SUDBURY – L’Université Laurentienne et le Collège Boréal ont signé, ce lundi, un nouveau protocole d’entente qui vise à bonifier les parcours éducatifs offerts en français dans le Nord de l’Ontario et à accentuer leur collaboration dans plusieurs domaines clés, dont la recherche et les services aux communautés.
L’accord, rendu public le 15 juillet, prévoit notamment la création de nouveaux programmes conjoints, une meilleure passerelle entre les deux établissements pour faciliter le transfert de crédits ainsi que des initiatives ciblées pour répondre aux besoins du marché du travail francophone dans le Nord.
« La signature de cette nouvelle entente entre l’Université Laurentienne et le Collège Boréal permet de formaliser une collaboration de longue date au service des francophones de l’Ontario, a commenté Daniel Giroux, président du Collège Boréal. Notre objectif : former une main-d’œuvre véritablement bilingue capable de répondre aux enjeux actuels et futurs du monde de l’emploi. »
Le protocole prévoit aussi une complémentarité accrue entre les programmes offerts, l’amélioration de l’accès aux cycles supérieurs pour les diplômés du Collège Boréal ainsi que le développement de projets de recherche communs.
Plusieurs objectifs ont été définis :
améliorer l’accès aux études en français et augmenter le nombre de parcours disponibles dans la région de Sudbury et en Ontario;
optimiser et encourager la complémentarité de la programmation offerte en français;
réduire la pénurie de main-d’œuvre francophone dans le Nord de l’Ontario;
faciliter le transfert de crédits entre le Collège Boréal et l’Université Laurentienne;
offrir des parcours et des combinaisons de programmes intégrant des approches théoriques et pratiques afin de mieux préparer les étudiantes, les étudiants au marché du travail;
améliorer les services aux communautés autochtones de la région;
accroître l’accès des étudiantes et étudiants collégiaux aux études supérieures en français (maîtrise et doctorat);
collaborer à des projets de recherche dans des domaines d’intérêt mutuel.
Du côté de l’Université Laurentienne, on insiste sur la continuité d’un engagement historique envers l’éducation en français. « Depuis plus de 60 ans, la Laurentienne fait partie intégrante de la francophonie du Nord de l’Ontario », a déclaré la rectrice et vice-chancelière Lynn Wells, soulignant que l’université compte 2500 étudiantes et étudiants francophones et plus de 85 % de personnel francophone.
« Ce protocole est une étape importante vers des partenariats fructueux qui renforcent notre identité et ouvrent de nouvelles avenues pour les étudiantes et étudiants francophones », a-t-elle ajouté.
Réponse à la pénurie de main-d’œuvre
Le ministre des Collèges, des Universités, de l’Excellence en recherche et de la Sécurité, Nolan Quinn, qui a fait le déplacement à Sudbury, s’est aussi réjoui de l’annonce. Il y voit une façon de stimuler l’autonomie et la compétitivité du Nord.
« Cet accord entre l’Université Laurentienne et le Collège Boréal renforcera non seulement l’accès à une éducation postsecondaire en français de calibre mondial, mais il dotera également les étudiantes et étudiants des connaissances et des compétences dont ils ont besoin pour protéger et faire croître l’économie de l’Ontario », a-t-il déclaré.
Dans un contexte où la pénurie de personnel bilingue se fait sentir dans de nombreux secteurs, l’entente s’inscrit comme un levier pour le développement économique et social des communautés francophones de la région.
Les deux établissements affirment que cette signature marque le début de discussions élargies sur d’autres formes de collaborations. L’objectif : répondre plus efficacement aux besoins de la population étudiante et des communautés, notamment autochtones, dans le Nord de la province.
VERNER – La municipalité de Nipissing Ouest explore de nouvelles pistes pour enrayer le problème d’eau brunâtre qui persiste dans le village de Verner. Si une solution durable semble encore lointaine, la municipalité teste actuellement une approche provisoire : l’installation de systèmes de filtration à domicile, en attendant un appui financier provincial pour une solution permanente.
Depuis plusieurs années, une partie des résidents de Verner doit composer, de manière sporadique mais récurrente, avec une eau décolorée, souvent causée par des concentrations élevées de manganèse, un élément naturel qui peut s’accumuler dans les conduites.
Selon le Bureau de santé publique de North Bay-Parry Sound, les niveaux de manganèse mesurés dans le réseau de Verner demeurent en dessous des limites maximales permises et ne présentent pas de risque, même pour les nourrissons.
Selon le ministère de l’Environnement, de la Protection de la nature et des Parcs (MECP), qui assure la surveillance du système d’eau potable, la décoloration observée récemment pourrait être liée à des travaux d’entretien comme le rinçage des conduites. En cas d’eau brunâtre, les résidents sont invités à faire couler l’eau froide quelques minutes.
Les vêtements ressortent avec des tâches en raison de l’eau brune, selon les résidents. Gracieuseté de Carole Cousineau
« Chaque fois qu’on met la table ou qu’on flush la toilette, c’est dégueulasse. J’ai honte de voir mon bain. Mon linge sent mauvais après la lessive et j’ai dû changer mon réservoir d’eau chaude deux fois », déplore Carole Cousineau, une résidente du secteur qui vit avec ces désagréments depuis près de sept ans.
Lesa Chayer-Coutu partage cette frustration. À la suite d’analyses privées qu’elle a fait réaliser à ses frais, les résultats, parus le 24 juin dernier, ont confirmé des taux de manganèse non conformes durant les épisodes de décoloration.
« Ils disent que c’est potable, mais c’est faux. Mon médecin m’a dit d’arrêter de boire l’eau. On a retrouvé du manganèse dans mon sang. C’est l’une des causes de ma maladie. »
Elle s’inquiète tout particulièrement pour les jeunes enfants et les personnes vulnérables et dit jeter systématiquement l’eau lorsque sa couleur vire au brun. « Le manganèse, ça peut causer des problèmes neurologiques. C’est dangereux. »
Système de filtrage à base de charbon
Lors de la séance du conseil municipal du 8 juillet dernier, les élus avaient discuté d’options possibles durant près d’une heure. Après un vote approuvé par la majorité, le conseil a opté pour l’exploration d’un projet pilote consistant à équiper une dizaine de foyers de filtres à charbon pouvant desservir toute la maison.
Le coût serait plafonné à 500 $ par installation, pour un total de 5 000 $. Le conseil demeure cependant divisé sur le financement, lequel pourrait être assumé soit par les foyers concernés soit par la municipalité.
L’idée a été présentée par le conseiller Fernand Pellerin, aussi président du Comité d’eau et des égouts. « Il y a eu des commentaires positifs sur cette approche, et le personnel municipal va poursuivre les recherches pour évaluer son efficacité », a indiqué le conseiller Roland Larabie.
Le conseiller Roland Larabie souhaite que la solution soit très vite appliquée dans les maisons concernées. Photo : Inès Rebei/ONFR
Parmi les premières maisons à avoir testé ce système, celle de Mme Chayer-Coutu. « Depuis que mon mari a installé le filtre, on n’a plus eu d’eau brune », rapporte-t-elle.
Technicien spécialisé en traitement de l’eau, son conjoint a même été sollicité par la municipalité pour fournir une estimation de prix pour les prochaines installations. « Ils vont essayer ça dans cinq ou six maisons. Mon mari leur soumet les prix. »
Pas la bonne démarche
Mais si elle constate une amélioration chez elle, elle ne croit pas que cela règle le problème à la source.
« L’eau est claire quand elle sort de l’usine. Le vrai problème, ce sont les tuyaux sous la terre, pleins de manganèse. » Un constat qu’elle juge trop souvent ignoré : « Ils ne testent pas l’eau dans nos maisons, ils testent seulement au centre de traitement. Ce n’est pas représentatif. »
Mme Cousineau est du même avis : « Si c’était un problème de manganèse, tout le monde aurait de l’eau brune, pas juste une maison ici, une maison là. »
« Ça fait cinq ans qu’on en parle et il n’y a jamais de résultat. Ils disent qu’ils vont installer des filtres pour tester, mais pour moi, c’est juste encore du parlage », commente-t-elle, sceptique.
Cette discussion s’inscrit dans une volonté exprimée par le conseil de « penser en dehors du cadre habituel », alors que les attentes d’une intervention provinciale tardent à se concrétiser.
Certains résidents anticipent une baisse de la valeur des maisons en raison de ce problème d’eau. Photo : Gracieuseté de Lesa Chayer-Coutu
Le projet de raccordement du réseau de Verner à celui de Sturgeon Falls reste la solution privilégiée à long terme, mais son coût, estimé aujourd’hui à 25 millions de dollars, dépasse les moyens financiers de la municipalité sans un soutien provincial massif.
La municipalité espère obtenir une aide financière du programme provincial Volet Santé et sécurité en matière d’eau, qui permettrait d’absorber entre 27 % et 73 % de la facture.
Des solutions maison… et des inégalités
Outre les systèmes de filtration, d’autres options sont envisagées, comme le ravitaillement ponctuel en eau potable, ou encore l’utilisation de conduites internes mieux préservées dans certains secteurs du village.
« Il y a des endroits à Verner où l’eau est encore bonne. On pourrait temporairement s’approvisionner à partir de là », a suggéré M. Larabie.
Un tel scénario soulève toutefois des questions d’équité. Carole Cousineau pointe du doigt la rue Cartier comme particulièrement touchée.
« Moi, j’ai de l’eau brune et mon voisin de l’eau claire. Puis l’inverse la semaine d’après. Les tuyaux datent de 1974, ils sont pleins de rouille et de bouette. Ça entre dans nos maisons, et ça bloque même les bornes-fontaines. »
Lesa Chayer-Coutu craint des répercussions à long terme avec l’eau brune. Gracieuseté de Lesa Chayer-Coutu
Cette situation a un impact concret sur le quotidien : vaisselle, lavage, hygiène, et même projets de rénovations sont reportés. « On pense à rénover la salle de bain, mais avec une eau comme ça, ça ne vaut pas la peine. Tout redevient brun », dit-elle.
De son côté, Lesa Chayer-Coutu rapporte que les épisodes d’eau brunâtre sont de plus en plus imprévisibles. « C’est trop au hasard. Tu ne sais jamais si tu vas avoir de l’eau claire ou pas. »
Une communauté mobilisée
Lors d’une rencontre publique à Verner le 17 juin dernier, plusieurs citoyens avaient exprimé leur colère face à ce qu’ils perçoivent comme de l’inaction municipale.
Certains s’étaient rendus au conseil avec des échantillons d’eau brunâtre en main, réclamant des réponses concrètes et des engagements fermes.
Carole Cousineau souligne aussi le poids moral et émotionnel de cette lutte. « J’ai arrêté d’utiliser mon lave-vaisselle depuis des années. Je ne prends même pas de chance pour me brosser les dents avec cette eau-là. »
La Franco-Ontarienne dit avoir contacté Santé Canada pour porter plainte et partage ses résultats d’analyse dans les groupes locaux. « Je veux que les gens sachent que ce n’est pas un petit problème. C’est notre santé. »
La prochaine rencontre du conseil, le 12 août, doit permettre de décider si le projet-pilote ira de l’avant pour le reste des quelques 3300 foyers concernés.
En attendant, des résidents comme Carole Cousineau poursuivent leur combat pour une eau véritablement potable, rappelant que malgré les apparences, leur réalité n’a rien d’anodin : « On paie déjà pour un système d’eau potable, mais la nôtre ne l’est pas. »
FAUQUIER-STRICKLAND – Confrontée à une crise financière majeure, la petite municipalité de Fauquier-Strickland a tenu lundi une réunion extraordinaire afin de rassurer ses citoyens et de rétablir certains faits. La mairesse affirme que la ville n’est pas en faillite et souligne qu’une équipe provinciale est attendue la semaine prochaine pour évaluer la situation.
La réunion qui s’est tenue lundi soir au centre communautaire a réuni plus d’une quarantaine de personnes sur place et plus de 70 personnes en ligne, du jamais-vu selon la Ville.
La mairesse Madeleine Tremblay a ouvert la réunion en insistant sur l’importance d’éclaircir les malentendus circulant dans les médias : « Ce n’est pas vrai que nous sommes en faillite et la municipalité n’est pas en train de se dissoudre. Ce genre de fausses nouvelles crée de la panique inutile. »
Le conseil a confirmé avoir reçu une lettre datée du 10 juillet du ministère des Affaires municipales et du Logement annonçant qu’une délégation ministérielle sera présente au bureau municipal la semaine du 14 juillet, avec une visite officielle prévue ce mercredi.
Ces experts auront pour mission d’évaluer sur place la situation, de vérifier les documents transmis et de travailler avec les élus à l’élaboration d’un plan d’action.
« Nous avons deux semaines pour montrer que nous sommes prêts à coopérer et à mettre en place les recommandations qui sortiront de cette visite », affirme la mairesse.
Des tensions dans la salle
L’ambiance au conseil était marquée par des interruptions fréquentes, des confusions procédurales sur les motions à adopter et une difficulté manifeste à maintenir l’ordre.
D’entrée de jeu, la mairesse s’est montrée réticente à permettre une période de questions du public, craignant de ne pouvoir offrir de réponses satisfaisantes. « Ce n’est pas le bon moment pour ça », a-t-elle lancé, évoquant le besoin de préparer des réponses claires avant d’ouvrir le dialogue.
Cette position a été mal accueillie par plusieurs membres du conseil, qui ont plaidé pour une plus grande ouverture, malgré l’incertitude. Après quelques échanges tendus, la majorité a tranché en faveur d’un espace réservé aux questions citoyennes en fin de séance.
En outre, le conseiller Pierre Lamontagne a tenu à souligner à plusieurs reprises qu’une politique de la municipalité contraint les membres du conseil à ne pas pouvoir prendre parole publiquement.
Plusieurs personnes ont pris la parole pour en savoir plus sur ce qui a mené à la crise. Photo : Capture d’écran internet/Zoom
Dans la salle, la tension était toute aussi palpable alors que plusieurs rappels à l’ordre ont été effectué durant la séance. « Ce n’est pas le temps de crier. Ce n’est pas productif. Je demande à tout le monde de garder leur calme, nous sommes ici pour travailler ensemble », a lancé Mme Tremblay au public.
Un moment particulièrement tendu est survenu lorsque des citoyens ont confronté les élus sur l’historique de leur collaboration avec le ministère.
Le gouvernement avait pourtant mené une évaluation des pratiques financières en 2022 et formulé des recommandations en février 2024.
« Avez-vous suivi ces recommandations? », a demandé un résident. « Pas toutes », a répondu honnêtement la mairesse.
« J’ai reçu un appel de mon assureur, ils veulent augmenter mes primes ou même annuler mon contrat parce que la municipalité est en crise. C’est inacceptable! »
— Un citoyen de Fauquier-Strickland
« Nous avions des pistes claires pour redresser la situation, mais plusieurs mesures n’ont pas été mises en œuvre, ce qui nous place aujourd’hui dans une position plus précaire », a regretté le conseiller municipal Pierre Lamontagne.
Ordures et assurances
Parmi les autres sujets de discorde, la fermeture temporaire du site d’enfouissement local.
« On ne peut pas ouvrir le site sans employé sur place. Sinon, on expose la municipalité à des responsabilités légales et environnementales », a expliqué la directrice des services municipaux, Shannon Pawlikowski.
Advenant une fermeture, les citoyens devront se rendre dans les municipalités voisines de Kapuskasing et Smooth Rock Falls pour éliminer leurs déchets.
Une autre inquiétude majeure exprimée par plusieurs habitants concerne leurs assurances habitation et automobile.
« J’ai reçu un appel de mon assureur, ils veulent augmenter mes primes ou même annuler mon contrat parce que la municipalité est en crise. C’est inacceptable! », a témoigné un père de famille.
Un autre participant a ajouté : « Comment on fait pour vivre dans un endroit où on n’est plus assuré? On est abandonnés, c’est ça le message? »
Un habitant est même allé jusqu’à réclamer de nouvelles élections pour le poste de maire, applaudi par plusieurs dans la salle, sans réaction de la mairesse.
Prudence envers les municipalités voisines
Une source de tension majeure a aussi porté sur la démarche de sollicitation d’aide auprès des municipalités voisines, lesquelles n’auraient pas bien accueilli la demande de cette municipalité de 400 âmes.
Certains élus craignent que cette démarche soit mal perçue et ait des conséquences économiques négatives.
« Envoyer une demande d’aide généralisée à toutes les municipalités, c’est risquer de jeter une ombre sur notre région et sur la route 11, qui est un axe vital pour notre développement », a souligné le conseiller Claude Brunet, s’inquiétant pour la réputation et les retombées économiques.
« Nous étions en situation d’extrême urgence, mais nous devons être prudents dans la manière dont nous demandons de l’aide », a admis la mairesse, qui propose désormais d’envoyer une nouvelle lettre clarifiant la réponse du ministre reçue et précisant la réalité de Fauquier-Strickland.
« Nous ne voulons pas mettre toutes les municipalités dans la même situation, car ce n’est pas le cas partout », a-t-elle souligné.
TIMMINS – Le projet très attendu de relance du train Northlander franchit une nouvelle étape. Le gouvernement de l’Ontario a confirmé l’attribution d’un contrat pour la construction de la gare Timmins-Porcupine, futur terminus nord de la liaison ferroviaire entre Timmins et Toronto.
« Notre gouvernement donne le coup d’envoi de la construction de cette gare essentielle, tenant ainsi sa promesse de rétablir le Northlander », a affirmé le ministre des Transports, Prabmeet Sarkaria, ce lundi, en soulignant l’importance de ce projet pour connecter les communautés du Nord aux services, aux emplois et au reste de la province.
Le ministre qui s’est déplacé pour l’occasion à Timmins indique que ce choix s’aligne avec le plan de la province visant à protéger l’Ontario face aux droits de douane imposés par les États-Unis.
« Nous soutenons les industries du Nord et le secteur des ressources, nous stimulons la croissance économique et nous investissons dans des infrastructures qui bâtissent un avenir plus solide et plus résilient pour l’Ontario. »
De gauche à droite, Michelle Boileau, mairesse de Timmins, le ministre des Transports, au centre, Prabmeet Sarkaria et Alan Spacek, président de la Commission de transport Ontario Northland sur le terrain de la future station de Timmins. Photo : Prabmeet Sarkaria/X
Le contrat a été confié à EllisDon. Il s’agit d’un pas de plus dans la série d’investissements annoncés depuis 2023 pour remettre en état les infrastructures du corridor ferroviaire.
« Le Northlander va fondamentalement changer la façon dont les gens se déplacent dans la province », affirme Chad Evans, directeur général d’Ontario Northland.
Les travaux ont déjà commencé sur le quai, le stationnement et les zones d’attente. Une fois complétée, la gare offrira une infrastructure moderne incluant des toilettes accessibles, un guichet, des aires pour autocars, taxis et piétons ainsi qu’un quai adapté.
Voici à quoi devrait ressembler la future station de Timmins-Porcupine. Source : Northlander/Facebook
Des travaux sont également en cours le long de la voie ferrée du Northlander afin d’ajuster les courbes pour permettre au train de circuler à des vitesses plus élevées et avec moins de perturbations.
Le trajet inclura 16 arrêts, avec une correspondance vers Cochrane, et s’appuiera sur un réseau modernisé, notamment par l’ajustement des courbes pour permettre une vitesse accrue.
Le Northlander, retiré en 2012, doit reprendre du service en 2026 avec jusqu’à sept départs par semaine, selon la demande. La date officielle du retour n’est pas encore connue.
Du côté des élus du Nord, les réactions sont enthousiastes. Le député de Timmins, George Pirie, salue une « démonstration claire de notre engagement à bâtir un Nord de l’Ontario plus fort et mieux relié ».
L’automne dernier, la province avait attribué un contrat pour la reconstruction des quais et l’installation d’abris préfabriqués aux arrêts ferroviaires le long du futur corridor du Northlander, entre North Bay et Cochrane.
CORNWALL – Face au vieillissement des infrastructures de l’École secondaire catholique La Citadelle, la communauté francophone de Cornwall redouble d’efforts pour obtenir la construction d’un nouveau bâtiment.
Après un refus initial du gouvernement ontarien de financer la construction d’un nouveau bâtiment pour l’École secondaire catholique La Citadelle, le Conseil scolaire de district catholique de l’Est ontarien (CSDCEO) s’apprête à déposer durant ce mois de juillet une nouvelle demande de financement.
Le projet avait été soumis au ministère de l’Éducation de l’Ontario dans le cadre du programme d’immobilisations prioritaires 2024-2025. « En janvier 2025, le CSDCEO a reçu la confirmation du ministère de l’Éducation comme quoi le financement ne serait pas accordé, à ce point-ci, pour la réalisation de ce projet », a expliqué à ONFR Jean Lemay, président du CSDCEO.
« Le CSDCEO est toujours en discussion avec le ministère de l’Éducation et nous redéposerons le projet dans la prochaine ronde de demandes », assure-t-il.
Une histoire de revendication
Outre les initiatives du CSDCEO, le Comité 73, composé d’élèves, poursuit sa mobilisation, multipliant les actions et les rencontres en faveur de ce projet.
« Aujourd’hui, on poursuit le combat pour obtenir une école moderne et équitable », affirme Jacob Pilon, président du comité, qui incarne la relève militante pour l’éducation en français à Cornwall.
Il rappelle que l’histoire du Comité 73 est intimement liée à celle de l’école, qui accueille aujourd’hui environ 700 élèves de la 7e à la 12e année.
« On poursuit le combat pour une école francophonne équitable » – Jacob Pilon, président du Comité 73. Gracieuseté de Jacob Pilon
Selon lui, l’école a été construite en 1948 pour les élèves anglophones. Les francophones ont ensuite partagé les locaux pendant plusieurs années. « C’est en 1973 que les élèves francophones ont manifesté pour avoir leur propre école, ce qui a donné naissance à La Citadelle », raconte-t-il.
Aujourd’hui, le projet de construction d’un nouveau bâtiment reçoit un large soutien communautaire, y compris un appui ferme de la Ville de Cornwall.
« Je suis en faveur de cette nouvelle école. Le conseil municipal a voté une motion d’appui au projet », a affirmé le maire de Cornwall, Justin Towndale, en soulignant que l’école actuelle, très ancienne, ne constitue pas un environnement moderne pour les élèves.
Le coût estimé du nouveau bâtiment s’élèverait à environ 60 millions de dollars, estime-t-il. « C’est un investissement nécessaire pour les jeunes de notre région », soutient le maire.
Des installations dépassées
Jacob Pilon dresse un tableau précis des défis : « L’école est performante au niveau sportif, mais nos gymnases sont trop vieux pour accueillir des tournois. Côté artistique, notre grande production annuelle, le Citashow, n’a pas de lieu adapté pour les répétitions ou les représentations. Ces lacunes privent nos élèves d’occasions importantes. »
Pour Jean Lemay, le projet dépasse la simple construction d’un bâtiment. « Il s’agit d’offrir un environnement sécuritaire, inclusif, écosensible et adapté à l’épanouissement de nos élèves. Ce que nous demandons, c’est une école capable de répondre aux besoins de la communauté francophone de Cornwall. »
Le Comité 73 a récemment rencontré, parmi diverses autres personnalités, le député provincial Nolan Quinn, également ministre des Collèges et Universités.
« C’était une rencontre positive. Nous avons présenté les retombées d’un tel projet, notamment pour l’économie locale. M. Quinn s’est dit prêt à continuer les discussions », souligne Jacob Pilon.
Même espoir du côté du président du CSDCEO. « Nous sommes optimistes que nos besoins seront entendus par le ministère de l’Éducation, en respect des droits des francophones à recevoir une éducation équivalente à celle de la majorité linguistique. Présentement, l’état de nos infrastructures ne permet pas d’assurer cette équivalence. »
Une réponse du ministère de l’Éducation est attendue dans les prochains mois. En attendant, la communauté francophone de Cornwall entend maintenir la pression pour faire aboutir ce projet structurant.
SUDBURY – Après trois ans de pause, le défilé de la Fierté est revenu animer les rues du centre-ville de Sudbury samedi après-midi. La communauté LGBTQ+ s’est réunie pour marcher malgré un climat social plus polarisé, une météo peu clémente et une décision inédite des organisateurs : l’absence complète de présence policière, une première dans l’histoire de la Fierté sudburoise.
La décision de Fierté Sudbury Pride de ne pas inviter la police n’est pas passée inaperçue. En 2023, Fierté Sudbury Pride avait annulé la marche après une décision controversée d’inclure la police, ce qui avait provoqué l’indignation de groupes militants, tels que Black lives matter Sudbury.
Le 13 juin dernier, l’organisation a présenté des excuses publiques et redéfini sa mission pour recentrer l’événement sur la sécurité, la solidarité et l’inclusion, menant au retour d’une marche sans police.
Justine Martin est bénévole pour Fierté Sudbury depuis plusieurs années. Photo : Inès Rebei/ONFR
« Le plus important, c’est de revenir aux racines de la résistance », explique Justine Martin, ambassadrice de la marche, assumant pleinement ce choix de l’organisme.
La jeune femme rappelle les piliers du mouvement ainsi : « L’idée que personne n’est libre tant que nous ne le sommes pas tous. On ne se bat pas seulement pour nos droits à nous, mais aussi pour les immigrants, les réfugiés, les personnes noires et de couleur, les Palestiniens, les Congolais. »
« Une bonne décision »
Plusieurs personnes venues participer à la marche ont salué ce choix. « Je suis contente qu’il n’y ait pas de police », confie Ajax, une personne se définissant comme non binaire et qui participait pour la première fois au défilé depuis le début de sa vie adulte.
Iel souligne que les racines du mouvement LGBTQ+ sont profondément liées à la résistance, rappelant que les premières marches de la Fierté ont vu le jour après les émeutes de Stonewall, un soulèvement contre les violences policières : « Aujourd’hui, on a la chance de célébrer sans craindre pour notre sécurité dans la rue. »
Ajax est aussi membre de Sudbury Queers United Around Diversity (SQUAD). Photo : Inès Rebei/TFO
Plus loin dans la marche, un autre francophone appartenant fièrement à la communauté queer, Alex Tétreault, abonde dans le même sens : « C’est une bonne décision, ça permet de créer un environnement plus accueillant pour tout le monde, c’est un bon sacrifice à faire. »
Et sur un éventuel retour de la police lors d’une prochaine édition? La réponse de Justine Martin est sans équivoque : « Non, jamais! »
Le député néodémocrate provincial de Sudbury était présent à la marche. Photo : Inès Rebei/ONFR
Il y en avait de tous les âges dans le défilé ce samedi. Photo : Inès Rebei/ONFR
Certains participants étaient maquillés voire costumés pour le défilé. Photo : Inès Rebei/ONFR
Le soleil a fait une brève apparition avant le début de la marche. Photo : Inès Rebei/ONFR
Entre espoir et vigilance
Le retour de la marche avait une valeur hautement symbolique pour plusieurs participants, dans un contexte qu’ils jugent tendu.
Durant la marche, un incident a brièvement troublé le déroulement de l’événement lorsqu’une personne a manifesté son opposition au défilé.
Un organisateur, présent pour encadrer la marche, a réagi avec vigueur, prenant le mégaphone pour répondre par des slogans affirmant la solidarité et le soutien à la communauté.
Le moment de l’altercation : une autre bénévole a dû s’interposer pour mettre fin à la dispute. Photo : Inès Rebei/ONFR
Ce moment de tension, bien que ponctuel, reflète les résistances et les défis auxquels la communauté queer est encore confrontée dans son quotidien.
« En ce moment, la vie est assez difficile au niveau sociopolitique pour les personnes queer », constate Alex Tétreault, qui n’en est pas à sa première participation aux événements de la fierté.
« Je pense que c’est important d’être ensemble. Ça fait juste du bien », confie celui qui est le poète officiel de la ville de Sudbury depuis juin 2024, notant aussi une évolution ambivalente du climat local : « Il y a autant, si pas plus d’ouverture qu’avant. Mais il y a une minorité qui n’aime pas le progrès, pis elle prend plus de place qu’on aimerait. »
Alex Tétreault a participé à une table ronde dans le cadre des événements de la fierté un peu plus tôt dans la journée. Photo : Inès Rebei/ONFR
Plus d’acceptation
Ajax, encore bouleversé·e par les réalités vécues par son partenaire aux États-Unis, voit dans la Fierté un espace de soulagement : « Mon partenaire vit dans la peur aux États-Unis, ici au Canada, c’est plus sécuritaire alors j’espère qu’il pourra vite me rejoindre. »
Gabriel Plante, venu représenter First Copper Cliff Scout in action, une troupe locale affiliée à Scouts Canada, est du même avis : « Il y a plus de tolérance qu’avant, mais ceux qui ne sont pas tolérants ont une voix plus grande qu’ils avaient. »
Par-delà les revendications politiques, plusieurs ont souligné l’importance de rendre la Fierté accessible à tous les âges et à toutes les identités.
« On a toujours dit qu’on était un groupe inclusif », explique Gabriel Plante à propos de Scouts Canada. « Ce n’est pas juste quelque chose qu’on dit, c’est quelque chose qu’on fait. On voulait aussi montrer à nos enfants qu’on les accepte pour qui ils sont. »
Certains avaient des haut-parleurs personnels et se sont mis à danser à la fin de la marche. Photo : Inès Rebei/ONFR
La marche a débuté devant le YMCA sur la rue Durham, après une fête de quartier destinée à des activités familiales. Photo : Inès Rebei/ONFR
« Plus jamais de sœurs disparues, plus jamais de terres volées », un slogan scandé en anglais durant la marche, rappelant l’interconnexion entre les luttes queer, autochtones et féministes. Photo : Inès Rebei/ONFR
Cette édition de la Marche de la Fierté a aussi été marquée par une présence significative de voix trans et non binaires, portées avec fierté au cœur du défilé. Photo : Inès Rebei/ONFR
Moins « glamour », mais plus significative
Faute d’obtenir la fermeture des rues, la marche s’est déroulée sur les trottoirs du centre-ville. En Ontario, c’est la police locale qui décide de la nécessité d’une fermeture de rue pour un défilé.
Pour la marche de Sudbury, les autorités ont maintenu cette exigence sans envisager d’alternatives, selon les organisateurs. Ceux-ci ont donc opté pour un parcours sur les trottoirs, privilégiant avant tout la tenue de l’événement et la mobilisation de la communauté.
Une contrainte que plusieurs ont acceptée avec philosophie.
« C’est un peu moins glamour de marcher sur le trottoir », concède Alex Tétreault, « mais si ça veut dire qu’on est capable de créer un environnement qui est ouvert et accueillant pour tous les membres de la communauté, c’est un bon sacrifice à faire. »
De forts vents et de la pluie ont perturbé l’événement. Photo : Inès Rebei/ONFR
Justine Martin, malgré la fatigue d’avoir coordonné l’événement, ne cachait pas sa joie : « C’était vraiment excitant de voir la communauté revenir aussi fortement marcher avec Fierté Sudbury. On ne savait pas si les gens allaient revenir, ou si ça allait être tranquille. Mais ce n’était absolument pas calme. »
Selon elle, des centaines de personnes ont participé à la marche, sans compter les nombreuses familles présentes lors des autres activités de la semaine.
TORONTO – Le Comité consultatif des affaires francophones s’est à nouveau réuni. Dans la continuité du projet pilote et des brochures en français dans les musées de ville, ces informations historiques seront également mises à disposition sur le site de la Ville. De son côté, la Société d’histoire de Toronto (SHT) mobilisera les écoles francophones dès la rentrée pour inclure le tour des musées en français dans leur curriculum culturel. La création d’un inventaire des services en français de Toronto sera finalement repoussée à 2026.
La motion avait été adoptée par le Comité début 2025, et les Musées d’histoire de Toronto avaient lancé un programme pilote visant à offrir des services en français, comprenant la mise à disposition de brochures dans les deux langues.
En juin dernier, la première visite d’un groupe francophone de la Maison Spadina avait été organisée.
En intervention devant le comité, la présidente de la SHT, Rolande Smith, a proposé que les informations historiques des brochures en français soient aussi publiées en ligne sur le site de la Ville, notamment pour que les écoles puissent préparer des visites en amont.
Une initiative « facile à mettre en œuvre », selon Mme Smith, et adoptée immédiatement par le Comité.
« Les services en français ne vont pas arriver du jour au lendemain, mais ça avance », a-t-elle réagi auprès d’ONFR.
En amont de cette session, elle avait également soulevé une situation paradoxale : « Les musées disent qu’il n’y a pas de demandes, mais les écoles disent qu’il n’y a pas de services ».
Devant ce constat, la SHT a en effet décidé d’approcher les écoles francophones pour les mobiliser afin de mettre en place des visites culturelles scolaires avec ces musées d’histoire.
La présidente du Comité et conseillère municipale, Alejandra Bravo, a reconnu l’importance d’avoir cette interprétation disponible.
Rolande Smith a également fait remarquer le grand intérêt à recruter du personnel bilingue pour aller dans cette direction.
Plusieurs membres de la SHT ont assisté à la séance du Comité consultatif des affaires francophones. De gauche à droite : Guillaume Gogo, webmestre de la SHT, Gilles Huot, guide au ROM et à la SHT, Dominique Guillamand, secrétaire, Rolande Smith, présidente, et Shiralee Hudson Hill, gestionnaire musées, services musées et patrimoniaux, développement économique et culture de la Ville de Toronto. Photo : Sandra Padovani/ONFR
Lors de la précédente rencontre, le Comité avait voté pour la création d’un inventaire des services en français de la Ville de Toronto.
Une création qui aura bien lieu, mais qui sera finalement intégrée au plan de travail de 2026, « bien qu’on l’aurait préférée en 2025 », a concédé Christine Michaud, la co-présidente du Comité.
Elle ajoute que « ce travail extrêmement important permettra d’identifier les manques pour pouvoir ensuite mettre en place des services. Cela requiert des ressources de la Ville, mais c’est essentiel pour que les francophones sachent où aller ».
En parallèle, la présidente Alejandra Bravo a de nouveau rappelé la motivation du Comité quant à l’adhésion de la Ville à l’Association française des municipalités de l’Ontario (AFMO).
« Quand Toronto sera à part entière membre de l’AFMO, il y a aura des solutions qu’on pourra aller chercher. Nous pourrons apprendre des autres membres comment ils trouvent les ressources pour mettre des processus en place : gérer les demandes, avoir un point d’entrée en français, avoir du personnel bilingue », s’est avancée Christine Michaud.
Hébergements d’urgence et logements abordables pour les francophones
À l’ordre du jour également, un sujet plus épineux : celui des services d’hébergement d’urgence pour les francophones en situation d’itinérance.
Plusieurs représentants anglophones du conseil municipal ont rappelé les services disponibles, et souligné leur soutien à l’organisme torontois d’intégration économique des immigrants francophones La Passerelle-IDÉ.
En tant que membre du public, la fondatrice et directrice générale de l’Auberge francophone Julie Lutete est intervenue pour parler des services d’accueil aux réfugiés francophones qu’offre l’Auberge « sans aucune aide de la Ville de Toronto ».
Celle-ci a déploré avoir lancé plusieurs bouteilles à la mer, requêtes, rencontres et emails qui sont restés sans réponse. Elle a ainsi demandé à la Ville de soutenir l’organisme, notamment avec la mise à disposition d’un vrai centre d’hébergement d’urgence.
« La stabilité d’une personne immigrante commence par l’hébergement, sans quoi on ne peut pas chercher du travail ou s’occuper de ses enfants. »
« Nous faisons tout et payons tout nous-même », a rapporté Mme Lutete, à qui une fonctionnaire du conseil municipal est venue donner sa carte en fin de séance.
En tant que membre du Comité, Mareva Cestor, s’est enquise de savoir si la municipalité collecte des données vis-à-vis du nombre de demandes de logements francophones et si un plan était en place pour les étudiants francophones en besoin de logements abordables.
Les représentants du conseil ont alors affirmé qu’il s’agissait de la première année de mise en place d’une étude destinée à comprendre les besoins de la communauté étudiante, dont les étudiants étrangers.
Dans le cadre du plan pour le logement abordable de la Ville, plusieurs listes d’attente ont été ouvertes pour le logement abordable et pour le loyer basé sur le revenu (RGI), également disponibles aux francophones.
Ces demandes francophones seront également enregistrées pour en collecter les données.
Sophie d’Orléans est une jeune autrice-compositrice-interprète et travailleuse culturelle franco-ontarienne. Elle a grandi et est établie à Ottawa.
LE CONTEXTE :
Le Bluesfest d’Ottawa se tient du 10 au 20 juillet sur les plaines LeBreton. Sophie d’Orléans fait partie des artistes locaux qui se produiront durant le festival. Elle sera ce vendredi 11 juillet sur la scène du Barney Danson Theatre du Musée canadien de la guerre.
L’ENJEU :
Jouer dans un festival d’envergure comme le Bluesfest est une occasion en or pour les artistes de la relève. En tant que Franco-Ottavienne, Sophie d’Orléans a affirmé qu’elle réalisait un rêve.
« Comment vous sentez-vous à la veille de votre spectacle?
Je suis extrêmement excitée. Je suis dans un rêve. Je pense que ça n’a pas encore cliqué, que ça va vraiment se passer. J’ai fait du bénévolat au Bluesfest quand j’étais adolescente. J’assistais à tous les spectacles que je pouvais. C’était des années formatrices, de voir les artistes sur les petites comme les plus grandes scènes.
Le Bluesfest est un événement phare, vraiment important pour la communauté d’ici. C’est un honneur d’y être pour chanter en français et représenter la communauté francophone.
Qu’est-ce que ça représente d’accéder à ce grand festival pour la première fois?
C’est une belle tape dans le dos. Je me sens validée dans cette sélection d’artistes. Je sens que les dernières années de travail ont valu la peine. C’est une validation externe qui fait du bien, qui confirme le chemin sur lequel je suis.
Cette validation vient des pairs, de la communauté et de ma famille qui va venir de loin pour me soutenir. C’est un gros accomplissement qu’on célèbre tous ensemble.
Qu’espérez-vous que ça vous apporte pour le futur?
Comme c’est un événement important de la région, c’est certain que ça a un attrait particulier pour les médias, etc. Ça m’apporte une visibilité très grande de faire partie des artistes locaux qui ont été sélectionnés au Bluesfest.
Aussi, c’est une belle chance, justement, de pouvoir faire rayonner le français dans ce contexte minoritaire. Leurs choix de programmation démontrent une volonté de s’ouvrir à la communauté francophone locale. C’est vraiment excitant parce qu’inclure la francophonie, ça ne se fait pas juste en francophonie. Ça se fait aussi avec les anglophones qui veulent faire une place aux francophones dans leurs événements.
Sophie d’Orléans sur la scène du Café communal au Festival franco-ontarien, en 2024. Photo : Rachel Crustin / ONFR
Et plusieurs de mes musiciens et collaborateurs sont bilingues, mais anglophones en premier lieu. Dans nos pratiques, c’est vraiment fluide entre les deux langues.
Il y a plein de personnes qui sont ouvertes. Je veux que tout le monde se sente inclus, même ceux qui ne s’identifient pas comme Franco-Ontariens.
Comment vous décririez-vous en quelques phrases à quelqu’un qui ne vous connaît pas encore?
Je suis une autrice-compositrice-interprète basée à Ottawa. Je suis une artiste qui aime aborder les sujets de la santé mentale, de l’environnement… je fais de la musique intime, lumineuse. Ça se catégorise un peu dans le folk-pop.
Parlez-nous de votre chanson Carrousel, qui vient de sortir.
Ça faisait déjà un bon bout de temps depuis Sans turbulences, en 2022. Après ça, j’ai pris un pas de recul et je me suis beaucoup remise en question, ce qui m’a menée à un burn out. Alors, j’ai appuyé sur le frein pour pouvoir bâtir quelque chose qui dure dans le temps. Carrousel, c’est mon retour.
C’est de prendre ces moments d’obscurité et de les peindre de manière optimiste, avec une lumière pour un futur qui, j’imagine, sera rempli de belles opportunités, comme le Bluesfest!
Sophie d’Orléans montera sur une scène du Bluesfest pour la première fois ce vendredi. Photo : Luniverse Photography
Je me suis posé beaucoup de questions, notamment au sujet de la langue et de la réalité de vivre dans un environnement bilingue, où l’on passe beaucoup de l’anglais au français, où l’on pense même en anglais parfois. Au niveau de l’identité, il faut prendre des décisions et être intentionnel dans la direction qu’on veut prendre.
Maintenant, je me sens vraiment alignée avec mon identité, avec ce que je veux dire. Carrousel parle du désir de mieux m’aimer, de me recentrer et de reprendre le contrôle de ma vie et d’aller vers la lumière, l’optimiste et l’amour de soi.
À quoi peut-on s’attendre de votre spectacle au Bluesfest?
Je serai entourée de mon plus gros band jusqu’à présent, avec trois musiciens avec moi. Les trois mots-clés sont : intime, introspectif et lumineux. Je veux inviter les gens dans mon salon. On va se synchroniser ensemble et passer un beau moment en musique. Mes chansons vont parler de vulnérabilité, de résilience… et j’aurai quelques surprises.
Vous êtes impliquée dans la communauté culturelle d’Ottawa et de l’Ontario français, entre autres avec votre emploi à l’Association des professionnels de la chanson et de la musique (APCM). Pourquoi est-ce important pour vous de jouer un autre rôle, en plus de celui d’autrice-compositrice-interprète?
C’est primordial pour moi. Je pense que pour avoir un écosystème francophone en santé, il faut contribuer à différents niveaux, créer des liens entre les artistes émergents et plus établis, créer des opportunités pour qu’ils puissent se rencontrer, collaborer ou apprendre à se connaître.
Pour moi, le français, ce n’est pas juste en musique. C’est la vie de tous les jours. C’est une construction identitaire et c’est une fierté qui se vit en groupe. C’est vraiment important pour moi d’être impliquée le plus que je peux pour m’assurer que l’écosystème fleurisse et continue à grandir, qu’on ouvre les bras pour inclure de plus en plus de personnes. »
OTTAWA – Le Muséoparc Vanier a dévoilé ce jeudi en fin de matinée, l’identité de son prochain directeur général. Il s’agit d’Yves Turbide, ancien directeur général de l’Association des auteures et des auteurs de l’Ontario français (AAOF). Il avait annoncé son départ de l’organisme littéraire le 24 juin dernier, après 14 ans en service.
« C’est un honneur pour moi de me joindre au Muséoparc Vanier à titre de directeur général, affirme Yves Turbide dans le communiqué de jeudi. La mission de sauvegarder et de mettre en valeur le patrimoine francophone de Vanier, ainsi que celui du domaine Richelieu (…) m’inspire profondément. »
En entrevue avec ONFR, il avoue avoir suivi d’un œil attentif les dossiers de l’organisme dans les dernières années. Il se dit heureux de pouvoir ajouter sa pierre à l’édifice. « Je pense qu’avec mon expérience dans le milieu culturel franco-canadien, et particulièrement franco-ontarien et ottavien, je serai en mesure de rassembler l’équipe autour de projets intéressants, qui seront porteur et permettront au Muséoparc de croître. »
Il assure que les événements phares, comme le Festival des Sucres, par exemple, sont là pour rester. Yves Turbide veut aussi développer d’autres projets, mais il prendra le temps de s’installer et de discuter avec l’équipe en place avant de s’avancer publiquement.
« J’ai vraiment le goût de me joindre à l’équipe et qu’on puisse travailler tout le monde ensemble. »
— Yves Turbide
Il dessine tout de même quelques grandes lignes de sa vision. Il entend notamment « suivre les différents axes de la planification stratégique qui vient d’être acceptée, réinventer l’expérience muséale, renforcer davantage l’ancrage communautaire et le rayonnement culturel. »
Il compte « cogner à toutes les portes des organismes francophones » du secteur Vanier afin de faire rayonner la francophonie en unissant leurs forces.
Yves Turbide, entouré de Hanneke Ronken (à gauche) et de Shiraz Gaieb (à droite), lors du Salon du livre de l’Outaouais en 2023. Le trio présentait une première version de ce qui allait devenir Ontario terre de mots. Photo : Rachel Crustin / ONFR
À l’AAOF, Yves Turbide a notamment créé deux prix littéraires et piloté le développement de la plateforme Ontario terre de mots. L’organisme avait précisé que son directeur sortant le laissait dans une situation enviable au niveau du plan stratégique et des finances.
« Passionné, méthodique et visionnaire, Yves Turbide a profondément transformé l’AAOF, avait affirmé Marie-Josée Martin, présidente du conseil d’administration de l’AAOF. Je sais que, où que le conduise sa carrière, il demeurera un allié des auteurs et autrices de l’Ontario français. »
En entrevue, Yves Turbide rappelle les bons liens qu’entretiennent les deux organismes et soutient qu’une éventuelle collaboration « n’est absolument pas exclue. Il y a déjà eu des événements littéraires dans le passé au Muséoparc. » Le décor enchanteur du parc Richelieu pourrait être une source d’inspiration pour développer d’autres activités.
Départ à la retraite pour Madeleine Meilleur
Yves Turbide succède donc à Madeleine Meilleur. La directrice générale sortante du Muséoparc Vanier avait accepté le mandat à la suite du décès de Jean Malavoy, en 2020.
Durant ses cinq ans à la direction de l’organisme communautaire, elle a notamment remporté le prix Saphir Personnalité de l’année de la Fondation franco-ontarienne et le prix Bernard Grandmaître de l’Association des communautés francophones d’Ottawa (ACFO-Ottawa).
Madeleine Meilleur à l’inauguration de la nouvelle cabane à sucre du Muséoparc Vanier, en 2023. Photo : Rachel Crustin / ONFR
« Nous lui souhaitons une retraite douce, bien méritée et à l’image de son engagement : inspirante et empreinte de chaleur humaine », a déclaré Jonathan Paquette, président du conseil d’administration du Muséoparc Vanier à propos de Madeleine Meilleur, dans un communiqué.
Yves Turbide entrera en fonction le 5 août. Les personnes qui voudraient lui succéder à la direction générale de l’AAOF ont jusqu’au 20 juillet pour soumettre leur candidature.
SUDBURY – L’Université de Sudbury élargit son offre de formation continue avec la création d’une Académie de leadership et de gouvernance. Destinée aux leaders, gestionnaires et administrateurs d’organismes à but non lucratif (OSBL) et d’institutions publiques, cette nouvelle programmation sera offerte à partir de l’automne.
L’Université de Sudbury élargit son offre de formation avec la création d’une Académie de leadership et de gouvernance « dans un contexte où les défis de gouvernance et de leadership se multiplient dans le secteur communautaire et institutionnel », peut-on lire dans un communiqué de l’établissement ce jeudi.
Cette nouvelle programmation s’adresse aux professionnels du secteur communautaire et institutionnel, à travers une série de microtitres et de microprogrammes reconnus par l’université. Les thématiques abordées incluent la gouvernance, le leadership de gestion, le financement des OSBL, les relations gouvernementales et la gestion du changement.
Les cours seront livrés en ligne dès l’automne 2025, en mode synchrone, et s’appuieront sur des études de cas, des outils concrets et une approche pédagogique axée sur le coaching.
« Ces programmes sont taillés sur mesure pour les OSBL et les institutions », affirme Serge Miville, recteur et vice-chancelier de l’Université de Sudbury. « Toujours dans une approche « par et pour », notre réseau de formateurs et de formatrices issus de nos institutions et de notre communauté saura livrer des formations à la hauteur des attentes. »
Les formations donneront droit à des certificats universitaires, à des badges numériques ou, dans certains cas, à des désignations professionnelles.
Partenariat avec des acteurs-clés
La programmation est développée en partenariat avec Discitus, un organisme de formation spécialisé en gouvernance et en gestion, ainsi qu’avec le Centre pour l’excellence en gouvernance organisationnelle (CÉGO).
« Les programmes et les cours développés par l’équipe Discitus depuis plus de 15 ans sont maintenant offerts au grand public, avec un seul but : soutenir les gestionnaire-leaders et les conseils d’administration à faire ressortir le meilleur des gens et de leur organisation », explique Alain Vachon, fondateur et formateur principal chez Discitus.
De son côté, Julie Léger, directrice du CÉGO, souligne l’importance du partenariat avec une institution universitaire. « Unir nos forces pour professionnaliser la gouvernance de nos communautés est une décision gagnante pour le CÉGO. »
Le programme menant à la désignation professionnelle d’Administrateur ou d’Administratrice d’OSBL (APO.d) sera désormais offert sous la bannière de l’Université de Sudbury. Ce nouveau projet s’inscrit dans la relance de l’Université de Sudbury comme établissement postsecondaire de langue française dans le Nord de l’Ontario.
Ce n’est pas la première initiative de l’établissement visant à renforcer son rôle dans le développement économique et social de la communauté francophone du Nord de l’Ontario.
Le 15 mai dernier, l’Université de Sudbury avait créé un Institut économique de l’Ontario français (IEOF), un centre de recherche dédié aux enjeux économiques des francophones, notamment dans le Nord-Est ontarien. L’institut visera à renforcer le capital humain bilingue, à soutenir l’entrepreneuriat et à mieux arrimer la formation universitaire aux besoins du marché.
Il y a quelques jours, l’université obtenait un financement de 10,8 millions de dollars de la part du gouvernement de l’Ontario et annonçait également la gratuité des droits de scolarité pour l’année universitaire 2025-2026.
En rappel, la première rentrée autonome de l’établissement aura lieu le 2 septembre prochain.
Face à une pénurie de médecins de famille qui s’aggrave, diverses municipalités de l’Est ontarien multiplient les initiatives. À Cornwall, à Casselman ou encore à Ottawa, les efforts se heurtent à des obstacles structurels, administratifs et financiers.
Alors qu’on estime à 2 millions le nombre de personnes sans médecin de famille en Ontario, la pression monte dans les municipalités de l’Est ontarien pour trouver des solutions locales. À Cornwall, près de 16 000 des 47 000 habitants n’ont pas accès aux soins primaires. À Casselman, trois des six médecins sont partis à la retraite en 2024. Et partout, le recrutement médical devient un casse-tête.
Après Ottawa, qui a récemment mandaté son administration municipale pour élaborer une stratégie de recrutement et de rétention, c’est au tour de Cornwall de passer à l’action. La Ville a mis sur pied un groupe de travail chargé d’évaluer la situation et de proposer des solutions concrètes.
« Nous avons mené des entrevues avec des professionnels du secteur médical, notamment des médecins, le directeur général adjoint de l’Hôpital de Cornwall ainsi que ceux d’autres établissements de la région de Stormont–Dundas–Glengarry », explique Justin Towndale, le maire de Cornwall.
Selon le maire Justin Towndale, Cornwall compte environ 16 000 personnes qui n’ont pas accès aux soins primaires. Gracieuseté de Justin Towndale
L’objectif du groupe de travail est de dresser un état des lieux et proposer des recommandations concrètes pour le conseil municipal.
« On doit moderniser nos outils d’attraction, parce que les programmes actuels ont été conçus il y a plus de 20 ans », assure le maire.
En effet, Cornwall dispose actuellement de deux programmes d’aide financière destinés aux médecins : Une bourse de 25 000 $ par an pendant 3 ans, pour un engagement minimal dans la communauté. Depuis 2001, 42 médecins en ont bénéficié.
L’autre programme de bourses médicales, 150 000 $ pour un retour de service de 5 ans, a bénéficié à 9 médecins depuis 2009.
Mais ces incitatifs atteignent aujourd’hui leurs limites. L’ensemble des conditions de travail des médecins de famille pose problème, estime Normand Glaude, directeur général du Réseau des services de santé en français de l’est de l’Ontario (RSSFE).
« L’attrait pour la profession de médecin de famille a nettement diminué, et ce n’est pas étonnant. Pendant trop longtemps, ces professionnelles et professionnels ont été négligés par le système de santé », déplore-t-il.
Geneviève Lajoie, a mairesse de Casselman, dénonce « les limites d’un système rigide ». Photo : Stéphane Bédard / ONFR
Casselman : une municipalité pénalisée par un point
À Casselman, la mairesse Geneviève Lajoie se bat contre un autre type d’obstacle : les règles provinciales. Son village de moins de 4000 habitants n’a pas accès aux subventions prévues par le programme NRRRI (Initiative de recrutement et de maintien en poste pour le Nord et les régions rurales), faute d’un point à l’Indice de ruralité de l’Ontario (RIO).
La cote de Casselman est de 39, contre un seuil requis de 40. Un écart minime, mais qui prive la municipalité de plus de 84 000 $ sur quatre ans.
« Notre situation illustre clairement les limites d’un système rigide », dénonce la mairesse. « La municipalité voisine de La Nation, pourtant plus proche d’Ottawa, a un RIO de 43 et profite du financement. Nous demandons au gouvernement une exception ciblée. »
Après diverses discussions avec des représentants du ministère ainsi que de l’Association médicale de l’Ontario (OMA) et des responsables de l’établissement des scores, la mairesse a envoyé une demande officielle au ministère de la Santé. Mais pour l’instant, aucune réponse.
Normand Glaude, directeur général du RSSFE, plaide pour que la réforme de la santé tienne compte de la dimension linguistique.
Une crise structurelle
Et à travers l’ensemble de l’Ontario, la pénurie ne se limite pas aux médecins de famille. Tout le secteur de la santé est sous pression. « Les diplômés en médecine se détournent des modèles de pratique individuelle. Ils recherchent du travail en équipe, un encadrement, du soutien administratif », souligne M. Normand.
Selon lui, plusieurs facteurs aggravent la situation, notamment « la demande pour la santé mentale qui explose et le financement des pratiques médicales qui demeure peu souple et mal arrimé aux besoins des territoires ».
De son côté, le maire de Cornwall pointe du doigt les grilles salariales qui n’ont pas été révisées depuis 2017 et les démarches d’équivalence pour les diplômés internationaux qui sont complexes, malgré des réformes récentes.
Face à ces défis, une lueur d’espoir : le Plan d’action pour les soins primaires. Lancé en janvier 2025, ce plan provincial doté d’investissement de 1,8 milliard de dollars à l’horizon 2029 prévoit la création d’équipes de soins multidisciplinaires, pour alléger la charge des médecins et améliorer l’accès.
L’idée est de mobiliser infirmières, praticiens, intervenants en santé mentale et personnel administratif pour permettre aux médecins de se concentrer sur le cœur de leur métier.
Mais selon Normand Glaude, la mise en œuvre de ce plan doit être améliorée. Pour la première phase lancée en avril et ciblant 300 000 personnes (sur 2 millions au total), la province a investi 235 millions de dollars dans la création et l’élargissement de plus de 130 équipes de soins primaires. « L’appel d’offres du printemps dernier a laissé aux organismes à peine trois semaines pour répondre. Résultat : beaucoup de demandes, peu de temps pour planifier, et un sentiment que le gouvernement agit encore une fois dans la précipitation, sans réelle consultation. »
Pour les communautés francophones, un enjeu spécifique s’ajoute : le jumelage linguistique. « Le système actuel, que ce soit via la plateforme Accès Soins ou les cartes santé, ne garantit pas un accès à un professionnel francophone pour les patients francophones », fait remarquer M. Normand.
Il plaide pour que la réforme en cours tienne compte de cette dimension linguistique. « On investit des millions dans la relance des soins primaires. Si on ignore les besoins spécifiques des francophones, on creuse les inégalités », conclut-il.
FAUQUIER-STRICKLAND – Confrontée à une impasse financière, la petite municipalité de Fauquier-Strickland du Nord de l’Ontario, majoritairement francophone, suspendra l’ensemble de ses opérations municipales et mettra à pied tous ses employés d’ici le 1er août. Une mesure radicale, mais jugée nécessaire par les élus pour éviter un effondrement complet de l’administration locale.
« On est la première petite municipalité à être dans cette situation-là », reconnaît Madeleine Tremblay, mairesse de Fauquier-Strickland. Depuis une dizaine d’années, le canton a accumulé un déficit budgétaire de 2,5 millions de dollars, épuisant ses fonds de réserve.
« Depuis 2011, on repousse l’inévitable », résume-t-elle ajoutant que le conseil municipal avait volontairement évité de hausser les taxes pendant des années pour ne pas pénaliser les citoyens à revenu fixe. Résultat : l’écart entre les dépenses et les recettes s’est creusé.
En 2024, le conseil municipal a choisi de limiter l’augmentation des taxes foncières à 26 %, plutôt que d’imposer une hausse de 300 % qui aurait été politiquement et socialement insoutenable. Ce compromis a été rendu possible grâce à des compressions budgétaires additionnelles et à un prêt bancaire de 2 millions de dollars.
Mais malgré ces efforts, les finances de Fauquier-Strickland demeurent précaires dans cette petite ville d’à peine 467 habitants, qui craint de ne plus pouvoir garantir les services de base à court terme, particulièrement à l’approche de l’hiver.
Madeleine Tremblay est la mairesse de Fauquier-Strickland depuis 2006. Photo : Inès Rebei/ONFR
La municipalité a formulé sa demande officielle d’intervention provinciale début juillet 2025, suite à un vote du conseil le 30 juin, et à l’envoi d’une lettre formelle au ministre Rob Flack le 2 juillet 2025, dans laquelle elle invoque la Loi sur les affaires municipales pour demander une surveillance ministérielle et un soutien d’urgence.
La mairesse Madeleine Tremblay essaie pourtant d’obtenir de l’aide depuis 2021 comme on peut le lire dans sa lettre : « Malgré une communication claire et répétée sur la détérioration de la situation de notre communauté au cours de cette période prolongée, aucune aide concrète n’a été apportée, hormis des propositions de formation financière pour le conseil ».
C’est aussi durant la même rencontre que le conseil municipal a décidé de suspendre toutes les activités de la municipalité et de procéder à la mise à pied des cinq employés municipaux d’ici le 1er août, lesquels ne perçoivent plus de salaire depuis deux mois.
La collecte des déchets et l’entretien des routes, entre autres services essentiels, pourraient devoir être confiés à des contractuels si aucune aide n’est accordée.
Réponse floue du gouvernement
Interrogé sur la situation, le ministère des Affaires municipales et du Logement n’a offert qu’une réponse évasive. Une porte-parole a indiqué à ONFR, par courriel, que la ministre de l’Infrastructure, Kinga Surma, a rencontré récemment plusieurs municipalités du Nord-Est, incluant Fauquier-Strickland, afin de discuter des priorités locales.
Le gouvernement affirme également « explorer les meilleures façons d’appuyer le canton », notamment en s’appuyant sur un investissement de 315 000 $ versé au cours des trois dernières années par l’entremise du Fonds ontarien pour l’infrastructure communautaire.
Plus tard mercredi après-midi, une porte-parole du ministère des Affaires municipales et du Logement a fait parvenir une déclaration révisée, indiquant que « le ministère est activement engagé auprès du canton de Fauquier-Strickland concernant les défis locaux ».
Pourtant mercredi en fin d’après-midi la mairesse soutient qu’elle n’a pas reçu de communication depuis l’envoi de la lettre : « Je n’ai rien reçu, je sauterais si j’avais une nouvelle du ministre. Ils attendent qu’on collapse, puis qu’eux autres vont venir à notre intervention et je n’ai pas peur de le dire. »
En toile de fond, un rapport provincial portant sur les pratiques financières du canton, mené entre 2022 et 2023, avait été remis au conseil municipal en février dernier. Aucune recommandation majeure n’avait alors été rendue publique.
La municipalité affirme avoir suivi les recommandations du rapport transmis en février 2024, bien que certaines mesures soient toujours en cours de mise en œuvre. « Ils demandent ce qu’ils peuvent faire pour les gens du Nord, mais quand on répond qu’on ne veut pas un chèque direct mais une vraie solution, il n’y a pas de suite. »
D’autres villes menacées
Pour la mairesse de Fauquier-Strickland, la situation actuelle est le fruit d’une accumulation de difficultés structurelles, budgétaires et démographiques. Selon elle, les municipalités rurales comme la sienne sont prises dans une spirale descendante : peu de revenus autonomes, des coûts en hausse constante, une population vieillissante et des infrastructures à entretenir.
« Si on continue dans cette situation-là sans plus d’aide, il y a plein d’autres municipalités comme nous qui vont suivre »
— Madeleine Tremblay
Par exemple, les dépenses imprévues liées à la remise aux normes du système de filtration d’eau, à la moisissure dans le centre communautaire et à la construction d’un centre de santé, nécessaire pour ne pas perdre les services de santé dans la localité, ont aggravé la situation. « Ce sont des choix qu’on a faits pour préserver ce qui nous restait comme services de base », défend-elle.
Des coupes ont été faites partout, dit-elle : salaires réduits, terrains mis en vente, entretien limité. Mais ces efforts n’ont pas permis d’éviter la crise actuelle. « On n’a plus rien à couper », soutient la mairesse.
Selon la mairesse, d’autres petites municipalités du Nord pourraient connaître un sort similaire si rien ne change. Elle dit s’inquiéter pour l’ensemble des localités situées le long de la route 11 : « Si on continue dans cette situation-là sans plus d’aide, il y a plein d’autres municipalités comme nous qui vont suivre . »
À ce jour, aucune municipalité ontarienne, et encore moins du Nord, n’a officiellement fait faillite mais si Fauquier‑Strickland s’enfonce dans l’insolvabilité, le canton serait le premier cas moderne dans la province.
TORONTO – La nouvelle année universitaire, qui débutera cet automne, verra la fin du plafond des permis d’études imposé par Ottawa très tôt l’année dernière. En parallèle, le projet pilote visant à attirer et à retenir des étudiants internationaux dans les communautés francophones en situation minoritaire, va revoir son plafond d’ici un mois. Néanmoins, de récentes données quant aux demandes d’admission vers les universités franco-ontariennes révèlent une faille dans le recrutement de futurs étudiants.
« On n’a plus la réputation qu’on avait », lance Linda Cardinal, ancienne vice-rectrice adjointe à la recherche de l’Université de l’Ontario français. C’est la première fois qu’elle voit ces courbes descendantes.
D’après les chiffres compilés par le Centre de demande d’admission aux universités de l’Ontario (OUAC), au printemps, l’Université de l’Ontario français (UOF) a reçu 301 demandes d’étudiants ne provenant pas des écoles secondaires, contre 683 l’an dernier. À l’Université de Hearst, c’est 28 contre à 69 et à l’Université d’Ottawa, environ 21 000 contre 28 000.
Comparativement aux années précédentes, comme en 2022 qui s’était achevée en comptant plus de 800 000 personnes avec un permis d’études en main, le gouvernement indique que la nouvelle cible pour l’année universitaire 2025-2026 sera de 437 000 permis.
À l’Université de Hearst, où 80 % des étudiants viennent de l’extérieur du Canada, la rectrice, Aurélie Lacassagne, explique que les demandes d’admission se font directement sur leur site et non à travers le système du OUAC.
Même si elle affirme que l’heure n’est pas encore venue de proclamer les chiffres, « on appréhende une chute », mesure-t-elle.
L’ancienne vice-rectrice adjointe à la recherche, Linda Cardinal, martèle que les plafonds de permis d’études mettent en péril les petites universités francophones. Gracieuseté de Linda Cardinal
En regard de l’effort fédéral pour l’immigration francophone, le Programme pilote pour les étudiants dans les communautés francophones en situation minoritaire (PPECFSM) est entré en vigueur il y a tout juste un an. Seulement, les acteurs du postsecondaire franco-ontariens n’ont pas tardé à sonner l’alarme sur les limites du projet.
Un projet pilote insuffisant
Ce projet assure exactement 2300 permis d’études, distribués entre les établissements postsecondaires hors-Québec, soit environ une vingtaine d’institutions. La vice-rectrice aux études et à la recherche de l’UOF, Isabelle Dostaler, précise que « le nombre de demandes d’admission que nous avons reçu est en fait moindre que le nombre de places qu’on nous a assignées dans le cadre du programme. »
Quant à Hearst, la rectrice estime que le programme fait une grosse différence avec ses petits chiffres.
Du côté de la capitale, la rectrice et vice-chancelière de l’Université d’Ottawa, Marie-Eve Sylvestre, affirme que « limiter le nombre de permis d’études qui sont octroyés aux étudiants internationaux dans les universités affecte tout le secteur. »
Cette dernière insiste notamment sur les défis budgétaires, qui demeurent la bête noire de nombre d’établissements. « Le contexte budgétaire est très difficile présentement pour les universités. Ça, c’est clair », souligne-t-elle.
Lena Metlege Diab a pris le relais suite à Marc Miller comme ministre de l’Immigration, des Réfugiés et de la Citoyenneté. Photo : THE CANADIAN PRESS/Adrian Wyld
Le récent remaniement du gouvernement de Mark Carney, à l’issue duquel Lena Diab est ressortie comme nouvelle ministre de l’Immigration, des Réfugiés et de la Citoyenneté (IRCC) au mois de mai, renforce l’incertitude qui ternit les prochaines étapes.
Le ministère de l’IRCC a répondu à ONFR : « Le programme vise à favoriser la transition vers la résidence permanente pour les étudiants étrangers francophones confrontés à des taux de refus de permis d’études historiquement élevés », précisant que tout nouveau développement sera communiqué publiquement.
Le ministère a prévu de déterminer le mois prochain un nouveau plafond pour la deuxième année du programme.
Le directeur général du Regroupement étudiant franco-ontarien (RÉFO), François Hastir, souligne que l’attraction d’étudiants internationaux francophones demeure primordiale dans la préexistence des communautés francophones en Ontario. « Ça contribue à avoir une main-d’œuvre francophone qui va être qualifiée. Si on part sur l’Université de Hearst, c’est une région qui accueille des cours d’étudiants francophones en proportion, et ça contribue évidemment à leur vitalité. »
Un processus de demande semé d’embûches
« C’est plus compliqué de transformer une demande d’admission en une personne » réellement dans les classes de cours, dit Aurélie Lacassagne.
Selon elle, le problème émane dès le départ dans le pays d’origine : « Il y a un problème de services consulaires et combien d’employés parlent effectivement français. Même à Dakar ce n’est pas évident, donc il y a beaucoup de Lost in Translation et les employés consulaires anglophones n’ont peut-être pas la même sensibilité », explique-t-elle.
Isabelle Dostaler de l’UOF note que ces problématiques s’ajoutent aux délais de traitement des demandes via IRCC et la forte proportion de refus « pour des raisons souvent discutables », tranche-t-elle.
L’Équipe des étudiants mentors de l’Université de Hearst pour l’année 2024-2025. Photo : Gracieuseté : Aurélie Lacassagne
L’Université de Hearst s’est retroussé les manches afin d’accompagner le plus possible les étudiants tout au long du processus. « Il faut que les universités mettent en place des ressources pour s’assurer que les étudiants ne sont pas perdus dans les dédales bureaucratiques et que les administrations les accompagnent dès le départ », avance Aurélie Lacassagne.
Un jeu de pile ou face
Dans le postsecondaire francophone, on se sent pris de court. « On doit être créatif. On doit tenter de générer de nouveaux revenus en maintenant notre mission fondamentale d’enseignement et de recherche ici à l’université, y compris de desservir la communauté franco-ontarienne », reconnait Marie-Eve Sylvestre.
Par ailleurs, la plainte qui avait été déposée auprès du Commissariat aux langues officielles après que l’Association des collèges et universités de la francophonie canadienne (ACUFC) ait estimé que le plafond d’étudiants étrangers enfreint délibérément la Loi sur les langues officielles « suit son cours et les parties seront informées en temps et lieu », nous rapporte la communication du commissaire.
Dans un point de vue global, la posture du Canada comme l’eldorado des étudiants n’a jamais semblé autant remise en question. « Ça envoie un message aux autres pays de la francophonie, qui est peut-être reçu comme : ‘Bon, ben on n’est peut-être pas les bienvenus au Canada’ », craint François Hastir.
« Je crois que la politique mal avisée du gouvernement fédéral d’imposer un cap nuit considérablement à la réputation du Canada », conclut Mme Dostaler.
Pour le moment, les universités s’en tiennent à des calculs internes mais, d’ici septembre, elles pourraient encore une fois être amenées à déplorer le soi-disant bénéfice du programme.
« Quand on pense à l’immigration francophone hors Québec, c’est notre meilleure chance », réaffirme la rectrice de l’Université de Hearst.
NORTH BAY – Le conseil municipal de North Bay a voté à l’unanimité pour faire flotter le drapeau franco-ontarien de manière permanente devant l’hôtel de ville, en amont de son 50e anniversaire.
Le vote a eu lieu durant la rencontre régulière du conseil municipal, mardi soir, et a été suivi d’une salve d’applaudissements.
Ce sont les conseillères Lana Mitchell et Sara Inch qui ont avancé la motion pour le vote, laquelle évoque le fait que l’un des créateurs du drapeau, Michel Dupuis, était un résident de la ville de North Bay.
La Ville souhaite ainsi souligner la présence francophone dans la région, dont 11 % des habitants ont le français comme première langue officielle.
Il s’agit d’une demande de longue date des Compagnons des francs loisirs de North Bay, qui ont exprimé leur volonté de contribuer financièrement aux coûts de l’installation.
« Par conséquent, il est résolu que le Conseil municipal mandate le personnel pour qu’il travaille en coordination avec Les Compagnons des francs loisirs, le Conseil scolaire public du Nord-Est de l’Ontario, le Conseil scolaire catholique Franco-Nord ainsi qu’avec d’autres acteurs francophones locaux, afin de soutenir l’installation du drapeau franco-ontarien à la place Leger, devant l’hôtel de ville », pouvait-on entendre mardi soir.
On pouvait entendre crier « Merci » plusieurs fois dans la salle après le vote mardi soir. Capture d’écran internet/Facebook
Sans discussion, la motion a été rapidement adoptée par l’ensemble des dix conseillers de cette ville qui célèbre cette année son 100e anniversaire.
« J’ai un peu du mal à y croire, mais on a travaillé pour, puis ça a payé », confie Arnaud Claude, directeur général des Compagnons des francs loisirs à ONFR.
Celui-ci avait fait une présentation devant le conseil le 17 juin dernier pour faire la demande pour ce nouveau mât à l’hôtel de ville : « On était optimistes car on avait fait absolument tout ce qui était en notre pouvoir pour faire entendre notre cause. »
« Un remerciement tout particulier à Arnaud et Anne qui ont porté ce dossier. Il me semble que ça remonte à six mois, voire un an, et maintenant je sais que vous allez enfin pouvoir dormir un peu », s’est exprimé le maire Peter Chirico après le vote.
Plus d’engouement pour la francophonie
Selon Arnaud Claude, les événements communautaires francophones à North Bay et dans la grande région de Nipissing gagnent en popularité : « On a connu de très belles réussites. On essaie de proposer des activités variées, qui rejoignent différents publics, différentes communautés, pour renforcer le sentiment d’appartenance chez l’ensemble des francophones de la région. »
Un autre enjeu important pour les Compagnons est la visibilité de la culture et de la communauté francophones auprès de la population anglophone. « On constate avec satisfaction que nos événements suscitent l’intérêt des communautés anglophones. Les gens participent, posent des questions, sont curieux… et finissent par en apprendre davantage sur notre culture », souligne M. Claude.
Interrogé sur le coût estimé pour l’achat d’un mât et l’installation du drapeau, Arnaud Claude se montre prudent. « Je ne voudrais pas avancer un chiffre sans les données complètes. Dire que ça coûtera 15 000 $ manquerait de contexte et de précision », explique-t-il, soulignant que les estimations sont toujours en cours.
Un mât sera installé juste à temps pour souligner le 50e anniversaire du drapeau le 25 septembre prochain, Jour des Franco-Ontariens.
TORONTO – Zaahirah Atchia, directrice des stations de Radio-Canada à Toronto, Windsor, London et Sudbury depuis novembre 2021, quitte ses fonctions, selon une note interne qu’ONFR a pu se procurer. On apprend aussi qu’Yvan Cloutier lui succède, tout en continuant d’assumer son rôle de directeur régional à la station d’Ottawa-Gatineau. Selon certaines sources, l’ambiance générale serait particulièrement tendue dans certaines stations du radiodiffuseur public.
L’annonce aurait été faite lundi matin lors d’une réunion virtuelle aux employés des salles de la région, provoquant une certaine surprise, selon plusieurs sources à Radio-Canada.
« La façon dont l’annonce a été faite est inacceptable. En n’allant pas droit au but, il y a eu confusion et nous ne comprenions pas si Zaahirah était remerciée ou non. Qu’elle soit dans la pièce au moment de l’annonce qui s’est faite à distance par le grand patron à Montréal était aussi malaisant », confie un employé de Radio-Canada.
Jean François Rioux, directeur général des médias régionaux, explique ainsi sa décision dans une note interne aux employés : « Dans un souci constant d’adapter notre offre aux besoins de nos auditoires et de renforcer notre proximité avec tous les francophones du pays, j’ai décidé de poursuivre la révision de la structure de gestion entamée il y a plusieurs mois déjà. Cette démarche vise à allier alignement stratégique et gestion de proximité ».
Un processus qui, selon lui, avait été entamé au Québec en novembre dernier avec le regroupement de la Côte-Nord avec les régions du Nord-du-Québec, ainsi que celui du Bas St-Laurent et de la Gaspésie-Îles-de-la-Madeleine avec la grande région de Québec, et qui s’est poursuivi en mars 2025 avec l’ajout de la Mauricie-Centre-du-Québec à la direction de l’Estrie.
« On se disait, nous, l’Ontario, on n’est pas encore là mais peut-être, qui sait. Mais là, ils nous font ça abruptement. Pourquoi l’avoir fait comme ça? Quelle maladresse! On nous parle d’une continuité, mais ils auraient pu donner un mois de préavis à Zaahirah », soutient cette autre source.
Des craintes pour la gestion des stations
La décision de confier les rênes des régions de l’Ontario et celles de la salle d’Ottawa-Gatineau à la même personne s’inscrit dans la lignée de cette réorganisation, peut-on aussi lire dans la note.
« Fort de ses quinze années d’expérience de gestion, dont dix en tant que directeur régional, Yvan a pour mandat de consolider la gestion de proximité au sein de ces stations. Des postes de gestion pourraient être créés pour soutenir cet objectif et assurer le meilleur accompagnement possible à nos équipes », écrit M. Rioux.
« J’accepte cette nouvelle responsabilité avec beaucoup d’humilité, car je sais que les attentes des francophones de l’Ontario à l’égard du diffuseur public sont importantes. Je sais que, chaque jour, les équipes de Radio-Canada en Ontario travaillent ardemment à remplir leur mission et c’est pour moi un grand honneur de pouvoir les accompagner », tient à mentionner Yvan Cloutier.
« Le fait que toute la direction ontarienne de Radio-Canada soit désormais pilotée depuis Ottawa-Gatineau comporte un risque tangible de dilution des enjeux locaux et régionaux »
— Fabien Hébert
Néanmoins, ce double mandat suscite une certaine inquiétude, selon nos sources qui évoquent des craintes devant cette double responsabilité vue par certains « comme une forme de tutelle ».
L’Assemblée de la francophonie de l’Ontario (AFO) dit saluer l’expérience de M. Cloutier, mais avoir « des inquiétudes quant aux impacts potentiels de cette décision sur la couverture médiatique des réalités franco-ontariennes », dans une déclaration écrite à ONFR.
« Le fait que toute la direction ontarienne de Radio-Canada soit désormais pilotée depuis Ottawa-Gatineau comporte un risque tangible de dilution des enjeux locaux et régionaux, particulièrement dans des régions comme le Centre, le Sud-Ouest ou le Nord de la province », croit également, le président de l’AFO, Fabien Hébert.
Zaahirah Atchia, à gauche, et Yvan Cloutier, à droite. Gracieuseté de Radio-Canada
La direction se veut toutefois rassurante, comme on peut le lire, encore une fois, dans la communication aux employés : « Nous tenons à vous assurer que cette évolution de la structure n’affecte en rien les mandats des stations, ni leur indépendance. Les stations conservent leur autonomie et continueront de produire des contenus pertinents et ancrés dans leurs communautés. »
En juin, M. Cloutier annonçait une formule renouvelée pour le Téléjournal Ottawa-Gatineau, lequel consacre, depuis septembre, les trente dernières minutes du bulletin à des sujets d’intérêt régionaux, nationaux et internationaux.
Des relations compliquées
Mme Atchia a été rencontrée lundi matin et aurait accepté la décision, fait savoir M. Rioux dans cette communication interne. « Je l’ai rencontrée ce matin, et l’ai remerciée pour sa contribution à Radio-canada. Zaahirah a tenu à souligner qu’elle comprenait et appuyait parfaitement la vision présentée. »
Celle qui était également gestionnaire de la salle des nouvelles de Windsor a notamment contribué à la création du bureau économique de Toronto et à l’implantation d’un bureau journalistique à London.
Sa nomination, en 2021, avait fait grincer des dents alors que plusieurs journalistes disaient s’interroger sur la crédibilité, les compétences et l’expérience de l’ex-directrice de la radio communautaire CHOQ-FM.
Celle-ci avait notamment démissionné, en 2019, du conseil d’administration de La Passerelle-IDÉ, lequel avait été éclaboussé par un quadruple scandale de gestion de fonds publics.
« Les noirs on les veut dans l’Ouest, dans des rôles secondaires, pas en avant-plan »
— Source anonyme
Une source avec une certaine expérience a bien accueilli la nouvelle : « Sur le fond, le changement était nécessaire. Les équipes sont démotivées, la gestion ne comprend pas notre réalité et il était impossible de faire comprendre nos points sans que Zaahirah se mette sur ses gardes. Nous marchions toujours sur des œufs et avions peur d’avoir des discussions difficiles. »
« Il y a un climat toxique dans toutes les salles de nouvelles qui relevaient de la gestion de Zaahirah », confie une autre source, qui juge que l’ex-gestionnaire faisait du favoritisme.
ONFR a tenté de rejoindre Mme Atchia pour une réaction, mais n’a pas reçu de réponse favorable.
Différence de traitement?
D’autres employés n’ont pas la même vision des choses. Un de nos contacts va même jusqu’à dire : « Zaahirah était la seule gestionnaire noire du réseau et voilà qu’on la congédie pour mettre d’autres caucasiens! À l’image de la philosophie de Radio-Canada : les noirs on les veut dans l’Ouest, dans des rôles secondaires, pas en avant-plan ».
« Elle avait clairement à cœur l’avancement des personnes noires, comparativement aux gestionnaires de la vieille garde », révèle aussi une autre source, qui dit constater un manque de diversité dans la station de Toronto, contrairement à celle des autres régions.
Même son de cloche chez cet autre employé : « Il n’y a pas le même traitement pour les gens de couleur, surtout pour les personnes noires, par rapport à celles dont la peau est blanche. »
La couleur de peau a-t-elle influé la manière dont Mme Atchia a été traitée, comme le clament plusieurs employés?
« Absolument pas », répond par courriel Marie-Claude Gélinas, cheffe, Expériences citoyennes et partenariats pour Radio-Canada en Ontario et responsable des relations avec les médias.
« La décision prise s’inscrit dans une réorganisation de la structure de gestion de nos stations régionales amorcée en novembre 2024. L’engagement envers la diversité, l’inclusion et la représentation des minorités demeure une priorité à Radio-Canada », déclare-t-elle.
Climat de travail et enquête sur la toxicité
Un peu plus tôt, en novembre dernier, c’était le premier chef des contenus pour le Nord de l’Ontario, Éric Bachand, qui perdait son emploi. Fin avril, c’était Andréanne Germain, réalisatrice à l’émission Jonction 11-17, qui lui succédait à ce poste.
« Nous sentions le besoin de renouveler le leadership au sein de la station afin de poursuivre la transformation et le virage numérique en cours », précisait alors Marie-Claude Gélinas.
On apprenait aussi qu’une enquête par une firme externe avait été lancée concernant le climat dans la salle de Sudbury.
« En ce qui concerne le climat de travail, Radio-Canada prend toujours très au sérieux toute situation pouvant contrevenir à nos politiques internes et affecter le climat de travail. Nous avons décidé de procéder à une évaluation de l’environnement de travail de la station de Sudbury avec l’aide d’une ressource externe, afin de mettre sur pied un plan d’actions pour enrayer toute situation problématique, selon les recommandations obtenues », continue Mme Gélinas.
Selon plusieurs sources, la toxicité est encore bien présente, même dans une autre station. « C’est depuis bien avant Zaahirah que le climat n’est pas bon à Toronto. Il y a des gens qui contribuent au climat toxique de Toronto qui sont encore en poste parce que personne ne leur fait rien », nous explique une autre personne.
Concernant l’état de l’enquête à Sudbury et d’autres à potentiellement mener pour les autres salles, Mme Gélinas répond : « L’étude a été complétée et des actions ont déjà été entreprises. Toute étude de climat est faite lorsque jugée appropriée ».
Tyr Duhaney-Walker est l’un des visages prometteurs de l’Atlético Ottawa. Défenseur central franco-ontarien, il s’impose peu à peu dans le onze de départ grâce à sa qualité technique, à sa lecture du jeu et à sa force mentale. À seulement 21 ans, il incarne la nouvelle génération ambitieuse du club de la capitale.
LE CONTEXTE
Ce mardi, l’Atlético Ottawa se déplace sur la pelouse de York United pour le match retour du quart de finale du Championnat canadien. Après une victoire 2-1 à l’aller, les rouges et blancs ont un léger avantage à défendre.
Pour Duhaney-Walker, ce rendez-vous intervient dans une période positive : nommé dans l’équipe de la semaine en Première Ligue canadienne, il regagne la confiance des entraîneurs et enchaîne les minutes, après un début de saison perturbé par un carton rouge et une concurrence féroce.
L’ENJEU
Dans cet entretien accordé à ONFR, le jeune défenseur revient sur ses premières semaines mouvementées, l’exigence quotidienne sous les ordres de Diego Mejia, la richesse de l’effectif et l’identité offensive du groupe. Confiant et déterminé, Tyr Duhaney-Walker affirme l’ambition collective de l’Atlético : jouer chaque compétition à fond, viser les sommets en Première ligue canadienne (PLC) et se projeter vers la scène continentale avec la Ligue des champions de la CONCACAF en ligne de mire.
« Parlez-nous un peu de votre début de saison. Comment l’analysez-vous aujourd’hui?
Le début de saison a été un peu compliqué pour moi. J’ai commencé titulaire lors du premier match, mais j’ai rapidement écopé d’un carton rouge. Cela m’a écarté de l’équipe pendant un moment.
Ça a été un vrai défi mental, une période où j’ai dû travailler sur moi-même pour m’améliorer. Mais dans un groupe aussi compétitif que le nôtre, ce genre d’obstacle est aussi une opportunité. Chaque jour, l’intensité est élevée, personne n’a sa place garantie. Il fallait que je redouble d’efforts, et aujourd’hui, je commence à en voir les fruits.
Vous évoquez justement cette compétition interne, notamment avec Sergei Kozlovskiy qui s’est imposé très vite à tout juste 17 ans. Comment vivez-vous cette émulation entre jeunes défenseurs?
C’est extrêmement stimulant. Sergei est un excellent joueur, tout comme Loïc Cloutier et Noah Abatneh. Malgré la perte de Amir Didic, qui nous apportait beaucoup d’expérience et de leadership, on reste solide grâce à cette jeune garde.
Didic était un joueur précieux, autant sur le terrain qu’en dehors. Mais la qualité de notre groupe nous permet de compenser. On peut vraiment compter les uns sur les autres, et c’est une grande force.
Tyr Duhaney-Walker revient en force dans la défense centrale ottavienne, il pourrait enchaîner une deuxième titularisation de suite face à York ce mardi. Photo : Sarah Parker
Comment Diego Mejia vous garde-t-il impliqué dans le groupe, surtout après avoir perdu votre place en début de saison?
Le coach sait créer un environnement de confiance. Il accepte que l’on fasse des erreurs, ce qui est essentiel pour progresser. Son approche offensive expose parfois notre défense, mais il assume ce choix et nous donne les outils pour mieux gérer ces situations.
Il nous responsabilise, tout en nous soutenant. Que l’on soit titulaire ou non, tout le monde se sent concerné. Et dans le vestiaire, au-delà des qualités techniques, c’est la qualité humaine qui prime. On forme une vraie famille.
Votre style de jeu, porté sur la relance et la prise de risque, semble parfaitement s’inscrire dans ce projet.
Oui, c’est un système qui me correspond bien. Il me permet d’exprimer mes qualités techniques, de tenter des relances longues ou des prises d’initiative balle au pied. Cette saison, j’apprends à jouer différemment, à m’adapter.
C’est une belle occasion de grandir, surtout avec un staff qui croit en moi. Défendre, c’est mon rôle, mais j’ai aussi du plaisir à construire le jeu.
Trois jeux blancs consécutifs et une attaque en feu : on a l’impression que l’équipe monte en puissance. Où voyez-vous encore des marges de progression?
Offensivement, je pense qu’on est les meilleurs, c’est clair. On l’a prouvé avec nos 30 buts inscrits en championnat. Mais je suis surtout fier des progrès défensifs récents. On commence à gagner en stabilité.
On est une ligne défensive jeune, mais on a envie de prouver qu’on peut rivaliser avec les meilleures équipes de la Ligue, et même au-delà. On a du talent, et on veut le montrer.
Ottawa et York se sont affrontées le 22 juin à Toronto, sous une chaleur accablante, avec un score final logique de 0-0. Photo : Denys Rudenko/ York United
Un mot pour conclure sur ce match retour contre York. Quelle est son importance pour vous?
Elle est énorme. Le coach nous l’a dit dès le début : on joue chaque compétition pour la gagner. Que ce soit la Ligue, les séries ou le Championnat canadien, on veut tout jouer à fond. Et au bout de tout ça, il y a aussi la Ligue des Champions de la CONCACAF.
Ce match contre York est une étape de plus vers ces objectifs. On sait ce qu’on veut, et on va tout faire pour y parvenir. »
Ottawa – C’est sous les exclamations fébriles et sous la pluie battante que le premier coup de pelle a été donné pour la démolition de l’ancien centre communautaire du Mouvement d’implication francophone d’Orléans (MIFO). L’organisme avait invité la population à assister à ce moment symbolique, précédé de la descente du drapeau franco-ontarien au 6600 rue Carrière.
Quelques dizaines de personnes se sont déplacées lundi matin pour voir l’enseigne de leur centre culturel tomber au sol. Regroupées sous les tentes et les parapluies, elles ont d’abord assisté à quelques discours.
« Avant de regarder vers l’avenir, on va prendre un instant pour rendre hommage à ce lieu », a déclaré la directrice générale du MIFO, Mélanie Routhier Boudreau.
« Aujourd’hui, nous commençons une nouvelle époque pour le MIFO, pour la communauté francophone, et pour notre communauté de la ville d’Ottawa », a renchéri la conseillère municipale d’Orléans-Ouest-Innes, Laura Dudas.
Une dernière photo de famille devant l’ancien bâtiment du MIFO. Photo : Rachel Crustin/ONFR
Élu en juin, le nouveau président du conseil d’administration, Carol Jolin, s’est montré poétique. « Nous sommes réunis pour un événement communautaire qui n’est pas banal, a-t-il exprimé. Loin d’être un adieu triste, c’est un au revoir tourné vers l’avenir. Parce que ce que nous démolissons, ce ne sont pas nos racines. Ce sont les murs trop petits pour nos rêves. »
Si quelques mouchoirs ont été nécessaires pour essuyer la nostalgie, c’est surtout avec fébrilité que les gens impliqués de près ou de loin dans l’histoire du MIFO ont regardé ces murs tomber.
L’ancien bâtiment du MIFO, juste avant sa démolition. Il aura servi la francophonie d’Orléans pendant 40 ans. Photo : Rachel Crustin/ONFR
Certains se sont rappelé avoir assisté à la première pelletée de terre, il y a 40 ans. C’est le cas de Florian Couture, ex-professeur d’économie à l’École secondaire catholique Garneau, qui s’est confié à ONFR. À l’époque, il avait mené le projet du MIFO avec un groupe d’élèves. L’idée était venue d’un rapport qui démontrait qu’Orléans accueillait de plus en plus d’habitants, au détriment du poids démographique des francophones. Il a lancé le défi à ses élèves de trouver « comment on garde notre place et comment on continue de jouer un rôle actif dans la communauté. »
Il explique que le mot mouvement, dans le Mouvement d’implication francophone d’Orléans, n’a pas été choisi au hasard. « Les gens s’impliquent, font quelque chose. Dans la francophonie, si tu veux avoir ta place, il faut que tu crées. »
Un nouveau bâtiment et un monument actualisé
Dans son discours, Carol Jolin a rappelé que le nouveau bâtiment du MIFO sera quatre fois plus grand que son prédécesseur. « Inclusif, accessible, carboneutre, intergénérationnel » sont les mots-clés qui décrivent les ambitions de l’organisme.
L’édifice comptera notamment une salle de spectacle de 300 places, un gymnase avec une piste de course en mezzanine, des salles polyvalentes, des studios de musique et une galerie d’art.
« Ce nouvel édifice ne sera pas qu’un toit ou quatre murs. Il sera un carrefour vivant de rencontres » a visualisé Carol Jolin en souhaitant que toutes les générations s’y reconnaissent, s’y côtoient et s’y entraident.
Des volontaires attrapent le drapeau franco-ontarien du monument de la francophonie du MIFO. Photo : Rachel Crustin/ONFR
La démolition a été précédée de la descente du drapeau franco-ontarien, hissé au mât du monument de la francophonie du MIFO. Ce dernier sera démantelé, mais pas détruit. Dans le futur, il trônera devant l’entrée du MIFO, dans une version modernisée. Entre-temps, le monument passe au virtuel et peut être admiré sur le site web de l’organisme.
SUDBURY – L’Université de Sudbury annonce la confirmation d’un investissement historique de 10.8 millions de dollars sur trois ans du gouvernement de l’Ontario et la gratuité des droits de scolarité pour les étudiantes et étudiants de 2025-2026.
« Aujourd’hui, nous célébrons la concrétisation d’un rêve qui date de plus d’un siècle en annonçant la relance de nos programmes d’études et la gratuité des droits de scolarité pour 2025-2026 », a déclaré Jean-Marc Spencer, président du Conseil de gouvernance de l’Université de Sudbury.
Selon le ministre des Collèges, des Universités, de l’Excellence en recherche et de la Sécurité, Nolan Quinn, cet investissement permettra de former une main-d’œuvre bilingue mieux adaptée aux réalités du marché du travail.
« Les communautés francophones de notre province jouent un rôle essentiel dans le renforcement de notre main-d’œuvre hautement qualifiée. Grâce à cet investissement, notre gouvernement forme une main-d’œuvre bilingue solide pour rendre le Nord de l’Ontario plus fort, plus concurrentiel et plus autonome », a-t-il déclaré dans le communiqué paru ce lundi, en début d’après-midi.
De son côté, la ministre des Affaires francophones, Caroline Mulroney, y voit un signal fort envoyé à la francophonie ontarienne. Elle affirme que ce projet contribue à renforcer le rôle des francophones comme « moteur social, culturel et économique » dans la province, en particulier dans les régions rurales et nordiques.
18 millions de ses propres fonds
L’Université de Sudbury, qui œuvre à sa transformation en institution francophone depuis plusieurs années, qualifie l’annonce de moment charnière. « Cette annonce concrétise un rêve centenaire », a affirmé le recteur Serge Miville, saluant la mobilisation de la communauté pour faire renaître l’établissement sous une nouvelle forme et remerciant ce financement du gouvernement.
L’Université de Sudbury a investi 18 millions de dollars de ses propres fonds, un record institutionnel en Ontario français. selon l’établissement. « Notre investissement de 18 millions de dollars représente la plus importante mise de fonds institutionnelle jamais réalisée par un établissement francophone en Ontario », souligne M. Miville.
La rectrice et vice-chancelière de l’Université d’Ottawa, Marie-Ève Sylvestre, souligne quant à elle que ce partenariat permettra d’élargir l’offre universitaire francophone dans le nord-est de l’Ontario, tout en répondant aux besoins locaux en matière de formation et d’emploi.
« Cette journée marque une nouvelle étape déterminante dans l’histoire de la francophonie ontarienne. Grâce à ce partenariat novateur avec l’Université de Sudbury, dont je suis particulièrement fière, les communautés francophones du nord-est de l’Ontario auront désormais accès à un plus grand nombre de programmes universitaires en français de qualité, qui répondent aux besoins du marché du travail de cette région de la province », a fait également savoir Mme Sylvestre.
« Cette décision est bien plus qu’un geste financier. C’est une reconnaissance fondamentale du droit des francophones à recevoir une éducation postsecondaire en français, dans une institution qui leur appartient et qui les représente », a indiqué, quant à lui, Fabien Hébert, président de l’Assemblée de la Francophonie de l’Ontario (AFO).
Le contexte d’un virage francophone
Cette nouvelle intervient alors que l’Ontario avait d’abord refusé un premier financement en juin 2023, suscitant une vague de réactions dans toute la province.
Plus tard, en mars 2024, l’Université de Sudbury annonçait un partenariat avec l’Université d’Ottawa lui permettant d’offrir 23 programmes dès la rentrée de septembre prochain. Ce financement intervient donc dans le cadre de cette entente.
En mars dernier, le gouvernement fédéral octroyait une première tranche de financement de 1 809 310 $ sur trois ans à l’établissement.
Dès septembre 2025, l’Université de Sudbury accueillera de nouveau des étudiantes et étudiants dans des programmes en sciences de la santé, gestion et commerce, sciences sociales et arts, tous offerts en français. Il s’agit de la première rentrée de l’établissement depuis la crise à la Laurentienne à laquelle l’Université de Sudbury était fédérée jusqu’en 2021.
Récemment, le gouvernement avait aussi fait d’importantes annonces pour la francophonie notamment en culture, dont un investissement de15,75 millions de dollars au nouvel édifice du MIFO d’Ottawa, et en santé, avec la création d’un Centre de planification des services de santé en français pour tout l’Ontario.
CALGARY – L’Ontario et l’Alberta signent une entente pour développer un corridor Est-Ouest : construction d’infrastructures, via pipelines et voies ferrées, afin de transporter et d’échanger les minéraux critiques de l’Ontario, ainsi que le pétrole et le gaz de l’Ouest canadien.
À Calgary, le premier ministre ontarien, Doug Ford, et la première ministre de l’Alberta, Danielle Smith, ont annoncé la décision commune de développer un corridor énergétique et commercial est-ouest.
L’objectif en toile de fond : trouver des solutions aux tarifs américains par la diversification des partenariats commerciaux, en l’occurrence par le transport des minéraux critiques de l’Ontario et celui du pétrole et du gaz de l’Ouest du pays.
« Il est temps de mettre fin aux excuses, il est temps de construire maintenant (…) c’est ainsi que nous bâtissons le Canada », a lancé Doug Ford.
« Fabriqués avec de l’acier ontarien, de nouveaux pipelines relieront les ressources de l’Ouest aux raffineries du sud de l’Ontario et renforceront les débouchés, notamment grâce à un nouveau port en eau profonde à la Baie James, dans le Nord de l’Ontario », détaille le communiqué de presse.
« De nouvelles lignes ferroviaires, également construites avec de l’acier ontarien, relieront la région du Cercle de feu, les projets miniers critiques et les installations de transformation aux ports de l’Ouest, permettant à l’Ontario de créer une chaîne d’approvisionnement complète pour les minéraux critiques. »
« Nous pouvons devenir le pays le plus riche du monde si nous travaillons tous ensemble, incluant les nations autochtones. »
— Doug Ford
Une étude de faisabilité conjointe sera lancée. Le communiqué de presse promet des projets qui « respecteront pleinement la consultation des communautés autochtones ».
Notamment interrogée sur la mauvaise presse des pipelines, durant la période des questions, Danielle Smith a ajouté que ces infrastructures, dont de nouvelles routes, pourraient permettre d’échanger d’autres biens et produits, de la nourriture par exemple, plutôt que de compter sur les États-Unis.
« Nous pouvons devenir le pays le plus riche du monde si nous travaillons tous ensemble, incluant les nations autochtones », s’est enthousiasmé Doug Ford.
Dans le cadre de ces ententes, l’Ontario et l’Alberta militeront ensemble auprès du gouvernement fédéral pour un cadre réglementaire stimulant les investissements privés dans les nouvelles infrastructures énergétiques et commerciales.
La coopération entre les deux provinces inclura le développement de l’énergie nucléaire, notamment par le partage de technologies et d’expertise pour les petits et grands réacteurs.
L’Alberta donnera également la priorité aux véhicules fabriqués au Canada pour le parc de véhicules de son gouvernement, tandis que l’Ontario augmentera la présence de bière, vin, liqueur et autres boissons alcoolisées de l’Alberta dans ses magasins.
SUDBURY –La Semaine de la Fierté s’amorce à Sudbury avec une programmation inclusive et festive, mettant en lumière la diversité et la résilience de la communauté LGBTQ+. Spectacles, expositions, rassemblements communautaires et moments de célébration seront au rendez-vous tout au long de la semaine. Voici cinq façons de participer à cette édition 2025 de Fierté Sudbury.
Cérémonie d’ouverture et exposition artistique 2S/Indigiqueer
Fierté Sudbury 2025 débute le lundi 7 juillet, de 18 h 30 à 20 h, au Centre d’amitié N’Swakamok, un centre communautaire autochtone qui favorise une approche holistique du mieux-être, avec une soirée sociale chaleureuse, des rafraîchissements légers et une exposition artistique.
Les œuvres présentées, zines et collages, sont issues de l’atelier du 24 juin, réalisé en partenariat avec Thunderbird Artist Collective et Myths and Mirrors Community Arts. Elles visent à célébrer les voix bispirituelles et indigiqueer dans un cadre inclusif et convivial.
Soirée micro ouvert queer
Chanteur(euse)s, poètes, conteur(euse)s et artistes de tous horizons sont invité(e)s à une soirée où art, poésie et militantisme seront à l’honneur. En collaboration avec l’initiative de poésie et d’arts interdisciplinaires bilingue Anaphore, l’événement sera animé par Alexia Cousineau. Les prestations (de 5 à 7 minutes) peuvent inclure musique, poésie, magie ou toute autre forme artistique.
Les inscriptions se font entre 17 h et 18 h (premier arrivé, premier servi). La soirée gratuite se déroulera ensuite de 18 h à 19 h 30 au café Books & Beans.
Bal de la Fierté pour les jeunes
Le Bal de la jeunesse, organisé par Fierté Sudbury, se tiendra à la Caverne de Science Nord vendredi soir. L’activité s’adresse aux jeunes de 14 à 18 ans, qu’ils soient membres de la communauté LGBTQ+ ou allié(e)s.
L’événement promet une soirée festive axée sur l’expression de soi, avec de la musique, une piste de danse, un photomaton et un souper sur place. Les participant(e)s sont encouragé(e)s à porter la tenue de leur choix. Les portes ouvrent à 18 h 45 et la soirée prendra fin à 22 h. L’admission est gratuite sur présentation d’un billet.
Marche de la Fierté sans la police
Une marche pour la visibilité et la résilience de la communauté LGBTQ+ aura lieu samedi de 16 h à 17 h. Les participants sont invités à se rassembler devant le YMCA de Sudbury, situé au 140 rue Durham.
L’événement vise à affirmer la présence de la communauté LGBTQ+ dans l’espace public, dans un contexte marqué par une montée des discours haineux. C’est aussi la première marche depuis 2022, après une controverse autour de la présence policière, laquelle ne sera pas permise cette année. Résultat : la marche de cette année se déroulera sur les trottoirs du centre-ville.
Soirée de rue pour adultes
La rue Durham s’animera pour célébrer la Fierté avec des jeux, des kiosques, des performances et une ambiance festive toute la journée du samedi. Le soir, après la marche, les organisateurs proposent le premier événement officiel réservé aux adultes : une fête nocturne gratuite à l’extérieur.
Ce sera nulle autre que Jenna Seppa, une drag queen franco-ontarienne de Sturgeon Falls, qui animera la soirée, qui vise un public de jeunes adultes. Les festivités débutent à 19 h et continueront jusqu’à 23 h.
Tous les détails sur les autres activités de la semaine sont disponibles sur le site de Fierté Sudbury.
Comédien dans une autre vie, militant de la nuit à Montréal, devenu aujourd’hui commissaire à la vie nocturne d’Ottawa, Mathieu Grondin incarne un parcours au service d’un renouveau culturel. Entre rêves personnels et stratégies urbaines, il veut faire de la nuit un espace de liberté, de création et d’inclusion. Rencontre avec un fonctionnaire pas comme les autres, bien décidé à réveiller la capitale.
« Vous avez été comédien. Que retenez-vous de cette époque?
J’ai été comédien de l’âge de 5 ans jusqu’à mes 25 ans. J’ai fait plusieurs choses, c’était une époque importante dans ma vie, mais ça fait déjà plus de 20 ans que j’ai cessé de jouer. J’aimais ça, mais j’avais envie d’explorer autre chose. Je suis passé à la réalisation, j’ai fait beaucoup de vidéoclips, de publicités, un peu de cinéma, de télévision, puis je me suis spécialisé en montage. Et les hasards de la vie m’ont amené à fonder un organisme pour la vie nocturne en 2017, qui a rapidement gagné une attention nationale et internationale. Aujourd’hui, je consacre tout mon temps à cette question de la vie nocturne.
Comment êtes-vous passé du milieu artistique à la politique urbaine de la vie nocturne?
J’ai toujours gardé un pied dans la culture. J’étais aussi disc jockey, j’organisais des événements. J’ai travaillé pour des festivals de cinéma, programmé des volets événementiels. Je connaissais donc bien le milieu nocturne. Mais il y avait une stigmatisation importante, beaucoup de complications administratives, des frictions avec la police et les pompiers. On s’est donc réunis à Montréal, avec d’autres organisateurs, pour créer un organisme qui défend les intérêts des citoyens nocturnes. On a ensuite établi un dialogue avec la Ville de Montréal, obtenu un financement, mis en place un plan d’action, un Conseil de la nuit, publié des études, organisé des conférences.
On a même testé l’expansion des heures de vente d’alcool avec un événement de 29 heures, pour démontrer quels en seraient les impacts sur la santé publique, l’économie, les artistes et l’espace public. Cela a mené à l’adoption d’une politique de la vie nocturne et, par exemple, à émettre des permis d’opération de 24 h pour des centres de spectacle.
Ça s’est fait graduellement, puis on a organisé des sommets à Montréal. J’avais beaucoup de prises de parole pour conseiller les villes, entre autres, et plaider pour s’inspirer du modèle des « maires de nuit » en Europe. Puis, Ottawa s’est intéressée à notre modèle. Et quand le poste de commissaire a été créé, j’ai tenté ma chance. Et me voilà.
Vous êtes passé du militantisme à la fonction publique. Comment vivez-vous cette transition?
C’était une volonté de ma part. En tant que militant, on identifie les problèmes, mais on ne peut pas forcément les régler. J’ai voulu me salir les mains en essayant de réparer le moteur de l’intérieur, parce qu’il y a quand même des frustrations qui viennent avec le fait d’être un activiste. Je reste un défenseur de la vie nocturne, mais mon rôle de fonctionnaire me donne les outils pour mettre en œuvre les solutions. C’est une transition qui m’a permis d’avoir un impact plus direct et durable.
Et les frustrations du côté fonctionnaire, en décelez-vous aussi?
Pour être honnête, ici à Ottawa, ça avance très vite. J’ai été bien accueilli par l’administration. Tout le monde semble vouloir développer la vie nocturne et éviter les erreurs faites ailleurs. En moins d’un an, on a déjà une dizaine de propositions prêtes à aller au conseil municipal. À Montréal, il a fallu sept ans pour en arriver là.
Mathieu Grondin veut faire d’Ottawa, une ville où il fait bon vivre… la nuit. La Presse canadienne/Spencer Colby
Est-ce qu’Ottawa vous a surpris?
Oui, beaucoup. Il y a ici un réel engagement de toutes les parties prenantes : conseillers municipaux, administration, partenaires externes… Tout le monde rame dans la même direction. Le dossier de la vie nocturne est moins politisé qu’à Montréal, où l’on est dans une optique de gestion des externalités négatives et où des politiciens ont l’impression d’avoir une grosse pression des associations de résidents.
À Ottawa, il y a des défis, bien sûr – la taille du territoire, le transport, la faible densité au centre-ville – mais la volonté de faire bouger les choses est réelle.
Aussi, j’étais surpris de constater qu’on sous-estime Ottawa. On la traite parfois injustement de ville de fonctionnaires. Il y a une vie culturelle riche, des initiatives incroyables. Il faut juste mieux les mettre en lumière afin de développer une offre qui pourrait être attractive justement pour les gens de Montréal et de Toronto, de venir à Ottawa et d’avoir un peu toutes les facilités d’une grande ville, mais dans une ville à taille plus humaine.
Qu’est-ce que représente la nuit pour vous, personnellement?
La nuit, c’est un marqueur identitaire pour moi. Je me sens plus proche d’un autre ‘nocturne’ à l’autre bout du monde que d’un voisin qui partage ma langue. La nuit permet d’être soi-même, de se libérer des contraintes du jour, dont cette nécessité de se conformer.
La nuit c’est un espace de liberté, de création, d’expérimentation. Les plus grandes idées, les plus grandes œuvres d’art, les plus grandes révolutions ont été fomentées la nuit.
Rassurez-nous… vous dormez la nuit?
Oui, ça m’arrive (rires). Encore plus maintenant que je suis fonctionnaire. C’est peut-être l’ironie de la chose : c’est un poste de jour qui me permet de défendre les intérêts de la nuit. Parfois, je suis présent sur le terrain la nuit aussi, bien sûr.
Votre père était animateur de radio, votre frère est comédien… Est-ce que cela vous a influencé?
Absolument. Mon père faisait de la radio de nuit, il terminait à 3 heures du matin. Je l’accompagnais parfois. Je m’endormais même dans le studio. J’avais l’impression d’accéder à un monde secret, tandis que d’autres enfants devaient aller se coucher tôt, contrairement à moi. Pour ce qui est de mon frère, il est comédien, je l’ai été moi aussi. Le cinéma fait partie de nos vies. C’est sûr que tout ça teinte mon parcours. Je ne me considère pas comme un artiste engagé, mais je suis assurément un citoyen engagé pour la culture.
La francophonie peut-elle jouer un rôle dans le renouveau culturel nocturne à Ottawa?
Oui, elle a un rôle à jouer dans ce renouveau nocturne qu’on essaie d’apporter. Il y a un dynamisme, une sensibilité culturelle plus grande, je crois, dans les communautés francophones. Une proximité avec le Québec aussi. La nuit est un espace de diffusion, d’expression artistique. Il y a là une opportunité pour les francophones d’investir ce plan d’action, de monter des projets et de se mettre en valeur.
Si vous pouviez changer une seule chose dans la perception de la vie nocturne?
L’idée que la nuit est dangereuse est fausse. Les statistiques le montrent. La nuit est sécuritaire, parfois même plus que le jour. La nuit, particulièrement ici en Amérique du Nord, ou au Canada, est extrêmement sécuritaire et je pense que les gens auraient intérêt à la fréquenter plus souvent pour la démystifier, la redécouvrir et l’apprivoiser.
Et le marché By?
Le problème là-bas est surtout lié à la santé publique et à la pauvreté.
C’est sûr qu’il y a un inconfort et quand on parle de sécurité, la perception de sécurité est parfois aussi importante que la réalité sécuritaire. Mais moi, quand je me promène dans le marché By, c’est sûr que je me sens bien, mon profil y est aussi pour quelque chose : je suis un homme dans la quarantaine. Mais je pense qu’il y a plein d’actions qui sont mises en branle en ce moment par différents niveaux de gouvernement, différentes agences, pour faire en sorte que les gens se sentent en sécurité. Et j’ai bon espoir qu’on va y parvenir et redynamiser le marché dans les prochaines années.
La nuit, c’est aussi le rêve… Quel est votre rêve pour Ottawa dans 5 ou 10 ans?
Que les projets qu’on a lancés se concrétisent. L’ouverture d’une nouvelle salle dans le marché By, le 200e anniversaire, la revitalisation du centre-ville, l’arrivée de l’aréna des Sénateurs… Tout cela peut transformer complètement la nuit à Ottawa. Je veux que dans 5 ou 10 ans, on ne parle plus de la vie nocturne d’Ottawa comme on le fait aujourd’hui.
Et votre rêve personnel?
Mon rêve, c’est qu’on fonde un institut dédié à la culture et à la vie nocturne, ici au Canada. Un lieu de diffusion, d’archives, de réflexion, pour valoriser notre histoire nocturne et la recherche sur le sujet. Et… de prendre des vacances! »
LES DATES-CLÉS DE MATHIEU GRONDIN
1979 : Naissance à Montréal
2017 : Fonde MTL 24/24, organisme qui analyse et structure la vie nocturne à Montréal
2024 : Devient commissaire à la vie nocturne à Ottawa
TORONTO – Un organisme anglophone spécialisé en autisme de la région du Grand Toronto reçoit un financement de 400 000 dollars pour élargir ses services aux francophones. L’objectif : répondre à la demande croissante et desservir les régions dépourvues de services. Un financement qui soulève toutefois des interrogations pour la Société franco-ontarienne de l’autisme (SFOA) quant au manque de moyens pour les organismes francophones et à la pénurie d’activités pour des parents « au bout du rouleau ».
Kinark Children and Youth, un fournisseur anglophone de services en autisme pour les enfants et les jeunes, bénéficiera d’un financement provincial de 400 000 dollars sur deux ans pour étendre ses services aux francophones.
« Ce financement nous permet de combler un vide critique dans les services en autisme pour les communautés francophones et rurales », affirme Cathy Paul, la directrice générale de Kinark.
Concernant la décision de solliciter ce financement, « nous savons que le français est non seulement l’une des langues officielles du Canada, mais aussi la langue principale de nombreuses personnes dans les régions que nous desservons », justifie Erin Johnston, gestionnaire principale des communications.
« Nous avons observé une demande croissante de la part de clients et partenaires francophones, poursuit celle-ci. La langue ne devrait jamais être un obstacle à l’accès aux services. (…) En tant qu’organisation historiquement anglophone, cette initiative comme une étape essentielle pour mieux représenter et répondre aux réalités linguistiques ».
« C’est bien plus facile pour une entreprise de cette envergure de monter un gros projet pour avoir du financement par rapport à nos petites organisations dans l’Est. »
— Carol Jolin, président de la Société franco-ontarienne de l’autisme (SFOA)
Des créations de postes permettront l’embauche d’un superviseur clinique, d’un consultant en autisme et d’un thérapeute instructeur, tous francophones, affirme l’organisation.
Les services francophones iront de l’analyse comportementale appliquée (ACA), au coaching virtuel, des formations pour les parents et aidants, ainsi qu’au soutien individualisé, déployés dans la région de York, la région de Durham, le comté de Simcoe, Muskoka et le Nord de l’Ontario, région la plus mal desservie.
Une démarche qui soulève toutefois une question : pourquoi ne pas avoir étendu les capacités d’un organisme déjà francophone pour une extension de ses services?
Si pour le président de la Société franco-ontarienne de l’autisme (SFOA) Carol Jolin, le besoin est réel dans la ville reine, « c’est bien plus facile pour une entreprise de cette envergure de monter un gros projet pour avoir du financement par rapport à nos petites organisations dans l’Est, comme la nôtre qui vient tout juste de pouvoir avoir une direction générale à temps partiel sans soutien administratif ».
Les organismes franco-ontariens pas logés à la même enseigne?
« 400 000 dollars c’est un chiffre qu’on rêverait d’avoir », commente M. Jolin qui rappelle que la SFOA avait failli fermer en 2023, faute de moyens, remise sur pied in extremis via une collecte de fonds par un groupe de parents soucieux de conserver les camps d’été adaptés à l’autisme pour leurs enfants.
Il s’agissait de pouvoir payer les frais récurrents et frais d’entreposage de 8000 dollars par année.
« On est en meilleure santé, on peut garder une direction générale, mais on loin d’aller chercher autant. Si on avait de plus gros moyens, on pourrait faire davantage », regrette-t-il.
Notamment avec un type de services liés à l’autisme sous-estimé et sous-financé à son sens, les activités de répit : les camps, dont il y a un grand besoin l’été, et la garde relais après l’école et avant le retour des parents du travail.
« Autisme Ontario ne donne pas d’activités de répit, c’est ce qu’on entend des parents qui sont au bout du rouleau. C’est le genre de services que nous pourrions proposer à grande échelle. »
Il faudrait selon lui élargir les critères de l’enveloppe de Programme ontarien des services en matière d’autisme (POSA) pour que les parents puissent payer des services de répit par son biais, comme c’est le cas en Alberta.
« Pour ce qui est de Kinark, j’ose croire qu’ils vont se donner les moyens d’être vraiment efficaces pour les francophones bien qu’ils ne soient pas sous la Loi sur les Services en français (LSF), ce qui est toujours inquiétant », déplore le président de la SFOA.
N’étant en effet pas d’un organisme désigné en vertu de la LSF, il n’est donc pas tenu par les mêmes obligations légales.
Sa porte-parole a cependant indiqué qu’ils exercent leurs activités dans plusieurs régions désignées, avec l’engagement d’offrir des services en français conformément aux besoins des communautés.
Une obligatoire contractuelle liée au français, assure le gouvernement
« Tous les fournisseurs de services financés par le ministère ont l’obligation contractuelle de fournir des services équivalents en français », assure le bureau de Michael Parsa, ministre des Services à l’enfance, des Services communautaires et des Services sociaux.
De préciser que : « Les bénéficiaires retenus du Fonds de renforcement des capacités sont ceux qui ont démontré leur capacité à élargir l’accès aux services, notamment pour les familles vivant dans des communautés nordiques, rurales et éloignées, ainsi que pour les familles francophones et autochtones. »
La subvention accordée à Kinark provient du Fonds de renforcement des capacités de la main-d’œuvre du POSA qui vise à augmenter la capacité des organismes à offrir les services cliniques principaux.
Les subventions versées dans le cadre de ce fonds s’inscrivent dans un investissement de 37 millions de dollars auprès de 100 fournisseurs de services pour enfants en Ontario, pour qu’un plus grand nombre ait accès aux services du POSA. L’organisation Kinark prévoit que cette initiative permettra d’offrir des services à 110 familles supplémentaires. Les services cliniques devraient débuter à l’automne 2025.
Kailin Kohls est chargée des communications et réseaux sociaux pour le Northern Lights Festival Boréal.
LE CONTEXTE :
C’est le coup d’envoi du 53e Festival Boréal qui se tiendra principalement sur le bord du Lac Ramsey à Sudburyjusqu’à dimanche. Il s’agit du plus ancien festival de musique en plein air à se dérouler sans interruption au Canada.
L’ENJEU :
Six artistes francophones offriront des prestations dans la langue de Molière dans cet événement qui se définit comme bilingueet réunit en moyenne plus de 10 000 personnes.
« Quels sont les temps forts de la programmation cette année?
Cette année, on a à peu près 42 artistes qui offriront des prestations sur trois jours. Lights est notre tête d’affiche cette année, ainsi que Jamie Fine, Destroyer, et le Melbourne Ska Orchestra, un groupe australien de 26 musiciens. Notre première performance Pendjabie avec Fateh Doe sera vraiment excitante parce qu’on aime faire découvrir de nouveaux sons. Nous avons aussi une grande diversité dans les artistes et on a le retour de noms populaires comme Begonia qui avait offert une belle prestation lors de notre 50e anniversaire en 2022.
Le Festival offre une vitrine importante pour des dizaines d’exposants. Photo : Mike Bourgeault
Quelle place occupe la culture francophone dans la programmation?
C’est primordial pour nous. C’est un événement solidaire, enraciné dans la communauté. On intègre le français dans plusieurs volets du programme, y compris les ateliers. On veut donner une voix égale aux artistes francophones, peu importe qu’ils soient locaux ou d’ailleurs.
Présentez nous ces artistes qui chanteront en français…
On a la québécoise Klô Pelgag qui propose une musique rêveuse, indie, très fluide. Waahli avec son mélange de musique hip-hop et reggae, avec un rythme travaillé et un style de rap profond. Le groupe Déferlance apporte une touche d’énergie avec sa musique traditionnelle qui met de l’avant le violon. Eadsé est une artiste wendat fièrement trilingue et se démarque avec une musique pop teintée de soul. Kat Pereira propose une pop accrocheuse portée par une voix remarquable et Cheikh Ibra Fam se distingue par une rythmique très présente qui donne immédiatement envie de danser.
L’artiste québécoise et wendat Eadsé intègre des éléments culturels autochtones avec des sonorités modernes. Photo : Eadsé/Facebook
En quoi les éléments communautaires (cuisine locale, artisanat, activités familiales) enrichissent-ils ce rendez-vous annuel?
On propose une foule d’activités : des ateliers animés par des artistes engagés dans la communauté, une grande diversité culinaire, des spectacles japonais, américains… Tout est pensé pour rassembler les gens et créer un sentiment de maison pour celles et ceux qui viennent au festival. Que vous soyez un artiste local, francophone, anglophone ou autochtone, on veut créer ce sentiment d’appartenance.
Il y a aussi des activités hors site et des performances locales cette année…
C’est quelque chose qu’on avait négligé, mais cette année on y est allé à fond avec des groupes comme Glitter Glue, gagnants du concours Meltdown, qui ont eu leur première expérience de scène avec nous. On a aussi accueilli des groupes comme Low Animal et This Love is Drone. C’était l’fun, énergique, et très dansant!
Kailin Kohls se dit particulièrement fière de la programmation de cette 53e édition. Gracieuseté de Kailin Kohls
Quel soutien offrez-vous aux artistes émergents du Nord comme Mistaken for Wayne ou Burnstick?
On leur offre un traitement professionnel à part entière : cachets à 100 %, repas, hébergement…L’idée, c’est qu’ils vivent le festival comme n’importe quel artiste établi.
Comment jonglez-vous entre les grandes scènes et les concerts dans des lieux plus intimistes?
Il y a d’abord la scène principale, à l’aréna du Parc Bell, qui accueille une grande variété de performances, pour permettre à tout le monde d’explorer tout type de musique. Nous avons aussi deux scènes plus acoustiques, l’une installée dans une pièce fermée au Townehouse Tavern et l’autre au Lounge 390, qui offrent une ambiance plus intime.
Et puis, il y a notre scène de cabaret, un lieu parfait pour danser, proposer une expérience diversifiée, peu importe sur quelle scène vous vous trouvez que ce soit quelque chose de rassembleur ou de plus personnel.
Pourquoi les Franco-Ontariens devraient-ils absolument assister au festival cette année?
Parce qu’ils s’y sentiront chez eux, même s’ils ne pensaient pas en avoir besoin. »
C’est terminé pour le People’s Alliance of New Brunswick, un parti provincial farouchement opposé au bilinguisme officielayant réussi à faire élire des députés en 2018 et 2022.
Élections Nouveau-Brunswick a confirmé avoir reçu une demande de dissolution de la part de la formation politique.
« L’Alliance des gens du Nouveau-Brunswick a effectivement soumis une demande d’annulation de leur enregistrement le 23 juin. L’annulation a pris effet le 30 juin 2025 », a indiqué Karine Pitre, agente des communications chez Élections NB.
Le site internet et les pages des réseaux sociaux du People’s Alliance étaient d’ailleurs inaccessibles jeudi.
Né en 2010, le parti a réussi à faire élire trois députés en 2018 lors des élections provinciales avec près de 13 % du vote populaire. En 2020, il a réussi à faire élire son chef Kris Austin pour une seconde élection de suite, mais a perdu un député.
Le People’s Alliance prônait la fin de la séparation du réseau de santé anglophone et francophone, d’éliminer le Commissariat aux langues officielles et de réduire les exigences linguistiques dans la fonction publique, en plus de qualifier le bilinguisme officiel de « gaspillage de fonds publics ». Le parti proposait aussi de faire un seul système de transport scolaire au lieu de deux (anglais et français).
La Société de l’Acadie du Nouveau-Brunswick (SANB) avait qualifié la formation de droite de « parti extrémiste » l’accusant de faire de la désinformation sur ses prises de position linguistiques.
En 2022, Kris Austin et Michelle Conroy, l’autre élue du People’s Alliance, ont rejoint les rangs du gouvernement de Blaine Higgs laissant le parti sans représentant à l’Assemblée législative du Nouveau-Brunswick. La venue de Kris Austin au Parti progressiste-conservateur avait été vivement dénoncée par les groupes de représentation des Acadiens.
Ces deux départs lui avaient fait perdre le statut de parti enregistré, mais les membres avaient par la suite voté pour remettre le parti sur les rails. C’est l’autre élu du trio de députés du People’s Alliance en 2018, Rick DeSaulniers, qui avait alors pris la relève à la tête du parti.
Lors des plus récentes élections en 2024, le People’s Alliance n’a pas obtenu de sièges, récoltant moins de 1 % de voix.
NIPISSING OUEST – Le Centre de santé communautaire de Nipissing Ouest a rendu hommage au docteur Jean Anawati, à qui l’on doit plusieurs avancées en matière de médecine en français dans la région.
Plus de 150 membres de la communauté se sont réunis le 23 juin dernier pour souligner les 15 ans du Centre de santé communautaire de Nipissing Ouest (CSCNO).
L’événement a permis d’inaugurer une nouvelle salle de réunion baptisée « Dr Jean Anawati », en hommage à ce médecin de famille qui exerce dans la région depuis plus de 40 ans. Ce nouvel espace a pour vocation de favoriser la connexion, le leadership et le développement au sein du Centre et de la communauté locale.
« Je ne m’y attendais pas du tout. Quand on œuvre pour la communauté, on ne le fait pas pour espérer une reconnaissance. J’étais donc agréablement surpris », a confié le docteur à ONFR.
La salle de réunion dédiée au docteur Jean Anawati au (CSCNO) énumère toutes ses contributions. Gracieuseté du docteur Jean Anawati
Ce dernier a aussi accepté de revenir au conseil d’administration de l’organisme, après un mandat de six ans, à titre de directeur, après une demande du président, l’ex-conseiller municipal Dan Roveda et du conseiller municipal Roland Larabie, entre autres.
« Il est évident que le Dr Anawati a consacré sa vie à la communauté, non seulement en tant que médecin, mais aussi en s’impliquant dans de nombreuses causes sociales. Il a joué un rôle déterminant dans la création de plusieurs initiatives, dont le Centre de santé communautaire », précise M. Roveda qui souhaitait lui accorder cette reconnaissance de son vivant.
Création de l’EMNO
Lorsque le Dr Jean Anawati s’est installé à Sturgeon Falls dans les années 1970, après avoir terminé son résidanat à Montréal, la région manquait cruellement de médecins. Avec ses collègues, il endossait de multiples rôles : accouchements, gestion des urgences, visites hospitalières, et soins complets auprès de la population.
Mais ce qui avait particulièrement marqué l’octogénaire était le peu d’intérêt des jeunes locaux pour les carrières en santé : « J’ai demandé aux conseillers d’orientation dans des écoles pourquoi personne ne considérait la médecine. Ils m’ont répondu : »Ici, on devient mécanicien, agriculteur ou bûcheron », j’ai rétorqué : »Tout le monde n’est pas fait pour être bûcheron » »
À cette époque, les étudiants du Nord qui voulaient étudier la médecine devaient souvent quitter la région pour le sud de l’Ontario, avec peu de chances d’y revenir après leur formation.
C’est à l’invitation d’un confrère que M. Anawati s’est joint aux premières démarches menant à la fondation de l’École de médecine du Nord de l’Ontario (EMNO). Un des deux seuls francophones du groupe, celui-ci s’est rapidement fait le porte-voix de la communauté franco-ontarienne, insistant sur l’importance d’intégrer un volet bilingue à la formation en médecine familiale.
En 2021, le Dr Anawati recevait une plaque de l’Hôpital général de Nipissing Ouest en reconnaissance de ses nombreuses années de service en tant que coroner. Source : Hôpital général de Nipissing Ouest
« Au départ, on envisageait que l’EMNO soit simplement une faculté rattachée à l’Université Laurentienne et à la Lakehead University mais l’autonomie est toujours restée notre objectif : gérer des programmes sur mesure pour le Nord, par des gens du Nord », se souvient-il.
Ce dernier s’était alors impliqué sur un comité consultatif, à la Northeastern Ontario Medical Education Corporation (NOMEC), formé pour établir un programme de médecine familiale dans le Nord-Est de la province, sous l’égide de l’Université d’Ottawa.
Engagement pour la francophonie
M. Anawati avait ensuite assumé le rôle de coordonnateur du programme de résidence en médecine familiale, puis celui de coordonnateur francophone pour la région nord-est au début des années 2000.
Selon lui, la formation de médecins francophones était primordiale pour répondre aux besoins spécifiques de la région : « La meilleure façon de servir les Franco-Ontariens est de former des Franco-Ontariens. Nous avons fait des progrès, mais il reste encore beaucoup à faire. »
« Si vous êtes francophone, faites votre formation dans une communauté francophone »
— Jean Anawati
Le docteur de Sturgeon Falls juge qu’il est nécessaire de faciliter la formation des francophones dans des communautés où le français est parlé.
« Par exemple, les étudiants de première et de deuxième année ont l’occasion de passer du temps dans des communautés francophones, qu’ils soient eux-mêmes francophones, francophiles ou non. Ce type d’immersion, qui permet une meilleure compréhension des réalités locales, est déjà en place et devrait, selon moi, devenir une composante permanente du programme. »
Selon M. Anawati, les données d’inscriptions à l’EMNO ne reflète pas encore pleinement la réalité démographique du Nord.
Le docteur Jean Anawati entouré des membres de sa famille, travaillant tous dans le milieu de la santé. Gracieuseté du docteur Jean Anawati
« Les francophones représentent 5 % de la population ontarienne, ils forment environ 25 % des résidents du Nord-Est de la province. Dans les autres universités ontariennes, seuls 5 % des étudiants sont francophones alors qu’à l’EMNO, ce chiffre est autour de 15 %, seulement. On devrait viser à refléter ce 25 % dans nos admissions », estime-t-il.
Et d’ajouter : « Si vous êtes francophone, faites votre formation dans une communauté francophone. Si vous êtes Autochtone, faites de même dans une communauté autochtone. C’est ce dont nous avons besoin : des gens enracinés dans ces communautés qui deviennent médecins et reviennent les servir. »
Besoin de relève
Le Dr Jean Anawati avait été invité à partager ses espoirs et sa vision pour les deux prochaines décennies, à l’occasion du 20e anniversaire de l’Université de l’EMNO en mai dernier.
Selon lui, l’un des principaux problèmes aujourd’hui est que les médecins sont submergés par les tâches administratives et doivent parfois travailler seuls, ce qui mène à un épuisement professionnel.
Après avoir immigré au Canada depuis l’Égypte et fait des études à London, le docteur Jean Anawati a ouvert son premier cabinet de médecine familiale à Sturgeon Falls en 1977. Gracieuseté de l’EMNO
« Il est temps qu’une nouvelle génération prenne le relais. J’ai fait ma part pendant longtemps, et même si j’ai encore de nombreuses idées pour l’avenir, c’est cette nouvelle génération de médecins qui doit faire évoluer la pratique », estime celui qui a pris sa retraite depuis quelques années.
Et de finir : « Nous devons augmenter le nombre d’étudiants et de résidents, en particulier de médecins de famille francophones, et assurer une intégration complète des étudiants francophones dans la communauté. »
En hommage à son épouse Jocelyne, décédée six mois plus tôt, le Dr Jean Anawati a bonifié en février 2025 une bourse qu’il avait instaurée près de vingt ans auparavant. Créée en 2006, cette aide financière destinée aux futurs médecins totalise désormais plus de 100 000 $.
Cette bourse est attribuée à des étudiants en médecine à temps plein à l’Université de l’EMNO qui ont des liens avec Nipissing Ouest et la communauté franco-ontarienne.
Après 26 ans au Ballet national du Canada, Guillaume Côté, danseur d’exception et chorégraphe acclamé, fait ses adieux à la scène et revient sur les moments marquants de sa carrière ainsi que sur ses nouveaux défis artistiques.
SUDBURY – Face à des défis structurels, les organismes fondateurs de la Librairie Panache suspendent temporairement des activités à partir du 11 juillet. La direction entame une période de réflexion pour repenser le rôle du livre à la Place des Arts.
L’information a été dévoilée ce mercredi matin par la Place des Arts : « comme plusieurs librairies indépendantes en contexte minoritaire, Panache fait aujourd’hui face à des défis structurels qui exigent une réinvention ».
« Ce n’est pas une fermeture. C’est un moment pour réfléchir, repenser, réancrer le projet dans les besoins de la communauté. Le livre reste au cœur de notre engagement », peut-on aussi lire dans la lettre ouverte de Denis Bertrand, directeur général, Place des Arts du Grand Sudbury, co-signée avec Stéphane Cormier, codirecteur général et directeur de la commercialisation aux Éditions Prise de parole, Stéphane Gauthier, directeur général et culturel du Carrefour francophone et Geneviève LeBlanc, directrice générale du Salon du livre du Grand Sudbury.
Cette mise sur pause ne signifie pas une disparition, insistent les partenaires, bien qu’il demeure toute une réflexion au sujet de la forme que prendra la présence des livres à l’automne.
« Ce que nous avons construit ensemble reste précieux », souligne Stéphane Cormier, codirecteur général des Éditions Prise de parole. « Notre objectif est de permettre à Panache de revenir à l’automne avec un modèle qui répond mieux aux priorités de la communauté. »
Un modèle qui ne fonctionne pas
« Tout simplement, le modèle d’une librairie traditionnelle ne fonctionne pas en milieu minoritaire », confie M. Bertrand qui ajoute que Sudbury n’est pas la première communauté en situation minoritaire à éprouver des difficultés pour faire fonctionner une librairie traditionnelle.
« Ça prend trois choses pour qu’une librairie en milieu minoritaire fonctionne : des grands artistes et des gens qui vont aller dépenser plusieurs centaines de dollars régulièrement pour s’approvisionner en livres, des clients corporatistes qui achètent en masse pour leurs employés et ensuite une forme d’animation quelconque. »
Bien que l’animation était présente à la librairie, les ventes, elles, n’ont pas été suffisantes pour maintenir les opérations elon celui qui dirige la Place des Arts depuis août 2024 et qui a opéré un changement important dans le style de gestion de l’établissement, lequel est depuis géré comme une petite entreprise.
Une période de liquidation est prévue dans les prochaines semaines, et les personnes ayant des commandes en attente seront contactées.
Concernant l’avenir de la seule employée à temps plein et des quelques autres à temps partiel de la librairie : rien n’est encore défini, selon M. Bertrand.
Dans un contexte où les librairies indépendantes – surtout en milieu minoritaire – peinent à survivre, la pause estivale s’impose comme un moment de recul pour évaluer les options. Le défi : repenser un modèle économique et culturel qui puisse perdurer.
Et quid du local accueillant la librairie? « Pour le moment, on espère que l’espace sera attrayant et qu’il saura plaire à la communauté pour la tenue d’événements, tout en conservant une présence de livres et, potentiellement, des activités d’animation », répond M. Bertrand.
Bien que la librairie ferme temporairement ses portes, les initiatives autour du livre continueront à rayonner dans la région, avance-t-on aussi dans le communiqué. Le projet du Carrefour Francophone de mettre sur pied une librairie des tout-petits serait encore sur la table mais une réflexion sera également amorcée sur la forme que cette initiative pourrait prendre.
Le Salon du livre du Grand Sudbury poursuivra ses activités annuelles, et les Éditions Prise de parole maintiendront leur travail éditorial.
« Le Salon du livre du Grand Sudbury demeurera une présence forte chaque année à la Place des Arts », affirme Geneviève LeBlanc. « Nous continuerons de célébrer le livre et les voix qui l’animent, ici même dans le Nord. »
Gérald Demeules est responsable de la gestion des incidents pour ISN Maskwa, une organisation autochtone mandatée pour coordonner l’accueil des évacués à Kapuskasing.
LE CONTEXTE :
La Première Nation de Sandy Lake, dans le Nord-Ouest ontarien, a dû être évacuée en raison d’un feu de forêt majeur. Des centaines de membres de la communauté ont été déplacés à Kapuskasing et dans les environs.
L’ENJEU :
Avec la multiplication des feux de forêt et des phénomènes extrêmes, les communautés isolées doivent être prises en charge rapidement. Selon M. Demeules, il faut une meilleure préparation et une plus grande coordination entre les trois leviers de gouvernementspour faire face à la crise climatique.
« Depuis quand Kapuskasing accueille-t-elle des membres de Sandy Lake?
Nous avons commencé à accueillir des membres de différentes Premières Nations le 13 avril. Pour Sandy Lake, ils sont arrivés ici depuis le 7 juin. Présentement, nous avons 341 résidents de Sandy Lake qui sont à Kapuskasing. On a aussi des personnes logées en ce moment dans des motels à Smooth Rock Falls et à Val-Rita.
Le feu Red Lake 12 s’étend sur une superficie de 195 000 hectares et a forcé l’évacuation des Premières Nations de Red Lake et Sandy Lake. Gracieuseté de Sandy Lake FN Communications.
Pouvez-vous expliquer comment se déroule l’arrivée des familles?
Une fois qu’une déclaration d’urgence est acceptée par le gouvernement fédéral, les vols commencent. Les évacués passent souvent par Thunder Bay, puis sont redirigés vers Kapuskasing. Une fois ici, on leur fournit des chambres, de la nourriture, de la sécurité, des soins de santé et des services de loisirs.
Quels sont les besoins les plus urgents à l’arrivée?
La nourriture, les médicaments, les articles pour bébés comme les couches et les préparations. Beaucoup de gens arrivent sans rien. On s’assure aussi qu’ils aient accès à des services essentiels comme les soins médicaux ou les documents gouvernementaux.
Quels types de fonds recevez-vous pour vos opérations?
Notre compagnie autochtone est soutenue par la Première Nation Missanabie Cree. Elle reçoit du financement du gouvernement fédéral pour organiser la logistique.
Des membres des Premières Nations profitant des installations de Kapuskasing. Photo : gracieuseté de Gérald Demeules.
Concrètement, quel est votre rôle sur le terrain?
Je coordonne tous les jours avec les partenaires locaux – police, hôpital, pompiers, etc. – pour répondre aux besoins. On tient une réunion chaque matin. On opère 24 heures sur 24 pour garder tout le monde en sécurité et informé. On fait aussi en sorte qu’ils aient accès à de nombreux services de base qui ne sont pas nécessairement disponibles dans leur communauté d’origine.
Une fois arrivés ici, on leur facilite l’obtention de documents essentiels comme les certificats de naissance, les cartes de santé, les permis de conduire, les numéros d’assurance sociale ou encore les cartes de statut. On leur donne aussi accès à des soins de santé, notamment des services de dentiste, puisque ces professionnels ne se rendent pas régulièrement dans les communautés éloignées.
M. Demeules donnant une formation à une évacuée sur les gestes à poser pour lutter contre les flammes en forêt. Gracieuseté de Gérald Demeules
Avez-vous connu des imprévus depuis le début de l’accueil?
Oui. Par exemple, à cause des fortes pluies, un hôtel a été inondé. Une douzaine de personnes ont dû être relocalisées en urgence. Vous pouvez vous imaginer : on les évacue pour un feu de forêt, puis ils arrivent au milieu d’une inondation, avec de l’eau jusque dans leur chambre d’hôtel. Alors, il a fallu les transférer à d’autres chambres et s’assurer qu’ils se sentent en sécurité ici.
Qu’en est-il de la coopération de la communauté locale?
La solidarité est forte. Des gens nous aident spontanément : dons de nourriture, d’articles de première nécessité. On reçoit aussi du soutien logistique des organismes locaux.
Comment faites-vous pour les aider à se sentir épanouis, notamment les enfants?
C’est essentiel de penser aux loisirs, surtout que ces enfants passent toute la journée dans des chambres d’hôtel. On fait appel à un partenaire, Crew Emergency, pour organiser des activités chaque jour. Ils peuvent aller à la piscine à Cochrane, visiter l’Habitat des ours polaires ou encore s’amuser dans des parcs de trampolines à Timmins, pour alléger un peu le quotidien et réduire le stress.
Enfants et adultes tentent de se distraire en visionnant des films. Photo : gracieuseté de Gérald Demeules.
Ils arrivent dans des communautés majoritairement francophones : cela constitue-t-il un enjeu particulier?
Pas vraiment. C’est sûr que les membres de Sandy Lake parlent anglais et cri. Le plus dur est de répondre aux questions, ils nous demandent tous les jours ‘’quand est-ce qu’on pourra rentrer chez nous?’’. On essaie de maintenir autant que possible le mode de vie auquel ils sont habitués dans leur communauté, pour ne pas bouleverser leurs repères. On veille, par exemple, à ce qu’ils puissent maintenir leurs pratiques culturelles : nourriture traditionnelle, cérémonies, tipis, etc.
Avez-vous une estimation pour la date de retour des évacués vers Sandy Lake?
Nous anticipons cela vers la fin de la semaine prochaine. Il n’y a que quatre avions de disponibles et avec les distances et le nombre d’heures que peuvent faire les pilotes, on estime que le rapatriement pourrait prendre entre sept et huit jours.
Les femmes cuisinent du pain banique ensemble. Photo : gracieuseté de Gérald Demeules.
Avez-vous remarqué une augmentation des évacuations climatiques?
Oui. On évacue pour des feux, mais on fait face à des inondations et tornades en même temps. Ces dernières années, tout s’intensifie. Les changements climatiques rendent notre travail plus complexe. Je pense que c’est juste le début et qu’il faut vraiment réfléchir à une meilleure préparation en amont. C’est frustrant, parce que plusieurs municipalités disent vouloir aider, accueillir les évacués… mais en parallèle, il faut composer avec le fait que les hôtels ont d’autres réservations et d’autres considération, ce qui complique les choses sur le terrain.
Faut-il revoir la stratégie d’accueil au pays?
Absolument. Il est temps d’élaborer une véritable stratégie intégrée. Actuellement, chaque palier de gouvernement agit selon ses propres règles : les municipalités gèrent ce qu’elles peuvent, les provinces ont leurs priorités, puis tout est transféré au fédéral. C’est très difficile de naviguer entre ces trois juridictions pour arriver à une réponse cohérente.
Les dons aux évacués sont souvent des articles de première nécessité comme des vêtements, produits d’hygiène, jouets, couvertures, collations, cartes-cadeaux et fournitures pour enfants et familles. Photo : gracieuseté de Gérald Demeules.
Avez-vous des craintes par rapport au reste de la saison?
C’est un peu inquiétant pour les feux de forêt parce qu’on est qu’au commencement de la saison. La première vague de chaleur est arrivée seulement la semaine passée. On va être très occupés tout l’été, malheureusement. Je ne souhaite ça à aucune communauté, mais on sait qu’il y aura encore des évacuations. La situation ne fait qu’empirer.
C’est difficile de gérer tout ça et, en même temps, de maintenir l’espoir pour les gens touchés. Je ne veux pas paraître alarmiste, mais on voit bien que les conditions se détériorent rapidement. Quand on regarde l’ensemble de la province, les incendies sont déjà nombreux, et ça pourrait très bien s’étendre jusqu’ici. »
Dre Stéphanie Manoni-Millar est chercheuse communautaire au Centre de recherche sur les services éducatifs et communautaires de l’Université d’Ottawa. Ses travaux portent principalement sur les questions liées au logement et à l’itinérance, en particulier chez les jeunes.
LE CONTEXTE
L’itinérance chez les femmes enceintes et les mères monoparentales est une réalité peu visible, mais croissante. Le phénomène s’inscrit dans un contexte plus large de crise du logement au Canada, où l’on observe une hausse marquée de l’itinérance chez les femmes aux prises avec des enjeux de santé mentale, de violence ou de pauvreté.
L’ENJEU
Cette hausse de l’itinérance chez les mères et les femmes enceintes a des répercussions graves et multiples. Pour y remédier, des modèles éprouvés comme les refuges intégrés ou le programme « Logement d’abord » nécessitent des investissements gouvernementaux à la hauteur.
« Vous venez de publier un commentaire dans le Canadian Medical Association Journal. Qu’est-ce qui vous a poussée à lancer cet appel?
Ce commentaire n’est pas basé sur un travail de terrain direct. Il s’agit d’un point de départ, d’une prise de position fondée sur des constats remontés par nos partenaires communautaires, principalement à Toronto. On s’apprête à lancer un programme de recherche en collaboration avec eux. Nous avons voulu attirer l’attention sur une réalité invisible : l’augmentation de l’itinérance chez les femmes enceintes et les mères monoparentales.
Comment cette crise se manifeste-t-elle concrètement?
Le Canada vit une crise nationale du logement. Entre 2018 et 2022, il y a eu une augmentation de 20 % du nombre de personnes sans abri. Et cette situation touche de manière disproportionnée les plus vulnérables, notamment les femmes aux prises avec des problèmes de santé mentale, de consommation de substances, ou qui sont exposées à la violence.
L’itinérance féminine est souvent cachée : elles dorment chez des amis, échangent des services sexuels pour un toit. L’Association des municipalités de l’Ontario estime qu’il y aurait plus de 80 000 personnes en situation d’itinérance dans la province.
Stéphanie Manoni-Millar complète actuellement un doctorat en psychologie. Gracieuseté
Pourquoi cette hausse particulièrement chez les femmes enceintes ou avec enfants?
Parce qu’elles sont à l’intersection de plusieurs vulnérabilités : santé mentale, violence, pauvreté, charge parentale. Les services destinés aux femmes sont débordés. On en arrive à devoir refuser des femmes faute de places. Et pendant ce temps, ces femmes doivent gérer la grossesse, chercher un emploi, trouver un logement, et s’occuper de leurs enfants.
Vous avez travaillé auparavant avec de jeunes mères. Quel est leur profil?
J’ai travaillé avec de jeunes femmes sans abri de 16 à 24 ans. Elles sont souvent confrontées à des tensions familiales, ont interrompu leurs études, cherchent un emploi, et doivent assumer la garde de leur enfant. La maternité accentue leurs difficultés et les rend encore plus vulnérables.
Quelles sont les conséquences pour les enfants?
Elles sont graves. Les enfants en situation d’itinérance sont plus sujets aux accidents, infections, troubles respiratoires, problèmes cognitifs et mentaux. Les bébés naissent avec un faible poids, passent plus de temps à l’hôpital. L’impact est aussi à long terme : anxiété, agressivité, santé mentale affectée.
Et les parents? Leur situation est souvent invisibilisée. Elles hésitent à demander de l’aide, par peur qu’on leur enlève leurs enfants, ou à cause de la stigmatisation liée à la santé mentale et à la consommation. Beaucoup ont vécu des violences, des traumatismes, du racisme systémique.
Quels modèles de solution existent selon vous?
Il y a de bons exemples, comme le refuge Maxxine Wright en Colombie-Britannique, ou Cornerstone à Ottawa, qui offrent un hébergement sécuritaire, des soins de santé, de la toxicomanie, du soutien parental… tout en permettant aux enfants de rester avec leur mère. Ces modèles fonctionnent, mais ils sont encore rares.
Un autre modèle efficace est celui du logement d’abord (Housing First) : offrir un logement stable, puis du soutien psychosocial. Ces solutions sont éprouvées, mais demandent des investissements.
Est-ce que les gouvernements sont prêts à investir?
Ils doivent l’être. Ces programmes coûtent cher au départ, mais à long terme, ils réduisent les coûts pour la société. Les recherches de Tim Aubry (Université d’Ottawa) et d’Éric Latimer (Université McGill) démontrent que ces investissements rapportent. Ils améliorent la santé, la stabilité, l’emploi… et donc les retombées économiques.
Que peut-on faire en tant que citoyens?
S’engager. Faire du bénévolat. Soutenir financièrement les services communautaires. Beaucoup d’organismes pour femmes sont sous-financés, débordés. Il faut plaider pour leur financement, pour que les services restent sécuritaires et accessibles. »
TORONTO – Les 45e Prix Dora Mavor Moore, qui récompensent les arts de la danse, du théâtre et de l’opéra à Toronto, se sont tenus au Meridian Hall, dans la Ville Reine, lundi soir. Quelques francophones ont tiré leur épingle du jeu.
Co-production entre A Canadian Opera Company et l’Opéra de Montréal, La Reine-garçon a remporté trois trophées dans le volet Opéra : Production exceptionnelle, Performance individuelle exceptionnelle pour la soprano Kirsten MacKinnon et Direction artistique exceptionnelle pour Angela Konrad et Johannes Debus. Le spectacle est écrit par le dramaturge Michel Marc Bouchard et composé par Julien Bilodeau, que l’Opéra de Montréal identifie comme « l’un des compositeurs les plus en vues de sa génération. »
La Reine-garçon a remporté trois prix, soit la moitié des catégories du volet Opéra. Photo : Abigail Alves Murta / ONFR
En danse, la compagnie torontoise Citadel + Compagnie, dirigée par Laurence Lemieux, a remporté trois prix pour everything i wanted to tell you (but couldn’t, so here it is now) : Production exceptionnelle, Chorégraphie originale exceptionnelle pour Jessie Garon et Performance individuelle exceptionnelle pour Sully Malaeb Proulx. Les trois autres catégories de ce volet ont été remportées par Big Time Miss de Rock Bottom Movement, présenté par Fall For Dance North.
Le volet de Théâtre jeunesse a aussi récompensé des francophones, alors que la comédienne Alexandra Laferrière a été récompensée dans la catégorie Performance individuelle exceptionnelle de ce volet, pour sa présence dans Taking Care of Maman, un texte de la franco-torontoise Djennie Laguerre. La pièce est produite par les compagnies Black Theatre Workshop et Roseneath Theatre.
« Ça veut dire que je suis quand même appréciée par mes pairs à Toronto. Moi, je suis Montréalaise et c’est vraiment un honneur pour moi d’être ici », a commenté Alexandra Laferrière au micro d’ONFR.
C’est la pièce Alligator Pie du Soulpepper Theatre Company qui s’est le plus démarquée dans le volet Théâtre jeunesse. Les zinspiré.e.s : le nombre sublime, du Théâtre français de Toronto, y était nommé dans cinq catégories.
Alexandra Laferrière a remporté le prix de la Performance individuelle exceptionnelle dans le volet Théâtre jeunesse. Photo : Abigail Alves Murta / ONFR
Dans le volet théâtre général, la compagnie Why Not Theater s’est démarquée avec Mahabharata : Karma (Part 1), The Life We Inherit, qui a remporté cinq prix. Pour le théâtre indépendant, People, Places and Things de la compagnie Coal Mine Theatre a été récompensée quatre fois.
« C’est important de célébrer le talent ici, à Toronto, car il n’y a pas vraiment de système de célébrités. Pour nous, ce soir, c’est l’occasion de fêter ce qui se passe ici », a déclaré le producteur de la soirée, Victor Pokinko, rencontré par ONFR juste avant la cérémonie. Il croit que le milieu torontois des arts de la scène fait partie des plus vibrants au monde, rivalisant avec plusieurs grandes villes américaines. Selon lui, plusieurs spectacles sont présentés sur de courtes durées de quelques semaines, ce qui fait qu’il est plus facile d’oublier la quantité de productions réalisées en une année. Les Prix Dora Mavor Moore jouent donc un rôle important pour saluer le dynamisme artistique torontois.
Le milieu des arts du spectacle torontois s’est rassemblé au Meridian Hall pour les Prix Dora Mavor Moore. Photo : Abigail Alves Murta / ONFR
Les Prix Dora Mavor Moore sont remis par la Toronto Alliance for the Performing Arts (Alliance torontoise des arts du spectacle). Les gagnants sont choisis par un jury de pairs. Les prix tirent leur nom d’une pionnière du théâtre canadien, qui oeuvrait majoritairement dans les décennies 1930 et 1940.
KAPUSKASING – Pour la première fois depuis la fondation de la municipalité en 1921, une femme prend les rênes de la direction générale à Kapuskasing. Chantal Guillemette, employée de longue date, accède officiellement à ce poste-clé ce mardi après plus de 26 ans de service au sein de l’administration municipale.
Annoncée vendredi dernier, cette nomination intervient après une décision du comité d’embauche mandaté par le conseil et composé des conseillers Dinnissen et Munnoch et du maire de la ville.
Selon une déclaration du maire David Plourde, « la décision de la nommer a été prise à l’issue d’une procédure de recrutement officielle qui a attiré des candidatures de tout le pays. »
« Je sais que sa nomination bénéficiera d’un large soutien, tant au sein de la municipalité que dans l’ensemble de la communauté. Son dévouement envers notre communauté, sa compréhension approfondie de la gouvernance municipale et son approche avant-gardiste font d’elle une personne exceptionnellement bien placée pour diriger la municipalité », a-t-il aussi fait savoir.
Employée à la Ville depuis 1999, Mme Guillemette occupait jusqu’ici le poste de greffière municipale, une expérience de dix ans qui lui a permis d’acquérir une connaissance approfondie des dossiers et de l’organisation interne.
« La transition est naturelle, car je connais déjà les opérations de la municipalité. C’était pour moi une belle occasion de faire évoluer ma carrière et de mettre à profit mon expérience pour la communauté », explique-t-elle.
En plus de ses fonctions à Kapuskasing, Mme Guillemette est impliquée à l’échelle provinciale. Depuis 2016, elle siège comme directrice à l’exécutif de l’Association of Municipal Clerks and Treasurers of Ontario (AMCTO), une organisation qui représente les professionnels municipaux de partout en Ontario.
Un milieu masculin
La nomination de Mme Guillemette marque un jalon important pour cette municipalité très francophone du Nord. « Ça fait plus de cent ans que la ville existe, et je suis la première femme à occuper ce poste. C’est une réalisation personnelle, mais aussi un signe de changement dans notre secteur », souligne-t-elle.
La Kapuskoise d’origine reconnaît que le milieu municipal demeure dominé par des hommes, notamment dans les services techniques et opérationnels.
Mais les choses évoluent : « On voit de plus en plus de femmes dans les métiers, et les établissements d’enseignement encouragent cette tendance. Il y a une transformation graduelle de la culture de travail, et j’espère que ma nomination pourra en inspirer d’autres. »
« Il faut rendre ces postes plus visibles et accessibles pour les femmes »
— Chantal Guillemette
Mme Guillemette espère aussi que sa présence à la direction permettra d’encourager davantage de femmes à envisager des carrières dans l’administration municipale. « Le secteur municipal est riche en possibilités. Il faut rendre ces postes plus visibles et accessibles pour les femmes qui veulent s’engager dans leur communauté. »
Elle amorce maintenant son mandat avec confiance, consciente des défis à relever, mais aussi de la valeur de son expérience locale. « Je suis ici depuis plus de deux décennies. Je connais la communauté, ses enjeux, ses besoins. Je suis prête à servir Kapuskasing avec dévouement et leadership. »
Chantal Guillemette succède à Guylain Baril qui a décidé de se lancer dans un nouveau projet professionnel dans le secteur privé.
Le Franco-Ontarien d’adoption Ronald Bisson, un des acteurs derrière le projet de la Maison de la francophonie d’Ottawa, fait partie des 83 nouvelles personnes nommées à l’Ordre du Canada.
La gouverneure générale a annoncé lundi matin 83 nouvelles nominations au sein de l’Ordre du Canada, à savoir 2 compagnons, 19 officiers et 62 membres.
Ronald Bisson, un Franco-Manitobain d’origine et Franco-Ottavien depuis 1982, a été le président du conseil d’administration de la Maison de la francophonie d’Ottawa pendant plusieurs années notamment lorsqu’elle a vu le jour en 2020.
« J’étais très surpris, a réagi le principal intéressé en entrevue. J’étais très content, pas juste pour moi, mais pour les centaines et centaines de bénévoles que j’ai côtoyés au courant de ma carrière. »
« C’est vrai que je donne et j’ai donné beaucoup de temps à la francophonie, mais on est des centaines et des centaines à faire ça, si ce n’est des milliers. Quand on donne du temps, on ne pense pas un jour à des reconnaissances », ajoute-t-il.
En plus de diriger une entreprise de consultants avec des expertises en langues officielles, il a aussi été directeur général de la Fédération culturelle canadienne-française à son arrivée dans la région d’Ottawa, il y a plus de 40 ans.
« Ronald Bisson a œuvré à la défense des intérêts des communautés francophones en situation minoritaire au pays (…) Bénévole engagé, il s’est également investi dans l’accueil et l’intégration de personnes réfugiées ou immigrantes, leur faisant même une place dans sa propre entreprise », résume le site de la gouverneure générale.
Depuis 2013, il est aussi le directeur des opérations pour l’Association des collèges et universités de la francophonie canadienne (ACUFC).
« Ronald se démarque par sa soif de transmettre ses valeurs, ses connaissances et sa passion à celles et ceux qui l’entourent », a salué Martin Normand, le président et directeur général de l’ACUFC, qui a déposé la candidature de M. Bisson.
Pourquoi le nouveau membre de l’Ordre du Canada pense-t-il avoir reçu un tel honneur? « Je fais souvent des farces qu’il n’y a pas une communauté où je n’ai pas déjà couché. J’ai travaillé de Terre-Neuve à la Colombie-Britannique et les Territoires. Le fait d’avoir travaillé de province en province, ça fait qu’on devient pas mal expert et on avance des choses qui font des changements », estime celui qui prendra sa retraite à l’automne.
Ce Franco-Manitobain originaire de La Broquerie souligne l’évolution de la langue de Molière au Canada, notamment via l’immigration francophone, depuis près d’un demi-siècle, à une époque « où les temps étaient durs » pour la francophonie.
« Ma plus grande fierté est de voir la force et l’évolution de la francophonie aujourd’hui », confie-t-il.
« Le français était illégal quand j’étudiais à mon école élémentaire (…). J’ai vu et été élevé dans une minorité qui avait honte d’être francophone et qui restait cachée. On parlait anglais en public partout et je vois aujourd’hui qu’on est des facteurs clés du Canada », souligne-t-il.
L’Ordre du Canada est l’une des plus hautes distinctions honorifiques au pays et reconnaît des personnes de tous les secteurs de la société qui ont apporté une contribution extraordinaire et durable au Canada, indique le site de la gouverneure générale.
Des nominations acadiennes et franco-albertaines
Autre nomination de la région d’Ottawa : celle de l’ex-colonel Michel W. Drapeau, professeur de droit à l’Université d’Ottawa et fondateur du premier cabinet canadien spécialisé en droit administratif militaire.
Le musicien acadien de Chéticamp Ronald Bourgeois et Michel Cardin, professeur à l’Université Moncton et « référence incontestable » de la musique baroque, ont en outre été faits membres.
Stephen A. White, une « référence canadienne en matière de généalogie acadienne » s’est aussi mérité une nomination à titre honorifique. L’ex-doyenne de la Faculté Saint-Jean de l’Université de l’Alberta et ex-sénatrice Claudette Tardif fait aussi partie de la liste des 83 nouveaux membres de l’Ordre du Canada.
Parmi les autres nominations, on note celle de Theresa Tam, ancienne cheffe de l’Agence de la santé publique du Canada à titre d’officier, et du combattant d’arts martiaux Georges St-Pierre
La bispiritualité, ce n’est pas seulement une identité de genre : c’est un rôle spirituel transmis depuis des générations dans plusieurs nations autochtones. Émily Marie Séguin, interprète bispirituelle, partage son expérience et l’importance de cette reconnaissance. Une parole rare, à l’intersection des cultures, des fiertés et de la mémoire.
Catastrophes naturelles, système d’alerte, COVID-19… Le français a pris le bord au sein des institutions fédérales dans les dernières années lors de situations d’urgence, constate le commissaire aux langues officielles dans un rapport.
Il fait un état des lieux de l’utilisation des deux langues officielles par le gouvernement du Canada lors de situations critiques qui sont survenues entre 2010 et 2020 et formule des recommandations pour que « les langues officielles ne soient plus une considération de second ordre pendant les situations d’urgence ».
Raymond Théberge constate que les obligations linguistiques du fédéral notamment lorsqu’il vient le temps de communiquer de manière rapide avec le public sont mises de côté au profit d’une « analyse coûts-avantages, où le coût lié au fait d’enfreindre la Loi est compensé par l’avantage de fournir rapidement l’information ».
« Les institutions fédérales ont eu tendance à justifier la diffusion d’informations unilingues lors de crises en faisant remarquer qu’en cas d’urgence, le fait d’attendre que les communications soient traduites prendrait tout simplement trop de temps », observe-t-il.
Pour le chien de garde des langues officielles, ce n’est pas le manque de politiques et procédures qui nuisent au moment critique. Des réformes ont été mises en place pour pouvoir servir le public en français lors de situations critiques, mais elles sont souvent mises à la poubelle une fois dans le moment. Comme « l’anglais est la langue de travail principale et le français étant traité comme une langue de traduction », il est donc naturel que les instances fédérales « s’exposent à des retards de traduction », soutient M. Théberge.
« Procéder ainsi augmente les risques pour les membres du public et les membres du personnel qui ne parlent pas la langue officielle de la majorité linguistique », s’inquiète-t-il dans un rapport publié la semaine dernière.
« Un retard dans les communications pendant une urgence peut avoir des conséquences néfastes, voire fatales, rappelle-t-il. C’est pourquoi le gouvernement fédéral doit s’efforcer de lever les obstacles qui pourraient retarder les communications rapides avec le public dans les deux langues officielles. »
L’une des racines du problème qui est identifiée est que plusieurs postes qui devraient être occupés par des personnes maîtrisant les deux langues officielles ne le sont pas.
« Ainsi, cette tendance pourrait potentiellement faire en sorte qu’un grand nombre de fonctionnaires fédéraux, lorsqu’ils sont appelés à communiquer dans les deux langues officielles en situation d’urgence, se trouvent dans l’impossibilité de le faire », constate le haut fonctionnaire fédéral.
Selon un sondage cité par le Commissariat aux langues officielles de 2228 répondants canadiens, 24 % d’entre eux disent avoir eu de la difficulté à accéder à des informations dans leur langue officielle lors de la pandémie. Photo : Getty Images
Il exhorte d’ailleurs le Conseil du Trésor à mieux surveiller les institutions fédérales comme Sécurité publique Canada, pour s’assurer que celles-ci aient une main-d’œuvre bilingue prête à communiquer avec le public en cas d’urgence. Raymond Théberge recommande aussi au gouvernement et au Bureau de la traduction de faciliter la rédaction et la diffusion simultanée de communications en anglais et français notamment via « un service de traduction accéléré pour les situations d’urgence ou de crise ».
Plusieurs exemples au cours des dernières années
Au début de la pandémie de COVID-19, le Commissariat aux langues officielles (CLO) avait reçu plusieurs plaintes concernant un manque d’informations en français lors des premières conférences de presse de Justin Trudeau. Il y a Santé Canada, qui avait autorisé de manière provisoire une dérogation sur l’étiquetage bilingue sur les produits désinfectants. Au Nouveau-Brunswick et en Ontario, les mises à jour médiatiques sur la COVID-19, principalement unilingue, ont aussi été dénoncées à l’époque.
25 % des francophones hors Québec ayant répondu à un questionnaire du CLO disent avoir eu de la difficulté lors de la pandémie à avoir accès à des informations dans leur première langue officielle.
Raymond Théberge pointe aussi vers d’autres situations où des ministères fédéraux ont échoué à leurs obligations linguistiques en envoyant des messages d’alertes en anglais seulement comme durant des inondations ou lors de la fusillade sur la Colline du Parlement en 2014. D’autres situations comme des conférences de presse avec de hauts responsables en anglais seulement sont soulevées comme d’autres exemples de manquements à la Loi sur les langues officielles.
17 % des francophones hors Québec ayant répondu au questionnaire ont noté avoir eu des difficultés lors de moments d’urgence à avoir accès à de l’information en français.
TORONTO – Le cortège de la 44ème marche de la Fierté a défilé ce dimanche le long de la rue Yonge, où plus de 25 000 personnes et 250 organismes ont manifesté leur soutien aux communautés LGBTQ+. Toute la fin de semaine avait été animée d’une variété d’événements qui dépeignent le thème de cette année « Tous ensemble » voué à mettre en lumière les communautés trans et non-binaires.
Souder les communautés dans un contexte politique et social menacé par un certain recul des droits des personnes LGBTQ+, telles sont les préoccupations dans l’esprit des participants aux célébrations de cette année.
Maelig, qui enseigne au sein du Conseil Scolaire Viamonde, participe cette année pour la première fois.
« Ça me fait plaisir d’être ici et de représenter toutes les familles qu’on représente à travers nos écoles et qu’elles se sentent acceptées et reconnues », avance-t-elle. Le Conseil a d’ailleurs réalisé son lever de drapeau LGBTQ+ plus tôt ce mois-ci.
L’enseignante pense que le corps pédagogique apparait comme essentiel dans l’éducation des diversités des identités LGBTQ+. Cette dernière affirme qu’« on a des équipes dans le conseil qui nous envoient des ressources avec des livres, des petites histoires adaptées à tous les âges. »
Maelig est enseignante depuis 3 ans à Toronto. Photo : ONFR/Laetitia Dogbe
L’année prochaine, elle espère ramener ses enfants afin de leur faire découvrir les différentes activités sur place qui apprennent les notions d’égalité et d’acceptation.
En parallèle, la Fédération des aînés et des retraités francophones de l’Ontario (FARFO) était présente. Normand Babin, animateur du Réseau Vivre+ Fierté Toronto, faisait la promotion de tous nouveaux groupes pour personnes âgées queers qu’il a commencé à organiser le mois dernier pour pallier la solitude de beaucoup d’entres eux.
« La question de l’isolement c’est ce qui revient le plus, avec la crainte d’aller en maison de retraite où l’orientation sexuelle ne sera pas reconnue », explique l’animateur.
« On parle de 2SLGBTQ+. Moi je dis gentiment qu’il manque une lettre, c’est V pour vieux », poursuit M. Babin.
Une minorité dans une minorité
C’est dans cette lignée que la Fierté de cette année met particulièrement l’accent sur des minorités dans les minorités.
Selon le directeur d’Action Positive, Benjamin Sourisseau, « les jours précédents sont vraiment communautaires et sont basés sur le droit de la personne ainsi que sur la défense de ces droits. Ces deux foires (Trans March et Dyke March) représentent exactement ce que j’attends d’une parade », dit-il.
Le village francophone se tenait dans la rue Church tout au long des célébrations. Photo : ONFR/Laetitia Dogbe
Il s’agit également de sa première participation en tant que directeur général et il souligne à quel point les personnes LGBTQ+ atteintes de VIH se retrouvent dans une inégalité des services de santé en français.
« Pour le cas du VIH, on va moins se dépister, on va moins être informé et je pense que c’est vraiment quelque chose pour lequel il faut continuer à se battre en tant que francophone », affirme-t-il.
Il déplore également l’investissement irrégulier du gouvernement, qui selon lui devrait être fait de manière systématique.
« Souvent c’est fait en après-coup, avec des fonds de tiroirs. Nous, on a besoin de quelque chose qui soit définitif, soit permanent et qui soit à la hauteur de la population », lance le directeur général.
Selon Benjamin Sourisseau qui dirige Action Positive à Toronto, il y a eu un contre-mouvement qui s’est créé afin que la Fierté garde son sens initial. Photo : ONFR/Laetitia Dogbe
L’une des batailles de M. Sourisseau reste encore de créer une loi au niveau fédéral autour de la criminalisation du VIH.
« Ce serait très important que le Canada puisse faire en sorte que les personnes atteintes par le VIH ne soient plus facilement poursuivables et que ce soit une réponse de santé publique et non pas une réponse de droit pénal », martèle-t-il.
La Fierté est-elle toujours une lutte?
D’après Normand Babin, il existe une espèce de fatigue de la Pride chez beaucoup de personnes âgées, dans la mesure où cette population a vécu les années 70-80, où c’était majoritairement des manifestations et des revendications qui occupaient l’espace public, aujourd’hui presque effacées par l’esprit festif.
Il appuie tout de même l’importance de ces initiatives : « Il y a un de nos nouveaux membres à Sudbury qui vient de sortir du placard récemment à environ 70 ans. Pour lui, c’est un grand moment de fierté, de solidarité, de pouvoir marcher dans la rue et de dire c’est ce que je suis. Et ça devrait être le but premier de toutes les Pride », raconte-t-il.
Le thème des célébrations de la Fierté cette année est « Tous ensemble » et a pour objectif de souligner la solidarité envers les communautés trans et non-binaires. Photo : ONFR/Laetitia Dogbe
Le thème des célébrations de la Fierté cette année est « Tous ensemble » et a pour objectif de souligner la solidarité envers les communautés trans et non-binaires. Photo : ONFR/Abigail Alves Murta
En définitive, de nombreuses personnes s’accordent à dire que la Parade a changé.
« Quand on voit défiler dans la parade, c’est des banques, des compagnies d’assurance, des compagnies de tout genre », déplore l’animateur du réseau VIVRE+ Fierté.
Cette année a été marquée par une note négative, avec des commanditaires tels que Google et Home Depot qui ont rétracté leur participation. La Ville de Toronto a dû débloquer un financement de 350 000 $, autrement dit une augmentation de 35 % par rapport à l’année dernière.
Au total, c’est d’un déficit de près de 900 000 $ auquel l’organisateur a dû s’adapter pour garder le plus grand festival de fierté d’Amérique du Nord à la surface.
Cette année marque le 54e anniversaire des premières marches de la Fierté au Canada.
Après une quinzaine d’années à Ottawa, la Franco-Manitobaine Marie-Ève Fontaine rentre au bercail. Elle devient la nouvelle directrice artistique et co-directrice générale du Théâtre Cercle Molière (TCM) de Winnipeg, la plus ancienne compagnie de théâtre au Canada. ONFR l’a rencontrée avant son déménagement.
« Vous avez déjà une feuille de route bien remplie dans le domaine du théâtre franco-canadien. Qu’est-ce qui vous a amenée dans cet univers?
La pomme ne tombe pas loin de l’arbre. Quand j’étais enfant, mes parents étaient très actifs dans la vie culturelle du Manitoba. Mon père y a démarré la Ligue d’improvisation. Ma mère était très impliquée avec l’animation culturelle dans les communautés et trippait sur la marionnette. Mon frère et moi étions tout le temps dans les coulisses du centre culturel. À un moment donné, j’ai décidé que je participais à l’un de leurs spectacles.
Après, j’ai participé au Festival théâtre jeunesse du TCM, ce qui a cristallisé cet intérêt pour le théâtre. Quand est venu le temps de faire des études, je me suis inscrite en théâtre à l’Université d’Ottawa. Je voulais quitter le Manitoba, voir autre chose, et Ottawa était un environnement francophone avec un écosystème plus varié, plus dynamique que Winnipeg. Ça me plaisait comme entre-deux, par rapport à Montréal qui m’intimidait.
Marie-Ève Fontaine travaille présentement sur la pièce documentaire Giant Mine. Photo : Jonathan Lorange
J’ai adoré mon BAC. Ça a fait boule de neige à partir de là. Des professeurs m’ont proposé des contrats. On nous disait aussi : ‘Si vous voulez travailler, n’attendez pas que le téléphone sonne.’ Ce n’est pas tombé dans l’oreille d’une sourde. Grâce à mes parents, j’avais déjà la fibre de l’entrepreneuriat culturel. Je me suis tout de suite organisée pour financer des petites étapes de création, voir si j’étais capable de rassembler des gens autour d’une idée. Et ça fonctionnait super bien. Ça a fini par donner quelques spectacles, dont le plus abouti, Cet été qui chantait, que j’ai coproduit avec le TCM en 2023 et qui vient de faire une tournée nationale. On continue encore l’an prochain.
Vous avez collaboré avec plusieurs noms du théâtre franco-canadien. Mis à part les projets que vous avez écrits, lequel vous a le plus marquée?
Le dire de Di de Michel Ouellette. C’était mis en scène par Joël Beddows, qui était le directeur du département de théâtre quand j’ai fait mes études. On s’entendait vraiment bien, peut-être car c’est entre autres lui qui m’a formée.
Il m’a invitée pour auditionner au Théâtre français de Toronto. Je lisais dans le train et le texte m’est rentré dedans. C’était un solo, en plus. Je le trouvais tellement imagé, mystérieux, stimulant. Quand je suis arrivée pour l’audition avec Joël, je me sentais comme si on était déjà en train de travailler.
Marie-Ève Fontaine dans Le dire de Di, de Michel Ouellette, en 2017. Photo : Marc LeMyre
J’aime ça quand c’est intense. En étant toute seule sur scène, je me prouvais de quoi j’étais capable. Et c’était la première fois que je faisais une grosse tournée.
Chaque fois que j’étais sur le point d’embarquer sur scène, je me disais : ‘Je suis tellement chanceuse, j’ai tellement hâte d’être dans le spectacle.’
Vous avez eu une nomination pour un Prix Rideau pour ce rôle. Vous aviez d’ailleurs gagné le Rideau Artiste émergente en 2015. Qu’est-ce que ça change dans une carrière?
Ça peut accorder une perception de légitimité, au niveau des demandes de subventions. Quand tu veux obtenir quelque chose, tu es capable de dire : ‘Regardez, on m’a reconnue.’
Je dirais que le prix qui m’a le plus aidée, c’est celui remis par la Fondation pour l’avancement du théâtre francophone au Canada (ATFC), le Prix national d’excellence RBC – artiste émergent. Ça venait avec une bourse de 10 000 dollars. Ça m’a donné beaucoup de visibilité. Ça peut aider à accéder plus rapidement à du financement ou à des collaborations.
Avez-vous réussi à vivre du théâtre depuis votre sortie de l’école, en 2015?
Oui. Mis à part une année où je suis allée vivre en Nouvelle-Zélande avec un copain de l’époque. À part ça, j’ai fait un peu de radio communautaire à temps partiel. Je suis retournée un an ici et là au Manitoba. Je faisais des emplois connexes, mais ce n’était pas en plein dans le mille. À Ottawa, j’ai toujours vécu de mon travail comme artiste et comme travailleuse culturelle.
J’ai aussi travaillé au CNA, au Festival Big Bang. J’étais accompagnatrice et coordonnatrice artistique du volet des jeunes ambassadeurs.
Marie-Ève Fontaine s’implique aussi auprès des jeunes, entre autres en donnant des ateliers. Photo : Gracieuseté de Marie-Ève Fontaine
J’ai fait beaucoup d’ateliers dans les écoles, aussi. Pendant la COVID, c’est un peu comme ça que je me suis tirée d’affaire. J’ai inventé des histoires où les élèves se connectaient en virtuel et rencontraient mon personnage. J’ai réussi à être assez inventive pour vivre de mon art.
Je pense que ça vient aussi de mes parents. Au Manitoba, comme artiste, il faut vraiment que tu aies plein de cordes à ton arc.
Vous terminez une résidence d’un an au CNA. Parlez-nous de cette expérience.
Spécifiquement, ma mission était de travailler sur Giant Mine, un spectacle de théâtre documentaire sur lequel je suis depuis 2020. La pandémie m’a beaucoup ralentie, mais c’est aussi un processus de recherche qui a été vraiment long. Ça va être produit l’an prochain par le Théâtre du Nouvel-Ontario (TNO) et moi, en coproduction.
Des extraits du projet Giant Mine ont été présentés devant un public restreint, lors d’une sortie de résidence, en juin 2025. Photo : Sylvain Sabatié
Mani Soleymanlou (le directeur artistique du Théâtre français du CNA) m’a proposé un boost pour arriver à pondre ce projet. J’avais une compagnie avec Guillaume Saindon, dont je ne fais plus partie, mais au départ c’était nous deux. On avait parlé à Mani de plusieurs projets, notamment Giant Mine.
Oui, on a réussi à obtenir un chantier. C’est cool, parce que Cet été qui chantait, j’ai eu la chance de le présenter en chantier en 2021, puis en spectacle en 2023 pendant les Zones théâtrales. C’est en partie grâce à ça que l’on a pu faire une tournée dans huit théâtres, dans trois provinces.
Je ne pense pas que Giant Mine soit aussi grand public que Cet été qui chantait, mais notre intention est de proposer ce spectacle dans des petites communautés éloignées qui vivent avec l’industrie minière.
Quel est l’enjeu de Giant Mine et comment en avez-vous eu l’idée?
Ma mère a habité pendant environ 15 ans à Yellowknife, dans les Territoires du Nord-Ouest. C’est un lieu que j’ai tout de suite aimé. Ma première visite était au solstice d’hiver. Il faisait clair quatre heures par jour. Le reste du temps, il faisait noir comme nuit. Et il y a des aurores boréales. L’été, c’est inversé. Le soleil se couche, mais à peine, avant de se relever. Les plantes poussent en un clin d’œil. Les gens qui vivent là incarnent un peu ces extrêmes. Ils ne veulent pas de compromis.
Je me suis aperçue que cette ville existe à cause de deux mines d’or, qui sont à l’intérieur des frontières de la ville. Elles sont toutes les deux désaffectées. Il y en a une qui a une quantité incroyable de trioxyde d’arsenic, un produit dérivé de l’extraction de l’or, vraiment toxique et très solvable dans l’eau. Et c’est juste sur le bord du Grand lac des Esclaves. Si les contaminants atteignaient la nappe phréatique, toute l’eau serait empoisonnée.
Je n’avais jamais été exposée à l’industrie minière et à ses enjeux écologiques. Je me suis un peu garrochée dans cette recherche. Ça m’a menée à Sudbury, à Rouyn-Noranda, à Fort McMurray.
Les recherches sur Giant Mine ont mené Marie-Ève Fontaine à Sudbury. Photo : Jonathan Lorange
Je travaille sur un texte où je me sers des verbatims d’entrevues et de mes expériences personnelles avec le lieu pour aborder le sujet des enjeux écologiques liés aux industries d’extraction, mais aussi à notre relation avec le territoire et avec nos objets, pour questionner nos habitudes de consommation.
Comment vivez-vous le grand succès de Cet été qui chantait?
Je pense que, comme artiste, on s’en rend compte quand on est chanceux. C’est toute une question que ce soit le bon moment pour cette idée-là, de trouver les bons collaborateurs et que la mayonnaise prenne.
J’ai eu cette idée en lisant un livre de Gabrielle Roy, une de mes autrices fétiches. J’ai travaillé dans sa maison d’enfance, qui est devenue un musée à Saint-Boniface. C’était mon premier emploi. J’avais mon petit background de marionnette grâce à ma mère. Je lisais ça et je me disais que ce serait bon en marionnette.
Marie-Ève Fontaine incarne Gabrielle Roy dans Cet été qui chantait. Photo : Jonathan Lorange
À partir de là, les gens qui entendaient parler de mon idée m’encourageaient, dont Geneviève Pelletier, directrice artistique et générale du TCM. Je me suis entourée de certaines personnes, dont ma mère, Pierre Robitaille à Québec, Gérald Laroche, musicien manitobain et Denis Duguay, scénographe manitobain.
J’ai commencé à faire des demandes de subventions et ça fonctionnait. Et à un moment donné, le TCM a décidé de coproduire.
Il a fallu que je sois patiente, que je sois à l’écoute de l’œuvre, des étapes dont elle avait besoin. On s’est rendu en 2023, au TCM. On l’a présentée devant des jeunes, des vieux et tout le monde entre les deux, et on a eu une super belle réception.
On l’a présenté à Petite-Rivière-Saint-François, le village duquel sont inspirées les histoires, dans la cabane à sucre qui est mentionnée dans le livre. C’était incroyable! C’est un spectacle très feel good, une célébration de la nature, de la beauté et de la vie.
Est-ce que l’attachement des gens pour Gabrielle Roy fait partie de la formule gagnante?
Je pense que c’est ce qui fonctionne dans ce projet. Il y a quelques portes d’entrée, dont Gabrielle Roy. Il y a aussi l’aspect musical, très inventif, l’aspect marionnette et l’aspect image. On a pris le pari de faire quelque chose pour les petits et les vieux. On voulait quelque chose d’intergénérationnel, ce qui est aussi très tendance.
Marie-Ève Fontaine a également joué dans la série télévisuelle Le monde de Gabrielle Roy. Photo : Gracieuseté de Marie-Ève Fontaine
Cette expérience de Cet été qui chantait a été formatrice à tellement de niveaux pour moi, je pense que c’est ce qui fait que j’ai été choisie pour le poste au TCM. Parce que c’est un projet qui est lié au Manitoba et à cet héritage culturel, que je l’ai fait avec le TCM, et aussi parce que ça m’a permis de me prouver comme productrice et directrice artistique.
Quel a été le processus qui vous a menée à cette nomination au TCM?
J’ai toujours gardé un lien très fort avec Saint-Boniface, parce qu’une partie de ma famille est là. C’est un point de repère culturel. Le TCM est un organe vital de la culture francophone dans l’Ouest.
Quand Geneviève a annoncé sa démission, j’étais moi-même… c’est fatiguant, être artiste pigiste et productrice indépendante. Je l’ai dans le corps, un peu. Même si c’était vraiment enrichissant, je suis fatiguée. J’aimerais ça avoir des gens qui m’aident à réaliser une vision.
J’avais ces pensées-là quand Geneviève a annoncé son départ. Ma mère vient juste de quitter les Territoires du Nord-Ouest pour retourner au Manitoba, et c’est une artiste avec qui je collabore. C’est quelqu’un en qui j’ai confiance, ma confidente et ma consultante.
Alors là, je vois ma mère qui retourne avec son copain, qui est aussi acteur et va jouer dans Giant Mine, et puis le poste s’ouvre alors que je viens juste de fermer plein de projets. Tout s’est aligné comme une éclipse solaire. Je pense que c’est le moment de retourner.
Les réactions ont été enthousiastes. Les gens vous connaissent et il y a une certaine continuité…
Je pense que oui. Je suis à Ottawa depuis 15 ans, mais il y a plein d’histoires que j’ai envie de raconter qui sont ancrées dans l’Ouest. Ça fait quelques années que je me demande pourquoi j’ai ces idées, sur la vie de tel personnage historique, par exemple. Les gens me disent : ‘Parles-en au TCM, ce n’est pas ici que tu vas faire ce show-là.’
Quelle est votre ambition pour le TCM dans les années à venir?
Quand j’étais adolescente et que Roland Mahé était à la tête du TCM, je trouvais que c’était pas mal conventionnel. Quand Geneviève est arrivée, elle a fait un virage vers un théâtre de création, vers la prise de risque et l’innovation artistique, ce qui est bien pour moi.
Marie-Ève Fontaine dans Le Tartuffe de Molière, avec le Fâcheux théâtre, en 2024. Photo : Jonathan Lorange
En même temps, je remarque que le public qui allait au théâtre conventionnel n’a pas suivi ce virage. Je veux trouver un juste milieu entre ces deux visions.
Il y a beaucoup d’immigration africaine dans la communauté francophone. Il faut que ces gens-là se voient sur scène aussi. Il faut trouver une cohésion sociale, et je pense que le TCM peut faire ça.
Avez-vous d’autres projets en chantier?
Oui… à quel point je peux ou veux révéler ça, je ne sais pas. Des projets artistiques, ce sont des petits objets fragiles, au début. Récemment, il est sorti un balado vraiment super sur Pauline Boutal, la directrice artistique qui a précédé Roland Mahé au TCM. C’est elle qui a monté les premiers Molière au Théâtre Cercle Molière, ironiquement.
J’ai beaucoup travaillé avec le Fâcheux Théâtre, qui fait Molière dans le parc à Gatineau. Je trouve qu’ils font un travail extraordinaire de développement de public, parce que c’est super accessible, sur contribution volontaire. Tu peux voir un itinérant et un sous-ministre un à côté de l’autre qui rient des mêmes blagues. Je pense que c’est une des clés, de revenir vers le classique et de le rendre fun.
Je pense aussi à un projet sur Marie-Anne Gaboury, la grand-mère de Louis Riel et épouse du voyageur Jean-Baptiste Lagimodière. Elle a été la première femme blanche à s’établir dans l’Ouest canadien. Elle a eu une vie rocambolesque. Elle a vécu un peu partout, ça vient chercher mon petit côté pancanadien. »
LES DATES CLÉS DE MARIE-ÈVE FONTAINE
1991 : Naissance à Winnipeg, au Manitoba
2014 : Début de carrière alors qu’elle poursuit son BAC en théâtre, à Ottawa
2017 : Joue dans Le dire de Di, de Michel Ouellette
2022 : Participation à Un. Deux. Trois, spectacle à grand déploiement de Mani Soleymanlou
2023 : Création de Cet été qui chantait, qui connait un succès national
2024 : Est nommée artiste en résidence du Théâtre français du CNA
2025 : Nomination comme directrice artistique et co-directrice générale du TCM
Chaque samedi, ONFR propose une chronique franco-ontarienne. Cette semaine, l’auteur torontois Soufiane Chakkouche narre ses défis d’immigration canadienne, un récit à suivre en plusieurs parties.
[CHRONIQUE]
Pour cette dernière de la saison, je vais enfin honorer ma parole – ou presque – et dessiner ainsi les sons de la séance de ma cérémonie de citoyenneté lors d’un mardi gris, gras d’émotions, sentant les relents de la pandémie au grand dam des touristes, avec ou sans visa!
Avant toute chose, je souhaite rassurer celles et ceux qui « kiffent » mes lignes et savent lire entre ces dernières : je viens de renouveler mon contrat de chroniqueur avec le groupe TFO. D’autres vont devoir me supporter encore un an de plus.
Derniers effluves de la COVID-19 obligent, j’ai juré fidélité à mon deuxième roi en ligne, il y a plus de deux ans de cela. Si je ne me souviens guère de la date exacte de ce tournant dans ma vie, je me rappelle très bien que je portais une chemise blanche impeccablement repassée, mais pas de pantalon, juste un caleçon usé, mais propre. Loin de moi était l’idée de manquer de respect à la cérémonie avec un tel accoutrement, surtout que les dizaines de personnes qui y assistaient, par familles entières parfois, étaient tirées à quatre épingles derrière leurs petits écrans, petit drapeau canadien à la main. Le fait était que, l’organisation n’étant pas ma tasse de thé à la menthe, tous mes vêtements extérieurs couvrant le dessous de ma taille étaient à la machine.
« Mais qu’est-ce qu’on s’en fout de ces détails! Va directement à l’essentiel, le nombre de mots t’est compté », souffle à raison la Petite voix dans ma boîte crânienne.
Un homme ne pleure pas, mon fils
Ce jour-là, je cessai officiellement d’être un touriste de l’histoire. Ce jour-là, je fis mine de chanter un hymne que je ne connaissais qu’à moitié – je n’aime pas les hymnes nationaux, car ils résonnent dans mes tympans comme un clairon de ralliement à la guerre. Ce jour-là, on me remit un certificat et une boule dans la gorge que même le sirop d’érable aurait du mal à faire passer.
Et pour cause, cette juge de noir vêtu, maîtresse de la cérémonie, devant un mur aussi jaune qu’un formulaire d’immigration, et dont la bienveillance rappelait celle d’un professeur de philosophie qui croit encore en l’humanité avait prononcé des mots simples, mais puissants à propos du vivre-ensemble, de la diversité et de la liberté. Elle avait cette voix qui donne envie de ne jamais enfreindre la loi ou d’adopter un castor! Elle parlait avec cette douceur rarement entendue dans une réunion virtuelle. Elle aurait pu m’annoncer la découverte d’une planète carrée ou la fin du monde, j’aurais tout gobé.
Cependant, ce fut lorsqu’elle dit que le Canada était chanceux de nous avoir que l’émoi du cœur atteignit son paroxysme en moi. Mes yeux se mouillèrent sans mon consentement. Or, je fis vite de laper mes larmes devant ma conjointe, qui jouait aussi son avenir à mes côtés, car de là d’où je viens, un homme, ça ne pleure pas, ou en cachette!
En revanche, beaucoup de personnes qui venaient également de loin laissèrent libre cours à leurs larmes, les âmes libres, enfin… Je pensai illico que beaucoup d’entre eux étaient arrivés ici en tant que réfugiés, des survivants, des gens pour qui ce papier était plus qu’un droit de vote, un gage de liberté. Je les regardais pleurer avec cette honte de celui qui a eu la vie un peu plus facile. Comme moi, ils avaient traversé des océans, des frontières et des silences. Comme moi, ils avaient finalement atteint bon port.
Ce jour-là, je compris que devenir citoyen, c’est rejoindre une histoire. Et parfois, cette histoire commence avec des yeux embués et des épaules secouées… mais le cœur plus léger.
Allez, ça suffit, rangeons le violon dans son étui et attaquons-nous aux bassesses de ce monde!
Le passeporte
Au-delà de tout cela, la citoyenneté canadienne est synonyme d’un passeport bleu. Cette couleur anodine sur un document qui tient dans la paume d’une main est le rêve de beaucoup de jeunes de l’hémisphère sud. Et pour cause, c’est un sésame planétaire qui ouvre toutes les frontières, sauf celles de la Corée du Nord!
En effet, selon l’index Henley Passport publié en mai dernier, le passeport canadien offre un accès sans visa ou visa à l’arrivée (une simple formalité) à 184 pays, ce qui le place à la 8ᵉ position mondiale en termes de passeports les plus puissants. Rien à voir donc avec mon ancien passeport vert, qui occupe la 69ᵉ position et qui n’ouvre que sur le tiers-monde (oups les pays en voie de développement).
Finis donc pour moi les formulaires sans fin, les preuves bancaires, les photos biométriques, les fiches anthropométriques, les prières en quatre exemplaires et surtout finies les interminables files d’attente devant les consulats sous le soleil de plomb de Marrakech.
Néanmoins, je ne peux clore cette chronique et la saison dans la foulée sans pousser un coup de gueule contre cette injustice mondiale que j’appelle l’art de voyager selon son PIB.
Pourquoi diable les citoyens des pays pauvres ont-ils besoin de visas, refusés pour la plupart, pour rendre visite aux pays dits développés et de droits, alors que ceux des pays riches peuvent papillonner de contrée en contrée lorsque l’envie leur prend? Pourquoi diable a-t-on dessiné des angles à la Terre alors qu’elle est ronde? À quel moment a-t-on décidé que le droit à l’évasion, à la découverte ou à la visite de grand-maman devait dépendre de la croissance du PIB ou du nombre de sièges à l’ONU? Bref, en somme, la planète est une école privée dont les pays pauvres n’ont pas payé les frais d’inscription.
Restent l’espoir, la bonté et la sagesse qui nous rappellent que nous sommes tous des habitants de la Terre mère nourricière et que le monde entier est le toit de ceux qui n’en ont pas.
À bon entendeur, Salamoualikoum (que la paix soit sur vous).
Les opinions exprimées dans cet article n’engagent que leurs auteur(e)s et ne sauraient refléter la position d’ONFR et de TFO.
TORONTO – Adele est arrivée à Toronto depuis le Maroc avec, dans ses bagages, un passé marqué par les discriminations en raison de sa transidentité et de son homosexualité. En tombant dans la précarité et l’incertitude, les réfugiés LGBTQ+ se heurtent, comme elle, à un système carencé.
« J’ai quitté pour être libre », confit d’emblée Adele, qui a définitivement quitté le Maroc à la fin de l’année dernière, après 40 ans dans sa ville natale de Kénitra. Bien qu’elle ait suivi son frère qui vit à Toronto, le rejet de son orientation sexuelle par sa famille retentit encore ici, où elle vit dans un refuge.
« Je suis née en tant qu’homme, mais à l’esprit, au geste de femme », raconte Adele, qui, durant son enfance, a adopté un comportement et des intérêts perçus par la société comme efféminés.
À l’âge de 20 ans, sa nature féminine s’est heurtée à la violence de son père, combinée à la myriade de discriminations que les personnes homosexuelles endurent dans une société majoritairement régulée par la religion musulmane.
« Quand j’étais petite, mon père me frappait pour corriger ce qu’il considérait comme un problème, pour que je sois un homme », évoque-t-elle.
Elle dépeint l’expérience homosexuelle dans ce pays comme un rejet total de la société à tous les niveaux, y compris les violations des droits de la personne. « Ils peuvent même te refuser une hospitalisation. »
Au Maroc, Adele a été éloignée de sa famille par son père en raison de son homosexualité. Photo : ONFR/Florian Brisot
Jean-Nicolas Yacoub est avocat au sein de la clinique juridique du Centre francophone du Grand Toronto. Ce dernier rappelle que les discriminations subies par les ressortissants LGBTQ+ de pays qui criminalisent l’homosexualité se produisent sous des formes variées et insidieuses.
« Ce qui nous vient en tête le plus souvent, ce sont les personnes affligées par la guerre. Mais c’est beaucoup plus large que cela. La discrimination, c’est également une forme de persécution », rappelle l’avocat.
Selon lui, ce type de traitement est prévisible dans certains pays d’Afrique francophones comme la République démocratique du Congo ou le Cameroun.
Pour l’heure, aucune date d’audience n’est fixée pour l’asile qu’Adele a demandé, tant elle peine à trouver du travail. Georgelie Berry, coordinatrice des services d’établissement des nouveaux arrivants à FrancoQueer, affirme que « les délais de traitement tuent les nouveaux arrivants, surtout les demandeurs d’asile ».
Homophobie dans les couloirs du refuge
Par ailleurs, prouver son homosexualité peut s’avérer plus difficile pour ces réfugiés qui ont mené presque toute une vie dans le secret.
« Si la personne n’a pas de preuves concrètes, par exemple des photos avec son partenaire ou d’autres types de rapports, à la fin de la journée, tout va être une question de crédibilité sur le témoignage de la personne », affirme Jean-Nicolas Yacoub.
« Parfois, quand je me maquillais, ils commençaient à rire »
Même si elle a pu trouver un espace dans une maison de transition francophone du centre-ville, Adele se souvient d’expériences négatives au sein de refuges, comme à Homes First.
La négligence, voire les moqueries de la part de la gestion, l’ont fait se questionner sur l’engagement de certains établissements comme lieux sécuritaires pour les personnes LGBTQ+. « Parfois, quand je me maquillais, quand le gestionnaire et son équipe passaient, ils commençaient à rire par exemple », se souvient Adele.
Adele avait déjà tenté l’Espagne sans succès, afin de fuir la persécution pour son identité sexuelle et de genre. Photo : ONFR/Florian Brisot
Adele avait déjà tenté l’Espagne sans succès, afin de fuir la persécution pour son identité sexuelle et de genre. Photo : ONFR/Florian Brisot
Elle déplore un manque de formation et de sensibilité du personnel : « Je leur dis que mes plaintes, ce n’est pas pour vous faire des problèmes. Mes plaintes, c’est juste pour vous montrer qu’il y a une faille au sein de l’équipe. »
Georgelie Berry soutient l’idée qu’« il n’y a pas vraiment beaucoup de refuges spécialement adaptés pour les personnes LGBTQ+, notamment les femmes trans. On va trouver le drapeau dans un refuge puis on va vous dire que nous sommes un espace inclusif, mais ça doit être traduit dans les faits. »
Homes First a répondu à ONFR dans un courriel en s’abstenant de commenter ses cas individuels de plaintes par égard à sa politique de confidentialité.
Toutefois, l’organisation se dit engagée sur cette question par exemple en assurant des chambres d’affirmation de genre et en développant le premier site de refuge torontois spécifiquement dédié pour la communauté LGBTQ+.
Elle dit également soumettre son personnel à des formations obligatoires qui comprennent des modules relatifs à l’inclusion.
À Ottawa, Capital Rainbow Refuge est une maison de refuge spécifiquement faite pour accueillir les réfugiés sur le spectre queer. Selon Mauricio Oviedo qui coordonne les services et partenariats du refuge, les soins sensibles au traumatisme sont les plus importantes formations que tout personnel s’occupant de la communauté LGBT doit détenir.
« On ne peut pas traiter une personne qui fuit son pays, sa famille, parfois ne parle ni anglais ni français, sans considérer ses traumatismes ni la servir avec compassion », dit-il.
Après des expériences négatives consécutives, Adele conteste la bienveillance des centres de refuge envers la communauté LGBTQ+. Photo : ONFR/Florian Brisot
Choisir sa langue de communication
L’aspect de la langue occupe une certaine place dans l’expérience d’Adele dans la mesure où elle a développé un sentiment de conflit avec l’arabe, sa langue natale. « Je viens d’un pays arabe musulman, donc l’islam interdit ça (son homosexualité). Quand je parle avec un arabe je ne me sens pas bien », confie-t-elle.
Mauricio Oviedo confirme qu’il est commun que ces réfugiés refusent d’être mélangés à d’autres résidents de la même origine. « Parfois, ils viennent ici comme hommes, mais ils commencent leur transition à Ottawa. Donc ils ne veulent pas être placés avec d’autres de leur pays qui vont peut-être commencer à faire des commentaires », décrypte-t-il.
En réfléchissant à sa propre expérience de femme de couleur et queer, Georgelie Berry explique qu’en Ontario, être à la fois francophone, queer et une personne de couleur constitue un ensemble d’intersections compromettant le parcours de ces personnes. « On peut vivre 100 fois l’homophobie dans notre communauté ethnoculturelle », mentionne-t-elle.
Cela s’ajoute à la difficulté qu’Adele a rencontrée pour bénéficier de services en français à Toronto, où les refuges dédiés à la communauté LGBTQ+ affichent souvent complet.
Le Canada, terre d’asile des réfugiés LGBT?
Plus tôt ce mois-ci, dans la même lignée que les renforcements politiques en matière d’immigration qui se suivent depuis plus d’un an, le nouveau projet de loi C-2 voué à resserrer les mesures de sécurité à la frontière canado-américaine a marqué un important durcissement des options d’accès à l’asile au Canada.
Face à cette forme de fragilisation de l’image du Canada comme terre d’asile pour les réfugiées francophones LGBTQ+, des groupes œuvrant pour la défense des droits de la personne s’inquiètent d’une entrave au droit de demander l’asile de ces réfugiés. « C’est comme des sortes de mesures draconiennes, c’est anti-réfugiés, anti-immigration. Ça va contre l’esprit de la Convention de Genève », suggère Jean-Nicolas Yacoub.
D’après Adele, un effort reste à fournir notamment de la part des administrations des refuges, qui demeurent l’une des premières institutions avec lesquelles ces réfugiés interagissent dès leur arrivée au pays. « Ils disent que le Canada c’est ouvert. Mais ce n’est pas cas. Il y a pas mal de personnes qui n’acceptent pas (cette diversité) », conclut Adèle.
*LGBTQ+ désigne les personnes lesbiennes, gais, bisexuels, transgenres, queer, le + englobant ici l’ensemble des personnes aux autres réalités diverses.
Une légende de la musique, Serge Fiori, s’est éteinte le 24 juin, jour de la Saint-Jean-Baptiste. Et comme la Saint-Jean-Baptiste, Serge Fiori, élevé au rang de symbole national au Québec, est aussi célébré dans toute la francophonie canadienne.
En Ontario, dans les années 1970, les notes d’Harmonium, tout comme celles de Fiori-Séguin (collaboration entre Serge Fiori et Richard Séguin) résonnaient en même temps que celles de CANO ou de Robert Paquette. Plusieurs se rappellent les rassemblements autour du feu de camp, les spectacles de la Saint-Jean ou les groupes d’étudiants dans les résidences universitaires, que ce soit à l’Université d’Ottawa ou à La Laurentienne, à Sudbury.
C’est le cas de Daniel Cayen, fier Franco-Ontarien, qui rappelle que les années 1970 étaient effervescentes aussi dans sa province. « C’était pas mal mouvementé. Ce sont des années de contestation en Ontario. Ça nous accompagnait dans nos manifestations. »
Celui qui a plus tard travaillé dans la haute fonction publique ontarienne, notamment au sein du ministère des Affaires francophones, a été choqué par le traitement médiatique de la mort du musicien parmi tant d’autres, trop centré sur le Québec, selon lui. « Nous aussi, on est en deuil, à l’extérieur du Québec, déplore-t-il. Quand on néglige l’impact de Fiori sur le réveil culturel en Ontario français, non seulement ça insulte les francophones hors Québec, mais ça diminue l’influence de Serge Fiori. »
Toute une vague francophone
À la fois Franco-Ontarien et Québécois, Robert Paquette parle en effet d’un sentiment de groupe, incluant également les Québécois de Beau Dommage, les Franco-Ontariens de Garolou ou les Acadiens de 1755, qui partageaient « cette conviction fondamentale de l’importance de la langue française pour véhiculer ce qu’ils étaient et ce qu’on était » en tant que francophones.
À l’opposé de critiques parfois formulées envers les groupes québécois, il n’a pas senti que les artistes des autres provinces étaient mis à part dans cette émancipation collective, même s’il reconnaît qu’il fallait se déplacer au Québec pour être reconnu. Il croit que, de par leurs tournées au pays (entre autres à Sudbury, en 1976), Serge Fiori et Harmonium étaient très conscients de la francophonie canadienne. Il se dit aussi heureux que le talent de l’artiste ait été reconnu de son vivant.
Harmonium, après avoir reçu un hommage au Gala de l’ADISQ, en 2018. Photo : La Presse canadienne/Graham Hughes
Marcel Aymar raconte également s’être senti dans la même vague, entre autres lorsque Serge Fiori et Richard Séguin étaient venus assister à un spectacle de CANO.
« Comme groupe et comme beaucoup d’autres musiciens à travers le Canada, on trippait sur Harmonium et sur Serge Fiori », raconte-t-il.
Il nuance toutefois en précisant que le groupe de L’heptade « a surtout eu une influence au niveau musical » et pas nécessairement au niveau identitaire pour les francophones hors Québec.
« C’est une époque où tous les francophones à travers le Canada étaient en train de se définir. (…) On n’était pas juste des Canadiens français d’un bout à l’autre du pays, mais on avait des communautés différentes. »
Paul Paiement, musicien amateur et frère des membres de CANO André et Rachel Paiement, abonde dans le même sens. « Il n’y avait rien de politique dans notre goût pour cette musique-là. C’était la musique comme telle qui venait nous chercher. »
« Je sais que Serge était nationaliste. Mais sa musique, pour moi, était universelle. »
— Paul Paiement
Il est tout de même convaincu que les gens de sa génération ont conservé leur fierté francophone grâce à tous ces groupes de la même époque, ce que croit aussi le technicien de son et professeur au Collège Boréal, Jules Ducharme.
« Ça fait partie de ma jeunesse et de ma vie de tous les jours, explique-t-il. Je ne savais même pas que c’était québécois (…) Entre Harmonium, CANO et Robert Paquette, c’était LA musique, LA francophonie qui était chez nous », raconte celui qui a grandi dans une famille de militants franco-ontariens.
Traverser les frontières, linguistiques et temporelles
C’est plus tard, quand il a côtoyé des Québécois, que Jules Ducharme a senti que certains s’appropriaient la musique d’Harmonium comme quelque chose d’exclusif au Québec, comme s’il n’avait pas le droit d’être un fan au même titre qu’eux. « Ce n’était pas méchant. Il y avait juste une incompréhension. »
Pourtant, comme l’explique l’auteur-compositeur-interprète Dayv Poulin, de nombreux musiciens francophones ont gratté leurs premières guitares en fredonnant Pour un instant.
« Quand on apprend, on cherche des chansons que tout le monde connaît. Quand je chante des chansons d’Harmonium, je peux jouer un spectacle à Timmins comme je peux jouer un spectacle à Ottawa ou au Québec, et tout le monde va les connaître. »
Pour Dayv Poulin, l’admiration va encore plus loin. En 2012, avec son projet Le Paysagiste, il a lancé une reprise de la chanson Aujourd’hui, je dis bonjour à la vie. C’est ce qui lui a donné l’idée du prénom de son fils… Fiori.
« C’est un peu comme quand je parle de Pink Floyd ou des Beatles, mais du côté canadien-français, à quel point ce groupe-là a eu un impact. »
— Dayv Poulin
Quelques années plus tôt, en 2009, Dayv Poulin a orchestré un hommage à Harmonium pour le spectacle de la Saint-Jean-Baptiste de La Slague. Paul Paiement raconte que c’est ce soir-là que ses enfants ont eu la piqûre. Le directeur général de La Slague, Stéphane Gauthier, se rappelle aussi d’une soirée mémorable. « C’est un de nos très beaux gros moments des 20 dernières années. »
Au début de l’âge adulte, Stéphane Gauthier collectionnait les vinyles. Les seuls disques francophones qu’il arrivait à trouver en Ontario étaient ceux d’Harmonium, qu’on pouvait dénicher dans des bacs de disques usagés. Il faut dire que le groupe de Serge Fiori avait d’abord chanté en anglais, en tout début de carrière, et que certains fans avaient suivi le bateau après le virage francophone.
Dayv Poulin incarnait son idole Serge Fiori pour un hommage à Harmonium à Sudbury, en 2009 : Photo : Gracieuseté de La Slague
Le musicien punk Véloce André, qui a commencé sa carrière en anglais, raconte pour sa part que c’est Harmonium qui lui a fait comprendre « qu’il y avait de la musique un peu plus flyée en français. » Alors qu’il se renfrognait parfois devant les choix musicaux francophones de son père, il est rapidement devenu fan de Serge Fiori, dont il se rappelle aussi l’album éponyme, sorti en 2014. « C’est vraiment un des grands chanteurs québécois qui m’ont beaucoup influencé. »
Véloce André peut aussi témoigner de l’amour que portent les artistes de la relève franco-canadienne à Serge Fiori. « Au Festival international de la chanson de Granby, j’ai passé beaucoup de temps avec les autres hors Québec. Ils connaissaient tous Serge, on a jammé sur des tounes d’Harmonium. »
OTTAWA – Les fonctionnaires francophones au fédéral se disent beaucoup moins à l’aise de travailler et de communiquer dans leur langue comparativement aux anglophones, selon un sondage répondu par plus de 150 000 travailleurs.
Le Conseil du Trésor a dévoilé plus tôt cette semaine les résultats d’un sondage auprès des fonctionnaires fédéraux de 2024 pour la fonction publique. Au total, 186 635 employés de 93 ministères et organismes fédéraux ont répondu, pour un taux de participation de 50,5 %. Ce coup de sonde effectué depuis plusieurs années comporte cette fois de nouvelles questions concernant la langue de travail.
Si, à première vue, une très forte majorité de fonctionnaires se disent libres d’utiliser le français ou l’anglais (88 % de réponses positives) lors de réunions ou encore de rédiger des documents et courriels dans la langue de leur choix (85 % de réponses positives), les données diffèrent entre les deux groupes linguistiques.
C’est 75 % des 58 255 fonctionnaires francophones ayant répondu au sondage qui considèrent qu’ils sont libres d’utiliser la langue de leur choix en réunion, alors que ce chiffre bondit à 94 % chez les anglophones.
La différence est aussi distincte pour la rédaction de courriels et de documents, alors que 23 % des francophones disent ne pas se sentir libres de le faire dans la langue de leur choix, alors que ce chiffre tombe à 3 % chez les 127 090 fonctionnaires anglophones ayant répondu à cette question. 66 % des francophones se disent à l’aise de rédiger en anglais ou en français alors que ce nombre s’élève à 94 % pour les fonctionnaires dont l’anglais est la langue officielle.
Pour ce qui est de la communication directe avec un superviseur, les fonctionnaires anglophones (96 %) et francophones (90 %) se disent confortables de communiquer dans la langue de leur choix. Idem pour les cadres supérieurs alors que seuls 11 % des employés anglophones et francophones disent qu’ils ne communiquent pas dans les deux langues officielles.
Depuis 2020, les données linguistiques concernant les cadres et les superviseurs sont similaires, avec des variations annuelles de 0 à 5 %.
Manque de formation linguistique
Plus du tiers des anglophones dans la fonction publique estime que le manque de formation linguistique offerte dans la dernière année est nuisible à leur avancement professionnel. 37 % des travailleurs fédéraux considèrent que le manque de formation pour l’apprentissage du français a eu un impact sur leur carrière professionnelle dans les 12 derniers mois, alors que 63 % estiment que ça n’a pas eu de répercussion.
Chez les francophones, c’est 27 % qui jugent qu’une formation en anglais permettrait un meilleur avancement professionnel dans l’appareil fédéral.
Le sondage s’est déroulé du 28 octobre au 31 décembre 2024. Administré par Statistique Canada avec le Conseil du Trésor, cet exercice a lieu tous les deux ans.
SUDBURY – Figure discrète, mais essentielle de la francophonie du Grand Sudbury, Michel Lavoie a reçu, ce jeudi soir,le Mérite Horace-Viau, une distinction remise chaque année par les Clubs Richelieu de la ville à une personnalité francophone au parcours exceptionnel.
Organisée pour la 24e fois, cette soirée de reconnaissance souligne l’engagement bénévole et communautaire d’un ou d’une francophone qui contribue activement au rayonnement de la langue et de la culture française dans la région.
Cette année, c’est Michel Lavoie, membre du Club Les Patriotes de Sudbury depuis 39 ans, qui s’est vu remettre cette distinction au Centre communautaire Edgar-Leclair d’Azilda jeudi soir.
L’événement est, d’ailleurs, de retour au printemps, dans le cadre des célébrations de la Saint-Jean, après avoir été organisé à l’automne ces dernières années.
Le groupe de musique franco-sudburois The Frogs ont offert une prestation musicale en début de soirée. Photo : Inès Rebei/ONFR
« Ça a été une belle surprise. Je suis bien content de cet honneur. Ça fait près de 40 ans que je suis membre du Club Les Patriotes de Sudbury. Je suis un fier membre et un fier franco-ontarien », a réagi celui qui est bénévole pour l’organisme depuis sa création.
C’est Marcel Vaillancourt, impliqué pendant une quinzaine d’années à la Nuit sur l’Étang, qui l’a nominé et lui a remis le prix jeudi.
Drapeau franco-ontarien
Homme de communications, militant syndical, bénévole infatigable, Michel Lavoie s’est impliqué dans une multitude d’organismes, souvent dans l’ombre, mais toujours avec conviction.
Ancien président de l’Association étudiante francophone (AEF) à l’Université Laurentienne, animateur de radio, il a également été agent de communications au ministère du Développement du Nord de l’Ontario, tout en représentant ses collègues à titre syndical pendant de nombreuses années.
Marcel Vaillancourt a fait part de plusieurs anecdotes au sujet de son amitié avec M. Lavoie. Photo : Inès Rebei/ONFR
« J’ai aussi présidé l’association des étudiants francophones lorsque j’étais à l’Université Laurentienne. Une de nos réussites, c’est qu’on a été capable de hisser le drapeau franco-ontarien en permanence sur le campus de l’université », se souvient-il.
« Michel place sa communauté avant lui et son égo », a déclaré M. Vaillancourt, évoquant son rôle déterminant dans la lutte pour faire flotter le drapeau franco-ontarien à l’Université Laurentienne en 1982.
Loyal et discret
Son engagement déborde largement son club Richelieu : les Chevaliers de Colomb, l’ACFO du Grand Sudbury, les Caisses populaires Desjardins, mais aussi le conseil d’administration de l’Assemblée de la Francophonie de l’Ontario et de Cultural Industries Ontario North, pour soutenir les arts, notamment à Cinéfest, sont autant de milieux où Michel Lavoie a laissé sa marque.
L’engagement qui l’a le plus marqué : ses 17 années au sein du siège de la Caisse populaire nationale des voyageurs.
Michel Lavoie est à la retraite depuis deux ans et compte continuer à s’impliquer dans son Club Richelieu. Photo : Inès Rebei/ONFR
« J’aimais ça parce que ça montrait le côté financier pour aider les francophones de la région de Sudbury, du nord d’Ontario et on voyait le bien que ça faisait avec des retours dans les organismes communautaires », confie-t-il.
« Michel travaille beaucoup dans l’ombre, c’est pourquoi nous voulons mettre de l’avant sa contribution importante à la communauté francophone de Sudbury », souligne le comité organisateur présidé par Régent Dupuis, représentant les Clubs Richelieu de la région.
Un prix à portée collective
Le Mérite Horace-Viau, en plus d’être une reconnaissance symbolique, prend la forme d’un don remis en son nom à la Fondation Richelieu International, pour soutenir des programmes jeunesse axés sur l’environnement.
L’événement de jeudi a aussi permis de célébrer la relève francophone avec la remise des Prix Jeunesse Richelieu, attribués à de jeunes francophones engagés dans leur communauté.
Cette année, les récipiendaires sont Mélanie Denis-Plante (Prix Richelieu, niveau secondaire), élève de 12e année à l’École secondaire L’Horizon, Koloina Ralison (Prix Richelieu, nouvelle arrivante), élève de 12e année à l’École secondaire du Sacré-Cœur et Bradley Bertrand (Prix Richelieu, niveau post-secondaire), étudiant à la maîtrise en kinésiologie à l’Université Laurentienne.
Koloina Ralison est arrivée il y a deux ans de Madagascar avec sa famille. Photo : Inès Rebei/ONFR
Lise Lamothe, présidente du Centre de santé communautaire, n’a pas caché son émotion lors de son allocution honorant Bradley Bertrand, bénévole pour l’organisme. Photo : Inès Rebei/ONFR
Les trois lauréats recevront une bourse monétaire pour souligner leur contribution au rayonnement du français dans leur milieu, que ce soit au secondaire ou au postsecondaire.
Les clubs Richelieu ont remis 1375 dollars à la Fondation Richelieu International pour que Michel Lavoie devienne membre du cercle Horace Bio. Cet argent va appuyer des projets pour et par les jeunes francophones ayant une préoccupation environnementale.
L’orientation vers l’environnement de la Fondation Richelieu International s’est faite en 2019 lors du 75e anniversaire du Richelieu International.
Parmi les récipiendaires du Mérite Horace-Viau, depuis 2000, on compte Gaëtan Gervais (2005), Denis Constantineau (2016), Joanne Gervais (2022), Jacques Babin (2023) ou encore Germaine Paquette (2024).
Alain Dupuis (2011), Simon Paquette et Isaac Robitaille (2018), Maegan Lavigne et Camie Gareau (2023), Katrine Tessier, Amyka Gagné et Roxane Kamagate (2024) figurent parmi les lauréats des Prix Jeunesse Richelieu, lesquels sont remis depuis 2010.
D’anciens récipiendaires, ceux étant debout sur cette photo, ont aussi été reconnus durant la soirée. Photo : Inès Rebei/ONFR
TORONTO – Francophonie en Fête célébrera sa 20ᵉ édition du 12 au 27 septembre 2025 à Toronto, avec une programmation qui reflète la diversité francophone. L’événement débutera avec trois jours de spectacles gratuits au Bentway, sous l’autoroute Gardiner, avant de se poursuivre avec deux spectacles en salle au Paradise Theatre. Le programme a été officiellement dévoilé à l’occasion de l’Assemblée générale annuelle de l’organisme, tenue ce jeudi 26 juin, où le bilan de l’année écoulée a également été présenté.
La soirée d’ouverture, le vendredi 12 septembre, donnera le ton avec une série de performances mêlant rythmes urbains, musiques du monde et créations électroniques. Le trio Hasiba lancera les festivités, suivi de Folklassico, un groupe fusionnant les sonorités latines et africaines. Les platines seront ensuite confiées à plusieurs DJ : DJ Clembox déjà présent l’an dernier, DJ Jahtee et DJ UNPIER, pour faire danser la foule jusqu’à 22 h.
La tête d’affiche de la soirée sera Waahli, rappeur montréalais d’origine haïtienne, reconnu pour ses textes engagés et ses influences afro-caribéennes.
Le samedi 13 s’annonce comme la journée la plus dense, avec une programmation ininterrompue dès 11 h en fin de matinée. Njacko Backo & Kalimbas at Work ouvriront la scène principale avec leurs rythmes africains traditionnels.
On retrouvera ensuite notamment Suzelle, lauréate de plusieurs prix jeunesse, le chanteur marocain Hassan el Hadi et le collectif montréalais Welcome Soleil. Jessy Lindsay, avec son indie pop bilingue, Adama Daou et ses percussions maliennes, ainsi que Kymia et Marta Elena viendront compléter une journée riche en découvertes.
En soirée, la scène accueillera la Révélation Radio-Canada 2025 : le groupe Allô Fantôme, une formation de huit musiciens. « C’est un groupe qui va vraiment bouger la baraque, comme on dit », s’enthousiasme Jacques Charrette, directeur général du festival. « Une belle prise pour nous. »
Après une performance remarquée l’année dernière, Dee Joyce sera de nouveau présent cette année pour la journée du dimanche. Photo : Mickael Laviolle/ONFR
Le dimanche 14 septembre offrira une programmation tout aussi festive avec, dès le matin, le théâtre jeunesse d’Amandine & Rosalie, suivi du défilé de mode Ori-Krea Ballet. En milieu d’après-midi, Noemi & Le Friendless Crew apporteront une touche pop-électro rafraîchissante. « C’est vraiment du indie très, très apprécié », précise le directeur du festival.
Le duo féminin Beau Nectar offrira un set énergique et coloré, suivi par les voix métissées de Zilis d’Or, puis, Dee Joyce, très remarqué l’an passé, sera de retour cette année pour réchauffer la scène avec sa soul. « Dee Joyce a fait un tabac l’année passée », rappelle M. Charrette, en soulignant le lien fort qu’il a su créer avec le public.
L’artiste viendra une nouvelle fois électriser le Bentway avant une clôture en beauté signée Abel Maxwell, de retour sur scène à Toronto après plusieurs années d’absence. « Il vient de lancer son nouvel album », indique M. Charrette, ajoutant ainsi à l’excitation entourant cette performance.
La scène principale et les nombreux stands sous l’autoroute Gardiner dans l’espace Bentway ont été reconduits par l’organisation. Photo : Mickael Laviolle/ONFR
La programmation se prolongera ensuite au Paradise Theatre avec deux soirées exceptionnelles. Le 26 septembre, Claude Dubois livrera un concert hommage à sa carrière.
« Claude Dubois, c’est un monument de la chanson québécoise. Il roule depuis les années 60, et aujourd’hui encore, sa voix est plus forte, plus assumée que jamais », souligne Michel Charrette. « Ce sont les plus grandes chansons québécoises qu’il a écrites. Le voir en spectacle, c’est vivre un pan de notre patrimoine musical. »
Le lendemain, Anthony Kavanagh présentera un spectacle d’humour mêlant musique, sons et mimiques, avec en première partie l’humoriste torontoise Magalie Bazinet. Ces deux événements sont les seuls à nécessiter l’achat d’un billet.
« C’est important pour nous, car ce sont les spectacles payants qui nous permettent de faire rentrer un peu de revenus dans la billetterie », précise le directeur général.
Sur le plan institutionnel, l’Assemblée générale annuelle (AGA) de l’organisation a permis de dresser un bilan positif malgré les défis financiers rencontrés. « Le coût de la production, c’est le plus gros des défis », reconnaît M. Charrette. « Les prix ont quadruplé depuis que nous devons occuper tout l’espace du Bentway. » Malgré cela, l’équipe maintient le cap, portée par la fidélité du public et des bénévoles.
L’implication de la jeunesse est aussi au cœur des priorités. Cette année, des chorales d’élèves des conseils scolaires Viamonde et MonAvenir seront intégrées à la programmation.
« On a travaillé ça depuis mai. C’est important d’impliquer les jeunes et leurs parents, qui viennent voir leurs enfants sur scène, et qui restent pour la suite », explique-t-il. « Il faut miser sur cette synergie. »
Enfin, l’édition 2025 marque une continuité dans le choix du site. « C’est notre quatrième année au Bentway. C’est un lieu emblématique. On veut que les gens s’habituent à venir ici chaque année », insiste M. Charrette. Protégé du soleil et de la pluie, bien situé près d’Exhibition, le site accueille aussi une vingtaine d’exposants, un espace jeunesse, des animations et une offre culinaire reflétant la diversité francophone : Afrique, Antilles, Haïti, France et Canada.
« Une belle programmation pour notre 20ᵉ édition », conclut-il avec fierté.
Un nom discret, mais une vision marquante. Luc Montpellier, né à Sudbury, éclaire le cinéma avec sa caméra. Directeur de la photographie pour On Swift Horses, il brille au TIFF 2024 aux côtés de stars hollywoodiennes. Sa trajectoire entre Toronto, Guy Maddin et Sarah Polley, raconte l’excellence franco-ontarienne.
TORONTO – Il y a 40 ans tout juste, l’Ontario posait les bases d’un ministère des Affaires francophones. D’abord une agence de conseil auprès du gouvernement dotée d’un ministre délégué, l’Office des affaires francophones s’est mué par la suite en ministère à part entière. De l’adoption de la Loi sur les services en français à l’ouverture de l’Université de l’Ontario français, en passant par la crise Montfort et le Jeudi noir, ONFR retrace quatre décennies d’une politique faite de hauts et de bas.
26 juin 1985. Jour d’assermentation à Queen’s Park. Fraichement élu, le premier ministre libéral David Peterson surprend l’opinion publique en créant l’Office des affaires francophones (OAF).
C’est un tournant majeur dans les corridors de l’Assemblée législative. Depuis les années 1970, les services en français étaient l’apanage du ministère des Affaires intergouvernementales qui s’appuyait sur un Bureau du coordonnateur provincial.
L’initiative n’est pas anodine. Dans un contexte de fortes tensions linguistiques en Ontario et de tentation souverainiste encore vivace au Québec, il faut envoyer un signal d’unité à la plus importante minorité francophone au pays.
« J’ai toujours porté une attention particulière à nos relations avec le Québec, argumente M. Peterson en entrevue avec ONFR, et je voulais faciliter la vie des minorités ici en leur créant un accès à des services en français qui leur permettraient de participer à tous les aspects de notre société. »
Extraits du journal Le Droit (20 et 26 juin) avant la formation du gouvernement Peterson. Source : Journal Le Droit, Bibliothèque et archives nationales du Québec
Et de confier ce tout nouveau portefeuille au député d’Ottawa-Est Bernard Grandmaître, « un homme logique, bon, un vétéran de la politique qui porte une attention forte à ses racines francophones », dépeint l’ancien premier ministre… L’homme de la situation, en quelque sorte, pour réaliser ce qui deviendra le plus grand fait d’armes du ministère : faire voter une loi donnant aux Franco-Ontariens le droit d’obtenir des services dans leur langue.
En novembre 1986, la Loi sur les services en français (LSF) est adoptée. Un pas de géant, bientôt suivi d’un autre : l’entrée en ondes en janvier 1987 de la Chaine française, télévision publique francophone de la province, future TFO.
Lorsque Charles Beer est nommé ministre délégué aux Affaires francophones en juillet 1989 – à la suite d’un remaniement du cabinet Peterson –, le chemin est tout tracé : il faut faire appliquer dans les meilleurs délais la LSF, entrée en vigueur cette même année.
« C’était notre tâche la plus importante à ce moment-là, se souvient l’élu de York North. « Il y avait des réticences des autres ministères, raconte le successeur de Bernard Grandmaître, mais le premier ministre avait donné l’impulsion… La Loi était là, ce qui faisait en sorte que la machine était lancée pour les gouvernements suivants. »
Mais, à peine installé, M. Beer doit déjà céder sa place lors des élections de 1990 qui balayent les libéraux. Le premier ministre néo-démocrate Bob Rae charge l’élu nordiste de Lake Nipigon Gilles Pouliot de poursuivre l’application de la LSF. Il n’en restera pas là, actant d’autres avancées telles que la naissance des collèges La Cité et Boréal en 1990 et 1995.
Crise Montfort et émergence des conseils scolaires de langue française
Le vent politique tourne à nouveau lors des élections de 1995, cette fois à la faveur des progressistes-conservateurs de Mike Harris. Une période tumultueuse qui voit se lever les Franco-Ontariens comme jamais dans leur histoire, alors que le seul hôpital bilingue de la province, Montfort, est menacé de fermeture en 1997.
Le ministre délégué des Affaires francophones d’alors, Noble Villeneuve, doit juguler une levée de boucliers sous-estimée alimentée par le mouvement SOS Montfort.
Les huit ministres des Affaires francophones successifs : Bernard Grandmaître (1985-1989), Charles Beer (1989-1990), Gilles Pouliot (1990-1995), Noble Villeneuve (1995-1999), John Baird (1999-2003), Madeleine Meilleur (2003-2016), Marie-France Lalonde (2016-2018) et Caroline Mulroney (2018-2025). Montage ONFR
L’année suivante, celui qui est aussi cofondateur de l’Assemblée parlementaire de la francophonie (APF) est encore à la manœuvre pour concrétiser un des plus importants chantiers de la communauté : la création des 12 conseils scolaires de langue française, puis pour sauvegarder le Collège d’Alfred, menacé de fermeture.
« Montfort était une période difficile »
— John Baird, ancien ministre des Affaires francophones
Des moments charnières que met en perspective son successeur, John Baird, qui reprend le flambeau à la tête de l’Office en 1999 : « Montfort était une période difficile », concède aujourd’hui l’élu ottavien qui estime avoir fait un choix juste par la suite en renonçant à porter la fermeture de Montfort devant la Cour suprême, après la défaite du gouvernement Harris en appel.
« C’était l’opportunité de mettre un terme à la bataille et de garder l’hôpital, confie-t-il. J’ai personnellement appelé Mme (Gisèle) Lalonde (militante à la tête du mouvement SOS Montfort) pour le lui annoncer. »
« Ça a été le meilleur jour pour moi comme ministre des Affaires francophones », confie M. Baird qui a par la suite naviguer dans des relations plus apaisées avec la communauté. C’est notamment sous son mandat, en 2001, que le drapeau franco-ontarien est officialisé comme le symbole de la communauté.
Un sous-ministre, un commissaire, une influence
L’arrivée au pouvoir de Dalton McGuinty en 2003 signe le retour aux affaires des libéraux. La nouvelle ministre déléguée aux Affaires francophones, Madeleine Meilleur, met sur pied un comité consultatif pour conseiller son ministère et développe son administration en la dotant d’un sous-ministre et d’un sous-ministre adjoint, à l’égal des autres ministères.
« Ça a fait toute une différence car, assure-t-elle, pour faire avancer les dossiers à l’intérieur de la fonction publique, ça prend quelqu’un qui siège aux hauts comités présidés par le secrétaire du cabinet. Ça apportait à la fois crédibilité au sein du gouvernement et lien avec la communauté. »
Madeleine Meilleur (ici au côté de Bernard Grandmaître au 13e Gala des Prix Bernard-Grandmaître) détient la plus grande longévité à la tête du ministère des Affaires francophones. Photo : Le Droit, 22 février 2013. Photographie d’Étienne Ranger. Université d’Ottawa, CRCCF, Fonds Le Droit – C71, Ph92-120 224-907.
Sous son leadership est également créé en 2007 le Commissariat aux services en français. Ce chien de garde des Franco-Ontariens écoute, contrôle et enquête sur tout ce qui a trait aux droits de la communauté.
« La création d’un commissaire a été une grande réalisation »
— Madeleine Meilleur, ancienne ministre des Affaires francophones
« La création d’un commissaire se rapportant directement à l’Assemblée législative a été une grande réalisation, pas seulement de moi mais aussi du premier ministre, relate Mme Meilleur qui, à ce jour, détient le record de longévité aux manettes du ministère, 13 ans. Parlons franchement, il n’y a pas beaucoup de gouvernements qui veulent avoir des officiers complètement indépendants qui peuvent les contredire. Mais à cette époque, il y avait un désir de mieux faire connaître et appliquer les droits des francophones. »
L’ancienne élue sera aussi la manoeuvre lorsqu’en 2010 sera proclamé le Jour des Franco-Ontariens et quand, en 2015, le 400e anniversaire de l’arrivée de Champlain en Ontario bénéficira d’un coup de pouce de 6 millions de dollars.
OIF : l’Ontario dans le concert des nations francophones
Après la démission de Mme Meilleur en 2016, Marie-France Lalonde reprend le flambeau et fait entrer l’Ontario dans l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF), en tant que membre observateur. Elle scelle le destin de la province au Sommet de la Francophonie, à Madagascar, un souvenir qui reste vif dans sa mémoire.
« Ce statut positionne l’Ontario au niveau international et montre que les francophones existent à l’extérieur du Québec, et peut aider dans plusieurs dossiers comme l’économie ou l’immigration », plaide celle qui voudrait la province oser franchir le pas du statut permanent.
En 2017, la ministre Laolonde crée un fonds de soutien aux organismes francophones, le PAFO, toujours en activité depuis, tandis que l’OAF devient un ministère à part entière. On ne parle plus de ministre délégué mais de ministre de plein exercice. « Ça reflétait clairement l’importance et la diversité de la communauté. Ça venait concrétiser que la lentille francophone était essentielle en Ontario », juge-t-elle.
La ministre des Affaires francophones et sherpa de l’Ontario, Marie-France Lalonde, scelle l’entrée de la province dans l’OIF en 2017, au Sommet de la Francophonie de Madagascar, ici avec la secrétaire générale Michaëlle Jean.
Le gouvernement Ford y met brièvement fin dès son arrivée au pouvoir en 2018, avant de le rétablir comme ministère autonome l’année suivante. C’est aussi l’époque du Jeudi noir qui raye à la fois l’indépendance du Commissariat aux services en français – en le plaçant sous l’autorité de l’ombudsman – et le projet d’Université franco-ontarienne à Toronto, qui ne verra le jour qu’en 2021.
Nommée ministre des Affaires francophones en 2018, Caroline Mulroney, qui débute en politique, doit alors affronter un tsunami de contestations. Si son mandat est souvent associé au Jeudi noir, c’est sous sa gouvernance que la LSF sera finalement modernisée, 30 ans après son entrée en vigueur, et qu’elle le sera dorénavant tous les 10 ans.
Caroline Mulroney à la tête du ministère depuis 2018. Photo : ONFR/TFO
« C’est un ministère essentiel pour se prononcer sur les enjeux francophones, s’assurer que le gouvernement et chaque ministère livre des services en français de bonne qualité », considère Mme Mulroney qui, par l’intermédiaire du Conseil du Trésor – qu’elle dirige aussi -, garde un oeil sur la lentille francophone apportée à chaque soumission de projet des autres ministères.
Mais les défis à venir restent colossaux. M. Baird croit que l’un des plus gros chantiers du ministère sera de contre-carrer la baisse démographique des francophones en agissant sur l’immigration. Quant à Mme Lalonde, elle reste confiante que l’Ontario devienne un jour officiellement bilingue, à condition de porter des efforts sur l’éducation et la formation. « Il y a un retard. Il faut continuer d’augmenter les enveloppes budgétaires. »
« Le plus gros enjeu à venir, c’est la santé en français »
— Caroline Mulroney, ministre des Affaires francophones
« Le plus gros enjeu à venir, c’est la santé en français », pointe pour sa part Mme Mulroney, citant la transformation des entités de planification des services de santé en français comme une étape importante. « Il y a beaucoup de travail qui doit se faire encore, dans ce domaine mais aussi dans celui de l’offre active de services en français. Pour y arriver, il nous faut une main-d’oeuvre qualifiée et c’est un grand sujet pour le ministère. »
« On a fait des avancées, on a connu des reculs… être ministre des Affaires francophones, c’est remettre 100 fois sur le métier son ouvrage », ne pouvait pas mieux conclure Madeleine Meilleur.
Diane Quintas est directrice générale de l’actuel Réseau mieux-être francophone du Nord, organisme qui œuvre à un meilleur accès en français de la population du Nord à des services de santé.
LE CONTEXTE
Depuis 2010, le Réseau du mieux-être francophone du Nord de l’Ontario agit à la fois comme entité de planification mandatée par le ministère de la Santé de l’Ontario, et comme réseau régional soutenu par la Société Santé en français, relevant de Santé Canada. La création du nouveau Centre de planification des services de santé en français, annoncée par la province, bouleverse le fonctionnement du Réseau.
L’ENJEU
Le Réseau du mieux-être francophone du Nord de l’Ontario redoute une perte massive de ressources humaines et une rupture dans la continuité de son travail sur le terrain.
« Comment avez-vous appris la création du nouveau Centre de planification des services de santé en français?
Nous l’avons appris à peine une heure ou une heure et demie avant que l’annonce ne sorte au grand public. Ça a été une réelle surprise. On savait qu’un changement se préparait dans le système. On avait même soumis des recommandations au ministère dès 2020. Mais on ne s’attendait pas du tout à être écartés de la conception de ce nouveau modèle. Et encore moins à un résultat comme celui-là.
Qu’est-ce que cette annonce implique pour votre organisation?
Pour nous, en tant que Réseau, les enjeux sont particuliers. Contrairement aux entités du Sud qui n’ont qu’un seul mandat, nous en avons deux.
Et tous nos employés (11 personnes) travaillent sur les deux fronts : le mandat de Réseau et celui d’Entité. Il n’y a pas de séparation des tâches. C’est la même équipe. Alors apprendre qu’il y aurait une division du travail a été un véritable choc. C’est l’incertitude, la peur, la frustration…
Évidemment, depuis cette annonce, j’ai commencé à travailler le dossier, à évaluer l’impact et à regarder quelles seraient les possibilités pour que ce changement ait le moindre impact possible sur le progrès et le travail déjà en marche.
Pouvez-vous nous rappeler la mission exacte du Réseau?
Notre mandat est d’améliorer l’accès aux services de santé en français pour la population du Nord de l’Ontario. On le faisait déjà bien avant 2010, mais cette année-là, le ministère nous a donné un mandat officiel, accompagné d’un financement provincial, pour que l’on continue à travailler avec les fournisseurs du système de santé. On les avisait, on les accompagnait. En parallèle, on a aussi un financement fédéral à travers la Société santé en français. C’est un modèle unique, avec deux sources de financement pour un travail interrelié. Ce qu’on fait pour le fédéral bénéficie aussi à la province, et vice-versa.
Justement, que se passe-t-il avec ce double mandat?
C’est là que ça devient complexe. Avec le nouveau centre, la province retire son financement. Mais on ne peut pas simplement couper un organisme en deux et espérer que tout continue comme avant. Aucun employé n’est à 100 % réseau ou à 100 % entité. Ce sont les mêmes personnes. Séparer l’équipe, c’est risquer de ralentir ou interrompre le travail déjà en cours, notamment avec les fournisseurs sur le terrain.
Avez-vous des craintes concrètes?
Par exemple, j’ai présenté des plans de travail sur cinq ans, basés sur les financements provincial et fédéral, ainsi qu’une équipe complète. Si je perds 60 % de mon personnel, comment puis-je livrer les résultats attendus? Et ce n’est pas qu’un enjeu pour nous : même le nouveau centre sera affaibli s’il n’a pas les ressources nécessaires. Avant, il y avait une synergie. Aujourd’hui, on risque d’affaiblir tout le système.
Y a-t-il eu des garanties concernant les employés?
Les rencontres après l’annonce ont laissé entendre qu’il n’y aurait pas de perte d’emploi et que les conditions demeureraient semblables. On nous dit que ce n’est pas une réforme faite pour nuire, mais pour évoluer. Et je le crois. Mais je pense aussi que certains n’avaient pas toute l’information nécessaire au moment de prendre les décisions. La composante Réseau n’a pas été bien comprise ni intégrée au nouveau modèle.
Que souhaitez-vous pour la suite?
Maintenant que l’annonce a été faite, on veut s’asseoir avec tous les partenaires pour planifier la suite correctement. Il y a des solutions possibles pour les Réseaux du Nord et de l’Est, qui vivent cette réalité à double mandat. Il faut juste se donner le temps de faire les choses intelligemment. Ce qu’on demande, c’est du temps et de la collaboration pour éviter des pertes, des doublons ou des bris dans la continuité des services. Il faut s’assurer que personne ne soit laissé pour compte dans cette transition, ni les réseaux, ni les communautés. »
Comédien franco-ontarien et membre fondateur d’Improtéine, Vincent Poirier revient sur les chemins qu’il a tracés pour faire sa place en Ontario français. De la scène d’improvisation aux réalités du quotidien comme père de trois enfants, dont un atteint du syndrome Williams, il partage les moments qui l’ont façonné, sur scène comme ailleurs.
La création d’un Centre de planification de services de santé en français, lancé récemment par l’Ontario en collaboration avec l’Hôpital Montfort et l’Assemblée de la francophonie de l’Ontario (AFO), fait réagir le Réseau du mieux-être francophone du Nord de l’Ontario (RMEFNO) et le Réseau de services de santé en français de l’Est de l’Ontario (RSSFE).
Deux des six entités de planification des services de santé en français qui seront remplacées par ce nouveau centre, en l’occurrence le Réseau du mieux-être francophone du Nord de l’Ontario (RMEFNO) et le Réseau de services de santé en français de l’Est de l’Ontario (RSSFE) se disent « surprises par cette annonce qui ne les a pas inclus, bien qu’une réévaluation du mandat des Entités était attendue depuis quelques années.
« La combinaison des effectifs du RMEFNO et du RSSFE de réseautage du fédéral et du mandat d’Entité provincial a grandement contribué au rendement exceptionnel des Réseaux. Il serait dommage de priver la communauté d’une telle synergie », affirme Saint-Phard Désir, président du RSSFE cité dans un communiqué diffusé ce mardi.
Saint-Phard Désir, président du RSSFE. Photo : gracieuseté du RSSFE
« Pour assurer le succès à long terme de cette nouvelle structure, les nouveaux dirigeants du Centre ainsi que ses co-créateurs, l’AFO et l’Hôpital Montfort, devront être vigilants, faire preuve de transparence auprès de la communauté, et poursuivre la collaboration avec tous les acteurs du système, et ce, dans toutes les régions de l’Ontario », indiquent les responsables des deux réseaux.
Ils appellent ainsi à inclure les Réseaux qui restent pertinents, bien branchés dans la communauté régionale, en plus de continuer leur contribution sur la scène nationale avec leurs expertises respectives développées au fil des ans.
Entités : des progrès significatifs à prendre en compte
Pour sa part, Isabelle Charbonneau, présidente du RMEFNO, a souligné que les Réseaux du Nord et de l’Est, soutenus et conseillés par la communauté francophone, ont fait des progrès significatifs dans l’amélioration de l’accès aux services en français depuis leur création, en établissant des relations de confiance durables.
En effet, selon la même source, le RMEFNO et le RSSFE pilotent cette même mission depuis plus de 20 et 25 ans respectivement, non seulement à titre de Réseaux affiliés au mouvement national chapeauté par Société santé en français, mais aussi comme Entité de planification endossée par le ministère de la Santé depuis environ 15 ans.
Par ailleurs, les deux réseaux ont salué l’idée de réunir les forces des Entités régionales en une seule organisation concertée telle que le Centre de planification des services de santé en français.
« Nous croyons que l’ambition d’uniformiser les relations avec le système de santé et de centraliser les efforts de planification pourrait porter fruit », lit-on dans le communiqué.
Pour rappel, tout le personnel des Entités du Sud et la majeure partie des équipes chevronnées du RMEFNO et du RSSFE seront transférés à ce nouveau Centre à compter du 1er septembre 2025.
Aussi, un investissement annuel de 3,85 millions de dollars pour la planification des services de santé en français sera maintenu durant la mise en œuvre du centre.
Autant d’éléments positifs selon le RMEFNO et le RSSFE qui voient en l’ancrage communautaire et l’indépendance institutionnelle des réseaux des atouts uniques.
Formation des enseignants, financement du MIFO, crise à La Cité, réforme des entités de planification, essor de l’économie francophone, avenir des universités de langue française… Dans un long entretien accordé à ONFR, la ministre des Affaires francophones Caroline Mulroney évoque les derniers acquis et défis de la communauté, à la veille de rejoindre ses homologues des autres provinces, à Yellowknife, au Conseil des ministres sur la francophonie canadienne.
La ministre est d’abord revenu sur les 7000 francophones supplémentaires qui auront accès à des services en français, par le jeu de la mise à jour des régions désignées sous la Loi sur les services en français. Elle a aussi affirmé travailler à l’élaboration d’un répertoire des services en français, sans toutefois s’aventurer sur un échéancier.
« Je ne sais pas combien de temps cela va prendre, mais c’est un grand projet, un projet important », a-t-elle indiqué, faisant suite à la recommandation du commissaire aux services français dans son dernier rapport.
Dans le domaine de la santé, elle a défendu au micro d’ONFR le nouveau centre de planification des services de santé en français qui va donner « plus de sens à la livraison de services en français en santé, partout à travers la province, mais il y aura toujours un travail au niveau régional », a-t-elle précisé en référence aux entités régionales de planification des services de santé en français.
Après avoir paraphé un plaidoyer sur la découvrabilité conjointement avec plusieurs pays francophones, sous l’égide de l’Organisation internationale de la francophonie (OIF), l’Ontario n’envisage pas, du moins pas pour le moment, d’emprunter la voie législative – comme l’a fait le Québec – pour imposer des quotas de diffusion de contenus de langue française. « On a beaucoup de contenus francophones ici en Ontario et on veut que les francophones d’ici et d’ailleurs les découvrent. (…) Pour l’instant, le travail de collaboration se passe très bien. On va poursuivre ces discussion au niveau international. »
La Cité : un « contexte de changements au niveau fédéral »
Pour pallier la pénurie d’enseignants de langue française, Mme Mulroney a indiqué qu’elle n’écartait pas la piste visant à réduire la formation des enseignants à un an, pour faire entrer plus de personnel qualifié sur le marché du travail. Une attente émanant du milieu scolaire.
« Il y a plusieurs pistes : ajouter plus de la formation, c’est du travail qui a déjà été fait. L’idée de raccourcir l’enseignement est quelque chose qu’il faut regarder. C’est certainement une discussion entre le ministre de l’Éducation, celui des Collèges et Universités et moi. (…) Il faut regarder toutes les solutions en collaboration avec la communauté. »
Le gouvernement a-t-il fait tout ce qui était en son pouvoir pour préserver les programmes du collège La Cité? « Nous existons dans un contexte de changements au niveau fédéral, avec le cap mis sur les permis d’étude. Ce n’est pas juste La Cité qui est affectée par ce cap, mais aussi toutes les institutions postsecondaires en Ontario », a recontextualisé la ministre.
Université de Sudbury : une « très bonne demande »
Alors que l’Université de Sudbury prépare une rentrée inédite, appuyée par le gouvernement fédéral, la ministre a indiqué qu’une « très bonne demande » de financement était sur la table du ministère des Collèges et Universités. « C’est un projet que j’appuie mais c’est aux bureaucrates de faire leurs recommandations. »
Toujours au chapitre du postsecondaire, l’élue de York-Simcoe veut « assurer le succès de l’Université de l’Ontario français » qui a produit ses premiers diplômes récemment. Cette université, ouverte durant la pandémie, a « rencontré des défis », convient-elle, tout en saluant les changements opérés en termes de programmation afin d’attirer plus d’étudiants et de répondre aux besoins du marché du travail.
Économie francophone, une des réponses aux tarifs
Dans le volet économique, l’appui provincial depuis 2018 à la constitution d’une chambre de commerce franco-ontarienne permet aujourd’hui aux gens d’affaires de parler d’une voix pour tous les francophones, se félicite Caroline Mulroney dans un contexte économique international tendu avec le voisin américain.
« Une des choses qui nous distingue des États-Unis, c’est que nous avons une autre économie, avec cette culture et cette langue française. Ce point de distinction nous ouvre à d’autres marchés par exemple. »
La baisse de budget de son ministère ne doit pas être traduit comme une baisse d’engagement envers les francophones, soutient par ailleurs la ministre. « C’est un très petit ministère qui travaille avec tous les autres. Les investissements qui se font dans la communauté ne viennent pas nécessairement du ministère, dont le budget a plus que doublé depuis notre arrivée au gouvernement depuis 2018. »
« Les investissements dans la francophonie se retrouvent dans les millions de dollars investis dans le postsecondaire, la santé ou la culture », rappelle-t-elle, prenant pour exemple la réforme des entités ou encore le financement pour la reconstruction du Mouvement d’implication francophone d’Orléans (MIFO).
Sur ce projet précis du MIFO, elle a souligné l’importance d’y contribuer : « C’est essentiel de construire de nouvelles installations pour le MIFO qui a connu une croissance de 182 % au cours de la dernière décennie. On a besoin de contribuer à ces lieux. »
Alors qu’elle représentera la province au Conseil des ministres sur la francophonie canadienne, cette semaine à Yellowknife, dans les Territoires du Nord-Ouest, Mme Mulroney qualifie ce rendez-vous annuel de « moment important pour l’Ontario qui joue un rôle de leadership quand il s’agit de parler de francophonie en milieu minoritaire. (…) Mais c’est aussi une chance de collaborer, d’entendre et d’apprendre de mes homologues au niveau provincial et territorial. »
TORONTO – Après une année particulièrement difficile qui menaçait sa survie, la Franco-Fête de Toronto misait sur son édition 2025 pour se remettre sur pieds. De retour au Centre Harbourfront, la fin de semaine précédant la Saint-Jean-Baptiste, l’événement a connu un certain succès, et pu identifier des défis encore présents.
ONFR était sur place samedi dernier, soit la deuxième journée de la Franco-Fête. Si les spectacles de la soirée ont pu attirer les curieux, les activités de l’après-midi avaient lieu dans un bâtiment intérieur, sans indications claires pour les festivaliers. L’atelier de danse autochtone donné en cette Journée nationale des peuples autochtones par Makhena Rankin-Guérin, accompagnée de son frère DJ MKWA, n’a été suivi que par une dizaine de participants.
Makhena Rankin-Guérin, anishinabée et francophone, se spécialise dans la danse du cerceau. Photo : Rachel Crustin / ONFR
Des participants à l’atelier de danse autochtone, samedi après-midi. Photo : Rachel Crustin / ONFR
DJ MKWA et Makhena Rankin-Guérin ont offert des ateliers et jeux questionnaires en lien avec la Journée nationale des peuples autochtones. Photo : Rachel Crustin / ONFR
La Franco-Algérienne Sensei H a ouvert les festivités de la soirée devant une foule dispersée, comme ce fut le cas la veille pour le Franco-Ontarien Yao. L’amphithéâtre extérieur offrait tout de même l’avantage d’être situé sur le chemin des passants, qui pouvaient s’arrêter quelques minutes pour regarder un spectacle en français en plein cœur de Toronto.
L’énergie et le charisme débordant de Joyce N’Sana, deuxième artiste de la soirée, a permis d’attirer un public plus attentif et plus nombreux. Près de 200 personnes se sont assises dans l’amphithéâtre, sans compter ceux qui restaient plus en retrait. Celle qui s’est fait connaitre des diffuseurs à Contact ontarois, en janvier dernier, était également à la FrancoFEST d’Hamilton (tout comme Sensei H) la veille, et à Kingston le mois dernier.
Sensei H a ouvert la soirée de samedi. Photo : Rachel Crustin / ONFR
La Montréalaise Joyce N’Sana en spectacle. Photo : Rachel Crustin / ONFR
La Montréalaise Joyce N’Sana en spectacle. Photo : Rachel Crustin / ONFR
De gauche à droite : Dominic De Grasse, Jason Hudon et Mike Sawatzky. Photo : Rachel Crustin / ONFR
Jason Hudon est le chanteur des Colocs – Ensemble depuis 2015. Il interprète les chansons de son idole de jeunesse, Dédé Fortin. Photo : Rachel Crustin / ONFR
Avec Les Colocs – Ensemble, Mike Sawatzky et ses acolytes rendent hommage aux regrettés Dédé Fortin et Patrick Esposito di Napoli. Photo : Rachel Crustin / ONFR
Un public double était présent à la Franco-Fête : les spectateurs d’intention et les passants qui choisissaient de rester pour quelques chansons. Photo : Rachel Crustin / ONFR
« J’étais déjà venue en Ontario, à Ottawa, mais je n’avais pas encore fait le tour, a-t-elle raconté à ONFR après son spectacle. J’adore l’accueil qu’il y a ici, et je suis heureuse de voir toute cette diversité de personnes, de visages, de langues et d’origines qui sont toutes rassemblées dans un même lieu pour célébrer quelque chose. »
Autre défi logistique : la Franco-Fête devait se taire pendant une heure chaque soir juste avant sa tête d’affiche, pour laisser place à l’activation du Terceradix Luminarium, une installation du Festival Luminato, située juste à côté. Le momentum installé par les premières parties était donc perdu.
Les Colocs – Ensemble, en formule trio, ont tout de même pu ramener un public étonnamment sage dès 21 h. Mike Sawatzky (seul membre original du groupe) Jason Hudon et Dominic De Grasse ont interprété de nombreux succès du groupe québécois, et réussi à faire lever la foule pour des chansons comme Tassez-vous de d’là et Bonyeu.
La star montante française Théodora était la tête d’affiche de la première soirée de la Franco-Fête. Photo : Curtis Martin Photography
Les gens dans le public était beaucoup plus nombreux en fin de soirée, autant vendredi que samedi. Photo : Curtis Martin Photography
La mairesse de Toronto, Olivia Chow, est venue lancer les festivités, vendredi soir. Photo : Curtis Martin Photography
C’est le Franco-Ontarien Yao qui a débuté la soirée de vendredi. Photo : Curtis Martin Photography
La fête s’est poursuivie pour les familles dimanche après-midi, avec le spectacle de Zak : dompteur de défis.
HAMILTON – La 44e édition du FrancoFEST de Hamilton a été lancée vendredi soir dans une ambiance chaleureuse au parc Gage. Trois artistes aux univers contrastés, mais complémentaires, ont marqué cette première soirée : Sugar Crush, Mimi O’Bonsawin et Joyce N’Sana. De la chanson festive au folk introspectif, en passant par un final envoûtant aux sonorités afro-blues et reggae, le public était convié à un voyage musical.
C’est le duo Sugar Crush qui a ouvert les festivités en mettant immédiatement le feu à la scène. Avec leurs chansons à répondre, leurs rythmes accrocheurs et leur énergie débordante, les deux musiciennes de la région d’Ottawa ont transformé le parc en piste de danse à ciel ouvert.
« Les gens étaient vraiment contents, ça dansait, les enfants tapaient des mains, ils chantaient avec nous, c’est une belle participation », ont-elles raconté après leur prestation.
Sugar Crush en ouverture du festival. Photo : gracieuseté de FrancoFEST Hamilton
Être présentes à un festival francophone revêt une signification particulière pour elles : « Le français, il se perd de plus en plus au Canada. C’est pour ça qu’on fait de la musique en français. La langue est très importante, et c’est une priorité pour nous de la conserver. »
Elles ont également été touchées par la diversité linguistique du public : « Ce n’est pas seulement un festival francophone, c’est pour tous les francophiles. Ce genre d’événement permet de créer des liens, même entre unilingues anglophones et francophones. Ensemble, ils dansaient. »
Mimi O’Bonsawin : l’appel de la nature et des racines
La soirée s’est poursuivie avec la performance poétique et enracinée de Mimi O’Bonsawin. Portée par ses origines abénakises et franco-ontariennes, elle a proposé un moment suspendu où la nature, la mémoire et l’identité se mêlaient dans une atmosphère feutrée.
Même si le public était un peu moins nombreux que lors de son passage en 2024, Mimi a été inspirée par l’élan des plus jeunes : « Ils sont toujours les premiers à se lever et encourager les gens à danser. Pour nous, c’est un beau cadeau. »
Mimi O’Bonsawin a représenté fièrement ses origines abénakises et franco-ontariennes. Photo : Mickael Laviolle/ ONFR
Elle a aussi partagé sa fierté de pouvoir s’exprimer en français : « C’est grâce à ma communauté à Sudbury que j’ai été encouragée à composer en français. C’était un peu plus de travail, mais ça a ouvert tout un univers. »
Très attendue sur la scène francophone cet été, elle a récemment lancé un remix de sa chanson Elle danse avec l’artiste Boogat, et prépare la sortie d’un album en anglais, avec d’autres projets francophones à venir.
Joyce N’Sana : une clôture puissante et participative
Pour clore cette première soirée, Joyce N’Sana a littéralement transporté le public avec son « Afrobluehop », un mélange envoûtant d’afro-blues, de hip-hop, de reggae et de gospel. À travers une performance riche en émotions et en énergie, l’artiste montréalaise a transformé la scène en un espace de communion. Elle a même invité des spectateurs à monter sur scène pour une chorégraphie collective, soulignant l’esprit de connexion au cœur de sa démarche artistique.
« Ma philosophie, c’est le partage. Peu importe qui ils sont, combien ils sont ou comment ils sont, ça m’importe peu. Ce qui compte, c’est ce qu’ils ont ressenti, ce qu’ils ont donné. Parce que pour moi, la musique, c’est donner et recevoir », a-t-elle confié.
Joyce N’Sana a clôturé la soirée dans son style éclectique du rock à la musique congolaise en passant par le reggae. Photo : Mickael Laviolle/ ONFR
Nourrie par le blues, le jazz et le reggae depuis son enfance, elle voit dans sa musique un moyen d’aborder les réalités sociales et de créer des ponts entre les cultures : « J’adore cette programmation qui est de plus en plus à l’image de ce qu’est l’Ontario, de ce qu’est Hamilton. »
La fête continue tout le week-end
Ce samedi, le festival se poursuit avec une programmation variée qui mettra à l’honneur plusieurs artistes issus de la scène francophone émergente et confirmée. Gabrielle Goulet, figure incontournable du country franco-ontarien, partagera la scène avec Blynk, jeune talent montréalais originaire du Liban, dont la musique R&B tisse un lien entre les cultures en mêlant français, anglais et arabe.
Autre moment fort de la journée : la prestation de Diogo Ramos, artiste brésilien qui propose une fusion enivrante d’électro-samba-funk, à la croisée des sons urbains et des rythmes traditionnels du Brésil.
L’organisation attend une participation croissante du public ce samedi et dimanche. Photo : Mickael Laviolle/ ONFR
Le site du parc Gage continuera aussi d’accueillir des activités pour tous les âges : spectacles de cirque avec le Hamilton Aerial Group, numéros aériens et de feu avec Chris Precius, animations interactives avec Marco le Clown et jeux immersifs avec Mobile Escapes. Les enfants pourront aussi retrouver les célèbres chiens et chats cascadeurs du spectacle Ultimutts, ou encore embarquer à bord du navire de Pirate Life pour une aventure inoubliable.
Dimanche, le festival s’achèvera en beauté avec la célébration de la Saint-Jean et les performances de Sensei H, rappeuse engagée finaliste des Francouvertes 2024, Fethi Nadjem, musicien algérien aux sonorités orientales métissées, et Chris Precius, qui offrira à nouveau un spectacle de feu et de danse caribéenne.
Le Odawa Native Friendship Centre, à Ottawa, organisait son 50e pow-wow, une invitation à visiter, danser, et partager. ONFR a tendu le micro à des participants de toutes les tranches de la société venus (re)découvrir cette célébration.
Cri d’origine et francophone d’adoption, Robert-Falcon Ouellette endosse tour à tour les rôles de militaire, anthropologue, professeur d’université à Ottawa et au Manitoba, et député fédéral. Une trajectoire hors norme guidée par un engagement constant en faveur des droits autochtones. De l’éthique militaire à l’éducation, ses recherches croisent les mondes de l’armée, de l’université et de la politique. Polyglotte et militant, il a notamment marqué l’histoire parlementaire en faisant avancer la reconnaissance des langues autochtones à Ottawa. Portrait d’un homme qui déjoue les étiquettes et trace sa propre voie.
« Vous êtes issu d’une nation crie de Saskatchewan et vous parlez français. Parlez-nous de vos origines…
Ma mère anglaise était une nouvelle arrivante au Canada, et mon père autochtone, vient de la nation crie Red Pheasant de Saskatchewan. Mes parents sont tombés fous amoureux et se sont mariés. Ils ont ensuite déménagé de Vancouver pour arriver dans les plaines en Alberta. Mon père s’était lancé dans des études de droit, mais du fait d’un passé extrêmement difficile marqué par un pensionnat autochtone, il est tombé dans l’alcool et a fini par partir. En situation de grande pauvreté, ma mère a été épaulée par ma grand-mère venue d’Angleterre à Calgary. J’étais alors âgé d’un an et mon frère, nouveau-né.
À quoi a ressemblé votre enfance et dans quelle culture avez-vous le plus baigné?
Depuis tout jeune, je fabrique des objets comme des raquettes à neige dont je me servais pour livrer les journaux. Un de mes professeurs m’avait donné un ouvrage que j’ai lu des centaines de fois, adolescent et même maintenant, Medicine Boy and Other Cree Tales d’Eleanor Dieter Brass, qui m’a beaucoup appris.
J’avais ma vie anglo-saxonne et j’avais ma vie autochtone. Ma mère, bien que britannique, ne m’a jamais coupé de l’autre partie de ma culture. Elle nous encourageait à aller à des événements autochtones et me laissait avec mon père dans sa communauté. Nous avons même vécu un été avec un oncle à moi qui était artiste traditionnel.
Ma vie de tous les jours est empreinte de la culture autochtone. J’ai deux tipis dans mon jardin et des tambours dans la maison. Après le décès de mon père, j’ai été adopté par un oncle autochtone de la communauté saskatchewanaise Crie.
J’ai engrangé beaucoup de connaissances sur les cultures et traditions autochtones.
Robert-Falcon Ouellette revient sur son parcours lors de notre rencontre à Toronto. Photo : Sandra Padovani/ONFR
Robert-Falcon Ouellette ave son tambour traditionnel en peau de bison, aussi appelé têwêhikan. Photo : Sandra Padovani/ONFR
Photo : Sandra Padovani/ONFR
Quel est votre rapport aux langues, le français et la langue crie?
Mes langues maternelles sont l’anglais et le cri.
Mais à l’âge de 22 ans quand j’ai rejoint l’armée canadienne, j’ai été muté dans la Ville de Québec où j’ai vécu pendant 13 ans. J’ai appris le français et la culture francophone. Au-delà de l’immersion, ça a été une assimilation. J’avais presque perdu l’usage de l’anglais!
Ça m’a permis d’apprendre que les francophones ne pensent pas de la même manière que les anglophones de l’Alberta ou de l’Ontario par exemple. Une autre façon de vivre avec un langage différent qui façonne notre vision du monde. C’est pareil avec les langues autochtones.
Bien que je n’aie pas grandi en français, mes enfants vont dans les écoles francophones, pas en immersion. Ils parlent très bien français, c’est très important pour moi.
Je parle aussi mandarin depuis sept ans.
Parlez-nous de votre parcours universitaire jusqu’à enseigner et à faire de la recherche…
Pendant mes premières années dans l’armée, j’ai obtenu mon baccalauréat puis ma maitrise en musique ainsi qu’une maitrise en éducation à l’Université Laval de Québec, tout en restant dans l’armée.
J’ai ensuite pu être chercheur pour le Conseil en éducation des Premières Nations, toujours dans la Ville de Québec. Une immersion totale dans le domaine de l’éducation autochtone, avec le sentiment d’avoir trouvé ma place.
Robert-Falcon Ouellette. Photo : gracieuseté
À ce stade j’avais mes deux enfants en bas âge et me suis plus tard lancé dans un doctorat en anthropologie, réalisé en trois ans au lieu de sept, tout en étant commandant de compagnie pour l’armée.
En 2010, j’ai pris un un poste à Winnipeg en tant que directeur des programmes autochtones de l’Université du Manitoba. En 2019, après mon mandat de député, j’ai été recruté par l’Université d’Ottawa pour enseigner. Je navigue ainsi entre les deux.
Vous avez passé 29 ans dans les Forces armées canadiennes (FAC). Qu’est-ce qui a motivé votre engagement?
C’est une tradition familiale. Je suis la 4e génération à m’être engagé. Mes deux enfants les plus âgés sont dans la marine.
Après avoir quitté, je suis d’ailleurs revenu assez rapidement dans l’armée en tant que réserviste dans une unité en tant aumônier militaire des FAC, en charge de favoriser la prise en charge spirituelle des soldats, quelle qu’en soit la confession.
Je suis aussi le premier et le seul gardien de savoir autochtone au sein des Forces armées canadiennes. Je suis maintenant capable d’influencer les bonnes pratiques en termes d’éthiques et de leadership à un certain niveau.
Robert-Falcon Ouellette, à droite, avec sa mère, au centre, durant ses débuts dans les Forces armées canadiennes. Photo : gracieuseté
J’ai demandé à créer un groupe de tambours traditionnels autochtones et de chants, dont je suis le Capitaine. Nous sommes 12 soldats, femmes et hommes sur les 500 personnes de la brigade. C’est un groupe de soutien important, une façon de rester fiers et d’avoir une raison d’être dans l’engagement. Je m’emploie à enseigner les sept valeurs fondamentales autochtones : la sagesse, l’amour, le respect, le courage, l’honnêteté, l’humilité et la vérité.
En tant que député, quel rôle avez-vous joué dans les droits linguistiques des autochtones?
En 2015, je suis devenu député fédéral pour Winnipeg Centre, navigant entre Manitoba et Ontario. Une vraie fierté, car je suis devenu le premier député canadien depuis la 2e guerre mondiale à servir en même temps dans l’armée, en tant que membre de rang.
En janvier 2019, après deux ans de débat et de bataille pour faire avancer les droits linguistiques des autochtones, j’ai reçu l’unanimité en faveur de la modification des Règlements de la Chambre des communes afin d’inclure et d’interpréter pleinement les langues autochtones.
J’ai eu la chance de parler dans une langue autochtone, avec interprétation, pour la première fois dans l’histoire du Canada. J’étais alors président du caucus autochtone, et la pression était énorme. Un moment de grande réussite.
Ma participation au changement de la législation sur les services à l’enfance et à la famille et les langues autochtones fait aussi partie des choses dont je suis le plus fier.
Que représente pour vous la journée du 21 juin, Journée nationale des peuples autochtones?
Cela doit être, selon moi, une journée où on laisse de côté le négatif, une journée de fierté où on honore notre héritage et notre culture. »
Robert-Falcon Ouellette, en bas à gauche, lors de la remise des diplômes du programme de formation en éducation français du campus de Toronto de l’Université d’Ottawa. Photo : Gracieuseté
LES DATES-CLÉS DE ROBERT-FALCON OUELLETTE :
1976 : Naissance à Calgary en Alberta
1977 : Arrivée de sa grand-mère d’Angleterre pour le rejoindre, lui, son petit-frère et sa mère
1991 : Inscription dans une école secondaire privée où son goût pour l’étude et ses aptitudes académiques se révèlent
Janvier 2019 : Victoire pour faire avancer le droit linguistique des autochtones avec la modification des Règlements de la Chambre des communes afin d’inclure et d’interpréter les langues autochtones
Juin 2019 : Adotion d’une loi à laquelle il a participésur la protection des enfants autochtones et de langues autochtones, la Loi concernant les enfants, les jeunes et les familles des Premières Nations, des Inuits et des Métis
2025 : Devient le premier gardien de savoir autochtone au sein des Forces armées canadiennes (FAC) après 29 ans de service.
Mattice-Val Côté – Petit territoire isolé, enraciné sur la rivière Missinaibi, le village de Mattice-Val Coté est l’un de ces derniers petits villages francophones du nord de l’Ontario. Le canton célèbre ce samedi la première partie des festivités de son 50e anniversaire dans Val Coté.
Créés le 18 avril 1975, les cantons de Mattice et Val‑Coté se sont rassemblés pour former une municipalité unilingue francophone, hissée par l’essor du chemin de fer et l’industrie de la fourrure, bien que la fondation des deux communautés date de plus de cent ans.
Pour célébrer les deux cantons unis, la municipalité a décidé de séparer les festivités du 50e en deux périodes : le 21 juin pour Val Coté et la fin de semaine du 20 septembre pour Mattice, en marge du 50e anniversaire du drapeau franco-ontarien.
Rallye de VTT, course à obstacles, volet nostalgie, jeux pour enfants, nourriture : plusieurs activités gratuites auront lieu samedi pour toute la famille.
Côté financement, la municipalité dit fonctionner avec un modeste budget de 10 000 $, en provenance des réserves municipales et de dons de la Caisse Alliance et de TC Énergie, ainsi que des commandites de sociétés privées.
La directrice générale et greffière de la ville, Guylaine Coulombe, espère déposer une demande en vertu du programme PAFO (Programme d’appui à la francophonie ontarienne), faute d’avoir pu satisfaire les critères pour d’autres sources de financement gouvernementales, lesquelles ne sont disponibles que pour les festivals.
Marc Dupuis occupe le poste de maire de Mattice‑Val Coté depuis octobre 2018. Photo : Inès Rebei/ONFR
« Ça ne sera pas aussi grandiose qu’on aimerait, mais on va fêter en même temps les 50 ans de la francophonie avec la municipalité la plus francophone de l’Ontario », déclare de son côté Marc Dupuis, maire de la ville.
Francophone mais ouvert à tous
Selon les plus récentes données partagées par Statistique Canada en 2023, Mattice-Val Coté est en première position des communautés d’au moins 500 habitants qui ont la plus forte proportion de personnes pouvant s’exprimer en français en Ontario.
Le canton a même détrôné la municipalité voisine de Hearst, communément surnommé le dernier village gaulois, avec un pourcentage de 96,3 contre 94 %.
Le cimetière autochtone de Mattice-Val Coté a principalement été utilisé du début des années 20 jusque dans les années 40, avant d’être abandonné puis réhabilité dans les années 80. Photo : Victoire Gireudet/ONFR
« On en est fiers, on aime notre langue et on aime la défendre aussi, mais on accepte aussi les autres, tout le monde est le bienvenu chez nous », souligne celui qui est aussi conducteur d’autobus.
Le maire estime que la présence de plus en plus d’anglophones, lesquels ont créé plusieurs petites entreprises dans la localité, n’est pas à sous-estimer. Il admet également que sa communauté n’est pas à l’abri du déclin du français et du recul démographique, constatés partout au pays, mais dit remarquer un retour de jeunes familles dans la collectivité depuis la pandémie.
« Est-ce que nous allons devenir un endroit où les gens vont déménager à cause du français? Je ne crois pas, mais nous, on va tout faire pour garder notre français », pense M. Dupuis, qui se réjouit que les nouveaux arrivants issus de l’immigration soient aussi en majorité francophones.
Des attraits uniques
Selon Mme Coulombe, ce qui distingue la municipalité est sa situation unique, en plein cœur de la Missinaibi, rivière historique reconnue comme voie de canotage patrimoniale nationale.
La rivière Missinaibi, longue de 400 km, était une voie de navigation centrale pour la traite de fourrure entre autochtones et les voyageurs. Gracieuseté de la municipalité de Mattice-Val Coté
« C’est le point de départ pour plusieurs canoteurs qui s’en vont à Moose Factory, le point d’arrêt pour ceux qui sont partis du Lac supérieur ou de Chapleau, et c’est le point milieu pour ceux qui la parcourent du début à la fin », explique-t-elle.
Facilement repérables depuis la route 11, les dinosaures de Mattice ont longtemps été considérés comme l’un des symboles visuels les plus reconnaissables de la localité.
Installés et sculptés par les frères Serge, Jean et Paul Dupuis – de la même famille que le maire – dans les années 50-60, il ne reste aujourd’hui de ces dinosaures que le tyrannosaure, niché devant l’ancien Mattice Motel, détruit par un incendie en 2018.
« Pendant longtemps, les gens savaient qu’ils étaient arrivés à Mattice parce qu’il n’y avait pas vraiment de dinosaures ailleurs. On essaie de garder le cachet cute des dinosaures comme faisant partie de notre communauté », conclut la Franco-Ontarienne.
Curiosité locale aussi surprenante que familière, le dinosaure de Mattice-Val-Coté est ancré dans l’identité visuelle du village. Source : Dan Gaouette/DG Imaging.
Des figures d’ici, connues ailleurs
De ce coin reculé du Nord ontarien sont issus des visages marquants qui ont fait rayonner la communauté bien au-delà de ses frontières.
Parmi elles, Réal Tanguay, originaire de la municipalité, s’est illustré comme l’un des piliers de l’industrie automobile canadienne. Ancien président de Toyota Canada – le premier à ne pas être d’origine asiatique – et coordonnateur de la Stratégie ontarienne de fabrication de véhicules, il est reconnu pour avoir façonné le virage technologique et durable du secteur.
Yvan Breton s’est illustré comme l’un des plus grands joueurs de ballon‑balai (broomball) au pays. Véritable pilier de son sport, il a été nommé meilleur joueur au Canada à neuf reprises, un exploit qui témoigne de sa constance et de son talent hors norme.
Son parcours l’a mené jusqu’au Temple de la renommée du ballon‑balai, une reconnaissance nationale pour cet athlète enraciné dans le Nord ontarien. Autre fun fact : son gendre n’est nul autre que Claude Giroux, géant du hockey sur glace.
SUDBURY – À l’occasion du Mois national de l’histoire autochtone, ONFR a interrogé plusieurs personnes francophones et aux racines autochtones en Ontario afin de mieux comprendre leur rapport avec cette double identité. Être francophone, être autochtone ou être les deux : la question est plus sensible qu’il n’y paraîtpour plusieurs personnes interrogées.
« Je parle français, mais ça ne veut pas dire que je suis francophone. Je suis ojibwé de Dokis et je ne suis rien d’autre », commente Gerry Duquette, Chef de la nation de Dokis.
Pour le Chef de cette communauté située à environ 16 kilomètres au sud-ouest du centre-sud du lac Nipissing, le long de la rivière des Français, la maîtrise d’une langue n’est pas nécessairement reliée à un sentiment d’appartenance.
« Si quelqu’un apprend l’espagnol, ils ne peuvent pas dire vraiment qu’ils sont espagnols. C’est un langage », continue-t-il. M. Duquette est né de ce double héritage, une mère de Dokis et un père de Monetville, et a fait sa scolarité en français dans la région.
Gerry Duquette, Chef de la Nation Dokis, maîtrise parfaitement la langue française. Photo : Inès Rebei/ONFR
Des obstacles sur le chemin
Selon le père de famille, l’autre problème rencontré demeure l’obstacle financier à l’apprentissage de la langue française pour les premiers peuples : « Le coût pour aller à l’école est terrible. Pour chaque étudiant, c’est 15 000 à 19 000 dollars par année qui va au conseil scolaire, même du côté anglophone, c’est une vraie mafia. »
Kelyn Best a appris le français à Toronto et, bien qu’elle maîtrise la langue de Molière, elle ne se considère pas non plus comme étant francophone.
« C’est difficile de dire quelle est l’identité à laquelle je m’identifie le plus aujourd’hui, parce que ça évolue constamment. »
— Kelyn Best
C’est sa maman, membre de la Nation Crie de Peepeekisis en Saskatchewan et avec des racines écossaises, qui avait pris la décision de l’inscrire à l’immersion française afin qu’elle ait de meilleures perspectives d’emplois.
« J’ai fait des cours de français et je suis fière de parler la langue aujourd’hui, mais je pense que ce n’est pas aussi simple parce qu’il y a toute une culture et un héritage qui est rattaché à l’identité », explique celle qui est installée à Sudbury.
La jeune femme est aussi riche d’un autre héritage, du côté de son père, puisqu’elle a des racines du Somaliland, une région située dans la Corne de l’Afrique, qui s’est autoproclamée indépendante de la Somalie en 1991.
« C’est difficile de dire quelle est l’identité à laquelle je m’identifie le plus aujourd’hui, parce que ça évolue constamment, mais ces deux identités m’accompagnent toujours », confie-t-elle.
Un long combat identitaire
Natalie Goring a, elle aussi, mis du temps à trouver son identité. Membre de la Nation Wiikwemkoong de l’île Manitoulin, par son père, et avec des racines de Sturgeon Falls, du côté de sa mère, celle-ci a eu du mal à se faire accepter par des membres des deux communautés.
« À la réserve, j’étais le petit gars français riche, mais à Hearst, c’était le contraire, j’étais le petit garçon foncé pauvre de la réserve. »
— Gaëtan Baillargeon
« Comme j’ai dû beaucoup déménager dans mon enfance, je n’ai jamais appris ma culture et je n’ai jamais été reconnue comme autochtone par ma communauté, parce que j’ai les cheveux blonds et la peau blanche. Et du côté français non plus parce que, des fois, je parle avec un accent différent », raconte cette résidente de la communauté de Capreol, près de Sudbury.
Même son de cloche chez Gaëtan Baillargeon du côté de Hearst, bastion de la francophonie ontarienne.
« À la réserve, j’étais le petit gars français riche, mais à Hearst, c’était le contraire, j’étais le petit garçon foncé pauvre de la réserve », témoigne celui qui a un double héritage québécois et Oji-Cree, Première nation sur les rives du lac Constance, près de Hearst.
Il y a quatre ans, Natalie Goring a eu un déclic après avoir commencé à travailler pour un organisme qui dessert les communautés autochtones de Wahnapitae.
Natalie Goring dit que son français est inspiré des endroits où elle a vécu : Québec, Acadie, Sud de l’Ontario et Nord de l’Ontario. Photo : Inès Rebei/ONFR
« J’étais sur deux bateaux, français et autochtone, mais je me suis plus rapprochée de mes racines, et je me sens plus proche de mon héritage autochtone aujourd’hui qu’autre chose », lance celle qui pratique désormais la chasse à l’arc et a suivi des cours pour parler sa langue.
Faire front commun
Bien qu’il reçoive encore des remarques, M. Baillargeon pense également avoir trouvé un équilibre entre ses deux identités aujourd’hui.
Selon celui qui est aussi conseiller municipal de la ville de Hearst et directeur de l’éducation de la Première Nation de Constance Lake, il reste encore des progrès à faire pour faciliter les échanges entre les deux communautés.
Gaëtan Baillargeon estime qu’il est plus difficile d’assumer cette double identité dans un milieu où les francophones sont très minoritaires. Photo : Inès Rebei/ONFR
Il évoque l’exemple du conflit québécois lié au projet de loi 97 pour la coupe de bois auquel les Premières Nations sont fermement opposées : « S’ils (les travailleurs québécois de l’industrie forestière et des autochtones) se mettaient ensemble contre le gouvernement, pour construire des entreprises ensemble au lieu d’essayer de se battre l’un contre l’autre, je pense qu’ils seraient plus forts. »
Le Chef de la Nation Dokis pense, quant à lui, que les francophones en milieu minoritaire sont favorisés plus qu’ils ne le savent. « Les francophones disent devoir se battre et être considérés comme des sous-citoyens, mais c’est clair qu’on peut mettre les Premières Nations en dessous d’eux. On devrait être les premiers, on est les premiers, mais ce n’est jamais reconnu. »
« Mon père me disait de ne pas dire que j’étais autochtone parce que les gens ne nous aimaient pas. »
— Natalie Goring
Bien qu’il admette qu’il existe un privilège blanc, Gaëtan Baillargeon ajoute, pour sa part, que le fait qu’il y a eu un recul du nombre de locuteurs francophones et autochtones serait aussi une occasion de souder les deux communautés.
Un vent de changement
Pour plusieurs intervenants, les temps semblent changer en faveur d’une plus grande affirmation identitaire des premiers peuples.
« Mon père me disait de ne pas dire que j’étais autochtone parce que les gens ne nous aimaient pas », confie de son côté Natalie Goring, qui avoue avoir été mieux traitée lorsqu’elle se présentait comme francophone à l’hôpital, par exemple.
Mais, selon elle, la situation aurait évolué : « Avant on s’identifiait comme francophone au lieu d’autochtone parce qu’on était mieux traités, mais maintenant on fait l’inverse pour essayer de susciter un changement. »
Selon M. Baillargeon, il existe aussi, aujourd’hui, une plus grande volonté des premiers peuples et de leur descendance à vouloir se réapproprier sa langue. Les deux intervenants indiquent faire des efforts pour transmettre cette envie d’apprentissage à leurs enfants.
OTTAWA – Les entreprises privées de compétence fédérale ne pourront pas contourner leurs obligations linguistiques, comme le droit aux employés de travailler en français, dans le cadre du projet de loi C-5 sur les grands projets d’intérêt national.
Les députés étudiant le projet de loi mercredi soir en comité ont adopté un amendement qui exclurait la Loi sur les langues officielles et la Loi sur l’usage du français au sein des entreprises privées de compétence fédérale de l’article 21. La première version du projet de loi aurait permis à toute entreprise étant participant dans un « projet d’intérêt national », comme le stipule le projet de loi, de demander au gouvernement de « supprimer la mention d’une loi fédérale, d’un règlement ou d’un passage d’une loi fédérale ou d’un règlement ».
Par exemple, avant la modification apportée, il aurait été possible pour une entreprise privée de compétence fédérale de demander à Ottawa de ne pas avoir l’obligation de garantir à ses employés de pouvoir travailler en français, comme le stipule la Loi sur l’usage du français au sein des entreprises privées de compétence fédérale.
« Nous (les francophones), on ne veut certainement pas mettre des bâtons dans les roues de l’économie canadienne, mais il faut quand même que nos droits linguistiques ne soient jamais compromis (…) Ça a bien abouti, on est bien content », se réjouit la Société de l’Acadie du Nouveau-Brunswick (SANB) via sa présidente Nicole Arseneau-Sluyter.
L’organisme acadien avait soulevé son inquiétude auprès des élus fédéraux, exprimant que des « compagnies auraient pu dire que ce n’est pas important que les travailleurs puissent travailler en français », ajoute la présidente de la SANB.
La proposition déposée par le Bloc québécois, appuyée par les conservateurs — qui sont majoritaires dans les comités de la Chambre des communes — a été rejetée par les libéraux, comme l’ensemble des autres amendements déposés par les oppositions. Nonobstant, le Bloc et les conservateurs ont aussi réussi à faire ajouter d’autres lois fédérales qui ne seraient pas possible d’enfreindre, comme la Loi sur les Indiens, la Loi sur l’accès à l’information, la Loi sur les conflits d’intérêts, le Code criminel, etc.
Le leader en Chambre du gouvernement, Steven MacKinnon, a affirmé jeudi matin que les modifications apportées au projet de loi étaient en cours d’analyse par les ministres concernés dans le dossier. Afin de stimuler l’économie canadienne en réponse à la guerre commerciale avec les États-Unis, le projet de loi C-5 vise à accélérer d’importants projets d’intérêt national, tels que les oléoducs et les lignes de transport électrique. De plus, à compter du 1er juillet, ce projet de loi éliminerait des barrières fédérales au commerce interprovincial.
Adopté d’ici la fin de session
Tout indique que le projet de Loi C-5 risque désormais d’être adopté d’ici le dernier jour de la session parlementaire vendredi, les conservateurs ayant appuyé les libéraux lors des étapes précédentes du projet de loi.
Il restera ensuite à être adopté par la Chambre haute pour un vote d’ici le dernier jour de la session du Sénat, le 27 juin. Le gouvernement a imposé des bâillons aux différentes étapes du processus législatif pour accélérer l’adoption du projet de loi, déposé le 6 juin dernier. Ce court laps de temps a soulevé l’ire de groupes environnementaux et de Premières nations qui ont dénoncé le peu de temps d’évaluation accordé au projet de loi.
En conférence de presse jeudi, Mark Carney a défendu la proposition législative de son gouvernement, soutenant que la consultation auprès des Premières Nations « est au cœur du projet de loi ».
Le délai est serré, car Mark Carney avait promis pendant la campagne électorale de lever les barrières commerciales interprovinciales avant le 1er juillet. Les ministres libéraux ont appuyé le projet de loi C-5, arguant que le premier ministre s’était engagé à accélérer les grands projets énergétiques nationaux. Cependant, certains députés libéraux ont récemment exprimé des réserves quant à la rapidité du processus.
Un nouveau Centre de planification des services de santé en français verra le jour en Ontario dès le 1er septembre 2025. Né d’un partenariat entre la province, l’Hôpital Montfort et l’Assemblée de la francophonie de l’Ontario, ce centre vise à centraliser et moderniser la planification des soins en français.
L’annonce a été faite ce jeudi par le ministère de la Santé de l’Ontario. Ce centre établi à Ottawa aura le mandat de moderniser et d’améliorer les services et les résultats en santé pour les francophones de la province.
Il sera chargé de la planification, des politiques, des programmes, du financement et de la gestion des ressources.
Il remplacera ainsi les six entités existantes de planification des services de santé en français, ce qui permettra « de minimiser les dédoublements et de réduire les fardeaux administratifs », explique Santé Ontario.
En effet, en Ontario, il existe déjà 6 entités de planification régionale des services en français (Nord, Sud, Est, Sud‑Ouest, Centre,…). L’idée est de passer d’un modèle régional fragmenté à un centre plus intégré.
Le modèle des entités remonte à une réforme datant de 2006, basée sur les Réseaux locaux d’intégration des services de santé (RLISS). Alors que ces réseaux ont changé, voire disparu, le modèle n’a pas évolué depuis. « L’objectif de ce nouveau centre est d’évoluer vers une planification centralisée par Santé Ontario, tout en assurant une voix forte aux francophones », explique une source bien informée au sein de la province. Selon elle, les employés des précédentes entités seront transférés vers le nouveau centre, aussi il ne sera pas question de coupes budgétaires, assure-t-on.
Dans ce sens, un investissement annuel de 3,85 millions de dollars pour la planification des services de santé en français sera maintenu durant la mise en œuvre du centre.
« On espère même que certaines efficacités permettront de réallouer des ressources ailleurs », confie la même source.
Pour ce qui est de la gouvernance de ce nouveau centre, les conseils d’administration (CA) des anciennes entités, formés de membres de la communauté, seront dissous, mais un conseil d’administration transitoire sera mis en place pour un délai maximum d’un an.
Il comprendra notamment Lise Bourgeois, ancienne PDG de La Cité, Florence Ngenzebuhoro, ancienne PDG du Centre francophone du Grand Toronto, et Angèle Brunelle, directrice générale de l’Accueil francophone de Thunder Bay. Il y aura aussi des représentants de l’Hôpital Montfort et de l’AFO.
Dans l’absolu, un CA permanent de 11 membres sera instauré. Il sera composé de deux membres issus de l’hôpital Montfort, deux de l’AFO, cinq membres communautaires et deux nommés par le gouvernement. L’objectif est d’avoir une gouvernance solide, enracinée dans la francophonie, explique-t-on.
« Conçu par et pour les francophones, ce centre contribuera à répondre à leurs besoins en matière de soins pour les années à venir », a affirmé Sylvia Jones, vice-première ministre et ministre de la Santé, soulignant que cette initiative devrait bénéficier à plus de 650 000 francophones et 1,5 million de personnes bilingues vivant en Ontario.
Pour Caroline Mulroney, ministre des Affaires francophones, « ce nouveau centre pose les bases d’un meilleur accès aux soins de santé en français pour les générations futures ».
Fabien Hébert, président de l’AFO, a de son côté salué « l’engagement proactif de la province et l’opportunité de co-construire un modèle novateur ».
« Cette annonce confirme la volonté du gouvernement d’assurer la prestation de services de santé de haute qualité en français à travers l’Ontario », a-t-il souligné.
Pour sa part, Marie-Josée Martel, présidente du conseil d’administration de Montfort, s’est félicitée de « cette nouvelle initiative, qui s’inscrit dans notre mandat provincial à titre d’hôpital universitaire francophone de l’Ontario ».
« C’est une journée historique qui marque le renforcement des responsabilités provinciales des partenaires de la santé en matière de services de santé en français », a-t-elle relevé.
Il existe 27 régions désignées en Ontario où les services gouvernementaux doivent être offerts en français et où vit 80 % de la population francophone de la province.
Aussi, afin d’améliorer l’accès au soin des francophones, la province envisage de renforcer dans les prochains mois le Conseil consultatif des services de santé en français.
SUDBURY – Alors que le Nord-Ouest ontarien connaît une de ses pires saisons de feux de forêt, le Syndicat des employés de la Fonction publique de l’Ontario (SEPFO) et des députés de l’opposition à Queen’s Park dénoncent des salaires jugés trop bas pour les pompiers forestiers, un manque d’investissement et des difficultés de rétention des travailleurs.
« On est passé de 214 équipes de pompiers forestiers en 2005 à 143 aujourd’hui et dans le Nord on est à 50 % des forces donc clairement il y a quelque chose que le gouvernement ne fait pas correctement », déplore le député néodémocrate, Guy Bourgouin en entrevue avec ONFR.
Il y a quelques jours, l’opposition officielle dénonçait également une réduction de 42 millions de dollars de la réponse aux incendies de forêt et près de 4 millions de dollars pour les préparatifs d’urgence, selon les données du budget provincial.
Le manque de pilotes est tel que trois avions-citernes de l’Ontario sont cloués au sol en ce moment dans le Nord de l’Ontario. Photo : Canva
« Les faits parlent d’eux-mêmes, depuis 2018, notre gouvernement a augmenté les investissements dans la protection contre l’incendie de 92 % (…) Toute affirmation selon laquelle nous avons réduit le financement cette année pour la réponse aux incendies de forêt est fausse », répond par courriel à ONFR le porte-parole du ministère des Ressources naturelles, Richard Mullin.
« Ça ne payait pas beaucoup et c’était devenu impossible de survivre avec ce salaire quand tout le reste augmente »
— Travis Vernier
De son côté, la SEPFO juge que les investissements annoncés par le gouvernement, dont six nouveaux avions, ne résolvent la situation et tire la sonnette d’alarme concernant la pénurie de personnel forestier. En outre, le syndicat a fait savoir que les pilotes qu’il représente ont refusé en bloc une offre du gouvernement qui aurait fait de leur salaire le deuxième plus bas au pays.
Un métier qui n’attire plus
« Les pilotes qualifiés dont nous avons besoin ne viennent pas travailler en Ontario et d’autres partent travailler dans les provinces voisines qui offrent une juste rémunération pour ce travail spécialisé et souvent dangereux », a déclaré Chris Eckert, président du comité chargé des cas spéciaux de la SEFPO, qui représente les pilotes de bombardiers d’eau en Ontario.
Travis Vernier a travaillé comme pompier forestier pendant douze ans avant de quitter le domaine et de se réorienter en 2021.
« Ça ne payait pas beaucoup et c’était devenu impossible de survivre avec ce salaire quand tout le reste augmente », confie le Franco-Ontarien de la communauté de Nakina, à Greenstone.
« Une bonne année, où on travaillait beaucoup et qu’on nous envoyait dans d’autres provinces, je pouvais gagner près de 60 000 dollars par année, mais ce n’est pas assez pour tout le travail que ça demande », souligne-t-il.
Travis Vernier, à gauche, travaille désormais dans le secteur minier. Photo : gracieuseté de Travis Vernier
Il ajoute que le fait qu’il s’agisse d’un emploi saisonnier n’aide pas à vouloir rester dans le domaine. À l’époque, le syndicat avait tenté de revaloriser la rémunération et d’obtenir une reclassification du métier de pompier forestier pour que les salaires soient alignés sur ceux des sapeurs-pompiers, en vain.
« C’est déplorable quand on sait que l’Ontario est la province la plus riche et où il y a le plus de forêts », estime le député de Mushkegowuk-Baie James.
Des conditions de travail difficiles
De son côté, Lise Vaugeois, députée de Thunder Bay-Supérieur-Nord juge qu’il y a un manque de travailleurs spécialisés : « On entend le gouvernement dire avec beaucoup de fierté qu’il y a 700 pompiers qui travaillent dans le Nord en ce moment, mais ce ne sont pas nécessairement des pompiers expérimentés. Il faut des pompiers expérimentés pour diriger les équipes ».
« C’est un travail difficile, ce n’est pas tout le monde qui est capable de vivre dans des tentes, porter des vêtements mouillés sur une longue période et être exposé à des agents cancérigènes »
— Guy Bourgouin, député
M. Bourgouin abonde dans le même sens : « L’année passée, le gouvernement a offert 5000 pièces pour attirer des personnes pour aider à éteindre les feux, mais souvent ce sont des étudiants qui cherchent des emplois d’été, et cette année le fédéral déploie les Forces armées canadiennes…Ce ne sont pas des solutions à long terme. »
Mme Vaugeois souhaite aussi que le gouvernement de Doug Ford en fasse davantage pour protéger les travailleurs sur le terrain : « Il n’y a pas de véritables protections, comme des respirateurs contre les toxines pour les pompiers en milieu sauvage. »
La députée Lise Vaugeois estime que le gouvernement a grossi le nombre de pompiers forestiers et que celui-ci est plus proche de 600 que de 700. Source : Lise Vaugeois/Facebook
« C’est un travail difficile, ce n’est pas tout le monde qui est capable de vivre dans des tentes, porter des vêtements mouillés sur une longue période et être exposé à des agents cancérigènes », continue son collègue de Mushkegowuk-Baie James.
Le Nouveau Parti démocratique demande, notamment, au gouvernement de favoriser la création d’emplois permanents à temps plein et d’augmenter le nombre d’équipes plutôt que le nombre de personnes dans ces équipes.
La SEPFO précise que les congés maladie et le vieillissement du personnel actuel rendent la situation encore plus précaire sur le terrain. Le poste de chef pilote d’hélicoptère demeure vacant après une démission il y a deux ans et que l’Ontario a perdu 20 ingénieurs en mécanique aérienne sur 46 au cours des cinq dernières années.
TORONTO – L’auteur Aristote Kavungu a remporté le prix littéraire Trillium 2025 en langue française, ce mercredi, lors d’une soirée de gala à la Bibliothèque de référence de Toronto. 16 finalistes, dont huit talents francophones, étaient lice dans quatre catégories.
« J’écris parce qu’il y a en moi un enfant qu’il est urgent de sauver », a souvent exprimé l’auteur de plusieurs romans, qui a finalement reçu la distinction pour son essai Céline au Congo, sorti en 2024 aux Éditions du Boréal.
Dans cet essai, Aristote Kavungu s’attaque à des thèmes difficiles, en dénonçant non seulement l’antisémitisme de Louis-Ferdinand Céline, mais aussi l’hypocrisie de ses accusateursayant pointé du doigt l’écrivain français pour sa haine des juifs tout en fermant les yeux sur sa négrophobie.
Au micro d’ONFR, celui qui est par ailleurs enseignant, auteur et scénariste, a réagi : « C’est une victoire qui me fait plaisir, car ça montre que ce prix consacre une certaine façon d’écrire. »
En plus d’enseigner les lettres, Aristote Kavungu s’est fait une place dans la littérature franco-ontarienne. Photo : ONFR/Laetitia Dogbe
L’essayiste, qui mêle souvent son expérience multiculturelle avec son amour fou pour la littérature, a composé cet ouvrage également pour naviguer à travers la contradiction profonde qui le lie à Céline.
« J’ai décidé de l’écrire en utilisant ma passion pour Céline et ma détestation pour l’homme qu’il était. Pour le renvoyer dos à dos, lui et la France, par rapport à des sujets comme le racisme et la xénophobie, l’antisémitisme », a expliqué le professeur de lettres qui a vécu sa vie entre la France, le Congo et le Canada.
Ce dernier était, il y a quelques jours, au centre d’un épisode du balado Cœur d’encre, revenant sur son parcours et les événements qui l’ont marqué, dans une conversation intime et amicale avec Marine Sibileau.
Il y décrit sa capacité à écrire n’importe où et en tout temps : « Je peux même écrire dans un stade et oublier le monde autour. »
D’après Ontario Créatif qui organise ce gala annuel, « les lauréats de cette année reflètent la diversité du paysage littéraire ontarien. » En effet, parmi les quatre autres finalistes francophones, figuraient Marie-Hélène Larochelle, Didier Leclair et Claire Ménard-Roussy pour leurs romans ainsi qu’Alex Tétreault pour sa pièce de théâtre.
Une province qui déborde de talents
Mireille Messier a quant à elle remporté le prix du livre jeunesse Trillium en langue française avec Le bonnet magique, publié en 2023 aux Éditions Comme des géants. Du côté anglophone, c’est Maurice Vellekoop qui remporte le prix adulte avec I’m So Glad We Had This Time Together et Jake Byrne a remporté le prix de poésie avec DADDY.
Après 25 années comme autrice et 30 livres jeunesse publiés, Mireille Messier envisage cette année comme une année majeure de son parcours : « Ça faisait très longtemps que je l’espérais ce prix », s’est réjouie l’écrivaine.
Maurice Vellekoop a tenu un discours fort en retraçant le paysage politique depuis le début de l’écriture de son livre jusqu’à ce jour. Il a notamment évoqué le recul des droits de la personne pour nombre de groupes sociaux. « Mon message est urgent dans un monde où les valeurs conservatrices reprennent le dessus et mon livre illustre les conséquences que l’ignorance peut amener », a-t-il conclu.
Mireille Messier, Maurice Vellekoop et Jake Byrne ont déjà été finalistes ou gagnants de prix divers prix littéraires dans le passé. Photo : ONFR/Laetitia Dogbe
Ontario Créatif a emboité le pas de Maurice Vellekoop en affirmant son engagement envers la diversité et la facilitation économique en faveur de la communauté littéraire ontarienne.
« En juin on célèbre le Mois des fiertés. Au moment où la diversité des voix est en train d’être menacée par tant de façons et par tant de lieux différents, le prix Trillium nous rappelle d’élever ces voix et de célébrer la littérature riche et diversifiée du Canada », a poursuivi l’une des maîtresses de la cérémonie.
La cérémonie de remise des récompenses du Prix littéraire Trillium a eu lieu à la Bibliothèque publique de référence de Toronto. Photo : ONFR/Laetitia Dogbe
D’ici deux ans, ce prix littéraire annuel décerné en Ontario célèbrera ses 40 ans, même si le volet francophone, lui, n’a été ajouté qu’en 1994.
La diversité des candidats continue de participer à l’excellence de la scène littéraire ontarienne et franco-ontarienne, sur les traces de Marguerite Anderson, Daniel Poliquin, Paul Savoie ou Danièle Vallée qui comptent parmi les anciens gagnants.
Aux Essais nationaux de natation qui se tenaient du 13 au 18 mai à Victoria, deux jeunes espoirs franco-ontariens ont su tirer leur épingle du jeu, chacun dans leur style. Ben Winterborn et Alexandre Landry, tous deux membres actifs du circuit universitaire canadien, ont quitté la Colombie-Britannique avec des performances jugées satisfaisantes après coup… mais aussi un goût d’inachevé.
Ben Winterborn a enchaîné six courses en dos et en nage libre : 50m, 100m et 200m dans chaque spécialité. Il a atteint la finale B au 200m dos et a remporté une médaille d’argent dans la finale A du 50m dos, terminant à seulement 0,9 seconde des critères de sélection pour l’équipe nationale. Il s’est aussi classé 4e au 100m dos, manquant le podium pour deux centièmes de seconde.
« C’est très difficile de me dire que j’ai bien fait quand je n’ai pas atteint mes objectifs, mais je suis quand même fier de mon effort », confie le nageur du Centre de haute performance de l’Ontario et de l’Université de Toronto. Ses temps en dos, notamment au 50m et au 100m, sont ses meilleurs en carrière.
Un départ trop profond a coûté du temps à Ben Winterborn en finale du 50 m dos. Photo : Daniel Harrison
De son côté, Alexandre Landry s’alignait dans ses trois spécialités en brasse (50, 100 et 200m). S’il n’a pas battu ses records personnels, il s’est tout de même hissé dans le top 15 canadien à chacune de ses épreuves, un résultat qu’il dit avoir appris à apprécier avec du recul.
« Au début, je n’étais pas trop satisfait… mais après quelques jours, franchement je suis vraiment content. Être dans le top 15 au Canada, c’est déjà beaucoup », admet-il.
Ce qu’ils auraient voulu mieux faire
Les deux athlètes partagent le même constat : certains détails techniques et mentaux leur ont coûté quelques précieuses fractions de seconde.
Pour Ben Winterborn, c’est le départ du 50m dos qui a fait la différence. « J’ai plongé trop profond, donc j’ai dû me rattraper en sortant. » Un détail qui, à ce niveau, peut faire la différence entre une place sur le podium ou non.
Alexandre Landry pense lui aussi que son départ fait partie des pistes d’amélioration pour améliorer ses temps. Photo : Daniel Landry
Alexandre Landry évoque quant à lui un manque de confiance en début de compétition, couplé à un décalage horaire difficile à gérer : « C’était ma première compétition complètement dans l’Ouest. Le changement de temps m’a affecté plus que prévu. »
Au-delà de leurs performances, les deux nageurs ont été impressionnés par le niveau général observé à Victoria. Les exploits de la sensation de la natation canadienne, Summer McIntosh, qui a établi trois records du monde et deux canadiens en cinq jours, ont marqué les esprits.
« Quand elle entrait dans l’eau, tout le monde s’arrêtait pour la regarder, des nageurs à l’échauffement jusqu’au maîtres nageurs », raconte Ben Winterborn avec admiration.
Il a aussi tenu à saluer la performance de sa coéquipière Madison Kriger, seulement âgée de 16 ans, qui s’est qualifiée pour les Championnats du monde au 200 m dos.
« C’est comme une petite sœur pour moi, alors j’étais très fier d’elle. C’était fou de la voir réussir comme ça. »
Inspiré par les performances auxquelles il a assisté, Ben Winterborn pense déjà à son rêve olympique en 2028. Photo : Daniel Harrison
Alexandre Landry a, de son côté, souligné la performance surprise de Marie-Sophie Harvey au 200 m brasse.
« Elle n’était pas reconnue pour la brasse du tout, mais elle a fini première dans le 200 m. On ne s’attendait pas vraiment à ça. C’était impressionnant de voir comment elle s’est améliorée. »
Il a également été marqué par le chrono du jeune Antoine Sauvé, qui a battu le record national sur le 200 m nage libre détenu par Brent Hayden de 0,01 seconde, le tout dans la finale B!
Deux compétitions chacun pour clore la saison
Les deux nageurs auront encore deux occasions de se mesurer à l’élite cet été.
Ben Winterborn représentera le Canada universitaire dans une rencontre amicale face à la sélection britannique à Sheffield, en Angleterre, les 2 et 3 juillet. Il participera ensuite aux Championnats nationaux en petit bassin à Sherbrooke en août.
Alexandre Landry veut bien finir sa saison pour se qualifier pour la Coupe du monde qui aura lieu à Toronto en automne. Photo : Daniel Landry
Alexandre Landry participera d’abord aux Ontario Summer Events (OSE) à Scarborough, où il sera accompagné d’une délégation de onze nageurs de son club, puis lui aussi prendra part aux Nationaux à Sherbrooke début août.
Les JO 2028 déjà en tête
Si la saison actuelle touche à sa fin, les deux nageurs gardent déjà un œil sur les Jeux olympiques de Los Angeles 2028.
Pour le spécialiste du dos originaire de Kingston, l’objectif est clair : continuer à progresser en dos, mais aussi revenir fort en nage libre afin de se tailler une place dans un relais.
« Quand j’avais 9 ou 10 ans, mon rêve c’était d’être dans le relais 4×100 nage libre. Alors je veux continuer à m’améliorer dans les deux. »
Le Sudburois, de son côté, préfère y aller une compétition à la fois, mais n’exclut rien.
« C’est toujours dans un coin de ma tête. Et si je suis dans le top 20 à Sherbrooke, je pourrais me qualifier pour représenter le Canada à la Coupe du monde de Toronto cet automne. »
OTTAWA — Les entreprises privées de compétence fédérale pourraient demander à contourner certaines de leurs exigences linguistiques, comme le droit aux employés de travailler en français, dans le cadre du projet de loi C-5 sur les grands projets d’intérêt national.
L’article 21 donnerait le droit à une entreprise privée de compétence fédérale, de demander au gouvernement de « supprimer la mention d’une loi fédérale, d’un règlement ou d’un passage d’une loi fédérale ou d’un règlement ». Questionné par le sénateur acadien Réjean Aucoin mardi lors d’une séance du Sénat, le ministre Dominic Leblanc a convenu que la législation dans sa forme actuelle pourrait permettre un tel effacement d’obligations linguistiques.
« Vous avez raison de soulever cette inquiétude, car, dans un autre scénario ou sous un autre gouvernement, le projet de loi pourrait être utilisé pour affaiblir ces obligations », a-t-il acquiescé.
Le premier ministre Mark Carney et ses homologues provinciaux ont convenu de « l’urgence d’agir », mais à aucun moment « nous n’avons conçu qu’un tel scénario serait raisonnable », a soutenu le ministre acadien.
« Nous reconnaissons que ce type d’exemption, tant que je serai le ministre responsable, ne verra pas la lumière du jour », a assuré le ministre responsable du Commerce Canada–États-Unis, des Affaires intergouvernementales et de l’Unité de l’économie canadienne.
Le sénateur Aucoin, un juriste pendant plus de 30 ans, perçoit aussi une possibilité que des règlements linguistiques puissent être contournées, mais dit avoir « espoir et confiance que ça ne va pas se faire, car il y a des choses qui sont sacrées au Canada », a-t-il affirmé en entrevue.
Des obligations en vertu de la Loi sur les langues officielles (LLO) et de la Loi sur l’usage du français au sein des entreprises privées de compétence fédérale pourraient être bafouées sur accord du gouvernement, selon la Société de l’Acadie du Nouveau-Brunswick (SANB).
« Le français est vulnérable au Canada. On ne peut pas accepter que des lois comme la Loi sur les langues officielles puissent être contournées », s’inquiète l’organisme acadien dans un communiqué.
Cet article de la législation, si non modifié, serait une « menace potentielle pour les droits linguistiques des travailleurs, particulièrement au Québec, en Acadie et dans les régions à forte présence francophone », soutient l’organisme dans un mémoire acheminé aux députés du Comité permanent des transports, de l’infrastructure et des collectivités qui étudie la législation.
Le juriste en droits linguistiques Érik Labelle-Eastaugh tempère que cette possibilité soulevée par la SANB est limitée. L’article 82 de la Loi sur les langues officielles édicte que les parties 1 à 5, dont celle portant sur la langue de travail, ont primauté « de toute autre loi ou de tout règlement fédéral ».
« Le seul moyen de contrecarrer cet effet de la loi serait, si le législateur mentionne explicitement que la nouvelle loi s’applique nonobstant de l’article 82 de la Loi sur les langues officielles (…) En général, les autres lois (fédérales) n’ont pas une telle disposition ce qui rend la Loi sur les langues officielles si spéciale », explique le doyen de la faculté de droit l’Université de Moncton.
Cette nouvelle loi pourrait accélérer l’approbation de grands projets, comme dans le secteur pétrolier, au Canada, qui remplissent certains critères. Photo Canva
Toutefois, la loi sur l’usage du français au sein des entreprises privées de compétence fédérale ne comporte pas une clause similaire. Mais celle-ci n’est toujours pas en vigueur, car elle nécessite toujours l’adoption de réglementations avant d’être en application. Elle garantit en principe de nouveaux droits aux employés pour travailler et être supervisée en français au Québec et dans des régions à forte présence francophone, qui elles sont encore inconnues.
Comme il s’agit d’une loi à part, il existe une possibilité théorique qu’une entreprise, qui serait participante dans « un projet d’intérêt national » pourrait demander à ne pas garantir un droit de travailler en français, convient Érik Labelle-Eastaugh, car « ces obligations sont prévues ailleurs que dans les parties 1 à 5 de la LLO ».
Un processus rapide
Déposé le 6 juin, le projet de loi C-5 est divisé en deux parties. La première concerne l’abolition de barrières commerciales entre les provinces et l’élimination d’obstacles à la mobilité de la main-d’œuvre par exemple. Cette section fait consensus entre les partis politiques jusqu’à présent. C’est plutôt la seconde partie, la Loi visant à bâtir le Canada, qui s’avère controversée. Elle a suscité la colère des Premières Nations et des groupes environnementaux qui ont dénoncé un manque de consultation.
Le projet de loi risque d’être adopté d’ici le vendredi 20 juin, le gouvernement ayant imposé des bâillons -qui ont été appuyés par les conservateurs- en cours de processus pour limiter le temps de débat dans la Chambre des communes. Le projet de loi était destiné à passer l’étape du comité jeudi, le comité ayant alloué près de 11 heures au total pour l’étude du projet de loi. Le comité doit l’étudier de 15 h à minuit un nombre d’heures anormalement élevé pour une seule séance de comité.
L’échéance serrée suit la promesse électorale de Mark Carney de mettre fin aux barrières commerciales entre provinces d’ici le 1er juillet. Les ministres libéraux ont défendu C-5 en soutenant que le premier ministre avait fait campagne sur l’accélération des grands projets énergétiques au pays. Toutefois, certains députés libéraux ont émis des bémols dans les derniers jours sur la vitesse du processus.
OTTAWA – Le gouvernement de l’Ontario a annoncé ce mercredi un investissement majeur pour la construction du nouveau bâtiment du Mouvement d’implication francophone d’Orléans (MIFO). Tiré du Fonds pour l’infrastructure communautaire des sports et des loisirs (FICSL), ce montant de plus de 15,7 millions de dollars permet d’atteindre 100 % de l’objectif de financement de l’organisme culturel et communautaire.
Neil Lumsden, ministre du Sport et Caroline Mulroney, ministre des Affaires francophones, en ont fait l’annonce dans les locaux temporaires du MIFO, situés à la Place d’Orléans.
« La francophonie ontarienne, pour s’épanouir, a besoin d’institutions communautaires très fortes. Le MIFO représente cela, exactement », explique Caroline Mulroney au micro d’ONFR.
Elle précise que le FICSL, un fonds de 200 millions de dollars, a reçu des demandes qui totalisaient plus de 1,15 milliard de dollars. « Ça démontre la qualité et la force de la demande du MIFO », qui a obtenu davantage que le montant maximal initialement prévu par projet.
« Le projet du MIFO s’insérait tellement bien à l’intérieur de cette enveloppe », se réjouit Mélanie Routhier Boudreau, directrice générale du MIFO, en entrevue avec ONFR. « Ça vient compléter l’ensemble du financement dont on a besoin pour notre projet de construction. »
Quatre fois plus grand
L’idée d’un nouveau bâtiment ultramoderne est un rêve vieux de plus de 10 ans pour le MIFO. Sa présidente, Trèva Cousineau, a talonné sans relâche la ministre des Affaires francophones afin d’obtenir une aide de la province. « Je savais qu’elle croyait au projet », indique-t-elle, tout en avouant qu’elle n’était pas pleinement convaincue de recevoir l’entièreté du montant demandé.
Trèva Cousineau se disait euphorique à la suite de l’annonce de mercredi. « On a tout ce qu’il faut pour aller de l’avant » avec le plan A, celui d’un centre multifonctionnel à la fine pointe de la technologie, carboneutre et inclusif.
« Ça nous permet de faire le projet dans son entièreté, indique Mme Routhier Boudreau. L’édifice sera quatre fois plus grand que l’édifice actuel, avec des espaces qui ont vraiment été pensés au niveau de l’accessibilité, qui seront inclusifs et intergénérationnels. »
De gauche à droite : la directrice générale du MIFO, Mélanie Routhier Boudreau, la ministre des Affaires francophones de l’Ontario, Caroline Mulroney et la présidente du MIFO, Trèva Cousineau. Photo : Rachel Crustin / ONFR
Le futur bâtiment comprendra une salle de spectacles de 300 places, des salles polyvalentes, des studios pour l’école de musique, un gymnase avec une piste de course en mezzanine et des galeries d’art, entre autres.
La directrice générale imagine le nouveau MIFO comme « un carrefour de rassemblement » pour la communauté francophone dans son ensemble, « des tout-petits jusqu’aux aînés. »
Avec l’annonce l’an dernier de 36 millions de dollars de la part du gouvernement fédéral, le MIFO avait déjà confirmé le projet. « On pouvait construire sans ça (l’investissement provincial), mais il aurait fallu couper » et faire des choix, indique Trèva Cousineau. C’est maintenant sans compromis que la construction aura lieu à compter de cet été, pour une ouverture espérée en 2027.
Un maquette du futur bâtiment du MIFO, telle que présentée en 2024. Photo : Gracieuseté du MIFO
Un événement public se tiendra au 6600, rue Carrière dans les prochaines semaines, pour les gens qui voudront assister au début de la démolition du vieux bâtiment. « Il y a beaucoup d’émotions après 40 ans dans le même édifice. C’est important pour nous d’inviter la communauté », indique Mélanie Routhier Boudreau.
Des réactions enthousiastes
Le maire d’Ottawa, Mark Sutcliffe, était aussi présent pour l’annonce de ce nouvel investissement provincial pour le MIFO. La Ville a elle-même fourni 1,5 million de dollars pour le projet.
« C’est une excellente nouvelle pour Orléans et pour toute la ville. Le MIFO est au cœur de la vie culturelle et communautaire des résidents francophones d’Ottawa depuis plusieurs décennies. Ce nouvel investissement aidera à créer un espace moderne et inclusif qui encouragera l’adoption de modes de vie sains, qui réunira les gens et qui reflétera la diversité de notre ville, » a commenté M. Sutcliffe.
« L’Assemblée de la francophonie de l’Ontario se réjouit profondément de cet investissement de 15,7 millions de dollars, qui témoigne d’une écoute attentive du gouvernement face aux priorités exprimées par notre communauté, a indiqué Fabien Hébert, président de l’Assemblée de la francophonie de l’Ontario. Nous espérons que cette annonce inspirera d’autres initiatives du même souffle. »
Les sources de financement du MIFO pour son nouveau bâtiment
36,1 millions de dollars du gouvernement fédéral
15,75 millions de dollars du gouvernement provincial
1,5 million de dollars de la Ville d’Ottawa
Une campagne de financement auprès de la communauté et des partenaires
Des fonds accumulés par le MIFO à travers les années, à hauteur de plus de 2,5 millions de dollars.
On part à la découverte du parcours de Catherine Goueth, agricultrice camerounaise passionnée qui a fondé Likebel Farms. Portée par son amour pour la terre et son esprit d’innovation, elle raconte son parcours, ses défis, et les apprentissages qui ont marqué son adaptation au système agricole ontarien.
OTTAWA – Le commissaire aux langues officielles, Raymond Théberge, se dit en désaccord avec la décision de la Cour suprême du Canada de ne traduire que quelques-unes de ses 6 000 décisions qui ne sont pas bilingues.
Une enquête du Commissariat aux langues officielles avait conclu que la Cour suprême se devait de traduire ses milliers de décisions, qui sont majoritairement unilingues anglophones.
Basé sur cette conclusion, l’organisme Droits collectifs Québec a déposé à l’automne 2024 une poursuite en cour fédérale contre la plus haute instance juridique au pays pour l’obliger à faire cette traduction. En réponse, elle avait annoncé retirer toutes ces décisions unilingues de son site web, mais s’engageait à en traduire en 2025.
« Je pense que c’est une solution qui ne répond pas à la recommandation que j’ai mise de l’avant », a commenté mardi Raymond Théberge, en conférence de presse après le dépôt de son rapport annuel.
Lors de sa conférence de presse annuelle la semaine dernière, le juge en chef de la Cour suprême, Richard Wagner, avait indiqué que le tribunal traduirait quelques jugements rendus avant 1970 sur les 6 000 qui ne sont pas disponibles dans les deux langues officielles. Depuis la modernisation de la Loi sur les langues officielles en 2023, les tribunaux fédéraux ont l’obligation de traduire l’ensemble de leurs décisions rendues dans les deux langues officielles. Or, avant l’adoption de cette loi en 1970, le plus haut tribunal canadien ne traduisait pas ses jugements délivrés.
Le commissaire aux langues officielles Raymond Théberge. Gracieuseté Commissariat aux langues officielles.
Richard Wagner a indiqué qu’un groupe de travail indépendant avait été mis en place « pour vérifier quelles étaient les décisions les plus pertinentes » et que « quelques décisions » ont été identifiées.
« Ça a un impact sur le système de justice au Canada, de ne pas avoir accès à ces décisions dans les deux langues officielles. Je sais qu’on vient d’annoncer qu’on va en traduire quelques-unes, mais je demeure ferme sur ma position qu’on devrait toutes les traduire et que le fait de les retirer ne résout pas le problème », a reproché le commissaire Théberge.
Malgré les propos du juge en chef, le commissaire aux langues officielles soutient que son équipe effectuera « ce que l’on fait typiquement », dans les mois suivant la formulation de recommandations.
« Après un certain temps, on fait un suivi et à ce moment-là, on fait état de la question. Évidemment, le juge en chef a déjà répondu en disant qu’on va retirer les décisions et en traduire quelques-unes. Mais on va toujours faire notre suivi quand même dans les prochains mois », signale Raymond Théberge.
Dans le passé, Richard Wagner soutenait que la traduction des quelque 6 000 décisions nécessiterait un investissement de 10 à 20 millions de dollars, plus d’une centaine d’interprètes et près de dix ans de travail.
OTTAWA – Le Festival franco-ontarien (FFO) tire un bilan positif de sa 50e édition, qui s’est déroulée au parc Major’s Hill d’Ottawa du 12 au 14 juin. Sans préciser de nombre exact, l’organisation parle d’un record d’achalandage avec des milliers de festivaliers. Retour en images sur trois soirées de célébration.
« Nous ne pouvions rêver d’un plus bel anniversaire. Le public a répondu présent en grand nombre, les artistes ont livré des performances touchantes et inspirées, et la météo nous a offert trois jours parfaits », a déclaré le directeur général du FFO, José Bertrand, par communiqué.
Les spectacles sur la grande scène
La musique est l’ingrédient principal de la recette du FFO. Il fallait bien sûr souligner le tournant historique du 50e anniversaire, mais l’organisation a tenu sa promesse faite l’an dernier d’offrir plus de place à une nouvelle génération d’artistes et de Festivaliers. La première soirée a débuté avec le Franco-Ontarien JOLY, dont le projet musical a remporté trois prix Trille Or le mois dernier. Son album Deuil avait également remporté le titre d’album de l’année aux Prix de la musique de la capitale en 2024.
La sensation française Carbonne a donné son tout premier spectacle en sol canadien, quelques heures après sa sortie de l’avion. Le public comptait en ses rangs de nombreux enfants et adolescents, venus écouter des chansons comme Imagine ou Bene avec leurs parents.
Pour le Québécois Fredz, très en demande dans les festivals cet été, il s’agissait d’une première performance en Ontario. L’interprète de la chanson Le stade sera de retour dans la région le 23 juin, au festival Outaouais en fête, et le 1er juillet pour le spectacle de la Fête du Canada.
L’Ottavien JOLY a été ajouté à la programmation dans les dernières semaines précédent l’événement, suite au désistement du duo De Flore. Photo : SamLaflamme Productions – Félix Déry
La foule se rassemblait déjà en début de soirée pour le spectacle de JOLY. Photo : SamLaflamme Productions – Félix Déry
L’humoriste franco-ontarien Patrick Groulx est l’ambassadeur du FFO pour un mandat de trois ans. Il a animé les soirées du jeudi et du samedi. Photo : Rachel Crustin / ONFR
Le Français Carbonne s’est rapproché de la foule à la fin de sa performance, au grand bonheur des festivaliers. Photo : Rachel Crustin / ONFR
Après Ottawa, Carbonne s’est arrêté deux soirs à Montréal (MTelus et Francos de Montréal) avant de repartir vers l’Europe. Photo : Rachel Crustin / ONFR
En plus de nombreuses dates au Québec, Fredz donnera des concerts en France, en Belgique et en Suisse cet été. Photo : Rachel Crustin / ONFR
C’est un tour du chapeau pour Fredz, de passage trois fois en trois semaines dans la région d’Ottawa-Gatineau. Photo : Rachel Crustin / ONFR
Le vendredi soir était consacré à l’anniversaire du FFO. Pour l’occasion, l’ACFO Ottawa a créé un tout nouveau prix, le prix Porte-drapeau, remis à une initiative, un projet ou un événement porteur de la fierté franco-ontarienne. Le FFO en est le tout premier gagnant.
L’occasion a aussi été prise par Brian St-Pierre et ses acolytes pour tourner des images du futur vidéoclip de l’hymne Mon beau drapeau, qui sera présenté plus tard dans l’année, dans le cadre du 50e anniversaire du drapeau franco-ontarien. Un immense drapeau vert et blanc s’est promené au-dessus de la foule, pendant que la chanson était interprétée par son compositeur, accompagné de Manon Séguin, Stef Paquette et LeFLOFRANCO.
Le grand spectacle Aujourd’hui pour demain, imaginé par François Dubé et DJ UNPIER, a zigzagué entre les époques sans faire de ponts. Manon Séguin et Mélissa Ouimet ont réchauffé la foule en interprétant tour à tour des chansons d’Andrea Lindsay, de Gabrielle Goulet ou de L’Écho d’un peuple, par exemple. Mélissa Ouimet en a profité pour inviter les Ottaviens à son lancement d’album, qui aura lieu au Centre national des arts le 17 septembre.
Bien que seul membre officiellement annoncé, Michel Lalonde a invité sur scène ses acolytes de Garolou, Bobby Lalonde et Marc Lalonde, visiblement pour son plus grand bonheur et pour celui des fans de la première heure de ce groupe pionnier de l’Ontario français. Suivre cette formation mythique était un grand défi pour les jeunes de la relève qui ont suivi, invités par DJ UNPIER.
Réunis pour la première fois de la décennie, les membres de CANO ont offert le moment le plus mémorable. À leur tête, Marcel Aymar a rappelé que le vrai leader du groupe était André Paiement, décédé en 1978. CANO a invité sur scène sa soeur Monique Paiement et son grand ami Robert Paquette. Plus tard, le dramaturge Jean Marc Dalpé et la chorale senior de l’école secondaire publique De La Salle ont offert une interprétation remarquée de la chanson Au Nord de notre vie, célèbre texte de Robert Dickson.
DJ UNPIER, LeFLOFRANCO et leurs invités, dont la talentueuse rappeuse de 15 ans Emcee Janie, ont ensuite repris la scène, avant que Robert Paquette ne revienne comme dernière tête d’affiche de la soirée, et que tous les artistes ne se retrouvent pour interpréter avec la foule l’hymne franco-ontarien Notre place, incontournable dans le contexte.
Manon Séguin a débuté le spectacle Aujourd’hui pour demain. Photo : SamLaflamme Productions – Félix Déry
À seulement 15 ans, Emcee Janie a su prendre sa place sur scène aux côtés de l’artiste LeFLOFRANCO. Photo : SamLaflamme Productions – Félix Déry
La foule devant le spectacle Aujourd’hui pour demain. Photo : SamLaflamme Productions – Félix Déry
Un immense drapeau pour le tournage du vidéoclip de la chanson Mon beau drapeau. Photo : Rachel Crustin / ONFR
Les spectateurs affichaient également leurs drapeaux verts et blancs.
Les frères Michel et Marc Lalonde, membres de Garolou. Photo : Rachel Crustin / ONFR
De gauche à droite : Bobby, Michel et Marc Lalonde, qui ont offert les grands succès de Garolou. Photo : Rachel Crustin / ONFR
Robert Paquette et Monique Paiement ont rendu hommage à André Paiement. Photo : Rachel Crustin / ONFR
Marcel Aymar pendant la réunion de CANO. Photo : Rachel Crustin / ONFR
Le frère d’André, Paul Paiement, a aussi participé au spectacle dans la peau du personnage du Vieux Mederick. Photo : Rachel Crustin / ONFR
Jean Marc Dalpé, Monique Paiement et la la chorale senior de l’école secondaire publique De La Salle pendant la réunion de CANO. Photo : Rachel Crustin / ONFR
Samedi, le dernier jour du FFO a aussi attiré un grand nombre de spectateurs. Après une matinée familiale gratuite comprenant entre autres une séance de Mini Yoga avec Josée LeBlanc de Mini TFO et un spectacle du magicien Daniel Coutu, le site a réouvert en soirée pour un doublé musical et humoristique. Les Bilinguish Boys (Stef Paquette, Dayv Poulin et Edouard Landry) ont ainsi précédé la formation québécoise Les Trois accords.
Tout au long du festival, le Café communal a également fait place aux artistes de la relève de la région de la capitale nationale, et plusieurs activités familiales se sont déroulées dans le parc Major’s Hill.
Différents organismes francophones tenaient un kiosque dans le parc Major’s Hill. Photo : Rachel Crustin / ONFR
Les Franco-Ontariens ont affiché leurs couleurs tout au long de l’événement. Photo : Rachel Crustin / ONFR
Val D’Avalon en performance au Café communal. Photo : SamLaflamme Productions – Félix Déry
L’organisation s’est dite pleinement satisfaite de cette 50e édition. Photo : SamLaflamme Productions – Félix Déry
Les Bilinguish Boys. De gauche à droite : Dayv Poulin, Stef Paquette et Edouard Landry. Photo : SamLaflamme Productions – Félix Déry
Simon Proulx, chanteur des Trois accords. Photo : SamLaflamme Productions – Félix Déry
Les spectateurs étaient particulièrement nombreux pour accueillir Les Trois accords. Photo : SamLaflamme Productions – Félix Déry
Le maquillage aux couleurs franco-ontariennes, un classique du FFO. Photo : SamLaflamme Productions – Félix Déry
Daniel Coutu a émerveillé le jeune public lors de la matinée familiale. Photo : SamLaflamme Productions – Félix Déry
L’animation de foule a aussi ravi les familles tout au long de la fin de semaine. Photo : SamLaflamme Productions – Félix Déry
Le Café communal a accueilli la relève, mais aussi des vétérans comme Jean-Marc Lalonde. Photo : SamLaflamme Productions – Félix Déry
OTTAWA — Dans son rapport annuel déposé mardi, le commissaire aux langues officielles (CLO) Raymond Théberge dénonce le manque de respect des langues officielles des commissions d’enquête publique du gouvernement fédéral. Le nombre de plaintes pour l’année 2024-2025 repart d’ailleurs à la hausse par rapport à l’an dernier.
Il vise principalement la Commission sur l’état d’urgence, chargée d’enquêter sur l’invocation de la Loi sur les mesures d’urgence lors du convoi de la liberté en 2022 par le gouvernement fédéral. Le Commissariat aux langues officielles avait conclu à des manquements linguistiques de la part de l’organe dirigé par le juge franco-ontarien, Paul Rouleau, comme le manque de traduction de documents et témoignages.
Ce dernier précise qu’il n’a pu faire de recommandation dans le cadre de son enquête, car la commission a cessé ses activités. Son enquête visait aussi le Bureau du conseil privé (BCP), dont relèvent les commissions d’enquête, « qui a un rôle à jouer, à faire respecter, durant leur existence, les règles du jeu en matière linguistique, entre autres ».
La commission d’enquête sur l’état d’urgence a enfreint la Loi sur les langues officielles, a conclu le Commissariat aux langues officielles. Crédit image : Commission sur l’état d’urgence
Il fait donc la recommandation à un comité parlementaire de se pencher sur la question et « de suggérer des moyens, législatifs ou autres, visant à améliorer le respect de leurs obligations linguistiques ».
La Commission sur l’ingérence étrangère était aussi dans le viseur du commissaire, avait rapporté Radio-Canada. Raymond Théberge avait conclu que celle-ci avait enfreint la Loi sur les langues officielles en omettant de traduire et de publier sur son site Internet tous les documents qu’elle produit simultanément en français et en anglais.
« Loin d’être un cas unique, la situation illustrée par cette Commission (d’état d’urgence) me préoccupe, car toute commission dont le mandat est national doit respecter des obligations linguistiques quand elle communique avec le public canadien », est-il écrit dans le rapport de M. Théberge.
Il demande donc au Bureau du conseil privé de rappeler aux présidents de commissions d’enquête leurs obligations linguistiques, « notamment celle de servir le public dans les deux langues officielles à toutes les étapes de vie d’une commission d’enquête ». Il recommande aussi au BCP, le ministère chargé de conseiller le premier ministre et de surveiller la fonction publique, de fournir à ces enquêtes publiques « les ressources requises pour que les commissions puissent fonctionner de façon optimale dans les deux langues officielles ».
Plaintes : de retour à la hausse
Le Commissariat aux langues officielles fait état de 1 163 plaintes pour 2024-2025, en hausse par rapport à 2022-2023 (847). Le principal objet des plaintes continue d’être le service offert au public avec 766 sur les 1 163 plaintes considérées recevables par le CLO, suivi par la langue de travail avec 255.
L’évolution du nombre de plaintes jugées recevables par le commissaire aux langues officielles lors des dernières années. Crédit image : rapport annuel du CLO
Rapport après rapport, le commissaire souligne le non-respect des obligations linguistiques des institutions fédérales et celui-ci ne fait pas exception. Il demande à ce que le Conseil du Trésor soit plus sévère envers les institutions fédérales, soulignant qu’elles « ont besoin d’un réel encadrement de leurs responsabilités, ainsi qu’une marche à suivre claire ».
« Présentement, on donne beaucoup de marge de manœuvre aux institutions fédérales pour la mise en œuvre de la Loi », a-t-il dénoncé lors d’une conférence de presse mardi matin.
De nouveaux pouvoirs toujours en attente.
Dans son document annuel, Raymond Théberge rappelle à nouveau qu’il est toujours en attente de l’adoption de règlements en lien avec ses nouveaux pouvoirs obtenus lors de la modernisation de la Loi sur les langues officielles en 2023.
Il mentionne notamment celui de pouvoir distribuer des pénalités financières ou d’émettre des ordonnances aux mauvais joueurs en matière de langues officielles. Il indique avoir commencé à utiliser certains de ses nouveaux pouvoirs comme le fait de conclure des accords de conformité avec les instances fédérales ou l’utilisation d’un processus de médiation.
Raymond Théberge a aussi fait échos à de nombreux règlements touchant les communautés de langue officielle qui restent à être adoptés, rappelant « l’importance d’agir diligemment afin de respecter les objectifs de la Loi modernisée ».
« Nous avons dit clairement ce que nous voulions pour ce règlement et Raymond Théberge y fait écho dans son rapport, a réagi Liane Roy, la présidente de la Fédération des communautés francophones et acadienne (FCFA). Il faut que les institutions fédérales aient une marche à suivre claire pour se conformer à leurs obligations, pour consulter nos communautés et pour rendre des comptes sur ce qu’elles auront fait », ajoute-t-elle.
Il s’agit en principe du dernier rapport délivré par Raymond Théberge, dont le mandat doit prendre fin le mois prochain.
NIPISSING OUEST – Après 23 ans d’existence, le Conseil des arts de Nipissing Ouest (CANO) annonce fermer ses portes de manière permanente en raison de difficultés financières.
C’est avec une publication sur les réseaux sociaux cette fin de semaine que l’organisme franco-ontarien, fondé en 2002, a rendu public cette décision prise « avec résignation, mais avec beaucoup de lucidité ».
« La pandémie nous a fait vraiment mal. Nous avons perdu les 2/3 de nos effectifs pendant ces deux ans d’inactivités », explique l’ex-président et directeur général, Marc Lavigne, dans le communiqué disponible sur le site du CANO.
La fréquentation a elle aussi baissé : de 87 % d’assistance pour la saison artistique automne-hiver 2019-2020 (prépandémie), ce chiffre est tombé à 60 % pour la saison artistique suivante, soit celle de l’hiver-printemps 2023-2024, selon les détails du communiqué.
Après une tentative de relance en 2023 et des départs de membres, l’organisme de Sturgeon Falls a décidé de rajeunir son conseil d’administration, conformément aux priorités établies dans le plan stratégique pour 2025-2029, sans succès.
Le 14 août 2024, le CANO avait annoncé devoir faire une pause de ses activités avant d’annoncer, en février dernier, une suspension pour l’année 2025.
« Mesquineries » de la municipalité
Celui qui est aussi le directeur général de la Fondation franco-ontarienne a précisé avoir approché la municipalité de Nipissing Ouest pour relancer un partenariat juste avant la pandémie, mais n’a pas reçu de réponse favorable.
« Nous avons même été témoins de faussetés, de mesquineries mentionnées publiquement envers notre organisme par un membre du personnel de la municipalité, ce qui a eu pour effet de démotiver grandement notre équipe, nos bénévoles et, bien sûr, les membres de notre conseil d’administration, dont certains étaient en poste bénévolement depuis plusieurs années, afin d’offrir le service culturel dans la communauté de Nipissing Ouest », fait savoir M. Lavigne.
« Après avoir fermé son année financière et afin de se conformer à la loi sur les organismes non lucratifs, le CANO distribuera à différents organismes communautaires de Nipissing Ouest le solde résiduel de ses actifs sous forme de dons en argent, avant de fermer définitivement ses portes. Le CANO ne laisse aucune dette derrière lui, et tout est fait selon les règles de l’art », ajoute l’ex-directeur administratif et financier de la Place des Arts.
Le CANO a offert près de 200 représentations de spectacles professionnels pour plus de 55 000 personnes durant ses 23 années d’existence.
« Nous sommes fiers de tout ce que nous avons accompli au fil des années. Nous terminons cette belle aventure la tête haute », termine M. Lavigne.
FORT SMITH — Alléguant que le gouvernement viole les droits constitutionnels garantis aux minorités francophones, Des parents de Fort Smith aux Territoires du Nord-Ouest ont décidé de poursuivre le gouvernement territorial alléguant un refus d’accorder une éducation en français langue première.
Cette ville collée à la frontière de l’Alberta et des Territoires du Nord-Ouest qui compte près de 2 500 habitants ne possède pas de programme d’éducation entièrement en français à l’heure actuelle, le plus proche étant à Hay River, à trois heures de route.
Des parents francophones ont réclamé, via des lettres et des communications directes, en 2024 et à nouveau en 2025 la création d’un tel programme, mais la demande a été refusée par la ministre de l’Éducation, Caitlin Cleveland.
Insatisfaits d’une telle décision, les parents ont déposé, devant la Cour suprême des Territoires du Nord-Ouest à la fin du mois de mai, une poursuite et une motion d’injonction pour forcer l’ouverture d’un programme dès la rentrée d’automne 2025.
« On va en cour pour faire établir nos droits pour que nos enfants aient accès à de l’éducation en français de langue première », résume l’une des deux porte-paroles, Geneviève Côté aux côtés de Renée Rodgers.
En entrevue, les deux mères s’inquiètent déjà de l’assimilation vers l’anglais pour leurs deux enfants en maternelle.
« Nos deux enfants sont dans la même classe. On voit que quand ils jouent ensemble, ils jouent ensemble en anglais. Alors, on voit qu’ils sont en train de se parler de plus en plus en anglais », s’inquiète Mme Rodgers, au côté de Geneviève Côté.
À l’heure actuelle, le seul choix qui s’offre pour les parents souhaitant faire éduquer leurs enfants en français dans cette ville est un programme d’immersion en français, qui lui est seulement disponible entre la 1re et la 4e année. Le groupe de parents, devant la cour, évoque l’article 23, qui garantit les droits à l’instruction dans la langue de la minorité. Ils soulignent aussi que plusieurs familles ont quitté la région dans les dernières années en raison de l’absence d’éducation dans la langue de Molière.
« On veut que nos enfants puissent continuer de vivre, communiquer en français et vivre leur identité, abonde Renée Rodgers. On veut qu’ils sentent que c’est normal de parler en français (…) C’est important pour nous, ce n’est pas juste le langage, c’est notre identité », soutient-elle.
Pas assez d’enfants francophones, selon le gouvernement
Pour ce faire, les parents s’appuient notamment sur des cas précédents aux Territoires du Nord-Ouest. À Yellowknife et Hay River, des écoles francophones ont été ouvertes dans les vingt dernières années avec parfois un nombre d’élèves se comptant sur les doigts des mains, mais qui a rapidement augmenté suivant l’ouverture.
De plus, à l’heure actuelle, même si elle le voulait, la Commission scolaire francophone des Territoires du Nord-Ouest (CSFTNO) ne peut aller de l’avant avec un projet d’école, car elle a seulement compétence sur deux territoires : Yellowknife et Hay River. Cela veut donc dire que la décision revient à la ministre de l’Éducation.
Des lettres adressées aux parents par cette dernière ont été déposées au tribunal. Caitlin Cleveland soutient, dans une des missives, qu’elle n’a pas d’obligation constitutionnelle de créer un tel programme à Fort Smith, évoquant notamment un trop faible potentiel d’élèves francophones, soit une trentaine, ce qui « est inférieur au seuil requis par l’article 23 ».
« À l’heure actuelle, rien n’indique que le nombre d’enfants de parents ayants droit à Fort Smith augmentera de manière à créer une obligation en vertu de l’article 23 », tranche Caitlin Cleveland.
Pas la première fois
Ce n’est pas la première fois que des parents francophones sont poussés à se battre contre le gouvernement ténois pour l’éducation en français. En 2023, la Cour suprême du Canada avait donné raison à un groupe de parents qui contestait le refus du gouvernement territorial d’accorder le droit à l’éducation en français à six enfants, car celui-ci estimait que leurs parents n’étaient pas des ayants droit au sens de la Charte.
« La Cour suprême a dit qu’il ne faut pas faire des interdictions totales pour nuire à la minorité et favoriser systématiquement les écoles de la majorité et les intérêts de la majorité linguistique. Et c’est ce qui est en train de se passer encore à Fort Smith », dresse comme parallèle, l’avocat des parents de Fort Smith, Francis Poulin.
En 2020, en Colombie-Britannique, après une bataille de plus d’une décennie, des parents francophones avaient obtenu gain de cause en Cour suprême du Canada contre le gouvernement provincial. Le plus haut tribunal canadien avait donné raison aux parents qui reprochaient au gouvernement un sous-financement chronique des écoles de langue française, se traduisant par des infrastructures et un transport scolaire insuffisants.
L’avocat représentant les parents de Fort Smith, Francis Poulin. Crédit image : Linkedin
Ces deux causes ne sont pas prises en considération par le gouvernement territorial dans le dossier de Fort Smith, juge l’avocat.
« La nouvelle analyse nous donne le droit d’avoir un peu la même chose qu’à Hay River, à Yellowknife et ailleurs au Canada, parce qu’il y a suffisamment d’enfants qui pourraient s’en servir à long terme », argumente-t-il.
« Dans les Territoires du Nord-Ouest, on parle certainement de très petits nombres, poursuit-il. Mais on est confiant que notre analyse était bien fondée parce qu’il existe des très petites écoles pour la majorité linguistique et le gouvernement n’a pas l’intention de fermer ces écoles-là, mais pour la minorité linguistique, il juge que les nombres sont toujours insuffisants. »
Le gouvernement ténois a jusqu’à la fin juin pour répondre en cour.
Lionel Lehouillier est bien connu dans le monde du théâtre franco-ontarien, particulièrement dans la région d’Ottawa-Gatineau. Cet artiste trans-masculin non-binaire est l’une des premières personnes de la diversité de genre à avoir été visible sur les planches de la région. Les droits des personnes marginalisées, l’évolution de la langue française et l’engagement communautaire sont ses principaux chevaux de bataille.
« Vous avez grandi à Laval, au Québec. Qu’est-ce qui vous a amené à Ottawa?
C’était un ancien copain. Lui ne parlait pas un mot de français, et moi j’étais bilingue. J’ai fait un baccalauréat en théâtre à l’Université d’Ottawa, puis une maîtrise en théorie théâtrale et dramaturgie. Je me suis penché sur le théâtre d’objets et la marionnette.
J’ai eu mes premiers rôles avec le théâtre Dérives urbaines (Gatineau). Ensuite, on a fait une grosse tournée avec un spectacle jeunesse qui s’appelait Les z’aventures de Zozote. On était étudiants et on avait gagné des prix à Contact ontarois. Ça a vraiment propulsé nos carrières.
Qu’est-ce que vous aimez dans la marionnette et le théâtre d’objets?
Il y a quelque chose d’extrêmement humble à faire de la marionnette. Il faut que tu t’effaces devant l’objet. Le théâtre d’objets est l’inverse : pour que l’objet vive, l’acteur doit surjouer, mais on est encore au service de l’objet.
Je suis aussi quelqu’un de très communautaire, et je trouve que la marionnette rejoint ces valeurs. On est tellement loin du vedettariat!
Quand j’étais au CÉGEP, j’ai vu Ubu sourd la table du Théâtre de la pire espèce, une compagnie montréalaise de théâtre d’objets. Leur pièce Ubu sur la table a été traduite dans plusieurs langues. Je l’avais vue adaptée en langue des signes. J’avais trouvé ça extrêmement beau.
La roue tourne, puisque vous préparez maintenant Les enfants valises. Que pouvez-vous nous dire à ce propos?
C’est un spectacle jeunesse sur le divorce, l’homoparentalité et la culture sourde. Ce devait être du théâtre d’objets, mais j’ai réalisé que ce n’était pas approprié pour des acteurs sourds, car ils communiquent avec les mains.
Je suis allé prendre des cours de LSQ (langue des signes québécoise). J’ai rencontré des gens qui ne sont pas acteurs, mais qui auraient aimé l’être si les structures étaient adaptées à leurs besoins. Donc, j’ai adapté ma structure.
Vous travaillez également sur un projet de théâtre documentaire, 1-90 Perreault Est. C’est inspiré de votre grand-père, un criminel de Rouyn-Noranda assassiné en 1975. De quelle façon ce projet a-t-il changé votre perception de la criminalité?
Les gens que j’ai interviewés m’ont raconté que la police arrivait toujours ‘en retard’, sachant qu’un crime allait se passer. Et comme personne ne se dénonçait, ils concluaient qu’il n’y avait pas de témoins. C’est pour ça que mon grand-père est mort, et que le meurtrier et sa complice ont été déclarés non coupables pour cause de légitime défense.
Dans Cage à requins, de Catherine Levasseur-Terrien. Photo : Catherine Archambault
Je me suis posé la question : pourquoi le crime est-il toujours individuel? Il y a une fonderie en plein milieu de la ville qui est en train de tuer la population à petit feu, au nom du profit. Comme c’est une structure organisée, c’est la faute de tout le monde et de personne. Il n’y a pas de conséquences, car le code criminel est écrit de manière à individualiser le crime.
Quel est votre projet le plus marquant?
Il y a bien sûr Laitue matinal.e, un projet complètement par et pour. Il y avait peut-être une ou deux personnes qui n’étaient pas trans, mais toute l’équipe de création était queer. C’était un défi de trouver ces personnes, mais qui a tellement valu la peine. Je n’avais jamais compris ce qu’était un safe space jusqu’à ce que je fasse ce projet.
Aussi, on avait la force du nombre. Quand il y avait des choses qu’on voulait, ce n’était pas juste l’opinion de Lionel, LA personne trans du spectacle.
Avec Simone Provencher (à gauche) et Xénia Gould (au centre) dans Laitue matinal.e. Photo : Marianne Duval
Qu’avez-vous fait changer, par exemple?
On voulait dégenrer les toilettes pour la semaine de représentations à La Nouvelle Scène Gilles Desjardins. Habituellement, on me répond que ça risque de mettre les gens mal à l’aise. J’ai pu dire : ‘Vous avez raison. Nous sommes extrêmement inconfortables de jouer dans un théâtre où les toilettes sont genrées alors qu’on fait un spectacle sur l’identité trans.’
Ils ont simplement changé les écriteaux. Ce n’était pas très compliqué. Et depuis ce jour, les toilettes ne sont pas genrées à La Nouvelle Scène.
Vous étiez déjà artiste professionnel quand vous avez fait votre coming out trans en public. Comment ça s’est passé?
C’était pendant un micro ouvert aux Feuilles vives (un événement de Théâtre Action qui propose des œuvres en chantier). J’avais décidé d’enlever le pansement d’un coup. Il y avait beaucoup d’artistes de l’Ontario français, donc je savais que l’information allait circuler par elle-même.
Ça a été un moment charnière. Tout à coup, je n’avais plus les mêmes rôles. Aussi, ça voulait dire qu’il pouvait y avoir plus de représentation trans sur les scènes, car on ne veut pas nécessairement donner des rôles de personnes trans à des personnes cisgenres (non-trans).
J’étais entouré de mes pairs. C’était un super beau moment, très touchant. J’ai reçu une immense vague d’amour.
Comment le théâtre vous a-t-il aidé à vous trouver dans votre identité?
Quand je vais au théâtre, j’essaie de me demander quelles sont les informations manquantes. Je peux dire que Laitue matinal.e était intrinsèquement blanc. Qu’est-ce que je dis sans le dire, quand je monte sur scène pour parler de la transidentité en français au Canada? Qu’il y a un grand manque de représentation non-blanche. Parfois, vivre de manière authentique est un privilège.
Avec Xénia Gould (à droite) dans Laitue matinal.e. Photo : Marianne Duval
Je trouve qu’il y a encore de gros problèmes quand ça vient au théâtre trans au Canada, surtout en français. Il y a énormément de projets qui sont portés par des personnes non-concernées. Ce sont leurs spectacles qui sont achetés et qui ont de la visibilité.
Ça fait en sorte que les représentations trans ne sont pas incarnées. Ça crée cette notion qu’une femme trans est un homme déguisé, puisque le comédien est simplement un homme habillé en femme.
J’ai déjà été voir un spectacle où ce qui se passait sur scène était à la limite de la transphobie. Je voyais une partie du public me regarder pour voir comment je réagissais. J’étais comme un filtre du spectacle, ce qui fait en sorte que j’ai quitté car j’étais très inconfortable.
Sentez-vous que vous devez absolument parler de transidentité dans vos spectacles?
Je pense que le fait que je sois sur une scène, c’est déjà de déstigmatiser. C’est certain que j’essaie d’avoir un angle revendicateur, sans nécessairement être trans. Dans 2042, avec le Théâtre français du Centre national des Arts, je faisais un parallèle avec le jeu d’échec. Si un pion se rend complètement de l’autre côté, il peut devenir ce qu’il veut. Mais combien de pions se sont fait manger avant qu’un seul se rende au bout?
J’avoue que parfois, j’ai juste envie de juste faire de la marionnette.
Mais je ne vois pas le fait d’avoir des rôles parce que je suis trans comme quelque chose de négatif. C’est ce qui fait que je me démarque et que je vis de manière authentique.
Dans Cage à requins, de Catherine Levasseur-Terrien. Photo : Sylvain Sabatié
J’ai l’impression qu’on a de la difficulté à accepter que plusieurs choses puissent être vraies en même temps, comme si critiquer voulait dire détester. Je dénonce un agissement, mais je ne pense pas que cette personne n’est qu’une action.
Dans Laitue matinal.e, il y avait des passages où vous parliez de façon non genrée pour tout, incluant les objets. Est-ce que c’était aussi complexe à comprendre pour vous que pour les spectateurs?
Une des beautés de l’art, c’est la liberté artistique. La langue française que je vais utiliser, c’est la mienne. Ce n’est pas grave si ça ne fonctionne pas grammaticalement. Cette idée de reprendre le droit d’exister dans sa langue, c’était très empouvoirant.
Y a-t-il un parallèle à faire avec l’insécurité linguistique vécue par les francophones en milieu minoritaire?
C’est une des raisons pour lesquelles je voulais travailler avec Xénia (Gould, qui jouait dans Laitue matinal.e). Parce que c’est une personne transféminine, une extraordinaire interprète, mais aussi une Acadienne.
Il y a une intersection. C’est une réappropriation de la langue en situation minoritaire.
À mes yeux, la francophonie canadienne est intrinsèquement queer. Parce que c’est vivre dans la marge, se lever le matin et décider que tu vas te battre pour exister.
Vous dites que vous avez dû apprendre l’anglais pour être capable de vous nommer…
J’ai commencé à me questionner sur mon identité de genre autour de 2015. Je suis allé sur les réseaux sociaux anglophones, parce qu’il n’y avait rien en français. C’est là où j’ai découvert le mot genderqueer. Quand j’ai su que la non-binarité existait je me suis dit : ‘Ok, je ne suis pas fou. Je suis juste francophone.’
Dans Amphibien, de Carla Gun, traduction d’Emma Haché. Photo : Julie D’Amour-Léger
C’est une réalisation violente. Quand les gens me disent qu’il faut protéger le français, ils sont en train de me dire que je suis une menace pour ma propre langue maternelle.
Qu’est-ce que l’anarchie linguistique?
C’est la désinstitutionalisation et déhiérarchisation de la langue. La langue appartient à tout le monde, pas seulement à une dizaine d’hommes autour d’une table quelque part en France.
Pourtant, la langue change tout le temps pour refléter la réalité. Je trouve ça très transphobe qu’on ne veuille pas inventer des mots pour désigner des humains. L’Office québécois de la langue française a popularisé le mot courriel. Ils ont même inventé divulgâcher avant d’accepter le pronom iel!
Vous donnez des ateliers sur le sujet. En quoi consistent-ils?
J’explique ce qu’est une langue, la linguistique, l’Académie française et son histoire.
On n’invente rien. On redécouvre. Par exemple, quand le mot autrice a refait son apparition, les gens étaient outrés. Pourtant, on dit spectatrice, traductrice, actrice.
L’Académie française a été fondée par des gens d’Église, comme le cardinal Richelieu, pour qui la femme était inférieure. Comment on insère ce message de façon globale? En le mettant dans la langue. On crée des règles comme : le masculin l’emporte sur le féminin.
Tous les termes qui étaient neutres en latin, on les a donnés au masculin.
Vous considérez-vous Franco-Ontarien?
Dernièrement, j’entends beaucoup de gens dire que je suis Franco-Ontarien. C’est une question complexe. J’ai grandi en français dans une province francophone. Je ne savais pas ce qu’est l’oppression linguistique avant de sortir du Québec.
On se fait dire qu’on est le dernier drapeau de la francophonie sur ce grand territoire et qu’on se doit d’être un pays parce qu’on est le dernier bataillon. Mais à la seconde où tu me dis qu’il y a des francophones à l’extérieur du Québec, ce discours-là n’est plus vrai.
Photo : Nancy Mcl
Je serai toujours Québécois, j’ai une appartenance au Québec. Là où il y a une contradiction, c’est qu’autant je ne pense pas que j’ai le droit de revendiquer cette identité-là… j’aime vraiment beaucoup quand les gens disent que je suis Franco-Ontarien! Parce que mes pairs me reconnaissent comme l’un des leurs.
C’est non-binaire là aussi…
Exactement. J’étais récemment au congrès du Conseil québécois LGBT et on m’a demandé quelle est mon identité de genre. J’ai répondu : je ne sais pas. En ce moment, j’utilise beaucoup le terme bigenre. J’ai comme deux identités : une binaire/homme, et une autre non binaire/autre.
Je suis assis entre deux chaises. C’est un peu ça aussi pour le Québec et l’Ontario. Je suis assis sur le pont. Mais je travaille surtout à Ottawa, je ne suis pas embauché à Gatineau. C’est aussi là que je me dis que l’Ontario français est queer. C’est une communauté qui m’a accueilli.
Dans votre rôle comme président de Trans Outaouais, sentez-vous que vous pouvez faire une différence*?
Je fais beaucoup de travail invisible. À cause de ça, j’ai souvent l’impression que je n’en fais pas assez. Il y a beaucoup de travail dans l’ombre : des tables de conversations, des congrès, des kiosques d’information, rédiger des lettres de plaintes, rencontrer des députés…
Par exemple, quand le rapport du comité de sages (à Québec) de 300 pages est sorti, on s’est mis plusieurs organismes ensemble et on s’est séparé la lecture pour pouvoir l’analyser rapidement. Comme ce sont des personnes cisgenres qui ont fait un état des lieux avec un point de vue cisgenre, sur une réalité qui n’est pas la leur et qu’ils ne comprennent pas, ils ont donné le même poids à toutes les opinions, dont des opinions transphobes. C’est très épeurant d’en voir les répercussions, surtout avec ce qui se passe aux États-Unis ou en Angleterre.
Vous jouez aussi dans Hippocampe, qui sera présenté aux Zones théâtrales en septembre. Que pouvez-vous nous dire de ce projet?
Marc-André Charron, le directeur artistique de Satellite Théâtre à Moncton, m’a parlé de son projet Hippocampe, à propos de la paternité. Il m’a expliqué que le titre faisait référence à une glande dans le cerveau qui est responsable de la mémoire, et aussi aux hippocampes, la seule espèce animale où c’est le mâle qui porte le bébé. C’est là que je lui ai appris qu’un homme trans qui porte son propre bébé, on appelle ça un hippocampe.
Le passage d’Hippocampe aux Zones théâtrales pourrait permettre à la pièce de se faire remarquer d’autres diffuseurs. Photo : Annie France Noël
Il a mis ça dans son spectacle et m’a invité à jouer dedans. J’ai un minuscule rôle, je suis un peu l’oracle qui apporte un nouveau point. Je me suis senti très privilégié qu’on me fasse venir jusqu’à Moncton pour un tout petit rôle.
Vous êtes Artiste associé TD au Théâtre de la Vieille 17. En quoi ça consiste?
Geneviève Pineault, directrice artistique de la Vieille 17, a fait un partenariat avec la Banque TD pour créer ce genre de poste qu’on ne voit plus beaucoup de nos jours. Je dois réfléchir à la pratique. Avoir une certaine rémunération fait que je n’ai pas à me stresser d’être ‘juste’ en train de me questionner sur la façon de faire du théâtre.
L’an prochain, je vais faire une activité de médiation culturelle qui va durer toute l’année. Je pense que ce sera en lien avec la violence conjugale… Il y a une surreprésentation des personnes trans et il n’y a pas de services. Les personnes se font refuser l’accès aux ressources pour femmes.
Vous êtes aussi directeur artistique du Théâtre Tremplin. Pourquoi c’est important d’avoir ce théâtre communautaire francophone à Ottawa?
Ça ramène le théâtre à sa forme pure, une forme d’expression accessible à tout le monde.
Le Tremplin a une mission pour la relève, ce qui ne veut pas nécessairement dire jeune. Par exemple, Marie-Thé Morin a fait sa première mise en scène avec nous. Il y a moins de pression parce qu’on est là pour avoir du plaisir.
Notre mandat est la dramaturgie franco-ontarienne. En ce moment, on fait beaucoup de création. Ça donne aussi la chance à des auteurs d’essayer des choses. »
*Quelques jours après la publication de cette Rencontre d’ONFR, Lionel Lehouillier a annoncé son départ de Trans Outaouais en dénonçant la situation des personnes trans au Québec. Il affirme qu’il recentrera son activisme dans sa pratique artistique.
LES DATES-CLÉS DE LIONEL LEHOUILLIER
2016 : Obtient sa maîtrise en Théorie théâtrale et dramaturgie de l’Université d’Ottawa.
2018 : Fait son coming out trans pendant les Feuilles vives.
2023 : Création de Laitue matinal.e avec le Théâtre Catapulte et le Théâtre du Trillium
2022 : Participe à la fresque identitaire Un. Deux. Trois. de Mani Soleymanlou, avec une quarantaine d’interprètes
2024 : Est nommé Ariste associé au Théâtre de la Vieille 17 pour un mandat de trois ans.
Chaque samedi, ONFR propose une chronique franco-ontarienne. Cette semaine, l’auteur torontois Soufiane Chakkouche narre ses défis d’immigration canadienne, un récit à suivre en plusieurs parties.
[CHRONIQUE]
La semaine dernière, plus de 2,15 milliards de musulmans à travers la planète, soit plus du quart de la population mondiale, célébraient l’Aïd el-Kebir, communément appelée en Occident la fête du mouton, une appellation à tort soit écrit en passant, puisqu’il s’agit là de faire sa fête au mouton et non de danser avec lui jusqu’aux heures folles de la nuit!
S’en était suivi une réflexion de votre serviteur faite en grande partie de souvenirs. La voici livrée dans son état brut, sans chichi, que du méchoui! Tout d’abord, avant de baigner dans le sang, je tiens à avertir mes chers lecteurs et lectrices que la présente chronique est réservée aux plus de 18 ans et que celles et ceux dont l’âme est sensible devraient s’abstenir de la lire. Vous voilà prévenu(e)s!
Alors que je comptais les moutons à Toronto pour vaincre, en vain, une insomnie à la tête dure, fruit d’un cœur nostalgique loin des miens en ce jour de la plus grande fête religieuse du Royaume, jour où les enfants sont érigés en princes et princesses, des souvenirs lointains remontèrent à la surface pour défiler sur ma paupière comme une pellicule cinématographique en noir et blanc.
La genèse
Cependant, à l’orée de ce plongeon dans le mystérieux et abyssal fond des réminiscences, un petit cours de théologie s’impose, histoire de lubrifier la culture G, remède contre l’ignorance et antidote de la bêtise et des préjugés des moutons de Panurge. Au cœur de la célébration de l’Aïd el-Kebir, il y a ce geste immuable, transmis de génération en génération : le sacrifice rituel du mouton. Toutefois, il pourrait s’agir également, bien que rarement, d’une vache ou même d’un chameau.
Ce sacrifice fait référence à une histoire commune aux trois religions monothéistes, puisqu’il est question d’un chapitre de vie d’Abraham (Ibrahim chez les musulmans). En effet, en se soumettant à la volonté d’Allah, de Dieu ou d’Elohim, le père fondateur du monothéisme était sur le point de sacrifier son fils unique. Mais ce fut sans compter avec l’ange Gabriel qui épargna in extremis l’enfant en lui substituant un mouton.
Cela explique pourquoi le sacrifice ne fait nullement partie des cinq piliers de l’islam, et donc ce n’est point une obligation, contrairement à ce qui est répondu. C’est avant tout une action et un élan de générosité envers les plus démunis, puisque l’animal doit être partagé en trois parts, dont une pour les proches et les voisins et une autre pour les personnes dans le besoin.
La brebis égarée
Mais revenons à nos moutons. Afin de ne pas heurter la sensibilité des âmes les plus endurcies, je vais vous épargner les détails de ce souvenir qui me hante encore et qui me hantera probablement jusqu’à la fin de mes jours, celui du mouton des voisins.
En brebis égarée, il avait senti le couteau sous sa gorge la veille du jour du sacrifice, choisissant de se jeter du toit plutôt que de mourir au nom de Dieu. Sauf qu’il avait atterri pile au centre de notre terrain de football (oups de soccer) à même le bitume sur lequel l’ovin avait éclaté comme une pastèque. Aux yeux du joueur de 10 printemps que j’étais, cela laisse forcément des séquelles -c’est peut-être à cause de cela que je suis un peu zinzin, préférant le steak presque cru au bien cuit, le polar à la romance!
Mission évasion
L’un des souvenirs qui a également élu résidence permanente dans mon cortex cérébral, mais d’une manière plus agréable -quoi que! est celui d’un mouton à la laine blanche, tellement blanche que mes sœurs, mes cousin(e)s et moi l’avons surnommé Soukkar (sucre). À ce propos, toujours au nom de la culture G, ce sont les Arabes qui ont introduit le sucre en Europe au Moyen Âge avec le mot Soukkar, ce qui donnera ensuite sucre en français, sugar en anglais, zucchero en italien, etc.
Revenons à nos… Grâces à la beauté de Soukkar, la bande des petits Chakkouches que nous étions eut pitié de lui. Nous décidâmes alors de lui rendre sa liberté la nuit précédant son exécution. Ce que nous fîmes avec succès avant de rejoindre nos lits respectifs, ni vus, ni connus.
Il faut dire que, curieusement, alors que Soukkar n’avait de cesse de bêler durant ses deux jours de captivité, pendant l’opération, il s’était montré d’un calme et d’un silence religieux. Peut-être qu’il était au courant de ce que nous faisions pour lui.
Or, nous n’avions pas prévu le vil gardien de la rue. Témoin de la scène, il n’attendit guère le lever du soleil pour venir nous dénoncer aux parents en tenant le pauvre Soukkar par les cornes, alléché par un bakchich pour bon service rendu à la religion. Chiche! Il reçut illico ses dirhams et nous notre raclée.
Ah! Qu’est-ce que ces moments me manquent aujourd’hui, raclée comprise! Mais ma solitude n’est rien face à celle des 20 000 enfants orphelins (source UNICEF) de la guerre qui errent aujourd’hui dans la bande de Gaza pour quémander un peu de pain nu, dépourvu de chair.
À bon entendeur, Salamoualikoum (que la paix soit sur vous).
Les opinions exprimées dans cet article n’engagent que leurs auteur(e)s et ne sauraient refléter la position d’ONFR et de TFO.
ETOBICOKE – L’annuelle Ford Fest, ou barbecue géant à ciel ouvert, du premier ministre ontarien Doug Ford était de retour ce vendredi pour la première fois depuis sa réélection en février dernier. Véritable institution déjà sous Ford père, ONFR s’est fondu dans la masse à la rencontre du public très hétéroclite d’un « rassemblement populiste unique », selon des experts et politologues francophones, « une autre façon de faire de la politique ».
Hamburgers, hotdogs, T-shirts, spectacles et manèges gratuits… Le parc Centennial d’Etobicoke avait des airs de fête foraine ce vendredi en fin d’après-midi, non loin du Stade Rob-Ford, du nom du frère du premier ministre.
Doug Ford est arrivé sur scène entouré d’une grande partie de son caucus, devant des milliers de partisans agitant des drapeaux à son effigie et venus prendre part à la Ford Fest, une tradition familiale de longue date au sein de son fief.
Tunnel sous la 401, vignettes automobiles gratuites, chèques de 200 dollars… dans un discours rythmé, il a martelé ses messages clés, sur fond de souveraineté canadienne : « Le Canada ne deviendra jamais le 51e État américain. »
Légende : « Capitaine Canada », un slogan phare sur tous les drapeaux. Photo : Rudy Chabannes/ONFR
Photo : Rudy Chabannes/ONFR
Photo : Rudy Chabannes/ONFR
Photo : Sandra Padovani/ONFR
D’un simple petit rassemblement communautaire, la Ford Fest est devenue une célébration attirant des milliers de sympathisants de tous horizons.
« C’était un barbecue qui a commencé avec Douglas Ford senior (le père de Doug Ford), alors qu’il était député provincial pour Etobicoke-Humber au sein du gouvernement de Mike Harris dans les années 1990. Il a ensuite été repris par Rob Ford lorsqu’il était conseiller municipal, puis maire de Toronto, et se poursuit aujourd’hui avec Doug Ford », narre Peter Turkington, directeur des communications du Parti progressiste-conservateur.
On y retrouve des participants aux profils variés qui vont « du pro MAGA (Slogan de Donald Trump Make America great again) jusqu’aux personnes les plus syndiquées », s’amuse Joël Etienne, avocat, militant conservateur et ancien candidat pour le Parti conservateur du Canada.
La famille Ford est issue du monde de l’entrepreneuriat et du commerce avec l’idée que l’électeur est un client qu’on veut satisfaire, analyse celui-ci : « C’est la formule politique à succès de la famille Ford, une façon unique d’être proche des gens. »
Un populisme « ni de gauche ni de droite »
« Ce genre d’événement serait plutôt de nature d’un populisme de gauche, contrairement à l’idée de rencontres élitistes dans des clubs privés », pense M. Etienne
Populisme, un terme chargé que Doug Ford redéfinirait à sa façon selon ce dernier : « Ni de gauche ni de droite. Sa vision n’est pas idéologique. »
Photo : Sandra Padovani/ONFR
Pour Gilles Vandal, professeur et politologue à l’Université de Sherbrooke, expert en politique américaine, dans tout populisme réside un paradoxe intrinsèque : « celui d’adresser son message pour le peuple, mais de vouloir se faire aimer des élites. »
« Il est très pragmatique et beaucoup moins idéologue, soulève-t-il. Pour des sujets sociétaux sensibles, il essaye de rester neutre, de répondre à ce que son électorat attend de lui sans brusquer les autres, contrairement à Donald Trump, avec qui il a su prendre ses distances quand il le fallait, à l’inverse de Pierre Poilièvre, qui n’a pas su ajuster son tir à temps. »
Doug Ford se distinguerait également en parlant aux immigrants, par un discours inclusif face aux minorités, qui représente une manne d’électeurs sur laquelle il peut compter.
« Ce brunch annuel reflète cette vision multiculturelle. Un aspect fédérateur et rassembleur qui lui assure une certaine adhésion populaire », observe l’universitaire.
« Dans le discours, le premier ministre ontarien promet des possibilités économiques de prospérer. Que ça soit vrai ou non sur le terrain c’est autre chose… Mais la communication est là », ajoute-t-il.
« Une façon différente de faire de la politique »
« Et c’est un barbecue, pas un séminaire ! C’est une façon différente de faire de la politique. Hors campagne électorale c’est un peu moins conventionnel. C’est une façon d’asseoir sa popularité en plus de lever des fonds »
Célébrer le bon vivre, autour des grillades et des bières pression, une façon pour M. Ford de s’ériger en personnage très sympathique, bon vivant, en somme, populaire pour parler au plus grand nombre.
La festivité ambiante n’a pas empêché à certains contestataires de rappeler un climat politique controversé, notamment autour du fameux projet de loi 5, adopté ce début juin.
Une banderole « Kill bill 5 », « Supprimez le projet de loi 5 » en français, flottait en arrière-plan, tandis qu’un protestataire a déboulé sur la scène devant Doug Ford avant de se faire expulser par la sécurité.
Une image d’autant plus contrastante au milieu d’une foule en faveur des politiques du Parti progressiste-conservateur de Doug Ford.
Comment écrire depuis une perspective queer? Avec sincérité, l’auteur queer Alex Tétreault se livre à Marine Sibileau sur sa pièce Nickel City Fifs (éditions Prise de parole), finaliste du Prix Trillium 2025. Ensemble, ils plongent avec lucidité dans cette œuvre qui démarginalise les queers avec un humour coup-de-poing. Cette pièce crue et irrésistible interpelle, questionne et jette un regard franc et jeune sur les réalités d’aujourd’hui. Tendez l’oreille et plongez-vous dans cet épisode fort sur l’identité!
Comment naît un roman inspiré d’une histoire vraie? Dans cet échange littéraire sans filtre, Claire Ménard-Roussy, finaliste du Prix Trillium 2025 avec son roman Un lourd prix à payer (éditions David), partage ses secrets, ses habitudes d’écriture et ses inspirations profondes. Marine Sibileau l’invite à dévoiler ses rituels, son environnement créatif et son processus de recherche. Un épisode à écouter sans modération si vous rêvez d’écrire à propos d’une histoire qui vous touche de près!
En invoquant une formule de financement « brisée » et une coupure du nombre d’étudiants internationaux, La Cité a justifié la présente conjoncture économique pour procéder à la fermeture de neuf programmes et plus d’une dizaine de mises à pied. Mais le collège francophone a-t-il trop mis ses œufs dans le même panier en triplant ses revenus grâce aux étudiants internationaux?
Des chiffres obtenus par ONFR démontrent qu’il s’agit de l’établissement postsecondaire francophone en Ontario qui a le plus attiré d’étudiants internationaux au cours des dernières années et qui souffre le plus du coup de barre amorcé par Ottawa en 2023.
Une simple analyse des chiffres démontre que La Cité a largement dépendu des étudiants internationaux pour multiplier par trois ses revenus de frais de scolarité. Les chiffres illustrent aussi que les demandes d’asile déposées par des étudiants étrangers de La Cité ont largement explosé au même moment où sa clientèle internationale suivait une trajectoire similaire.
De 2018 à octobre 2024, les données d’Immigration, Réfugiés et Citoyenneté Canada (IRCC) attestent que 6 910 permis d’études (excluant les prolongations) ont été approuvés pour des étudiants de La Cité, soit plus que pour les francophones à l’Université d’Ottawa ou encore près de quatre fois plus pour le seul autre collège francophone de la province, Boréal.
Établissement
Total permis d’études approuvés (2018 à octobre 2024)
Total demandes d’asile (2018 à octobre 2024)
La Cité
6910
650
Université d’Ottawa (francophones seulement)
6455
90
Collège Boréal
1720
185
Université Laurentienne (francophones seulement)
955
145
Université de Hearst
625
35
Université de l’Ontario français
240
15
Nous avions aussi demandé des données concernant les demandes d’asile déposées par des étudiants étrangers dans les institutions francophones de la province. Ce sont 650 étudiants étrangers qui sont passés par La Cité entre 2018 et 2024 qui ont fait de telles demandes, soit un peu moins de 10 % de la clientèle internationale sur la même période. Toutefois, ce chiffre a explosé entre 2023 et 2024 à La Cité, passant de 195 entre 2018 et 2022 à 455 dans les deux années suivantes.
Les chiffres sont basés sur des données d’Immigration, Réfugiés et Citoyenneté Canada, portant sur les demandes de permis d’études approuvés entre 2018 et 2024 et ventilés par établissement d’enseignement désigné en Ontario en fonction de la langue officielle, soit le français et l’anglais. Dans certains cas, la langue n’a pas été précisée. Les données pour l’Université Laurentienne et d’Ottawa prennent seulement en compte les francophones.
Au niveau des demandes d’asiles entre 2018 et 2024 déposées par de la clientèle étrangère, La Cité en compte à elle seule plus que l’ensemble des autres établissements postsecondaires francophones de la province réunis ensemble (650 contre 470).
À ce sujet, La Cité affirme que l’augmentation peut s’expliquer « par une combinaison de facteurs complexes, comme les conflits internationaux, l’instabilité politique et les enjeux socioéconomiques ». L’établissement confirme que l’IRCC l’a « informé que certains candidats admis ne s’inscrivaient pas effectivement au Collège, mais utilisaient leur permis d’études pour faire une demande d’asile » et précise avoir « agi rapidement » après des discussions avec le ministère fédéral.
« La Cité a été très proactive dans ce dossier, qui touche de nombreux établissements dans la province, en mettant en place de nouvelles mesures d’admission, incluant des outils d’intelligence artificielle, afin de détecter les fraudes potentielles liées aux diplômes ou aux fausses demandes d’admission », a indiqué dans une déclaration écrite, l’équipe des Communications et des relations publiques de La Cité.
Des revenus presque triplés en quelques années
Les états financiers des dernières années montrent que l’établissement a toujours su maintenir des surplus, principalement dû à une hausse de revenus en provenance de ses frais de scolarité. Or, les frais de scolarité pour les étudiants provenant de l’Ontario sont gelés par le gouvernement provincial depuis 2019, ce qui veut donc dire que la hausse est fortement attribuable à la clientèle étudiante internationale ou en provenance des autres provinces canadiennes.
En entrevue avec ONFR, la PDG de La Cité au début du mois de juin, Lynn Casimiro, en poste depuis avril 2024, a reconnu que le collège a « misé sur la clientèle internationale pour compenser » la baisse démographique au Canada. Le nombre de permis d’études internationaux approuvés est passé de 350 en 2018 à 2465 en 2023 à La Cité, soit une hausse de 605 %.
« C’était une stratégie connue et nécessaire pour former des diplômés dans des secteurs recherchés. Ces étudiants jouent un rôle important dans la vitalité de nos communautés francophones », affirmait la dirigeante, prévoyant une baisse de la clientèle étudiante pouvant aller jusqu’à 40 % à la rentrée d’automne 2025.
La Cité
Année
Nombre de permis d’études approuvés
Demandeurs d’asile ayant un permis d’étude
2018
350
35
2019
690
45
2020
380
35
2021
990
45
2022
1730
45
2023
2465
250
2024 (janvier à octobre)
305
205
En termes de revenus de droits de scolarité, l’institution est passée de 23,7 à 59,4 millions de dollars de 2020 à 2024, soit une hausse de 150 % en l’espace de quatre ans. Pour le professeur de gestion et de droit à l’Université d’Ottawa, Gilles Levasseur, « il ne faut pas se cacher » que La Cité a vu la clientèle internationale comme une source de profit.
« Quand c’est facile, pourquoi ne pas en profiter », questionne le professeur à la lumière des données que nous lui avons présentées.
« C’est ça qui est arrivé et le problème est qu’on avait carte blanche. Ça leur a permis de développer, réparer, payer des salaires, et plus. L’argent coulait et on en a profité », constate-t-il.
L’établissement de la région d’Ottawa se défend, certifiant qu’il « avait la capacité physique et humaine d’absorber cette hausse », et que celle-ci visait à « permettre à certaines professions plus nichées d’accueillir une main-d’œuvre qualifiée francophone », déclare La Cité dans sa réponse écrite.
Année
Revenus tirés des frais de scolarités (en millions)
Dépenses en frais d’opération (en millions)
2024
59,5 $
88, 43 $
2023
42,4 $
76,4 $
2022
34,3 $
70,3 $
2021
26,9 $
64,74 $
2020
23,7 $
65,1 $
Les frais d’opération ont aussi augmenté, mais de manière moins significative, soit 35 % sur la même période tandis que les subventions provinciales ont de leur côté peu bougé au cours des années, oscillant autour de 60 millions de dollars par année.
« La formule de financement des collèges, on sait qu’elle est brisée. Elle a besoin d’être revue (…) Celle-ci est désuète, elle n’a pas évolué depuis plus de 20 ans. C’est la même situation pour le financement provincial pour la francophonie, tandis que les salaires et le coût des équipements ont augmenté », argumentait en entrevue la PDG de l’établissement postsecondaire.
Des coupes inévitables
Les coupures de neuf programmes et la mise à pied d’une dizaine de membres du personnel, selon le syndicat, étaient inévitables selon le spécialiste en gestion de risque.
« La question, est-ce que c’était la meilleure façon d’y arriver dans un coup aussi rapide? Est-ce qu’on aurait aussi pu couper dans l’administratif, les salaires des dirigeants? Si on fait des coupures, il faut que tout le monde y passe. »
Le professeur de l’Université d’Ottawa Gilles Levasseur. Gracieuseté.
Mais ce dernier s’explique mal que l’établissement francophone n’ait pas prévu qu’une future baisse des étudiants internationaux viendrait influencer les revenus de l’organisation. Au début de 2024, Ottawa a annoncé l’imposition d’un plafond pour les étudiants étrangers, signalant ainsi une chute de près de 41 % des étudiants étrangers en Ontario.
« Tu sais que ceux qui sont arrivés en 2023 vont être là jusqu’en 2026. Mais qu’est-ce qui arrive en 2025 et 2026 quand tu n’as pas de nouveaux étudiants internationaux? On le savait que ça s’en venait si on avait le moindrement planifié cela », soutient M. Levasseur
« Ce n’est pas que c’était de la mauvaise gestion, mais une prévision qu’on aurait dû envisager sachant qu’on voyait déjà des difficultés dans d’autres systèmes collégiaux et universitaires », ajoute-t-il.
Ottawa a annoncé quelques mois plus tard qu’il exemptait près de 2000 étudiants étrangers francophones hors du Québec de son plafond annuel. Mais la baisse d’attractivité du Canada à l’international et le fait que ce programme tarde toujours à être mis en marche par le fédéral, selon nos informations, impactent aussi grandement l’arrivée d’étudiants internationaux francophones à travers le pays.
La Cité n’a pas voulu nous partager ses états financiers pour l’année 2024-2025, expliquant qu’ils seront rendus publics après le 15 juin. Il est donc impossible de mesurer la perte de revenus générés par la baisse d’étudiants internationaux ou encore les difficultés financières auxquelles sa rectrice a fait part. Mais l’établissement indique dans son plus récent rapport annuel avoir dégagé un surplus de 18 millions de dollars, « dans un contexte économique particulièrement exigeant » tout en « maintenant un nombre stable d’inscriptions internationales ».
TORONTO – Ce jeudi 12 juin, l’Appel Salon de la Bibliothèque publique de Toronto a accueilli la 8ᵉ édition du Gala RelèveON, une soirée placée sous le signe de l’excellence, de la jeunesse et de la francophonie ontarienne. Organisée par le Club canadien de Toronto, la cérémonie a récompensé sept personnalités inspirantes qui incarnent le dynamisme et la diversité de la relève francophone dans la province.
Prix Jeune Leader Étudiant
Yasmine Zemni – Étudiante en médecine, Université d’Ottawa
Yasmine Zemni (au centre avec le prix) était en concurrence avec deux autres étudiantes de l’université d’Ottawa Sandra Kemzang (à sa droite) et Zorha Konate (à sa gauche). Photo : Mickael Laviolle/ ONFR
Engagée dans de nombreuses instances communautaires et médicales, Yasmine Zemni incarne le leadership étudiant. Récipiendaire de la bourse Hetenyi, membre de l’Hôpital Montfort et de l’AMC, elle a déclaré : « Cette reconnaissance me motive à poursuivre mon engagement en francophonie et en médecine. C’est une source de motivation pour d’autres jeunes de prendre leur place. »
Elle a aussi exprimé : « Je suis émue, honorée. La jeunesse ottavienne a quelque chose à apporter. Ce prix, je le partage avec les autres finalistes qui le méritent tout autant. »
Prix Jeune Leader Inclusif
Georges S. Nana – Gestionnaire CACIA – Entrepreneur, CÉSOC
Georges S. Nana a reçu son Prix des mains de Marco Fiola, le recteur du campus Glendon. Photo : Mickael Laviolle
Entrepreneur social chevronné, Georges Nana a accompagné plus de 1000 entrepreneurs en Afrique et au Canada. Il a fondé CACIA et le SAFIED pour favoriser l’inclusion économique. Il a partagé son parcours de résilience : « Mon intégration a été difficile. C’est pour cela que je m’engage à soutenir les nouveaux arrivants dans la création d’opportunités. »
Pour lui, ce prix est un signal fort pour continuer à œuvrer à une communauté d’affaires inclusive et diversifiée.
« Nous sommes tous un peu jeunes, leaders et inclusifs. Ce prix, c’est une reconnaissance importante, surtout en venant d’Ottawa, de se faire reconnaître à Toronto. » a-t-il déclaré. Il a aussi évoqué le choc linguistique à son arrivée au Canada et la mission qu’il s’est donnée : « Être capable de soutenir les nouveaux arrivants dans la création de leur entreprise, pour moi c’est la réponse à mon premier défi. »
Prix Hommage Stéphane Teasdale
Jean Bouchard – Président de La Communauté du Trille Blanc
Jean Bouchard en compagnie de la fille de M. Teasdale dont le prix porte son nom en son hommage. Photo : Mickael Laviolle/ ONFR
Bâtisseur infatigable, Jean Bouchard a dédié sa vie à l’éducation francophone. Dans un discours ému, il a rendu hommage à son fils décédé, source de son engagement. « On veut bâtir un village francophone, a-t-il annoncé. Parce que les francophones ont le droit à un espace de vie. » Le projet, soutenu par un don de 10 millions de dollars, sera révélé bientôt.
Il a ajouté : « J’espère être à la hauteur de ce prix. J’ai dédié ma vie à l’éducation. Et aujourd’hui, c’est à cette génération de prendre la relève. Il faut les encourager, les conseiller. »
Prix Jeune Cadre
Reina Skaff – Directrice nationale des ventes, Johnson & Johnson
Reina Skaff lors de son discours a souligné la qualité des candidats pour ce prix et son a fait part de son étonnement d’avoir gagné. Photo : Mickael Laviolle/ ONFR
Pharmacienne de formation, Reina Skaff s’est illustrée par son leadership dans l’industrie pharmaceutique. À la tête du lancement d’un produit majeur chez Johnson & Johnson, elle conjugue performance professionnelle et engagement communautaire. Active dans l’initiative « Horizons Francophones », elle milite pour la reconnaissance et le développement des talents francophones. « C’est une fierté pour moi en tant que maman, en tant que jeune cadre, a-t-elle confié. Je tiens à montrer que c’est possible de trouver un équilibre entre carrière exigeante et vie familiale. »
Elle a ajouté : « Je suis vraiment super contente. Je ne m’attendais pas du tout à gagner. Les candidats étaient exceptionnels. C’est une fierté pour moi de représenter les jeunes cadres francophones. »
Prix Jeune Entrepreneur(e)
Charles Anifowose – VP Innovation, Vretta
Le Prix jeune entrepreneur a été remis à Charles Anifowose par la vice-rectrice au Collège Boréal, Carole Nkoa. Photo : Mickael Laviolle/ ONFR
Originaire de Thunder Bay, Charles Anifowose est cofondateur de Vretta, une entreprise pionnière en éducation numérique. Il a conçu des solutions innovantes pour l’enseignement des mathématiques, utilisées au Canada, en France, au Luxembourg et en Estonie. Dans un discours très personnel, il a salué le rôle de la francophonie comme réseau concret : « La francophonie, ce n’est pas juste une idée, c’est une réalité qui rassemble et qui crée des opportunités. »
Il a également souligné : « Ce réseau francophone est international. Il faut continuer à investir dedans. Ce gala et tous ceux qui l’organisent, ce sont eux qui prennent la relève pour bâtir ce rêve. »
Prix Jeune Professionnel(le)
Laurence Dutil-Ricard – Avocate et fondatrice, Junction Law Professional Corporation
Laurence Dutil-Ricard lors de son discours. Photo : Mickael Laviolle/ ONFR
Après un passage par l’UOF et TFO, Laurence Dutil-Ricard a fondé son propre cabinet bilingue spécialisé en droit immobilier. Elle souligne que ce prix récompense des années d’implication : « Que ce soit par mes emplois ou mon cabinet, je sers ma communauté. » Elle encourage les jeunes à s’impliquer : « Trouvez un organisme, sortez, rencontrez des gens. C’est ainsi qu’on bâtit notre communauté. »
Elle est revenue sur un moment marquant : « Être à l’UOF quand on se battait pour garder l’université en vie, c’était très formateur. » Et sur l’avenir : « On grandit vite. On verra ce qui se passe demain. Mais ce prix, c’est aussi un message pour dire à la jeunesse franco-ontarienne : impliquez-vous. »
Prix Coup de Coeur
Sandhya Mylabathula– Fondatrice et directrice de Melon D’Oh La La
Sandhya Mylabathula (à droite) a reçu son prix des mains de Eunice Boué la présidente des Prix RelèveON et de Pierre Ouellette de Desjardins. Photo : Mickael Laviolle/ ONFR
Anglophone passionnée de la langue française, Sandhya Mylabathula a créé son propre programme pour favoriser l’apprentissage du français. Enseignante, elle avait auparavant participé cinq fois au programme Explore en tant qu’étudiante jusqu’à devenir bilingue. Son parcours autodidacte et inspirant a ému le jury et la salle.
« Mon parcours en français n’était pas linéaire. J’ai dû sacrifier d’autres choses. Mais j’étais tellement passionnée que j’ai persévéré. Je suis là aujourd’hui, si j’ai pu le faire, mes élèves peuvent en faire autant »,a-t-elle confié.
Les Prix RelèveON, organisés par le Club canadien de Toronto, mettent en lumière chaque année des jeunes francophones dont les parcours contribuent à faire rayonner la francophonie en Ontario.
TORONTO – Quatre ans après l’ouverture de ses portes, l’Université de l’Ontario français (UOF), a célébré sa toute première cérémonie de remise de diplômes. Cette journée marque un tremplin dans la vie des 64 finissants, venus des quatre coins de la province et du monde. Pour l’UOF, elle représente une étape dans la consolidation de sa place parmi les autres institutions postsecondaires ontariennes francophones.
« C’est marqué dans l’histoire. C’est un privilège et un honneur, dit Diandra Roxanne, pour qui cette journée concrétise quatre ans d’études spécialisées en économie et innovation sociale.
Comme un peu plus de deux tiers de cette promotion, elle est venue de l’étranger, en particulier du Cameroun, pour faire ses études en Ontario. Pour elle, le français comme langue d’institution représentait une opportunité bien qu’elle soit parfaitement bilingue.
« Pour une personne qui veut garder une certaine connexion avec sa langue de base, c’était important pour moi de pouvoir communiquer en français même en dehors de l’université », explique l’heureuse diplômée.
Diandra Roxanne figure parmi les diplômés en économie et innovation sociale de l’UOF. Photo : ONFR/Laetitia Dogbe
Étant située au centre-ville de Toronto, elle demeure la seule université entièrement francophone dans la région Centre-Sud-Ouest de la province, ainsi le recrutement auprès d’élèves des écoles secondaires de l’Ontario ne cesse d’être un défi dans un contexte immobilier difficile.
Toutefois, la directrice principale des activités administratives du pôle d’études et enseignement Monique Ménard affirme que l’université cherche à s’aggrandir au service des communautés et de la francophonie.
« Ce sont des étudiants qui ont des parcours très diversifiés, et qui sont partout en Ontario. C’est difficile à mettre en mots la fierté que j’ai pour leur contribution à notre cheminement comme institution », explique l’ancienne directrice générale du Conseil scolaire catholique Franco-Nord.
Diandra Roxanne se prépare présentement à chercher un emploi dans le secteur du développement communautaire et avoue se sentir triste, mais fière de s’ériger parmi les finissants de cette promotion. « On se sent comme des ambassadeurs qui représentent le produit fini même de l’effort qui avait été mené », ajoute-t-elle.
Une cérémonie qui marque l’histoire
Des membres du gouvernement, le corps professoral, les diplômés, leurs familles et leurs amis étaient présents pour l’occasion. Pour beaucoup, le déplacement s’est fait depuis d’autres pays afin de célébrer.
Des messages vidéos des professeurs ainsi que de la part d’autres politiques comme le ministre des Collèges et Universités, de l’Excellence en recherche et de la Sécurité, Nolan Quinn, ont été diffusés sous le signe de la fierté et l’encouragement.
La lieutenante-gouverneure de l’Ontario Edith Dumont a également félicité la promotion 2025, ainsi que la ministre des Affaires francophones de l’Ontario Caroline Mulroney. Cette dernière est revenue sur l’inauguration de l’université quelques années plus tôt. « Vous êtes la toute première cohorte à recevoir un diplôme de l’Université de l’Ontario français », s’est réjouie la ministre.
« Cette institution est un phare pour la francophonie ontarienne », a-t-elle déclaré dans son discours aux diplômés.
Parmi les invités d’honneur, figuraient la lieutenante-gouverneure de l’Ontario, Édith Dumont, la ministre des Affaires francophones Caroline Mulroney et Carl Bouchard, commissaire aux services en français. Photo : ONFR/Laetitia Dogbe
Le chancelier, Paul Rouleau et le recteur et vice-chancelier, Normand Labrie, se sont joints afin de remettre les diplômes aux finissants des baccalauréats d’éducation, de cultures numériques, de pluralité humaine ainsi qu’aux baccalauréats d’environnements urbains et d’économie et innovation sociale.
L’impact de cette université pour la francophonie est resté un thème prépondérant lors de la cérémonie et selon le chancelier, le lien entre la promotion 2025 et l’université est uni à travers « Un lien indélébile », a-t-il évoqué.
Une façon d’enseigner de fond et de forme
Un consensus au sein des finissants souligne l’approche d’écoute et de proximité de la part des professeurs et de l’administration qui apparait pour eux aussi importante que la transmission des connaissances en elle-même. Wallis Allah-Kouame qui couronne ses quatre ans dans le programme en pluralité humaine, dit qu’elle a pu se déployer personnellement lors de ses études.
« Quand on commence le programme, on se rend compte à quel point ça nous ouvre les yeux sur la manière dont fonctionnent les sociétés », regrette-t-elle.
Wallis Allah-Kouame obtient son diplôme en pluralité humaine. Photo : ONFR/Laetitia Dogbe
En ayant succédé à Laurie Carlson-Berg, Monique Ménard a aussitôt contribué au nouveau programme en éducation de l’université, qui a été intégré quelques temps après le lancement de l’UOF, afin de pallier le manque d’enseignants de langue française en Ontario. Ce baccalauréat n’avait cessé de voir ses demandes d’admission gonfler et l’université en avait augmenté sa capacité d’accueil de 40 places pour sa première rentrée universitaire.
Emilienne est une étudiante dans le programme d’éducation qui recevra son diplôme l’année prochaine. Elle dit apprécier l’aspect numérique qui selon elle fait la force de ce programme.
« Les professeurs nous donnent les outils nécessaires du futur du monde de l’enseignement », confie-t-elle. L’étudiante trouve que ces technologies sont au cœur de la collaboration entre les élèves et les professeurs.
Monique Ménard dirige le pôle d’études et enseignement de l’UOF depuis 2024. Photo : Gracieuseté : Monique Ménard
« À l’UOF, l’aspect numérique fait partie de la signature pédagogique », confirme Monique Ménard.
Toutefois, elle soutient que l’aspect humain reste une priorité. « On maintient ce facteur humain parce qu’on veut que les futurs enseignants qui partent de l’UOF mettent en œuvre cette même pratique humaine avec d’autres élèves », rapporte-t-elle.
C’est au total 5 programmes de Baccalauréat qui ressortent diplômés de diplômes de l’UOF. Photo : ONFR/Laetitia Dogbe
Cap sur septembre 2025
L’Université accueillera à l’automne prochain sa deuxième cohorte et de nouveaux programmes vont être ouverts prochainement, tel que le lancement d’un programme accéléré B.A./B.Éd. en éducation.
À ce jour, Monique Ménard espère une entrée dans la vie active rapide pour les finissants dont elle tenait à reconnaître le travail. Wallis Allah-Kouame, martèle que cette journée signifie un accomplissement important pour elle et ses camarades de promotion. « C’est quand même un moment important parce que c’est l’accomplissement de notre travail de quatre ans », affirme-t-elle.
« J’encourage les personnes à postuler à l’UOF parce que c’est un moyen de faire revivre le français. C’est un moyen de défendre les intérêts des francophones et des Franco-Ontariens et des francophiles », conclut-elle.
Pour son 50e anniversaire, le Festival franco‑ontarien, ONFR a réuni artistes, leaders et figures de la francophonie ontarienne au Parc Major d’Ottawa, là où bat le cœur du FFO. Entre anecdotes savoureuses, souvenirs touchants et un quiz festif sur l’histoire du festival, tous et toutes partagent leur fierté d’y participer. En prime : un échange exclusif avec Patrick Groulx, tout nouvel ambassadeur du FFO.
: Avec son premier long-métrage, le réalisateur français Lawrence Valin signe un thriller intense au cœur de la communauté tamoule de Paris. Jeune officier de police, Michael infiltre une organisation séparatiste tamoule pour faire tomber un puissant financier. Mais plus il s’enfonce dans ce monde clandestin, plus ses convictions vacillent, jusqu’à s’identifier à ceux qu’il devait trahir.
OTTAWA – Le Festival Fringe d’Ottawa, qui aura lieu du 12 au 22 juin sous le thème The Show Must Grow On, se dote pour la toute première fois d’un volet réservé aux spectacles en français. Comme les places sont attribuées par loterie, le nombre de spectacles dans la langue de Molière était auparavant laissé au hasard. Cette année, sept places ont été réservées dans un bassin à part et ONFR a rencontré les artistes chanceux.
Le magicien de Montréal Jimmy Cao s’est donné le défi de réaliser 52 de ses rêves et objectifs avant d’atteindre la trentaine. Entre apprendre à résoudre un cube Rubik ou à faire du Bubble Tea au Japon, il avait aussi l’envie de monter son propre spectacle.
Inspiré et entouré d’autres magiciens comme le Franco-Ontarien Éric Leclerc et le champion canadien Marc Trudel, Jimmy Cao a donc imaginé ce spectacle solo dans lequel il raconte son histoire. Il se spécialise dans la micromagie, où les tours sont effectués très près du spectateur, avec des objets du quotidien. Le public sera donc grandement impliqué.
Présenter un spectacle solo était le dernier de 52 point sur la liste de rêves de Jimmy Cao. Photo : Gracieuseté du Fringe d’Ottawa
Bucket list s’adresse à un public adolescent et adulte. « J’ai aussi un message de profiter de la vie le plus tôt possible. Dans mon spectacle, je raconte l’événement personnel qui m’est arrivé et qui m’a poussé à faire cette bucket list. »
Sammy and « Le Grand Buffet »
Les jeunes spectateurs peuvent aussi trouver leur compte au Fringe d’Ottawa. La compagnie Piti théâtre est composé du couple Godeliève Richard (Suisse) et Jonathan Mirin (États-Unis.) Ce dernier joue le rôle de Sammy, un Américain qui est engagé dans un chic restaurant parisien alors qu’il apprend le français.
Ses mimiques clownesques et ses tentatives de bien parler la langue, truffée de « faux amis » (des mots qui se ressemblent dans les deux langues, mais ne veulent pas dire la même chose) sont les principaux ressorts comiques du spectacle.
La genèse du projet vient « d’une enseignante en Suisse qui demandait si l’on pouvait créer quelque chose de divertissant et qui aiderait à la compréhension de l’anglais pour les élèves », explique Jonathan Mirin, lui-même anglophone.
Sammy and Le Grand Buffet est le seul spectacle du volet francophone qui provient de l’international. Photo : Gracieuseté du Fringe d’Ottawa
Les représentations alterneront entre la version française et la version anglaise du spectacle. « La version française apprend un peu d’anglais et la version anglaise apprend un peu de français », explique Godeliève Richard, qui s’occupe de la mise en scène, des costumes et des accessoires. Elle précise toutefois que « c’est juste pour rigoler ».
Garçon béton
Gabriel Guertin-Pasquier a gagné le prix du Producteur émergent au Festival Fringe de Montréal en 2023 pour Garçon béton, qu’il vient cette fois présenter à Ottawa.
« C’est un hommage aux 49 victimes du Pulse Nightclub à Orlando, » où une fusillade homophobe a éclaté le 12 juin 2016, neuf ans jour pour jour avant la première du spectacle dans la capitale canadienne.
« Je me suis inspiré des derniers textos que l’une des victimes, Eddie Justice, avait écrit à sa mère quelques minutes avant de mourir dans les toilettes du club, explique Gabriel Guertin-Pasquier. Je trouvais que c’était passé un peu sous silence, quand c’est quelque chose de très dramatique. »
Garçon béton est un spectacle dramatique qui dénonce l’homophobie et la transphobie. Photo : Gracieuseté du Fringe d’Ottawa
L’artiste parle également au jeune Gabriel, puisqu’il a subi de l’intimidation verbale et physique. Le spectacle est personnel, mais d’actualité. « C’est un genre de constat de la communauté LGBTQ+ d’aujourd’hui, à travers mes yeux », explique-t-il.
Garçon béton est libérateur pour l’artiste, qui constate une montée de la haine homophobe et transphobe, non seulement aux États-Unis, mais aussi au Canada.
« Ça me permet de me débarrasser un peu de ces craintes-là, mais aussi de prendre le pouvoir que j’ai enfin, de ne pas me cacher, d’être sur une scène et d’affirmer pleinement la personne que je suis. »
Y a-t-il de l’espoir dans ce thème si sombre? « Un peu », sourit le principal intéressé devant la question. « Plus il y a de la représentation à la télévision et au théâtre, plus on parle de ces problèmes de la société, plus on peut avancer et retrouver le bonheur dans notre communauté. »
Sous le même toit?
Samuel Tétreault et Nicolas Lamoureux se sont lancés dans un projet de théâtre documentaire sur le système d’éducation au Québec. Ils ont rencontré des gens de 16 à 55 ans pour leur poser des questions larges comme « quel est l’objectif de l’éducation, selon vous? »
S’ils ont fait ensemble la recherche, les entrevues et la mise en scène, chacun présentera sa version du monologue, l’un à Ottawa et l’autre à Montréal, puisque les dates des deux festivals Fringe se chevauchent. Dans la capitale nationale, c’est Nicolas Lamoureux qui montera sur scène.
Le spectacle parle aussi d’individualisme et de socialisation. « On a interrogé Claude Lessard, un ancien président du Conseil supérieur de l’éducation du Québec. Il nous a donné des réponses ultra fascinantes et pertinentes sur le fait qu’instruction et socialisation sont deux choses interreliées dans le système scolaire », explique Samuel Tétreault au micro d’ONFR.
Même si les systèmes d’éducation sont différents d’une province à une autre, Nicolas Lamoureux (sur la photo) et Samuel Tétreault sont curieux d’entendre ce que les gens d’Ottawa auront à dire. Photo : Gracieuseté de Samuel Tétreault
C’est une première mouture de 25 minutes qui sera présentée au cours des deux prochaines semaines. Les représentations seront suivies d’une discussion avec le public, qui continuera d’alimenter la réflexion des deux hommes.
« On va présenter notre point de vue du Québec, plus précisément de Montréal. Avec ce qu’on va avoir présenté au public d’Ottawa, ce sera intéressant d’avoir leur point de vue, comment leur système d’éducation se définit. »
L’entièreté de la programmation du Festival Fringe d’Ottawa est en ligne, sur son site web également disponible entièrement en français.
OTTAWA – Après un virage bilingue complété pour son festival Undercurrents, le Fringe d’Ottawa fait la même chose avec son événement principal. Du 12 au 22 juin, un tout nouveau volet francophone présentera sept productions, parmi la sélection totale de 58 spectacles, réunis sous le thème The Show Must Grow On. ONFR a parlé à plusieurs créateurs pour donner un avant-goût de ces propositions en français.
La sélection des artistes pour cet événement se fait par un tirage au sort, et les francophones devaient auparavant espérer un alignement des astres pour se tailler une place. Désormais, le volet francophone permet de s’assurer d’avoir une certaine représentativité. Le sous-titrage permet aussi au public anglophone de profiter de spectacles dans la langue de Molière. Le site web et les communications du Fringe sont aussi complètement bilingues.
Voici un premier avant-goût, qui présente les productions spécifiquement franco-ontariennes.
∉ {0,1} Trop paresseuse pour faire un coming out donc j’ai créé une pièce de théâtre
L’artiste bilingue de Waterloo, Sophie Twardus, aborde le sujet de la non-binarité en toutes choses. Le genre, bien sûr, mais aussi la langue ou même la relation entre l’art et les mathématiques.
« C’est vraiment un spectacle sur l’identité. Comment on se définit, comment on veut être vu par le monde. Quelles parties de nous on partage et lesquelles on garde un peu plus cachées. Je pense que c’est quand même quelque chose d’universel de se trouver entre deux catégories. »
L’artiste maintenant établie dans la région d’Ottawa-Gatineau utilisera des exemples du quotidien pour faire valoir ses points, dont le principe de double citoyenneté ou même la définition… d’un sandwich. « Personne n’est d’accord, mais c’est beaucoup moins politisé. »
Six représentations sont prévues entre le 12 et le 22 juin pour ∉ {0,1} Trop paresseuse pour faire un coming out donc j’ai créé une pièce de théâtre. Photo : Gracieuseté de Sophie Twardus
Sophie Twardus avoue avoir hésité à s’inscrire au volet francophone, elle qui évolue beaucoup dans le milieu culturel anglophone. « C’est tellement facile, en étant quelqu’un de bilingue qui vit en Ontario, de juste utiliser mon anglais, admet-elle. Si je veux vraiment célébrer (ma francophonie), il faut que je fasse ce choix. »
« Je pense que j’étais un peu gênée de prendre une des places francophones, » explique celle qui sent une certaine responsabilité « d’être à la hauteur de la catégorie ».
Chez Suzette Boulette
Des employés d’un casse-croûte tentent de compléter la fermeture de la journée, mais la situation devient plutôt chaotique. « Il y a énormément de tensions. Ces personnages sont pris dans un endroit où la pression et la chaleur montent, et ça fait exploser les personnalités », raconte Anne Hamels, qui signe la mise en scène.
L’autrice Laurence Gallant explique qu’elle souhaitait créer un spectacle situationnel. « Ma vision, c’était juste d’écrire quelque chose qui pourrait se passer dans la vraie vie, qui n’a pas nécessairement de début, de milieu, de fin, d’élément déclencheur, de conclusion ou de morale. J’aime voir les relations humaines qui se créent. J’aime qu’il y ait des chicanes, que ce soit basé sur quelque chose ou sur rien, que ça se résolve ou pas. »
Celle qui est un peu agacée par les rôles féminins trop souvent stéréotypés voulait écrire des personnages entiers qui n’existent pas dans un but militant. « C’est quand même juste des personnes. »
Chez Suzette Boulette sera présentée au Studio A de La Nouvelle scène Gilles Desjardins. Photo : gracieuseté du Fringe d’Ottawa
La troupe est composée de sept diplômés du baccalauréat en pratique théâtrale en jeu de l’Université d’Ottawa, issus de différentes cohortes. Le spectacle a pu être créé grâce à une bourse de 15 000 $ de leur alma mater.
« On a décidé de faire ce premier projet-là pour se professionnaliser, s’offrir la chance de travailler en groupe et en profondeur. On est vraiment heureux d’être là et de pouvoir créer ensemble », explique Anne Hamels.
Je m’appelle Mitchel
Suite à un désistement, le Franco-Ontarien Brandon Fortin a su qu’il avait sa place au Fringe d’Ottawa à deux semaines d’avis. Une surprise qui coïncidait avec son embauche pour un nouvel emploi. « C’était vraiment épeurant, exprime l’artiste d’Ottawa. Il y avait tellement de choses qui se passaient en même temps. »
Devant le délai très court, il a appelé des amis et ressorti une nouvelle qu’il avait écrit quand il était plus jeune, pour l’adapter à la scène.
« C’était extrêmement psychologique, mystérieux, weird et absurde et je l’ai beaucoup aimée. Et là, j’avais le défi de l’écrire (en version théâtrale) ».
La première de Je m’appelle Mitchel aura lieu le 14 juin. Photo : Gracieuseté du Fringe d’Ottawa
Quand on lui demande de résumer sa pièce, il s’exclame : « Ça m’a pris plus longtemps pour écrire le résumé qu’écrire la pièce! »
Quand même, il peut divulguer la prémisse, qui est celle d’un homme qui a subi un traumatisme inconnu. Une mystérieuse voix l’aidera à retrouver ses souvenirs.
Brandon Fortin se réjouit de l’arrivée d’un volet francophone au Fringe d’Ottawa. Il apprécie particulièrement la sélection par tirage au sort, qui permet à des artistes de la relève d’avoir la même chance que des artistes établis. « Improtéine a la même chance que moi! C’est weird à penser. »
L’entièreté de la programmation du Festival Fringe d’Ottawa est en ligne, sur son site web également disponible entièrement en français.
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Comment passer inaperçu sous l’occupation nazie quand on fait du trafic de diamants et que l’on est issu d’une minorité visible? Marine Sibileau entraîne l’auteur Didier Leclair dans une discussion littéraire audacieuse sur son roman Le prince africain, le traducteur et le nazi (Éditions David), récipiendaire du prix littéraire Alain-Thomas et finaliste au Prix Trillium 2025. Ce roman suit un trio de malfaiteurs noirs recherchés par la Gestapo pendant la Seconde Guerre mondiale. À ne pas rater si vous vous questionnez sur l’envers de l’écriture historique sur fond d’espionnage!
OTTAWA – Le juge en chef de la Cour suprême, Richard Wagner, a indiqué que la Cour suprême traduirait « quelques décisions » sur près de 6 000 qu’elle a rendues avant 1970 et qui ne sont pas dans les deux langues officielles.
La modernisation de la Loi sur les langues officielles adoptée en 2023 oblige les tribunaux fédéraux à traduire l’ensemble de leurs décisions juridiques. De 1877 jusqu’à l’adoption de la Loi sur les langues officielles en 1970, la Cour suprême n’était pas tenue de traduire ses décisions en anglais et en français.
Depuis l’automne dernier, la plus haute cour au pays a retiré de son site web l’ensemble des décisions antérieures à 1970 qui n’étaient pas bilingues. Elle avait indiqué qu’elle traduirait et publierait certaines de ses 6 000 décisions, majoritairement unilingues anglophones, au courant de l’année 2025.
Richard Wagner a indiqué, ce mardi, qu’un comité indépendant de la cour « avec différents chapeaux » juridiques, composé notamment d’ex-juges de la Cour suprême et de professeurs universitaires, avait été mis en place pour étudier la question.
« Ils ont donc travaillé sur ce dossier pour vérifier quelles étaient les décisions les plus pertinentes et ils sont arrivés avec un rapport déposé la semaine dernière (…). Ils ont identifié quelques décisions qui pourraient être traduites dans le contexte du 150e anniversaire de la cour », a-t-il expliqué lors de sa conférence de presse annuelle, précisant ne pas avoir lu encore en entier le rapport.
Ce dernier a ajouté qu’il ne pouvait préciser combien de décisions exactement seraient traduites, mais que l’information serait connue dans les prochaines semaines.
La Cour suprême devant le tribunal
L’organisme Droits collectifs Québec (DCQ) a intenté une poursuite l’automne dernier contre le plus haut tribunal au pays. DCQ estime qu’il a enfreint la Loi sur les langues officielles, car certaines décisions rendues ne sont toujours pas bilingues. L’organisation base sa démarche sur une décision du commissaire aux langues officielles qui avait conclu, dans un rapport d’enquête, que le plus haut tribunal au pays se devait de traduire ses anciennes décisions. Selon DCQ, c’est la première fois que la Cour suprême fera face à la justice au Canada.
Selon le directeur général de DCQ, Etienne-Alexis Boucher, le juge Wagner n’a toujours pas compris l’enjeu et déplore qu’il « ne semble pas avoir cheminé sur ce dossier-là au cours des derniers mois ».
« Je ne vois pas comment on peut interpréter ces propos-là autrement qu’encore aujourd’hui, le juge en chef de la Cour suprême considère que le commissaire aux langues officielles est dans l’erreur et que le bureau de la registraire n’a pas à traduire les jugements rendus avant 1970 », reproche-t-il.
La Cour suprême du Canada. Crédit image : Archives ONFR
Le dossier qui est devant la Cour fédérale devrait commencer à cheminer au courant de l’automne prochain alors que les partis doivent déposer les documents nécessaires d’ici le mois d’août.
« Ça renforce nos convictions et notre volonté d’aller jusqu’au bout », assure M. Boucher.
Devant les journalistes, Richard Wagner n’a pas souhaité commenter la cause juridique actuellement devant les tribunaux, estimant qu’il serait « inapproprié pour moi de parler de ce dossier-là ». Ce dernier a rappelé que le rapport d’enquête du Commissariat aux langues officielles présentait la Cour suprême comme « une première de classe » au niveau de la traduction de jugements par rapport aux autres cours et instances fédérales.
« La Cour suprême ne ménage aucun effort pour maintenir cette réputation-là », a-t-il assuré.
L’année dernière, le juge en chef Wagner soutenait que la traduction des quelque 6 000 décisions nécessiterait un investissement de 10 à 20 millions de dollars, plus d’une centaine d’interprètes et près de dix ans de travail.
TORONTO – La rencontre entre le Canada et la Côte d’Ivoire, ce mardi soir au stade BMO de Toronto (20 h 30) verra pour la première fois de l’histoire les deux nations s’affronter au Canada. Pour Hermane Amankou Ligué, président de l’Association de la communauté ivoirienne de la région de Toronto (ACIRT), ce match va au-delà du sport.
« C’est une première pour l’équipe nationale de foot sur le sol canadien. Et pour nous, en tant qu’Ivoiriens ici, c’est une fierté de voir notre équipe. C’est un moment historique », déclare le président de l’ACIRT avec enthousiasme.
Le tournoi du Bouclier canadien avec deux matchs à Toronto représente une opportunité rare de réunir les Ivoiriens de Toronto, mais aussi plus largement de l’Ontario, du Québec, de l’Alberta, et même des États-Unis, pour célébrer leur identité et leur passion commune pour le soccer.
« C’est une occasion pour nous de rassembler toute la diaspora autour d’une même passion, mais aussi de partager notre énergie et surtout notre hospitalité qui fait la particularité des Ivoiriens avec toute la communauté du Canada », confie Hermane Amankou Ligué.
L’ACIRT, en collaboration avec la Fédération des associations ivoiriennes du Canada et l’organisme Akwaba Community, dirigé par Didier Kofi, a travaillé sans relâche pour mobiliser la communauté. Lors du premier match du tournoi face à la Nouvelle-Zélande, samedi dernier, plus de 400 personnes se sont déplacées, un chiffre significatif pour une première.
Une fête culturelle et économique
En marge du match, l’ACIRT a organisé des initiatives pour enrichir l’expérience. Quatre espaces de restauration ont été mobilisés, dont le Plato Royal, l’Instant du Palais, le Nganda et un espace géré par des femmes entrepreneures de la communauté.
Les supporters ivoiriens torontois qui ne peuvent pas se rendre au match ont quatre lieux de restauration à leur disposition pour suivre le match ensemble. Photo : gracieuseté de Hermane Amankou Ligué
« Pour nous, c’est une grande fête, parce qu’au-delà du fait que nous sommes d’origine ivoirienne, nous sommes aussi majoritairement Canadiens », explique M. Ligué.
Ces initiatives visent à impliquer les entrepreneurs ivoiriens, à promouvoir la culture et à offrir un accueil chaleureux aux visiteurs.
« Toutes les dispositions ont été prises pour assurer un bon séjour à ceux qui viennent d’ailleurs », assure-t-il.
Un lien fort avec la Fédération ivoirienne de Football
Le tournoi du Bouclier canadien est aussi une occasion unique de créer le lien entre le pays et ses expatriés. La communication avec la Fédération ivoirienne de football (FIF) et l’ambassade de la Côte d’Ivoire au Canada se passe bien.
« Quand on parle de la Côte d’Ivoire, c’est une place où toutes les institutions sont mobilisées autour des Éléphants », affirme M. Ligué.
Déjà présent lors du premier match du tournoi, Hermane Amankou Ligué sera de nouveau au stade BMO ce mardi soir pour encourager les Éléphants de la Côte d’Ivoire. Photo : gracieuseté de Hermane Amankou Ligué
La fédération a même donné l’opportunité à la communauté de rencontrer les joueurs à l’hôtel, pour leur témoigner son soutien : « Ils étaient très heureux de savoir que nous sommes avec eux. »
À la veille du match, les supporters ont pu également assister à l’entraînement des Éléphants au stade BMO de Toronto, une chance unique de « communier une fois de plus avec l’équipe nationale ».
Un message d’inspiration pour la jeunesse
Pour Hermane Amankou Ligué, ce tournoi incarne bien plus qu’une compétition sportive.
« Au-delà du score, au-delà des résultats des matchs, c’est la célébration de la culture, du partage, de la solidarité », estime-t-il.
En tant qu’Ivoirien d’origine et Canadien de cœur, il voit dans cette rencontre un symbole puissant de la richesse de la diversité.
« Ces deux nations qui vont s’affronter aujourd’hui, ce sera beaucoup d’émotions. C’est la fête du sport, c’est la fête du respect mutuel et c’est la fête du vivre-ensemble », ajoute-t-il avec passion.
En guise de conclusion, le président de l’ACIRT adresse un message aux jeunes : « On espère que cette compétition pourra les inspirer et que leurs rêves n’aient aucune frontière. Il faut qu’ils soient fiers de ce qu’ils sont et qu’ils décident d’aller toujours au bout de leurs ambitions. »
Face à une économie sous haute tension, des relations internationales complexes à naviguer et une unité nationale mise à rude épreuve, les défis sont colossaux pour le premier ministre canadien Mark Carney. Quelles réponses son gouvernement apportera-t-il aux attentes cruciales de ceux qui l’ont choisi, mais aussi du Canada tout entier? On vous explique.
Fascinant ou dérangeant? Dans cet épisode de Coeur d’encre, l’auteur Aristote Kavungu revient sur son essai Céline au Congo (finaliste du Prix Trillium 2025) et décrypte avec Marine Sibileau les contradictions du célèbre écrivain Louis-Ferdinand Céline. Un échange vibrant qui questionne et oblige à affronter les contradictions du patrimoine littéraire francophone. À ne pas manquer si vous aimez les débats de littérature qui bousculent… et qui éveillent.
Alain Dobi est le coordonnateur du Réseau en immigration francophone du Centre-Sud-Ouest (RIFCSO), l’un des trois organismes qui coorganisent le Forum provincial sur l’immigration francophone en Ontario.
LE CONTEXTE
Du 10 au 11 juin, London accueille la 7ᵉ édition de ce rendez-vous biennal réunissant acteurs communautaires, fournisseurs de services, chercheurs, représentants gouvernementaux et nouveaux arrivants. Placé sous le thème Horizon 2030, le forum marque un moment stratégique pour réfléchir à l’avenir de l’immigration francophone dans un contexte de renouveau des politiques fédérales.
L’ENJEU
Au-delà des cibles de recrutement désormais atteintes, la question de la rétention devient centrale. L’intégration économique, la reconnaissance des compétences, la qualité des services en région et la collaboration intersectorielle figurent parmi les défis majeurs que les communautés francophones doivent relever pour assurer la vitalité durable de la francophonie en Ontario.
« Cette septième édition du Forum provincial met l’accent sur l’horizon 2030. Pourquoi ce thème et à quoi peut-on s’attendre cette année?
Cette année, nous avons voulu réfléchir à l’avenir de l’immigration francophone en Ontario en nous projetant vers 2030. Ce thème s’inscrit dans un contexte de renouvellement important : une nouvelle politique fédérale en immigration francophone, des ententes triennales signées récemment avec Immigration, Réfugiés et Citoyenneté Canada (IRCC), de nouveaux programmes et surtout l’arrivée de nouveaux joueurs sur le terrain, dans le Nord, l’Est ou le Centre-Sud-Ouest. L’objectif est d’anticiper l’impact de tous ces changements sur l’écosystème francophone.
Pendant le forum, il y aura une série d’ateliers structurés en trois grands blocs thématiques : le nouveau portrait de l’immigration, les impacts des politiques, et la question de l’accessibilité et de l’innovation. L’idée est de renforcer les capacités des acteurs sur le terrain pour les années à venir.
L’objectif fédéral de 6 % d’immigrants francophones a été dépassé en 2024. Est-ce que cela donne de l’espoir pour la suite?
Oui, c’est très encourageant. C’est la première fois que la cible des 4,4 %, et même des 6 %, est atteinte. Cela démontre que les efforts commencent à porter leurs fruits. Mais cette avancée amène aussi de nouvelles responsabilités. Avec les nouveaux programmes et les nouveaux partenaires sur le terrain, nous avons bon espoir de renforcer notre capacité à bien accueillir ces nouveaux arrivants. Mais l’enjeu, maintenant, ce n’est plus seulement de les faire venir – c’est de les garder, de les intégrer durablement, et qu’ils puissent contribuer pleinement à la vitalité de nos communautés.
C’est pour ça que le forum insiste aussi beaucoup sur l’enracinement. On ne veut pas seulement atteindre les cibles, mais faire en sorte que les personnes immigrantes puissent s’épanouir, participer activement et rester dans nos communautés. C’est la pérennité de la francophonie ontarienne qui est en jeu.
Comment améliorer concrètement la rétention des nouveaux arrivants francophones en Ontario?
C’est un enjeu crucial. Une récente étude du Conference Board du Canada indiquait que près de 35 % des immigrants francophones quittent le Canada après leur arrivée. C’est un chiffre qui nous a tous interpellés. On fait beaucoup d’efforts pour attirer les gens, pour promouvoir l’Ontario à l’international, mais il faut maintenant s’assurer qu’une fois ici, ils aient envie de rester.
Ce qui ressort de plus en plus dans nos consultations, c’est que le principal facteur de départ, ce n’est pas l’accueil ou l’ambiance dans la communauté, c’est l’intégration économique. Beaucoup de gens n’arrivent pas à trouver un emploi qui correspond à leurs compétences, à leurs qualifications. Et cela, malgré le fait qu’ils soient souvent très bien formés. Alors ils finissent par partir ailleurs.
On doit donc agir à plusieurs niveaux : reconnaissance des diplômes étrangers, accès au marché du travail, soutien à l’employabilité, développement économique local. Les projets des communautés francophones accueillantes, comme celles qu’on a maintenant en Ontario (nous en avons six), sont un levier important. On y développe des initiatives locales pour améliorer l’accueil, l’emploi, la vie sociale. Il faut absolument les renforcer.
Ressentez-vous un climat social tendu vis-à-vis de l’immigration francophone?
À ce jour, non. Nous n’avons pas observé de rejets ou d’incidents majeurs envers les immigrants francophones dans nos communautés. Il existe peut-être une perception globale négative sur l’immigration dans certains milieux, mais elle ne vise pas spécifiquement les francophones.
Ce que nous voyons, c’est plutôt un bon accueil, une ouverture dans la plupart des milieux où nous intervenons. Évidemment, ce climat peut être influencé par ce qui se passe ailleurs, notamment au sud de la frontière. Mais en Ontario, on ne peut pas dire que les immigrants francophones sont pointés du doigt. Le défi, ce n’est pas la langue. C’est davantage la reconnaissance des compétences et la diversité des profils qui doivent être mieux valorisées.
Pourquoi avoir choisi London comme ville hôte du forum cette année?
C’est une décision qui s’inscrit dans la rotation habituelle entre les trois RIF. En 2023, c’était au tour du RIF du Nord, donc on était à Sudbury. Cette année, c’est le Centre-Sud-Ouest qui accueille, et nous avons choisi London pour une bonne raison : c’est notre deuxième communauté francophone accueillante en Ontario. C’est une belle façon de mettre cette désignation en lumière et de permettre aux participants de découvrir les efforts de cette ville en matière d’accueil et d’intégration.
Quels sont les plus grands défis à venir pour votre réseau?
Il y en a plusieurs. D’abord, avec les nouvelles ententes IRCC, il y a eu des changements importants dans les règles de financement. Certaines dépenses liées à notre fonctionnement quotidien ne seront plus admissibles. Il va falloir qu’on se réinvente, qu’on trouve de nouvelles façons d’impliquer les communautés et les partenaires dans nos activités, tout en maintenant un haut niveau de qualité.
Ensuite, il y a les écarts entre milieux urbains et ruraux. À Toronto ou Hamilton, on trouve plus facilement des services. À Sarnia ou dans des localités rurales, c’est beaucoup plus difficile. On doit s’assurer que peu importe où l’on est en Ontario, les immigrants aient accès aux mêmes services de qualité.
Enfin, il y a la nécessité de travailler en collaboration. Aucun organisme ne peut répondre à tous les besoins d’un nouvel arrivant. Il faut renforcer les liens, développer des synergies, être plus souples et plus efficaces ensemble. Et surtout, il faut avancer sur la reconnaissance des diplômes et de l’expérience acquise à l’étranger. C’est un problème récurrent, on en parle depuis trop longtemps. Il faut maintenant passer à l’action. »
Depuis plus de 40 ans, Daniel Richer prête sa voix aux cérémonies, aux rassemblements, aux hommages officiels. Figurant parmi les rares crieurs bilingues et francophones au pays, il porte haut une parole ancrée dans le respect des traditions autochtones, la mémoire canadienne et l’art de rassembler. Rencontre avec un homme qui vit volontairement… cent ans en arrière.
« En tant que crieur autochtone et conteur, comment votre culture influence-t-elle votre manière de prendre la parole en public?
Les crieurs existaient déjà dans les Premières Nations. En langue lakota, on les appelle Eyanpaha. Il faut comprendre que bien des éléments que l’on associe aux traditions européennes existaient aussi chez d’autres peuples et cultures.
Partout dans le monde, quand on a voulu rassembler les gens, on a eu besoin de crieurs.
Chez les Grecs et les Romains, devenir crieur, c’était parfois une voie pour sortir de la pauvreté, de la plèbe. Si tu devenais la voix, les oreilles de l’empereur ou d’un maire, tu gagnais une reconnaissance. Mais il fallait savoir lire, écrire, avoir de l’éducation, se cultiver. Et ça, c’est un pouvoir, une richesse.
Comment transmettez-vous votre vision du respect et de l’harmonie dans votre travail?
Les crieurs sont souvent associés aux Britanniques, mais les Français les ont apportés en Angleterre. Même les crieurs britanniques ouvrent leur criée par « Oyez! », l’impératif du verbe « ouïr ». C’est très français, en fait.
J’utilise parfois le bâton de parole plutôt que la cloche, le tambour ou la crécelle. J’ai dû prouver qu’il était aussi efficace pour attirer l’attention. Chez les Premières Nations, c’est une question de protocole, de respect, pas de volume.
Un maire américain m’a donné zéro lors d’une compétition parce que mon bâton ne faisait pas de bruit. Mais le lendemain, devant 5000 personnes, j’ai obtenu un silence complet avec ce même bâton. Et depuis ce temps, on a fini par faire évoluer les règlements nord-américains pour reconnaître que ‘attirer l’attention’ ne veut pas forcément dire ‘faire du bruit’.
Cela dit, je monte quand même à 111 décibels quand je crie. Ma cloche, elle, atteint les 115 ou 120.
Daniel Richer exerce ce métier depuis 44 ans. Gracieuseté
Quel message voulez-vous transmettre en portant votre voix?
Il faut réapprendre à se parler. Trop souvent, on pense à ce qu’on va dire au lieu d’écouter. C’est vrai dans nos couples, nos familles, nos communautés. Et c’est la source de beaucoup de problèmes.
Moi, je ne suis pas parfait, mais je fais l’effort d’écouter, de parler. Aussi, je représente deux villes (Ottawa et Gatineau), deux provinces (Québec et Ontario). Je suis bilingue, je représente les francophones et les anglophones. On est un tout. Et aujourd’hui, on comprend mieux à quel point l’unité est essentielle.
Y a-t-il une part d’ombre dans votre métier?
Forcément. Entre autres, voyager en uniforme d’époque du XVIIIe siècle attire les regards, notamment en avion. Une fois, mon auto est tombée en panne en allant dans le nord de l’Ontario. J’ai fait du pouce en uniforme! Inoubliable, on ne pouvait pas me rater.
Certains trouvent qu’on attire trop l’attention. Mais j’ai découvert, au bout de plus de 40 ans de carrière, que la politesse extrême et la gentillesse désarment tout.
Pensez-vous qu’il y a une relève?
Chaque année, de nouveaux crieurs arrivent, même si ce ne sont pas toujours des jeunes : il faut avoir au moins 18 ans et avoir le droit de voter, pour devenir crieur. L’Ontario est le nucléus principal des crieurs en Amérique. Par exemple, à Gaadanokwii, près de Kingston, les championnats provinciaux des crieurs publics tenus récemment ont rassemblé 16 crieurs. J’étais le seul crieur francophone et bilingue. J’en suis fier. Je suis aussi le doyen des crieurs d’Amérique.
Je le dis souvent : quand vous êtes francophone ou autochtone, vous commencez à crier tellement jeune. J’ajouterai que les crieurs canadiens sont parmi les meilleurs au monde.
Vous ne songez pas à la retraite?
Non. J’ai des contrats jusqu’en 2027. L’an prochain, ce sera le bicentenaire de Bytown, mes 70 ans et mes 45 ans comme crieur. Je suis aussi maître de cérémonie. Être bilingue m’ouvre encore plus de portes.
Je dis aux jeunes : ‘Ne vous limitez pas. Gardez votre esprit et votre cœur ouverts’. Comme les comédiens, les crieurs doivent sans cesse évoluer.
Comment avez-vous découvert votre vocation?
Ça va faire 44 ans au mois de juillet. Je suis comédien de métier. J’ai enseigné l’histoire. Et j’ai toujours eu un goût pour le protocole.
En 1981, la Commission de la capitale nationale cherchait un crieur pour promouvoir l’Astrolabe. C’était une idée de Rhéal Leroux, l’un des grands artisans du Festival Franco, du Bal de neige et du canal Rideau pour les patineurs.
Ils ont auditionné des centaines de personnes, sans succès. Quelqu’un du Centre national des arts (CNA), avec qui j’avais fait de l’opéra, a suggéré mon nom. Au bout de beaucoup d’hésitation de mon côté, et de l’insistance de mon entourage, j’ai fini par accepter. Et depuis, je n’ai jamais arrêté.
Comment pouvez-vous décrire votre rôle aujourd’hui?
Je suis un tout-en-un : crieur public, maître de cérémonie, gardien de mémoire. Je capte l’attention, je maintiens le décorum, je donne un point de mire aux caméras. La commodité du crieur, bien sûr, c’est d’abord d’apporter la touche personnelle, humaine, dans un monde souvent impersonnel.
Je travaille toujours en uniforme d’époque. J’en ai une vingtaine, de la cour médiévale française à mes tenues autochtones. Et j’ai le titre de crieur le plus élégant au monde. Ma fiancée et moi avons même reçu le titre de couple le plus élégant. Alors, l’élégance nous maintient. C’est peut-être notre côté francophone : mieux vaut bien paraître que paraître bruyant.
Son instrument est sa voix de 110 décibels. Gracieuseté
Vous avez présenté des figures internationales. Y a-t-il un moment marquant qui vous reste en mémoire?
Il y a des moments intéressants. J’ai présenté Lech Wałęsa, lauréat du prix Nobel de la paix, quand il est venu à Ottawa pour la première pelletée de sable du Monument canadien pour les droits de la personne. Il m’a offert un emploi sur le champ. ‘Je pourrais me servir de toi quand je fais des discours pour avoir l’attention du public’, m’a-t-il dit.
J’ai présenté les Beach Boys aux États-Unis. J’ai fait des criées pour Supertramp. J’ai présenté tous les premiers ministres, depuis Pierre Elliott Trudeau jusqu’à Justin Trudeau. Un véritable honneur pour moi.
Pour revenir à votre bâton de parole, pouvez-vous nous raconter son histoire?
Mon premier bâton avait été fabriqué par un artiste d’Ottawa, mais il comportait surtout des symboles européens. Mon deuxième m’a été remis par un crieur de la Colombie-Britannique qui le tenait des Salish. Il me l’a offert à sa retraite, avec leur permission.
Malheureusement, il a été volé lors d’un tournage à Ottawa.
Finalement, un artiste métis m’en a fabriqué un autre, basé sur les sept enseignements sacrés, leurs symboles totémiques. Il se termine par une pagaie, pour toujours avancer. Il comprend différents bois qui nous représentent. Il y a même un bois de chevreuil sur lequel j’accroche un drapeau représentant toutes les provinces et premières nations du Canada. Ce bâton m’a accompagné partout dans les provinces et territoires du Canada, ainsi que dans divers pays : Australie, Nouvelle-Zélande, France, Belgique, Allemagne, États-Unis.
Comment votre éducation vous a-t-elle préparé à cette vocation?
Étonnamment, depuis mon enfance, je souffre d’asthme et de bronchite chronique. J’ai dû apprendre à bien respirer. D’ailleurs, j’invite les gens à continuer à apprendre à respirer, particulièrement en prenant de l’âge. Aussi, j’étais très renfermé. Le théâtre m’a sauvé. J’ai appris la projection vocale, à me démarquer. J’ai étudié l’histoire, je faisais du théâtre lyrique, du théâtre au collège. Mon intérêt pour l’histoire est toujours là.
On me dit souvent que je suis né cent ans trop tard. Moi, j’ai trouvé le moyen de vivre ces cent ans en arrière, à ma manière. »
LES DATES-CLÉS DE DANIEL RICHER
1956 : naissance à Gatineau
1981 : entrée en fonction en tant que crieur public
1995 : en Australie, prix du crieur le plus élégant du monde
2010 : maître de cérémonie aux Jeux olympiques d’Hiver de Vancouver
TORONTO – La Ville de Toronto a reçu plus de 67 millions de dollars de la province, ce vendredi. Une somme qui vient récompenser ses efforts dans la construction de logements et qu’a mise en exergue le premier ministre ontarien Doug Ford au côté de la mairesse Olivia Chow.
Au total, près de 21 000 nouveaux logements ont été bâtis en 2024, soit 88 % des objectifs annuels de la Ville Reine, un chiffre en recul par rapport l’année précédente (31 000). Le système de financement incitatif mis en place par la province depuis deux ans vise à favoriser les villes qui construisent le plus, en se déclenchant quand la barre des 80 % de leur cible est franchie.
Avec cette nouvelle enveloppe, Doug Ford escompte que Toronto poursuive sur sa trajectoire et érige encore davantage de maisons, de condominiums et d’immeubles, alors que la province connaît une pénurie de logements abordables qui maintient la pression sur les loyers et les prix à la vente.
« Nous travaillons en étroite collaboration avec la mairesse Chow, la Ville de Toronto et les municipalités de l’Ontario pour construire plus de logements, plus rapidement, afin que nous puissions perpétuer le rêve d’accession à la propriété dans notre province », a-t-il déclaré.
Une manne bienvenue pour la Ville, qui compose avec un important déficit depuis plusieurs années, l’ayant conduite à signer un pacte financier historique avec la province pour ses infrastructures prioritaires, et à fortement augmenter ses taxes en 2024.
« Ces fonds serviront à construire des infrastructures dont les gens dépendent au quotidien, comme des routes, des égouts et des parcs publics, a exposé Olivia Chow. Ils permettront de créer davantage de logements et contribueront à créer des quartiers plus agréables à vivre. »
« Le premier ministre et moi avons des opinions politiques différentes, mais on les a toujours mises de côté dans l’intérêt des Torontois (…) La vie devient trop chère pour les familles. On doit faire bouger Toronto », a ajouté la mairesse, appelant le gouvernement fédéral à faire sa part dans son soutien financier.
Elle a indiqué que 25 000 autres logements étaient en attente d’approbation avec des demandes de 70 promoteurs prêts à agir.
« Ceux qui construisent recevront l’argent, les autres non »
— Doug Ford, premier ministre
Le fond dans lequel sont puisés ces 67 millions de dollars est constitué d’1,2 milliard sur trois ans et doit permettre de répondre à l’objectif provincial de construire 1,5 million de logements d’ici 2032. Seule la moitié des villes y ont eu accès l’an passé. Cette année, plusieurs dizaines n’y ont pas encore eu droit, d’après Rob Flack, ministre des Affaires municipales et du Logement.
Doug Ford a déploré que des maires refusent de jouer le jeu : « Ceux qui construisent recevront l’argent, les autres non. »
Depuis le début de l’année, l’Ontario a enregistré 5 317 mises en chantier de logements locatifs, soit une augmentation de 23 % par rapport à la même période en 2024.
SUDBURY – La saison des feux de forêt 2025 s’annonce déjà comme l’une des plus intenses jamais enregistrées au Canada. En ce début juin, plus de 200 incendies sont actifs à travers le pays, dont la moitié sont jugés hors de contrôle. Les provinces de la Saskatchewan et du Manitoba ont déclaré l’état d’urgence, tandis que des milliers de personnes ont été évacuées, notamment dans le Nord-Ouest de l’Ontario.
Pourtant, au début de saison en avril, les données ontariennes étaient en dessous de celles enregistrées l’année dernière à la même période et inférieures à la moyenne des dix dernières années.
« Quand on est arrivé au mois de mai, on a commencé à voir de nouveaux feux se confirmer et prendre de l’envergure dans le Nord-ouest ontarien avec des évacuations importantes de population », rapporte Isabelle Chénard, agente d’information au ministère des Richesses naturelles et des Forêts de l’Ontario (MRNF).
La Première Nation de Wabaseemoong, située à environ 100 km au nord-ouest de Kenora, a été entièrement évacuée en mai dernier, soit plus de 800 personnes déplacées vers Niagara Falls et Winnipeg. Cette opération logistique, coordonnée par Xpera en collaboration avec les autorités ontariennes et manitobaines, vise à leur offrir un hébergement temporaire.
Au Manitoba, plus de 18 000 personnes ont été évacuées à cause de feux de forêt, soit la plus grande évacuation de l’histoire de la province selon une déclaration du premier ministre, Wab Kinew.
L’aéroport de Webequie (près de Nipigon 5), le 3 juin dernier tôt en soirée, affecté par la propagation de la fumée des feux de forêt dans les prairies canadiennes et des feux du Nord-Ouest ontarien. Photo : Mike Calvank
Bien que des évacuations aient déjà eu lieu par le passé notamment dans des villes comme Kapuskasing et Val-Rita, le recours à des hébergements aussi éloignés que Niagara Falls est exceptionnel et souligne l’ampleur des défis posés par la saison des feux de 2025.
« Toutes les personnes évacuées bénéficient d’un soutien complet et intégré, notamment en matière de soins de santé, d’éducation et d’autres services sociaux. Sept autres vols sont prévus pour aujourd’hui », précise Jill Dunlop, ministre de la Protection civile et de l’Intervention en cas d’urgence dans une déclaration transmise à ONFR.
Des vols sont en cours pour transporter des membres de la Première Nation de Webequie vers le comté de Simcoe et les évacués restants de la Première Nation de Deer Lake dans la région de Toronto.
Des équipes de feu de type 2 reçoivent leur breffage initial sur les lieux de Kenora 20 le 31 mai dernier. Source : Ministère des Richesses naturelles de l’Ontario
La province avait alors subi 480 feux de forêt, affectant près de 90 000 hectares, ce qui était inférieur à la moyenne décennale de 694 feux et 201 781 hectares brûlés.
Impossible de prévoir ce à quoi pourrait ressembler le bilan de cette saison, mais les statistiques enregistrées jusqu’à maintenant en Ontario semblent indiquer de possibles records à venir.
« Au début du mois de juin, les statistiques provinciales sont maintenant bien au-dessus de celles de 2024 au niveau du nombre de feux et d’hectares brûlés et quand on regarde la moyenne de la dernière décennie on en est à peu près au même nombre de feux, mais en ce qui a trait aux hectares brûlés ça a déjà plus que doublé », fait savoir Mme Chénard.
Isabelle Chénard est la seule agente de l’information bilingue du MRNF. Gracieuseté de Isabelle Chénard
Contrairement au Nord-Ouest de l’Ontario, qui fait face à une saison des feux de forêt particulièrement intense, le Nord-Est connaît un début de saison relativement calme.
En date du 5 juin, seul un incendie, dans la région de Wawa, y est actif selon les plus récentes données du ministère des Richesses naturelles et des Forêts de l’Ontario, tandis qu’il y en a 15 dans le nord-ouest.
Cette situation plus stable s’expliquerait, toujours selon le MRNF, en partie par des conditions météorologiques plus humides et fraîches dans la région, réduisant ainsi les risques d’ignition et de propagation des feux.
« Au niveau de prévision météorologique, on a vu de la foudre avec un front froid qui s’est propagé dans le nord-ouest ontarien et un peu dans la partie ouest du nord-est. On continue à faire des vols de détection pour voir s’il y a eu des feux qui ont été déclenchés causés par cette foudre-là. Comme on peut voir des feux commencer jusqu’à sept jours environ après ça, on va garder un œil là-dessus », termine la Franco-Sudburoise.
Si les résidents de l’Ontario voient des feux, de la fumée ou des flammes, ils peuvent le signaler en composant le 3 103 473, soit 310 Fire en anglais.
OTTAWA – Les Zones théâtrales ont dévoilé la programmation de leur 11e édition. Du 8 au 13 septembre 2025, la biennale présentera des spectacles de théâtre et des pièces en chantier provenant de toute la francophonie canadienne en milieu minoritaire et des régions du Québec (excluant Québec et Montréal).
« C’est un événement charnière pour le milieu théâtral franco-canadien », explique Gilles Poulin-Denis, le directeur artistique des Zones théâtrales, en entrevue avec ONFR. « On a des professionnels qui viennent (à Ottawa) de partout au pays pour la durée des Zones théâtrales, pour voir les spectacles, pour se voir, pour se parler, pour faire des affaires »
Il explique qu’il ne prépare pas la programmation avec une ligne directrice décidée d’avance. Sa priorité est plutôt d’offrir des propositions variées qui représenteront le théâtre de création francophone et permettront de rejoindre différents profils de spectateurs.
Malgré tout, certains thèmes sont récurrents cette année, comme ceux de la famille, des relations interpersonnelles et de l’écologie. Une autre particularité est le nombre de créatrices femmes mises de l’avant. « Il y a eu une époque où c’étaient surtout des hommes qui étaient à la base des spectacles. Je trouve que c’est bien d’avoir l’inverse », indique le directeur artistique.
Lionel Lehouillier (à gauche) et Marc-André Charron (à droite) dans Hippocampe, du Satellite Théâtre. Photo : Matthew Lewis
La programmation est déployée en différents volets. La Zone Spectacles offre une dizaine de propositions, dont une collaboration internationale. C’est la catégorie la plus accessible au grand public.
Gilles Poulin-Denis rappelle que la Zone Labo est aussi ouverte aux curieux, même si elle s’adresse plus directement aux gens de l’industrie. On y proposera sept œuvres en cours de création. Les diffuseurs peuvent ainsi avoir une première idée de ce qu’ils pourraient mettre à l’affiche dans leurs programmations futures. Les créateurs peuvent également jauger la réaction du public pour voir si leur travail va dans la bonne direction. « Ce sont des œuvres qui sont à différentes étapes de création, mais qui ne sont pas finalisées encore », précise Gilles Poulin-Denis.
Des propositions qui font bonne figure aux Zones théâtrales peuvent espérer de belles tournées par la suite. Ce fut le cas pour certains projets présentés lors de l’édition précédente : Cet été qui chantait (Marie-Ève Fontaine, Flammèche Théâtre), Crawlspace : une vraie de vraie histoire d’horreur immobilière (Théâtre français de Toronto) et Michel(le) (Joey Lespérance, Théâtre la Seizième).
En plus des Zones Spectacles et Labo, la Zone Pro propose des activités pour les professionnels, la Zone Pop offre des événements festifs et la Zone Web propose certains accès pour les professionnels qui ne peuvent pas être sur place.
D’intimes à grandioses, des propositions originales
Ceux qui veulent une expérience hors norme auront quelques choix durant les Zones théâtrales. Arbres, du Collectif Projet Arbres, présente un spectacle in situ dans une voiture. Cette installation d’André Perrier accueille un spectateur à la fois, assis dans la voiture-poème, pour une « courte œuvre (qui) souligne l’importance de la relation entre les arbres et la vie que les humains, passés et présents, continuent d’entretenir. »
Deux pièces in situ, c’est à dire dans un lieu réel, seront présentées aux Zones théâtrales 2025. C’est le cas de Arbres, qui se déroule dans une voiture. Photo : André Perrier
Un autre projet in situ, Sur Appel (Théâtre à Bout Portant de Saguenay) se déroule avec trois spectateurs à la fois, à l’arrière d’une ambulance en mouvement.
À l’opposé, asses.masses est une expérience de sept heures qui se base sur le monde des jeux vidéo, où les spectateurs deviennent les joueurs. « La forme du spectacle parle de la démocratisation des arts, en quelque sorte, explique Gilles Poulin-Denis. C’est vraiment le spectateur qui est responsable de la représentation. »
Dans asses.masses, le spectateur devient le joueur d’un jeu vidéo grandeur nature. Photo : Francisco Castro Pizzo
Le directeur artistique précise que l’expérience est flexible et que les gens peuvent entrer et sortir. « C’est quand même très captivant. Une fois qu’on embarque dans l’histoire (…) on veut se rendre jusqu’au bout. »
Cette proposition, un peu inhabituelle pour les Zones théâtrales, a déjà été produite à travers le monde, dans plusieurs langues.
C’est aussi aux Zones théâtrales qu’aboutira le projet Nuits claires, en collaboration avec le Théâtre français du Centre national des arts (CNA). Ce projet épistolaire a fait le tour du pays, se passant de mains en mains et de compagnie de théâtre à compagnie de théâtre.
Les Zones théâtrales collaborent également avec le Théâtre autochtone du CNA et les Productions Onishka pour Nigamon/Tunai, projet d’Émilie Monnet et de Waira Nina.
Le futur du théâtre franco-ontarien
Plusieurs productions des Zones théâtrales 2025 proviennent de l’Ontario. En plus des projets déjà mentionnés, on retrouve Le taureau, du Théâtre Catapulte d’Ottawa, dont certaines étapes de création ont été présentées au même événement par le passé, ainsi qu’aux vitrines jeunesse secondaire de Contact ontarois, en janvier dernier. Le texte est de Marc-André Charette, artiste en résidence de la Catapulte pour la saison 2023-2024.
Le Taureau sera cette fois présenté dans sa version entière, dans la Zone Spectacles. Photo : Catherine Archambault
En chantier, on pourra voir le premier texte d’Émilie Camiré-Pecek, produit par le Théâtre du Trilium. Culture de l’explosion conteste la bienséance de la société actuelle et s’intéresse aux tabous.
Le théâtre La Tangente de Toronto présente pour sa part Comme la pluie sur un toit de tôle. La pièce de Claude Guilmain raconte l’expérience de la guerre en se basant sur des témoignages de vétérans.
On verra aussi où en est Giant Mine, projet de Marie-Ève Fontaine, qui a récemment été nommée à la tête du Théâtre Cercle Molière de Winnipeg. Ce théâtre documentaire, élaboré entre autres pendant sa résidence au Théâtre français du CNA, est une collaboration avec le Théâtre du Nouvel-Ontario de Sudbury.
Katia Café-Fébrissy (Toronto) présente Héritages, une pièce dérivée de son court-métrage documentaire, À la racine, sorti en 2017.
Katia Café-Fébrissy explore le lien entre la réalisatrice et son personnage dans Héritages. Photo : gracieuseté du CNA
Les Ensevelies de Caroline Bélisle est une coproduction du Théâtre l’Escaouette (Moncton) et du Théâtre Catapulte (Ottawa).
De plus, Hippocampe, produit par Satellite Théâtre (Moncton) met entre autres en vedette le Franco-Ontarien Lionel Lehouillier.
Depuis 2019, les Zones théâtrales ont aussi des invités internationaux, avec le réseau de collaboration « transfrontalier », qui inclut des artistes et des membres de l’industrie. Ces visites peuvent mener à des collaborations futures pour les créateurs canadiens. « Il y a plusieurs projets qui sont nés de ces rencontres-là depuis », raconte Gilles Poulin-Denis. Il donne l’exemple d’un spectacle présenté en primeur lors de cette édition, Les Sentinelles, une coproduction du Théâtre français de Toronto, de L’UniThéâtre d’Edmonton et du théâtre OTEP, de la Guyane française.
La genèse du projet remonte d’un événement de la Zone Pro 2023. « C’est toujours très valorisant de voir que c’était un pitch de sept minutes, et que ça donne un spectacle qui se retrouve dans la programmation après », se réjouit Gilles Poulin-Denis.
La pièce Les Sentinelles est née d’une rencontre professionnelle aux Zones théâtrales 2023. Photo : Léa Magnien
Toute la programmation peut être consultée dans la section Zones théâtrales du site du CNA.
Contrairement à ce qui avait été négocié verbalement par Doug Ford, les tarifs douaniers sur l’acier et l’aluminium passent de 25 à 50 %, par décret de la Maison blanche. Des mesures retentissantes que Carney qualifie d’« illégales et injustifiées ». Celui-ci veut poursuivre les négociations avant de se prononcer sur une quelconque riposte, tandis que Doug Ford appelle lui à une réponse et « n’écarte rien de la table ».
Le décret présidentiel américain est entré en vigueur ce mercredi, Trump affirmant que ce nouveau taux de 50 % de droits de douane permettrait de protéger le marché américain des pays étrangers « de l’acier et de l’aluminium bon marché et en surplus ».
La veille, Doug Ford qui avait rencontré à Queen’s Park Pete Hoekstra, l’ambassadeur américain au Canada, se disait confiant de la volonté commune de faire redescendre la température et de trouver un équilibre juste.
« Les tarifs douaniers imposés par le président Trump sur l’acier et l’aluminium canadiens représentent une taxe de 15 milliards de dollars pour les Américains et coûteront des dizaines de milliers d’emplois aux États-Unis », a publié le premier ministre ontarien sur son compte X.
« J’ai une meilleure idée : supprimer les tarifs et bâtir la Forteresse Am-Can pour créer 250 000 emplois supplémentaires dans le secteur de l’acier des deux côtés de la frontière au cours des deux prochaines années. »
Le premier ministre ontarien a déclaré durant une entrevue avec CNN qu’il avait conseillé à Mark Carney une réponse tarifaire égale, à hauteur de 50 % aussi côté canadien.
« Un peu de temps » avant de répondre, dit Carney
À Ottawa, le premier ministre Mark Carney a qualifié les nouvelles mesures de la Maison-Blanche d’« illégales et injustifiées ».
« Une mauvaise idée pour les travailleurs américains et surtout pour l’industrie canadienne », a-t-il dit au lendemain de l’annonce de Washington.
Bien qu’il n’ait pas indiqué si le Canada augmenterait ses contre-tarifs en représailles, M. Carney a souligné que le gouvernement fédéral applique déjà des tarifs sur « 90 milliards de dollars d’importations américaines ».
« Et nous sommes en pleines discussions intensives avec les Américains maintenant. On va prendre un peu de temps, mais pas plus pour répondre », a-t-il lâché avant une réunion du caucus libéral.
Mardi, le ministre responsable du Commerce Canada–États-Unis, Dominic Leblanc, était justement à Washington pour rencontrer son homologue, le secrétaire d’État au Commerce Howard Lutnick.
« Les choses changent vite dans le monde des tarifs… Notre priorité est de nous battre pour voir ces tarifs-là être éliminés et c’est ce que l’on fait », a affirmé de son côté le ministre des Finances François Philippe-Champagne.
Mark Carney et Donald Trump doivent se rencontrer la semaine prochaine lors du G7 en Alberta alors que le président américain foulera le sol canadien pour la première fois depuis son élection en novembre dernier.
TORONTO – Le projet de loi 5 a, sans surprise, recueilli une majorité de votes favorables ce mercredi à Queen’s Park. Sous les coups de boutoir de l’opposition, les ministres Stephen Lecce (Énergie et Mines), Greg Rickford (Affaires autochtones) et Vic Fedeli (Développement économique) se sont relayés pour défendre mordicus ce projet, avant son adoption définitive, en l’absence de Doug Ford et sur fond de manifestation autochtone.
Contesté. Amendé. Hué. Adopté. Le projet de loi 5 est finalement passé ce mercredi après-midi, après une matinée de vifs débats et une énième manifestation. La séance a en outre été momentanément interrompue en raison de cris de protestation provenant du public.
« Il va rejoindre les autres projets de loi comme le projet de loi 124 dans le temple de la honte à Queen’s Park », a prédit plus tôt en chambre Marit Stiles. Quand les gens ont besoin d’aide, voilà ce que fait ce gouvernement. La meilleure chose à faire, c’est de l’abroger. »
L’offensive de la cheffe de l’opposition est venue s’ajouter à une série d’interventions en matinée émanant des rangs néo-démocrates et libéraux pour tenter, une ultime fois, de faire vaciller le gouvernement dans sa décision de mettre sur pied des zones économiques spéciales échappant aux lois provinciales et municipales.
L’opposition reproche au gouvernement de bafouer les droits autochtones et de faire fi des normes environnementales. La manœuvre a toutefois échoué.
« Nous sommes dans une situation vulnérable : les emplois nous échappent. On doit être prêt au moment où la boucherie se produit », a martelé Vic Fedeli, alors que les États-Unis n’ont pas fléchi dans leur intention d’appliquer des tarifs sur l’acier et l’aluminium, en vigueur dès aujourd’hui.
« Il n’y a pas beaucoup de choses qu’on puisse faire maintenant pour arrêter cette loi », reconnaît Marit Stiles, la cheffe de l’opposition officielle, au micro d’ONFR après des échanges musclés en chambre contre le projet de loi 5. #onpoli#onfrpic.twitter.com/fAnkAgVbi7
Le ministre du Développement économique pouvait compter sur le renfort de Stephen Lecce, son homologue à l’Énergie et aux Mines, pour enfoncer le clou sur l’urgence à agir : « Au moment où l’opposition déposait des milliers et des milliers d’amendements (mardi soir), Trump a doublé les droits de douane sur l’acier et l’aluminium. »
« On ne peut pas rivaliser sur la scène mondiale si nous n’agissons pas (…). Ce projet doit être adopté », a renchéri Greg Rickford, ministre des Affaires autochtones et de la Réconciliation économique avec les Premières Nations, affirmant que les Premières Nations sont conscientes des enjeux.
Pour l’opposition et Marit Stiles en tête, le gouvernement a utilisé ce projet de loi comme il l’a fait avec la Ceinture de verdure : apporter des profits aux investisseurs et aux sociétés minières. « Les gens de l’Ontario ne vont pas accepter cela : ils ne vont pas permettre plus de corruption et de gaspillage. »
Peu de temps après, tandis qu’une manifestation se préparait à l’extérieur de l’édifice parlementaire, le premier ministre Doug Ford réaffirmait en conférence de presse son intention d’aller de l’avant. « On va agir rapidement. On ne reviendra pas en arrière (…) On a plus de minéraux critiques que n’importe qui à travers le monde. C’est un de nos moteurs économiques. »
Même si le projet de loi a été adopté, il a laissé la porte ouverte à des consulatations futures avec les Premières Nations.
Pas de nouvelle majeure annoncée dans le quatrième rapport du ministère des Affaires francophones (MAFO) de 2025, dont le budget a été dévoilé trois semaines auparavant, mais un rappel de projets triennaux d’envergure demandés depuis longtemps par la communauté. D’ici à 2028, mise à jour terminée de la liste des organismes désignés par la Loi sur les services en français (LSF) et expansion des régions désignées sous LSF : résumé en cinq chiffres clés.
7000 francophones
Près de 7000 francophones supplémentaires pourraient avoir accès à des services en français dans leur région de résidence via la mise à jour de la liste des régions désignées par la LSF proposée par le MAFO. « En décembre 2024, les Ontariens ont été invités à consulter cette proposition sur le Registre de la réglementation de l’Ontario et à faire part de leurs commentaires », rappelle le rapport. Pas d’échéance précisée pour l’effectivité de la mise à jour, mais si approuvée, elle s’accompagnerait d’une période de trois ans de mise en œuvre des services dans les régions désignées.
Source : capture du Rapport sur les affaires francophones 2025 du MAFO.
3 ans
Le temps imparti à la mise à jour du Règlement de l’Ontario 398/93, qui référence les organismes désignés comme offrant des services publics devant se conformer légalement à la LSF, est de trois ans. Depuis le 1er janvier 2025 « est entrée en vigueur la révision la plus importante de ce règlement à ce jour, avec la mise à jour de 73 organismes désignés en vertu du règlement. Cela porte à 132 le nombre d’organismes dont l’information a été mise à jour depuis le 1er janvier 2023. »
Autre plan triennal, la fonction d’évaluation via l’Outil de désignation des services en français, qui depuis le 1er avril 2024, permet de valider la conformité des organismes aux exigences de qualité établies par le ministère des Affaires francophones.
10 600 de dollars
C’est en moyenne ce que les travailleurs bilingues gagnent de plus par an que leurs homologues anglophones. Un des chiffres que le MAFO met en exergue pour illustrer le fait que « les travailleurs bilingues contribuent de manière significative au PIB provincial », ainsi qu’un fort potentiel pour une utilisation accrue du français en milieu de travail ».
En effet, 348 730 personnes utiliseraient le français au travail en Ontario, et près de 900 000 en seraient capables.
Ce financement a permis d’appuyer 73 projets d’organismes communautaires, sociaux et économiques qui offrent des services en français ou qui ciblent les marchés francophones, dans des domaines comme la formation et le recrutement de travailleurs francophones, le développement des services en français, et de l’économie franco-ontarienne. Parmi les projets cités :
• Vision’Elles : Réinventer le Futur au Féminin, une série d’ateliers visant à élargir les réseaux professionnels et à renforcer les compétences en leadership des femmes francophones. • Compétences 360 : accélérateur de carrière, qui a offert quatre ateliers à 300 participants portant sur la collaboration, l’adaptabilité, la résolution de problèmes et la communication en contexte d’employabilité. • Care Companion, un projet visant à améliorer les soins aux aînés par le recrutement de huit nouveaux employés et la formation de deux employés bilingues pour pallier la pénurie de main-d’œuvre dans le secteur de la santé dans le nord de l’Ontario. • Programme de mentorat en employabilité pour les nouveaux arrivants francophones dans la région du Grand Toronto, destiné à soutenir l’intégration professionnelle des nouveaux arrivants francophones dans la région.
1,8 million de dollars
Le ministère de la Santé investit 1,8 millions de dollars sur quatre ans pour étendre les services de traduction aux bureaux et équipes de santé publique d’Ontario Santé dans le Nord. Un investissement pour assurer la conformité avec la Loi sur les soins de longue durée et la Loi sur les services en français.
« L’objectif de cet investissement est de rendre l’information essentielle en santé accessible aux communautés francophones, de faciliter la navigation dans le système de santé et de garantir que les patients, les clients et les résidents des établissements de soins de longue durée reçoivent les mises à jour et les services de santé essentiels dans la langue de leur choix. »
Caroline Mulroney, le ministre des Affaires francophones, évoque des « progrès tangibles réalisés au cours de la dernière année », gage de la relation entre le gouvernement et la communauté francophone.
« Nous travaillons à soutenir la communauté francophone et garantir sa pleine contribution à tous les aspects de la société ontarienne (…) La Stratégie pour les services en français et la Stratégie de développement économique francophone de l’Ontario en sont les pierres angulaires. Ces outils continueront de soutenir la croissance de la communauté francophone en favorisant sa viabilité et son développement. »
Celle-ci a également rappelé la participation de l’Ontario aux activités de l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF), la Mission économique et commerciale en Amérique du Nord et le Sommet de la Francophonie en France, qui « a permis non seulement de concrétiser notre engagement au sein de la Francophonie, mais aussi de rappeler le rôle crucial de la province dans la promotion de la francophonie ».
Première femme à la tête de l’Université d’Ottawa depuis sa fondation en 1848, Marie-Eve Sylvestre entend placer la francophonie, l’engagement communautaire et l’autochtonisation au cœur de son mandat. Rectrice désignée depuis le 3 juin, elle souhaite conjuguer ambition académique et gestion responsable pour assurer la viabilité et le rayonnement de l’établissement.
Faire rayonner la francophonie, dans toute sa diversité et sa vitalité, est l’une des priorités de Marie-Eve Sylvestre, la nouvelle rectrice et vice-chancelière de l’Université d’Ottawa dont la nomination a été approuvée mardi par le Bureau des gouverneurs.
Québécoise d’origine et Franco-Ontarienne d’adoption depuis 20 ans, Mme Sylvestre devient la première femme à occuper le poste rectrice de l’Université d’Ottawa depuis sa fondation, en 1848.
Considérant la francophonie comme un pilier identitaire et un engagement concret, elle est convaincue que l’Université d’Ottawa doit continuer de servir la population franco-ontarienne et de s’imposer comme un leader de la promotion du savoir et de la recherche en français.
« Je crois à une université ancrée dans sa communauté, qui répond aux besoins de celle-ci et qui en bénéficie », souligne la rectrice désignée de l’Université d’Ottawa – la plus grande université bilingue français-anglais à l’échelle internationale et qui accueille une communauté de recherche en provenance de plus de 150 pays.
Enjeux budgétaires
Consciente des enjeux budgétaires actuels de l’établissement, Marie-Eve Sylvestre veut conjuguer ambition académique et gestion responsable afin d’assurer la viabilité de l’Université.
Pour ce faire, elle compte aller à la rencontre des partenaires, des gouvernements et des communautés « pour bâtir des projets à la hauteur de nos ambitions collectives ». Pour elle, le caractère unique de la capitale – centre politique, diplomatique, technologique et culturel – crée un écosystème idéal pour enrichir l’expérience universitaire, stimuler la recherche et l’innovation et éclairer les grands débats de société.
« Nous comptons travailler avec les gouvernements, les groupes communautaires, les organisations internationales et le secteur privé pour relever les plus grands défis sociétaux de notre époque – changements climatiques, Arctique, commerce international, crise du logement, insécurité alimentaire, démocratie et gouvernance – faire progresser la technologie, notamment les technologies quantiques et l’IA, et orienter l’avenir des soins de santé. Je tends la main à notre communauté », précise Marie-Eve Sylvestre, citée dans un communiqué de l’Université.
À ce titre, Jennifer Adams, présidente du Bureau des gouverneurs de l’Université, estime que l’Université bénéficiera grandement de la détermination de Marie-Eve Sylvestre à forger de nouveaux partenariats et à créer des programmes inédits pour le corps étudiant. « Il en va de même pour son style de leadership misant sur la collaboration et les bonnes relations, qui nous aidera à renforcer notre position en tant que carrefour d’innovation, de recherche et d’apprentissage à vie », souligne la présidente du Bureau des gouverneurs de l’Université.
À noter qu’au cours des six derniers mois, un comité – constitué de 14 membres nommés par le Bureau des gouverneurs et le Sénat – a mené un processus de sélection rigoureux et inclusif avec l’appui d’une firme externe et en consultation avec des membres internes et externes de la communauté universitaire.
L’autochtonisation, un engagement
Parmi les autres priorités de la nouvelle rectrice, l’autochtonisation constitue un engagement sur lequel Jacques Frémont, l’actuel recteur, avait fait des avancées notables au cours des neuf dernières années. « Le plan d’action autochtone propose de belles et ambitieuses idées. L’exonération des frais de scolarité annoncée aura assurément un impact positif. Notre grande collectivité doit continuer de mettre en œuvre ce plan et de le faire intensément », relève-t-elle.
Elle souhaite renforcer les relations existantes avec la Nation algonquine Anishinàbeg, appuyer la recherche autochtone, intégrer les savoirs et les langues dans les programmes et favoriser la représentativité et la présence autochtone au sein du corps professoral et du personnel.
31e personne à prendre la tête de l’Université d’Ottawa, Marie-Eve Sylvestre s’est jointe au corps professoral de l’Université d’Ottawa en 2005, après avoir obtenu son baccalauréat en droit de l’Université de Montréal ainsi que sa maîtrise et son doctorat (S.J.D.) de l’Université Harvard.
Comme professeure, chercheuse, puis doyenne de la Section de droit civil, elle a mené plusieurs projets porteurs – du certificat en droit autochtone en français à la plateforme Jurivision.ca.
Elle est également coprésidente du Comité du Sénat sur la liberté académique de l’Université et membre du Collège de nouveaux chercheurs et créateurs en art et en science de la Société royale du Canada, du Conseil des gouverneurs de l’Institut national de la magistrature et du conseil d’administration du Conseil de recherches en sciences humaines du Canada. En 2022, le Barreau du Québec lui a accordé la distinction d’avocate émérite.
Militante féministe et activiste pour la justice climatique, Aliénor Rougeot se bat pour un avenir durable, elle revient sur ses combats, ses espoirs et les réalités de l’activisme à l’ère numérique. Dans cet épisode, elle lève le voile sur les communautés autochtones du Nord de l’Alberta qui se retrouvent souvent en première ligne des crises environnementales.
Yaye Peukassa est le président-directeur général et fondateur de Pont-Bridge Canada, basée à Ottawa et North Bay, une firme de relations gouvernementales, de développement des affaires et de promotion des investissements qui œuvre dans le renforcement de la coopération économique entre le Canada et l’Afrique.
L’ENJEU :
Ce mardi après-midi, l’organisme a tenu une conférence de presse annonçant l’élaboration d’un tout premier forum sur l’industrie portuaire et l’économie bleue visant à favoriser les échanges maritimes entre l’Afrique et le Canada. Une occasion pour l’Ontario français pourrait tirer son épingle du jeu, en raison du nombre important de locuteurs francophones en Afrique de l’Ouest, entre autres.
LE CONTEXTE :
La création de ce forum intervient au milieu de la guerre commerciale avec les États-Unis qui continue d’instaurer une grande incertitude économique sur le Canada. Le gouvernement canadien et la province de l’Ontario ont avancé une volonté de diversifier l’économie en se tournant vers d’autres horizons.
« En quoi va consister ce nouveau forum?
Le Forum Afrique-Canada sur l’industrie portuaire et l’économie bleue se veut être une plateforme pour réfléchir sur les enjeux auxquels font face les entreprises du Canada, au milieu de la guerre tarifaire. Parce que ces entreprises sont complètement prises au dépourvu et dépendent des États-Unis, ce forum va explorer justement des nouveaux marchés et sources d’approvisionnement pour les entreprises d’ici.
L’objectif c’est aussi de positionner le Canada sur un marché de plus d’un milliard de consommateurs qu’est l’Afrique et d’ouvrir une ligne maritime directe entre le Canada et l’Afrique sans passer par l’Europe, d’ici quatre ans. La réalité, aujourd’hui c’est que pour envoyer un silo à Douala au Cameroun, chez moi, ça prendrait 50 jours. Ce n’est pas bon pour les affaires. Il y a un vrai travail à faire pour augmenter le commerce entre le Canada et l’Afrique.
Quand et où aura lieu la première rencontre de ce forum?
La première édition aura lieu le 8, 9, 10 octobre prochain à Moncton, au Nouveau-Brunswick.
Un agenda est-il déjà défini pour les discussions à venir?
Les agendas sont en cours de conception, mais ça va regrouper des thématiques qui vont aller de l’élaboration d’un corridor économique solide à la diversification des marchés et des sources d’approvisionnement, mais aussi la piraterie qui empêche la performance de certains couloirs maritimes.
Quelles pourraient être les retombées concrètes pour le Canada, et en particulier pour l’Ontario francophone, dans ce partenariat?
L’opportunité pour l’Ontario français est incroyable. Au Canada, quand on parle de l’Afrique, les gens d’affaires ont tout de suite tendance à penser que c’est trop loin et dans certains cas même, un continent pauvre. Pourtant, l’Afrique est juste à sept jours de navigation, à partir du port autonome de Tanger, du Canada. L’Afrique est plus proche du Canada que certains ports d’Europe ou de l’Asie donc il est essentiel de comprendre le potentiel de ce marché qui est le plus grand marché unifié au monde avec la Zone de Libre-Échange Continentale Africaine (ZLECAf).
On parle d’un marché de 3,4 trillions de dollars et dont la dépense des ménages ne cesse d’augmenter, en 2015, la Banque mondiale estime que celle-ci devrait atteindre 6,6 trillions de dollars d’ici 2030. Quand on sait que 5 % de la population canadienne est d’origine africaine et dix pays d’Afrique figurent parmi les 20 pays les plus en croissance au monde, c’est évident qu’il y a là une opportunité inestimable.
Le fait qu’un bon nombre de pays ouest-africains, notamment, ont le français comme une des langues officielles pourrait-il avantager les échanges avec l’Ontario français ?
Les francophones ont un atout considérable dans ce corridor-là, c’est indéniable. C’est d’autant plus important qu’aujourd’hui il faut être capable de se positionner sur un marché comme celui-là pour être capable de garantir la survie de demain. À l’horizon 2100, huit locuteurs et demi francophones au monde seront en Afrique. Maintenant, est-ce qu’on veut bâtir une économie francophone ouverte sur l’internationale, moins communautaire, et de rêver de trouver du fromage de St-Albert sur les étalages d’une épicerie d’Abidjan ou de Tunis ? C’est une vraie possibilité.
Dans cet écosystème-là, il faut que les chaînes de supermarchés canadiens, comme Loblaws ou Sobeyes, jouent un rôle de premier plan. La délocalisation de ces supermarchés va servir de relai de produits directement exportables et c’est exactement ce qu’on voit avec Carrefour, qui a pignon sur rue dans n’importe quel pays d’Afrique.
Quels sont les ports en Ontario qui sont les mieux positionnés pour jouer un rôle central dans cette coopération?
Quand on parle d’un Forum sur l’industrie portuaire et l’économie bleue, on ne parle pas seulement de ports. L’industrie portuaire doit être vue comme le véritable catalyseur des gens d’affaires. Tu ne peux pas être un homme d’affaires extrêmement solide et ancré sans faire affaire avec un port. En Ontario, c’est exactement ce qu’on voit. Ce n’est pas tant ce que les ports de l’Ontario peuvent en tirer, mais c’est ce que les gens d’affaires sont capables de tirer de cet écosystème que l’on est en train de bâtir.
L’Ontario est un leader naturel de l’économie bleue, avec la protection des fonds marins, la digitalisation des ports, l’usage de l’intelligence artificielle dans la décongestion des ports, qui est un vrai problème en Afrique.
Quels pays africains sont déjà impliqués ou pressentis pour participer à ce forum?
En ce moment, on parle de toute la côte ouest-atlantique du continent africain, soit un réseau de 38 ports africains qui va débarquer sur la façade atlantique du Canada. On pense au port d’Abidjan, Douala, Lomé, Tanger, etc.
Quels acteurs canadiens, publics ou privés, seront invités à la table?
L’objectif est de créer un environnement qui va permettre l’exportation des produits canadiens et l’importation des matières premières pour l’industrie canadienne. On veut réunir les importateurs africains et les exportateurs canadiens autour de la table et voir ce qu’ils pourraient échanger entre eux. En dehors des ports, ce sont près de 25 organisations patronales africaines, des représentants gouvernementaux qui vont venir chercher des opportunités d’affaires.
Concrètement, qu’est-ce qui pourrait transiter?
Je vais vous donner un exemple. L’année dernière, la Côte d’Ivoire a importé, à elle seule, plus de 40 millions de dollars de pomme de terre en provenance de la France et des Pays-Bas. Le Canada est un des gros producteurs de pommes de terre, alors on peut imaginer le potentiel avec un corridor de sept jours de navigation. En dehors de cela, il y a les services. On sait que 35 % des fruits de mer pêchés sur les côtes du Sénégal et de Mauritanie sont perdus parce qu’il n’existe pas de véritable chaîne de froid. Le Canada a une expertise en la matière et pourrait permettre de sauver ces produits. »
OTTAWA – Le ministre des Collèges et Universités considère les suppressions de programmes à La Cité comme un simple « rééquilibrage » et que son gouvernement a suffisamment financé le postsecondaire. Dans un long entretien avec ONFR, la PDG de La Cité a affirmé au contraire que la formule de financement en Ontario était « brisée ». Deux visions, une réalité.
« Soyons clairs : nous sommes déjà intervenus », affirme Nolan Quinn.
Dans un échange de courriel avec ONFR, le ministre des Collèges et Universités rappelle que son gouvernement a déjà investi 1,3 milliard de dollars sur trois ans dans le postsecondaire l’an dernier afin de stabiliser la situation consécutive aux « décisions unilatérales du gouvernement fédéral ».
« Cette année, nous avons investi 750 millions de dollars supplémentaires dans les programmes de STIM (Sciences, technologie, ingénierie et mathématiques), ajoute M. Quinn. Cela représente plus de 2 milliards de dollars investis dans le système postsecondaire au cours des 14 derniers mois, sans compter d’autres investissements dans les soins infirmiers, l’enseignement, la formation et les métiers spécialisés. »
En somme, le gouvernement provincial n’est pas responsable de la crise à La Cité : « Nous serons toujours là pour les établissements, mais en matière de programmation, ce sont eux qui choisissent leurs cours et leurs décisions en matière de ressources humaines », botte en touche le ministre.
Dans une entrevue, publiée lundi, la PDG de l’établissement ottavien Lyne Casimiro met au contraire en cause une formule de financement « brisée ». « désuète », qui a « besoin d’être revue » et qui perdure « depuis plus de 20 ans ».
Mais pour Nolan Quinn, il ne semble pas y avoir de crise : la suppression des neuf programmes de langue française, incluant le seul programme en français en production audiovisuelle, est le fruit d’un simple « rééquilibrage et redimensionnement, car le nombre d’étudiants fréquentant nos établissements diminue ».
« Ce rééquilibrage est en cours dans tous nos établissements de la province, mais nous continuerons d’être là pour le secteur et de veiller à ce que nous maintenions le système d’éducation postsecondaire de calibre mondial que nous connaissons », conclut M. Quinn dans son courriel, confortant ainsi ses réponses en conférence de presse en fin de semaine dernière.
Crise à La Cité – J’interroge le ministre des Collèges et Universités sur la suppression des 9 programmes francophones : pas de mesures prévues. Il estime avoir fait le nécessaire en financement et renvoie la balle à La Cité, seule décisionnaire de sa programmation.#onfr#onpolipic.twitter.com/X1aj860zQm
Les coupes à La Cité ne sont pas un cas isolé en Ontario. Le gel des frais de scolarité et le sous-financement provincial, conjugués à la baisse du nombre d’étudiants internationaux, ont provoqué une série de suppressions de programmes depuis le début de l’année : 55 au Collège St. Lawrence à Kingston, 49 au Centennial College à Toronto, 37 au Collège Algonquin à Ottawa.
Toutefois, lorsqu’une offre disparaît dans ces établissements anglophones, les étudiants ont la possibilité de se tourner vers d’autres institutions, contrairement à la minorité linguistique dont les options sont plus limitées.
Les députés France Gélinas (NPD) et Stephen Blais (Parti libéral) estiment que les collèges devraient figurer parmi les priorités du gouvernement. Photos : ONFR/Jackson Ho
« Dans les montants qu’il avance, le gouvernement inclut toutes sortes de choses qui n’ont rien à voir avec l’opération d’un collège, relativise la députée et porte-parole de l’opposition officielle aux affaires francophones, France Gélinas. Ça ne permet pas à nos collèges de maintenir la programmation dont on a besoin pour former la main-d’oeuvre de demain. Ce qui se passe à La Cité est affreux. Avec ce sous-financement, c’est une génération de francophones qui va en souffrir. »
« Le gouvernement Ford doit dépenser plus pour nos collèges, estime dans la même veine le député d’Orléans Stephen Blais. Au Québec ou dans des États américains comme la Californie, ils investissent 3, 4, 5, 6 % de leur produit intérieur brut (PIB) dans l’innovation, la formation et la recherche. Ici, en Ontario, ça représente moins de 2 %. Si on veut que nos jeunes soient préparés pour les jobs du futur, on doit investir dans les collèges. »
Les deux élus d’opposition sont d’avis que les collèges devraient passer avant d’autres projets comme celui du tunnel sous l’autoroute 401.
OTTAWA – Un peu plus d’une semaine du terme de la deuxième saison de la Ligue professionnelle de hockey féminin (LPHF), qui a une nouvelle couronnée le Frost du Minnesota vainqueur de la Charge d’Ottawa en finale, l’heure est au bilan du côté de la franchise de la capitale fédérale. Pour se faire, ONFR a fait appel au spécialiste ottavien du hockey, Nicolas St-Pierre.
La Charge d’Ottawa est passée tout près de couronner une saison historique par un titre, mais s’est finalement inclinée en prolongation du match 4 de la finale de la Ligue professionnelle de hockey féminin (LPHF). Preuve d’un duel serré entre Ottawa et Minnesota, tous les matchs de la série remportée sur le score de 3-1 ont terminé en prolongation. Malgré la déception, le bilan global reste largement positif.
« Il y a beaucoup de positif à retirer, affirme Nicolas St-Pierre, animateur de l’émission Dans le vestiaire et descripteur des Sénateurs d’Ottawa sur Unique FM. La Charge a montré des progrès notables. Cette finale, c’est une première, et j’espère pas une dernière. »
Pour Ottawa, le premier objectif était clair : se qualifier pour les séries. Mission accomplie, et même plus. La formation a terminé la saison en force, avec quatre victoires sur ses cinq derniers matchs, s’offrant ainsi un précieux momentum en vue des séries.
Des questions avec le repêchage d’expansion à venir
Si la défense a été l’un des piliers du parcours ottavien, c’est en attaque que le bât blesse. « Il y a eu un manque flagrant d’offensive. Il faudra s’y attaquer dès l’intersaison. »
Nicolas St-Pierre est la voix francophones du hockey dans la région d’Ottawa sur la radio locale Unique FM. Photo : gracieuseté de Nicolas St-Pierre
Ce constat s’impose d’autant plus que la ligue connaîtra une expansion dès la saison prochaine, avec l’arrivée des clubs de Seattle et Vancouver. Une évolution saluée, mais qui soulève aussi des interrogations.
« Est-ce qu’on a assez de joueuses de haut niveau pour soutenir cette croissance? Le temps nous le dira », confie M. St-Pierre.
Un projet avec un bel avenir
L’un des éléments marquants de la saison reste l’engouement populaire. Le maire d’Ottawa a symboliquement renommé une portion de rue en l’honneur de l’équipe, et les partisans ont répondu présent. « L’ambiance était électrisante. Par moments, elle surpassait même celle des matchs des Sénateurs », note le journaliste.
Au cœur de cette saison, des individualités ont émergé, à commencer par la gardienne Gwyneth Phillips. Propulsée titulaire après la blessure de Emerance Maschmeyer, elle a impressionné jusqu’à remporter son duel face à Anne-Renée Desbiens en première ronde.
« Personne ne l’attendait à ce niveau-là. Elle a dominé. »
Autre joueuse à retenir : Rebecca Leslie, originaire d’Ottawa et l’une des rares bilingues de l’équipe. Même si elle n’a pas été très présente sur la feuille de pointage, elle s’est illustrée par son jeu physique et son engagement.
« Elle a brassé la cage à plusieurs occasions et montré beaucoup de combativité. Elle, comme le programme, a progressé », note le spécialiste.
L’intersaison s’annonce néanmoins décisive. Avec seulement quatre joueuses protégées par équipe lors du repêchage d’expansion, Ottawa devra faire des choix stratégiques. Phillips, Vanisova, Brianne Jenner… certains noms sont incontournables, d’autres plus incertains.
Malgré une finale perdue, la Charge peut se tourner vers l’avenir avec optimisme. La base est là. L’appui du public aussi. Ne reste plus qu’à franchir un dernier palier. Avec la même direction en place? Il se murmure que la question pourrait se poser dès cet été…
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