Ottawa « prêt à accueillir » des immigrants francophones du Québec dans d’autres provinces

OTTAWA – À la suite de la suspension de deux programmes d’immigration temporaire par le gouvernement du Québec, le fédéral se dit prêt à prendre les francophones qui seront refusés par le gouvernement Legault pour les rediriger vers les autres provinces.

C’est ce qu’a affirmé le ministre de l’Immigration, Réfugiés et Citoyenneté Canada, Marc Miller, jeudi en conférence de presse.

Hier, son homologue à Québec, Jean-François Roberge, a annoncé que la province allait suspendre deux programmes d’immigration permanents : le Programme régulier des travailleurs qualifiés et le Programme de l’expérience québécoise. Ce dernier est principalement destiné aux étudiants étrangers diplômés et le premier aux travailleurs temporaires qui souhaiteraient s’installer au Québec. Le gouvernement québécois cessera simplement d’envoyer des invitations aux candidats qui correspondaient à ses critères d’acceptation dans le cadre des deux programmes.

« Il y a des gens qui sont là, qui s’attendaient à être des résidents du Québec qui vont être un peu laissés pour compte », a déploré M. Miller.

« Je serais même prêt à accueillir ces gens-là parce que ce sont des gens brillants qui pètent des scores incroyables dans les qualifications. Donc je ne verrai pas pourquoi on ne les accueillerait pas en dehors du Québec parce qu’on a besoin de francophones », a-t-il lancé lors d’une conférence de presse au Parlement, visant à réagir au plan de la province québécoise annoncé jeudi.

Il estime qu’il y a « de la place pour eux » dans les communautés francophones hors du Québec, notamment avec « les cibles très agressives dans mon plan, c’est-à-dire de monter jusqu’à 10 % ». 

« On a un devoir important au Canada de s’assurer que les communautés francophones puissent s’épanouir. L’immigration est une piste de solution. On serait prêt à les aider », suggère le ministre Miller.

La semaine dernière, Ottawa a annoncé qu’il baisserait ses seuils d’immigrants permanents, mais qu’il allait augmenter sa cible en immigration francophone jusqu’en 2027 pour atteindre un taux de 10 %. Cette année, la cible en immigration francophone est de 6 % et le ministre a réitéré jeudi, en conférence de presse, que son gouvernement allait finir l’année au-delà de son objectif.

La cible en immigration francophone du fédéral pour les trois prochaines années :

  • 2025 : 8,5 %
  • 2026 : 9,5 %
  • 2027 : 10 %

Marc Miller s’explique mal les candidats francophones qui ne seront pas acceptés par le gouvernement du Québec. Selon le ministre, il s’agit de « la crème de la crème », car ils remplissent les critères recherchés notamment avec « un parcours pédagogique d’études postsecondaires en français ».

Québec a annoncé un moratoire sur ses deux programmes dans un but de réduction du seuil d’immigration permanente dans la province, notamment en calculant le nombre d’immigrants temporaires dans sa planification.

La permaculture : le virage vers l’autosuffisance alimentaire

En 2019, Magali Laville et Stefan Dixon quittent la région du Grand Toronto pour poursuivre leur grand rêve : vivre de la permaculture et bâtir un mode de vie ancré dans l’autosuffisance alimentaire. Produisant uniquement leur nourriture avec l’aide des écosystèmes environnants, le couple, basé à Stirling en Ontario, n’utilise aucun pesticide ni herbicide pour faire pousser ses provisions annuelles qui nourrissent sa famille de quatre. Dans ce reportage, Magali Laville et Stefan Dixon expliquent ce qu’est la permaculture et comment nous pouvons intégrer cette forme de jardinage dans nos vies de tous les jours.

La Fromagerie Kapuskoise couronnée lors de la plus grande compétition de fromage au pays

KAPUSKASING – La Fromagerie Kapuskoise a annoncé avoir remporté plusieurs prix qui seront exposés lors de la plus importante compétition de fromage du Canada, la Foire Royale d’Hiver de l’Agriculture, qui se tiendra à Toronto du 1er au 10 novembre prochain. Parmi eux, celui du meilleur fromage frais (hors lait de vache) au Canada pour son fromage de chèvre.

Le fromage de chèvre frais produit par la Fromagerie Kapuskoise a remporté la première place dans la catégorie « Fromage frais non affiné – naturel » (fromage de chèvre, de mouton, en grains, ricotta, mozzarella et fromage mixte de lait), qui comprenait huit autres concurrents de partout au pays.

« On avait participé l’année dernière, mais on avait envoyé des quarts de meule et congelés. Cette fois-ci, on voulait faire les choses bien alors on a envoyé des fromages pleine meule et du fromage frais et on a gagné », rapporte Denis Nadeau, co-fondateur de la Fromagerie Kapuskoise qui ajoute avoir trouvé un moyen de transporter les produits en personne à Toronto cette année.

Denis Nadeau est un ancien enseignant qui se consacre désormais à la Fromagerie Kapuskoise. Gracieuseté

Dans la catégorie fromage avec affinage de surface (hors lait de vache), ce sont aussi des produits de la fromagerie qui ont remporté plusieurs marches du podium : le fromage Saganash, en deuxième position, le Mattagami (2e pour la catégorie chèvre), en quatrième position et le Kapuskasing (3e dans la catégorie chèvre), en sixième position.

Pour la catégorie de fromage à pâte pressée avec affinage en surface, le Wakusimi, seul le fromage de vache envoyé, a obtenu la troisième place.

« Pour l’an prochain, on espère faire encore mieux avec notre fromage de vache qui, selon mon épouse, est même meilleur que le Saganash », estime encore le Franco-Ontarien, pas surpris du succès de ses fromages cette année.

« C’est bien beau de le savoir, mais d’être reconnu, c’est très satisfaisant. On espère que ça va énormément stimuler la demande, car on en a besoin depuis la pandémie. »

La Fromagerie Kapuskoise est une affaire de famille (de gauche à droite) : le père Denis Nadeau, agent de marketing et liaison, la mère Ellen Nadeau, teneuse de livre, les fils Emmanuel et François Nadeau, fromager et propriétaire-fromager, la belle-fille, Liu Wenjing, propriétaire et responsable de la comptabilité et du service à la clientèle et Samantha Bédard, gestionnaire du magasin et service à la clientèle. Gracieuseté.

Un succès francophone

De nombreux internautes ont réagi positivement aux publications Facebook annonçant les résultats obtenus par la fromagerie, l’écrasante majorité étant des francophones.

« Vous faites honneur aux gens du Nord de l’Ontario et surtout aux Franco-Ontariens. Félicitations! », écrit Suzanne Rondeau.

Selon M. Nadeau, la Fromagerie s’est toujours présentée comme un projet par et pour les francophones et c’est ce qui explique en grande partie le succès pour cette petite entreprise familiale située dans une localité à majorité francophone.

« Les gens ont décidé d’appuyer dès le début ce projet qui se présente comme francophone. Les anglophones ne savent pas qu’on existe », soutient-il avant de préciser que cela s’explique par le fait que la population anglophone est plus nomade que celle francophone.

À l’exception du fromage en grains et du chèvre frais, tous les fromages sont vieillis à l’air libre. Gracieuseté

La recette du succès, c’est aussi ce choix de se spécialiser : des fromages à la française faits ici.

« Ça fait des années que les experts nous disent qu’on est un des trois meilleurs fromagers au Canada et puis nous on le croit. On est capable de faire des fromages aussi bons que ce qui se fait en France avec des fromageries industrielles qui s’exportent ici. »

Bientôt dix ans d’existence

La Fromagerie Kapuskoise estime que 75 % de sa production est vendue localement, aux gens de la région de Timmins à Hearst. Certains produits sont aussi disponibles à l’achat dans certains détaillants du nord et du sud de la province.

Environ 25 % des ventes sont des exportations de fromages affinés – non frais – vers le reste de l’Ontario et le reste du pays comme au Québec ou même les Territoires du Nord-Ouest.

« Des gens nous appellent de France pour envoyer des produits à leur fils en Colombie-Britannique par exemple. Les Français sont nostalgiques des produits de France, fait-il savoir. Ce n’est pas étonnant quand on sait que le fromage a originellement été inventé pour le transport. »

L’entreprise produit quelque 20 tonnes par année, un chiffre modeste, si l’on compare aux 500 tonnes de la Fromagerie Thorneloe qui a fermé ses portes en novembre 2023, mais qui est un atout selon les propriétaires.

Les fromages à pâte molle sont affinés pendant quelques semaines, tandis que ceux à pâte ferme sont affinés pendant quelques mois, voire quelques années, à une température variant entre 10 et 15 ºC. Gracieuseté

« Une fromagerie industrielle ne peut pas réduire la qualité du fromage artisanal et la meilleure qualité que l’on peut avoir vient des petites fromageries, pas des grosses », insiste M. Nadeau.

Pour produire un fromage de qualité, les Nadeau ont su tirer profit de l’expertise et des recettes d’usine de fromagerie dans les Pyrénées et d’une formation en Savoie, mais aussi du climat de la région du Nord ontarien.

« La densité, le climat froid et les nuits froides donnent le message à la plante de produire plus de nutriments. Les vaches se nourrissent de cette végétation qui a plus de goût et ça donne un fromage avec plus de goût. »

L’année 2025 marquera le dixième anniversaire de la création de la fromagerie : « On nous avait martelé que les fromages français à Kapuskasing ne marcheraient pas et aujourd’hui on est encore là et l’avenir est beau. »

L’ouverture de la Fromagerie Kapuskoise en 2015, en présence de Gilles Bisson, ex-député provincial de Timmins—Baie James, et Carol Hugues, députée fédérale d’Algoma—Manitoulin—Kapuskasing. Gracieuseté

Les élus libéraux franco-ontariens contre un vote secret sur le leadership de Trudeau

OTTAWA — Les députés libéraux franco-ontariens estiment que le caucus libéral doit passer à autre chose concernant la révision du leadership de Justin Trudeau et que la tenue d’un vote secret n’est pas nécessaire.

Les députés francophones de l’Ontario Marc Serré (Nickel-Belt), Vivianne Lapointe (Sudbury) et Arielle Kayabaga (London-Ouest) ont tour à tour répondu brièvement « non » devant les journalistes lorsqu’ils se sont fait demander si un vote secret était nécessaire concernant une révision du leadership de leur chef.

« Non, a aussi commenté de son côté la députée d’Ottawa-Vanier, Mona Fortier. J’ai déjà partagé le fait que j’étais loyale au premier ministre. C’est sa décision », soutient-elle.

Marc Serré
Le représentant de Nickel-Belt Marc Serré est l’un des députés franco-ontariens à se ranger du côté de Justin Trudeau. Crédit image : Stéphane Bédard

Depuis plus d’une semaine, une vingtaine d’élus libéraux réclament un changement de leadership à la chefferie, mais Justin Trudeau a clairement indiqué en conférence de presse la semaine dernière qu’il comptait être le chef lors de la prochaine campagne électorale.

Donc, des représentants libéraux comme les députés du Nouveau-Brunswick Wayne Long et René Arsenault ou encore l’élu ontarien Yvan Baker ont signalé qu’ils seraient favorables à un scrutin secret à l’intérieur de leur formation politique.

« Ça pourrait rassembler les collègues et le Parti libéral de se mettre derrière une seule et même idée, soit de battre Pierre Poilievre », soutient le député acadien René Arsenault.

« Pour moi, on doit entendre le premier ministre sur cette question-là (…) Si le premier ministre et son équipe disent qu’ils croient que celui-ci jouit du soutien de la vaste majorité du caucus, il n’y a pas de raison pour que le premier ministre refuse cela », juge le représentant d’Etobicoke-Centre, Yvan Baker.

« Quand on est questionné, c’est difficile, ça demande une réflexion. Je suis certain qu’il l’a eu (la réflexion) du fait qu’il continue », indique l’élu acadien de la Nouvelle-Écosse Darrell Samson, qui « n’a pas de préférence » concernant la tenue d’un scrutin ou non.

À la sortie du caucus, les députés ont confirmé qu’il n’avait pas eu de vote ou encore de discussion sur leadership de leur chef. Les députés ont plutôt eu droit à une présentation du directeur de la prochaine campagne électorale fédérale, Andrew Bevan concernant le plan pour les troupes libérales.

Des ministres ont plaidé devant les journalistes mercredi que les règlements du Parti libéral sont clairs sur le fait que ce sont les membres qui choisissent le chef et qu’un vote secret des députés n’est pas permis dans la constitution du parti. D’autres ministres, à l’image de leurs collègues députés franco-ontariens, estiment que Justin Trudeau a tranché.

« Il n’y aura pas de vote secret. La semaine passée, on a eu tout le temps d’exprimer nos sentiments et nos suggestions et là, la décision a été prise et on continue à travailler », suggère la ministre du Revenu national, Marie-Claude Bibeau.

L’Ontario vise une baisse drastique du déficit

TORONTO – La mise à jour des prévisions budgétaires de la province publiée ce jour révèle l’objectif très ambitieux d’une baisse du déficit de 5,1 milliards de dollars à l’horizon 2025-2026. Autre démarche affichée : « remettre de l’argent dans vos poches » avec le prolongement de la réduction de la taxe sur l’essence ou encore la distribution de chèques de 200 $. Opération séduction fiscale inefficace pour régler la crise de l’abordabilité selon un économiste francophone.

Le déficit est désormais affiché à 6,6 milliards de dollars en 2024-2025, soit une amélioration de 3,2 milliards par rapport au budget de mars 2024. Des estimations très optimistes, avec un déficit de 1,5 milliard en 2025-2026, soit plus de 5 milliards d’économie à réaliser en un an. Le gouvernement prévoit même un excédent de 0,9 milliard en 2026-2027.

La province miserait sur une croissance économique soutenue, malgré un ralentissement en 2025, avec des prédictions à 1,7 % avant de remonter légèrement en 2026, aux alentours de 2,3 %.

Des perspectives fiscales raisonnables, selon l’économiste Pedro Antunes, avec un point de départ bien meilleur que lors du précédent budget. « Les recettes totales pour 2024-2025 ont été une bonne surprise, surtout grâce aux revenus générés par les propres sources de la province. Ce n’est donc pas étonnant que la situation budgétaire soit au-dessus des prévisions du budget du printemps dernier. »

Photo : Extrait de l’énoncé économique de l’automne 2024/Ministère des Finances

« L’inflation et la croissance de notre économie ont généré des revenus fiscaux inattendus, peut-on lire dans l’énoncé économique. Même après avoir réduit le déficit et réalisé les investissements nécessaires pour soutenir notre province en plein essor, le gouvernement a été en mesure de mettre une partie de cet argent dans les poches des Ontariens. »

Accusant la taxe fédérale sur le carbone à plusieurs reprises de l’augmentation du coût de la vie, l’Ontario met en avant ces mesures « d’allègement fiscal » compensatoires.

Parmi les mesures pour « garder les coûts bas », la prolongation de la réduction de la taxe sur les carburants à 9 cents le litre jusqu’au 30 juin 2025, le gel des frais de scolarité dans les universités et collèges publics, une économie d’environ 1 600 $ par an pour fréquenter une université, et 350 $ par an pour fréquenter un collège.

Il est fait mention des chèques de 200 dollars que chaque contribuable recevra dès 2025, qui a fait l’objet d’une annonce la veille. L’économie estimée est évaluée à « près de 12 milliards de dollars cette année ».

Une solution peu ou pas efficace pour régler les problèmes d’abordabilité, selon M. Antunes, avec ces subventions générales pour tous les ménages, sans tenir compte des revenus.

« La situation économique est vraiment différente pour les ménages à faible revenu et les jeunes par rapport aux ménages plus âgés. On pense que la majorité de l’épargne est surtout concentrée chez les ménages plus riches, plus âgés, et sans dettes. Par contre, les jeunes et ceux à faible revenu peinent à joindre les deux bouts après une période de forte inflation et des coûts de financement encore élevés. »

Ce mini budget réaffirme entre autres la ligne de mire principale du gouvernement avec des investissements majoritaires pour les infrastructures, 27,8 milliards sur dix ans. Avec les travaux à commencer dès 2025 pour la 413, évaluation de construction d’un tunnel sous la 401, le contournement de Bradford, etc.

Des priorités manquées selon les partis d’opposition

La cheffe du NPD a qualifié les points de cette mise à jour économique de la province « d’idées périmées et de promesses creuses », « gaspillant l’argent public ».

La veille de la sortie de l’exercice financier, le parti avait publié une vidéo de Stiles défendant des logements abordables avec la construction de quadruplex, des soins de santé fiables, des écoles solides »

« Nous savons que trop de familles se sentent encore coincées, coincées dans l’attente d’une maison qu’elles peuvent se permettre. Je suis ici pour partager une vision différente, dans laquelle votre gouvernement revient à l’essentiel : construire des maisons, embaucher des médecins, réparer les écoles et rendre la vie abordable pour vous. »

« La vie est insupportablement chère pour beaucoup trop de gens à l’heure actuelle, et les familles de partout dans la province recherchent une aide financière. Le fait est que l’aide que Doug Ford offre aux gens ordinaires en Ontario est dérisoire en comparaison de ce qu’il a donné à ses amis riches et initiés », pointe du doigt Bonnie Crombie, la leader libérale

« Des milliards pour aider des chaînes américaines multimilliardaires comme Walmart et 7-Eleven à vendre de l’alcool un peu plus tôt, pour permettre à un spa étranger de s’installer à la Place de l’Ontario, et des milliards aux promoteurs pour construire des mégamanoirs sur la Ceinture de verdure », résume-t-elle.

Mike Schreiner du Parti vert pointe lui aussi du doigt l’augmentation des coûts, des maisons toujours pas construites et un système de santé défaillant. « Le gouvernement Ford nous a abandonnés. Tout ce que nous devrions pouvoir attendre des gouvernements provinciaux – garder nos voisins logés, garantir la construction de maisons, la disponibilité de médecins et l’accès à la santé mentale – le premier ministre y a renoncé. »

Hôtel Beyrouth, une comédie familiale qui tombe à point

La nouvelle série Hôtel Beyrouth, présentée sur les ondes de TFO et la plateforme tfo.org tous les jeudis, raconte avec légèreté le parcours d’immigration d’une famille libanaise qui fuit la guerre civile, en 1989. La série aborde une histoire à la fois personnelle et universelle et se regarde bien en famille, parents et enfants pouvant s’y reconnaître.

La série s’ouvre dans la voiture de la famille Haddad, qui s’apprête à passer la frontière entre les États-Unis et le Canada. Remplis d’appréhension, les deux parents et deux enfants se retrouveront finalement devant un douanier compréhensif qui les laissera passer sans trop de soucis.

Cette anecdote est réellement arrivée à la famille de Patrick Saad, artiste multidisciplinaire dont l’histoire personnelle a inspiré la série, réalisée par les Franco-Ontariennes Josiane Blanc et Ania Jamila, une coproduction des Productions Sahkosh et Ocho.

« Ça s’est vraiment passé presque comme ça. Il y avait cette peur d’entrer, de se faire poser des questions. (…) puis, ça a super bien été », explique Patrick Saad au micro d’ONFR.

« Il y avait cette espèce de flexibilité. Lorsque les gens passaient la douane, on les laissait passer, sachant toutes les horreurs et que beaucoup de communautés fuyaient la guerre, » renchérit Josiane Blanc.

La scène de la traversée est douanes est le point de départ de la série. Photo : TFO

En se remémorant cette histoire et d’autres anecdotes avec son frère et sa sœur (la famille comptait trois enfants dans la réalité), Patrick Saad s’est rendu compte que ses cousins, amis et d’autres familles d’immigrants en avait vécu des semblables.

C’est aussi ce qui a interpellé Josiane Blanc. Elle aimait ce mélange de comique et de tragique qui montre une certaine expérience commune. « Étant d’origine haïtienne, mes parents ont aussi vécu l’immigration au Canada. Dans les éléments que Patrick nous a partagés, j’en retrouvais beaucoup qui me faisaient penser à ma propre famille. On s’est rendu compte (…) qu’il y a un aspect universel. »

Elle cite notamment les communications difficiles avec les proches ou les défis de devoir trouver du travail, dans une société qui, souvent, ne reconnaît pas les diplômes des pays d’origine, comme c’est le cas pour Samir (Chadi Alhelou), le père de famille dans la série Hôtel Beyrouth.

Communiquer avec les proches restés au Liban n’est pas chose facile. Photo : TFO

« On n’avait pas de séries francophones qui mettaient de l’avant une famille libanaise. Qu’on soit en 2024 pour en avoir une première, je suis contente de participer à ça, mais je trouve ça aussi fou que ça ait pris autant de temps », affirme la réalisatrice.

L’équipe des Productions Sahkosh est derrière l’idée de camper l’histoire à Ottawa et de faire de la famille Haddad une famille franco-ontarienne. « Il y a une grande communauté libanaise dans la région d’Ottawa. On trouvait intéressant de mettre de l’avant cet aspect-là, qu’il y a une communauté libanaise, et aussi qu’il y a une communauté francophone en Ontario, » relate Josiane Blanc. Patrick Saad rappelle que 40 % de la population canado-libanaise se trouve en Ontario, contre 35 % au Québec.

Toujours d’actualité

Hôtel Beyrouth tombe à point, alors que la guerre est de retour au Liban et que le gouvernement canadien vient d’annoncer des changements importants dans sa politique d’immigration.

« Je pense que des séries comme Hôtel Beyrouth, ça permet de donner un visage et une humanité aux gens qui fuient la guerre. (Dans les médias), on va parler des bombardements, des conflits, mais d’avoir une famille dans une série qui nous fait à la fois pleurer et rire, qui nous montre que ces gens sont humains et qu’ils nous ressemblent, c’est important quand cette réalité-là semble éloignée », avance Josiane Blanc.

« Presque tout le monde connaît un Libanais », ajoute Patrick Saad, qui avoue qu’il aimerait qu’Hôtel Beyrouth permette « de rouvrir cette discussion, comment c’est bien d’avoir ces portes (ouvertes à l’immigration), car il y a ces belles histoires qui doivent être racontées. Je pense que ça va faire du bien. »

« On voulait mettre en lumière la solidarité qu’on retrouve au sein de la communauté (et des immigrants en général) », raconte l’artiste derrière l’idée originale. À ce propos, le propriétaire de dépanneur, M. Nguyen (Khai Tri), qu’on rencontre dans le deuxième épisode, jouera un rôle important dans la trajectoire de Samir.

Les parents de la famille Haddad, Nour (Christina Tannous) et Samir (Chadi Alhelou), avec M. Nguyen (Khai Tri). Photo : TFO

« Du début à la fin, c’est vraiment la question de comment on s’installe dans une nouvelle ville, comment on se reconstruit à travers le temps quand on a laissé derrière énormément de choses, pas parce qu’on le voulait, mais parce qu’on n’a pas eu le choix », raconte Josiane Blanc.

Malgré tout, Hôtel Beyrouth est une série légère, qui s’écoute bien en famille, alors que l’histoire couvre les enjeux de plus d’une génération. Elle peut aussi susciter des discussions dans les foyers, et même les familles qui ne sont pas issues de l’immigration pourront parfois se reconnaître. 

« On ne veut pas non plus tomber dans le cliché des victimes de guerre. On sent que les enfants vivent un choc culturel, un changement, mais on ne voulait pas aller trop là-dedans », explique Patrick Saad.  

Les enfants à l’honneur

Au cœur de la série, on retrouve l’adaptation des enfants, qui doivent s’intégrer à une toute nouvelle école avec des codes sociaux bien loin de ce qu’ils ont connu auparavant, tout en vivant eux aussi avec les souvenirs de la guerre.

Ils doivent composer avec le désir d’indépendance propre à l’adolescence, dans un foyer qui deviendra une porte tournante pour les membres de la famille qui débarquent graduellement au Canada.

Au ton léger de la série s’ajoutent donc quelques moments touchants, comme lorsque les enfants Fady (Elias Leo Asmar), Zeina (Jory Eldred) et leur cousin Christian (Elie Ibrahim) se demandent combien de temps ils vont rester au Canada, lors du premier épisode. Quand Zeina raconte que sa mère dit qu’ils retourneront au Liban quand la situation se sera calmée, Christian répond : « On m’a dit la même chose, mais ça fait trois ans, et on est encore là. »

Elie Ibrahim (à gauche) et Elias Leo Asmar (à droite) jouent deux cousins dans Hôtel Beyrouth. Photo : TFO

C’était tout un défi pour la production de recruter ces jeunes comédiens, qui devaient entre autres parler arabe et ne pas avoir d’accent québécois en français. Dans le cas de Zeina, la comédienne devait aussi savoir chanter.

Jory Eldred n’avait pas fait partie de la première ronde d’auditions, mais l’équipe s’est rappelée de cette jeune femme qui avait auditionné pour un tout autre projet l’année précédente. « On est retournés voir dans nos vidéos de casting et on l’a retrouvée », explique Josiane Blanc.

Dans le cas d’Elias Leo Asmar, le hasard a bien fait les choses. Sa mère avait auditionné pour le rôle de Nour, la mère de famille finalement jouée par Christina Tannous. En voyant qu’ils cherchaient un jeune garçon, elle a tout de suite proposé son fils. « Le lendemain, elle l’a emmené en audition. On auditionnait à la fois pour le rôle de Fady et le rôle de Christian. Elias avait appris les deux rôles par cœur (en moins de 24 h.) Dès qu’on l’a vu, on savait que c’était lui. Il crève l’écran. Il a un jeu tellement naturel. »

Dans la série comme dans la vie, l’appartement au Canada devient une plaque tournante pour les membres de la famille et les amis qui arrivent au pays. Photo : TFO

Hôtel Beyrouth fait partie de la sélection officielle du festival de films francophones Cinémania de Montréal. Les trois premiers épisodes y seront présentés le 8 novembre. Pour l’occasion, Patrick Saad se retient de les regarder. Il veut vivre le moment du dévoilement en direct avec ses proches, ceux-là mêmes qui ont inspiré la série. « Ça va être le fun de faire une réunion de famille des deux côtés, la famille de la production et la vraie famille. »

L’artiste multidisciplinaire n’a pas peur de voir le résultat final. « Je connais le travail de Josiane et Ania. Je sais que je vais aimer. J’ai vu les cinq premières minutes et j’ai adoré. J’ai lu les scénarios, je sais à quoi m’attendre. » De son côté, Josiane Blanc reconnaît qu’il y a un stress. « Est-ce qu’ils vont aimer ça? Est-ce qu’ils vont trouver ça authentique? On attend avec impatience le retour de la famille et de la communauté libanaise. On espère qu’ils vont se retrouver à travers les personnages. »

Une projection spéciale du premier épisode est également prévue à Ottawa le 4 novembre, dans le cadre de la semaine nationale de l’immigration francophone. L’événement de TFO et du Réseau de soutien à l’immigration francophone de l’Est de l’Ontario aura lieu dès 18 h au campus Lees de l’Université d’Ottawa, en compagnie de Josiane Blanc, Ania Jamila et Patrick Saad.

Le premier épisode d’Hôtel Beyrouth est disponible en rattrapage sur tfo.org. Les sept autres seront diffusés à la télé et mis en ligne tous les jeudis à 20 h.

Doug Ford promet un chèque de 200 $ aux Ontariens

TORONTO – Les contribuables qui ont payé leurs taxes en 2023 recevront un chèque de 200 dollars par la poste dès début 2025. Quelque 3 milliards de dollars seront répartis entre 12,5 millions d’adultes et 2,5 millions d’enfants. « Une aide bien méritée pour les aider à joindre les deux bouts », déclare le premier ministre ontarien, accusant la taxe carbone fédérale d’avoir impacté le coût de la vie.

Doug Ford a rendu officielle ce matin la remise de chèques de 200 $ aux contribuables, information que le Toronto Star avait divulguée deux semaines auparavant.

Chaque résident, âgé de 18 ans ou plus ayant payé ses impôts en 2023, est éligible pour recevoir ce chèque unique, à l’exception d’une personne en situation de faillite financière ou incarcérée en 2024. Avec un montant additionnel similaire par enfant. Une famille de cinq recevrait par exemple un montant de 1000 $.

« Nous faisons tout notre possible pour garder les coûts bas pour les familles ontariennes, mais la taxe fédérale sur le carbone et les taux d’intérêt élevés continuent de pénaliser les contribuables partout dans la province », a pointé du doigt le premier ministre, via communiqué.

Ce à quoi la cheffe du Parti libéral de l’Ontario Bonnie Crombie avait taxé de « stratagème ponctuel de la part d’un premier ministre » sur les réseaux sociaux. « Il a promis, sans succès, de réduire les impôts depuis plus de six ans. Plutôt que de tenter d’acheter votre vote lors d’une année électorale, les libéraux de l’Ontario réduiront les impôts de toutes les familles de la classe moyenne, et ce, de façon permanente ».

Une initiative dans un contexte électoral, non sans rappeler de précédentes faveurs fiscales du gouvernement avant les élections de 2022, comme l’élimination des péages, de frais de vignettes de plaques d’immatriculation, et la réduction de la taxe sur l’essence, faisant économiser aux ménages quelques centaines de dollars par année.

Selon Pedro Antunes, économiste en chef du Conference Board of Canada, la taxe carbone a pour visée de changer les habitudes de consommation des gens pour réduire les gaz à effets de serre. Contrer ça avec la réduction de la taxe sur les carburants de Doug Ford, est à l’opposé de cette incentive par exemple.

« Ces deux dernières années, la Banque nationale du Canada a essayé de ralentir l’économie pour contrer les effets inflationnistes. Quand on voit que cet argent est versé à toutes les bourses (et pas juste aux personnes à faible revenu), on pourrait se dire que la province devrait le retenir pour remettre le déficit en place et pour des projets à plus long terme dans l’éducation ou la santé où des pressions financières se font sentir. »

Selon cet expert, c’est une mesure très temporaire qui n’aidera pas à faire croitre l’économie.

« L’opposition à cette taxe sur le carbone est une approche très capitaliste de la part du gouvernement Ford et c’est devenu un argument politique pour les élections, avait précédemment commenté l’environnementaliste Yannick Beaudoin au micro d’ONFR. Selon la Cour suprême du Canada, il s’agit d’un prix sur la pollution, ‘une récompense carbone’, et pas juste une taxe. (…) Dans les faits, le contribuable reçoit plus d’argent que ce qu’il dépense ».

Le gouvernement a déclaré être en mesure de fournir cet allégement fiscal grâce à des revenus plus élevés que prévu, « en raison de l’impact de l’inflation sur les recettes de taxe de vente provinciale et de l’impact des récentes modifications à l’impôt sur les gains en capital du gouvernement fédéral ».

Élections : une première et du renouveau dans la continuité pour les Fransaskois

REGINA – Avec une première députée fransaskoise en 40 ans et une ministre aux Affaires francophones en moins, la réélection de Scott Moe du Parti saskatchewanais lundi pour un cinquième mandat amène quand même des changements à travers le statu quo gouvernemental pour les Fransaskois.

Lundi, Scott Moe a vu son parti récolter une cinquième majorité de suite, lui qui avait succédé comme chef à Brad Wall en 2018. Toutefois, les sièges que détenait le Parti saskatchewanais avant lundi soir, soit 43, ont fondu à 35, selon les plus récents résultats d’Élections Saskatchewan. 

« Notre équipe a entendu votre message », a déclaré Scott Moe, s’adressant aux habitants de la province qui n’ont pas voté pour lui ainsi qu’à ceux dont il a perdu le soutien lors des élections précédentes. « Nous devons faire mieux, et nous le ferons très certainement. »

De leur côté, les néo-démocrates auraient bondi de 14 à 26 sièges. La majorité nécessaire est de 31 sièges à l’Assemblée législative de la Saskatchewan. Le NPD a raflé l’ensemble des sièges dans les deux grands centres de la province, Regina et Saskatoon, alors que le parti de Scott Moe a remporté le restant de la province, excepté deux circonscriptions dans le nord.

« Nous n’avons peut-être pas franchi la ligne d’arrivée ce soir mais, mes amis, nous avons changé le paysage de cette province », a affirmé dans son discours lundi soir la leader néo-démocrate, Carla Beck.

Jacqueline Roy, pour le nouveau Parti démocratique de la Saskatchewan (NPD), est devenue la première Fransaskoise à faire son entrée à l’Assemblée législative à la suite de son élection dans Regina Nord-Est depuis Louise Simard, aussi au NPD entre 1986 et 1996.

« C’est évidemment quelqu’un qui connaît notre histoire et nos traditions. Donc évidemment, on va l’encourager à utiliser la langue de Molière dans la législature et pousser l’agenda francophone. Ça ajoute à l’histoire de notre communauté et on va continuer à bâtir là-dessus », salue le président de l’Assemblée communautaire fransaskoise (ACF) Denis Simard.

Toutefois, pour l’ACF, la ministre désignée aux Affaires francophones et à la Culture, Laura Ross, a perdu son siège dans Regina Rochdale, en plus des ministres de la Justice, Bronwyn Eyre et des Services sociaux, Gene Makowsky.

« C’est clair qu’hier soir, avec beaucoup de ministres qui ont été basculés, ça signifie que l’ACF et la communauté vont devoir renouer des liens et créer de nouvelles relations avec les nouveaux ministres. Ce nouveau cycle de personnes offre l ‘occasion d’être là dès le début », affirme Denis Simard.

Denis Simard est le président de l'ACF. Gracieuseté
Denis Simard, président de l’ACF. Gracieuseté

Le dossier des infrastructures scolaires se retrouve au haut de la liste pour la communauté fransaskoise, qui bénéficie actuellement de 15 écoles, un nombre insuffisant, soutient M. Simard.

« On a à peu près 12 000 jeunes considérés comme des ayants droit dans notre province, mais on a seulement des écoles pour 2000 jeunes. Ça nous prend des écoles pour les 10 000 autres, ce qui va être une énorme conversation. »

Dans les dernières années, dans le cadre d’une entente avec le gouvernement Moe, les Fransaskois ont réussi à obtenir la construction de trois nouvelles écoles. Par le passé, ils devaient se contenter d’anciennes écoles anglophones reconverties.

« Habituellement, ça prenait 10-15 ans avant qu’il y ait une nouvelle école qui était annoncée. Là, on en a eu trois dans une période de six ans. On va vouloir accélérer là-dessus (…) Peut-être qu’on peut aller en chercher cinq (écoles) dans les prochains cinq à six ans. C’est un objectif qu’on se donne », lance le président de l’organisme fransaskois.

Un autre dossier pointe le bout du nez : agir pour que les francophones au sein du système de santé comme les médecins pour qu’ils soient mieux connues par la population fransaskoise afin que celle-ci puisse avoir accès à des soins dans sa langue. 

« On a très très peu de services, bien que des gens dans le système de santé peuvent parler en français, mais ils sont rarement identifiés. On a d’énormes besoins de ce côté-là », lance-t-il.

Mary Simon a suivi 90 minutes de cours de français par semaine depuis sa nomination

OTTAWA — La gouverneure générale Mary Simon a suivi près de 228,7 heures de cours depuis sa nomination en 2021, soit une moyenne de près de 6 heures par mois, ou encore 90 minutes par semaine. 

C’est ce qu’a indiqué le bureau de la gouverneure générale à la suite de nos questions précisant que ces leçons de français ont coûté 34 592,33 $ aux contribuables canadiens. Nommée comme gouverneure générale en 2021 par Justin Trudeau, elle avait promis à ce moment d’apprendre le français, étant bilingue en anglais et en inuktitut. En décembre 2023, Rideau Hall affirmait qu’elle avait atteint à ce moment 184 heures de cours dans la langue de Molière.

Mary Simon affirme prendre des leçons de français chaque semaine. « Les critiques adressées envers mon français n’étaient pas vraies », a-t-elle dit dans une récente entrevue avec le Réseau de télévision des peuples autochtones.

« Je peux parler un peu français, mais je suis bien meilleure pour lire et comprendre le français », soutient-elle.

« Apprendre une langue à mon âge n’est pas facile, mais je le fais chaque semaine. Je prends des leçons chaque semaine à la fin de mes journées de travail. Je travaille à temps plein, alors que je ne suis pas à l’école à temps plein », se défend-elle.

Son inaptitude à parler français lors d’une visite dans un organisme de la région de Québec a fait l’objet de multiples reportages dans les dernières semaines dans les médias québécois. Cette dernière avait même dû annuler une autre visite dans un organisme de Québec suite à la controverse. 

Mais cette dernière a profité de sa visite dans la capitale québécoise pour passer une fin de semaine avec une famille francophone de trois enfants ne parlant pas anglais dans le but de « s’imprégner de la langue, de l’identité et de la culture et de se pratiquer à converser en français », signale Rideau Hall. 

Suite à cette visite, l’ancienne journaliste de CBC avait déclaré « comprendre l’importance du français pour les Canadiens et Canadiennes francophones » et que parler inuktitut « fait partie intégrante de son identité et de son engagement envers les langues autochtones ».

Dans son entrevue, Mary Simon soutient avoir été honnête dès le départ du processus de nomination pour trouver la successeure de Julie Payette « que j’étais bilingue, mais pas en français, mais que j’étais déterminé à l’apprendre ». Sur les critiques envers son français, Mme Simon considère que c’est important de « regarder qui elle est comme personne » avant tout.

« Pourquoi j’ai été nommée gouverneure générale? Parce que le Canada était prêt à nommer une gouverneure générale autochtone et j’avais cette expérience que les gens voulaient », avance-t-elle.

Récemment, c’est le mari de Mary Simon qui avait fortement repoussé les critiques des politiciens et médias qu’avait reçues sa femme concernant son français. Dans une longue publication sur Facebook, Whit Fraser avait qualifié les reportages des médias québécois concernant sa femme de « série croissante de conneries ».

Une semaine pour « redéfinir l’accès à la justice » 

Julia Ballerio-Dupé est conseillère bilingue en affaires publiques au sein du Groupe d’action sur l’accès à la justice (TAG). Elle est en charge de l’organisation de la semaine de l’accès à la justice. Son collègue, Jason Pichelli, est manager des relations externes au sein du Groupe.

La 9e édition de la Semaine d’accès à la justice débute ce lundi avec une série d’ateliers et de conférences qui seront proposés en ligne jusqu’à vendredi sur le site internet du TAG.

Être servi en français dans tout processus judiciaire n’est pas un long fleuve tranquille pour les Franco-Ontariens qui, en outre, sont confrontés à des disparités géographiques. Le TAG tente de fluidifier cet accès en s’appuyant sur un réseau de partenaires.

« Pouvez-vous expliquer ce qu’est le Groupe d’action pour l’accès à la justice? 

Julia Ballerio-Dupé : Il a été créé parce que nous avons plusieurs organisations en Ontario, plusieurs partenaires, qui s’occupent de faire avancer les choses en matière d’accès à la justice. C’est une manière de collaborer en se réunissant trois à quatre fois par an, se tenir au courant des opportunités de collaboration et les réaliser. 

Comment jugez-vous la situation de l’accès à la justice en français en Ontario? 

JBD : Il y a toujours des améliorations à faire. Un des problèmes, c’est l’accès aux ressources : les employés bilingues et les traductions, notamment. Cela peut créer des délais. On a beaucoup de partenaires comme l’AJEFO (Association des juristes d’expression française de l’Ontario) ou le Programme de pratique du droit qui font des efforts pour créer des ressources, essayer d’alléger ces délais. C’est aussi important de le mentionner aux avocats et aux juristes et parajuristes, car il y a beaucoup d’avocats qui ne sont pas en soi francophones, mais qui parlent français et pourraient offrir des services en français. Mais, soit ils ne sont pas à l’aise, soit ils ne sont pas conscients qu’ils peuvent le faire. C’est donc important de créer de l’information pour les encourager à le faire car cela pourrait beaucoup aider. 

Jason Pichelli : J’ajouterais qu’un autre problème se situe au niveau de l’aide juridique. Le seuil de bénéfice est trop bas. Elle n’est disponible que pour les personnes qui ont un salaire en dessous de 18 000 dollars par an individuellement, ou 50 à 55 000 pour une famille. C’est le cas en anglais aussi ,mais cela fait qu’il y a une tranche de la population qui ne peut pas avoir un avocat car c’est trop cher et ils ne qualifient pas pour les services d’aide juridique. 

Y a-t-il des disparités d’accès à la justice en français selon les zones géographiques en Ontario? 

JBD : Oui, c’est plus simple à Ottawa, où il y a plus de personnes bilingues par exemple. À Toronto aussi, c’est beaucoup plus présent. Il y a la FOLA (Federation of Ontario Law Associations) qui veut faire la promotion pour encourager les professionnels juridiques à aller dans les communautés plus éloignées, parce qu’il est vrai que les gens quittent souvent les campagnes pour aller en ville. 

Existe-t-il des incitations pour les avocats ou les personnes travaillant dans le droit afin qu’ils restent dans ces endroits plus éloignés?

JP : C’est une question compliquée. Depuis un an, la FOLA a demandé au barreau de faire de la recherche et des recommandations pour améliorer la situation. Nous sommes encore en train de faire cette recherche en partenariat avec d’autres organisations juridiques en Ontario. On essaie de savoir s’il y a des solutions qu’on puisse apporter pour répondre à ce défi.

De manière générale, en quoi consiste cette neuvième édition de la semaine de l’accès à la justice? 

JBD : C’est une semaine de conférences en ligne. Partout en Ontario et même au pays, on peut suivre les séances. Le but est de donner une vitrine pour l’accès à la justice. On parle évidemment des obstacles, mais surtout des solutions. Au sein du Groupe d’accès à la justice, nous échangeons entre nous, mais il faut savoir qu’il y a des professionnels de la justice qui ne font pas partie du groupe. C’est une manière de les tenir au courant en leur montrant ce qui se passe, ce qu’ils peuvent faire dans leurs communautés, mais aussi de créer des discussions et des réflexions sur la situation et ce qu’on peut faire pour l’améliorer. 

Parmi les activités offertes lors de cette semaine, il y a la possibilité de prendre un rendez-vous personnalisé pour un appel téléphonique avec un avocat francophone. En quoi cela consiste-t-il? 

JBD : C’est une initiative du Programme de pratique de droit de l’Université d’Ottawa en collaboration avec le Centre juridique de l’Ontario. On peut aller sur leur site internet, prendre leur numéro de téléphone et on a accès à une consultation gratuite de 30 minutes. Cela peut concerner n’importe quelle affaire judiciaire, cela reste confidentiel entre le professionnel juridique et la personne qui appelle. 

Quels sont les objectifs de cette neuvième édition? 

JBD : Le thème de cette année, c’est Redéfinir l’accès à la justice. C’est un gros thème, nous n’avons pas forcément l’ambition de tout redéfinir, mais c’est plus l’occasion de prendre le temps, de sortir de la routine quotidienne, de réfléchir, de voir les solutions novatrices. Cette année, il y aura beaucoup de séances qui porteront sur la technologie, notamment l’intelligence artificielle. On va aussi se pencher sur la place du français, la place des autochtones dans l’accès à la justice. Et aussi le travail pro bono que les avocats peuvent faire pour améliorer l’accès à la justice. » 

Gabrielle Lemieux, nouvelle voix forte des enseignants franco-ontariens

OTTAWA – Elle est le nouveau visage de l’Association des enseignantes et des enseignants franco-ontariens (AEFO), mais est loin d’être une inconnue dans le milieu de l’éducation francophone. Gabrielle Lemieux a à son actif de nombreuses implications bénévoles que ce soit à la la Fédération de la jeunesse franco-ontarienne (FESFO), ou à l’AEFO. Rencontre avec une enseignante passionnée du Nord qui souhaite miser sur la consultation et la collaboration.

« Vous venez d’accéder à la présidence de l’AEFO, depuis le mois de septembre. Quels sont vos objectifs?

Je veux m’assurer qu’on demeure proche des membres pour qu’au moment de faire nos revendications auprès des employeurs ou du gouvernement, on soit vraiment à l’affût de ce qui se passe dans leur quotidien.

Gabrielle Lemieux a été vice-présidente de l’AEFO pendant trois mandats avant de présider l’organisme en février dernier. Source : Compte X de l’AEFO

L’AEFO a récemment conclu des ententes avec le gouvernement pour le renouvellement des conventions collectives. Est-ce la fin de la bataille?

C’est sûr que c’est un début. Le cycle des négociations est perpétuel. Il y a des choses de notre côté ou de l’autre qu’on finit par laisser tomber pour arriver à une entente. Ce serait vraiment idéaliste de penser que c’est la fin. Nos revendications n’arrêteront pas, que ce soit au niveau du financement des institutions publiques, de la violence à l’école, de la pénurie de main-d’œuvre. Le travail de l’AEFO va bien au-delà des négociations.

En tant qu’enseignante, comment voyez-vous les nouvelles règles sur l’interdiction du vapotage et du cellulaire en classe?

C’est certain qu’il faut en parler et voir les mesures qui ont été mises en place. Je ne suis pas certaine que ça va vraiment attaquer le gros du problème. On est en train de mettre des solutions qui sont temporaires.

Ça ajoute au fardeau de la tâche d’enseignant d’avoir à gérer ces situations-là. Il est possible aussi que ces annonces soient là pour – peut-être – enlever le spotlight sur les coupures qui ont été faites en éducation.

Gabrielle Lemieux aux côtés de Fabien Hébert, président de l’Assemblée de la francophonie de l’Ontario (à gauche) et Sylvain Ducharme, vice-président de l’AEFO (à droite) en octobre. Gracieuseté

On a assisté à une sorte de valse des ministres de l’Éducation : trois ministres en peu de temps. Cela inquiète-t-il?

On aurait besoin que ce soit plus stable, mais avoir un changement n’est pas toujours mauvais non plus. J’ai quand même espoir qu’avec un changement au niveau du ministère de l’Éducation on va peut-être voir quelqu’un plus à l’écoute et prêt à consulter davantage.

J’ai déjà eu l’occasion de discuter brièvement avec Mme Dunlop. On est entrées en poste toutes les deux à peu près en même temps, alors c’est aussi une belle occasion de pouvoir s’approprier des dossiers, de voir ce qu’on est capable de faire ensemble.  Sans être trop optimiste, il y a quand même des opportunités qui sont là.

Avez-vous bon espoir que, justement, ça se passe bien avec la ministre Dunlop par rapport à la question des francophones?

Mon souhait c’est qu’elle comprenne le système d’éducation francophone, ses enjeux et ses besoins particuliers. Il faut que le financement soit adéquat pour assurer la pérennité de ce système qui n’est pas le même que du côté anglophone. Je lui ai recommandé d’aller visiter des écoles francophones et surtout de miser sur la consultation. Il faut se fier aux acteurs qui sont sur le terrain et les partenaires à l’éducation, c’est essentiel.

Vous habitez maintenant à Ottawa. Comment se passe votre adaptation?

Même si je n’avais jamais vécu ici, je me sens quand même un peu chez moi. Quand j’étais jeune, j’étais impliquée dans la FESFO, et on venait souvent à Ottawa pour des réunions. C’est une grande ville, alors il y a quand même des moments où je rentre à l’épicerie et je réalise qu’ici c’est à peu près quatre fois la taille de celle de la maison. Mais je m’adapte bien pour le moment.

Gabrielle Lemieux, vice-présidente de l’AEFO, manifestant contre les coupes en éducation à Queen’s Park en 2019. Gracieuseté

Vous avez aussi dû arrêter d’enseigner. Est-ce quelque chose qui va vous manquer?

Je savais que quitter la salle de classe serait un sacrifice. Alors, pour moi, ce n’est pas une question de vouloir quitter la salle de classe, mais bien de pouvoir impacter celle-ci à un autre niveau. C’est ça qui m’a poussée à me présenter pour ce poste, mais de fermer la porte de ma salle de classe a quand même été difficile pour moi au mois de juin. Le contact quotidien avec les jeunes me manque tous les jours, mais je sais que le travail que je suis en train de faire avec l’équipe sera bénéfique pour eux aussi.

Pour revenir un peu sur ce que vous disiez plus tôt, en quoi consistait votre implication à la FESFO?

J’y ai été impliquée dès la neuvième année, mais en été élue à la vice-présidence quand j’étais en deuxième année CPO. Je me suis investie assez jeune au niveau d’un organisme qui m’a donné des ailes pour mon implication communautaire. Pour s’engager, à la base de nos associations, il faut comprendre la gouvernance, les conseils d’administration, etc.

La FESFO m’a vraiment donné ce boost là au niveau du leadership. Je pouvais comprendre les enjeux et le fonctionnement de l’organisme. Ça a été un tremplin pour le reste de ma vie. Aujourd’hui encore, je leur suis très reconnaissante. C’est un organisme qui impacte considérablement la communauté francophone.

Présentation devant une centaine d’étudiantes et d’étudiants de la Faculté d’éducation d’Ottawa pour leur faire découvrir l’AEFO en octobre. Gracieuseté

Vous avez aussi été investie au niveau syndical comme présidente de l’Unité 57-Nord-Ouest publique pendant cinq ans, alors que vous étiez enseignante. Était-ce important pour vous de continuer votre engagement communautaire?

C’était extrêmement difficile de jongler entre un gagne-pain et une occupation bénévole! J’avais 27 ans quand j’ai été élue présidente au niveau de l’unité mais, ça aussi, ça m’a donné un tremplin vers le provincial, grâce à la compréhension du fonctionnement interne au niveau local. Ça m’a aussi fait réaliser l’importance du leadership féminin. Il n’est jamais trop tard pour s’impliquer. On donne ce qu’on peut. Se tenir informé et participer à des activités permet de garder une communauté en bonne santé.

Comment avez-vous eu la piqure pour l’enseignement?

J’ai eu des enseignants incroyables tout au long de mon parcours. Leur passion m’a inspirée. Même mes poupées, je les amenais pour leur faire l’école. Je voulais dès le début enseigner, mais ce sont vraiment des stages d’éducation coopérative au secondaire et des placements qui m’ont permis de cerner à quel niveau je voulais enseigner.

À l’université et à la FESFO, j’ai compris que je voulais enseigner au secondaire. J’étais très stimulée par le fait d’aller chercher des groupes de jeunes adolescents et les aider à développer leur leadership, à devenir des citoyens, pas juste de demain, mais aussi d’aujourd’hui.

Gabrielle Lemieux, alors présidente de l’Association des étudiants francophones de l’Université Laurentienne, à l’occasion de la manifestation contre la hausse des frais de scolarité en 2007 à Queen’s Park. Gracieuseté

Qu’est-ce qui est le plus difficile dans le métier d’enseignant aujourd’hui?

C’est la lourdeur de la tâche dans un domaine où on ajoute constamment des initiatives. Je vais aller au-delà des enseignants, avec le personnel professionnel qui travaille dans nos des écoles : on n’arrête pas d’en ajouter sur leurs épaules. Et puis il n’y a pas un regard sur ce qu’on peut enlever pour compenser. Sans parler du poids sociétal qui s’est ajouté sur les écoles au niveau de ce qu’on inculque aux enfants au sujet de la violence, des bonnes valeurs citoyennes, etc. Ce qui est dommage, c’est aussi qu’on ne consulte pas assez et on ne respecte pas toujours le jugement de ces gens qui ont investi dans l’éducation et leur formation pour devenir des professionnels.

Gabrielle Lemieux en 2013 durant le Projet Outremer en Guinée Conakry animant un jeu coopératif. Gracieuseté

S’il y avait une chose à retenir de votre parcours, à ce jour, de quoi s’agirait-il?

Une chose qui m’a vraiment marquée ce sont les projets auxquels j’ai participé à travers la Fédération canadienne des enseignantes et des enseignants en Guinée-Conakry en 2013, puis en Haïti en 2016 et au Togo en 2018.

Ce qui m’a marquée, c’est vraiment ce travail de collaboration avec des syndicats d’enseignants dans les pays en développement qui n’ont pas accès nécessairement du perfectionnement professionnel. Ça a été une expérience incroyable, non seulement de voyager, mais aussi au niveau professionnel d’avoir la chance de travailler avec des experts en éducation qui viennent d’autres pays pour cibler leurs expertises puis apporter des choses plutôt canadiennes.

J’ai eu la sensation de faire partie d’une énorme famille ou d’un énorme réseau d’éducateurs au niveau international. Ce sont des événements qui m’ont ouvert les yeux et qui m’ont permis de travailler avec plein de collègues canadiens et à l’international. »


1984 – Naissance à Sudbury

1998 – Première implication à la FESFO

2008 – Début de carrière en enseignement à Dubreuilville

2012 – Élue à la présidence de l’Unité 57 – Nord-Ouest publique de l’AEFO

2024 – Élue à la présidence de l’AEFO

Chaque fin de semaine, ONFR rencontre un acteur des enjeux francophones ou politiques en Ontario et au Canada.

Soccer : un duel ontarien sous haute tension pour une place en demi-finale

OTTAWA – Ce dimanche, l’Atlético Ottawa reçoit le York United FC en quart de finale de la Première ligue canadienne de soccer. Un match à élimination directe qui s’annonce électrique entre deux équipes qui ne s’apprécient guère. 

L’entraîneur de l’Atlético Ottawa avait balancé une bombe en conférence de presse le 6 octobre dernier, après une défaite 1-0 de son équipe sur le terrain des Torontois, en affirmant que ces derniers étaient l’équipe la plus faible des phases finales. Un commentaire qui avait beaucoup fait parler, vu la rivalité naissante entre les deux clubs et la domination de York sur Ottawa cette saison avec un bilan de trois victoires sur les trois dernières confrontations entre les deux équipes. 

Du côté des joueurs ottaviens, on essaie de ne pas se mettre de pression supplémentaire par rapport aux déclarations faites par l’entraîneur et on se concentre sur le match à jouer. 

« Honnêtement, cela me passe au-dessus de la tête, a confié Abou Sissoko en conférence de presse d’avant-match. Chaque personne a le droit de penser ce qu’elle veut. On respecte la décision d’une personne de s’élever et de dire quelque chose. On ne va pas commencer à la juger. C’est ce que notre entraîneur, avec beaucoup de respect, pense. D’autres pensent la même chose, mais j’imagine aussi que du côté de York, ils doivent penser qu’on est la pire équipe qui existe sur Terre. En fin de compte, ça reste le football, on est fair-play et on va essayer d’obtenir la victoire. »

Le dernier match entre les deux équipes a été très tendu avec l’expulsion du milieu de terrain Liberman Torres à la 25e minute pour un mauvais geste sur Edgar Martinez. Photo : CPL

L’avantage de l’expérience

Concentré sur la rencontre du jour, le milieu de terrain malien ne veut pas non plus dramatiser cette rencontre, même si l’enjeu est capital. Une défaite et la saison de l’Atlético Ottawa sera terminée. 

« Je ne trouve pas qu’il y ait un élément clé (sur lequel se focaliser), il faut le prendre comme un match comme les autres. Cela va être la cinquième fois qu’on va jouer contre York cette année, on se connaît parfaitement. On doit juste respecter le plan de jeu que l’entraîneur va mettre en place et prendre la victoire pour se qualifier. »

Ayant effectué un recrutement de haut niveau, en récupérant quelques-un des meilleurs joueurs de la ligue, lors de la dernière intersaison, le club de la capitale fédérale espère que l’expérience des phases finales que possède son effectif sera un élément clé pour remporter ce match. 

« Je ne suis pas le seul dans cette équipe avec l’expérience des playoffs, précise Abou Sissoko. Il y a Manu (Aparicio), Ballou (Tabla), Ollie (Bassett), Nate (Ingham) et aussi Didic qui ont joué les phases finales les années précédentes avec leurs équipes. L’équipe est prête, je sens que l’énergie sera positive cette fin de semaine.

L’expérience compte, poursuit-il, car plus on a de matchs de playoffs à notre actif, plus on sait comment terminer les matchs, comment gérer nos émotions. C’est sûr que le match contre York va être électrique. Il va y avoir beaucoup d’impact physique et ce n’est pas à exclure qu’il y ait des accrochages sur le terrain. Il faudra rester mature, rester concentrer et respecter l’adversaire sans trop les respecter non plus. C’est l’expérience qui permet tout cela et je suis sûr qu’on a les joueurs capables de le faire sur le terrain. »

Les Ottaviens voudraient prolonger la carrière de leur capitaine emblématique Maxime Tissot (au centre en bleu) avec deux matchs supplémentaires. Photo : Matt Zambonin/Freestyle Photography

Gagner pour Tissot

Un autre élément qui pourrait apporter un surplus de motivation aux Ottaviens, c’est l’annonce de Maxime Tissot de sa retraite à la fin de la saison. L’arrière gauche gatinois est une figure emblématique du club. Ses coéquipiers voudraient lui offrir une fin de carrière digne de ce nom en allant le plus loin possible dans cette phase finale. 

« Maxime reste un joueur très important dans l’effectif, un leader et un modèle pour tout le monde. C’est sûr que chaque match qu’on va jouer maintenant ce sera pour nos partisans, pour l’équipe, pour nos familles, mais aussi pour Maxime, pour lui rendre un dernier hommage. Aller le plus loin possible sera un très bel hommage pour lui. Ça commence dimanche, on va essayer de donner un très bon match. »

Le coup d’envoi de la rencontre sera donné à 13 heures ce dimanche après-midi à la Place TD d’Ottawa, où on n’attend une foule record pour cette rencontre à ne manquer sous aucun prétexte. 

« Mettre les accents… là où il le faut! » 30 ans après la bataille de l’accent d’Orléans

Chaque samedi, ONFR propose une chronique sur l’actualité et la culture franco-ontarienne. Cette semaine, l’historien et spécialiste de patrimoine Diego Elizondo.

« Mettre les accents… là où il le faut! » Le refrain est bien connu en Ontario français. 30 ans après la fin de cette lutte franco-ontarienne historique, retour dans cette chronique sur la célèbre bataille de l’accent d’Orléans.

Orléans, à l’origine d’un nom

Orléans est fondé en 1860, au moment où la paroisse catholique Saint-Joseph est créée et qu’un bureau de poste ouvre ses portes. Le village agricole est en tout point typiquement canadien-français. Ses pionniers proviennent pour la plupart de la rive sud de Montréal. Avec le temps, le nom Orléans finit par s’imposer, même si l’origine du nom demeure inconnue avec certitude. Des légendes urbaines tenaces font croire que le nom proviendrait du premier curé de la paroisse, supposément originaire d’Orléans, en France, ou encore de la ville natale de l’épouse du pionnier Luc Major, qui a dessiné le premier plan en 1858 du village en devenir. Si le premier curé de la paroisse, Alphonse-Marius Chaîne était effectivement Français, il était originaire de la région des Hautes-Alpes, donc loin d’Orléans. Quant à l’épouse de Luc Major, Émilie Masson, la généalogiste franco-ontarienne Suzanne Labelle-Martin déboulonne le mythe dans son livre sur l’histoire d’Orléans, publié en 1984 grâce à ses recherches. Émilie Masson était plutôt originaire de Ste-Martine, sur la rive nord de Montréal. Donc encore plus loin d’Orléans, France…

Deux articles parus dans le journal Le Droit à l’époque. En haut : La décision en 1989 de la Commission de toponymie de l’Ontario de reconnaître  »Orleans » au lieu d’Orléans provoque l’ire de la communauté franco-ontarienne. En bas : Le conseiller municipal Franco-Ontarien de la Ville de Gloucester Royal Galipeau jette un pavé dans la marre en se questionnant sur pourquoi Orléans est orthographié sans accent, à l’anglaise, dans les documents de la municipalité. La bataille de l’accent durera une décennie. Crédit photo : archives Le Droit.

Une troisième hypothèse sur l’origine du nom Orléans serait que le premier maître poste du village, Jean-Théodore Besserer, aurait donné le nom d’Orléans au village en honneur de ses ancêtres allemands qui ont immigrés à l’Île d’Orléans, près de Québec, au XVIIe siècle. C’est une hypothèse plausible, certains villages en Ontario ont été nommés par le premier maître-poste. Quoi qu’il en soit, c’est l’hypothèse la plus crédible et le nom d’Orléans a fini pour perdurer dans le temps, malgré son origine incertaine.

Urbanisation

Le village d’Orléans, situé à une vingtaine de kilomètres à l’Est d’Ottawa, subit peu de changements jusqu’aux années 1970, et surtout 1980. À ce moment-là, le village rural et agricole majoritairement francophone est urbanisé à la vitesse grand V, avec la construction massive de domiciles par des promoteurs immobiliers. Orléans devient un lieu de prédiction pour les familles de la classe moyenne, pour la plupart employés de la fonction publique fédérale, qui souhaitent y acheter une maison et y fonder une famille. Le changement est rapide et drastique. La population triple. En l’espace de quelques années, les francophones passent de majoritaires à minoritaires.

La bataille de l’accent 

En 1982, le conseiller municipal de la ville de Gloucester, le Franco-Ontarien Eugène Bellemare, lance à des fonctionnaires du ministère des Transports et des Communications de l’Ontario que « mes concitoyens d’Orléans ne cessent de mettre un accent sur vos panneaux et vous ne vous corrigez pas ».

Deux ans plus tard, son collègue conseiller, le Franco-Ontarien Royal Galipeau, s’interroge sur l’absence d’accent aigu sur le nom d’Orléans dans les documents de la municipalité. Une querelle s’ensuit entre les conseillers franco-ontariens et les conseillers anglophones, qui estiment que s’interroger là-dessus est une perte de temps et que le nom devrait continuer à s’écrire sans accent.

La bataille de l’accent pour Orléans est alors bien entamée. Pendant les années 1980, c’est à coup de lettres et de pressions auprès des élus que les francophones réclament à la province de l’Ontario que le nom d’Orléans prenne officiellement un accent aigu, en reconnaissance de son passé francophone, de son histoire et de son patrimoine culturel. Certains militants franco-ontariens n’attendront pas et ajouteront, à l’aide de peinture, un accent sur les panneaux routiers. L’image est passée à l’histoire.

L’accent aigu sur la lettre  »e » ajouté avec de la peinture blanche sur le panneau bleu situé à l’entrée de la localité d’Orléans. Geste d’éclat de militants franco-ontariens pendant la célèbre bataille de l’accent. Photo mythique.

À la demande du député provincial de Prescott-Russell, le Franco-Ontarien Jean Poirier, la Commission de toponymie de l’Ontario est chargée d’étudier la question de ce dossier assez inhabituel et controversé. Sa décision, rendue en 1989, est qu’à la lumière de ses consultations, Orléans ne doit pas prendre d’accent, l’usage d’Orleans étant assez répandu et que de toute façon, la majorité des résidents d’Orléans sont dorénavant anglophones. La décision est très mal accueillie du côté francophone, qui y voit là un affront.

Les francophones d’Orléans se tournent donc vers les municipalités de Gloucester et de Cumberland afin de faire des résolutions réclamant le retour de l’accent sur le nom Orléans. Le territoire d’Orléans (qui n’est pas une ville) se trouve à cheval sur ces deux municipalités.

La bataille de l’accent retient l’attention médiatique et culturelle. Le compositeur Paul Demers s’en inspire lorsqu’il compose la chanson Notre place. La référence est explicite dans le refrain : « Mettre les accents… là où il le faut! » Comble, Demers mentionne même Orléans dans sa chanson.

Cette chanson (reconnue en 2017 par le gouvernement de l’Ontario comme l’hymne officiel provincial des Franco-Ontariens) est chantée pour la première fois à Toronto en 1989.

Les municipalités de Gloucester et de Cumberland adoptent coup sur coup l’année suivante des résolutions pour que le nom Orléans avec un accent soit reconnu. La Commission de toponymie de l’Ontario l’accepte.

Les résolutions de 1990 de la Ville de Gloucester et du canton de Cumberland pour l’accent sur Orléans. Crédit photo : archives de la Société historique du canton de Cumberland.

Une seconde résolution… ou mettre les points sur les i

Alors qu’on pensait le débat clos, les panneaux de signalisation, les cartes routières et autres documents gouvernementaux continuent d’aborder « Orleans », malgré les résolutions municipales.

À la Commission de toponymie de l’Ontario, on se défend en expliquant que les résolutions de 1990 font en sorte qu’Orléans est une forme acceptée d’orthographe, mais qu’Orleans continue de l’être aussi aux yeux de la province.

Afin d’y remédier et pour respecter le souhait initial des Franco-Ontariens, Cumberland et Gloucester adoptent de nouvelles résolutions en 1994, afin de demander à la Commission de toponymie de l’Ontario de reconnaître officiellement une seule orthographe pour le nom Orléans, soit celle en français, avec un accent. Bien que récalcitrante, la Commission de toponymie n’a d’autre choix que de respecter les nouvelles résolutions des municipalités. En définitive, il n’y aura donc qu’un seul nom officiel pour la localité, celui d’Orléans, avec un accent.

La résolution provinciale qui reconnaît l’orthographe officiel d’Orléans, avec un accent, en 1994, et qui met fin à la bataille. Notez bien à gauche l’inscription :  »Name change. Orléans not Orleans. Crédit photo : Le Chaînon et archives de la Société franco-ontarienne du patrimoine et de l’histoire d’Orléans (SFOPHO).

C’est une reconnaissance de plus de leur identité que les Franco-Ontariens obtiennent avec la bataille de l’accent victorieuse. Le fondement de cette bataille toponymique tirait sa raison d’être de l’histoire et du patrimoine. La bataille de l’accent a frappé l’imaginaire collectif et s’est hissée, chanson de Paul Demers aidant, au rang de mythe franco-ontarien moderne.

Rappelant la décision de 1994, la Société franco-ontarienne de l’histoire et du patrimoine d’Orléans veille au grain depuis 2012 pour qu’Orléans continue d’être écrit avec un accent auprès de tous.

Les opinions exprimées dans cet article n’engagent que leurs auteur(e)s et ne sauraient refléter la position d’ONFR et du Groupe Média TFO.

Plus de 50 films en français au Festival international du film de Windsor

WINDSOR – Le 20e Festival international du film de Windsor (WIFF) s’est ouvert jeudi soir avec la présentation de Bergers, de Sophie Deraspe. Cette projection donne le ton à l’événement, celui qui présente la plus grande quantité de films francophones lors d’un même festival au Canada, selon son site web.

C’est 54 productions francophones qui sont présentées d’ici au 3 novembre, entre autres grâce à un partenariat avec le Bureau du Québec. Les films en français constituent 25% de la programmation totale du WIFF. « Le WIFF est ravi de pouvoir offrir à la communauté des options pour expérimenter un large éventail de films francophones chaque année », peut-on lire sur le site web du festival, qui affirme également qu’il s’agit de la plus grande programmation de films en français pour un festival au pays, incluant les festivals québécois.

On retrouve ainsi de grands succès québécois comme 1995 de Ricardo Trogi et Ababouiné d’André Forcier. Plusieurs films remarqués récemment dans d’autres festivals de l’Ontario comme le Festival international du film de Toronto (TIFF) et le Cinéfest de Sudbury sont aussi de la partie : Le comte de Monte-Cristo (Alexandre de La Patellière, Matthieu Delaport), La petite et le vieux (Patrice Sauvé), Vous n’êtes pas seuls (Marie-Hélène Viens, Philippe Lupien) et le candidat canadien à la course aux Oscars, Une langue universelle de Matthew Rankin.

Philippe Lupien et Marie-Hélène Viens dans la saison 3 de La Cabine, réalisée par Joanne Belluco. Photo : ONFR

Au niveau des documentaires, on retrouve notamment La bataille de Saint-Léonard, de Félix Rose, et Le dernier Canadien français, du Québécois-Franco-Ontarien, Pascal Justin Boyer. La langue et l’identité sont au cœur de ces deux œuvres, bien qu’elles touchent à ses sujets d’une façon très différente, la première racontant une crise linguistique passée et la deuxième s’interrogeant sur le présent.

En plus des films francophones, les sections spéciales du WIFF incluent les documentaires, les réalisatrices féminines, les productions locales et les productions LGBTQ+, en plus de braquer les projecteurs sur des films mettant à l’avant l’architecture. Cette collaboration avec la Société d’architecture de la région de Windsor veut attirer l’attention sur des enjeux sociaux comme la gentrification, les espaces publics et le rôle que joue l’architecture dans le monde moderne.

Il n’y a pas que des nouveautés au WIFF. Les projections Anniversaire, Famille ou le Midnight Madness (la folie de minuit), par exemple, présentent des classiques qu’il fait bon de revoir sur grand écran.

Le WIFF, qui se présente comme l’un des événements culturels à la plus forte croissance dans le Sud-ouest de l’Ontario, se déroule jusqu’au 3 novembre, dans trois différents lieux de Windsor. La programmation complète se trouve sur son site web.

Élections anticipées : priorités francophones menacées?

TORONTO – Avec la reprise parlementaire teintée par le potentiel appel à une élection anticipée, des députés franco-ontariens craignent pour le suivi de projets de loi et de priorités sur lesquels ils sont engagés. Communautés francophones du Nord, offre active, Université de Sudbury ou pénurie de personnel bilingue, autant d’enjeux en attente risquant d’être abandonnés.

Le retour en chambre de l’Assemblée législative de l’Ontario cette semaine, après presque cinq mois de pause estivale, est marqué par le possible appel à une élection anticipée de la part du gouvernement.

Une décision qui mettrait dès lors fin à tous travaux parlementaires actuels. Dans l’expectative, certains députés franco-ontariens de l’opposition expriment des craintes quant à l’aboutissement de leurs projets de loi en cours.

La députée néo-démocrate de Nickel Belt, France Gélinas, a indiqué s’inquiéter de voir le Projet de loi 173 sur l’épidémie de violence entre partenaires intimes stagner, renvoyé en commission après son adoption le 10 avril dernier.

« Nous savons depuis trop longtemps que la violence entre partenaires intimes est un problème trop fréquent. Est-ce que le gouvernement peut nous assurer que des solutions seront mises en œuvre dans les plus brefs délais pour les communautés francophones et les communautés du Nord? », avait-elle alors réclamé au gouvernement.

France Gélinas, députée franco-ontarienne de Nickel Belt, pendant la période des questions en chambre. Photo : capture d’écran/Assemblée législative

France Gélinas, qui se représentera pour sa circonscription, reste également concentrée sur l’accès aux soins primaires en français, le manque de médecins ou infirmières praticiennes francophones, le recrutement et la rétention des travailleurs de la santé.

Également dans sa ligne de mire, les écoles francophones qui manquent de personnel et qui ne sont pas entretenues, faute de budget, ainsi que le financement de l’université de Sudbury « pour, par et avec les francophones, pour desservir les francophones du Nord-est ».

Les enjeux de communautés francophones en attente

« Lorsqu’il s’agit de la date des prochaines élections, nous sommes à la merci du gouvernement, déplore Guy Bourgouin, le député de Mushkegowuk-Baie James. Nous proposons des solutions, c’est notre responsabilité en tant qu’opposition officielle. Mais si nous avons une élection en avance, les enjeux en attente des décisions du gouvernement resteront encore plus longtemps sans solutions. »

« Mes priorités sont celles de ma communauté, souligne le porte-parole en Affaires francophones de l’opposition officielle, indiquant se représenter aux prochaines élections provinciales.

La situation est encore plus difficile dans le Nord, et particulièrement pour les francophones.
— Guy Bourgouin

« Je me concentre surtout sur l’avancement des enjeux qui sont particuliers au Nord et aux communautés francophones. Partout où il y a des pénuries en Ontario, que ce soit pour des médecins, des enseignants, des lits de soins prolongés ou du financement pour les universités. La situation est encore plus difficile dans le Nord, et particulièrement pour les francophones ».

Selon la députée libérale d’Ottawa-Vanier Lucille Collard, « assurer une offre active de services en français n’est pas une priorité pour ce gouvernement. Que ce soit dans le domaine de l’éducation, de la santé, ou de la justice – la communauté francophone est toujours une arrière-pensée ».

La députée franco-ontarienne d’Ottawa-Vanier Lucille Collard. Photo : Gracieuseté du Parti libéral de l’Ontario

« Je continuerai de partager les perspectives et les réalités de la communauté francophone en Chambre à la législature pour que le gouvernement les comprenne. »

Celle-ci espère que son Projet de loi 133, Loi de 2024 sur le Mois de la sécurité et de la protection de la vie privée des enfants en ligne, adopté en deuxième lecture, aboutira avant la fin du terme parlementaire, de même que le Projet de loi 41, qui a reçu la sanction royale, protégeant contre les dettes les victimes de la traite de personnes.

« J’exhorte le gouvernement à assurer sa mise en œuvre le plus tôt possible. Si cela n’arrive pas avant la prochaine élection, il y a un risque que cette loi, qui est si importante pour les survivantes de la traite des personnes, soit tablettée, ce qui serait une honte et une grande déception ».

Besoin d’infrastructures rurales

L’adjoint parlementaire aux Affaires francophones et député de Glengarry-Prescott-Russell, Stéphane Sarrazin, qui repartira lui aussi en campagne, indique vouloir améliorer les services en français dans tous les secteurs, et vouloir se concentrer sur la construction de logements et l’investissement dans les infrastructures.

Avant la fin de ce terme, le député de l’Est ontarien souhaite « finaliser des ententes pour la construction de plusieurs Maisons de soins de longue durée dans Glengarry-Prescott-Russell, continuer des discussions avec les municipalités pour faciliter le développement et obtenir du financement pour les projets municipaux : routes, eaux, égouts, etc… »

L’indépendant Michael Mantha, député franco-ontarien de Algoma-Manitoulin, souhaite plaider pour un financement adéquat aux petits hôpitaux dans les régions rurales du nord de l’Ontario, et pour un meilleur entretien des routes du Nord.

Michael Mantha, député franco-ontarien de Algoma-Manitoulin, qui siège en indépendant. Photo : Gracieuseté/Bureau de circonscription de Michael Mantha

Il prépare également un projet de loi d’initiative parlementaire « pour m’attaquer aux problèmes qui ont été cernés avec la privatisation des tests de conduite en Ontario. »

« Malheureusement, le gouvernement actuel a régulièrement utilisé sa majorité pour empêcher que de bons projets de loi d’autres partis ne soient présentés à l’Assemblée législative, note celui-ci. Le Projet de loi 13, sur des subventions aux résidents du Nord de l’Ontario pour frais de transport à des fins médicales, le projet de loi 67, sur la délivrance de permis et de règlements aux agences de soins infirmiers temporaires, le Projet de loi 27, sur la protection du territoire agricole, etc. Ils auraient profité aux gens de ma circonscription d’Algoma-Manitoulin et de partout en Ontario. »

Celui-ci précise qu’il prendra une décision finale avec son équipe dans les prochains mois quant à se présenter aux prochaines élections.

Surdose de musique et théâtre en Ontario français

Le théâtre et la musique sont au premier plan de l’agenda de cette semaine, dans le monde des arts et de la culture en Ontario. Que ce soit par le biais de la musique ou du théâtre, de nombreuses pièces cette saison rendent hommage à de personnages clés de la Belle Époque, du mouvement baroque et même la de mythologie grecque.

Feu Monsieur Feydeau! se poursuit sur scène au Théâtre français de Toronto

La nouvelle création du Théâtre français de Toronto Feu Monsieur Feydeau! s’empare de sa scène jusqu’au 3 novembre. La pièce, écrite et imaginée par Sébastien Bertrand, se produit dans un sanatorium à Rueil-Malmaison, dans lequel George Feydeau, maître incontesté du vaudeville, passe ses derniers jours. Alors qu’il se retrouve entouré de personnages excentriques de tous horizons, George Feydeau devient «  malgré lui, le personnage principal d’une farce inédite,  » selon le communiqué du Théâtre français de Toronto. Implacable et frénétique dans son rythme, l’hommage de Sébastien Bertrand au dramaturge de la Belle Époque est à la fois comique et tragique.

Photo : Mathieu Taillardas

Toronto, jusqu’au 3 novembre. Détails et billets sur le site du Théâtre français de Toronto.

Iphigénie à Pointe-Aux à La Nouvelle Scène Gilles Desjardins

S’inspirant de l’héroïne grecque Iphigénie, le dramaturge et scénariste Gary Owen adopte une approche contemporaine de ce personnage fort et combatif afin de discuter des classes sociales, du féminisme et de la jeunesse d’aujourd’hui. Le personnage d’Iphigénie devient sur scène un symbole puissant de la rage féminine face aux contradictions sociétales imposées sur les femmes. La version présentée ici a été adaptée pour que l’action se déroule à Montréal, ce qui n’empêche pas les gens d’ici de comprendre les enjeux, comme l’avait confié la comédienne Virginie Charland à ONFR, au lancement de saison de La Nouvelle Scène Gilles Desjardins. « C’est très situé, mais je trouve que le texte fait un bel écho à ce qui se passe à Ottawa. »

Photo : David Wong

Ottawa, jusqu’au 26 octobre. Détails et billets sur le site de La Nouvelle Scène Gilles Desjardins.

Vernissage de l’exposition Le monde sans fin

L’Alliance française d’Ottawa propose une exposition tirée de la bande dessinée Le monde sans fin, de Christophe Blain et Marc Jancovici. Le vernissage aura lieu ce vendredi avec une soirée ludique exploitant les thèmes de l’oeuvre : les changements climatiques, les enjeux économiques et la transition énergétique. Cette exposition en trois axes (l’énergie, le climat et agir) est l’occasion de se réunir entre amis et en famille et ne manquera pas de susciter des conversations stimulantes autour du livre le plus acheté en France en 2022. Il sera possible de visiter l’exposition jusqu’au 13 décembre.

Photo : Alliance française Ottawa

Ottawa, le 25 octobre. Détails et programmation sur le site de l’Alliance française Ottawa.

So Long Seven débarque à Toronto

Ce quatuor talentueux équipé d’un banjo (Tim Posgate), d’une guitare (Neil Hendry), d’un violon (William Lamoureux) et d’un tabla (Ravi Naimpally) se réunit sur scène pour créer une riche fusion de sons provenant des Amériques, de l’Europe et de l’Inde, tout en incorporant du jazz et du blues classique, dans les locaux de l’Alliance française Toronto.

Photo : Krista Ellis

Karina Gauvin et Marie-Nicole Lemieux chantent Haendel à Koerner Hall

Le duo soprano et contralto Karina Gauvin et Marie-Nicole Lemieux s’empareront de la scène de Koerner Hall dimanche soir en compagnie du célèbre orchestre de chambre québécois Les Violons du Roy, sous la direction du directeur musical Jonathan Cohen, pour chanter une programmation entièrement dédiée aux compositions du maître de la musique baroque, Georg Frideric Handel.

Karina Gauvin (gauche). Photo : Michael Slobodian. Marie-Nicole Lemieux (droite). Photo : Geneviève Lesieur.

Toronto, le 27 octobre. Détails et billets sur le site du Royal Conservatory of Music.

Chicane linguistique aux Communes : « La question est en anglais »

OTTAWA – La Chambre des communes s’est échauffée jeudi. Un député conservateur ne semble pas avoir aimé que le ministre Jean-Yves Duclos ait répondu à sa question en français après qu’elle ait été posée en anglais.

« La question est en anglais, mais je m’écarte ». Les quelques mots du député conservateur Larry Brock ont plongé la période des questions à Ottawa dans un chahut pendant quelques instants. Après ces propos, le président de la Chambre des communes Greg Fergus a dû intervenir, appelant à l’ordre à plus d’une reprise.

Le ministre des Services publics et lieutenant du Québec pour les libéraux, Jean-Yves Duclos, avait insisté quelques instants plus tôt pour répondre « en français à quelque chose que mon collègue a déjà entendu à plusieurs reprises en anglais ». C’est alors que le député conservateur a rétorqué qu’il avait posé sa question en anglais, provoquant des huées en provenance des banquettes libérales.

« Je vais demander au collègue de reprendre sa question, mais c’est un fait de base que les questions peuvent être demandées en français ou en anglais et les questions peuvent être répondues en anglais ou en français » a tenu à rappeler Greg Fergus.

« Ce qu’on vient d’entendre, c’est une insulte à tous les députés francophones de cette chambre, incluant les députés conservateurs », a lancé en fulminant Jean-Yves Duclos, dans la langue de Molière.

Il a alors poursuivi en demandant à Larry Brock que « s’il ne pouvait pas répondre en français à une question dans cette Chambre, qu’il le répète à nouveau », se provoquant du même coup une salve d’applaudissements de ses collègues libéraux.

Ce n’est pas la première fois qu’un tel événement survient dans le camp conservateur. La députée Rachel Thomas avait déjà demandé à la ministre Pascale St-Onge, lors d’une séance de comité, de lui offrir une réponse en anglais.

Le représentant conservateur s’est par la suite excusé sur X. Le ministre avait demandé des excuses après la période de questions, disant « avoir le droit comme député francophone de répondre en français à une question qui est en anglais ».

« Chaque membre du Parlement a le droit de s’exprimer dans la langue officielle de son choix et mon commentaire était inapproprié, et je m’en excuse », a écrit M. Brock.

À la fin de la séance, le ministre des Langues officielles, Randy Boissonnault, avait invoqué un rappel au règlement, soutenant « avoir vu un manque de respect flagrant ».

« J’étais incapable d’entendre la réponse du ministre à cause de la commotion dans la Chambre. Le volume ne fonctionnait pas correctement dans mon oreillette, et c’est pour ça que j’ai fait cette référence », avait plaidé le député conservateur.

« Je reconnais clairement que chaque membre dans cette Chambre peut poser des questions dans les deux langues officielles », avait-il ajouté.

« On a tous compris ce qu’il a tenté de faire », avait alors lancé le député libéral Joël Lightbound, appelant Greg Fergus à ordonner à Larry Brock de s’excuser. Mais le président de la Chambre a refusé en clamant « qu’il en avait assez entendu pour passer à autre chose ».

Le Salon du livre afro-canadien veut faire voyager, tout en célébrant les auteurs d’ici

OTTAWA – Le septième Salon du livre afro-canadien (SLAC) se tient à Ottawa du 24 au 27 octobre. L’initiative de l’organisme Mosaïque interculturelle (MI) a su se tailler une place enviable parmi les événements littéraires en Ontario, étant le seul salon du livre francophone de la capitale. Le thème Voyage en francophonie évoque la diversité des territoires et des accents, qui se rejoignent tous dans un simple but : célébrer les mots et les livres.

Pour le président d’honneur, l’auteur Edem Awumey, il s’agit d’une occasion parfaite de montrer la francophonie dans toute sa diversité, avec une représentation des communautés afrodescendantes, qui sont souvent sous-représentées dans d’autres événements.

« On n’est plus une périphérie. Un événement comme ça ramène la culture afro-canadienne au centre du débat culturel », exprime-t-il en entrevue avec ONFR. Il insiste tout de même sur le fait que tout le monde est le bienvenu au SLAC.

Edem Awumey est le président d’honneur du Salon du livre afro-canadien 2024. Photo : Gracieuseté de Mosaïque interculturelle

La présidente-directrice générale de MI, Nicole Baptiste, raconte que les visiteurs en profitent souvent pour recevoir des suggestions de lecture personnalisées. Ils cherchent parfois un livre spécifique pour reconnecter avec une culture qui fait partie de leur identité, se remémorer un voyage ou se rapprocher de quelqu’un, par exemple dans le cas de grands-parents ayant des petits-enfants métissés.

La base reste tout de même pareille à n’importe quel autre événement du genre. « Les visiteurs sont surtout intéressés par l’auteur et par le livre, et engagent souvent une conversation autour du livre », explique Nicole Baptiste.

Une programmation qui ratisse large

L’événement débutera en accueillant une délégation malgache. L’autrice et les deux musiciens qui animeront la soirée d’ouverture avaient dû annuler leur présence au SLAC l’an passé, dû à des délais importants dans le processus d’obtention des visas qui leur permettrait de mettre les pieds en sol canadien.

Ce n’était que partie remise pour Nicole Baptiste, qui affirment qu’ils « sont tellement heureux de venir et de partager ce moment-là avec nous » cette année.

Parmi les autres moments forts de la programmation, elle note la soirée de poésie, qui en est à sa troisième édition. Également, l’exposition 500 ans de résistance autochtone, en collaboration avec les éditions Prise de parole, que Nicole Baptiste a découverte lorsque MI tenait un kiosque au Salon du livre de Sudbury.

« On cherche toujours ce qu’il y a de mieux à offrir au public et cette exposition m’avait vraiment frappée, à Sudbury. Alors on la présente cette année. »

Le SLAC est un moment pour les auteurs de sortir de leur solitude et de partager leur passion, souligne Edem Awumey. Photo de l’édition 2023, gracieuseté de Mosaïque interculturelle

Plusieurs sujets seront également abordés lors des nombreuses tables rondes, conférences et rencontres d’auteurs.

Entre autres, la table ronde Le français classique et le français populaire, jeudi après-midi, célébrera les dialectes et les accents de par le monde. « Ça fait un lien avec notre quotidienneté et avec la créativité de la francophonie. »

Samedi, En conversation avec Dre Lory Zephyr discutera de la santé mentale des mères. « C’est un sujet très pointu, mais en même temps très accessible pour le public », affirme la dirigeante de MI.

« On n’est pas que des rêveurs, ajoute Edem Awumey. Il y a aussi un sujet autour de la gestion des finances. On a aussi les deux pieds plantés dans la réalité. »

Parmi les autres thèmes abordés, on retrouve L’écriture afro en science-fiction et littérature fantastique, Mémoires d’ici et d’ailleurs, et la table ronde qui porte le thème de l’événement : Voyage en francophonie.

Pour Nicole Baptiste, la rencontre d’auteur à ne pas manquer est celle avec le président d’honneur. « Tous les auteurs sont à découvrir, mais particulièrement Edem, qui est de la région. Je pense que c’est important que le public vienne connaître ses auteurs. Car même nos communautés d’ascendance africaine ne connaissent pas leurs auteurs. »

Le principal intéressé tourne pour sa part les projecteurs vers l’hommage qui sera rendu à Maryse Condé, grande écrivaine décédée en avril dernier, à 90 ans.

« Il n’y a pas plus cosmopolite au monde que Maryse Condé. S’il y a un écrivain qui se lit à la fois comme un ancrage dans une culture afro et comme une ouverture au monde, c’est Maryse Condé », affirme celui qui ne croit pas qu’un tel hommage lui aurait été rendu au Canada si ce n’était du SLAC.

Un portrait de la journaliste et autrice Maryse Condé à la bibliothèque nationale de France, lui rendant hommage peu après son décès. Photo : Ludovic Marin / POOL via AP

L’hommage prendra la forme d’une table ronde et de lectures publiques d’extraits des textes de celle qui a « écrit le monde noir, ouvert au monde, tout simplement. »

Des activités jeunesse sont aussi proposées tout au long du salon.

« C’est important de rappeler l’existence de la littérature francophone, qu’il y a des personnes qui écrivent en français et qui produisent des œuvres extraordinaires. Et c’est important que les jeunes y aient accès, parce que c’est comme ça qu’ils vont avoir l’habitude de s’accrocher à leur langue, » plaide Nicole Baptiste.

« L’anglais envahit un peu tous les pays et la culture des jeunes, avec les réseaux sociaux. Je pense qu’un salon comme le nôtre et tous les salons francophones sont importants pour garder ce dialogue avec les jeunes au niveau de la littérature, leur donner cette opportunité de rencontrer des auteurs, de lire en français, d’écouter des histoires. Un lecteur se construit dès l’enfance. »

Toucher un plus grand public

« Le fait que nous sommes en Ontario, c’est-à-dire en situation de minorité linguistique, ça veut dire que notre public est un peu plus restreint. On doit faire beaucoup d’efforts de promotion pour aller chercher le public », avoue Nicole Baptiste.

C’est donc une agréable surprise de constater que les visiteurs viennent maintenant de Toronto, Montréal et d’autres villes canadiennes pour assister au SLAC.

Environ 2500 personnes ont participé au salon l’an dernier, incluant le public scolaire. Si les organisateurs espèrent bien sûr une foule nombreuse, Edem Awumey mise pour sa part sur la qualité des visiteurs et sur leur niveau de curiosité, pour que les auteurs puissent communiquer leur passion.

« Le visiteur peut être frappé par deux choses essentielles. D’abord, le nombre, la variété d’écrivains afro-canadiens qui existent, ne fût-ce que dans notre petite région. Ce ne sont pas des gens que l’on voit tout le temps. (…) Deuxièmement, ils sont frappés par la qualité du travail. »

Le président d’honneur lance ainsi un clin d’œil aux médias, qui doivent diversifier leurs sources plutôt que de toujours parler aux mêmes personnes, selon lui.

Le kiosque de l’Association des auteurs et auteures de l’Ontario français au Salon du livre afrocanadien 2023. Photo : Gracieuseté de Mosaïque interculturelle

En plus du rappel que des auteurs francophones se trouvent aux quatre coins du monde, Edem Awumey et Nicole Baptiste croient que le thème Voyage en francophonie est bien à propos. La PDG de MI raconte que les livres l’ont fait voyager bien avant de quitter son Haïti natale.

Le président d’honneur, né au Togo et ayant vécu en Europe avant de s’installer à Gatineau, entretient aussi un lien personnel avec le thème. « Ça m’a ramené au lieu de la naissance. Ça fait bientôt 20 ans que je vis au Canada. (…) C’est comme un rappel de là d’où l’on vient. Je parle de l’univers langagier. Si j’ai écrit, moi, c’est que j’ai pu lire très tôt des écrivains francophones. »

Le SLAC se déroule dans l’édifice du 435 rue Donald, à Ottawa, jusqu’au 27 octobre.

Ottawa réduira l’immigration, mais augmente sa cible en immigration francophone

OTTAWA – Le gouvernement fédéral a annoncé jeudi qu’il abaissera de plus de 100 000 le nombre d’immigrants qu’il accueillera pour les deux prochaines années au Canada, mais qu’il augmentera ses cibles en immigration francophone hors Québec.

Dans un communiqué, le ministère de l’Immigration, des Réfugiés et de la Citoyenneté précise que sa cible en immigration francophone hors Québec sera de 8,5% en 2025, 9,5% en 2026 et 10% en 2027. Il s’agit d’une hausse par rapport aux niveaux annoncés en 2023 par le ministre de l’Immigration, Marc Miller. Ce dernier avait annoncé l’an dernier que le pourcentage de nouveaux arrivants francophones hors Québec au pays seraient de 6% en 2024, 7% en 2025 et 8% en 2026. Il avait toutefois laissé la porte à l’augmenter par la suite, comme c’est le cas aujourd’hui.

L’augmentation de la cible en immigration francophone :

  • 2025 : de 7% à 8,5%
  • 2026 : de 8% à 9,5%
  • 2027 : 10%

Concrètement, cela veut dire que le fédéral compte accueillir 33 575 résidents permanents francophones hors Québec en 2025, 36 100 l’année suivante et 36 500 en 2027, une augmenation qui vise à « contribuer à la vitalité du français » hors du Québec, a indiqué Justin Trudeau en conférence de presse.

Dans un communiqué jeudi, la Fédération des communautés francophones et acadienne du Canada (FCFA) a salué « les efforts effectués par le gouvernement » alors que la Société Nationale de l’Acadie « se réjouit de la prise en compte de nos besoins spécifiques en immigration ».

La FCFA demande depuis plusieurs années une cible de 12 %, estimant que c’est le seuil minimal pour pouvoir freiner le déclin démographique des francophones. La Loi sur les langues officielles, modernisée en 2023, oblige d’ailleurs le fédéral à ramener le poids des francophones hors Québec à 6,1 % alors qu’il est de 3,4 % selon les plus récentes données du Recensement de 2021.

Marc Miller soutient que son ministère « continue de pousser très fort » pour favoriser l’établissement d’immigrants francophones hors Québec, mais ne veut pas « induire en erreur » en y allant trop rapidement.

« Le 10 % est très ambitieux pour un gouvernement qui n’a jamais nécessairement rencontré même le 4,4 % (…) C’est significatif et c’est plus de trois fois ce que l’on faisait il y a quelques années, » a-t-il commenté, faisant référence aux échecs dans le passé de cet objectif fédéral.

Il plaide toutefois que l’immigration « n’est pas la solution à tout, mais que c’est une des grandes solutions » pour freiner le déclin du français hors du Québec. Il existe des défis « d’intégration », car il s’agit « de beaucoup de personnes dans des communautés qui sont somme toute assez petites ».

« Il y a des défis d’arrimer ces gens-là avec du travail dans les communautés pour ne pas qu’il migre par la suite à Montréal et à d’autres places où le français prédomine, ce qui ne contribue pas à l’épanouissement du français hors du Québec », a dit le ministre devant les journalistes.

Réduction de l’immigration

Aux côtés de Marc Miller, le premier ministre Justin Trudeau a aussi annoncé, jeudi matin, une réduction de 21 % du nombre d’immigrants pour l’année 2025, et de 24 % en 2026, par rapport aux cibles annoncées l’an dernier.

Il y a près d’un an, Marc Miller avait indiqué que le fédéral comptait accueillir 500 000 immigrants par année en 2025 et 2026. Il n’avait pas précisé de cible pour 2027.

Cette année, en 2024, le nombre anticipé de nouveaux arrivants est de 485 000.

La réduction en chiffres :

  • 2025 : de 500 000 à 395 000 immigrants permanents
  • 2026 : de 500 000 à 380 000 immigrants permanents
  • 2027 : 365 000 immigrants permanents

Un récent sondage de la firme Environics Institute conclut que plus de la moitié des Canadiens, soit 58 %, considèrent que le fédéral accepte trop d’immigrants, une hausse de 14 % par rapport à 2023. Il s’agit du changement le plus rapide sur une période de deux ans depuis 1977, soit depuis que la firme de sondage pose la question aux Canadiens.

Reconnaissance de Doug Ford, drapeau franco-ontarien, crise à la Laurentienne : l’AEF fête ses 50 ans

SUDBURY – Le 23 octobre 1974 naissait l’Association des étudiants et étudiantes francophones de l’Université Laurentienne (AEF) à Sudbury. 50 ans plus tard, l’organisme est encore bien vivant, même s’il se remet encore de la crise qui a secoué l’établissement en 2021.

Aujourd’hui marque le cinquantième de l’AEF sur le campus avec, en après-midi, une activité conçue en partenariat avec le Centre franco-ontarien de folklore, visant à célébrer l’héritage francophone de l’organisme.

Ce sera aussi l’occasion de dévoiler des certificats de reconnaissance émis le 1er janvier 2024 par plusieurs hauts dignitaires, tels que le premier ministre Doug Ford, le député Jamie West et la députée France Gélinas.

« On ne peut pas croire qu’on a réussi à faire ça, parce que d’habitude, Doug Ford et les conservateurs ne reconnaissent pas souvent les francophones », confie Emily Benedicic, coordinatrice aux événements pour l’AEF.

Celle-ci souligne également le rôle particulier de l’AEF sur la scène franco-canadienne : « Ce que ces certificats reconnaissent, c’est que nous sommes la seule et unique association étudiante 100% francophone à l’extérieur du Québec qui a atteint ses 50 ans. Même à l’Université d’Ottawa, ce sont des associations bilingues ».

Emily Benedicic, coordinatrice aux événements pour l’AEF, est une passionnée de l’histoire franco-ontarienne. Source : Capture d’écran Youtube/Laurentienne

L’AEF a fait du chemin depuis ses débuts, dans un contexte marqué par une certaine méfiance envers les mouvements de revendication des francophones dans les années 60-70.

« Le fait qu’une telle association ait vu le jour sur le campus de la Laurentienne, c’était un signe fort du militantisme franco-ontarien à Sudbury », estime Nawfal Sbaa, président sortant et délégué à l’AEF.

Création du drapeau franco-ontarien

Parmi les moments marquants de son histoire, il y a le rôle important qu’a joué l’AEF dans le processus de création du drapeau franco-ontarien.

Ce fut Michel Dupuis, un étudiant de l’Université Laurentienne et membre de l’AEF, qui avait appuyé Gaëtan Gervais pour la conception du drapeau vert et blanc en 1975.

Jacqueline England, également membre de l’AEF, avait pour sa part cousu ce dernier, qui a été hissé pour la première fois le 25 septembre 1975 devant l’Université de Sudbury, alors fédérée à celle de la Laurentienne.

Des décennies plus tard, en 1992, c’est le début d’une vraie reconnaissance sur la scène provinciale : l’AEF obtient un statut officiel. « C’est là où il y a eu un vrai revirement, c’est devenu un engagement plus formel, plus officiel », continue M. Sbaa.

Le drapeau franco-ontarien célébré à l’Université Laurentienne par des membres de l’AEF. Crédit image : Inès Rebei/ONFR

Le difficile après crise

Le principal défi aujourd’hui reste de susciter de l’engagement auprès des jeunes étudiants francophones. Leur nombre a drastiquement diminué après la crise de 2021, qui a vu la suppression de 76 programmes, dont 28 programmes en français.

« On a un grand manque d’engagement et de participation. »
— Emily Benedicic

L’AEF reçoit une bonne part de son financement des frais d’inscriptions des étudiants francophones, si bien qu’elle avait perdu le tiers de son financement après que l’Université Laurentienne se soit placée sous la Loi sur les arrangements avec les créanciers des compagnies (LACC).

Néanmoins, l’organisme dit avoir eu, cette année, une augmentation de 12% de sa membriété par rapport à 2022 et vu une stagnation au niveau des inscriptions. Répondant à la question de la relation liant, aujourd’hui, l’organisme avec l’établissement, Emily Benedicic répond : « En gros ça va bien, mais il y a encore des défis à relever avec les francophones ».

« On a un grand manque d’engagement et de participation et je ne sais pas si ce n’est pas aussi dû à la manière dont on fait la promotion de nos événements », se questionne encore celle qui travaille à l’AEF depuis le mois d’août.

Nawfal Sbaa est le président sortant de l’Association des étudiants et étudiantes francophones de la Laurentienne. Crédit photo : Inès Rebei/ONFR

Réconciliation et tournant multiculturel

C’est aussi sous l’initiative de l’AEF qu’un lever de drapeau franco-ontarien a lieu, depuis 2022, tous les 25 septembre sur les terrains de l’Université Laurentienne, en parallèle avec celui de l’Université de Sudbury.

Marque d’une réconciliation bien entamée avec les organismes francophones, l’AEF participe depuis 2022 aux événements organisés par le Réseau de soutien à l’immigration francophone du nord de l’Ontario et vient d’en devenir un membre à part entière.

Pour souligner son adhésion, celle-ci tiendra une foire le 6 novembre prochain dans le cadre de la Semaine nationale de l’immigration francophone, en collaboration avec le Réseau du nord, afin de mettre en avant les ressources disponibles pour les francophones.

L’année 2022 marque aussi un véritable tournant pour l’organisme, qui revisite son orientation afin de refléter les changements au sein de la francophonie sudburoise, qui se diversifie avec l’arrivée de nouveaux immigrants francophones.

L’AEF a fait appel, en décembre dernier, à l’artiste Mique Michelle pour la création d’une nouvelle murale pour célébrer le 50e de l’AEF à l’EntreDeux, lieu de rassemblement sur le campus pour les étudiants francophones. Source : Facebook/AEF

Semaine de l’Histoire noire en février, semaine francophone internationale en mars, semaine de l’éducation francophone, Franco-Halloween, Franco-Valentin, Franco-femme de l’année : autant de nouveaux événements qui démontrent une volonté pour l’association de se mettre à la page.

Pas juste une association locale

L’AEF d’aujourd’hui dit voir les choses en grand. Quelques mois plus tôt cette année, en mars, l’association avait organisé un Gala pour souligner son 50e en avance et avait réuni près de 300 personnes, y compris des députés provinciaux et fédéraux.

« L’AEF ne se définit plus uniquement comme une association étudiante locale. »
— Nawfal Sbaa

« Il y a des gens qui se sont demandé : ‘c’est juste une association étudiante, comment peuvent-ils faire un Gala?’ Mais on était agréablement surpris par la réussite de la soirée », se souvient Mme Benedicic.

Lors du Congrès annuel de l’Assemblée de la Francophonie de l’Ontario (AFO), qui s’est tenue la fin de semaine passée, une motion avancée par la Fédération de la jeunesse franco-ontarienne (FESFO) demandait que l’AFO vienne en aide à l’AEF.

Cette motion, qui a été adoptée lors de l’assemblée générale, stipulait que l’organisme porte-parole des francophones devait mettre en œuvre des initiatives afin de veiller à ce que l’AEF ne soit pas amalgamée.

La Fédération canadienne des étudiantes et étudiants est un syndicat national bilingue composé de plus de 530 000 membres, représentés par plus de 65 syndicats étudiants de collèges et d’universités du Canada. Crédit photo : Inès Rebei/ONFR

En outre, l’AEF est membre de la Fédération des étudiants canadiens et canadiennes et a obtenu le mandat de Commissaire aux Affaires francophones pour les deux prochaines années, après avoir remporté des élections en 2023.

L’organisme participe aux semaines de lobbying à la fois à Queen’s Park et sur la colline d’Ottawa, afin de défendre les intérêts des étudiants francophones.

« L’AEF est ouverte aux collaborations avec d’autres organismes et ne se définit plus uniquement comme une association étudiante locale, mais veut jouer un rôle important en Ontario francophone », finit Nawfal Sbaa.

Sauvegarder la voix des pionniers franco-torontois

TORONTO – La Société d’histoire de Toronto (SHT) lance une campagne de financement participatif pour réaliser une série de balados relatant des mémoires historiques francophones. L’objectif, collecter les témoignages de pionniers qui ont œuvré, autour des années 70 et 80, aux fondations des institutions francophones, pour constituer des archives de l’effervescence franco-ontarienne de la capitale économique.

« Nous nous sommes équipés pour capturer des entrevues avec des acteurs de la communauté francophone qui ont travaillé dur pour créer des centres francophones, des cliniques médicales, des conseils scolaires, etc. pour les générations futures, avant que ces histoires ne disparaissent avec leurs détenteurs », nous expliquait quelques mois auparavant Rolande Smith, la présidente de la SHT.

Conserver la mémoire de ces pionniers francophones, un projet qu’avait à cœur l’ancienne présidente Lisette Mallet, décédée en janvier 2023.

C’est depuis ce début de semaine que l’organisme a lancé un appel aux dons en ligne pour son projet « Sauvegarde des voix franco-torontoises », espérant récolter la somme de 4000 dollars pour le projet pilote, la création d’un premier récit audio.

Le premier enregistrement mettra en lumière l’histoire de l’acteur et chanteur Robert Godin, « un des rares artistes francophones à avoir vu le jour à Toronto en 1946 » et à avoir mené une grande partie de sa carrière dans la ville reine. Sa carrière est étroitement liée à l’essor du Théâtre français de Toronto, ayant fait partie du tout premier spectacle en 1967.

La vice-présidente de la SHT, Catherine Frelin, explique qu’il s’agira de créer une série qui se découpera en trois volets. Le premier, sur les pionniers francophones de Toronto, explorera les contributions réalisées dans différents domaines tels que la culture, les affaires et la politique.

« Il est important de recueillir les témoignages de ces personnes aujourd’hui aînées, qui ont participé à la mise en place des services en français à Toronto »
— Catherine Frelin

Le second volet s’attachera à rassembler des témoignages sur la préservation de la langue et de la culture via l’éducation, retraçant notamment la genèse des conseils scolaires et les batailles qui se sont jouées à Toronto pour conserver un enseignement de qualité en français.

Enfin, le dernier s’intitulera Inclusion, les voix qui résonnent encore et qui sont en train de s’écrire, avec des conversations de Franco-Torontois de tous horizons, « pour donner la parole à l’immigration francophone et écouter des expériences authentiques des différentes communautés de la ville reine ».

Une fois l’achèvement des premiers balados, produits professionnellement grâce au financement participatif, l’organisme prévoit de faire des demandes de financements publics pour développer ces archives et les diffuser sur les différentes plateformes.

Quelle place pour la francophonie canadienne dans la révision du mandat de Radio-Canada?

Alors qu’Ottawa doit prochainement déposer un projet de loi visant à revoir le mandat de Radio-Canada, les organismes francophones estiment que le fédéral doit renforcer l’aspect francophone en milieu minoritaire au sein de la société d’État sous trois axes : son mandat, sa gouvernance et son financement.

Mardi, le gouvernement Trudeau a procédé à la nomination de Marie-Philippe Bouchard comme PDG du radiodiffuseur public, elle qui entrera en poste pour un mandat de cinq ans à partir de janvier 2025. Cette nomination est « la première étape dans tout le travail qu’on doit accomplir pour assurer la pérennité de CBC/Radio-Canada », a indiqué la ministre du Patrimoine canadien, Pascale St-Onge, hier lors de l’annonce.

« Je veux m’assurer que CBC Radio-Canada est bien positionnée pour affronter les prochaines décennies, dans un contexte où les médias ont beaucoup de difficultés à garder leurs revenus au niveau de la publicité, et dans un contexte où, plus que jamais, on a besoin d’avoir de l’information fiable au Canada », avait-elle détaillé comme démarche au printemps dernier.

Marie-Philippe Bouchard a été confirmée comme PDG de Radio-Canada/CBC. Photo : LinkedIn / Marie-Philippe Bouchard

Tout ce processus s’enclenche alors que le Parti conservateur et son chef Pierre Poilievre se sont engagés à couper le financement de la CBC, mais pas son penchant francophone à Radio-Canada. Sur ce sujet, l’actuelle PDG de Radio-Canada, Catherine Tait, affirmait que de couper dans le penchant anglophone sans affecter celui en français ne serait pas possible.

« C’est certain que ça nous inquiète, affirme Marie-Christine Morin de la Fédération culturelle canadienne-française (FCCF) sur le mouvement de définancement. On va vouloir s’assurer (dans le nouveau mandat) que Radio-Canada soit forte et autonome en français et qu’on n’ébranle pas cette partie-là ».

Un rôle dans la préservation du français

Les organismes francophones hors Québec réclament notamment à ce que le nouveau mandat de Radio-Canada reflète la réalité du paysage linguistique de 2024.

« Le mandat revu doit bien positionner Radio-Canada comme l’antenne qui réunit la francophonie canadienne et permettre aux Québécois de mieux connaître nos communautés. Il y a encore du travail à faire de ce côté-là », pense la présidente de la Fédération des communautés francophones et acadienne du Canada (FCFA), Liane Roy.

Les organismes représentant les francophones hors Québec affirment avoir rencontré la ministre St-Onge, ainsi que les fonctionnaires sur le dossier, pour faire part de leurs attentes.

« On veut s’assurer que Radio-Canada, dans son mandat, soit très claire au niveau de son rôle clé dans le développement et l’épanouissement des communautés linguistiques. C’est central à la pérennité de nos communautés et il va falloir que ça soit explicite. Quand ce n’est pas noir sur blanc, c’est parfois oublié », rappelle Marie-Christine Morin de la FCCF.

La version modernisée, en juin 2023, de la Loi sur les langues officielles, oblige la société d’État a en faire plus concernant la protection du français au pays, mais aussi de consulter davantage les communautés francophones en milieu minoritaire, évoque le commissaire aux langues officielles, Raymond Théberge.

« On doit s’assurer que dans le nouveau mandat, on respecte et tienne compte des besoins des communautés francophones en milieu minoritaire à l’échelle du pays et qu’elles soient en mesure de se voir et de s’entendre à la chaîne de Radio-Canada », mentionne-t-il.

La FCCF et la FCFA exigent aussi une plus grande présence de francophones hors Québec au sein de la haute gestion de Radio-Canada, notamment au conseil d’administration.

Pascale St-Onge
La ministre du Patrimoine canadien, Pascale St-Onge, est chargée de revoir le mandat de Radio-Canada. Crédit image : Stéphane Bédard

La présidente de la FCFA donne en exemple le spectacle du 15 août dans le cadre de la Fête de l’Acadie. Radio-Canada avait annoncé au départ qu’elle ne ferait pas de diffusion en direct en 2024, comparativement aux autres années. Le radiodiffuseur avait finalement reculé et avait diffusé le spectacle, qui se déroulait aussi en plein milieu du Congrès mondial acadien.

« C’est le genre des choses où l’on se demande qui prend des décisions. Quelqu’un de sensé qui s’y connaissait savait que ça lèverait un tollé », soutient Liane Roy.

Les organisations indiquent que toute sorte de rapprochement possible entre le côté anglophone et francophone se doit d’être surveillé de très près.

« Il ne faut pas des pupitres d’affectation bilingues, il faut garder ça séparé. Parce que ça, ce serait problématique », considère la présidente de la FCFA. 

Catherine Tait avait plutôt précisé qu’il s’agissait d’une « harmonisation » des ressources. Quant à elle, la ministre Pascale St-Onge avançait « que d’aucune façon, la programmation francophone, que ce soit au Québec ou à l’extérieur du Québec, ne sera affectée par une modernisation quelconque de CBC Radio-Canada ».

Menace de grève pour 452 professeurs de collèges francophones de l’Ontario

TORONTO – Les membres du personnel scolaire des 24 collèges publics de l’Ontario, dont le Collège Boréal et La Cité, ont voté à 79% en faveur d’un mandat de grève. Le Syndicat des employés de la fonction publique de l’Ontario (SEFPO-OPSEU), qui les représente, espère négocier de meilleures conditions salariales, sans quoi, il déclencherait une action syndicale. Environ 452 professeurs des collèges francophones de l’Ontario pourraient se retrouver en grève.

« Une écrasante majorité des plus de 15 000 membres ont clairement fait savoir qu’ils n’accepteront pas un contrat saturé de concessions », avait déclaré dans un communiqué Michelle Arbour, présidente par intérim de l’équipe de négociation du personnel scolaire des collèges.

En fin de semaine dernière, 76,1 % des membres ont voté, dont 326 électeurs du corps professoral du Collège à La Cité et 126 du Collège Boréal, atteignant une majorité de 79 % autorisant une action de grève, si un accord n’est pas trouvé durant les négociations entre le syndicat et le Conseil des employeurs des collèges (CEC).

« Certains de nos membres font du travail au-delà de leurs contrats, et notre libellé sur la charge de travail est dépassé puisqu’il n’a pas changé depuis 40 ans », a soutenu Michelle Arbour. Selon celle-ci, l’employeur a déposé des propositions qui équivalent à des réductions salariales en temps réel, et qui s’opposent à la sécurité d’emploi.

« Parce qu’ils travaillent avec des contrats de courte durée, avec peu ou pas d’avantages sociaux ni de sécurité d’emploi, les trois quarts du personnel enseignant, des conseillères, des conseillers et des bibliothécaires des collèges de l’Ontario ont du mal à joindre les deux bouts. »

« Personne ne souhaite vivre et travailler dans de telles conditions. Non seulement la main-d’œuvre précaire n’équivaut pas à de meilleures conditions d’apprentissage, mais elle illustre surtout le fait que les collèges ont changé leurs priorités, c’est-à-dire qu’ils ont délaissé l’expérience étudiante pour faire la course au profit. »

Les deux premières rondes de négociation, qui ont eu lieu avec un médiateur nommé par le ministère des Collèges et Universités, n’avaient pas abouti à un accord mutuel pour une nouvelle convention collective.

Une porte-parole du syndicat nous indique que si l’équipe de négociation utilise le mandat de grève et déclenche une action syndicale, « ce qui peut se produire à tout moment », environ 452 professeurs des collèges francophones de l’Ontario seraient impliqués.

Une nouvelle rencontre est prévue le 28 octobre prochain, durant laquelle les négociations se poursuivront, à moins d’une impasse entre les deux parties.

Une 17e édition du Festival Objectif Cinéma aux parfums franco-ontariens

ORLÉANS – Organisé par le Mouvement d’implication francophone d’Orléans (MIFO), le Festival Objectif Cinéma Desjardins revient pour une 17e édition avec, parmi ses 15 films et documentaires à l’affiche, trois productions franco-ontariennes, plus un court métrage de la réalisatrice locale Nicole Blundell. 

L’événement se déroulera du 5 au 10 novembre dans un tout nouveau lieu, à l’auditorium Béatrice-Desloges, comme l’a confié à ONFR Anne Gutknecht, la directrice artistique du MIFO. 

« Sans être un cinéma, ça en a tout le luxe et l’équipement, explique-t-elle. C’est une école secondaire d’Orléans qui a la chance d’avoir un auditorium de 500 places, bien équipé. C’est sûr qu’on n’est pas dans un cinéma, pour la deuxième année de suite – la troisième en tout si l’on compte la période COVID – parce que le Ciné Starz a fermé ses portes il y a un an et demi, assez brusquement. »

Une édition plus sereine

L’édition précédente avait en effet été fortement remaniée à la dernière minute, en raison de la fermeture de l’établissement hôte de l’événement. Le choix de l’auditorium Béatrice-Desloges apporte un sentiment de stabilité et de sérénité retrouvées aux membres de l’organisation.

« C’est sûr que ce n’est jamais agréable de devoir changer de bord au dernier moment, avoue Anne Gutknecht. Cela montre bien la flexibilité qu’on a et démontre notre expertise de pouvoir se retourner rapidement. »

La directrice artistique se réjouit d’avoir accès à une salle de 500 places pour l’ouverture, le double de l’an dernier, alors que la première soirée s’était tenue au Centre des arts Shenkman, un partenaire important du MIFO.  

Les spectateurs vont découvrir un nouveau lieu cette année après avoir été obligé de jongler avec plusieurs places lors de la 16e édition. Photo : gracieuseté du MIFO

Les changements de lieu l’année dernière avaient mené à une collaboration avec la Maison de la francophonie d’Ottawa, un partenariat qui n’a pas été renouvelé pour cette édition mais qui n’a pas été abandonné non plus.

« Il n’y en aura pas cette année pour des raisons logistiques, mais il y en a déjà de prévues dans le futur. Ce ne sera peut-être pas dans le cadre du cinéma, mais pour un spectacle, une activité. Nous aimons travailler ensemble. J’ai de bons contacts avec Marcel Morin, le directeur de la Maison de la francophonie. On aime ça avoir des projets qu’on appelle pan-ottavien car nous sommes à l’est et à l’ouest de la ville. » 

Un rôle majeur dans la communauté orléanaise

Ancré dans la communauté d’Orléans depuis 17 ans, le Festival Objectif Cinéma, ainsi que la programmation en cours d’année du Programme objectif cinéma, joue un rôle important pour apporter le cinéma francophone directement en Ontario, où il est très peu présent. 

Le but « est de donner l’opportunité à la communauté d’Orléans et de l’Est d’avoir cet accès (au cinéma en français) », explique Anne Gutknecht, qui précise que le festival jouit de la présence de plusieurs partenaires supplémentaires.

« C’est sûr que les gens peuvent aller du côté de Gatineau, mais il y a une fierté différente de pouvoir l’avoir sur place. » 

Geneviève Schmidt dans Nos belles-soeurs. Le film réalisé par René Richard Cyr sera présenté en ouverture du Festival Objectif cinéma. Photo : Gracieuseté du MIFO

Québec Cinéma est un partenaire majeur, en plus de Desjardins, qui appose son nom sur le festival. 

« Québec Cinéma est notre partenaire de l’ensemble des films québécois présentés au festival. Dans le cadre des tournées Québec cinéma, ils nous permettent d’avoir accès à des films, parfois en avant première, mais aussi à des invités dans l’industrie. » 

Radio-Canada s’est ajouté aux partenaires cette année en apportant un cadeau de Noël avant l’heure avec Le Cyclone de Noël  proposé en avant avant-première. 

« L’avant-première québécoise se fait le 8 novembre mais nous, à Gatineau et Orléans, le faisons le 6 novembre avec l’équipe du film qui sera présente », précise Anne Gutknecht. 

De gauche à droite : Antoine Frenette, responsable de la tournée Québec Cinéma, Sabah Boumane, directrice du développement de marché chez Desjardins, Karine Simard coordinatrice de la tournée Québec Cinéma, Anne Gutknecht directrice artistique du MIFO et Samantha Lafleur vice-présidente du MIFO.. Photo : gracieuseté du MIFO

L’un des autres rôles du festival avancé par la directrice artistique est de pouvoir donner accès aux coulisses des films. 

« Ce n’est pas quelque chose auquel on a accès facilement. Avec les spectacles, les artistes sont là et peuvent avoir un peu plus de facilités à échanger sur leur processus de création, alors que pour les films, en dehors du festival, on n’a pas accès à ce genre d’information qui est super intéressante. C’est vraiment de la médiation culturelle à l’état pur. Après, on a quand même beaucoup de cinéphiles qui viennent aux projections mensuelles, mais qui aiment avoir l’effervescence d’avoir un quinzaine de projections condensées sur une semaine. Il y a une sorte de marathon à vivre pour les cinéphiles qui est vraiment cool. »

Fierté franco-ontarienne

L’une des grandes fierté de l’organisation cette année est de proposer des films franco-ontariens. 

« On va en avoir trois. Il y en a qui sont des coproductions entre le Québec et l’Ontario. Johanne, tout simplement va être présenté par TFO et la réalisatrice torontoise, Nadine Valcin. Pascal Justin Boyer va venir présenter Le dernier Canadien français et jaser avec le public. C’est un documentaire qui est sorti il y a quelques mois déjà, mais on donne la chance aux gens de le découvrir sur grand écran. Après, il y a Rêver en néon de la réalisatrice Marie-Claire Marcotte, elle aussi basée en Ontario. »

Maélya Boyd dans le film Rêver en néon de Marie-Claire Marcotte, qui a été tourné dans la région du Grand Sudbury. Photo : Gracieuseté MIFO

La totalité de la programmation et l’accès à l’achat des billets sont disponibles sur le site Internet de l’événement.  Cinq court-métrages seront présentés en amont de cinq films. Parmi eux, Géométrika de Nicole Blundell (avant Le dernier Canadien français) occupe une place particulière. 

« Nicole Blundell est réalisatrice, mais aussi professeure de cinéma à l’école secondaire publique De la Salle, explique Anne Gutknecht. Sa fabrication à elle, c’est vraiment du fait-maison. On est super heureux à chaque fois de laisser une place particulière aux créateurs d’ici. »

Marie-Philippe Bouchard devient la première francophone PDG de Radio-Canada/CBC

OTTAWA – Le fédéral a confirmé mardi matin la nomination de Marie-Philippe Bouchard à titre de présidente-directrice générale de Radio-Canada/CBC. Il s’agit de la première fois qu’une francophone occupe ces doubles fonctions.

La nomination, qui avait fuité dans divers médias dans les dernières semaines, a été confirmée par la ministre du Patrimoine canadien Pascale St-Onge mardi.

« C’est quelqu’un qui a consacré sa vie au service public dans les médias (…) Elle est très en mesure de comprendre la réalité du diffuseur public aujourd’hui et ses défis. Cette nomination-là représente une première étape dans tout le travail qu’on doit accomplir pour assurer la pérennité de Radio-Canada/CBC », a commenté la politicienne libérale mardi matin.

Mme Bouchard est la présidente-directrice générale de TV5 Québec Canada depuis février 2016. Depuis septembre 2019, elle occupe aussi les fonctions de présidente-directrice générale de TV5 Numérique, c’est-à-dire le partenaire de la chaîne internationale francophone TV5MONDE. Avant de se joindre à TV5 Québec Canada, elle a occupé divers postes à la haute direction de Radio-Canada/CBC, notamment aux services juridiques, en planification stratégique et affaires réglementaires, aux nouvelles, aux services numériques et en musique. 

Marie-Philippe Bouchard a été confirmée comme PDG de Radio-Canada/CBC. Photo : LinkedIn/Marie-Philippe Bouchard

« Forte de mon expérience au service du public, tant à TV5/Unis TV qu’à Radio-Canada/CBC, j’ai hâte de relever ce défi et de travailler avec tous les Canadiens et Canadiennes, y compris l’équipe de Radio-Canada/CBC, les créateurs et créatrices de contenu canadien et d’autres partenaires, pour tracer la voie à suivre », a-t-elle déclaré dans un communiqué de presse.

Marie Philipe-Bouchard entrera en poste à partir du mois de janvier, et ce pour une durée de 5 ans.

« Notre radiodiffuseur public national resserre les liens qui nous unissent et nous aide à mieux nous comprendre, malgré l’importante distance qui nous sépare. Radio-Canada/CBC est la référence pour découvrir et partager des récits incarnant les cultures francophones, anglophones et autochtones des gens d’ici, via une gamme de plateformes novatrices », ajoute la nouvelle PDG.

Catherine Tait sur la défensive

Sa nomination survient au lendemain du passage de l’actuelle présidente de Radio-Canada, Catherine Tait, devant un comité parlementaire à Ottawa, où elle a encore dû défendre la question des primes, notamment celle associée à son poste. Cette dernière est payée annuellement entre 468 900 $ et 551 600 $ pour l’année financière en cours. Sa rémunération comprend également une prime de rendement pouvant monter à 28 %.

Catherine Tait a refusé de s’engager à renoncer à toute indemnité de départ ou prime au rendement alors que le diffuseur public a connu des difficultés financières dans les derniers mois.

« Je considère que c’est personnel et je crois que je suis protégée par la Loi sur la protection des renseignements personnels à cet effet », a-t-elle répondu au député conservateur, Damien C. Kurek, qui lui demandait de renoncer à ce bonus.

Ce n’était pas la première fois qu’elle se retrouvait sous le feu des attaques en comité parlementaire, elle qui a dû défendre à nouveau hier des primes de 18 millions accordées aux cadres de la société d’État. Des bonis de performance déterminés en fonction d’objectifs limpides qui doivent être atteints ou dépassés, a soutenu Mme Tait.

« Je crois que les Canadiens s’attendent à ce que la société respecte ses engagements envers ses employés non syndiqués, tout comme envers ses employés syndiqués », a-t-elle fait valoir.

Nouveau-Brunswick : Victoire des libéraux, réjouissance pour les Acadiens

La Société de l’Acadie du Nouveau-Brunswick (SANB) se réjouit du retour des libéraux au pouvoir avec leur cheffe Susan Holt, qui a remporté hier les élections provinciales. Les libéraux ont rasé l’ensemble des circonscriptions francophones, se dirigeant à Fredericton avec une large majorité.

Le Parti libéral du Nouveau-Brunswick a remporté 31 sièges, six au-delà des 25 nécessaires pour une majorité. Les progressistes-conservateurs, avec 16 sièges, et le Parti vert, avec deux sièges, ferment les dernières marches du podium.

L’ensemble des régions acadiennes sur la côte est, comme Shédiac et Bouctouche, sont entre les mains des libéraux. Idem dans le nord de la province, dans des villes comme Caraquet, Bathurst et Restigouche, où les libéraux ont remporté l’ensemble des comtés francophones, et ce avec une forte majorité. L’ensemble des circonscriptions avec une majorité de francophones ont voté pour le parti de Susan Holt, donnant ainsi 17 sièges aux libéraux.

« Le premier ministre (Blaine Higgs) a dit qu’il n’avait pas besoin du vote francophone. Je crois qu’il a réalisé qu’il a fait erreur, ce (hier) soir », lance la présidente de la SANB en entrevue, Nicole Arseneau-Sluyter qui soutient que « les électeurs ont parlé ».

De plus, en classant les comtés par le pourcentage de résidents francophones, il faut attendre à la 24e circonscription pour trouver un vainqueur du Parti progressiste-conservateur. Les 22 premières circonscriptions sont allées aux libéraux tandis que Tantramar, au 23e rang, a élu une représentante du Parti vert.

« Je pense qu’ils (les francophones) ont voté (massivement) pour les libéraux, car ils voulaient un changement de gouvernement, pense le politologue Mario Lévesque. Cette sorte de conservatisme avec M. Higgs, ce n’est pas le parti conservateur qui les rejoint. »

Avec cette victoire, les libéraux retournent au pouvoir pour la première fois depuis 2018. Susan Holt devient ainsi la première femme élue comme première ministre dans l’histoire du Nouveau-Brunswick. 

« Les Néo-Brunswickois veulent un changement. Ils veulent quelque chose de différent et c’est à nous de livrer une nouvelle politique », a-t-elle lancé dans son discours de victoire à Fredericton, saluant « la plus belle province du Canada et la seule bilingue ».

Blaine Higgs aura failli à son objectif de retourner pour un troisième mandat, lui qui avait été élu en 2018 et en 2020. Il a aussi perdu son siège dans Quispamsis hier. Même s’il ne s’est pas engagé formellement à quitter son poste, le leader progressiste-conservateur a affirmé qu’il aurait des discussions dans les prochains jours à ce sujet.

« Ce n’était pas la soirée que l’on voulait, mais les gens du Nouveau-Brunswick ont parlé (…) Susan, vous avez mérité la confiance des gens et je vous souhaite un bon succès », a affirmé le premier ministre sortant dans son discours de défaite, entièrement en anglais.

Le premier ministre du Nouveau-Brunswick Blaine Higgs.
Blaine Higgs tentait de se faire réélire comme premier ministre pour une troisième reprise. Crédit image : Stéphane Bédard

Pour Mario Levesque, les électeurs ont envoyé comme message qu’ils voulaient un gouvernement « plus balancé sur leurs priorités », comme le logement abordable, la crise des soins de santé et le coût de la vie. Tous des enjeux dont « on n’entendait pas les progressistes-conservateurs parler », souligne le professeur de l’Université Mount Allison.

« D’habitude, on dit que le monde ne vote pas pour un gouvernement, ils se débarrassent d’un gouvernement. Moi, je dirais que le message de M. Higgs n’a pas résonné avec le monde », observe le politologue.

Qui est Susan Holt?

Née à Fredericton, elle est une ancienne cheffe d’entreprise et fonctionnaire, comme présidente du Conseil d’entreprises du Nouveau-Brunswick et conseillère de l’ancien premier ministre Brian Gallant. Susan Holt a fait ses études à l’Université Queen’s de Kingston, en Ontario, et a été élue en 2022 comme cheffe des libéraux. Elle n’est pas francophone à la base, mais a appris le français à l’immersion complète en français dès son plus jeune âge, affirmait-elle en entrevue à l’Acadie Nouvelle. 

La présidente de la SANB affirme l’avoir rencontrée à plusieurs reprises et croit qu’elle sera une bonne personne avec qui transiger concernant les enjeux francophones touchant la province. L’organisme porte-parole des Acadiens demande notamment la création d’un secrétariat entièrement consacré aux langues officielles ainsi que d’un ministère de l’Éducation dédié au système scolaire francophone.

« Je pense qu’il va y avoir une belle relation de travail avec le gouvernement Holt et la SANB. On est positif. Il y a beaucoup plus de représentants acadiens et francophones qui ont été élus ce soir. Au dernier gouvernement, on en avait juste un », affirme Nicole Arseneau-Sluyter.

Nicole Arseneau-Sluyter est la présidente de la SANB. Photo : Gracieuseté SANB.
Nicole Arseneau-Sluyter est la présidente de la SANB. Photo : Gracieuseté SANB.

Lors de la campagne électorale, Susan Holt a fortement parlé des enjeux d’accès au système de santé et de logement abordable, promettant notamment d’imposer un plafonnement provincial sur les loyers de 3 %.

« Le monde veut de l’espoir un peu et ils ont vu ça avec le Parti libéral hier soir, souligne Mario Levesque. Mme Holt a continué sur son agenda, elle voulait parler du système de santé, du logement abordable et elle a continué sur son message. Ça a résonné avec le monde », analyse le professeur en sciences politiques de l’Université Mount Allison.

Sur la scène provinciale, les libéraux ont récolté près de 48 % des voix contre 35 % pour les progressistes-conservateurs, alors que le taux de participation a atteint 66 %, selon les derniers chiffres d’Élections Nouveau-Brunswick.

Quelles solutions pour revitaliser le centre-ville de Sudbury?

Commerces fermés, terrasses vides et une population de sans-abris bien visible… Les impacts de la crise des opioïdes et de la pandémie se font encore sentir au centre-ville de Sudbury.

Malgré les défis, plusieurs personnes, dont des entrepreneurs et des artistes, croient au potentiel de ce quartier et mènent la charge dans sa revitalisation. Nous sommes allés à leur rencontre.

Le plus grand terrain d’essais arctiques de l’Ontario ferme ses portes sans préavis à Kapuskasing

KAPUSKASING – L’un des plus importants constructeurs automobiles, General Motors (GM), a soudainement fermé son Centre d’essais de Kapuskasing vendredi soir. La compagnie opérait depuis 50 ans dans la région. Près d’une trentaine d’employés se retrouvent sans emploi, et la plupart n’auraient pas reçu de préavis.

C’est la fin pour le plus grand terrain d’essais arctiques à grande échelle en Ontario, où était testée la résistance aux conditions météorologiques extrêmes de chaque véhicule GM en Amérique du Nord depuis 1972.

C’est un des employés qui l’a fait savoir dans une publication sur les réseaux sociaux, devenue virale cette fin de semaine. Dans son message, celui qui est à l’emploi dans l’usine depuis 42 années indique que la plupart des employés n’ont pas été notifiés. C’est le cas de Lisa Smith, pilote d’essai dans le site depuis le mois de décembre.

« Je suis vraiment sous le choc depuis que j’ai appris la nouvelle sur Facebook », confie-t-elle à ONFR en ajoutant qu’elle n’a pas voulu le croire étant donné qu’elle n’a toujours pas reçu la moindre communication de l’entreprise.

Pourtant, un mois plus tôt, la compagnie cherchait à embaucher un opérateur, selon Mme Smith.

« J’ai travaillé une seule saison donc, malheureusement, je ne pense même pas avoir de dédommagement, et mon droit au chômage se terminait aujourd’hui. Je ne sais pas comment je vais faire pour survivre. »

Flou autour du motif de fermeture

La raison derrière cette fermeture reste encore floue, même si une lettre envoyée par le responsable des opérations à un employé et obtenue par ONFR stipule que « cette décision s’inscrit dans le cadre d’une initiative stratégique plus vaste et aura des répercussions sur l’ensemble du personnel de cet emplacement. Tous les biens et actifs seront finalement cédés. »

« GM travaillera avec nos partenaires d’UNIFOR dans les prochains jours pour déterminer les détails d’une trousse de fermeture pour tout le personnel touché par la fermeture de cette installation. »

En outre, des négociations devaient être entamées aujourd’hui pour réévaluer les contrats des employés selon une employée qui a souhaité garder l’anonymat.

Le député provincial de Mushkegowuk-Baie James, Guy Bourgouin, dit que son bureau a reçu de nombreux appels d’employés perturbés par cette nouvelle.

« Je l’ai appris comme tout le monde, le cheveu sur la soupe, on était pas au courant qu’il y avait des problèmes à cette usine-là », déclare-t-il.

Le néodémocrate ajoute qu’il compte contacter un à un les employés et le président du syndicat pour recueillir leur témoignage : « C’est inacceptable, il y a des recours, les employés ont le droit à une explication »

ONFR a tenté de joindre l’employeur et n’a pas encore obtenu de réponse au moment de publier ces lignes.

Poilievre pourrait s’attaquer aux droits constitutionnels des francophones, suggère Boissonnault

OTTAWA – Le chef conservateur Pierre Poilievre pourrait utiliser la clause dérogatoire pour briser les droits constitutionnels des minorités francophones au pays, a insinué le ministre des Langues officielles, Randy Boissonnault, dans un discours aux allures préélectorales.

Devant une centaine de membres de la francophonie ontarienne, le ministre des Langues officielles a prononcé une allocution où il a mis en garde les délégués franco-ontariens contre « les risques » d’un gouvernement Poilievre concernant le fait français au Canada.

« Vous savez ce qui me garde éveillé le soir, ce n’est pas seulement la francophonie… C’est la Charte des droits et libertés de Pierre Poilievre », a lancé le ministre franco-albertain jeudi soir au congrès de l’Assemblée de la francophonie de l’Ontario (AFO), où étaient présents certains de ses collègues libéraux.

Son discours d’une dizaine de minutes, apolitique jusque-là et qui vantait les mérites de la francophonie ontarienne et canadienne, s’est vite transformé en tirade contre la formation conservatrice et son chef.

Selon le politicien libéral, Pierre Poilievre « sort la Charte, la met sur le mur, sort un gros feutre et il met de gros X sur la Charte des droits et libertés », a-t-il lancé.

« Est-ce que ce sont vos droits, Marie-France (Lalonde)? Est-ce que ce sont vos droits, Madeleine (Meilleure)? a-t-il adressé aux deux politiciennes franco-ontariennes. Est-ce que ce sont vos droits ou mes droits comme personne LGBTQ+? », a-t-il ajouté.

« Il (Pierre Poilievre) a déjà dit qu’il va utiliser la clause nonobstant pour changer les lois qu’on favorise ici au pays, est-ce que ce sont les droits des autochtones? Est-ce que ce sont les droits des francophones? Les élections sont des choix », a-t-il envoyé comme message.

Le chef du Parti conservateur Pierre Poilievre. Crédit image : Stéphane Bédard

L’article 33 de la Charte, la clause dérogatoire, permet aux gouvernements d’exempter leurs lois de certains articles de la Charte. Or, il serait impossible pour tout gouvernement, fédéral ou provincial, d’utiliser la clause nonobstant pour les articles 16 à 23 de la Charte, car celle-ci ne s’applique pas à ces articles, qui traitent de droits linguistiques.

Les conservateurs accusent le ministre albertain de faire de « la petite politique » et de détourner l’attention de « ses problèmes éthiques ».

« Les langues officielles ne devraient pas être mêlées à ça, car elles sont au cœur de notre identité canadienne », indique le porte-parole conservateur en matière de Langues officielles, Joël Godin.

« Les conservateurs du Canada sont clairs : nous allons agir concrètement pour freiner le déclin du français au Canada. Un futur gouvernement conservateur fera les investissements nécessaires pour soutenir la vitalité des communautés francophones du Canada. Chaque dollar sera orienté vers des actions concrètes, et non pour gonfler la bureaucratie à Ottawa », ajoute l’élu de l’opposition officielle.

Élections à l’horizon

Le ministre Boissonnault était attendu de pied ferme par les organismes francophones de la province, qui clament être sous-financés par le fédéral. Ottawa a promis, dans le cadre de son Plan d’action pour les langues officielles, une bonification de 12,5% de leur financement et le ministre a assuré que « les deuxièmes (rondes de) chèques arrivent ».

Alors que des rumeurs d’élections planent au-dessus du Parlement depuis la fin de l’entente entre le NPD et les libéraux en septembre, Randy Boissonnault n’est pas passé par quatre chemins. Il a envoyé son message aux membres des organismes franco-ontariens qu’« en 2025, on va avoir un choix », attaquant du même coup le financement envoyé aux minorités francophones du pays sous Stephen Harper dans le passé.

« Oublions le plan d’action 2029 et 2033. Pensez à un futur avec un ministre des langues officielles comme Joël Godin ou d’autres qui n’ont jamais fait leur part pour défendre la francophonie canadienne », critique-t-il.

« Moi, Marie-France (Lalonde), Mona (Fortier) et d’autres, on va continuer à défendre le fait français ici en Ontario, en Alberta, en Saskatchewan, au Nord, à Terre-Neuve-et-Labrador et à travers le Canada », insiste-t-il.

Attaquant la marque conservatrice, il a fait un parallèle avec le gouvernement de Doug Ford en Ontario, soutenant le peu d’aide qu’offrent les progressistes-conservateurs provinciaux aux francophones de l’Ontario.

« Je dois transiger avec Mme (Caroline) Mulroney souvent. C’est toute une gang qui va essayer de chercher vos votes et en livraison, c’est comme un paquet d’Amazon avec rien dedans », a-t-il imagé.

Citoyen du monde

Chaque samedi, ONFR propose une chronique franco-ontarienne. Cette semaine, l’auteur torontois Soufiane Chakkouche narre ses défis d’immigration canadienne, un récit à suivre en plusieurs parties.

À vrai écrire, je ne vous ai pas tout dit, ou plutôt je vous ai menti à moitié. Je m’en repens donc à moitié, après tout, dans un demi-mensonge n’y a-t-il pas une demi-vérité? Voici donc la vérité, toute la vérité, rien que la vérité.

Dans les faits, lorsque la décision de quitter ma terre ocre et les miens fut prise, il n’était nullement question de s’installer à Toronto, aussi reine soit cette ville, et encore moins en Ontario. Initialement, j’avais jeté mon dévolu sur Montréal afin de demeurer aux côtés de Molière.

L’autre détail de taille qui avait conforté ce choix était d’ordre politique, moi l’apolitique par naissance et par éducation! Sauf que là, exception n’est pas raison, c’était mon futur et celui de ma petite famille que je jouais, il fallait donc s’y intéresser un petit chwiya (un petit peu) tout de même!

Or, dès que j’eus lu que la province de l’Ontario était dirigée par un gouvernement conservateur, aussi progressiste soit-il, je sus que je n’allais pas m’y éterniser car, dans ma boîte crânienne, celles et ceux qui conservent ou tiennent à conserver n’avancent pas ou peu, et, par définition, ils sont réticents à la nouveauté, à l’étranger. Bien entendu, cela n’engage que ma petite personne, comme cela sera inexorablement rappelé à la fin de cette chronique. Et puis, s’il faut peut-être me lire, il ne faut pas m’écouter, parce que j’ai rarement toute ma tête. Mais revenons à nos moutons migrateurs.

Pourquoi alors avoir postulé pour l’Ontario? Pourquoi ne pas avoir choisi le Québec dès le départ?

Procédure d’immigration trois fois plus rapide

La réponse est triviale, j’ai opté pour la province de Doug Ford en premier lieu parce que la procédure d’immigration y était plus rapide, un an en moyenne contre trois pour celle de François Legault. Il faut dire que j’avais le feu aux talons, mais ça, c’est une autre histoire, longue comme une année scolaire!

Réactif comme jamais, j’avais réussi à boucler ma candidature en huit mois, carte de résident permanent à l’appui. La suite, vous la connaissez : phobie aérienne, choc linguistique et atterrissage.

Au diable donc les bancs de l’école en bois sous mes tempes grisonnantes. Désormais, l’urgence résidait dans le fait de trouver un logement temporaire, et pour cela, rien de mieux qu’une sous-location.

Quelques clics plus tard au pays où la commande passe à la vitesse d’un courant électrique, et me voilà locataire provisoire d’un « spacieux » (tout est relatif) appartement dans une tour à Wellesley. Deux chambres avec balcon et une chaise à bascule qui, quatre ans plus tard, représenterait le personnage principal d’un cinquième roman, mais ça, c’est une autre histoire, longue de 240 pages!

Deux chambres donc pour un loyer mensuel équivalent à un an de salaire minimum dans mon pays natal! Il n’y avait pas photo, il fallait quitter au plus vite Toronto, d’autant plus que j’avais ouï dire que l’immobilier à Montréal coûtait trois fois moins cher.

Indocile destinée

Toutefois, le mektoub (le destin) avait rédigé d’autres lignes pour moi, pour nous. Alors que le mois de location touchait à sa fin et que je m’apprêtais à rendre les clefs en ce mois de juillet où la vie culturelle occupait la ville de toutes ses notes, la main invisible de la Providence fit voler mes plans en éclats.

À proprement écrit, ce n’était nullement de main dont il s’agissait, mais de langue, ou plutôt des langues. En effet, en me rendant au rendez-vous avec ma propriétaire éphémère pour lui annoncer notre départ, je tendis l’oreille dans la rame de métro comme l’eût fait un écrivain voleur de bouts de vies. Et là, brusquement, ce fut clair comme l’eau de roche coulant dans mon esprit : c’est ici, et nulle part ailleurs que ma vie allait suivre son cours.

Et pour cause, un flot invisible fit trembler mes membranes tympaniques de toutes parts. Six langues différentes étaient parlées dans un espace de 25m² au plus disant, tout le symbole de la richesse de cette ville était là devant mes yeux et mes oreilles.

Pour la première fois de ma vie, je ne me sentais ni Maghrébin, ni Africain, ni arabophone ou francophone. Je me sentais citoyen du monde, un titre qui, si tout le monde le portait, ferait en sorte que les guerres n’auraient plus lieu d’exister sur cette belle Terre nourricière, à moins que cela ne soit contre des extraterrestres malintentionnés!

Les opinions exprimées dans cet article n’engagent que leurs auteur(e)s et ne sauraient refléter la position d’ONFR et de TFO.

L’AFO célèbre l’engagement des jeunes lors de son gala annuel

OTTAWA – Le Congrès annuel de l’Assemblée de la francophonie de l’Ontario (AFO), qui se déroule jusqu’au 19 octobre à Ottawa, met en lumière la vitalité franco-ontarienne. La relève, la jeunesse et son leadership ont été des thèmes récurrents de l’événement. Bien que la région de la capitale nationale et de l’Est ontarien soient reconnues pour leur population francophone, ce sont près de 320 participants venus de toute la province qui se sont réunis pour assister à des conférences et ateliers variés. Deux annonces majeures ont marqué l’évènement, clôturé par une remise de prix de reconnaissance.

Le gala, point culminant de l’événement, a rendu hommage à six figures engagées dans la défense du français en Ontario, dont plusieurs jeunes, à travers les prix Coup de cœur et Jeunesse. Ces distinctions montrent que l’engagement pour la francophonie peut débuter à tout âge. C’est d’ailleurs ce qu’a souligné, tout juste avant le gala, Yves-Gérard Mehou Loko, secrétaire général de la Commission canadienne pour l’UNESCO, mentionnant l’importance de la jeunesse dans ce combat commun qu’est la préservation du français.

« Peut-être devrions-nous laisser plus de place à la jeunesse dans la gouvernance », a-t-il aussi suggéré.

Yves-Gérard Mehou Loko a mis l’emphase sur la place des jeunes en Ontario français et le besoin de les impliquer dans tous les paliers de gouvernance. Photo : Lila Mouch

Un tout nouveau prix Coup de cœur pour une figure marquante du mouvement La Résistance

Pour la première fois, le prix Coup de cœur a été décerné à Marie-Pierre Héroux, reconnue pour son discours marquant de décembre 2018 à Sudbury, où elle a dénoncé les coupes du gouvernement Ford touchant la francophonie, dans le cadre du mouvement La Résistance. Depuis, elle a occupé des rôles de leadership, notamment à la présidence du Regroupement étudiant franco-ontarien (RÉFO), et a joué un rôle clé dans la création de l’Université de l’Ontario français. Elle a également siégé au Conseil des gouverneurs de l’Université libre du Nouvel-Ontario (un collectif d’intellectuels, de professeurs, d’artistes, d’étudiants et de militants) et est intervenue dans la crise de l’Université Laurentienne.

Au moment de recevoir son prix, la jeune femme a déclaré : « Merci à la Fédération de la jeunesse franco-ontarienne (FESFO) de m’avoir outillée, dès mon secondaire, à ne pas avoir peur de prendre ma place en tant que jeune et à développer mon leadership. »

Marie-Pierre Héroux et Fabien Hébert, le président de l’Assemblée de francophonie de l’Ontario. Photo : Lila Mouch

Sophie Filion, lauréate du prix Jeunesse, a été honorée pour son parcours d’implication communautaire exemplaire. Présidente du conseil étudiant de son école en 2024 et 2025, elle a également reçu le prix Kristen French en 10ᵉ année, une reconnaissance de son humilité, de son engagement et de son excellence académique, étant par ailleurs la plus haute distinction décernée à un élève au cours de sa scolarité.

Dans les discours, de nombreuses personnalités ont mis l’emphase sur cette jeunesse, rappelant qu’elle est « le cœur de la communauté », comme l’a lancé Yves-Gérard Mehou Loko. Cette édition du Congrès de l’AFO témoigne d’une francophonie ontarienne en pleine vitalité, portée par une nouvelle génération prête à en prendre les rênes. C’est aussi ce que l’ex-politicienne, Madeleine Meilleur, n’a cessé de dire durant ses interventions.

Sophie Filion est une jeune leader francophone. Durant son passage au congrès de l’AFO, la jeune femme à fait l’apologie de l’implication communautaire et du bénévolat. Photo : Rachel Crustin

Parmi les autres prix décernés, Luc Bussières a reçu le prix Paulette Gagnon. Avec plus de 30 ans de carrière à l’Université de Hearst, il a occupé les postes de professeur (depuis 1990), de vice-recteur (2001-2005) et de recteur (2017-2024).

Raymond Jacques a reçu le prix Florent Lalonde en reconnaissance de son travail d’administrateur à la Maison Fraternité, puis au Centre d’appui et de prévention (CAP). De plus, ce prix lui a été offert pour souligner son engagement dans le développement et le maintien des services en santé mentale et en dépendances, au sein de la communauté francophone.

Sur scène, M. Jacques a livré un discours émouvant sur fond de vérité, rappelant entre autres : « On ne peut pas mesurer la réussite au nombre de lits occupés, mais au nombre de personnes qui s’en sortent. »

Raymond Jacques s’est installé à Ottawa en 1984 pour mettre sur pied des services destinés aux élèves atteints de surdité au sein du conseil scolaire francophone de l’époque. Photo : Rachel Crustin

Enfin, Betty Gormley, qui dirige Canadian Parents for French Ontario (CPF ON) a été récompensé avec le prix Francophile. La directrice est une fervente avocate pour le bilinguisme et les services en français en Ontario.

Le Consortium Centre Jules Léger, ayant évolué d’une administration ministérielle à une gouvernance entièrement francophone, témoigne d’une reconnaissance remarquable de son influence transformative sur l’éducation spécialisée en Ontario français. Ce Centre, dédié à répondre aux besoins spécifiques des enfants, a reçu le prix de l’Horizon franco-ontarien.

« C’est un beau cadeau pour fêter nos cinq ans », a fait remarquer Samia Ouled Ali, présidente de l’Association des conseils scolaires des écoles publiques de l’Ontario (ACÉPO), faisant référence au changement de gouvernance.

Des annonces qui ne sont pas passées inaperçues

Il y a encore des manques pour permettre à l’immersion en français de se développer en Ontario, a admis la direction de Canadian Parents for French lors de la signature d’une entente entre l’organisme et l’AFO.

L’AFO et Canadian Parents for French ont signé cette entente ce vendredi, visant à renforcer le soutien aux communautés francophones en situation minoritaire en Ontario, en soulignant l’importance de l’apprentissage du français langue seconde.

Les deux organisations reconnaissent que la dualité linguistique est essentielle à la cohésion sociale canadienne et s’engagent à promouvoir le respect de la langue française.

Canadian Parents for French et l’AFO ont fait la promesse de collaborer ensemble pour développer une politique linguistique en Ontario en matière d’immersion en français. Photo : Rachel Crustin

L’AFO, qui représente la voix politique de la francophonie ontarienne, et CPF, une organisation de bénévoles valorisant le français, conviennent de fournir mutuellement des informations promotionnelles et d’évaluer des contributions pour des espaces publicitaires sur leurs sites web.

Ensemble, elles exploreront des initiatives conjointes pour accroître l’inscription des jeunes dans les établissements francophones, collaboreront sur des campagnes de sensibilisation, et organiseront des réunions trimestrielles pour améliorer leur partenariat.

Cet accord de cinq ans, qui débute à la signature, vise à soutenir l’accès à des écoles de qualité en français et en français langue seconde, ainsi qu’à promouvoir le bilinguisme au sein de la province.

Enfin, plus tôt durant le Congrès annuel, un nouveau logo d’identification pour les fournisseurs de services en français en Ontario a été présenté par Stéphane Sarrazin, député et adjoint parlementaire à la ministre des Affaires francophones. Ce logo, qui sera disponible pour les fournisseurs dès cet hiver, aura pour but de faciliter l’identification des organismes désignés selon la Loi sur les services en français (LSF).

Quatre activités, deux provinces, trois continents

[LE FIL CULTUREL DE L’ONTARIO FRANÇAIS]

Cette semaine, on passe de l’Afrique à l’Europe, avec un détour au Québec, tout en restant en Ontario. On saute aussi entre les disciplines pour un tour culturel à la fois rapide et diversifié.

Un lieu à soi

La galerie d’art Thompson Landry, qui opère dans deux édifices du quartier de la distillerie, se spécialise dans les expositions d’artistes québécois. Cette fois, c’est la peintre montréalaise Carol Bernier qui est à l’honneur dans les locaux de l’édifice de la distillerie Stone. Ses œuvres abstraites sont réalisées d’instinct, sans plan préalable. « L’exposition Un lieu à soi est une réflexion sur le pouvoir de l’art pour créer des ‘espaces’ plus larges », peut-on lire dans la description de l’événement sur le site de la galerie (en anglais).

L’exposition est en cours jusqu’au 3 novembre. Carol Bernier sera présente pour rencontrer le public à la galerie d’art ce samedi de midi à 16 h.

L’oeuvre Ce ne sont pas des nuages, de Carol Bernier. Huile sur toile. Photo : gracieuseté de la galerie Thompson Landry

Toronto, jusqu’au 3 novembre. Rencontrez l’artiste le 19 octobre. Détails sur le site de la galerie Thompson Landry.

Nouvelle chanson pour Céleste Lévis

L’autrice-compositrice-interprète lance le premier extrait de son prochain album avec Contrecoeur, disponible sur les plateformes d’écoute depuis le 18 octobre. La chanson au rythme pop, très radiophonique, évoque plusieurs choses, dont les ennuis de santé avec lesquels la chanteuse doit composer depuis son adolescence. Plus largement, la chanson traite des détours de la vie, des buts qu’on n’atteint pas toujours aussi rapidement qu’on le souhaiterait.

« Il faut toujours se faire confiance et accepter que nous puissions faire des erreurs. Que les choix que nous allons faire ne vont pas toujours amener ce que l’on désire », explique Céleste Lévis à ONFR.

« Je croyais devoir tout voir à l’envers, je croyais définir tous mes repères. Mais je ne m’en veux pas d’avoir perdu un peu de temps. »
— Parole de Contrecoeur, de Célete Lévis

Sur ses réseaux sociaux, Céleste Lévis a évoqué l’image d’une page qui se tourne sur son album précédent pour ouvrir un nouveau chapitre de sa carrière. Si tu veux tout savoir est sorti en 2021.

Pochette de la chanson Contrecoeur de Céleste Lévis. Crédit : Phil Larivière

Sur toutes les plateformes d’écoute. Détails sur la page Facebook de Céleste Lévis.

Célébrer les auteurs francophones afrodescendants

Le Salon du livre afrocanadien (SLAC) de Mosaïque Interculturelle aura lieu à Ottawa du 24 au 27 octobre. Le thème de cette septième édition est Voyage en francophonie. La présidence d’honneur est assurée par l’auteur Edem Awumey. Né au Togo et ayant vécu en France avant de s’établir dans la région d’Ottawa-Gatineau, il a été nommé et lauréat de plusieurs prix au cours de sa carrière. Au travers des tables rondes, entrevues et lectures publiques, les visiteurs pourront rencontrer plus de 75 auteurs. Les habitués du SLAC retrouveront leur événement à un nouvel endroit cette année, au 435, rue Donald.

Edem Awumey est le président d’honneur du Salon du livre afro-canadien 2024. Photo : Gracieuseté du SLAC

Ottawa, du 24 au 27 octobre. Détails sur le site du SLAC.

Lancement et anniversaire

Une soirée spéciale célébrera les 20 ans du Festival du film de l’Union européenne, le 24 octobre, au Musée Bata de la chaussure, à Toronto. En plus de l’accès aux expositions du musée, l’événement inclura des dégustations de spécialités européennes et servira de lancement à la programmation du festival, qui aura lieu du 14 au 18 novembre. À ce moment, des films primés des quatre coins de l’Union européenne seront présentés gratuitement au Théâtre Spadina. Ils seront ensuite disponibles en ligne en décembre. Le Festival du film de l’Union européenne se présente comme « l’unique collaboration culturelle de tous les consuls et institutions culturelles européennes de Toronto. »

Le Festival du film de l’Union européenne aura lieu du 14 au 18 novembre, mais la programmation sera dévoilée le 24 octobre. Montage ONFR

Toronto, le 24 octobre. Détails sur le site du Musée Bata de la chaussure.

Vous n’êtes pas seuls : une comédie romantique fantastique à la sauce québécoise

Avec « Vous n’êtes pas seuls », le duo créatif québécois Marie-Hélène Viens et Philippe Lupien signe leur premier long-métrage et livre une comédie romantique qui tient du poétique et du fantastique. Cette œuvre audacieuse explore la solitude et l’isolement dans notre société, tout en s’inscrivant dans un renouveau du cinéma de genre au Québec. L’œuvre mêle audace narrative et esthétique visuelle. Un film qui ne manquera pas de toucher le cœur et d’inspirer la réflexion.

En salle dès le 18 octobre.

Élections : un possible retour de Blaine Higgs inquiète les Acadiens

FREDERICTON – Alors que les Néo-Brunswickois sont attendus aux urnes lundi prochain, un possible retour de Blaine Higgs au pouvoir inquiète les Acadiens qui espèrent « n’importe quel parti, mais pas le bleu ». Le scrutin s’annonce toutefois très serré.

Blaine Higgs, le premier ministre depuis 2018, n’a pas une cote de popularité très élevée auprès des francophones après plusieurs controverses au cours des dernières années, mais le chef progressiste-conservateur pourrait toutefois retourner au pouvoir.

Le Parti libéral a comme leader Susan Holt, une ancienne fonctionnaire et cheffe d’entreprise. Cette dernière mène dans les intentions de vote, mais est devancée par son adversaire conservateur au niveau du nombre de sièges, selon le site de projection 338 Canada. Les derniers sondages donnent les deux partis au coude à coude avec chacun entre 23 et 25 sièges, la majorité étant de 25 députés.

Susan Holt. Susan Holt est la cheffe des libéraux depuis 2022. Image tiré du site internet du Parti libéral du Nouveau-Brunswick.
Susan Holt est la cheffe des libéraux depuis 2022. Image tiré du site internet du Parti libéral du Nouveau-Brunswick.

« Je pense que ça va dépendre des trois grosses villes : Moncton, Fredericton et Saint-Jean. Le parti qui va gagner le plus de sièges dans ces trois villes-là, va avoir un siège d’avantage », analyse le professeur de l’Université Mount Allison, Mario Levesque.

Un premier ministre impopulaire en campagne discrète

Dans un sondage du 19 septembre dernier, la maison de sondage Angus Reid donnait Blaine Higgs avec un taux d’approbation de 30 %, un chiffre qui se maintient depuis plus d’un an. Il s’agit de la plus basse cote de popularité au pays parmi ses homologues premiers ministres.

Selon le politologue Mario Levesque, le premier ministre sortant « roule les dés » avec une campagne discrète et une petite plateforme électorale qui peut se résumer simplement en deux éléments : la continuité d’un gouvernement fiscalement responsable et une promesse de baisse de la taxe de vente harmonisée de 15 % à 13 %.

« Ça pourrait marcher aussi, mais c’est un gros risque », observe-t-il.

« Son parti est inquiétant car il ne se prononce sur rien (dans la plateforme électorale) pour les francophones », en fait comme lecture la présidente de la Société de l’Acadie du Nouveau-Brunswick (SANB), Nicole Arseneau-Sluyter.

Elle ne cache pas que le retour de Blaine Higgs inquiète les francophones dans la seule province bilingue du pays.

« Il est difficile de travailler avec le premier ministre. Les résultats sont là : il a perdu je ne sais pas combien de députés et candidats qui ne sont plus capables de travailler avec lui », lance-t-elle.

« Il a quand même de très bons candidats francophones qui se présentent (pour lui)… Ces gens-là, s’ils rentrent, vont-ils être capables de contrôler leur premier ministre? C’est à suivre. Les six dernières années, ils n’ont pas fait grand-chose, mais il faut dire que les libéraux n’ont rien fait non plus », concède-t-elle.

Une des grosses demandes des Acadiens serait d’avoir un ministre et un ministère de l’Éducation entièrement dédié au système scolaire francophone et non séparé avec les anglophones. La SANB espère aussi obtenir plus d’autonomie et de gouvernance pour les francophones dans les domaines de la santé, de la petite enfance et de l’immigration.

Il ne fait pas de doute que les libéraux et leur cheffe Susan Holt seraient plus enclins à répondre à ces demandes, juge la présidente de la SANB.

« Selon notre liste (de demandes), c’est sûr que oui. C’est ps mal facile de discuter avec elle car elle est moins bornée et plus ouverte. Elle donne cette impression-là. » 

Nicole Arseneau-Sluyter est la présidente de la SANB. Photo : Gracieuseté SANB.
Nicole Arseneau-Sluyter, présidente de la SANB. Photo : Gracieuseté SANB

Au cours des années, Blaine Higgs s’est fait accuser de concentrer les dépenses gouvernementales dans le sud – là où se retrouvent les anglophones – au détriment du nord – où se trouvent les francophones – sans compter que le sud compte plus d’électeurs progressistes-conservateurs. 

De plus, ses prises de position concernant la Loi sur les langues officielles et le fait qu’il ne parle pas toujours français malgré les promesses nuisent à son image, évalue Mario Levesque.

« Pour les francophones, c’est n’importe quel parti, mais pas le bleu. Je pense qu’ils sont tannés des attaques sur leurs droits », estime-t-il.

Et de poursuivre : « La question pour moi est : y a-t-il assez d’anglophones qui sont enragés contre M. Higgs pour faire changer les choses? », se questionne-t-il.

Une des cartes cachées pour le politologue représente les 100 000 nouvelles personnes qui ont immigré au Nouveau-Brunswick, principalement de l’intérieur du Canada, depuis la dernière élection en 2020.

« La plupart d’eux autres sont dans les trois grosses villes, Moncton, Fredericton et Saint-Jean. Et eux, ils ne sont pas attachés dans les batailles entre anglophones et francophones. Alors comment est-ce qu’ils vont voter? S’il y en a 200 à 300 qui votent plus pour un parti dans une circonscription, ça peut vraiment changer les choses », considère Mario Levesque.

Décès de Maurice Henrie : un pionnier de la littérature franco-ontarienne s’est éteint

ORLÉANS – L’ancien fonctionnaire fédéral canadien, professeur universitaire et écrivain franco-ontarien Maurice Henrie est décédé le 1er octobre. Il était âgé de 87 ans. Il laisse derrière lui un grand héritage avec à son actif 23 ouvrages et des accomplissements importants dans les domaines de la littérature, de l’éducation et de la politique. 

« Maurice Henrie était avant tout un des fondateurs de l’Association des auteures et auteurs de l’Ontario français. Il faisait partie des 50 signataires qui ont fait la demande au gouvernement canadien pour créer l’association, rappelle Yves Turbide l’actuel directeur général de l’association. 

Il a été une figure de proue dans la littérature franco-ontarienne tant dans la création de l’Association des auteurs à laquelle il croyait ardemment que par l’exemple qu’il était pour les autres auteurs et autrices. Il a toujours fait partie des auteurs qui se sont démarqués en Ontario français. »

Un auteur qui s’est démarqué par son désir de transmission à la jeunesse. Au début de sa carrière, au sortir de ses études qui l’ont vu fréquenter les universités à Ottawa, Paris puis Toronto, il a enseigné les langues et le théâtre dans des écoles secondaires de l’Ontario, puis dans les Universités d’Ottawa et Carleton. 

C’est donc sans surprise que ses ouvrages, pour certains traduits dans plusieurs langues, ont eu un impact dans le domaine de l’éducation comme l’explique M. Turbide. 

« Il a écrit un grand nombre de textes dans différents genres littéraires : romans, nouvelles, essais. Ses textes ont été utilisés dans les différents ministères notamment en éducation pour différentes applications dans les programmes pédagogiques. Plusieurs de ses recueils ont été utilisés dans le secondaire et à l’université à Montréal, à Ottawa mais aussi en Italie, en Allemagne. »

Malgré un succès considérable avec de nombreuses récompenses comme le Prix du livre d’Ottawa qu’il a remporté à six reprises ou encore le Prix Trillium décerné au roman ​​Le Balcon dans le ciel en 1996, Maurice Henrie était selon Yves Turbide « une personne qui montrait une certaine humilité tout en ayant une grande assurance dans ses propos. Il avait un désir féroce d’écrire et de commenter, de débattre dans les milieux littéraires en Ontario ».

Cet envie de débattre et de défendre la langue française en Ontario l’a mené en politique. Travaillant au sein de pas moins de dix ministères et organismes, il s’est surtout distingué dans le domaine des langues officielles. Il a en effet participé à la rédaction de la première Loi sur les langues officielles aux côtés du premier commissaire aux langues officielles Keith Spicer en 1969. 

C’est majoritairement la deuxième partie de sa vie qu’il a consacrée à l’écriture et ceux jusqu’en 2022, où il a publié ce qui sera son dernier ouvrage intitulé La tête haute, récompensé par un ultime Prix du livre d’Ottawa en 2023. 

Pour lui rendre un dernier hommage, une célébration de sa vie aura lieu le samedi 19 octobre 2024 à 10h00 à la chapelle de la Maison funéraire Racine, Robert & Gauthier. La famille recevra les condoléances à partir de 9h30.

Le Festival Les vieux m’ont conté prend de l’ampleur

SUDBURY – C’est une huitième édition qui débute sous le signe de la croissance pour Les vieux m’ont conté, le festival du Centre franco-ontarien de folklore (CFOF). Cette année, ce festival de contes sortira de la ville du nickel pour se déployer dans différentes villes du Nord, avec une petite incursion dans l’Est ontarien. Du 17 au 27 octobre, place aux arts de la parole, aux traditions… et à quelques nouveautés.

Chaque année, un bout de phrase vient se coller au titre du festival afin d’en donner le thème.  Cette fois-ci, le mantra Les vieux m’ont conté… leurs défis guidera les 16 conteurs de la programmation.

« Il y a des défis simples, d’autres très complexes, d’autres très personnels (…) Ça va toujours toucher les gens », croit Patrick Breton, le directeur général du CFOF, qui s’est entretenu avec ONFR. Il rappelle que la majorité des contes traditionnels, de Ti-Jean à la Chasse-galerie, exploitent déjà les thèmes des défis et des épreuves.

Des partenariats pour un festival plus accessible

Mais nul besoin de faire un pacte avec le diable pour savoir raconter une histoire. Le festival compte plusieurs occasions de s’initier, entre autres avec la série Relevez le défi : racontez votre histoire. Ces ateliers animés par Sylvi Belleau et Marguerite Mbonimpa permettront aux gens de Sudbury, Sturgeon Falls et North Bay d’apprendre gratuitement les bases du récit de vie, grâce à un partenariat avec le Réseau du Nord.

Le maître-conteur belge Pascal Guéran donnera également un atelier pour les conteurs amateurs, à la Place des arts du Grand Sudbury (PDA), le 26 octobre, au coût de 20 dollars.

Le directeur général du CFOF, Patrick Breton, veut rendre le patrimoine oral accessible à tous les Franco-Ontariens. Photo : Rachel Crustin

Le CFOF appuie également le Cercle des conteurs de l’Est ontarien (CCEO), qui fête son 20e anniversaire le 20 octobre. Un spectacle aura lieu à Casselman à 14 h et sera retransmis en direct sur Youtube par l’organisme de télévision et production vidéo communautaire TVC22.

Pour le CFOF, soutenir ce regroupement de conteurs est en phase avec sa mission d’organisme provincial.

Un autre partenariat notable est celui avec l’Association franco-ontarienne des parents et amis d’enfants ayant une cécité (AFOPEC). L’an dernier, les deux organismes s’étaient mutuellement donné des ateliers, l’AFOPEC sensibilisant les conteurs à sa cause et le CFOF initiant les membres de l’AFOPEC à l’art du conte.

Il y a eu un concours du meilleur conteur et le gagnant, Alexandre Gaida, se retrouve dans la programmation du Festival Les vieux m’ont conté. « C’est un jeune qui a un défi de vision. On parle justement de raconter nos défis, rappelle Patrick Breton. Il participe au marathon de contes et se fait traiter comme tous les autres conteurs. »

Chaque année, la randonnée contée permet de découvrir différents univers de conteurs tout en explorant des coins de la ville de Sudbury. Photo : Léo Duquette

Pas d’excuses

Patrick Breton se donne aussi la mission de rendre les événements du CFOF accessibles aux personnes aînées, qui hésitent à se rendre à des spectacles en soirée, soit par considération financière ou parce qu’elles sont inconfortables à conduire à la noirceur.

Un projet pilote a donc été mis sur pied pour des événements ciblés pendant le festival, mais également pendant la programmation régulière du CFOF, jusqu’en mars 2025. Grâce à une subvention du ministère des Services aux personnes âgées, l’organisme fournira le transport, un léger repas et le billet de spectacle aux aînés qui en feront la demande, jusqu’à concurrence de 12 par soir.

« Je le surnomme mon projet Pas d’excuses, exprime Patrick Breton. On veut réellement que les personnes âgées viennent participer. »

Par où commencer?

Un autre élément majeur de la programmation est la mini-tournée de Stéphane Guertin, organisée en partenariat avec les Compagnons des Francs-Loisirs. L’improvisateur et conteur s’arrêtera de vendredi à dimanche, à Sudbury, Sturgeon Falls et Mattawa.

« C’est un gars qui est habitué de faire de la scène. Il y a aussi une partie théâtre, mais c’est vraiment une histoire contée », explique Patrick Breton, qui encourage les spectateurs qui n’ont jamais vu de soirée de conte à commencer avec Sortir la tempête du verre.

Le spectacle avait été présenté lors de la bulle d’art de la parole de Contact ontarois, en janvier 2024, ce qui avait valu à Stéphane Guertin le prix Distinction Réseau Ontario. Selon Patrick Breton, le fait d’avoir mis le conte à l’honneur de cette façon a été bénéfique pour toute la discipline.

En janvier 2024, Stéphane Guertin avait remporté le prix Distinction Réseau Ontario, qui récompense un artiste franco-ontarien pour « l’excellence et la qualité artistique de sa proposition lors de Contact ontarois. » Photo : Stéphane Bédard

D’autres activités originales permettent de se tremper un premier orteil dans cet univers. La randonnée contée, le marathon de contes, le concours de la plus grande menterie et les capsules web l’Ontario raconté sont autant de classiques de retour dans la programmation. L’activité Crêpes et contes étant ses horizons, ayant lieu à Sudbury le 20 octobre, mais aussi à North Bay, le 27 octobre.

En nouveauté, le festival offre aussi le Conte chez l’habitant, un spectacle intime dans une résidence privée, dont l’adresse ne sera dévoilée qu’à ceux qui achèteront leur billet.

Les Franco-Ontariens à l’honneur

Patrick Breton espère voir de plus en plus de conteurs franco-ontariens développer un répertoire. Cette année, le pari est plus que réussi.

« Une de mes fiertés, c’est que sur 16 conteurs, il y a 14 Franco-Ontariens. Alors, quand on dit qu’il n’y a pas de conteurs en Ontario, ce n’est pas vrai. »

Et ces conteurs proviennent de différents horizons. Entre autres, Marguertie Mbonimpa peut témoigner de l’élargissement de la diversité culturelle de Sudbury, elle qui raconte qu’elles n’étaient qu’une demi-douzaine de femmes noires francophones dans la communauté à son arrivée.

Félix Dubytz peut prouver le dynamisme de la relève, lui qui, à 15 ans, en est déjà à sa troisième participation au festival.

La petite-fille Mila Bercier et son grand-père Claude Garneau (le pére Garneau) peuvent témoigner de l’aspect intergénérationnel du conte.

« Ce que j’espère toujours, c’est que les salles se remplissent de plus en plus. (…) Il y a encore des gens qui ont une petite réticence, mais les gens qui viennent sont toujours enchantés », encourage le directeur général du CFOF.

Musées torontois bilingues : les premiers efforts visibles d’ici décembre

TORONTO – Les dix musées historiques de la Ville de Toronto mettront à disposition du public des brochures imprimées en français d’ici la fin de l’année, a-t-on appris lors de la réunion du Comité consultatif des affaires francophones.

Le département Toronto History Museums (THM), qui gère ces musées, va également dans les prochains jours lancer un sondage auprès de ses employés (environ une centaine à temps partiel) pour déterminer qui est capable d’offrir des services en français en personne.

« Ça va nous permettre d’établir une liste de personnel bilingue et de voir comment on peut offrir une meilleure expérience en français aux visiteurs », a expliqué Sonia Mrva, gestionnaire des musées municipaux, lors d’une présentation devant les membres du comité.

Son département aurait par ailleurs l’intention de recruter « activement » des interprètes de langue française, recevoir des invités aptes à s’exprimer en français et s’appuyer sur leurs réseaux pour accroitre le cercle des intervenants de langue française.

« On regarde aussi comment des partenariats avec les universités, incluant l’université de langue française, pourraient nous aider à identifier des étudiants francophones éligibles à des bourses fédérales pour soutenir nos activités », a assuré Mme Mrva.

L’idée derrière tout cela est d’arriver à une situation où « on aurait constamment une présence francophone dans l’équipe pour répondre aux besoins », anticipe Karen Carter, directrice du service des musées et du patrimoine, en écho à la stratégie de recrutement de la Ville pour 2025.

Mme Carter a aussi évoqué la présence d’une équipe des musées au moment de la Coupe du monde FIFA en 2026 qui soit en mesure de répondre aux demandes en divers langues, incluant le français. Tout en insistant sur ses ressources limitées : « On n’a pas de budget séparé pour créer des programmes francophones », a-t-elle averti, ce qu’a reconnu la présidente Alejandra Bravo qui a salué « une réponse qui va beaucoup plus loin » que la proposition communautaire intitiale.

Au sein du comité, la vice-présidente Christine Michaud a sensibilisé la Ville sur l’importance de promouvoir ces services, une fois en place, tandis qu’Hela Zahar a insisté sur un accès aux plus jeunes.

« Il est très important, pour préserver et péreniser la langue, de commencer au plus jeunes âge. Au-delà de la traduction, il faut penser à une forme de médiation c’est-à-dire une comprehension accessible aux écoles et aux élèves pour qu’ils s’approprient l’histoire de Toronto et de la francophonie, car ce sont eux qui vont porté la langue francaise. Il faut communiquer avec les écoles pour voir comment leur programme peut s’arrimer à cet accès à cette histoire. »

Cette démarche fait suite à la proposition soumise en février dernier par la Société d’histoire de Toronto (SHT) de favoriser l’accès des francophones aux musées de la ville, qui a débouché sur une motion adoptée en comité de confier au Comité du développement économique et culturel (ECDC), le mandat de chercher les possibilités de rendre accessibles les musées dans les deux langues officielles.

« Je crois que les délais fixés sont assez raisonnables, a réagi Rolande Smith, présidente de la SHT au micro d’ONFR, à l’issue de la réunion. Quant au recrutement, c’est un pas logique d’essayer de recruter bilingue à partir de maintenant et aussi de s’adresser à des programmes d’étudiants d’été au fédéral bien sensible au fait bilingue du Canada. »

Un logo identifiera les fournisseurs de services en français en Ontario

OTTAWA – Dévoilé ce jeudi lors du congrès de l’Assemblée de la francophonie de l’Ontario (AFO), ce logo sera à la disposition des fournisseurs à compter de cet hiver. Objectif : mieux repérer les organismes désignés en vertu de la Loi sur les services en français (LSF).

D’ici la fin de l’année, les fournisseurs de services en Ontario pourront télécharger cette étiquette depuis la plateforme numérique gouvernementale de désignation. Ce signe distinctif doit rendre encore plus visibles les organisations désignées sous la LSF. Elles seront en mesure de l’afficher et de l’utiliser dans leurs communications pour mettre en relief les services qu’elles offrent en langue française.

« Avec ce logo, notre but est de bien identifier les services disponibles, valoriser le travail des organismes désignés, soutenir leurs efforts pour répondre aux exigences du règlement de l’offre active et leur offrir un avantage en termes de marketing », a déclaré Stéphane Sarrazin, député et adjoint parlementaire à la ministre des Affaires francophones, au moment de lever le voile sur le logo formé des lettres blanches sur fond noir Fr (pour français) entre guillemets jaunes.

Il s’agit d’une seconde étape après la simplification du processus de demande de désignation opérée en 2022. Les critères étaient alors passés de 35 à 20 et les démarches avait été rendues plus simples et plus rapides, avec à la clé un délai de traitement inférieur à 12 mois, via une plateforme en ligne.

Photo : ONFR/Pascal Vachon
« Ça va rendre l’accès aux services encore plus fluide »
— Fabien Hébert

L’idée est d’encourager tous les organismes à passer par cette plateforme gouvernementale pour faire leur demande de désignation et à adopter un signe distinctif comme symbole officiel de leur désignation et gage de la qualité de leurs services.

« Ça va rendre l’accès aux services encore plus fluide, croit Fabien Hébert, président de l’Assemblée de la francophonie de l’Ontario (AFO). Ce logo vient renforcer le processus de l’offre active et contribue à communiquer avec la communauté francophone. »

Adoptée en 1986 puis modernisée en 2021, la Loi sur les services en français sanctuarise le droit de recevoir de tels services de la part des organismes gouvernementaux. Les prestataires désignés ont le devoir de protéger et promouvoir des services en français. Le processus de désignation existe quant à lui depuis 1994 et aide le gouvernement à s’acquitter de son obligation. L’offre active, dont le règlement a été adopté en 2023, permet aux usagers d’obtenir des services en français sans les demander.

Santé mentale : « L’antiracisme n’est pas une finalité, mais un processus » exprime Jude Mary Cénat

Jude Mary Cénat est professeur en psychologie à l’Université d’Ottawa, où il est directeur du laboratoire de recherche Vulnérabilité, Trauma, Résilience et Culture et du Centre interdisciplinaire pour la santé des Noir.e.s. Il organise le deuxième colloque national sur la santé mentale des personnes noires.

Le colloque a débuté mercredi et se déroule jusqu’à vendredi, le 18 octobre, à l’Université d’Ottawa. Le thème est Santé mentale des communautés noires : reconquérir les sentiers de la joie. Au tout début de l’événement, des doctorats honorifiques ont été remis à trois sommités en la matière : David Williams, Yvette Bonny et Myrna Lashley.

Le système de santé canadien, d’autant plus dans le domaine de la santé mentale, ne prend généralement pas en compte les déterminants sociaux et les enjeux particuliers vécus par les personnes noires. Une approche où « on ne voit pas les couleurs » invisibilise des patients dont les conditions ne sont pas prises toujours au sérieux.

« Pourquoi faut-il un colloque national sur la santé mentale des personnes noires?

Parce qu’au Canada, la santé mentale des personnes noires est sous attaque de manière continuelle. Les personnes noires ont des conditions sociales et économiques moins favorables que la population générale, et donc une espérance de vie moindre. Il y a un ensemble de déterminants sociaux, en plus de la discrimination raciale.

Les soins que l’on fournit aux personnes noires ne sont pas culturellement adaptés. En tant que professionnels de la santé mentale, et je m’inclus là-dedans car j’ai aussi été formé dans ce système, nous ne savons pas comment aborder les enjeux raciaux dans nos soins, car nous n’avons pas été formés pour le faire.

Quelles ont été les avancées depuis le premier colloque en 2022, dans le cadre d’un projet de l’Agence de santé publique du Canada, qui a un fond spécial sur la santé mentale des communautés noires?

Il y a eu des pas en avant, mais aussi des reculs. Depuis cinq ans, la parole s’est libérée. Les gens ont commencé à parler de santé mentale dans les communautés noires elles-mêmes, grâce aux projets que l’on a menés. Il y a de nouvelles formations disponibles. Aussi, ce fonds était une avancée importante, mais il y a eu une grosse réduction du budget et ça ne répond pas du tout aux besoins.

Au Canada, on a une approche color blind, on est aveugle sur les enjeux raciaux. Des gens vont dire : moi, je ne vois pas la couleur de peau quand je prends quelqu’un en charge. Sauf que quand la couleur de peau de la personne fait partie du problème, ne pas la voir, c’est une attitude profondément raciste.

Le premier Colloque national sur la santé mentale des personnes noires a eu lieu en 2022. Photo : gracieuseté de Jude Mary Cénat

Les hôpitaux, services en santé mentale et conseils scolaires commencent à former leur personnel. Il y a des réticences, surtout dans les services de psychiatrie. C’est la toute puissance (des médecins) qui continue. Beaucoup de personnes noires vont subir des soins coercitifs. Un manque de confiance envers les services en santé mentale persiste aussi dans les communautés noires.

Quels sont les thèmes discutés cette semaine?

Le titre du colloque est Reconquérir les sentiers de la joie. On va parler des déterminants sociaux des communautés noires. Qu’est-ce qui les empêche d’être en bonne santé mentale?

Ensuite, on va évaluer les résultats obtenus dans les programmes de prévention, de sensibilisation et de mobilisation qui ont été mis en place pendant les deux à cinq dernières années. Comment a-t-on pu permettre aux communautés noires de mieux faire face aux dynamiques sociales et économiques? Comment ça a pu leur permettre de retrouver leur joie de vivre?

Parce que c’est ce qu’ils demandent, de pouvoir vivre dans la joie et dans la bonne santé mentale, et ainsi pouvoir mieux contribuer à la société canadienne.

Avez-vous des pistes de solution?

Depuis cinq ans, on a quand même développé un ensemble de choses, dont des formations qui sont aujourd’hui implantées dans plusieurs pays. Parmi celles-ci, il y a Fournir des soins en santé mentale antiracistes, une formation bilingue qui permet de former les psychologues, travailleurs sociaux, psychiatres, médecins de familles, infirmiers, psychothérapeutes, etc.

On accompagne aussi les hôpitaux, écoles et services de santé en assurant un suivi sur les changements mis en place.

Jude Mary Cénat est professeur en psychologie à l’Université d’Ottawa et organisateur du Colloque national sur la santé mentale des personnes noires. Photo : gracieuseté de Jude Mary Cénat.

L’antiracisme n’est pas une finalité. C’est un processus. On doit toujours essayer de s’améliorer. Quand le système est antiraciste, c’est bon pour tout le monde.

Il y a aussi plusieurs cas où on n’a rien fait pour des enfants blancs qui auraient dû être retirés de leur milieu. En formation, je donne l’exemple de la fillette de Granby… le système n’aurait jamais laissé une enfant négligée comme ça dans une famille noire, on l’aurait placée. On ne croit pas en la capacité de changement des parents noirs, mais on croit facilement en celle des parents blancs.

On sait que l’humain est capable des pires choses comme des meilleures. Il faut voir les gens dans leur humanité et les juger avec objectivité.

Quelle est la part du français dans le colloque?

Trois conférenciers sur huit sont francophones. Certains vont intervenir totalement en français. Il y aura la traduction simultanée dans les deux langues officielles tout au long du colloque.

On doit reconnaître qu’il y a très peu de recherche en français, au Canada, sur la santé mentale des communautés noires. Il y a aussi moins de confiance. Les personnes noires anglophones sont mieux nanties, en quelque sorte. Il y a une double stigmatisation : ‘En plus d’être noir, il est francophone.’

Il y a des intersections entre être noir, femme, musulman, francophone, etc. Tous ces enjeux s’imbriquent. 

Qui sont ces trois sommités qui ont reçu un doctorat honorifique de l’Université d’Ottawa?

David Williams est la première personne au monde à avoir permis d’évaluer le racisme de manière quantitative.

Myrna Lashley a beaucoup travaillé sur les relations entre la police et les jeunes des communautés noires. Elle a permis de former des policiers sur la question du profilage racial.

Yvette Bonny est celle qui a fait la première greffe de moelle osseuse sur un enfant au Québec, en 1980. Elle a reçu des enfants de partout au pays et elle a fait plus de 200 greffes en 20 ans.

Quand elle était hématologue, elles n’étaient que trois femmes au Québec à avoir cette spécialité. Dr. Bonny était la seule femme noire, et la seule à pratiquer en pédiatrie. Il faut aussi reconnaître sa contribution dans la recherche sur l’anémie falciforme, qui fait maintenant partie du programme québécois de dépistage néonatal sanguin et urinaire.

Reconnaître ces personnes, c’est aussi reconnaître l’excellence et la contribution des communautés noires au sein de la société canadienne. »

Décès d’Ethel Côté, entrepreneure engagée aux convictions coopératives

OTTAWA – Elle était la présidente fondatrice de la Nouvelle Scène à Ottawa, ancienne directrice générale d’ImpactON, fondatrice de mécènESS, une entreprise en innovation sociale, membre du comité consultatif provincial sur les Affaires francophones et professeure associée à l’Université de l’Ontario français. Ethel Côté s’est éteinte ce mercredi à l’âge de 66 ans, des suites d’un cancer.

« Son engagement inébranlable à former, écouter, soutenir et surtout inspirer toutes les personnes qu’elle rencontrait laisse une empreinte indélébile sur les vies qu’elle a touchées », a rendu hommage sa famille sur les réseaux sociaux, la décrivant comme une « femme de tête et de cœur, leader sans pareil ».

À l’origine de la mise sur pied de la Nouvelle Scène, Ethel Côté a travaillé dans de multiples projets culturels, de la programmation du Festival Jeunesse à la planification stratégique de la Place des Arts du Grand Sudbury, en passant par la direction artistique de la Commission de la Capitale nationale.

Reconnue pour ses convictions coopératives, elle a activement participé à la planification stratégique de plusieurs associations canadiennes-françaises de l’Ontario (Mille-Îles, Stormont-Dundas-Glengarry, Windsor-Essex-Chatham-Kent), mais aussi du Réseau Affaires Femmes, de l’Association du patrimoine familial ou encore du Centre d’emploi de Prescott-Russell.

Elle a en outre été la première directrice générale autonome d’ImpactON (ex-Conseil de la coopération de l’Ontario), à partir de 1995, rappelle Julien Geremie, directeur général d’ImpactON.

« Elle va laisser un vide important, a réagi ce dernier. Elle avait une conscience extrêmement forte sur l’économie sociale coopérative. C’est une des personnes qui a fait le plus connaitre et rayonner notre mouvement dans les communautés francophones de l’Ontario et bien au-delà. Pour nous, c’est une triste nouvelle. »

Ses contributions s’étendaient au comité consultatif provincial sur les Affaires francophones. « Fière Franco-Ontarienne, ses conseils, son expérience et sa passion étaient des atouts importants pour le comité consultatif », a souligné la ministre des Affaires francophones, Caroline Mulroney.

Un héritage « riche en réalisations et en espoir »

Peter Hominuk, directeur général de l’Assemblée de la francophonie de l’Ontario (AFO), a quant à lui salué une personne « très impliquée dans les milieux de la jeunesse et de l’économie » et qui faisait « toujours des miracles avec les ressources dont elle disposait ».

À travers sa firme mécènESS, elle a développé une expertise aigue dans la gestion des organisations, l’innovation sociale, l’entrepreneuriat féminin et l’économie sociale et solidaire.

« Elle travaillait souvent avec les groupes les plus en difficultés, qui n’avaient pas beaucoup d’argent, poursuit M. Hominuk. Elle donnait énormément de son temps personnel au niveau bénévole. Elle voulait faire une différence et donnait aux gens les outils pour se dépasser. Je l’ai vue en action plusieurs fois et je n’ai que des bons souvenirs d’elle, de son humanité. »

Désignée championne de l’autonomisation économique des femmes par l’ONU Femmes en 2015, Mme Côté était entre autres décorée de l’Ordre du Canada, de l’Ordre de l’Ontario, de l’Ordre de la Pléiade et d’un Prix Saphir en tant que personnalité féminine de l’année 2017.

« Son départ laisse un vide profond, mais son héritage, riche en réalisations et en espoir pour une francophonie plus forte, perdurera à jamais », est convaincu Fabien Hébert, président de l’AFO.

Les francophones et les élections en C-B : « On n’a pas le pouvoir du nombre »

VANCOUVER – Les habitants de la Colombie-Britannique éliront samedi leur gouvernement dans le cadre des élections provinciales dans une lutte à deux entre les néo-démocrates au pouvoir depuis sept ans et les conservateurs. De leur côté, les francophones ne constituent qu’une maigre partie de la population, ce qui dilue leur pouvoir politique malgré quelques gains dans les dernières années.

Le premier ministre David Eby a déclenché des élections le 21 septembre dernier et les électeurs sont attendus aux urnes ce samedi dans le cadre des 43e élections provinciales.

Selon le site de sondage 338 Canada en date de mercredi, le NPD et le Parti conservateur sont nez à nez, avec les néo-démocrates légèrement en avance au niveau du nombre de sièges (51 contre 40). Les néo-démocrates sont au pouvoir depuis 2017, mais leur chef, David Eby, n’est premier ministre que depuis deux ans.

Son adversaire John Rustad, un ancien ministre et politicien libéral, reste un inconnu du grand public ayant été élu chef conservateur en 2023. Après avoir quitté les libéraux en 2022, John Rustad a rallié en août dernier un autre parti, le BC United (qui était auparavant nommé le Parti libéral de la Colombie-Britannique jusqu’à 2023) pour faire partie des conservateurs provinciaux, deuxième parti en importance dans la province.

David Eby est le chef néo-démocrate et premier ministre depuis 2022 en remplacement de John Horgan qui avait quitté son poste pour des ennuis de santé.
David Eby est le chef néo-démocrate et premier ministre depuis 2022, succédant à John Horgan qui avait quitté son poste pour des ennuis de santé. Crédit image : Stéphane Bedard

Mais le fait que les deux chefs sont des personnages « très ternes » fait en sorte que « ce n’est pas une campagne qui nous fait rêver et qui nous excite », observe Rémi Léger, professeur de sciences politiques de l’Université Simon-Fraser.

La campagne se concentre principalement sur les enjeux du logement, l’économie, la crise des opioïdes et des drogues, ainsi que l’itinérance qui frappe sévèrement la Colombie-Britannique.

« C’est une campagne un peu lourde au ton morose et au message très lourd et négatif. Chaque jour, les deux principaux partis nous parlent des problèmes », observe Rémi Léger.

Le politologue s’attend à une campagne serrée entre les deux partis qui se jouera dans quelques circonscriptions de la banlieue à Vancouver. Le nombre de sièges minimal pour obtenir une majorité est de 47.

« Les intentions de vote sont tellement proches qu’on pourrait se retrouver avec des 46-46-1 ou du 47-45-1. Ça va se jouer dans les marges de quelques sièges », prédit M. Léger.

Les francophones dans tout ça?

En raison de leur nombre dilué à travers la province, les Franco-Colombiens n’ont pas le poids nécessaire pour faire bouger l’aiguille, calcule Marie-Nicole Dubois, la présidente de la Fédération des francophones de la Colombie-Britannique (FFCB).

Les francophones de la Colombie-Britannique (ceux capables de soutenir une conversation en français) composent près de 6,6% de la population provinciale. À titre comparatif, 11,1 % des Ontariens sont capables de converser en français.

« On n’a pas le pouvoir du nombre nulle part. Il n’y a pas de bastions francophones comme on peut voir dans les autres provinces. Ça fait une différence au niveau à quel point on peut être écouté quand on demande quelque chose », affirme-t-elle en entrevue.

Dans les dernières années, les francophones ont eu des miettes, analyse Rémi Léger, mais avec le NPD, « au moins il y avait des miettes », ce qui donne « l’impression qu’on fait des pas », nuance-t-il. Il cite la nouvelle politique sur les services en français et l’ouverture prochaine d’un centre de services de santé bilingue à Vancouver comme avancements.

« On a eu une politique sur les services en français qui reste encore une fois très conservatrice, mais au moins on a des mots sur une page et des engagements que le gouvernement veut travailler avec les organismes communautaires. C’est mieux que rien », soutient le professeur de l’Université Simon-Fraser.

« Ça avance plus vite que la modernisation de la Loi sur les langues officielles (au fédéral), compare Marie-Nicole Dubois de la FFCB. Les fonctionnaires ont pris ça en main et sont intéressés à ce que ça marche et que ça soit mis en place. On espère que ça va continuer, car si c’est le cas, c’est parce qu’ils ont eu le mot d’ordre du gouvernement de le faire », ajoute-t-elle.

Il reste toutefois des défis, notamment dans le système d’éducation, le Conseil scolaire francophone de la Colombie-Britannique étant toujours devant les tribunaux dans son dossier de longue haleine l’ayant emporté jusqu’en Cour suprême.

« On a eu une belle relation (avec le NPD). On est à l’écoute et on travaille ensemble du mieux qu’on peut. C’est sûr qu’on aimerait que ça avance plus vite, surtout au niveau des écoles. Je vous dirais que la porte n’est pas fermée. Pour les conservateurs, si c’est eux qui sont élus, on va aller les rencontrer pour les sensibiliser à la plus-value du fait français », escompte la présidente de la FFCB.

L’organisme provincial s’est allié avec l’organisation Canadian Parents for French dans cette campagne pour mettre de la pression auprès des partis politiques et mousser l’importance des programmes d’immersion en français dans la province ce qui a valu une réponse du NPD (voir fichier plus bas), souligne Mme Dubois.

Sébastien Pierroz remporte le Prix du livre d’Ottawa

OTTAWA – L’auteur, journaliste et producteur d’ONFR Sébastien Pierroz a remporté le Prix du livre d’Ottawa, dans la catégorie Fiction en français. Son roman policier Deux heures avant la fin de l’été, paru aux Éditions David, entremêle des histoires tordues de meurtres non résolus dans le village de Mongy, en France, qui ont des répercussions jusque sur des personnages de l’Ontario français.

« Une nomination, ça fait toujours plaisir. De là à gagner… je trouve que c’est un aboutissement. J’avais été finaliste pour mon premier roman, en 2017. Ça montre une évolution (…), ça valide mon intégration dans le milieu des auteurs », s’est réjoui le principal intéressé en entrevue avec ONFR.

L’histoire de Deux heures avant la fin de l’été se déroule sur trois générations. D’abord, une jeune femme qui semble avoir tout pour elle, Claudia Campana, est assassinée en 1976. Le village jette le blâme sur un immigrant algérien, Arezki Hamani, rapidement jeté derrière les barreaux.

Pourtant, tout le monde au village semble savoir que quelque chose ne tourne pas rond avec cette histoire. Chacun cache son morceau de vérité et gare à ceux qui tenteraient de soulever le tapis sous lequel tout a été balayé.

Ce sera le cas de Damien Dumont, qui rentre en France en 2020, alors que la pandémie de COVID-19 prend rapidement de l’ampleur. Maintenant établi à Londres, cet employé de Greenpeace n’a pas mis les pieds à Mongy depuis la mort de son père, 11 ans plus tôt. C’est le décès de son grand-père qui le ramène cette fois dans cette petite communauté qu’il évite autant qu’il le peut.

Il y retrouvera des gens, des lieux et des histoires de village qui flottent encore dans le même air. Parmi les souvenirs, celui de sa sœur Nadia, décédée à vélo en 2002. Le lecteur sera lui aussi entraîné à cette époque qui contient son lot de non-dits.

Le roman de Sébastien Pierroz, Deux heures avant la fin de l’été, remporte le Prix du livre d’Ottawa 2024 dans la catégorie fiction en français. Photo : ONFR/Jean-Philippe Bélanger

Parmi la panoplie de personnages, on retrouve la journaliste franco-ontarienne Cristina Tremblay. Ayant fait un stage au journal local de Mongy en 2002, elle sera elle aussi de retour en 2020 et aidera Damien dans sa quête.

Sébastien Pierroz propose donc une enquête sur fond de critique sociale, évoquant le racisme, le complotisme et le tribunal populaire. Il fait passer l’histoire par sa ville d’origine, Annecy (France) et sa ville actuelle, Ottawa, mais l’action se déroule surtout dans cette communauté fictive de Mongy, présentée comme un bourg reculé.

« J’ai essayé de brosser le portrait d’une France un peu oubliée, méconnue, qui évolue loin des centres urbains », explique l’auteur, qui a aussi voulu mettre en évidence la complexité de l’être humain, au-delà des classes sociales.

Deux heures avant la fin de l’été est son deuxième roman, après Entre parenthèses, paru en 2016.

Les autres romans en lice dans la catégorie fiction en français étaient Jaz, de Michèle Vinet, et le roman pour adolescent Prise deux, de Pierre-Luc Bélanger. Le jury était composé de Suzanne Kemenang, Éric Mathieu et Alexis Rodrigue-Lafleur. Cette année, il n’y avait pas de catégorie non-fiction en français, dû à un nombre insuffisant de candidatures.

Pour les catégories anglophones, les gagnants sont Vixen de Sandra Ridley (fiction) et Agent of Change : My Life Fighting Terrorists, Spies and Institutional Racism de Huda Mukbil (non-fiction).

Jacqueline Madogo, la vie après sa participation olympique 

En participant aux épreuves reines de l’athlétisme, les 100 et 200 mètres en individuel, et en disputant une finale olympique avec ses coéquipières du relais 4 x 100 mètres à Paris, Jacqueline Madogo est passée de l’ombre à la lumière. Malgré ce gain soudain de notoriété, l’Ottavienne reste concentrée sur l’essentiel, sa saison en salle et les Championnats du monde en 2025, objectif ultime de l’année à venir. 

Jacqueline Madogo a fait partie des sensations de l’été du côté franco-ontarien aux Jeux olympiques de Paris. Même si, au final, elle n’est pas rentrée au pays avec une médaille autour du cou, son parcours en individuel sur les 100 et 200 mètres, avec des records personnels battus à plusieurs reprises, et surtout sa magnifique 6e place sur le relais 4 x 100, avec en prime un record du Canada établi sur la discipline avec Audrey Leduc, Sade McCreath et Marie-Éloise Leclair, ont propulsé l’athlète franco-ontarienne sur le devant de la scène. 

Au-delà des traditionnels passages sur les grandes chaînes nationales, Jacqueline Madogo a été invitée à de grands événements comme les Legacy Awards ou le Gala ImpactON à Toronto, où elle s’est confiée à ONFR sur cette nouvelle notoriété. 

« Il y a certainement beaucoup plus de monde qui me connaît maintenant par rapport à avant, mais avec mon cercle le plus proche, ça n’a pas vraiment changé. Ce que j’apprécie le plus, c’est qu’on a fait en sorte qu’il y ait plus de personnes qui suivent l’athlétisme. C’est un de mes buts, promouvoir l’athlétisme. »

La joie de Jacqueline Madogo après sa qualification en demi-finale du 200 mètres fait partie des images marquantes des Jeux olympique du côté franco-ontarien. Photo : Mark Blinch/COC

Le message est clair, l’athlète de 24 ans garde les pieds sur terre et reste concentrée sur le sportif, tout en étant consciente qu’elle peut avoir une influence positive sur le monde qui la regarde. 

« J’espère qu’il y a plus de gens qui entrent dans l’athlétisme mais, honnêtement, n’importe quel sport, pour moi c’est bien. Faites du sport! Encourager les jeunes à participer à des activités physiques, c’est vraiment quelque chose qui me tient à cœur. »

Continuer à s’améliorer

L’hiver qui approche n’est pas synonyme de fin de compétition pour la sprinteuse de l’Université de Guelph, qui est en préparation pour ses prochaines échéances. 

« Je me prépare pour la saison en salle. Je n’ai pas encore regardé le calendrier. J’aurai aussi des compétitions internationales qui vont arriver, comme le Championnat du monde de relais et le Championnat du monde en salle. Ensuite, on aura le gros championnat du monde au Japon, en septembre 2025. Ça, c’est le gros événement que l’on vise, ce sera le but de l’année à venir. »

L’équipe de relais 4×100 mètres canadien avec de gauche à droite : Marie-Éloise Leclair, Audrey Leduc, Sade McCreath et Jacqueline Madogo. Photo : Instagram de Jacqueline Madogo, Kyle Llamas/Athletics Canada.

Elle dispose de quasiment un an pour préparer le prochain grand événement de l’athlétisme mondial, avec pour objectif principal de continuer à s’améliorer. 

« C’est ça qu’on espère. On essaie de faire mieux, de s’améliorer. L’objectif est toujours de courir un peu plus vite que l’année précédente. Le temps en athlétisme, il n’y a que ça qui montre que tu t’es améliorée. C’est vraiment le but. Si ça arrive, je serai contente. »

Pour ça, la Franco-Ontarienne pourra compter sur une équipe soudée, qui est restée en contact malgré la distance géographique qui sépare les différentes membres du relais. 

« Chaque semaine, il y a une nouvelle vidéo qui sort et ça nous permet de se remémorer ces moments. Dès qu’on voit quelque chose, on s’envoie ça dans notre groupe de discussion.  Nous sommes toutes très proches au niveau de l’âge, donc nous avons vraiment développé une amitié qui est unique. »

Le retour des habitués à Contact ontarois

OTTAWA – Réseau Ontario a dévoilé ce mardi la programmation de Contact ontarois, le marché du spectacle de l’Ontario français. Du 15 au 18 janvier 2025, une quarantaine de vitrines artistiques seront présentées afin de convaincre les diffuseurs de programmer les versions complètes. Pour cette 44e édition, qui coïncide avec les 25 ans de Réseau Ontario, de nombreux artistes établis et habitués de l’événement seront de retour.

Dans les vitrines grand public, qui auront lieu en soirée au Centre des arts Shenkman, on retrouve entre autres les Franco-Ontariens Gabrielle Goulet, Brian St-Pierre, Melissa Ouimet, Les Chiclettes, LeFLOFRANCO et Mimi O’Bonsawin.

S’ajoutent à cela deux propositions manitobaines, Kelly Bado et le duo Fire & Smoke. Le trio pop-disco néo-bunswickois BAIE, anciennement Loumarin, sera également de la partie.

Le duo folk-roots Fire & Smoke, composé de Claire Morrison et Daniel Péloquin-Hopfner, a lancé le EP Constance en mars 2024. Photo : Adam Kelly et Stephanie Kuse

Les autres artistes proviennent du Québec : Diogo Ramos, Joyce N’Sana, Soleil Launière, Waahli et Émile Bourgault, en plus de l’humoriste François Massicotte.

Plus discret dans les dernières années, celui qui était parmi les plus actifs de sa discipline dans les années 90 et 2000 présente maintenant son huitième spectacle solo, intitulé 8.0. « C’est une discipline qui est importante pour nos diffuseurs. C’est une des rares offres qu’on a reçues au niveau de l’humour, » indique Marie-Ève Chassé, directrice générale de Réseau Ontario, en entrevue avec ONFR. Elle précise que l’accessibilité de la proposition a séduit le jury.

« On essaie d’avoir un équilibre, selon les candidatures, indique-t-elle également au sujet de la programmation. Souvent, on a une année où il y a plus de Franco-Ontariens, ça diminue un peu, ça réaugmente l’année suivante. Il y a vraiment une vague qui est liée à la production. On est chanceux, cette année, on a une très belle cohorte franco-ontarienne, dont certains qui n’étaient pas venus depuis longtemps. »

Marie-Ève Chassé fait référence entre autres à Brian St-Pierre, qui a récemment lancé son quatrième album solo, mais aussi au groupe Règlement 17, qui fête son quinzième anniversaire.

Règlement 17 compte entre autre souligner ses 15 ans de carrière avec une série de concerts intitulés La grande Révolte! Une célébration du rock francophone. Photo : Darkmoon productions

La formation de rock alternatif devra faire ses preuves pendant les présentations éclair, où chaque artiste dispose d’une dizaine de minutes seulement pour présenter son projet. Ce sera également le cas pour la compagnie ontarienne de jeux d’évasion Évasions mobiles, de Créations In Vivo, de la compagnie québécoise Corpuscule Danse, du duo Prairie Comeau composé d’Anique Granger et Benoît Archambault, du chanteur québécois d’origine chilienne Akawui, du Néo-Brunswickois Shaun Ferguson et du projet éducatif du groupe français ZUT, les Enfrancophones.

La jeunesse n’est pas en reste

Les vitrines jeunesse seront présentées en matinée à l’École secondaire publique De La Salle, devant un public d’élèves des écoles élémentaires et secondaires de la région. Les diffuseurs peuvent ainsi sonder les intérêts des jeunes en étant attentifs à leurs réactions.

On retrouve ici aussi des artistes déjà connus ou très actifs en Ontario comme DJ UNPIER, Shawn Jobin, Jessy Lindsay, le Théâtre Catapulte et Effet Papillon, la compagnie de Stéphane Guertin. Ce dernier s’était illustré à l’édition 2024 avec son spectacle Sortir la tempête du verre.

De gauche à droite : Marie-Claude Sabourin (présidente de Réseau Ontario), Stéphane Guertin et Marie-Ève Chassé, lors de la remise de prix de Contact ontarois 2024. Photo : Stéphane Bédard / ONFR

La magie sera aussi à l’honneur avec Marc Trudel et Les Illusionnistes. Maria Cannelloni, la danse éducative de SAM et la compagnie de théâtre Qu’en dit raton? complètent l’offre jeunesse.

Une bulle théâtre-danse

Chaque année, Contact ontarois réserve un espace plus complet à un type de discipline. Après les arts de la parole en 2024, la bulle de l’an prochain se consacrera à la fois à la danse et au théâtre.

En regardant les candidatures reçues (162 cette année), le jury cherche la tendance qui se détache et choisit des propositions qui méritent d’être découvertes dans une formule plus longue. Deux spectacles de danse et deux spectacles de théâtre seront ainsi mis en lumière en janvier, avec les présentations ontariennes de BoucharDanse, Katia Café-Fébrissy et Caroline Raynaud, ainsi que celle du québécois Marc Boivin.

Diversité, inclusion et accessibilité

Les organisateurs de Contact ontarois répètent ces trois mots comme un mantra pour une deuxième année. Les efforts portent fruit, selon Marie-Ève Chassé. « On l’a vu dans la diversité des candidatures que l’on a reçues cette année. »

Parmi les artistes retenus, certains ont avoué avoir osé déposer leur candidature en sentant ce « vent de changement » au sein de Réseau Ontario. « On sent que notre programmation se diversifie, que les artistes s’en rendent compte et viennent vers nous. »

Les vitrines jeunesse, le cocktail d’ouverture et la remise de prix seront une fois de plus interprétés en direct en langage des signes. Différentes rencontres et partenariats auront lieu avec d’autres organismes pour améliorer les pratiques en termes de diversité. « On essaie d’avoir des points de contact avec différentes communautés et différentes cultures pour bien comprendre comment on peut faire en sorte qu’ils se joignent à notre réseau. »

Le quart de siècle de Réseau Ontario

En 2025, le gala de clôture de Contact ontarois laissera la place à un spectacle spécial soulignant les 25 ans de Réseau Ontario. « On est très contents de pouvoir festoyer avec nos membres et la communauté », s’exclame Marie-Ève Chassé, en précisant que d’autres artistes franco-ontariens participeront à l’événement.

C’est un jury externe qui choisit les artistes qui accéderont aux vitrines selon des critères comme la qualité des propositions, les réalités techniques des diffuseurs et les cachets demandés, tout en recherchant une diversité et une bonne représentation franco-ontarienne.

Les vitrines grand public de Contact ontarois sont animées par Anne Gutknecht, qu’on voit ici lors de l’édition 2024 aux côtés du duo Beau Nectar. Photo : Rachel Crustin

Outre la fébrilité qui vient avec tout événement de vitrines, Contact ontarois est aussi reconnu comme un rassemblement important pour la communauté artistique francophone.

« On est à un moment de l’année de retrouvailles. On rejoint beaucoup d’artistes de partout. Et Ottawa est un carrefour de rencontres, plusieurs artistes des autres provinces passent par Ottawa pour transiger vers leurs tournées », explique Marie-Ève Chassé.

Nul besoin de convaincre les artistes franco-ontariens de se rassembler en janvier, donc. Le grand public gagne aussi à se présenter lors des vitrines de soirée, qui permettent de découvrir six propositions variées à un coût raisonnable.

« C’est moins évident, avec l’augmentation du coût de la vie, de faire toutes les activités culturelles que l’on voudrait. C’est une façon de magasiner », encourage Marie-Ève Chassé, rappelant que plusieurs des artistes en vitrine seront de passage dans les différents coins de l’Ontario l’année suivante.

Trois activités d’Halloween à faire en français à Ottawa

OTTAWA – Alors que les feuilles ont changé de couleurs, que les citrouilles sont bien en vue sur les étalages des marchands et que la température offre quelques frissons dans le dos, il est temps de se mettre nous aussi dans l’ambiance de l’Halloween. En famille, entre amis ou pour un rendez-vous amoureux, ONFR s’est intéressé à trois activités francophones ou bilingues de la capitale nationale.

En famille : L’Halloween dans la forêt

Le 27 octobre, le Muséoparc Vanier tiendra sa traditionnelle activité d’Halloween dans la forêt, en collaboration avec le Club optimiste Vanier. Une activité conviviale qui se fait rapidement et sans peur, parfaite pour les enfants.

« C’est vraiment notre activité intergénérationnelle à son meilleur, autant dans l’organisation que chez les participants », indique Annick Normand, gestionnaire des communications et du marketing, en entrevue avec ONFR.

Si beaucoup de jeunes familles participent évidemment à l’événement, on y voit aussi régulièrement des groupes d’adolescents qui viennent entre amis faire le parcours de six stations réparties dans la forêt du parc Richelieu.

Sur place, des bénévoles seniors, recrutés par le Club optimiste, et des bénévoles juniors, recrutés dans les écoles secondaires, animent les activités comme le lancer de l’anneau sur le chapeau de sorcière ou la fouille dans les entrailles du zombie… bonbons à la clé, évidemment.

« Dans le cadre qu’on a ici, dans la forêt du parc Richelieu, c’est quand même assez féérique », indique Annick Normand.  

L’Halloween dans la forêt, du Muséoparc Vanier, est un événement gratuit, sans inscription préalable. Photo : Gracieuseté du Muséoparc Vanier

Le parcours se termine autour d’un feu de camp devant la cabane à sucre du Muséoparc Vanier. L’an dernier, une bénévole a pris l’initiative d’emprunter des livres à la bibliothèque pour faire la lecture aux enfants. L’idée a ravi les organisateurs, qui s’associent cette année au programme Lire et faire lire. Madeleine Meilleur, la directrice générale du Muséoparc Vanier, est d’ailleurs la porte-parole ontarienne de ce programme qui invite des bénévoles de 50 ans et plus à faire la lecture aux enfants dans les écoles élémentaires.

Cette année, l’Halloween en forêt se déroulera de 11 h à 13 h, ou jusqu’à épuisement des stocks, le 27 octobre au Muséoparc Vanier. En cas de pluie, l’activité se déroulera à l’intérieur du Centre Richelieu.

Petit tuyau :

  • Déguisez-vous et arrivez tôt. L’activité est si populaire que les bonbons, prévus pour 250 enfants, ont souvent tous trouvé preneurs avant la fin annoncée de l’événement.

Entre amis : Les citrouilles illuminées

Aux parcs Wesley Clover, c’est Pumkins after dark qui s’est installé depuis le 10 octobre. Plus de 10 000 citrouilles (la plupart artificielles, mais certaines sont réelles) sculptées à la main jalonnent le trajet qui se parcourt à pied.

Francis Lalonde, le coordonnateur du parcours d’Ottawa, explique à ONFR que la compagnie albertaine « a toujours en tête de franciser ses spectacles le plus possible. C’est une des raisons pour lesquelles ils m’ont emmené à Ottawa ».

Lors de la soirée de préouverture, le 9 octobre, plusieurs des employés nous parlaient effectivement en français, parfois même d’emblée. Selon Francis Lalonde, les deux tiers des employés au niveau de l’organisation sont bilingues. Pour ceux sur place lors des soirées, il est plus difficile d’obtenir une estimation, puisqu’ils proviennent souvent d’agences de placement, dû à la nature temporaire de l’événement. « Mais c’est sûr et certain que ça fait partie de nos demandes. »

L’une des oeuvres du parcours Pumpkins After Dark 2024, à Ottawa. Photo : Rachel Crustin

Les structures présentées sont d’abord créées en atelier, avant d’être assemblées dans sept villes canadiennes et une ville des États-Unis. « Il y a vraiment une équipe créative qui va se pencher sur ce qu’ils ont envie de présenter (…) selon les sujets d’actualités ou les thématiques au goût du jour. »

Les structures peuvent donc se déplacer d’année en année, pour que les visiteurs de chaque ville aient accès à un parcours renouvelé. Cette année, le parcours d’Ottawa comprend entre autres les thèmes des contes et légendes, des vedettes du rock et des sagas Harry Potter et Star Wars, par exemple. « On a une représentation du Millennium Falcon qui fait 32 pieds de long. C’est vraiment très impressionnant. C’est une des plus grosses structures qu’on faites jusqu’à présent. »

Il y a aussi des artistes présents sur place pour sculpter des citrouilles en direct.

Quelques chiffres : Il faut environ 11 mois pour préparer le parcours et 10 jours pour l’assembler. Pumpkins After Dark emploie une vingtaine d’employés par soir.

Petits tuyaux :

  • C’est moins cher le jeudi.
  • Cette année, les camions de nourriture sont installés en début de parcours plutôt que dans une aire séparée, comme l’an dernier.
  • Une autre ville ontarienne, Milton, accueille également un parcours de Pumpkins After Dark.

En couple : visiter les fantômes d’Ottawa

Si la compagnie opère à l’année, particulièrement d’avril à novembre, il va sans dire qu’octobre est une période achalandée pour la Marche hantée d’Ottawa. Différentes visites guidées sont offertes pour découvrir les histoires de fantômes qui hantent, semble-t-il, les édifices historiques ou les rues, transformées avec le temps.

« Les gens se promènent sans savoir nécessairement ce qu’il y a sous leurs pieds, lance Gaïa Chernushenko, coordonnatrice de la Marche hantée. On va chercher des faits fascinants et des histoires un peu plus sombres pour montrer ce côté de nos villes aux gens. »

Les récits racontés sont basés sur des éléments historiques. « Ce n’est pas comme une maison hantée. On ne va pas essayer de vous donner les plus grands frissons. On essaie de vous raconter des choses auxquelles on croit, donc des histoires bien recherchées, historiques et intrigantes. »

Il arrive tout de même que des phénomènes inexpliqués se déroulent pendant les tours. Manifestations paranormales ou perceptions créées par l’ambiance de l’activité? À vous de décider.

ONFR a testé l’un des parcours de la marche hantée d’Ottawa. Photo : Jean-Philippe Bélanger

Des parcours réguliers sont offerts en français. « Surtout dans une ville bilingue comme Ottawa, on croit que c’est extrêmement important, indique Gaïa Chernushenko. Ça joue un rôle important dans l’identité de notre ville et l’accessibilité pour notre communauté. »

Elle ajoute que, comme l’activité invoque l’imaginaire des gens, l’expérience est d’autant plus riche lorsque l’on peut la vivre dans notre langue maternelle.

La Marche hantée est déconseillée aux jeunes enfants.

Petits tuyaux :

  • La compagnie est aussi présente à Kingston et Toronto, et des parcours en français y sont aussi disponibles, quoique moins réguliers. N’hésitez pas à demander.
  • Les parcours en français sont souvent moins achalandés.
  • La Marche hantée est déconseillée aux jeunes enfants.

Sonya Malaborza, habiter dans les livres

Traductrice, éditrice et autrice, Sonya Malaborza rencontre le succès chaque fois qu’elle touche au monde des livres. Son nouveau défi depuis l’été : le poste de codirectrice générale et directrice d’édition d’une maison d’édition cinquantenaire, Prise de parole (PDP). Est-ce qu’une francophone du Nouveau-Brunswick peut mener à bout de bras ce pilier franco-ontarien? Celle qui en était déjà l’éditrice pour l’Acadie compte bien prouver que oui.

« Vous êtes née au Nouveau-Brunswick, d’une mère gatinoise et d’un père italo-montréalais. Vous considérez-vous Acadienne?  

C’est compliqué. J’ai souvent des conversations à ce sujet. Je sens une appartenance avec l’Acadie, parce que c’est le lieu où j’ai grandi. Mon français est marqué par les pratiques langagières acadiennes. Je connais bien le territoire, les gens, les références historiques et culturelles. Mais reste que je n’ai pas un nom acadien. Tout le côté d’appartenance historique, construit par un lien avec la déportation, je ne l’ai pas. D’ailleurs, je creuse cette question dans mon livre, Prendre racine

Qu’est-ce qui vous a donné l’envie d’écrire sous forme de courts récits historiques, et de les livrer selon votre perspective?

Au départ, je ne savais pas que j’écrivais un livre. À l’automne 2020, on a décidé de publier un collectif pour réfléchir à la question de l’écoanxiété (En cas d’incendie, prière de ne pas sauver ce livre), dirigé par Catherine Voyer-Léger.

L’une des autrices tardait à livrer son texte. Chloé Leduc-Bélanger, ma collègue de l’époque, m’a lâché, un peu à la blague : ‘ton chum est botaniste, tu dois avoir des choses à dire sur la question.’ Ça a donné mon texte Celle qui reste.

Au Salon du livre de la Péninsule acadienne 2024, Sonya Malaborza discute avec l’autrice Emmanuelle Tremblay. Photo : Iskaji Studio

Je me suis rendu compte que ça faisait du bien d’écrire sur ces questions-là. Quelques textes se sont accumulés, et à un moment donné, je me suis rendu compte que j’avais un livre devant moi.

Il y a plein de gens qui ne me connaissent pas qui m’ont dit que non seulement ils l’ont lu, mais ils l’ont lu deux fois. Je suis à la fois touchée et étonnée.

Dans une chronique à ONFR, Monia Mazigh disait que votre livre part de soi pour parler des autres, et part du passé pour parler du présent. Est-ce que c’est un processus conscient?

J’avais envie de créer quelque chose d’ouvert, qui parle de moi, bien sûr, car c’est moi la voix, mais je voulais se faire promener les lecteurs, leur faire découvrir des espaces auxquels on ne s’attarde pas et des faits historiques oubliés.

Par exemple, les gens ne connaissent pas le comté de Kent, à part Bouctouche avec Le pays de la Sagouine. Aussi, on n’a pas appris à l’école qu’un cinquième des forêts du Nouveau-Brunswick a brûlé en 1825, en l’espace de 36 heures, lors des grands feux de la Miramichi.

Pourquoi est-il important de parler des femmes?

Parce que les femmes sont dans une marginalité historique. Anne, la femme qui a péri dans le feu avec ses enfants, dont on n’a même pas retenu le nom de famille pour sa plaque tombale, ça me semblait important. Qu’on soit à ce point oubliée que même notre lieu de repos n’est pas complètement identifié, ça me semble d’une grande tristesse. J’ai voulu un peu remédier à ça en lui donnant une place dans ce livre. Qu’on soit quelques-uns à se souvenir d’elle.

Sonya Malaborza au Congrès mondial acadien 2024, en Nouvelle-Écosse, où elle participait entre autres à des soirées littéraires. Photo : Rachel Crustin.

Prendre racine est en nomination pour le Prix littéraire Antonine-Maillet-Acadie vie…

J’ai écrit ce livre parce que j’avais besoin de réfléchir par l’écriture. Ce n’était jamais avec l’objectif de tomber dans les listes de prix. Mais de le voir à côté de l’excellent essai de Paul Bossé, Tous les tapis roulants mènent à Rome, et de Des fleurs comme moi de Xénia, qui est un des plus grands vendeurs chez PDP… j’étais comme : wow!

La remise des prix est le 2 novembre. Peu importe qui gagne, je vais être super contente.

Comment avez-vous trouvé le processus inversé, l’éditrice éditée?

Ce qui est encore plus déstabilisant, c’est la traductrice qui lâche sa position subalterne pour réfléchir à sa propre vérité. Le travail de Chloé et de Stéphane (Cormier, codirecteur de PDP) a été tout un bonheur.

J’aime beaucoup travailler en collectif et que c’est ce que j’aime en édition, cette possibilité de travailler ensemble pour voir différents éclairages d’un texte, pour voir où l’on peut l’emmener. C’était très enrichissant de vivre cette expérience comme autrice.

Sonya Malaborza à l’animation au festival Frye, à Moncton, en avril 2023. Photo : Annie France Noël

Souvent, des gens qui travaillent pour une maison d’édition vont publier leurs propres livres ailleurs. Pourquoi avoir choisi de le faire avec PDP?

J’ai hésité au début, car j’avais peur que les gens perçoivent que j’avais une position privilégiée. On a mis cartes sur table. J’aime tellement les gens avec qui je travaille, je leur fais tellement confiance, que je voulais que la maison de mon livre soit PDP. Mais j’aurais compris si on avait choisi de m’envoyer ailleurs.

Vous succédez à denise truax, qui est très respectée dans le milieu du livre franco-canadien. Comment voyez-vous ce rôle?

C’est un apprentissage au quotidien. Je suis vraiment bien entourée, denise est là. Je peux lui poser 50 000 questions si je le souhaite. C’est sûr que je me retiens un peu, elle a autre chose à faire et je dois trouver mon chemin. Mais c’est rassurant de la savoir là.

J’ai un appui solide avec Stéphane à la codirection générale. Et il y a Isabelle Kirouac Massicotte, qui est arrivée cette année et qui a une vaste quantité de compétences. Je me rappelle sans cesse que c’est un travail d’équipe, que je ne suis pas seule.

PDP est un pilier franco-ontarien, mais ses deux codirecteurs généraux sont maintenant à l’extérieur de Sudbury. Comment justifiez-vous cette situation?

Je suis très sensible à cette question. PDP, depuis ses débuts et encore maintenant, est très enracinée dans l’Ontario français et à Sudbury, et a un rôle culturel très important à jouer. On n’oublie pas ça. Les bureaux restent là, c’est notre port d’attache.

Stéphane est directeur de la commercialisation. Notre diffuseur, Dimedia, est à Montréal, comme beaucoup d’événements littéraires. Il y a quelque chose d’intéressant à avoir notre pôle commercial près du cœur de la littérature francophone au Canada.

Et PDP accueille des auteurs de l’Acadie depuis la fermeture des Éditions d’Acadie, en 2000. Si on dresse la liste de tous les gens sur la côte est qui publient chez PDP, depuis bien avant mon arrivée, on voit qu’il y a quelque chose d’intéressant à avoir une antenne en Acadie. C’est ce que j’étais au début.

Sonya Malaborza et Stéphane Cormier lors d’un événement pour le 50e anniversaire de Prise de parole. Photo : Bennett Malcolmson

Depuis une vingtaine d’années, PDP a une vocation de plus en plus pancanadienne. C’est toujours cette idée de vouloir construire des solidarités entre minorités franco-canadiennes. On continue d’appuyer cette mission dans notre travail, sans oublier qu’on veut donner une très grande part aux voix de l’Ontario.

Je suis constamment en consultation avec des partenaires en Ontario, pour m’assurer au maximum que rien ne nous échappe.

Il y a-t-il eu des réactions dubitatives à l’annonce de votre arrivée comme codirectrice générale?

Le contraire m’aurait inquiétée. Les voix dissidentes sont portées par un amour et un attachement pour PDP.

J’ai entendu, par exemple : ‘L’Ontario perd une autre maison d’édition’. J’ai énormément d’empathie pour ces réactions-là. Je sais qu’en Ontario, les institutions francophones ont été gagnées de forte guerre. Même après 50 ans de PDP, on est toujours dans cette fragilité.

Les gens ne me connaissent pas. Ils ne savent pas que j’ai quand même un parcours universitaire et littéraire qui est porté par un amour pour la littérature franco-ontarienne. Je ne m’attends pas à ce qu’ils prennent ça pour du cash. Je vais devoir faire mes preuves et c’est correct.

Vous avez quand même des liens avec l’Ontario…

J’ai fait une maîtrise au Collège Glendon, donc j’ai habité quelques années à Toronto. J’évoluais dans le milieu littéraire francophone. Mais je ne m’attends pas à ce que les gens sachent ça.

En 2020, vous avez reçu une nomination pour un prix littéraire du gouverneur général pour L’accoucheuse de Scots Bay, votre traduction de The Birth House d’Ami McKay. Comment avez-vous reçu cette nouvelle?

Avec étonnement. J’essaie d’être au service du texte, de faire de mon mieux pour bien rendre un roman. Je ne m’attendais pas à tomber sur le radar, sachant combien de livres en traduction sont publiés dans une année.

Sonya Malaborza devant Scots Bay : souvenir d’un pèlerinage en temps de pandémie sur les lieux mis en scène dans L’accoucheuse de Scots Bay. Photo : David Mazerolle

Vous avez aussi reçu une nomination pour un prix Éloize comme artiste en littérature. Quelle est l’importance de cette reconnaissance dans les provinces de l’Est?

Cette nomination était vraiment très importante pour moi, parce que c’était une preuve que j’avais réussi à convaincre un jury qu’une traduction pouvait être considérée comme une création littéraire. C’était la première fois qu’une traduction était en lice dans la catégorie Artiste de l’année en littérature.

Qu’est-ce que vous aimez de la traduction?

C’est une façon de lire un texte de très près, d’entrer en relation avec lui et de le partager avec un nouveau public. Quand un récit est bien mené, on crée des liens avec les personnages et les lieux.

Qu’est-ce que ça prend pour faire une bonne traduction?

Du temps. Et on ne l’a pas tout le temps. J’ai travaillé pendant trois ans au Bureau de la traduction du gouvernement fédéral. J’ai connu les délais serrés, l’empressement, l’urgence. C’est très difficile de bien traduire dans ces circonstances.

Je mène un mouvement de résistance vers une lenteur impossible, mais nécessaire, quand je traduis un roman. Mes collaborateurs n’aiment pas toujours ça, mais si je veux être capable de bien faire le travail de détails, j’ai besoin de temps pour réfléchir, de la même façon dont on a besoin de temps quand on écrit.

À courir constamment, on ne se permet pas l’essentiel travail de l’analyse. Il faut faire des liens, creuser… dans tous les domaines, à force de courir, on perd en qualité.

Sonya Malaborza a réalisé une résidence d’écriture au Parc national Fundy, au Nouveau-Brunswick, en 2021. Photo : Kayla Geitzler

Qui seraient les auteurs acadiens contemporains à découvrir?

Oh mon doux! C’est important de savoir que l’écosystème littéraire n’existe pas en vase clos. Il y a des auteurs que j’adore et qu’on a le privilège de publier chez PDP. Il y a aussi de belles voix qui rayonnent chez Perce-Neige, par exemple. Je pense à Luc-Antoine Chiasson, qui est un de mes poètes préférés.

J’adore aussi Daniel H. Dugas, qui lui est publié chez PDP. C’est quelqu’un qui fouille, qui s’intéresse beaucoup à son sujet et qui fait de la littérature comme personne d’autre. Une vraie littérature de geek. Son plus récent recueil, Formats, est sorti le 1er octobre.

Après avoir vécu dans de plus grandes villes, qu’est-ce qui vous a ramenée dans votre coin de pays?

Quand j’habitais à Moncton, mon conjoint travaillait comme botaniste de terrain et il partait du mois de mai à la fin octobre. À un moment donné, je lui ai dit : ‘On a fait des enfants à deux. J’ai besoin que tu sois plus près de la maison.’

Il s’est trouvé un poste à Parcs Canada, à 20 minutes d’ici. Il continue de travailler comme botaniste de terrain, mais il revient le soir pour aider avec le souper. Ça a été une drôle de coïncidence, car j’avais quitté mon chez-moi en pensant que je ne reviendrais jamais.

La vie de famille a débuté en 2007 pour Sonya Malaborza. La voici en 2011, alors qu’elle était enceinte de son fils. Photo : David Mazerolle

La vie a un drôle de sens de l’humour. Mes parents ne sont même plus à Rexton. J’ai perdu de vue le gens avec qui j’ai grandi. Je les retrouve, mais je n’arrive pas encore tout à fait à comprendre ma place.

Quelle est la suite pour vous?

Le 12 novembre, je publie Le projet Ariel, une traduction de Blaze Island de l’Ontarienne Catherine Bush. C’est tellement un beau livre! Ça se passe sur une île calquée sur l’île Fogo, au large de Terre-Neuve. C’est l’histoire d’un climatologue qui s’est exilé sur cette île avec sa fille après une tragédie personnelle. Il continue en secret de mener des expériences météorologiques et tente de contrôler le climat.

Comme ça se passe à Terre-Neuve, où il y a des francophones, j’ai voulu leur rendre hommage dans mes choix de traduction. J’ai été saisie par la proximité du français de Terre-Neuve avec celui du Sud-Est du Nouveau-Brunswick.

Maintenant, au quotidien, c’est sûr que je suis davantage dans l’accompagnement des auteurs. J’ai une charpente de texte. Ce sera encore une méditation sur le lien au territoire. Je ne sais pas quand ça va sortir. Je ne suis pas pressée. »


1978 : Naissance à Saint-John, au Nouveau-Brunswick.

2003 : Maîtrise ès arts en traduction à l’Université York, collègue Glendon, et première traduction pour la scène, au théâtre Tarragon.

2014 : parution d’une première traduction littéraire aux Éditions Perce-Neige (La femme du capitaine)

2020 : L’accoucheuse de Scots Bay est en lice aux prix du Gouverneur général

2023  : parution de Prendre racine, premier recueil à titre d’autrice

2024 : passage à la codirection générale et à la direction de l’édition chez Prise de parole

La Rencontre d’ONFR dresse le portrait de personnalités francophones de divers domaines, en Ontario et au Canada.

Français : l’époux de Mary Simon critique les médias et politiciens

OTTAWA – Le conjoint de la gouverneure générale Mary Simon s’est vidé le cœur contre la couverture médiatique au Québec qu’il qualifie de « série croissante de conneries » concernant l’aptitude de sa femme en français. Il critique aussi dans un long message les prises de position de politiciens et du commissaire aux langues officielles dans le dossier.

Whit Fraser, qui savait qu’il devrait « accepter de devoir parfois me mordre la langue » lorsque sa femme a été nommée en 2021, n’a toutefois pas eu le choix d’en faire « une exception », comme il l’indique dans une longue publication en anglais sur Facebook vendredi soir (11 octobre).

« Une série croissante de conneries (a growing raft of BS) provenant des médias québécois souligne les deux choses pour lesquelles je me battrai toujours : ma femme et le journalisme, qui m’a été si bénéfique, » écrit l’ancien journaliste de longue date, notamment à la CBC.

With Fraser s’est vidé le coeur dans une longue publication sur Facebook vendredi soir. Capture d’écran Facebook.

L’inaptitude de la gouverneure générale à parler dans la langue de Molière a refait surface dans les dernières semaines. Lors d’une visite de Mary Simon -qui était accompagnée de son mari – à un organisme communautaire à Lévis, le Journal de Québec a rapporté qu’elle ne parlait toujours pas français, trois ans après sa nomination.

Whit Fraser dénonce la couverture du quotidien québécois accusant l’auteur du texte d’avoir « apporté un couteau plutôt qu’un stylo à un événement où le journaliste du Journal ne servait que ses propres intérêts ».

« Malheureusement, le Journal de Québec a estimé que la communauté serait mieux servie en se jetant sur le fruit pourri le plus bas de la poubelle », écorche-t-il.

Raymond Théberge et les politiciens écorchés

Il jette aussi des pierres aux médias et stations de radios qui ont repris le sujet, eux qui auraient dû « remettre en question l’exactitude, le jugement ou le motif », mais qui ont préféré « s’entassés ». Il accuse aussi « une ribambelle de politiciens québécois peu sûrs d’eux ont suivi le mouvement – ​​y compris des ministres du Cabinet libéral fédéral » ainsi que le Bloc Québécois, « qui ne veut pas faire partie du Canada en premier lieu, d’avoir rugi », blâme-t-il.

Whit Fraser en rajoute contre le Journal de Québec qui a rapporté, via un sondage de la firme de sonde Léger, qu’environ 71% des Québécois jugent « inacceptable » que la gouverneure générale ne sache parler français en 2024.

« Qui croit que ce journal fera un jour un sondage auprès des Canadiens autochtones et demandera : combien d’entre eux trouvent acceptable que depuis 157 ans et trente gouverneurs généraux précédents, pas un seul ne parle une langue autochtone? », se demande-t-il.

Il accuse aussi le commissaire aux langues officielles d’avoir effectué un « jugement précipité », lorsque Raymond Théberge a affirmé que toute personne représentant le Canada sur la scène nationale et internationale devrait pouvoir parler anglais et français.

Mary Simon est devenue la première autochtone à être nommée au poste de gouverneure générale en 2021, elle qui avait promis à l’annonce de sa nomination d’apprendre le français.

Cette dernière peut parler en anglais et en inuktitut, mais pas en français, elle qui a pris près de 180 heures de cours de français depuis sa nomination il y a trois ans selon Radio-Canada, ce que ne mentionne à aucune reprise With Fraser. Il partage toutefois que,« oui les anglophones ont eu des difficultés en français – et les francophones ont eu des difficultés en anglais – mais personne n’a perdu de vue le défi ».

Le premier ministre Justin Trudeau et la gouverneure générale du Canada Mary Simon.
Mary Simon en compagnie de Justin Trudeau lors de sa nomination en 2021. Crédit image : Sgt Johanie Maheu, Rideau Hall

L’époux de Mme Simon déplore « qu’on n’a demandé à personne s’il avait déjà essayé d’apprendre la langue autochtone de la gouverneure générale, l’inuktitut ». Il poursuit en rappelant que ses critiques n’ont jamais « reconnu le fait » que même si elle est née au Québec, Mary Simon n’a jamais eu la chance d’apprendre le français, car on ne l’enseignait pas à l’externat fédéral de Kuujjuaq où elle a grandi.

« Reconnaître ça est tout simplement trop hypocrite à supporter », accuse-t-il.

Whit Fraser dénonce que cette histoire ait mis en ombrage la visite de sa femme dans l’organisme d’aide alimentaire à Lévis au Québec, qu’il décrit comme « une heure et demie du meilleur de l’esprit humain ». Mary Simon avait dû annuler d’autres activités prévues à son horaire dans la capitale québécoise à la suite de la controverse.

Quand le poids des maux rime avec internationaux

Chaque samedi, ONFR propose une chronique sur l’actualité et la culture franco-ontarienne. Cette semaine, c’est Rym Ben Berrah qui évoque des enjeux de société et d’éducation qui rejoignent le quotidien.

Tout va mal dans le monde en ce moment, n’est-ce pas? On s’en veut de ne pas être trop au courant, on s’en veut de pas trop souffrir comme d’autres qui ne l’ont pas facile, on s’en veut d’être privilégié, puis on s’en veut de s’en vouloir d’être privilégié, puisque chacun de nous vit quelque chose et que toute vie est légitime.

Mis à part le chaos international, la misère et les traumas intergénérationnels qui se dessinent et qui sont à venir, je pense à la violence qui sévit dans nos vies de Canadiennes et de Canadiens, autant à l’intérieur qu’à l’extérieur de nous.

Je pense au corps repêché à l’île Saint-Quentin, celui de l’étudiante d’origine congolaise, Alexandra Martine Diengo Lumbayi, décédée à l’âge de 21 ans, paix à son âme. Sa disparation fait retentir un sujet qui me tient à cœur, et ce, depuis des années : l’immigration en général, les étudiants internationaux dans une branche particulière.

Il faut avoir du vécu, du cran et, excusez le terme, du culot afin de franchir plusieurs pays et de venir s’installer dans le froid canadien pour réussir des études. C’est l’eldorado du diplôme postsecondaire ou universitaire nord-américain : de Montréal à Toronto, à Ottawa, à Hearst, à Sudbury, à Kapuskasing et j’en passe.

De jeunes téméraires qui vivent comme première expérience, loin de leurs racines, de leur famille proche et de leurs parents, le fait de s’acclimater, de s’adapter et d’opérer dans un système éducatif canadien. Mon expérience personnelle couvre davantage un savoir francophone vis-à-vis de ces données, mais mettons-nous d’accord que le déracinement n’a pas de langue.

Malgré la promesse du « rêve canadien », le déracinement implique nécessairement une perte de repères plus ou moins importante selon les situations. Photo : Canva

J’ai toujours trouvé stupéfiant le fait de payer des sommes aussi exorbitantes pour des frais de scolarité qui n’offrent pas la totale aux gens qui viennent assurer leur avenir en sol canadien, que ce soit du côté de l’accueil, de l’intégration, de la paperasse, des démarches administratives post-diplôme, de l’évolution dans une société où l’on n’a pas racine, mais où l’on apprend à s’implanter, etc.

Je suis consciente qu’il y a divers efforts émis par plusieurs organismes, organisations et infrastructures afin d’améliorer l’expérience des étudiantes et étudiants internationaux, mais parlons de ce qui peut être amélioré.

Pensez-vous que les parents sont rassurés d’envoyer leur progéniture outre-mer avec toutes les économies familiales, afin de revenir avec un papier pour assurer l’avenir de la famille ou redorer le blason du niveau d’éducation du foyer? Pensez-vous qu’on outille ces personnes pour qu’elles sachent éplucher les circulaires ou comment se retrouver plutôt que d’errer béats, parfois hagards, entre les rayons, à chercher des boites de conserve ou de pâtes qu’ils n’ont jamais connues? Est-ce que vous savez la dureté morale de l’hiver et la dureté économique de se procurer tout le nécessaire afin d’avoir une vie étudiante assez passable?

Moi-même, j’ai été nouvelle immigrante un jour, et je me suis au fil des ans liée de connaissances et d’amitié avec plusieurs personnes de différents milieux. Parfois on en rit, d’à quel point c’est difficile. C’était, au départ, de comprendre par exemple comment télécharger les fichiers nécessaires pour l’école. C’est où, la Coopsco? À quel magasin aller pour acheter des médicaments? Pourquoi on peut se procurer une télé au Walmart à minuit, mais pas avoir accès à un médecin de famille? Pourquoi c’est aussi facile de se procurer une carte de crédit, et aussi compliqué de gérer ses finances et les taux d’intérêt? Mais attends, c’est où que j’achète de la sauce piquante (pas de la Red Hot) et du curcuma?

Une santé mentale à risque

Je pense aux modalités de vie du quotidien et l’idée de la nouvelle du corps inerte d’Alexandra qui a été retrouvé me heurte. À l’heure où j’écris ces lignes, je ne sais pas si l’acte sera déclaré criminel ou pas, je ne sais pas si elle s’est jetée dans ce fleuve par elle-même ou si elle y a été poussée.

Je sais par contre qu’on peut faire plus au niveau de la santé mentale, pour encadrer les étudiantes et étudiants, les nouveaux arrivants ainsi que les humains, toutes catégories confondues. Avant-hier, à la pharmacie, j’ai entendu un jeune homme demander quel était l’équivalent canadien d’un doliprane. Il faudrait un dictionnaire des cultures pour les gens qui ont plus qu’un chez-soi.

Tu n’as pas besoin de venir d’ailleurs pour comprendre la délicatesse de la conformité et l’indélicatesse du manque de tolérance et de respect. Tu peux simplement passer d’une petite ville à une grande, de Casselman où tu connais toute ton école secondaire à l’Université d’Ottawa où tu te perds dans une marée humaine, pour comprendre que l’individualisme est un fléau de notre société.

Les températures commencent à baisser et les horreurs ne cessent de circuler autour de nous. Il est temps de se servir un gros bol chaud de compassion et d’être soudés. Il est temps d’aider par un mot, un partage, une pensée ou un dollar lorsqu’on le peut. Chacun de nous vit des batailles qu’on ne peut traduire en mots, et chaque vie vient avec son lot.

Tu n’as pas besoin de venir d’ailleurs pour comprendre la délicatesse de la conformité et l’indélicatesse du manque de tolérance et de respect.

Une pensée aux moins bien lotis, aux incompris, à ceux qui se rebellent ou abandonnent l’école, car le poids de l’incompréhension est trop haut, à ceux qui graduent, mais ont du mal à trouver du travail, car on exige « une expérience canadienne » dans le dossier. À ceux qui n’arrivent pas à dormir depuis des mois à cause des nouvelles qui les bombardent chaque nuit. À ceux dont la voix brise lorsque c’est le temps des célébrations, mais que la seule étincelle qu’ils ont, c’est leur coloc qui leur propose une partie de hockey. Une pensée positive à toute personne œuvrant dans le bien, dans l’intégration et dans le fait de briser l’isolement, de 7 à 77 ans. Le poids des maux est moins lourd lorsque porté par la mosaïque de toute une collectivité.

Les opinions exprimées dans cet article n’engagent que leurs auteur(e)s et ne sauraient refléter la position d’ONFR et de TFO.

Devoirs et leçons en matière culturelle

La culture francophone est bien vivante partout en Ontario. La région de la capitale fédérale gagne la palme des choix d’activités cette semaine, mais ce qui ressort surtout, c’est la variété des disciplines. Théâtre, musique, improvisation, danse, cirque, sensibilisation ou un peu de tout ça, toutes ces activités se déroulent en français, en Ontario.

Faire son devoir culturel

Ce devrait être un devoir de citoyen de s’informer pour mieux connaître les communautés autochtones du pays, leur point de vue de l’Histoire et leurs réalités d’aujourd’hui. L’Alliance française d’Ottawa en offre une belle occasion en invitant l’organisme Wapikoni à donner un atelier dans ses locaux le jeudi 17 octobre. Une série de films sera présentée et servira entre autres à ouvrir la discussion. L’atelier sera mené par l’ambassadeur de Wapikoni, Xan Choquet, qui est Innu de la communauté de Mashteuiatsh, dans la région québécoise du Saguenay-Lac-Saint-Jean.

Wapikoni mobile donne des ateliers de sensibilisation aux réalités autochtones dans les écoles et les organismes communautaires. Photo : Gracieuseté de Wapikoni

Ottawa, le 17 octobre. Détails et inscription gratuite sur le site de l’Alliance française d’Ottawa.

Un musée circassien

La compagnie de la ville de Québec, Machine de cirque, sera de passage dans l’autre capitale nationale le mercredi 16 octobre. Le spectacle La galerie sera présenté au Centre des arts Shenkman, dans le cadre de la programmation du Mouvement d’implication francophone d’Orléans (MIFO). L’histoire transporte le spectateur dans un musée monochrome, qui sera complètement transformé par une troupe de sept acrobates et une musicienne.

« Se moquant allègrement des conventions, ces personnages, aussi loufoques que touchants, explorent avec avidité l’envers du décor », peut-on lire dans la description du spectacle. La galerie a d’ailleurs valu à Machine de cirque le Prix des passeurs culturels du Centre culturel de l’Université de Sherbrooke.

Les personnages de La Galerie ajouteront des couleurs et des acrobaties à ce musée monochrome. Photo : Sandrine Calixte

Ottawa, le 16 octobre. Détails et billets sur le site du MIFO.

Lancement torontois pour Mia Kelly

L’autrice-compositrice-interprète Mia Kelly a lancé son deuxième album complet, To Be Clear, le 4 octobre dernier. Un évènement de lancement aura lieu dans la ville reine ce mercredi 16 octobre, à la salle The Rivoli, située sur la rue Queen ouest. L’artiste bilingue de Gatineau a glissé deux chansons en français sur son opus, Si j’étais franche et Rideau tombe.

« Les deux langues sont vraiment entremêlées dans ma vie, donc c’est seulement naturel d’écrire dans les deux langues », a-t-elle récemment témoigné au micro d’ONFR. Les thèmes de l’honnêteté et de la communication sont abordés dans l’album, de même que celui des relations toxiques. Un autre lancement aura lieu le 19 octobre à la Quatrième salle du CNA, à Ottawa, mais l’événement affiche complet.

Pochette de l’album To Be Clear de Mia Kelly. Gracieuseté de Six média marketing

Toronto, le 16 octobre. Détails et billets sur le site de Mia Kelly.

L’histoire du rock racontée à Hawkesbury

La troupe de théâtre communautaire Le cercle Gascon II présente la comédie musicale Rock! La directrice de la troupe et enseignante de musique, Louise Potvin-Laliberté, a d’abord écrit la pièce dans le but de raconter l’histoire du rock and roll à ses élèves. Sous la demande des membres du Cercle Gascon II de jouer une comédie musicale cette année, elle a ressorti cette production qui revisite les différents types de rock ainsi que les moments clés de l’histoire de ce style musical en 10 tableaux.

Ce sont 18 artistes amateurs qui vont se retrouver sur scène lors de sept représentations, entre le 12 et le 27 octobre. Deux soirées, celles du 12 et du 20, affichent déjà complet. Il s’agit de la 79e production de cette troupe fondée en 1982. Avis aux intéressés, les auditions pour la prochaine production se dérouleront en décembre.

La troupe du Cercle Gascon II pour la comédie musicale Rock! de Louise Potvin-Laliberté. Photo : Gracieuseté du Cercle Gascon II

Hawkesbury, du 12 au 27 octobre. Détails et billets sur le site du Cercle Gascon II.

Un spectacle pour enfants qui émeut les grands

La saison jeunesse du Théâtre français du Centre national des arts (CNA) débute cette fin de semaine avec Racines, un spectacle qui vise officiellement un public de deux à cinq ans. Mais il n’est pas rare que les parents en soient émus aux larmes, comme l’avait expliqué l’auteur Élie Marchand lors du dévoilement de la programmation du Théâtre français, en mai dernier. Présenté comme « une rêverie sensorielle et poétique », le spectacle imagine le monologue intérieur d’un bébé, qui apprend doucement qu’il est une personne à part entière, tiraillé entre ses besoins de fusion et de détachement.

Le public est invité à se présenter au CNA 45 minutes avant le spectacle. Des activités pour enfants seront organisées, en plus d’une rencontre avec l’artiste en résidence du Théâtre français, Marie-Ève Fontaine. Les familles et tous les autres visiteurs du CNA pourront aussi entrer gratuitement sous le chapiteau translucide de l’installation lumineuse Les eaux, installée dans le Salon du CNA. Dans le même esprit que Racines, les eaux aborde le thème de la naissance.

« On y entend des mots qui pétillent, la joie qui chatouille, et aussi la caressante voix d’un parent qui s’adresse à son enfant qui va naître, qui lui dit qu’il l’attend, qu’il l’aime déjà », peut-on lire dans la description de l’installation.

Racines, une expérience intriguante pour les enfants et émouvante pour les parents. Photo : V. Arbelet

Ottawa, les 12 et 13 octobre. Détails et billets sur le site du CNA. L’installation Les eaux est gratuite.

De l’impro en français au cœur du centre-ville

À Ottawa, les matchs de la ligue d’improvisation l’Acronyme se déroulent tous les deux vendredis, à l’Institut Canadien Français. La salle est située sur la rue Dalhousie, dans le marché By. La ligue compte certains des meilleurs improvisateurs de la région, dont certains font carrière dans les domaines de l’humour ou du théâtre. Le deuxième match de la saison aura lieu ce vendredi et opposera les équipes des verts (Fred Lalonde, Patricia Rioux, Émilie Camiré-Pecek, Zachaki Gosselin et Olivier Villeneuve) et des bleus (Patrick Guillotte, Geneviève Perrier-Proulx, Vincent Pomerleau, Jonathan Dion et Marie-Hélène Dubé).

Zachari Gosselin et Jonathan Dion étaient tous les deux du match spécial du MIFO le 24 septembre. Ils s’affronteront de nouveau au match de l’Acronyme vendredi soir. Photo : Rachel Crustin

Ottawa, le 11 octobre. Détails sur le site de l’Acronyme.

La Ville de Sudbury engagée pour lutter contre le sans-abrisme

SUDBURY – En collaboration avec ses partenaires sociaux, la Ville de Sudbury a effectué un dénombrement ponctuel des personnes en situation d’itinérance entre le mardi 8 et le mercredi 9 octobre. L’objectif de ce sondage, qui sera suivi d’un rapport, est d’aider la municipalité et ses partenaires à comprendre la situation d’itinérance et pouvoir ensuite mieux répondre à cette problématique.

Le dénombrement ponctuel des personnes en situation d’itinérance effectué à Sudbury entre dans un cadre plus large de la stratégie Vers un chez soi, mise en place et financée par le gouvernement fédéral. À travers cette stratégie, « les communautés sont tenues de participer à un dénombrement ponctuel coordonné des personnes en situation d’itinérance ».

Ce recensement ponctuel suit un double objectif, comme l’explique la Ville de Sudbury dans son communiqué de presse.

« Identifier le nombre de personnes dans une communauté qui sont en situation d’itinérance à un moment donné (s’ils sont effectués pendant plusieurs années de suite, les dénombrements ponctuels peuvent aider la communauté à suivre les progrès réalisés dans la réduction de l’itinérance).

Grâce à un sondage d’accompagnement, donner à la communauté des renseignements sur la composition démographique et les besoins en services de sa population sans abri (ces renseignements peuvent servir à cibler les ressources communautaires là où elles sont réellement requises). »

Après les sondages effectués sur 24 heures entre le 8 octobre (18 h) et le 9 octobre (18 h), l’heure est maintenant à l’analyse des données. Même si des chiffres non officiels ont été communiqués, il est impossible à l’heure actuelle de tirer des conclusions.

Les francophones pris en compte

Cindy Junkala, coordinatrice des refuges et du sans-abrisme à la Ville de Sudbury, a confirmé à ONFR que la langue était bien un élément pris en compte lors des sondages, sans toutefois pouvoir préciser, à l’heure actuelle, quelle proportion des sans-abri représentent les francophones.

« Nous n’avons pas les chiffres pour le moment, car nous sommes en train de travailler sur les données préliminaires. Un rapport sortira à la nouvelle année pour faire état de ce que les sondages ont indiqué. Il y aura plus d’informations disponibles à ce moment-là. Nous ne pouvons pas tirer de conclusion non plus actuellement. Les sondages sont sur papier et nécessiteront du temps pour être analysés par nos analystes de données. »

Malgré l’attente due au traitement des données, un chiffre non officiel de 500 personnes a été communiqué. Ce serait donc une hausse de 101 personnes par rapport au dénombrement ponctuel effectué en 2021, qui faisait état de 399 personnes en situation d’itinérance.

« Nous pensons que ces chiffres en hausse sont dus à l’augmentation du coût de la vie, le manque d’accès au logement abordable et au logement en général, explique Mme Junkala. Ce sont des facteurs qui contribuent définitivement à l’augmentation que l’on peut retrouver dans l’étude. »

La présence confirmée de francophones au sein de cette population en situation d’itinérance pose la question de l’accès aux services en français. Ce à quoi la coordinatrice répond de manière positive.

« Absolument. Au sein de mon équipe, dans notre service Client Navigators, nous avons du personnel qui parle français qui peut donner l’information aux personnes qui ont besoin de ces services. Nous travaillons aussi en étroite coopération avec le Centre de santé, notre partenaire communautaire qui offre des services en français. »

Les populations autochtones « surreprésentées »

Au-delà de la population francophone prise en compte, Cindy Junkala indique qu’une attention particulière est portée sur les populations autochtones.

« Nous savons que la proportion de populations autochtones parmi les personnes sans-abri dans la ville est assez élevée par rapport à la population générale. Les informations que nous obtiendront à travers ces sondages vont aider mettre en place plus de soutien pour ces personnes qui sont surreprésentées. »

La municipalité indiquée travailler main dans la main avec le N’Swakamok Native Friendship Centre.Le rapport complet est attendu pour le début de l’année 2025.

Les citations dans cet articles sont des traductions libres de l’anglais.

Garderies à 10$ : toujours « des obstacles majeurs » pour les francophones

OTTAWA – Près de trois ans après l’annonce en grande pompe du programme des garderies à 10$ par jour du gouvernement fédéral, des obstacles majeurs restent pour que les parents d’enfants francophones puissent en bénéficier, signalent un organisme national et le commissaire aux langues officielles.

Lors des ententes avec les provinces en 2021 concernant le programme national de garderies, Justin Trudeau avait assuré que des clauses linguistiques seraient en place pour les minorités francophones, mais les acteurs estiment que le résultat est différent sur le terrain.

Pour respecter le programme, les garderies du pays ont plafonné à 10$ par jour le coût d’une place en garderie. En Ontario, cela est venu réduire de près de 50% les tarifs de garde, mais le financement, versé par le fédéral et par la province, ne suit pas, si bien que plusieurs centres de petite enfance essuient des pertes.

« Je pense que le programme tel qu’il existe ne répond pas nécessairement à l’ensemble des besoins des francophones », affirme le commissaire Théberge.

Le commissaire aux langues officielles Raymond Théberge enquêtera sur le plafonnement du nombre d’étudiants étrangers au pays. Archives ONFR

Dans un rapport publié mercredi, portant sur les minorités linguistiques du pays, le chien de garde du bilinguisme au niveau fédéral « observe que les sommes accordées aux fournisseurs de service ne prennent pas en compte le coût accru des salaires et des infrastructures, ce qui semble décourager la participation de certains grands pourvoyeurs de services dans ce secteur ».

En Ontario, par exemple, 21 des 25 garderies francophones qui font partie de l’Association francophone à l’éducation des services à l’enfance de l’Ontario (AFESEO) sont déficitaires, souligne Jean-Luc Racine, de la Commission nationale des parents francophones.

« Parce qu’on a 4 centres qui sont viables, on se fie sur ces 4 centres-là pour aider les autres qui ne sont pas viables. Et il n’y a pas un sou du gouvernement qui vient, ça vient à même les opérations », a-t-il témoigné en comité parlementaire, alors que les élus à Ottawa étudient la question du continuum en éducation en milieu minoritaire.

Le gouvernement fédéral a souvent affirmé par le passé que les accords mentionnent des places pour les francophones via des clauses linguistiques. Or, les mentions ne sont pas assez explicites, soutient Jean-Luc Racine.

« Le problème est que quand on veut voir comment s’appliquent ces clauses-là, on va dans les plans d’action des provinces et il y a zéro. Dans tous les plans d’action, je vous mets au défi, on les a étudiés. ll n’y a rien de spécifique pour les francophones en contexte minoritaire », a-t-il lancé aux élus.

Le programme des garderies à 10$ « aide définitivement » les parents francophones, considère Jean-Luc Racine. « Mais il y a quand même des obstacles majeurs qui restent. L’accès est plutôt difficile », poursuit le directeur général de l’organisme des parents francophones du pays, qui souligne aussi que la situation diffère dans chaque province.

Il donne en exemple la Colombie-Britannique, qui exige que 70% des places en garderies soient comblés pour pouvoir être éligible au programme des garderies à 10$ par jour. Or, le contexte francophone en milieu minoritaire rend plus difficile l’atteinte d’un tel objectif en raison du fait que les centres de petite enfance sont souvent plus petits que chez les anglophones et que la pénurie de main-d’œuvre est plus accentuée, soutient-il.

Cela fait en sorte que 80% des parents n’ont pas le choix de placer leurs enfants dans une garderie en anglais, témoigne la Commission nationale des parents francophones.

« J’ai beaucoup de témoignages, deux parents francophones et leur petite fille ou leur petit garçon leur parlent juste en anglais et ça ne prend pas de temps, deux ou trois ans à la petite enfance et c’est perdu », déplore Jean-Luc Racine.

Espoir pour les prochaines années

Une solution au problème est le projet de loi C-35, qui a obtenu la sanction royale au printemps dernier, qui est venu garantir un engagement financier à long terme du fédéral concernant les services de garde pour les minorités francophones.

« Avec C-35, on nous garantit du financement à long terme pour. Ça, c’est un plus. Là, il reste à concrétiser la Loi et faire en sorte que le financement va suivre en conséquence », espère le dirigeant de la Commission nationale des parents francophones.

Le commissaire aux langues officielles rappelle d’ailleurs à l’ordre le gouvernement fédéral en vue d’ententes avec les provinces qui devront être signées en 2026, dans le domaine de la petite enfance. Ottawa a l’obligation de consulter les communautés francophones dans le cadre de ses négociations.

« Il est primordial que les communautés de langue officielle en situation minoritaire (CLOSM) disposent des moyens de participer pleinement à la mise en œuvre de la vision du programme national de garderies », écrit-il dans son rapport.

Hockey : les enjeux de la saison des Maple Leafs et des Sénateurs

À l’occasion de la reprise de la Ligue nationale de hockey (LNH), ONFR vous propose un tour d’horizon des enjeux de la saison des équipes ontariennes, avec l’éclairage de l’expert franco-ontarien Jean-Philippe Forgues de la Brigade. À quoi s’attendre pour les Maple Leafs et les Sénateurs?

L’heure du retour sur la glace en saison régulière a sonné pour les Maple Leafs de Toronto, qui se déplacent chez leurs rivaux historiques, les Canadiens de Montréal, ce mercredi (19 h) au Centre Bell. Les Sénateurs d’Ottawa, de leur côté, ouvrent le bal jeudi à la maison, avec la réception des Panthers de la Floride (19 h). 

Toronto, objectif Coupe Stanley

Pour l’équipe de Toronto, qui a changé d’entraîneur en embauchant Craig Berube cet été, l’objectif d’aller chercher la Coupe Stanley reste le même depuis plusieurs saisons, malgré les déceptions en séries qui se multiplient année après année. 

Même si la franchise torontoise a fait un recrutement intéressant, selon Jean-Philippe Forgues, des doutes subsistent quant à la capacité de l’équipe de la ville reine à se montrer à la hauteur de ses ambitions. 

« Toronto reste une des puissances de la ligue, ils n’ont pas d’autre choix que de viser la Coupe Stanley, surtout qu’ils gardent un noyau d’équipe stable. L’année passée, ils ont essayé de recruter des joueurs robustes, mais est-ce que ça a vraiment changé quelque chose? 

Cette année, ils ont récupéré Chris Tanev. Lui pourrait faire une différence. Ils ont aussi changé d’entraîneur avec Craig Berube qui, lorsqu’il était joueur, était un robuste, un bagarreur. Va-t-il essayer d’apporter cette mentalité-là? Il y a toujours beaucoup de points d’interrogation. »

Le spécialiste du balado La Brigade pointe du doigt le manque de réussite de la franchise pour entourer les étoiles Auston Matthews, John Tavares et Mitch Marner avec les bons joueurs de complément, surtout au niveau défensif. 

« On a tellement fait des expériences à Toronto avec des joueurs d’expérience qui n’avaient pas nécessairement gagné de coupes, mais qui avaient un nom, un prestige dans la ligue. Tous ces joueurs sont restés un an, puis sont repartis. J’ai de la misère à croire qu’en ajoutant Chris Tanev, tous les problèmes soient réglés… »

Comme c’est devenu une triste habitude du côté de Toronto, il n’y a pas de Franco-Ontarien dans l’équipe cette saison. En revanche, on va parler un peu français avec le recrutement du défenseur natif de Laval, Simon Benoît. Reste à voir si ce dernier parviendra à trouver du temps de jeu en troisième ligne.

Ottawa sur la pente ascendante 

Du côté d’Ottawa, les Sénateurs sont encore loin de tourner leurs ambitions vers la Coupe Stanley. Mais après sept longues années sans séries, l’objectif d’y retourner est bien réel. L’équipe de la capitale fédérale a elle aussi changé d’entraîneur, après le passage en tant qu’intérimaire du Franco-Ontarien Jacques Martin sur la fin de la saison dernière. C’est désormais Travis Green qui sera aux commandes de l’équipe.

« Cette saison va être un vrai test pour Travis Green. Les Sénateurs ont choisi un entraîneur qui a de la poigne et qui va faire en sorte que les joueurs se regardent dans le miroir et aient des comptes à rendre. Il s’est lui-même qualifié comme quelqu’un de dur, mais juste. C’est la réputation qu’il a dans la ligue.

Après, ce n’est pas quelqu’un qui s’est beaucoup prouvé en tant qu’entraîneur chef. Il a été chez les Canucks et ça n’a pas donné grand-chose. Il était intérimaire chez les Devils du New Jersey la saison dernière, puis il a finalement choisi de rejoindre Ottawa. Ce n’était pas le choix numéro un, ni des partisans, ni des médias, ici à Ottawa. Lui aussi a des choses à prouver à ce niveau-là. » 

Pour tenter de retrouver les séries, les Sénateurs pourront compter sur la présence de la vedette franco-ontarienne de la LNH, Claude Giroux. L’ailier droit originaire de Hearst entre dans sa dernière année de contrat. L’évolution de la saison et les résultats de l’équipe pourraient jouer un grand rôle quant à son avenir au sein de la franchise. 

« Il ne le dira pas directement, mais après avoir signé pour trois ans, il s’attendait probablement à ce que l’équipe progresse plus. Au moins qu’elle soit en séries, imagine Jean-Philippe Forgues. Si cette année, il n’y a pas d’amélioration, il faudra se poser des questions au niveau du noyau. Giroux pourrait s’en aller ailleurs dans le but d’aller gagner une Coupe Stanley. » 

Cette saison s’annonce primordiale pour l’avenir de la franchise. Ce qui rend l’analyste franco-ontarien plus optimiste que les saisons précédentes, c’est l’arrivée d’un nouveau gardien de but en la personne de Linus Ullmark, « enfin un vrai numéro un ». Le Suédois devrait permettre à la défensive ottavienne de progresser, elle qui figurait parmi les trois plus mauvaises de la ligue la saison dernière. 

« Sur quasiment un quart des matchs de la saison dernière, les Sénateurs ont encaissé un but dans les deux premières minutes. Si Ullmark est capable de limiter ça, cela donne déjà un avantage sur ces matchs-là. Commencer un match en étant dès le début derrière d’un but, ça change toute ta stratégie, ton approche. Il faut tout de suite jouer un hockey de rattrapage. Si ton gardien te donne une chance dès le départ, tu as l’opportunité de jouer ton propre jeu.

Tout va dépendre du filet et de la défensive, qui n’a, malgré tout, pas beaucoup changé, Il va falloir que tout le monde adhère au plan de l’entraîneur pour que les Sénateurs aient les moyens de leurs ambitions. Les Sénateurs doivent être au moins dans la bataille pour les séries, et peut-être les faire. Après, tout peut arriver. » 

Pour fêter la reprise de la saison, la Brigade invite tous les partisans francophones des Sénateurs à se regrouper à la microbrasserie Le 5e Baron à Gatineau, le samedi 12 octobre, pour vivre ensemble avec toute l’équipe du balado le match face aux Canadiens de Montréal, à partir de 17 h (match à 19 h). 

Gouverneure générale : obliger le bilinguisme serait une bonne décision, selon le commissaire Théberge

Le commissaire aux langues officielles, Raymond Théberge, considère que d’obliger le bilinguisme du poste de la gouverneure générale serait une bonne idée.

« Si c’était le cas, ça serait une très bonne décision, mais ça ne relève pas du commissaire à décider qui est bilingue ou pas bilingue », a-t-il affirmé en conférence de presse, mercredi.

Le commissaire aux langues officielles du Canada, Raymond Théberge. Crédit image: Commissariat aux langues officielles du Canada
Le commissaire aux langues officielles du Canada, Raymond Théberge. Photo : Commissariat aux langues officielles du Canada

Raymond Théberge s’était fait demander par les journalistes s’il serait d’accord d’obliger la maîtrise du français et de l’anglais pour le poste de gouverneure générale via la Loi sur les compétences linguistiques. Celle-ci oblige plusieurs postes de hauts fonctionnaires, dont plusieurs commissaires fédéraux, dont celui de Raymond Théberge, à maîtriser les deux langues officielles.

« Tout poste de leader ou de haut dirigeant qui parle au nom du Canada au niveau national ou international devrait être en mesure de représenter le Canada dans les deux langues officielles. Si on doit l’enchâsser dans une législation, peut-être que c’est une solution », a-t-il ajouté quelques instants plus tard.

Quelques exemples de postes de hauts fonctionnaires obligatoirement bilingues actuellement :

  • Commissaire à l’information
  • Commissaire aux conflits d’intérêts et à l’éthique
  • Directeur parlementaire du budget
  • Vérificateur général du Canada
  • Directeur général des élections
  • Conseiller sénatorial en éthique

Mary Simon avait promis de suivre des cours de français au moment de sa nomination par Justin Trudeau, en 2021. Elle était devenue la première personne autochtone à occuper ce poste. Elle parle anglais et inuktitut.

L’incapacité de Mary Simon à parler en français, près de trois ans plus tard, a fait l’objet de reportages médiatiques lors d’une visite d’un organisme à la fin septembre, dans la ville de Québec. Cette dernière avait même dû annuler d’autres activités prévues à son horaire dans la capitale québécoise à la suite de la controverse.

Un projet de loi au Sénat

À l’heure actuelle, il existe un projet de loi au Sénat du sénateur Claude Carignan, le projet de loi S-220, déposé en novembre 2021. Il propose de modifier la Loi sur les compétences linguistiques pour y ajouter la fonction de gouverneure générale. Or, la pièce législative n’a pas bougé depuis près de deux ans, étant toujours à la seconde lecture dans la chambre haute.

« On doit trouver un certain consensus, un terrain pour le faire progresser, ce qui n’est pas le cas malheureusement dans ce projet de loi (…) Certains (sénateurs) ont malheureusement vu une attaque à la personne, qui est autochtone, qu’est la gouverneure générale, ce qui n’est pas le cas », affirme le sénateur conservateur en entrevue.

L’auteur du projet de loi considère que celui-ci est destiné à mourir au feuilleton, étant donné un manque d’appui des autres sénateurs et du gouvernement Trudeau.

« C’est complètement inacceptable (…) Son mandat est terminé et elle ne sera toujours pas bilingue », déplore Claude Carignan.

Le sénateur Claude Carignan. Photo : Gracieuseté du bureau du sénateur Claude Carignan.

Sa nomination par le premier ministre avait suscité un record de 1341 plaintes auprès du Commissariat aux langues officielles. Celles-ci avaient été jugées recevables, mais non fondées. Raymond Théberge avait expliqué dans son rapport d’enquête que, comme la décision finale revient au premier ministre et que ce dernier n’est pas considéré comme une institution fédérale, il ne relève pas de la Loi sur les langues officielles.

« Ça démontre jusqu’à quel point les Canadiens tiennent au principe du bilinguisme et que les dirigeants soient en mesure d’utiliser les deux langues officielles », juge Raymond Théberge.

À l’heure actuelle, un recours est présentement devant la Cour supérieure de justice du Québec, visant à annuler la nomination de Mary Simon. Le fait qu’elle ne puisse pas communiquer en français contreviendrait aux droits linguistiques prévus dans la Charte des droits et libertés, estiment les demandeurs.

À Ottawa, mardi, les élus conservateurs et bloquistes ont demandé à ce que soit évalué de fond en comble le processus ayant mené à la nomination de Mary Simon.

Correction : une précédente version du texte affirmait que les 1341 plaintes auprès du Commissariat aux langues officielles concernant Mary Simon avaient été jugées fondées, mais non recevables. C’est plutôt le contraire, elles étaient recevables, mais non fondées.

Une nouvelle étude sur la prestation des services de santé pour les jeunes et les aînés francophones à Ottawa

OTTAWA – Deux étudiantes de l’Université d’Ottawa mènent une recherche visant à mieux comprendre l’accès aux services de santé pour les jeunes et les aînés francophones de la capitale. L’objectif est d’enrichir les données existantes tout en proposant des solutions adaptées aux besoins des francophones.

Mariya Somyk et Shaza El Bagoury, toutes deux étudiantes en sciences de la santé, réalisent cette étude en collaboration avec la Dre Sarah Fraser. Leur recherche porte sur la prestation des soins de santé pour les jeunes adultes et les aînés francophones en situation minoritaire à Ottawa.

« Nous espérons trouver des solutions concrètes pour améliorer l’accès aux soins des aînés francophones. Quant aux jeunes, ils sont peu étudiés dans la littérature scientifique, car on suppose souvent qu’ils sont en bonne santé », explique Mariya Somyk.

Mme Somyk s’intéresse particulièrement à la barrière linguistique. « L’anglais étant la langue majoritaire au Canada, il arrive que les jeunes francophones doivent s’adapter en communiquant en anglais dans le système de santé, bien que le français soit l’une des langues officielles », précise-t-elle.

Concernant l’accès aux soins pour les jeunes francophones, elle note que, si la pandémie a mis en lumière les enjeux de santé mentale, de nombreux autres services leur restent difficilement accessibles. L’étude cible les jeunes de 18 à 30 ans, bien que la moyenne d’âge des participants soit actuellement d’environ 25 ans.

« Nous organisons des discussions en groupe, posant des questions ouvertes pour ne pas influencer les réponses », explique Mme Somyk. La première phase de l’étude consiste à recueillir les impressions des participants, en abordant des sujets comme l’impact d’avoir ou non un médecin de famille sur leur santé et leur perception de leur état de santé en lien avec leur âge.

Défis, stratégies et amélioration de l’accès aux services de santé chez les jeunes adultes

Avant chaque rencontre, les participants remplissent un questionnaire démographique pour établir des profils en fonction de critères comme la langue parlée, la présence d’un médecin de famille, la gestion de maladies chroniques, ou encore les stéréotypes auxquels ils sont confrontés dans le système de santé. Ces données permettront aux chercheures de tirer des conclusions plus précises à la fin de l’étude.

Mme Somyk souligne l’importance de connaître l’opinion des jeunes sur le système de santé et d’explorer leurs idées pour l’améliorer. Bien que les résultats soient encore confidentiels, elle est convaincue de la pertinence de l’étude.

Elle ajoute qu’elle cherche à proposer des solutions pratiques qui pourraient être appliquées dans un futur proche. « Les groupes de discussion ont déjà fourni des suggestions très intéressantes », ajoute-t-elle.

« Il y avait beaucoup d’émotion lors des échanges. Les participants étaient heureux qu’on leur pose des questions, car les jeunes sont rarement consultés sur ces sujets. Ils partageaient souvent des expériences personnelles auxquelles d’autres répondaient en disant avoir vécu des situations similaires », observe-t-elle.

Les difficultés soulevées semblent fréquentes et partagées. « Sans trop généraliser, il est probable que d’autres jeunes rencontrent les mêmes problèmes, et nous espérons le confirmer dans les prochaines étapes de notre étude », conclut Mariya Somyk.

Les deux étudiantes recherchent encore des volontaires pour leur étude. Sur la photo à gauche, Mariya Somyk et à droite, Shaza El Bagoury. Photo : Gracieuseté de Mariya Somyk

Des problèmes persistants pour les aînés francophones

Selon Shaza El Bagoury, qui se concentre sur le cas des aînés, un stéréotype persiste à leur égard.

« Les aînés sont souvent perçus comme des personnes vulnérables, et nous voulons aborder cette idée tout en évaluant l’impact combiné de la barrière linguistique et de l’âgisme », explique-t-elle.

« Ce n’est pas seulement une question d’âgisme ou de langue, mais de la combinaison des deux. Parfois, des problèmes de communication surviennent lorsque des aînés francophones ne reçoivent pas de services en français, mais en anglais. Cela peut mener à des diagnostics erronés et à des traitements inappropriés », ajoute-t-elle.

Mme El Bagoury partage le même objectif que sa collègue : proposer des solutions efficaces pour améliorer l’accès aux soins et la qualité des services de santé à Ottawa.

Bien que de nombreuses recherches aient déjà été réalisées sur ce sujet, elle souhaite apporter une nouvelle perspective. « À l’Université d’Ottawa, des chercheurs comme le Dr Sauvé-Schenk et le Dr Bouchard ont mené des études similaires, mais sans se concentrer autant sur l’aspect de l’âge », précise-t-elle.

Les deux étudiantes sont toujours à la recherche de volontaires pour participer à leur étude. Pour Mme El Bagoury, l’étude cible principalement les aînés de plus de 65 ans, mais des personnes un peu plus jeunes pourraient également correspondre aux profils recherchés.

Les résultats de cette étude seront publiés en mai prochain.

Français de Mary Simon : les oppositions veulent examiner le processus de sa nomination

OTTAWA – Face à son incapacité à s’exprimer en français, les conservateurs et bloquistes ont déposé une motion en comité parlementaire pour réviser le processus ayant mené à la nomination de la gouverneure générale, Mary Simon, en 2021. Leur tentative risque toutefois d’échouer face aux libéraux et néo-démocrates qui ont signalé leur désaccord.

Au Comité permanent des langues officielles, le Parti conservateur, appuyé par le Bloc Québécois, a déposé une motion demandant à ce que cinq séances de comité soient consacrées pour y comprendre les raisons qui ont amené Justin Trudeau à nommer Mary Simon comme gouverneure générale, malgré le fait qu’elle ne parle pas français. Cette dernière parle l’anglais et l’inuktitut, mais trois ans plus tard et malgré des cours de français, elle n’a pas fait de réels progrès dans l’apprentissage de la langue.

L’inaptitude de Mary Simon à converser en français lors d’une visite d’un organisme à la fin septembre, dans la ville de Québec, a fait l’objet de reportages dans les médias. Cette dernière avait même dû annuler d’autres activités prévues à son horaire dans la capitale québécoise à la suite de la controverse.

Le conservateur Joël Godin (à gauche) et le bloquiste Mario Beaulieu (à droite) en Comité permanent des langues officielles, en 2023. Photo : THE CANADIAN PRESS/Adrian Wyld

Les deux partis d’opposition réclament dans leur motion que Jean-Yves Duclos, le lieutenant du Québec pour les libéraux, son prédécesseur Pablo Rodriguez ainsi que le ministre des Affaires intergouvernementales Dominic Leblanc témoignent. L’auteur de la motion, le conservateur Joël Godin, demande aussi que le secrétaire de la gouverneure générale, Ken MacKillop, la greffière du Conseil privé Janice Charette et d’autres hauts fonctionnaires du Bureau du Conseil privé soient appelé au comité.

Mary Simon n’est pas mentionnée comme possible témoin, car elle « n’a pas à être visée par cette interrogation-là et cette bévue du gouvernement actuel », soutient le conservateur Joël Godin. Il estime qu’il faut plutôt se pencher sur le processus ayant mené à sa nomination. Le député du Bloc Mario Beaulieu voit dans cette nomination « une volonté de remettre en question le bilinguisme pour les instances fédérales au Canada ».

Libéraux et néo-démocrates opposés

« La gouverneure générale devrait être bilingue. J’ai cette opinion, j’ai toujours eu cette opinion et j’aurai toujours cette opinion », a lancé en réplique le député libéral acadien Darrell Samson.

Son collègue québécois Joël Lightbound a poursuivi. « Pour moi, il est impensable que la gouverneure générale, après trois ans, ne parle pas français. Je pense que c’était une nomination qui était certainement regrettable ».

Mais les libéraux et les néo-démocrates ont chacun avancé que le comité avait d’autres chats à fouetter que de se pencher sur le cas de Mary Simon, notamment une étude sur le continuum d’éducation dans la langue de la minorité.

« Pour moi, les milliers d’enfants qu’on perd année après année parce qu’ils n’ont pas accès à des services en français dans la petite enfance, c’est bien plus important que la langue de Mary Simon », juge Joël Lightbound.

Le néo-démocrate Alexandre Boulerice déplore que Mary Simon ne parle toujours pas français, mais estime qu’il y a des sujets plus prioritaires pour le comité. Photo : THE CANADIAN PRESS/Sean Kilpatrick

La gouverneure générale devrait parler anglais et français, a soutenu l’élu néo-démocrate Alexandre Boulerice, en estimant du même souffle que « prendre cinq séances pour parler d’une personne (…) c’est assez burlesque et moi je refuse de jouer dans cette comédie », ce à quoi les oppositions ont répliqué qu’il n’y avait pas de date limite mentionnée pour cette étude en comité.

« Ils sont d’accord avec ma motion, mais ils ne veulent pas y aller. Quelle incohérence », a lancé Joël Godin, tandis que Mario Beaulieu plaidait quelques instants plus tôt « que si on est contre, il faut donner suite ».

Le vote portant sur la motion doit avoir lieu jeudi. Le Bloc Québécois a aussi déposé une motion, mais demandant cette fois-ci le témoignage de Mary Simon au Comité permanent des opérations gouvernementales et des prévisions budgétaires. Le vote sur cette motion n’a pas encore eu lieu.

10 faits qui ont retenu l’attention au 19e Sommet de la Francophonie

PARIS – Au terme de deux jours de sommet, les pays et gouvernements membres de l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF) se sont quittés dimanche sur des engagements communs très éparpillés, entre mobilité des jeunes, efforts numériques, développement économique et recherche de la paix dans les pays en conflit. Tout autour de ce grand rendez-vous, de nombreux évènements ont fleuri ici et là dans la capitale française durant une semaine.

La délégation ontarienne a sorti sa carte d’affaires

Présents au Village de la Francophonie ainsi qu’au salon de l’innovation FrancoTech, deux nouveautés qui seront pérennisées dans les prochains sommets, des leaders et entrepreneurs franco-ontariens ont fait découvrir leur province aux visiteurs ainsi qu’aux autres délégations francophones issues des cinq continents, en avançant des arguments principalement économiques. En substance : « Venez en Ontario pour entreprendre et accéder à des marchés grâce au bilinguisme. » FrancoTech a permis en outre de discuter avec des interlocuteurs du Cameroun, prochaine destination des Ontariens ce mois-ci, au Salon Afrique-Canada Immigration et Investissement.

Le pavillon de l’Ontario au Village de la Francophonie, au CentQuatre à Paris. Photo : ONFR/TFO/Rudy Chabannes

Aveu d’échec du multilatéralisme et désaccords

Un des moments clés s’est produit en amont du Sommet, à l’issue de l’inauguration du Village. La secrétaire générale Louise Mushikiwabo a fait le constat au micro d’ONFR que le multilatéralisme ne représentait plus la solution pour résoudre les conflits armés. Malgré une déclaration commune, plus tard, de solidarité appelant au cessez-le-feu et le parti pris du président français de stopper les livraisons d’armes à Israël, le premier ministre du Liban a regretté un manque de fermeté et de condamnation. De son côté, le président de la République démocratique du Congo (RDC) a précocement quitté le Sommet, pointant l’absence de mention du conflit dans l’est du pays dans le discours du président Macron.

Louise Mushikiwabo, secrétaire générale de la Francophonie. Photo : ONFR/TFO/Rudy Chabannes

Ce que contiennent les trois déclarations adoptées

Trois textes ont été adoptés. La Déclaration du Sommet encourage l’entrepreneuriat, l’innovation et l’autonomisation des femmes. Le deuxième texte, la Déclaration de solidarité avec le Liban, appelle à un cessez-le-feu immédiat au Pays du cèdre, une solution diplomatique et l’élection d’un président dans un pays qui en est dépourvu depuis deux ans. Enfin, la Résolution sur les crises dans l’espace francophone énumère une série d’appels à la pacification de plusieurs régions sous tension, telles que l’Arménie, le Burkina Faso, Chypre, le Gabon, la Guinée, la Moldavie, la RDC, Haïti ou encore l’Ukraine.

Les chefs d’État et de gouvernement au moment de la photo protocolaire. Photo : ONFR/TFO/Rudy Chabannes

Des enseignants seront formés au château de Villers-Cotterêts

Rénové puis reconverti en musée dédié à la langue française, théâtre du premier jour du sommet, le château de Villers-Cotterêts a fait sensation. Au moment de l’arrivée des premiers chefs d’État, ONFR a pu accéder en matinée à l’intérieur de ce joyau de la Renaissance. Nous avons accédé aux collections, à la chapelle, aux escaliers du roi et de la reine, ainsi qu’à la réplique de l’ordonnance de Villers-Cotterêts, actant en 1539 le français comme la langue administrative de la France. À l’issue du Sommet, il a été décidé que ce château abriterait, dès 2025, un collège international destiné à former des enseignants de français.

Le chateau de Villers-Cotterêt abrite la Cité internationale de la langue française. Photo : ONFR/TFO/Rudy Chabannes

La Nouvelle-Écosse acquiert le statut d’observateur

Au sortir de l’huis clos des membres permanents, nous apprenions samedi que les chefs d’État et de gouvernements avaient validé la candidature de la Nouvelle-Écosse. « On est une communauté vibrante et avoir notre place à la table de la francophonie internationale est très important », a réagi Colton LeBlanc, ministre des Affaires acadiennes et de la Francophonie, que nous avions rencontré l’été dernier au Conseil des ministres sur la francophonie canadienne. Historiquement le premier établissement français permanent en Amérique, sa province a acquis le statut de membre observateur en même temps que le Chili, l’Angola, la région allemande de la Sarre et la Polynésie française, faisant passer l’OIF de 88 à 93 membres.

Colton LeBlanc, ministre des Affaires acadiennes et de la Francophonie de la Nouvelle-Écosse, dans le Grand Palais, à Paris. Photo : ONFR/TFO/Rudy Chabannes

Le Cambodge, hôte du 20e Sommet

La candidature du Cambodge comme pays hôte de la 20e édition a été officialisée en fin de sommet. Ce sera la deuxième expérience asiatique après le Vietnam (1997). Le roi du Cambodge Norodom Sihamoni a déclaré vouloir « partager avec les autres mondes francophones les singularités de la francophonie en Asie-Pacifique ».

« C’est un immense honneur », s’est réjoui pour sa part le vice-premier ministre cambodgien Sok Chenda Sophea. Membre de l’OIF depuis 1991, ce royaume compte 3 % de francophones. Aux 19e et 20e siècles, il faisait partie de l’Indochine et le français y était une langue d’enseignement jusqu’au milieu des années 1970. Aujourd’hui, c’est essentiellement une langue d’élite parlée dans la capitale Phnom Penh.

Le vice-premier ministre cambodgien Sok Chenda Sophea aux côtés de la secrétaire générale Louise Mushikiwabo. Photo : ONFR/TFO/Rudy Chabannes

Trois nouveautés pour la jeunesse

Placé sous le thème Créer, innover et entreprendre en français, le Sommet de la Francophonie a débouché sur trois mesures touchant à la mobilité et l’emploi des jeunes. Tout d’abord, la création du programme international Mobilité Employabilité francophone, qui doit permettre aux jeunes de voyager plus facilement à travers le réseau des 1100 universités et centres de recherche de l’Agence universitaire de la francophonie, situés dans 120 pays. Ensuite, la facilitation de l’octroi de visas pour les titulaires d’un diplôme français de niveau M2 (l’équivalent d’une maîtrise universitaire). Et enfin, la création du programme Volontaires Unis pour la Francophonie, pour participer à des missions internationales de plusieurs mois.

Le président français Emmanuel Macron (ici à FrancoTech jeudi dernier) a salué la facilitation de l’octroi de visas pour les titulaires de maitrise. Photo : ONFR/TFO/Rudy Chabannes

L’appel de Villers-Cotterêts face aux enjeux du numérique

En matière de numérique, les chefs d’État ont lancé un appel aux grandes plateformes numériques (Meta, TikTok, X) à s’engager sur une plus grande transparence et proximité pour les francophones, une plus grande responsabilité dans la modération des contenus, des espaces informationnels mieux protégés et une plus grande diversité culturelle et linguistique. Le Sommet de la Francophonie a par ailleurs accouché d’un Centre de référence pour l’intelligence artificielle (IA) et la francophonie. Nommé LANG :IA, il doit favoriser la disponibilité des contenus en français et alimenter de contenus des modèles de langage géant dont se nourrit l’IA.

La Cour des offices du château de Villers-Cotterêts. Photo : ONFR/TFO/Rudy Chabannes

Les Canadiens tissés serrés à l’ambassade du Canada

Dès l’avant-veille du Sommet, les délégations néo-brunswickoise et ontarienne ont été reçues à l’ambassade du Canada à Paris. Un moment de fraternité et de solidarité autour de l’ambassadeur Stéphane Dion, de la ministre des Affaires francophones de l’Ontario Caroline Mulroney et du sous-ministre de l’Éducation et du Développement de la petite enfance du Nouveau-Brunswick, Ryan Donaghy. Étaient aussi présents des membres d’autres délégations comme celle de la Louisiane. L’adhésion (encore non acquise à ce moment-là) de la Nouvelle-Écosse était sur toutes les lèvres.

À droite, Richard Kempler, directeur général de la FGA, le sous-ministre Donaghy, la ministre Mulroney et l’ambassadeur du Canada à Paris, Stéphane Dion. Photo : ONFR/TFO/Rudy Chabannes

Une riche programmation culturelle

La Cap-Verdienne Ronisia, la Béninoise Angélique Kidjo, le Belge Pierre de Maere… De nombreux artistes se sont succédé en divers lieux de la capitale, particulièrement à la Gaité lyrique. Le théâtre parisien du troisième arrondissement n’a cependant jamais vraiment fait salle comble, en dépit de la riche programmation. Des artistes franco-ontariens se sont aussi illustrés dans d’autres lieux du Festival de la Francophonie, à l’image des Rats d’Swompe et du Torontois Abel Maxwell au Village de la Francophonie. C’est ici aussi que le conteur Eudes Laroche-Francoeur a plongé le public dans son univers imaginaire, au milieu d’un agenda au rythme effréné de projections, d’ateliers et de performances liées à la langue française.

Ronisia, chanteuse afropop cap-verdienne qui monte en puissance en France. Photo : ONFR/TFO/Rudy Chabannes

Ottawa à la recherche du prochain commissaire aux langues officielles

OTTAWA – Le gouvernement fédéral a lancé le processus pour trouver un successeur au commissaire aux langues officielles Raymond Théberge, qui quittera prochainement le poste qu’il occupe depuis sept ans.

Les mandats des commissaires aux langues officielles sont d’une durée officielle de sept ans et celui de Raymond Théberge expirera en janvier 2025. Ce dernier a été nommé par le premier ministre Justin Trudeau en décembre 2017.

L’affichage pour le poste est ouvert depuis le 1er août et l’évaluation des candidatures est débutée depuis le 12 septembre, indique le Bureau du Conseil privé, qui ne précise toutefois pas quand le processus prendra fin. La Loi sur les compétences linguistiques exige que la personne nommée soit bilingue au moment de sa nomination.

« Les détails relatifs au processus de sélection pour les postes nommés par le gouverneur en conseil sont confidentiels, tant que le processus est en cours », soutient Daniel Savoie, porte-parole au Bureau du Conseil privé, dans une déclaration écrite.

Dans le cadre du processus de sélection, un comité du Bureau du Conseil privé devra recommander un candidat à Justin Trudeau, explique le site Internet sur les nominations par le gouverneur en conseil. Le candidat choisi sera alors soumis au cabinet (le gouverneur en conseil), qui peut décider d’approuver ou de rejeter le candidat recommandé. Ensuite, le choix du premier ministre devra être approuvé par un comité parlementaire, ainsi que par le Sénat et la Chambre des communes.

« Les informations relatives à la conclusion du processus de nomination seront communiquées une fois que le processus sera terminé et que le commissaire aura été nommé », précise le Bureau du Conseil privé.

Un commissaire anglophone, selon la tradition

Selon la tradition d’alternance entre anglophones et francophones, la prochaine personne qui sera nommée devrait être un anglophone. Le prédécesseur de Raymond Théberge, entre 2006 et 2016, Graham Fraser, est un anglophone alors que la Franco-ontarienne Dyane Adam a occupé le poste de 1999 à 2006. Ghislaine Saikaley avait occupé la fonction entre 2016 et 2018, mais à titre de commissaire par intérim. 

L’ancien commissaire aux langues officielles du Canada, Graham Fraser. Archives ONFR

La Fédération des communautés francophones et acadienne du Canada (FCFA), estime qu’avec la Loi sur les langues officielles qui a été modernisée il y a un peu plus d’un an, il faudrait que la personne embauchée puisse être en mesure de faire bouger les choses à Ottawa.

« On aimerait quelqu’un qui changera une fois pour toutes la culture des langues officielles au gouvernement (…) On a besoin d’un commissaire qui prend tous les moyens possibles pour mettre en œuvre tous les nouveaux leviers qu’on vient d’avoir avec la Loi », affirme Liane Roy, présidente de la FCFA.

Raymond Théberge, un franco-manitobain de naissance, était le recteur de l’Université de Moncton, au Nouveau-Brunswick. avant sa nomination.

L’organisme porte-parole des anglophones au Québec, le Quebec Community Groups Network, avance que ses attentes sont que Justin Trudeau nommera un anglophone du Québec à cette fonction.

« C’est important pour la communauté anglophone au Québec (…) C’est une question de tradition, ça a (toujours) été et on aimerait garder la tradition », tranche sa directrice générale Sylvia Martin-Laforge

« On aimerait une personne qui a une ouverture et une compréhension des langues officielles au Canada, autant des minorités francophones à l’extérieur du Québec et aussi de la minorité d’expression anglaise au Québec » , ajoute-t-elle.

Liane Roy affirme que la FCFA n’a aucun problème avec un commissaire d’origine anglophone, saluant le travail « d’excellents » anciens commissaires comme Keith Spicer, par exemple.

Un scandale la dernière fois

En 2017, le processus de nomination avait fait scandale après que les libéraux aient originalement nommé Madeleine Meilleure comme commissaire. Cette dernière, qui a été députée et ministre (notamment aux Affaires francophones) libérale sur la scène provinciale en Ontario, avait finalement retiré sa candidature après avoir été nommée par Justin Trudeau.

Les oppositions et certains organismes francophones, à l’époque, avaient dénoncé une nomination et un processus partisan, notamment après qu’il ait été révélé qu’elle avait rencontré des hauts placés du bureau de Justin Trudeau, comme sa cheffe de cabinet Katie Telford, avant d’obtenir le rôle de commissaire.

Un bail de 95 ans, des arbres abattus : la Place Ontario va accueillir un mégaspa très controversé

TORONTO – Les critiques environnementales et financières du mégaspa et du parc aquatique de Therme Canada ont été une nouvelle fois mises en lumière cette semaine par l’abattage massif de près de 865 arbres sur l’île Ouest de la Place Ontario. Les experts parlent d’un non-sens environnemental et d’une fantaisie que les contribuables ne pourront même pas se permettre.

Après avoir longtemps gardé confidentiel le contrat qui lie Therme Canada et la province, le gouvernement Ford a révélé, le 3 octobre, les détails du bail. Ce contrat, d’une durée de 95 ans, prendra effet en 2025.

Pour Ken Greenberg, designer urbain et membre du conseil consultatif d’Ontario Place for All, c’est une absurdité. « Un bail d’un siècle avec un estimé de revenus ridicules pour la durée totale de ce bail est encore plus stupide », affirme-t-il en entrevue avec ONFR.

Au cœur de la controverse, plusieurs éléments sont à prendre en compte, explique la Dre Helen Stopps, experte en urbanisme et développement à l’Université métropolitaine de Toronto.

Pour la professeure, non seulement la construction du mégaspa est un non-sens environnemental, mais ce qui est en jeu, c’est aussi « le bien-être humain dans l’environnement bâti, comme les microclimats urbains. Un autre problème est la privatisation et le manque de transparence du gouvernement », souligne-t-elle au micro d’ONFR.

La docteur Helen Stopps est professeur adjointe au département des Sciences de l’Architecture à l’Université métropolitaine de Toronto. Photo : Université métropolitaine de Toronto

Concernant les questions environnementales et suite à l’abattage de centaines d’arbres dans la soirée du 3 octobre, Mme Stopps martèle : « Les vastes étendues de terres jouent un rôle écologique très particulier dans les centres urbains. Elles offrent des habitats pour des espèces qui ne sont pas favorisées là où les arbres sont disséminés à travers la ville. De grands espaces verts connectés sont incroyablement bénéfiques. »

D’après la professeure, la Place Ontario abritait plus de 170 espèces d’oiseaux, des renards, ou encore des castors. « Du côté de l’urbanisme, les espaces verts améliorent la qualité de l’air, réduisent l’effet d’îlot de chaleur urbaine et aident à gérer les eaux pluviales. »

Une extravagance qui n’est pas la priorité de tous

Le projet de réaménagement de la Place Ontario, avec la construction d’un mégaspa dirigé par Therme Canada et de son stationnement de 2 500 places, impliquerait une importante contribution financière de la part du gouvernement de l’Ontario, alors que les bénéfices reviendront principalement à des intérêts privés. Sur le réseau social Reddit, un groupe de citoyens déplore l’absence de consultations publiques adéquates, mais reproche aussi au gouvernement le coût exorbitant de ce projet.

Un des commentaires du groupe Reddit Ontario Place spa redevelopment will cost taxpayers millions. Photo : Capture d’écran et traduction libre.

Pour la professeure Helen Stopps, « les contribuables financent quelque chose dont ils ne tirent aucun bénéfice. Ils subventionnent des intérêts privés, ce qui enrichit encore plus ces derniers. C’est une autre raison pour laquelle les gens sont très mécontents : le manque flagrant de transparence avec ce contrat ».

Le gouvernement a indiqué que Therme Canada investira environ 200 millions de dollars dans les infrastructures hors spa, tandis que la construction de l’installation elle-même est censée coûter environ 500 millions de dollars.

D’un autre côté, le gouvernement affirme investir 25 millions de dollars pour préparer le site et espère recevoir un revenu de 2 millions de dollars par an de la part de Therme Canada. Il faudra donc attendre 15 ans, soit un sixième de la durée totale du bail, avant que les revenus générés par Therme ne constituent un réel surplus pour les finances publiques.

« Ils imaginent 6 millions de visiteurs par an, mais à titre de comparaison, la statue de la Liberté à New York n’atteint même pas ce nombre de visiteurs, et c’est à peine cela pour la tour Eiffel. C’est fantasmagorique », avance Ken Greenberg.

Ken Greenberg est un designer urbain, ancien directeur du design urbain et de l’architecture pour la Ville de Toronto. Il fait partie du conseil consultatif d’un groupe ayant porté plainte contre le gouvernement suite à l’absence d’évaluation environnementale de la Place Ontario. Photo : Gracieuseté de Ken Greenberg

D’après l’urbaniste, ce projet est une fantaisie. « Après avoir coupé tous ces arbres, ils disent qu’ils vont en replanter sur la toiture de cette énorme bâtisse, sur une surface de 16 acres. Mais on doit remplacer les toits tous les 20 ans, il n’y aura donc jamais plus d’arbres d’une cinquantaine d’années », déplore-t-il.

« De plus, nous n’avons plus le moyen de savoir l’impact réel sur l’environnement, puisque les terres gouvernementales sont maintenant exemptées d’analyse environnementale. »

À ce sujet, la docteure Stopps indique que la question des évaluations environnementales est très intéressante. Selon elle, le gouvernement Ford s’est exempté lui-même de ces évaluations, spécifiquement pour ce projet.

« Cela dit, il y a eu des évaluations initiales du site, notamment sur les espèces présentes et l’importance culturelle du lieu. Nous savons donc certaines choses. Il y aura certainement des risques d’impacts environnementaux. »

Malgré les pertes, il reste un espoir de voir le projet échouer

« Il reste des problèmes qui nous laissent croire que ça va être difficile pour eux », raconte Ken Greenberg. « Le terrain sur lequel le gouvernement souhaite construire le stationnement étagé de plus de 2 500 places est municipal. Même s’ils peuvent l’exproprier, ce sera une bataille politique. »

« Plus personnellement, j’espère encore que la compagnie Therme va quitter le champ. C’est tellement peu populaire et il y a tellement de résistance. »

Toujours d’après l’urbaniste, nous perdons deux éléments essentiels. « D’une part, la création d’un architecte majeur, Eberhard Zeidler, qui était l’un des meilleurs de son époque, et le travail d’un paysagiste de renom, Michael Hough. D’autre part, la destruction du Centre des sciences, qui laissera place à une version très réduite et peu fonctionnelle sur le même site, ainsi qu’une vaste expansion de Live Nation juste à côté. En ce qui concerne le spa, imaginez un édifice de la taille d’un stade. Si l’on considère la taille de ce projet en trois dimensions, cela montre à quel point le spa est colossal. C’est inimaginable. »

Aucune date d’ouverture n’a pour le moment été avancée, mais Therme Canada assure que la construction commencerait dès que le site serait prêt.

Le français en Nouvelle-Écosse : des formes traditionnelles, mais une langue bien vivante

BAIE SAINTE-MARIE – C’est une grosse année pour les francophones de la Nouvelle-Écosse. La province vient d’accéder au statut de membre observateur de l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF). Plus tôt cette année, les régions de Clare et d’Argyle accueillaient le Congrès mondial acadien (CMA), célébrant par le fait même son tout premier Mois du patrimoine acadien .  C’est au CMA qu’ONFR a rencontré le sociolinguiste Philip Comeau. Lui-même originaire de la région, il présentait ses travaux de recherche dans une causerie intitulée : L’évolution du Français acadien de Clare : Nouveaux résultats.

Il explique entre autres que quand on parle du français acadien, on englobe tous les dialectes, mais on oublie parfois qu’il y en a plusieurs, au moins autant que le nombre de communautés. « Il y a des musiciens d’ici qui se font dire qu’ils parlent en chiac mais nous, ce n’est pas un terme qu’on utilise, ici. Nous, c’est l’acadjonne, qui est la façon locale de prononcer le mot acadien. »

L’auteur-compositeur-interprète Jacques Alphonse Doucet (Jacobus) s’était d’ailleurs confié sur le sujet lors d’une Rencontre d’ONFR, l’an dernier. « Toute ma carrière, les médias ont rapporté que je chantais en chiac. Je n’ai jamais parlé chiac, expliquait-il. C’est la seule chose pour laquelle je dois me battre, mais je le fais avec plaisir parce que c’est important. »

« Je n’ai jamais parlé chiac. Ce n’est pas mon accent ni mon dialecte. C’est GABIO, l’autre gars de Radio Radio, mais pas moi. » (Jacobus) Sur la photo : Radio Radio en spectacle au Congrès mondial acadien : le néo-écossais Jacobus à gauche et le néo-brunswickois GABIO à droite. Photo : Rachel Crustin / ONFR

Les études qui portent spécifiquement sur le français de cette région sont rares. La plus récente à avoir été complétée date des années 1980. En 2016, Philip Comeau a entamé une nouvelle étude, s’attardant particulièrement au français des Acadiens de Clare dans la vingtaine et la trentaine. Même si la retranscription n’est toujours pas complétée, le sociolinguiste peut déjà discuter de ses conclusions, parfois étonnantes.

« La conscience que le parler d’ici était différent a joué dans mon intérêt de vouloir étudier le français d’ici. »
— Philip Comeau

Même l’acadjonne de la région de Clare et celui de sa voisine Argyle diffèrent l’un de l’autre, plaide Philip Comeau. « Même à l’intérieur de Clare, du monde de différents villages vont point sonner tout à fait la même affaire », explique-t-il dans cette variante du français dans laquelle il a lui-même grandi.

Le sociolinguiste Philip Comeau étudie le français acadien depuis plus de quinze ans. Il est également professeur à l’Université du Québec à Montréal. Photo : Rachel Crustin / ONFR

Impossible donc de dire combien de dialectes existent en Acadie ou dans le monde. « Pour un linguiste, tout le monde parle un dialecte. Le président de la France parle un dialecte (comme) le pêcheur sur le quai parle un dialecte. Mais il y a des dialectes qui sont plus valorisés que d’autres, qui deviendront le modèle, le standard de la langue. »

Le « bon vieux temps », vraiment?

Ce qui distingue les dialectes du sud-ouest de la Nouvelle-Écosse, c’est qu’ils ont conservé certaines formes traditionnelles disparues des autres communautés francophones, sans que l’on sache exactement pourquoi.

On entend souvent dire que les locaux parlent un vieux français, mais ce n’est pas tout à fait juste, nuance Philip Comeau. Dans sa conférence, il explique qu’une langue parlée est nécessairement une langue vivante, et qu’une langue vivante est une langue qui change. Il serait peu probable que l’acadjonne soit la seule langue vivante et immuable.

« Il y a beaucoup de traces du français du 17e siècle. C’est point rien que les formes, nous nous en servons des mêmes façons qu’ils s’en servions en France dans le 17e siècle. Mais la langue est point figée. »

Forme traditionnelle Exemple
Palatisation des consonnes : La langue frappe le palais. Entre autres, le son K devient TCH.« Le quai » sera prononcé « le tché ».
Ouisme : le son O devient OU.« Le homard » sera prononcé « le houmard ».
L’utilisation du mot « point » au lieu du « ne… pas » dans les phrases négatives.« Ils sont point pareils. » (Ils ne sont pas pareils.)
L’utilisation de vocabulaire maritime.Des hardes (des vêtements), amarrer (attacher), haler (tirer), etc.
Le pronom « je » à la première personne du pluriel, ou la troisième personne du pluriel accordée en « ons ».« J’avions eu de la neige. »
« Ils les tirons. »
L’utilisation de temps de verbes comme l’imparfait du subjonctif ou le passé simple, avec variantes.« Ils la vurent. »
Quelques exemples des formes traditionnelles conservées dans le français de la Nouvelle-Écosse. Elles peuvent se manifester au niveau de la prononciation, du vocabulaire ou de la construction de phrase.

Son étude entamée en 2016 vient d’ailleurs appuyer une conclusion particulièrement étonnante qui avait déjà été relevée dans les années 1980. Les jeunes Acadiens de la Baie Sainte-Marie utilisent certaines formes traditionnelles dans une proportion croissante, allant jusqu’à 95% en 2016 pour l’accord de la première personne du pluriel en « je… ons ».

Aujourd’hui, l’utilisation du mot « point » au lieu du « ne pas » dans les phrases négatives a complètement disparu du Nouveau-Brunswick. Elle était pourtant présente à 79% chez les jeunes de la Baie-Sainte-Marie (Nouvelle-Écosse) dans les années 1980, et à 90% en 2016.

Le musicien P’tit Belliveau, 28 ans, est originaire de la région de Clare et connaît un succès retentissant en faisant résonner son dialecte sans compromis . Photo : Rachel Crustin / ONFR

Présente à la conférence, Nathalie O’Neil, 16 ans, ne voit pas pourquoi elle abandonnerait ces formes traditionnelles. Questionnée par ONFR, la jeune femme originaire de Station-de-Saulnierville, un village de la Baie Sainte-Marie, explique ne pas avoir besoin de changer sa façon de parler lorsqu’elle discute avec des amis, parce qu’ils se comprennent tous.

Elle croit que les générations précédentes ont peut-être davantage le réflexe de changer leur niveau de langage pour se faire comprendre des autres francophones, ce qu’elle fait aussi lorsque le contexte s’y prête.

« Il y a beaucoup de monde qui le comprend point, so des fois c’est une bonne affaire à pouvoir changer une miette. »
— Nathalie O’Neil

Philip Comeau a été le premier surpris de constater ce retour des jeunes vers les formes traditionnelles lorsqu’ils se parlent entre eux. Il explique que dans l’imaginaire collectif, on pense souvent que les grands-parents s’expriment dans un acadjonne plus authentique, que c’était « mieux avant ».

« On aurait peut-être cru que le français (des jeunes) de Clare allait plus sonner comme le français de Moncton, ou comme le français du Québec, ou comme d’autres dialectes. Mais c’est point du tout le cas. Le français de Clare, il est différent et il reste différent », martèle Philip Comeau.

Cette utilisation des formes traditionnelles fait-elle partie d’un mouvement de réappropriation culturelle, un peu comme on peut l’observer chez les communautés autochtones? L’étude de Philip Comeau ne peut pas répondre à cette question, même s’il trouve l’hypothèse plausible.

Toutes générations confondues, les Néo-Écossais ne se sont pas gênés pour afficher leur fierté culturelle et linguistique durant le Congrès mondial acadien. Photo : Rachel Crustin / ONFR

Le fait que la Nouvelle-Écosse n’ait pas de frontière commune avec le Québec est une autre idée des sociolinguistes pour expliquer pourquoi cette région a évolué différemment des autres.

 « Des fois, c’est pour des raisons sociales de fierté, de revitalisation de la langue, puis des fois, ça l’est point, avance Philip Comeau. Ça se peut que le français de Clare a seulement été isolé plus que d’autres dialectes » et qu’il a « suivi un chemin différent ».

Évidemment, la langue et la culture sont très liées, surtout dans les communautés minoritaires. « Mais je sais point si c’est en raison de ça que le monde s’en sert plus », rappelle prudemment le sociolinguiste.

De vives discussions

Dans le Centre de curling de Clare, aménagé en salle de conférence, la présentation de Philip Comeau a suscité de la curiosité, des hochements de tête et des discussions animées.

La conteuse Anne Godin a raconté une expérience particulièrement marquante, celle d’aller conter en France et de voir les réactions des spectateurs, qui variaient de région en région.

Au micro d’ONFR, elle précise : « Je conte en français, mais mes personnages parlent acadien. En Normandie, ils n’ont pas compris (les personnages), il a fallu que j’explique. Tandis que quand j’ai été conter dans la région du Poitou-Charentes, je n’ai pas eu besoin d’expliquer. Ils ont vraiment tout compris. Je suis tombée de ma chaise. »

Anne Godin fait un lien direct avec l’histoire, affirmant que les ancêtres des Acadiens étaient plutôt originaires du Poitou, alors que les Québécois descendraient des Normands. Au Québec, elle doit également expliquer les dialogues de ses personnages.

Lorsqu’elle donne des spectacles de contes dans la région de Poitou-Charentes, en France, les spectateurs disent à Anne Godin que ses personnages parlent comme leurs grands-parents. Photo : Rachel Crustin / ONFR

Aussi présent dans la salle, le directeur de l’Association des Acadiens-Métis Souriquois (AAMS), Gaétan Dugas, arguait pour sa part que les origines des Acadiens sont beaucoup plus diversifiées, incluant des ancêtres de l’Irlande, de la Normandie, de l’Espagne et du Portugal, mais surtout des ancêtres issues des communautés autochtones. Sans l’arrivée de Filles du Roy comme au Québec, les colons majoritairement hommes ont épousé des femmes autochtones.

« Il faut avoir du respect pour ce monde-là qui nous a accueillis, exprime-t-il. Nos ancêtres ont été séparés des Européens, donc leurs plus proches voisins étaient les communautés autochtones. On peut s’imaginer toute l’influence que ça pu avoir. »

Gaétan Dugas déplore que les études sociolinguistiques ne se penchent pas sur cette question. « Ça prend des spécialistes pour étudier ça et (…) non pas se limiter seulement au vieux français. »

La conférence de Philip Comeau a suscité de vives discussions au Congrès mondial acadien. Photo : Rachel Crustin / ONFR

Il accole également des raisons historiques à son argumentaire et raconte que les Français de Nouvelle-France (le Québec d’aujourd’hui) ont défriché le territoire en montant dans les terres alors que ceux de l’Acadie se sont tournés vers la mer.

« Ça prenait des outils, un nom pour les outils, un langage pour se parler entre eux pour entretenir les digues et faire le travail dans les champs (…) C’est en partie du vieux français. Mais c’est aussi une langue développée par les acadiens eux-mêmes. »

Enfin, lors de la période de questions, une autre spectatrice a affirmé qu’elle aimerait voir des études qui considèrent l’apport de l’immigration dans l’évolution du français acadien. Quelques dizaines de personnes sont restée au-delà du temps alloué à la causerie afin de continuer la réflexion collective sur les enjeux soulevés.

« On peut vivre et travailler en français en Ontario », a plaidé la ministre Mulroney à Paris

PARIS – Devant les chefs d’État et de gouvernement au 19e Sommet de la Francophonie, la ministre des Affaires francophones, Caroline Mulroney, a défendu la place du français et la pole position économique de l’Ontario au Canada.

Vous avez pris la parole lors de la Conférence ministérielle de la Francophonie. Quel message avez-vous fait passer?

J’y ai fait la promotion de l’Ontario français comme juridiction francophone importante en Amérique du Nord. La majorité des gens ici, quand ils pensent à la francophonie au Canada, pensent au Québec. Alors, j’ai mis en avant le fait que nous avons 700 000 Franco-Ontariens et 1,5 million de personnes qui peuvent parler en français. Nous sommes le moteur économique du Canada. Les gens peuvent venir, travailler et vivre en français en Ontario. Je crois que le message a été très bien reçu.

Quelle différence notable avez-vous perçue entre votre premier sommet à Djerba et celui de Paris?

À Djerba, j’ai eu la chance de conclure la première entente internationale de l’Ontario avec la région francophone de la Belgique, la Wallonie-Bruxelles. Aujourd’hui, j’ai rencontré sa nouvelle ministre-présidente (Elisabeth Degryse) pour évoquer les détails de cette entente et développer de nouvelles pistes de collaboration. On est aussi ravi d’avoir la Nouvelle-Écosse comme nouveau membre de l’OIF. Je viens juste de parler au ministre LeBlanc. Nous allons développer une piste d’entente entre l’Ontario et sa province.

Comment s’articule la voix diplomatique entre le Canada et les autres délégations canadiennes (Ontario, Québec, Nouveau-Brunswick) dans ce type de sommet? Quand Justin Trudeau donne la position du Canada, cela signifie-t-il que l’Ontario est toujours sur la même ligne?

L’Ontario est ici pour faire la promotion de la francophonie, tisser des liens avec les autres pays et organisations. On a beaucoup de chance de faire cela. Le Canada est ici aussi pour faire de la diplomatie. C’est très intéressant d’être à la table pour voir ce que présente le Canada. Mais l’Ontario se concentre vraiment sur comment créer des opportunités pour les francophones de la province.

À ce propos, comment avez-vous perçu cette francophonie des affaires dans les événements autour du Sommet : au Village de la francophonie et au salon FrancoTech?

À Djerba, nous n’avions pas de pavillon. Cette année, on a un grand pavillon qui a connu beaucoup de succès, en partie grâce à une application qui a attiré beaucoup de gens les sensibilisant à l’Ontario, et qui est issue d’une collaboration du ministère du Développement économique et d’autres ministères pour créer ce logiciel. À la Station F où se tenait le salon Francotech, le pavillon a également attiré beaucoup de gens intéressés à faire des affaires avec l’Ontario français. Ils ont développé beaucoup de relations d’affaires.

À l’issue de ce sommet, envisagez-vous d’autres ententes de coopération comme celle de la Wallonie-Bruxelles?

En plus de Wallonie, je me suis entretenue avec les représentants de la Louisiane, du Maroc, de la Slovaquie et d’autres régions (…) J’espère que ces conversations vont mener à d’autres collaborations avec l’Ontario.

La Nouvelle-Écosse entre dans le cercle de la francophonie internationale

PARIS – La Nouvelle-Écosse a été élue ce samedi membre observateur de l’Organisation internationale de la Francophonie, a appris ONFR sur place au Sommet de la Francophonie. La province maritime rejoint ainsi les 88 pays, régions et gouvernements membres de l’organisation.

« On est très content de devenir membre observateur de l’OIF », a réagi au micro d’ONFR sur place à Paris, Colton LeBlanc, ministre des Affaires acadiennes et de la Francophonie.

« Ce sont plus de 400 ans d’histoire francophone depuis l’arrivée du premier établissement français sur nos côtes. On est une communauté vibrante et avoir notre place à la table de la francophonie internationale est très important. »

Déposée en mars dernier, sa candidature avait passé un premier barrage de sélection, le Comité sur les demandes d’adhésion ayant émis un avis favorable lors du Conseil permanent de la Francophonie. Ce samedi, ce sont les chefs d’États et de gouvernements qui ont délibéré à huis clos pour finalement se prononcer en faveur du nouveau statut.

La Nouvelle-Écosse, qui compte près de 35 000 Acadiens et francophones, devient donc le cinquième membre canadien après le Canada, le Québec, le Nouveau-Brunswick et l’Ontario. Les trois premiers sont membres permanents, tandis que l’Ontario est observateur.

Le ministre LeBlanc a d’ailleurs salué la solidarité du Canada et des provinces voisines déjà membres. « Leur appui a certainement mené au succès aujourd’hui », s’est-il réjoui, bénéficiant en outre de l’élan du Congrès mondial acadien qui s’est déroulé l’été dernier.

Les autres membres retenus à titre de membres observateurs sont le Chili, l’Angola, la Polynésie et la région allemande de la Sarre, ce qui porte à 93 le nombre de pays appartenant à l’OIF, tandis que Ghana et Chypre passent de membres associés à permanents.

Selon le recensement le plus récent de Statistique Canada (2021), 3 % des Néo-Écossais parlent le français à la maison, 3,3 % l’utilisent régulièrement au travail et 8,8 % des immigrants sont capables de soutenir une conversation en français.

Au cours des 30 dernières années, la proportion de la population pouvant soutenir une conversation en français a augmenté de 8,8 % en 1991 à 10,4 % en 2021, une tendance principalement attribuable à l’augmentation du bilinguisme chez les personnes ayant l’anglais comme première langue apprise dans l’enfance.

La province a récemment actualisé sa Loi sur les services en français, 20 ans après son adoption en 2004, notamment en faisant du ministre responsable des Affaires acadiennes et de la Francophonie le garant exclusif de son respect et de son application, en plus de la reconnaissance d’un comité consultatif.

Quant à savoir quelle place compte occuper la province dans la francophonie internationale, M. LeBlanc indique que, « fidèle à la devise acadienne, L’union fait la force, on travaillera de façon collaborative avec les autres juridictions internationales et on s’assurera de la protection et de la promotion de la langue française ».

Et de citer un possible rapprochement avec l’Ontario : « On a discuté de cela aujourd’hui avec la ministre ontarienne et les discussions vont se poursuivre ».

Couper les ponts avec le pont Alexandra?

Chaque samedi, ONFR propose une chronique sur l’actualité et la culture franco-ontarienne. Cette semaine, l’historien et spécialiste de patrimoine Diego Elizondo.

La Commission de la capitale nationale (CCN) a dévoilé cette semaine ses trois nouveaux plans conceptuels pour le pont Alexandra, qui relie Ottawa à Gatineau, près de la colline du Parlement.

Le gouvernement fédéral de Justin Trudeau a fait son choix de mettre une croix sur ce pont historique, patrimonial et emblématique de la capitale fédérale en le remplaçant par un nouveau d’ici 2032. Au grand dam des défenseurs du patrimoine des deux côtés de la rivière des Outaouais.

Une prouesse d’ingénierie canadienne directement liée à l’histoire ferroviaire du Canada

Celui qu’on appelle aussi le pont Interprovincial ou encore pont Royal Alexandra a été construit en 1898-1900 par la compagnie Dominion Bridge de Lachute, au Québec, pour relier Ottawa, en Ontario, à Hull, au Québec.

Le gouvernement fédéral contribuera financièrement à la construction du pont avec 112 500 $ en subventions. L’Ontario accordera 50 000 $ tandis que la Ville d’Ottawa contribuera le plus avec 150 000 $… à condition qu’au moins une voie soit réservée à la circulation routière (alors balbutiante) sur le pont (ce qui fut accordé).

Prouesse architecturale, c’était la première fois qu’une entreprise canadienne relevait ce défi d’ingénierie d’une telle ampleur. Le pont Alexandra est au moment de sa construction le plus long pont en porte-à-faux au Canada et la plus grande structure d’acier construite en Amérique du Nord. Sa travée principale mesurait 170 mètres, était la plus longue au pays à l’époque et l’une des plus longues au monde.

Sa conception novatrice présente une fabrication entièrement en acier et un tablier central en treillis.

Encore plus important, le pont Alexandra fut le premier conçu de cette ampleur par une équipe formée exclusivement d’ingénieurs et des concepteurs canadiens.

Il sera aussi le premier pont de style cantilever en acier de la région et précurseur de deux autres illustres ponts de ce style construits quelques années plus tard, soit le pont de Québec (1919) et le pont Jacques-Cartier (1930), à Montréal.

Au début du XXe siècle, un autre pont existait déjà pour relier l’Ontario et le Québec dans la région de la capitale nationale, soit la traverse des Chaudières. Si le projet du pont Interprovincial/Alexandra voit le jour, c’est en raison de l’expansion du réseau de chemin de fer, en pleine ascension au Canada.

Le Pont Interprovincial (ou Pont Alexandra) pendant sa construction, 1901. Crédit photo : Bibliothèque et Archives du Canada/Topley/PA-013866

L’objectif premier avec ce nouveau tronçon était de construire un pont ferroviaire afin de relier les voies ferrées du côté d’Ottawa et du côté de l’Outaouais québécois (autant les villes riveraines comme Hull que pour desservir l’arrière-pays comme la Haute-Gatineau et le Pontiac).

Le pont est ouvert à la circulation des trains, tramways électriques, chevaux, chariots et piétons en février 1901 et inauguré le mois suivant en grande pompe.

Les tramways y circuleront jusqu’en 1946 tandis que le dernier train l’emprunte en 1966, marquant la fin d’une ère. La même année, la Commission de la capitale nationale se porte acquéreur du pont auprès de la compagnie ferroviaire Canadien Pacifique.

Les rails seront définitivement retirés du pont en 1970 et le pont est alors reconverti comme axe de la circulation automobile entre les deux rives, bien qu’il demeure (et de loin) le pont le plus emprunté pour la mobilité active (marche, vélo) des six ponts reliant Ottawa à Gatineau.

Quelques personnalités l’ont déjà emprunté telles que la Reine Elizabeth II ou le Pape Jean-Paul II. Justin Trudeau et l’ancien président mexicain Enrique Peña Nieto y ont déjà fait du jogging ensemble.

Encore plus symbolique, le lendemain de la fête du Canada en 2017, la première ministre de l’Ontario Kathleen Wynne, le premier ministre du Québec Philippe Couillard, le maire d’Ottawa Jim Watson et le maire de Gatineau Maxime Pedneault-Jobin avaient pique-niqué tous ensemble sur le pont Alexandra pour souligner le 150e anniversaire de la Confédération canadienne. Le journal Le Droit écrivait alors : « en plein centre du pont Alexandra, les deux premiers ministres provinciaux se sont rencontrés et se sont embrassés, en signe d’une réconciliation qui perdure entre les deux peuples, malgré des épisodes plus tumultueux de l’histoire canadienne ».

La première ministre de l’Ontario Kathleen Wynne, le premier ministre du Québec Philippe Couillard, le maire d’Ottawa Jim Watson et le maire de Gatineau Maxime Pedneault-Jobin avaient pique-niqué tous ensemble le 2 juillet 2017 sur le pont Alexandra pour souligner le 150e anniversaire de la confédération canadienne. Crédit photo : Le Droit.

Valeur patrimoniale du pont Alexandra

En 1995, la Société canadienne de génie civil a désigné le pont Alexandra comme lieu historique national de génie civil en raison de sa conception innovante de pont cantilever à treillis d’acier.

En l’an 2000, le pont Alexandra devient officiellement un élément clé du parcours d’honneur du boulevard de la Confédération qui encercle des deux côtés de la rivière les environs de la cité parlementaire du Canada.

En 2010, à la suite d’une évaluation de la valeur patrimoniale, le pont est classé comme un bien d’ingénierie d’importance historique nationale.

La Ville d’Ottawa l’a également inscrite à son registre du patrimoine en 2017 en raison de ses attributs patrimoniaux et de son intérêt historique.

Le pont a aussi une cote patrimoniale de niveau II (importance historique nationale). Cependant, le pont n’est pas désigné comme lieu historique national dans l’Annuaire des désignations patrimoniales fédérales et n’est donc pas assujetti à des mesures obligatoires de protection et de conservation.

Malgré l’opposition, le fédéral déterminé à démolir le pont

C’est en 2019 lors du dépôt du quatrième budget fédéral par le ministre fédéral des Finances de l’époque, Bill Morneau, que l’intention du gouvernement fédéral de remplacer le pont Alexandra est révélée. Le gouvernement fédéral, à la suite d’une recommandation de Services publics et Approvisionnement Canada (SPAC), demande que le pont soit remplacé d’ici 10 ans. Une option moins coûteuse pour ce pont en fin de vie utile que de le restaurer, selon lui.

Propriété du gouvernement du Canada, le pont Alexandra est entretenu par Services publics et Approvisionnement Canada (SPAC). Dans le cadre de son processus de remplacement, SPAC fait équipe avec la CCN.

Le pont Alexandra, à l’été 2007. Crédit photo : Commission de la capitale nationale (CCN).

En 2021, une coalition interprovinciale composée de défenseurs des secteurs du patrimoine, des transports et de l’environnement a été créée pour protéger l’avenir du pont Alexandra. Parmi les organismes, on comptait dès le début la Société franco-ontarienne du patrimoine et de l’histoire d’Orléans (SFOPHO) qui déclara être : « heureuse d’appuyer cette cause et d’ajouter sa voix à celles d’autres organismes qui ont à cœur l’environnement, l’histoire et le patrimoine de notre région. » La même année, le pont est ajouté à la liste des lieux patrimoniaux menacés de la Fiducie nationale du Canada.

En date d’aujourd’hui, on compte 33 organismes qui se sont joints à la coalition.

Au-delà de la perte patrimoniale que représenterait la démolition du pont Alexandra, la coalition reproche également au gouvernement fédéral son manque de transparence dans le dossier. De fait, les consultations publiques de cette semaine sont les premières occasions depuis 2019 où la population est invitée à se prononcer. Cela dit, son opinion est sollicitée pour qu’elle exprime ses préférences dans les choix des trois concepts de remplacement du pont déjà préchoisis par le gouvernement fédéral. Restaurer le patrimoine n’est pas une des trois options proposées par le gouvernement.

De l’eau va continuer à couler sous les ponts d’ici à ce qu’un nouveau y soit construit au-dessus de la rivière des Outaouais entre Ottawa et Gatineau puisque les travaux de remplacement du pont Alexandra devraient débuter en 2028 pour se terminer en 2032, estime le gouvernement fédéral. Mais pour la sauvegarde du patrimoine est-il déjà trop tard?

Les opinions exprimées dans cet article n’engagent que leurs auteur(e)s et ne sauraient refléter la position d’ONFR et du Groupe Média TFO.

To Be Clear : Mia Kelly offre un parfait album d’automne

OTTAWA – Sorti ce vendredi 4 octobre, le nouvel opus de Mia Kelly confirme la place de cette jeune autrice-compositrice-interprète dans le paysage folk canadien. Avec sa voix enveloppante, l’artiste offre un parfait album d’automne en 10 titres. Les huit chansons en anglais et deux chansons en français rappellent sa famille exogame, mais racontent surtout ses expériences et celles dont elle a été témoin. ONFR s’est entretenu avec Mia Kelly au sujet de To Be Clear.

« Je me sens ultraprête, et en même temps vraiment nerveuse, fébrile. J’ai hâte de voir la réception du public, » s’exclame Mia Kelly au bout du fil.

L’honnêteté et la communication sont des thèmes récurrents des histoires racontées sur To Be Clear. Ces valeurs sont « parfois très difficiles, mais vraiment importantes » à honorer.

Le titre de l’album est d’ailleurs tiré de la chanson Meaning Well : « Mama said, to be clear is to be kind. » (Maman m’a dit : être clair, c’est être gentil.)

Dans le même ordre d’idée, le titre Si j’étais franche raconte un amour d’été, où la jeune femme a eu du mal à être directe. « La chanson dévoile un peu mon message, que je n’ai pas exactement transmis de façon honnête », explique-t-elle.

Les paroles de Si j’étais franche pourraient facilement être accolées à la génération de vingtenaires dont fait partie Mia Kelly. La principale intéressée acquiesce avec nuances. « Je m’identifie à une difficulté à se dédier à quelque chose (…) même si je pense que ce n’était juste pas la bonne situation pour moi. C’est important de quitter. »

Vidéoclip officiel de la chanson Si j’étais franche.

On pourrait qualifier Meaning well et Si j’étais franche de chansons-sœurs. C’est la même chose pour Lone Dog et Rideau tombe, deux extraits dévoilés en même temps il y a quelques semaines.

« Les deux touchent au même sujet. J’ai été témoin d’une situation d’abus qui s’est déroulée très près de ma vie personnelle. Ça m’a vraiment affectée », explique Mia Kelly. Si Lone Dog évoque un personnage fictif, la chanson francophone est plus directe. Elle retourne la situation du point de vue de l’abuseur et de sa victime.

« J’ai essayé de traiter le sujet d’une façon très délicate, car c’est un sujet très lourd et délicat à la fois. J’ai écrit la chanson et j’ai demandé la permission de la survivante pour la partager. »

Deux langues, deux univers qui s’entremêlent

Née d’un père québécois francophone et d’une mère ontarienne anglophone, l’artiste évolue depuis toujours dans cet environnement exogame très présent chez les familles de la région d’Ottawa-Gatineau.

« Les deux langues sont vraiment entremêlées dans ma vie, donc c’est seulement naturel d’écrire dans les deux langues », même si l’expérience et la poésie sont bien différentes. Ce qui détermine la langue choisie pour une chanson est circonstanciel. « J’écris dans la langue dans laquelle s’est déroulée la situation de laquelle je parle. »

Par exemple, une histoire vécue avec son père francophone lui inspirerait naturellement une chanson en français, puisque c’est la langue qui représente cette relation. Ce système de tri inconscient est présent depuis l’enfance. Sa sœur et elle parlaient en français lorsqu’elles parlaient de l’école, mais en anglais lorsqu’elles parlaient de leurs grands-parents maternels, par exemple.

Pochette de l’album To Be Clear de Mia Kelly. Gracieuseté de Six média marketing

Sur la pente ascendante

À 21 ans, Mia Kelly vit de sa musique à temps plein. Sa carrière est en pleine ascension, mais elle est top occupée à surfer sur la vague pour prendre le temps de le réaliser.

« Dans les dernières années, ça a été quand même graduel comme progression. Mais je sens que ces temps-ci, c’est vraiment plus occupé. J’ai un automne rempli à craquer. J’ai un peu dit oui à tout, cette année. Ça fait longtemps que je plonge la tête première dans ce domaine, mais là, on dirait qu’il y a plus de retombées qui me reviennent. »

La jeune femme a d’ailleurs reçu les prix de Young Performer of the Year et Emerging Artist of the Year aux Canadian Folk Music Awards 2024. Des prix qu’elle n’a pas pu accepter en personne, car elle était en vitrine à la Tallinn Music Week, en Estonie. « Je l’ai appris en ligne en écoutant la diffusion en direct. Il était environ 3 h du matin en Estonie. J’étais avec ma gérante, on a vécu un beau moment ensemble, on était super fières. C’est vraiment un honneur d’être reconnue dans ma communauté. »

À 21 ans, Mia Kelly est déjà bien reconnue dans l’industrie de la musique canadienne. Photo : Randy Kelly

En plus d’assurer les premières parties d’autres artistes, dont l’auteur-compositeur-interprète Bobby Bazini, Mia Kelly se prépare à jouer son deuxième album en tournée. Ses spectacles à venir se dérouleront majoritairement en solo. Elle compte présenter To Be Clear dans son entièreté, en plus de chansons de ses projets précédents et même certaines plus récentes, qui n’ont jamais été enregistrées et se retrouveront peut-être sur un troisième opus.

Deux événements de lancement auront lieu prochainement en Ontario : au Rivoli de Toronto le 16 octobre, et à la Quatrième salle du Centre national des arts d’Ottawa le 19 octobre. Tous les billets ont déjà trouvé preneurs dans la capitale, mais Mia Kelly sera de retour en février 2025.

Le projet de loi sur l’épidémie de violence entre partenaires intimes toujours au même point

TORONTO – Six mois après que le gouvernement Ford ait appuyé le projet de loi 173, visant à déclarer la violence entre partenaires intimes (VPI) une épidémie, des associations, défenseurs des droits et députés attendent toujours que le gouvernement agisse. Le projet de loi a été renvoyé au Comité permanent de la justice après la deuxième lecture, le 10 avril 2024.

À Queen’s Park, la députée du Nouveau Parti démocratique Kristyn Wong-Tam a rencontré plusieurs experts, chercheurs et militants au sein de ce comité, afin d’établir un plan d’action susceptible d’accélérer la prise de décision du gouvernement.

« Le projet de loi 173 aurait pu être adopté dès avril dernier par le gouvernement provincial »
— Kristyn Wong-Tam

« Le projet de loi 173 aurait pu être adopté dès avril dernier par le gouvernement provincial, affirme-t-elle. Au lieu de cela, ils l’ont envoyé en comité pour être étudié, alors que cette question a déjà été largement examinée. Nous avons des rapports, des enquêtes de coroners, l’enquête du comté de Renfrew, le rapport sur les femmes autochtones disparues et assassinées, ainsi que le rapport de la Commission sur la tuerie de masse en Nouvelle-Écosse. Toutes ces informations sont disponibles. Il n’était pas nécessaire de réétudier la question. »

Cependant, l’objectif principal du comité demeure de déclarer une épidémie de violence conjugale. La députée, qui s’est engagée dans des mois de consultations, compte « en tirer le meilleur parti, mais demander aux experts ou aux survivantes de répéter leurs témoignages est une perte considérable de temps et d’argent, surtout que nous avons déjà des recommandations que Doug Ford n’a même pas encore mises en œuvre ».

Une nouvelle étude qui rappelle l’ampleur du travail à accomplir

À la suite de ses consultations, le Comité permanent de la justice a formulé des recommandations préliminaires pour que le gouvernement provincial mette en place davantage de programmes d’éducation et de prévention, notamment dans les écoles, à destination des jeunes et des jeunes adultes.

« Les premiers signes, comme la maltraitance animale, sont souvent liés à la violence entre partenaires intimes (VPI) et doivent être détectés grâce à une formation renforcée des premiers intervenants, vétérinaires et professionnels du droit », indique la députée néo-démocrate dans ses notes.

La députée NPD pour Toronto-Centre, Kristy Wong-Tam. Photo : La presse canadienne/Christopher Katsarov

Les experts ont également recommandé que les forces de l’ordre soient formées à reconnaître que le contrôle coercitif constitue une forme de violence, et que les victimes n’ont pas toujours des blessures visibles.

Il est également suggéré que la justice ontarienne améliore ses pratiques, en particulier en tenant compte des 1 326 cas de VPI et de violence basée sur le genre (VBG) rejetés par les tribunaux de l’Ontario l’an dernier. Le comité recommande également des modifications du Code criminel pour offrir davantage d’options de justice réparatrice, ainsi qu’une approche intersectionnelle tenant compte du genre dans les budgets et les plans de logement, afin de mieux répondre aux enjeux de pauvreté et d’itinérance genrées.

« Le gouvernement se concentre sur des actions qui produisent des résultats concrets et tangibles »
— un porte-parole du ministère des Services à l’enfance et des Services sociaux

De ce côté, le ministère des Services à l’enfance et des Services sociaux et communautaires a confirmé à ONFR attendre avec impatience l’examen du rapport du comité.

« En ce qui concerne la prévention de la violence contre les femmes et les enfants ainsi que l’aide aux survivantes, le gouvernement se concentre sur des actions qui produisent des résultats concrets et tangibles », a partagé le porte-parole du ministère par échange de courriels.

Affirmant également être impliqué dans le financement de plusieurs programmes et projets pour soutenir les services de lutte contre la violence fondée sur le genre, le ministère a déclaré : « Dans le cadre de la prochaine phase, le 16 août dernier, nous avons lancé un appel à propositions pour des programmes communautaires visant à prévenir et à traiter la violence fondée sur le genre. Le financement de cet appel à propositions est d’environ 100 millions de dollars sur trois ans, et les candidats retenus devraient être annoncés à la fin de l’automne. »

Des solutions immédiates à mettre en œuvre

Dans une entrevue accordée à ONFR, la députée Kristyn Wong-Tam souligne qu’après dix jours de consultations dans le cadre de la première phase de cette étude, un travail considérable reste à accomplir.

« Il est demandé au gouvernement de recueillir de meilleures données et d’investir dans un financement adéquat du système judiciaire. Certaines organisations appellent à davantage de campagnes d’éducation et de sensibilisation du public dès le plus jeune âge, car nous savons que la violence est évitable grâce à des indicateurs précoces », estime-t-elle.

Le commissaire à la protection de la vie privée de l’Ontario a publié de nouvelles lignes directrices à l’intention des professionnels de la violence conjugale. Cette initiative fait suite à l’enquête du coroner sur les décès de Carol Culleton, Anastasia Kuzyk et Nathalie Warmerdam en 2015 dans le comté de Renfrew, qui a conduit à 86 recommandations pour améliorer le traitement des cas de VPI. Photo : Canva

Les données sur la violence conjugale en Ontario sont préoccupantes : en 2022, plus de 38 000 incidents de violence conjugale ont été signalés à la police. Plus récemment, la police de Sudbury a rapporté à CBC qu’elle reçoit plus de 100 appels liés à la violence conjugale chaque semaine, tandis que la police d’Ottawa a confirmé qu’elle répond à plus de 500 appels de ce type chaque mois. Depuis janvier 2024, plus de 4 300 appels ont été traités.

Un nouvel outil pour aider les intervenants

La commissaire à l’information et à la protection de la vie privée Patricia Kosseim et son bureau ont été chargés, dans l’une des 86 recommandations issues de l’enquête de Renfrew en 2022, de développer un outil en langage clair destiné aux professionnels œuvrant dans le domaine de la violence conjugale, afin qu’ils puissent prendre des décisions éclairées concernant la confidentialité et la sécurité publique. Cet outil, lancé en août 2024, vise à guider les intervenants dans des situations où le consentement des victimes n’est pas possible.

Selon Mme Kosseim, de nombreuses victimes ont été consultées lors de l’élaboration de ce document. Leurs témoignages ont permis d’incorporer des éléments liés à la méfiance envers le système ainsi qu’aux obstacles culturels et linguistiques.

Patricia Kosseim est commissaire à l’information et à la protection de la vie privée de l’Ontario. Photo : CIPVP

Pour ce qui est du projet de loi 173, « le débat est très intéressant, pense-t-elle. D’une part, il traite la question de si oui ou non, nous devrions en Ontario déclarer la violence conjugale comme étant une épidémie. Mais, aussi important, c’est de savoir quoi faire par la suite, d’organiser les ressources et passer à l’action. »

D’après la commissaire, ce nouvel outil de langage simple est une première pierre à l’édifice.

Des organismes à bout de souffle

Les organismes de lutte contre la violence faite aux femmes réclament davantage de financement pour les refuges, le counseling et les programmes de prévention. À Toronto, Dada Gasirabo, directrice d’Oasis Centre des femmes, constate une augmentation des cas de violence conjugale depuis la pandémie.

« Non seulement la violence a augmenté, mais elle a aussi changé de forme, avec des manifestations que nous n’avions pas observées auparavant »
— Dada Gasirabo

En 2022, 184 femmes ont été tuées en Ontario et, plus récemment, 46 femmes ont été assassinées entre novembre 2023 et juillet 2024. « C’est une épidémie, et le gouvernement provincial banalise cette situation », déclare-t-elle.

Dada Gasirabo travaille dans le secteur de la violence faite aux femmes avec Oasis Centre des Femmes et Action Ontarienne Contre la Violence Faite aux Femmes (AOCvF). Elle est directrice générale du Centre Oasis à Toronto. Photo : Gracieuseté de Dada Gasirabo

Selon Dada Gasirabo, les ressources sont inégalement réparties. Par exemple, à Toronto, les femmes francophones n’ont accès qu’à deux ressources spécifiques pour elles.

« Cela nous dépasse, avoue-t-elle. Parfois, on se sent impuissants, incapables de trouver des places pour certaines femmes. C’est impensable de dire à une femme de retourner d’où elle vient. »

Enfin, pour la directrice, il est crucial de démontrer que la violence est véritablement endémique en mesurant son impact à travers les générations.

« Nous voyons des enfants qui ont été exposés à la violence ou en ont été victimes dans leur enfance. Dans 32 % des cas, ces enfants deviennent à leur tour des abuseurs, infligeant de la violence à leur propre famille ou partenaire. Cela illustre bien la transmission intergénérationnelle de la violence. »

À FrancoTech, quand le monde entier découvre que l’Ontario aussi parle français

PARIS – Immersion ce jeudi dans le salon de l’innovation FrancoTech où, à la veille du Sommet de la Francophonie, des entrepreneurs franco-ontariens créent la surprise et tentent de bâtir des relations d’affaires internationales.

Roumanie, Sénégal, Québec, Côte d’Ivoire… Pour atteindre la vitrine de l’Ontario au salon FrancoTech, il faut se frayer un chemin dans un dédale de kiosques nationaux et d’agences de développement économique où fourmillent un millier d’entrepreneurs et investisseurs francophones venus de plusieurs dizaines de pays.

Nous sommes au cœur de la Station F, un ancien dépôt ferroviaire reconverti depuis 2017 en un gigantesque campus d’entreprises en démarrage, à quelques pas de la Bibliothèque nationale de France. Pour cette toute première édition, les acteurs économiques de la province sont parvenus à s’immiscer dans la programmation pour faire connaître les avantages à commercer avec la province.

Tout autour du pavillon, visiteurs et exposants voisins découvrent pour la plupart pour la première fois la francophonie ontarienne et n’en reviennent pas. C’est pour certains une expérience aussi nouvelle qu’inattendue. « Je ne savais pas du tout qu’on parlait français en Ontario. Pour moi, la francophonie au Canada, c’était juste le Québec », lâche spontanément Xavier, un investisseur français. Et il n’est pas le seul à penser cela.

Karima Catherine-Goundiam (à droite), fondatrice de B2BeeMatch. Photo : ONFR/TFO/Rudy Chabannes

Il faut dire que l’Ontario n’a rejoint l’OIF que depuis 2018 et a attendu 2022 pour participer activement au Sommet de la Francophonie à titre de membre observateur, un titre qu’il souhaite pour l’heure conserver, malgré l’appel de la secrétaire générale à s’impliquer encore plus.

« On a encore le besoin de faire savoir aux gens à l’étranger qu’il y a des francophones au Canada à l’extérieur du Québec et, pour cette simple raison-là, notre présence est essentielle aujourd’hui », estime Dominic Mailloux, président de la Fédération des gens d’affaires de l’Ontario.

Autour de lui, des gens d’affaires aux parcours et aux horizons divers, à l’image de Karima Catherine-Goundiam, fondatrice de la plateforme de réseautage B2BeeMatch, qui défend le principal atout de l’Ontario : « On est bilingue. On est à la croisée des Amériques avec cette double culture d’une richesse incroyable. »

Catias Céméus, fondatrice de Kimdja. Photo : ONFR/TFO/Rudy Chabannes

Sa voisine Catia Céméus, fondatrice de la société d’événementiel Kimdja, acquiesce. Elle croit que cette identité a forgé « une belle communauté d’entrepreneurs francophones en Ontario qui permet de faire des connexions facilement dans l’écosystème entrepreneurial. »

Derrière elle, ses collègues de délégation accueillent à bras ouvert les visiteurs, avec à l’appui un nouveau site web déployé sur des tablettes tactiles : ontariopourvous.ca. Sa devise donne le ton : Découvrez le meilleur de l’Ontario. On y apprend les chiffres essentiels, des conseils d’installation ou tout simplement d’excursion et, surtout, comment faire des affaires en français dans la province Open for business.

« À chaque fois qu’on m’entend parler, on me demande si je viens de Montréal. Non, je viens de Toronto et les gens sont très surpris », relate Olivier Poitier, fondateur de GenTech101, une société de conseil en entreprise biomédicale. L’homme d’affaires profite de cette langue commune pour percer des marchés en Suisse, en France, en Afrique du Nord et subsaharienne.

Olivier Poitier, fondateur de GenTech101. Photo : ONFR/TFO/Rudy Chabannes

José Mafra, un autre entrepreneur, n’hésite pas à décrire FrancoTech comme « la Mecque de l’entrepreneuriat en français. Ensemble avec tous les organismes de l’Ontario, c’est excellent de tous avancer dans la même direction », dit-il au moment où la foule se densifie soudainement.

Après le premier ministre québécois François Legault une heure plus tôt, le président français Emmanuel Macron déambule à son tour dans le salon, suscitant curiosité et bousculade, et frôlant le kiosque ontarien.

Ce vendredi, Justin Trudeau, le premier ministre canadien, fera lui aussi un tour d’horizon du salon avant de partir pour Villers-Cotterêts, première étape du Sommet de la Francophonie. Francotech se poursuivra, pour sa part, pour une deuxième et dernière journée avant le clap de fin.

Hybridité des formes d’art

La musique joue un rôle essentiel dans cette semaine culturelle en Ontario. Par la musique, on accède à la danse, qui nous mène à son tour vers le théâtre, qui lui nous entraîne vers la littérature. Alors que les œuvres se découvrent sous différentes formes, voici quelques-unes des nombreuses activités à vivre en français à travers la province. 

Deux talents d’exception en tournée dans le Nord 

La chanteuse, comédienne et animatrice Mélissa Bédard est bien connue au Québec pour sa voix puissante, sa force de caractère et son authenticité attachante. Les diffuseurs franco-ontariens sont tombés sous son charme à Contact Ontarois, en janvier dernier. Un passage qui semble payer puisqu’une tournée de trois dates dans le Nord de l’Ontario se déploie de vendredi à dimanche.

Puisqu’une bonne nouvelle en attire une autre, Mélissa Bédard sera accompagnée au piano de Gregory Charles. L’artiste accompli a récemment annoncé une collaboration plus étroite avec celle à qui il a pu enseigner à l’émission Star Académie, en 2012. 

Les deux artistes à l’énergie débordante seront à la Place des arts de Hearst, au Centre régional de Loisirs culturels de Kapuskasing et à la Place des arts du Grand Sudbury, respectivement vendredi, samedi et dimanche.

Mélissa Bédard offre un spectacle à la fois drôle et touchant. Photo : Nathalie Godin

Nord de l’Ontario, du 4 au 6 octobre. Billets sur le site de Mélissa Bédard.

Des vitrines pour le folk de l’Ontario

L’artiste francophone et abénaquise Mimi O’Bonsawin sera à Mississaugua dans les prochains jours, alors qu’elle est nommée au Festival de musique folk de l’Ontario, dans la catégorie Performing Artist of the Year. Le gala aura lieu ce dimanche et sera précédé de la Folk Music Ontario Conference, où plusieurs artistes offriront des vitrines afin de se faire connaître du public et de l’industrie. Parmi les autres francophones en vitrine, notons les montréalais Adama Daou, Rebecca Jean et Dany Nicolas, ainsi que la néo-brunswickoise Émilie Landry. La formation originaire de Saint-Élie-de-Caxton Les tireux d’roches sera également présente, tout comme l’Okavango African Orchestra, dont certains membres sont francophones. 

Après un premier album complètement en français l’an dernier, Mimi O’Bonsawin débute ces jours-ci des cours d’abénaquis, dans le but d’un jour chanter dans la langue de sa communauté. Photo : Rachel Crustin / ONFR

Mississauga, du 3 au 6 octobre. Détails sur le site de Folk Music Ontario.

La diversité des langues, avec Chloé Sainte-Marie

L’artiste québécoise, accompagnée des musiciens Catherine LeSaulnier et Yves Desrosiers, s’arrêtera au Centre national des arts (CNA) avec son spectacle Maudit silence. À travers la musique et les mots, Chloé Sainte-Marie raconte sa propre quête d’identité, ayant pris forme sur les routes de l’Amérique du Sud. 

Le projet a été élaboré en collaboration avec celle qui a remarqué Chloé Sainte-Marie il y a de nombreuses années, la poète innue Joséphine Bacon, et l’écrivain-géographe Jean Morisset.

Chloé Sainte-Marie explore la diversité des langues d’Amérique et la signification du silence dans Maudit silence. Photo : Camille Gladu-Drouin

Ottawa, le 4 octobre. Détails et billets sur le site du CNA.  

Danser entre grands ou en famille

La Torontoise Lua Shayenne sera de passage dans l’est d’Ottawa vendredi et samedi. La directrice de Lua Shayenne and Company, une compagnie de danse africaine contemporaine et traditionnelle, offrira un atelier de danses et rythmes traditionnels Mandé au Mouvement d’implication francophone d’Orléans (MIFO) le 4 octobre. L’activité, qui intègre aussi les percussions, le chant et les perspectives culturelles, sera suivi d’une dégustation de vins et fromages. 

Le lendemain, c’est toute la famille qui est conviée à 14 h pour une représentation du spectacle jeunesse de Lua Shayenne, Yassama et la calebasse aux cauris traite de persévérance et d’humilité dans ce conte écologique pour les 3 à 6 ans. 

Yassama et la calebasse au cauris roule sa bosse depuis quelques années en Ontario. Photo : gracieuseté du MIFO

Ottawa, les 4 et 5 octobre. Détails sur le site du MIFO.

On ne peut pas sortir Sudbury de la pièce, mais on peut sortir la pièce de Sudbury

Le texte de la pièce Nickel City Fifs, une épopée queer sudburoise sur fond de trous, de l’artiste Alex Tétreault,  sera maintenant accessible à tous, dans une version publiée chez Prise de parole. Le livre sera officiellement disponible le 8 octobre et un événement de lancement aura lieu le 9 à la librairie Panache, située dans la Place des arts du Grand Sudbury. 

Organisé par Prise de parole et le Théâtre du Nouvel-Ontario, l’événement sera animé par la drag queen Jenna Seppa. Son alter ego Michel Gervais est l’un des acteurs de la pièce originale. Et c’est au Zigs, lieu où la pièce se déroule et a été créée in situ, que la soirée se terminera. D’autres lieux accueilleront Nickel City Fifs à l’avenir, puisque la pièce partira en tournée en Ontario en mai et juin 2025.

Alex Tétreault pendant les présentations éclair de Contact ontarois 2024, où il a remporté deux prix pour Nickel City Fifs. Crédit image : Rachel Crustin.

Sudbury, le 9 octobre. Détails sur la page Facebook de l’événement.

Prendre un café avec des écrivains

Un nouveau café littéraire francophone fait son apparition à Toronto, une initiative de L’Association des auteures et auteurs de l’Ontario français (AAOF), en collaboration avec le Conseil des auteures et auteurs francophones afro-canadiens.nes (CAFAC) et le Salon du livre de Toronto. Chaque deuxième samedi du mois, les amateurs de lecture auront rendez-vous au Centre d’innovation sociale de la rue Spadina pour entendre des lectures publiques et discuter avec des auteurs francophones. Le premier café littéraire aura lieu ce samedi en compagnie de Gabriel Osson, Soufianne Chakkouche, Sherman Sezibera et A.M. Matte. Il est également possible de suivre la rencontre en ligne.

De gauche à droite et de bas en haut : Gabriel Osson, qui anime ce nouveau café littéraire (gracieuseté), Soufianne Chakkouche (photo : Ben Addou Idrissi Youness), A. M. Matte (photo : Alexandre Matte) et Sherman Sezibera (gracieuseté). Montage ONFR

Toronto et sur la plateforme Zoom, le 5 octobre. Détails sur le site de l’AAOF.

Un nouveau maire pour la ville de Moonbeam

MOONBEAM – C’est ce jeudi soir que sera assermenté le nouveau maire de Moonbeam, Luc Léonard. Il succède à Éric Côté, qui avait mis fin prématurément à son mandat à la fin du mois d’août.

C’est un retour politique en force pour l’ex-conseiller Luc Léonard, qui avait été conseiller de la municipalité de 1100 habitants de 2014 à 2018.

L’ancien maire de la ville, Éric Côté, avait suscité la surprise en annonçant mettre fin à son mandat afin de pouvoir se consacrer à un nouveau projet professionnel, incompatible avec sa nouvelle fonction.

Le 18 septembre dernier, les conseillers municipaux ont voté pour désigner le nouveau maire parmi l’ex-mairesse de la ville, Nicole Fortier-Levesque, le candidat Claude Boivin et M. Léonard.

Arrivé à égalité avec M. Boivin, c’est finalement un tirage au sort qui a vu Luc Léonard remporter la course à la mairie.

« Les gens qui ont voté, ce sont des gens qui avaient été élus. Donc, c’est la voix des locaux qui s’est fait refléter. Moi, j’ai trouvé que c’était équitable », a-t-il déclaré à ONFR.

Il ajoute avoir décidé de se lancer de nouveau en politique après s’être présenté, sans succès, comme maire en 2018, car il se trouve aujourd’hui dans une meilleure situation personnelle qu’en 2022.

« La communauté à cœur  »

« Mes ancêtres viennent de Moonbeam, j’ai toujours vécu à Moonbeam et j’ai la communauté à cœur », confie le nouveau maire.

Le père de famille explique également que le fait d’avoir trois enfants aux besoins spéciaux l’a encouragé à vouloir un rôle décisionnel à la municipalité.

« Les gens souffrent dans la communauté et, souvent, ils se retrouvent seuls. Mais quand il y a quelqu’un qui peut les comprendre et les encourager, c’est bon. C’est ça qui me motive, d’aider les gens de la communauté en améliorant les services disponibles. »

Selon lui, des obstacles majeurs entravent les possibilités de croissance au sein de la municipalité : « C’est un village qui est trop petit pour être gros et trop gros pour être petit, donc on est tout le temps dans l’impasse au niveau de la construction, du développement. »

Il aimerait notamment aider l’épicerie Coop à grandir et faciliter les démarches pour les petits entrepreneurs locaux qui souhaiteraient se lancer dans des projets.

La ville de Moonbeam compte 70% de personnes ayant le français comme première langue officielle parlée. Crédit image : Inès Rebei/ONFR

Apprendre à être maire

Le nouveau maire, qui travaille parallèlement dans une compagnie fournissant de l’électricité, dit ne pas savoir combien d’heures il devra consacrer à son nouveau rôle.

« Tant que je n’aurai pas vu en arrière des portes, comment se porte la municipalité. Je ne connais pas la santé financière de la municipalité. Je vais pouvoir mieux adapter les heures consacrées. »

Le Franco-Ontarien souhaite également respecter l’importance de la grande communauté francophone de la ville, tout en étant ouvert à celle qui s’exprime en anglais. Il fait savoir que de nombreux arrivants unilingues anglophones sont arrivés dans la municipalité après la pandémie et y sont bien desservis.

« Je ne mets pas à part les anglophones des francophones, il faut juste s’adapter au changement », juge-t-il.

La construction de nouveaux logements et de logements abordables, notamment pour accueillir les nouveaux arrivants et maintenir l’ouverture de l’école de la municipalité, fait aussi partie des priorités du nouvel élu.

Il assumera le rôle de maire jusqu’aux prochaines élections en 2026.

Conflits dans les pays francophones : l’OIF impuissante?

PARIS – Bombardements israéliens au Liban, invasion russe en Ukraine, rébellion armée dans l’est de la République démocratique du Congo, annexion du Haut-Karabakh en Arménie, insurrection djihadiste au Sahel… Attentive au maintien de la paix, l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF) peine pourtant à peser dans la résolution des conflits qui frappent ses membres.

« Nous avons beaucoup de soutien, mais pas vraiment d’outils pour peser sur les forces en place », concède Louise Mushikiwabo, interrogée par ONFR à propos de la guerre au Liban, évoquant « un poids plus moral qu’autre chose ».

De passage au Village de la francophonie, à deux jours du Sommet de la Francophonie, la secrétaire générale de la Francophonie n’a pu que constater l’escalade d’un « conflit qui sort loin des frontières du Liban », ce « pays frère » qui abrite l’ambassade de l’OIF ainsi que 40 % de locuteurs de langue française.

À la suite des bombardements au Pays du Cèdre, la secrétaire générale de l’OIF a, il y a deux jours, par voie de communiqué « exprimé sa solidarité », comme elle l’avait fait un an et demi plus tôt pour l’Ukraine. Face à l’agression russe, elle se disait déjà début 2023 « extrêmement préoccupée par la persistance de l’agression », convaincue que le multilatéralisme restait un « outil incontournable de stabilité mondiale ».

La patronne de l’OIF avait utilisé la même sémantique (« gravement préoccupée ») un an plus tôt à l’égard des incursions du M23 dans l’est de la République démocratique du Congo, un groupe armé soutenu par le Rwanda.

Un manifestant tient un panneau indiquant « Arrêtez de tuer le peuple libanais » lors d’une manifestation pro-palestinienne et pro-libanaise alors que les frappes aériennes israéliennes s’intensifient dans le sud du Liban, le dimanche 29 septembre 2024, à Paris. Photo : AP/Christophe Éna)

Mais aujourd’hui, elle ne se fait plus d’illusion : « Les solutions à ces conflits ne viendront pas d’une organisation multilatérale. Ce qui manque à l’OIF, c’est aussi ce qui manque aux Nations unies. De grands pays sont impliqués (dans ces conflits) et sont à la poursuite de leurs propres intérêts. Ce sont là nos limites. »

Au Liban comme en Ukraine ou en RDC – trois membres de l’OIF : deux permanents et un observateur – qui continuent d’essuyer une violation de leur territoire, la voix de l’OIF ne semble ni attendue, ni entendue. Pour une raison simple : « Le multilatéralisme, ça ne fonctionne plus », estime le journaliste Jean-Benoît Nadeau.

« On n’est plus dans l’après-guerre de 1945. On est dans une ère de retour au bilatéralisme favorisé par les grandes puissances qui divisent pour mieux régner. L’OIF connait les mêmes difficultés que toutes les organisations internationales. »

Un rassemblement à Goma, en République démocratique du Congo, en mai dernier, pour pleurer les victimes de l’attaque du camp de Mugunga trois jours plus tôt. Photo : AP/Moïse Sawasawa

À cela s’ajoute, selon lui, le choix de la secrétaire générale. Pour une organisation qui se vante de favoriser la démocratie, on ne peut pas nier le déficit démocratique dans son pays » (le Rwanda) gouverné par « un des dictateurs les plus durs du moment ».

D’autres observateurs pointent d’ailleurs le manque de leadership de la secrétaire générale. « Les personnes comme M. Diouf (ancien président sénégalais à la tête de l’institution de 2003 à 2014) avaient plus d’ascendant », compare Christine St-Pierre, ancienne ministre québécoise des Relations internationales et de la Francophonie.

« On dirait que ce leadership s’est dilué au fil des années. La prédécesseure de Mme Mushikiwabo, Mickaëlle Jean, n’a pas non plus réussi à s’imposer. L’OIF devrait être incarnée par un visage fort sur la scène mondiale, comme un ancien chef d’État », croit Mme St-Pierre.

Les « intrigues de couloir » au sein d’une institution qui a connu trois administrateurs en six ans ont en outre contribué à effriter la crédibilité de l’institution, ajoute l’ancienne ministre du gouvernement Couillard, citant l’interventionnisme de la France dans la nomination de l’ancienne ministre rwandaise des Affaires étrangères, à un moment où la France voulait assainir ses relations avec ce pays des Grands Lacs, meurtri par le génocide.

Mme Mushikiwabo a pourtant mené plusieurs réformes, au cours des derniers mois, révisant les structures internes de l’OIF pour favoriser la transparence de l’organisation, simplifier la prise de décision et la coopération entre États et recentrant ses actions sur les dossiers les plus pertinents.

Il n’empêche, « il y a toutes sortes de questions sur la façon dont l’argent est géré et sur les priorités de l’OIF, insiste Mme St-Pierre. Mme Mushikiwabo doit s’imposer dans son deuxième mandat vis-à-vis de certains chefs de gouvernement. On n’a pas senti un appui très fort sur ce qui s’est passé en Arménie par exemple, et un silence sur l’Ukraine et le Liban », soupèse l’ancienne journaliste québécoise.

Buscadero, ce nouveau groupe country franco-canadien

OTTAWA – Le 16 mai dernier, quatre musiciens de la région d’Ottawa-Gatineau ont publié le même message sur leurs réseaux sociaux, annonçant la venue de Buscadero au Festival Western de St-Tite. Il s’agissait des premières mentions publiques de ce nouveau groupe country franco-canadien. Une saison plus tard, on en connaît un peu plus sur le projet qui unit Brandon Girouard, Martin Rocheleau, Noah Rivard et Maxime Renaud. Ce dernier s’est entretenu avec ONFR pour expliquer la genèse et les ambitions de la formation naissante.

« On est comme une grosse famille qui fait de la musique ensemble », résume le guitariste originaire de Sainte-Cécile-de-Masham, dans l’Outaouais québécois. C’est que si Buscadero est une nouvelle entité officielle, ses quatre membres se connaissent depuis longtemps.

Il y a Martin Rocheleau et Brandon Girouard, deux membres en règle des Rats d’Swompe. Il y a Noah Rivard, qui remplace régulièrement le batteur Simon Joly au sein de cette formation bien connue des Franco-Ontariens. Et il y a Maxime Renaud, qui évolue dans le milieu du country québécois depuis 2012 et qui a connu Martin et Noah alors qu’ils étaient tous musiciens pour l’auteur-compositeur-interprète Martin Duford.

Brandon Girouard et Martin Rocheleau font tous les deux partie des groupes Les Rats d’Swompe et Buscadero. Photo : Gracieuseté de Buscadero

Tout est dans tout, comme on dit, puisque Martin Duford a également beaucoup côtoyé les Rats d’Swompe, notamment en jouant en première partie de leurs spectacles. Maxime Renaud connaissait donc bien tous ses futurs coéquipiers lorsqu’un « concours de circonstances » l’a amené à accompagner, avec eux, l’autrice-compositrice-interprète Kimberley Gabie dans le pavillon canadien du parc thématique Epcot, au Walt Disney World Resort, à l’été 2023.

En Floride, « on joue beaucoup de musique, mais il y a aussi beaucoup de temps morts. On est en cohabitation. Ça faisait trois ou quatre jours qu’on était ensemble et on s’est dit : on ne peut pas juste abandonner ça, il faut faire quelque chose. La chimie s’est installée, autant hors de la scène que musicalement », raconte Maxime Renaud.

Des débuts à St-Tite

Les quatre amis avaient un nom, un logo, des photos et un projet en gestation depuis plusieurs mois lorsqu’ils ont posé leur candidature pour jouer au paradis québécois des amateurs de country, le Festival Western de St-Tite. Maxime Renaud y avait déjà participé cinq fois par le passé avec son groupe Xception et en parlait avec enthousiasme.

La réponse positive du festival a précipité le projet Buscadero, car il fallait maintenant produire un spectacle de trois heures. Sans musique originale à déposer sur les plateformes d’écoute, il s’agissait d’une occasion de lancer le groupe dans l’univers d’une autre façon.

« On voulait créer le petit boom qu’on a en ce moment. »
— Maxime Renaud

Buscadero s’est quand même offert un spectacle de rodage avant de partir. Les quelques dizaines de personnes présentes au Cabaret M de Cantley (Québec) le 6 septembre 2024 pourront donc affirmer avoir vu le tout premier concert du groupe francophone.

Buscadero avait invité Kimberley Gabie, témoin de la genèse du groupe, à performer avec eux au Festival western de St-Tite. Photo : gracieuseté de Buscadero

« C’était vraiment intime, mais ça a permis d’arriver (à St-Tite) confiants et prêts à livrer le spectacle. » Leur amie Kimberley Gabie s’est jointe à eux sur la scène du festival western. On risque d’ailleurs de voir différents musiciens visiter le groupe au fil des performances, même si le noyau restera composé des quatre garçons.

« Ce qui est le fun avec Buscadero, c’est qu’on n’a pas vraiment de deadline. On n’a pas de contraintes. (…) On est créatifs. On passe beaucoup de temps à réfléchir sur toutes sortes de concepts », explique Maxime Renaud.

Du country franco-canadien

Pour l’instant, Buscadero ne joue que des reprises sur scène, mais des chansons originales seront lancées éventuellement. « On en a déjà d’écrites. On travaille sur un EP, tranquillement », annonce le guitariste.

Le style musical est à la mode, le country n’est plus un plaisir coupable. Buscadero donnera dans le country assumé, mais pas dans le western, ni dans le new country. Leur musique se retrouvera quelque part entre ces deux pôles, influencée surtout par des guitaristes de différentes époques comme Chris Stapleton, Vince Gill, Alan Jackson et John Mayer. Bien sûr, la musique québécoise et franco-canadienne trouve aussi son écho dans le projet.

« On est tous en Outaouais. On est moitié-moitié, deux Québécois et deux Ontariens. Alors, on aime dire que le groupe vient de l’Outaouais, qu’on est Franco-Canadiens. On laisse ça comme ça. C’est sûr qu’on veut explorer les deux marchés. »

Buscadero. De gauche à droite : Martin Rocheleau, Brandon Girouard, Noah Rivard et Maxime Renaud. Photo : Mylène Desbiens Harrison

Alors que Martin Rocheleau et Brandon Girouard connaissent l’Ontario comme le fond de leur poche, Maxime Renaud commence à peine son exploration de ce qui se passe de ce côté de la Rivière des Outaouais. Il s’est rendu à Kapuskasing l’an dernier pour accompagner les Franco-Ontariennes Gabrielle Goulet et Rox Anne. « C’est un milieu qui me fascine. J’ai grandi avec l’Ontario anglophone. Ma tante demeure à Orléans, alors j’ai compris qu’il y avait beaucoup de francophones dans l’Est. Mais (de jouer dans la province) me fait découvrir un autre milieu complètement. »

Cette exploration se fera à un rythme encore non déterminé, au milieu d’un horaire déjà chargé, entre autres, par les tournées des Rats d’Swompe.

« La question va se poser. On va voir comment ça va. Mais ça revient à ce que je disais : on n’a pas de contraintes, on est plus go with the flow. Si le téléphone sonne, on gèrera le problème en temps et lieu. Mais c’est sûr que les rats, ça reste les rats. Mais si les gars peuvent remplir les trous (dans leur horaire) avec Buscadero, qu’on est libres et qu’on s’amuse, c’est parfait. »

Pour leur part, Maxime Renaud et Noah Rivard accompagnent également un autre musicien de l’Outaouais, Ghys Mongeon.

Avec Kimberley Gabie lors du tout premier spectacle de Buscadero, en septembre 2023 à Cantley, en Outaouais. Photo : gracieuseté de Buscadero

Le nom buscadero vient du mot espagnol pour désigner un étui de fusil en cuir. Les quatre musiciens aimaient la référence à la culture western et la consonance du mot, qui se prononce aussi bien en français qu’en anglais.

Ces enseignantes qui partent au bout du monde pour transmettre la langue française

Dans de nombreux pays, l’éducation est le poste avancé du développement de la langue française. En marge du Sommet de la francophonie et de la Journée mondiale des enseignants, ONFR vous fait découvrir des professionnelles de l’éducation parties au bout du monde, de l’Amérique du Nord à l’Asie du Sud-Est, en passant par l’Afrique, pour transmettre cette langue en milieu linguistique minoritaire.

Natalie Bédard a posé ses valises dans la chaleur tropicale de Kigali, la capitale du Rwanda, il y a quelques jours. Pour cette Nord-Ontarienne de Thunder Bay, le changement de décor est radical, le défi professionnel, exaltant.

« Je trouvais que j’avais pris ma retraite trop vite », glisse la conseillère pédagogique, qui cumule trois décennies d’expérience et a trouvé dans le programme canadien de francisation CLÉ une façon de relancer son intérêt pour l’éducation coopérative. « J’ai toujours eu envie de voyager et, un jour, la vie vous rattrape. »

Dans son école, le choc est tout aussi frappant. Chaises en bois, tableaux noirs, internet capricieux, eau non potable. Cet environnement rudimentaire lui impose une approche pragmatique, aux antipodes du confort des technologies, mais pas nécessairement au détriment de l’apprentissage.

« On est habitués à toujours plus au Canada, à parler d’ergonomie, de technologies… C’est triste de voir que tout le monde ailleurs n’a pas le même accès, les mêmes chances. En même temps, cette simplicité nous fait réfléchir à l’utilité réelle de mettre les technologies partout et nous fait revenir à la base de la pédagogie. Bref, c’est une autre réalité dans laquelle il faut mettre nos idées préconçues de côté. »

Nathalie Bédard a quitté Thunder Bay, dans le Nord de l’Ontario, pour Kigali, au Rwanda, où elle monte des projets pédagogiques pour les enseignants dans une école du quartier Kicukiro. Photo : gracieuseté de Nathalie Bédard
« C’est une autre réalité dans laquelle il faut mettre nos idées préconçues de côté »
— Natalie Bédard

Car c’est là son moteur : transmettre la langue française dans un milieu minoritaire. Langue officielle depuis 2003, l’anglais a en effet a pris le dessus sur le français depuis que le président Kagamé l’a déclassée comme langue d’enseignement en 2008.

« La barrière de langue est importante avec les élèves qui, à la différence de la génération de leurs parents et des enseignants, ne comprennent que le kinyarwanda et l’anglais », a très vite réalisé Mme Bédard, qui décrit fatalement le français comme « une langue qui va se perdre » au Rwanda, un pays qui entretient avec la France des relations tendues depuis le génocide de 1994.

De Kigali à Ville Platte : une francophonie, deux héritages

Quittons la tiédeur des Grands Lacs pour la moiteur des terres cajuns. Nous sommes en Louisiane, à Ville Platte, une contrée de 10 000 âmes au nord de Lafayette. Jessica Marie-Capseta y a entrainé sa famille en 2020, délaissant la France durant la pandémie pour s’installer dans ce coin tout juste ravagé par l’ouragan Laura, emportant avec lui l’école où elle devait enseigner.

Ce climat extrême ne l’a pas effrayée, pas plus que de passer d’une école rurale du Sud-Ouest français à une communauté scolaire de 400 élèves de l’autre côté de l’Atlantique.

Elle constate « beaucoup de différences entre les deux systèmes. Il y a de bons et de mauvais côtés. J’aime la manière américaine dont on célèbre les élèves dès qu’ils font le moindre progrès pour bâtir une confiance en eux, ce qu’on ne voit pas en France. En revanche, le rythme scolaire est bien plus dense et exigeant ici », relate-t-elle, laissant échapper l’accent solaire de son Sud-Ouest hexagonale natal.

Entourée d’une génération d’élèves qui reprend à son compte un patrimoine linguistique ayant la plupart du temps sauté une ou deux générations, l’enseignante dépeint un héritage linguistique fragile. « La Louisiane porte un passé lourd. Combien de fois des anciens m’ont dit que quand on parlait français, à une époque pas si lointaine, on se faisait réprimander à l’école », rapporte-telle.

Jessica Marie-Capseta enseigne en Louisiane, loin de son Sud-Ouest français natal. Photo : gracieuseté Jessica Marie-Capseta
« Tout en enseignant la langue de communication, on les sensibilise à leur propre patrimoine »
— Jessica Marie-Capsetta

Mais aujourd’hui, le français resurgit à la fois comme une langue identitaire, évoquant le passé familial, et comme une langue d’avenir professionnel.

« Avec un diplôme d’études en langue française, tu acquiers de bonnes capacités en français oral et écrit. En plus d’avoir une seconde langue dans la poche, nos jeunes développent, au niveau cognitif, une certaine facilité à s’adapter au monde qui les entoure. »

Au-delà du français académique, Mme Marie-Capseta prend soin de composer avec le français cadien, veillant à transmettre la culture qui lui est associé. « Ça implique de jongler avec deux cultures. Tout en enseignant la langue de communication, on les sensibilise à leur propre patrimoine, en ouvrant nos portes à la communauté locale et en saisissant les occasions de dialogue. »

Dans cet esprit, ses élèves participent à Tasse de Café, une émission en français cajun, qui crépite sur les ondes radio locales et font naitre des échanges intergénérationnels.

À Kuala Lumpur, l’exotisme français dans un océan polyglotte

A 16 000 kilomètres de là, dans la bruyante jungle urbaine de Kuala Lumpur, Marie-Josée Talbot s’est parfaitement acclimatée aux us et coutumes de la Malaisie. La Québécoise y enseigne depuis 13 ans, avec son mari.

Dans cette capitale insulaire peuplée de 8 millions d’habitants, au milieu du malais, de l’anglais, du mandarin ou encore du tamoul, le français ultra minoritaire est perçu comme une langue exotique et suscite la curiosité.

« Les jeunes parlent plusieurs langues depuis leur plus jeune âge. Alors, en apprendre une de plus ne leur semble pas insurmontable, relate Mme Talbot. Ils apprennent rapidement, car ils sont emballés par ce langage et tout ce qu’il véhicule comme culture. »

L’enseignante Marie-Josée Talbot vit en Malaisie, à Kuala Lumpur. Photo : gracieuseté de Marie-Josée Talbot
« Pour eux, la francophonie, c’est aux confins de la Terre »
— Marie-Josée Talbot

Elle apprécie l’art de transmettre cette langue de communication tout autant que les valeurs et cultures qu’elle porte en elle, une autre facette qui fascine ses élèves. « On évoque la France, l’Afrique, l’Europe, l’Amérique du Nord, le bonhomme Carnaval, la neige… Pour eux, la francophonie, c’est aux confins de la Terre », compare celle qui a été conquise par l’Asie à l’issue d’un premier voyage en Indonésie et en Chine.

Elle pensait vivre ici, entre mer de Chine et équateur, deux ans , tout au plus. Mais 13 ans plus tard, elle envisage difficilement un retour au Québec. « Au Canada, les élèves ne veulent pas vraiment apprendre la deuxième langue du pays. Ils se sentent obligés. Ici, au contraire, c’est presque un jeu auquel on se laisse prendre, jusqu’à la maison dans les discussions entre frères et sœurs pour que les parents ne comprennent pas. »

De la Martinique majoritaire à l’Ontario minoritaire, un fossé linguistique

Ce tour du monde de la francophonie enseignée se termine justement au Canada. Chantal Perrin a immigré depuis sa Martinique natale à Ottawa, en Ontario. Après quelques années à travailler dans la fonction publique, elle a bifurqué vers l’éducation dans une école anglophone d’immersion française.

« L’immersion connait un gros succès à Ottawa, dit-elle. Les parents poussent leurs enfants à apprendre le français », car ils ont fait l’expérience des opportunités professionnelles avantageuses qu’offre la maitrise des deux langues officielles.

Le français n’est toutefois pas plus à l’abri en Ontario qu’ailleurs à travers le monde. Il demeure la langue de la minorité et Mme Perrin ne le sait que trop bien. Engagée dans l’association Parents partenaires en éducation, elle se décrit comme une « défenseuse de l’apprentissage de la langue française », consciente de l’enjeu que représente sa vitalité dans un contexte de pénurie de travailleurs francophones et de lutte pour les droits.

La Martiniquaise Chantal Perrin enseigne en Ontario anglophone dans une école d’immersion. Photo : gracieuseté de Chantal Perrin
« Faire comprendre aux élèves que faire des efforts peut influencer leur avenir est mon plus gros défi. »
— Chantal Perrin

« Les enseignants en Ontario jouent un rôle essentiel, mais ce n’est pas évident en immersion de former des jeunes bilingues dans un environnement anglophone, car les occasions de socialiser sont peu nombreuses. »

D’un autre côté, elle les arme et leur fait comprendre l’importance de cette langue. « Quand on remporte ce combat, leur vision change, ils entrevoient des possibilités avec la proximité du Québec, par exemple, et réalisent très tôt qu’en faisant des efforts, ils influencent leur avenir. C’est mon plus gros défi. »

Une langue d’enseignement sur le fil du rasoir

De Kuala Lumpur à Ville Plattte et d’Ottawa à Kigali, partout resurgit cette sensation de lutte dans la fragilité.

« Est-ce mon rôle de sauver la langue au Rwanda? Je ne suis pas certaine, croit Nathalie Bédard. Cette langue me parait en voie de disparition dans un pays qui a souffert de la colonisation et du génocide. L’histoire du français ici est complexe, son futur est incertain. »

« Le français ne sera jamais une langue prédominante en Malaisie, concède Mme Talbot, mais voir mes élèves rejoindre des universités bilingues comme à Ottawa et en revenir avec une belle maitrise de la langue, ça donne beaucoup de joie. Les écoles sont en expansion ici. Le programme canadien est populaire et les écoles privées grossissent. »

En Louisiane, Jessica ressent le poids de l’histoire dans ce qui s’apparente à une mission de sauvetage linguistique. « Il faut se mettre à la place de ces enfants à qui l’on demande de maitriser une langue non maternelle. Ce n’est pas évident. Mais en même temps, ils ont une telle envie d’apprendre, que ce soit pour reconnecter avec leurs racines ou pour travailler à l’international, que ça laisse entrevoir un avenir prometteur. »

« Si on est capable d’expliquer aux jeunes que la francophonie est partout dans le monde, dans les Caraïbes, en Afrique, au Moyen-Orient… on leur ouvre une fenêtre d’avantages à la parler, la comprendre, la répandre, est convaincue Mme Perrin. Si on pérennise cette vision, les enfants vont s’approprier cette langue et la diffuser. »

L’ACFO-Toronto rend hommage à Fatima Zadra

TORONTO – Fatima Zadra, ancienne présidente de l’Association des Communautés Francophones de l’Ontario de Toronto (ACFO-Toronto) et communicante du ministère des Affaires francophones et de la Société économique de l’Ontario (SÉO), est décédée en août dernier. Connue pour son implication dans la francophonie torontoise et la promotion des droits linguistiques francophones, elle avait rejoint la Société de développement économique de la Colombie-Britannique en 2022.

Dans un communiqué publié aujourd’hui, l’ACFO-Toronto a adressé ses regrets de perdre « une membre éminente de notre communauté et une défenseure passionnée des droits des francophones. Fatima nous a quittés prématurément, laissant un vide immense dans nos cœurs et dans notre milieu ».

« Son engagement inébranlable pour la promotion de la culture francophone, son dévouement envers la jeunesse et sa capacité à rassembler les gens resteront gravés dans nos mémoires. »

Directrice du développement stratégique des affaires et des services aux entreprises pour la Société de développement économique de la Colombie-Britannique (SDÉCB) depuis 2022, elle avait également présidé l’ACFO Toronto de 2013 à 2017. Très impliquée dans la francophonie torontoise, elle dénonçait en 2017, au micro d’ONFR, le manque de volonté politique de la Ville pour accroitre la place du français.

Après quoi elle avait notamment rejoint le service communication du ministère des Affaires francophones puis de la SÉO, en tant que directrice de la communication.

« Fatima était une lumière pour tous ceux qui la connaissaient. Son énergie, sa passion et son humanité ont laissé une empreinte indélébile sur notre communauté. En ces moments difficiles, nos pensées vont à sa famille, à ses amis et à tous ceux qui ont eu la chance de croiser son chemin », a réagi via communiqué Thierno Soumaré, le président par intérim et porte-parole de l’ACFO-Toronto.

Justin Serresse : « Entraîner aux Raptors, une ambition de carrière »

[ENTREVUE EXPRESS] 

QUI 

Justin Serresse est un entraîneur de basketball franco-ontarien. Entraîneur en chef dans le basket universitaire à Wilfrid Laurier depuis 2016, il a vu sa carrière prendre un tournant majeur cet été. 

LE CONTEXTE 

Il a en effet été recruté par les Raptors 905, le club école des Raptors de Toronto. Il sera l’assistant de Drew Jones, le nouvel entraîneur en chef de l’équipe qui a bouleversé son personnel technique cet été. L’équipe, qui évolue à Mississauga, a complètement fait peau neuve après une saison décevante sous la houlette d’Eric Khoury. 

L’ENJEU 

Le nouvel assistant francophone des 905 explique comment s’est passé son recrutement, quel rôle on lui a proposé, notamment auprès de la nouvelle recrue camerounaise des Raptors Ulrich Chomche, et se confie sur ses ambitions de percer au plus haut niveau. 

 « Comment s’est fait votre recrutement par les Raptors 905 et comment a été prise la décision de quitter votre poste à l’Université Laurier?

Ils m’ont contacté pour venir faire des entretiens pendant l’été. Ils venaient de changer d’entraîneur en chef et ils voulaient changer le staff. Avec le fait qu’ils ont récupéré Ulrich Chomche et d’autres jeunes joueurs, j’imagine que mon profil francophone, africain et dans le développement les a intéressés. Je pense qu’ils avaient envie de voir ce que ça allait donner.

Après, mes entretiens se sont bien passés, j’ai eu une bonne connexion avec Drew (Jones). C’est une super belle personne et on s’entend déjà bien. Et avec le reste du staff, il y a pas mal de familiarités également. 

Qu’est-ce qui vous a intéressé dans cette opportunité d’entraîner en G League?

Le rôle qu’on m’a proposé est intéressant. J’ai des responsabilités, sans en avoir trop pour quelqu’un qui débute à ce niveau. J’ai aussi un profil intéressant par rapport à ce tout nouveau staff qu’on a, c’est que je suis le seul à avoir été entraîneur en chef parmi les entraîneurs, même si ce n’était pas en G League. J’ai quand même cette expérience et je sais que Drew parle pas mal avec moi par rapport à ça. Avec toute mon humilité, j’essaie de lui apporter ce que je sais, ce que je ressens par rapport à mon expérience, même si je ne l’ai pas eue dans le monde professionnel. 

Je pense que c’était le bon moment. Ils m’ont contacté et ont montré un réel intérêt et, de mon côté, je cherchais à aller chez les pros. Ça s’est vraiment fait naturellement. 

Comment vous ont-ils décrit votre rôle? 

Bon, déjà c’est de la G League, donc on est tous là pour faire du développement. Après, on m’a donné un rôle un peu plus spécifique sur la défense et le développement d’Ulrich et de certains joueurs. Ensuite, comme je l’ai dit, c’est d’apporter mon expérience tout en apprenant la G League de mon côté. 

Parlons de votre rôle spécifique auprès d’Ulrich Chomche. Le connaissiez-vous avant son arrivée aux Raptors? 

Je l’avais déjà rencontré très brièvement lors d’un voyage au Sénégal avec Ian Mahinmi (ancien joueur de NBA français proche de Justin Serresse). Il m’avait emmené voir l’académie et on avait rencontré les jeunes. Il était là. Ensuite, je l’avais vu jouer pas mal de fois, j’avais suivi son parcours. Je l’avais croisé rapidement mais, en fait, je connais surtout pas mal de gens qui, eux, le connaissent très bien, comme Ian Mahinmi ou Joe Touomou son entraîneur, qui était allé le chercher au Cameroun. 

J’avais entendu beaucoup de bonnes choses par rapport à lui. Là, j’apprends à la connaître. C’est un jeune garçon, il a 18 ans. Cela va être un effort collectif pour travailler avec lui. Ce ne sera pas que moi, ce ne sera pas que les entraîneurs des Raptors, ce sera un effort de toute l’organisation pour aider un jeune qui n’a pas fait l’université aux États-Unis à passer ce gros cap que représente le fait de devenir pro directement. Il y a une transition qui va devoir se faire, qui viendra avec la maturité. 

Justin Serresse va en quelque sorte prendre le relais de Joe Touomou auprès de la jeune recrue des Raptors Ulriche Chomche. Photo : gracieuseté de Joe Touomou

Comment voyez-vous sa première saison, lui avez-vous fixé des objectifs particuliers? 

Il ne faut pas avoir trop d’attentes et mettre trop de pression dès le début. Il est jeune, c’est sa première année en Amérique du Nord. Il va falloir qu’il s’acclimate à pas mal de choses. Ce qu’on va attendre, c’est qu’il ramène de l’énergie, de la combativité. On doit lui donner un cadre assez simple, mais efficace, pour se baser sur des fondations qui soient déjà ses forces. Cela lui permettra de gagner de la confiance. C’est toujours mieux de commencer comme ça. Par exemple, une performance à 10 rebonds peut lui faire prendre conscience qu’il est capable de prendre beaucoup de rebonds. 

Pour l’instant, on ne sait pas s’il va jouer en NBA ou pas. Il a un contrat à deux volets, donc il va jouer avec nous d’une manière ou d’une autre. On garde les attentes basses, mais on sait qu’il peut nous étonner. Pour l’instant, il est très bosseur et il a beaucoup de choses à apprendre.

Vous restez rattaché à l’Université Laurier, qui a annoncé que vous partiez pour un an, pourquoi ce choix? 

C’est quelque chose qui se fait ici. Cela fait partie de nos contrats. En plus, l’opportunité est arrivée un peu tard et comme le contrat que l’on m’a offert n’est pas forcément à long terme dès le début, je ne pouvais pas juste partir comme ça. Cela faisait sept ans que j’étais en poste, je voulais assurer une bonne transition. Le plus important était d’assurer une continuité dans le staff et dans les recrues. J’ai fait en sorte que tout le monde soit rassuré, que tout soit en place et que la vision et les valeurs que j’avais pour mon équipe restent les mêmes. 

L’objectif demeure de vous imposer au niveau professionnel?

Oui, je pense que ça va bien se passer. J’apporte une expertise, de la valeur ajoutée et j’espère qu’ils me feront confiance à long terme. Déjà, rejoindre les Raptors, d’une manière ou d’une autre (ici à travers les 905) était une ambition de carrière. Je ne m’en suis jamais caché. J’ai toujours dit que, si un jour j’avais l’opportunité d’intégrer un staff NBA, je le ferais. Tout comme un joueur aimerait aller jouer en NBA. Je ne le criais pas sur tous les toits, mais tous mes proches savaient que j’avais cette ambition. Là j’y suis arrivé, mais ce n’est pas une fin en soi. Pour moi, ce n’est qu’un début. Je vais tout faire pour faire mes preuves en toute humilité, mais avec envie. »

Amanda et Olayou, des soeurs « inuit, franco et fières »

EMBRUN – Amanda et Olayou, deux sœurs franco-ontariennes et inuites, nous racontent leur histoire. Bercées par la culture franco-ontarienne de leur père, à laquelle elles sont très attachées, elles se mettent en quête de leurs racines inuites, héritées d’une maman partie trop tôt. Pour partager et faire vivre la culture inuite ancestrale, elles ont créé un Cercle de l’amitié autochtone, des échanges autour de la langue, l’inuktitut, des ateliers d’artisanat ou encore des chants de gorge… Cette Journée nationale de la vérité et de la réconciliation est pour elles l’occasion de sensibiliser à un passé tragique, mais également de se tourner vers l’avenir.

« Vous avez grandi à Embrun, en Ontario, où vous résidez toujours. Dans quelles traditions et cultures avez-vous été immergées durant votre enfance?

Olayou Carrière : N’ayant pas grandi avec notre mère, nous nous sommes beaucoup moins imprégnées de la culture inuite. Mais en grandissant, notre papa nous a toujours encouragées à rester proches de nos racines. Il avait même gardé des objets du temps où il avait travaillé à Iqaluit, au Nunavut.

Ce sont mes deux identités et c’est dans notre sang. De notre côté, nous avons pris des cours de langue, pris part aux activités des organismes autochtones à Ottawa et nous avons noué des liens avec des étudiantes inuites du collège Nunavut Sivuniksavut qui ont grandi dans la culture, ce qui nous a aidées à nous l’approprier davantage.

Amanda Morris  : Nous avons grandi bercées dans la culture franco-ontarienne, aux sons de Mon beau drapeau. Je suis fière d’être Franco-Ontarienne. Notre père nous chantait la chanson Frère Jacques en Inuktitut, la langue du Nunavut. Ce sont deux belles cultures que nous sommes chanceuses de pouvoir vivre et transmettre à nos enfants.

Amanda, à gauche, Olayou, à droite, et leurs enfants. Photo : Gracieuseté

Les deux enfants d’Olayou arborant les couleurs franco-ontariennes. Photo : Gracieuseté

Le fils d’Amanda arborant un chandail à message « Restez calme, je suis Franco-Ontarien ». Photo : Gracieuseté

Quelle influence ces langues issues de votre double héritage franco-inuit ont-elles pour vous et comment résonnent-elles dans votre quotidien?

Amanda  : Nous sommes bilingues, français et anglais, et nous avons des bases d’inuktitut. Dans le cadre de nos fonctions, travaillant toutes deux pour Statistiques Canada – pour ma part sur l’enquête des incapacités au pays – être bilingue est très important.

Du fait de notre apparence physique, certaines personnes peuvent penser que seule notre culture inuite nous définit. Mais ma culture franco-ontarienne est très importante pour moi. Je veille aussi à ce que mon jeune fils ne s’anglicise pas au détriment du français.

Olayou : De mon côté, je travaille au Centre des statistiques et partenariats autochtones. Le français est bien sûr fondamental à nos tâches et c’est aussi une fierté pour nous. Les chiffres nous ont appris qu’il y a plus de 70 langues autochtones au pays, mais que beaucoup sont en voie de disparition. La revitalisation de ces langues est une nécessité. Pour le français en tant que minorité, c’est la même chose. Il faut veiller à conserver cette langue à tout prix.

On entend parfois les droits linguistiques des francophones et des autochtones être opposés les uns aux autres, en tant que minorités linguistiques. Quelle est votre vue sur la question?

Olayou : Certains anglophones peuvent être frustrés car, en tant qu’unilingues, ils peuvent ne pas se rendre compte que, bien que minoritaire en nombre au Canada, le français est aussi important et fait partie intégrante de son histoire. Quant aux langues autochtones, elles devraient être valorisées à un niveau systémique.

Amanda : Cela n’a pas de sens d’opposer le français et les langues autochtones, soit l’un soit l’autre, et d’une façon générale de les dévaluer et de les catégoriser comme des langues secondaires par rapport à l’anglais. Elles sont tout aussi importantes et n’ont pas à être comparées.

Dans une série vidéo en deux volets de mars 2023, Inuit, Francos et fières, Olayou et Amanda évoquent leur parcours et leur rapprochement avec leurs racines. Depuis qu’elles sont mamans, elles racontent ressentir un besoin de partager et d’inspirer autour de leur double-culture. Photo : Gracieuseté

Comment vous est venue l’idée de créer des Cercles de l’amitié autochtone?

Olayou : Nous aimons apprendre et partager. Au travail, nous avons un cercle consultatif autochtone, ouvert aux Premières Nations, aux Métis, aux Inuits et aussi aux alliés. Ces échanges nous ont donné l’envie de créer un environnement de soutien similaire dans notre communauté d’Embrun. La vision derrière le projet est de proposer de découvrir des activités traditionnelles avec la communauté. À terme, on aimerait trouver un local permanent. Pour l’heure, nous allons nous réunir dans un espace de yoga d’une des membres.

Quelles sont les activités autour desquelles vous souhaitez réunir la communauté? Est-ce ouvert à tous?

Olayou : Nous n’avons eu que deux rencontres à date, donc c’est encore nouveau. Outre les échanges, il y a un aspect artistique, artisanal et linguistique, avec l’apprentissage d’éléments langagiers de l’inuktitut. J’aimerais d’ailleurs que l’on fasse pareil avec le michif, une des langues des métis. On a aussi, par exemple, organisé un atelier de fabrication de tambours avec des peaux de chevreuil, encadré par une personne issue des Premières Nations.

Amanda : Chacun est le bienvenu pour en apprendre plus et pour que nous puissions garder un ancrage dans notre culture. L’avantage de ce cercle est aussi de pouvoir bénéficier d’un partage des personnes-ressources et d’organismes qui existent. Une personne experte en généalogie est venue nous faire profiter de ses connaissances. Les intervenants et les expériences varieront. Nous n’avons pas encore établi notre prochaine rencontre, mais nous communiquerons via notre groupe Facebook. Au fur et à mesure que l’on apprend à se connaitre en tant que groupe, les thèmes abordés et les ateliers se définissent davantage.

Atelier de fabrication de tambours traditionnels au cours d’une des premières rencontres du Cercle de l’amitié autochtone. Photo : Page Facebook Cercle d’amitié d’Embrun Friendship Circle

La population inuite grandit en Ontario. Parlez-nous de cette communauté…

Olayou : Ottawa et Montréal sont les deux villes qui ont la plus forte concentration de population inuite en dehors de l’Inuit Nunangat (la patrie des Inuits au Canada), formé de quatre régions, l’Inuvialuits (Nord des Territoires du Nord-Ouest), le Nunavut, le Nunavik (Nord du Québec) et le Nunatsiavut (Nord du Labrador). La population inuite vivant à l’extérieur de l’Inuit Nunangat a connu une croissance plus rapide que celle de la population résidant sur la terre natale des Inuits (+23,6 % par rapport à +2,9 %). En 2021, 15,3 % des Inuits vivaient dans un centre urbain, en hausse comparativement à 13 % en 2016.

Beaucoup sont descendus au sud pour avoir accès à des soins de santé. De nombreuses organisations inuites se sont formées dans ces deux centres urbains, ce qui leur permet d’avoir des rassemblements et une vie communautaire vibrante.

Le 30 septembre 2021 a marqué la toute première Journée nationale de la vérité et de la réconciliation, qui coïncide avec la Journée du chandail orange. Amanda et Olayou (de gauche à droite) créent des bijoux et épinglettes de couleur orange pour l’occasion, dont une partie des profits sont reversés à l’association Orange shirt society. Photo : Page Facebook officielle Soul Sisters’ Creations

Photo : Gracieuseté

Photo : Gracieuseté

Que représente pour vous le 30 septembre, la Journée nationale de la vérité et de la réconciliation?

Amanda : Je suis une personne qui aime regarder le côté positif des choses. Les pensionnats ont été une page très sombre de l’histoire de beaucoup d’Autochtones. J’aime le fait que beaucoup d’entre eux se réunissent pour pouvoir faire une différence, réclamer leur culture et essayer de la revitaliser. Le 30 septembre pour moi, c’est se souvenir de ce qui s’est passé, c’est honorer cette souffrance, mais aussi se tourner vers le futur et voir plus loin pour la communauté, pour réclamer notre culture.

Olayou : C’est aussi sensibiliser les gens aux trois peuples autochtones du Canada, se souvenir de l’histoire des pensionnats, et aussi venir en aide aux peuples autochtones aujourd’hui. C’est également l’opportunité de rouvrir les voies de communication.

Durant cette journée, on aime faire du perlage, notamment des chandails orange en perles, des bijoux et épinglettes. Une partie des profits que nous faisons sont d’ailleurs reversés à la société Orange shirt society, qui a débuté la Journée du chandail orange. »

Article réalisé avec l’aide à la recherche de Abigail Alves Murta.

Les ambitions de l’Ontario au Sommet de la Francophonie

PARIS – Membre observateur de l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF), l’Ontario retrouve le chemin du Sommet de la Francophonie les 4 et 5 octobre avec un triple objectif : culturel, diplomatique et économique. Le gouvernement et une délégation franco-ontarienne composée d’entrepreneurs et de leaders communautaires sont attendus en France dans les prochaines heures.

Sur place, la ministre des Affaires francophones sera à l’affût de « collaborations potentielles » et de « liens plus serrés » avec les autres États francophones. « C’est très important pour nous de découvrir les spécificités culturelles, économiques et sociales qui font la force de chaque État et gouvernement membre de l’OIF, ce qui favorise des opportunités d’apprentissage, de collaboration et de partenariats », estime Caroline Mulroney, dont le grand oral aura lieu la veille du sommet, le 3 octobre, lors de la 45e session de la Conférence ministérielle de la Francophonie (CMF).

Cette instance a pour mission de veiller à l’exécution des décisions arrêtées lors du Sommet précédent, de préparer le suivant et de se positionner sur des actions multilatérales. « J’y soulignerai le potentiel de la francophonie ontarienne en tant qu’atout au sein de la francophonie mondiale, auprès des 88 États et gouvernements membres de l’OIF. »

Le CMF fera ensuite place au Sommet, dont la première journée se déroulera au château de Villers-Cotterêts, à une heure de route de la capitale. C’est ici qu’en 1539 le roi François 1er a signé l’ordonnance faisant du français la langue administrative de la France en lieu et place du latin. Depuis un an, l’édifice restauré abrite la Cité internationale de langue française. La deuxième journée se déroulera au Grand Palais.

Bien que dépourvu du droit de vote de par son statut d’observateur, l’Ontario peut participer à certaines discussions et y jouer un rôle consultatif. C’est ce qu’entend faire la ministre Mulroney, pour qui « le potentiel au sein de la Francophonie est immense et il existe une volonté réciproque de collaborer pour le maximiser. »

Depuis sa participation au Sommet de Djerba en 2022, l’Ontario a signé sa première entente internationale avec un membre de l’OIF, la Wallonie-Bruxelles, concluant par la suite une déclaration de coopération avec la France et une entente avec l’une de ses régions, Auvergne-Rhône-Alpes.

FrancoTech, le salon de l’innovation francophone

Autour du Sommet graviteront plusieurs événements à travers la capitale. L’Ontario sera notamment présent parmi une trentaine d’autres pays et régions du monde au Village de la Francophonie, du 2 au 6 octobre, avec son propre pavillon de découvertes ainsi que des performances artistiques (contes franco-ontariens) et une conférence.

Durant toute cette période aura le lieu le festival de la francophonie. Intitulé Refaire le monde, il proposera des expositions, des concerts, des ateliers et des projections de films, au cœur de Paris.

L’autre rendez-vous sera le salon de l’innovation FrancoTech où 1 500 professionnels, chefs d’états et de délégations et entrepreneurs de près de 100 pays se réuniront pour stimuler les échanges économiques et l’innovation technologique.

Intelligence artificielle, transition énergétique et talents francophones seront au cœur des préoccupations, indique Richard Kempler, directeur général de la Fédération des gens d’affaires francophones de l’Ontario (FGA), à la tête d’une délégation franco-ontarienne sur place.

Estelle Duchon, directrice générale par intérim du Centre francophone du Grand Toronto, fait partie de la délégation qui se rend en France. Photo : Rudy Chabannes

Objectif : « Tisser des liens avec les pays francophones, dit-il. D’ailleurs, dans la délégation, deux représentants du ministère du Travail seront là pour inciter les professionnels à s’installer en Ontario. On cherche très nettement à attirer les investisseurs et professionnels qualifiés. »

« Pour nous, c’est une occasion de faire connaitre qui on est, mais aussi apprendre des défis des autres francophonies et en tirer des leçons et de bonnes pratiques », complète Fabien Hébert, président de l’Assemblée de la francophonie de l’Ontario (AFO), qui sera du voyage.

Alors que la province connait une pénurie de main-d’œuvre francophone, il espère que FrancoTech « ravivera le feu sur des initiatives avec le gouvernement de réduire les barrières » à la mobilité des talents.

« Ce sera une façon de continuer à se positionner dans le dossier de l’immigration », ajoute Estelle Duchon, directrice générale par intérim du Centre francophone du Grand Toronto. Au-delà de l’accueil et de l’intégration des nouveaux arrivants, son organisation a récemment élargi ses services au prédépart. « On aura à cœur de faire connaitre nos actions et bâtir des partenariats avec différents acteurs », dit celle qui participera à une table ronde sur cette thématique.

La Nouvelle-Écosse aux portes de l’OIF

Au cours de ce 19e Sommet de la francophonie, qui a pour thème « Créer, innover et entreprendre en français », les chefs d’État et de gouvernement débattront de sujets linguistiques, économiques, numériques et diplomatiques. Ils décideront également, en huis clos, de l’élargissement de l’organisation à de nouveaux membres.

Cinq candidats sont en bonne position, dont la Nouvelle-Écosse (et ses quelque 35 000 Acadiens et francophones) qui, si elle entre dans le cercle des 88 membres, deviendrait le cinquième membre canadien après le Canada, le Québec, le Nouveau-Brunswick et l’Ontario.

Halifax, capitale de la Nouvelle-Écosse. La province est candidate pour devenir membre observateur de l’OIF. Photo : Canva

Les autres candidats sont la Polynésie française, la région allemande de la Sarre, le Chili et l’Angola, qualifiée de plus francophone des pays lusophones de par sa frontière commune avec la République démocratique du Congo.

Selon les informations d’ONFR, les candidatures de la Serbie et du Kosovo seront vraisemblablement écartées, leur dossier ayant été jugé insuffisant par le Conseil permament de la Francophonie. Déjà membres associés, le Ghana et Chypre ont quant à eux fait acte de candidature pour gagner leurs galons de membres permanents.

Une soixantaine de chefs d’États et de gouvernements sont attendus à Paris, 33 ans après le dernier sommet en France. Suspendus par l’organisation, la Guinée, le Niger, le Mali et le Burkina Faso ne prendront pas part à l’événement.

Brandie Wilkerson, la construction d’une championne

[LA RENCONTRE D’ONFR]

TORONTO – Brandie Wilkerson raconte comment son parcours de vie, sa famille, son muticulturalisme et sa rencontre avec Melissa Humaña-Paredes ont fait d’elle la championne de volleyball de plage qu’elle est devenue aujourd’hui.

Que représente la Suisse, votre pays de naissance pour vous, et avez-vous des souvenirs marquants de votre enfance en Europe? 

Mon principal souvenir c’est toute la nourriture, le chocolat, les choses comme ça. Le pain! Cela me manque beaucoup. Toute ma famille est encore là-bas, donc c’est un endroit spécial pour moi, car c’est là où aujourd’hui je passe le temps avec ma famille et où je peux pratiquer mon français. Que ce soit à Toronto ou à Los Angeles, je ne parle jamais français.

Les souvenirs que j’ai de la Suisse, c’est aussi mon père qui jouait au basket. Je me rappelle que j’allais voir tous ses matchs. Ceux de mon frère également, par la suite. J’ai l’opportunité d’y aller au moins une fois par an car nous avons un tournoi à Gstaad. C’est génial car ma famille peut venir me voir jouer. 

Oh! Il y aussi les montagnes qui sont très très belles! 

Comment avez-vous vécu par la suite votre arrivée au Canada? 

Quand nous sommes arrivés au Canada, j’avais seulement six ou sept ans et je ne parlais pas anglais. Quand j’ai commencé l’école, je me souviens que je regardais les affiches sur les murs et il y avait des dessins, des mots et je ne comprenais pas ce qui se passait. Je me suis demandé ‘Est-ce que je suis censée savoir ça?’ (rires). Bien sûr, depuis, ça a beaucoup changé, je parle le plus souvent en anglais.

On est arrivé à Rexdale, c’est un endroit à Toronto où il n’y avait pas grand chose à faire. C’était dur pour ma famille. Nous n’avions pas grand chose, pas beaucoup d’argent, pas d’ami. C’était difficile de commencer une autre vie dans cette situation.

Mais, au fil du temps, nous nous sommes fait plein d’amis de différentes cultures. J’ai beaucoup appris. Une chose comme le sport m’a beaucoup aidée.

Brandie Wilkerson et son père lors d’un match de basketball. Photo : gracieuseté de Brandie Wilkerson

Vous avez débuté le volleyball à 17 ans. Quelles étaient vos aspirations avant de vous lancer dans ce sport? 

J’aime beaucoup l’art, le dessin. Je pensais que j’allais faire quelque chose dans la mode ou dans la peinture. Après, j’ai toujours pratiquer beaucoup de sport. C’est quelque chose qui vient de ma famille. J’ai tout fait, du basket, du rugby – que j’adore – de l’athlétisme, du football. Tout ce que mes amis faisaient, j’allais le faire avec elles. J’ai un peu tout essayé, mais je ne pensais pas à devenir sportive professionnelle. Pas du tout.

C’était toujours l’art qui était dans ma tête. J’ai même des amis aujourd’hui qui me connaissent depuis longtemps qui sont toujours surpris que je joue au volley (rires). C’est une surprise, mais je suis très contente d’avoir réussi dans le volley. Je pense retourner à l’art quand j’aurai fini ma carrière sportive. 

Comment vous est venue la passion pour le volley de plage? Avez-vous dû faire un choix à un moment entre le volley en salle et de plage? 

J’ai commencé avec le volley en salle vers 17-18 ans, lorsque j’étais à l’Université de York. J’ai intégré l’équipe universitaire sans être recrutée et j’ai connu une très bonne première année. Je me suis dit que je pouvais vraiment jouer au volley. Quelques années plus tard, j’ai eu un petit ami qui jouait au volley de plage pour l’équipe du Canada. C’est lui qui m’a dit d’essayer. Il m’a aidée à obtenir un essai avec l’équipe nationale, qui est très proche de l’Université de York. À 21 ans, j’ai commencé avec l’équipe nationale. Ça a été plus simple de me faire une place car, à cette époque, il n’y avait pas vraiment de contreuse. Ils recherchaient ce profil et j’ai trouvé ça très intéressant. Cet aspect du jeu m’a vite intéressée. 

Vous rappelez-vous de vos débuts?

Oui, mon premier tournoi avec la sélection nationale, c’était à Sainte-Lucie. Là-bas c’était trop beau! Nous avons joué contre le Mexique et j’ai affronté la fille la plus grande que je n’avais jamais vue. On a gagné et c’est là que je me suis dit que j’avais une chance dans ce sport. Au départ, j’ai participé à de petits tournois, puis ça a grandi jusqu’à être suppléante aux Jeux olympiques de Rio. J’ai pu voir ce dont j’avais besoin pour devenir une vraie olympienne. 

Brandie Wilkerson a terminé cinquième avec sa coéquipière Heather Bansley aux Jeux olympiques de Tokyo. Les deux partenaires ont évolué ensemble pendant 5 ans. Photo : Petros Giannakouris/AP Photo

Aujourd’hui, vous êtes considérée comme la meilleure contreuse au monde. Est-ce un talent inné dû à vos qualités athlétiques et votre sens du timing ou est-ce que beaucoup de travail a été nécessaire pour atteindre ce niveau?

Je pense que ce sont les deux. Il y a des choses qui viennent naturellement chez moi comme l’agressivité, l’intuition et le timing. Cela est dû à mes qualités athlétiques, mais aussi les choses que j’ai apprises dans les autres sports. D’un autre côté, il y a beaucoup de choses que tu dois faire et travailler d’un point de vue technique et stratégique. Pour cela, j’ai beaucoup appris de différents entraîneurs.

Je regarde aussi beaucoup comment jouent les hommes, parce que je veux changer la façon dont les femmes jouent sur cette position. Habituellement, ce n’est pas une force qu’on prête aux femmes, mais je pense que nous avons plein d’opportunités pour être créatives, agressives et grandes au filet. J’ai aussi la chance d’avoir des entraîneurs qui croient beaucoup en moi par rapport à cela. 

Vos deux parents sont des sportifs de haut niveau. Comment vous ont-ils influencée dans votre carrière? 

Je crois qu’ils ne m’ont pas influencée de manière typique, car ils m’ont vraiment laissé faire ce que je voulais. Ils ne m’ont jamais dit que je devais faire du sport. Avec cette liberté, j’ai pu choisir la façon dont je voulais jouer. Ils m’ont toujours encouragée à me concentrer sur ma vie en dehors du sport. Je pense qu’il y a un lien entre les deux, une connexion, qui m’a permis d’être une bonne personne et une bonne coéquipière, d’affronter les difficultés avec de la joie. C’est comme ça qu’on m’a appris à faire de grandes choses et à être une leader par l’exemple. Ce sont leurs conseils de vie en générale qui m’aident beaucoup dans le sport. 

Est-ce qu’ils vous ont guidé en termes d’éthique de travail?

Oui, mais je pense que j’ai beaucoup appris en arrivant au Canada. Commencer une nouvelle vie en tant qu’immigrante, c’est dur. Il y a des choses auxquelles tu n’as pas accès, et d’autres que tu dois faire qui sont difficiles. Tu ne dois pas avoir peur d’apprendre une nouvelle langue, une nouvelle culture. C’est ma vie qui a fait que j’ai dû être quelqu’un qui doit savoir s’adapter. J’ai une grande famille, nous sommes quatre enfants, j’ai deux frères et une sœur que je garde proche de moi dans ma vie. En étant la grande sœur, j’ai dû apprendre à être une leader. Ce sont vraiment les choses de notre vie, de notre culture, la famille, des décisions à prendre chaque jour, tout ça m’a façonnée et je l’utilise dans le sport. 

Quelles forces tirez-vous de votre triple culture suisse, américaine et canadienne?

Je tire des forces des trois. Le Canada m’a apporté la gentillesse, l’intelligence, la modestie. Il y a un mot que j’ai appris ici et qui est très canadien c’est la ténacité (grit en anglais). Ça c’est très canadien pour moi. Ensuite, le côté américain c’est l’agressivité, la confiance, mon père est comme ça, il a un gros caractère, une forte personnalité. En étant métisse, j’ai hérité de cette culture noire, nous sommes très cools et capables de faire plein de choses, même en n’ayant pas beaucoup. Enfin, le côté suisse c’est une certaine classe, de la finesse, une belle culture européenne que j’adore. Par exemple, on mange avec certaines manières comme ça (rires). J’adore les trois cultures et j’ai besoin des trois. 

Avant les Jeux olympiques en 2024, Brandie Wilkerson et Melissa Humaña-Paredes avaient remporté la médaille d’argent aux Jeux panaméricains en 2023, où elles avaient eu l’honneur d’être porte-drapeau. Photo : Frank Gunn/ La Presse Canadienne

Avez-vous eu à un moment des appels du pied des États-Unis ou de la Suisse pour les représenter? 

Oui, les deux m’ont appelée pour que je joue pour eux, mais j’ai choisi le Canada car j’ai vu une belle opportunité pour faire grandir le sport ici et démontrer qu’on n’est pas seulement un pays de sports d’hiver. On peut être les meilleurs du monde au volley de plage. Il y a plein d’autres histoires, d’autres personnes, de gens qui veulent essayer autre chose, nous n’avons pas tous grandi avec le hockey et tout ça. Il y a tellement d’histoires au Canada, c’est pour cela que j’adore ce pays. C’est aussi pour ça que je veux aider, pour inspirer les jeunes à essayer quelque chose d’autre. 

Comment s’est formé le duo avec Melissa Humaña-Paredes en 2022?

Ça a été une décision difficile de changer de partenaire, parce qu’avec ma coéquipière précédente Sophie (Bukovec), on venait juste de gagner une médaille d’argent aux Championnats du monde. On formait une équipe forte, mais je crois qu’il y avait toujours la possibilité et l’envie de jouer avec Melissa. On se connaissait depuis longtemps. Il n’y avait pas eu de moment parfait pour se retrouver et se mettre en équipe jusque-là.

Lorsqu’elle a quitté sa partenaire, il y eu cette opportunité et c’était deux ans avant les JO, nous avons pensé que c’était suffisamment de temps pour se préparer à gagner les Jeux. Je savais que je pouvais me qualifier avec mon ancienne partenaire, mais l’objectif était de les remporter. J’avais besoin de quelqu’un qui avait l’expérience, qui était déjà allée aux JO, qui jouait depuis longtemps. Melissa est en plus parmi les meilleures défenseure du monde, donc je voulais voir ce qu’on pouvait faire ensemble. On avait toutes les deux fini cinquièmes aux Jeux précédents et je crois que toutes les deux, on voulait plus! 

Avez-vous senti dès le départ une bonne alchimie entre vous? 

Oui, un petit peu. C’était facile dans les premiers tournois parce qu’on était excitées, c’était comme une phase de lune de miel. Et on se connaissait depuis dix ans. Mais, après un certain temps, nous avons dû essayer de trouver notre style de jeu, nos propres tactiques. Nous avions aussi commencé avec un nouvel entraîneur. Nous devions tous les trois découvrir les personnalités de chacun, comment chacun jouait. Melissa jouait un style de jeu totalement différent avec sa partenaire précédente et moi aussi. On s’est mise ensemble pour créer quelque chose de nouveau et différent. Ça a pris du temps. J’ai aussi appris des nouvelles compétences que je n’utilisais pas avant. Au début, il y a des choses qui ne marchaient pas, c’était de l’apprentissage et ça a pris du temps. 

Brandie Wilkerson et Melissa Humaña-Paredes avec la médaille d’argent au cou à Paris. Photo : Leah Hennel/COC

Malgré tout, après seulement deux ans ensemble, vous avez réussi à aller jusqu’en finale des Jeux olympiques...

Oui c’est une grande fierté d’avoir fait ça en deux ans. Maintenant, je veux voir ce qu’on va être capable de faire en quatre ans pour les Jeux de Los Angeles. 

Pour finir, quels sont les meilleurs souvenirs de votre carrière en dehors de cette médaille olympique à Paris

Bien sûr, il y a la médaille d’or que nous avons gagnée avec Melissa à Montréal, l’année passée. C’était notre première médaille d’or à l’Élite 16. Le fait de gagner au Canada avec nos familles présentes et de fêter la victoire avec tous les Canadiens, c’était vraiment spécial. C’était un beau tournoi. Un autre souvenir que j’ai, c’est la première fois que j’ai reçu le titre de meilleure contreuse du monde, c’était comme la validation d’un des buts que j’avais fixés pour moi, mais aussi une validation par mes pairs qui ont montré qu’ils croyaient en moi. C’était important pour moi de gagner le respect et la reconnaissance des autres joueurs, parce que, moi, je les respecte beaucoup et j’ai beaucoup appris des autres. 


1992 : Naissance à Lausanne (Suisse), d’un père basketteur et d’une mère coureuse de fond

1999 : Arrivée au Canada, du côté de Toronto.

2009 : Premiers pas dans le volley en salle avec l’Université de York

2013 : Débuts dans le volley de plage avec sa première coèquipière Claudia Séguin

2016-2021 : En duo avec Heather Bansley avec qui elle terminera cinquième aux Jeux olympiques de Tokyo.

2022 : Formation du duo avec Melissa Humaña-Paredes son ancienne coéquipière à l’Université de York

2024 : Médaillée d’argent aux Jeux olympiques de Paris

Chaque fin de semaine, ONFR rencontre un acteur des enjeux francophones ou politiques en Ontario, au Canada et à l’étranger.

L’atterrissage

Chaque samedi, ONFR propose une chronique franco-ontarienne. Cette semaine, l’auteur torontois Soufiane Chakkouche narre ses défis d’immigration canadienne, un récit à suivre en plusieurs parties.

La gomme des roues XXL crissa, effaçant un passé compliqué et annonçant un futur simple, du moins dans mon esprit! Le monstre d’acier qui nous arrachait moi et les miens aux nôtres venait de se poser tout en lourdeur sur le tarmac de l’aéroport international Pearson de Toronto, un soulagement pour l’aviophobe tapi en moi.

Soulagement sur soulagement, j’étais loin d’être le seul, certains passagers se déchargeant de leur angoisse via des battements de paumes.

Une fois que la pression toucha terre, je me tournai vers ma moitié, et, pour la première fois de notre décennie de vie commune, je n’arrivais pas à cerner son beau rictus! Était-ce du réconfort ou du regret, celui d’avoir abandonné toute une vie à l’autre bout de l’océan? On n’en a jamais parlé.

Tout à coup, la panique me prit à la gorge! Qu’est-ce que je fous là avec un maigre barda et un manuscrit pour bagages? Avais-je pris la bonne décision en impliquant ce que j’ai de plus cher en ce bas monde? Les questions s’entrechoquaient entre les parois de ma boîte crânienne, faisant perler une larme salée jusqu’au bout de mon menton pour s’y accrocher en se balançant comme un funambule s’accroche à sa ligne de vie.

Le doigt de ma conjointe parcourut le lit de rivière creusé par la goutte du doute et l’élimina avant de prendre ma main et la poser sur ma troisième moitié. À juger par les coups de pied que cette dernière donnait dans le ventre de sa mère, il était certain qu’il y avait au moins une personne à bord de ce vol qui n’avait aucune incertitude quant au bienfondé de notre présence ici.

En file indienne vers notre destinée

Le monstre recracha ce qu’il avait dégluti plusieurs heures auparavant. On avança en file indienne vers notre destinée et, à ma grande surprise, peu de panneaux et de palais étaient bilingues à l’aéroport! Le doute, encore ce satané doute.

Toutefois, je fus fixé lorsque j’apostrophai en français un employé du terminal pour m’enquérir du chemin menant au bureau de l’immigration. Il me l’indiqua avec la langue des signes parce qu’il ne parlait qu’anglais! Contrairement à la croyance populaire du Royaume du soleil couchant d’où je viens, tous les Canadiens ne parlent pas français, loin de là!

Nous fûmes accueillis à bras ouverts par l’ambiance quelque peu tendue qui régnait au bureau de l’immigration. Nous prîmes place entre un beau jeune homme aux traits maghrébins et une famille subsaharienne dont le père n’avait de cesse de vérifier la pile de documents qu’il tenait nerveusement à la main. L’attente étant pesante pour tout le monde, je me tournai vers l’éphèbe et lui demandai en arabe depuis combien de temps il attendait son tour.

Là encore, les apparences étaient trompeuses, le jeune homme était Afghan et parlait pachto avec des bribes d’anglais, contrairement à votre serviteur.

« C’était là l’avenir de toute une famille qui se jouait en quelques minutes »

Grâce au futur confortablement installé dans le ventre d’Ibtissam, on nous invita à passer en priorité devant l’officier d’immigration, un type tout en muscle au regard dur qui contrastait puissamment avec la douceur de son visage. Il prit connaissance de nos documents puis entreprit de nous poser une série de questions en anglais. Face aux quatre yeux grands ouverts et muets qui le regardaient, il finit par faire appel à un traducteur. Ouf, j’allais enfin avoir droit à un interlocuteur qui maitrisait le français.

Durant le moment d’attente, ce fut le tour de la famille subsaharienne de se présenter au guichet voisin. La nervosité du père monta d’un cran. Il reclassa pour la mille et unième fois son dossier et le présenta à l’officier d’une main tremblante, je compris que c’était là l’avenir de toute une famille qui se jouait en quelques minutes.

Cependant, rebelles comme des cheveux, les feuilles du pauvre homme se retrouvèrent à terre et s’éparpillèrent. Je m’accroupis pour l’aider à les ramasser lorsqu’une jeune voix de femme avec un accent appuyé m’interpella. « Bonjour, je suis la traducteur ». Cinq mots qui suffirent pour qu’une image farfelue me traversât l’esprit : Molière se retournait dans sa tombe sous l’œil ricanant de Shakespeare.

Le doute n’était plus permis, à 40 piges, je devais revenir sur les bancs de l’école. J’atterrissais.

Les opinions exprimées dans cet article n’engagent que leurs auteur(e)s et ne sauraient refléter la position d’ONFR et de TFO.

Ontario terre de mots : nouvelle plateforme pour la littérature d’ici

OTTAWA – L’Association des auteurs et auteures de l’Ontario français (AAOF) vient de lancer une nouvelle plateforme pour faire découvrir ses membres, mais aussi des lieux inspirants à travers la province. Le site web Ontario terre de mots a officiellement été lancé ce vendredi à La Nouvelle Scène Gilles Desjardins d’Ottawa, et est maintenant en ligne. 

ONFR s’est entretenu avec le directeur général de l’AAOF, Yves Turbide. Il explique que l’idée est venue d’une volonté de l’organisme d’améliorer sa maturité numérique et d’offrir un nouvel outil pour faire découvrir les auteurs franco-ontariens au-delà des frontières de la province. 

Dans les grands médias, notamment au Québec, « on trouvait qu’il n’y avait pas assez de recension sur les auteurs. Ce n’est pas de la mauvaise foi, c’est juste de la méconnaissance », exprime-t-il. 

L’AAOF a donc cherché une façon originale de mettre en valeur ses membres. L’idée d’associer la littérature au tourisme est arrivée rapidement. L’organisme a d’abord considéré l’option de relier des livres existants à des lieux et à des thématiques, entre autres en scannant des bouts de texte, mais l’opération s’est avérée plus complexe que nécessaire. Il aurait entre autres été difficile d’inclure certains livres, comme les albums jeunesse, par exemple.

L’AAOF avait présenté une première version de son idée lors du Salon du livre de l’Outaouais, en 2023. De gauche à droite : Hanneke Ronken, YvesTurbide et Shiraz Gaieb. Photo : Rachel Crustin

L’association a finalement lancé un appel à ses membres pour créer de courts textes inédits, inspirés du territoire naturel et bâti de l’Ontario. « Comme ça, tous les auteurs de l’association, peu importe ce qu’ils écrivent, peu importe où ils demeurent, peu importe où ils publient, peuvent être inclus dans le projet. » 

Le résultat oscille entre la carte d’affaires et la carte postale virtuelle. Chaque texte est accompagné d’une version audio, lue par Yves Turbide ou par l’autrice Mireille Messier.

Dans une seconde phase du projet, qui devrait avoir lieu cet automne, il sera possible de scanner des codes QR directement dans les lieux visés afin d’obtenir des informations, d’accéder aux textes et même de ramasser des points qui permettront d’obtenir des récompenses. « En même temps, ça va nous permettre de récolter de l’information » sur l’efficacité du projet. 

Quatre façons de découvrir 

Le site web est divisé en quatre sections. On peut ainsi accéder à la liste des auteurs impliqués et, pour chacun, consulter une fiche avec le ou les textes écrits pour le projet, une courte biographie et des liens pour se procurer leurs différents ouvrages. 

On y trouve environ 75 auteurs et autrices, des biens connus comme Jean Marc Dalpé, Chloé LaDuchesse, Michèle Vinet, Mireille Messier, Guy Bélizaire, Gabriel Osson ou Pierre-Luc Bélanger, ainsi que de nombreux noms à découvrir ou redécouvrir. 

Les différents lieux bénéficient également d’une fiche contenant des informations pertinentes, comme des cartes pour s’y rendre, des photos et des liens vers leur site officiel s’il y a lieu et, bien sûr, le ou les textes inédits invitant le lecteur à s’y rendre. 

La plateforme Ontario terre de mots permet de découvrir des auteurs et des lieux selon nos envies. Photo : capture d’écran ontarioterredemots.ca

La section Parcours permet de prévoir une balade à Ottawa, Toronto ou Sudbury afin de découvrir plusieurs lieux en une même journée. L’AAOF souhaite éventuellement inclure d’autres villes dans cette section, au fur et à mesure que des textes seront ajoutés pour des lieux à proximité les uns des autres. 

Les cartes thématiques permettent de visiter virtuellement l’Ontario selon des thèmes préétablis, comme le bord de l’eau, par exemple. 

La dernière section propose de générer soi-même sa carte thématique selon différents critères : l’accessibilité, la catégorie, la région ou le type de lieu.  Il est ainsi facile de retrouver des endroits près de chez nous et de monter notre propre expédition. 

Après le lancement à Ottawa, la plateforme sera présentée la semaine prochaine à Paris, dans le cadre du Sommet de l’Organisation internationale de la francophonie, par la délégation de l’Alliance culturelle de l’Ontario.

Inauguration de L’Armise de Timmins : « On espère offrir des brunchs Chaumière »

Lynne Guertin est assistante à la préparation des évènements et des installations et l’ex-directrice par intérim du Centre culturel La Ronde.

Près de 9 ans après l’incendie qui avait forcé sa démolition, le Centre culturel La Ronde a procédé à son ouverture officielle mercredi, à l’occasion du Jour des Franco-Ontariens.

Aujourd’hui, c’est au tour du bar l’Armise, ce lieu incontournable de rencontre de la communauté francophone de Timmins, d’avoir le droit à son inauguration officielle après une réouverture en juin dernier.

« Pour ceux qui ne sauraient pas, qu’est-ce que L’Armise?

C’est un salon-bar. Le service, tous les menus, les téléviseurs, la musique, tout est en français, mais on accueille tout le monde, peu importe la langue. On est ouvert les jeudi, vendredi à partir de 15h et le samedi à partir de midi et jusqu’à 2h du matin ou que le dernier client quitte. On a embauché cinq personnes pour accueillir les membres.

Lynne Guertin attend de pied ferme la cérémonie d’ouverture officielle de L’Armise. Crédit photo : Inès Rebei/ONFR

Comment allez-vous célébrer l’ouverture?

On a la coupe du ruban devant l’entrée principale, sur la terrasse de l’Armise à 18h30. Ensuite, on aura une petite surprise pour nos invités qui seront sur place. On a mis une ancienne table et des chaises de l’Armise d’avant, alors les gens vont pouvoir s’amuser et nous raconter leurs beaux souvenirs de l’Armise. Ils vont se rendre à la grande salle pour le spectacle des Bilinguish Boys et, pour terminer la soirée, on reviendra à l’Armise.

Une table et deux chaises de l’ancienne Armise sont disposées dans un coin, pour les nostalgiques. Crédit photo : Inès Rebei/ONFR

Pourquoi ce bar et sa réouverture sont-ils si attendus de la communauté?

L’Armise est un salon-bar qui a toujours été unique pour la communauté francophone. D’ailleurs, même nos amis anglophones viennent fêter ici parce qu’ils trouvent que nous, les Français, on sait s’amuser et on aime rire. C’est intime et tout le monde se connait, on est chez nous, c’est comme si on était dans notre salon tous ensemble.

Qu’est-ce qui distingue la nouvelle Armise de l’ancienne formule?

L’ancienne Armise était dans un sous-sol sombre. Ici, c’est beaucoup plus ouvert et éclairé. Certes, c’est moins grand que l’ancienne Armise, mais c’est plus intime et confortable.

La nouvelle Armise a une capacité de près de 70 personnes et 120 avec la terrasse, en été. Crédit photo : Inès Rebei/ONFR

À quoi ressemble la programmation communautaire?

On va faire des brunchs de type Chaumière, comme un clin d’œil à l’ancien restaurant incontournable de des francophones de Timmins depuis 30 ans, qui avait fermé après l’incendie.  La Chaumière était connue par tout le monde, chaque fois que quelqu’un passait à Timmins, on lui demandait « as-tu été manger à la Chaumière? ». Donc là, on espère offrir des « brunchs Chaumière » une fois par mois et les gens pourront manger dans l’Armise ou dans la grande salle. »

Normand Riopel au Congrès de l’AFMO : « Il faut avoir la couenne dure pour être en politique »

Normand Riopel est le président des Comtés unis de Prescott et Russell (CUPR) dans l’Est ontarien. Il est aussi le maire de la municipalité de Champlain. Les CUPR participent à l’organisation du Congrès annuel de l’Association française des municipalités de l’Ontario (AFMO), qui se déroule cette année à Clarence-Rockland, l’une des huit municipalités des CUPR.

L’événement se tient dans l’Est ontarien jusqu’à samedi. Les élus de diverses municipalités y sont attendus pour échanger, partager leurs expériences et renforcer les liens entre les collectivités francophones de l’Ontario.

D’importants enjeux seront soulevés durant ces trois jours en matière d’équité, de diversité et d’inclusion, de sécurité du logement, de santé, de relations avec les médias, d’agroalimentaire, d’efficacité énergétique ou encore de sécurité municipale.

« Pourquoi est-il toujours aussi essentiel aujourd’hui pour les municipalités francophones de se réunir à l’AFMO?

L’important, c’est de maintenir l’offre aux élus, c’est-à-dire le cadre qu’offre l’AFMO. Ce qui compte, c’est de servir nos municipalités et notre région en français. À cet égard, l’AFMO fait un excellent travail en promouvant les municipalités et en s’assurant qu’elles sont entre de bonnes mains.

Plus il y a de personnes, plus il y a de force et de visibilité. C’est donc essentiel, chaque année. Je l’ai constaté ce matin au tournoi de golf du maire de Clarence-Rockland : il y avait du monde, pas seulement des élus. Il y avait des gens qui soutiennent la francophonie ontarienne, comme nous l’avons vu hier lors de la Journée des Franco-Ontariens, et nous continuons aujourd’hui.

Qu’est-ce qui vous intéresse dans ces rencontres au Congrès de l’AFMO cette année?

Personnellement, c’est le secteur agricole qui m’anime, donc les conférences sur l’agroalimentaire et l’agriculture vont forcément m’intéresser.

Êtes-vous intéressé par les conférences sur la santé mentale dans un contexte municipal?

Absolument! Depuis la pandémie, on dirait que les gens ont été beaucoup plus affectés. Tout est devenu tellement dispendieux que les habitants souffrent.

La santé mentale est un enjeu majeur et l’on constate que beaucoup de gens sont frustrés par le système. Ce n’est pas facile de comprendre le système politique, ni le milieu municipal. Mon rôle est de leur fournir l’information nécessaire pour les aider.

Avec les conférences de l’AFMO, je vais apprendre des choses et peut-être comment mieux communiquer sur certaines affaires, par exemple. Il faut avoir la couenne dure pour être en politique!

Je dirais aussi qu’il ne faut pas oublier l’importance de l’immigration francophone en Ontario. Les Québécois travaillent fort pour préserver le français, mais en Ontario, nous faisons tout autant d’efforts.

Dans les Comtés unis de Prescott et Russell, vous partagez beaucoup de points communs, mais qu’est-ce qui vous unit avec les autres municipalités francophones du reste de la province?

Nous faisons face à trois grands défis. D’abord, il y a le manque de main-d’œuvre, un obstacle majeur, ainsi que la question du logement. Mais il y a aussi les infrastructures! C’est un problème commun à tous. Les municipalités doivent renouveler leurs systèmes d’eau, rénover les aqueducs, les égouts, et bien plus encore. C’est là où se situe l’urgence. Il est donc essentiel de collaborer avec les municipalités, et le soutien de l’AFMO sera très important à l’avenir.

Que diriez-vous aux jeunes pour les encourager à se lancer en politique municipale?

Il faut avoir la couenne dure, une bonne écoute et être bien entouré! »

Histoire et culture, du passé au futur

Alors que nous venons à peine de souligner le Jour des Franco-Ontariens, il est temps de conserver la fierté en visitant un nouveau lieu de diffusion francophone, ou en s’informant sur notre passé avec la visite d’un lieu patrimonial. Puis, cette semaine, c’est plutôt la couleur orange qu’il faut porter, pour souligner la Journée nationale de la vérité et de la réconciliation, le 30 septembre. Profitons de ce moment pour s’informer et prendre conscience de l’histoire subie par les peuples autochtones du Canada. Aller voir des artistes autochtones en spectacle est une façon de tisser des liens à échelle humaine. Cette semaine culturelle est aussi l’occasion d’encourager la relève théâtrale et de ressortir notre nostalgie musicale.

En français, anglais et atikamekw, s.v.p!

Ces trois langues résonneront à la Quatrième salle du Centre national des arts (CNA) ce samedi, avec la venue d’Yvan Boivin-Flamand. Le guitariste et auteur-compositeur vient tout juste de lancer son EP Set Me Free, le 20 septembre dernier. Dans la dernière année, il a pu côtoyer plusieurs autres artistes autochtones comme Pako et le groupe Maten, qu’il a accompagnés sur scène lors de Contact ontarois, en janvier 2024. Alors qu’il n’était pas la tête d’affiche en vitrine, son énergie débordante ne pouvait que séduire le public, qui lui a offert une ovation debout après un solo de guitare particulièrement senti. Nul doute que cet artiste accompli saura habiter la scène pour faire vibrer son projet solo. Si Set Me Free est un opus en anglais, l’artiste originaire de Manawan, dans la région québécoise de Lanaudière, compose et écrit également en français et dans sa langue maternelle, l’atikamekw. Il est également possible de regarder son lancement d’album, enregistré le 24 septembre à Québec, sur sa chaîne YouTube.

La pochette du EP Set Me Free d’Yvan Boivin-Flamand. Gracieuseté de Six media marketing

Ottawa, le 28 septembre. Détails sur le site du CNA.

La Ronde et L’Armise enfin de retour

À Timmins, on fête en grand l’ouverture officielle du Centre culturel La Ronde avec plusieurs activités prévues jusqu’à samedi. Un souper d’amitié du bel âge aura lieu jeudi. Vendredi, c’est l’inauguration du bar L’Armise, avec un spectacle des Bilinguish Boys à 20 h. Et samedi, une journée familiale animera le centre, avec entre autres un spectacle de Fredo le magicien.

Les Bilinguish Boys. De gauche à droite : Edouard Landry, Stef Paquette et Dayv Poulin. Photo : Gracieuseté du Centre culturel La Ronde

Timmins, jusqu’au 28 septembre. Détails sur le site du Centre culturel La Ronde.

Emmenez-moi à Toronto

Le chanteur Ghassan Yammine réveillera la nostalgie au Armenian Youth Centre de Toronto le 2 octobre. Accompagné du pianiste Guillaume Vincent et du flûtiste Kevork Keshishian, il reprend les grandes chansons de Charles Aznavour avec un timbre de voix très semblable à celui de son idole, qui aurait eu 100 ans cette année. Sur les réseaux sociaux, les vidéos de Ghassan Yammine où il chante des extraits de La Bohème ou de Comme ils disent cumulent des dizaines de milliers de vues sur YouTube et jusqu’à 3.9 millions sur TikTok.

Le pianiste et compositeur libanais Ghassan Yammine a eu le privilège de connaître personnellement Charles Aznavour. Photo : Gracieuseté de Stratèges experts

Toronto, le 2 octobre. Détails et billets sur la plateforme Eventbrite.

Faire le bien

La pièce Faire le bien du Collectif 2024 s’arrête au Théâtre français du CNA jusqu’à samedi. Le directeur artistique Mani Soleymanlou avait envie d’offrir à des finissants des écoles de théâtre une vraie première expérience professionnelle. Avec Claude Poissant à la mise en scène, François Archambault et Gabrielle Chapdelaine à l’écriture et Ève Landry comme comédienne d’expérience pour accompagner la relève sur scène, l’environnement est propice à la création d’une grande œuvre. Faire le bien est une suite de saynètes qui abordent des sujets comme la bienveillance, le consentement, l’environnement ou les ressources humaines, en mettant dans la bouche de vingtenaires des discours qu’on pourrait attribuer à une génération plus âgée. Et si, en voulant faire le bien, on faisait le contraire? La pièce a aussi été présentée au Théâtre du Rideau vert et le texte a été publié aux éditions Leméac.

Accompagnés sur scène par Ève Landry, les huit autres comédiens de Faire le bien ont été dénichés parmi les finissants de différentes écoles de théâtre. Photo : David Ospina

Ottawa, du 26 au 28 septembre. Détails et billets sur le site du CNA.

Véronique Sylvain en terrain miné

La Franco-Ontarienne Véronique Sylvain lance son deuxième recueil de poésie, intitulé En terrain miné. Un événement de lancement aura lieu ce samedi à 13 h 30, au café Anina d’Ottawa. L’ouvrage, écrit à la troisième personne du féminin, est présenté comme un « témoignage poétique » qui « revient sur la jeunesse d’une personne qui compose avec un trouble neurologique ».

Originaire du Nord de l’Ontario et maintenant établie dans la région de la capitale, Veronique Sylvain a récemment été nommée poète francophone officielle d’Ottawa. Son premier recueil, paru en 2019, lui avait des prix Trillium, Champlain et littéraire émergence AAOF (Association des auteurs et des auteures de l’Ontario français), en plus du Prix du livre d’Ottawa.

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Ottawa, le 28 septembre. Détails sur la page Facebook de l’événement.

Visite d’un joyau

À Fournier, dans l’Est ontarien, se trouve « un joyau du patrimoine religieux franco-ontarien… un des plus beaux exemples d’églises rurales de l’Ontario français », comme le décrit l’historien Michel Prévost. L’amicale de l’église Saint-Bernard invite les citoyens pour une dernière visite guidée de la saison, ce dimanche à 13 h. La description de l’événement promet que « la visite guidée ne se limite pas à une description sèche des principaux attraits (boiseries, fresques et verrières); elle met en lumière le travail d’une savante intégration de ces œuvres par les artistes sur une période de trente années (1890 à 1920) ».

L’église Saint-Bernard de Fournier a plus de 135 ans. Photo : Claude Grant

Fournier, le 29 septembre. Détails sur le site de la Municipalité de la Nation.

La professeure Isabelle Carignan remporte le Prix de la francophonie de l’ACFO du Grand Sudbury

SUDBURY – Isabelle Carignan est la nouvelle récipiendaire du Prix de la francophonie de l’Association canadienne-française de l’Ontario (ACFO) du Grand Sudbury cette année, succédant ainsi à Germaine Paquette. Le Prix a été remis dans le cadre du traditionnel banquet de la francophonie organisé dans le cadre du Jour des Franco-Ontariens.

La présence d’Isabelle Carignan a été remarquée à ce Banquet auquel elle s’est rendue mercredi soir pour la première fois depuis son arrivée à Sudbury en 2011, quelques heures après avoir également assisté au lever de drapeau à l’Université de Sudbury.

Originaire de Princeville au Québec, Mme Carignan se dit honorée d’avoir été nominée et de recevoir ce prestigieux prix reconnaissant l’engagement et les contributions d’une personne francophone de la région depuis 1983.

« Je suis Québécoise à l’origine et le fait de recevoir un Prix comme ça ici en Ontario, c’est encore plus touchant », confie-t-elle en entrevue avec ONFR.

Joyce Choquet, administratrice au conseil d’administration de l’ACFO du Grand Sudbury, à gauche, a remis le Prix de la francophonie à Isabelle Carignan mercredi soir. Crédit photo : Léo Duquette

« Lorsque je suis arrivée à Sudbury, j’étais loin de mes racines et de mes références culturelles et la communauté francophone m’a permis de me sentir un peu plus chez moi  », continue-t-elle en citant spécifiquement l’appui de mentors comme les professeurs de l’Université Laurentienne Michèle Minor-Corriveau, Louise Bourgeois ou encore le défunt Ali Reguigui.

Depuis janvier 2016, elle fait partie de l’équipe en enseignement en milieu scolaire du département Éducation de l’Université TÉLUQ et est également professeure associée à l’Université Laurentienne depuis 2012.

Passionnée de recherche

Pour Isabelle Carignan, la recherche est une seconde nature. Celle qui est aussi administratrice à l’Association canadienne-française pour l’avancement des sciences (ACFAS) écrit des chroniques dans la revue professionnelle québécoise Vivre le primaire laquelle est destinée aux enseignants et futurs enseignants.

C’est après avoir contacté Geneviève Carpentier, rédactrice en chef de la revue, que le projet a pu voir le jour : « Je lui ai dit que ce serait bien qu’on ait une chronique qui parle des minorités francophones à travers le Canada et elle a dit oui à cette idée-là ».

« Le fait qu’on ait trois pages dans cette revue québécoise qui fait de la place pour le milieu minoritaire, pour moi c’est une belle victoire »
— Isabelle Carignan

Cette chronique intitulée Les minorités francophones en action paraît quatre fois par an depuis trois ans.

Depuis ce sont des personnes de l’Ontario, du Nouveau-Brunswick, de l’Alberta ou encore du Manitoba qui sont publiées : « Le fait qu’on ait trois pages dans cette revue québécoise qui fait de la place pour le milieu minoritaire, c’est une belle victoire. »

La professeure est aussi chercheuse associée du Groupe de recherche en littératie médiatique multimodale (LMM), du Collectif de recherche sur la continuité des apprentissages en lecture et en écriture (CLÉ) et du Centre de recherche interuniversitaire sur la formation et la profession enseignante (CRIFPE).

Des vidéos éducatives

Parmi ses multiples accomplissements, Isabelle Carignan compte aussi la création de capsules vidéos expliquant la chirurgie cardiaque.

Pourquoi la chirurgie cardiaque? « C’est parce que et je suis didacticienne du français et je m’intéresse beaucoup à la compréhension et, pour moi, les patients sont comme des élèves qui sont en apprentissage », affirme-t-elle.

Avec son époux, le Dr Rony Atoui, le seul chirurgien cardiaque francophone d’Horizon Santé‑Nord (HSN), elle se lance dans un projet qui la rendra fière.

« À un moment donné, on a commencé à discuter et je me suis rendu compte qu’il y avait beaucoup de choses à faire dans ce domaine-là donc on s’est alliés pour créer des vidéos expliquant la chirurgie cardiaque non seulement aux patients qui vont subir une opération, mais aussi pour leur famille. »

Isabelle Carignan passe beaucoup d’heures au quotidien à faire du bénévolat auprès de plusieurs organismes. Crédit photo : Université TÉLUQ

Ces capsules ont par la suite été intégrées dans des cours de l’École de médecine du nord de l’Ontario (EMNO) dans le cadre d’un module sur la santé cardiovasculaire.

Au final, selon Mme Carignan, « le but, c’est vraiment de faire la différence, c’est de faire en sorte que tout ce qui est en lien avec la francophonie en milieu francophone puisse être valorisé ».

Université de Sudbury, Place des Arts, Voyageur

En outre, quand elle n’enseigne pas, celle-ci consacre bénévolement son temps depuis deux ans au Sénat de l’Université de Sudbury, lequel étudie et approuve la programmation de l’établissement qui accueillera ses premiers étudiants en 2025.

« Ça me permet de participer à la création de l’université unilingue francophone par pour et avec les francophones dans le Nord », précise la Franco-Ontarienne d’adoption qui est également professeure associée à l’établissement depuis 2021.

Celle qui est mère de deux jeunes enfants dit également avoir été sollicitée pour développer des opportunités pour le Théâtre du Nouvel Ontario (TNO) et la Librairie Panache de la Place des Arts : « On aimerait travailler sur la médiation culturelle et développer davantage l’aspect de la culture avec les écoles. »

À ses peu nombreuses heures perdues, celle-ci écrit également des chroniques dans le Journal Le Voyageur ou encore s’implique en tant que chargée des relations publiques au conseil des parents d’élèves de l’école de ses enfants.

Jour des Franco-Ontariens : entre célébration et protestation

De Windsor à Timmins, en passant par Hamilton, Sudbury, Toronto et Ottawa, de nombreuses communautés ont célébré le Jour des Franco-Ontariens ce mercredi à travers la province. Cette journée de commémoration a été marquée par le boycott de la cérémonie de Greenstone, dans le Nord, en signe de protestation contre la décision municipale de ne plus lever le drapeau de façon permanente.

Dans l’Est, l’Université d’Ottawa a profité de ce 25 septembre pour inaugurer officiellement les murales de l’artiste Mique Michelle, peintes sur les murs de la bibliothèque Morisset pour représenter l’histoire franco-ontarienne. Un lever de drapeau et un dîner ont ensuite rassemblé les élèves et les membres du personnel francophones à la Place de l’Université. 

Le recteur Jacques Frémont en a profité pour rappeler que plus de 15 000 étudiants de l’institution sont francophones, ce qui représente un tiers de la population étudiante. « Nous avons des devoirs envers cette communauté franco-ontarienne et nous n’avons pas l’intention de nous dérober », a-t-il déclaré. 

L’historien et professeur Michel Bock, originaire de Sudbury et ancien étudiant de l’un des créateurs du drapeau, Gaétan Gervais, a raconté que « la création du drapeau ne symbolisait pas la naissance de l’Ontario français, ni même tout à fait sa renaissance, mais sa volonté de se prendre en main dans un contexte socio-politique reconfiguré par les grandes mutations idéologiques et institutionnelles des années 1960 et 1970 ». 

DJ Unpier et JACOBUS en concert à Cornwall ce mercredi matin. Photo : Gracieuseté G. Dignard-J. Chénier

Un match d’improvisation a réuni des joueurs étoiles de la région. Photo : ONFR/Rachel Crustin

Le recteur Jacques Frémont a rappelé que plus de 15 000 étudiants de l’U d’O sont francophones. Photo : ONFR/Rachel Crustin

Photo : ONFR/Rachel Crustin

Photo : ONFR/Rachel Crustin

Des célébrations avaient commencé dès la veille au soir à Orléans, dans l’est de la ville, un Apéro franco précédant le lever du drapeau au Mouvement d’implication francophone d’Orléans (MIFO), centre culturel au rôle majeur dans la vitalité de la francophonie de la capitale.

« Nous sommes à un moment clé de notre histoire », jugeait Trèva Cousineau, la présidente du conseil d’administration, en référence au futur édifice dont la construction débutera dans les prochains mois. 

Mark Sutcliffe, le maire d’Ottawa, y a déclaré que le drapeau franco-ontarien était un « symbole de force et de résilience de la communauté franco-ontarienne et témoigne de (son) histoire riche et (de ses) valeurs profondes ». L’activité s’est terminée par un match d’improvisation réunissant des joueurs étoiles de la région.

À Vanier, les festivités se sont tenues au Carré de la francophonie dans une chaleureuse ambiance, alors que le concert prévu au marché Saint-Charles a malheureusement dû être annulé, en raison des conditions météorologiques.

Tandis qu’à Cornwall, DJ Unpier et JACOBUS ont enflammé la scène devant un millier de participants issus des écoles secondaires La Citadelle et L’Héritage, ainsi que des écoles élémentaires St-Lucie, Notre Dame, Marie-Tanguay et Rose Des vents. 

De Queen’s Park à l’hôtel de ville, les Franco-Torontois en foule

Toronto s’est revêtu de vert et de blanc, à la fois du côté de l’Assemblée législative de l’Ontario et de l’hôtel de ville. Comme l’a illustré la lieutenante-gouverneure Edith Dumont, plus tôt dans la matinée, « un drapeau qui fait émerger en nous un sentiment d’appartenance à une communauté qui s’épanouit visiblement d’une génération à une autre. Les deux emblèmes qu’il porte, la fleur de lys, emblème de la francophonie, et le trille, symbole de l’Ontario, témoignent de notre contribution à l’histoire de l’Ontario ».

« Ce moment de fierté et de célébration nous rassemble. En célébrant cette journée, nous prenons un instant pour nous rappeler pourquoi nous choisissons de parler et de vivre en français », a-t-elle conclu.

Le mot d’introduction de Peter Hominuk, le directeur général de l’AFO, entre les différents discours. Photo : ONFR/Sandra Padovani

Les jeunes franco-ontariens à l’hôtel de ville de Toronto. Photo : ONFR/Rudy Chabannes

Il s’agissait de la première cérémonie de lever du drapeau franco-ontarien pour Edith Dumont en tant que lieutenante-gouverneure de l’Ontario. Photo : ONFR/Rudy Chabannes

Caroline Mulroney, ministre des Affaires francophones. Photo : ONFR/Rudy Chabannes

Lever du drapeau franco-ontarien à Queen’s Park. Photo : ONFR/Sandra Padovani

Quelques élus municipaux de Toronto et le consul général de France, Bertrand Pous, à l’hôtel de ville. Photo : ONFR/Sandra Padovani

Les discours se sont enchainés devant Queen’s Park, avec notamment Caroline Mulroney, ministre des Affaires francophones, et les cheffes des partis d’opposition, la néodémocrate Marit Stiles et la libérale Bonnie Crombie, ou encore le président de la chambre Ted Arnott, chacun y allant de son mot en français.

Les chants mélodieux du « Ô Canada » de la chorale francophone ont résonné au pied de l’édifice provincial, avant le tant attendu lever de drapeau.

Un peu plus tard, en fin de matinée, surplombant la place Nathan-Phillips, sur le toit de la mairie, une foule de francophones, dont plusieurs centaines d’élèves, était réunie, à l’instigation de l’ACFO Toronto.

Les conseillères municipales francophones Jennifer McKelvie et Alejandra Bravo ont reconnu l’importance de l’histoire francophone de la Ville Reine et les contributions de la communauté. La tour CN en prendra d’ailleurs les couleurs dès la tombée du jour.

Retrouvailles à Hamilton et dans le Sud-Ouest

À Hamilton, la cérémonie qui s’est tenue sur le parvis de l’hôtel de ville a regroupé les élèves des différentes écoles francophones des environs dépendant des conseils scolaires MonAvenir et Viamonde. Les discours se sont succédés sur la scène en présence des représentants du Centre francophone Hamilton, de la municipalité, de membres de l’Assemblée législative de l’Ontario et de l’organisateur de l’événement, l’ACFO régionale Hamilton.

Les élèves sur le parvis de l’hôtel de ville de Hamilton. Photo : ONFR/Mickaël Laviolle

La communauté de Welland réunie autour du maire Franck Campion. Photo : Gracieuseté

Les écoles de la région de Sarnia ont répondu à l’appel du 25 septembre. Photo : Gracieuseté Centre communautaire Francophone de Sarnia-Lambton

Gros rassemblement à Windsor à l’imitative de l’ACFO WECK avant le lever du drapeau franco-ontarien. la fète se concluera vendredi avec le French Part’Eh. Photo : Gracieuseté ACFO WECK

La mairie a annoncé pour l’occasion une augmentation des services dédiés aux francophones. Le drapeau franco-ontarien flottant déjà sur la façade de l’hôtel de ville d’Hamilton, il n’y a pas eu de hissage du drapeau en bonne et due forme mais une reprise en chœur de l’hymne franco-ontarien.

L’ACFO régionale Hamilton a procédé ensuite à sa traditionnelle remise des prix Engagement Franco, avant de laisser place à un spectacle du « mathémagicien » franco-ontarien Mikael Taieb, qui a proposé son spectacle de magie accompagné de la logique mathématique des rubik’s cubes et d’art. 

Au-delà de la ville de l’acier, on comptait des célébrations à Welland, Sarnia et Windsor entre autres.

Dans le Nord : Timmins festif, Greenstone revendicatif

La météo capricieuse n’a pas non plus empêché la tenue des nombreux événements partout dans le Nord, bien que certains événements extérieurs aient été déplacés.

À Timmins, en ce 25, plusieurs jours d’activités célébrant l’ouverture officielle du Centre culturel La Ronde, neuf ans après l’incendie qui a ravagé l’ancien centre. 

Après un lever de drapeau en présence des écoliers francophones de la région et des représentations des artistes Jojo et Brian St-Pierre dans quatre écoles de Timmins, suivront la cérémonie de coupure du ruban sur le site du Centre en soirée, tandis que vendredi marquera l’ouverture très attendue du bar l’Armise.

Dans le Nord-Ouest, les francophones boudent la cérémonie de lever de drapeau organisée par la ville de Greenstone en guise de protestation contre la décision du conseil municipal de ne plus faire flotter le drapeau franco-ontarien de manière permanente à l’hôtel de ville.

Des levers de drapeaux ont néanmoins eu lieu ailleurs dans des écoles de la région. Les habitants affichent plus d’une centaine de drapeaux partout dans la municipalité en réponse à une autre initiative de l’Association des francophones du Nord-Ouest (AFNOO).

Lever de drapeau à Hearst. Photo : Gracieuseté Andrée Beaulieu

Les Rats d’swompe à North Bay. Photo : Gracieuseté  J.Ducharme

Dayv Poulin sur les planches à Moonbeam. Photo : Gracieuseté Rémidumais Média

Chuck Labelle sur scène à Moonbeam. Photo : Gracieuseté Rémidumais Média

À Sturgeon Falls avec Les Rats d’swompe. Photo : Gracieuseté  J.Ducharme

Cérémonie du drapeau à North Bay. Photo : Gracieuseté J.Ducharme

À Sudbury, on célèbre comme chaque année avec le lever de drapeau franco-ontarien à l’endroit qui l’a vu naître, l’Université de Sudbury. L’établissement en a profité pour lancer la période d’inscription pour l’année universitaire 2025-2026, pour annoncer trois nouvelles bourses d’étude, et pour dévoiler sa nouvelle image de marque et son slogan : « Ici, on réussit ».

Ce fut aussi le lancement de la construction d’une nouvelle école catholique de langue française à Val Thérèse, tandis qu’à l’Université de Hearst, le commissaire aux services en français Carl Bouchard a pris part à la cérémonie du lever de drapeau. Il s’est ensuite rendu à Moonbeam pour prononcer un discours, à Kapuskasing et terminera la soirée à Timmins pour l’inauguration du centre culturel La Ronde.

Les Franco-Ontariens boycottent le lever de drapeau à l’hôtel de ville de Greenstone

GREENSTONE – La municipalité de Greenstone dans le Nord-ouest ontarien a été prise de court ce mercredi matin, à l’occasion de la Journée des Franco-Ontariens. Les francophones de la région ont décidé de ne pas se présenter pour la cérémonie de lever de drapeau organisé par la Ville.

Les francophones de la région sont volontairement absents de la cérémonie de lever de drapeau organisée devant l’hôtel de ville de Geraldton.

Une action coup de poing organisée par l’Association des francophones du Nord-Ouest (AFNOO) qui intervient sept mois après la décision du conseil municipal de ne plus faire flotter le drapeau franco-ontarien de façon permanente à l’hôtel de ville.

« C’est gros pour nous autres de dire qu’on n’y est pas, parce qu’on n’a pas l’habitude de se chicaner avec les municipalités, mais on n’a pas le choix », confie Claudette Gleeson, présidente de l’AFNOO.

La municipalité de Greenstone n’a pas été mise au courant en avance afin de créer un plus grand effet de surprise, mais une porte-parole et membre du conseil d’administration de l’AFNOO, Suzanne Levesque,  s’est tout de même déplacée pour signifier que la communauté serait absente en guise de protestation avant de quitter immédiatement.

La cérémonie de l’année passée avait réuni près de 80 personnes selon l’AFNOO. Gracieuseté de l’AFNOO

Le drapeau a tout de même été baissé puis levé à 10h – il est levé depuis lundi et jusqu’à vendredi comme le veut la nouvelle politique de la Ville – et un discours a été prononcé, en anglais, par le conseiller municipal et maire suppléant Matthew Donovan mais aucun francophone n’était présent.

D’autres actions plus musclées étaient sur la table, mais ont été abandonnées afin de ne pas nuire à la communauté, selon Mme Gleeson.

Le 12 août dernier, la Ville avait tenté de faire un geste envers la communauté francophone en proclamant le 25 septembre comme Jour des Franco-Ontariens.

« Ils essaient de réparer la relation mais il n’y a rien qui va réparer le bris sans que nous recevions la chance d’avoir notre drapeau qui flotte de nouveau pour en permanence », juge Claudette Gleeson.

Levers de drapeau dans les écoles

Des levers de drapeau symboliques ont néanmoins eu lieu en présence des francophones dans les écoles de la région : à Longlac devant l’École Notre-Dame-de-Fatima, à Geraldton à l’École St-Joseph et à Nakina sur les terrains de Notre-Dame-des-Écoles.

Le Conseil scolaire de district catholique des Aurores boréales (CSDCAB) n’a pas hésité à se joindre l’appel de l’AFNOO.

« D’habitude, on a un lever de drapeau dans nos écoles et après on se rend à l’hôtel de ville, mais cette année on ne se rendra pas à l’hôtel de ville pour se rallier à la décision de la communauté », confirme Audrey Debruyne, responsable des communications du conseil francophone.

Elle ajoute que le Conseil a aussi déployé, de manière exceptionnelle, un dispositif pour offrir des concerts en fait dans chacune des communautés desservies « afin d’aller au-delà des activités de célébrations des écoles ».

La Lieutenante-gouverneure de l’Ontario, Edith Dumont était également au Centre francophone de Thunder Bay la semaine passée. Gracieuseté de l’AFNOO

Un retour en arrière encore possible?

À l’Assemblée de la francophonie de l’Ontario (AFO), on salue aussi l’initiative de l’AFNOO qui a aussi demandé aux habitants de parer la ville de vert et blanc pour l’occasion.

Plus de 112 drapeaux, 66 pancartes et 60 plaques d’immatriculation ont d’ailleurs été récoltés lors de la campagne provinciale avec l’ACFO du grand Sudbury grâce à des dons et distribués la semaine dernière aux résidents francophones.

« Ce qu’on a demandé aux gens ce n’est pas juste de les faire flotter demain mais de les garder toute l’année chez eux, donc au lieu d’en avoir un à l’hôtel de ville, on va en avoir partout dans la municipalité », rappelle Fabien Hébert, président de l’AFO.

Et d’ajouter : « La municipalité, clairement, ne veut pas que les Franco-Ontariens affichent leur fierté de l’être, donc pourquoi est ce qu’ils devraient se déplacer? »

M. Hébert compte discuter dans les prochains jours avec le maire James McPherson de la promesse de la Ville d’élaborer un comité visant à explorer les manières de mettre en valeur la communauté francophone. Selon lui, l’action d’aujourd’hui pourrait inciter la municipalité à revoir sa position concernant la politique de drapeaux.

Besoin de plus de conseillers francophones

L’initiative visant à ne pas se rendre à la cérémonie de la Ville a été décidée lors d’une rencontre la semaine précédente à Greenstone qui avait réuni l’Association des Francophones des municipalités de l’Ontario (AFMO), des membres de l’AFNOO, des conseils scolaires et du public.

« La salle était pleine à craquer » au centre culturel francophone de Geraldton, le 16 septembre dernier selon celle qui est aussi présidente du CSDCAB.

Beaucoup de francophones avaient manifesté leur colère envers la Ville lors de la réunion organisée en amont de la Journée des Franco-Ontariens à Greenstone la semaine passée. Capture d’écran/AFO

Nicole Fortier-Lévesque, ex-mairesse de Moonbeam et ex-présidente de l’AFMO, y a souligné l’importance pour les francophones de s’engager en politique municipale afin d’éviter qu’une situation comme celle de Greenstone ne se reproduise.

« On essaie de trouver des francophones qui veulent se présenter aux prochaines élections comme conseillers municipaux, mais le seul défi avec ça, c’est de trouver des francophones qui se sentent confortables en anglais parce que les négociations et tout le reste se passent en anglais », note-t-elle.

Les deux conseillers francophones de Greenstone ne sont pas venus à la rencontre et n’ont donc pas été avisés de l’action, fait savoir Mme Gleeson. ONFR a tenté de rejoindre la Ville de Greenstone pour une réaction mais n’a pas reçu de réponse en fin de journée ce mercredi.

ONFR, une décennie d’information en milieu minoritaire

La franchise d’information de TFO, le diffuseur public francophone de l’Ontario, a dix ans. Un clignement de paupière dans l’histoire de l’industrie médiatique, tout autant qu’un miracle dans un secteur en crise. Pourtant, en l’espace de dix ans, ONFR a trouvé son public, faisant figure d’exception au Canada. L’Ontario est en effet la seule province canadienne en milieu minoritaire à bénéficier d’un média public francophone provincial couvrant l’actualité quotidienne et les enjeux de société en français.

Lorsqu’un certain 25 septembre 2014, Jour des Franco-Ontariens, ce qu’on appelle alors #ONfr est créé, c’est une émission de huit minutes, un test lancé presque au hasard sans garantie aucune de pérennité, en plein tumulte postélectoral et budgétaire.

Sous l’impulsion de François Pierre Dufault, tout à la fois producteur, animateur et rédacteur, le bulletin hebdomadaire prend forme dans un micro studio au décor rétro inspiré de la série House of Cards, en complément d’un blog où fleurissent les premiers articles d’actualité.

« C’était le chaos, raconte-t-il. On nous a annoncé la fin de 360 (unique émission télévisée d’affaires publiques en français en Ontario) peu de temps après les élections, sans véritablement de plan de remplacement. On s’est tourné vers moi pour envisager la suite en partant d’une page blanche. »

La franchise se nommera #ONfr (pour ONtario FRançais) en référence au hashtag du moment sur le réseau social X. Quoi de mieux pour l’identifier et cerner instantanément son ADN?

Le journaliste et animateur François Pierre Dufault, pionnier de la franchise ONFR sur le premier plateau en 2014. Photo : archives ONFR/TFO

Concentré sur la politique provinciale dans sa première année d’existence, le média naissant diversifie ses contenus sur la francophonie en milieu minoritaire à partir de 2015 avec l’apport de trois journalistes : Sébastien Pierroz – qui deviendra rédacteur en chef –, Benjamin Vachet (Ottawa) et Étienne Fortin-Gauthier (Toronto).

 « On naviguait un peu à vue, en tentant de cerner ce qui fonctionnait et ce qui fonctionnait moins. On a construit la fusée en vol. Notre moteur, c’était la passion commune qu’on avait pour la communauté franco-ontarienne », relate Benjamin Vachet qui se spécialisera dans la politique fédérale et la francophonie canadienne. « On se disait qu’on était là pour une saison sans savoir si cela n’allait pas s’arrêter de façon soudaine. »

La politique comme point de départ, la francophonie pour horizon

 « Nos audiences nous confortaient dans l’idée d’élargir les sujets au-delà de la lorgnette politique », se remémore par ailleurs Sébastien Pierroz qui introduit avec ses collègues, des nouvelles francophones hors parlement dans les domaines de l’éducation, de la santé et des droits linguistiques.

En même temps que s’affirme une expertise politique provinciale et fédérale, des sujets ayant trait aux minorités de langues officielles dans l’ensemble du Canada trouvent écho par-delà les frontières au Nouveau-Brunswick, en Alberta ou encore en Colombie britannique.

« ONFR a joué un rôle d’avant-plan dans son suivi de la modernisation de la Loi sur les langues officielles, illustre à ce propos le sénateur acadien René Cormier qui fut président du comité sénatorial des langues officielles. Ce média a sensibilisé et instruit les communautés francophones à travers le pays sur les débats, étape par étape, à un moment charnière du texte. »

Le journaliste parlementaire Jean-François Morissette (au centre) questionne la ministre des Affaires francophones du gouvernement Wynne en mêlée de presse à Queen’s Park. Photo : archives ONFR/TFO

À la barre d’une mission sur la francophonie, Étienne Fortin-Gauthier reçoit entre autres la militante Gisèle Lalonde. Photo : archives ONFR/TFO

Le journaliste Benjamin Vachet interviewe la ministre des Affaires francophones Caroline Mulroney lors d’un direct Facebook. Photo : ONFR/Rudy Chabannes

La journaliste Rozenn Nicolle à l’antenne depuis un des quartiers généraux au moment des élections provinciales de 2018. Photo : archives ONFR/TFO

Les équipes techniques autour des journalistes Étienne Fortin-Gauthier, François Pierre Dufaut et du réalisateur Michel Plaxton (au premier plan), sur le deuxième plateau d’#ONFR. Photo : archives ONFR/TFO

L’arrivée de la productrice Linda Godin, en 2016, coïncide avec une phase d’expansion. L’apport de Jean-François Morissette, Rozenn Nicole et Didier Pilon double la taille de la rédaction et, pour la première fois, la franchise s’implante dans le Nord avec un poste permanent de journaliste à Sudbury en tandem avec un réalisateur, en même temps qu’elle accroit sa présence au siège torontois. C’est à cette période que son identité numérique s’affirme, le blog se changeant en site web d’information et l’émission télévisuelle étant abandonnée.

Mais deux ans plus tard, ces efforts sont anéantis. TFO sabre dans son budget. Six employés (sur dix) dont la productrice et trois journalistes perdent leur emploi. La nouvelle suscite le tollé en Ontario français. Dans une lettre ouverte, chercheurs et leaders francophones demandent des comptes au diffuseur public.

2018-2019 : le choc, le sursaut et la métamorphose

« Ça a été un choc car on perdait entre autres la présence à Queen’s Park d’un média qui gardait un œil sur les décisions gouvernementales et qui rejoignait toute la francophonie », se souvient Carol Jolin, ancien président de l’Assemblée de la francophonie de l’Ontario, mandaté par la communauté pour exhorter la direction à faire machine arrière.

Par un habile tour de passe-passe, la chaine fusionne finalement deux de ses franchises en 2019 : #ONfr et la production magazine 24.7. L’actualité rejoint le documentaire pour donner naissance à quelque chose de « plus » : ONFR+ traitera désormais de tous les aspects francophones, de la nouvelle écrite au reportage vidéo.

Sous la houlette de la nouvelle productrice, Gisèle Quenneville, animatrice à succès des émissions Panorama, RelieF et Carte de visite, une équipe d’une dizaine de membres met en scène l’information : journalistes, réalisateurs et réalisateurs-associés repensent l’information en ligne, appuyés par une assistante à la réalisation, une gestionnaire de communauté et une coordonnatrice de soutien à la production.

L’équipe d’ONFR+ aux côtés de la productrice Gisèle Quenneville (en bas à droite) en 2019 au siège torontois de TFO. Photo : ONFR/Jackson Ho
« On s’est dit qu’on aurait sûrement une plus grande force de frappe si on unissait nos forces » 
— Gisèle Quenneville, productrice d’ONFR de 2019 à 2021

« On s’est dit qu’on aurait sûrement une plus grande force de frappe si on unissait nos forces, se souvient Gisèle Quenneville. Au-delà de simplement fusionner ces deux franchises, l’idée était de délimiter, préciser la ligne éditoriale de tout le contenu d’actualité de TFO. On n’avait pas les moyens d’être un média généraliste, alors on s’est concentré sur la francophonie ontarienne en jumelant des journalistes à des réalisateurs capables de travailler ensemble sur des sujets qui informent, démystifient, divertissent. »

La même année, j’intègre cette équipe comme reporter et rejoins trois « historiques » : les journalistes Sébastien Pierroz, Benjamin Vachet et Étienne Fortin-Gauthier. « Ce qui a fait la force d’ONFR durant toutes ces années, observe ce dernier, c’est cette capacité à se réinventer constamment. Téléjournal de huit minutes, émissions spéciales, directs à la télé puis sur Facebook, séries, podcast… On a changé en continu, mais dans un monde des médias aussi changeant que le nôtre, c’est un beau modèle. On n’a pas réduit la francophonie à la sphère communautaire, on l’a au contraire fait éclater à tous les niveaux, en traitant des sans-abri, de l’immigration, de la crise du logement, etc. »

L’oeil critique et créatif des réalisateurs

Parallèlement au travail des reporters, on assiste à une montée en puissance des productions. À la réalisation, Andréanne Baribeau, Joanne Belluco (Toronto), Jean-Philippe Bélanger (Ottawa) et Éric Bachand (Sudbury) produisent des sujets allant au-delà de la manchette, donnant du relief aux aspérités de la francophonie minoritaire. Le public plébiscite, la profession salue, comme en attestent plusieurs prix en journalisme.

Un Jasmin pour la série Nomade en 2020, sera suivi d’une mention honorable au prestigieux prix Hillman pour la série Les accents, ainsi qu’une médaille d’or la même année et une autre d’argent aux Prix d’excellence en publication numérique pour Croquis littéraire : Moi Sam, Elle Janis (2022) et Au pied du mur, dossier consacré à la crise du logement (2023). Quant à la série Stuck., elle se distinguera dans plusieurs festivals canadiens et étrangers.

Coulisse de tournage avec Andréanne Baribeau et Étienne Fortin-Gauthier. Photo : ONFR/Jackson Ho

De la série Stuck. de Joanne Belluco, naîtra un film projeté ici lors du festival Cinéfranco. Photo : ONFR/Rudy Chabannes

La réalisatrice Andréanne Baribeau en tandem avec le caméraman Jackson Ho sur un lieu de tournage. Photo : ONFR/Jackson Ho

La plateau d’Au pied du mur, l’émission télévisée concluant la série éponyme. Photo : TFO

Sébastien Pierroz, producteur, s’adressant au public en préambule du débat. Photo : ONFR/Rudy Chabannes

Le caméraman Dominique Demers et le réalisateur Jean-Philippe Bélanger (au centre) tournent en Saskatchewan.

La réalisatrice Joanne Belluco dans le décor de La Cabine, saison 3, qui met en lumière le ciném en français. Photo : TFO

Rudy Chabannes, rédacteur en chef d’ONFR/TFO. Photo : TFO

« ONFR a apporté un vent de fraicheur, de qualité à travers ses documentaires et reportages non didactiques, au dynamisme et réalisme très réfléchis et en même temps ancré dans les vraies personnes », juge Marcelle Lean, directrice générale et artistique de Cinéfranco, le festival international du film francophone de Toronto.

À partir de 2021, tandis que Sébastien Pierroz prend les rênes de la production, l’équipe rédactionnelle, miroir de la profession, se féminise. Inès Rebei (Sudbury), Rachel Crustin (Culture), Lila Mouch (Ottawa), ainsi que les correspondants parlementaires Sandra Padovani (Queen’s Park) et Pascal Vachon (Colline du Parlement) dénichent de nouvelles histoires, animent conférences et festivals, partent en reportage aux quatre coins de l’Ontario, au Nouveau-Brunswick, en Saskatchewan, en Nouvelle-Écosse, en renfort d’un pigiste sportif et d’un contingent de chroniqueurs.

Les journalistes Lila Mouch, Inès Rebei, Rachel Crustin et Sandra Padovani. Photo : ONFR/Rudy Chabannes

Le contexte est stimulant pour le rédacteur en chef que je deviens alors. Pour la première fois, la franchise se dote d’un poste permanent spécialisé dans la culture et d’un autre dédié à l’Est ontarien, en même que s’intensifient les contenus dans une autre région-bastion de la francophonie : le Nord.

Alors que partout au pays, face à l’érosion ou la stagnation des revenus et des audiences, les grands diffuseurs, publics comme privés, coupent dans leur personnel depuis deux ans (TVA, Quebecor, Radio-Canada, TFO sans toucher cette fois au personnel journaliste), ONFR parvient à manœuvrer en eaux troubles en misant sur les réseaux sociaux avec des contenus dédiés.

À la conquête des réseaux sociaux malgré le caillou Meta

Réalisateurs et journalistes convergent sur des projets communs, les premiers collant de plus en plus à l’actualité, les seconds apparaissant face caméra. Le résultat : une information dynamique, incarnée, pensée d’abord pour les réseaux sociaux avec, pour tête de proue, Instagram. Capsules, reels, explainers, vox pop et carrousels y fleurissent, avec l’appui de gestionnaires de communauté à l’affût des audiences et des tendances. Présent sur X, YouTube (depuis 2014), Facebook (2016) et Instagram (2018), ONFR totalise près de 53 000 followers sur ses quatre plateformes.

« Quand tu fais de la vidéo, tu n’as pas d’autre choix que de t’adapter continuellement aux différentes plateformes, décrypte la réalisatrice-coordonnatrice Andréanne Baribeau. On a délaissé les topos longs pour aller sur des contenus majoritairement verticaux, plus courts, sans rogner ni sur l’information ni sur l’esthétique. Il faut se démarquer dans un univers où les gens scrollent sans s’attarder. Il faut trouver des approches innovantes de réalisation et de graphisme pour les agripper, les embarquer dans notre histoire. »

Inès Rebei en duplex lors des élections provinciales de 2022. Archives ONFR

Jean-Philippe Bélanger, Victoire Giraudet, Inès Rebei, Rudy Chabannes, Rachel Crustin, Lila Mouch, Sandra Padovani, Abigael Alves-Murta et Floriane Di Salvo. Photo : archives TFO

La journaliste culturelle Rachel Crustin lors du Festival franco-ontarien à Ottawa. Photo : archives ONFR/TFO

Sandra Padovani interviewe l’astraunaute Jeremy Hansen. Photo : archives ONFR/TFO

Inées Rebei voguant sur le lac Supérieur dans Micro et boussole, une série de reportages au coeur de la francophonie du Nord. Photo : archives ONFR/TFO

La journaliste culturelle Rachel Crustin, ici à l’animation.

La journaliste Sandra Padovani anime un panel au Club canadien de Toronto. Photo : archives ONFR/TFO/Rudy Chabannes

Au-delà des conférences de rédaction quotidiennes, l’équipe réunit chaque année en présesentiel ses membres répartis dans trois villes : Sudbury, Ottawa et Toronto. Photo : archives ONFR/TFO/Rudy Chabannes

Le journaliste parlementaire Pascal Vachon. Photo : archives ONFR/TFO

En 2023, à la faveur d’une refonte des marques de TFO, ONFR+ devient ONFR/TFO avec pour objectif un rapprochement mutuel de la chaine éducative et de sa franchise d’information. Dans la foulée, son site internet se modernise, multipliant les actualités courtes en même temps qu’il lance un long format : Grand Angle, une rubrique ambitieuse dédiée aux récits et magazines numériques.

Mais face au blocage des médias par le géant du web Meta sur ses plateformes Facebook et Instagram, le site (et ses 24 000 visiteurs uniques) redevient le navire amiral de la franchise, tandis que s’affine la stratégie YouTube et que chemine l’idée d’un balado qui devrait voir le jour en 2025.

Quatrième pouvoir et vigie des langues officielles

De la crise de l’Hydro en 2014 au scandale de la ceinture de verdure en 2023 en passant par le fracas des coupes du Jeudi noir de l’Ontario français, ONFR a joué son rôle de quatrième pouvoir en couvrant les principales controverses politiques sous deux gouvernements. Témoin et décrypteur de grands acquis franco-ontariens comme la création de l’UOF ou le renforcement de la Loi sur les services en français, et souvent qualifiée de chien de garde des francophones, la franchise ne s’est jamais imaginée en courroie de transmission des leaders institutionnels, mais a au contraire tracé le sillon d’une information indépendante, vérifiée et équilibrée, mettant en lumière des enjeux ignorés des médias de masse ontariens.

Elle a également assis son expertise sur les langues officielles et les enjeux fédéraux, tout en se saisissant des thèmes de la culture, de l’immigration ou encore de l’éducation, vecteurs identitaire d’une communauté diversifiée en perpétuelle mutation.

Avant tout numérique aujourd’hui, elle est capable de se mobiliser à chaque élection en organisant des débats sur le terrain et en couvrant en direct les soirées électorales en ondes, autant qu’elle sait faire montre de créativité sur les médias sociaux.

La débat en français des porte-parole des chefs, aux élections provinciales de 2022 organisé par TFO et Radio-Canada, sur le plateau de TVO.

« Avec la culture, le sport, la vidéo, Instagram… ONFR a considérablement élargi ses horizons dans les dernières années au bénéfice de sa réputation et de l’accès à l’information des francophones en situation minoritaire », observe Linda Godin.

« J’aurais aimé faire dès le départ ce qu’ONFR est devenu : un média 100 % numérique, salue François Pierre Dufault, pionnier de la franchise. Ce que vous faites avec si peu est incroyable. »

« Voir que dix ans plus tard, avec encore d’excellents contenus, et continue d’être pertinent, c’est la plus belle réussite », croit Benjamin Vachet.

« ONFR s’est progressivement mué en miroir et carrefour d’une communauté éparpillée dans la province. Elle nous unit, résume Gisèle Quenneville. C’est un incontournable pour s’informer en Ontario français et ça doit le rester. »

« Ce ne sont pas les grands médias, surtout les médias anglophones, qui vont en parler »
— Stéphanie Chouinard, politologue

« On a besoin d’être branché partout et tout le temps, on a besoin que les nouvelles circulent dans toute la communauté et ONFR est un maillon essentiel de ce réseau-là », abonde Carol Jolin.

« ONFR est un ajout formidable à l’offre médiatique, en particulier en ce qui a trait aux enjeux franco-ontariens. Ce ne sont pas les grands médias, surtout les médias anglophones, qui vont en parler. Avoir des journalistes dans nos communautés est l’assurance de se voir refléter dans les médias qu’ils consomment », témoigne la politologue Stéphanie Chouinard, régulièrement sollicitée pour son expertise.

« Il y a une telle diversité de points de vue et de réalités dans la francophonie canadienne qu’il est absolument essentiel qu’elle se reflète dans les médias, soutient le sénateur René Cormier. ONFR contribue à cela. Dans un contexte de forte polarisation, il est important d’avoir des médias de proximité capables de couvrir et analyser l’actualité politique pour éclairer les citoyens. »

Le premier programme d’études en français pour les tôliers en Ontario

OTTAWA – Un financement de plus de 4 millions de dollars permettra l’agrandissement d’un centre de formation de métallurgie et la création du premier programme d’études en tôlerie en français en Ontario. Cette initiative permettra de former plus de 500 travailleurs supplémentaires au cours des cinq prochaines années, pour un des métiers spécialisés en forte demande.

Un investissement de 4 millions de dollars, via le Fonds de développement des compétences, permettra d’agrandir et de moderniser le centre de formation Smart 47 à Ottawa. La somme supplémentaire de 54 000 dollars sera dédiée à la mise en œuvre des programmes d’apprentissage en français pour les francophones.

Stuart Simpson, directeur de la formation de SMART 47, a salué cette mise en place du « premier programme de formation en français pour les couvreurs et les tôliers en Ontario, afin d’attirer davantage d’hommes et de femmes francophones dans les métiers spécialisés ». 

C’est également dans un contexte de pénurie de main-d’œuvre que s’inscrit cette initiative, 500 000 travailleurs supplémentaires étant nécessaires pour les besoins de la province au cours des dix prochaines années.  

« Avec un travailleur sur trois proche de la retraite, il est crucial de transmettre les compétences et le savoir-faire des experts des métiers spécialisés à la prochaine génération, a déclaré David Piccini, ministre du Travail, de l’Immigration, de la Formation et du Développement des compétences. (…) Cela inclut le tout premier programme de formation en français pour les travailleurs en tôlerie, permettant ainsi à davantage de francophones de recevoir une formation dans leur langue maternelle. »

Au centre de formation Smart 47 d’Ottawa, ce vendredi 20 septembre, lors de l’annonce de l’octroi du financement pour l’agrandissement des locaux et des programmes. Photo : Compte Facebook officiel de SMART Local 47 Training Centre

Le maire d’Ottawa Mark Sutcliffe a quant à lui souligné l’importance d’appuyer une industrie qui a connu une forte augmentation des départs à la retraite, et d’offrir des formations en français pour « que nos résidents francophones acquièrent les compétences nécessaires pour réussir dans des domaines à forte demande ». 

Depuis son lancement en 2021, le volet Formation du FDC de l’Ontario a soutenu des projets de formation pour 600 000 travailleurs, notamment dans le secteur de la construction, manufacturier, les services de soutien à la personne, la santé, l’extraction minière, l’exploitation des carrières, du pétrole et du gaz.

Les candidatures sont désormais ouvertes pour le cinquième cycle du Fonds, avec 260 millions de dollars disponibles. Un total de 1,4 milliard de dollars a été investi en total par le gouvernement depuis 2021 pour accroitre la main-d’œuvre dans les secteurs en demande.

Soccer : un nouveau défi pour Cloé Lacasse, de retour en Amérique du Nord

SALT LAKE CITY – De retour en Amérique du Nord en Ligue de soccer professionnelle féminine américaine (NWLS) après dix années passées en Europe, l’attaquante sudburoise Cloé Lacasse a rejoint le projet de la jeune franchise de Salt Lake City, les Royals de l’Utah.

L’objectif pour l’internationale canadienne de 31 ans était de se rapprocher de sa famille et de retrouver du temps de jeu dans ce qu’elle considère comme l’une des meilleures ligues au monde, après une dernière saison en Angleterre à Arsenal, où elle a moins joué, et un été cauchemardesque avec le Canada aux Jeux olympiques. 

« À Arsenal, la situation était particulière parce que toutes les joueuses de l’effectif étaient exceptionnelles, confie Cloé Lacasse. J’avais surtout besoin d’un nouveau challenge après dix ans passés en Europe. Je voulais aussi être plus proche de la maison pour que mes parents et mes meilleurs amis soient capables de venir à mes matchs. C’était une des principales motivations honnêtement. »

Les Royals de l’Utah ne connaissent pas une saison victorieuse pour leur deuxième année de retour dans la ligue avec un bilan de quatre victoires, trois nuls et 14 défaites, soit un total de 15 points qui classe l’équipe à la dernière place de la NWLS, le championnat américain de soccer féminin. Pourtant, la Sudburoise a été séduite par le discours de l’entraîneur belge Jimmy Coenraets qui l’a convaincue de rejoindre le projet et d’en faire partie sur le long terme puisqu’elle a signé un contrat jusqu’en 2027.

« J’ai vraiment aimé ce qu’il m’a dit. Il m’a expliqué qu’aujourd’hui les Royals d’Utah sont des ‘participantes’ et que je dois contribuer à faire changer l’état d’esprit pour qu’on deviennent des ‘compétitrices’. Cela m’a rappelé le projet de Benfica, un projet très jeune, c’était la deuxième saison de l’équipe féminine. Utah savait que j’avais déjà été dans une situation similaire et que je serais capable d’aider leur programme.

Pour moi, ça a été direct un défi accepté. Je vais aider les Royals d’Utah parce qu’ils ont des installations parmi les meilleures au monde, avec de jeunes joueuses qui ont beaucoup de talent. Elles ont besoin de coéquipières avec de l’expérience pour les aider à grandir. C’est ce qui a fait que pendant la fenêtre de transfert, ils ont apporté ces joueuses avec l’expérience et le talent nécessaires pour être capable de passer au niveau supérieur. »

L’attaquante franco-ontarienne a été recrutée pour apporter son talent, son expérience et sa mentalité de gagnante à sa nouvelle équipe. Photo : Utah Royals

Cloé Lacasse a disputé son premier match avec l’équipe le 23 août avec une entrée en jeu face à Bay FC et une victoire 2-1. La Franco-Ontarienne a ensuite disputé 61 minutes dans une deuxième victoire consécutive sur le score de 3-1 face au Dash de Houston, pour sa première titularisation. 

Après seulement deux rencontres au sein de l’équipe, le bilan de victoire sur la saison a été doublé, preuve de l’impact positif sur le groupe de l’arrivée de l’attaquante canadienne. 

Malheureusement, la série de victoires ne s’est pas poursuivie. Les Royals restent sur trois défaites consécutives. Dans le revers 2-1 contre la Wave de San Diego, Lacasse a tout de même inscrit son premier but. 

« Je sens qu’on est une équipe qui est en train de grandir. Avant de venir ici, je ne pense pas qu’elles avaient gagné plus de deux matchs. On en a déjà gagné deux sur les matchs auxquels j’ai participé. Je pense qu’on va dans la bonne direction. On doit encore beaucoup grandir, mais je ne suis pas venue en NWSL juste pour participer, je suis venue pour gagner des trophées.

Je n’aurais pas rejoint les Royals si je n’avais pas l’intime conviction que ce club peut le faire. Je pense que l’année prochaine sera complètement différente de cette saison. L’objectif de cette fin de saison, même s’il ne reste plus beaucoup de matchs (4), est de mettre cette équipe dans la bonne direction. »

Des incertitudes autour de la sélection nationale

La sélection nationale canadienne est une autre équipe qui a besoin de retrouver la bonne direction, du moins au niveau de son encadrement, après le scandale de l’espionnage qui a fait couler beaucoup d’encre lors des Jeux olympiques.

L’attaquante a accepté de revenir sur cette épreuve difficile et a réitéré les déclarations faites lors de la compétition, les joueuses n’étaient pas au courant de ce qui se passait en coulisse au niveau du personnel d’entraîneurs.

« Ça a été dit plusieurs fois, les joueuses n’étaient pas au courant de la situation. Nous étions là pour jouer au soccer. Quand t’es dans une position hiérarchique, c’est difficile de questionner les personnes qui sont en position d’autorité. C’était vraiment une situation malheureuse. »

Cloé Lacasse fait partie des joueuses majeures au sein de l’attaque de la sélection canadienne. Photo : Canada Soccer

Malgré le contexte difficile, d’un point de vue sportif, les joueuses ont relevé le défi de devoir gagner tous les matchs de groupe, après avoir écopé d’une sanction de six points de pénalité, avant de tomber aux tirs au but en quart de finale contre l’Allemagne. 

« Je suis très fière de notre groupe, des 22 joueuses qui ont été aux Olympiques parce que, honnêtement, il fallait qu’on gravisse une montagne. Mentalement, on a réussi à atteindre un niveau supérieur. Je ne pense pas que nous étions conscientes qu’on pouvait atteindre ce niveau, car c’est une situation qu’on n’aurait jamais imaginée. C’était vraiment difficile : il y a des joueuses qui ne dormaient pas, qui ne mangeaient pas… On a vraiment dû garder notre groupe très proche. Nous avons dû adopter cette mentalité de ‘nous contre le monde’. »

L’avenir autour de la sélection, qui doit jouer un match amical le 25 octobre contre l’Espagne, demeure flou. Soccer Canada n’a pas encore communiqué sur l’avenir du personnel d’entraîneurs actuel. Les dernières informations indiquaient que l’enquête sur la sélectionneuse Bev Priestman était toujours en cours. Du côté des joueuses, selon Cloé Lacasse, il n’y a pas plus de clarté. 

« En ce moment, ce que nous avons, c’est que nous allons jouer l’Espagne. Nous avons la même information que le public… »

Les citoyens d’Iroquois Falls divisés sur le sort de la statue du bûcheron géant

IROQUOIS FALLS – Une attraction iconique située sur la route 11 pourrait disparaître prochainement si des réparations onéreuses ne sont pas effectuées. Le sort de la statue du bûcheron d’Iroquois Falls est entre les mains du public qui est invité à se prononcer lors d’un sondage en ligne.

Bien qu’elle ait fait l’objet de petites réparations au cours des dernières années, la statue a besoin de 26 442 dollars pour une rénovation majeure. « Il faut du plâtre, de la peinture et boucher des trous dans le système causés par la pluie et les tempêtes au fil des ans », a fait savoir Tory Delaurier, maire de la municipalité de 4 400 habitants.

« C’est une grosse somme pour notre petite municipalité, mais les gens apprécient la statue et s’arrêtent prendre des photos », ajoute-t-il.

Érigée en 2010, la statue représentant le personnage Guy-Paul Treefall était située, à l’origine, près d’un centre d’information touristique qui a depuis disparu.

La statue, aussi surnommée le Raconteur, avait coûté près de 100 000 dollars lors de sa construction et est faite en mousse et fibre de verre.

Un débat avait eu lieu lors du conseil municipal du 9 septembre dernier, mais le conseil a fini par conclure qu’il faudrait l’avis du public avant de se prononcer définitivement sur le sort du bûcheron géant.

Un sondage est disponible en ligne depuis mardi dernier avec trois options de vote : réparer la statue et la laisser à son emplacement actuel, la réparer et la relocaliser ou la détruire.

Les citoyens divisés

Sur la toile, les réactions sont nombreuses avec des avis partagés et des débats passionnés. Dan Paul, résident de la collectivité, est d’avis que la petite municipalité devrait décider de ne pas aller de l’avant avec ces réparations.

Il juge que l’emplacement de la statue n’est pas idéal : « Elle n’est pas dans la ville, mais sur la route, je suis pas mal certain que ça n’apporte rien pour notre tourisme, donc on devrait juste s’en débarrasser. »

De son côté, une autre résidente, Monique Meunier, penche en faveur de la réparer. « Les gens sont toujours trop vite à détruire notre l’histoire. Ce n’est pas seulement une statue, elle représente ceux qui ont formé nos communautés », pense la Franco-Ontarienne en référence à l’usine de pâte à papier qui a fermé ses portes en 2014 après 100 ans d’activité.

Plusieurs internautes estiment qu’il faudrait se concentrer sur d’autres réparations comme la route ou d’autres projets.

« Qu’est-il arrivé au magnifique parc aquatique qui a été promis à nos enfants depuis des années et a été absolument ignoré sans explication, et maintenant vous voulez dépenser bêtement sur la statue de l’autoroute? », écrit Judy Lafrance.

Une décision finale pourrait être prise lors du conseil municipal du 7 octobre prochain.

Le Grand Nord décroche son premier établissement postsecondaire francophone

YELLOWKNIFE – Le Collège Nordique, aux Territoires du Nord-Ouest (TNO), devient officiellement le premier établissement postsecondaire francophone dans le Grand Nord. L’obtention de son accréditation lui permet désormais de dispenser ses cours en français et en inuktitut en plus d’octroyer ses propres diplômes.

Cette accréditation officielle en tant qu’établissement postsecondaire, reconnu par le gouvernement territorial, permet au Collège Nordique de devenir un acteur à part entière et de dispenser une expérience étudiante nordique aux étudiants francophones et francophiles du Grand Nord.

Auparavant dépendant des partenariats avec d’autres établissements postsecondaires, l’établissement peut désormais octroyer des diplômes, en plus d’offrir ses propres cours et programmes.

Fondée en 2011 pour contribuer à la vitalité de la communauté francophone du Nord et représenter la « nordicité » et les réalités uniques du Nord canadien, la faculté propose des programmes postsecondaires en français, et l’enseignement du français, de l’anglais, de tłı̨chǫ, de l’inuktitut et de l’espagnol. Elle accueille entre 400 et 600 élèves par année.

En 2022, le gouvernement fédéral avait annoncé une aide financière à l’établissement franco-ténois, soit 4,2 millions de dollars sur trois ans, en plus des 680 000 $ de financement offert par le territoire, sur trois ans également.

Le Collège Nordique salue une « étape transformatrice pour notre communauté étudiante et la vision définie par nos fondateurs il y a plus de dix ans », par la voix d’Angélique Ruzindana Umunyana, présidente du conseil d’administration (…) Avec cette reconnaissance du gouvernement des Territoires du Nord-Ouest, notre collège se positionne désormais parmi la famille des établissements de langue minoritaire officielle au Canada. »

Caitlin Cleveland, la ministre de l’Éducation, de la Culture et de l’Emploi, se dit quant à elle « très heureuse de participer à cette célébration du collège et de la communauté francophone du territoire pour avoir fourni un modèle d’apprentissage complet et structuré avec des services spécialisés adaptés aux besoins des apprenants du Nord ».

Le directeur général du collège, Patrick Arsenault, indique que les collaborations avec d’autres établissements postsecondaires francophones resteraient prépondérantes à l’avenir. Le Collège Nordique comptabilise une dizaine de partenariats à travers le pays, incluant des établissements postsecondaires franco-ontariens, le Collège La Cité, l’Université de Hearst et l’Université de l’Ontario français (UOF).

Au centre à droite, le directeur général du collège, Patrick Arsenault, avec une partie du personnel enseignant du Collège Nordique. Photo : gracieuseté du Collège Nordique

Voici où souligner le Jour des Franco-Ontariens 2024

Chaque année, le 25 septembre est l’occasion de se vêtir de vert et de blanc et de lever les drapeaux pour souligner le Jour des Franco-Ontariens. Même la tour du CN, à Toronto, arborera les couleurs de la francophonie ontarienne pour l’occasion. De la Ville Reine à celle du nickel, en passant par plusieurs communautés hors des grands centres et par la capitale, où, hasard du calendrier, le président français Emmanuel Macron effectuera une visite, voici quelques endroits où souligner la présence francophone dans la province. Une liste longue, mais non exhaustive.

Ottawa et l’Est

La fête débutera la veille dans l’est de la ville, alors que le Mouvement d’implication francophone d’Orléans (MIFO) tiendra un apéro franco et un match d’improvisation thématique mardi soir.

L’événement est présenté par les deux conseils scolaires francophones du coin, soit le Conseil des écoles catholiques du Centre-Est (CECCE) et le Conseil des écoles publiques de l’Est de l’Ontario (CEPEO).

Ce sera l’occasion d’échanger entre Franco-Ontariens et, bien sûr, d’assister à une cérémonie de lever et d’hymne au drapeau. L’artiste-peintre Caroline Galand sera également sur place pour réaliser une œuvre en direct.

Par la suite, un match d’improvisation présaison réunira certains des joueurs marquants de la ligue d’Orléans, avec Josée Bazinet, Cynthia Bergevin, Jérôme Carrière, Sébastien Cyr, Zackari Gosselin, Patrik Guillotte, Fred Lalonde, Miguel Martin, Manon Piché et Renée O’Neill. Le tout sera arbitré par Martin Laporte et animé par Hugues Beaudoin Dumouchel.

Un match précédent de la ligue d’improvisation du MIFO. Photo : gracieuseté MIFO

Le lendemain, l’Université d’Ottawa et son vice-recteur associé, francophonie, Yves Y. Pelletier, convient les Franco-Ontariens à un lever de drapeau dès 11 h. L’événement se déroulera à la Place de l’Université et est gratuit, mais il faut s’y inscrire sur le site web de l’université.

À 16 h, ce sera au tour du quartier francophone de Vanier de lever le drapeau vert et blanc. L’événement BBQ est organisé par le Comité de la francophonie de l’Association communautaire de Vanier et aura lieu au Carré de la francophonie en présence du ministre de l’Emploi, du Développement de la main-d’œuvre et des Langues officielles, Randy Boissonnault.

Dès 18 h, un spectacle francophone de la série Akoustik à Saint-Charles mettra en vedette les frères Simon et Marc-Antoine Joly avec Patrick Harrison et le duo De Flore, au marché Saint-Charles, toujours dans le secteur Vanier.

À Hawkesbury, dès 10 h, on en profitera pour célébrer le 10e anniversaire du Monument de la francophonie. Les organisateurs attendent des centaines de personnes à l’Île du Chenail, dont 600 élèves provenant des quatre écoles francophones de la ville, qui porteront le drapeau « en tintamarre ». Animation, musique, témoignages et récits jalonneront la journée coordonnée par l’animateur culturel Félix St-Denis.

À 11 h 30, la population est invitée à prendre un café et à souligner l’implication de trois « fervents bâtisseurs » du Monument de la francophonie de Hawkesbury, Odette Charbonneau, François Bazinet et Yves Saint-Denis.

Entre les capitales fédérale et provinciale, l’ACFO de la région des Mille îles (ACFOMI) invite la population au Parc de la Confédération de Kingston de 10 h à 13 h.

Le Grand Toronto et le Sud-Ouest

À Queen’s Park, un lever du drapeau franco-ontarien aura lieu dès 9 h 30, devant l’entrée principale, à l’initiative de l’Assemblée de la francophonie de l’Ontario (AFO).

De son côté, la mairesse Torontoise Olivia Chow sera présente au lever du drapeau sur la place Nathan Phillips, à l’hôtel de ville de Toronto ce mercredi à 11 h, avec l’Association des communautés francophones de l’Ontario de Toronto (ACFO-Toronto).

Partout en Ontario, on inclut les jeunes des différents conseils scolaires francophones dans les célébrations du Jour des Franco-Ontariens. L’an dernier, plus de 500 jeunes ont changé Notre Place à l’hôtel de ville de Toronto. Photo : Rudy Chabannes / ONFR

À Hamilton, l’ACFO régionale Hamilton et le Centre francophone Hamilton organisent les activités du Jour des Franco-Ontariens sur le parvis de la mairie dès 10 h. En plus du lever de drapeau, l’activité inclut des prestations d’artistes en herbe provenant des écoles locales et un spectacle du mathémagicien Mikael Taieb. La bibliothèque publique d’Hamilton mettra les livres franco-ontariens à l’honneur toute la journée.

À Sarnia, les célébrations se dérouleront en deux temps. La cérémonie du lever du drapeau aura lieu à 10 h 30 au Seaway Parkette. En soirée, l’enseigne de la mairie s’illuminera en vert et en blanc et les Franco-Ontariens sont invités à fêter au Bad Dog, au centre-ville, une invitation du Centre communautaire francophone Sarnia-Lambton.

De son côté, le Carrefour communautaire francophone de London reçoit DJ SMPTY au 100, Kellog Ln, après le lever du drapeau qui aura lieu dès 10 h 30.

SMPTY s’est fait connaître l’an dernier en marge du Jour des Franco-Ontariens en lançant une version remixée de l’hymne Mon beau drapeau. Sur la photo : SMPTY (à gauche) avec le compositeur de la chanson, Brian St-Pierre. Photo : Rachel Crustin / ONFR

Dans le Niagara, l’artiste de cirque Joey Albert (Joey le Cascadeur) donnera des spectacles à 10 h 30, 12 h 30 et 19 h 00 à la maison d’art The Bank de Welland. Le lever du drapeau aura lieu à 9 h 30 au Welland Civic Square et en soirée, le pont 13 s’illuminera de vert et de blanc.

À Windsor, le jeune DJ Tunasi, nouveau protégé de LGS, offrira une performance au carré Charles Clark, après le lever du drapeau prévu à 10 h 30. Deux jours plus tard, le French Part’Eh, gala des Franco-Ontariens de Windsor, viendra étirer le plaisir.

Des levers de drapeau auront en outre lieu dans toutes les municipalités de la région de Windsor-Essex-Chatham-Kent.

Sudbury et le Nord

Dans la ville du nickel, qui a hissé le drapeau vert et blanc en premier, il y a 49 ans, un lever du drapeau aura lieu devant l’Université de Sudbury à 10 h 30. En soirée, le prix de la francophonie 2024 de l’ACFO-Sudbury sera remis lors du Banquet des Franco-Ontariens au restaurant Au pied du rocher, au Collège Boréal.

Célébration du Jour des Franco-Ontariens devant l’Université de Sudbury, en 2023. Photo : Inès Rebei / ONFR

La trame sonore du 25 septembre à l’hôtel de ville de Barrie sera assurée par le duo Sugar Crush, tout juste après le lever de drapeau. L’événement gratuit et ouvert à tous débutera vers 10 h.

La Meute culturelle de Lafontaine organise une fête 16 h à 19 h au Pavillon Robert Robitaille. Activités familiales, musique et repas sont prévus pour cet événement gratuit.

Le Rayon franco de Cochrane invite les citoyens à un mini-pèlerinage pour hisser le drapeau à la nouvelle bibliothèque municipale à 11 h, puis au site franco à quelques pas de là, à 11 h 30. Le musicien Angelo Paquette s’occupera de la trame sonore.

Les Compagnons des francs loisirs organisent quatre levers de drapeau, dont deux incluant une prestation des Rats d’Swompe : à North Bay (spectacle à 9 h 30 au Capitol Centre et lever du drapeau à 10 h 45 à la Place Léger), Nipissing Ouest (spectacle à 13 h au Centre Marcel-Noël et lever du drapeau à 14 h 45 au parc Goulard), East Ferris (13 h au Centre communautaire) et Mattawa (14 h 15 à la Pointe de l’explorateur)

Que serait un 25 septembre sans les Rats d’Swompe? De gauche à droite : Brandon Girouard, Patrick Pharand, Simon Joly, Yan Leduc et Martin Rocheleau. Photo : Rachel Crustin / ONFR

À Moonbeam, un lever du drapeau se fera le mardi 24 septembre devant le kiosque touristique, et un autre aura lieu le mercredi 25 septembre à 11 h 30, devant le bureau municipal. Il sera suivi d’un spectacle de Chuck Labelle au Centre communautaire Raymond-Bouchard. Ce sera également l’occasion d’inaugurer la nouvelle patinoire municipale.

À Val-Thérèse, le Jour des Franco-Ontariens sera l’occasion de lancer la construction d’une nouvelle école du Conseil scolaire catholique Nouvelon à l’angle de la route municipale 80 et de l’avenue Shirley.

À Chapleau, on s’ouvre à la francophonie canadienne alors que la Fransaskoise Alexis Normand sera en spectacle au Centre culturel Louis-Hémon. Le lever du drapeau aura lieu à 14 h au pavillon de la promenade de la rivière Kebsquasheshing.

Des levers de drapeaux auront également lieu à Hearst, Rivière des Français, Dryden, Ignace, Red Lake, Thunder Bay, Schreiber, Terrace Bay, Marathon, Manitouwadge, Fort Frances, Atikokan, Kenora, Nipigon, Geraldton, Greenstone et Sioux Lookout.

Partout

Pour ceux qui souhaitent lancer un clin d’œil au Jour des Franco-Ontariens, loin des foules, il est possible de le faire avec de la musique ou des livres.

L’institut des langues officielles et du bilinguisme de l’Université d’Ottawa a créé une liste de lecture intitulée Le lys et le trille en vrille sur son compte Spotify. On y trouve une centaine d’artistes de toutes les époques et de tous les styles, allant de CANO à DJ UNPIER, en passant par Akoufèn, Mimi O’Bonsawin, Ferline Régis et Jessy Lindsay.

Les quatre premiers livres de la collection Pigeon Voyageur des éditions David, publiés plus tôt cette année. Photo : Rachel Crustin / ONFR

L’initiative Le 25 septembre, j’achète un livre franco-ontarien est aussi de retour. Un « calendrier de l’avant » propose une suggestion par jour depuis le début du mois, sur le site jelisfo.ca. On peut entre autres y trouver des livres de Pigeon voyageur, la seule série jeunesse francophone pour les 9-12 ans à être éditée en Ontario, lancée il y a quelques mois par les Éditions David.

On trouve également des textes de théâtre, comme celle du Sudburois Antoine Côté Legault intitulée Ode ou la vie après avoir regardé le soleil dans les yeux, qui a tourné sur les planches ontariennes dans la dernière année.

Les éloquentes réflexions d’Yvon Malette avec Marcher vers le matin et le premier roman de Claude Guilmain, Welsford, font également partie des suggestions.

Soccer : Tyr Walker et Matteo de Brienne racontent leurs parcours franco-ontariens

[ENTREVUE EXPRESS CROISÉE]

QUI 

Tyr Walker et Matteo de Brienne sont deux joueurs de soccer franco-ontariens évoluant à l’Atlético Ottawa dans la Première Ligue canadienne.
Walker est un jeune défenseur central âgé de 20 ans. Il est né à Russell en Ontario d’une mère brésilienne et d’un père jamaïcain. Franco-Ontarien d’adoption, il a appris le français qu’il maîtrise parfaitement aujourd’hui à l’école élémentaire catholique Saint-Joseph à Russell puis à l’école secondaire catholique Embrun dans la ville du même nom située au sud-est d’Ottawa.
De Brienne est un défenseur latéral gauche âgé de 22 ans, né à Ottawa de parents québécois. Le français a toujours été la langue principale dans sa famille. Il a étudié à l’école élémentaire catholique Jean-Robert-Gauthier et à l’école secondaire catholique Pierre-Savard à Barrhaven au sud-ouest d’Ottawa.

LE CONTEXTE 

A l’occasion de la rencontre face à Pacific FC ce dimanche (14 h), l’Atlético Ottawa célèbre la culture franco-ontarienne en amont du Jour des Franco-Ontariens qui sera fêté dans toute la province, comme chaque année, le 25 septembre. Le club ottavien annonce une ambiance festive et un stade de la Place TD de Landsdowne paré de vert et blanc. Le club ajoute qu’il promet un match qui sera « une fusion mémorable de sport et de patrimoine culturel, soulignant les liens profonds entre l’équipe et la communauté franco-ontarienne ». 

L’ENJEU

Les deux joueurs de l’Atlético Ottawa partagent leur parcours en tant que Franco-Ontariens dans le soccer canadien et dans leur vie de tous les jours, puis se projettent sur l’événement de ce dimanche, très attendu dans la communauté. 

« Qu’est ce que cela représente pour vous d’être Franco-Ontariens?  

Tyr Walker : Pour moi, c’est quelque chose d’important car mes parents sont immigrants. Ma mère vient du Brésil, elle parle portugais et mon père est jamaïcain, il parle l’anglais patois. Il n’y avait pas le français dans ma famille en grandissant, c’était juste à l’école. Ça a été un moyen pour moi de créer un lien avec la communauté au Canada. C’est aussi important au sein de notre équipe où plus de la moitié de notre effectif parle français. 

Matteo de Brienne : Pour moi, ça représente quelque chose de spécial car, en grandissant, j’ai fait toute ma scolarité dans les écoles catholiques en français. Ma famille vient des régions de Montréal et de Gatineau, donc tout était en français pour moi. Ça prend une grande place dans mon coeur.

Pour sa deuxième saison chez les pros, Tyr Walker s’impose petit à petit comme un membre important de la défense centrale ottavienne avec 10 titularisations sur 12 matchs disputés. Photo : Matt Zambonin/Freestyle Photography

Comment a évolué votre pratique du français au cours de votre vie? 

TW : Au début de ma scolarité, je suis allé à la maternelle et tout était en français. Ensuite, entre mes 6 ans et mes 9 ans, nous sommes partis en Belgique pour le travail de ma mère. J’y ai passé trois ans, et là-bas aussi, c’était une école belge totalement en français. A mon retour en Onatrio, j’ai continué en français. Au final, j’ai fait toute ma scolarité dans cette langue de la maternelle au secondaire.
Ça a été tout de même dur pour moi de maintenir mon français, car j’avais des amis avec qui je parlais majoritairement en anglais et d’autres, avec qui on parlait les deux langues, mais on avait tendance à aller plus vers l’anglais. C’est assez dur de maintenir mon vocabulaire à cause de l’omniprésence de l’anglais, donc parfois, je me force à communiquer en français. 

MdB : En grandissant à Ottawa, tout était en français pour moi avec ma famille, mes cousines, mes grands-parents. A l’école aussi, on ne parlait pas d’anglais du tout. Le moment où tout a changé c’est quand je suis parti à Vancouver pour jouer avec les Whitecaps. Là-bas, pendant trois ans, j’ai eu quelques amis qui parlaient en français, mais ce n’était vraiment pas tout le monde. J’avais quelques opportunités de parler avec ma famille, mais je dois dire que j’ai pas mal perdu mon français. Après, en devant professionnel et en jouant à Winnipeg, j’ai eu la chance d’avoir des coéquipiers qui venaient d’un peu partout dans le monde et j’avais plusieurs d’entre-eux avec qui je pouvais jaser en français. Il y a aussi une communauté francophone à Winnipeg qui m’a permis de trouver des gens avec qui parler. 

Ottavien de naissance, Matteo de Brienne a fait le choix de rejoindre l’Atlético cette saison pour pouvoir jouer devant ses proches. Photo : Matt Zambonin/Freestyle Photography

Les joueurs franco-ontariens ont-ils des caractères spécifiques ou des avantages sur les autres joueurs? 

TW : Pour moi, nous avons un avantage dans la communication en français et en anglais. Certains joueurs pensent d’abord en français, en premier. C’est donc plus simple pour moi de leur communiquer des informations en français. Quand je leur parle en français, ils réagissent plus vite. Ce sont des petits détails comme ça qui font que nous avons un avantage. 

MDB : Je trouve que chaque joueur à son caractère et ses caractéristiques, mais, c’est vrai, comme l’a dit Tyr, qu’on remarque que les joueurs qui parlent en français vont réagir plus vite dans leur langue de prédilection. Je peux prendre l’exemple de ma relation avec Ballou Tabla sur mon côté, ça nous aide beaucoup de parler en français sur le terrain. 

Pour finir, qu’est-ce que ce match dédié aux franco-ontariens représente pour vous? 

TW : Pour ce match, je pense qu’on va avoir une grosse foule. Comme la francophonie est une minorité, c’est vraiment bien de la part du club de créer cet événement pour la mettre en avant. 

MDB : Pour moi, ce serait quelque chose de spécial si les écoles catholiques venaient au match. Les jeunes pourraient voir qu’il y a des joueurs franco-ontariens dans les équipes et cela leur montrererait qu’ils peuvent devenir professionnels. C’est une belle occasion de continuer à montrer la bonne route aux jeunes. »

Les journées pour fêter la culture et l’Ontario francophone

À l’approche du Jour des Franco-Ontariens, ce n’est pas le choix qui manque au niveau des activités culturelles. En plus du French Fest de Sudbury, de Feuilles vives à Kingston et des événements directement reliés au 25 septembre, qui feront l’objet d’un autre article, il est possible cette semaine de voir le compositeur de l’hymne au drapeau franco-ontarien sur scène, de renouer avec une tradition dans l’Est, de rencontrer des auteurs d’ici et de carrément fêter la culture sous toutes ses formes… et peut-être se découvrir une nouvelle passion!

Brian St-Pierre à London

L’auteur-compositeur-interprète Brian St-Pierre, qui vient tout juste de lancer son quatrième album solo, s’arrêtera au Carrefour communautaire francophone de London (CCFL) ce samedi. Ce sera l’occasion de découvrir les chansons qui jalonnent Malgré tout, un opus plus personnel que ce à quoi il nous a habitués dans ses nombreuses collaborations au fil des ans. À quelques jours du Jour des Franco-Ontariens, les gens de London risquent aussi d’entendre l’hymne Mon beau drapeau, composé par Brian St-Pierre. C’est également la fin de semaine portes ouvertes de London, donc de nombreuses activités de la ville sont gratuites samedi et dimanche.

Brian St-Pierre lors du lancement de l’album Malgré tout, à Rockland, le 11 septembre 2024. Photo : Rachel Crustin / ONFR

London, le 21 septembre. Détails sur le site du CCFL.

Le retour du Festival de la curd

C’est enfin cette fin de semaine que les gens de l’Est ontarien renouent avec le Festival de la curd de St-Albert. Cette programmation automnale qui mêle les artistes franco-ontariens aux vétérans des festivals, est la plus complète depuis 2019, avec trois jours de spectacles et des activités familiales au Centre communautaire de St-Albert. Après une soirée d’humour mettant en vedette Guillaume Pineault et Évelyne Roy-Molgat, ce sont les groupes Les Rats d’Swompe et Lendemain de veille qui seront sur place samedi soir. Le « brunch pop-rock » du dimanche propose un plateau double entre Reney Ray et Martin Deschamps, suivi d’une performance de France d’Amour. 

Les complices Martin Deschamps et Reney Ray préparent un plateau double pour le Festival de la curd. Photo : Gracieuseté du Festival de la curd

St-Albert, jusqu’au 22 septembre. Détails sur le site du Festival de la curd.

Un troisième petit salon

La Maison de la francophonie d’Ottawa tient la quatrième édition de son Petit salon du livre francophone, La parole aux livres. Plusieurs kiosques et une douzaine d’auteurs seront sur place, dont Serge Cham et Catherine D. Nkongo. Certaines lectures et tables rondes sont aussi au programme, en plus d’activités pour les enfants. Le Petit salon du livre francophone a lieu sporadiquement et le but est d’apporter l’idée d’un salon du livre dans un lieu plus communautaire. Il s’agit d’une collaboration entre la Maison de la francophonie d’Ottawa, les éditions Arcadin et Àgogo livres. Cette édition se déroule sous le thème du Jour des Franco-Ontariens.

Le petit salon du livre francophone La parole au livre a lieu pour une quatrième fois à la Maison de la francophonie d’Ottawa. Photo : gracieuseté de la Maison de la francophonie d’Ottawa

Ottawa, le 21 septembre jusqu’à 16 h. Détails sur le site de La parole aux livres.

Le comédien en vous

La troupe de théâtre de l’Amalgame des arts, organisme communautaire de Cornwall, recrute pour sa prochaine production. Les auditions auront lieu le mardi 24 septembre au Centre Charles-Émile-Claude (CCÉC). Il s’agit d’une collaboration entre le CCÉC et l’ACFO-SDG, qui cherchent « au moins huit acteurs, hommes et femmes » pour un projet intitulé Mémoire en scène. La pièce choisie sera dévoilée lors de l’audition. Les candidats doivent être disponibles en mars 2025 pour les représentations.

En juin dernier, la troupe de théâtre communautaire de l’Amalgame a présenté la pièce Dépêche-toi Bibiche, on va rater l’avion. Photo : Tommy St-Arnaud

Cornwall, le 24 septembre. Détails sur la page Facebook de l’Amalgame des arts.

La culture accessible

Inspirées par les Journées de la culture, bien établies au Québec, l’Ontario et les provinces de l’Ouest canadien tiennent leur propre Fête de la culture. Il sera donc possible, du 20 septembre au 13 octobre, de participer à des dizaines d’activités culturelles et communautaires gratuites à travers l’Ontario, selon les organismes locaux qui ont inscrit des événements au calendrier. Le but est de démocratiser la culture et de la rendre accessible à tous les portefeuilles. C’est l’occasion d’essayer quelque chose de nouveau, pour soi ou pour la famille, et peut-être de se découvrir une passion! Le site officiel relate 1800 activités, dont 88 s’affichent comme accessibles en français. Il est possible de les trouver grâce à un outil de recherche qui permet de spécifier la langue, le thème et les demandes d’accessibilité.

La Fête de la culture de l’Ontario en 2023, à Vaughan. Photo : Mirna Chacin

Partout en Ontario, du 20 septembre au 13 octobre. Détails sur le site de la Fête de la culture de l’Ontario.

Normand Labrie, l’enseignement sans frontières

TORONTO – Allemagne, Belgique, France, Italie ou encore Inde… Ce polyglotte passionné a repoussé les barrières des langues dans son enseignement et dans sa recherche. Ces nombreux travaux et publications, en sociolinguistique, bilinguisme et plurilinguisme, ont façonné sa vision d’ouverture sur le monde, son leitmotiv aujourd’hui. Portrait de celui qui a participé au comité de création de l’Université de l’Ontario français (UOF) en 2016, avant d’en prendre la tête en 2024.

« Quelles sont les langues que vous parlez couramment et dans quel contexte les avez-vous apprises?

Mon intérêt pour les langues vient de ma curiosité à comprendre les autres cultures, d’autres peuples et façons de penser et de communiquer. J’ai basé mon apprentissage sur l’immersion. Je me suis d’abord intéressé à l’allemand – que j’ai d’ailleurs enseigné en Allemagne – à l’espagnol, que j’ai un peu perdu par la suite.

Mon doctorat portait sur le trilinguisme italien, français, anglais à Montréal, j’ai donc eu besoin d’apprendre l’Italien. J’ai beaucoup voyagé en Italie pour le pratiquer. J’ai étudié le flamand quand j’étais en Belgique également.

L’anglais a toujours été ma langue seconde et je l’ai approfondi par la pratique en Ontario. En définitive aujourd’hui, je suis à l’aise dans quatre langues : français, anglais, allemand, italien.

Normand Labrie chez lui avec son chat Molly. Photo : Gracieuseté

Est-ce que ce plurilinguisme empirique a influencé votre vision du bilinguisme au Canada?

Lorsque je suis arrivé à Berlin comme étudiant, c’était le début de l’immigration des travailleurs migrants notamment turcs. L’Université avait développé des cours pour comprendre ces interactions linguistiques.

Comme j’étais Canadien et qu’il y avait eu la loi sur les langues officielles et la Commission d’enquête sur le bilinguisme et le biculturalisme dans les années 60, j’étais vu comme le « spécialiste du bilinguisme ».

Une des premières observations que j’ai faites est que le système allemand faisait de ces enfants kurdes et turcs le problème alors que le système qui devait changer et s’adapter. Une trentaine d’années après, d’enseignement, d’études et de recherches, il est certain que ma perspective sur le bilinguisme canadien a évolué. C’est une richesse plutôt qu’un problème. C’est ma vision de l’UOF depuis le début : des cours en français, mais dans le contexte du pluralisme de la société.

Normand Labrie dans son rôle d’enseignant-bénévole de Géographie (8e année) et Histoire de l’Inde (9e année) à des étudiants sous-privilégiés pour la Fondation Akanksha à Mumbai en 2009-2010. Photo : Gracieuseté

De vos années de recherches, souhaitiez-vous enseigner?

Maitriser les langues et les cultures était d’abord ma priorité, sans avoir de plan de route précis et établi en tête. Mes études m’ont naturellement amené vers la recherche et on m’a par la suite proposé un poste dans l’enseignement.

Je me souviens encore d’un conseil d’une de mes professeurs en Allemagne qui disait « Suivez votre passion et les choses se règleront d’elles-mêmes », c’est un conseil qui m’est resté pour toujours et que j’applique encore aujourd’hui.

J’ai toujours enseigné de façon critique en faisant intervenir mes recherches. J’ai eu la chance d’avoir des étudiants intéressés. L’enseignement, je ne l’ai jamais conçu comme la transmission du maitre à ses élèves, mais comme un apprentissage et une collaboration mutuelle. Les étudiants posent des questions, nous mettent devant des réalités nouvelles qui enrichissent la recherche, qui elle enrichit l’enseignement aussi.

Une expérience d’enseignement qui vous a particulièrement marqué?

Une de mes expériences d’enseignement mémorables a été l’Inde en 2009 durant un congé sabbatique. J’ai enseigné la géographie et l’histoire de façon bénévole à une douzaine de jeunes de 8e et 9e années des bidonvilles de Mumbai. Une fondation finançait à certains élèves des cours avec la promesse de les préparer pour un niveau universitaire. J’ai testé différentes méthodes d’enseignement et de développement de connaissances, collaboratives, magistrales, interactives, etc. C’était fascinant et j’ai appris autant qu’eux. Je les ai suivis par la suite et ils sont tous entrés à l’université. Petite anecdote, certains d’entre eux ont choisi le français comme cours optionnel (peut-être les ai-je influencés!).

En compagnie du Secrétaire général de la Francophonie, Boutros Boutros Ghali, en visite à l’Agence universitaire de la Francophonie alors que M. Labrie occupe le rôle de président de l’Observatoire international de la langue française. Photo : Gracieuseté

Lors d’une soirée consacrée à la recherche scientifique à Rideau Hall sur invitation de la Gouverneure Générale, Julie Payette. Photo : Gracieuseté

Normand Labrie en tant que maître de cérémonie avec Anoush Terjanian, lors de la remise des Prix Impact du Conseil de recherche en sciences sociales et humaines du Canada. Photo : Gracieuseté

Enseignement, recherche et politique également avec le ministère des Affaires francophones… Quelles sont les grandes lignes de votre carrière?

Après mon retour de Belgique, j’ai été professeur adjoint en sociolinguistique au Centre de recherches en éducation franco-ontarienne (CREFO-OISE). J’ai publié beaucoup de mes travaux de recherches, formé des étudiants en doctorat, puis j’ai pris la direction du centre pendant 10 ans avant de devenir vice-doyen à la recherche de l’institut durant neuf ans.

De là, j’ai endossé le rôle de directeur scientifique du fonds de recherches en société, culture au Québec, pendant trois ans. Un travail sectoriel sur de grands enjeux de société, sciences sociales et humaines. J’avais commencé mes recherches sur l’accès des francophones aux études postsecondaires avant d’aller au Québec donc, une fois revenu en Ontario, j’ai repris mon intérêt sur la question.

Vous avez fait partie du conseil de planification pour l’Université de l’Ontario français et avez ainsi contribué à sa création. Comment s’est passé le processus?

Le panel pour la création de l’UOF a été mis sur pied et j’y ai pris part en 2016. C’était un projet politique, une trentaine d’années de revendication pour une université en français.

J’ai cherché à déplacer le discours sur le fond et pas juste le contenant : que voulait-on que cette université soit, comment la distinguer des autres, etc. Des états généraux ont parcouru la province pour faire des consultations sur le postsecondaire. Il y a eu un comité technique de mise en œuvre dont j’ai fait partie avant de servir de recteur par intérim pour la première année.

Je suis ensuite retourné au CREFO-OISE et suis devenu vice-doyen aux programmes académiques de cette faculté de l’Université de Toronto, puis doyen par intérim pendant un an et demi, avant de devenir recteur de l’UOF en 2024.

Quelles sont vos aspirations et quelles sont les directions que vous aimeriez donner à l’UOF?

Pour les quelques prochaines années, je veux m’assurer de la croissance de l’université en ces trois dimensions que sont la formation, la recherche et le service à la collectivité francophone. Notre objectif à terme est de développer des programmes, avoir un nombre d’étudiants suffisants pour que, quand les subventions de démarrage seront terminées dans trois ans, par les cibles fixées, on puisse fonctionner comme toute université autonome, à travers la croissance. Cette université appartient aux communautés francophones et nous avons un devoir envers elles. »

Normand Labrie, accompagné par sa mère de 96 ans, lors de la remise d’un doctorat honorifis causa (honorifique) par l’Université du Québec à Rimouski (campus de Lévis). Photo : Gracieuseté

1956 : Naissance à Saint-Charles-de-Bellechasse, près de Québec.

1979 : Part étudier la sociolinguistique à Berlin à l’âge de 23 ans, maitrise et doctorat sur les questions politiques de bilinguisme, multilinguisme et minorités linguistiques.

1989-1991 : Postdoctorat à Bruxelles sur le multilinguisme, l’impact de l’intégration européenne sur les dynamiques linguistiques, politiques de langue nationales, régionales et l’enseignement des langues.

1991 : Devient professeur de sociolinguistique au Centre de recherches en éducation franco-ontarienne (CREFO-OISE).

2016 : Participe au conseil de planification qui a conçu l’Université de l’Ontario français – certaines de ses recherches portant sur l’accès des francophones aux études postsecondaires.

2024 : Devient recteur de l’Université de l’Ontario français (après avoir été recteur intérimaire en 2018-2019).

La facture financière d’être une femme

Chaque samedi, ONFR propose une chronique sur l’actualité et la culture franco-ontarienne. Cette semaine, c’est Rym Ben Berrah qui évoque des enjeux de société et d’éducation qui rejoignent le quotidien.

Je parle au nom de moi et de ce que je connais, de ce que mes réseaux sociaux voient et de ce que mon entourage me rapporte. Je suis tout à fait consciente que j’ai des privilèges dont je ne mesure même pas l’étendue et dans lesquels je baigne constamment, qui me procurent du positif dans ma vie. Ceci étant dit, je parle de moi en tant que femme, mais j’allie à mon identité féminine toute personne se reconnaissant dans ces critères, que ce soit par la naissance, par le choix ou tout simplement par l’envie.

Lorsque j’avais envie de plaire et de me sentir bien afin de convoiter mon mari, je voulais le convaincre qu’il ne pourrait pas vivre un mois de plus sans voir tous les matins le battement de mes cils courbés, en se réveillant avec un « Bonjour, chéri ».

Toujours ancrée dans ma réalité d’immigrante franco-ontarienne, naviguant entre le traditionalisme de ma culture et certains référents culturels que j’adore, et auxquels j’adhère, et le bain militantiste progressiste dans lequel j’avançais, mon souci financier était de repayer mes frais de scolarité pour le baccalauréat, de financer ma maîtrise et de me suffire dans mes goûts de « luxe » afin de m’entretenir à faire mes ongles, mes cheveux, à tonifier mon corps au gym et à faire de la mode un moyen d’expression et non pas seulement un moyen de se couvrir pour sortir de chez soi.

Notre chroniqueuse Rym Ben Berrah témoigne de la pression financière exercée sur les femmes. Photo : Canva

C’est aujourd’hui que je me rends compte du poids de l’insouciance, du célibat et à quel point nous ne sommes jamais prêtes à découvrir la stupeur des prochains chapitres. Ça coûte cher d’être une femme, non? Ça coûte cher de se sentir bien. Déjà, même pour bien manger, de nos jours, ça coûte cher. Comment je peux me satisfaire d’une salade et d’un smoothie qui coûtent une à deux heures de salaire (et me laissent néanmoins sur une petite faim, on ne va pas se mentir, entre nous) tandis qu’un trio hamburger bien gras à moins de 10 $ me cale pour l’après-midi.

Deux poids, deux mesures

Égalité des chances, vous dites? Je ne crois pas. Lorsque cela prend à ces messieurs 15 minutes pour se préparer tandis que nous, nous devons prévoir des stratagèmes même plusieurs jours à l’avance afin de caler notre lavage de cheveux avec notre journée la plus « importante » (celle où l’on va le plus nous voir, vous connaissez), prévoir notre cycle menstruel et notre épilation, selon notre tenue et la ribambelle de détails dont il faut s’assurer afin de se sentir au meilleur de nous-mêmes lors d’une réunion, d’une négociation, d’une entrevue ou d’un rencard amoureux.

Loin de moi l’idée de minimiser les efforts d’autres personnes ou de ces messieurs à s’apprêter, encore une fois, je ne parle que des multivers dans lesquels j’évolue.

Aujourd’hui maman de deux enfants, je suis confrontée à des dilemmes économiques quotidiens. « Est-ce que je m’achète ma crème pour le corps préférée qui coûte un bras ou est-ce que je fais un stock de couches? » Dorénavant, tout dans ma tête est calculé en couches, en lingettes et en lait en poudre.

Quand il faut choisir entre adhérer aux standards de beauté et simplement se procurer des essentiels pour bébé. Photo : Canva

Savez-vous le prix d’une canne de lait en poudre? Savez-vous combien il en faut par semaine pour un nouveau-né? Parfum? Lait en poudre. Vacances? Lait en poudre. Nouvelle petite tenue mignonne pour mon prochain meeting professionnel de maman qui veut retourner sur le marché de l’emploi car elle ne veut pas servir qu’à procréer des mini-humains? Lait en poudre.

Il fallait me voir lors de mes premiers entretiens d’embauche, après deux grossesses de suite, à essayer de m’affirmer à moi-même que je suis encore la même femme, avec les mêmes diplômes et la même tête, juste plusieurs heures de manque de sommeil accumulées. Après m’être convaincue moi-même, il fallait les convaincre eux.

« Oui mais Rym, ne pensez-vous pas que la charge d’avoir deux jeunes enfants pourrait avoir un impact sur votre rendement quotidien? »

« Excusez-moi, c’est une question d’entrevue ou…? »

Un dilemme constant

Nous voici quelques mois plus tard, toujours à la quête de l’équation idéale, essayant de justifier le fait de briser mon cœur de maman à laisser mes jeunes enfants, lorsque leurs petits yeux se plissent, leurs petites lèvres se retroussent et leurs petites mains se lèvent pour m’appeler, pour me toucher, tandis que je suis sur le pas de la porte (ne pas oublier toute la routine physique mentionnée plus haut pour me sentir femme et capable).

Mais je dois aussi sortir conquérir le monde, amasser de l’argent pour subvenir à leurs caprices et besoins, continuer à lutter pour que nos enfants grandissent dans une société équitable et qui fait un minimum de sens.

Je dois me battre pour les droits des minorités car, de plus, mes enfants sont des minorités visibles (je fais une parenthèse journalistique semi-professionnelle pour vous partager combien de fois on m’arrête dans des centres d’achat pour me demander si je suis leur nourrice ou si leur papa est noir), oublier les horreurs qui se passent dans le monde, tout ça pour essayer d’arriver au travail à l’heure, justifier mon latte au lait d’avoine trop cher payé qui me sert de support émotionnel, et quand même être moins payée que mon homologue masculin, tout en récoltant des remarques sur mes cernes apparentes. Plus le budget d’investir dans un anticerne Dior, sorry Cheryl!

« L’émancipation des femmes et la déstigmatisation des dogmes qui entourent les jeunes mamans, c’est pour quand? »

Bien sûr, je fais dans la caricature et je ne mentionne pas de lieux de travail actuels dans lesquels j’évolue. Bien sûr, je suis triste de devoir donner mon salaire à des gens pour garder mes enfants afin que je puisse travailler car il faut faire un choix : rester à la maison, garder ton argent et faire des lasagnes fraîches tous les soirs ou conquérir le monde et servir à autre chose que l’instinct maternel, tout en payant une fortune car tu as choisi d’avoir des enfants en Ontario francophone. S’il vous plaît, toutes les garderies à bas prix c’est pour quand?

L’émancipation des femmes et la déstigmatisation des dogmes qui entourent les jeunes
mamans, c’est pour quand? De vrais programmes incitatifs qui aident les parents à performer
au travail, c’est quand?

Je suis immigrante, je n’ai pas le luxe d’avoir de la famille proche pour m’aider à atténuer la charge ni d’avoir des privilèges sociaux ou économiques. Tout ce que nous avons, mon mari et moi, nous l’obtenons à la sueur de notre front.

Bon, j’ai trop overshare, que ça aide au moins à rejoindre quelques cœurs d’élus, de dirigeants et les vôtres, chères mamans, et que ça m’aide à me convaincre que je le mérite, mon petit mascara Dior, car ces cernes sont le constat de mon combat.

Les opinions exprimées dans cet article n’engagent que leurs auteur(e)s et ne sauraient refléter la position d’ONFR et de TFO.

La biennale Feuilles vives inaugure le Théâtre Sésame

KINGSTON – La septième édition de la biennale de théâtre Feuilles vives se déroule jusqu’à dimanche au Centre culturel Frontenac (CCF) de Kingston. L’événement de Théâtre action présente une dizaine d’œuvres franco-ontariennes en chantier, une expérience enrichissante tant pour le public que pour les artistes. Cette septième édition est aussi l’occasion d’inaugurer officiellement le Théâtre Sésame du CCF.

Entre les laboratoires et les mises en lecture, en passant par quelques ateliers scolaires, Feuilles vives est une occasion unique de découvrir avant tout le monde ce qui se trame dans le milieu du théâtre franco-ontarien.

Le directeur artistique de Feuilles vives, Antoine Côté Legault, explique le concept en entrevue avec ONFR. « Il y a quelque chose d’exclusif, c’est-à-dire que, pour la plupart des œuvres, c’est la première fois qu’elles vont rencontrer un public. Il y a un niveau d’excitation et de fébrilité qui est vraiment riche. »

Antoine Côté Legault est un artiste franco-ontarien basé à Sudbury. Photo : Chloé Laduchesse

Le dramaturge sudburois explique que le fait de voir une mise en lecture, avec une mise en scène minimaliste, laisse une grande place à l’imagination du spectateur : « Ça permet d’entendre le texte tel qu’il est. »

Et pour les artistes, les avantages sont grands. Premièrement, Théâtre action offre de l’accompagnement artistique aux créateurs sélectionnés pour Feuilles vives. Ensuite, « le théâtre est un art vivant. Donc, le présenter devant un public aide à mieux comprendre ce qui fonctionne, ce qui fonctionne moins, ce que les gens comprennent ou ce qu’ils retirent du projet », estime Antoine Côté Legault.

La communauté théâtrale, comme le reste de l’Ontario français, est dispersée à travers la province. Feuilles vives est donc l’une des rares occasions de se rassembler au même endroit, ce qui peut donner lieu à des échanges artistiques prometteurs.

Inauguration à Kingston

Initialement une initiative ottavienne, Feuilles vives est maintenant un événement ambulant. Après un arrêt à Sudbury, c’est au tour de Kingston d’accueillir la biennale.

« L’idée est de représenter où le théâtre se crée et se joue, partout en Ontario. Et ça concordait avec l’inauguration officielle du Théâtre Sésame », explique Antoine Côté Legault. Il ajoute que le Centre culturel Frontenac « a toujours été un champion au niveau de la diffusion du théâtre. »

Cet engouement pour le théâtre, Kingston le doit en partie au directeur artistique du CCF, Normand Dupont. En entrevue avec ONFR, il raconte que le CCF est installé depuis un an dans son nouvel édifice, qui héberge aussi l’École secondaire publique Mille-Îles et l’École secondaire catholique Sainte-Marie-Rivier. La construction d’un nouveau théâtre professionnel, pour remplacer le Théâtre Octave de l’ancien édifice, s’est achevée cet été.

Le Théâtre Sésame est plus moderne et peut s’adapter aux besoins des différentes productions. Ses 248 places sont rétractables, ce qui permet de l’utiliser en mode salle de spectacle, boîte noire ou cabaret.

« C’est un format de théâtre qui est très en demande à Kingston, parce qu’il y en a de très grands ou des plus petits, mais il n’y en avait pas tellement de ce format-là », évoque Normand Dupont.

Normand Dupont pose avec la plaque de reconnaissance du prix Martin Arseneau
Normand Dupont est entre autres enseignant à la retraite, membre du conseil d’administration de Théâtre action et directeur artistique de la troupe de théâtre communautaire francophone les Tréteaux de Kingston. Il a gagné plusieurs prix pour son implication dans la culture franco-ontarienne. Photo : Rachel Crustin/ONFR

Accueillir Feuilles vives comme premier événement d’envergure est un honneur pour celui qui a participé à presque toutes les éditions précédentes en tant que spectateur. « C’est vraiment une façon grandiose de lancer le Théâtre Sésame. »

Il est enthousiaste à l’idée de présenter ce nouveau lieu culturel aux artistes et de leur offrir, entre autres, des loges plus grandes et l’accès à une petite cuisine.

Le foyer du Théâtre Sésame permet aussi de créer des ambiances pour compléter l’expérience des spectateurs. Par exemple, de la bannique sera offerte juste avant la présentation de TOQAQ MECIMI PUWIHT / Delphine rêve toujours dans les prochains jours.

« C’est un endroit vital pour la communauté francophone de Kingston. Ça nous permet de développer et de vivre notre culture », explique M. Dupont, qui ajoute que la location de l’espace à divers organismes locaux, même anglophones, permet une source de revenus à réinvestir dans la communauté francophone.

« C’est un endroit vital pour la communauté francophone de Kingston. »
— Normand Dupont

Lui-même enseignant à la retraite de l’école Sainte-Marie-Rivier, il peut témoigner des avantages d’avoir accès à un théâtre professionnel pour les jeunes, qui pourront s’initier à différents métiers des arts de la scène.

Et la communauté gagne aussi à impliquer ses jeunes puisqu’à Kingston, « les deux tiers de la communauté sont reliés soit au monde militaire ou universitaire. Souvent, ils sont ici pour quelques années (seulement). C’est toujours un peu à rebâtir, ce noyau de la communauté, mais ça reste très actif. »

Une programmation frémissante

C’est sous la thématique Frémissements souterrains que se regroupent cette année les dix propositions de Feuilles vives.

C’est Lumière, de Sarah Migneron avec le Théâtre Rouge écarlate, qui a ouvert le bal vendredi après-midi, suivi du 5 à 7 d’ouverture et de l’œuvre Marée haute de la dramaturge et réalisatrice Marie-Claire Marcotte.

Le Cabaret premiers échos suivra vendredi soir. Cette production de Créations In Vivo offre des extraits d’environ 25 minutes de trois œuvres en début de chantier. Ces projets de Chloé Thériault, Jeff Soucy et Paul Ruban ont fait partie de la résidence d’écriture de Feuilles vives, qui a eu lieu en mai.

La dramaturge et réalisatrice Marie-Claire Marcotte a récemment vu son film Rêver en néons être présenté au Cinéfest de Sudbury. Photo : Mathieu Taillardas

Samedi, les spectateurs pourront découvrir Os, la prochaine œuvre de Vincent Leblanc-Beaudoin, qui s’est fait remarquer dans la dernière année avec la pièce in situ Le concierge. Cette fois, « c’est le squelette humain qui agit comme leitmotiv », comme on peut le lire dans la description de cette production du Théâtre la Tangeante.

Le trio de David Bélizaire, Sylvain Sabatié et Miracson Saint-Val proposera pour sa part Souviens-toi de la révolution, une production du Théâtre de la Vieille 17. Les créateurs « examinent la question coloniale et les travers de l’histoire d’Haïti afin de mieux comprendre la situation actuelle de la première république noire née d’une révolte d’esclaves ».

David Bélizaire dans Souviens-toi de la révolution. Photo : Marianne Duval

Des spectateurs sudburois ont déjà pu assister à une version plus précoce de Téton Tardif. La pièce de Caroline Raynaud fait partie de la cellule d’écriture du Théâtre du Nouvel-Ontario. C’est au tour des spectateurs de Kingston de dire ce qu’ils en pensent.

Le spectacle de clôture de la deuxième journée est Cage à requins de Catherine Levasseur-Terrien, une production du Théâtre Catapulte qui traite d’hospitalisation psychiatrique.

Dimanche, les membres de Théâtre action se réuniront pour leur Assemblée générale annuelle avant d’assister à la pièce Le volcan de Marie-Thé Morin, une production de Vox théâtre.

Une radio franco-ontarienne veut acheter des stations anglophones menacées de fermeture

CASSELMAN – La station communautaire francophone, GO FM, présentera sous peu une demande au Conseil de la radiodiffusion et des télécommunications canadiennes (CRTC) pour se porter acquéreur des stations anglophones commerciales locales, CHRC-FM 92.5 à Clarence-Rockland et CKHK-FM à Hawkesbury. Le propriétaire des deux stations Hot Country, Evanov Communications, en avait annoncé la fermeture imminente.

« On est un organisme à but non lucratif (OBNL) qui fera l’acquisition de deux stations commerciales », confirme Mathieu Manning, le directeur général de GO FM, en entrevue avec ONFR.

Si le CRTC approuve la transaction, les deux stations vendues resteront anglophones, mais elles pourront attirer de nouveaux revenus pour l’OBNL en plus d’une économie sur les dépenses, puisque certains coûts pourront être partagés entre les deux entités.

« Les profits qui seront générés par ces stations de radios commerciales seront versés sous forme de dividendes à l’OBNL, qui va utiliser ces dividendes pour poursuivre sa mission francophone, » explique Mathieu Manning.

Pour la communauté

Si le plan exact quant au format musical et à la programmation des deux stations reste à élaborer, Mathieu Manning affirme que la communauté anglophone sera également gagnante. Le but est « de mettre la communauté de l’avant, de ramener des gens qui animent localement, de ramener les nouvelles locales, toutes des choses qui avaient été perdues au travers des années. »

Une carte de l’Est ontarien dans les bureaux de GO FM. Photo : Gracieuseté de GO FM

Evanov Communications a annoncé la fermeture des stations il y a moins de deux semaines. Le directeur général de GO FM y a vu une opportunité d’investir dans l’avenir de sa communauté.

« Dans un contexte où l’on sait qu’il y a un effritement du poids démographique des francophones… en ce moment, ça va très bien, la radio. Mais je vois 10, 15, 20 ans plus loin et l’opportunité qu’il y avait sur la table n’est pas une mauvaise affaire. »

Un modèle inhabituel

« Je ne pense pas que ma demande est très complexe et ce n’est pas une énorme transaction pour le CRTC, » avance Mathieu Manning, sans dévoiler le montant prévu, qui sera rendu public au moment du dépôt de la demande.

Néanmoins, ce type de transaction, où un organisme communautaire se porte acquéreur d’une entreprise à but lucratif, est inhabituelle. Celui qui anime également l’émission du matin à GO FM cite l’exemple du journal franco-manitobain La Liberté. Sa société éditrice, Presse-Ouest Ltée, est devenue en 2021 une organisation journalistique enregistrée, « une désignation qui lui permet de remettre des reçus pour fin d’impôts à des donateurs », explique-t-on sur son site web.

L’organisme a ensuite lancé des entreprises de communication bilingue et de production de contenu publicitaire, explique Mathieu Manning.

Le directeur général de GO FM affirme que la transaction sera bonne pour toutes les parties impliquées. Photo : Gracieuseté de GO FM

Le directeur général affirme avoir reçu de nombreux messages positifs, autant de la communauté que des partenaires de GO FM, depuis l’annonce de la transaction, le 18 septembre.

C’est ce vendredi 20 septembre que Evanov communications prévoyait débrancher les deux stations, ainsi que la station Lite 98.5 à Ottawa. Le but de l’entreprise est de se concentrer sur des marchés plus lucratifs pour elle, comme Toronto et Winnipeg.

Une demande officielle sera bientôt présentée au CRTC. Mathieu Manning espère voir sa demande approuvée en 2025.

Accueil des nouveaux arrivants, bistro réinventé, disco silencieux : ces nouveautés du French Fest

SUDBURY – Ce vendredi marque le coup d’envoi du French Fest à Sudbury, dont la programmation est plus étendue que jamais pour souligner le 60e anniversaire de la Slague. Cette édition propose plusieurs nouveautés, y compris une journée d’accueil des nouveaux arrivants.

Colorée. C’est ainsi que les organisateurs décrivent la programmation du French Fest cette année.

« C’est une saison de retour, ça trois ans qu’on est à la place des arts, alors on est encore en train d’apprivoiser les lieux, et dans le cadre de la 60e de la Slague on voulait vraiment relancer une pleine programmation familiale », lance Joëlle Villeneuve, gestionnaire de la Slague.

Pour cette édition, la Slague a choisi de s’allier avec le Réseau du Nord et la Communauté francophone accueillante de Sudbury (CFA) afin d’offrir une journée dédiée aux nouveaux arrivants, le samedi 21 septembre.

Il y aura un marché de kiosques pour découvrir les services communautaires offerts en français, présentés par des organismes postsecondaires comme l’Association des étudiants francophones de l’Université laurentienne (AEF), des services municipaux, certains employeurs de la ville ou encore des médias francophones locaux.

Joëlle Villeneuve, gestionnaire à La Slague, espère que la programmation très fournie de cette année saura séduire plus d’adeptes cette année. Gracieuseté de La Slague

« On s’est dit qu’il n’y a pas juste les Franco-Ontariens de souche qui sont francophones à Sudbury, mais il y a toute une communauté de nouveaux arrivants francophones aussi », confie celle qui est responsable de la programmation depuis juillet dernier, en rappelant que l’objectif du French Fest est aussi d’inviter les anglophones francophiles.

La journée se terminera dans la Grande Salle pour la cérémonie d’accueil menée par l’actrice et compositrice-interprète Patricia Cano au cours de laquelle des représentants municipaux prendront la parole pour accueillir et remercier des membres fraichement arrivés à Sudbury.

Des chanteurs qui testent leur musique

Chansons en chantier est une autre des nouveautés proposées cette année et ouvre la programmation ce vendredi soir. Présentée comme une nouvelle série que la Slague souhaite tester, celle-ci est inspirée par une initiative du Théâtre du nouvel Ontario (TNO).

« Il y a des artistes de notre communauté qui n’ont pas les outils pour faire un spectacle de 45 minutes, mais qui ont peut-être deux ou trois chansons qu’ils aimeraient vraiment tester devant un public. Alors Chanson en chantier, c’est cette idée-là », continue la franco-sudburoise qui rappelle également que cette formule avait été employée lors de la dernière édition de la Nuit émergente, en mai dernier.

Les artistes qui se produiront sur scène sont Olivier Palkovits, Chanelle Albert, Philippe Mathieu et Sarah Craig. Ils seront également à l’honneur de la deuxième édition de la résidence artistique de la Slague.

Pour souligner le 60e, ce ne seront donc pas deux chanteurs, mais bien quatre qui travailleront toute la saison sous la direction artistique et musicale de Daniel Bédard.

Philippe Mathieu, un des chanteurs de la résidence artistique pour la saison 2024-2025. Gracieuseté de La Slague

Disco silencieux et Bistro réimaginé

La Slague a aussi choisi, cette année, d’introduire un disco silencieux le samedi. « Le concept, c’est que tout le monde porte un casque et écoute la même trame. C’est comme si tu dansais dans un gros disco, mais sans avoir le boom super lourd d’une discothèque. Ce qui est drôle, c’est que c’est complètement silencieux », explique Mme Villeneuve.

La Slague veut aussi présenter, cette année, une nouvelle version du Bistro des découvertes. Cette série, où un artiste établi présente un artiste émergent coup de coeur au public, se déroulera dans le Studio Desjardins au lieu du Bistro.

Les premiers invités seront des artistes locaux, Melissa Schaak, qui présentera son frère Andrew, le mardi 24 septembre.

« C’est le premier dans notre série de sept. On va dresser le studio, puis les gens vont se faire servir à leur table, ce qui est vraiment un concept cool, une ambiance plus cocktail pour cette série qui est encore cette année menée par le directeur artistique Daniel Bédard », indique la Franco-Ontarienne.

Parmi les autres activités du samedi dédiées à la famille, on compte notamment un spectacle de chansons avec André et François Lefèbvre, une tournée historique de Sudbury avec Marc Despatie, un parcours littéraire de Sudbury avec Stéphane Gauthier, et l’heure du conte animée par Rachel Desaulniers et Alexandre Matte.

Des ateliers d’éveils artistiques pour enfants se tiendront la journée du samedi. Gracieuseté de La Slague

Bien qu’il soit difficile d’estimer le nombre de participants, étant donné que les activités du samedi sont totalement gratuites, les organisateurs espèrent que la grande vente de garage du centre-ville de Sudbury et le festival des récoltes du marché des fermiers, qui se tiennent la même journée, amèneront plus de curieux cette année.

Une grosse surprise pour le 60e

« On a un spectacle qui s’en vient en début décembre et qu’on va annoncer dans les deux prochaines semaines. Ça va être un grand spectacle qu’on est vraiment fier de présenter », se réjouit celle qui est de retour à Sudbury après plusieurs années passées à Montréal et Toronto.

Plus tard, la Slague prévoit annoncer « une Nuit émergente super éclatée » qui se tiendra en mai 2025.

« Pour le 60e, on est vraiment en train d’essayer de célébrer la manière dont la Slague existe à travers nos collaborations et à travers notre communauté. Alors, c’est vraiment une programmation qui non seulement honore nos collaborateurs habituels, mais honore aussi la communauté », précise-t-elle.

La Franco-Ontarienne à succès Katherine Levac sera à Sudbury le 21 juin 2025. Gracieuseté de La Slague

Elle cite en exemple de grands noms de la scène francophone tels que Mélissa Bédard, Katherine Levac et Fred Pellerin, qui se produiront à Sudbury pour répondre à de multiples demandes de la communauté.

Le French Fest a commencé en 2015, avec une interruption durant la pandémie, et se déroulera jusqu’au mardi 24 septembre.

Les détails de la programmation sont disponibles sur le site internet du Carrefour francophone.

La Baie de Quinte reste aux mains des progressistes-conservateurs

BELLEVILLE – Si la circonscription de l’ancien député Todd Smith reste aux mains du Parti progressiste-conservateur (PC), que les résultats non officiels donnent gagnant, seuls 5% des voix ont départagé son candidat Tyler Allsopp et le candidat libéral Sean Kelly.

Les spéculations concernant une élection provinciale anticipée en 2025 allant bon train, chaque élection partielle est scrutée à la loupe. En mai dernier, le PC conservait les circonscriptions de Milton et de Kent-Lambton-Middlesex.

Depuis 2018, la Baie de Quinte était représentée par Todd Smith, également ministre de l’Énergie pendant 6 ans, nommé ministre de l’Éducation en juin, soit un peu plus de deux mois avant sa démission pour un poste dans le secteur privé, en tant que vice-président du marketing et du développement des affaires de Candu Energy.

Son siège conserve les couleurs du parti avec Tyler Allsopp, en tête de cette élection partielle avec 38,69% des voix, talonné de près par Sean Kelly, candidat du Parti libéral, avec 33,32%, suivi par Amanda Robertson, la candidate du NPD, avec 23,08%, puis Lori Borthwick, du Parti vert, avec 3,18% des voix.

Les résultats chiffrés non officiels des quatre candidats en tête. Sur les sept candidats au total qui se sont présentés pour le siège, on comptait également Margaret Schuler du Nouveau Parti bleu (0,99 %), l’indépendant John Turmel (0,40 %) et Mark Snow du Parti libertarien (0,35 %). Photo : Capture d’Élections Ontario

Élections Ontario présente un taux de participation de 38,45%, soit 97 016 électeurs.

Habitant de Belleville, Tyler Allsopp siège depuis 2021 au conseil municipal et est président de la Commission des services policiers de la Ville. La construction de plus de logements et la réduction des coûts pour les familles ont été ses arguments de campagne principaux, en plus de soutenir certains projets du gouvernement comme l’agrandissement de l’autoroute 401.

Le candidat libéral Sean Kelly est également conseiller municipal et habitant de longue date de la ville de Belleville. Ses principaux axes de campagne s’attachaient à la restauration du système de santé – mettant en avant le fait que l’Hôpital général de Belleville affiche le deuxième temps d’attente aux urgences le plus long de l’Ontario – à l’éducation et à l’accès à la propriété.

La néo-démocrate Amanda Robertson, vice-présidente du conseil scolaire du district de Hastings et Prince Edward, trésorière de la Société John Howard de Belleville, défendait quant à elle une approche communautaire centrée sur les écoles locales, les soins de santé de proximité et le logement.

La candidate du Parti vert Lori Borthwick, travailleuse de première ligne de la santé de longue date dans la région, militait pour rétablir un système public de santé plus juste, en plus de s’impliquer dans des initiatives environnementales.

Le clivage libéral/progressiste-conservateur

« Félicitations à Tyler Allsopp, à sa famille et à son incroyable équipe d’avoir remporté l’élection partielle de la Baie de Quinte. Je sais que Tyler sera un député dévoué qui continuera à faire avancer les choses avec le gouvernement Ford à Queen’s Park. Le travail acharné paie! », a publié Todd Smith sur son compte X officiel.

Le premier ministre ontarien Doug Ford a lui aussi félicité le nouveau député, ne manquant pas de faire rimer « augmentation des taxes » avec le nom de la cheffe du Parti libéral, Bonnie Crombie : « Les habitants de la baie de Quinte ont envoyé un message clair ce soir en élisant un champion local fort qui combattra la taxe libérale sur le carbone et le projet de Bonnie Crombie d’augmenter les taxes. »

Le Parti libéral de l’Ontario a commenté les résultats de l’élection, « preuve que Bonnie Crombie et les libéraux de l’Ontario sont la seule alternative à Doug Ford lors des prochaines élections ».

« Avec une solide deuxième place dans une circonscription traditionnellement conservatrice (…) les libéraux de l’Ontario continueront de tenir les conservateurs de Ford pour responsables d’avoir choisi de récompenser leurs riches amis initiés au lieu de se battre pour les vrais Ontariens et les questions qui leur tiennent à cœur comme les soins de santé, le logement et l’éducation », peut-on lire dans le communiqué.

Le député de l’Est ontarien Francis Drouin quitte le Comité des langues officielles

OTTAWA – Le député libéral franco-ontarien a officiellement quitté ses fonctions de membre du Comité permanent des langues officielles ce mercredi 18 septembre. 

Francis Drouin avait été au centre d’une polémique au printemps dernier après avoir qualifié de « plein de marde » et d’« extrémistes » deux chercheurs québécois qui exposaient des données de Statistique Canada portant sur le lien entre faire des études postsecondaires en anglais au Québec et l’anglicisation. 

Toujours au centre de l’attention à la reprise du Comité en septembre, M. Drouin a pris la décision de partir, comme il l’a confié à ONFR.

« J’avais informé mon whip en juin que si j’étais encore le sujet du jour au Comité des langues officielles en septembre, je quitterais le comité. Parfois en politique, il faut être l’adulte dans la salle. Les enjeux qui touchent les langues officielles sont trop importants pour moi. Je tiens à remercier mes collègues au comité et je vais continuer à défendre les langues officielles en ma capacité de député de Glengarry-Prescott-Russell comme je l’ai fait bien avant que je devienne membre. »

Francis Drouin avait, par ailleurs, déjà annoncé à la fin juillet qu’il ne comptait pas se représenter en tant que député pour les prochaines élections, en octobre 2025. En entrevue avec ONFR, l’élu de Glengarry-Prescott-Russell avait affirmé : « En ce moment, je n’ai plus d’énergie et les gens de chez nous méritent quelqu’un qui va être là à 100 % et je ne serais pas la bonne personne ».

Le représentant franco-ontarien spécifiait alors que sa réflexion était déjà bien entamée avant les événements survenus au Comité des langues officielles, moment où il avait cédé à un « manque de patience », selon ses dires.

Francis Drouin lors de la séance plénière de l’APF à Montréal, le 8 juillet 2024. Montréal, Photo : Bernard Thibodeau, services de photos de la Chambre des communes

Du côté de l’Assemblée parlementaire de la francophonie (APF), le mandat de Francis Drouin à la présidence est venu à échéance cet été. Le 9 juillet dernier, lors de la séance plénière tenue à Montréal, c’est le Camerounais Hilarion Etong qui a été élu pour lui succéder. Francis Drouin est maintenant vice-président de la section canadienne de l’APF.

Eric Escaravage : « le football australien, un sport en pleine croissance au Canada »

[ENTREVUE EXPRESS]

QUI  

Eric Escaravage est un joueur de football australien franco-ontarien. Il joue dans la ligue de la Colombie-Britannique avec les Eagles de Burnaby et représente le Canada au niveau international depuis 2023. 

LE CONTEXTE 

Après une carrière de neuf ans dans un sport qu’il qualifie de « reconversion », cet ancien gardien de but de soccer a connu le plus grand moment de sa vie de sportif en représentant le Canada l’été dernier, lors de la Coupe transatlantique, qui s’est déroulée à Toronto.

L’ENJEU 

À travers cet échange, Eric Escaravage fait découvrir son sport, son parcours et l’intérêt grandissant que le football australien connaît au Canada, notamment en Ontario où aura lieu, ce samedi 21 septembre, la grande finale entre les Swans d’Ottawa et les Wildcats d’Hamilton, au College Humber à Etobicoke (14 h 30).

« Comment présenteriez-vous le football australien au grand public?

C’est un mélange de soccer, de rugby et de football américain. L’objectif est de marquer des buts entre les deux grands poteaux. C’est très dynamique. La balle bouge très vite, mais on y ajoute un élément physique comme au rugby ou au football américain. On peut distribuer la balle de deux manières, par un coup de poing ou de pied.  Le tout se joue sur un terrain de cricket, avec 18 joueurs dans chaque équipe. C’est très populaire en Australie, qui a la seule ligue professionnelle au monde. Ici, au Canada, ça reste amateur. 

Comment le sport est organisé au Canada? 

On a plusieurs ligues à travers le pays. Dans mon cas, je joue en AFL de Colombie-Britannique. Il y a cinq équipes dans notre ligue. Je joue pour les Eagles de Burnaby. On a une équipe qui vient des États-Unis aussi, les Grizzlies de Seattle. 

En Ontario, ils ont neuf équipes. C’est à vérifier, mais il me semble qu’ils ont la plus grande ligue de football australien en dehors de l’Australie. Il y a également une équipe nationale, dont je fait partie, avec des joueurs qui viennent de partout au pays. C’est un sport en croissance au Canada, surtout du côté féminin. L’équipe nationale féminine est très forte. 

Comment les athlètes découvrent-ils ce sport? 

En général, c’est un sport de reconversion. Les joueurs de hockey, de rugby ou de soccer trouvent ce sport un peu plus tard dans leur vie. C’est ça qui est intéressant en comparaison à ces autres sports qu’on débute très jeune. Ça vient de la curiosité d’apprendre un nouveau sport, une nouvelle mécanique. Une fois qu’on est dedans, c’est vraiment extraordinaire.

Ancien gardien de but au soccer, le Franco-Ontarien a dû apprendre de nouvelles technique comme le plaquage pour se familiariser avec son nouveau sport. Photo : Mitchell Mcdonald-Roberts / AFL Canada

De votre côté, comment vous est venue cette passion?

J’ai travaillé pour la Coupe du monde féminine à Ottawa en 2015. Après ce contrat, je me suis retrouvé sans emploi et j’avais beaucoup de temps libre. J’avais besoin de faire quelque chose de différent. C’est finalement le meilleur ami de ma sœur qui m’a invité à un match des Swans d’Ottawa, qui est devenue ma première équipe. 

À cette époque, on jouait au milieu de la piste de l’hippodrome Rideau-Carleton. C’était assez drôle. Pour rejoindre le terrain, on devait faire attention à bien surveiller la piste, car il y avait des pratiques de courses de chevaux. 

En voyant le match, je me suis dit : ‘c’est génial, on peut frapper les gens’, je n’avais jamais vraiment fait de sport de contact. Je me suis dit que, comme j’étais gardien au soccer, c’était un peu la même technique pour botter dans le ballon. Cela s’est avéré être très différent. C’est comme ça que j’ai été intéressé et que j’ai été mis en contact avec le capitaine de l’équipe. J’ai débuté mon premier entraînement le jeudi et j’ai joué directement le samedi.

Comment avez-vous atterri dans la ligue en Colombie-Britannique? 

J’ai déménagé ici pour un emploi, et tout naturellement je voulais continuer à jouer. Au-delà du sport en lui-même, j’avais beaucoup aimé le côté relationnel à Ottawa. On m’a mis en contact avec les Eagles de Burnaby et une semaine après mon déménagement, je faisais déjà partie de l’équipe. Ceci m’a permis d’avoir rapidement des amis, qui m’ont aidé à m’établir à Vancouver.

Comment est arrivée votre ambition de jouer avec l’équipe nationale? 

En 2017, un ami a été nommé à l’équipe nationale. Quand on est jeune, on a toujours ce rêve, peu importe le sport, d’avoir cette chance un jour de représenter son pays. Quand on devient adulte, on lâche un petit peu le rêve.

Mais mon ami m’a identifié comme étant un joueur qui pouvait faire partie de l’équipe de développement de la sélection nationale. Cela faisait quelques années que j’avais commencé. J’ai eu la chance de partir avec l’équipe dans un tournoi international à Londres, et je me suis rendu compte que, si je m’entraînais plus, j’aurais des opportunités.

À ce moment-là, j’avais vraiment pour objectif d’entrer dans l’équipe A, car il y avait un grand tournoi en Australie, qui se produit tous les trois ans, qui allait se dérouler. Je me suis fixé 2020 pour y être, mais je n’ai été sélectionné, de nouveau, que comme joueur de réserve. Il y a ensuite eu la COVID et ils ont annulé le tournoi. 

Le football canadien a permis à Eric Scaravage de réaliser le rêve que tout jeune athlète se fixe : représenter le Canada sur la scène internationale. Photo : Mitchell Mcdonald-Roberts / AFL Canada

Quand est arrivée la consécration de jouer pour l’équipe A du Canada? 

J’ai finalement joué mon premier match en 2023, contre les États-Unis. Dernièrement, nous avons fait un nouveau tournoi à Toronto qui s’appelle la Coupe transatlantique. Nous avons regroupé l’Irlande, la France, la Grande-Bretagne, les États-Unis, le Canada et la Colombie. C’était probablement la meilleure expérience de ma vie. 

Peut-on imaginer voir le football australien aux Jeux olympiques de Brisbane en Australie? 

Ce serait un rêve. Je ne sais pas si c’est quelque chose de possible, car l’Australie est le seul pays professionnel. Il y a un tel décalage de niveau qu’ils ne participent pas aux compétitions internationales. Je sais qu’en 1956, pour les Jeux olympiques à Melbourne, le football australien était un sport de démonstration. Mais aujourd’hui, je serai très surpris qu’il y soit. Après, peut-être du côté féminin où l’écart de niveau est un peu moins important. »