites maisons pour loger ces travailleurs aussi. J’aime l’idée de notre premier ministre de nous pousser à construire de plus petites maisons pour inciter des travailleurs à s’installer chez nous », pense aussi le Franco-Ontarien qui juge que le prix moins élevé des habitations dans le Nord pourrait aussi constituer un atout.

Le thème de la FONOM, « les 100 prochaines années », rend hommage au centenaire de North Bay qui a lieu cette année. Photo : ONFR/Inès Rebei

« Nous, on est prêt à offrir des terrains, il y a des terrains à vendre. Mais c’est là qu’on a besoin du fédéral pour qu’il nous aide à ouvrir les portes des municipalités, construire et accepter ces familles-là. »

Même son de cloche chez Michelle Boileau : « On parle du potentiel économique de la région, mais on ne pourrait jamais livrer là-dessus sans répondre aux besoins en termes de logement ».

« Dans les dernières années, on n’a pas vu beaucoup d’investissements venir dans le Nord de l’Ontario à travers des programmes qui existaient déjà donc on espère que, si ces programmes sont maintenus par le nouveau gouvernement libéral, voir plus d’investissements dans la région par le biais de programmes de subventions HICC par exemple », demande l’élue de Timmins.

La mairesse de Timmins, Michelle Boileau, est optimiste quant au développement de projets dans sa région. Photo : ONFR/Inès Rebei

Besoin de financement

Le maire d’Opasatika est du même avis et souhaite qu’il y ait plus de financement pour ces projets de construction de logements

« Le gouvernement nous demande de construire des maisons, de répondre à la demande, mais on est ici pour essayer d’avoir des réponses sur le financement, spécialement pour des petites municipalités comme les nôtres, parce que les fonds sont limités », lance Jacques Dorval.

« On dirait qu’il y a de plus en plus de gens qui se déplacent du sud vers les régions du nord et ça ajoute un plus grand besoin pour la construction de nouvelles habitations », pense le maire de la localité de Saint-Charles.

« À Saint Charles, il faut que je vous dise qu’il n’y a aucune maison qui demeure sur le marché, c’est la construction qui nous manque », précise Paul Branconnier.

Le maire de la municipalité de Saint-Charles, Paul Branconnier, est à la FONOM pour la première fois. Photo : ONFR/Inès Rebei

De son côté, le maire de Kapuskasing, Dave Plourde, veut voir des résultats concrets après les promesses électorales de M. Carney : « Entre parler et changer la manière de faire, c’est deux différentes affaires. Je vais attendre de voir ce qu’il compte faire pour améliorer la situation ».

Urgence d’agir sur les routes

L’autre dossier brûlant pour un grand nombre de ces municipalités du Nord ontarien reste la sécurité routière, en particulier sur les autoroutes 11 et 17 où de nombreux accidents mortels ont lieu chaque année notamment en hiver.

« On a élu un représentant conservateur et on a un gouvernement minoritaire libéral… J’espère qu’on va quand même être bien traités et écoutés. »
— Jacques Dorval

« Les coûts de construction sont énormément plus dispendieux que dans le Sud. C’est injuste que nous soyons obligés d’entretenir et construire autant de routes », explique le maire de Saint-Charles.

« On sait que c’est un désastre et on a eu beaucoup plus de fermetures que d’habitude cet hiver. Le gouvernement de l’Ontario nous promet de prendre soin de la route de la route 17, j’espère que le fédéral va vous faire la même chose », s’inquiète M. Dorval.

Et d’ajouter : « On a élu un représentant conservateur et on a un gouvernement minoritaire libéral… J’espère qu’on va quand même être bien traités et écoutés. »

Les élus comptent bien interpeller les ministres provinciaux sur ces questions lors d’un espace de dialogue direct avec ces derniers, prévu dans la dernière journée de la conférence, ce mercredi.

« En 2023, on a dit qu’on ferait le 2-1-2 de North Bay à Temiskaming Shores, mais il n’y a pas le moindre piquet dans le chemin. Moi, ce que je veux savoir, c’est quand les travaux vont commencer. Est-ce en 2029? Est-ce en 2035? Est-ce en 2040? », termine M. Dupuis qui affirme qu’il n’ira pas de main morte avec le ministre des transports.

Élections fédérales : 39 plaintes pour un manque de services en français 

OTTAWA – Le Commissariat aux langues officielles a reçu près d’une quarantaine de plaintes en lien avec un manque de services en français dans les bureaux de vote d’Élections Canada, qui indique que des « difficultés ont parfois affecté l’offre de service en personne ».

Au total, ce sont 39 plaintes qui visent Élections Canada à travers le pays concernant un manque de services en français du 23 mars et jusqu’au 2 mai, a indiqué à ONFR le Commissariat aux langues officielles (CLO). Concernant le service en français dans ses bureaux de vote par anticipation et ceux du jour de l’élection, le 28 avril, Élections Canada dit avoir été avisé par le CLO de 40 plaintes.

Le CLO soutient que, sur les 39 plaintes déposées, 12 sont en Ontario et 10 au Manitoba. De ces 39 plaintes, le CLO précise que 24 ont « été résolues par enquête et avec des mesures correctives prises », alors que 15 sous toujours sous investigation.

Le nombre de plaintes recevables totales spécifiquement pour un manque de service en français triées par province et territoire reçues entre le 23 mars et le 2 mai. Capture d’écran CLO

En plus du jour de vote, il était permis de voter d’avance entre le 23 mars, et ce jusqu’au 22 avril dans les bureaux de votes d’Élections Canada, sur les campus universitaires ou encore dans les centres de soins de longue durée.

« Chaque plainte a fait l’objet d’une analyse et d’un suivi de la part d’Élections Canada avec le directeur de scrutin responsable du lieu de scrutin où la plainte a eu lieu afin d’apporter les correctifs nécessaires pour empêcher les problèmes de survenir de nouveau. Nous poursuivons nos analyses postélectorales pour avoir un meilleur portrait de la situation », affirme Élections Canada dans une déclaration.

L’administration du système électoral canadien dit avoir eu des problématiques à retenir et recruter des travailleurs bilingues « dans certaines circonscriptions », notamment dans celles « où la population de langue minoritaire représente moins de 5 % de la population ».

« Ces difficultés ont parfois affecté l’offre de service en personne dans les deux langues officielles dans les bureaux et les lieux de scrutin », soutient Élections Canada.

Les chiffres de 2025 sont en légère hausse par rapport au dernier scrutin fédéral de 2021. Élections Canada avait alors fait l’objet de 30 plaintes auprès du commissaire aux langues officielles pour un manque de service dans la langue de Molière, aussi principalement en Ontario avec 11 signalements.

Au total, c’est 7 200 bureaux de vote par anticipation et 65 000 bureaux de vote le jour de l’élection qui étaient ouverts. Crédit image : Élections Canada

Selon ce dernier, c’est 19,58 millions d’électeurs qui ont voté pour un taux de participation total de 68,65 %.

Tarifs : 1,3 milliard en crédit d’impôt pour les entreprises de fabrication en Ontario

OAKVILLE – En amont du dépôt du budget de la province, prévu le 15 mai prochain, l’Ontario annonce l’augmentation d’un crédit d’impôt et son élargissement à plus d’entreprises, à hauteur de 1,3 milliard de dollars sur trois ans, pour favoriser les investissements et dynamiser le secteur de la fabrication.  

En conférence de presse le ministre des Finances Peter Bethlenfalvy, accompagné de Vic Fedeli, ministre du Développement économique, a annoncé un crédit d’impôt pour l’investissement dans la fabrication en Ontario.

Soit un total de 1,3 milliard de dollars sur trois ans « pour aider à réduire les coûts des entreprises qui investissent dans les bâtiments, la machinerie et le matériel utilisés pour la fabrication ou la transformation dans la province ».

Annoncée dans le budget de 2023, cette mesure viserait à aider les fabricants de la province à réduire leurs coûts et à devenir plus concurrentiels.

En plus d’augmenter le crédit d’impôt de 10 à 15 % sur les investissements dans la fabrication, pour une plus grande réduction des taxes, plus d’entreprises y auront accès. En plus des sociétés privées canadiennes, des filiales étrangères pourront y prétendre, mais sous forme de crédit non remboursable.

Une société admissible pourrait ainsi économiser jusqu’à 3 millions de dollars par année.

« Les travailleurs de l’Ontario ressentent déjà les effets des tarifs douaniers imposés par le président Trump, notamment les pertes d’emplois découlant directement de l’incertitude économique qu’il a créée », a déclaré le ministre des Finances.

« Notre plan pour protéger l’Ontario facilitera de nouveaux investissements visant la création d’emplois et d’occasions pour nos travailleurs du secteur de la fabrication de calibre mondial afin que nous puissions bâtir une économie plus solide pour faire face à n’importe quel changement qui surviendra. »

À titre indicatif, 830 000 travailleurs ont un emploi dans le secteur de la fabrication de l’Ontario.

Le budget de 2025, qui sera rendu public le 15 mai prochain, inclura plus d’informations « sur le plan du gouvernement pour protéger l’Ontario, favoriser notre essor économique et faire de la province le territoire de compétence du G7 le plus compétitif », annonce la province dans un communiqué.

Mariage des prêtres, place des femmes… ce que des Franco-Ontariens attendent du futur pape

Dans l’Est ontarien, au sein de l’archidiocèse d’Ottawa-Cornwall, des enjeux spirituels, linguistiques et sociaux traversent la communauté catholique francophone, la plus grande hors Québec. Et les attentes sont bien précises envers le futur Saint-Père.

Après les commémorations en l’honneur du pape François, les esprits sont tournés vers la suite : le successeur poursuivra-t-il son œuvre?

« Le changement ne devrait pas arrêter ce que François a mis en place », lance Laurent Souligny, 80 ans, paroissien de St-Isidore très impliqué dans la communauté locale.

Grand chevalier de l’ordre des Chevaliers de Colomb de St-Isidore-Fournier, il plaide pour une Église davantage connectée à la vie des fidèles, notamment en permettant aux prêtres de se marier.

Laurent Souligny, 80 ans, paroissien de St-Isidore. Photos : archives ONFR


« Ceux qui dirigent une paroisse comprendraient mieux la vie familiale s’ils la vivaient eux-mêmes », souligne ce grand-père, lui-même issu d’une famille chrétienne pratiquante de 11 enfants. Et la réforme autorisant le mariage des prêtres n’est pas vue d’un mauvais œil par les principaux concernés, bien au contraire. Pour l’abbé Albert Kaumba qui officie à la paroisse St-Isidore, il s’agit d’un retour aux sources.

« Qu’on revienne aux origines de l’église où la plupart des apôtres étaient mariés et cela ne posait aucun problème », dit cet abbé d’origine congolaise, installé au Canada depuis 1998 et qui dirige chaque semaine des messes rassemblant environ 80 à 100 fidèles.

Autre souhait de réforme : « l’inclusion des femmes dans toutes nos structures », soutient ce prêtre arrivé à la paroisse St-Isidore en pleine pandémie, alors que l’église venait d’être reconstruite après un incendie.

Laurent Souligny abonde dans le même sens. « Les femmes sont déjà très impliquées, mais elles devraient pouvoir devenir prêtres. » Selon lui, leur présence ne répond pas simplement à un souci d’égalité, mais de compréhension pastorale. « Cela permettrait peut-être de ramener du monde à l’église », est-il convaincu.

D’origine congolaise, l’abbé Albert Kaumba est arrivé au Canada en 1998. Gracieuseté

François Lanthier, un employé de l’archidiocèse d’Ottawa-Cornwall estime que l’Église a perdu beaucoup de terrain à cause de blessures non reconnues. « L’Ontario français a été blessé, comme le Québec. Des femmes ont été soumises à des grossesses multiples. Ma propre grand-mère a eu 13 enfants, elle s’est arrêtée uniquement parce que son mari est mort », témoigne ce directeur des communications et de la promotion de la Mission de l’archidiocèse.

Ce passé douloureux a éloigné plusieurs générations. « Les femmes ont transmis cette distance à leurs enfants, créant une génération coupée de l’Église », poursuit-il.

Même son de cloche du côté de Jean Comtois, 87 ans, bénévole engagé avec sa famille durant des décennies à la paroisse Sainte-Geneviève à Ottawa. Cet ancien agent du ministère de l’Éducation observe, non sans inquiétude, les transformations démographiques dans les paroisses. « Dans plusieurs églises d’Ottawa, on voit de moins en moins de fidèles. »

À ses yeux, les jeunes se détournent de la foi, souvent faute d’un engagement réel de leurs parents. « Si les parents ne viennent pas à l’église, les enfants non plus. »

Un message envers les Franco-Ontariens

Pour regagner la confiance, un geste fort serait nécessaire. « Ce serait bien de recevoir un message spécifique pour notre réalité, pas seulement un communiqué bilingue générique. Quelque chose de personnalisé pour les Franco-Ontariens », fait remarquer François Lanthier. Il cite en exemple le geste du pape François envers les peuples autochtones : « Sa visite a ouvert une porte, sans tout régler. Mais c’était un signe. Un geste similaire pour les francophones serait tout autant apprécié. »

Le poids du français dans l’Église ontarienne reste aussi un enjeu crucial. « À Ottawa et dans la région, les francophones ne représentent plus que 8 à 10 % de la population catholique. On est dans un combat constant pour maintenir notre place », déplore François Lanthier.

Selon lui, le diocèse voit pourtant un renouveau grâce à l’arrivée de nouveaux Canadiens, des communautés africaines, maghrébines, asiatiques francophones remplissent désormais les églises. Une bénédiction!

Par ailleurs, les statistiques peuvent être trompeuses. Situant entre 200 000 à 300 000 le nombre de catholiques francophones dans l’Est ontarien, cet employé de l’archidiocèse d’Ottawa-Cornwall relève que seuls environ 10 000 seraient pratiquants réguliers. « On parle d’un bassin allant d’Ottawa à Pembroke. Mais la majorité est constituée de catholiques culturels, qu’on ne voit qu’aux mariages ou aux funérailles », tempère-t-il.

Un défi spirituel et politique

Une chose est sûre pour François Lanthier, le futur pape devra naviguer dans des réalités complexes.
« Il doit comprendre les enjeux des sociétés occidentales : droits des femmes, communautés LGBTQ, aide médicale à mourir, tensions politiques… L’Église ne changera pas son message, mais elle doit savoir aimer, écouter », assure-t-il.

Pour sa part, Jean Comtois voit dans l’approche du pape François une boussole spirituelle pour l’Église moderne. Il appelle ainsi l’Église à « être un endroit où l’on détruit la haine, la violence, la méfiance. C’est cela que les francophones recherchent aussi : un lieu de paix. »

Dans ce sens, il cite à plusieurs reprises la vision d’une « Église pauvre pour les pauvres », d’un « hôpital de campagne pour les blessés », et d’un lieu de réconciliation.

De son côté, l’Abbé Albert Kaumba invite les fidèles à la prière pour les cardinaux électeurs qui se réunissent en conclave à partir de ce mercredi. « Ce sont 133 personnes qui vont faire un choix lourd de conséquences. Prions pour qu’ils choisissent selon le désir de nombreux chrétiens. »

Kelly Bado : le parcours en ascension d’une belle âme

Kelly Bado est une autrice-compositrice-interprète franco-manitobaine, originaire de Côte d’Ivoire. Le 2 mai, elle lançait son deuxième album, intitulé Belles âmes. Elle récolte trois nominations au prochain gala Trille or et est récemment devenue la première artiste signée par Odd Dolls Records, une étiquette de disque fondée par des femmes, au Manitoba. Sa musique est le résultat d’un mélange des cultures et des langues qui ont façonné son parcours de vie, qu’elle retrace avec nous.

« Qu’est-ce qui vous a menée de la Côte d’Ivoire au Manitoba?

J’étais venue juste pour mes études. Beaucoup de gens de mon pays se rendent à l’étranger pour de meilleurs diplômes ou pour explorer d’autres possibilités. J’avais vécu au Maroc pendant quelques années. Et là, mon père, qui aime beaucoup les études, voulait que je poursuive et a proposé le Canada.

Je n’avais pas nécessairement en tête de me rendre ici, jusqu’à ce qu’on découvre qu’il y avait des encouragements à l’immigration au Manitoba. L’ambassade canadienne en Côte d’Ivoire disait que le Manitoba était en recherche d’étudiants et d’immigrants professionnels.

Les parents de Kelly Bado l’ont encouragée tout au long de son parcours. On la voit ici avec sa mère, lors de son mariage. Photo : gracieuseté de Kelly Bado

Je suis arrivée avec ma sœur. C’était la condition pour moi. Au Maroc, on rentrait (en Côte d’Ivoire) deux ou trois fois par année. Ici, c’est loin. J’y vais peut-être tous les trois ans. Je ne voulais pas être aussi loin de tout le monde. Ma sœur aussi avait fini ses études, donc mes parents l’ont encouragée à m’accompagner. Je pense qu’elle aussi a toujours voulu découvrir, visiter, connaître d’autres endroits. Ça a bien fonctionné pour nous deux.

Quel genre de clash culturel avez-vous vécu?

Des clashs culturels, il y en a partout, à moins de rester chez soi. Quand tu voyages, tu rencontres d’autres personnes, d’autres cultures.

En plus du froid, la chose que je n’avais pas réalisée, c’est que c’est vraiment une province majoritairement anglophone. Je m’attendais à une province parfaitement bilingue. Déjà, à l’aéroport, on me parlait en anglais. C’était un gros choc, bien que j’aie étudié l’anglais à l’école. Il a fallu accélérer mon apprentissage, parce que tu ne peux pas avoir les services de base en français, comme installer ta chaîne de télé, faire les courses, etc.

Kelly Bado est arrivée au Canada avec sa soeur, pour étudier à l’Université de Saint-Boniface. Photo : Gracieuseté de Indie Montréal

Heureusement, on avait de l’accueil du service des étudiants de l’Université de Saint-Boniface, qui était à ce moment-là le Collège universitaire.

Comment avez-vous trouvé votre place dans la communauté franco-manitobaine?

C’est vraiment une petite communauté qui est concentrée à Saint-Boniface. Heureusement pour moi, l’Université avait des résidences, donc j’ai vécu au cœur de Saint-Boniface.

L’adaptation a été OK, mais difficile. OK, car j’ai rencontré d’autres gens de chez moi : de la Côte d’Ivoire, du Sénégal, même du Maroc, etc. Du coup, je n’étais pas toute seule. Mais les différences culturelles étaient vraiment difficiles à dépasser.

L’Université de Saint-Boniface a depuis créé un atelier d’introduction aux cultures qui doit être suivi par les immigrants ET les Canadiens. Ils ont ensuite ajouté un volet pour le corps professoral. Il fallait absolument le faire, car il y avait des incompréhensions culturelles qui menaient à des difficultés à se comprendre entre étudiants et professeurs.

Le mélange des cultures est au coeur de la musique de Kelly Bado, qui dit que son style lui vient naturellement, inspiré par ses expériences. Photo : Sheinina Raj, retouchée par Raissa Bado

Il ne faut pas négliger les différences culturelles. Ça a un impact qui peut aller jusqu’à faire échouer quelqu’un, juste parce qu’il n’arrive pas à faire comprendre ses besoins.

Par exemple, il s’est passé toute une moitié d’année sans que le professeur comprenne pourquoi je ne le regardais pas dans les yeux. Il a pris ça pour de la distraction, un manque de concentration et un manque d’intérêt dans ce qu’il disait. Et ça a pris une demi-année avant qu’il m’en parle. Ça m’a valu des remarques négatives dans mon dossier.

J’ai dû expliquer que ce n’était pas de la distraction. Chez nous, on ne regarde pas les gens dans les yeux, surtout un aîné ou un supérieur hiérarchique. Ça peut passer comme un affront. On ne tutoie pas les gens plus âgés que nous, non plus.

Qu’est-ce qui vous a décidée à rester au Canada?

J’ai rencontré mon mari, c’est aussi simple que ça. Juste après avoir terminé mes études, alors que je m’apprêtais à rentrer.

Faisiez-vous déjà de la musique auparavant?

J’ai toujours fait de la musique, mais de façon bénévole. Ma mère chantait dans une chorale, ma grand-mère aussi… pour elles, c’était naturel de nous inscrire à la chorale.

Donc, quand je suis arrivée au Canada, j’ai joint une chorale francophone de quartier. La musique était un moyen de m’accoutumer.

Aujourd’hui, vous mélangez les différentes cultures dans votre musique et chantez dans plusieurs langues. Quel est votre processus de création en ce sens?

Ça vient au fur et à mesure de notre expérience de vie. Au départ, je n’écrivais pas mes chansons. J’écoutais Céline Dion, Julio Iglesias, Édith Piaf… mes parents écoutaient toutes sortes de musique, alors ça entrait dans mon cerveau. Et après, j’ai découvert que Céline Dion n’est pas Française, mais Canadienne! On ne savait pas ça dans mon pays! (Rires)

À force d’écouter, j’ai commencé à avoir des bribes d’idées. Au Maroc, je les écrivais dans mon calepin. C’était assez particulier, pas tout à fait ivoirien, pas tout à fait européen. Mes amis me disaient : tes chansons, c’est… différent! (Rires) Donc, je ne montrais pas mes chansons, sauf à des amis assez proches.

Kellly Bado en concert. Photo : gracieuseté de Kelly Bado

J’ai poursuivi ça une fois au Canada. J’ai commencé à écrire sur des thèmes qui me passionnaient, comme l’Afrique, par exemple. Je suis une grande penseuse, dans le sens que j’ai toujours des messages ou des thèmes qui m’intéressent, comme la politique, mais sans parler de politique, plutôt en parlant des injustices.

Je suis une chanteuse. Donc, au lieu d’aller faire du militantisme dans les rues, je vais utiliser ma plume.

Les Découvertes manitobaines en chanson m’ont aidée à sortir de l’interprétation pour passer à l’autrice-compositrice. C’était un petit concours, mais sans ça, je n’aurais peut-être pas su que j’étais capable de bien écrire. Par les encouragements et le coaching que j’y ai eus, ça a fait débouler pas mal de choses.

Ensuite, chaque nouveau concours était plus prestigieux que le précédent. Ça a bien fonctionné pour moi. Mais ceux qui m’ont vue au début et qui m’ont donné cette chance, c’est à eux que je dirais merci.

Vous avez aussi fait La Voix, au Québec, en 2018. Avec le recul, qu’est-ce que cette expérience vous a apporté?

D’avoir rencontré des idoles, des personnes que j’écoutais à la radio, dont j’étais une grande fan. C’était quand même incroyable d’être dans la même pièce que Garou ou Lara Fabian, ces artistes internationaux qui ont eu de grands succès et qui t’enseignent. J’en tremblais. Au lieu de me concentrer sur la répétition, je me disais : wow, Lara Fabian est là en train de me donner des conseils!

Et vous avez rencontré Yama Laurent, qui chante avec vous sur la chanson titre de votre nouvel album. Parlez-nous de cette amitié.

Quand ils nous ont mis en paire, pour Let it be des Beatles, on se demandait comment on allait rendre cette chanson. C’est vieux, il y a des centaines d’interprétations en ligne… on paniquait. Je lui ai dit : il faut juste qu’on soit nous-mêmes. C’est comme ça qu’on a travaillé ensemble.

Fastforward sept ans plus tard, on se retrouve. Je lui dis : Yama, j’ai une chanson qui s’appelle Belles âmes, et j’aimerais vraiment que tu puisses la chanter avec moi. Elle était tellement contente!

Je n’aurais pas pensé à quelqu’un d’autre pour cette chanson. J’ai gardé cette idée dans mon cœur depuis qu’on s’est connue, de trouver une façon qu’on rechante ensemble. Tout le monde disait qu’on devrait rechanter ensemble.

Elle est venue à Winnipeg pour tourner la vidéo. Elle est allée à fond et c’était une belle expérience.

C’est une chanson très spirituelle, est-ce que c’est représentatif de l’album Belles âmes?

Non, pas du tout! Mais pour moi, le gospel allait bien avec cette chanson et nos voix se prêtaient bien à cette interprétation. L’originale, Good people, a été écrite en anglais, sans chorale gospel.

C’est ma créativité, je ne mets pas de limites à ce que j’entends dans ma tête. Mais comme Yama vit au Québec, quand je la chante en spectacle, je suis seule. L’idéal serait de se retrouver pour la chanter ensemble.

Comment décririez-vous votre album à quelqu’un qui ne l’a pas encore écouté?

Cet album est inspiré par toutes les personnes autour de moi, ce que je vois, ce que j’observe. Surtout l’être humain, les personnes. C’est pour ça que j’ai choisi le titre Belles âmes. Je ne parle pas de la beauté physique, je parle de qui on est à l’intérieur. Ça passe par toutes nos expériences. Je crois qu’au moins une chanson, un des messages, va résonner avec la personne qui écoute l’album.

Pochette de l’album Belles âmes. Gracieuseté de Indie Montréal

Mes chansons sont toujours mélancoliques, mais empreintes d’espoir, 50/50. J’ai un brin de réalisme, je ne suis pas complètement dans les nuages. Je ne crois pas qu’il suffît de claquer des doigts pour que tout nous sourie. C’est difficile, la réalité n’est pas toujours rose, mais ça ne veut pas dire qu’on n’a pas le droit d’espérer que demain, quelque chose de mieux pourrait être là pour nous.

Quelle est votre chanson préférée sur l’album?

J’ai du mal à choisir, car chaque chanson est particulière. J’aime beaucoup Jamais oublier, peut-être parce que c’est frais dans ma tête puisque c’est la dernière qu’on a lancée. C’est elle qui boucle le projet.

Je pense que c’est une chanson qui parle beaucoup aux gens qui ont fait du Canada leur chez-eux. On n’oublie pas notre histoire, même si on fait notre nouvelle histoire. Notre origine fait partie du cheminement.

Vous avez fait Contact ontarois en janvier 2025. Va-t-on vous voir en Ontario dans la prochaine année?

Je serai à Ottawa le 8 mai pour le Axé WorldFest et le 29 mai pour le Gala Trille Or, puis à Toronto le 11 juillet. J’aimerais aussi visiter d’autres régions de l’Ontario, je croise les doigts.

Kelly Bado à Contact ontarois 2025. Photo : Catherine Archambault

Vous êtes nommée aux Trille or comme Artiste solo, Révélation et Coup de cœur du public. Comment avez-vous réagi quand vous avez vu les nominations?

Ça m’a vraiment fait plaisir. Surtout pour le prix du public. J’aime toujours ces prix, car on fait ce métier pour l’audience. Oui, on le fait pour nous, comme artiste, on exprime notre créativité. Mais c’est bien quand les gens s’y retrouvent. On est uniques, mais on a quand même une façon de connecter dans notre unicité.

Et c’est une grosse année pour le Manitoba, plusieurs artistes de chez vous sont en nomination.

Il y a beaucoup de gens créatifs, ici. Le fait qu’on est loin de l’industrie… c’est bizarre de dire ça, car il y a beaucoup de talents ici, mais on essaie beaucoup de s’exporter. C’est difficile d’avoir des opportunités en français. Il y a beaucoup de choses en anglais, mais en français, on les compte sur les doigts.

Je participe à des spectacles ici et là, mais 60 % de mon public est anglophone. Je ne m’en plains pas, mais ça démontre que c’est difficile de vivre de sa musique en français. D’où le remerciement que j’ai pour les Trille or et toutes ces vitrines qui nous permettent d’avoir un petit espace quand même, nous les gens de l’Ouest, pour vivre notre francophonie. »


2007 : Arrivée au Canada

2013 : Gagnante des Découvertes franco-manitobaines en chanson

2017 : Participation au concert du 150e anniversaire du Canada aux côtés de Alessia Cara, Walk of the earth, Lisa Leblanc, Serena Rider et Marie Mai, entre autres.

2018 : Participation au concours télévisé La Voix. Son duel sur Let it be avec Yama Laurent a même été remarqué par Paul McCartney.

2020 : Lancement de son premier album complet, Hey Terre

2023 : Elle fait la première partie du concert de son idole Angélique Kidjo, gagnante de cinq Grammys

2025 : Lancement de l’album Belles âmes

 Les quatre saisons

Chaque samedi, ONFR propose une chronique franco-ontarienne. Cette semaine, l’auteur torontois Soufiane Chakkouche narre ses défis d’immigration canadienne, un récit à suivre en plusieurs parties.

« La reine est morte, vive les rois ». Les plus fidèles d’entre vous le devinent déjà : je vais faillir encore une fois, et je m’en confonds en excuses à l’avance, car ce n’est toujours pas au tour des souverains cette fois! Il faut dire que j’ai la beauté qui plaide en ma faveur. Et puis, que vaut l’existence de la loi si elle n’est pas transgressée parfois? Que vaut la promesse si elle n’est pas trahie en rappel? Le sens n’est-il pas sens que parce que son opposé existe? Enfin, à mon sens. 

« Quel jeu de mots de m… », bâilla la Petite voix mal réveillée dans ma boite crânienne.

Il faut dire qu’il se fait tôt, très tôt à Toronto. Ce n’est pas que je suis un early bird comme ils y disent dans la chose du lève-tôt. J’appartiens plutôt à la famille des Mégalonychidés, bien vissé sur les bancs-arrières de la sous-famille des plus paresseux d’entre eux.

Le fait est que j’ai un avion à prendre. Non, c’est lui qui me prend dans le fait.

« Encore un crime de lèse-langue », fait remarquer la Petite voix à nouveau, pensant sans doute qu’un langage plus soutenu la tirerait d’affaire! Elle se met le doigt dans l’œil qu’elle n’a pas, parce que, pour mettre un terme à son insolence, j’ai décidé de l’éteindre tout au long du séjour qui va suivre, l’un des plus beaux de sa vie si seulement elle n’avait pas raté une belle occasion de la fermer. Si l’enquiquineuse a le pouvoir de surgir quand bon lui semble avec son langage de conduite d’eaux usées, j’ai celui de la désactiver pour une durée maximum de sept jours.

Plutôt deux fois qu’une

Cela tombe à point nommé, car une semaine, c’est la durée de mon voyage au Pays du soleil couchant. En effet, aussi improbable que cela puisse paraître, pour la deuxième fois en l’espace de deux mois, je suis invité, aux frais de la princesse, à un événement littéraire au Maroc, doux pays de mon enfance. 

Alors, la rabat-joie en mode muet, j’endosse mon unique bagage bourré de mots, direction Rabat où j’expédie en 48 heures, non sans professionnalisme, la table ronde et les séances de dédicaces prévues pour votre serviteur par les organisateurs. La suite n’est que rêve et beauté!

Je loue un deux roues aussi puissant que maniable, une KTM Duke modèle 2008, en hommage au bon vieux temps quand j’étais un motard blédard, et j’avale les 350 km séparant Rabat de Marrakech en moins de trois heures.

La route des mille kasbahs

45 minutes pour manger chez le vieux Boujemâa qui fait des sandwichs kefta à se lécher les phalanges. Ouf, il est encore en vie, et, comme à son habitude, il ne sourit jamais! 45 minutes et pas une de plus, car la Ville ocre où j’ai grandi n’est que le commencement de cette excursion dans le passé, limitée dans le temps. Le plan : Rabat-Marrakech-Ouarzazate-Merzouga, autrement écrit : l’océan, la montagne, la forêt et le désert, et tout cela en une seule journée, en traversant littéralement les quatre saisons question temps.

Mais, ne m’en voulez pas de ne pas m’arrêter au col de Tizi n’Tichka (littéralement : col des pâturages en langue tamazight) dans le Haut Atlas et sa neige, jadis éternelle, à la Kasbah d’Aït Ben Haddou classée au patrimoine mondial de l’UNESCO ou encore à la vallée des Roses. De tout cela, je ne vous parlerai point, car, comme disait mon défunt père : « Celui qui a vu sait mieux que celui qui a lu ». Et puis, je ne jouerai pas au touriste dans mon propre pays, ça, jamais! Tout ce que je peux vous dire est que la multitude d’histoires et les paysages qu’offrent gracieusement cette route ressemblent à l’amour.

Les 400 derniers km qui me séparent de Merzouga et de la douche sont sous forme d’une ligne droite broyeuse de pierre, où les éléments semblent passer par un tamis. Au fur et à mesure que je roule, la roche devient caillou, le caillou devient sable, le reg devient erg. Je traverse tout cela dans l’intimité de mon casque.  

Avancer vers le passé

Toutefois, si j’avance sur cette ligne droite sans véritable horizon, son sens s’était inversé dans mon esprit depuis le départ, tel un axe chronologique lu par fou!

Me voilà enfin à Merzouga et ses dunes de sable géantes, là où le bitume prend fin et le GPS perd la boule, là où le voyageur possède une montre et l’habitant le temps, là où rien ne sert de courir, là où rien ne court sauf un maigre cours d’eau (heureusement que la Petite voix est éteinte!)

Rattrapé par la fatigue, j’arrête la machine et reste planté là, sclérosé par le poids des souvenirs. Soudain, sorti de nulle part, mon chien noir court vers moi en remuant la queue. N’est-il donc pas mort? Et qu’est-ce qu’il fait ici, à 700 km de là où je l’ai laissé pour la dernière fois?  

Une petite main joyeuse me tira de ce rêve sans ménagement : « Papa, c’est ton tour de me ramener à l’école aujourd’hui. »

Comme tout citadin branché au monde qui se respecte, je consultai d’abord ma boîte courriel. Un courriel en particulier attira mon attention. Je me contentai du titre : Invitation au Salon international de l’édition et du livre 2025 à Rabat.  

À bon entendeur, Salamoualikoum (que la paix soit sur vous).     

Les opinions exprimées dans cet article n’engagent que leurs auteur(e)s et ne sauraient refléter la position d’ONFR et de TFO.

« La conjoncture actuelle continue d’imposer beaucoup d’incertitude » selon l’économiste Jimmy Jean

À l’occasion de son passage à Toronto, Jimmy Jean, qui est vice-président et économiste en chef au sein de Desjardins, nous livre ses prévisions sur l’économie ontarienne sous un gouvernement de Mark Carney.

Le gouvernement de Mark Carney doit relever de nombreux défis économiques imposés par la guerre commerciale avec les États-Unis. La menace pesant sur le secteur automobile ontarien et l’inflation qui poursuit un ralentissement encore timide continuent de faire planer l’incertitude.

Au cours de la campagne électorale, le plan libéral comportait plus de 100 propositions, représentant un total de 130 milliards de dollars sur quatre ans. Le gouvernement doit maintenant établir des priorités afin d’agir de manière stratégique.

« C’est Mark Carney qui est sorti gagnant du vote de lundi. Q’est-ce que cela signifie pour l’économie ontarienne?

D’abord, son élection apporte un peu plus de prévisibilité. Avec tout ce qui se passe du côté de Washington, c’est rassurant de savoir que nous serons capables de passer des lois, et donc un budget. Cela va avoir beaucoup d’implications en Ontario.

De plus, Carney a promis un appui au secteur automobile, qui est prédominant dans la province et véritablement mis en danger par les tarifs de Donald Trump. Par ailleurs, on va pouvoir aller de l’avant avec notre stratégie de protection et de mitigation des dommages. Je pense que ça va être une bonne nouvelle pour l’économie ontarienne.

Dans un contexte de guerre commerciale, les contre tarifs resteront-ils de bonnes armes économiques à la portée du Canada?

C’est clair que la stratégie dollar pour dollar, c’est les ambitions du Canada. On avait déclaré, début mars, qu’il y avait 30 milliards de dollars qui avaient été décrétés. Ensuite, on avait répliqué pour la question de l’acide, de l’aluminium. Mais après ça, on avait signalé qu’il allait y avoir 155 milliards de dollars supplémentaires. Donc, jusqu’à présent, on s’est un peu retenu dans l’escalade dans laquelle les États-Unis et la Chine se sont engagés.

C’est vrai que nous ne sommes pas une petite économie très dépendante du marché américain, mais le Canada n’a pas les leviers pour mener de manière durable une telle réplique dollar pour dollar. Ça viendrait tout simplement faire plus de dommages économiques que ça en vaudrait la peine.

Beaucoup d’entreprises franco-ontariennes retenaient leur souffle dans l’attente du vote de lundi. Comment peuvent-elles interpréter ce résultat?

Le temps nous dira si c’est le bon vote pour les entrepreneurs. C’est certain qu’il y a une volonté du gouvernement de relancer la croissance et la productivité. Mais pour les petites et moyennes entreprises (PME), les entrepreneurs et les crédits d’encouragement à l’entrepreneuriat, c’est sûr que tout cela va rester. Toutefois, il y a quand même le poids de la conjoncture actuelle qui continue d’imposer beaucoup d’incertitude.

Les PME qui exportent et qui ont des débouchés sur des marchés non américains comme l’Europe ou l’Asie vont avoir des opportunités intéressantes, avec les alliances et partenariats avec l’Europe que promet Carney. C’est un premier ministre qui a une très forte crédibilité à l’externe. Outre-mer, il est très connu et il inspire confiance. Ça pourrait créer des débouchés assez importants pour des PME. Les opportunités vont être là, il va juste falloir les saisir lorsque la poussière va retomber.

L’économiste en chef à Desjardins Jimmy Jean (au centre) et l’économiste en chef de CPA Canada David-Alexandre Brassard (à droite) étaient de passage pour une discussion animée par Marjorie April, au Club canadien de Toronto. Photo : ONFR/Laetitia Dogbe

Une crise économique se profile-t-elle devant nous?

C’est une situation de crise du commerce international, qui est créée par le fruit d’un seul homme. Parce que même dans l’entourage de Donald Trump, l’approbation face à la politique tarifaire est très basse. Ces tarifs causent de l’inflation et des turbulences sur les chaînes d’approvisionnement, qui peuvent causer des arrêts de production et des pertes d’emplois. Même au niveau des marchés financiers, leur très forte réaction est justement ce qui a finalement amené Trump à mettre un peu d’eau dans son vin. Si on parle d’un environnement où des tarifs de 145 % envers la Chine sont maintenus, c’est certain qu’on parle de crise.

Je pense qu’au-delà de tout ça, c’est l’incertitude et l’imprévisibilité qui, aujourd’hui, met les entreprises en mode pause. On ne peut pas investir, on ne peut pas embaucher. Les gens s’attendent à ce qu’il y ait des difficultés et, souvent, quand les gens ont cette anticipation, ça devient une prophétie autoréalisatrice. Ils se mettent à faire attention, à dépenser moins, à économiser plus et ça crée un effet boule de neige qui cause justement une entrée en récession.

Durant la campagne, la plateforme libérale arborait une cible d’immigration francophone de 12 % d’ici 2029. Est-ce un projet économiquement viable?

Je pense que c’est une bonne idée, parce que le Canada est une population qui vieillit. En plus, s’il n’y a pas d’efforts pour attirer des immigrants francophones ailleurs, on risque de se retrouver avec très peu de Français qui se parle hors du Québec.

Toutefois, ça reste que ce projet fait partie d’un ensemble de cibles qui sont revues nettement en baisse pour les deux prochaines parce qu’il y a eu des excès avec des niveaux qui n’étaient pas soutenables. Néanmoins, ce ne sera qu’une pause parce qu’éventuellement, la population va vieillir et ça va être une source de pression écrasante sur les finances publiques, particulièrement des finances publiques des provinces en raison des coûts des soins de santé.

Il y a aussi les pénuries de main-d’œuvre, particulièrement dans les régions de l’Ontario. Il manque cette diffusion de programmes d’immigration dans les secteurs plus éloignés, où il y a des pénuries importantes et où les industries ont de la difficulté à recruter. Si on n’a pas de travailleurs, on n’a pas de relève, on ne sera pas capable d’opérer. Il va falloir qu’il y ait une reprise responsable et très ciblée de l’immigration pour venir pallier ces enjeux. »

Venue du roi, réduction de l’immigration temporaire et peines plus sévères

OTTAWA – Le premier ministre Mark Carney annonce que le roi Charles III prononcera le discours du Trône à la Chambre des communes le 27 mai, et le retour des travaux parlementaires pour le 26 mai.

Le premier ministre Mark Carney a donné sa première conférence de presse depuis les élections ce vendredi matin avec une série d’annonces. Il accueillera le souverain britannique qui viendra donner, lui-même, le discours du Trône à Ottawa, accompagné de la reine consort.

Il explique ce choix par une volonté de « souligner clairement la souveraineté du Canada » aux autres pays du monde.

Le couple de monarques sera à Ottawa le 26 et 27 mai prochain. Photo : AP/Kirsty Wigglesworth, Pool

Ce sera la première fois en près de 50 ans que le monarque du Canada participera à la rentrée parlementaire. La reine Élisabeth II avait prononcé le discours du Trône en 1977 lors d’une visite au Canada.

Reste à savoir si le roi Charles III, qui maîtrise le français, livrera une partie de ce discours donnant le coup d’envoi à la 45e législature du Canada dans la langue de Molière. Habituellement, cette responsabilité reviendrait à la gouverneure générale, Mary Simon, dont les difficultés en français continuent de lui générer des critiques.

Cette décision du premier ministre survient dans un contexte de tensions avec les États-Unis, au moment où Donald Trump répète sa volonté de voir le Canada devenir le 51e État des États-Unis.

Mark Carney a réitéré que l’ancienne relation commerciale avec les États-Unis, fondée sur une intégration croissante, est terminée. Il ira rencontrer le président américain à Washington mardi prochain.

Plus de barrières interprovinciales

En outre, Mark Carney confirme que sous son gouvernement, « les barrières entre provinces seront abolies » dès le 1er juillet. « Nous allons bâtir une solide économie canadienne au lieu de 13 . »

Les différences partisanes au sein du Parlement doivent aussi s’effacer pour favoriser le pays. Selon l’élu, « il est temps d’être unis ».

Il ajoute qu’il renforcera les échanges avec les partenaires fiables à l’international. Il dit s’être entretenu entre autres, dans les derniers jours, avec le président français, Emmanuel Macron, le président du conseil européen et celui du Japon.

Le Canada fera preuve de leadership et aura l’occasion de le prouver lors du Sommet du G7, que le pays présidera en juin, promet aussi le premier ministre.

Moins d’immigration temporaire

Mark Carney promet des peines plus sévères, notamment pour les personnes reconnues coupables de vol de voitures, d’invasion de domicile et de trafic humain. Il sera plus difficile d’être libéré sous caution et 1000 agents supplémentaires de la Gendarmerie royale du Canada pourra seront recrutés pour « lutter contre les crimes », a-t-il aussi annoncé.

Cette rigueur se transfèrera aussi en immigration : « Nous allons ramener l’immigration à des niveaux soutenables en plafonnant le nombre de travailleurs temporaires et d’étudiants internationaux à moins de 5 % de la population canadienne d’ici 2027 ».

« Il s’agit d’une forte baisse par rapport au récent pic de 7,3 pour cent », a-t-il déclaré. « Cela contribuera à réduire la pression sur le logement, l’infrastructure publique et les services sociaux. »

Aucune précision n’a été communiquée par M. Carney au sujet de la possibilité d’exempter les francophones hors Québec, pour le moment. En 2024, le gouvernement libéral de Justin Trudeau annonçait l’instauration d’un plafond sur le nombre d’immigrants internationaux et, plus tard, une exemption pour quelques 2300 étudiants internationaux d’expression française.

Il est aussi revenu sur toutes sortes de promesses électorales comme la construction d’habitations qu’il dit vouloir doubler, ou encore les baisses d’impôts qui iront jusqu’à 850 $ d’économie par famille avec deux revenus.

Le premier ministre dit également vouloir réduire l’augmentation des dépenses du gouvernement de 9 % à 2 %, sans couper dans les services.

En ce qui concerne la santé : « Nous allons élargir le plan de soins médicaux canadiens à 8 millions de Canadiens, en permettant aux familles moyennes d’obtenir plus de 800 dollars par visite ».

Cabinet, Pierre Poilievre et NPD

Concernant la composition future de son cabinet, qui sera assermenté le 12 mai, le premier ministre n’a pas répondu directement à la question d’un journaliste lui demandant s’il y aura plus de ministres. Il a toutefois laissé savoir qu’il souhaite privilégier la parité homme/femme.

Rappelons que, dans son ancien cabinet, il n’y avait aucun ministre des Langues officielles. Cette responsabilité avait été attribuée au ministère de la Culture et de l’Identité canadiennes, dont Steven Guilbeault était à la tête avant la dissolution du Parlement.

Mark Carney a aussi indiqué qu’il permettra la tenue d’une élection partielle dès que possible pour permettre au chef conservateur Pierre Poilievre, qui a été défait dans son comté de Carleton, de revenir siéger à la colline.

Quelques minutes après la fin de la conférence, le député élu Damien Kurek a annoncé son intention de démissionner pour permettre au chef du Parti conservateur de se présenter dans la circonscription de Battle River-Crowfoot, en Alberta.

Formant un gouvernement minoritaire avec 168 députés libéraux, le premier ministre a aussi laissé entendre qu’il ne signera pas d’entente formelle avec le NPD comme son prédecesseur Justin Trudeau.

Danse kathak : entre passion et transmission

OTTAWA – Geoffrey Dollar est un danseur franco-ontarien, aveugle de l’œil gauche. Pourtant, il s’est lancé dans le kathak, une danse classique du nord de l’Inde dont les mouvements tournent justement vers la gauche. Sa rencontre avec la maîtresse de danse Anjali Patil Ji a donné naissance à un dialogue artistique et culturel riche et inattendu. La journaliste culturelle Rachel Crustin va à leur rencontre pour explorer cette collaboration singulière, et pour parler de deux événements : le spectacle Drishti – Insight et le festival ArohaFest, qui aura lieu au Centre des arts Shenkman, à Orléans, du 2 au 3 mai.

Tarifs : l’Ontario pourrait perdre 119 200 emplois d’ici à 2026

Si les droits de douane américains étaient maintenus entre les États-Unis et le Canada, les répercussions économiques sur l’Ontario, le partenaire commercial numéro un, seraient significatifs. Le Bureau de la responsabilité financière (BRF) anticipe une perte de 119 200 emplois ainsi qu’une « légère récession » dès 2025.

Chiffrant la dépendance économique entre l’Ontario et les États-Unis, le BRF a également évalué les répercussions potentielles, s’ils étaient maintenus, des droits de douane américains sur son économie, incluant les tarifs sur l’acier, l’aluminium, les automobiles et les pièces d’automobile.

Les États-Unis, premier partenaire commercial de l’Ontario, comptent pour 77 % des exportations totales des biens et 60 % des exportations de services.

Quant aux importations de services en provenance des États-Unis, elles représentent 63 % des importations totales. Les exportations de l’Ontario vers les États-Unis représentaient 13 % du produit intérieur brut (PIB) de la province ces dernières années, soit plus du double des exportations de l’Ontario vers le reste du monde.

Source : Statistique Canada

Parmi les faits saillants notables, « en 2024, environ 933 000 emplois en Ontario étaient liés aux exportations vers les États-Unis, soit environ 1 emploi sur 9 dans la province. »

L’emploi chuterait de 1,6 % en 2026 à Windsor, 1,6 % à Guelph, 1,5 % à Brantford et Kitchener-Cambridge-Waterloo, encore 1,3 % de London, ces aires urbaines étant les plus dépendantes des exportations manufacturières. 

Des impacts sur l’emploi, la croissance économique et l’inflation

Le rapport estime que les tarifs entraineraient une perte de 68 100 emplois en Ontario en 2025 et de 119 200 en 2026 par rapport au scénario sans droit de douane. D’ici 2029, il y aurait 137 900 emplois en moins en Ontario.

« Battez-vous pour sauver ces emplois », a ce matin attaqué Maritt Stiles, leader du NPD à Queen’s Park. D’ajouter en mêlée de presse : « Je n’ai pas encore vu de plan de ce gouvernement sur ce qu’il va faire pour protéger ces emplois. »

Le Conseil consultatif sur la réponse tarifaire et la sécurité économique créé par le NPD avait également adressé la veille une lettre au ministre du Développement économique, de la Création d’emplois et du Commerce Victor Fedeli et au ministre du Travail David Piccini faisant référence au Projet de loi 2, Loi de 2025 pour protéger l’Ontario en favorisant le libre-échange au Canada dont elle considère qu’il ne va pas assez loin.

« Nous devons éviter d’adopter des lois qui sont symboliques ou précipitées. Comme nous l’avons vu en Nouvelle-Écosse, leur gouvernement a déjà modifié une législation similaire afin de rétablir les mécanismes de surveillance qui protègent le public (…) Bien que nous soyons ouverts à une collaboration pour stimuler le commerce intérieur et renforcer l’autonomie, nous ne devons pas abaisser les normes de protection du public et de l’environnement; ces éléments, en particulier la santé et la sécurité, devraient être inscrits dans la loi. »

Source : Statistique Canada

Selon les estimations du BRF, « la croissance du PIB réel de l’Ontario ralentirait pour atteindre 0,6 % en 2025, soit moins de la moitié de la croissance de 1,7 % attendue en l’absence des droits de douane américains. Cela signifie qu’une légère récession se produirait en 2025. »

« En 2026, la croissance du PIB réel de l’Ontario serait de 1,2 %, comparativement à la croissance de 1,9 % dans des perspectives sans droits de douane (…) En 2026, la première année complète soumise aux droits de douane, le secteur manufacturier de l’Ontario serait le touché le plus fortement, avec une baisse du PIB réel de 8,0 %. »

L’analyse conclut que si les droits de douane étaient abaissés, les répercussions pour l’économie de l’Ontario seraient plus légères. À l’inverse, s’ils devenaient plus importants, l’Ontario pourrait subir une récession plus profonde. 

De grands noms pour la prochaine saison du MIFO

OTTAWA – Le Mouvement d’implication francophone d’Orléans (MIFO) a dévoilé les détails de sa saison 2025-2026 ce mardi soir. D’Edith Butler à Garou, en passant par Mariana Mazza ou Luc Langevin, des artistes de renom ont été recrutés pour plaire au plus grand nombre. Plusieurs Franco-Ontariens établis seront aussi de cette programmation qui ratisse large.

La musique occupe une grande part de la programmation annoncée mardi soir. Quelques valeurs sûres franco-ontariennes sont du nombre, à commencer par Damien Robitaille. Celui qui a lancé l’album Ultraviolet en février sera sur la scène du Centre des arts Shenkman le 26 septembre, au lendemain de la Journée des Franco-Ontariens.

Mimi O’Bonsawin (21 janvier) et Mélissa Ouimet (19 février) font aussi partie de l’alignement, tout comme la francophile Kim Richardson. Celle qui est reconnue comme l’une des plus grandes voix de l’Ontario présentera Mon Noël le 16 décembre.

L’ambassadrice culturelle de l’Acadie, Édith Butler, sera à Orléans le 5 octobre avec Le tour du grand bois.

La plus grosse surprise annoncée hier est Garou, à l’affiche le 27 novembre. L’interprète connu internationalement vient de lancer son premier album en tant qu’auteur-compositeur, Un meilleur lendemain.

Damien Robitaille au Festival franco-ontarien à Ottawa, en 2024. La tournée Ultraviolet présentera aussi des moments « homme-orchestre » et des succès des albums précédents, en plus des nouveautés. Photo : Rachel Crustin

Édith Butler à Yarmouth, Nouvelle-Écosse, pour le spectacle de la Fête nationale de l’Acadie, lors du Congrès mondial acadien, le 15 août 2024. Photo : Rachel Crustin/ONFR

Garou propose une nouvelle tournée et un nouvel album, dans lesquels il se présente pour la première fois comme auteur-compositeur-interprète. Photo : Gracieuseté du MIFO

La musique traditionnelle québécoise résonnera le 3 décembre avec La Bottine souriante, et celle du Mali sera à l’honneur le 6 février avec Djely Tapa.

La chanteuse Mélissa Bédard sera finalement sur place le 1er octobre, après avoir repoussé sa tournée pour prendre le temps d’accueillir son nouvel enfant. La vente de billets était donc déjà bien avancée avant le dévoilement de la programmation 2025-2026.

Des initiatives uniques

Le Kaléidoscope musical a été confié aux bons soins de Mario Lepage (Ponteix). Cette idée imaginée par la directrice artistique du MIFO, Anne Gutknecht, réunit des artistes d’horizons différents le temps d’une soirée unique où s’entremêlent musique et entrevues.

« Ça provoque un mélange de styles, commente Anne Gutknecht à ONFR. C’est un spectacle unique qu’on ne pourra pas revoir après. C’est le FOMO (fear of missing out) à l’état pur. »

Mario Lepage a recruté son bon ami Étienne Fletcher, une occasion en or de faire découvrir ces « pépites » fransaskoises. L’Ottavienne Jessy Lindsay et le Montréalo-Haïtien Waahli complètent le quatuor de la soirée.

Ponteix, alias Mario Lepage, en vitrine à Contact ontarois en janvier 2025. Photo : Rachel Crustin / ONFR

Étienne Fletcher à Contact ontarois 2023. Photo : Stéphane Bédard / ONFR

Jessy Lindsay en spectacle pour Fierté dans la capitale, en 2024. Photo : Rachel Crustin / ONFR

Waahli en vitrine à Contact ontarois 2025. Photo : Catherine Archambault

Pour la première fois cette année, le MIFO s’associe au Salon du livre afro-canadien (SLAC), un événement de Mosaïque interculturelle. Le soir du Kaléidoscope musical sera aussi soir de lancement pour le SLAC, qui s’installera ensuite dans les locaux temporaires du MIFO à la Place d’Orléans pour son édition 2025.

Une autre initiative qui grandit est celle des soirées-concept Sous le soleil de… Après avoir exploré Haïti et les Caraïbes dans les deux dernières années, le MIFO a choisi d’organiser quatre rendez-vous en 2025-2026. On verra donc Sous le soleil du Maghreb, du Congo et de l’Afrique de l’Ouest. Le quatrième thème sera décidé par un comité de jeunes de 14 à 18 ans. Ces soirées réunissent des artistes, des artisans et un traiteur pour offrir une immersion dans la culture d’une région du monde donnée.

Grande place à l’humour

Le public d’Orléans pourra voir en primeur le prochain spectacle de Patrick Groulx le 7 mai, une fleur offerte à l’organisme, « étant donné la proximité de Patrick avec la communauté d’Orléans », souligne Anne Gutknecht.

Evelyne Roy-Molgat viendra présenter Un peu de jokes, beaucoup de crowdwork le 11 avril. « On l’a vraiment vu grandir, depuis l’époque où elle faisait des sketchs au secondaire », se remémore la directrice artistique du MIFO. Selon elle, Evelyne Roy-Molgat vient grossir les rangs des humoristes franco-ontariens de la trempe de Patrick Groulx ou de Katherine Levac.

Après un succès dans la programmation 2024-2025, Improtéine sera de retour avec son Hommage à Improtéine, le 13 décembre.

Des noms bien connus de l’humour québécois seront aussi de passage : Mariana Mazza, Sam Breton, Simon Gouache, Louis Morissette et François Massicotte.

Dans Le téton tardif, Caroline Raynaud aborde ses insécurités de jeune femme, mais elle témoigne surtout d’une société profondément patriarcale dont la misogynie se manifeste trop souvent. Photo : Gracieuseté du MIFO

La Franco-Sudburoise Caroline Raynaud, récipiendaire du prix Audace de Réseau Ontario à Contact ontarois 2025, montrera sur scène le 1er mai. La formule oscillant entre le théâtre et l’humour évoque un peu ce qui se ferait à Paris, selon la directrice artistique du MIFO. Fait amusant, Caroline Raynaud est née à… Orléans, dans la région Centre-Val de Loire.

Dans Le Téton tardif, elle raconte son adolescence et ses débuts en tant que comédienne dans une société française particulièrement patriarcale. « On tisse des discours féministes, mais avec une légèreté qui va permettre de se poser quelques questions », explique Anne Gutknecht.

C’est Luc Langevin qui offrira le tout premier spectacle de la saison, le 18 septembre. Il s’agira du deuxième passage de l’illusionniste dans la région d’Ottawa-Gatineau en moins d’un mois, alors que trois représentations (dont deux supplémentaires) sont prévues à la Salle Odyssée de Gatienau en août. Nul doute que les billets pour la représentation d’Orléans trouveront aussi facilement preneurs.

Rue Duplessis, ma petite noirceur sera d’abord présentée au Théâtre Jean Duceppe cet automne, avant de visiter Orléans en 2026. Photo : gracieuseté du MIFO

Les amateurs de théâtre pourront découvrir Rue Duplessis, ma petite noirceur, adaptation par le Théâtre Duceppe du roman autobiographique du sociologue et transfuge de classe, Jean-Philippe Pleau.

Le Théâtre du village d’Orléans, troupe communautaire, présentera Fausses rumeurs du 20 au 23 novembre.

Le spectacle jeunesse 176 pas, qui mélange théâtre et marionnettes dans un univers musical signé Ariane Moffat, complète la programmation.

Les abonnés privilège ont déjà accès à la vente de billet, qui sera ouverte au grand public le 2 mai.

Un projet ambitieux

L’organisme ne prend aucune pause malgré la relocalisation temporaire de ses locaux, nécessaire à la construction de son nouveau bâtiment sur la rue Carrière.

« Le MIFO, ce n’est pas un lieu. Le MIFO, c’est des gens, c’est une programmation, c’est un service dans la communauté », rappelle Anne Gutknecht en soulignant que les activités du MIFO se déroulaient déjà dans plusieurs endroits différents.

Alors que des locaux temporaires viennent tout juste d’ouvrir leurs portes à la Place d’Orléans, la directrice générale du MIFO, Mélanie Routhier Boudreau, s’est montrée enthousiaste face à cette période de transition, au micro d’ONFR.

Mélanie Routhier Boudreau est la directrice générale du MIFO depuis juin 2024. Photo : Rachel Crustin / ONFR

« L’édifice sera quatre fois plus grand, avec de nombreuses salles polyvalentes, un gymnase, une grande salle multifonctionnelle, des studios, notre école de musique… c’est vraiment un beau projet par et pour les francophones, à la hauteur des ambitions de notre communauté. »

L’entrepreneur choisi est Beaudoin Canada. « C’est une entreprise de construction francophone implantée dans la région de la capitale nationale, bien reconnue pour ses expertises dans la réalisation de projets d’envergure et qui partage avec nous cette volonté de bâtir un espace qui rassemble, qui va inspirer la communauté. »

Après une enveloppe de 36 millions de dollars octroyée par le gouvernement fédéral, 1,5 million de dollars accordés par la ville d’Ottawa et une campagne de dons dans la communauté, l’équipe du MIFO attend toujours une aide financière de la province de l’Ontario. Mélanie Routhier Boudreau se dit confiante d’obtenir une réponse positive dans les prochaines semaines.  

3e anniversaire : la Place des Arts de Sudbury dit avoir réduit son déficit à 100 000 $

SUDBURY – Alors qu’elle connaissait une situation financière très précaire l’année dernière, la Place des Arts (PDA) aurait réduit son déficit de 86 %, trois ans exactement après son ouverture.

L’organisme a choisi de marquer son troisième anniversaire en revenant devant le Conseil municipal du Grand Sudbury pour la première fois depuis son ouverture officielle.

C’est un portrait plus positif qu’a dressé Denis Bertrand, directeur général de la Place des Arts, un an jour pour jour après qu’ONFR révélait un déficit opérationnel de près de 500 000 $ en 2023. Le même jour, l’ex-directeur général de la PDA, Jean-Gilles Pelletier, démissionnait de son poste.

« En 2022-2023, nous étions confrontés à un déficit opérationnel de 700 000 dollars. Un an plus tard, nous l’avons réduit à 100 000 dollars. Nous prévoyons de clôturer l’exercice 2024-2025 avec un budget équilibré », confirme M. Bertrand.

Celui-ci ajoute qu’il y a eu une augmentation de 10 % du temps d’utilisation des espaces locatifs qui est passé de 50 % à plus de 60 % en moins d’un an, et ce uniquement grâce au bouche-à-oreille.

« Notre objectif est d’atteindre 85 %, ce qui nous permettrait d’améliorer notre durabilité tout en conservant du temps pour l’entretien, la maintenance et le renouvellement. »

Un impact visible au centre-ville

Celui qui a obtenu la permanence au poste de directeur général a affirmé que l’objectif de sa présentation n’est pas d’obtenir plus de fonds de la municipalité, mais de renouveler la confiance de l’un de ses bailleurs de fonds.

« Nous ne vous en demandons pas plus – mais simplement de continuer à croire en ce que nous construisons ensemble. Cette vague ne fait que s’amplifier – et elle continuera de croître avec votre soutien renouvelé », leur a-t-il lancé.

Avec plus de 40 000 visiteurs par an, celui-ci estime que la PDA injecte 15 millions de dollars par an d’impact économique sur le centre-ville.

Il a aussi tenu à souligner un impact qui se ferait sentir dans tout le centre-ville : « Les signes de ce changement sont visibles dans le centre-ville de Sudbury, non seulement dans l’architecture, mais aussi dans la fréquentation et l’effervescence de la communauté ».

Un nouveau financement

Il y a un peu plus de 6 mois, le conseil d’administration avait approuvé à l’unanimité la création d’un institut de professionnalisation artistique et culturel (IPAC) visant à accroître l’attraction autour de la PDA.

« Nous avons obtenu le financement nécessaire au lancement de l’Institut. Nous devrions être en mesure de faire une annonce officielle prochainement », confie M. Bertrand.

Il précise que l’organisme a collaboré avec le Collège Boréal et l’Université de l’Ontario français pour élaborer des programmes de formation pratique axés sur l’entrepreneuriat, la gestion de projets, le développement des affaires et la création de carrières durables dans le domaine des arts.

« Ce nouveau chapitre façonnera la prochaine génération de professionnels de la création au Canada. »

Il y a quelques mois, la PDA changeait aussi son modèle de gestion en révisant ses tarifs, fermant son service de restauration, se transformant en une petite entreprise.

M. Bertrand fait savoir que son établissement reçoit de l’attention dans d’autres communautés : « À Haliburton, par exemple, un comité dirigé par des citoyens travaille à la création d’un nouveau lieu culturel dans leur municipalité et ils se sont inspirés de la Place des Arts. Nous conseillons aussi une compagnie de théâtre torontoise engagée dans la création de son propre lieu de diffusion ».

« Une victoire historique » pour la première femme députée de l’Est ontarien à la Chambre des communes

Militante pendant plus de 20 ans pour l’élection de plus de femmes en politique, la nouvelle députée de Prescott-Russell-Cumberland, Giovanna Mingarelli, est passée de la parole aux actes lundi soir, en devant la première députée de l’Est ontarien à être élue à la Chambre des Communes.

« Hier soir, c’était vraiment une victoire historique non seulement pour moi, mais aussi pour toutes les femmes de notre région, » affirme-t-elle en entrevue à ONFR, au lendemain d’une victoire convaincante.

Giovanna Mingarelli a récolté 54,6 % des voix, contre son adversaire conservatrice Julie Séguin, qui en a récolté 40,4 %. Le comté se maintient ainsi au rouge pour une quatrième fois consécutive.

Jamais Prescott-Russell-Cumberland (auparavant Glengarry-Prescott-Russell) n’avait élu une femme à Ottawa depuis sa création, en 1953. Elle a aussi été « la première employée », souligne-t-elle fièrement, de de l’organisme Equal Voice, une organisation nationale non-partisane travaillant pour l’élection d’un plus grand nombre de femmes dans la politique canadienne.

Native de Rockland, la nouvelle député a milité pour les jeunes libéraux dès son adolescence, avant de travailler sous l’ancien premier ministre Paul Martin au début des années 2000. Par la suite, elle a œuvré dans le privé à titre d’entrepreneure dans le monde de la technologie, ce qui l’a menée à New York et en Angleterre. Elle a par la suite vécu aux États-Unis pendant sept ans, alors que son mari était diplomate canadien à Seattle et à San Francisco.

Giovanna Mingarelli estime que son expérience et sa capacité à travailler avec les différentes couleurs politiques via Equal Voice pourront lui permettre d’aider le gouvernement Carney en ce temps de crise commerciale.

« C’est un bon temps, parce que j’ai beaucoup d’expérience canado-américaine. C’est très important pour notre pays et j’ai des contacts pour l’Ouest des États-Unis (…) Toute mon expérience mise ensemble va me permettre de faire un bon travail comme députée à Prescott-Russell-Cumberland », plaide-t-elle.

C’est d’ailleurs cet enjeu, « Les tarifs de Donald Trump pour tout le monde et (aussi) les industries », qu’elle mentionne sans hésiter comme celui qui aura occupé les discussions aux milliers de portes auxquelles elle a cogné, de Rockland à Hawkesbury, en passant par Casselman.

Elle donne l’exemple de l’un des plus gros employeurs de la région, l’usine Ivaco Rolling Mills, à l’Orignal, frappée par les tarifs douaniers américains de 25 % sur l’acier et l’aluminium canadien.

En mars, l’entreprise annonçait mettre à pied temporairement une centaine de travailleurs en réponse à la guerre commerciale entre les deux voisins nord-américains. La gestion de l’offre pour les agriculteurs de l’Est ontarien est un autre enjeu clé pour ces fermiers qui « ont peur des tarifs et de perdre leur ferme », avance-t-elle. Durant la campagne, le chef libéral Mark Carney a assuré que la gestion de l’offre ne serait pas à la table des négociations entre les deux pays.

Nouvelle venue en politique

Elle succède ainsi au député Francis Drouin, qui avait décidé de ne pas se représenter. Elle avait été acclamée lors de l’investiture sans opposition en janvier, au moment où « ce n’était pas très populaire », rappelle-t-elle. Justin Trudeau venait de démissionner, Mark Carney lançait tout juste sa campagne à la chefferie et les libéraux se dirigeaient vers une déconfiture historique face aux conservateurs, autant au niveau national que dans Prescott-Russell-Cumberland.

Francis Drouin Crédit image: Stéphane Bédard
Francis Drouin avait annoncé l’été dernier qu’il se retirerait de la politique fédérale. Crédit image : Stéphane Bédard

« Je me suis dit ‘je vais le faire même si ce n’est pas le meilleur moment pour les libéraux’ et finalement on a gagné. C’était la bonne décision. Je me suis présentée pour les bonnes raisons », plaide-t-elle quelques mois plus tard.

Représentant la seule circonscription fédérale majoritairement francophone dans la province, celle qui est parfaitement bilingue assure que « protéger la francophonie et la langue française » fait partie de l’une de ses nombreuses priorités pour la région.

« Je veux aller à Ottawa, rencontrer mes collègues, présenter toute mon expérience au gouvernement de Mark Carney et montrer comment je peux aider », présente-elle comme l’une de ses premières tâches dans les prochaines semaines.

La Franco-Ontarienne Pauline Rochefort devient la première femme élue dans Nipissing-Timiskaming

North Bay – Après avoir été au coude à coude jusqu’aux petites heures du matin, comme presque partout ailleurs dans le Nord ontarien, c’est finalement le Parti libéral qui l’emporte face aux conservateurs dans Nipissing-Timiskaming et Sault Ste. Marie-Algoma. Pauline Rochefort qui devient la première femme et la première Franco-Ontarienne à représenter la circonscription de Nipissing-Timiskaming.

Le résultat a été confirmé durant l’après-midi de mardi, après la reprise du comptage des votes par Élections Canada, qui précise que le processus a été plus tardif en raison du « taux de participation élevé à cette élection, notamment au vote par bulletin spécial et au vote par anticipation ».

« C’était une soirée très mouvementée, dans le sens qu’on a commencé en force et ensuite on a pris du recul, mais c’était vraiment excitant. Et aujourd’hui, je suis vraiment soulagée », confie Pauline Rochefort en entrevue avec ONFR, tout de suite après la confirmation des résultats, aux alentours de 15h.

Celle-ci succède donc au vétéran de la circonscription, le libéral Anthony Rota. Ce dernier a représenté la région comptant 14 % de francophones pendant six mandats. La circonscription, dans sa forme actuelle, a toujours été aux mains des libéraux, sauf en 2011 où le Franco-Ontarien a été défait devant son rival conservateur Jay Aspen.

Une première historique

Celle qui était mairesse de la ville d’East Ferris, une bourgade située non loin de North Bay, depuis un peu plus d’une décennie, gagne son premier siège à la Colline avec 47 % des voix, devant le conservateur Gary Keller, qui en récolte 44,8 %.

Ce dernier avait été nommé en urgence par le Parti conservateur deux mois plus tôt, après le retrait inattendu de la candidate franco-ontarienne Cassidy Villeneuve.

Pauline Rochefort est la première femme à être députée de la circonscription, dans toutes ses versions, depuis le début des élections au pays, en 1867. « Je suis fière de nos réalisations. Ça a été un travail d’équipe. Il y avait plusieurs femmes impliquées dans notre équipe de campagne et dans ce sens là, c’est une victoire pour toutes. »

Celle qui a déjà une belle carrière politique derrière elle a déjà une idée de ce qu’elle souhaitera défendre à la Colline. « L’une des grandes priorités, c’est déjà la question du logis abordable. Temiskaming Shores et North Bay ont d’ailleurs récemment reçu des fonds du gouvernement fédéral pour commencer l’envolée vers une croissance au niveau des logements abordables, alors je vais me pencher là-dessus. »

Une autre victoire libérale

Du côté de Sault Ste. Marie-Algoma, le résultat s’est lui aussi fait attendre jusqu’en fin de journée, mardi. Élections Canada a finalement confirmé la victoire in extremis du Parti libéral dans la circonscription.

Terry Sheehan retrouve son siège, qu’il occupait depuis 2015, avec une avance de seulement 1623 voix par rapport au conservateur Hugh Stevenson.

Il s’agissait, d’ailleurs, de la toute première campagne pour ce dernier, qui occupait le poste de chef de la police de la ville de Sault Ste. Marie jusqu’au 23 mars dernier.

Lundi soir, le député libéral Marc Serré s’était, quant à lui, vu refuser un quatrième mandat dans la circonscription voisine de Sudbury-Est–Manitoulin–Nickel Belt, après sa défaite face au conservateur Jim Bélanger.

« C’est une grande déception, commente Pauline Rochefort. Je comprends que dans le Nord de l’Ontario, il y a des gens qui sont déçus par le fait qu’il n’y ait pas eu suffisamment de progrès au niveau de la question des minéraux et du Cercle de Feu. Mais il est un ambassadeur clé dans ces projets-là. »

Voici la quinzaine de francophones hors Québec qui seront députés à Ottawa

OTTAWA – Le Canada a élu lundi soir un gouvernement libéral dirigé par Mark Carney. On compte encore une fois sur un contingent de représentants francophones hors Québec, notamment chez les libéraux. Alors que le NPD perd des plumes, le caucus conservateur s’agrandit légèrement avec deux nouveaux Franco-Ontariens.

Tout d’abord en Ontario français, plusieurs visages connus seront de retour à la Chambre des communes. On peut notamment penser aux députées franco-ontariennes Mona Fortier et Marie-France Lalonde, qui ont facilement conservé leur siège dans la région d’Ottawa. Les libéraux ont aussi réussi à conserver le seul comté majoritairement francophone en Ontario, Prescott-Russell-Cumberland, avec la victoire de Giovanna Mingarelli, qui succède à Francis Drouin.

Dans le Nord, dans une percée historique, on note l’arrivée de deux nouveaux députés francophones au sein du caucus conservateur avec Jim Bélanger (Sudbury-Est–Manitoulin-Nickel Belt) et Gaétan Malette (Kapuskasing-Timmins-Mushkegowuk). Les libéraux ont toutefois réussi à conserver leur mainmise dans deux circonscriptions grâce aux députés francophones Vivianne Lapointe dans Sudbury et Pauline Rochefort dans Nipissing–Timiskaming, qui au moment d’écrire ces lignes, semblait quasi assurée d’une victoire avec près de 1000 voix d’avance et 99,56 % des bulletins de vote comptés.

Dans le Sud-Ouest, ajoutons la ministre sortante Arielle Kayabaga et la nouvelle députée de Guelph, Dominique O’Rourke, une ancienne conseillère municipale ayant fait le saut au fédéral.

Au Nouveau-Brunswick, c’est sans surprise que les libéraux ont de nouveau raflé les circonscriptions francophones. Les deux principaux poids lourds néo-brunswickois dans le dernier gouvernement libéral, les ex-ministres Dominic Leblanc et Ginette Petitpas Taylor n’ont eu aucun problème à être réélus dans leurs comtés respectifs de Beauséjour et Moncton-Dieppe, avec près de 59 % et 63 % des suffrages.

Ginette Petitpas Taylor, ministre des Langues officielles. Maison de la francophonie Toronto
L’ancienne ministre des Langues officielles Ginette Petitpas Taylor représentera à nouveau la région de Moncton au Parlement pour la quatrième fois depuis 2015. Archives ONFR

Plus au nord de la province, le député sortant Serge Cormier a été le choix favori des électeurs dans Acadie-Bathurst pour un quatrième mandat consécutif avec une écrasante majorité de près de 18 000 voix. Toujours dans le Nord, c’est un nouveau venu, Guillaume Deschênes-Thériault, qui a réussi à maintenir le siège de Madawaska–Restigouche dans les mains des libéraux avec près de 54 % des voix.

En Nouvelle-Écosse, le député acadien Chris d’Entremont, le seul dans le caucus conservateur, a conservé son siège avec près de 1000 votes d’avance face à un autre Acadien, Ronnie Leblanc qui représentait les libéraux.

Dans l’ouest du pays dans Saint-Boniface–Saint-Vital, c’est l’ancienne directrice du Centre culturel franco-manitobain (CCFM), Ginette Lavack qui a été élue sous la bannière libérale. Elle a facilement réussi à conserver le siège du ministre sortant Dan Vandal avec 54 % des voix contre 36 % pour son adversaire conservateur.

Des porte-voix de la francophonie de retour

Certains des ministres et des critiques des langues officielles lors du dernier Parlement ont aussi tous été réélus. Le ministre responsable du dossier des Langues officielles Steven Guilbeault a facilement conservé son siège dans Laurier–Sainte-Marie, idem pour d’anciens titulaires du portefeuille de l’Immigration Rachel Bendayan et Marc Miller dans la région de Montréal.

Dans l’opposition officielle, le critique en langues officielles Joël Godin l’a emporté dans sa circonscription de la région de Québec, mais la critique du NPD Niki Ashton a perdu son siège au profit des libéraux au Manitoba. Du côté du Bloc Québécois, Mario Beaulieu a conservé son siège dans la circonscription de La Pointe-de-l’Île.

La Fédération des communautés francophones et acadienne (FCFA) a d’ailleurs salué l’élection de Mark Carney à titre de premier ministre, rappelant notamment certains de ses engagements comme une cible rehaussée en immigration francophone.

« Le nouveau gouvernement aura la tâche de protéger notre souveraineté, d’affirmer la différence canadienne et de rechercher de nouveaux partenaires à l’international. La francophonie fait partie de la solution et nous sommes déterminés à mettre cet avantage au service du Canada », a soutenu dans une déclaration la présidente de la FCFA, Liane Roy.

Défait dans son comté, le chef du NPD Jagmeet Singh démissionne

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Après une dure soirée électorale pour sa formation, le chef du Nouveau Parti démocratique (NPD) Jagmeet Singh a annoncé sa démission en direct de son fief de Burnaby, arrivé en troisième position avec seulement 18 % des voix au moment d’écrire ses lignes, dans la nuit de lundi à mardi.

Le leader néo-démocrate a lui-même concédé la défaite dans son discours, en plus d’affirmer qu’il céderait son poste de chef dès l’élection d’un successeur.

Le NPD, qui détenait 24 sièges au moment de la dissolution de la Chambre des communes, s’enlignait vers la victoire dans seulement sept comtés, vers 1 h (HAE) matin mardi, en deçà des 12 sièges requis pour être reconnu comme parti officiel.

En Ontario, la formation de gauche a vu son vote fondre dans certains comtés qui lui étaient historiquement favorables. Par exemple, dans le Nord de l’Ontario où ils ont toujours su performer, les néo-démocrates ont été effacés de la carte électorale. Dans Kapuskasing–Timmins–Mushkegowuk, le NPD n’a recueilli que 10 % d’appui, dans une circonscription composée de deux sièges orange, redécoupés après une redistribution électorale en un seul. Dans les deux sièges du Grand Sudbury, la formation de Jagmeet Singh n’a su récolter plus de 8 % des suffrages, dans des comtés qui sont pourtant néo-démocrates au niveau provincial.

Dans d’autres régions plus industrielles de la province comme à Windsor et Hamilton, les néo-démocrates ont perdu des sièges aux mains des libéraux et conservateurs, reculant parfois jusqu’au troisième rang.

Le NPD s’est retrouvé pris au milieu d’un vote stratégique en faveur des libéraux, ce qui a défavorisé la formation de gauche. Le chef libéral Mark Carney s’est même rendu en Colombie-Britannique dans les derniers jours de la campagne dans le but de convaincre les électeurs néo-démocrates de se tourner vers le rouge, dans une province où le NPD avait 13 représentants lors du dernier Parlement.

Percée historique des conservateurs dans le Nord ontarien

Deux circonscriptions passent aux mains des conservateurs dans le Nord de l’Ontario : Kapuskasing-Timmins-Mushkegowuk et Sudbury-Est–Manitoulin–Nickel Belt, selon les premiers résultats. La course est encore très serrée du côté de Sault Ste. Marie-Algoma et Nipissing-Timiskaming entre conservateurs et libéraux alors qu’on attend encore qu’un gagnant soit désigné, tandis que le NPD est complètement écarté du Nord.

Ce sont les conservateurs qui l’emportent dans la nouvelle circonscription de Kapuskasing-Timmins-Mushkegowuk, au terme d’une course à trois les opposant aux libéraux et aux néo-démocrates

Gaétan Malette a récolté 49,1 % des votes, mettant fin au long règne des néo-démocrates dans cette circonscription qui compte le plus de francophones dans le Nord ontarien (38,8 %). Cette circonscription, qui ne regroupait alors que la Baie James et Timmins avant le redécoupage de 2022, était représentée par Charlie Angus depuis 2004.

Gaétan Malette fut le directeur de campagne du député provincial actuel de Timmins, George Pirie, lors des élections provinciales de 2022. Photo : gracieuseté de Gaétan Malette

Le orange rayé de la carte

C’est un pari raté pour Nicole Fortier-Levesque qui termine en troisième position avec seulement 10,3 % des voix, loin derrière Steve Black, du Parti libéral qui, lui, obtient 38,8 % des voix. Le NPD perd donc son ancrage dans le Nord à l’issue de ce scrutin.

« C’est sûr que je suis surprise, je ne m’attendais pas du tout à ça, parce qu’au début j’étais en première place, puis je me suis retrouvée en deuxième tout au long de la campagne », livre la Franco-Ontarienne au micro d’ONFR qui a surveillé les sondages jusqu’au dernier instant.

« Lorsque je rencontrais les gens, tout le monde me disait « Nicole, tu n’as pas à t’en faire, ici c’est le NPD ». Mais, écoutez, j’ai été défaite de manière assez drastique. C’est très clair que les gens voulaient un changement », reconnait celle qui dit avoir bénéficié de l’appui des députés sortants néo-démocrates Charlie Angus et Carol Hugues.

Elle ajoute que le redécoupage électoral tout comme le caractère particulier de cette élection et le vote stratégique ont eu raison de sa victoire : « Je respecte le choix des gens cependant, est-ce que c’est représentatif des valeurs des gens? Je ne suis pas certaine ».

Nicole Fortier Levesque continuera de siéger au sein de plusieurs organismes comme l’Assemblée de la Francophonie. Photo : ONFR TFO/Inès Rebei

L’ex-mairesse de Moonbeam avait perdu la course à la mairie de sa municipalité et celle de la direction de l’Assemblée de la Francophonie de l’Ontario (AFO) avant de se lancer dans la course aux élections fédérales.

Mme Fortier Levesque pourrait-elle se représenter aux prochaines élections?  « Oui, si la santé me le permet toujours et que j’ai autant d’énergie que j’en ai aujourd’hui.  Mais là, tout de suite, je vais prendre une petite pause, pour me reposer un peu. Je crois que ça va être mérité. »

Les néo-démocrates arrivent en troisième position dans la plupart des circonscriptions du Nord, dans la plus part des cas loin derrière leurs rivaux rouges et bleus.

Marc Serré défait dans Nickel Belt

C’est la désillusion pour les libéraux qui perdent Sudbury-Est–Manitoulin-Nickel Belt, une circonscription détenue par Marc Serré depuis 2015.

Le député sortant est défait par son adversaire conservateur Jim Bélanger par 48,4 % des votes contre 39,9 % selon les plus récents résultats.

Toute la soirée, le Franco-Ontarien aura essayé de rester optimiste dans son bureau de Val Caron, rassurant régulièrement les amis et partisans présents pour le soutenir, mais au fur et à mesure que les résultats arrivaient, la désillusion se lisait sur son visage.

Celui qui avait pendant longtemps occupé le poste de secrétaire parlementaire du ministre de l’Énergie et des Ressources naturelles et du ministre des Langues officielles se voit donc refuser un quatrième mandat. Photo : ONFR/Inès Rebei

« C’était le privilège de ma vie de desservir les gens de la région durant plus de neuf ans », confie-t-il non sans émotion à ONFR. « J’ai travaillé fort, j’ai eu une campagne positive, j’ai été présent à tous les débats mais les gens ont choisi quelqu’un d’autre. »

Il explique en partie sa défaite par la refonte de la carte électorale, mais aussi le fait que les communautés plus isolées ont été davantage séduites par le message populiste des conservateurs.

M. Serré garde toutefois la porte à un retour comme candidat dans la circonscription : « On ne sait jamais ce qui va arriver. J’ai 58 ans, je suis encore jeune. La moyenne des gouvernements minoritaires c’est 18 mois alors les choses peuvent changer assez rapidement. »

Du jamais vu dans Nickel Belt

La circonscription, anciennement Nickel Belt, a oscillé entre orange et rouge depuis sa création en 1953, sans n’être jamais passée entre les mains conservatrices.

« Je ne peux pas croire que ça ne soit jamais arrivé, mais ça a l’air que c’est vrai qu’un membre conservateur n’a jamais gagné au fédéral dans notre région », livre à ONFR Jim Bélanger, dans une des rares entrevues qu’il accorde aux médias.

Et le francophone d’ajouter : « Je suis surpris parce que les sondages ne me donnaient pas beaucoup de chance de gagner, comme 1 à 3 % de chance de l’emporter gagner. Mais quand on cognait aux portes, les gens me donnaient l’impression que mes chances étaient très bonnes. »

Jim Bélanger au rassemblement de Pierre Poilievre à Sudbury samedi dernier. Photo : ONFR TFO/Inès Rebei

Selon lui, ce qui a fait la différence avec les autres candidats c’est son ancrage dans les communautés rurales : « Je fais partie du petit peuple, parce que j’ai travaillé dans l’agriculture, dans l’industrie forestière, dans l’industrie minière. Je suis capable de me mettre dans les chaussures de beaucoup de gens, et je pense que c’est ce qui résonne chez eux ».

« Je suis certain que le fait que M. Poilevre est venu deux fois depuis le mois de mars, avec de bonnes idées qu’on peut engendrer dans le riding alors, oui, il a aidé beaucoup à notre cause, c’est sûr. »

Celui qui n’a jamais eu d’implication politique dit ne pas être certain de ce qui constituera précisément ses premiers engagements à Ottawa car il commence sa carrière en politique « mais ça serait les choses que j’entendais aux portes comme le coût de la vie, celui du logement, et la jeune génération qui a de la difficulté à joindre les deux bouts ».

Lapointe réélue dans Sudbury

Du côté de la circonscription de Sudbury (17 % de personnes dont le français est la première langue officielle parlée), la députée sortante Viviane Lapointe l’emporte face à Ian Symington, du Parti conservateur avec 51,7 % contre 39,4 %, soit un écart de plus de 7000 voix.

Secrétaire parlementaire de la ministre des Langues officielles et ministre associée de la Sécurité publique au moment de la dissolution du parlement en mars dernier, Viviane Lapointe attaquera son deuxième mandat.

Dans le nord-ouest, la ministre des Services aux Autochtones, Patty Hajdu est reconduite, sans surprise, pour un quatrième mandat à Thunder Bay-Superior North. Même scénario pour le député sortant Marcus Powlowski du côté de Thunder Bay-Rainy River qui reviendra à Ottawa pour un 3e mandat.

Pas de changement pour Kenora–Kiiwetinoong, où le conservateur Eric Melillo récupère son siège avec une avance de plus de 4000 voix devant son plus proche opposant, le conservateur Charles Fox.

Les résultats se faisaient toujours attendre ce mardi en fin de matinée pour Sault Ste. Marie-Algoma et Nipissing-Timiskaming. Les libéraux sont, pour l’instant, en tête avec un peu plus de 1000 voix d’avance sur leurs adversaires du Parti conservateur.

Cet article a été mis à jour pour la dernière fois le 29 avril à 12 h 50.

Victoire des francophones Arielle Kayabaga et Dominique O’Rourke dans le Sud-Ouest ontarien

La ministre sortante des Institutions démocratiques, Arielle Kayabaga, remporte un second mandat dans son fief de London-Ouest, tandis qu’à Guelph, l’ancienne conseillère municipale Dominique O’Rourke succède à Lloyd Longfield. Les deux élues libérales seront les deux représentantes francophones du Sud-Ouest au sein du caucus libéral de Mark Carney.

Siégeant à la Chambre des communes depuis 2021, Arielle Kayabaga briguait un deuxième mandat dans London-Ouest. Contrat rempli sans grand suspense pour l’élue libérale qui a devancé de plus de 11 000 voix son principal rival, le conservateur Adam Benni, avec 56,2 % des voix contre 37,1 %, selon les résultats non officiels provisoires.

Du côté de Guelph qui reste aux mains des libéraux, c’est une première victoire historique franco-ontarienne, Dominique O’Rourke creusant un écart de plus de 15 000 voix (54,6 %) sur le conservateur Gurvir Khaira (30,9 %).

Arielle Kayabaga réélue dans son fief de London-Ouest

Le Centre des loisirs Palasad South de London-Ouest, quartier général de campagne d’Arielle Kayabaga de cette soirée électorale, a fait salle comble. Arrivée vers 22 h après l’annonce des résultats, la députée réélue a été accueillie sous des trombes d’applaudissements.

Lors de sa première bataille fédérale, elle avait battu Rob Flack, l’actuel ministre provincial des Affaires municipales et du logement, devenant la première élue noire francophone de la Colline parlementaire.

« Je suis fière que les Canadiens de London-Ouest me fassent à nouveau confiance pour les représenter à Ottawa. Je suis fière du travail qu’on a fait et qu’on a promis. Les Canadiens ont décidé que c’était l’équipe de Mark Carney qui les conduirait vers un nouveau gouvernement », s’est-elle réjouie au micro d’ONFR après le dévoilement des résultats pour sa circonscription.

Nommée ministre des Institutions démocratiques dans le cabinet de Mark Carney en mars dernier, pour une période de neuf jours seulement avant le lancement des élections, il reste à savoir si elle fera de nouveau partie du prochain Conseil des ministres et, le cas échéant, au sein de quel ministère.

Les deux autres circonscriptions de la ville ont respectivement été remportées par le libéral Peter Fragiskatos pour London-Centre et le conservateur Kurt Holman pour London-Fanshawe.

Une première victoire franco-ontarienne à Guelph

L’autre victoire francophone de la soirée dans le Sud-Ouest est venue de la région de Waterloo avec Dominique O’Rourke, première Franco-Ontarienne à conquérir le siège de Guelph.

Cette conseillère municipale, anciennement vice-présidente du conseil d’administration de Groupe Média TFO, est la fondatrice du Réseau francophone de Guelph.

Elle affrontait ici sa première campagne fédérale avec la tâche de succéder à Lloyd Longfield. L’ancien président de la chambre de commerce de Guelph représentait depuis 2015 une circonscription sous pavillon libéral depuis plus de 30 ans.

Dominique O’Rourke après les résultats des élections. Photo : Gracieuseté

« Cette campagne a toujours été plus que de la politique. Il s’agissait de se battre pour notre souveraineté, l’accessibilité financière pour tous, l’action climatique, l’opportunité pour tous et la compassion. Il s’agissait de protéger ce que nous valorisons à Guelph et de construire un avenir plus fort et plus inclusif pour tous », a déclaré la nouvelle députée fédérale depuis son son fief de Guelph.

« Ce soir, nous célébrons. Demain, nous nous mettrons au travail. Je suis prête à servir tous les habitants de Guelph avec intégrité, compassion et détermination. Ensemble, nous construirons un avenir meilleur pour Guelph et pour le Canada. »

Les deux élues libérales, qui ont en commun d’avoir débuté leur carrière politique comme conseillères municipales dans leurs villes respectives, viendront grossir les rangs des députés hors Québec de langue française sur la Colline.

Ailleurs dans le Sud et l’Ouest

Les conservateurs de Dave Epp restent maitres de leur château fort Chatham-Kent-Leamington, comté qui englobe la localité historiquement très francophone de Pain Court.

Dans la région de Windsor, le libéral Irek Kusmierczyk perd son siège dans Windsor-Tecumseh-Lakeshore au profit de la conservatrice Kathy Borrelli. Même inversion pour Windsor-West où le néo-démocrate Brian Masse perd face au conservateur Harb Gill.

Le NPD ne détient plus aucune circonscription en Ontario, y compris dans la région de Hamilton où Matthew Green a cédé face au Parti libéral d’Aslam Rana dans Hamilton-Centre. Les libéraux s’adjugent au passageHamilton-West-Ancaster-Dundas et Hamilton-Mountain, tandis que les conservateurs se maintiennent dans Hamilton East-Stoney Creek.

Dans la région de Niagara, un changement de couleur politique dans l’une des deux circonscriptions les plus francophones : le libéral Vance Badaway se fait détrôner par le conservateur Fred Davies dans Niagara-South. Le député libéral Chris Bittle conserve, lui, St. Catharines.

Dans la région du Grand Toronto, encore une fois décisive dans ce scrutin fédéral, deux candidates libérales favorites sont également réélues : Karina Gould conserve le siège de Burlington et Chrystia Freeland celui de University-Rosedale.

Cet article a été mis à jour pour la dernière fois le 29 avril à 10h .

Raz-de-marée rouge dans l’Est de l’Ontario

Le Parti libéral du Canada a réussi un triplé dans l’Est ontarien, conservant haut la main ses bastions régionaux à l’issue des élections fédérales. Giovanna Mingarelli, Mona Fortier et Marie-France Lalonde ont respectivement remporté le scrutin dans Prescott–Russell–Cumberland, Ottawa–Vanier–Gloucester et Orléans.

Les électeurs de l’Est ontarien ont confirmé leur attachement au Parti libéral du Canada lors des élections fédérales. Les libéraux ont conservé leurs trois bastions régionaux : Prescott–Russell–Cumberland, Orléans et Ottawa–Vanier–Gloucester.

Giovanna Mingarelli l’emporte dans Prescott–Russell–Cumberland

Historique dans la nouvelle circonscription de Prescott–Russell–Cumberland, c’est une femme qui a remporté l’élection. Il s’agit de la libérale Giovanna Mingarelli qui s’est imposée avec 54,6 % des voix, contre 40,4 % pour sa rivale conservatrice, Julie Séguin, selon les résultats non officiels.

Elle est ainsi la première femme à représenter cette circonscription à la Chambre des communes. « J’en suis très fière », a-t-elle déclaré au moment de sa victoire, au micro d’ONFR. C’est historique non seulement pour moi, mais aussi toutes les femmes ici car ça ne s’est jamais produit ni au fédéral ni au provincial.

Mme Mingarelli est d’ailleurs très engagée pour une plus grande présence des femmes dans la vie politique au Canada, notamment par l’entremise de son travail au sein de l’organisme À voix égales.

L’élue, qui a basé sa campagne sur la préservation des industries locales face aux pressions économiques des États-Unis, promet de se « battre au Parlement pour défendre la circoncription contre les tarifs, protéger notre écononie et l’abordabilité ici à Prescott-Russell-Cumberland ».

Avant la dissolution, la région était représentée par le libéral Francis Drouin depuis 2015.

Dans la circonscption voisine de Stormont-Dundas-Glengarry, qui comprend la ville de Cornwall, le conservateur Eric Duncan s’impose avec 59,6 % des suffrages.

Mona Fortier reconduite dans Ottawa–Vanier–Gloucester

Dans la circonscription d’Ottawa–Vanier–Gloucester, où les électeurs votent libéral sans interruption depuis 1935, Mona Fortier a été réélue par 67,2 % des voix, contre 21,6 % pour le candidat conservateur Dean Wythe. 

« Cette élection portait sur la défense de nos valeurs, de nos idéaux et de notre mode de vie, et c’est exactement ce que nous avons accompli ce soir, a lancé l’élue ottavienne devant ses partisans et sur le réseau social X. Je suis profondément reconnaissante de votre confiance renouvelée, et j’ai hâte de retourner au travail pour bâtir. »

En 2021, Mona Fortier avait remporté 49 % des suffrages. Gracieuseté

Il s’agit du quatrième mandat pour Mme Fortier qui avait axé ses priorités locales sur la crise du logement, ainsi que sur un renforcement de la fonction publique, moteur économique majeur de la région. 

Élue dans cette circonscription en 2017, elle avait été reconduite en 2019, alors nommée ministre de la Prospérité de la classe moyenne et ministre associée des Finances, puis en 2021.

Marie-France Lalonde rempile à Orléans

À Orléans, Marie-France Lalonde a conservé le siège libéral avec 66,8 % des voix face au conservateur Steve Mansour, crédité de 28,4 %. Plus de 25 000 voix les séparent, selon le comptage d’Élections Canada.

Remerciant la communauté d’Orléans de lui avoir accordé sa confiance, Marie-France Lalonde a déclaré à l’issue de sa réélection : « C’est une responsabilité et un devoir que je prends très au sérieux.
À chaque porte, à chaque appel téléphonique, j’ai entendu à plusieurs reprises que nous vivons
une période différente. Il s’agit d’une élection importante à un moment critique pour notre pays. »

Au cours de sa campagne, cette ancienne ministre des Affaires francophones de l’Ontario a mis l’accent sur plusieurs enjeux locaux.

Marie-France Lalonde a conservé le siège libéral à Orléans. Gracieuseté

Ailleurs dans la région de la capitale fédérale, les libéraux ont tout raflé. Sont élus : le chef Mark Carney dans Nepean, le ministre sortant de la Sécurét publique David McGuinty (Ottawa-Sud), Bruce Fanjoy, tombeur du chef conservateur Poilievre dans Carleton, Yasir Naqvi (Ottawa-Centre), Anita Vandenbeld (Ottawa-Ouest-Nepean) ainsi que Jenna Sudds dans Kanata.

Cet article a été mis à jour pour la dernière fois le 29 avril à 13 h 42.

Le gouvernement libéral de Mark Carney sera minoritaire

OTTAWA – Mark Carney et le Parti libéral formeront un gouvernement minoritaire, selon les résultats officiels confirmés ce mardi après-midi par Élections Canada.

Avec 169 sièges, les libéraux sont tout juste à court des 172 banquettes à la Chambre des communes nécessaires à une majorité. Les résultats finaux d’Élections Canada confirment le portrait suivant : 169 sièges pour les libéraux, 144 pour les conservateurs, 22 pour le Bloc québécois, 7 pour les néo-démocrates et 1 pour les verts. Au niveau national, cela se traduit par 43,7 % des suffrages aux libéraux, contre 41,3 % pour les conservateurs et enfin 6,3 % pour le NPD.

En triomphe devant ses militants libéraux lundi soir, Mark Carney a réitéré son message principal de la campagne : la bataille tarifaire avec les États-Unis. Il s’est par ailleurs entretenu avec le président américain mardi. Les deux hommes ont « convenu de se rencontrer en personne dans un avenir proche », selon un compte rendu du bureau du premier ministre.

« Lorsque nous sommes menacés, nous allons nous battre », avait-il lancé en direct d’une aréna au centre-ville d’Ottawa où étaient réunis les militants libéraux lundi soir.

« Quand je vais m’assoir avec le président Trump, ça va être pour discuter de notre future relation économique et sécuritaire entre deux nations souveraines, reconnaissant que nous disposons de nombreuses autres options que les États-Unis pour bâtir la prospérité de tous les Canadiens », avait averti celui qui s’est aussi entretenu avec le président français Emmanuel Macron au lendemain de sa victoire.

M. Carney a aussi insisté sur l’importance d’« être humble », concédant qu’il commettrait des erreurs, mais qu’il n’aurait pas peur de « les admettre et de les corriger », en plus de saluer le parcours des chefs de l’opposition durant cette campagne.

« Des millions de nos concitoyens auraient préféré un résultat différent. Mon message à tous les Canadiens est le suivant : peu importe où que vous habitiez, quelle que soit votre langue, quel que soit votre vote, je ferai toujours de mon mieux pour représenter tous ceux qui vivent au Canada », a-t-il dit.

Cette victoire libérale fait suite à une campagne de 36 jours déclenchée par Mark Carney à la fin mars, deux semaines seulement après son élection à titre de chef du Parti libéral du Canada. L’ex-gouverneur de la Banque du Canada avait brièvement occupé le rôle de premier ministre pendant une dizaine de jours avant d’embarquer dans une campagne électorale marquée par la guerre tarifaire avec les États-Unis.

Le premier ministre canadien Mark Carney sur scène dans son quartier général de campagne après la victoire du Parti libéral aux élections canadiennes à Ottawa. Photo : La Presse canadienne/Justin Tang

Le chef libéral a été élu dans Nepean et plusieurs de ses ex-ministres ont conservé leurs sièges sans grande difficulté. Parmi eux : François-Philippe Champagne, Dominic LeBlanc, Steven Guilbeault, Ginette Petitpas Taylor, Marc Miller et Chrystia Freeland entre autres conservent leurs positions à la Chambre des communes.

Défait dans son comté, Poilievre entend rester chef

Dans son discours de défaite, au même moment, alors qu’on ignorait s’il serait en mesure de conserver son siège dans Carleton, Pierre Poilievre s’est engagé à rester leader. Quelques heures plus tard mardi matin, il perdait son siège dans cette circonscription en banlieue d’Ottawa au profit du libéral Bruce Fanjoy.

« Ça serait un grand honneur de continuer de me battre pour vous parce que c’est un honneur d’être votre voix, c’est un honneur de me battre pour les valeurs conservatrices pour lesquelles vous avez voté, a-t-il lancé devant ses militants réunis à Ottawa, admettant que « nous devons tirer les leçons de ce soir ».

Anaida Poilievre assiste au discours du chef conservateur Pierre Poilievre, le mardi 29 avril 2025 à Ottawa. Photo : La Presse canadienne/Adrian Wyld

Il a concédé la défaite à Mark Carney, tout en avertissant qu’il continuerait à demander des comptes aux libéraux, et ce d’autant plus que ce gouvernement minoritaire aura une faible marge.

« Nous avons gagné plus de 20 sièges par rapport aux précédentes élections. Nous avons empêché les libéraux et le NPD de former un gouvernement de coalition, mais nous ne sommes pas encore à la ligne d’arrivée. Le changement prend du temps », a déclaré M. Poilievre.

Enfin, « le Bloc québécois a fait une campagne de cœur, de passion, à la hauteur de ce que sont des Québécois », a fait valoir le chef Yves-François Blanchet, réélu dans Belœil-Chambly, indiquant que son parti était en mesure d’influencer la politique du prochain gouvernement. »

Ces électeurs qui se rendent aux urnes pour la première fois

ONTARIO – Des millions de Canadiens sont appelés aux urnes ce lundi pour élire le prochain gouvernement. Parmi eux, de nouveaux électeurs qui iront faire entendre leurs voix dans ce scrutin que beaucoup présentent comme étant le plus important de l’histoire du pays.

Abby Baker habite à Longlac, dans le nord-ouest de l’Ontario et vient de fêter ses 18 ans. Elle est allée voter par anticipation, comme plus de sept autres millions de Canadiens. « Mon vote est vraiment important, pour représenter les jeunes dans cette élection », croit la jeune Franco-Ontarienne.

L’accès aux services et à l’éducation en français en milieu minoritaire est, selon elle, un critère essentiel et ce qui l’a déterminé à choisir le parti pour lequel elle a voté.

« Si tu t’en vas prendre un café au Tim Hortons ou autre, la moitié du temps, tu n’as pas le droit à un service en français. C’est vraiment un hit and miss, et je n’aime vraiment pas ça. Je trouve ça vraiment plate pour du monde qui ne parle qu’en français. »

Abby Baker a grandi au sein d’une famille anglophone qui a tenu à l’inscrire dans une école francophone afin de lui offrir les meilleures perspectives d’emploi. Photo : Gracieuseté de Abby Baker

Mélanie Denis-Plante, une autre jeune femme de 18 ans, était très nerveuse lors de son premier vote, mais s’est sentie soutenue par le personnel, majoritairement francophone, présent dans le bureau d’Élections Canada.

« À la fin, lorsque j’ai fini de voter, ils ont tous applaudi parce que c’était ma première fois et que j’avais bien réussi », rapporte celle qui est originaire de Hanmer, dans la région de Sudbury.

Pour elle aussi, l’un des critères les plus importants pour cette élection est d’élire un premier ministre qui a à cœur la francophonie : « Oui, il y a encore des francophones, mais c’est vraiment une langue qui devient de moins en moins parlée. Alors il faut quelqu’un qui sera là pour nous défendre et défendre nos droits de francophones ».

Avoir une sœur travaillant comme page à la Chambre des communes a incité Mélanie Denis-Plante à s’intéresser à la politique. Photo :  Paul De La Riva

Tarifs américains et course à deux

Selon le politologue Peter Graefe, le fait qu’il y ait eu plus de 25 % de votants supplémentaires lors du scrutin par anticipation que lors de celui de 2021, est en grande partie lié à la menace tarifaire venant du sud.

« C’est quand même une question assez anthologique et fondamentale qui provoque une réponse, en particulier chez les gens qui ont tendance à ne pas suivre la chose politique. »

« C’est vraiment important que tout le monde vote, car c’est ce nouveau gouvernement-là qui va nous diriger durant cette crise », confie Abby Baker.

Peter Graefe, politologue à l’Université McMaster. Photo : Gracieuseté de Peter Graefe

« Même sans la question de M. Trump, il y a quand même un investissement émotionnel assez important, qu’on cherche soit à remplacer un gouvernement libéral à tout prix, ou qu’on cherche à éviter l’élection de M. Poilievre et d’un Parti conservateur à tout prix », ajoute le professeur de sciences politiques à l’Université McMaster de Hamilton.

Déménager si les libéraux l’emportent

C’est le cas de la famille Mallette, de Sudbury, qui ne se souvient pas de la dernière fois qu’elle s’est rendue aux urnes : « Ça ne sert à rien, peu importe celui qui gagne, il ne fait que ce qu’il veut anyway ».

Il ne fait aucun doute dans la tête de chacun des membres de cette famille qu’ils voteront pour contrer les libéraux et soutenir le seul parti qui a une chance de les faire plier : les conservateurs de Pierre Poilievre.

« Ça fait 10 ans qu’ils n’ont rien fait de bon, notre pays est fini. On a plein de villages de tentes, trop d’immigrants, trop d’attente pour se faire soigner et pour tout en général », justifie la mère de famille, Mona Langis Mallette.

La famille Mallette se rend régulièrement aux événements organisés au park Bell et au centre commercial de Sudbury visant à manifester contre les libéraux. Photo : Gracieuseté de Mona Langis Mallette

Son époux, Louis Mallette va même jusqu’à confier que si les libéraux gagnent les élections, toute la famille déménagera dans l’Ouest canadien, en Alberta, car c’est une province acquise aux conservateurs.

En outre, pour ce couple de retraités, le fait que la campagne ait été axée autour de la guerre commerciale avec les États-Unis et les menaces d’annexion est un gâchis : « Ça ne m’énerve pas en tout ça en tout cas. Ça peut bien réveiller des Canadiens. »

Sentiment d’appartenance

Parmi les nouveaux votants, il y a aussi ceux qui sont récemment devenus citoyens et qui tiennent à se rendre aux urnes pour faire valoir leur voix.

C’est le cas de la Torontoise Melissa Pinto qui a obtenu la citoyenneté canadienne en juin 2023 et qui a même décidé de travailler dans les bureaux de vote d’Élections Canada.

Melissa Pinto estime qu’il est important de se rendre aux urnes, en partie parce que les femmes ont dû se battre pour obtenir le droit de vote. Photo : Gracieuseté de Melissa Pinto

« Quand j’ai eu ma citoyenneté, je voulais être investie dans la vie politique et je me suis dit, pourquoi ne pas travailler aux élections? Je me suis dit que je devais faire mon devoir de citoyenne, pour la démocratie. »

Pour la trentenaire, cette première fois aux urnes a une saveur particulière : « C’est d’autant plus important parce qu’il y a quand même un enjeu vraiment important au niveau des relations avec les États-Unis, ce qui m’a déjà impactée étant donné que j’ai perdu mon travail, il y a un mois. »

Si la jeune femme ne sait pas encore pour quel parti ira son vote, celle-ci est sûre d’une chose : elle ne votera pas pour les conservateurs.

Les Canadiens appelés aux urnes : voici ce qui est à surveiller en Ontario français

C’est jour de vote au pays alors que les Canadiens sont appelés aux urnes dans les 343 comtés du Canada. Voici ce qu’il y a à surveiller en ce jour de vote fédéral, plus spécifiquement en Ontario français.

Il s’agit de la dernière journée de cette campagne électorale de 36 jours, déclenchée le 28 mars et marquée par la guerre tarifaire avec les États-Unis.

Comment voter : les électeurs doivent se rendre à un bureau de vote. Pour déterminer l’endroit, ils peuvent consulter le site d’Élections Canada afin de trouver leur bureau de vote selon leur code postal. Cette information est également inscrite sur la carte d’information de l’électeur, reçue par la poste. Il est nécessaire d’avoir une pièce d’identité gouvernementale pour voter, comme un permis de conduire ou toute autre carte délivrée par un gouvernement canadien.

Sans carte d’identité, il est possible pour un électeur d’exercer son droit de vote s’il établit son identité et son adresse en faisant une déclaration par écrit, en plus de demander à une personne d’être son répondant.

Heures d’ouverture : En Ontario, les bureaux de vote sont ouvert de 9 h 30 à 21 h 30, heure avancée de l’Est (HAE), même pour les circonscriptions de Kenora—Kiiwetinoong et Thunder Bay-Rainy River, dans le nord-ouest de la province, qui chevauchent deux fuseaux horaires.

Taux de participation : une première en 30 ans?

Les premières données indiquent que le taux de participation pourrait être l’un des plus élevés depuis le début du siècle, alors que tous les scrutins généraux ont oscillé entre 58 % et 68,3 %.

Selon les données préliminaires, 7,3 millions d’électeurs ont voté par anticipation à cette élection générale. Il s’agit d’une hausse de 25 % par rapport à l’élection générale de 2021, à laquelle 5,8 millions d’électeurs avaient voté par anticipation. La dernière fois que le taux de participation avait dépassé la barre des 70 %, c’était en 1992 avec 71,8 %.

C’est dans le comté du chef conservateur Pierre Poilievre, Carleton, que le nombre d’électeurs par anticipation a été le plus élevé au pays, avec 43 394.

Ailleurs dans la région ottavienne, l’Est ontarien (avec 28 452 électeurs dans Prescott-Russell-Cumberland), Orléans (27 873) et Ottawa-Centre (32 604) se retrouvent aussi au rang des comtés ayant eu un haut taux de participation dans la semaine précédant l’élection.

Ontario français : les libéraux en bonne position

Nord :

En Ontario français, ONFR surveillera les comtés du nord de l’Ontario comme Sudbury, Sudbury-Est-Manitoulin-Nickel Belt et Kapuskasing-Timmins-Mushkegowuk. Ce dernier risque notamment d’être une chaude lutte à trois entre les libéraux, les conservateurs et les néo-démocrates.

Ce comté, qui était divisé en deux avant le redécoupage de la carte électorale, a appartenu aux néo-démocrates pendant plus de deux décennies. Cette fois, les conservateurs pourraient réussir à s’imposer, à l’image de leurs homologues provinciaux. La faiblesse du vote néo-démocrate à l’échelle nationale pourrait aussi favoriser les libéraux.

Les deux comtés de la région de Sudbury sont dans les mains des libéraux depuis près de 10 ans, mais lors de la dernière élection fédérale, en 2021, les candidats conservateurs ont récolté parmi les meilleurs résultats de leur parti dans l’histoire des deux circonscriptions. La visite du chef Pierre Poilievre dans la région samedi pourrait bien prouver qu’il y aura une chaude course lundi soir.

Dans Nipissing-Timiskaming, la mairesse de East Ferris, Pauline Rochefort, est la favorite pour conserver ce siège entre les mains des troupes de Mark Carney, selon le site d’agrégateur de sondages de 338 Canada.

Ottawa : danger pour Pierre Poilievre?

Les libéraux devraient conserver leurs fiefs francophones de la région, à en croire 338 Canada. Les Franco-Ontariennes Mona Fortier et Marie-France Lalonde, respectivement candidates dans Ottawa-Vanier-Gloucester et Orléans, risquent de conserver ces deux châteaux forts libéraux.

Plus à l’est, dans Prescott-Russell-Cumberland, la recrue libérale Giovanna Mingarelli possède les plus grandes chances pour conserver le seul comté majoritairement francophone de la province, rouge depuis 2015. Les circonscriptions des deux principaux chefs de parti retiendront aussi l’attention, Mark Carney se présentant dans Nepean et Pierre Poilievre, dans Carleton.

Le Toronto Star et le Globe and Mail ont récemment rapporté que des membres du personnel conservateur ont été dépêchés dans la circonscription du chef en raison de crainte de le voir perdre son siège.

Nicolas St-Pierre : « L’occasion d’écrire une page d’histoire est bien réelle pour les Sénateurs »

[ENTREVUE EXPRESS]

QUI 

Nicolas St-Pierre est le descripteur officiel des matchs des Sénateurs d’Ottawa sur Unique FM. Passionné de hockey et véritable voix de la francophonie sportive en Ontario, il couvre avec rigueur et émotion les performances des Sénateurs. Avec son style vivant, ses analyses précises et sa grande connaissance du jeu, Nicolas St-Pierre est devenu une référence pour les amateurs de hockey francophones de la région.

LE CONTEXTE

De retour en série éliminatoire de la LNH pour la première fois depuis sept ans, les Sénateurs d’Ottawa sont opposés aux Maple Leafs de Toronto dans la Bataille de l’Ontario. Grands favoris, les Torontois ont pris les devants 3-0 dans la série avec deux victoires similaires en prolongation lors des matchs 2 et 3, où ils ont inscrit le but victorieux après un score de deux partout au terme du temps réglementaire. 

L’ENJEU

Dos au mur samedi soir, les Ottaviens ont évité le coup de balai (défaite 4-0) dans un scénario similaire. C’est, cette fois-ci, sur le score de 3-3 que les deux équipes sont allées en prolongation, mais c’est un but de Jake Sanderson pour les Sens qui a permis à Ottawa de rester en vie dans la série et de s’envoler pour Toronto afin de disputer une cinquième manche à l’aréna Scotiabank mardi 29 avril.

« Comment avez-vous vécu ce match 4 en tant que descripteur, notamment avec cette prolongation qui a rappelé les scénarios précédents?

Tout à fait, avec les deux matchs précédents terminés en prolongation du mauvais côté, il y avait une certaine appréhension. En séries, la prolongation est souvent un pile ou face. Avant le match 4, même les Sénateurs reconnaissaient qu’à 3-0, cela aurait aussi bien pu être 2-1 pour eux, tant les écarts étaient minces. J’ai vécu ce match de manière intense. Cela faisait longtemps que je n’avais pas ressenti une telle énergie en séries : le pré-match, l’ambiance, la foule… ça donne des frissons.

Quand la prolongation s’est amorcée, je me suis demandé si Ottawa allait encore subir le même sort, mais non. J’ai aimé la manière dont les Sénateurs ont joué : plus sûrs d’eux, déterminés, même contre une défensive torontoise extrêmement solide. Chapeau aux Leafs, mais Ottawa a mis les bottes de travail, et chaque opportunité a été maximisée. Cette victoire redonne confiance à l’équipe pour la suite de la série.

Comment analysez-vous cette série dans son ensemble, alors que le 3-0 initial ne reflétait pas totalement la réalité sur la glace?

La beauté d’une série 4 de 7, c’est qu’il faut gagner quatre fois, et décrocher la quatrième victoire est souvent le plus difficile. Avant le match d’hier, Toronto voulait clairement conclure rapidement. Maintenant, Ottawa commence à s’installer dans leur esprit. Les Sénateurs ont progressé dans des aspects critiques comme le désavantage numérique et les mises en jeu. Ce sont de petites victoires qui érodent la confiance de l’adversaire. Sans dire que ce sera facile, il y a désormais un doute du côté des Leafs. Si Ottawa parvient à forcer un match 6, toute la pression retombera sur Toronto, qui ressent déjà un énorme poids. À ce stade, l’avantage psychologique penche en faveur des Sénateurs.

La pression historique qui entoure Toronto, avec plusieurs échecs passés en séries, peut-elle jouer dans cette confrontation?

Absolument. Les Matthews, Marner et Nylander, qui portent ce maillot depuis plusieurs années, ressentent ce lourd héritage. Cela fait près d’une décennie que les Leafs sont censés tout gagner, et ils se sont systématiquement heurtés à un mur. Ils sont jugés uniquement sur leur performance en séries, et non sur leur saison régulière. Cela génère une pression colossale. On doit néanmoins souligner le travail du coach Craig Berube, qui semble avoir établi une très bonne relation avec son vestiaire. Mais malgré cela, mardi, l’environnement et les attentes du public torontois vont ajouter une pression supplémentaire énorme.

Selon vous, quelles seront les clés pour Ottawa afin de remporter le match 5?

Il faudra élever encore d’un cran l’intensité physique. Fabian Zetterlund m’avait confié avant le match 4 qu’il faudrait multiplier les efforts encore davantage pour ouvrir des lignes de tir. Cela veut dire accepter les coups devant le filet, aller au contact sans hésiter. Ridly Greig a montré l’exemple, mais il faudra que tout le groupe suive. Le trafic devant Stolarz est essentiel : on a vu hier qu’en le gênant davantage, il pouvait être ébranlé. Ce ne sera pas simple face à une équipe aussi structurée que Toronto, mais en ramenant plus de rondelles au filet et en s’imposant physiquement dans la zone dangereuse, Ottawa se donnera une réelle chance.

Nicolas St-Pierre est au cœur de l’action, il échange régulièrement avec les joueurs et le personnel d’entraîneurs des Sens. Photo : gracieuseté de Nicolas St-Pierre

Comment évaluez-vous la performance du natif de Hearst, Claude Giroux depuis le début de la série?

Claude Giroux fait un excellent travail. Il apporte toute son expérience et son leadership, essentiels dans un jeune groupe comme celui des Sénateurs. Même si les débuts au cercle de mise en jeu ont été difficiles dans cette série, il a rectifié le tir au match 4. Giroux reste l’un des meilleurs dans cet exercice en Ligue nationale. Son implication, son discours dans le vestiaire et sa capacité à guider les jeunes sont précieux. Il reste dangereux offensivement, comme en témoigne son but lors du match 3. Clairement, il est au sommet de la pyramide du leadership dans cette équipe et, suivant Claude depuis 2007, je sais à quel point il a encore cette flamme pour continuer.

Comment décririez-vous l’ambiance au Canadian Tire Centre pendant les séries, notamment face à la présence des partisans adverses?

Il y avait beaucoup d’appréhensions, car historiquement, les partisans des Canadiens ou des Maple Leafs étaient souvent majoritaires. Mais cette année, pour la première fois depuis longtemps, les fans des Sénateurs se sont vraiment approprié leur amphithéâtre. Lors du match 3, l’ambiance était électrique, intimidante pour Toronto. Certes, après la défaite, quelques billets ont changé de main et on a vu plus de chandails bleus au match 4. Mais globalement, les Sénateurs se sentent chez eux : l’énergie est au rendez-vous et cela donne énormément de force aux joueurs.

Jusqu’où pensez-vous que les Sénateurs peuvent pousser les Maple Leafs?

L’état d’esprit est de ne pas regarder toute la montagne, mais de franchir un palier à la fois. Mardi, l’objectif sera de gagner les petites batailles, tranche de cinq minutes par tranche de cinq minutes. Les Sénateurs ont les outils pour rivaliser. En saison régulière, ils ont démontré qu’ils pouvaient battre Toronto. Il faut revenir à cette recette et s’accrocher. Ils ont une vraie opportunité de sortir vainqueurs de Toronto et de provoquer un match 6. Ce ne sera pas facile, mais c’est tout à fait possible.

En NHL, est-il courant de réussir une remontée après avoir été mené 0-3 dans une série?

Non, c’est extrêmement rare. Cela s’est produit seulement quatre fois dans l’histoire. Claude Giroux faisait justement partie d’une de ces équipes, les Flyers de Philadelphie en 2010 contre Boston. C’est une expérience précieuse pour Ottawa aujourd’hui, car Giroux peut partager son vécu avec ses coéquipiers. Les chances sont minces, mais elles existent. L’occasion d’écrire une page d’histoire est bien réelle pour les Sénateurs. »

Élections fédérales : un balado pour aller à l’essentiel

La campagne électorale touche à sa fin. Dans le secret des urnes, des millions de Canadiens vont choisir, ce lundi, le député qui représentera leur circonscription à la Chambre des communes pour les quatre ans à venir. Au cours des derniers jours, ONFR a décrypté les enjeux francophones d’un océan à l’autre, en invitant experts et candidats de tous bords au micro de la mordue de politique Stéphanie Chouinard. Sept épisodes à revivre ici.

Dans le premier épisode, on s’intéresse aux différentes dynamiques à l’œuvre dans l’est du pays, notamment au Nouveau-Brunswick, une des provinces les plus dépendantes de l’économie américaine. Gabriel Arseneault, professeur agrégé en science politique à l’École des hautes études publiques de l’Université de Moncton, revient sur la façon de voter des francophones dans l’histoire et du poids des Acadiens au Parlement.

De l’Acadie aux Prairies, cap sur Edmonton, dans l’Ouest canadien, dans une deuxième partie. L’unité du pays est-elle en jeu? Quel impact a pu avoir la première ministre conservatrice de la province sur la campagne? Quels sont les espoirs et priorités des francophones de l’Ouest? Frédéric Boily, professeur de au Campus Saint-Jean de l’Université de l’Alberta à Edmonton, apporte son éclairage.

L’épisode 2 nous emmène en Ontario où Luc Turgeon, professeur de Science politique de l’Université d’Ottawa, relate le renversement de situation qui s’est produit entre l’automne dernier et les bouleversements tarifaires américain qui a rebattu les cartes. Il revient entre autres sur l’influence de Doug Ford, le poids électoral des banlieues torontoises et le soutien actif de la ministre des Affaires francophones au chef Pierre Poilievre.

Le Québec complète le menu de ce deuxième épisode avec l’expertise de Daniel Béland, directeur de l’Institut d’études canadiennes de McGill. Tout y passe : le bilinguisme de Mark Carney, les intérêts divergents des francophones du Québec et hors Québec, les relations avec les États-Unis, le fédéralisme et la souveraineté canadienne versus le désir d’autonomie provinciale, la course du Bloc québécois…

Après l’analyse des experts dans les deux premiers épisodes, Stéphanie Chouinard entame une tournée des partis en commençant par le Nouveau Parti démocratique avec François Choquette. Le candidat dans Drummond (Québec) défend la taxation des ultrariches, la création d’un régime universel d’assurance médicaments et des investissements dans le postsecondaire en français.

Celui qui est aussi un ancien député fédéral évoque les engagements de son parti en faveur des langues officielles et la ferme intention de son parti d’augmenter le financement de base des institutions postsecondaires.

Même si les francophones hors Québec ne sont pas l’auditoire principal du Bloc québécois, Mario Beaulieu, le député sortant de La Pointe-de-l’Île (Montréal) trace des lignes de solidarité et revient longuement sur la Loi sur les langues officielles, ayant lui-même été au cœur de son processus de modernisation.

« Il reste un immense travail à faire », selon le porte-parole du Bloc québécois sur les langues officielles. « La Loi va continuer à nuire au Québec (…) On a quand même appuyé C-13 pour les francophones hors Québec par solidarité. »

« Le Parti conservateur s’engage à accélérer le processus (d’application de la Loi sur les langues officielles) pour que le commissaire ait les pleins pouvoirs », affirme Joël Godin au micro d’ONFR. Le député conservateur sortant de Portneuf-Jacques-Cartier décrit dans notre épisode 5 une situation « inacceptable », trois ans après la modernisation de la Loi.

Il clarifie aussi la position de son parti sur le définancement de la CBC sans impacter Radio-Canada, et revient sur la cible de 20 % d’immigration francophone annoncée lors du débat télévisé en français, une cible supérieure à celle réclamée par la Fédération des communautés francophones et acadienne (FCFA).

Au centre de l’épisode 6, Jonathan Pedneault, cochef du Parti vert évoque la nécessité d’une ambition plus forte en matière d’immigration francophone pour soutenir les besoins des communautés hors Québec. Il rappelle en outre qu’« au travers des communautés anglophones, le français n’est pas assez valorisée et on continue d’avoir un manque crucial de bilinguisme au niveau des institutions fédérales ».

Quelle que soit l’issue du scrutin, M. Pedneault affirme qu’il mettra la pression sur le prochain gouvernement fédéral pour que le financement soit à la hauteur en matière de langues officielles, mais aussi au niveau de l’éducation et du postsecondaire.

Dernier invité de notre balado politique, le candidat libéral sortant de Laurier-Sainte-Marie, Steven Guilbeault s’explique sur la dénomination de son ministère (Culture et Identité canadiennes) qui « efface » le titre des Langues officielles dont il a également la charge et qui a créé des incompréhensions.

Il évoque le financement du Plan d’action pour les langues officielles : « Si je reviens a ce poste je consulterais les organisations à travers le pays (…). Des ajustements sont nécessaires ». Dans le dossier des langues autochtones, il concède qu’il reste beaucoup de travail à faire pour arrimer la question de la réconciliation à celle des langues officielles.

Pierre Poilievre à Sudbury, moins de 48h avant le scrutin fédéral

SUDBURY – Le chef conservateur était de passage à Sudbury samedi soir pour la première et dernière fois de la campagne. À moins de 48h du scrutin fédéral, Pierre Poilievre tente une dernière opération séduction dans cette circonscription qui demeure un château fort libéral.

Cette visite, bien que courte, est la septième qu’il a effectuée depuis qu’il est devenu chef du Parti conservateur depuis septembre 2022 et la toute première depuis le déclenchement de la campagne électorale fédérale le 23 mars.

Cet arrêt intitulé Whistle stop for change (Arrêt pour le changement), intervient deux jours après la dernière conférence de presse du chef conservateur à Halifax, en Nouvelle-Écosse, et juste après un autre arrêt en Colombie-Britannique.

Le candidat conservateur de Sudbury, Ian Symington, a présenté Pierre Poilievre comme un ami de longue date et le futur premier ministre. Photo : ONFR TFO/Inès Rebei

La foule présente sur le site de l’aéroport de Sudbury a accueilli en grande pompe le leader des conservateurs, qui est arrivé plus d’une heure et demie après l’heure prévue due à un retard de son avion qui décollait de Vancouver.

Enjeux du Nord

Le message qu’il a martelé était très clairement articulé autour du changement, et a généré de nombreuses réactions dans la salle. Utilisant les engagements de sa plateforme, celui-ci a réitéré son intention d’accélérer les projets d’exploration minière ou encore de construction de logements et de routes.

C’est lorsqu’il a abordé la question de la chasse qu’il a recueilli le plus d’applaudissements, sans surprise puisqu’il s’agit d’un des enjeux les plus importants pour la région.

Les partisans étaient réunis en grand nombre dans un entrepôt sur le tarmac de l’aéroport du Grand Sudbury. Photo : ONFR TFO/Inès Rebei

Lors de son dernier passage à Sudbury, le 19 mars dernier, Pierre Poilievre avait donné une conférence de presse dans laquelle il annonçait que son gouvernement accorderait tous les permis fédéraux nécessaires pour l’exploitation de l’important gisement minier du Cercle de feu, à l’intérieur d’un mois.

Convaincre les indécis

Les dernières projections de l’agrégateur de sondage pour la circonscription de Sudbury, 338 Canada, donnent une avance aux libéraux qui seraient à 53 % des intentions de vote tandis que cette donnée se chiffre à 32 % pour les conservateurs.

Cet arrêt dans la ville du nickel pourrait être une dernière tentative du leader politique de convaincre les indécis et ceux qui n’ont pas encore voté de pencher vers le vote bleu lors du scrutin de lundi.

Les communications du parti aux membres invitaient d’ailleurs les partisans à amener des membres de leur famille et des amis au rassemblement.

Pierre Poilievre, qui se tenait debout sur une camionnette, a beaucoup interagi avec la foule, ayant même une discussion avec une partisane en plein milieu de son discours. Photo : ONFR TFO/Inès Rebei

En outre, dans son allocution, Pierre Poilievre a lancé une invitation directe à l’assistance de demander à leur entourage de voter pour les candidats locaux, à Sudbury-Est–Manitoulin–Nickel Belt, Sudbury et même Nipissing-Timiskaming.

Ceux-ci étaient d’ailleurs présents dans la salle et ont également offert un discours, eux qui sont tous talonnés par leurs adversaires libéraux dans leur circonscription respective.

Pierre Poilievre est le seul chef à avoir été dans la ville du nickel lors de cette campagne fédérale éclair de 36 jours. Jagmeet Singh, chef du Nouveau Parti démocratique, était quant à lui à Timmins le 13 avril, et Mark Carney, premier ministre et chef du Parti libéral, à Sault Ste. Marie vendredi.

Les partisans optimistes

Parmi ceux qui ont fait le déplacement ce samedi soir, on compte quelques francophones, dont certaines figures publiques.

« Regardez M. Carney, il a éliminé le ministre des aînés, le ministre des femmes et celui des Langues officielles »
— Evelyn Dutrisac

« On a besoin de changement. Les gens ont peur, le déficit est tellement élevé, la classe moyenne n’existe plus, tout est devenu trop cher », confie Evelyn Dutrisac, citoyenne de Chelmsford, dans le Grand Sudbury.

Celle qui a été conseillère du Grand Sudbury et candidate à la mairie de la ville croit que les nombreux déplacements du chef conservateur dans la ville de Sudbury sont un signal positif pour le Nord.

Evelyn Dutrisac a déjà voté par anticipation. Photo : ONFR TFO/Inès Rebei

« Regardez M. Carney, il a éliminé le ministre des aînés, le ministre des femmes et celui des Langues officielles, alors quel espoir pourrai-je avoir, moi, en tant que femme, francophone et personne âgée? », ajoute-t-elle.

« Ça n’a pas de sens quand on sait qu’on va constituer un quart de la population d’ici 2030. J’ai peur et je veux garder ma culture. »

Chuck Labelle, chanteur franco-ontarien bien reconnu de Sudbury, abonde dans le sens de la retraitée : « Je suis là parce que je veux m’assurer que les libéraux ne reviennent jamais au pouvoir. Je suis tellement écœuré de tout ce qui se passe. »

« Je ne suis pas beaucoup impliqué dans la politique, mais quand je vois un banquier arriver au pouvoir sans être élu, c’est très décevant. Cette histoire avec les États-Unis ça n’a rien à voir avec nous, on fait croire aux gens que c’est une grosse affaire, mais c’est niaiseux », précise celui qu’on surnomme le cowboy franco-ontarien.

Le candidat Jim Belanger est un entrepreneur très connu de Sudbury. Photo : ONFR TFO/Inès Rebei

« Notre monsieur »

Patricia Pelto est bénévole pour la campagne du candidat de Sudbury-Est–Manitoulin–Nickel Belt, Jim Belanger, et l’a accompagné lors de plusieurs porte-à-porte.

La citoyenne d’Azilda est convaincue que M. Bélanger est le meilleur représentant pour les francophones : « Jim Belanger est francophone et a à cœur la cause du français ».

Selon la Franco-Ontarienne, le chef conservateur est lui aussi le meilleur défenseur des francophones et sa présence à Sudbury saura faire pencher la balance à la faveur des bleus. Le Parti conservateur n’a pas remporté la circonscription de Sudbury depuis 1924.

Patricia Pelto est venue soutenir le candidat Jim Belanger de Sudbury. Photo : ONFR TFO/Inès Rebei

« Pierre Poilievre, c’est notre monsieur, c’est lui qui va nous amener la vague bleue, clame la retraitée. Je suis certaine qu’il va gagner et qu’il va nous écouter. »

M. Labelle est du même avis : « Pierre Poilievre a une bonne énergie, il tient bien le coup. »

Le chef conservateur fera plusieurs arrêts dans le sud de l’Ontario ce dimanche pour le dernier jour de la campagne, notamment à Oakville et Cambridge et dans son propre comté de Carleton, en banlieue d’Ottawa.

Élections fédérales : les libéraux défendent leur bilan en francophonie

Le jour du vote approche et ONFR vous accompagne dans ces ultimes heures de réflexion. Dernier invité de notre balado politique : Steven Guilbeault, le député libéral sortant de Laurier-Sainte-Marie (Québec). Plus récemment nommé ministre de la Culture et de l’Identité canadiennes, qui contiennent le portfolio des Langues officielles, il défend la vision de son parti au micro de Stéphanie Chouinard. Un face-à-face qui gravite autour des enjeux tarifaires, de la croissance économique et de la francophonie.

Le français, un outil de différenciation par rapport aux États-Unis, selon le Parti vert du Canada

Jonathan Pedneault, cochef du Parti vert du Canada, répond aux questions de Stéphanie Chouinard. Action climatique, justice économique, logement abordable ou encore nouvelle loi sur les langues officielles… Comment le parti tente-t-il de se distinguer dans les derniers jours de campagne électorale? La réponse dans ce nouvel épisode du balado politique d’ONFR.


Jeunes et politique : qui représente la nouvelle génération?

Ce 28 avril, le Canada vote. Comme toujours, la représentation des jeunes Canadiens en politique est remise en question. En effet, plusieurs jeunes électeurs ne se sentent pas entendus par une classe politique dont les priorités diffèrent souvent des leurs. Mais comment leur offrir une représentation politique qui reflète leurs préoccupations, et où trouvent-ils leur information? La journaliste Rachel Crustin va à leur rencontre pour mieux saisir leur réalité.

Un nouveau service francophone de garde de jour prolongé à Hearst et Mattice

HEARST – Le Conseil scolaire catholique des Grandes Rivières (CSCDGR) annonce l’ouverture d’un nouveau programme de jour prolongé (avant et après l’école) dans des écoles de Hearst et Mattice à compter de l’année scolaire 2025-2026.

C’est ce vendredi matin que le conseil en a fait l’annonce dans les trois établissements concernés, soit le Pavillon Notre-Dame et l’école Ste-Anne de Hearst, ainsi que l’école St-François-Xavier de Mattice.

Selon le CSCDGR, ce projet voit le jour à la suite de plusieurs années d’exploration et d’un sondage réalisé auprès des familles de cette région dont la majorité sont francophones, qui a démontré un besoin important d’offrir un tel programme.

Ce sera le premier service de garde offert à Mattice, tandis qu’à Hearst, la municipalité opère celui des « Bouts de chou ».

« Ce nouveau service reflète notre approche d’écouter les familles afin de leur offrir des solutions concrètes et adaptées à leur réalité. C’est une avancée considérable pour notre communauté scolaire », affirme Roger Grégoire, président du Conseil.

Jérémie Lepage, directeur de l’éducation et secrétaire-trésorier, ajoute que cela s’inscrit également dans le cadre de l’élaboration d’une nouvelle planification stratégique pour 2025-2030. Si, pour l’instant, il ne s’agit pas encore d’un service de garde, mais plutôt d’un programme de jour prolongé, il affirme que le conseil est ouvert à une extension, si les moyens le permettent.

Jérémie Lepage, directeur de l’éducation et secrétaire-trésorier au CSCDGR, pense que ce nouveau service va soulager les parents dans leur quotidien. Source : CSCDGR

30 places disponibles

Le programme de jour prolongé débutera à partir de 7 h jusqu’au début des classes le matin, ainsi que de la fin des classes jusqu’à 18 h en après-midi, pour les élèves âgés de 3 à 12 ans. Environ 30 places seront disponibles dans chacune des trois écoles.

Bien que le taux horaire ne soit pas encore connu, celui-ci devrait être concurrentiel en s’alignant sur celui des services de garde qui sont gérés par la municipalité.

« On n’est pas là pour être compétiteurs de personnes, on veut juste offrir le programme pour répondre aux besoins qui ont été soulevés par nos familles », confirme M. Lepage.

L’annonce a été faite devant des élèves, des membres du conseil et des représentants de la municipalité ce vendredi à Hearst et Mattice. Source : CSCDGR

Le CSCDGR envisage de faire l’embauche de trois éducatrices et de surveillantes. Comment trouver du personnel francophone qualifié dans un contexte où la pénurie rage, en particulier dans les petites communautés du Nord ontarien?

« On va demander à la communauté de nous aider à trouver du monde, mais je suis convaincu qu’on va être capable de trouver du personnel sur place, car l’innovation est au cœur de nos communautés », répond M. Lepage.

Le nom officiel de ce service ainsi que les détails concernant les modalités d’inscription et les coûts seront communiqués dans les prochaines semaines.

Charlie Angus « certain que le NPD maintiendra son poids à la Chambre des communes »

Charlie Angus est le député sortant de l’ex-circonscription fédérale de Timmins-Baie James, dont une partie considérable de la population est francophone.

Le député néo-démocrate avait créé la surprise en avril 2024 en annonçant qu’il ne serait pas candidat aux élections fédérales.

Poids lourd de la politique dans le Nord ontarien, M. Angus se confie sans détour sur la campagne, les performances du Nouveau Parti démocratique (NPD) et ses projets.

« Qu’est-ce qui vous a amené à ne pas vous représenter?

Pour moi, c’était un grand honneur d’être la porte-parole pour les électeurs de Timmins-Bay James et j’ai été député depuis sept élections. C’était une expérience incroyable. Je vide en ce moment même mon bureau d’Ottawa. Ma région est très vaste, alors lorsque la commission électorale a décidé d’agrandir ma circonscription, j’ai décidé qu’il était temps de partir.

Que pensez-vous de la campagne électorale actuelle?

Ces élections sont très importantes, parce que le Canada fait face à une menace sans précédent pour notre souveraineté et notre nation. C’est très important pour les Canadiens de rejeter les politiques d’extrémisme. C’est pour ça que je déteste l’opposition de M. Poilievre et son imitation des politiques extrémistes de M. Trump. Par exemple, il a promis d’attaquer l’indépendance des universités et d’exposer les étudiants qui participent aux manifestations. C’est la politique de Trump, ce n’est pas la politique du Canada.

En 2017, Charlie Angus avait été défait dans la course à la chefferie du Nouveau Parti démocratique face à Jagmeet Singh. Archives ONFR

Que pensez-vous de la performance de votre leader, Jagmeet Singh?

C’est clair que l’élection de Trump a bouleversé la politique canadienne. C’est clair aussi que les électeurs recherchent un premier ministre capable de lutter contre Trump. Donc, personnellement, je pense que ça donne un avantage à M. Carney. Mais c’est essentiel aussi pour le NPD de gagner beaucoup de sièges parce que c’est un parti très fort dans beaucoup de régions, particulièrement le Nord de l’Ontario.

Mais le NPD n’est pas en bonne posture dans les intentions de vote

C’est évident que ces élections sont difficiles pour le NPD. Toutefois, les électeurs comprennent que le parti se bat pour les gens de notre région. Donc je suis certain que nous allons gagner des circonscriptions importantes et maintenir notre poids à la Chambre des communes. Par exemple, je suis convaincu qu’on va gagner à Kapuskasing-Timmins-Mushkegowuk  avec notre nouvelle candidate, Mme Fortier-Levesque.

Charlie Angus a appuyé sa remplaçante, Nicole Fortier Levesque, plusieurs fois durant la campagne. Source : Nicole Fortier Levesque/Facebook

Vous êtes député depuis 2004, de quoi êtes-vous le plus fier dans votre parcours?

J’ai été très touché de travailler avec la jeunesse autochtones du Nord dans le combat pour l’égalité des droits et d’aider les gens durant la crise du suicide. J’ai été particulièrement inspiré par Shannen Koostachin, la jeune leader de la Première Nation d’Attawapiskat.

Son combat pour la construction d’une école à Attawapiskat a changé la politique de notre nation parce que Shannon a contesté la négligence systémique qui a bloqué la possibilité d’éducation pour les enfants autochtones. J’ai travaillé avec Shannon et elle a vécu avec ma famille pendant un an. Elle est, malheureusement, décédée d’un accident de voiture en 2010, alors j’ai tenu à poursuivre son combat.

J’ai lancé la campagne « Le Rêve de Shannon » pour forcer le gouvernement à respecter ses obligations de mettre en place des standards pour l’éducation et les droits des jeunes autochtones.

Charlie Angus et Carol Hugues, députée néo-démocrate de Algoma—Manitoulin—Kapuskasing depuis 2008, avaient annoncé ensemble qu’ils ne se représenteraient pas aux élections fédérales. Crédit image : Raul Rincon

Quel a été le moment le plus marquant sur la Colline d’Ottawa?

Il y avait beaucoup de moments extraordinaires… Je pourrai citer la motion que j’ai déposée en 2018 pour que le Canada demande à l’Église catholique de répondre à la Commission de vérité sur les crimes qui étaient commis dans les pensionnats et aussi pour demander que le pape visite le Canada afin de présenter officiellement ses excuses. Ce débat était très émotif et très important. Par la suite, en 2022, le pape, qui vient justement de disparaître, a visité le Canada et a respecté la demande de notre parlement en prenant ses responsabilités devant les communautés autochtones du Canada.

Qu’allez-vous faire après les élections?

J’ai beaucoup de projets. Dans le domaine politique, j’ai lancé une campagne « Charlie Angus, la Résistance » qui sert à organiser des rassemblements partout au Canada contre la politique d’extrémisme et la politique du fascisme. Je suis très occupé avec cette campagne, mais ça reste c’est très fun.

Charlie Angus à Cumberland, en Colombie-Britannique à l’occasion de sa tournée de la « Résistance ». Source : Charlie Angus/Facebook

Je vais aussi me consacrer à mon groupe musical, The Grievous Angels. Nous avons un nouvel album, Last Call for Cinderella et allons commencer une tournée ontarienne, intitulée la Révolution 2025, The Grievous Angels. On va avoir de belles chansons en français aussi bien sûr, notre accordéoniste, Peter Gillard, joue d’ailleurs de la musique cajun. On va interpréter ensemble, J’ai passé la nuit sur la corde à linge, une chanson que j’ai écrite justement et qui célèbre le folklore franco-canadien.

J’ai aussi commencé l’écriture d’un nouveau livre, et en ce moment je m’occupe de la recherche. Cet ouvrage portera sur les impacts du fascisme et la résistance au fascisme dans le nord de l’Ontario, pendant les années 1930. Je vais aussi continuer d’œuvrer en tant que bénévole au musée de la ville de Cobalt où j’organise des visites dans la mine.

Charlie Angus est un des fondateurs de Grievous Angels, groupe country alternatif canadien qui a obtenu des nominations aux Prix Juno. Source : Grevious Angels/Raul Rincon

Reviendrez-vous en politique un jour?

Ma priorité est de rester en politique, mais au niveau citoyen, en tant que militant. »

Voici ce que proposent les partis fédéraux en matière de francophonie canadienne

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Les Canadiens seront appelés aux urnes dans moins de 72 heures et les partis fédéraux ont profité de la dernière semaine de campagne électorale pour dévoiler leurs plateformes chiffrées. ONFR vous résume les propositions des partis en matière de francophonie canadienne.

Parti libéral du Canada

L’une des promesses phares en matière de francophonie de Mark Carney, dévoilée lors du débat en français et qui fait partie du cadre électoral des libéraux, est d’augmenter la cible d’immigrants francophones hors Québec à 12 % d’ici quatre ans. Cette mesure se combine avec un engagement de faciliter l’accès à la main-d’œuvre francophone pour les entrepreneurs en milieu minoritaire. Actuellement, la cible gouvernementale est de 8,5 % pour 2025, de 9,5 % pour 2026 et de 10 % pour 2027 et celle de 6 % en 2024 a été dépassée avec 7,1 %.

Le chef libéral Mark Carney se tient à côté d’une de ses affiches électorales alors qu’il fait un arrêt de campagne à Granbey, au Québec. Photo : La Presse canadienne/Sean Kilpatrick

Les libéraux promettent aussi d’enchâsser le financement de CBC/Radio-Canada par voie législative et de l’augmenter de 150 millions de dollars par année, pour l’amener à une moyenne similaire à d’autres diffuseurs publics de pays du G7, comme la BBC au Royaume-Uni.

Lors d’éventuelles négociations commerciales avec les États-Unis, qui doivent avoir lieu après les élections selon Mark Carney, la langue française ne serait pas sur la table, a assuré l’ex-banquier. Les libéraux assurent aussi qu’ils continueront d’« investir dans des espaces communautaires » des minorités linguistiques et « promouvoir l’enseignement du français partout au Canada ».

Parti conservateur du Canada

Souvent attaqué par ses adversaires sur sa promesse de définancer CBC (et l’impact indirect d’une telle coupure sur Radio-Canada), Pierre Poilievre a passé la campagne à répondre dans ses conférences de presse que Radio-Canada ne serait pas affectée par une telle coupure. La plateforme conservatrice promet de récupérer 1 milliard de dollars par année en cessant le financement public à CBC « tout en maintenant les services de Radio-Canada ».

Comparativement aux libéraux, le cadre conservateur ne prend pas d’engagement en matière d’immigration francophone, mais Pierre Poilievre a indiqué qu’une cible de 12 % « me semble raisonnable », alors que son candidat Joël Godin assure que le parti irait jusqu’à 20 %.

Le chef conservateur Pierre Poilievre mise sur le changement dans cette campagne. Photo : La Presse canadienne/Darren Calabrese

Les conservateurs misent sur l’augmentation des opportunités en immersion pour les jeunes canadiens en injectant 75 millions de dollars pour doubler le nombre de places d’échanges linguistiques. Cela permettrait à 10 000 jeunes « qui n’en auraient pas les moyens de faire le pont entre les deux solitudes et de renforcer nos deux langues officielles », est-il écrit dans le document conservateur.

Un gouvernement Poilievre s’engagerait aussi à maintenir tout financement en soutien à la culture francophone en plus de nommer une personne maîtrisant le français et l’anglais au poste de gouverneur général.

Nouveau parti démocratique

La formation de Jagmeet Singh ne fait que très peu de mentions des Langues officielles dans son plan électoral, mais les néo-démocrates ont dévoilé un plan spécifique pour le Nord de l’Ontario, qui comporte des engagements pour les Franco-Ontariens.

La formation de gauche assure qu’elle va « protéger et étendre les services bilingues, particulièrement dans les domaines de la santé et de l’éducation et dans le cadre des programmes fédéraux ». Elle garantit aussi un soutien aux institutions postsecondaires de langue française dans la région (Université de Hearst, Collège Boréal) en plus de « favoriser l’accès à la justice et aux services gouvernementaux » en français et en anglais.

Jagmeet Singh, prononce une allocution aux côtés des candidats et des partisans du NPD lors d’une conférence de presse lors du dévoilement de la plateforme pour le Nord de l’Ontario du NPD à Timmins, en Ontario, le dimanche 13 avril 2025. La presse canadienne/Christopher Katsarov

À l’image des libéraux, le NPD mise sur une augmentation du financement de Radio-Canada 150 millions de dollars par an.

Parti vert du Canada

Les Verts s’engagent à moderniser à nouveau la Loi sur les langues officielles afin d’« assurer des services linguistiques partout au Canada ».

Radio-Canada verrait aussi une hausse de son financement avec le Parti vert, tout comme les établissements postsecondaires francophones en milieu minoritaire qui leur promet un « financement stable ».

Bloc québécois

Plusieurs des engagements en matière de langue française de la formation souverainiste touchent les francophones hors Québec. Le Bloc exige notamment que les communautés francophones « bénéficient des mêmes droits et des mêmes services » que les anglophones du Québec.

Pour la fonction publique fédérale, le Bloc veut faire pression pour mettre fin aux nominations « sous promesse d’apprendre le français » en plus d’exiger que les hauts fonctionnaires possèdent une connaissance du français. Il veut aussi obliger le Conseil de la radiodiffusion et des télécommunications canadiennes (CRTC) à consulter le Québec et les minorités francophones avant pour toute réglementation culturelle pouvant y être affectée.

Les conservateurs prônent un rattrapage en matière d’immigration francophone

Dans cet épisode, la mordue de politique Stéphanie Chouinard reçoit Joël Godin, député conservateur sortant, Portneuf-Jacques-Cartier, dans la région de Québec. Ils évoquent ensemble la personnalité du chef Pierre Poilievre, les promesses en termes de souveraineté économique, de rigueur budgétaire et bien sûr de langues officielles.